#centre_

  • L’#Algérie a refoulé 16 000 migrants dans le #désert nigérien en deux mois

    Depuis le mois d’avril, plus de 16 000 migrants en situation irrégulière, dont des enfants et des femmes, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, selon les autorités. Et ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », rappelle l’ONG locale Alarme Phone Sahara.

    L’Algérie a refoulé plus de 16 000 migrants irréguliers africains vers le #Niger depuis avril 2025, dont des femmes et des enfants, soit plus de la moitié des expulsions de 2024, ont annoncé mercredi 4 juin les autorités nigériennes.

    Dimanche et lundi, 1 466 migrants au total sont arrivés à #Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, ont indiqué mercredi les autorités préfectorales d’Arlit, une ville du nord du Niger. Le premier groupe, arrivé dimanche, comptait 688 ressortissants d’une dizaine de pays ouest-africains, parmi lesquels 239 Nigériens, ont précisé les autorités.

    Le deuxième groupe, qui rassemblait 778 Nigériens dont 222 mineurs, est arrivé lundi à bord de 13 camions et d’une fourgonnette, ont-elles ajouté.

    Entre le 1er et le 30 mai déjà, 8 086 migrants (5 287 Nigériens et 2 799 personnes d’autres nationalités africaines) avaient été expulsés par Alger, selon un décompte des autorités. En avril, 6 737 autres avaient été refoulés.

    Toutes ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Elle a récemment dénoncé une « violation des droits humains » et exigé « l’arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives » par l’Algérie.

    Accélération des retours « volontaires »

    Face à ces arrivées massives - qui ont cours depuis des années -, le Niger avait annoncé en mai vouloir appuyer l’#Organisation_internationale_de_la_migration (#OIM) pour accélérer le #rapatriement dans leur pays d’origine - d’ici juillet - d’environ 4 000 migrants. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un « désastre humanitaire ».

    Mais ces retours « volontaires » prennent du temps. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Chaque nouvelle exigence de ces derniers - entretiens en vidéoconférence avec le migrant, formulaires rébarbatifs, etc. - entraîne un peu plus de retard pour les migrants originaires de ces pays, bloquant ainsi tout le processus et provoquant l’embolie du système d’accueil onusien sur le territoire nigérien.

    Cette surpopulation de migrants - notamment à Assamaka et #Agadez - concentre toutes les frustrations.

    Cette situation « perturbe l’équilibre sécuritaire » du pays, avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur de ce pays gouverné depuis près de deux ans par un régime militaire.
    Le double discours d’Alger

    Les autorités algériennes, elles, affichent un double discours sur leur politique migratoire. D’un côté, Alger expulse ces sans-papiers dans le désert, de l’autre, le pays communique sur leur accueil et leur intégration.

    Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à un climat très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°C- 48°C), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins.

    Abandonnés par Alger dans la zone dite du « #Point_Zero » - un lieu désertique en Algérie à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec le Niger, les migrants doivent ensuite parcourir à pied pendant des heures le chemin vers Assamaka où se trouve le #centre_de_transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    L’Algérie n’est pas le seul pays de la région à abandonner des migrants dans le désert. La #Libye aussi. Entre le 28 mars et le 25 avril 2025, 792 migrants, majoritairement nigériens, ont débarqué dans des zones désertiques de la région de #Siguidine (centre-est du Niger) après avoir été renvoyés du sol libyen. Parmi eux, on comptait plusieurs femmes et mineurs.

    En Libye, les exilés peuvent être interpellés dans la rue, sur leur lieu de travail, dans leur appartement... puis placés dans des camions de marchandises à destination du sud du pays, près de la frontière nigérienne. D’autres sont expulsés directement depuis les centres de détention libyens, selon Alarme phone Sahara.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64971/lalgerie-a-refoule-16-000-migrants-dans-le-desert-nigerien-en-deux-moi
    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Sahara #désert_du_Sahara #retour_volontaire #désert_du_Ténéré

  • #Tegel könnte das neue Moria werden“

    Am ehemaligen Flughafen Tegel wird ein Aufnahmezentrum für Asylsuchende nach den neuen EU-Regeln eingerichtet. Pro Asyl befürchtet Einschränkungen des Asylrechts.

    Flüchtlingsorganisationen sehen den neuen Beschluss des Berliner Senats zur Notunterkunft in Tegel mit großer Sorge. Der Sprecher von Pro Asyl, Tareq Alaows, befürchtet, dass Tegel unter den EU-Regeln zum Gemeinsamen Europäischen Asylsystem (GEAS) das größte „Haftzentrum“ für Asylsuchende in Deutschland, vielleicht sogar in Europa wird. „Tegel könnte das neue Moria werden“, sagte Alaows am Mittwoch der taz.

    Auch beim Berliner Flüchtlingsrat lässt die Ankündigung von CDU und SPD, Tegel werde zum zentralen Ankunftszentrum nach den GEAS-Regeln, die Alarmglocken klingeln. „Unter dem Deckmantel eines einheitlichen Verfahrens droht eine massive Einschränkung des individuellen Asylrechts – inklusive Schnellverfahren, eingeschränkter Rechtsmittel und haftähnlicher Unterbringung“, sagte Mitarbeiterin Djairan Jekta der taz.

    Der Senat hatte am Dienstag auf Vorlage der zuständigen Senatorin für Integration, Cansel Kiziltepe (SPD), eine Verlängerung der Unterbringung von Geflüchteten in Tegel bis 2031 beschlossen. Bisher lief die Genehmigung nur bis Ende 2025. Zugleich sollen die Kapazitäten von derzeit 7.000 auf 2.600 Plätze verkleinert, die Großzelte abgebaut und durch Container ersetzt werden.

    Die Betriebserlaubnis wird verlängert, weil Tegel übergangsweise zum zentralen Ankunftszentrum für Asylsuchende nach den GEAS-Regeln werden soll. Das derzeitige zentrale Ankunftszentrum auf dem Gelände der ehemaligen Karl-Bonhoeffer-Nervenklinik in Berlin-Reinickendorf entspreche nicht den EU-Standards, so der Senat – es soll saniert werden.

    Zu GEAS gehört die zentrale Unterbringung von neu ankommenden Asylsuchenden und das so genannte Screening, bei dem es um Identität, Gesundheitszustand und Bleibeperspektive der Geflüchteten geht.
    Screening nach Bleibeperspektive

    Was genau die neuen GEAS-Regeln für den Asylprozess in Berlin wie auch in den anderen Bundesländern bedeuten, ist noch nicht klar, weil die Richtlinien noch nicht in nationales Recht überführt wurden. Dies muss bis Jahresende geschehen, das neue EU-System gilt ab Januar 2026.

    Nach taz-Informationen stellt sich der Senat unter anderem auf die Vorgabe ein, dass Menschen ohne „gute“ Bleibeperspektive nach dem Screening, das etwa eine Woche dauern soll, nicht in eine Gemeinschaftunterkunft in der Stadt verteilt werden, sondern in Tegel bleiben müssen. Gleiches könnte für sogenannte Dublin-Fälle gelten, für die andere EU-Länder zuständig sind. Damit würde Tegel nicht nur Aufnahmezentrum sondern auch eine Art Gewahrsam bis zur Abschiebung.

    Auch an den EU-Außengrenzen sollen laut GEAS Aufnahmelager entstehen, in denen Flüchtlinge interniert werden – und solche mit „schlechter“ Bleibeperspektive sollen in der Regel gar nicht erst einreisen dürfen. Laut Alaows soll das Screening normalerweise in den Lagern an den EU-Außengrenzen geschehen. „Dass nun auch für Tegel von einem Screening die Rede ist, weist darauf hin, dass hier ähnliches geplant ist wie an den Außengrenzen.“

    Auch die Gesamtzahl der geplanten Plätze in Tegel weise in die Richtung einer riesigen Haftanstalt, so der Experte von Pro Asyl. Tatsächlich sind laut Senatsbeschluss von den geplanten 2.600 Plätzen im neuen Ankunftszentrum nur 600 für das Screening vorgesehen – wofür die übrigen gedacht sind, wird nicht erwähnt.
    „Isolation, Gewalt, Krankheiten“

    Dem Flüchtlingsrat gibt die große Kapazität von Tegel ebenfalls zu denken: „Große Sammelunterkünfte schaffen Abhängigkeit, Isolation, Gewalt, Krankheiten und erschweren gesellschaftliche Teilhabe, insbesondere wenn sie mit restriktiven Verfahren verknüpft sind“, so Jekta.

    Vor zwei Wochen hatte die beim Regierenden Bürgermeister Kai Wegner (CDU) angesiedelte Task Force Unterbringung noch weitere Vorschläge gemacht. Dazu gehörte unter anderem der weitere Ausbau der Unterbringung am ehemaligen Flughafen Tempelhof sowie die Festlegung, bis zu 8.700 weitere Plätze in dezentralen Unterkünften schaffen zu wollen. Zu all dem beschloss der Senat am Dienstag nichts – offenbar gibt es dazu keine Einigkeit in der Koalition aus CDU und SPD.

    Die Notunterkunft in Tegel war kurz nach Beginn des Ukraine-Kriegs Anfang 2022 entstanden. Ursprünglich war sie nur als Verteilzentrum geplant, von dem aus Kriegsflüchtlinge binnen weniger Tage in andere deutsche Kommunen oder in Gemeinschaftsunterkünfte in Berlin gebracht werden sollten. Mit der Zeit wurde Tegel jedoch zu Deutschlands größter Notunterkunft, in der skandalöse Zustände herrschen.

    Menschen müssen teils weit länger als ein Jahr in Großzelten leben, in denen jeweils bis zu 320 Menschen auf engstem Raum untergebracht sind. Das Lager ist mit etwa 250 Euro Kosten pro Platz und Tag vermutlich auch die teuerste Flüchtlingsunterbringung Deutschlands.

    In den vergangenen Monaten wurde Tegel immer leerer, Mitte Mai lebten dort laut Landesflüchtlingsamt knapp 3.000 Menschen. Ohnehin kommen in Berlin immer weniger neue Flüchtlinge an. Bis Ende April nahm Berlin 2.278 Geflüchtete auf – 30 Prozent weniger als im Vorjahreszeitraum.

    Der Senatsbeschluss von Dienstag schafft außerdem die Voraussetzungen für die Umsetzung des Projekts „Urban Tech Republic“ sowie des Wohnungsbauprojekts „Schumacher-Quartier“. Auch die Berliner Feuerwehr- und Rettungsakademie will auf dem früheren Flughafengelände bauen.

    https://taz.de/Fluechtlingsunterbringung-in-Berlin/!6090824
    #Berlin #Allemagne #accueil #réfugiés #demandeurs_d'asile #centre_d'accueil #aéroport

  • La guerre à l’#accès_aux_droits des étrangers

    Pour les avocats spécialisés en #droit_des_étrangers, la tâche est ardue. Ils occupent une position dominée dans leur champ, les lois évoluent très vite, et une nouvelle forme de #violence se fait jour, y compris contre les magistrats : des campagnes diffamatoires par des médias d’extrême droite – jusqu’à rendre publics les noms des « coupables de l’invasion migratoire ».
    Le gouvernement Bayrou, dans une continuité incrémentale avec l’orientation répressive déjà actée par les gouvernements Attal puis Barnier, est entré dans une #guerre ouverte contre les étrangers.

    L’arsenal lexical et juridique déployé en témoigne : de la #rhétorique de la « #submersion » à l’enterrement du #droit_du_sol à #Mayotte, en passant par la restriction drastique des conditions pour l’#admission_exceptionnelle_auséjour, l’attitude belliqueuse de l’exécutif et de ses alliés dans l’hémicycle n’a de cesse de s’affirmer et de s’assumer, quitte à remettre en cause l’#État_de_droit qui, selon Bruno Retailleau, ne serait désormais ni « intangible, ni sacré ».

    Il faut dire aussi que le vent xénophobe qui souffle sur l’Europe ne fait qu’encourager ces choix nationaux décomplexés : le Nouveau Pacte européen sur l’asile et l’immigration, adopté au printemps 2024 et dont le Plan français de mise en œuvre n’a pas été rendu public malgré les diverses sollicitations associatives, a déjà entériné le renforcement des contrôles aux frontières extérieures, la banalisation de l’#enfermement et du #fichage des étrangers[1],dans un souci de résister « aux situations de #crise et de #force_majeure ».

    C’est donc dans ce contexte politique hostile, caractérisé entre autres par une effervescence législative remarquable qui les oblige à se former constamment, que les avocats exercent leur métier. Ainsi, défendre les droits des personnes étrangères est difficile, d’abord et avant tout parce qu’ils en ont de moins en moins.

    Deuxièmement, les conditions pour exercer le métier afin de défendre ce qui reste de ces #droits peuvent être difficiles, notamment à cause des contraintes multiples d’ordre économique, symbolique ou encore procédural. Tout d’abord, ces professionnels savent qu’ils pratiquent un droit doublement « des pauvres » : d’une part, cette matière est plutôt dépréciée par une grande partie des collègues et magistrats, car souvent perçue comme un droit politique et de second rang, donnant lieu à des contentieux « de masse » répétitifs et donc inintéressants (on aurait plutôt envie de dire « déshumanisants ») ; d’autre part, ces mêmes clients ont souvent réellement des difficultés financières, ce qui explique que la rémunération de leur avocat passe fréquemment par l’#Aide_Juridictionnelle (AJ), dont le montant est loin d’évoluer suivant le taux d’inflation.

    Concernant les obstacles d’ordre procédural, la liste est longue. Que ce soit pour contester une décision d’éloignement du territoire ou une expulsion de terrain devenu lieu de vie informel, le travail de l’avocat doit se faire vite. Souvent, il ne peut être réalisé dans les temps que grâce aux collaborations avec des bénévoles associatifs déjà débordés et à bout de souffle, mais proches des situations de terrain, et donc seuls à même de collecter les nombreuses pièces à déposer pour la demande de l’AJ ou encore pour apporter les preuves des violences subies par les justiciables lors d’évacuations ou d’interpellations musclées. Pour gagner ? Pas autant de fois qu’espéré : les décisions de #justice décevantes sont légion, soit parce qu’elles interviennent ex post, lorsque la #réparation du tort n’est plus possible, soit parce qu’elles entérinent l’#impunité des responsables d’abus, soit parce que, même lorsqu’elles donnent raison aux plaignants, elles ne sont pas exécutées par les préfectures, ou encore elles ont peu de pouvoir dissuasif sur des pratiques policières ou administratives récidivantes.

