• Les #expulsions ont des conséquences délétères sur la vie des #enfants

    L’Observatoire des expulsions des lieux de vie informels dénonce, dans son rapport annuel, des opérations qui compromettent la #scolarité des enfants et le #suivi_médical des #femmes_enceintes, à cause de l’#errance forcée qu’elles provoquent.

    Des femmes enceintes qui ne peuvent pas bénéficier d’un suivi médical continu, des enfants brutalement retirés de l’école, des mineur·es isolé·es démuni·es et traumatisé·es : les conséquences des expulsions des personnes occupant des lieux de vie informels sont multiples et délétères.

    C’est la conclusion du cinquième rapport annuel de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels (#squats, #bidonvilles et #campements, #caravanes, #voitures ou camions) publié mardi 28 novembre. Il regroupe huit associations indépendantes, parmi lesquelles le Collectif national droits de l’homme Romeurope, la Fondation Abbé Pierre ou encore Médecins du monde.

    Elles ont recensé, entre le 1er novembre 2022 et le 31 octobre 2023, date du début de la trêve hivernale, 1 111 expulsions sur le territoire national, dont 729 pour le littoral nord (Calais, Pas-de-Calais, Dunkerque dans le Nord).

    Si les expulsions sur le littoral nord ont diminué de 58 %, elles ont augmenté de 24 % en un an sur le reste du territoire, outremer inclus, et concerné en moyenne 74 personnes chaque jour.

    85 % de ces expulsions sont dites « sèches », car elles n’ont donné lieu à aucune solution d’hébergement ou de relogement. 14 % ont donné lieu à des mises à l’abri pour au moins une partie des habitant·es. 1 % seulement ont donné lieu à un dispositif d’insertion, un hébergement stable ou un logement, pour au moins une partie des habitant·es, détaille l’Observatoire.

    L’organisme explique qu’il est difficile d’avoir des données précises sur les enfants mais compte cette année 5 531 enfants expulsés (contre 3 212 l’année précédente). Ce chiffre est très largement sous-estimé, a-t-il précisé lors de la conférence de presse de présentation du rapport.
    Le suivi compromis des grossesses

    Cette année, l’Observatoire s’est focalisé sur les conséquences concrètes des expulsions sur la vie des enfants et de leurs mères. Il rappelle que « la précarité, et en particulier l’absence de logement, est depuis longtemps identifiée par la littérature scientifique comme un facteur de risque lors de la grossesse ».

    Les chiffres sont éloquents. Une femme enceinte devrait avoir accès à sept consultations prénatales et à trois échographies au moins, rappelle Médecins du monde.

    Or, plus d’une femme enceinte sur trois rencontrées par les équipes des programmes fixes de Médecins du monde en France en 2022 présente un retard de suivi de grossesse, comme la quasi-totalité des femmes enceintes rencontrées par le programme de médiation en santé du Comité pour la santé des exilés (Comede) en Île-de-France. Un écart majeur avec la population générale, parmi laquelle moins de 5 % des personnes enceintes sont dans ce cas.

    Les associations soulignent que les suivis médicaux et de grossesse sont déjà erratiques d’ordinaire. Notamment parce que l’ouverture de droits à une couverture maladie exige une domiciliation administrative. Les démarches, surtout avec la barrière de la langue, peuvent être délicates. Certaines personnes peuvent aussi perdre des papiers dans la cohue des expulsions impromptues.

    Ces dernières insécurisent aussi les futures mères, qui cherchent « en premier lieu à répondre à des besoins de stricte survie », quitte à sacrifier leur santé.

