#carl_vogt

  • L’#Université_de_Genève va renommer le bâtiment #Carl_Vogt

    L’Université de Genève (UNIGE) va changer le nom de son bâtiment Uni Carl Vogt. Cette décision révélée jeudi par Radio Lac est motivée « par un certain nombre de thèses sur la hiérarchie des races et l’infériorité du sexe féminin » défendue par ce naturaliste du 19e siècle.

    La dénomination Carl Vogt sera d’abord remplacée par la mention « Université de Genève », précise jeudi l’UNIGE, revenant sur l’information de Radio Lac. Un nouveau nom sera ensuite choisi au terme d’un processus global et participatif.

    Le buste de Carl Vogt, qui a par ailleurs joué un rôle déterminant dans la modernisation de l’UNIGE, fera aussi l’objet d’une réflexion en vue d’une contextualisation. Des discussions seront menées avec la Ville de Genève étant donné que cette statue se trouve sur le domaine public.

    La Municipalité avait lancé une étude sur ce sujet suite à la mort de l’Afro-américain George Floyd, asphyxié sous le genou d’un policier en 2020. En réaction, des statues de personnages historiques accusés de racisme et d’esclavagisme avaient été déboulonnées aux Etats-Unis et dans le monde. A Neuchâtel, la statue de David de Pury avait été maculée de peinture rouge.

    https://www.rts.ch/info/regions/geneve/13426388-l-universite-de-geneve-va-renommer-le-batiment-carl-vogt.html
    #toponymie #toponymie_politique #université

    ping @cede

  • Carl Vogt, progressiste et raciste - Le Courrier

    Carl Vogt, progressiste et raciste
    Juliet Fall, géographe, publie une BD à charge. Le bâtiment qui abrite son département porte le nom du scientifique et politicien genevois qui, au XIXe siècle, prônait la hiérarchisation des races et des sexes.


    https://lecourrier.ch/2020/06/17/carl-vogt-progressiste-et-raciste
    #supprématie_blanche #racisme #féminisme #décolonial #géographie

  • Les rues genevoises en voie de #féminisation

    Trop masculine, la nomenclature des rues fait débat en #Suisse romande. A Genève, le #collectif féministe #L’Escouade a rebaptisé, depuis début mars, une vingtaine d’artères avec des noms de femmes. L’initiative trouve un écho au Grand Conseil.

    A Genève, seules 5,6% des rues portent des noms de femmes. Soit le taux le plus bas de Suisse romande après Sion (5,2%). Un score peu enviable que le collectif féministe L’Escouade veut améliorer. Depuis le 1er mars, il rebaptise toutes les deux semaines une dizaine d’artères au moyen de plaques violettes en hommage à des femmes artistes, militantes, écrivaines ou encore diplomates que l’histoire a laissées de côté. L’initiative « 100Elles* », réalisée en partenariat avec la ville de Genève et un groupe d’historiennes, trouve un relais politique au Grand Conseil où une députée veut pérenniser le projet.

    Trop masculine, voire parfois politiquement incorrecte, la nomenclature des rues est fréquemment remise en question, en Suisse et ailleurs. Preuve tangible de la mémoire collective, elle agit comme un baromètre de la sensibilité, rendant soudain encombrantes certaines personnalités jadis encensées. A Neuchâtel, l’espace dédié au scientifique Louis Agassiz, éminent glaciologue également auteur de thèses racistes, a été débaptisé l’an dernier au profit de Tilo Frey, première élue noire au Conseil national. En matière de genre, le déséquilibre actuel apparaît lui aussi comme le reliquat d’un monde où les femmes ne comptaient pas ou peu. Face à la pression, les villes tentent de renverser la tendance. A l’instar de la municipalité lausannoise, qui a récemment décidé d’attribuer les quatre premiers noms de rues du futur écoquartier des Plaines-du-Loup à des femmes.

    Dans le canton de Genève, seules 41 rues sur 589 rendent hommage à des femmes. La plus populaire des héroïnes de l’Escalade, la Mère Royaume, Catherine Cheynel de son nom de jeune fille, n’a droit qu’à une ruelle de 150 mètres aux Pâquis. Parmi les rares élues, on trouve la journaliste Emilie Gourd, l’écrivaine Alice Rivaz ou encore la doctoresse Marguerite Champendal. « Symbole de la domination masculine dans l’histoire et, partant, dans l’espace public, ce déséquilibre n’est pourtant pas motivé par des critères de sélection objectifs », souligne Myriam Gacem, membre de L’Escouade. La loi ne fait en effet aucune mention du genre : la personne honorée doit avoir marqué de manière pérenne l’histoire de Genève et être décédée depuis plus de dix ans. Force est de constater que la marge d’interprétation a laissé place à l’arbitraire.