    Enfin, même lorsque des droits des étrangers existent toujours sur le papier, en faire jouir les titulaires est un parcours du combattant : l’exemple de la #dématérialisation des services publics est un exemple flagrant. Assurément, Franz Kafka en aurait été très inspiré : toutes les démarches liées au #droit_au_séjour des étrangers doivent désormais se faire en ligne, alors que dans certaines préfectures l’impossibilité de prendre un rendez-vous en des temps compatibles avec le renouvellement du #titre_de_séjour fait plonger dans l’#irrégularité beaucoup de personnes parfois durablement installées et insérées professionnellement en France.

    Même la Défenseure des droits, dans un rapport rendu public le 11 décembre 2024, a épinglé l’#Administration_numérique_des_étrangers_en_France (#ANEF) en pointant du doigt sa #responsabilité en matière d’« #atteintes_massives » aux droits des usagers. Parmi ces derniers, les étrangers sont de plus en plus nombreux à faire appel à des avocats censés demander justice en cas de risque ou de perte du droit au séjour à la suite des couacs divers en #préfecture, dans sa version numérique ou non, comme dans le cas des « #refus_de_guichet ». Et encore une fois, pour les avocats il s’agit d’intenter des #procédures_d’urgence (les #référés), qui engorgent la #justice_administrative à cause de dysfonctionnements généralisés dont les responsables sont pourtant les guichets de ce qui reste du #service_public.

    Ces dysfonctionnements sont au cœur d’une stratégie sournoise et très efficace de #fabrication_de_sans-papiers, et les craintes des personnes étrangères sont d’ailleurs bien fondées : avec l’entrée en vigueur de la nouvelle #loi_immigration, dite Darmanin, les refus ou pertes de titre de séjours sont assorties d’obligations de quitter le territoire français (#OQTF), avec, à la clé, le risque d’enfermement en #Centre_de_Rétention_Administrative (#CRA) et d’#éloignement_du_territoire.

    Au vu du nombre grandissant d’étrangers déjà en situation irrégulière ou craignant de le devenir, des nouvelles entreprises privées y ont vu un marché lucratif : elles vendent en effet à ces clients potentiels des démarches censées faciliter leur #régularisation ou encore l’accès à la nationalité française. À coup de pubs sur les réseaux sociaux et dans le métro, puis de slogans aguicheurs (« Devenez citoyen français et démarrez une nouvelle vie ! ») et de visuels bleu-blanc-rouges, ces entreprises facturent des prestations de préparation de dossier à plusieurs centaines voire milliers d’euros, sans toutefois vérifier systématiquement l’éligibilité de la personne au titre demandé et donc sans même garantir le dépôt effectif du dossier[2].Qui sont donc ces magiciens autoproclamés des procédures, qui se font payer à prix d’or ? Les équipes sont présentées sur les sites de ces entreprises comme étant composées d’« experts spécialisés en démarches administratives », et encore de « conseillers dévoués ». Si l’accompagnement d’un avocat est nécessaire ou souhaité, mieux vaut aller voir ailleurs avant d’avoir signé le premier chèque…

    Les temps sont donc troubles. Et ils le sont aussi parce que les vrais professionnels du droit, celles et ceux qui ne cessent de se mettre à jour des derniers changements législatifs ou procéduraux, et de travailler en essayant de tenir les délais de plus en plus serrés de la justice (au rabais) des étrangers, sont ouvertement menacés.

    Le cas du hors-série n° 1 du magazine Frontières est exemplaire d’une attitude fascisante et décomplexée, déterminée à jeter le discrédit sur les avocats, les #magistrats et les #auxiliaires_de_justice (accompagnés bien sûr des ONG, associations, et universitaires « woke »), coupables de défendre les droits de celles et ceux que la fachosphère voudrait bien rayer de la catégorie de justiciables : les #étrangers. Discrédit qui devient #menace et #mise_en_danger, lorsque les noms, les prénoms, la fonction et le lieu d’exercice de ces maîtres à abattre sont rendus publics : en effet, ces supposés coupables du « #chaos_migratoire » sont explicitement identifiés dans ces pages. Plus précisément, plusieurs dizaines d’« #avocats_militants », profitant des dossiers de l’aide juridictionnelle pour « passer des vacances au soleil toute l’année », sont nommément pris à parti. Les magistrats ne sont pas épargnés dans cette cabale, et le magazine les épingle également.

    Plusieurs sonnettes d’alarme ont été tirées, du Conseil des barreaux européens (CCBE) au Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel (CSTA) : cette dernière instance relevant du Conseil d’État, généralement très discrète, s’est exprimée publiquement le 11 février dernier pour dénoncer sans ambiguïté les injures et menaces proférées nominativement à l’encontre d’avocats et #juges, ainsi que la mise en cause de l’#indépendance et de l’#impartialité de la justice administrative, estimant que « toutes les suites pénales susceptibles d’être engagées doivent l’être ». La matière pour le faire ne semble pas manquer, et des #plaintes avec constitution de partie civile ont déjà été déposées par le passé par des magistrats, donnant lieu à des contentieux pénaux dont certains sont encore en cours. Mais face à la montée des récriminations violentes contre les juges « rouges », plusieurs juridictions s’organisent pour attribuer la #protection_fonctionnelle à leur personnel.
    Et ce n’est pas bon signe.

    Malgré le soutien de #Gérald_Darmanin aux magistrats menacés, dans ses nouvelles fonctions de Ministre de la Justice, son homologue de l’Intérieur a repris un vieux cheval de bataille qui revient à fustiger la supposée « #confiscation_du_pouvoir_normatif » par les juridictions européennes ou nationales : en défendant la légitimité du #non-respect_du_droit lorsqu’il est considéré incompatible avec les principes nationaux, une brèche de plus a été ouverte par #Bruno_Retailleau pour qui « on doit changer la loi. Aujourd’hui, on a quantité de règles juridiques qui ne protègent pas la société française ».

    En réalité, Gérald Darmanin doit en partager le raisonnement, puisque, lorsqu’il était lui-même à l’Intérieur, il avait osé autoriser l’expulsion d’un ressortissant Ouzbèke soupçonné de radicalisation malgré la décision contraire de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), pour ensuite être débouté par le juge des référés du Conseil d’État qui avait enjoint sa réadmission. Ce #contrôle_juridictionnel est considéré par un nombre croissant d’élus, et d’internautes violents, comme excessif et nuisible à l’efficacité du maintien de l’ordre. De là à traiter les avocats et magistrats « fautifs » de trop brider les ambitions sécuritaires du gouvernement comme des ennemis intérieurs, il n’y a qu’un pas.

    Les plus optimistes pourront toujours considérer le #Conseil_Constitutionnel comme le dernier rempart vis-à-vis des risques d’ingérence de l’exécutif sur le judiciaire. Mais que peut-on attendre de cette institution et de son #impartialité, lorsque l’on sait que les « Sages » sont souvent d’anciens professionnels de la politique, peu ou pas formés au droit, dont #Richard_Ferrand, à peine nommé, est un exemple parfait ?

    L’histoire nous le dira. En attendant, il serait opportun de penser à faire front.

    https://aoc.media/analyse/2025/03/16/la-guerre-a-lacces-aux-droits-des-etrangers
    #mots #vocabulaire #terminologie #Etat_de_droit #xénophobie #contrôles_frontaliers #avocats #juges_rouges
    ping @reka @isskein @karine4

  • Un premier vol américain de migrants clandestins arrive à #Guantanamo

    Le premier vol transportant des migrants clandestins vers la base militaire de Guantanamo a eu lieu mardi, selon le vœu de #Donald_Trump, qui prévoit de développer dans cette enclave américaine sur la côte sud-est de #Cuba un #centre_de_rétention pour 30 000 migrants.

    Le premier vol transportant des migrants clandestins vers la base militaire américaine de Guantanamo, devenue symbole des dérives de la lutte antiterroriste, a eu lieu mardi 5 février, selon des responsables américains.

    Donald Trump, qui a lancé une vaste offensive anti-immigration dès les premières heures de son retour au pouvoir, a annoncé il y a moins d’une semaine son projet choc de centre géant de rétention pour 30 000 migrants à Guantanamo, connue pour sa prison militaire ouverte après les attentats du 11 septembre 2001.

    Ce centre de rétention, déjà existant, mais que le président américain compte porter à « pleine capacité », est séparé de la prison, où quinze détenus sont encore incarcérés.

    Le vol devait transporter « environ une douzaine d’étrangers clandestins présentant un grand danger », avait précisé à l’AFP un responsable au sein du ministère américain de la Défense ayant requis l’anonymat.

    « Ils seront hébergés dans le centre de rétention (...) mais ne seront pas logés aux côtés des détenus de grande valeur », avait-il ajouté, en référence aux prisonniers soupçonnés de terrorisme.

    Plus tôt, la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt avait annoncé sur la chaîne Fox Business que les premiers vols depuis les États-Unis vers Guantanamo étaient « en cours » mardi.

    Le nouveau ministre de la Défense, Pete Hegseth, a décrit lundi Guantanamo comme « l’endroit parfait » pour les migrants sans papiers au cours d’un déplacement à la frontière avec le Mexique.

    Un « acte brutal », selon Cuba

    Après l’annonce de cette mesure par Donald Trump fin janvier, le président cubain Miguel Diaz-Canel avait dénoncé un « acte brutal » en « territoire cubain illégalement occupé ».

    La prison militaire de Guantanamo, enclave américaine sur la côte sud-est de Cuba, a ouvert en janvier 2002, quatre mois après les attentats du 11-Septembre, sous l’administration de George W. Bush.

    Elle est devenue, pour de nombreuses ONG de défense des droits humains, un symbole des excès et de l’arbitraire dans la lutte contre le terrorisme, à cause de ses conditions de détention extrêmes, jusqu’au recours à la torture.

    Les présidents démocrates Barack Obama et Joe Biden ont souhaité, l’un après l’autre, la fermer, sans y parvenir.

    Près de 800 détenus – dont un maximum de 680 en 2003 – sont passés par la prison de Guantanamo en plus de vingt ans.

    Documents gouvernementaux à l’appui, le New York Times a révélé en septembre dernier que la base militaire était utilisée depuis des décennies par les États-Unis pour incarcérer certains migrants interceptés en mer.

    https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20250205-guantanamo-arriv%C3%A9e-d-une-premier-vol-transportant-des-migran
    #migrations #réfugiés #sans-papiers #rétention #détention_administrative #trumpisme

    ping @karine4

  • Ce que cache #Périclès, le projet politique réactionnaire du milliardaire #Pierre-Edouard_Stérin

    Après avoir fait fortune dans les affaires, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin assume désormais vouloir financer les projets « #métapolitiques » susceptibles de faire gagner la droite et l’extrême droite. Une première liste de ces initiatives vient d’être mise en ligne. Selon nos informations, elle pourrait ne constituer que la partie émergée de l’iceberg.

    Un média, une chaîne Youtube, des associations catholiques ou libérales, des think tanks destinés au lobbying politique... La première liste des projets soutenus par « Périclès » - mise en ligne il y a quelques jours sur son site internet - n’est pas bien longue mais permet déjà de lever toute équivoque sur les intentions de l’homme à l’origine du projet, le milliardaire Pierre-Edouard Stérin. Après avoir fait fortune dans les affaires, cet exilé fiscal de 51 ans - il a fui en Belgique après l’élection de François Hollande en 2012 - ambitionne de faire gagner la droite et l’extrême droite en mettant à contribution son compte en banque. Soit un investissement de 250 millions d’euros annoncé en dix ans. Du jamais vu.

    Cette initiative, baptisée donc « Périclès » (pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes »), devait, à l’origine, rester discrète mais elle avait été dévoilée en juillet dernier par nos confrères de « l’Humanité ». Lesquels, documents confidentiels à l’appui, ont détaillé le plan de « #bataille_culturelle » imaginé par Stérin et ses équipes pour « permettre la victoire idéologique, électorale et politique » de ses idées et de ses valeurs. Parmi elles, « la #famille, base de la société », la « #préférence_nationale », le « #christianisme ». Au programme également : la promesse de mener une « #guerilla_juridique » et « médiatique » face au « #socialisme », au « #wokisme » ou à « l’#islamisme ». Surtout, ces documents énuméraient des objectifs politiques précis, dont une aide concrète à apporter au #Rassemblement_national de Marine Le Pen pour remporter le plus grand nombre de victoires lors des prochaines #élections municipales en 2026.

    Offensive sur tous les fronts

    En l’état, au moins 24 projets auraient déjà bénéficié de la générosité de l’homme d’affaires l’année dernière, selon le site flambant neuf de Périclès. L’ensemble confirme sa volonté de mener son #offensive par petites touches et sur tous les fronts. On y retrouve sans surprise ses obsessions libérales avec la promotion des idées antiétatistes et anti-taxes, incarné par son soutien à des think tanks comme le #Cercle_Entreprises et #Libertés, de l’ex-patron d’#Elf_Loïk_Le_Floch-Prigent ; ou encore #Ethic, le syndicat patronal de #Sophie_de_Menthon (une des rares à assumer dialoguer avec Marine Le Pen), qui a reçu, selon nos informations, 3 000 euros pour l’organisation d’une conférence. Des cercles de juristes, comme #Justitia, le collectif d’avocats de l’#Institut_Thomas_More, qui propose d’offrir « une réponse juridique aux nouvelles intolérances » ou le #Cercle_Droit_et_Liberté, qui prétend lutter contre le « #politiquement_correct » de l’Université et du monde juridique, sont également cités. Sans oublier, les enjeux migratoires et sécuritaires, via le #Centre_de_Réflexion_sur_la_Sécurité_intérieure (#CRSI), présidé par l’avocat connu des réseaux de droite dure #Thibault_de_Montbrial. Présents également, la marque #Terre_de_France, chouchou des influenceurs #identitaires ; #Eclats_de_femme, l’association fondée par #Claire_Geronimi, victime de viol par un homme visé par une OQTF en 2023, depuis proche du collectif identitaire #Némésis (elle vient d’être nommée vice-présidente de l’UDR, le parti d’Eric Ciotti, ce dimanche 9 février), ou encore l’association #Léa, en croisade contre le « #racisme_anti-Blanc ». Idem pour le mensuel « #l'Incorrect » - lancé en 2017 par des proches de #Marion_Maréchal - ou #Les_Films_à_l'arrache, une chaîne Youtube humoristique moquant - entre autres - l’antiracisme et le féminisme...

