• 🔴DES ARTISTES ARRÊTÉS POUR UNE FRESQUE SUR LA PALESTINE !
    https://www.nantes-revoltee.com/des-artistes-arretes-pour-une-fresque-sur-la-palestine

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    – Paris : une vingtaine de policiers arrêtent 5 personnes qui peignaient sur un mur autorisé –

    La scène, digne d’un Régime autoritaire, est une nouvelle attaque accablante contre la liberté d’expression et de création. Des dizaines de policiers déployés pour empêcher une fresque sur la Palestine, et arrêter des peintres !

    Le collectif Black Lines, célèbre pour ses grandes et belles fresques engagées en noir et blanc, organisait mercredi 26 mai, à Paris une œuvre collective en soutien à la Palestine. Le tout sur un mur légal du 13ème arrondissement, régulièrement graffé, et réservé à cet usage. Mais en 2021, il suffit de délivrer un message artistique sur un mur pour déclencher un déchaînement répressif. Une personne présente sur les lieux raconte à Nantes Révoltée :

    « On était en train de peindre la fresque quand, vers 19H, une première voiture de police s’arrête. Quatre policiers nous demandent ce qu’on fait, si on a l’autorisation de peindre sur le mur. » Une intimidation hors de propos, puisqu’il s’agit d’un mur d’expression libre. Mais l’opération ne fait que commencer.

    « Ils appellent leurs supérieurs, en décrivant exactement ce qu’il y a sur la fresque, en précisant qu’elle a un caractère politique. Une deuxième voiture de police arrive, puis une troisième… Finalement, ils étaient une vingtaine de policiers pour 5 artistes ! » Essayez la dictature, avait déclaré un certain Président de la République.

    « Sous prétexte qu’on n’avait pas de papiers officiel, ils ont emmené les peintres au commissariat pour prendre leurs identités. Et ils ont ouvert une procédure pénale pour « dégradation » ! Au poste, ils ont cherché à avoir le maximum d’informations sur la fresque, qui l’a commandité, pourquoi peindre sur la Palestine et pas sur Israël, etc … »

    Un procédé inquisitorial, dans la continuité des interdictions de manifester en soutien au peuple palestinien, et des innombrables atteintes aux libertés fondamentales ces derniers mois. Les peintres du collectif Black Lines sont même reconvoqués ce jeudi au commissariat pour être auditionnés.

    Nous vous invitons à faire connaître ce scandale pour ne pas laisser ce collectif de peintres seul face à la répression. Et à faire circuler au maximum les images de cette fresque censurée par un Etat en roue libre.

  • Une BD évoquant Darmanin censurée par les Éditions des Équateurs
    https://actualitte.com/article/100626/edition/une-bd-evoquant-darmanin-censuree-par-les-editions-des-equateurs

    Cas de force majeure, le huitième livre de Remedium, était prêt pour la publication : l’auteur avait même reçu le Bon À Tirer (BAT), le document final, envoyé à l’imprimeur. « C’est juste avant le départ pour l’impression qu’il y a eu ce retard, non expliqué par l’éditeur », nous explique Remedium par téléphone.

    Cherchant à obtenir une explication de ce délai, l’auteur-illustrateur découvre qu’un portrait de Gérald Darmanin, dans Cas de force majeure, pose problème.

    « On me transmet un ensemble de raisons complètement vaseuses avancées par Olivier Frébourg [directeur des Équateurs et éditeur, NdR] : d’abord, que Darmanin a sorti un livre aux éditions de l’Observatoire [Le séparatisme islamiste. Manifeste pour la laïcité, NdR], qui fait partie du groupe Humensis, ce qui serait problématique, puis qu’une autrice publiera aux Équateurs un livre sur le terrorisme à la rentrée, et que sa protection policière pourrait être remise en cause si le ministre est attaqué. »

    « Au final, on m’a indiqué que le récit tombait sous le coup de la diffamation. Or, je me suis basé sur plusieurs articles de presse, je fais usage du conditionnel et je cite même Mediapart pour un élément », précise Remedium, qui n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai en matière d’enquête et de portrait.

    Finalement, Olivier Frébourg a, selon l’auteur, demandé de modifier le récit consacré à Darmanin, « en modifiant pratiquement toutes les cases », à moins de renoncer à publier le livre. Choqué par le procédé, Remedium n’a pourtant pas hésité longtemps, et a choisi de résilier le contrat d’édition, pour récupérer ses droits sur Cas de force majeure.

    #édition #censure

  • Genève se mobilise pour réclamer la libération de Julian Assange Chams Iaz

    « Il a perdu sa liberté pour protéger la nôtre ». Plusieurs personnalités genevoises emmenées par la compagne du lanceur d’alerte déclenchent ce vendredi un « Appel de Genève » pour que Londres le libère et pour qu’il puisse être accueilli, en Suisse ou ailleurs


    De gauche à droite : le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture Nils Melzer, l’avocat de Julian Assange Antoine Vey et la fiancée du lanceur d’alerte, Stella Morris — © KEYSTONE/Magali Girardin

    « Son seul crime est d’avoir dit la vérité », martèlent tour à tour les signataires de l’Appel de Genève. Cette pétition https://www.change.org/p/la-justice-du-royaume-uni-gen%C3%A8ve-lance-un-appel-pour-lib%C3%A9rer-assan , lancée ce vendredi 4 juin, demande « la libération immédiate » de Julian Assange, le lanceur d’alerte et fondateur de Wikileaks retenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à Londres, depuis le 11 avril 2019 – jour de son arrestation à l’ambassade d’Équateur. Julian Assange venait déjà de vivre sept années enfermé dans cette ambassade, où il s’était réfugié pour éviter l’extradition vers la Suède, qui le réclamait pour viol, un dossier depuis classé.

    Le fondateur de WikiLeaks est aujourd’hui menacé d’extradition vers les Etats-Unis. Là-bas, il risque une peine de prison de 175 ans. En cause, son ONG fondée en 2006, Wikileaks, cette plateforme internet développée par l’Australien pour permettre à tout citoyen de publier anonymement des documents compromettants sur une société, une organisation ou un gouvernement. C’est grâce à celle-ci que des centaines de milliers de câbles diplomatiques ont pu être publiés dès 2010 en partenariat avec des médias internationaux dont  The New York Times, The Guardian, Der Spiegel, Le Monde et El País.

    Et parmi ceux-ci : des milliers de documents confidentiels du Département d’Etat américain et du Pentagone. Julian Assange a notamment révélé les bavures commises par l’armée américaine en Irak ou en Afghanistan, ou encore les mauvaises conditions de détention à Guantanamo. Pour les Etats-Unis, il a surtout mis en péril la vie d’individus ayant fourni des informations à l’armée ou à la diplomatie américaine.

    C’est pourquoi le Ministère américain de la justice réclame son extradition auprès du gouvernement britannique. La juge en charge de ce dossier a déjà opposé un premier refus, le 6 janvier 2021, invoquant le risque de son suicide, et a décidé de le maintenir en détention sur son territoire en attendant l’examen de l’appel demandé par les Etats-Unis. La date exacte de cette procédure est toujours inconnue.

    Six demandes
    Dans l’attente, plusieurs institutions et personnalités genevoises ont donc décidé de s’unir ce vendredi 4 juin, aux Bains des Pâquis, pour soutenir Julian Assange et rappeler ses mauvaises conditions de détention. Parmi les figures mobilisées figurent la compagne du lanceur d’alerte l’avocate britannique Stella Morris, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture Nils Melzer, la maire de Genève Frédérique Perler, l’ancien directeur du CICR Yves Daccord, le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga, le secrétaire général de l’ONG Reporters Sans Frontières Christophe Deloire, l’ex-député Jean Rossiaud et le directeur exécutif du Club suisse de la presse Pierre Ruetschi.

    Ce dernier estime que « cet Appel de Genève est avant tout un appel citoyen » et que le lieu de cette conférence de presse est particulièrement symbolique. « Genève, ville où siège le Conseil des droits de l’homme, ville humanitaire, ville de paix et de négociation, ville qui accueillera le 16 juin les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine : c’est ici que les choses se décident, c’est ici que nous exigeons la libération de Julian Assange. »

    Dans leur pétition, les signataires s’adressent à plusieurs interlocuteurs « au nom des valeurs promues par les organisations de défense des droits humains basées à Genève ». Ils demandent ainsi aux autorités britanniques de refuser l’extradition de Julian Assange et de lui rendre sa liberté, au gouvernement américain de renoncer aux poursuites engagées contre lui, aux organisations internationales et aux ONG d’user de leurs compétences et autorités pour contribuer à le faire libérer, aux médias de continuer à informer sur sa situation, aux peuples de le soutenir, enfin à tous les Etats démocratiques de lui assurer un refuge.

    Un visa humanitaire
    Frédérique Perler, maire de Genève, s’associe « pleinement » à cet appel, souligne-t-elle. « Julian Assange est le symbole de la persécution politique et judiciaire insensée dont les lanceurs d’alerte peuvent être victimes. Il a dû fuir, s’exiler et vivre caché pour nous avoir informés. Il a perdu sa liberté pour protéger la nôtre. » Le conseilleur aux Etats Carlo Sommaruga déclare son indignation face « aux crimes commis prétendument pour le maintien de la démocratie » et « aux turpitudes commises à l’insu des citoyens. » Pour le socialiste, il est du devoir de la Suisse de « protéger les nouveaux dissidents qui agissent désormais dans le monde virtuel. »

    Sur ce sujet, l’ancien député du grand conseil genevois Jean Rossiaud réitère son idée d’accorder à l’Australien un visa humanitaire. « Les députés ont déjà voté cette résolution, donc Genève est prête à l’accueillir, dit-il. Sauvons-le de la torture, amenons-le dans un hôpital pour le soigner, et ensuite, grâce à ce visa il pourra choisir ce qu’il veut faire et où aller. Le plus important est qu’il soit libre et qu’il puisse recouvrer sa santé et son état mental. »

    Confiné, puis incarcéré depuis plus de dix ans, Julian Assange a vu son état de santé physique et mental se dégrader, rapportent régulièrement des observateurs ou proches. Sa compagne Stella Morris confie craindre pour sa survie. Pour elle, son mari et père de ses deux enfants sortira de prison soit en homme libre, soit mort. « Julian n’est pas simplement un nom ou un symbole ; c’est un homme, un être humain et il souffre. On le cache, on tente de le faire taire, mais il se bat », insiste-t-elle.

    Bouleversée par la statue de son compagnon réalisée par le sculpteur Davide Dormino érigée aux Bains des Pâquis, au côté de celle d’Edward Snowden et de Chelsea Manning, elle poursuit : « Il est en cellule pour avoir divulgué des preuves concrètes sur des crimes commis par le même pays qui tente aujourd’hui de l’extrader. Joe Biden, qui sera bientôt ici, doit cesser cette folie ».

    Source : https://www.letemps.ch/suisse/geneve-se-mobilise-reclamer-liberation-julian-assange

    #wikileaks #assange #julian_assange #surveillance #snowden #actualités_internationales #nsa #internet #etats-unis #censure #usa #cablegate #journalisme #activisme #julianassange #liberté

  • #CNews, première chaîne d’#intox de France… avec le soutien de l’Élysée

    La semaine dernière, CNews a pour la première fois dépassé #BFMTV en audience. Récompense suprême pour la chaîne qui propage des #fake_news sur des #controverses montées de toutes pièces : documentaire censuré à Orléans, #écriture_inclusive imposée à l’école, #Blanche-Neige victime de la “#cancel_culture”… Plus courageux encore, #Pascal_Praud désigne à la vindicte de la #fachosphère des responsables de services publics. Une action civique qui vaut à l’animateur d’être chouchouté par l’Élysée.

    « Merci à vous tous, chers téléspectateurs, salue #Sonia_Mabrouk mardi dernier. Vous avez placé hier CNews leader des chaînes d’information de France. » Devant BFMTV, et sans que cette dernière perde de part d’audience. La chaîne de #Bolloré a donc su attirer un nouveau public. « C’est une confiance qui nous honore, merci encore. » Une confiance de laquelle Sonia Mabrouk sait se rendre digne. « La guerre contre l’écriture inclusive menée par #Jean-Michel_Blanquer qui veut l’interdire à l’école, annonce-t-elle au sommaire de Midi news. L’écriture inclusive, une attaque contre notre langue et derrière, une idéologie. » Rappelons que Sonia Mabrouk, elle, est dépourvue d’idéologie. « Et puis nous parlerons de tags anti-police et donc anti-France d’une violence inouïe. » Ils ont causé des dizaines de blessés parmi les forces de l’ordre.

    « J’ai remercié les téléspectateurs qui ont placé hier CNews comme la chaîne leader des chaînes d’information, rappelle Sonia Mabrouk après le journal. Je remercie également les invités. De tous bords, c’est très important, chaque jour il y a la diversité des sujets et surtout des tendances. » De la droite extrême à l’extrême droite en passant par la gauche d’extrême droite, comme nous allons le vérifier. « Le ministre de l’Éducation a dit : Ça suffit ! Stop l’écriture inclusive à l’école !, relaie la présentatrice. — Il faut savoir l’enfer qu’on vit dans beaucoup de collectivités, gémit #Rudolph_Granier conseiller LR de Paris. À Grenoble, ils ont décidé de la rendre obligatoire dans les délibérations, c’est déjà le cas à la mairie de Paris. » Il faudrait mettre en place une cellule de soutien psychologique pour Rudolph Granier et ses collègues. « Moi, je pense aux personnes qui sont dyslexiques, qui sont aveugles. » Les aveugles ? Ils n’ont pas grand-chose à voir dans cette histoire.

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    « Ça concerne les universités, Sciences Po, l’EHESS, Normale Sup, énumère Élisabeth Lévy. La triade des sciences humaines s’adonne à ça. Et si des profs ne mettent pas leurs demandes de financement en écriture inclusive, ils ont toutes les chances de se faire retoquer. » Information inventée de source sûre. « On est encore l’otage de groupuscules. » Terroristes. Le seul invité de tous bords de gauche prend la parole. « Autant je suis pour qu’on dise “madame la ministre”, revendique #Philippe_Doucet, du PS, mais je suis contre cette histoire d’écriture inclusive. » Ouf, les « socialistes » ne cèdent pas à la pression des preneurs d’otages. « Mais pourquoi le ministre de l’Éducation fait cela ? » s’auto-interroge Sonia Mabrouk pour mieux s’auto-répondre : « L’écriture inclusive et la théorie du #genre ont pris le dessus par exemple au #CNRS, c’est ce que vise le ministre. » Philippe Doucet fait assaut de bonne volonté : « Je suis contre la #culture_woke et pour la République. » Rappelons que l’écriture inclusive menace la République, ses partisans étant notoirement friands de dictature militaire.

