Sortis de Tbilissi, c’est la dèche. Le pays à la capitale hydrocéphale a longtemps délaissé sa campagne, ses gros bourgs et ses villages de pierres et de tôles pour n’encenser que ses montagnes éternelles, éléments de folklore purement décoratif.
De toutes manières, de quoi se plaignent-ils, ces provinciaux qui ont tous un téléphone portable, une voiture tonitruante, une église à l’écoute et la télé riche de divertissements américains ?
Ben ils s’emmerdent. Ils sont pauvres. Ils ont faim et froid et mal partout, aux dents, au dos, au moral. Mais qui s’en soucie ? Les candidats lors de leur campagnes électorales, les médias pour les faits divers, les randonneurs étrangers pour leur accueil disproportionné. Au final, pas terrible. Les récoltes sont ridicules, le tracteurs est tiré par le vieux cheval, la maison n’est presque pas chauffée l’hiver, le miel se vend mais n’enrichit pas, les touristes se plaignent des ersatz de salle de bain, l’UE critique l’enclavement et la pollution et les enfants locaux rêvent de casinos ou de Tbilissi ou d’expatriation ou des trois à la fois.
Alors les villages se vident. Ils vieillissent. Ils meurent.
Un jour, des Géorgiens haut placés se sont demandés s’il n’était pas possible de sortir les ruraux de ce quart monde qu’ils aperçoivent parfois de leur 4x4 de luxe, seul moyen de transport capable de rejoindre ces déserts humains.
Ils ont pensé : et si ces Géorgiens toujours pas descendus de leurs plateaux vers nos belles plaines se mettaient à vivre au XXIe siècle ? Avec de l’eau courante pour tous, de l’électricité à toute heure, des écoles dotées de matériel de base, des routes praticables, bref, des services publics, avec un plus des initiatives pour les aider à créer des emplois locaux ? Un truc de ouf.
Et ils proposèrent de créer un ministère rien que pour eux : le ministère des Montagnes. Comme ça, peut-être que ces reliefs si typiques ne seront plus des cartes postales pour clips publicitaires. On aidera les populations locales à y vivre un peu mieux, à y naître et mourir pas loin d’un médecin, d’une infirmière, enfin encouragés à pratiquer dans ces contrées abandonnées.
L’idée d’un tel ministère au joli nom fait son chemin, reste à lui trouver un budget et un ministre.
Dans 3 ans, ce sera fait, nous annonce-t-on...