    #Asymétrie de genres

    Des femmes illustres, ambitieuses par leur œuvre ou leur engagement, Genève en regorge. Sur mandat de L’Escouade, onze historiennes de l’Université de Genève en ont retenu cent et effectué un travail minutieux pour retracer des parcours souvent inconnus du grand public. Sur la liste qui sera égrenée jusqu’au mois de juillet, on trouve ainsi Marguerite Frick-Cramer (1887-1963), première femme déléguée du CICR, Hélène Gautier-Pictet (1888-1973), fondatrice du Centre de liaison des associations féminines genevoises, Jeanne Henriette Rath (1773-1856), artiste peintre qui a financé le musée bien connu de la place de Neuve, ou encore Alexandra Kollontaï (1872-1952), ambassadrice de l’URSS et fervente féministe.

    A partir de quand juge-t-on que quelqu’un a marqué durablement l’histoire ? Pour Daniela Solfaroli Camillocci, professeure à l’Institut d’histoire de la Réformation et membre du groupe d’historiennes, le choix est éminemment politique. « Historiquement, des critères de sélection subjectifs ont produit des asymétries de genres, observe-t-elle. Ecrire l’histoire des femmes en insistant sur leurs affects, définir leur identité à travers leur affiliation au groupe familial ou encore perpétuer leur caractère exceptionnel, tous ces réflexes ont contribué à une invisibilisation des femmes dans l’espace public. »
    Reconfigurer l’espace public

    Exhumer des parcours oubliés peut sembler compliqué. En se plongeant dans les archives d’Etat, d’institutions et d’associations, tout comme dans la littérature secondaire, les chercheuses ont pourtant été confrontées à une abondance de matière. « Travailler en groupe nous a permis d’ouvrir nos perspectives, pour représenter des milieux sociaux, des identités et des trajectoires les plus variés possible », souligne Daniela Solfaroli Camillocci. Certains milieux sociaux défavorisés n’ont en revanche laissé aucune trace. La sélection inclut donc des figures collectives, les « trente immortelles de Genève » ou encore les horlogères, pour combler ces vides. Reste que les enjeux de la mémorialisation évoluent constamment : « Les choix d’aujourd’hui ne seront pas les mêmes dans vingt ans. »

    Au parlement, une motion de la députée d’Ensemble à gauche Jocelyne Haller, soutenue par les socialistes, les Verts et le PDC, donne trois ans au canton pour féminiser les rues genevoises sur la base de la liste établie. « Donner des noms de femmes aux ouragans semble aller de soi, relève-t-elle. Lorsqu’il s’agit de rues ou d’établissements scolaires, c’est plus compliqué. » A quelques mois de la grève des femmes, le sujet dépasse selon elle le clivage gauche-droite. Si sa proposition n’est pas discutée d’ici au 14 juin, elle n’exclut pas de demander l’urgence.
    Volonté politique

    A Genève, le « réflexe féminin » est déjà présent, assure Sandrine Salerno, cheffe du Département des finances. « Ce projet s’inscrit dans la politique de l’égalité que mène la ville pour valoriser le travail des femmes. » A défaut de débaptiser massivement, la ville compte plutôt profiter des nouveaux quartiers pour honorer des femmes. « Dans le secteur de la gare des Eaux-Vives, toutes les nouvelles rues ont des noms de femmes, précise Rémy Pagani, chef du Département de l’aménagement et des constructions. Le futur pont du CEVA, à Carouge, sera celui des Orpailleuses. » Une fois complète, la liste des « 100Elles* » sera envoyée à toutes les communes pour les sensibiliser.