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    Sonia Mabrouk psalmodie : « Écriture inclusive, #femellisme, disent certains, mais aussi discours décoloniaux… » Sans oublier l’#islamo-gauchisme racialiste. « Il y a des militants, il faut les appeler ainsi, qui pensent tordre le cou au réel et changer la cité en corrigeant les #mots. » Rappelons que Sonia Mabrouk, elle, n’est pas militante. « Ces révolutionnaires de salon me font sourire, commente #Ludovic_Mendes, de LREM. Quand on dit à un gamin de CP qui a des difficultés parce qu’il est en apprentissage de la lecture qu’on va lui rajouter l’écriture inclusive… » Information fantasmée de source sûre : partout en France, les élèves de CP sont contraints par les professeurs des écoles d’apprendre l’écriture inclusive.

    Sonia Mabrouk résume : « En gros, vous êtes tous d’accord. » Magie de la « diversité des tendances » des « invités de tous bords ». « L’écriture inclusive, vous dites : absurdité et non-sens linguistique. Mais je voudrais vous pousser plus loin. » Un peu plus à droite, si c’est possible. Élisabeth Lévy ne se fait pas prier. « La question, c’est : de quelle minorité sommes-nous otages ? Y compris chez les socialistes, chez les Verts, dans toute l’extrême gauche 3décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi. On est #otages de gens qui représentent des #groupuscules. — Oui mais parfois les #minorités font l’histoire, alerte Sonia Mabrouk. Quand vous êtes à des postes très élevés, ça peut ruisseler. — Ça peut infuser », confirme Philippe Doucet. C’est d’autant plus dangereux que, selon Élisabeth Lévy, « le combat de la place des femmes dans la société, il est gagné ». L’emploi de l’écriture inclusive conduirait tout droit à une #dictature_féminazie.

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    « Avant de parler de beaucoup d’informations sur la violence qui règne dans nos villes, annonce Pascal Praud la veille au soir, l’écriture inclusive. Vous savez qu’on essaye de mener modestement ce débat. » Cette #croisade. « Dans une interview au JDD, Jean-Michel Blanquer a rappelé l’existence de la circulaire d’Édouard Philippe qui en 2017 interdisait l’usage administratif de l’écriture dite “#épicène”. » Épicène, vraiment ? L’adjectif désigne un mot qui s’écrit au masculin comme au féminin. Blanquer va donc interdire l’emploi du mot « élève », un comble pour un ministre de l’Éducation… Mais puisque c’est une information vérifiée par Pascal Praud… « Et il demande que l’écriture inclusive ne soit pas utilisée à l’école. J’ai envie de dire : Enfin ! Enfin, il se réveille ! » Il a dû regarder CNews, où Pascal Praud mène un combat quotidien contre l’écriture inclusive.

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    L’animateur relaie scrupuleusement les arguments du ministre : « Mettre des points au milieu des mots est un barrage à la transmission de notre langue pour tous, par exemple pour les élèves dyslexiques. » En revanche, apprendre à écrire « du cidre et des crêpes bretons » est une facilité pour les élèves dyslexiques. « Je rappelle que la mairie de Paris fait ses communiqués en écriture inclusive. Je rappelle que le site de France 2 est en écriture inclusive. — L’université est en écriture inclusive, chouine #Ivan_Rioufol. — L’université, quand t’écris pas ta thèse en écriture inclusive, t’es mis dehors ! » Information inventée de source sûre.

    « Vous êtes injuste, proteste toutefois Ivan Rioufol, il me semble avoir entendu Blanquer le dire plusieurs fois. — Y a que nous qui le disons ! À l’université, c’est un scandale ! Tu peux prendre des sanctions, quand même ! » Condamner les profs à des peines de prison. « Pourquoi le président de la République n’a rien dit sur ce coup-là ?, s’étonne #Jean-Claude_Dassier — Il dit rien, le ministre de la Culture non plus… Tous les thèmes qui fâchent, de toute façon ! » À peine s’ils dénoncent l’islamo-gauchisme. « Je crois savoir que c’est assez marginal, tente l’avocate Sophie Obadia. — C’est pas du tout marginal à l’université, réplique Pascal Praud. — En #sciences_sociales, précise Ivan Rioufol. — C’est la terreur ! » Selon des témoignages fabriqués de source sûre.

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    Sophie Obadia se range à la diversité des tendances des invités de tous bords : « Que ce soit enseigné, malheureusement, oui. Mais les étudiants n’y parviennent pas. C’est d’une complexité effarante. — C’est moralement illisible, ajoute Ivan Rioufol. — Sur le plan cognitif, c’est improbable, insiste l’avocate. — Ça devrait être considéré comme nul et non avenu, tranche Jean-Claude Dassier. — Le féminin d’entraîneur, c’est quoi ?, demande Jean-Louis Burgat. — Entraîneuse, répond Jean-Claude Dassier. — Vous voyez, y a des choses qui sont impraticables. — Ce qui est très inquiétant, geint Ivan Rioufol, c’est de voir à quel point une #moutonnerie peut amener à un #conformisme. » Les participants à L’heure des pros, eux, sont aussi anticonformistes que Jean-Michel Blanquer. « En sciences sociales, dans les universités, si vous ne faites pas de thèse en écriture inclusive, vous n’êtes pas lu ou vous avez deux points. » Information fabulée de source sûre. Pascal Praud en ajoute une : « Y a des profs qui ne répondent pas aux mails des étudiants quand ils ne sont pas en écriture inclusive. — Et Mme Vidal ne dit rien, peste Jean-Claude Dassier. — C’est peut-être pas la priorité, tente Sophie Obadia. — Mais c’est la priorité !, rage Pascal Praud. — Ah ben si, c’est la priorité ! », appuie Ivan Rioufol.

    La priorité de mercredi est tout aussi anticonformiste. « Est-ce que dans Blanche-Neige, vous vous souvenez de la fameuse scène du baiser, quand le prince charmant se penche sur Blanche-Neige pour la réveiller ?, demande Sonia Mabrouk. Est-ce que vous y avez vu un baiser non consenti ? » #Olivier_Dartigolles réagit : « La polémique est ridicule » Tellement ridicule qu’elle a été montée de toutes pièces par la fachosphère et relayée par #FoxNews à partir d’un obscur blog qui faisait la promotion d’une nouvelle attraction de Disneyland. Mais, pour Sonia Mabrouk, « ça va loin. Parce que Disney se demande que faire de cette scène, est-ce qu’il ne faut pas la couper ». Information supputée de source sûre. « Évidemment on crie tout de suite à la cancel culture. » Sur CNews.

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    « Qu’est-ce que vous en pensez, #Laurent_Jacobelli ? — Je pense que c’est ridicule », répond le porte-parole du RN. Qui suggère illico la prochaine fake news susceptible de provoquer de passionnants débats ridicules : « En plus, dans le nom Blanche-Neige, il y a “blanche” donc on va nous demander de le changer. Est-ce qu’on doit ridiculiser le débat, l’amoindrir à ce niveau au point de chercher le mal partout ? » Sur CNews, oui, c’est même un credo. « Arrêtons avec cette #censure permanente. » Voyez comme les bobards des journalistes de CNews sont affreusement censurés. « La moindre image, le moindre mot donne lieu à un procès. » Sans parler des terribles remontrances du CSA.

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    « Mais jusqu’où on va aller ?, insiste Sonia Mabrouk Jusqu’où cet activisme peut aller pour effacer… parce qu’il y a de véritables pressions… » À son tour, la journaliste imagine une fake news susceptible de provoquer de passionnants débats ridicules : « Peut-être que la prochaine étape, c’est de dire que les sept nains, c’est un gang bang… » Et Bambi une victime du lobby de la chasse. « Faut-il voir derrière les tenants de l’idéologie intersectionnelle, de la cancel culture, etc. ? » Sur CNews, oui. « Ou est-ce que vous dites : on prête trop d’attention à ces minorités ? » Sur CNews, c’est certain. « Il y a un véritable engagement politique derrière cela. » De l’extrême gauche décolonialo-indigéno-je-ne-sais-quoi, a démontré Élisabeth Lévy.

    #Kevin_Bossuet, enseignant et coqueluche de la fachosphère, s’insurge, absence de preuves à l’appui : « On veut tout dénaturer, tout détruire, tout ce qui constitue le socle de notre identité et de notre civilisation. » Selon nos informations forgées de toutes pièces. « On pointe l’œuvre du #patriarcat partout, c’est profondément ridicule et dangereux. » Il faut sauver le patriarcat. « Le débat sur l’écriture inclusive, c’est exactement le même processus. » Effectivement : on monte en épingle une menace imaginaire pour pouvoir propager des idées réactionnaires. « Vous avez des manuels scolaires, des enseignants qui utilisent de l’écriture inclusive … » Information rêvée de source sûre. « On peut se poser des questions sur l’#idéologie de ces personnes. » En revanche, pas la peine de se poser des questions sur l’idéologie de toutes tendances des invités de tous bords de CNews.

    « On est en train de recréer la censure, se désespère Laurent Jacobelli, de restreindre la possibilité d’exprimer une opinion, on le voit sur les plateaux télé. » Surtout sur CNews. « Il faut arrêter qu’une toute petite minorité impose sa #dictature_intellectuelle à une grande majorité. » D’invités de CNews. L’avocat Carbon de Sèze conclut « C’est pas à des amateurs de révision des œuvres artistiques d’imposer les thèmes de discussion. » Non, c’est à des amateurs de révisionnisme de les imposer sur le fondement de fausses informations.

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    Le 30 avril, Pascal Praud impose un autre « débat » sur un nouveau scandale fantasmé, « l’#affaire_d’Orléans. L’histoire extravagante du programme financé par la mairie qui devait passer sur France 3 Centre-Val-de-Loire et qui finalement est censuré. — Oui, il est censuré », confirme #Serge_Grouard, maire LR d’Orléans et habitué de L’heure des pros. Le bandeau le clame, « France 3 censure un programme sur #Jeanne_d’Arc ». En réalité, comme l’a très bien raconté cet article d’Arrêt sur images, France 3 a renoncé à programmer un #documentaire sur les « #fêtes_johanniques » (qu’elle ne s’était jamais engagée à diffuser) quand elle s’est aperçue qu’il s’agissait d’un film promotionnel réalisé par la municipalité et commenté par la voix de #Charlotte_d’Ornellas, journaliste de Valeurs actuelles, figure de la fachosphère abonnée aux plateaux de CNews.

    Pascal Praud, comme Sonia Mabrouk, préfère « crier à la cancel culture » d’inspiration soviétique : « Qu’il y ait des petits commissaires du peuple dans le service public d’information et notamment à France 3 n’étonnera personne. Ça s’appelle des petits commissaires du peuple, insiste-t-il. Dans le service public, ce sont les rois. » L’animateur s’adonne alors à l’une de ses méthodes favorites : désigner le nom du coupable à la vindicte de centaines de milliers de téléspectateurs nourris de fausses informations.

    « On est en train d’essayer d’appeler M. Basier, il veut pas répondre. » Le lâche. « Jean-Jacques Basier, je vais donner son nom plusieurs fois. Jean-Jacques Basier, directeur régional de France 3 Centre-Val-de-Loire. » Son adresse et son numéro de téléphone, peut-être ? « C’est une police de la pensée, s’insurge Serge Grouard. — Ils ont des mentalités d’épurateurs, ajoute Ivan Rioufol. — Exactement, c’est les mêmes qui auraient tondu à la Libération. » Puisque Rioufol et Praud me tendent la perche du point Godwin, qu’il me soit permis de subodorer que ces Praud et Rioufol sont les mêmes qui auraient dénoncé des juifs sous l’Occupation. Quoiqu’il en soit, leur lynchage public a des effets dans la vie réelle : le directeur régional de France 3 est l’objet d’une campagne de #harcèlement sur les réseaux sociaux mais aussi sur sa propre messagerie vocale. Avec d’explicites #menaces_de_mort, rapporte un communiqué syndical.

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_13.29.40.png?itok=hUlUohJ5

    Une autre affaire montre que ce goût pour la #délation peut avoir de graves conséquences sur les personnes désignées à la furie de la fachosphère.. Jeudi soir, l’émission À l’air libre, réalisée par Mediapart, reçoit #Anne-Laure_Amilhat_Szary, directrice à Grenoble du laboratoire Pacte du CNRS. Je conseille vivement de regarder son témoignage (en accès libre) pour prendre la mesure de la gravité des agissements de M. Pascal Praud. Ce dernier a mis en cause l’universitaire lors de l’affichage des noms de deux professeurs de Sciences Po Grenoble accusés d’islamophobie. Affichage que l’intéressée a toujours vigoureusement condamné. Affichage consécutif à une controverse entre un prof militant et une chercheuse de son laboratoire qu’Anne-Laure Amilhat-Szary a défendue dans un communiqué ensuite falsifié par #Klaus_Kinzler, le prof en question.