    Objectifs politiques

    Au-delà de ces combats marqués à l’extrême droite, Périclès a également investi dans le combat contre le « #wokisme_à_la_fac », via l’#Observatoire_du_décolonialisme, ainsi que le champ de la #laïcité au travers de #Défense_des_serviteurs_de_la_République, dont le comité d’honneur compte #David_Lisnard, le maire Les Républicains de Cannes et #Astrid_Panosyan-Bouvet, l’actuelle ministre du Travail et de l’Emploi - laquelle ignorait le lien avec Stérin, nous assure son cabinet. D’autres structures présentées par le site de Périclès font plus directement référence à l’objectif politique du projet. C’est le cas de #Data_Realis_Conseil, une société spécialisée dans la #cartographie_électorale rappelle la « #Lettre », ou de l’#Institut_de_Formation_Politique (#IFP), qui ambitionne de doter les militants de toutes les droites du bagage nécessaire pour garnir les rangs des formations politiques, des Républicains aux RN. En bonne place, enfin, #Politicae, l’école de formation au mandat de maire, destinée à faire élire « le maximum de candidats pour les prochaines élections municipales », que Stérin a confié à #Antoine_Valentin, édile LR de Haute-Savoie et candidat d’#Eric_Ciotti lors des dernières législatives. Auprès du « Nouvel Obs », ce dernier ne souhaite pas communiquer le montant du financement consenti par son mécène mais indique que l’effort financier pourrait atteindre « plusieurs centaines de milliers d’euros », d’ici au scrutin de 2026.

    Des projets plus discrets

    Cette liste pourrait, selon nos informations, ne constituer que la partie émergée de l’iceberg Stérin. Les sites internets de plusieurs structures citées plus haut semblent avoir été montés de toutes pièces et sur le même modèle... Surtout, la plupart de ces initiatives n’auraient en réalité reçu que de maigres sommes. Moins de 5 000 euros par exemple pour l’association #Les_Eveilleurs, proche de #La_Manif_pour_Tous, à l’occasion d’un peu rentable concert de #Jean-Pax_Méfret, chanteur des nostalgiques de l’Algérie française. Idem au #Cérif (#Centre_européen_de_Recherche_et_d'Information_sur_le_Frérisme), où la chercheuse au CNRS #Florence_Bergeaud-Blackler jure ne pas avoir touché plus de 10 000 euros. Très loin des 10 millions d’euros que Périclès claironne avoir investi au total en 2024. De quoi nourrir les soupçons sur la réalité de ce montant : est-elle artificiellement gonflée ? Ou, plus probable, l’essentiel de cet argent passe-t-il dans des projets tenus secrets ?

    « Nous nous gardons le droit d’être discrets sur nos investissements », élude #Arnaud_Rérolle, président de Périclès et ancien du #Fonds_du_Bien_Commun, la branche philanthropique des activités de Pierre-Edouard Stérin. Un paravent caritatif - Stérin y finançait aussi des associations au diapason de ses idées réactionnaires - dont est également issu #Thibault_Cambournac, le nouveau « responsable stratégie » de Périclès. L’équipe compte aussi dans ses rangs #Marguerite_Frison-Roche, ancienne petite main de la campagne présidentielle d’Eric Zemmour. Quant au « senior advisor » de Périclès, #Philippe_de_Gestas, c’est l’ancien secrétaire général du #Mouvement_Conservateur, allié à #Reconquête. Pour 2025, le #budget de Périclès est annoncé autour des 20 millions d’euros. L’achat ou la création d’un institut de sondage fait déjà figure d’objectif prioritaire.

    https://www.nouvelobs.com/politique/20250209.OBS100069/ce-que-cache-pericles-le-projet-politique-reactionnaire-du-milliardaire-p
    #Stérin #extrême_droite #réseau

    ping @karine4 @reka @fil @isskein

  • Centre commercial #Neyrpic : des militants d’#Extinction_Rebellion mènent une action contre la «fast fashion»

    Ce samedi, vers 16h, des militants d’Extinction Rebellion ont mené une action au centre commercial Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères (Isère). Des boules puantes ont été lancées contre des enseignes de la « #fast_fashion ».

    Ce samedi 11 janvier, vers 16h, un soixantaine de militants du mouvement Extinction Rebellion se sont introduits dans le centre commercial Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères (Isère) et ont mené une action contre les enseignes de la « fast fashion ». D’après la Police Nationale, contactée par « ici Isère », « un mouvement de contestation » a bien eu lieu, « où ils jettent des boules puantes. » Une forte odeur a été sentie par un de nos journalistes sur place. Les activistes ont aussi répandus du liquide malodorant dans les rayons. On ne sait pas encore si des interpellations ont eu lieu, mais la police municipale est intervenue sur place.

    « La fast fashion, ça pue »

    L’action a duré une demi-heure, accompagnée d’une distribution de tracts. On peut notamment y lire : « Dans le monde, la fast fashion est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre, de 20% de la pollution des cours d’eau et de 11% des pesticides répandus. » Les militants ont également accroché à un bâtiment du centre commercial une banderole avec écrit dessus la « fast fashion ça pue ». Une autre était visible à l’entrée du domaine universitaire. Cette action s’inscrit dans une campagne nationale appelée « #ode_aux_rats ».

    https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/centre-commercial-neyrpic-des-militants-d-extinction-rebellion-menent-une
    #résistance #XR #Grenoble #centre_commercial #fast-fashion #mode

    • Action « Ode Aux Rats » face à la Fast-Fashion

      Le Samedi 15 Juin les activistes de la campagne “Ode aux Rats” de Extinction Rebellion ont mené une action originale et de grande ampleur au centre commercial #Westfield la #Part-Dieu à #Lyon.

      Par des moyens visuels, sonores mais aussi olfactifs, les militant·e·s ont poussé vers la sortie des centaine d’usagers, dérangeant l’activité du site pendant toute une partie de l’après midi.

      L’action avait pour but de dénoncer l’industrie de la fast-fashion en retournant contre elle ses moyens marketing.

      Ainsi, pour dénoncer ces techniques marketing qui utilisent la musique et les odeurs pour manipuler les comportements d’achat, les activistes ont modifié l’ambiance sonore et olfactive du centre.

      Alors qu’une forte odeur d’ail et de fromage envahissait les allées du centre commercial, une fanfare a accompagné les usagers vers l’extérieur où des militant·e·s distribuaient des flyers expliquant le principe de l’action.

      Des mots ont été laissés aux employé·e·s pour s’excuser des méthodes utilisées qui ont rendu leurs conditions de travail désagréables le temps d’une demi journée.

      Argumentaire de la campagne “Ode aux rats”

      L’industrie de la fast-fashion sait parfaitement comment saturer nos sens de signaux pour nous pousser à acheter : dans les magasins il y a des lumières contrôlées, un arrangement des vêtements soignés, une musique d’ambiance pour donner le rythme et une légère odeur qui flotte dans l’air pour endormir nos dernières réticences.

      Tout cela est filmé en continue par des caméras qui enregistrent nos comportement d’achats pour améliorer la technique, comme si nous étions des rats dans une cage participant à une expérience grandeur nature.
      C’est pour dénoncer cette emprise sur les imaginaires collectifs que les rats se révoltent.

      Car tout cela a un prix. Dans le monde, l’industrie textile est responsable de 5 à 10% des émissions de gaz à effets de serre, de 20% de la pollution des cours d’eau et de 11% des pesticides épandus1.

      A l’étranger, les personnes qui produisent les vêtements sont largement sous payées voir, comme les ouïghours en Chine, travaillent dans des conditions proches de l’esclavage2.

      Chez nous, l’incitation à la consommation profite surtout aux grandes entreprises et à celleux qui les dirigent, renforçant ainsi la concentration des richesses.

      La seule solution est de réduire la quantité de #vêtements produits. Ce n’est pas aux citoyen.ne.s de porter la responsabilité morale de s’extraire d’un système où tout les pousse à acheter. C’est à nos représentants d’agir pour que l’effort soit collectif.

      Nous demandons :

      – La division par 10 du nombre de vêtements mis sur le marché en France et en Europe d’ici 2030.
      – La transparence des marques sur leur impacts et un engagement à réduire leur production.
      – Un engagement de la France sur la voie de la sobriété seule à même de limiter notre impact sur l’environnement tout en évitant la concentration des richesses.

      Par le dégoût laisser naître de nouveaux goûts c’est ce que veulent faire les rats d’égout.

      Par leur présence, briser le charme de la consommation de masse et stopper la distillation lente de faux rêves dans nos #imaginaires.

      Que chacun·e puisse rêver plus grand : de liens humains forts, de beauté, de découverte, d’aventure, de poésie. Iels continueront jusqu’à ce que leurs revendications soient écoutées.

      https://extinctionrebellion.fr/actions/2024/06/19/action-ode-aux-rats-face-a-la-fast-fashion.html

      #industrie_textile #habits

  • Dans l’Indre, un maire enterre « la mort dans l’âme » un projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile

    Après deux ans de vives tensions alimentées par l’extrême droite politique et groupusculaire, le projet d’ouvrir un #Cada à #Bélâbre, dans l’Indre, a été abandonné. Menacé de mort, le maire de la commune, #Laurent_Laroche, revient sur cette décision, qu’il regrette.

    Le 18 décembre, Laurent Laroche, maire de la petite commune de Bélâbre (#Indre) a annoncé, aux côtés du préfet, l’#abandon du #projet de création d’un #centre_d’accueil de demandeurs d’asile (Cada). Depuis deux ans, la transformation d’une ancienne usine de chemises abandonnée en structure d’accueil a provoqué de vives tensions, dans le sillage de l’extrême droite partisane et groupusculaire.

    Le médiatique avocat #Pierre_Gentillet, candidat du Rassemblement national (RN) aux élections législatives de 2024 dans une circonscription voisine, a utilisé ses réseaux pour attirer la lumière sur ce projet, tandis que des militants d’extrême droite promettaient de faire de Bélâbre « un nouveau #Callac ». En 2023, un projet d’accueil de familles réfugiées a été abandonné dans cette commune bretonne, après une campagne de protestation et de harcèlement des élu·es par l’extrême droite.

    Après deux ans à porter l’initiative avec son conseil municipal, le maire divers gauche de Bélâbre, Laurent Laroche, revient sur l’épilogue de ce projet. Amer, il regrette que la mobilisation de l’extrême droite et les difficultés financières de l’association en charge du futur Cada aient mis un terme à ce projet d’accueil, qui aurait permis de redynamiser la petite commune.

    Mediapart : Pourquoi le projet de Cada a-t-il finalement été abandonné fin décembre ?

    Laurent Laroche : L’association #Viltaïs, qui était en charge du projet, rencontrait d’importantes difficultés financières, malgré sa reprise par le groupe SOS. Les travaux de rénovation de l’ancienne chemiserie étaient trop coûteux. À l’été, nous avions fait une proposition alternative à Viltaïs : transformer un ancien hôtel de Bélâbre en Cada, un projet moins coûteux, à plus petite échelle.

    J’en avais parlé au préfet de l’Indre, qui l’a très mal pris. J’ai été vraiment blessé par ses propos, il disait qu’il n’était pas favorable à ce projet, que ça allait raviver les tensions et réveiller les opposants alors qu’il avait ramené la paix à Bélâbre. On a fini par se voir le 18 décembre, et on a enterré le projet en actant l’incapacité de Viltaïs à le mener à bien. La mort dans l’âme.

    Les opposants au projet revendiquent un succès, à l’image de Pierre Gentillet, qui savoure la victoire d’« une communauté enracinée » qui fait « plier la volonté de gouvernants déconnectés ». Comment réagissez-vous ?

    On était inquiets depuis longtemps, quand on est élu on sait que ce qui compte, c’est quand on pose la dernière pierre d’un projet. Toute cette histoire nous avait un peu préparés à cette issue. Mais l’amertume que j’ai aujourd’hui, c’est de voir les opposants qui disent qu’ils ont gagné. Ils n’ont pas gagné, on cède face à la situation économique que rencontre l’association Viltaïs. Même si dans mon for intérieur, je me dis que l’État a quand même un peu cédé à la pression de l’extrême droite. Ce qui me rend amer, c’est que je n’aurais pas l’occasion de prouver aux Bélabrais que l’installation des demandeurs d’asile aurait pu très bien se passer.

    Aujourd’hui, le préfet, lui, est enchanté, il peut maintenant se glorifier en disant qu’il a ramené le calme à Bélâbre. Mais dans l’Indre, il nous a annoncé qu’on risquait 200 fermetures de classes d’ici 2030. Ce projet de Cada, il servait aussi à ça, à redynamiser le territoire. On ne s’est pas levés un matin avec le conseil municipal en se disant « tiens, si on ouvrait un centre pour accueillir des demandeurs d’asile », on y a réfléchi.

    Quel bilan tirez-vous de ces deux années de tension autour de ce projet de centre d’accueil ?

    Personnellement, je pense que l’erreur qu’on a commise, c’est que ce projet a été bien préparé mais qu’on aurait pu mieux communiquer dessus. On a sous-estimé qu’au lendemain d’une élection présidentielle où le RN fait des très gros scores sur la commune, forcément, il y a un habitant sur trois qui vote RN. Et la campagne présidentielle s’est beaucoup faite sur l’immigration, sur le rejet de l’autre. Moi, je me disais que ce vote s’expliquait beaucoup par la désertification médicale, le retrait des services publics, et j’ai sous-estimé cet aspect.

    Il y a eu un noyau d’opposants, pas très nombreux mais très bons en #communication, qui a réussi à entraîner des gens, de l’#attention_médiatique et qui a profondément divisé la commune. On s’est retrouvés avec les caméras de #Valeurs_actuelles, des militants du #RN et de #Reconquête, c’était beaucoup.

    Comment avez-vous vécu personnellement cette période ?

    Je suis peut-être naïf, mais j’ai été très surpris par l’ampleur que cette histoire a prise. Tout ça pour ça… L’extrême droite nous a inscrits, dès le début, comme une commune avec des élus « à abattre », le but était de faire « un nouveau Callac », c’était très inquiétant. On a reçu des centaines de #menaces, de courriers, de mails, d’appels téléphoniques injurieux ou menaçants, évidemment je ne peux pas dire que je l’ai bien vécu. On n’avait jamais vu ça, on s’est retrouvés sur notre petite commune avec des manifestations encadrées par 80 gendarmes.

    Le moindre fait divers impliquant un demandeur d’asile ou un étranger était instrumentalisé, des militants de l’#Action_française de Poitiers sont même venus s’introduire dans la chemiserie, faire des tags et poser avec une banderole « Stop immigration ».

    J’ai reçu des #menaces_de_mort et j’ai été placé sous #protection_policière. Une personne avait appelé à mon domicile pour me menacer, elle a été condamnée, tout comme une autre qui avait menacé de venir brûler ma maison. J’ai également eu un suivi psychologique, que j’ai toujours un peu, grâce à l’Association des maires de France.