    Lire aussi : La seconde vie des sorcières sur Wikipédia

    Selon quel processus nomme-t-on une rue ? Les communes donnent des préavis à la commission de nomenclature qui soumet les propositions au gouvernement pour validation. « En 2012, ce dernier avait modifié la réglementation pour privilégier les dénominations courtes se référant à la toponymie locale, puis il est revenu en arrière en 2015, rappelle Geneviève Arnold, ancienne membre de la commission. Nous y étions personnellement opposés considérant les enjeux de mémoire et de préservation de l’histoire locale. »
    Baptiser et débaptiser

    Débaptiser une rue, en revanche, est un processus rare, long et complexe. Il faut motiver la demande auprès de la commission de nomenclature avec des sources historiques. Et cela ne se fait pas toujours sans accroc. « En 2012, la rue Sautter a dû être renommée pour cause de travaux, se souvient Geneviève Arnold. Le choix d’honorer Gabrielle Perret-Gentil (1910-1999), gynécologue et obstétricienne qui s’est notamment battue pour le droit des femmes à l’avortement, n’a pas fait l’unanimité au sein du conseil d’Etat ni des Hôpitaux universitaires de Genève qui auraient préféré un homme. » Par le passé, le processus de dépabtisation s’est aussi observé dans le sens inverse. En Vieille-Ville, la rue des Belles-Filles, jadis lieu de rendez-vous libertins, est aujourd’hui la rue de l’écrivain et pasteur Etienne Dumont (1759-1829).

    https://www.letemps.ch/suisse/rues-genevoises-voie-feminisation
    #Genève #noms_de_rue #toponymie #toponymie_féministe #résistance #féminisme #re-nomination #repabtisation #action_toponymique #toponymie_politique
    Pour archivage, article paru le 5 avril 2019

    • 22.06.2019| Deuxième partie consacrée au collectif #femmes dans ta rue. En marge de la Grande Grève Féministe, le collectif romand constelle la rue d’images de femmes invisibilisées, Qu est ce le mécanisme quasi automatique, pourquoi et comment le renverser. Une rencontre passionnante !


      http://libradio.org/?page_id=6474

      Pour écouter le podcast :

      http://libradio.org/wp-content/uploads/2019/06/s7_Visite_Master.mp3

      #audio

    • A Genève, les noms de rue se féminisent

      D’ici la fin de l’année, dix rues et places de Genève vont être « rebaptisées » de noms de femmes. Le projet initié par des militantes féministes vient d’être officiellement approuvé par le canton. Il permettra de donner leur place aux femmes dans l’Histoire et l’espace public genevois.

      A Genève, seuls 7% des rues portant des noms de personnes font référence à des femmes. Pourquoi ? « Les hommes sont-ils les seuls à avoir contribué à l’histoire de Genève ? », s’interroge le collectif du projet 100 Elles*, qui a fait les comptes : 548 rues genevoises portent des noms d’hommes et 41 des noms de femmes. Après un long travail d’enquête et de recherches, en collaboration avec les autorités locales, le projet a donc fini par voir le jour. Remettre en lumière ces femmes oubliées de l’histoire de la ville. Leur (re)donner la place (ou la rue) qu’elles méritent.

      Fin 2020, la place des 22-Cantons s’appellera place #Lise_Girardin, du nom de la première femme maire de la Ville de Genève et en Suisse, en 1968 ; elle fut aussi la première femme élue au Conseil des Etats, en 1971.

      L’avenue William-Favre va inclure sa sœur #Alice_Favre, présidente de la Croix-Rouge genevoise, tandis que la rue de la Pisciculture deviendra celle des #Trois-Blanchisseuses, d’après un fait divers tragique : trois blanchisseuses se sont noyées dans le Rhône en 1913, suite à l’écroulement d’un bateau-lavoir mal entretenu.

      « D’autres suivront »

      « Il s’agit de la première fournée, d’autres suivront ces prochaines années », a indiqué devant les médias le président du Conseil d’Etat Antonio Hodgers.

      La Ville de Genève se réjouit de cette décision. Elle va accompagner les habitants et entreprises concernés par ces changements. Elle précise que les démarches à entreprendre seront limitées, puisque la plupart des modifications se feront de manière automatique et groupée auprès de l’Office cantonal de la population, des Services industriels ou encore de La Poste.

      Quatre noms en attente

      Pour ces modifications, des lieux qui ont peu d’adresses ont été choisis, sans pour autant se limiter à des ruelles sans visibilité. Le rapport entre la personne et le lieu a aussi été pris en compte, tout comme les répétitions. Alors qu’il existe un pont et une rue des Acacias, le parc éponyme deviendra le parc #Eglantyne-Jebb, d’après la fondatrice de l’association Save the Children.

      La commission cantonale de la nomenclature a toutefois refusé de débaptiser la place du Cirque et quatre rues. Informés par la Ville de Genève de cette démarche, les habitants de la rue #Jean-Violette, par exemple, se sont opposés à ce qu’elle soit renommée. La municipalité doit faire de nouvelles propositions de rues pour pouvoir leur donner les noms de quatre femmes validés par la commission.

