• Le « rapport au sacré » ne résume pas le mode de vie des premiers hommes

    http://modesdevivre.blog.lemonde.fr/2014/09/19/le-rapport-au-sacre-ne-resume-pas-le-mode-de-vie-des-premi

    La chaîne Arte a diffusé le 6 septembre dernier un documentaire de Sylvia Strasser intitulé Des pisteurs sur les traces du passé, qui montre comment une équipe de préhistoriens allemands a cherché à réinterpréter les traces de pas laissées par des hommes du Magdalénien dans les grottes du sud de la France, connues depuis un siècle. Ces empreintes de pied, remontant à 15 000 ans, ont longtemps été regardées comme des traces de rituels chamaniques qui se seraient déroulés dans les grottes.

    Pressentant qu’un autre système explicatif était envisageable, les chercheurs ont entrepris de demander à des spécialistes de l’interprétation des traces de décrypter celles qui sont restées imprimées dans l’argile molle des cavernes. Ces spécialistes, on les appelle des pisteurs. Et les meilleurs pisteurs sont aujourd’hui les dernières tribus de chasseurs-cueilleurs de l’Afrique, les Bochimans de Namibie, dont la subsistance repose sur la capacité des plus sagaces à repérer dans la poussière les traces récentes des grands animaux.

    Dans cette salle où l’on voit en grand nombre des empreintes de talons dans l’argile, sans traces de l’avant du pied, les préhistoriens s’accordaient à considérer que des danses rituelles s’étaient déroulées dans ce vaste espace martelé par les talons d’un groupe d’individus.

    L’œil des pisteurs y a vu en réalité les pas de deux individus, ceux d’un homme adulte et ceux d’un jeune garçon. Ils ont démêlé leurs allées et venues et reconstitué l’histoire la plus probable. Les deux hommes ont, en plusieurs allées et venues, été prélever de l’argile dans un coin de la grotte, avec lequel ils ont modelé les deux bisons d’argile qui se trouvent encore au centre de la salle. Puis ils sont partis.

    De quoi cette erreur d’interprétation des préhistoriens est-elle le signe ? Elle montre avant tout que la puissance analytique de la science occidentale est facilement piégée par des interprétations toutes faites – en l’espèce, que les premiers hommes sont forcément mus par le rapport au sacré – et reste aveugle aux signes qui n’entrent pas dans le vocabulaire graphique intelligible de ses contemporains. Plus largement, elle montre à quel point nos représentations restent implicitement imprégnées par les notions de « sacré » et de « profane ».

    • Non, pas d’échec « pour la science occidentale », sûrement pas mais plutôt une juste approche en faisant intervenir des hommes capables d’employer d’autres outils de raisonnement ; il me semble que cette recherche d’une autre clé montre que ces préhistoriens « occidentaux » ont su se faire aider et aboutir grâce à cet apport.
      Il n’y a certainement pas lieu de désigner des responsables d’un échec. Ou alors ce serait les « propriétaires » du site et leur sens ridicule de la propriété, mais même là ce serait stupide. De plus s’arrêter à ce que dit Nicolas@ ( autoflagellation ? ) montre le désir d’une simple critique négative, rien d’autre.

    • Le fail n’est pas qu’ils aient là réussi en faisant appel à d’autres hein. Le fail dont parle Nicolas c’est que ça fait des décennies que les occidentaux croit une autre hypothèse uniquement basée sur des préjugés un peu bateau (le « sacré » etc). Et ce n’est pas que négatif, c’est ambivalent au contraire : négatif pour les occidentaux, et positif pour les gens d’autres cultures à qui ils ont fait appel.

    • Je dis pas que c’était facile, mais pour pas voir que tout simplement les personnes étaient juste allées chercher de l’argile pour bâtir une sculpture en argile qui se trouvait juste au milieu, fallait avoir un sacré préjugé. Comme les femmes vikings qui étaient comptées comme des hommes parce que les squelettes avaient des armures.

    • C’est un thème classique de la S-F, sans que je puisse en citer un exemple :-( Les archéologues du futur découvrant nos objets quotidiens les interprètent à travers le prisme du sacré.

      Il y a eu, il y a quelque temps, une exposition où ces « trouvailles du futur » étaient présentées. Je crois bien qu’il s’agit de celle-ci, mais, là aussi, je ne trouve pas d’illustration (je vais me coucher, nah !)

      Archéologie, le jour d’après - FRAC Franche-Comté
      http://www.frac-franche-comte.fr/scripts/fiche-exposition.php?id_expo=5

      Etienne Bossut y a songé qui duplique ces choses en partance, ces objets triviaux auxquels nul n’attache d’importance et si peu de regard tables, bassines, chaises ou ustensiles de cuisine... Non sans humour, il construit le musée des arts et traditions populaires de notre époque pour les siêcles à venir. Il érige les bidons en monuments, transfigure une louche, sacralise une botte. Il moule nos objets quotidiens. Il en fixe l’image et les répête à satiété dans toutes les couleurs de notre société de consommation. Ce faisant, Etienne Bossut se substitue aux archéologues de demain et « leur mâche » en quelque sorte le travail tout en s’amusant à brouiller les pistes, comme avec cette improbable colonne de bidons à l’équilibre impossible qui renvoie autant à l’archétype du temple antique qu’à notre civilisation du pétrole : un mémorial ironique d’une époque à la fin annoncée...

    • La difficulté avec les préjugés c’est qu’ils évoluent, chaque époque en crée, qui sont d’abord de précieux moteurs de recherche et de découverte, car ils balaient les préjugés précédents, pour ensuite s’affaisser et devenir des obstacles à toute avancée. Normal, Rasta.