    Mon erreur, c’est qu’au plus fort de la crise, quand on avait des #manifestations tous les mois et qu’on m’insultait en permanence, j’ai refusé de porter #plainte. J’étais encore dans une sorte de #déni, et je ne voulais pas porter plainte contre des habitants de la commune. C’était un tort, les gendarmes m’ont conseillé de le faire mais j’ai refusé. Ça aurait peut-être permis de dissuader les gens, de calmer un peu le jeu. L’imbécile qui a appelé chez moi au mois d’octobre ne l’aurait peut-être pas fait si j’avais déposé plainte plus tôt.

    Ces événements vous ont-ils fait vous poser la question de la démission ?

    La question de la démission m’a effleuré l’esprit évidemment, j’étais parfois au trente-sixième dessous. C’est grâce à l’équipe du conseil municipal que j’ai pu tenir aussi, j’ai des amitiés qui sont nées de ce combat, ça a été important. Et démissionner aurait fait trop de plaisir aux opposants au Cada.

    Pour la suite, les élections municipales de 2026, ma décision n’est pas encore prise. La cheffe de file des anti-Cada a déjà annoncé sa candidature, soutenue par le RN. Mais même si je ne fais pas de troisième mandat, j’essaierai de m’investir pour qu’une liste émerge de l’équipe municipale actuelle.

    Si je n’ai pas encore pris ma décision, c’est aussi qu’il reste encore beaucoup de projets à mener. L’objectif de l’extrême droite, ils le disaient, c’était de nous « pourrir la vie ». Des gens me l’ont dit en face. Leur but c’était de me faire #peur, de me pousser à la démission ou à ne pas me représenter, et de paralyser la vie de la commune.

    Certes, on n’a pas mené le projet de Cada jusqu’au bout et ça nous rend tristes. Mais on a ouvert une maison médicale avec trois médecins en plein désert médical, on a un projet de médiathèque... La vie communale ne s’est pas arrêtée pour autant. On a réussi ça, on a continué à mener des projets.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/020125/dans-l-indre-un-maire-enterre-la-mort-dans-l-ame-un-projet-de-centre-d-acc
    #accueil #réfugiés #migrations #France #extrême_droite

    via @karine4

  • La maison centrale de Clairvaux – Criminocorpus Lab
    https://criminocorpus-lab.cnrs.fr/2024/11/13/la-maison-centrale-de-clairvaux

    Abbaye cistercienne reconvertie en #établissement_pénitentiaire en 1808, la #maison_centrale_de_Clairvaux fut durant plus de 150 ans la plus grande #maison_centrale de France. Elle a définitivement fermé ses portes au mois de mai 2023, remplacée par le #centre_pénitentiaire de Troyes-Lavau inauguré au mois de décembre de la même année.

    #Criminocorpus met à disposition dans le #musée un ensemble documentaire pour découvrir l’histoire de ce lieu singulier.

    https://criminocorpus.org/fr/expositions/la-maison-centrale-de-clairvaux
    https://seenthis.net/messages/723664
    https://seenthis.net/messages/930318

  • À Paris comme à Marseille : rendre la ville au peuple

    https://www.revue-ballast.fr/a-paris-comme-a-marseille-rendre-la-ville-au-peuple-1-2

    https://www.revue-ballast.fr/a-paris-comme-a-marseille-rendre-la-ville-au-peuple-2-2

    Victor Collet : Le 63 de la rue d’Aubagne appartenait en effet à Marseille Habitat, donc à la municipalité, qui l’avait fait fermer en 2008 pour des travaux qui devaient démarrer en 2010 mais n’ont jamais commencé — l’exemple type des pratiques totalement opaques de la municipalité. Juste à côté, la petite copropriété du 65 se dégradait aussi. C’est un cas typique de marchands de sommeil : à l’intérieur, il n’y avait aucun propriétaire occupant, seulement des précaires, des femmes célibataires, des sans-papiers, etc. — tout ce tissu très représentatif du cœur de Marseille et du quartier de Noailles — qui sous-louaient et vivaient dans des conditions dégradées et dégradantes. Ce sont des personnes très captives du marché, puisqu’il n’y a que 4 % de logements sociaux dans un quartier où 80 à 85 % des personnes y seraient éligibles. Parmi les propriétaires qui exploitaient la vulnérabilité de ces habitants, il y a un élu au conseil régional, Xavier Cachard, dont le procès se tiendra en novembre prochain. Cachard a une triple casquette puisqu’il est à la fois propriétaire, avocat du syndic censé organiser les travaux de ces immeubles et… élu au conseil régional !

    #logement
    #précarité
    #insalubrité
    #corruption
    #gentrification
    #Paris
    #Marseille
    #urbanisme

  • #Évacuations de #Libye : l’interminable #attente des migrants dans le #centre_de_transit de #Gashora au #Rwanda

    Depuis septembre 2019, le Rwanda accueille dans le centre de Gashora, à l’est du pays, des demandeurs d’asile évacués par l’#ONU des prisons libyennes. Depuis le pays est-africain, ces exilés attendent ensuite que leur dossier d’asile soit traité par un pays occidental. Irshad, jeune Darfouri, fait partie de ces « #évacués », mais son attente à Gashora s’éternise. Reportage.

    « Ne vous inquiétez pas, je vous trouverai », nous a assuré Irshad au téléphone alors que nous descendions du minibus au carrefour principal de Gashora, une petite ville située à 40 km au sud-est de Kigali, au Rwanda. Le jeune homme, de nationalité soudanaise, nous a rapidement fait signe en venant à notre rencontre sur la seule route bitumée de la ville. « Vous avez de la chance d’être venus maintenant, la route est enfin construite », sourit-il. « Elle est moins cahoteuse ».

    Irshad est l’un des 600 réfugiés du centre de transit de Gashora, qui accueille les migrants évacués de Libye dans le cadre d’un programme onusien appelé « #Mécanisme_de_transit_d'urgence » (#ETM). Mis en place par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (#HCR) en 2019, ce programme vise à évacuer les publics vulnérables des centres de détention libyens, de les installer dans le centre rwandais, puis de les transférer dans un pays occidental – où leur dossier d’asile est accepté. ETM prévoit aussi la possibilité de rentrer dans son pays d’origine ou même de rester au Rwanda.

    Sur la route principale de Gashora, ville située dans une région pauvre et encore meurtrie par le génocide d’il y a 30 ans, le revêtement de bitume a lui aussi été financé par le HCR. Nous marchons sur l’asphalte avec Irshad avant d’arriver devant la porte du #centre_de_transit. Le jeune homme nous invite à le suivre à l’étage d’un des bâtiments, dans une cafeteria avec vue sur la route flambant neuve. Nous apprenons qu’il s’agit du seul endroit à Gashora où les demandeurs d’asile du centre se retrouvent pour discuter et tuer le temps. Murs bleu turquoise et chaises en paille. Contrairement aux autres cafés du village, celui-ci ne sert pas de bière. « Et le cuisinier est érythréen », précise Irshad, nous faisant comprendre que la nourriture est bien meilleure ici que dans le reste du village.
    « J’ai des amis qui ont été acceptés en France et aux États-Unis »

    Le centre de Gashora est perçu par le HCR comme une réponse à la crise libyenne. Il permet dans le cadre du programme ETM d’offrir aux réfugiés un temps de répit au Rwanda avant de partir vers un pays tiers. Irshad, originaire du Darfour, attend cette fameuse réinstallation. Mais son transfert temporaire à Gashora s’est transformé en une attente permanente.

    Il pensait pourtant que quitter le Rwanda ne serait qu’une question de temps. « J’ai des amis qui ont été acceptés en France et aux États-Unis », explique-t-il. Un jeune Érythréen assis à côté de lui, dans le café, doit quitter Gashora le jour même. Sa demande d’asile a été acceptée en France.

    Mais pour Irshad, rien. Depuis son arrivée en 2022 au centre, il n’a toujours pas été « accepté » par un pays tiers. Sa demande de #réinstallation au Canada pour rejoindre sa sœur a été refusée il y a quelques mois. On ne lui a pas donné de raison, ni offert la possibilité de faire appel de la décision.

    Les pays tiers peuvent, en effet, refuser certains dossiers. Les demandeurs d’asile doivent alors recommencer les procédures à zéro, depuis le Rwanda, et déposer un nouveau dossier de réinstallation vers un autre État. Cela peut prendre des mois voire des années.

    « Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle ma demande vers le Canada a été refusée. Je vais devoir faire un nouveau dossier ailleurs, et cela risque de prendre des années […] Des demandeurs d’asile se trouvent à Gashora depuis l’ouverture de l’ETM en 2019 […] Ils essuient refus sur refus et n’ont d’autre choix que d’attendre et de continuer à déposer des demandes », continue le Soudanais.

    Un parcours du combattant déploré par les ONG. « En théorie, les gens ne sont pas censés rester plus de six mois, ici. Ceux qui sont orientés vers Gashora sont des personnes vulnérables et qui devraient avoir de fortes chances d’obtenir le statut de réfugié », explique R.S., un responsable d’une ONG internationale, sous couvert d’anonymat.

    L’enfer libyen

    Irshad a hâte de rejoindre un pays occidental et de laisser les traumatismes de son exil derrière lui. Le jeune Soudanais raconte son histoire, semblable à mille autres avant lui : il a rejoint la Libye avec son grand frère en 2018 avant d’être brutalement séparé de lui. « Nous sommes montés dans deux embarcations différentes pour rejoindre l’Europe. La sienne a rejoint l’Italie, la mienne a été interceptée par les gardes-côtes libyens », explique-t-il. Irshad réessaiera sept fois la traversée, en vain.

    Chacune des interceptions en mer l’a conduit en prison. En Libye, les autorités envoient automatiquement les migrants arrêtés en Méditerranée dans des centres de détention – où les exactions, les tortures, les viols sont légion. « Vous ne quittez la prison que si vous payez. Si vous ne pouvez pas payer, ils vous forcent à travailler. Vous devez essayer de rester en vie jusqu’à ce que quelqu’un paie pour vous ou qu’ils vous laissent partir », détaille-t-il en référence aux gardiens – ou aux milices - qui gèrent ces géôles libyennes.

    Autour de nous, d’autres personnes prennent des chaises et s’installent à notre table. Ce sont des amis d’Irshad, ils sont originaires d’Érythrée, de Somalie du Soudan : ils se sont tous rencontrés à Gashora. Ils se joignent à la conversation. Leurs témoignages sur les mois passés en Libye font écho à l’histoire d’Irshad. Certains montrent les cicatrices laissées par les tortures qu’ils ont subies en détention, des marques luisantes sur leurs bras, leurs jambes et leur dos.

    C’est aussi pour tenter de rompre ce cycle de violences que l’ONU a ouvert le centre de transit de Gashora. « J’ai accepté le programme du HCR parce que tout est mieux que d’être en Libye », continue Irshad. « Mais je ne savais pas que je resterais coincé ici pendant des années ».

    « Il ne fait aucun doute qu’il vaut mieux être transféré au Rwanda que de rester en détention en Libye », explique de son côté l’humanitaire R.S. « Mais l’ETM n’est pas la solution miracle. C’est un moyen d’essayer de répondre en urgence à la situation dramatique qui prévaut en Libye. Mais ce n’est pas un exemple à suivre ». Sans compter que le centre de Gashora ne compte que 600 places. L’ONU estimait en décembre 2023 que le nombre de migrants en Libye dépassait les 700 000.

    Le Rwanda, une alternative fiable pour les Européens

    Aujourd’hui, de nombreux pays de l’Union européenne (UE) considèrent le Rwanda comme un partenaire potentiel dans leur politique migratoire - alors même que le régime de Paul Kagame fait l’objet d’une surveillance internationale pour ses atteintes aux droits de l’Homme.

    En juillet dernier, le nouveau Premier ministre travailliste du Royaume-Uni, Keir Starmer, a mis fin au controversé « Plan Rwanda » qui prévoyait d’envoyer les migrants arrivés illégalement par « small boats » au Rwanda. Malgré l’échec de cet accord, l’externalisation de l’asile vers des pays tiers est toujours une option envisagée par de nombreux États membres de l’UE. L’Italie, par exemple, construit actuellement deux centres de détention en Albanie pour traiter les demandes d’asile des personnes secourues en mer.

    En mai dernier, les ministres de l’Intérieur de 15 États membres de l’UE ont même signé une lettre adressée à Ylva Johansson, alors commissaire européenne aux Affaires intérieures, décrivant l’externalisation de l’asile vers des « pays tiers sûrs » comme une solution à la migration irrégulière. Ils ont également cité l’ETM comme un modèle de « solution durable ».

    Mais le pays plait-il vraiment aux exilés ? Bien que le programme ETM offre la possibilité d’un séjour permanent au Rwanda, aucune des 2 000 personnes passées par Gashora n’a choisi d’y rester. « Personne ne veut rester au Rwanda », déclare Irshad, en regardant ses camarades. « Ce n’est pas parce que le Rwanda n’est pas sûr », poursuit-il. « Le Rwanda est très sûr si vous ne créez pas d’ennuis. Le problème, c’est qu’on n’a aucune certitude. Quelles garanties avons-nous que nous ne serons pas renvoyés au Soudan ? »
    "Pas de travail au Rwanda"

    L’autre obstacle réside dans le manque de perspectives professionnelles et économiques. « Il n’y a pas de travail pour les réfugiés au Rwanda. C’est un fait », affirme Irshad.

    Les demandeurs d’asile du camp de Gashora ne sont pas autorisés à travailler, même si nombre d’entre eux se rendent dans les villes voisines et arrondissent l’allocation hebdomadaire qui leur est versée en travaillant au noir. "Vous savez combien je touche pour une journée de travail à Kigali ? demande Irshad. « 2 000 francs rwandais [environ 1,5 dollar américain]. Ici, un paquet de cigarettes coûte 1 500 francs rwandais. Comment pouvez-vous survivre ainsi ? »

    « Je suis reconnaissant [envers l’ONU et le Rwanda] de m’avoir permis de quitter la Libye. Mais faire venir des migrants depuis l’Europe jusqu’ici pour traiter leur demande d’asile, c’est une très mauvaise idée. Les Rwandais ont du mal à trouver du travail. Comment peut-on s’attendre à ce que des réfugiés traumatisés par l’exil, qui ne connaissent pas le pays, ne parlent pas la langue puissent le faire ? »

    https://www.infomigrants.net/fr/post/60501/evacuations-de-libye--linterminable-attente-des-migrants-dans-le-centr

    ping @karine4 @_kg_

    • Citation :

      Depuis septembre 2019, le Rwanda accueille dans le centre de Gashora, à l’est du pays, des demandeurs d’asile évacués par l’#ONU des prisons libyennes. Depuis le pays est-africain, ces exilés attendent ensuite que leur dossier d’asile soit traité par un pays occidental. Irshad, jeune Darfouri, fait partie de ces « #évacués », mais son attente à Gashora s’éternise.