    Pascal Praud s’est empressé d’inviter ce professeur, qui déclare alors : « Un grand chercheur directeur de laboratoire de recherche se met en dehors de la science. Il ne comprend même pas, c’est une femme d’ailleurs, elle ne comprend même pas ce que c’est, la science. — Ce laboratoire, Pacte, avec cette dame…, rebondit Pascal Praud. Je vais citer son nom, Anne-Laure Amilhat-Sza… Szaa… Szary. » La délation est un métier. « Cette dame-là, c’est la directrice du laboratoire mais cette dame, c’est une militante. — C’est une militante. C’est des gens qui ne réfléchissent même pas. — Oui mais qui se croient tout permis et qui avancent avec le sentiment d’impunité. C’est très révélateur, on voit le #terrorisme_intellectuel qui existe dans l’université à travers leur exemple. »

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_14.02.17.png?itok=DB-qutXJ

    Sur le plateau de Mediapart, Anne-Laure Amilhat-Szary raconte la suite. « La ministre de l’Enseignement supérieur dit que c’est insensé de livrer des noms d’enseignants-chercheurs à la vindicte des réseaux sociaux, or ça a été mon cas. J’ai fait l’objet d’une campagne diffamatoire avec menaces de mort nombreuses et répétées. » Au point de devoir porter plainte pour « #cyber-harcèlement et menaces de mort ». « Comment vous avez vécu tout ça ?, demande Mathieu Magnaudeix. — Mal. Et comme la preuve que l’intersectionnalité est une bonne grille d’analyse puisque j’ai fait l’objet d’insultes islamophobes, antisémites, sexistes, avec une critique de mon physique avec mon portrait transformé… Je vous laisse imaginer le pire. » Le pire sciemment provoqué par Pascal Praud.

    https://www.telerama.fr/sites/tr_master/files/styles/simplecrop1000/public/assets/images/capture_decran_2021-05-07_a_13.42.37_0.png?itok=No7NkS6H

    « Je n’ai pas de protection judiciaire, regrette Anne-Laure Amilhat-Szary. Elle a été demandée et on n’en a plus jamais entendu parler. La ministre a défendu des personnes qui ont effectivement été mises en danger par des affichages criminels et moi, je me débrouille toute seule. » Comme se débrouillent toutes seules les journalistes #Morgan_Large et #Nadiya_Lazzouni, respectivement victimes d’#intimidations (dont un sabotage de voiture) et de menaces de mort, sans qu’elles obtiennent la #protection_policière demandée — et soutenues par de nombreuses organisations de journalistes.

    En revanche, Emmanuel Macron n’hésite pas à téléphoner à #Eric_Zemmour, quand il est agressé dans la rue, pour l’assurer de son soutien. De même, #Christine_Kelly, la faire-valoir de #Zemmour, est promptement reçue à l’Élysée quand elle reçoit des menaces de mort (évidemment inadmissibles, quoiqu’on pense de son travail).

    Quant à Pascal Praud… Non seulement ses délits de « mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle » (que le gouvernement se vante d’avoir inclus dans la loi Séparatisme) n’entraînent aucune poursuite, mais ils lui valent le soutien enamouré du pouvoir. Dans un article du Monde, Ariane Chemin raconte comment le journaliste de CNews est reçu avec les honneurs à Matignon, à la questure de l’Assemblée (où le reçoit le député Florian Bachelier, habitué de ses émissions) et même à l’Élysée. Emmanuel Macron et son conseiller #Bruno_Roger-Petit entretiennent des contacts réguliers avec Pascal Praud, allant jusqu’à lui livrer des infos en direct. Ariane Chemin explique que Bruno Roger-Petit, « le “M. Triangulation” de l’Élysée, scrute depuis longtemps CNews, qui relaie souvent les obsessions de l’extrême droite et a pour lui le même avantage que Valeurs actuelles : cliver l’opinion en deux camps sans laisser beaucoup de place à d’autres courants de pensée ».

    Ainsi, le pouvoir actuel, et jusqu’à son plus haut sommet, utilise et protège un délinquant d’extrême droite propagateur de fausses nouvelles. La campagne pour la présidentielle s’annonce terrifian… pardon, passionnante.

    https://www.telerama.fr/ecrans/cnews-premiere-chaine-dintox-de-france...-avec-le-soutien-de-lelysee-687576

    #infox

    –—

    ajouté au fil de discussion sur l’#affaire_de_Grenoble :
    https://seenthis.net/messages/905509

    ping @isskein @karine4

    signalé ici aussi :
    https://seenthis.net/messages/915057

  • Facebook’s Secret Rules on Word “Zionist” Impede Criticism of Israel
    https://theintercept.com/2021/05/14/facebook-israel-zionist-moderation

    Obtained by The Intercept, the policies alarmed advocates, who said Facebook is silencing political speech. Facebook’s secret internal rules for moderating the term “Zionist” let the social network suppress criticism of Israel amid an ongoing wave of Israeli abuses and violence, according to people who reviewed the policies. The rules appear to have been in place since 2019, seeming to contradict a claim by the company in March that no decision had been made on whether to treat the term (...)

    #Facebook #antisémitisme #censure #modération

  • #Suisse Devant la justice pour un « J’aime » ou un « partage » sur les réseaux sociaux

    Un simple « like », une simple mention « J’aime », sur les réseaux sociaux peut conduire son auteur devant la justice. Les plaintes déposées contre les commentaires injurieux ou calomnieux se multiplient en Suisse. Plus de 700 personnes font l’objet d’une enquête concernant une seule et même affaire en Valais.

    L’histoire commence dans un restaurant du centre-ville de Martigny. Pour des raisons écologiques et économiques, le patron Fred Faibella a choisi de faire payer la carafe d’eau à ses clients. Mais un soir d’octobre, la décision du restaurateur n’est pas comprise.

    « Quatre personnes rentrent, ils vont s’installer et ils passent commande. Ils souhaitent une carafe d’eau, alors ma fille leur répond que la politique de la maison est, effectivement, de la facturer. Ils n’ont pas du tout apprécié. Ils sont partis et ils ont été un peu se venger sur les réseaux sociaux », raconte Fred Faibella dans Mise au point.

    Avalanche de réactions
    Le lendemain, l’un des clients rédige en effet un commentaire sur son « mur » Facebook en indiquant le nom du restaurant, « La vache qui vole ». La publication est abondamment « likée », partagée et commentée. En trois jours, Fred Faibella assiste, médusé, à une tempête sur les réseaux sociaux : « La vache qui vole rackette le client », « Une cruche de gérante et une vache qui vole, un duo peu recommandable » ou encore « Sale pute fessée de chef hautaine et indigne... ta vache qui vole de merde ».

    « Il n’est pas possible que les gens puissent continuer à insulter, à calomnier. L’une de mes collaboratrices, qui a dû consulter, a été en arrêt maladie pendant une semaine. Elle avait des angoisses. Ces gens font énormément de mal. Ce n’est pas possible que cela continue », explique Fred Faibella.

    Plus de 700 personnes dénoncées
    Ainsi, la plus importante plainte du genre en Suisse a été lancée (lire encadré). Plus de 700 personnes ont été dénoncées devant le Ministère public valaisan. Elles sont donc convoquées tour à tour par la police pour avoir écrit des commentaires malveillants dans cette affaire, pour les avoir partagés ou pour les avoir approuvés avec un « J’aime ».

    « Je pense qu’on a dépassé toutes les limites de la bienséance et du respect. Avec une telle procédure, que le Ministère public est en train de faire prospérer, on va peut-être dissuader tout le monde de persister dans cette voie. Car on aura à la fin des gens qui auront des montants très importants à payer », estime l’avocat du restaurateur Sébastien Fanti. « (...) Pour que l’exercice ait un sens, il faut que tout le monde soit dénoncé. »

    « J’aurais dû réfléchir »
    L’immense majorité des personnes dénoncées ont refusé de témoigner devant la caméra de Mise au point. Mary-Claude, elle, en a eu le courage. Si elle ne connaît pas le restaurant de Martigny, elle n’est pas restée indifférente au commentaire du client en colère. « Je me suis dit que le restaurant exagérait. J’ai donc voulu faire de l’humour. En tant qu’ancienne journaliste, j’aurais dû réfléchir. »

    La retraitée, qui passe pas mal de temps sur Facebook, écrit ce commentaire « Une cruche de gérante et une vache qui vole, un duo peu recommandable ». « Moi j’ai écrit cela ? Ce n’est pas très gentil. J’ai été peut-être un peu fort », avoue Mary-Claude. Elle a donc été entendue par la Police cantonale. « J’ai cru à une farce », reconnaît-elle. Depuis, elle essaie d’être plus sage sur les réseaux sociaux.

    L’avocat Sébastien Fanti reconnaît qu’il y a une différence entre les commentaires « humoristiques » et haineux. « Mais les gens ne se rendent pas compte que même en faisant la petite blague, l’effet de meute est en train d’arriver. Le premier qui va commenter ou qui va diffuser l’information est, très souvent, dépassé par les événements. Sauf que ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il lui appartient de modérer les commentaires. »

    Le deuil et les commentaires haineux
    Le Valais a connu un autre exemple de discussion sur les réseaux sociaux qui dégénère. Le 23 janvier dernier, un guide et son client sont emportés par une avalanche en faisant du hors-piste. Si le client s’en est sorti, le guide est décédé. Christophe Gay-Crosier, 56 ans, était père de deux filles, Manon et Coline.

    Mais à la douleur de perdre leur papa s’est ajoutée celle de lire les commentaires qui se sont aussitôt déchaînés sous les articles relatant ce tragique fait divers : « C’est un attardé », « Il va en faire quoi de son pognon, maintenant qu’il est mort » ou encore « S’il est suffisamment con pour accepter de se faire payer pour aller prendre des risques ».

    « Les gens disent des horreurs »
    « Même moi, qui ne connaît pas très bien la montagne, je sais qu’un guide, c’est quand même fait pour faire du hors piste », explique Coline. « (...) La réalité, c’est que c’était quelqu’un de prudent qui faisait ce métier pour nourrir sa famille. Du coup, c’est violent, parce qu’on n’a pas choisi que cette histoire soit exposée. »

    Et sa soeur Manon d’ajouter : « Les gens disent des horreurs et ce n’est pas correct. Quand on dit du mal de quelqu’un qui est mort et, en plus, quand on dit des choses qui ne sont pas vraies, c’est de la diffamation. Ça salit la mémoire. »

    Coline et Manon, après avoir longtemps hésité, ont finalement déposé plainte contre cinq auteurs de commentaires les plus blessants. Et elles ont défendu, en février dernier, l’honneur de leur père dans Le Nouvelliste https://www.lenouvelliste.ch/articles/valais/canton/on-ne-peut-pas-laisser-salir-papa-les-filles-du-guide-decede-a-nendaz- . L’article a suscité beaucoup d’émotions dans le canton. « Il y a vraiment eu un mouvement de solidarité et de soutien. Cela soulageait et il y avait presque un sentiment de justice », conclut Manon.

    #réseaux_sociaux

    #facebook #surveillance #twitter #censure #algorithme #manipulation #internet #publicité #données #google #profiling #médias #racisme #haine #censure #antisémitisme #islamophobie #violence #xénophobie

  • #Sheikh_Jarrah : la #censure opérée par les #réseaux_sociaux dénoncée | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/palestine-sheikh-jarrah-facebook-twitter-instagram-censure-reseaux-so

    « Nous sommes désolés pour tous ceux qui sont touchés, en particulier ceux qui sensibilisent à des causes importantes dans le monde », a posté Instagram après avoir annoncé que le problème avait été résolu.

    [...]

    Al Jazeera rappelle que « la #complicité entre Israël et les entreprises de réseaux sociaux dans la réglementation et la censure du contenu et des comptes palestiniens est bien documentée. À la suite d’une visite d’une délégation au siège de Facebook en 2016, le ministre israélien de la Justice avait déclaré à l’époque que #Facebook, #Google et #YouTube ‘’se conformaient à 95 % aux demandes israéliennes de suppression de contenu’’, presque entièrement palestinien ».

    Pire, ces entreprises, en révélant aux autorités israéliennes les données des utilisateurs ciblés, ont « permis l’arrestation de centaines de Palestiniens au cours des dernières années, principalement pour leurs publications sur Facebook. En revanche, les Israéliens ne subissent pas le même traitement », précise encore Al Jazeera.

    En 2017, 7amleh avait publié une étude selon laquelle toutes les 46 secondes, des Israéliens publient un commentaire raciste ou insultant à l’encontre des Palestiniens et des Arabes. Pourtant, peu de mesures ont été prises contre ces comptes.

    #sans_vergogne #criminels

  • Les ultra-riches au cœur du problème climatique
    https://www.les-crises.fr/les-ultra-riches-au-coeur-du-probleme-climatique

    Source : BBC, Roger Harrabin, 13-04-2021 Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

    Selon un rapport, les gens riches de la planète doivent changer radicalement leur mode de vie pour lutter contre le changement climatique. Selon ce rapport, les 1 % des personnes les plus riches du monde produisent deux fois plus d’émissions de carbone que les 50 % les plus pauvres, selon l’ONU. À eux seuls, les 5 % les plus riches – ceux qu’on appelle « les élites pollueurs » – ont contribué pour 37 % de la croissance des émissions entre 1990 et 2015. Les auteurs veulent dissuader les conducteurs de SUV et les habitués des transports aériens – et persuader les gens aisés de bien isoler leurs maisons.Lire la (...)

    • Mais pourquoi free bloque t’il l’envoi de la lettre d’information du PARDEM, Le Parti de la Démondialisation ?

      Depuis le 25 Avril 2021, les adresse free ne la reçoivent plus. La #mondialisation c’est donc obligatoire !
      Il est vrai que le programme de ce petit parti politique peut difficilement être accusé d’extrémisme de droite.

      On remarquera que l’option permettant de traiter les mails #indésirables a disparu du webmail de free.

      https://www.pardem.org

      I.- Annuler toutes les « réformes » néolibérales prises ces quarantes dernières années.
      II.- Reconquérir la souveraineté de la France dans les domaines politique, militaire et diplomatique, en sortant de l’Union européenne, de l’OTAN, en démondialisant pour bâtir de nouvelles relations internationales fondées sur le co-développement.
      III.- Reconquérir la souveraineté monétaire et financière en sortant de l’euro, en démantelant les marchés financiers en France, en organisant le dépérissement de la Bourse et en faisant défaut sur la dette publique pour pouvoir la restructurer. 
      IV.- Reconquérir la souveraineté économique et industrielle par le retour à la nation des grands groupes industriels, de services et médiatiques, par des mesures protectionnistes dans le cadre rénové de la Charte de La Havane de 1948, pour une mutation écologique, sociale et démocratique des modes de production, de distribution et de consommation.
      V.- Reconquérir la souveraineté fiscale condition nécessaire pour faire basculer le partage de la valeur ajoutée en faveur du travail et construire des politiques d’égalité. 
      VI.- Instaurer le droit opposable à l’emploi effectif permettant l’emploi pour tous, l’État étant l’employeur en dernier ressort.
      VII.- Restaurer, refonder et élargir la Sécurité sociale et tous les services publics pour garantir la justice sociale.
      VIII.- Bien vivre dans une société qui préserve la biodiversité et les ressources fossiles, tout en assurant son autonomie alimentaire par le développement de l’agriculture paysanne, et son autonomie énergétique par une sortie progressive du nucléaire.
      IX.- Refonder l’instruction publique, développer la recherche, promouvoir la langue et la culture françaises.
      X.- Reconstruire l’État républicain pour garantir l’intérêt général et les libertés publiques, la démocratie, la laïcité, et l’indépendance de la justice.