    « Il y a des personnes qu’on va perdre de vue à la suite des expulsions. Elles vont se réinstaller beaucoup plus loin, dans une autre commune, à l’autre bout d’une métropole, a détaillé Antoine Bazin, coordinateur Médecins du monde à Toulouse, devant la presse. Et les suivis par les PMI [centres de Protection maternelle et infantile – ndlr] de secteur, par exemple, pour les femmes enceintes, les suivis par des médecins traitants si on peut en avoir, ou par des centres de santé, vont être rendus plus compliqués parce que les personnes vont être isolées. »

    Les expulsions compliquent aussi le suivi de pathologies. Dans son rapport, l’Observatoire rapporte comment une opération de dépistage de la tuberculose dans un bidonville du Val-d’Oise, au printemps 2023, après la découverte d’un cas sur le lieu de vie et quatre hospitalisations d’enfants, a été compromise par des expulsions successives.

    Même chose pour les campagnes de vaccination ou le repérage des cas de saturnisme, dus à une exposition au plomb pouvant affecter le développement psychomoteur des enfants.

    Par ailleurs, la vie quotidienne d’un enfant vivant dans un lieu de vie informel est aussi bouleversée par l’instabilité provoquée par les expulsions. La scolarité de ces enfants mais aussi leur équilibre mental et psychique sont ébranlés. En 2022, l’Unicef avait déjà alerté sur l’état de santé mentale dégradé des enfants sans domicile.

    Les expulsions sont de plus en plus violentes (voir l’opération « Wuambushu » à Mayotte), dénonce l’Observatoire. Antoine Bazin, de Médecins du monde, explique que les enfants sont les « acteurs passifs » de ces événements et vont vivre la violence intrinsèque au déroulement des opérations d’expulsions. En « vraies éponges », ils vont en conserver des souvenirs qui peuvent avoir des conséquences sur leur construction psychique.

    Julie Bremont, représentante du Comité de pilotage interassociatif MNA Nord-Littoral, confirme : « Les expulsions sont en elles-mêmes un moment très générateur d’anxiété et de peur pour les jeunes. Déjà, de par la violence du dispositif, avec des dizaines de camions de CRS et des policiers en uniforme. Ces opérations d’expulsion sont très souvent accompagnées de violences verbales et physiques. »
    Décrochages scolaires

    De son côté, Célia Mougel, coordinatrice de l’Observatoire des expulsions, souligne que 77 % des expulsions recensées (en dehors du Nord littoral) ont eu lieu pendant l’année scolaire, ce qui, évidemment, produit des décrochages, des déscolarisations, notamment quand on sait que pour réinscrire un enfant, il faut au moins six mois. Si les municipalités coopèrent, ce qui n’est pas toujours le cas.

    Contraindre ces familles à quitter leur lieu de vie et leur point d’ancrage entraîne des effets à long terme sur les enfants. Ils rencontrent alors des difficultés dans la continuité pédagogique, un sentiment d’exclusion ou encore des problèmes d’apprentissage.

    Le cas d’un collégien, Alex, raconté dans le rapport, le prouve. Le garçon aura vécu trois expulsions qui lui auront fait perdre une année scolaire entière. Aujourd’hui, à 12 ans, Alex et sa famille dorment sous un pont en Seine-Saint-Denis et il n’est plus scolarisé.

    Pour toutes ces raisons, l’Observatoire enjoint aux pouvoirs publics de suspendre les expulsions pendant l’année scolaire, pour éviter l’exclusion scolaire et le décrochage des enfants en cours d’année. Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, considère qu’il faudrait aussi déployer davantage de médiateurs scolaires dans ces lieux de vie informels.

    Le reste du temps, les associations estiment qu’aucune expulsion ne devrait avoir lieu sans qu’un diagnostic social préliminaire (l’instruction du 25 janvier 2018 qui le recommandait n’est pas respectée), un accompagnement social global et des solutions de relogement dignes, adaptées et pérennes n’aient été mis en place. Cela pour permettre « une sortie des bidonvilles par le haut ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/281123/les-expulsions-ont-des-consequences-deleteres-sur-la-vie-des-enfants
    #enfance #mineurs #statistiques #chiffres #2022 #expulsions_sèches #santé_mentale #SDF #sans-abrisme #sans-abris #déscolarisation