      Voilà un nouveau mot à ajouter à la liste de #mots pour désigner les personnes en migration : « évacués »
      –—

      ajouté à la métaliste sur les mots de la migration :
      https://seenthis.net/messages/414225
      #vocabulaire #terminologie #mots

  • À #Marseille, les data centers consomment du terrain et beaucoup d’#énergie

    L’entreprise américaine #Digital_Realty veut construire son cinquième #centre_de_données en plein cœur de la ville. Un collectif d’habitants s’y oppose et dénonce un impact fiscal, urbain et environnemental néfaste.

    (#paywall)
    https://www.alternatives-economiques.fr/a-marseille-data-centers-consomment-terrain-beaucoup-denergie/00112632
    #data_center #résistance

    • #merci @sombre, du coup :

      Sur le grand port de Marseille, l’ancien silo à grain, visible depuis l’autoroute qui mène au centre-ville, a été abattu. À la place, l’entreprise texane Digital Realty compte installer son cinquième data center phocéen. A l’horizon 2026, les 12 000 mètres carrés de stockage de données du « vaisseau amiral » MRS5 viendront s’ajouter aux 24 000 actuels.

      L’emplacement stratégique que constitue Marseille, connectée au reste du monde par 17 câbles sous-marins enfouis au large des plages du Prado, a permis de faire sortir de terre un « campus de data centers », selon Digital Realty, et à la ville de devenir « le cinquième hub internet mondial ».

      Ces usines à stockage hébergent en continu nos films, nos jeux vidéo, mais aussi nos télécoms, nos données bancaires et une partie de nos services publics en ligne. Les cryptomonnaies et l’intelligence artificielle, particulièrement voraces en données numériques1, font exploser la demande : d’ici 2030, les besoins de traitement et de stockage par les centres de données devraient augmenter de 160 %, selon la banque Goldman Sachs.

      Une bataille pour l’énergie

      « Ce projet doit être stoppé, car il aura de graves conséquences sur l’environnement et la santé des riverains », s’insurge une habitante, dans l’enquête publique ouverte sur le projet. « Pourquoi, nous, habitants des quartiers nord devons-nous subir tous ces projets écocides ? », s’inquiète une autre.

      Pour faire tourner les serveurs 24 heures sur 24, il faut l’équivalent de la consommation d’une ville de la taille d’Arles pour un entrepôt de 10 000 m²

      Accaparement massif du foncier, de l’eau, de l’électricité, possibilité de nuisances, de pollutions, amoindrissement d’un accès à la mer déjà compliqué… La liste des reproches est longue, si bien qu’un collectif d’habitants, d’associations et d’élus souhaite instaurer un moratoire et saisir la Commission nationale du débat public (CNDP) pour arrêter le projet, tandis que France nature environnement 13 compte attaquer son permis de construire et son autorisation d’exploiter.

      Digital Realty promet pourtant de « minimiser l’impact de ses data centers sur l’environnement ». Stéphane Coppey, chez France nature environnement, en doute. Car pour faire tourner les serveurs 24 heures sur 24, avec des générateurs en cas de panne, il faut énormément d’électricité – l’équivalent de la consommation d’une ville de la taille d’Arles pour un entrepôt de 10 000 m2.

      « Pour le refroidissement des ordinateurs, ils utiliseraient de l’eau souterraine de Gardanne, qui pourrait être plutôt rendue potable par exemple, mais aussi des liquides fluorés, très émetteurs de gaz à effet de serre (GES). »

      Les émissions de GES des centres de données pourraient même être près de huit fois plus élevées que celles officiellement rapportées, selon une étude du Guardian. Sans compter que, dans une ville déjà en surchauffe, le manque de planification urbaine entraîne des conflits d’usage sur l’électricité.

      Même si Christophe Castaner, président du conseil de surveillance du port de Marseille Fos, assure que c’est le dernier projet de ce type, Stéphane Coppey s’étonne : « Les riverains des 15e et 16e arrondissements attendaient plutôt le raccordement électrique des navires de croisière ! » Ces branchements électriques, en cours de déploiement, évitent que les navires à quai brûlent leur combustible en aggravant la pollution de l’air.
      Projets d’intérêt national ?

      Le développement des data centers s’accélère en France, et les subventions se multiplient, dans le cadre du plan France 2030, notamment. Avec la promesse d’un mix énergétique décarboné grâce au nucléaire et un taux réduit de taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), la filière croît sept fois plus rapidement que le reste de l’économie.

      Digital Realty a ainsi lancé à La Courneuve la construction du plus grand data center de France dans une Seine-Saint-Denis où leur concentration s’accroît2.

      Avant la dissolution de l’Assemblée nationale, la loi de simplification de la vie économique envisageait même de donner aux data centers le statut de projets d’intérêt national majeur (PINM) afin d’accélérer certaines procédures, comme les permis de construire ou le raccordement au réseau électrique. Quitte à court-circuiter le dialogue avec les élus locaux.

      « Ce projet de loi est absolument aberrant. Au moment où il faudrait être beaucoup plus contraignant, on fait l’inverse », s’insurge Sébastien Barnes, élu EELV à la mairie de Marseille, au sein du collectif contre le projet MRS5.

      « Il faudrait une réglementation européenne, y compris fiscale, pour éviter la mise en concurrence des territoires. Taxer les infrastructures en fonction de leur volume de stockage pourrait être une solution », ajoute-t-il en invoquant l’Allemagne, qui veut écoconditionner leur installation.

      Ailleurs qu’à Marseille, des opposants demandent des comptes et obtiennent des premières victoires : en 2021, le préfet de l’Essonne a par exemple refusé l’agrément à un projet d’Amazon. Pour soigner leur image, les opérateurs des 250 data centers français se font parfois mécènes, comme Digital Realty avec le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem). Certains promettent par ailleurs d’étudier la possibilité de réutiliser la chaleur produite... alors que c’est un prérequis pour bénéficier des exonérations de TICFE.

      Pour Clément Marquet, chercheur à l’école des Mines de Paris, cela ne suffira pas : « Même si l’on accompagne ces projets au niveau environnemental et fiscal, et en planification urbaine, on est bien en dehors des limites planétaires. L’économie numérique est complètement hors-sol. » Mais elle occupe toujours plus de territoire.

  • AI tools consume up to 4 times more water than estimated

    A new report shows that artificial intelligence tools, including ChatGPT, are using up to four times more water than previously believed. This discovery raises concerns about the sustainability of #data_centers as AI continues to expand.

    Researchers from the University of California, Riverside found that processing 10 to 50 queries on AI chatbots can consume up to 2 liters of water, far exceeding the earlier estimate of half a liter (https://www.thetimes.com/uk/technology-uk/article/thirsty-chatgpt-uses-four-times-more-water-than-previously-thought-bc0pqsw). The increase is attributed to the intense cooling needs of data centers, where the servers generate significant heat.

    According to Microsoft, the energy and water demands of AI models are much higher than anticipated. Between 2023 and 2024, Google, Microsoft, and Meta have reported water usage increases of 17%, 22.5%, and 17% respectively, further highlighting the growing environmental footprint of AI.

    This is not just a U.S. issue. In the U.K., planned data centers are expected to consume as much water as a city the size of Liverpool. Meanwhile, in Ireland, data centers now account for 21% of the country’s electricity consumption.

    OpenAI CEO Sam Altman recently presented a proposal to the White House to build at least five massive data centers, with plans for unprecedented energy expansions. However, critics argue that the energy production process for AI remains inefficient, with 60% of resources wasted.

    While tech companies pledge to offset their water usage by 2030, critics warn that these efforts may not sufficiently address water scarcity in regions where AI data centers are located.

    https://san.com/cc/ai-tools-consume-up-to-4-times-more-water-than-estimated
    #eau #chatgpt #IA #AI #intelligence_artificielle #centre_de_données

    • AI programs consume large volumes of scarce water

      Every time you run a ChatGPT artificial intelligence query, you use up a little bit of an increasingly scarce resource: fresh water. Run some 20 to 50 queries and roughly a half liter, around 17 ounces, of fresh water from our overtaxed reservoirs is lost in the form of steam emissions.

      Such are the findings of a University of California, Riverside, study that for the first time estimated the water footprint from running artificial intelligence, or AI, queries that rely on the cloud computations done in racks of servers in warehouse-sized data processing centers.

      Google’s data centers in the U.S. alone consumed an estimated 12.7 billion liters of fresh water in 2021 to keep their servers cool — at a time when droughts are exacerbating climate change — Bourns College of Engineering researchers reported in the study, published online by the journal arXiv as a preprint. It is awaiting its peer review.

      Shoalei Ren, an associate professor of electrical and computer engineering and the corresponding author of the study, explained that data processing centers consume great volumes of water in two ways.

      First, these centers draw electricity from power plants that use large cooling towers that convert water into steam emitted into the atmosphere.

      Second, the hundreds of thousands of servers at the data centers must be kept cool as electricity moving through semiconductors continuously generates heat. This requires cooling systems that, like power plants, are typically connected to cooling towers that consume water by converting it into steam.

      “The cooling tower is an open loop, and that’s where the water will evaporate and remove the heat from the data center to the environment,” Ren said.

      Ren said it is important to address the water use from AI because it is fast-growing segment of computer processing demands.

      For example, a roughly two-week training for the GPT-3 AI program in Microsoft’s state-of-the-art U.S. data centers consumed about 700,000 liters of freshwater, about the same amount of water used in the manufacture of about 370 BMW cars or 320 Tesla electric vehicles, the paper said. The water consumption would have been tripled if training were done in Microsoft’s data centers in Asia, which are less efficient. Car manufacturing requires a series washing processes to remove paint particle and residues, among several other water uses.

      Ren and his co-authors — UCR graduate students Pengfei Li and Jianyi Yang, and Mohammad A. Islam of the University of Texas, Arlington — argue big tech should take responsibility and lead by example to reduce its water use.

      Fortunately, AI training has scheduling flexibilities. Unlike web search or YouTube streaming that must be processed immediately, AI training can be done at almost any time of the day. To avoid wasteful water usage, a simple and effective solution is training AI models during cooler hours, when less water is lost to evaporation, Ren said.

      “AI training is like a big very lawn and needs lots of water for cooling,” Ren said. “We don’t want to water our lawns during the noon, so let’s not water our AI (at) noon either.”

      This may conflict with carbon-efficient scheduling that particularly likes to follow the sun for clean solar energy. “We can’t shift cooler weather to noon, but we can store solar energy, use it later, and still be `green’,” Ren said.

      “It is truly a critical time to uncover and address the AI model’s secret water footprint amid the increasingly severe freshwater scarcity crisis, worsened extended droughts, and quickly aging public water infrastructure,” reads the paper, which is titled “Making AI Less ‘Thirsty:’ Uncovering and Addressing the Secret Water Footprint of AI Models.”

      https://news.ucr.edu/articles/2023/04/28/ai-programs-consume-large-volumes-scarce-water

  • Les data centers menacés d’obsolescence à cause de l’essor de l’IA
    https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/les-data-centers-menaces-d-obsolescence-a-cause-de-l-essor-de-l-ia-1007271

    Jusqu’à 80% des data centers seraient inadaptables aux besoins délirants de l’intelligence artificielle, alertent des acteurs du secteur. Pour tenter de répondre à la consommation insatiable des grands modèles d’OpenAI et Meta, ces infrastructures deviennent de plus en plus gigantesques, créant des tensions inédites sur le foncier, notamment à Marseille.

  • #Data_center emissions probably 662% higher than big tech claims. Can it keep up the ruse?

    Emissions from in-house data centers of #Google, #Microsoft, #Meta and #Apple may be 7.62 times higher than official tally.

    Big tech has made some big claims about greenhouse gas emissions in recent years. But as the rise of artificial intelligence creates ever bigger energy demands, it’s getting hard for the industry to hide the true costs of the data centers powering the tech revolution.

    According to a Guardian analysis, from 2020 to 2022 the real emissions from the “in-house” or company-owned data centers of Google, Microsoft, Meta and Apple are probably about 662% – or 7.62 times – higher than officially reported.

    Amazon is the largest emitter of the big five tech companies by a mile – the emissions of the second-largest emitter, Apple, were less than half of Amazon’s in 2022. However, Amazon has been kept out of the calculation above because its differing business model makes it difficult to isolate data center-specific emissions figures for the company.

    As energy demands for these data centers grow, many are worried that carbon emissions will, too. The International Energy Agency stated that data centers already accounted for 1% to 1.5% of global electricity consumption in 2022 – and that was before the AI boom began with ChatGPT’s launch at the end of that year.

    AI is far more energy-intensive on data centers than typical cloud-based applications. According to Goldman Sachs, a ChatGPT query needs nearly 10 times as much electricity to process as a Google search, and data center power demand will grow 160% by 2030. Goldman competitor Morgan Stanley’s research has made similar findings, projecting data center emissions globally to accumulate to 2.5bn metric tons of CO2 equivalent by 2030.

    In the meantime, all five tech companies have claimed carbon neutrality, though Google dropped the label last year as it stepped up its carbon accounting standards. Amazon is the most recent company to do so, claiming in July that it met its goal seven years early, and that it had implemented a gross emissions cut of 3%.

    “It’s down to creative accounting,” explained a representative from Amazon Employees for Climate Justice, an advocacy group composed of current Amazon employees who are dissatisfied with their employer’s action on climate. “Amazon – despite all the PR and propaganda that you’re seeing about their solar farms, about their electric vans – is expanding its fossil fuel use, whether it’s in data centers or whether it’s in diesel trucks.”
    A misguided metric

    The most important tools in this “creative accounting” when it comes to data centers are renewable energy certificates, or Recs. These are certificates that a company purchases to show it is buying renewable energy-generated electricity to match a portion of its electricity consumption – the catch, though, is that the renewable energy in question doesn’t need to be consumed by a company’s facilities. Rather, the site of production can be anywhere from one town over to an ocean away.

    Recs are used to calculate “market-based” emissions, or the official emissions figures used by the firms. When Recs and offsets are left out of the equation, we get “location-based emissions” – the actual emissions generated from the area where the data is being processed.

    The trend in those emissions is worrying. If these five companies were one country, the sum of their “location-based” emissions in 2022 would rank them as the 33rd highest-emitting country, behind the Philippines and above Algeria.

    Many data center industry experts also recognize that location-based metrics are more honest than the official, market-based numbers reported.