      « C’était drôle car l’annonce a été faite le jour des 50 ans du MLF, dont le slogan était qu’un homme sur deux était une femme. Ce n’est pas encore le cas dans la nomenclature de la Ville de Genève et dans bien d’autres villes dans le monde ! Mais on est tout de même évidemment très contentes, c’est sûr nous ne sommes pas encore à la parité, mais c’est une première étape, ça va continuer dans les années à venir. C’est sûr que dix sur plus de 500 rues, c’est pas encore gagné ! », réagit Justine Barton, du groupe féministe L’Escouade, jointe par Terriennes.

      « Il y aura toujours des mécontents, c’est souvent ceux qu’on entend le plus !, confie-t-elle, Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne veut pas changer l’histoire, on veut juste visibiliser des personnes qui ont aussi existé, les habitants ne se rendent pas forcément compte de cette partie de l’histoire, ni écrite ni visibilisée encore. Mais on a aussi des réactions très positives. Il y a mêmes certaines personnes qui nous demandaient si, avec les plaques alternatives, elles pouvaient déjà changer d’adresse et recevoir leur courrier ! C’est certain, c’est un changement majeur, et pour les nouvelles adresses, la municipalité a promis d’accompagner les Genevois.es. En tout cas, la cause en vaut la peine ! »

      Quant aux futures plaques portant les noms de femmes, la militante nous l’assure, « Elles seront bleues, comme les autres ».

      https://information.tv5monde.com/terriennes/geneve-les-noms-de-rue-se-feminisent-372621

  • Je vois maintenant qu’il n’y a rien sur #Carl_Vogt, pourtant c’était ma honte d’avoir travaillé dans un bâtiment dédié à ce fervant défenseur de la supériorité de la race blanche :
    #Uni_Carl_Vogt :


    https://www.unige.ch/presse/plans/uni-dufour-2
    #Uni_Vogt #Université_de_genève

    Et qu’il y a, devant l’Université des Bastions, une statue en son honneur :

    Carl Vogt :

    August Christoph Carl Vogt est un naturaliste et médecin suisse d’origine allemande, connu par ses prises de position sur le matérialisme et la défense de la théorie de l’évolution de Charles Darwin.


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Vogt

    Voici un portrait de ce monsieur dont je ne peux pas copier-coller le texte car le site ne le permet pas :
    http://www.audeladuracisme.com/2004/10/08/august-christoph-carl-vogt-1817-1895

    #colonialisme #esclavage #esclavagisme #histoire #suisse #décoloniser_la_ville

    ça peut aussi intéresser @simplicissimus et @maieul ...

    –—

    Ajouté à la métaliste sur la #Suisse_coloniale :
    https://seenthis.net/messages/868109

    • Super, par contre @cdb_77, quand tu es à l’intérieur de Seenthis, il n’y a pas de limite de nombre de caractères comme sur Twitter, et donc c’est mieux si tu mets les vrais liens seenthis.net complet, parce que parfois d’autres personnes ont cité des seens ailleurs, et avec le triangle qui est devant, cela permet de retrouver les autres conversations notamment.

    • Carl Vogt ne pense pas foncièrement différemment des hommes de son époque.

      Pour le site Au delà du racisme, s’ils sont pointilleux sur le copyright les concernant et verrouillent efficacement la sélection du texte ou de l’image, ils ne le sont pas du tout pour celui des autres. Ainsi l’illustration est récupérée très probablement de WP sans aucune mention de la source

      L’auteur (anonyme) de WP donne comme source Brehms Tierleben, Small Edition 1927 mais c’est douteux : le style de l’illustration ne correspond pas du tout avec celui des planches de Brehm, du moins dans l’édition originale (1864 pour le premier volume)


      https://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Edmund_Brehm

      En revanche la légende fournie (évacuée par le recadrage de l’image sur WP)
      Skelett des Menschen (1) und des Gorillas (2), unnatürlich gestreckt.
      permet de retrouver l’origine probable :
      https://books.google.fr/books?id=UcW1DgAAQBAJ&pg=PA66-IA1&lpg=PA66-IA1&dq=Skelett+des+Menschen+

      Der Mensch : Zweiter Band : Die heutigen und die vorgeschichtlichen Menschenrassen de Johannes Ranke dont le deuxième tome date de 1887
      Il s’agit d’une planche hors-texte insérée entre les pages 66 et 67.
      https://de.wikipedia.org/wiki/Johannes_Ranke

    • @simplicissimus je suis bien d’accord sur toi sur ce point :

      Carl Vogt ne pense pas foncièrement différemment des hommes de son époque.