  • #Aires_d’accueil pour les #Yéniches, #Sinti et #Roms

    Près de 3000 Yéniches et Sinti suisses mènent un mode de vie itinérant, auxquels s’ajoutent plusieurs milliers de Roms étrangers qui sillonnent également les routes de Suisse avec leurs #caravanes. Il manque toutefois aux #gens_du_voyage des aires d’accueil pour le stationnement de leur véhicule, que ce soit pour une halte spontanée ou pour un arrêt bref ou prolongé. Des aires de séjour pour leur permettre de vivre durablement ou pendant la saison d’hiver font aussi défaut. Certaines incertitudes juridiques et d’#aménagement_du_territoire subsistent concernant la halte sur un territoire communal.

    Le présent Territoire & Environnement montre comment la Confédération, les cantons et les communes peuvent aborder la demande en aires d’accueil. Il explique quelles sont les conditions-cadres juridiques et d’aménagement du territoire pour la création celles-ci.

    https://www.espacesuisse.ch/fr/publications/territoire-environnement#page/1

    #Suisse #aire_d'accueil
    signalé par @nepthys

  • Quelques pistes sur la caravane (jaune) et ses usages possibles

    Une caravane, ce n’est pas seulement un véhicule de type roulotte pour faire du camping. Le sens premier du terme désigne depuis l’Antiquité un convoi de véhicules se déplaçant en groupe, le plus célèbre exemple aujourd’hui étant celui du cortège publicitaire accompagnant le Tour de France et son fameux maillot jaune. Par définition, une caravane est avant tout une expédition ; au-delà d’une présence locale assurant la visibilité, voilà de quoi entrevoir de réjouissantes perspectives si chaque groupe de Gilets jaunes se dotait d’un tel moyen de transport.

    Outre les échanges et la publicité engendrés sur son trajet, on peut déjà imaginer les multiples possibilités qu’une grande Caravane du peuple ouvrirait une fois arrivée sur un lieu de rendez-vous : envahir les centres-villes ; occuper des places ou y installer de grands campements, à la manière de nombreux soulèvements populaires depuis 2011 ; bloquer des endroits stratégiques… Et toute tentative d’entrave policière sur la route entraînerait de fait le blocage de la circulation, voire un bivouac improvisé.

    À tous les groupes locaux, ensuite, de concevoir l’aménagement de leur caravane pour y stocker du matériel, des vivres, du mobilier, des barnums, une cuisine mobile… Chacune pourrait ainsi être personnalisée suivant la région, les revendications du groupe et la fonction qu’elle aurait dans le convoi ; mais, suivant que l’on privilégie le voyage ou l’arrivée à bon port, les caravanes peuvent aussi rester « banalisées » pour ne pas attirer l’attention des flics et être parées de leurs plus beaux atours une fois la destination atteinte (bannières, drapeaux, tissus, panneaux, accessoires divers…).

    Et pourquoi pas, soyons ambitieux, un grand convoi GJ national qui mettrait le cap sur la capitale, rejoint par toutes les corporations disposant de véhicules imposants : routiers, forains, gens du voyage, paysans, et même les motards, pour une grande Caravane du peuple ? Venir chercher Macron chez lui donc… en caravane !

    Nous appelons dès à présent tous les Gilets jaunes étant passés de la cabane à la caravane à se mettre en contact pour s’entendre sur les suites possibles à donner à nos activités communes et les moyens d’une convergence et d’une coordination.

    #gilets_jaunes
    #giletsjaunes
    #caravanejaune
    #caravanesjaunespartout

  • « Quand la caravane reste » de Stéphane Mercurio (2016), 1 heure, sur Arte le mardi 8 mars à 3h du matin, et en replay là :
    http://www.arte.tv/guide/fr/054781-000-A/quand-la-caravane-reste
    http://www.arte.tv/guide/fr/054781-000-A/quand-la-caravane-reste/?vid=054781-000-A_SHOW_ARTEPLUS7_FR_fr

    "Du printemps à l’hiver, Stéphane Mercurio filme la vie quotidienne d’un camping et brosse le portrait tendre d’une communauté insolite et solidaire, mêlant saisonniers et permanents.