    “Location-based [accounting] gives an accurate picture of the emissions associated with the energy that’s actually being consumed to run the data center. And Uptime’s view is that it’s the right metric,” said Jay Dietrich, the research director of sustainability at Uptime Institute, a leading data center advisory and research organization.

    Nevertheless, Greenhouse Gas (GHG) Protocol, a carbon accounting oversight body, allows Recs to be used in official reporting, though the extent to which they should be allowed remains controversial between tech companies and has led to a lobbying battle over GHG Protocol’s rule-making process between two factions.

    On one side there is the Emissions First Partnership, spearheaded by Amazon and Meta. It aims to keep Recs in the accounting process regardless of their geographic origins. In practice, this is only a slightly looser interpretation of what GHG Protocol already permits.

    The opposing faction, headed by Google and Microsoft, argues that there needs to be time-based and location-based matching of renewable production and energy consumption for data centers. Google calls this its 24/7 goal, or its goal to have all of its facilities run on renewable energy 24 hours a day, seven days a week by 2030. Microsoft calls it its 100/100/0 goal, or its goal to have all its facilities running on 100% carbon-free energy 100% of the time, making zero carbon-based energy purchases by 2030.

    Google has already phased out its Rec use and Microsoft aims to do the same with low-quality “unbundled” (non location-specific) Recs by 2030.

    Academics and carbon management industry leaders alike are also against the GHG Protocol’s permissiveness on Recs. In an open letter from 2015, more than 50 such individuals argued that “it should be a bedrock principle of GHG accounting that no company be allowed to report a reduction in its GHG footprint for an action that results in no change in overall GHG emissions. Yet this is precisely what can happen under the guidance given the contractual/Rec-based reporting method.”

    To GHG Protocol’s credit, the organization does ask companies to report location-based figures alongside their Rec-based figures. Despite that, no company includes both location-based and market-based metrics for all three subcategories of emissions in the bodies of their annual environmental reports.

    In fact, location-based numbers are only directly reported (that is, not hidden in third-party assurance statements or in footnotes) by two companies – Google and Meta. And those two firms only include those figures for one subtype of emissions: scope 2, or the indirect emissions companies cause by purchasing energy from utilities and large-scale generators.
    In-house data centers

    Scope 2 is the category that includes the majority of the emissions that come from in-house data center operations, as it concerns the emissions associated with purchased energy – mainly, electricity.

    Data centers should also make up a majority of overall scope 2 emissions for each company except Amazon, given that the other sources of scope 2 emissions for these companies stem from the electricity consumed by firms’ offices and retail spaces – operations that are relatively small and not carbon-intensive. Amazon has one other carbon-intensive business vertical to account for in its scope 2 emissions: its warehouses and e-commerce logistics.

    For the firms that give data center-specific data – Meta and Microsoft – this holds true: data centers made up 100% of Meta’s market-based (official) scope 2 emissions and 97.4% of its location-based emissions. For Microsoft, those numbers were 97.4% and 95.6%, respectively.

    The huge differences in location-based and official scope 2 emissions numbers showcase just how carbon intensive data centers really are, and how deceptive firms’ official emissions numbers can be. Meta, for example, reports its official scope 2 emissions for 2022 as 273 metric tons CO2 equivalent – all of that attributable to data centers. Under the location-based accounting system, that number jumps to more than 3.8m metric tons of CO2 equivalent for data centers alone – a more than 19,000 times increase.

    A similar result can be seen with Microsoft. The firm reported its official data center-related emissions for 2022 as 280,782 metric tons CO2 equivalent. Under a location-based accounting method, that number jumps to 6.1m metric tons CO2 equivalent. That’s a nearly 22 times increase.

    While Meta’s reporting gap is more egregious, both firms’ location-based emissions are higher because they undercount their data center emissions specifically, with 97.4% of the gap between Meta’s location-based and official scope 2 number in 2022 being unreported data center-related emissions, and 95.55% of Microsoft’s.

    Specific data center-related emissions numbers aren’t available for the rest of the firms. However, given that Google and Apple have similar scope 2 business models to Meta and Microsoft, it is likely that the multiple on how much higher their location-based data center emissions are would be similar to the multiple on how much higher their overall location-based scope 2 emissions are.

    In total, the sum of location-based emissions in this category between 2020 and 2022 was at least 275% higher (or 3.75 times) than the sum of their official figures. Amazon did not provide the Guardian with location-based scope 2 figures for 2020 and 2021, so its official (and probably much lower) numbers were used for this calculation for those years.
    Third-party data centers

    Big tech companies also rent a large portion of their data center capacity from third-party data center operators (or “colocation” data centers). According to the Synergy Research Group, large tech companies (or “hyperscalers”) represented 37% of worldwide data center capacity in 2022, with half of that capacity coming through third-party contracts. While this group includes companies other than Google, Amazon, Meta, Microsoft and Apple, it gives an idea of the extent of these firms’ activities with third-party data centers.

    Those emissions should theoretically fall under scope 3, all emissions a firm is responsible for that can’t be attributed to the fuel or electricity it consumes.

    When it comes to a big tech firm’s operations, this would encapsulate everything from the manufacturing processes of the hardware it sells (like the iPhone or Kindle) to the emissions from employees’ cars during their commutes to the office.

    When it comes to data centers, scope 3 emissions include the carbon emitted from the construction of in-house data centers, as well as the carbon emitted during the manufacturing process of the equipment used inside those in-house data centers. It may also include those emissions as well as the electricity-related emissions of third-party data centers that are partnered with.

    However, whether or not these emissions are fully included in reports is almost impossible to prove. “Scope 3 emissions are hugely uncertain,” said Dietrich. “This area is a mess just in terms of accounting.”

    According to Dietrich, some third-party data center operators put their energy-related emissions in their own scope 2 reporting, so those who rent from them can put those emissions into their scope 3. Other third-party data center operators put energy-related emissions into their scope 3 emissions, expecting their tenants to report those emissions in their own scope 2 reporting.

    Additionally, all firms use market-based metrics for these scope 3 numbers, which means third-party data center emissions are also undercounted in official figures.

    Of the firms that report their location-based scope 3 emissions in the footnotes, only Apple has a large gap between its official scope 3 figure and its location-based scope 3 figure.

    This is the only sizable reporting gap for a firm that is not data center-related – the majority of Apple’s scope 3 gap is due to Recs being applied towards emissions associated with the manufacturing of hardware (such as the iPhone).

    Apple does not include transmission and distribution losses or third-party cloud contracts in its location-based scope 3. It only includes those figures in its market-based numbers, under which its third party cloud contracts report zero emissions (offset by Recs). Therefore in both of Apple’s total emissions figures – location-based and market-based – the actual emissions associated with their third party data center contracts are nowhere to be found.”

    .
    2025 and beyond

    Even though big tech hides these emissions, they are due to keep rising. Data centers’ electricity demand is projected to double by 2030 due to the additional load that artificial intelligence poses, according to the Electric Power Research Institute.

    Google and Microsoft both blamed AI for their recent upticks in market-based emissions.

    “The relative contribution of AI computing loads to Google’s data centers, as I understood it when I left [in 2022], was relatively modest,” said Chris Taylor, current CEO of utility storage firm Gridstor and former site lead for Google’s data center energy strategy unit. “Two years ago, [AI] was not the main thing that we were worried about, at least on the energy team.”

    Taylor explained that most of the growth that he saw in data centers while at Google was attributable to growth in Google Cloud, as most enterprises were moving their IT tasks to the firm’s cloud servers.

    Whether today’s power grids can withstand the growing energy demands of AI is uncertain. One industry leader – Marc Ganzi, the CEO of DigitalBridge, a private equity firm that owns two of the world’s largest third-party data center operators – has gone as far as to say that the data center sector may run out of power within the next two years.

    And as grid interconnection backlogs continue to pile up worldwide, it may be nearly impossible for even the most well intentioned of companies to get new renewable energy production capacity online in time to meet that demand.

    https://www.theguardian.com/technology/2024/sep/15/data-center-gas-emissions-tech
    #données #émissions #mensonge #ChatGPT #AI #IA #intelligence_artificielle #CO2 #émissions_de_CO2 #centre_de_données

    • AI’s emissions are about to skyrocket even further

      Data center emissions have tripled since 2018. As more complex AI models like OpenAI’s Sora see broad release, those figures will likely go through the roof.

      It’s no secret that the current AI boom is using up immense amounts of energy. Now we have a better idea of how much.

      A new paper, from teams at the Harvard T.H. Chan School of Public Health and UCLA Fielding School of Public Health, examined 2,132 data centers operating in the United States (78% of all facilities in the country). These facilities—essentially buildings filled to the brim with rows of servers—are where AI models get trained, and they also get “pinged” every time we send a request through models like ChatGPT. They require huge amounts of energy both to power the servers and to keep them cool.

      Since 2018, carbon emissions from data centers in the US have tripled. For the 12 months ending August 2024, data centers were responsible for 105 million metric tons of CO2, accounting for 2.18% of national emissions (for comparison, domestic commercial airlines are responsible for about 131 million metric tons). About 4.59% of all the energy used in the US goes toward data centers, a figure that’s doubled since 2018.

      It’s difficult to put a number on how much AI in particular, which has been booming since ChatGPT launched in November 2022, is responsible for this surge. That’s because data centers process lots of different types of data—in addition to training or pinging AI models, they do everything from hosting websites to storing your photos in the cloud. However, the researchers say, AI’s share is certainly growing rapidly as nearly every segment of the economy attempts to adopt the technology.

      “It’s a pretty big surge,” says Eric Gimon, a senior fellow at the think tank Energy Innovation, who was not involved in the research. “There’s a lot of breathless analysis about how quickly this exponential growth could go. But it’s still early days for the business in terms of figuring out efficiencies, or different kinds of chips.”

      Notably, the sources for all this power are particularly “dirty.” Since so many data centers are located in coal-producing regions, like Virginia, the “carbon intensity” of the energy they use is 48% higher than the national average. The paper, which was published on arXiv and has not yet been peer-reviewed, found that 95% of data centers in the US are built in places with sources of electricity that are dirtier than the national average.

      There are causes other than simply being located in coal country, says Falco Bargagli-Stoffi, an author of the paper and Assistant Professor at UCLA Fielding School of Public Health. “Dirtier energy is available throughout the entire day,” he says, and plenty of data centers require that to maintain peak operation 24-7. “Renewable energy, like wind or solar, might not be as available.” Political or tax incentives, and local pushback, can also affect where data centers get built.

      One key shift in AI right now means that the field’s emissions are soon likely to skyrocket. AI models are rapidly moving from fairly simple text generators like ChatGPT toward highly complex image, video, and music generators. Until now, many of these “multimodal” models have been stuck in the research phase, but that’s changing.

      OpenAI released its video generation model Sora to the public on December 9, and its website has been so flooded with traffic from people eager to test it out that it is still not functioning properly. Competing models, like Veo from Google and Movie Gen from Meta, have still not been released publicly, but if those companies follow OpenAI’s lead as they have in the past, they might be soon. Music generation models from Suno and Udio are growing (despite lawsuits), and Nvidia released its own audio generator last month. Google is working on its Astra project, which will be a video-AI companion that can converse with you about your surroundings in real time.

      “As we scale up to images and video, the data sizes increase exponentially,” says Gianluca Guidi, a PhD student in artificial intelligence at University of Pisa and IMT Lucca and visiting researcher at Harvard, who is the paper’s lead author. Combine that with wider adoption, he says, and emissions will soon jump.

      One of the goals of the researchers was to build a more reliable way to get snapshots of just how much energy data centers are using. That’s been a more complicated task than you might expect, given that the data is dispersed across a number of sources and agencies. They’ve now built a portal that shows data center emissions across the country. The long-term goal of the data pipeline is to inform future regulatory efforts to curb emissions from data centers, which are predicted to grow enormously in the coming years.

      “There’s going to be increased pressure, between the environmental and sustainability-conscious community and Big Tech,” says Francesca Dominici, director of the Harvard Data Science Initiative, Harvard Professor and another coauthor. “But my prediction is that there is not going to be regulation. Not in the next four years.”

      https://www.technologyreview.com/2024/12/13/1108719/ais-emissions-are-about-to-skyrocket-even-further

  • Extinction Rebellion Ireland warns new #Google data centre will be met with ’massive pushback’

    Extinction Rebellion Ireland (ERI) has warned that if a planned new Google Ireland #data_centre gets the planning go-ahead for south Dublin “it will be met with massive local and national pushback and action”.

    In an objection against the planned new data centre expansion by Google Ireland for Grange Castle Business Park in south Dublin, Emer Connolly of Extinction Rebellion Ireland has told the Council: “This expansion is a disaster for local communities, water shortages, transition to a more sustainable economy, and reaching our climate targets.

    Ms Connolly states that “if this planning goes through, it will be met with massive local and national pushback and action”.

    She said: “Environmental groups are watching closely and won’t let this go through easily.”

    In a separate submission, An Taisce has warned that planning for the data centre "would further compromise our ability to achieve compliance with our carbon budget limits and would put additional pressure on renewables capacity to deal with the significant additional power demand”.

    The scheme is the third phase of the Google Ireland data centre campus at Grange Castle Business Park and will involve the creation of 800 construction jobs and 50 jobs when operational.

    The new 72,400 square-metre data storage facility data centre will involve the construction of eight data halls on a 50 acre greenfield/brownfield site.

    However, in the eight-page submission, An Taisce’s Planning Officer, Sean O’Callaghan states that the proliferation of data infrastructure has largely gone unchecked, and data centres now consume 21 per cent of Ireland’s total metred electricity.

    He said that this is up from 5% in 2015 and represents more electricity use than all urban households in Ireland combined.

    Mr O’Callaghan has stated that the planned data centre will put great pressure on an already strained electricity grid in the Dublin region, particularly in light of the large number of existing and proposed data centres already in the area.

    Mr O’Callaghan stated that a projected increase of 0.44 per cent in national emissions from the project "is entirely incompatible with our obligations to reduce emissions”.

    Mr O’Callaghan states: "Also, we consider an increase in national emissions of almost half a percentage point as a result of one singular development to be very significant.”

    He said that granting development consent for the data centre, on its own terms and when considered cumulatively with the high concentration of other data centres, “would greatly risk Ireland’s ability to meet carbon budget and sectoral emissions ceiling obligations for the electricity sector”.

    Head of Policy at Friends of the Earth, Jerry MacEvilly has called on the Council to reject the planning application.

    Mr Mac Evilly states “our concern is that the proposed development would actively undermine the achievement of the state’s carbon budget programme”.

    Dr Colin Doyle has told the council that claims of commitment by Google and Google Ireland Ltd “to decarbonisation amount to greenwashing”.