      Toutefois, ce qui m’a mise dans une situation où j’étais très mal à l’aise, c’est que j’ai dû créer une signature à mes mails avec deux fois le nom de ce raciste, raciste de son époque, mais tout de même raciste :
      – la rue : Boulevard Carl-Vogt
      – le bâtiment lui-même (construit il y a moins de 5 ans !!!) : Uni Carl-Vogt
      Et ça, je ne le pardonne pas à l’université qui m’engageait.
      Deux fois en une signature de MES MAILS c’était trop !

    • Carl Vogt, progressiste et raciste

      Juliet Fall, géographe, publie une BD à charge. Le bâtiment qui abrite son département porte le nom du scientifique et politicien genevois qui, au XIXe siècle, prônait la hiérarchisation des races et des sexes.

      « Pourquoi faut-il ­décoloniser la géographie ? » Cette question, Juliet Fall, professeure au département de géographie de l’université de Genève, la pose dans son cours sur l’histoire et l’épistémologie de sa discipline. Elle y répond par ailleurs à sa manière en consacrant une bande dessinée à la figure de Carl Vogt (1817-1895). Dans ce pamphlet de six pages, elle s’adresse directement au naturaliste et médecin suisse d’origine ­allemande pour questionner sa présence persistante dans le paysage urbain. De ce matérialiste convaincu, aux convictions progressistes et anticléricales, Juliet Fall retient moins la contribution à la science que les écrits pétris de racisme et de misogynie.

      Une pensée affligeante sur l’inégalité des races et des sexes qu’on pourrait relativiser, car ancrée dans son époque. Le problème, c’est qu’August Christoph Carl Vogt a son buste bien en vue, à Genève, devant le bâtiment Uni-Bastions. Et son boulevard où se dresse, depuis 2015, une annexe de l’alma mater portant son nom. L’honneur de trop pour Juliet Fall, qui y a son bureau. Profitant du débat qui fait rage sur les statues honorant de douteux personnages, la géographe lance son pavé dans la mare. Nous sommes allés à sa rencontre pour parler de sa BD, à télécharger gratuitement en ligne.

      Comment vous est venue l’idée de cette BD ?

      Juliet Fall : La décision de nommer ce bâtiment en l’honneur de Carl Vogt en 2015 avait fait réagir, mais finalement le nom de l’artère où il se trouve avait été retenu par commodité. Ma démarche s’inscrit dans le sillage du collectif L’Escouade, dont le projet « 100 Elles » soutenu par la Ville de Genève a rebaptisé symboliquement une centaine de rues. Le boulevard Carl-Vogt est ainsi devenu boulevard Jeanne Hersch. Lors de la Grève des femmes, en 2019, plusieurs collègues ont mené une action avec une banderole allant dans le même sens.

      Que reprochez-vous à Carl Vogt ?

      Il a cherché à légitimer un préjugé très en vogue dans les académies au XIXe siècle, celui de l’inégalité des races. Sa crainte était une dilution, un affaiblissement des caractéristiques de la race blanche par le mélange. C’est de la mauvaise science : on compare la taille des crânes, comme on le fait pour les grands singes, afin de prouver la supériorité de la race blanche. Carl Vogt place les « Germains » et les « Nègres » aux deux extrémités de l’évolution.

      Les femmes ne sont pas beaucoup mieux loties.

      Dans ses Leçons sur l’homme ­publiées en 1865, Carl Vogt écrit que le crâne des femmes blanches se rapproche plus de celui du « nègre » que de l’homme blanc. Le degré d’évolution moindre des femmes sur l’échelle de la race les voue à la conservation des valeurs ­immuables, de la famille, etc.

      « On a une responsabilité, nos étudiants ne sont plus les mêmes qu’il y a cinquante ans. »

      Ces travaux ont-il de l’écho ?

      A l’époque probablement. On retient surtout que Darwin remercie Carl Vogt pour son soutien sur la théorie de l’évolution, ce dernier signant une préface dans une traduction de son œuvre (« De la variation des animaux et des plantes à l’état domestique », ndlr). En revanche, Karl Marx s’en prend violemment à lui et perd un an de sa vie à écrire un livre, Herr Vogt, où il l’accuse d’être un espion à la solde de Napoléon III.

      S’en prendre à Carl Vogt aujourd’hui, c’est faire de l’anachronisme ?