      #free #censure #internet #fait_divers #surveillance #france #médias #mail #messagerie #liberté_d'expression #démocratie #liberté

  • Proposed New Internet Law in Mauritius Raises Serious Human Rights Concerns
    https://www.eff.org/deeplinks/2021/04/proposed-new-internet-law-mauritius-raises-serious-human-rights-concerns

    As debate continues in the U.S. and Europe over how to regulate social media, a number of countries—such as India and Turkey—have imposed stringent rules that threaten free speech, while others, such as Indonesia, are considering them. Now, a new proposal to amend Mauritius’ Information and Communications Technologies Act (ICTA) with provisions to install a proxy server to intercept otherwise secure communications raises serious concerns about freedom of expression in the country. Mauritius, (...)

    #législation #censure #surveillance #EFF

  • BLOG FLORAISONS : LE PROCÈS DE MAYA FORSTATER ET LA CRITIQUE DU GENRE
    "Le patriarcat est une société où l’oppression des femmes « fait système » (Delphy, 1981) ; les discriminations que subissent les femmes sont alors loin d’être naturelles ou individuelles mais sont globales et systémiques. Le patriarcat est donc une organisation politique où les hommes sont totalement bénéficiaires de l’oppression des femmes. Il s’agit donc d’une société construite par les hommes et pour les hommes et qui structure toutes les sphères de la société.
    On observe que ce système repose sur une différentiation des rôles sexués : les personnes catégorisées mâles sont socialisées pour devenir des hommes, et les personnes catégorisées femelles sont socialisées pour devenir des femmes. Ces stéréotypes, ces rôles inégalitaires construisent des réalités sociales que l’on nomme la « construction genrée ».
    Le genre est une catégorisation sociale qui a pour fonction d’établir des hiérarchies et des inégalités. C’est pourquoi certaines féministes cherchent à abolir le genre. La question du genre est un sujet sur lequel convergent et s’opposent le féminisme radical et la théorie queer comme le présente un article de Debbie Cameron et Joan Scanlon, paru dans Nouvelles Questions Féministes (et traduit par la collective TRADFEM, « Convergences et divergences entre le féminisme radical et la théorie queer »).
    Le féminisme radical ne peut pas faire l’économie de la critique du genre et le genre ne peut échapper à la critique féministe radicale. Être féministe radicale, c’est entre autres être critique de la construction du genre. Dans cette perspective, le procès de Maya Forstater, qui s’apparente au procès de la critique du genre, nous paraît intéressant.
    Nous ne partageons pas forcément tous les points de vue de Maya Forstater, mais l’expression de la critique du genre est menacée d’être considérée comme n’étant pas une croyance philosophique protégée par le droit du travail, ce qui veut dire qu’une personne peut être légalement licenciée pour avoir exprimé des critiques : ici, celle de l’identité de genre. Cela a plusieurs conséquences, notamment le fait que les féministes radicales pourront perdre leur emploi du simple fait de leur engagement politique. Les femmes, déjà assignées à des tâches subalternes dans la division du travail et/ou moins rémunérées que les hommes, seront, une fois de plus, intimées de se taire pour ne pas voir leur situation empirer. Cette insécurité économique un peu plus forte sur les militantes les plus critiques serait désastreuse pour l’émancipation des femmes. (...)"

    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/29/le-proces-de-maya-forstater-et-la-critique-du-genre-floraisons-bl
    #idéologietransgenriste #censuredesfemmes #genre #mayaforstater #blogFloraisons #Orwellv

  • Belgique : "Journalope", "Collabo","On va te pendre" : quand les agressions verbales et les menaces se multiplient pour les journalistes de terrain Barbara Boulet, RTBF, 29 Avril 2021

    C’est un 1er avril qui n’aura pas amusé mon collègue Pierre-Yves. Pierre-Yves Meugens est reporter à Bruxelles. Cet après-midi-là, pour la radio, il part relayer une équipe au bois de la Cambre où s’est organisée une grande "boum" en dépit des mesures sanitaires. https://www.rtbf.be/info/regions/detail_des-milliers-de-personnes-reunies-au-bois-de-la-cambre-une-operation-de-

    Il est à peu près 17h30 quand Pierre-Yves arrive sur place. Entre les projectiles qui volent, les autopompes qui arrosent, et la charge de la cavalerie, il reçoit des jurons. "A 8 ou 9 reprises sur la soirée, des gens qui voyaient le sigle RTBF sur mon micro, me criaient des insultes comme ’Merdia’ ou ’Journalope’, se souvient Pierre-Yves. A un moment, une voiture est passée, un passager m’a crié ’collabo’. Je n’ai pas répondu. Ce n’est qu’à la fin de la soirée, quand un plus jeune, apparemment ivre, criait en boucle ’journalope’ que j’ai fini par réagir, j’en ai eu marre. Je lui ai demandé pourquoi il disait ça et s’il imaginait une démocratie sans journalistes. Je lui ai expliqué que j’étais là notamment pour leur laisser la parole, à lui et aux autres participants. Il m’a dit que de toute façon, j’allais déformer. Je vais le dire franchement : ce soir-là je suis rentré découragé, même si la majorité des gens ont été respectueux et même charmants"

    Un policier conseille de partir
    Dix jours plus tôt, au même endroit, c’est une équipe de l’émission télé Investigation qui se fait malmener, en marge d’une manifestation contre la "dictature sanitaire". "Dégagez ! Vous n’avez rien à faire ici" s’époumone un manifestant, puis "Je ne te cause pas sale pute", à la journaliste qui tente de défendre son droit d’être là. Des participants devront même s’interposer entre un homme particulièrement agressif et l’équipe. Un policier en civil ira jusqu’à conseiller à l’équipe de quitter les lieux pour sa sécurité. Et au moment où les collègues s’éloignent, fusent encore des "Menteurs !" et autres "Bande de collabos". "J’avais le sentiment qu’il ne s’agissait plus d’une simple question de défiance, se souvient aujourd’hui la journaliste Clémence Dath. Mais bien d’une forme de haine » . La RTBF a décidé de déposer une plainte en justice pour ces faits.

    Ces exemples-là se sont multipliés ces dernières semaines. Et pas uniquement sur les lieux de manifestations tendues, d’ailleurs. Ainsi, un de ces dimanches matins, à Liège, mon collègue technicien radio Renaud Huvelle pousse la porte d’une rôtisserie du quartier des Guillemins à Liège. Le suit un homme d’une quarantaine d’années très énervé, qui se met à l’insulter et à le traiter d’assassin. Renaud n’était pas de service ce week-end-là, mais il portait un masque siglé RTBF. "L’homme était difficile à interrompre, se souvient Renaud. Il semblait vouloir en venir aux mains. J’ai essayé de calmer la situation en minimisant mon rôle à la RTBF. La serveuse a essayé d’appeler la police. Il est finalement parti au bout de 10 minutes".

    Voitures banalisées, matériel moins siglé
    Avec la crise sanitaire et les mesures adoptées par le gouvernement, sans généraliser pour autant, les situations de tensions se sont multipliées pour les équipes de terrain. Au point qu’aujourd’hui, il leur arrive de mettre en place des stratégies – improvisées ou non- pour les éviter. Par exemple, le week-end dernier, les collègues télé qui ont couvert les événements de Droixhe se sont consciencieusement abstenus de rester statiques et visibles pendant les minutes qui ont précédé l’intervention en direct. "Il y a quelques années, ces réflexes n’existaient pas", commente Anne Poncelet qui coordonne la couverture de l’actualité liégeoise à la RTBF. "Récemment, j’ai même retiré la garde de week-end d’une journaliste enceinte car j’avais peur qu’elle soit confrontée à de pareilles tensions".

    Des équipes de deux personnes au moins
    Cela fait aussi un moment que la RTBF anonymise davantage les reporters : matériel moins siglé et dans certains cas, même, des voitures banalisées. A la rédaction, où des cas sont "surtout remontés depuis la fin de l’année dernière", le problème est d’ailleurs pris au sérieux par la direction de l’information, qui l’inscrit systématiquement à l’ordre du jour de ses comités éditoriaux pour faire le point avec les chefs d’équipe, rappeler les consignes de sécurité ou annoncer de nouvelles mesures. La RTBF essaie de ne plus envoyer de journalistes ou cadreurs seuls sur les manifestations, par exemple.

    "Nous avons une double crainte, commente le directeur de l’Information Jean-Pierre Jacqmin. D’abord, bien sûr, qu’un membre de l’équipe se fasse agresser. Ensuite, il y a le risque de perdre le contrôle éditorial". C’est le cas où une équipe ne peut plus maîtriser son intervention en direct.

    Ce qui s’est passé avec l’équipe d’investigation (à qui un policier a conseillé de quitter la manifestation) pose aussi sérieusement question : la presse finira-t-elle par déserter certains lieux d’actualités pour raison de sécurité ? Des journalistes vont-ils finir par craindre d’aller sur le terrain ?

    Jean-Pierre est en contact régulier avec les directions des autres rédactions francophones pour échanger sur le problème et envisager des solutions. Parce qu’il faut bien dire que le phénomène n’est pas propre à la RTBF et à sa particularité d’être un média de service public.

    Une tendance de fond
    Le journaliste du JT d’RTL Loïc Parmentier nous raconte avoir lui aussi été malmené avec son collègue caméraman dans une petite artère à l’orée du bois de la Cambre. C’était le 2 avril dernier, vers 22h30, à l’issue de ce qu’on pourrait appeler "l’after de la boum". Ils sont pris à partie par une dizaine d’hommes agressifs qui vocifèrent "bande de collabos. On va vous tondre, on va vous pendre". Et qui les accusent d’être "à la solde" tantôt "du gouvernement", tantôt " du capital ". L’un d’eux faisait mine de vouloir donner des "coups de boule". "Impossible de discuter" , se souvient Loïc, qui estime que le problème est devenu récurrent.

    C’est précisément aussi l’avis de l’Association des journalistes professionnels, l’Ajp. La secrétaire générale Martine Simonis ne cache d’ailleurs pas son inquiétude : "On doit faire le constat d’un climat hostile, de menaces. Avant, on avait des événements sporadiques lors de manifs qui tournent mal. Des cas isolés. On a aujourd’hui beaucoup plus un mouvement de fond qui vise les journalistes. Donc avec des groupes qui pensent qu’il faut agresser des journalistes. Que les journalistes sont leurs ennemis. Ces groupes sont très minoritaires mais très actifs et très visibles dans l’espace public". Aucun média ne serait d’ailleurs épargné. Même si l’audiovisuel et les photographes de presse écrite sont sans doute plus exposés, en raison de leur plus grande visibilité.

    Journalistes perçus comme symboles de l’autorité
    La secrétaire générale explique que ce public-là perçoit les journalistes comme des symboles de l’autorité, ce qu’ils ne sont pas : "Pour toutes ces personnes en opposition – et c’est tout à fait leur droit de l’être- les journalistes sont les seuls qu’ils peuvent atteindre pour se défouler. Les politiques, ils ne les atteignent pas. Les représentants de l’ordre, ils préfèrent ne pas s’y frotter. Ils assimilent les journalistes au pouvoir… Ce qui est une vraie erreur d’analyse".

    Comme journalistes, nous ne sommes pas les porte-parole des autorités, même s’il faut admettre que la crise sanitaire en particulier a montré la difficulté de trouver au quotidien la juste distance, le recul critique nécessaire.

    Photographe grièvement blessé à Reims
    Si ce climat hostile a atteint la Belgique aujourd’hui, il a aussi sérieusement progressé partout en Europe. Avec de récentes dérives graves : fin février, un photographe de L’Union, à Reims en France, a été grièvement blessé, après une agression par un groupe de 13 personnes, à proximité de la voiture qui portait le logo du journal. "Ce sont des attaques qu’on voyait avant dans des pays compliqués pour la liberté de la presse comme le Mexique ou certains pays de l’Est. Et tout à coup, on voit que les attaques physiques se passent aussi ici".

    La situation s’aggrave en Europe
    Heureusement, toutes les agressions sont loin d’être aussi graves. Mais quand même. D’après la plateforme du conseil de l’Europe pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, l’an dernier, en Europe, 70 alertes ont été recensées pour des cas (sérieux) de harcèlement et d’intimidations (dont 4 pour la Belgique). 52 pour des faits de violences physiques (aucune en Belgique). A titre de comparaison, en 2019, il n’y en avait "que" respectivement 43 et 33. Plus préoccupant encore : pour ce début d’année 2021, il y a déjà eu 29 alertes pour violences physiques, c’est presque autant que pour toute l’année 2019.

    La méthode trumpienne favorise les agressions
    "En Europe, on observe deux tendances nouvelles, analyse Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ). Des agressions physiques, souvent dans le cadre de couvertures de manifs. Il y a eu des cas en France, en Grèce, en Italie, en Pologne, en Russie, en Espagne, en Turquie, au Royaume-uni et en Serbie. Et puis on a des attaques verbales qui émanent de politiciens de haut rang, parfois même de premiers ministres. Même au Royaume Uni, une ministre s’en est prise à une journaliste. C’est la méthode trumpienne, faire passer les journalistes pour les ennemis du peuple. Les discréditer en les critiquant verbalement. Le problème est que ces critiques verbales quand elles émanent de l’autorité publique, incitent au passage à l’acte. Quelqu’un d’un peu énervé dans une manif tapera plus vite sur un journaliste quand le Premier ministre du pays aura verbalement agressé les médias".

    Inertie des États
    Le secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes pointe aussi l’inertie des États en la matière : "La liberté de la presse est un droit qui exige des États qu’ils prennent des mesures pour que ce droit s’exerce pleinement. Mais ils ne le font pas. Ils ont presque tous (sauf la Russie) voté une recommandation en 2016, mais à part la Suède et les Pays-Bas [où la situation a pris des proportions énormes, voir encadré ci-dessous], personne n’a pris d’initiatives ni de mesures concrètes depuis lors. C’est ça qui est grave : les États se donnent une image de protecteur de liberté de la presse mais ils ne prennent pas de mesures concrètes". Dans le rapport d’évaluation du Conseil de l’Europe, pas de trace de la Belgique : "Elle n’y est pas du tout citée car elle n’a rien fait" , regrette Ricardo Gutiérrez.