    Un petit camping de Rhône-Alpes, comme il en existe des centaines : quelques cabanons, des caravanes, les apéritifs, les méchouis et les soirées dansantes. Retraités et jeunes actifs s’y côtoient, échangent autour d’une pétanque, d’un café servi chaud au coin bistrot du « village ». Collectivement, c’est un camping sans histoire. Mais à mieux y regarder, chacun est arrivé ici pour une raison précise. Certains par choix, d’autres forcés par la crise du travail et du logement.

    Avec pudeur, la réalisatrice Stéphane Mercurio filme le quotidien de quelques habitants et fait émerger leurs trajectoires personnelles, toujours émouvantes : des retraités qui échappent à la solitude de leur appartement, un homme qui a vécu plusieurs semaines dans sa voiture, une femme qui a sauté le pas et s’installe définitivement dans son « p’tit paradis » après des années de galère... Autant de parcours qui font voler en éclats les stéréotypes sur le camping, véhiculés notamment par des comédies récentes. Derrière le groupe s’écrit en creux l’histoire d’hommes et de femmes souvent défavorisés, qui retrouvent, dans cette solution de la dernière chance, une nouvelle famille, la solidarité et la chaleur réconfortantes qu’aucune grande ville n’aura su leur apporter."

    #Caravanes #Crise #Logement #Documentaire #Film #Stéphane_Mercurio

    • Silence radio général. Pas de reportage à la télévision. Pas d’article de presse. Pas ou très peu en tous les cas. Et surtout, pas d’écho dans la #blogosphère, cette blogosphère qui se dit éprise de liberté d’expression et de démocratie. La blogosphère, centrée autour de sa soudaine surmédiatisation, regarde son nombril, elle en a oubliée d’observer le monde et d’exercer son sens critique. Dommage.

      Reprenons donc. Le 11 janvier, le #maire UMP de la ville alsacienne d’Ensisheim, Michel Habig, envoie des forces de l’ordre sur un terrain municipal squatté depuis quelques jours par quelques #caravanes appartenant à des #roumains et des #croates. Personne sur les lieux. Devant ce « véritable bidonville », le maire décide, plutôt que d’organiser une évacuation « trop coûteuse pour la collectivité », d’employer les grands moyens. A la tête de ce bataillon de gendarmes, il #incendie les caravanes à l’aide d’un bidon d’essence.

    • Condamné pour avoir incendié 14 caravanes de nomades, un candidat UMP se présente aux élections départementales
      http://www.politique.net/2015030502-ump-caravanes-incendiees.htm

      Selon le site de L’Obs, Michel Habib, maire d’Ensisheim (Haut-Rhin), a été officiellement investi par l’UMP pour se présenter dans son canton. « Sauf que le maire a un passé judiciaire un peu particulier, relève L’Obs. L’homme de 68 ans a avait été condamné en mai 2006 à Strasbourg à six mois de prison avec sursis pour avoir incendié, en janvier de la même année, 14 caravanes de nomades installées illégalement sur un terrain municipal. Michel Habig avait donné l’ordre en personne à ses employés de mettre le feu à un campement, qui se trouvait alors déserté par ses occupants, pour supprimer ce qu’il considérait comme un véritable bidonville ».

      Incendier des caravanes ? Pas grave : « Il a été condamné, mais il n’a pas été déclaré inéligible et il a été régulièrement réélu depuis », a indiqué le secrétaire départemental de l’UMP, Eric Straumann, pour justifier son investiture. Bah voyons...

    • M. Habib était un précurseur : l’actuel maire de Cholet, en bisbille permanente avec les gens du voyage (c’est aussi un de ses fonds de commerce politique), a prétendu sept ans plus tard que « Hitler n’en avait pas tué assez ».
      (J’aime dire du mal des gens tôt le matin).