      On choisit ses héros ! Que Carl Vogt possède son buste ancien est une chose – on peut se demander si sa place n’est pas plutôt dans un musée, même si personne n’y prête vraisemblablement attention en passant devant. Choisir de nommer un bâtiment académique en son honneur au XXIe siècle est plus problématique. Personnellement, ça me contrarie de voir figurer son nom en signature de mes emails, qui plus est, dans une Faculté des Sciences de la société. On a une responsabilité, nos étudiants ne sont plus les mêmes qu’il y a cinquante ans. On doit penser le présent de nos disciplines en dialogue avec leur passé. Ma bande dessinée peut contribuer au débat.

      Vos origines anglo-saxonnes vous ­prédisposent-elles à une critique postcoloniale, moins marquée dans la sphère académique francophone ?

      Je ne peux nier l’influence des postcolonial studies, ni des écrits ­féministes. Comme immigrée, je pose aussi un regard distancié sur Genève, où la liberté académique, il faut le souligner, est totale. Cela doit nous encourager à décoloniser l’université et à dépasser les schémas patriarcaux.

      https://lecourrier.ch/2020/06/17/carl-vogt-progressiste-et-raciste
      #BD #Juliet_Fall

      –---

      Pour lire la BD en pdf :


      https://irreductible.ch/pdf/CarlVogt2020.pdf

    • Comme les éléphants et les singes... - Melanine
      http://www.melanine.org/?-Comme-les-elephants-et-les-singes-

      « La race des Nègres est une espèce d’hommes différente de la
      nôtre [...] on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une
      autre espèce que notre entendement, elle est très inférieure. Ils
      ne sont pas capables d’une grande attention, ils combinent peu et ne
      paraissent faits ni pour les avantages, ni pour les abus de notre
      philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l’Afrique comme les
      éléphants et les singes ; ils se croient nés en Guinée pour
      être vendus aux Blancs et pour les servir. »
      Voltaire, Essai sur les mæurs,
      Genève, 1755, t. XVI, pp. 269-270

      #voltaire
      #déboulonner_le_racisme

    • Rebaptisez le bâtiment Carl Vogt de l’UNIGE et déboulonnez le #buste à son effigie

      Nous exigeons la rebaptisation du bâtiment universitaire (UniGE) portant le nom de Carl Vogt, ainsi que le déboulonnement du buste à son effigie siégeant devant le bâtiment de l’Uni Bastions.

      Cette pétition demande à ce que le bâtiment faisant partie du campus de l’Université de Genève et portant le nom de Carl Vogt soit rebaptisé. La prochaine appellation de ce même bâtiment devra être établie par un groupe de réflexion pluridisciplinaire, transparent et inclusif essentiellement composé des personnes concernées et affectées par les théories racistes, sexistes et validistes de Carl Vogt.

      Cette pétition appelle également à l’organisation du déboulonnement du buste à l’effigie de Carl Vogt, inauguré en 1999.

      Qui est Carl Vogt ?
      Carl Vogt, naturaliste, médecin suisse d’origine allemande, conseiller national et aux états et recteur de l’Université de Genève, ne fut pas uniquement la figure progressiste anti-cléricale que l’université souhaite nous dépeindre.
      Aux côtés de Louis Agassiz, il figure comme étant l’un des représentants du racisme « scientifique » (Zuber, 2020). Lors de la seconde moitié du XIXème siècle, Carl Vogt prône et développe une pensée raciale et sexiste. Dans son ouvrage “Leçon sur l’Homme” (1865), traduit en 8 langues, on peut ainsi lire : "Le N*[1] adulte, en ce qui concerne ses capacités intellectuelles, ressemble à l’enfant, à la femme et au Blanc sénile”. Dans le même ouvrage il écrit des Noir.e.x.s : “La plupart des caractères que l’on peut reconnaître, déjà dans la conformation extérieure, ainsi que dans les proportions des diverses parties du corps, rappellent irrésistiblement les singes.” On ne peut ignorer la contribution de Carl Vogt à la circulation et la construction raciste du concept de « race » humaine.

      Considérant les personnes Noir.e.x.s comme étant l’intermédiaire entre l’homme blanc et les primates, doté.e.x.s d’une maturité intellectuelle s’arrêtant à la puberté, les théories négrophobes et déshumanisantes auxquelles il participe cherchent à étayer la supposée existence de la supériorité blanche, par opposition à la supposée infériorité noire. Au cours du XIXe siècle, ces théories raciales ont constitué les fondements idéologiques de l’impérialisme colonial, du nationalisme expansionniste et du racisme d’état (Césaire, 1955 ; Taguieff, 2008).