    La suite : https://www.rtbf.be/info/inside/detail_journalope-collabo-on-va-te-pendre-quand-les-agressions-verbales-et-les-

    #journalisme #médias #censure #presse #_journaliste #fait_divers #politique #conseil_de_l_europe #presse #propagandistes

  • Lettre commune d’organisations françaises contre le règlement de censure terroriste
    https://www.laquadrature.net/2021/04/22/lettre-commune-dorganisations-francaises-contre-le-reglement-de-censur

    Après la lettre commune européenne, nous signons, avec 11 associations et organisations françaises, une lettre adressée aux parlementaires français de l’Union européenne pour leur demander de rejeter le règlement de censure terroriste sur lequel ils sont appelés à voter le 28 avril prochain. Nous y soulignons non seulement les dangers de ce texte pour nos libertés mais surtout la contradiction directe entre la proposition de règlement européen et la décision du Conseil constitutionnel qui a censuré en (...)

    #anti-terrorisme #censure #législation #ConseilConstitutionnel-FR #LaQuadratureduNet

  • Immersion dans le Centre de formation des journalistes Elodie Gabillard, vendredi 23 avril 2021

    « Les petits soldats du journalisme » [1] continuent de marcher au pas. C’est en tous cas ce qu’il ressort du documentaire « En Formation » : une immersion, le temps d’une année scolaire, dans une promotion du Centre de formation des journalistes (CFJ). Sélectionné au festival « Filmer le Travail » de Poitiers, le film a obtenu le prix du public. Entretien avec les réalisateurs Julien Meunier et Sébastien Magnier.

    https://vimeo.com/513750482

    Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce film ? Quel rapport entretenez-vous aux médias ?

    Sébastien Magnier : Petit, je me souviens avoir voulu être journaliste, sans trop savoir ce que c’était. J’ai toujours regardé les informations ; aujourd’hui je lis plutôt les journaux, j’écoute la radio, tout cela m’intéresse. En tant qu’usager des médias, j’ai aussi développé un regard critique. À la fac, j’avais un professeur qui contribuait à Acrimed et je regardais l’émission de Daniel Schneidermann, Arrêt sur images. À force d’écouter la radio, j’ai commencé à me poser des questions : les journalistes racontaient tous la même chose, parlaient tous de la même manière. Ils semblaient former un corps, sans individualité. J’ai voulu savoir comment ils étaient formés.

    Julien Meunier : Je me souviens que lorsque Sébastien m’en a parlé, c’était il y a cinq ou six ans, à un moment où je me posais pas mal de questions sur les canaux de l’information. De plus en plus de citoyens se mettaient, via les réseaux sociaux, à produire de l’information. J’étais curieux de savoir ce qu’une école répondait à cela : si, d’un côté, il y a des professionnels que l’on est censé croire, que penser de ce phénomène nouveau qui pousse les citoyens à faire un travail de journaliste ? Quelle est la différence entre un journaliste formé au CFJ et un individu lambda qui, chez lui, avec son téléphone portable, raconte ce qui se passe au coin de sa rue, va faire un petit micro-trottoir et mettre ça sur Youtube ? Je me disais qu’il y aurait quelque chose de l’ordre d’une définition du journalisme qui allait se donner dans les cours du CFJ. Par ailleurs, je savais qu’il y avait des studios de télé et de radio dans lesquels des jeunes allaient se mettre en scène, imiter ce qu’ils s’imaginent du métier de journaliste. Dès lors, on a su qu’on pourrait faire un film, qu’il y aurait une matière cinématographique, quelque chose de l’ordre de l’image qui parle d’elle-même.

    Comment avez-vous choisi l’école ?
    S. M. : Le CFJ compte parmi les écoles les plus réputées - une des 14 écoles reconnues par la profession - et puis, c’est à Paris, là où Julien et moi habitons. C’est donc la première école que nous avons démarchée et ils ont immédiatement accepté.

    J. M. : Nous nous sommes présentés très simplement, en expliquant notre intérêt pour l’école, la formation des journalistes, notre envie de faire un film. Nous nous sommes rendu compte que ça n’avait jamais été fait, notamment dans le documentaire de création. Nous pensions que c’était un lieu secret, que nous mettrions des mois à percer. Pas du tout. Ils nous ont ouvert grand les portes de l’école.

    Est-ce que vous vous êtes lancés dans ce film en vous disant que vous alliez « filmer l’ennemi ? »

    J. M. : C’est une question vraiment compliquée parce qu’en tant que citoyens, les pratiques journalistiques majoritaires ne nous conviennent pas. Mais, en tant que documentaristes, très naturellement, il y a eu la volonté d’ouvrir le regard, de se laisser la possibilité de rencontrer autre chose que ce qu’on imaginait. Donc en pratique, on ne les a pas abordés comme des ennemis. Mais ça n’empêche pas le regard critique, avant, pendant et après, au montage, lorsqu’on reconstruit notre regard.

    S. M. : En allant filmer ces gens, il ne s’agissait pas de les juger. Nous avons adopté un point de vue de témoin. Je me souviens que beaucoup d’élèves étaient méfiants et nous demandaient pour qui on travaillait. Quant à la direction du CFJ, elle nous a dit : « On fait le même métier ! » Je pense qu’ils se sont dit que ça pouvait leur faire un peu de publicité. C’est une école privée qui fonctionne avec des donations et les frais de scolarité des étudiants et des étudiantes…

    J. M. : Nous même, nous étions surpris d’un tel accueil. Rien ne nous a été caché. De la part de l’école, il y avait vraiment une volonté de respecter notre travail. Nous avons pu, dès le début du tournage, filmer le concours d’entrée et les délibérations du jury, ce qui n’est pas anodin. Donc au moment de la rencontre, la question de l’ennemi ne se pose pas, ni même vraiment plus tard. Mais cela ne nous empêche pas de nous inscrire en faux. Surtout au montage, parce que notre pratique de documentaristes se confronte à la pratique journalistique. Nous sommes quasiment à l’opposé de la pratique journalistique majoritaire. Cela nous a obligés aussi à réaffirmer nos pratiques de documentaristes.

    S. M. : Nous avons voulu marquer la différence entre le regard du journaliste et celui du documentariste ; s’inscrire contre la pratique, mais pas contre les gens. Nous restions longtemps au même endroit, laissions tourner la caméra, refusant de construire des personnages.

    J. M. : C’est peut-être aussi la différence entre une démarche de journalistes et une démarche de documentaristes. Nous aurions été journalistes, nous aurions recueilli l’information, posé des questions, mené l’enquête. En tant que documentaristes, il nous faut quelque chose du cinéma qui nous excite ou qui nous interpelle pour pouvoir en faire un film.

    Ce qui m’a frappée dans votre film, c’est que ce que vous avez choisi de nous montrer s’apparente plus à une formation théâtrale qu’à une formation de journalistes. À les entendre sans cesse répéter leurs textes, corriger leurs intonations, on finit par se demander si on n’est pas au Cours Florent. Tout semble privilégier la forme au fond : même les rares livres que l’on aperçoit servent de pieds de table ! À aucun moment, nous ne voyons les étudiants et étudiantes effectuer un travail de terrain : être à la source de l’information, réaliser des entretiens, se documenter, enquêter. Pourquoi ce choix ?

    S. M. : Nous n’avons pas répondu à un désir d’exhaustivité... Mais s’ils font un travail d’enquête, on ne l’a pas vu.

    J. M. : Nous n’avons, justement, pas fait un travail de journaliste. Nous sommes allés uniquement là où nous voulions. Néanmoins, il nous semble qu’il n’y a pas de cours sur l’histoire du journalisme, sur l’éthique. Mais cela paraît tellement extraordinaire aux spectateurs du film que je deviens de moins en moins affirmatif et me demande si on n’est pas passé à côté ! C’est toujours le format qui est travaillé : le format du micro-trottoir, le format du reportage. Au fond, ce que je pense, c’est que le CFJ forme les jeunes au monde du travail. Et la réalité du monde du travail, ce n’est pas l’enquête. D’ailleurs, les deux conférences auxquelles nous avons assisté, c’était : « Comment devenir son propre employeur et fabriquer son propre média. » C’est vraiment des questions « Pôle Emploi »...

    S. M. : Je me souviens que lorsque les élèves arrivaient le matin, ils ou elles faisaient une conférence de rédaction mais je ne les ai jamais vu réaliser un travail d’enquête ou d’investigation. Les élèves partaient donc faire un sujet sur un thème, prédéterminé par l’actualité. Ils allaient faire semblant, et poser les mêmes questions que tel ou tel journaliste lors de tel ou tel événement. Il n’y avait pas d’enquête.

    J. M. : Ce qui est révélateur c’est que quand ils revenaient avec leur sujet, les élèves n’étaient jamais notés sur la qualité de l’information, mais toujours sur la forme : il fallait que ça fasse tant de minutes, que l’exposition arrive au début, que les images accompagnent bien le texte, que de temps en temps il y ait une prise de parole qui rythme l’article. Ils sont là pour apprendre l’écriture journalistique, le fond n’a aucune importance. Que ce soit un salon du chocolat, la semaine de la mode ou un accident nucléaire, c’est identique.

    Pendant les repérages, dans un couloir, nous avons vu plusieurs élèves effectuant des allées et venues en récitant leur brève. Effectivement, ils auraient pu passer pour des acteurs qui répètent leur texte. Nous, immédiatement, cela nous a fait penser à une secte. La scène était vraiment étonnante, et très cinématographique. À ce moment-là, nous avons compris qu’il se passait quelque chose à l’image, qu’un journaliste débutant n’avait pas la même prosodie qu’un étudiant de deuxième année et que cela allait s’entendre. Nous avons compris que leur corps et leur voix seraient des outils cinématographiques pour comprendre les questions de formats, d’écriture, de pratiques journalistiques et d’intégration de ces pratiques professionnelles. Quasiment tout ce qui nous intéressait dans la question de l’information se retrouvait résumé dans ces images d’un corps ou d’un visage face à un micro.

    S. M. : C’est frappant chez l’étudiant qui doit réciter sa brève sur les migrants morts en Méditerranée. Il avait une énergie incroyable, il était hyper tendu, très stressé, il avait envie de faire du mieux possible. Et pourtant, la répétition dilue complètement le drame qui se joue. On assiste à une perte de sens et à une distanciation par rapport à la réalité. Pourtant, il avait commencé en disant « le sujet m’intimide ».

    J. M. : Ce qui semble paradoxal c’est que l’école a conscience de cela. Elle prétend chercher les individualités, et surtout pas un journaliste lambda. Des intervenants sont payés pour leur apprendre à respirer et sortir de cette caricature de voix journalistique. C’est comme si l’école refusait ce formatage tout en le produisant. Il faut entrer dans le moule pour trouver du travail. Il n’est pas question de ne former que des marginaux et en même temps, il y a un souci d’essayer d’en faire autre chose que des robots.

    S. M. : Oui, c’est assez maigre comme solution, ça n’est jamais remis en question par l’école, il n’y a pas de volonté...

    J. M. : Il n’y a pas le temps, puisque toutes les demi-heures, tu dois rédiger un papier d’une minute trente. Ils n’ont pas le temps de penser...

    Votre film se construit à travers une succession de plans où les étudiants et les étudiantes semblent complètement interchangeables : la caméra se pose dans un coin du studio et les sujets défilent, ce qui donne une impression de fabrication en série.... Combien de promotions avez-vous filmées ? Pendant combien de temps ?

    S. M. : Nous sommes restés un an et avons filmé de mai 2015 à juillet 2016. On a suivi trois promotions, même si c’est surtout la première année qui apparaît à l’écran. Quant aux élèves, nous n’avions pas envie de les identifier pour justement ne pas construire des personnages.

    J. M. : Nous ne voulions pas entrer dans une narration linéaire, ni dans une psychologie ou une sociologie des futurs journalistes. On focalise – ce qui veut dire exclure beaucoup de choses – sur la pratique. Nous avons décidé de ne regarder que ce qu’ils font et non pas qui ils sont.
    
Votre film est presque un huis-clos. Le seul moment hors de l’école a lieu juste après les attentats du Bataclan et là encore, les journalistes sont tellement concentrés au même endroit qu’ils donnent l’impression d’être enfermés dehors. Était-ce pour vous une manière de dénoncer un entre-soi ?

    S. M. : Nous les avons filmés à l’extérieur à d’autres moments mais, avec cette séquence, nous voulions marquer la différence entre la manière dont ils travaillent à l’école et la confrontation avec le réel.

    J. M. : Avec la séquence du Bataclan, c’est la première fois dans le film qu’ils sortent. Il y a une confrontation avec le réel parce qu’on les sent perdus, c’est compliqué pour eux de se retrouver face aux gens, etc. Mais il y a quand même quelque chose de l’entre-soi aussi parce qu’autour d’eux, il y a des journalistes. Ils sont tous au même endroit, c’est un éclairage de plateau et on sent bien que tout le monde fait le même reportage au même moment. Il y a effectivement quelque chose du monde journalistique qui les suit dehors.

    Il y avait une séquence qu’on aimait bien, dans laquelle les élèves sortaient dans la rue pour travailler le duplex. C’était au moment de l’attentat de Charm el-Cheikh : ils sont dehors et miment, micro en main, un duplex. Sauf qu’ils sont rue du Louvre à Paris. On les entend dire : « Derrière moi, les Égyptiens, la plage, les touristes russes qui partent. » Et on voit le marché du quartier, une classe d’enfants qui passe ! Cette séquence racontait vraiment comment, même hors de l’école, ils sont dans leur bulle et jamais dans le réel. Nous avons enlevé la séquence pour des raisons de structure et de narration, mais je pense qu’on en trouve un écho dans celle du Bataclan, même s’il s’agissait surtout ici de montrer la rupture. En témoigne cette étudiante qui, devant les lieux de l’attentat, suggère d’interviewer des enfants. Sa proposition peut choquer, mais elle montre bien que dehors, ils sont perdus, ils sont déconnectés.

