La Rumeur, le refus du silence des cimetières
entretien réalisé par Fara C. mardi 12 septembre 2017
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Après son concert, vendredi sur la Petite Scène, Hamé débattra de la situation des quartiers populaires. Rencontre avec un poète sans langue de bois.
Fer de lance du #hip-hop revendicatif, le groupe #la_Rumeur galvanisera, vendredi à 21 h 45, la Petite Scène. Le 16, à 13 heures, à la Halle Léo-Ferré, Hamé participera à un débat sur les quartiers.
Que représente pour vous la Fête de l’Humanité ?
Hamé N’ayant pas grandi en Île-de-France, je l’ai découverte quand j’ai déménagé en région parisienne. C’est un rendez-vous fort de la gauche populaire, avec une intéressante combinaison de concerts et débats. Un point de ralliement pour la mobilisation. Outre le concert de la Rumeur, je participerai au débat animé par Daniel Mermet sur la situation des #quartiers_populaires. Un sujet capital, vu les mesures que Macron veut imposer et impose déjà.
Depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, qu’est-ce qui vous met le plus en colère ?
Hamé Il poursuit les travaux de démolition lancés il y a plusieurs décennies, puis durcis par Sarkozy et pérennisés par Hollande. Macron opère une phase d’accélération. Il a commencé à liquider le peu qui reste au peuple. Un processus qu’on observe sur le plan national, européen et international. Le président actuel a été placé par une poignée de milliardaires. Sa feuille de route se soumet aux bailleurs de fonds, qui édictent leurs intérêts, sans même prendre la peine de masquer leurs ambitions sous un discours pseudo-social. En s’attaquant à l’ISF, ce sont plusieurs milliards de cadeaux qu’il veut faire aux plus riches parmi les riches.
Le Défenseur des droits vient de remettre un rapport dénonçant les dérives de la chasse contre les fraudeurs aux prestations sociales…
Hamé Il s’agit d’une guerre économique sauvage, menée à l’échelle internationale, comme le montrent par exemple les offensives sociales d’un Trump. La différence entre le tournant du XIXe siècle au XXe siècle et celui avec le XXIe siècle, c’est qu’aujourd’hui le capitalisme pur et dur s’est généralisé à travers la planète, dans une pulsion de retour à une pureté idéologique. Le but ? Démanteler l’ensemble des droits et laisser aux gens d’en bas des miettes.
Vous travaillez à un documentaire sur #Adama_Traoré, mort en 2016 à la suite d’une interpellation…
Hamé Je le fais pour et avec la famille d’Adama et le comité de soutien, qui se battent avec une énergie admirable. Le comité de soutien constitue un lieu où se formule une véritable réflexion politique et où se réinvente une manière de militer. L’accumulation des #violences_policières exprime la volonté de soumettre les démunis ; depuis un certain temps, il y a un mort par mois dans les quartiers. Il faudrait rester calme, invisible, et laisser régner le silence des cimetières ? Pas question.
Ce que ne comprennent pas les couches qui se croient protégées, c’est que les quartiers populaires sont les pointes avancées où sont appliqués les mécanismes de domination. La problématique de la violence policière et, plus largement, antisociale ne concerne pas que les personnes ayant des origines africaines, mais tout le monde. Ce qui est appliqué aux plus fragilisés touchera bientôt les autres. Les quartiers populaires sont un laboratoire, au niveau économique, politique, policier, judiciaire… Le climat de guerre sociale va s’intensifier et se généraliser au-delà de leur périmètre. On en déjà fait l’expérience à travers la répression des manifestations. Il est crucial de mettre en tête de cortège de nos revendications les problèmes qu’affrontent les quartiers populaires.