      Les théories raciales ont légitimé un système de domination en le fondant sur les inégalités des races ou/et des sexes. Malgré leur disqualification et condamnation durant le XXe siècle par la communauté internationale et grâce aux mouvements anticoloniaux et antiracistes, ces théories raciales continuent à grandement influencer les systèmes de domination actuels.

      Pourquoi un buste à l’effigie et un bâtiment au nom de Carl Vogt posent-ils problème ?
      Les récents rapports publiés par le Carrefour de Réflexion sur le Racisme AntiNoir (CRAN) et le Service de Lutte contre le Racisme (SLR) relatent que les discriminations et préjugés racistes anti-Noir.e.x.s continuent d’opérer et touchent presque toutes les sphères de la société. Ce sont des réalités que vivent les personnes Noir.e.x.s quotidiennement, et le fait de célébrer un individu ayant participé à l’établissement des discriminations et inégalités raciales nuit à l’intégrité de ces dernier.e.x.s et entrave une réelle égalité.

      Banaliser la réalité du racisme anti-Noir.e.x.s et ses conséquences en célébrant les figures historiques qui ont participé à son élaboration c’est nier l’expérience sociale des personnes afro-descendantes en Suisse.

      Ce faisant, l’université de Genève manque au principe de respect de l’individu, qu’elle prône dans sa charte d’éthique et de déontologie. Dans ce document on peut lire :

      "Le respect de la personne engage la responsabilité des Hautes Écoles envers toute personne appelée à un titre ou à un autre à contribuer à leur mission d’enseignement et de recherche, que ce soit comme acteur, actrice ou comme sujet. Il suppose un traitement équitable des divers membres de la communauté académique."
      Le fait que les institutions dotées du pouvoir public de produire les savoirs, telles que l’UniGe, ne se responsabilisent pas par rapport au passé colonial-racial a pour effet de minimiser, si ce n’est d’invisibiliser, les inégalités raciales dans le présent. En glorifiant les figures d’un passé raciste, l’UniGe envoie le signal que le traitement équitable de certain.e.x.s membres de la communauté académique, affecté.é.x.s par le racisme, n’est pas important. En participant à l’amnésie coloniale, l’établissement silencie l’expérience humaine des personnes afro-descendantes, que celles-ci soient inscrites dans le cadre de l’UniGe, ou alors externe à l’établissement.

      Une nomination à contre-courant :
      Lors de la troisième conférence mondiale contre le racisme de Durban en 2001, la Suisse s’est engagée à éclairer son implication passée dans la traite esclavagiste et le colonialisme. A partir de 2001, c’est grâce à des travaux d’historiens, tels que Hans Fässler, Patrick Minder, et de théoricienn.e.s postcoloniaux tels que Noémi Michel, Patricia Purtschert ou encore Jovita Dos Santos Pinto, ou encore d’ouvrages comme La Suisse et l’esclavage des Noirs que l’implication de la Suisse dans le colonialisme et dans le commerce triangulaire a pu être révélée.
      Près de 20 ans après, ce sujet reste relativement tabou. Il est, aujourd’hui, essentiel que la part coloniale, raciste, sexiste, eugéniste de l’histoire soit également racontée à plus large échelle et enseignée.
      Le fait de baptiser un bâtiment universitaire Carl Vogt en 2015, en connaissance de ses théories racialistes, nous apparait comme surprenant et rétrograde. Rendre hommage à un personnage en dépit de sa contribution raciste et sexiste, c’est falsifier le récit au sujet de ce que nous héritons collectivement, c’est nous empêcher, en tant que collectivité de pouvoir de nous responsabiliser face à ce passé, c’est entraver les réflexions et le chemin vers les réparations de ce passé.

      Rétablir l’histoire :
      Renommer ce bâtiment et déboulonner le buste Carl Vogt ne signifie pas effacer l’Histoire. Au contraire, nous cherchons à la rétablir et lui donner sa juste place dans la société actuelle.
      Il est souvent rétorqué qu’il est anachronique de faire le procès des figures du passé avec les standards du présent, que ces figures baignaient dans un contexte raciste et sexiste.
      Or, bien que le racialisme fût un mouvement important durant le XIXème siècle, il relevait que certains scientifiques de l’époque tel que le géographe, anarchiste et libre penseur Elisée Reclus ou encore le meneur de l’indépendance de Haïti, Toussaint Louverture, se sont érigés contre ces théories raciales. De plus, les préjudices de ces théories ont des effets jusqu’à aujourd’hui : elles informent le racisme qui touche la communauté noire, elles informent également le renouvellement des pratiques et idéologies d’extrême droite. Comme le rappelle l’historien et anthropologue Michel-Rolph Trouillot, dans son ouvrage Silencing the Past, le passé se contemple toujours depuis le présent, et ce sont nos valeurs et nos demandes dans le présent qui impactent notre manière d’appréhender et de faire récit du passé. Le passé historique que nous voulons voir être figuré et incarné dans l’espace institutionnel et public que constitue l’UniGe doit se nourrir d’une préoccupation pour l’égalité et la justice sociale.