    En fait, nous sommes face à un miroir déformant de notre pratique qui consiste à rencontrer le réel : pour eux, le scénario est déjà écrit, ils savent ce qu’ils veulent, ce qu’ils cherchent. Bizarrement, le réel n’est pas leur sujet. On le voit bien avec, par exemple, l’importance donnée par les intervenants à l’idée de raconter une histoire, de capter l’attention à travers un storytelling permanent. Ils travaillent principalement sur des tech-niques de récit et des formats préétablis. Et quand la singularité du réel devient incontournable, ils ne savent plus quoi en faire.

    Pendant une heure, nous voyons ces étudiants et étudiantes défiler, se comporter « en bons petits soldats » pour reprendre l’expression de François Ruffin. Et arrive la dernière séquence, qui sonne un peu comme une mutinerie : soudain émergent des questionnements extrêmement intéressants et même des prises de parole touchantes. Je pense à cet étudiant qui dit : « Je suis venu dans une école de journaliste en pensant faire de l’information et je me retrouve à faire de l’émotion. » Mais quid des enseignants ?

    S. M. : La séquence de fin, ce moment où les étudiants échangent autour de leurs pratiques, ce n’était pas prévu, ce n’est pas organisé par l’école. C’est le seul moment où nous sommes un peu intervenus parce que beaucoup d’élèves étaient chamboulés et s’interrogeaient par rapport à leur manière de faire. Ça nous paraissait important de créer un moment qui puisse faire émerger ces discussions.

    J. M. : L’école avait évidemment conscience de la difficulté de la situation. Leur réponse consistait à dire : « Nous sommes là pour vous écouter si vous avez des problèmes. » Donc on savait qu’il y aurait des moments de discussion, mais de manière informelle et individuelle. C’est pour cela que nous avons proposé ce temps collectif. Les intervenants ne sont pas dans le montage parce que, s’ils étaient présents, ils et elles ont eu l’intelligence de ne pas phagocyter la parole, de laisser les étudiants et les étudiantes s’exprimer. Cela a seulement été rehaussé au montage pour les faire disparaître un peu plus.

    S. M. : Et puis, cette séquence, c’était aussi l’occasion de donner la parole aux étudiants. Jusqu’ici, ils faisaient les exercices sans poser de questions. Avec le Bataclan, il y a eu rupture. Certains se seront fait eux-mêmes interviewer parce qu’ils avaient un ami à l’hôpital et se seront retrouvés devant des journalistes très insistants ; d’autres auront eu tout un week-end pour regarder la télévision, observer les pratiques de leurs aînés et les confronter avec leurs propres pratiques. Tout d’un coup, ils et elles se posent des questions. Et une parole qui n’existait pas avant, apparaît. Maintenant, on ne dit pas que cette pratique journalistique va changer : on travaille un doute, tout est possible... Ils restent deux ans à l’école et après, ils ont toute une vie de journaliste dans différentes rédactions qui font que... rien n’est écrit !

    Avez-vous projeté votre film au CFJ ?
    Le montage du film s’est terminé en décembre 2019 et en raison de la situation sanitaire, ça n’a pas encore été possible. Mais nous avons très envie de montrer ce film, d’en discuter, de poser et répondre aux questions. Nous croyons vraiment que ça peut donner lieu à des discussions profitables pour tout le monde. C’est presque quelque chose que nous souhaitons rendre à l’école qui nous a si bien accueillis, ce moment où deux pratiques se croisent et se rencontrent.

    Propos recueillis et transcrits par Élodie Gabillard

    Les réalisateurs :
    Julien Meunier est diplômé de la faculté de cinéma Censier Paris III Sorbonne Nouvelle, où il rencontre Sébastien Magnier. Il part ensuite étudier la bande dessinée à Angoulême puis revient au cinéma par le documentaire. Depuis 2008, il réalise des films et travaille toujours en co-réalisation. Il s’agit de sa première collaboration avec Sébastien Magnier.

    Avec « En formation », Sébastien Magnier, également diplômé de la faculté de cinéma Censier Paris III Sorbonne Nouvelle, réalise son premier film. Il a travaillé pendant 15 ans comme documentaliste au CNC, a rejoint en 2012 la rédaction du journal du festival « Le cinéma du Réel », qui marque sa rencontre avec le documentaire de création.

    Source : https://www.acrimed.org/Immersion-dans-le-Centre-de-formation-des

     #journalisme #médias #france #censure #presse #_journaliste #fait_divers #politique #internet #CFJ* #ACRIMED #ESJ ?

  • Neuvième et dernier numéro de Ah ! Nana, revue tuée par la censure : interdit d’affichage , de publicité et de vente aux mineurs (couverture de Liz Bijl).
    https://womenincomics.fandom.com/wiki/Ah_!_Nana

    Le magazine Ah ! Nana : une épopée féministe dans un monde d’hommes ?
    Virginie Talet https://doi.org/10.4000/clio.4562

    Ah ! Nana est un journal de bande dessinée publié entre 1976 et 1978. Adapté d’un magazine apparu aux USA en 1970, le Wimmen’s comix , sa spécificité est d’être réalisé par des femmes et de viser un lectorat féminin. C’est pourquoi il représente une aventure pionnière dans le monde de la #bande_dessinée française. Son contenu reflète les préoccupations féministes de son temps, pour aborder des sujets les plus délicats comme les plus tabous de la société de la fin des années 1970, parmi lesquels la sexualité féminine, l’inceste ou les différentes violences subies par les femmes. Des dossiers consacrés à une thématique particulière sont appuyés par une mise en image sans détours, crue et parfois cruelle. Il en faut beaucoup pour bouleverser les mentalités. Les femmes d’Ah ! Nana en ont-elles trop fait ? En tout cas ce projet était trop original pour survivre à cette époque. Il est un échec commercial que le poids de la #censure condamne définitivement. Mais il reste une tentative, jusqu’ici jamais reconduite en France, de permettre aux femmes de s’exprimer dans la bande dessinée et il rend compte de leurs difficultés à être publiées.

    • Je viens de terminer les mémoires de Jean-Pierre Dionnet « mes moires ». ce vieux monsieur va sur ses 75 printemps mais avec une mémoire d’éléphant. « Ses moires » se lisent comme une BD, une bonne bande dessinée comme il en a produit une palanquée. JPD est un vrai personnage de BD, une vie rocambolesque et un vrai passeur d’histoire. Je n’ai connu que la queue de comète de Métal Hurlant , J-P Dionnet était déjà parti ailleurs mais le feu brûlait encore dans cette revue révolutionnaire.
      https://www.comme-un-roman.com/livre/4696571-mes-moires-un-pont-sur-les-etoiles-jean-pierre-dionnet-hors-

      C’est dans ce bouquin que j’ai vu la couverture du n° 9 de « Ah ! Nana » il y consacre quelques pages et pour cause « Ah ! Nana » était l’antenne féministe de Métal Hurlant et Janic Guillerez , la rédactrice en chef était sa femme. Mais Blanche Delaborde en parle mieux que moi et aussi bien que Little Big Dionnet.
      ah ! nana : les femmes humanoïdes
      http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article128

    • Wimmen’s Comix – La Fanzinothèque de Poitiers
      https://www.fanzino.org/fanzines/wimmens-comix

      L’INTEGRALE WIMMEN’COMIX en deux volumes.

      Anthologie du fanzine Wimmen’s Comix, premier fanzine dessiné exclusivement par des femmes aux états-unis dans les années 70, et traduit pour la première fois en français. Une initiative remarquable dûe à l’éditeur alternatif Komics Initiative de Mickaël Géreaume. Reproduction intégrale des 17 numéros parus entre 1972 et 1992.

  • I Thought My Job Was To Report On Tech In India. Instead, I’ve Watched Democracy Decline.
    https://www.buzzfeednews.com/article/pranavdixit/indian-government-using-tech-destroy-democracy

    I love writing about tech. But covering how a Hindu nationalist government is using it to destroy a secular democracy isn’t what I signed up for. I was in a cavernous college auditorium on the frigid winter afternoon in New Delhi in 2015 when Sundar Pichai, the CEO of Google, was selling the promise of India, his home country and the company’s largest market, to 2,000 high school and college students. “Part of the reason we’re all very interested in India is that it’s an amazingly young (...)

    #Google #Facebook #Netflix #Twitter #WhatsApp #censure #manipulation #technologisme (...)

    ##religion

  • Les pathologies du #militantisme
    https://laviedesidees.fr/Les-pathologies-du-militantisme.html

    La violence sectaire au sein des groupes militants n’est pas nouvelle. Les années post-68 en témoignent : phallocratisme, homophobie, police des mœurs y faisaient des ravages.

    #Société #domination #sexisme #manipulation #censure
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202104_militantisme.docx

  • “Coronation”, d’Ai Weiwei : “Mon film montre l’étendue du contrôle des mentalités en Chine”
    https://www.telerama.fr/ecrans/coronation-dai-weiwei-mon-film-montre-letendue-du-controle-des-mentalites-e

    Vidéaste, architecte, sculpteur, blogueur, photographe, documentariste… Touche-à-tout, Ai Weiwei s’impose comme l’artiste dissident chinois le plus connu au monde. Il en a payé le prix : régulièrement menacé dans son pays, emprisonné quatre-vingt-un jours pour avoir, entre autres, dénoncé la corruption des autorités locales après le tremblement de terre du Sichuan, il a fini par quitter la Chine il y a six ans pour l’Europe, d’où il continue à défendre les droits humains à travers un art contestataire multiforme.
    Après Human Flow, sorti dans les salles françaises en 2017, qui dénonce le sort réservés aux migrants, il propose un documentaire sur le confinement à Wuhan, entre janvier et avril 2020, grâce aux vidéos envoyées par des activistes sur place. Visible sur Explore, la nouvelle plateforme d’Apple TV+, lancée ce jeudi 18 mars (1), Coronation explore, à travers des images chocs, inédites, le quotidien étouffant et ultra contrôlé des habitants, la gestion high-tech de la pandémie de Covid par les autorités. Depuis les environs de Lisbonne, où il vit désormais, le plasticien de 63 ans nous a parlé du film, de ce qu’il révèle de l’évolution de son pays, et partage ses indignations d’artiste en exil.

    Pourquoi vous êtes-vous installé au Portugal ?
    J’avais besoin de trouver un endroit ensoleillé et connecté à la nature. Après avoir dû quitter Pékin, je me suis d’abord installé pendant quatre ans à Berlin, où j’ai enseigné à l’université des Arts, mais cela ne me convenait pas, je n’aimais pas cette ville. Mon fils étudiait en Angleterre, à Cambridge, j’y ai donc ensuite vécu un moment, mais j’ai développé une allergie à l’enseignement et l’environnement académiques. J’habite désormais en dehors de Lisbonne, où je me suis construit un atelier. J’essaie de m’installer vraiment, après soixante-trois ans passés à vivre quasiment comme un SDF parce que mon pays ne m’a jamais accepté.

    Pourquoi, et dans quelles conditions, avez vous décidé de réaliser Coronation ?
    Pour comprendre ma démarche, il faut rappeler qu’en 2003 déjà, lorsqu’est survenue l’épidémie de Sras, j’avais réalisé un court-métrage sur le sujet, Eat, Drink, and be Merry. Cela m’a préparé à ce qui se passe aujourd’hui, car l’histoire se répète : les autorités commencent par cacher, museler l’information, ce qui leur permet de maintenir une prétendue stabilité, mais surtout de conserver leur pouvoir. Au moment du confinement, j’avais de nombreux contacts à Wuhan : des artistes, des activistes, des familles, des patients dans les hôpitaux qui, tous, se sont retrouvés dans une ville verrouillée, où ceux qui ne suivent pas les consignes peuvent se retrouver en garde à vue. Je leur ai proposé de filmer le quotidien de plusieurs habitants, et certains ont commencé à prendre des images, de manière clandestine, avec leur smartphone. Tous les jours, je collectais les séquences qu’ils m’envoyaient par Internet. C’était choquant d’être immergé, à travers leurs yeux, au cœur de cette situation dramatique.

    https://www.youtube.com/watch?v=CA0Hzkbkg78

    Vos preneurs d’images ont-ils pris de gros risques ?
    Paradoxalement, le tournage était à la fois difficile et facile pour eux. Le fait de porter un masque les rendait moins repérables. Et face au danger de l’épidémie, à la mort, à la maladie, les autorités devaient gérer l’urgence, et finalement personne ne prêtait vraiment attention aux personnes qui filmaient.

    Dans ce documentaire, vous montrez à la fois l’efficacité des méthodes chinoises – surtout comparée à la France à la même période – et le côté inhumain, la manière dont le gouvernement a écrasé les individus comme un rouleau compresseur.
    Davantage que développer une argumentation théorique sur les responsabilités ou les causes du virus – ce qui dépasse mes compétences –, j’ai cherché à mettre en évidence le fonctionnement de ce capitalisme autoritaire, à travers des expériences personnelles. Par exemple, l’un des protagonistes essaie de récupérer les cendres de son père, décédé du Covid à l’hôpital. Or les autorités l’empêchent de le faire sans être accompagné d’un membre du parti communiste. Comment gérer cette situation, lorsqu’on est privé d’intimité ? Le film révèle à quel point le contrôle social, le contrôle des mentalités est fort en Chine. Vous ne pouvez pas vivre votre peine en privé. Au contraire, on vous incite à « célébrer » votre chagrin à travers la fidélité au parti. Prendre part à cette grande et puissante machine représente, là-bas le plus grand honneur, la gratification suprême.

    Coronation éclaire la raison pour laquelle la Chine est si puissante : le pays est constitué de 1,4 milliard d’êtres humains qui restent unis grâce à un intense lavage de cerveau. Les citoyens ne débattent pas, ne discutent pas des droits de l’homme ni de la liberté d’expression. Même les jeunes générations ! Dans une scène, on les voit, en pleine pandémie, lever le poing devant le drapeau, et prêter serment en disant qu’elles sont prêtes à obéir, protéger le parti, se sacrifier pour lui, et garder ses secrets. Mais de quels secrets parle-t-on ? Et pourquoi faut-il garder des secrets ? Ce genre de manifestation montre que personne ne remet en cause l’autorité.