    He said: “The claims are all based on purchase of renewable electricity. While these purchases can be reported in corporate Green House Gas (GHG) accounting systems, they do not mitigate or offset in any way the physical additional GHG emissions caused by Google’s activities in Ireland.”

    In a separate submission, Gino Kenny TD (People Before Profit Solidarity) along with party colleagues, Cllr Madeleine Johansson and Cllr Darragh Adelaide have told the council that the development “would have an adverse impact on the local community, the electricity grid and on Ireland’s carbon emissions”.

    Raising concerns about possible black-outs in the area from data centre development, the three state that “Grange Castle has seen a significant number of data storage developments, some of which have not yet started operating, and we would be extremely concerned about the capacity of the electricity grid at this time to cope with any further developments”.

    A decision is due on the application later this month.

    https://www.breakingnews.ie/ireland/extinction-rebellion-ireland-warns-google-data-centre-will-be-met-with-
    #Irlande #data_center #résistance #environnement #Grange_Castle_Business_Park #centre_de_données

  • #Saint-Denis va, elle aussi, tester la #vidéosurveillance_algorithmique

    La sous-préfecture, qui accueille le #village_olympique, le #Stade_de_France et le #Centre_aquatique_olympique, a discrètement acquis un logiciel de vidéosurveillance algorithmique. Sans appel d’offres, sans délibération du conseil municipal ni étude d’impact, et sans en avoir tenu informé le collège d’éthique de la vidéosurveillance.

    La ville de Saint-Denis a déboursé 118 000 euros pour acquérir un logiciel de vidéosurveillance algorithmique (#VSA) de la société #Two-i, révèle Mediapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/300724/en-catimini-saint-denis-achete-un-logiciel-de-surveillance-algorithmique).

    La loi #Jeux_olympiques autorise en effet, jusqu’en mars 2025, les polices nationale et municipales, la gendarmerie ainsi que les services de sécurité de la SNCF et de la RATP à coupler des #intelligences_artificielles (#IA) à des #caméras de « #vidéoprotection ». Cette #expérimentation se limite à huit situations prédéfinies, dont la présence d’objets abandonnés, un mouvement de foule, une densité de personnes trop importante ou le port d’une arme, lors d’événements sportifs et culturels.

    « Alors que, durant les #JO, ces algorithmes sont utilisés par la #RATP et la #SNCF dans plus de cinquante gares d’Île-de-France, Saint-Denis est l’une des premières municipalités à affirmer sa volonté d’y avoir recours », relève Mediapart.

    Pas de délibération au conseil municipal, ni contrat ni étude d’impact

    « Les JO ont motivé cet achat, notamment avec les flots de population qu’ils vont générer », précise à Mediapart la ville de Saint-Denis. Elle espère « que le #logiciel sera opérationnel pour les paralympiques, une fois que les agents y auront été formés ». Elle disposera alors de cinquante licences, qui pourront être couplées au même nombre de caméras.

    « Il n’y a eu aucune délibération du conseil municipal. Nous n’avons eu accès à aucune étude d’impact ni contrat », regrette de son côté Sophie Rigard. Élue de l’opposition, elle a appris l’existence de ce logiciel lors d’une réunion avec le directeur de la police municipale.

    Gwenaëlle Badufle-Douchez, adjointe à la sécurité, justifie de son côté l’absence d’appel d’offres par le fait que Saint-Denis avait acquis le logiciel via l’Union des groupements d’achats publics (Ugap), la centrale d’achat publique française.

    Membre du mouvement citoyen La Seine-Saint-Denis au cœur, mais aussi et surtout du collège d’éthique de la vidéosurveillance de Saint-Denis, Bakary Soukouna n’a pas non plus été sollicité. La Charte d’Éthique de la #vidéoprotection des #espaces_publics de la Ville de Saint-Denis précise pourtant qu’ « il est informé des projets en cours et à venir décidés par la Ville de Saint-Denis ».

    450 caméras ayant coûté 6,7 millions d’euros en 4 ans

    Le maire socialiste de Saint-Denis, #Mathieu_Hanotin, qui a « fortement développé l’usage des caméras », souligne Mediapart, s’est de son côté voulu rassurant. Il a évoqué une vidéosurveillance « dont l’#efficacité ne fait plus débat ».

    « Selon le dernier rapport d’orientation budgétaire de Saint-Denis, la ville a dépensé, entre 2020 et 2024, 6,7 millions d’euros dans la vidéosurveillance, portant le nombre de caméras dans la ville à 450 », rapporte Mediapart

    La ville dénombrait 230 caméras en 2023. Le 11 juillet dernier, son conseil municipal adoptait, à l’unanimité des 51 membres présents ou représentés, une demande de #subvention (.pdf) de 318 354 euros au #Fonds_Interministériel_de_Prévention_de_la_Délinquance (#FIPD) au titre de l’année 2024. La délibération précise que ce montant correspond à 50 % des 636 708 euros qu’elle prévoit de dépenser cette année en matière de « vidéoprotection ».

    De la « #détection_d’émotions » à la « #sécurité_préventive »

    Sur son site web, Two-i se présente comme « une plateforme d’analyse vidéo exhaustive » qui permet la mise en place de « mesures de #sécurité et de #sûreté préventives », et « apporte de la valeur à vos investissements en sécurité en transformant vos vidéos en données actionnables, traçables et pertinentes ».

    « En cas de survenue d’événements imprévisibles », Two-i propose aussi une solution de traitement d’images et d’analyse qui « optimise le temps passé à revoir et inspecter des vidéos issues des caméras de surveillance ».

    Dans son rapport sur la VSA, La Quadrature du Net relève que Two-I s’était d’abord lancée dans la « détection d’émotions », qu’elle avait expérimentée dans des gendarmeries et tenté d’utiliser dans les tramways niçois. Elle avait ensuite testé la reconnaissance faciale sur des supporters de football à Metz, avant de se concentrer sur des applications moins sensibles comme du comptage statistique en matière de « villes intelligentes ».

    Le site Technopolice, émanation de La Quadrature du Net, rappelle que Two-I s’était aussi fait connaître, dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, en proposant d’identifier le non-respect des règles de distanciation sociale entre personnes.

    La start-up avait aussi été sélectionnée lors d’un appel d’offre en prévision des Jeux olympiques avec la « solution mobile de #contrôle_des_foules » #Mobil_Security de #BEHM. Censée permettre d’effectuer des contrôles sécurité « sans contact », elle visait à « contrôler 1 500 personnes à l’heure avec 4 agents » :

    « En intégrant la solution d’analyse vidéo de Two-i, qui détecte à l’avance les sacs, les personnes à mobilité réduite et les individus/véhicules non autorisés (…), les agents de sécurité disposent d’un outil puissant pour orienter proactivement le contrôle d’accès des foules. »

    https://next.ink/145459/saint-denis-va-elle-aussi-tester-la-videosurveillance-algorithmique
    #algorithme #vidéosurveillance #France #test #coût #budget

  • #Wauquiez veut surveiller les #trains et #lycées régionaux avec l’#intelligence_artificielle

    #Laurent_Wauquiez a fait voter le déploiement de la #vidéosurveillance_algorithmique dans tous les lycées et trains d’#Auvergne-Rhône-Alpes, profitant de l’#expérimentation accordée aux #Jeux_olympiques de Paris.

    Laurent Wauquiez savoure. « Nous avions pris position sur la vidéosurveillance pendant la campagne des régionales. Depuis, les esprits ont bougé », sourit le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en référence à l’expérimentation de la #vidéosurveillance algorithmique (#VSA) accordée dans le cadre des Jeux olympiques de Paris. Surfant sur l’opportunité, il a fait voter jeudi 21 mars en Conseil régional sa propre expérimentation de vidéosurveillance « intelligente » des lycées et des trains d’Auvergne-Rhône-Alpes.

    L’ancien patron des Républicains (LR) justifie cette avancée technosécuritaire par l’assassinat du professeur #Dominique_Bernard dans un lycée d’Arras en octobre. Pour l’élu, cette tragédie « confirme la nécessité de renforcer la #sécurité des lycées ».

    Reste que cette expérimentation n’est pour l’instant pas légale. Laurent Wauquiez va demander au Premier ministre, Gabriel Attal, la permission d’élargir la loi pour couvrir les lycées et les transports régionaux. « L’expérimentation des JO est faite pour tester ce qui sera appliqué. Il faut en profiter », défend Renaud Pfeffer, vice-président délégué à la sécurité de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

    Selon la délibération votée par le Conseil régional, cette #technologie qui combine vidéosurveillance et intelligence artificielle peut détecter huit types d’événements prédéterminés : « le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante, un colis abandonné. » Les événements sont ensuite vérifiés par un agent, qui décide des mesures à prendre.

    L’expérimentation doit durer deux ans

    L’exécutif régional promet d’utiliser cette vidéosurveillance algorithmique « sans mettre en œuvre de reconnaissance faciale, ni d’identification de données biométriques [qui permettent d’identifier une personne]. » « On est sur du situationnel, pas sur de l’individu », insiste #Renaud_Pfeffer. Des promesses auxquelles ne croit pas Marne Strazielle, directrice de la communication de l’association de défense des droits et libertés sur internet La Quadrature du net. « En réalité, l’#algorithme identifie des actions qui peuvent être rattachées à son auteur », insiste-t-elle.

    Cette expérimentation est programmée pour durer deux ans dans les trains, #gares, lycées et #cars_scolaires. Les flux vidéos seront examinés au #Centre_régional_de_surveillance_des_transports (#CRST) aménagé en gare de Lyon Part-Dieu. « Les caméras sont prêtes », assure Renaud Pfeffer. Depuis son arrivée à la tête de la Région en 2016, Laurent Wauquiez l’a généreusement équipée en vidéosurveillance : 129 gares sont surveillées par 2 300 caméras, dont les images sont visionnées en temps réel au CRST. 285 lycées, 750 cars et la totalité des rames ferroviaires sont également équipés.

    « L’illusion d’avoir une approche pratique de l’insécurité »

    Pour défendre son projet, l’exécutif régional s’appuie sur la loi du 19 mai 2023, adoptée pour les Jeux olympiques de Paris et qui autorise l’expérimentation à grande échelle de la VSA par la police nationale jusqu’au 31 mars 2025. « On n’a le droit à la sécurité que pendant les Jeux olympiques et que à Paris ? On ne peut pas tester [la VSA] pour nos enfants, contre les problèmes de drogue ? », s’offusque Laurent Wauquiez.

    « Cette technologie permet aux décideurs politiques d’offrir l’illusion d’avoir une approche pratique de l’insécurité car ils mettent en place un dispositif, dénonce Marne Strazielle. Mais ce n’est pas parce qu’on enregistre et détecte une action dans l’espace public qu’elle va moins se produire. Souvent, cela ne fait que déplacer le problème. Il faut faire le travail de comprendre pourquoi elle s’est produite et comment la réduire. »

    La #Commission_nationale_de_l’informatique_et_des_libertés (#Cnil), qui n’a pas été consultée par l’équipe de Laurent Wauquiez, rappelle à Reporterre sa position de principe, qui « considère que la mise en œuvre de caméras augmentées conduit fréquemment à limiter les droits des personnes filmées ». Pour l’autorité administrative indépendante, « le déploiement de ces dispositifs dans les espaces publics, où s’exercent de nombreuses libertés individuelles (liberté d’aller et venir, d’expression, de réunion, droit de manifester, liberté de culte, etc.), présente incontestablement des risques pour les droits et libertés fondamentaux des personnes et la préservation de leur anonymat ».

    https://reporterre.net/Wauquiez-veut-surveiller-les-trains-et-lycees-regionaux-avec-l-intellige
    #surveillance #IA #AI #France #JO #JO_2024

    • La région #AURA vote le déploiement de la VSA dans les gares et les lycées

      Il en rêvait, il l’a fait. Un article de Reporterre nous apprend que Laurent Wauquiez a fait voter jeudi 21 mars en Conseil régional, le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique dans tous les lycées et trains d’Auvergne-Rhône-Alpes, profitant de l’expérimentation accordée aux Jeux olympiques de Paris.

      Actuellement 129 gares seraient surveillées par 2 300 caméras, dont les images sont visionnées en temps réel au CRST. 285 lycées, 750 cars et la totalité des rames ferroviaires seraient également équipés.

      Selon la délibération votée par le Conseil régional, l’équipement de ces caméras avec la vidéosurveillance automatisée pourra détecter huit types d’événements prédéterminés : « le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante, un colis abandonné. ». Les événements seront ensuite vérifiés par un agent, qui décidera des mesures à prendre.

      L’exécutif régional promet d’utiliser cette vidéosurveillance algorithmique « sans mettre en œuvre de reconnaissance faciale, ni d’identification de données biométriques [qui permettent d’identifier une personne]. » Cependant, comme l’a très bien démontré la Quadrature du Net, la VSA implique nécessairement une identification biométrique.

      La VSA et la reconnaissance faciale reposent sur les mêmes algorithmes d’analyse d’images, la seule différence est que la première isole et reconnaît des corps, des mouvements ou des objets, lorsque la seconde détecte un visage.

      La VSA est capable de s’intéresser à des « événements » (déplacements rapides, altercations, immobilité prolongée) ou aux traits distinctifs des personnes : une silhouette, un habillement, une démarche, grâce à quoi ils peuvent isoler une personne au sein d’une foule et la suivre tout le long de son déplacement dans la ville. La VSA identifie et analyse donc en permanence des données biométriques.

      « En réalité, l’algorithme identifie des actions qui peuvent être rattachées à son auteur » (Marne Strazielle, directrice de la communication de La Quadrature du net.)

      Ce sont généralement les mêmes entreprises qui développent ces deux technologies. Par exemple, la start-up française Two-I s’est d’abord lancé dans la détection d’émotion, a voulu la tester dans les tramways niçois, avant d’expérimenter la reconnaissance faciale sur des supporters de football à Metz. Finalement, l’entreprise semble se concentrer sur la VSA et en vendre à plusieurs communes de France. La VSA est une technologie biométrique intrinsèquement dangereuse, l’accepter c’est ouvrir la voie aux pires outils de surveillance.
      "Loi J.O. : refusons la surveillance biométrique", La Quadrature du Net

      Cela fait longtemps que M. Wauquiez projette d’équiper massivement cars scolaires et inter-urbains, gares et TER d’Auvergne-Rhône-Alpes en caméras et de connecter le tout à la reconnaissance faciale.

      En juin 2023, nous avions déjà sorti un article sur le sujet, au moment de la signature d’une convention entre la région Auvergne Rhône Alpes, le préfet et la SNCF, autorisant le transfert aux forces de sécurité, des images des caméras de vidéosurveillance de 129 gares sur les quelque 350 que compte la région AURA.