      En résumé :
      Le fait de désigner le plus récent bâtiment d’une institution par un nom ayant signé des théories racistes et sexistes, c’est invisibiliser les discriminations vécues par les personnes Noir.e.x.s, les femmes et les minorités de genre et sexuelles. Nous accusons certes les théories de Carl Vogt, mais nous accusons essentiellement l’université d’avoir choisi de le mettre en avant malgré son insertion dans la bio-sociologie raciste et sexiste.

      Ce choix opéré en toute conscience signale un positionnement inacceptable de l’UniGe face aux actes de racisme et de sexisme pouvant se dérouler en son sein. Si une institution décide, en connaissance de cause, de nommer son bâtiment par le nom d’un racialiste notoire, il est légitime de supposer qu’elle ne se positionnera pas de manière équitable lorsqu’un acte de racisme systémique ou ordinaire lui sera dénoncé.
      Ainsi, il est impossible en tant qu’étudiant.e.x.s Noir.e.x.s de sentir ses intérêts protégé.e.x.s par un établissement dont les agissements minimisent le racisme scientifique et ses conséquences, encore bel et bien réelles.

      Une université universaliste ?
      Il est primordial de rappeler que lors du choix de l’appellation du bâtiment situé au Boulevard Carl-Vogt 66, 1205 Genève, des voix s’étaient élevées pour dénoncer la sélection mémorielle dont faisait preuve l’UniGE. Celles-ci n’ont pas été prises en compte par l’établissement.

      Il est donc fondamental de créer des espaces de formation justes pour toute personne. L’égalité entre sujets issus d’histoires, de mémoires et d’origines différentes constitue un enjeu de démocratie dans un espace qui se définit comme universaliste et progressiste. L’espace de formation est une vitrine des valeurs d’une institution, mais aussi de la société. La rebaptisation et le déboulonnement de Carl Vogt permettront de rétablir des espaces de formation et des espaces publics justes rendant possible le respect de l’intégrité de chaque personne.

      Nous vous invitons à signer
      Pour toutes les raisons susmentionnées, nous vous invitons à signer et relayer cette pétition, afin que nos revendications soient entendues et qu’elles débouchent sur le déboulonnement du buste, et la rebaptisation du bâtiment actuellement nommé Carl Vogt.

      Le collectif pour une réflexion décoloniale, Genève / Instagram : @reflexion_decoloniale / adresse e-mail : reflexion.decoloniale@gmail.com

      Signataires de la pétition :

      CUAE, Conférence universitaire des associations d’étudiantEs.
      ADEPSY, Association des Etudiant.e.s en Psychologie
      AEA, association des Etudiant.e.s afrodescendant.e.s, Unil & EPFL
      AEAPA, Association des Etudiant.e.s en Archéologie Préhistorique et Anthropologie
      AEHES, Association des Etudiant.e.s en Histoire Economique et Sociale
      AEL, Association des étudiant.e.s en Lettres
      AESPRI, Association des Etudiant.e.s en Sciences Politique et Relations Internationales
      AJP-UNI, association des juristes et étudiant-e-s progressistes de l’UNIGE
      Amnesty UNIGE
      LCS, Law Career Start
      Kam’Af
      Collectif Amani
      Collectif Afro-Swiss
      Collectif Faites des Vagues
      CRAN (Carrefour de réflexion et d’action contre le racisme anti-Noir - Observatoire du racisme anti-Noir en Suisse), Berne
      Outrage collectif
      Collectif pour la mémoire Neuchâtel
      UPAF (Université populaire africaine en Suisse), Genève

      [1] N* correspond à "nègre", nous ne souhaitons pas reconduire la force blessante de ce mot dans le corps de texte de notre pétition.

      https://www.change.org/p/rectorat-de-l-universit%C3%A9-de-gen%C3%A8ve-rebaptisez-le-b%C3%A2timent-uni

      #pétition