    Un an après, que sont devenus les protagonistes et les preneurs d’images de Coronation ?
    Les personnes qui ont filmé n’ont pas été inquiétées. Concernant celles qu’on voit à l’écran, je n’ai le droit de parler que de deux d’entre elles. La première était un ouvrier qui faisait partie des volontaires venus construire les hôpitaux provisoires à Wuhan. Il s’est retrouvé enfermé dans la ville, sans ressources, et a dû vivre dans un parking insalubre pendant plusieurs mois. Une fois rentré chez lui, il n’a pas pu payer les traites de sa voiture, s’est retrouvé dans une totale détresse financière. Un jour, il a rempli le réservoir, il a lavé la voiture, et s’est pendu à un arbre. Cet homme, très doux, timide, a fait partie de ceux qui ont aidé à juguler la pandémie, et n’y a gagné que de la souffrance. C’est une tragédie…

    https://www.youtube.com/watch?v=uL4X26wEDQw

    Quant à celui qui voulait récupérer, seul, les cendres de son père, il n’a toujours pas réussi à le faire. De nombreuses personnes qui, comme lui, ont contesté cette immixtion de l’État dans leur intimité se sont retrouvées dans la même situation de blocage, de deuil impossible.

    Comment le gouvernement chinois a-t-il réagi vis-à-vis du film ?
    La police secrète a contacté ma mère pour dire que le film était problématique. Mais après l’avoir vu les autorités semblent l’avoir trouvé plutôt honnête, et visiblement elles ne sont pas très en colère. Alors que la Chine est constamment pointée du doigt par l’opinion publique, Coronation ne cherche pas de coupables. Moi-même, le film ne me paraît pas si critique. Il révèle les difficultés liées à la pandémie, plutôt que les responsabilités.

    Un an après, Wuhan est devenu la vitrine du triomphe chinois sur le virus, et les opérations de propagande se sont multipliées. Que pensez-vous de la situation actuelle ?
    D’un point de vue purement sanitaire, la Chine peu se féliciter d’avoir effectivement géré la crise. D’une certaine manière, cette pandémie lui a permis de prouver à son peuple qu’avec son régime autoritaire, elle a fait mieux que les États-Unis, le Royaume-Uni, ou l’Allemagne. Aujourd’hui, non seulement elle prétend mieux protéger la vie des gens, mais se révèle aussi de plus en plus confiante et décomplexée dans la manière dont elle les contrôle. En instaurant notamment un « QR code », une carte de santé qui enregistre n’importe quelle activité : où vous êtes, à qui vous parlez, ce que vous achetez… Cette mainmise totale sur les individus est visiblement acceptée, car l’on constate que la population est de plus en plus nationaliste.

    Plus généralement, si on compare avec la période du Sras, la Chine est plus arrogante. Elle comprend mieux la manière dont fonctionne le capitalisme occidental et maîtrise le jeu des grandes puissances. Elle sait qu’elle va être la seule susceptible de profiter économiquement de ce désastre mondial, grâce à sa gestion par le parti unique. Tout le monde obéit au même leader, la nation parle d’une seule voix. De ce point de vue, l’Occident, où les politiciens ont tous des intérêts divergents, servent les intérêts des grandes compagnies, ne peut rivaliser. Surtout dans un moment où de nombreux pays connaissent une crise dans leur propre démocratie.

    Vous avez expliqué, dans le journal La Croix, que la situation en Chine et l’autoritarisme étaient en train de contaminer le monde entier, à cause de la pandémie.
    Il me semble que, même au-delà de la pandémie, les pays occidentaux ont, depuis un moment, de plus en plus de mal à défendre leurs propres valeurs. À mon sens, ils sont hypocrites : ils dénoncent les atteintes à la démocratie, aux droits de l’homme, tout en flattant les autorités chinoises. Rappelez-vous ce moment où, en 2018, votre chef de l’État, Emmanuel Macron, a offert un cheval au président chinois Xi Jinping [lors d’une visite d’État en Chine où des accords commerciaux et de coopération devaient être signés, ndlr]. Quant aux Allemands, ils ont un lien très fort avec la Chine. L’Allemagne ne la critique jamais, et n’a jamais dénoncé la situation au Xinjiang, la région autonome où sont persécutés les Ouïghours… En fait, vos dirigeants admirent la Chine, et la trouvent formidable !

    D’après vous, c’est justement parce qu’aucun pays ne veut fâcher la Chine que Coronation n’a pas pu être montré dans les festivals…
    Nous avons essayé de présenter le film à Venise, à Toronto, à New York. Il a été refusé partout, alors que les retours critiques étaient bons, et qu’il s’agit du premier documentaire indépendant sur le sujet. Il faut comprendre que dans tous ces festivals la Chine représente le marché le plus important. C’est un secret de polichinelle de le dire : aucun pays ne sacrifierait son business, ses intérêts, pour un film comme Coronation… Il suffit de voir comme Hollywood essaie de pénétrer le marché chinois ! L’industrie du cinéma ferait n’importe quoi pour tirer profit de cette manne.

    En tant qu’artiste, pensez vous que la pandémie est en train de changer quelque chose dans la manière de créer, autant en Chine qu’en France ?
    En Chine, pandémie ou non, il n’y a rien qui puisse réellement être qualifié d’art, parce que la censure, en empêchant la liberté, bride aussi l’imagination et le courage. Bien sûr, de bons artistes existent, mais ils ne peuvent pas réellement s’exprimer. De nombreux travaux sont produits, mais ils sont « fake », car en réalité, la population est trop occupée à lutter pour sa survie. Quant à la culture occidentale, je la trouve très indulgente avec elle-même. Elle a créé un marché énorme, sur lequel les œuvres se vendent à un prix astronomique, mais en réalité elle évite de questionner ses propres valeurs. Dans ces conditions, j’estime que l’art occidental est, en partie, corrompu. À l’époque des surréalistes, des artistes comme Picasso, ou Duchamp n’étaient pas seulement des « faiseurs », mais aussi, à leur manière, des philosophes. Mais les artistes d’aujourd’hui ne touchent pas aux vrais problèmes, comme la pandémie, les sujets politiques, la liberté d’expression. Et très peu mettent en cause leur propre gouvernement. Ils se pensent libres, mais c’est un mensonge. Ils ne peuvent pas l’être s’ils ne se battent pas.

    Étant perpétuellement connecté aux problèmes de votre temps, vous n’imaginez pas que l’art soit dénué de contenu politique…
    À partir du moment où vous vivez dans une société et une période données, votre travail est supposé refléter les joies et les peines de votre époque ! Pour moi, séparer les questions politiques et les questions esthétiques est totalement absurde. L’éducation artistique occidentale me paraît à cet égard, problématique. J’ai été professeur d’art en Allemagne, et je trouvais les étudiants paresseux. Ils ne ressentent aucune urgence, parce qu’ils ont une vie confortable, une bonne protection sociale. il y a beaucoup de choses pour lesquelles ils n’ont pas à faire d’effort, et cela n’encourage pas l’esprit critique.

    Vous dites tout cela cela ça mais, dans les pays occidentaux, votre travail est accepté et très reconnu…
    Ce n’est pas tout à fait vrai. Allez dans des musées les plus importants, et demandez-leur s’ils ont une seule œuvre d’Ai Weiwei ! Certaines de mes pièces ont été exposées au Mucem à Marseille, ou au Bon Marché à Paris, j’ai eu droit à une exposition au Jeu de Paume, mais jamais, par exemple, dans des institutions comme le Centre Pompidou. Ce n’est pas grave, et ne me pose pas vraiment de problème. Même si mon père, qui était poète, adorait Paris et la France, où il a fait son éducation dans les années 30. Mais c’était une époque différente…

    Vous semblez porter un regard très négatif sur l’époque dans laquelle vous vivez.
    Je pense au contraire que nous vivons une période fascinante. D’une part, je me sens très chanceux, d’avoir vécu sous le régime autoritaire chinois, puis d’avoir expérimenté le capitalisme à New-York, pendant douze ans lorsque j’étais jeune, et maintenant d’habiter en Europe, d’être toujours vivant, et de continuer à me faire entendre. Par ailleurs, notre courte vie se situe à un moment où elle peut s’étendre à l’infini, grâce aux possibilités offertes par Internet et les réseaux sociaux. Nous vivons dans un système global, qui permet d’avoir conscience de nombreuses situations, de parler de problèmes qui surviennent partout dans le monde, et c’est une première dans l’histoire de l’humanité…

    Aujourd’hui, pouvez-vous retourner en Chine ? Quels sont vos liens avec le pays ?
    Je peux m’y rendre, en revanche, je ne sais pas si je pourrais en sortir. Si j’étais sûr de pouvoir y être en sécurité, j’irais demain, mais ce n’est pas le cas. Tout ce que je peux dire, c’est que pour l’instant, la Chine me laisse tranquille, ainsi que ma famille qui vit toujours là bas. Par ailleurs, je conserve un lien artistique avec le pays. J’y maintiens une activité à travers un atelier de création, mais je ne peux pas trop en parler…

    Vous vivez aujourd’hui dans une ville qui commence tout juste à réouvrir certains lieux après deux mois de confinement. Comment l’avez-vous vécu ?
    Mon existence entière a été confinée, alors je suis habitué ! Lorsque j’étais enfant, ma famille a été envoyée dans un camp de rééducation dans le Xinjiang [en 1958, son père, considéré comme « droitier », a été déporté dans cette région de l’ouest de la Chine, où se trouvent aujourd’hui les camps de concentration des Ouïghours, ndlr]. C’est l’histoire de ma vie ! Le confinement, en fait, me correspond assez bien. Je ne vois pas grand monde. Ici mes amis sont trois chats, un chien et un cochon sauvage. J’ai un voisin, chez qui je vais parfois boire un verre. Je mène une vie tranquille, authentique, et cela me va !

    (1) Une nouvelle offre de vidéo par abonnement dédiée au documentaire, disponible sur l’application Apple TV+, et visible en France, Suisse, Belgique et au Luxembourg. Abonnement : 3,99 €/mois.

    À voir
    on aime beaucoup Coronation, d’Ai Weiwei. Sur Explore.

    Hélène Marzolf

    #Chine #Wuhan #SARS-CoV2 #pandémie #censure #capitalisme_autoritaire

  • Academic freedom is in crisis ; free speech is not

    In August 2020, the UK think tank The Policy Exchange produced a report on Academic Freedom in the UK (https://policyexchange.org.uk/publication/academic-freedom-in-the-uk-2), alleging a chilling effect for staff and students expressing conservative opinions, particularly pro-Brexit or ‘gender critical’ ideas. This is an issue that was examined by a 2018 parliamentary committee on Human Rights which found a lack of evidence for serious infringements of free speech (https://publications.parliament.uk/pa/jt201719/jtselect/jtrights/1279/127904.htm). In a university context, freedom of speech is protected under the Human Rights Act 1998 as long as the speech is lawful and does not contravene other university regulations on issues like harassment, bullying or inclusion. Some of these controversies have been firmly rebutted by Chris Parr (https://www.linkedin.com/pulse/free-speech-crisis-uk-universities-chris-parr) and others who describe how the incidents have been over-hyped.

    Despite this, the government seems keen to appoint a free speech champion for universities (https://www.theguardian.com/commentisfree/2021/feb/15/tories-war-on-the-woke-ministers-statues-protests) which continues a campaign started by #Sam_Gyimah (https://academicirregularities.wordpress.com/2018/07/06/sams-on-campus-but-is-the-campus-onto-sam) when he was minister for universities in 2018, and has been interpreted by some commentators as a ‘war on woke’. In the current climate of threats to university autonomy, many vice chancellors wonder whether this might be followed by heavy fines or reduced funding for those institutions deemed to fall on the wrong side of the culture wars.

    While public concern has been directed to an imagined crisis of free speech, there are more significant questions to answer on the separate but related issue of academic freedom. Most university statutes echo legislation and guarantee academics ‘freedom within the law to question and test received wisdom, and to put forward new ideas and controversial and unpopular opinions, without placing themselves in jeopardy of losing their jobs or privileges they may have at their institutions.’ [Section 202 of the Education Reform Act 1988]. In reality, these freedoms are surrendered to the greater claims of academic capitalism, government policy, legislation, managers’ responses to the pandemic and more dirigiste approaches to academics’ work.

    Nevertheless, this government is ploughing ahead with policies designed to protect the freedom of speech that is already protected, while doing little to hold university managers to account for their very demonstrable violations of academic freedom. The government is suspicious of courses which declare a sympathy with social justice or which manifest a ‘progressive’ approach. This hostility also extends to critical race theory and black studies. Indeed, the New York Times has identified a right wing ‘Campaign to Cancel Wokeness’ (https://www.nytimes.com/2021/02/26/opinion/speech-racism-academia.html) on both sides of the Atlantic, citing a speech by the UK Equalities Minister, Kemi Badenoch, in which she said, “We do not want teachers to teach their white pupils about white privilege and inherited racial guilt…Any school which teaches these elements of critical race theory, or which promotes partisan political views such as defunding the police without offering a balanced treatment of opposing views, is breaking the law.”

    This has now set a tone for ideological oversight which some university leaders seem keen to embrace. Universities will always wish to review their offerings to ensure they reflect academic currency and student choice. However, operating under the cover of emergency pandemic planning, some are now seeking to dismantle what they see as politically troublesome subject areas.

    Let’s start with the most egregious and transparent attack on academic freedom. The University of Leicester Business School, known primarily for its disdain of management orthodoxy, has announced it will no longer support research in critical management studies (https://www.uculeicester.org.uk/redundancy-briefing) and political economy, and the university has put all researchers who identify with this field, or who at some time might have published in CMS, at risk of redundancy. Among the numerous responses circulating on Twitter, nearly all point to the fact that the critical orientation made Leicester Business School distinctive and attractive to scholars wishing to study and teach there. Among those threatened with redundancy is the distinguished former dean, Professor Gibson Burrell. The sheer volume of protest at this anomaly must be an embarrassment to Leicester management. We should remember that academic freedom means that, as a scholar of proven expertise, you have the freedom to teach and research according to your own judgement. When those in a field critical of structures of power have their academic freedom removed, this is, unarguably, a breach of that expectation. Such a violation should be of concern to the new freedom of speech champion and to the regulator, the Office for Students.

    If the devastation in the School of Business were not enough humiliation for Leicester, in the department of English, there are plans to cancel scholarship and teaching in Medieval and Early Modern literature. The thoughtless stripping out of key areas that give context and coherence within a subject is not unique to Leicester – similar moves have taken place in English at University of Portsmouth. At Leicester, management have offered the justification that this realignment will allow them to put resources towards the study of gender and sexuality. After all, the Vice Chancellor, Nishan Canagarajah, offered the keynote speech at the Advance HE conference in Equality, Diversity and Inclusion on 19th March (https://www.advance-he.ac.uk/programmes-events/conferences/EDIConf20#Keynotes) and has signalled that he supports decolonising the curriculum. This might have had more credibility if he was not equally committed to extinguishing critical scholarship in the Business School. The two positions are incompatible and reveal an opportunistic attempt to reduce costs and remove signs of critical scholarship which might attract government disapproval.

    At the University of Birmingham, the response to the difficulties of maintaining teaching during the pandemic has been to issue a ruling that three academic staff must be able to teach each module. The explanation for this apparent reversal of the ‘lean’ principle of staffing efficiency, is to make modules more resilient in the face of challenges like the pandemic – or perhaps strike action. There is a consequence for academic freedom though – only the most familiar, established courses can be taught. Courses that might have been offered, which arise from the current research of the academic staff, will have to be cancelled if the material is not already familiar to other colleagues in the department. It is a way of designing innovation and advancement out of courses at the University of Birmingham.

    Still at Birmingham, UCU is contesting a proposal for a new ‘career framework’ (https://www.timeshighereducation.com/news/strike-warning-over-birminghams-or-out-probation-plan) by management characterised as ‘up or out’. It will require newly appointed lecturers to achieve promotion to senior lecturer within five years or face the sort of performance management procedures that could lead to termination of their appointment. The junior academics who enter on these conditions are unlikely to gamble their careers on academic risk-taking or pursue a challenge to an established paradigm. We can only speculate how this apprenticeship in organisational obedience might restrain the pursuit of discovery, let alone achieve the management’s stated aim to “develop and maintain an academic culture of intellectual stimulation and high achievement”.

    Meanwhile at the University of Liverpool, Vice Chancellor Janet Beer is attempting to apply research metrics and measures of research income over a five-year period to select academics for redundancy in the Faculty of Life Sciences. Staff have been threatened with sacking and replacement by those felt to hold more promise. It will be an unwise scholar who chooses a niche field of research which will not elicit prime citations. Astoundingly, university mangers claim that their criteria are not in breach of their status as a signatory to the San Fransisco Declaration on Research Assessment (https://news.liverpool.ac.uk/2021/03/08/project-shape-update). That is correct insofar as selection for redundancy by grant income is clearly such dishonorable practice as to have been placed beyond contemplation by the international board of DORA.

    It seems we are reaching a pivotal moment for academic freedom for higher education systems across the world. In #Arkansas and some other states in the #USA, there are efforts to prohibit the teaching of social justice (https://www.chronicle.com/article/no-social-justice-in-the-classroom-new-state-scrutiny-of-speech-at-public).

    In #France, the education minister has blamed American critical race theory (https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2020/11/france-about-become-less-free/617195) for undermining France’s self-professed race-blindness and for causing the rise of “islamo-gauchisme”, a term which has been cynically deployed to blunt any critique of structural racism.

    In Greece, universities are now bound by law to ensure policing and surveillance of university campuses (https://www.crimetalk.org.uk/index.php/library/section-list/1012-exiting-democracy-entering-authoritarianism) by ‘squads for the protection of universities’ in order to suppress dissent with the Orwellian announcement that the creation of these squads and the extensive surveillance of public Universities are “a means of closing the door to violence and opening the way to freedom” and an assertion that “it is not the police who enter universities, but democracy”.

    Conclusion

    It occurs to me that those public figures who feel deprived of a platform to express controversial views may well be outnumbered by the scholars whose universities allow their work to be suppressed by targeted intellectual purges, academic totalitarianism and metric surveillance. It is telling that assaults on academic freedom in the UK have not attracted comment or action from the organisations which might be well placed to defend this defining and essential principle of universities. I hereby call on Universities UK, the Office for Students and the freedom of speech champion to insist on an independent audit of academic freedom and autonomy for each higher education institution.

    We now know where intervention into the rights of academics to teach and research autonomously may lead. We also know that many of the candidates targeted for redundancy are UCU trade union officials; this has happened at University of East London and the University of Hull. Make no mistake, this is a PATCO moment (https://www.politico.com/story/2017/08/05/reagan-fires-11-000-striking-air-traffic-controllers-aug-5-1981-241252) for higher education in the UK as management teams try to break union support and solidarity in order to exact greater control in the future.

    Universities are the canary down the mine in an era of right-wing authoritarianism. We must ensure that they can maintain their unique responsibility to protect against the rise of populism and the dismantling of democracy. We must be assertive in protecting the rights of academics whose lawful and reasoned opinions are increasingly subject to some very sinister threats. Academic freedom needs to be fought for, just like the right to protest and the right to roam. That leaves a heavy responsibility for academics if the abolition of autonomy and academic freedom is not to be complete.

    http://cdbu.org.uk/academic-freedom-is-in-crisis-free-speech-is-not
    #liberté_académique #liberté_d'expression #UK #Angleterre #université #facs #justice_sociale #black_studies #races #race #approches_critiques #études_critiques #privilège_blanc #économie_politique #Leicester_Business_School #pandémie #crise_sanitaire #Birmingham #Liverpool #Janet_Beer #concurrence #Grèce #Etats-Unis #métrique #attaques #éducation_supérieure #populisme #démocratie #autonomie #canari_dans_la_mine

    ping @isskein @cede

    • The Campaign to Cancel Wokeness. How the right is trying to censor critical race theory.

      It’s something of a truism, particularly on the right, that conservatives have claimed the mantle of free speech from an intolerant left that is afraid to engage with uncomfortable ideas. Every embarrassing example of woke overreach — each ill-considered school board decision or high-profile campus meltdown — fuels this perception.

      Yet when it comes to outright government censorship, it is the right that’s on the offense. Critical race theory, the intellectual tradition undergirding concepts like white privilege and microaggressions, is often blamed for fomenting what critics call cancel culture. And so, around America and even overseas, people who don’t like cancel culture are on an ironic quest to cancel the promotion of critical race theory in public forums.

      In September, Donald Trump’s Office of Management and Budget ordered federal agencies to “begin to identify all contracts or other agency spending related to any training on ‘critical race theory,’” which it described as “un-American propaganda.”

      A month later, the conservative government in Britain declared some uses of critical race theory in education illegal. “We do not want teachers to teach their white pupils about white privilege and inherited racial guilt,” said the Tory equalities minister, Kemi Badenoch. “Any school which teaches these elements of critical race theory, or which promotes partisan political views such as defunding the police without offering a balanced treatment of opposing views, is breaking the law.”

      Some in France took up the fight as well. “French politicians, high-profile intellectuals and journalists are warning that progressive American ideas — specifically on race, gender, post-colonialism — are undermining their society,” Norimitsu Onishi reported in The New York Times. (This is quite a reversal from the days when American conservatives warned darkly about subversive French theory.)

      Once Joe Biden became president, he undid Trump’s critical race theory ban, but lawmakers in several states have proposed their own prohibitions. An Arkansas legislator introduced a pair of bills, one banning the teaching of The Times’s 1619 Project curriculum, and the other nixing classes, events and activities that encourage “division between, resentment of, or social justice for” specific groups of people. “What is not appropriate is being able to theorize, use, specifically, critical race theory,” the bills’ sponsor told The Arkansas Democrat Gazette.

      Republicans in West Virginia and Oklahoma have introduced bills banning schools and, in West Virginia’s case, state contractors from promoting “divisive concepts,” including claims that “the United States is fundamentally racist or sexist.” A New Hampshire Republican also proposed a “divisive concepts” ban, saying in a hearing, “This bill addresses something called critical race theory.”

      Kimberlé Crenshaw, a pioneering legal scholar who teaches at both U.C.L.A. and Columbia, has watched with alarm the attempts to suppress an entire intellectual movement. It was Crenshaw who came up with the name “critical race theory” when organizing a workshop in 1989. (She also coined the term “intersectionality.”) “The commitment to free speech seems to dissipate when the people who are being gagged are folks who are demanding racial justice,” she told me.

      Many of the intellectual currents that would become critical race theory emerged in the 1970s out of disappointment with the incomplete work of the civil rights movement, and cohered among radical law professors in the 1980s.
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      The movement was ahead of its time; one of its central insights, that racism is structural rather than just a matter of interpersonal bigotry, is now conventional wisdom, at least on the left. It had concrete practical applications, leading, for example, to legal arguments that housing laws or employment criteria could be racist in practice even if they weren’t racist in intent.

      Parts of the critical race theory tradition are in tension with liberalism, particularly when it comes to issues like free speech. Richard Delgado, a key figure in the movement, has argued that people should be able to sue those who utter racist slurs. Others have played a large role in crafting campus speech codes.

      There’s plenty here for people committed to broad free speech protections to dispute. I’m persuaded by the essay Henry Louis Gates Jr. wrote in the 1990s challenging the movement’s stance on the first amendment. “To remove the very formation of our identities from the messy realm of contestation and debate is an elemental, not incidental, truncation of the ideal of public discourse,” he wrote.

      Disagreeing with certain ideas, however, is very different from anathematizing the collective work of a host of paradigm-shifting thinkers. Gates’s article was effective because he took the scholarly work he engaged with seriously. “The critical race theorists must be credited with helping to reinvigorate the debate about freedom of expression; even if not ultimately persuaded to join them, the civil libertarian will be much further along for having listened to their arguments and examples,” he wrote.

      But the right, for all its chest-beating about the value of entertaining dangerous notions, is rarely interested in debating the tenets of critical race theory. It wants to eradicate them from public institutions.

      “Critical race theory is a grave threat to the American way of life,” Christopher Rufo, director of the Center on Wealth and Poverty at the Discovery Institute, a conservative think tank once known for pushing an updated form of creationism in public schools, wrote in January.

      Rufo’s been leading the conservative charge against critical race theory. Last year, during an appearance on Tucker Carlson’s Fox News show, he called on Trump to issue an executive order abolishing “critical race theory trainings from the federal government.” The next day, he told me, the White House chief of staff, Mark Meadows, called him and asked for his help putting an order together.

      Last month, Rufo announced a “new coalition of legal foundations and private attorneys that will wage relentless legal warfare against race theory in America’s institutions.” A number of House and Senate offices, he told me, are working on their own anti-critical race theory bills, though none are likely to go anywhere as long as Biden is president.

      As Rufo sees it, critical race theory is a revolutionary program that replaces the Marxist categories of the bourgeois and the proletariat with racial groups, justifying discrimination against those deemed racial oppressors. His goal, ultimately, is to get the Supreme Court to rule that school and workplace trainings based on the doctrines of critical race theory violate the 1964 Civil Rights Act.

      This inversion, casting anti-racist activists as the real racists, is familiar to Ian Haney López, a law professor at the University of California, Berkeley, who specializes in critical race theory. “There’s a rhetoric of reaction which seeks to claim that it’s defending these higher values, which, perversely, often are the very values it’s traducing,” he said. “Whether that’s ‘In the name of free speech we’re going to persecute, we’re going to launch investigations into particular forms of speech’ or — and I think this is equally perverse — ‘In the name of fighting racism, we’re going to launch investigations into those scholars who are most serious about studying the complex forms that racism takes.’”

      Rufo insists there are no free speech implications to what he’s trying to do. “You have the freedom of speech as an individual, of course, but you don’t have the kind of entitlement to perpetuate that speech through public agencies,” he said.

      This sounds, ironically, a lot like the arguments people on the left make about de-platforming right-wingers. To Crenshaw, attempts to ban critical race theory vindicate some of the movement’s skepticism about free speech orthodoxy, showing that there were never transcendent principles at play.

      When people defend offensive speech, she said, they’re often really defending “the substance of what the speech is — because if it was really about free speech, then this censorship, people would be howling to the high heavens.” If it was really about free speech, they should be.

      https://www.nytimes.com/2021/02/26/opinion/speech-racism-academia.html

      #droite #gauche #censure #cancel_culture #micro-agressions #Trump #Donald_Trump #Kemi_Badenoch #division #critical_race_theory #racisme #sexisme #Kimberlé_Crenshaw #Crenshaw #racisme_structurel #libéralisme #Richard_Delgado #Christopher_Rufo #Ian_Haney_López

    • No ‘Social Justice’ in the Classroom: Statehouses Renew Scrutiny of Speech at Public Colleges

      Blocking professors from teaching social-justice issues. Asking universities how they talk about privilege. Analyzing students’ freedom of expression through regular reports. Meet the new campus-speech issues emerging in Republican-led statehouses across the country, indicating potential new frontiers for politicians to shape campus affairs.

      (paywall)
      https://www.chronicle.com/article/no-social-justice-in-the-classroom-new-state-scrutiny-of-speech-at-public

  • Ethos Capital Is Grabbing Power Over Domain Names Again, Risking Censorship-For-Profit. Will ICANN Intervene ?
    https://www.eff.org/deeplinks/2021/04/ethos-capital-grabbing-power-over-domain-names-again-risking-censorship-profit

    Ethos Capital is at it again. In 2019, this secretive private equity firm that includes insiders from the domain name industry tried to buy the nonprofit that runs the .ORG domain. A huge coalition of nonprofits and users spoke out. Governments expressed alarm, and ICANN (the entity in charge of the internet’s domain name system) scuttled the sale. Now Ethos is buying a controlling stake in Donuts, the largest operator of “new generic top-level domains.” Donuts controls a large swathe of the (...)

    #censure #DNS #EFF #ICANN_

  • Censure : JM Blanquer bat son record (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/03/25032021Article637522518887143055.aspx

    Loin de la transparence annoncée et des données publiques sur l’action ministérielle, J.-M. Blanquer verrouille toujours plus sa communication et la production d’évaluation et d’expertise interne.

    Nouveau record pour l’Education nationale ! Le rapport d’activité de l’Inspection générale de l’Education nationale fait l’éloge de la réforme de fond réalisée par JM Blanquer et la cheffe de service de l’Inspection, Caroline Pascal. Il a surtout pour avantage de publier la liste des rapports de « l’inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche ». Malgré cette extension d’activité, encore moins de rapports ont été rendus publics en 2019.Cette année là seulement 7 rapports ont été publiés sur 82 produits soit 8%. Les autres ne sont jamais sortis du cabinet de JM Blanquer. Celui-ci bat son record de 2017.