      Depuis fin 2023, il demande également d’utiliser à titre expérimental des "logiciels de reconnaissance faciale" aux abords des lycées pour pouvoir identifier des personnes "suivies pour radicalisation terroriste".

      Une mesure qui a déjà été reconnue comme illégale par la justice, comme l’a rappelé le media Reporterre. En 2019 un projet de mise en place de portiques de reconnaissance faciale à l’entrée de lycées à Nice et Marseille avait été contesté par La Quadrature du net et la LDH. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), qui avait déjà formulé des recommandations, a rendu à l’époque un avis qui jugeait le dispositif pas nécessaire et disproportionné.

      Mais cela qui n’arrêtera Laurent Wauquiez, celui-ci a déclaré qu’il allait demander au Premier ministre, Gabriel Attal, la permission d’élargir la loi pour couvrir les lycées et les transports régionaux...

      La CNIL, qui n’a pas été consultée par l’équipe de Laurent Wauquiez, a rappelé à Reporterre sa position de principe, qui « considère que la mise en œuvre de caméras augmentées conduit fréquemment à limiter les droits des personnes filmées ».

      Pour elle, « le déploiement de ces dispositifs dans les espaces publics, où s’exercent de nombreuses libertés individuelles (liberté d’aller et venir, d’expression, de réunion, droit de manifester, liberté de culte, etc.), présente incontestablement des risques pour les droits et libertés fondamentaux des personnes et la préservation de leur anonymat ».

      Des dizaines d’organisations, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont adressé une lettre publique aux députés, les alertant sur le fait que les nouvelles dispositions créent un précédent inquiétant de surveillance injustifiée et disproportionnée dans les espaces publics, et menacent les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la liberté de réunion et d’association, et le droit à la non-discrimination.

      Résistons à la #VSA et à la technopolice !


      https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=5351

  • Réadmission des migrants venant d’Europe : #Soueisssya, ciblée pour un centre de transit ?

    Mine de rien, les autorités mauritaniennes et européennes seraient avancées dans leur projet de « #partenariat_renforcé » dans la lutte contre l’immigration clandestine entre les deux rives. Malgré la levée du ton de l’Opposition, le projet commun est déjà -si l’on en croit des sources autorisées- bien lancé. Le dernier déplacement conjoint de la présidente de la commission européenne, Urusla Van Der Leyen, et du premier Ministre espagnol, Pedro Sanchez, attesterait de l’importance de la question pour les deux parties.
    Les discussions entre les deux parties, entamées de plus plusieurs mois, auraient même déjà identifiée la zone de Soueissiya, 60 km de notre capitale économique, sur la route de Nouakchott, pour élire le futur centre de rétention des immigrés interceptés en haute mer.
    Pour ce faire, un autre accord de statut pour les forces du Frontex devrait permettre aux gardes-frontières européens de patrouiller, avec les garde-côtes mauritaniens, pour intercepter les candidats à l’immigration clandestine.
    Ces derniers qui voient les filets se resserrer sur eux pourraient donc être interceptés et renvoyés vers ce centre de reflux où ils devraient être recueillis dans l’optique de les faire retourner chez eux. En plus de soutien sonnant et trébuchant, l’UE aurait également accéder à des demandes locales pour la construction de tronçons routiers entre Boulenouar, 98km, et Tmeimichatt, 319 km sur la voie ferrée. Le projet de centre en lui-même sera bien équipé et gardé. Rien n’a été donc jusqu’à présent scellé. La date butoir du 7 mars 2024 où séjournera une Haute délégation de l’UE à Nouakchott permettra d’entrevoir plus de transparence, peut-être, dans ce dossier qui fait couler beaucoup d’encre. Il aidera, en tout cas, à estomper les supputations qui vont bon train sur cette délicate question.
    Si officiellement on évoque l’enveloppe de 210 millions d’euros, d’ici la fin de l’année, l’investissement européen, pour convaincre la partie mauritanienne, est estimé à quelques 522 millions d’euros.
    Néanmoins, les autorités mauritaniennes dénient tout accord avec l’UE permettant de recaser sur leur territoire d’immigrés chassés d’Europe. La perspective de renvoi d’immigrés, en majorité africains, serait pour le moins imprudente au moment où la Mauritanie tient les brides de l’UA.

    https://ladepeche.mr/?p=8575
    #externalisation #migrations #asile #réfugiés #Mauritanie #accord #partenariat #Europe #UE #EU #centre_de_transit #centre_de_rétention #rétention #détention_administrative #Frontex

    • La Mauritania diventerà un centro di accoglienza per i migranti espulsi dall’Europa?

      Il 7 marzo è previsto un nuovo incontro congiunto tra l’Ue, la Spagna e lo Stato africano

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      La Mauritania diventerà un centro di accoglienza per i migranti espulsi dall’Europa?

      Il 7 marzo è previsto un nuovo incontro congiunto tra l’Ue, la Spagna e lo Stato africano
      Nagi Cheikh Ahmed
      6 Marzo 2024

      La Mauritania è un paese situato nell’angolo nord-occidentale del continente africano e affacciato sull’oceano Atlantico: questa sua posizione è strategica ed estremamente importante per le persone migranti che cercano di raggiungere il continente europeo e l’arcipelago spagnolo delle Canarie. Negli ultimi anni, infatti, il paese ha registrato un significativo aumento del numero di migranti che lo attraversano nel tentativo di raggiungere le isole spagnole e altri paesi dell’Unione Europea. Le stime indicano che questo aumento potrebbe essere il risultato del rafforzamento delle misure contro le migrazioni nei paesi limitrofi che portano a deviare le rotte verso nuovi percorsi, rendendo la Mauritania un luogo di transito sempre più “attraente” per raggiungere l’Europa.

      È in questo contesto che la Spagna e lo Stato africano stanno avanzando nella costruzione di una forte partnership per combattere l’immigrazione irregolare e rafforzare la sicurezza dei confini attraverso una serie di misure e azioni. Questi sforzi includono la cooperazione nello scambio di informazioni di intelligence, la formazione delle forze di sicurezza e della guardia nazionale, nonché il rafforzamento del controllo delle frontiere e un supporto operativo per lo sviluppo di capacità nell’affrontare tale fenomeno. Secondo i dati spagnoli, l’83% dei migranti che attualmente arrivano alle isole Canarie sono transitati dalla Mauritania.
      I migranti come strumento di pressione e ricatto

      Di fronte alle crescenti tensioni attorno le questioni migratorie, i Paesi europei cercano di trovare “soluzioni” che garantiscano una riduzione del flusso di migranti verso i loro confini. È quella che viene definita la politica di esternalizzazione delle frontiere, ossia una politica di “estensione” dei confini per impedire ai migranti di raggiungere o avvicinarsi al loro territorio, attraverso accordi con diversi Paesi africani considerati punti di transito potenziali per i migranti africani. L’accordo contro l’immigrazione tra la Spagna e la Mauritania è un altro esempio evidente di come i Paesi europei sfruttino le necessità finanziarie dei paesi poveri. Questo accordo che si basa su sforzi congiunti per la lotta all’immigrazione, riflette chiaramente la dinamica tra la necessità di sicurezza europea e la necessità finanziaria dei paesi africani, sollevando controversie sul costo umano che viene pagato in questo processo.

      Nella politica internazionale contemporanea, l’immigrazione emerge come una delle questioni più controverse e complesse, specialmente quando viene utilizzata come strumento di pressione nelle negoziazioni politiche ed economiche. La Turchia, con la sua posizione geografica unica tra l’Europa e il Medio Oriente, ha utilizzato abilmente l’immigrazione nelle sue negoziazioni con l’Unione Europea. L’accordo del 2016 è stato un punto di svolta, in cui l’Unione Europea ha accettato di pagare miliardi di euro ad Ankara in cambio del controllo del flusso di rifugiati verso l’Europa. Questo accordo ha dimostrato come i paesi possano sfruttare le crisi migratorie per rafforzare le loro posizioni economiche e politiche.

      Come la Turchia, anche il Marocco ha sfruttato la sua posizione come principale porta d’accesso all’Europa per ottenere concessioni finanziarie e commerciali dalla Spagna e dall’Unione Europea, e persino posizioni politiche nel suo conflitto con il Fronte Polisario. Controllando i flussi migratori, il Marocco ha rafforzato la sua posizione come partner chiave dell’Unione Europea nella lotta contro l’immigrazione irregolare, migliorando così le sue relazioni economiche e politiche con l’Europa.

      Oltre a Turchia e Marocco, il comportamento di Russia e Bielorussia emerge come un esempio evidente di sfruttamento delle questioni migratorie per il ricatto politico contro l’Unione Europea. Questi due paesi hanno facilitato l’accesso dei migranti ai confini orientali europei, creando una crisi migratoria artificiale mirata a esercitare pressione politica ed economica. La Bielorussia, sotto la guida di Alexander Lukashenko, ha utilizzato l’immigrazione come mezzo per rispondere alle sanzioni europee imposte contro di essa. Facilitando il passaggio dei migranti verso Lituania, Lettonia e Polonia, la Bielorussia ha cercato di creare problemi di sicurezza e umanitari all’Unione Europea, costringendola a rinegoziare i termini delle sanzioni e le relazioni diplomatiche.

      Anche la Mauritania vuole partecipare

      Considerati i numerosi accordi bilaterali sottoscritti negli ultimi anni, anche il governo mauritano cerca opportunità per trarre vantaggio da questa situazione ottenendo guadagni politici e finanziari. Pertanto, l’uso dei migranti come strumento di ricatto riflette una strategia che consente alla Mauritania di richiedere più supporto e assistenza dall’Unione Europea in cambio della sua cooperazione nella lotta contro l’immigrazione irregolare e l’arresto del flusso di migranti. La Mauritania, che trova difficoltà nel controllare i suoi vasti confini, potrebbe tollerare l’ingresso dei migranti nel suo territorio, al fine di accumularne un gran numero per dimostrare la sua necessità di fronte all’Europa e quindi ottenere supporto e assistenza finanziaria, ignorando tutti i rischi che tali politiche potrebbero comportare per un paese già fragile con una infrastruttura carente, trascurando i diritti di migliaia di migranti.

      Il governo nega, ma i documenti confermano

      L’accordo stipulato tra la Mauritania e l’Unione Europea per combattere il fenomeno dell’immigrazione irregolare ha sollevato polemiche a livello locale, considerato come un “accordo” tra le due parti per insediare i migranti sul territorio mauritano in cambio di un pacchetto di aiuti finanziari, cosa che le autorità negano. Alcuni media indipendenti hanno riportato l’intenzione dell’Unione Europea di offrire subito 220 milioni di euro di aiuto alla Mauritania: questa proposta è emersa durante un incontro tenutosi giovedì 8 febbraio nella capitale Nouakchott, tra la presidente della Commissione Europea Ursula von der Leyen, il primo ministro spagnolo Pedro Sánchez e il presidente mauritano Mohamed Ould Ghazouani.

      Il Ministero dell’Interno mauritano ha negato ciò, affermando che la Mauritania “non sarà una patria alternativa per i migranti irregolari“, confermando al contempo di aver avviato negoziazioni preliminari con l’Unione Europea “su una bozza di dichiarazione congiunta relativa all’immigrazione, in linea con la roadmap discussa tra le parti a Bruxelles l’11 dicembre 2023“. Il ministero ha aggiunto in una dichiarazione che “le negoziazioni tra le parti rimarranno aperte, al fine di raggiungere un’intesa comune che serva gli interessi di entrambe le parti in materia di immigrazione legale e lotta contro l’immigrazione irregolare, tenendo conto delle sfide che la Mauritania affronta in questo campo, lontano da ciò che alcuni promuovono riguardo l’ipotesi di insediare i migranti irregolari in Mauritania”.

      Il ministero ha negato con enfasi qualsiasi ipotesi di accordo che punti a rendere la Mauritania un luogo dove insediare, accogliere o ospitare temporaneamente migranti stranieri irregolari, affermando che queste voci sono completamente infondate e che questo argomento non è stato affatto discusso, non è all’ordine del giorno e non è assolutamente contemplato. Il ministero ha dichiarato che gli incontri tra le parti hanno discusso la bozza del documento, allo scopo di “avvicinare i punti di vista riguardo ciò che stabilisce un accordo equilibrato e giusto che garantisca il rispetto della sovranità e degli interessi comuni di entrambe le parti, e sia in linea con le convenzioni e le leggi internazionali in materia di immigrazione“.

      Il ministero ha sottolineato che gli incontri continueranno a esaminare e analizzare i termini del documento, incluso ciò che sarà discusso durante l’incontro previsto tra la Mauritania e l’Unione Europea che si terrà nuovamente a Nouakchott giovedì 7 marzo. Tuttavia, il documento ottenuto dai media, relativo al verbale di discussione tra una delegazione mauritana e l’Unione Europea a Bruxelles il 9 febbraio 2024, mostra nei suoi termini l’accettazione della Mauritania di accogliere i rifugiati e i migranti espulsi dall’Europa, al fine di assisterli nella loro integrazione e “facilitare” la loro vita.

      Il documento non parla chiaramente dell’accoglimento da parte della Mauritania di re-insediare in modo permanente i migranti espulsi dagli Stati dell’Ue sul suo territorio, ma c’è un punto che rivela senza ambiguità la sua disponibilità ad accogliere i migranti espulsi dall’Europa, in assenza totale di qualsiasi meccanismo specifico per il successivo rimpatrio nei loro paesi d’origine.

      Questa estrema ambiguità getta diversi dubbi sulla serietà delle misure adottate, specialmente quando si considerano le enormi difficoltà che anche i paesi europei, con le loro vastissime risorse, incontrano nell’identificare i migranti che spesso sono senza documenti. Sembra che la soluzione europea si limiti a liberarsi del problema, rimpatriando i migranti in Mauritania senza considerare il loro destino successivo, il che significa che alla fine rimarranno in Mauritania a tempo indeterminato.

      Questo approccio ignora deliberatamente le cause profonde dell’immigrazione, come i cambiamenti climatici, i conflitti e le violazioni dei diritti umani, che spingono le persone a rischiare la vita in cerca di una loro sicurezza e di una possibilità di vita dignitosa. Concentrandosi esclusivamente sulla deportazione, l’Unione Europea dimostra una certa indifferenza verso la sofferenza delle persone più vulnerabili, ignorando così gli obblighi internazionali relativi alla protezione dei rifugiati e ai diritti umani, che garantiscono il diritto delle persone a presentare domande di protezione internazionale basate sulle loro storie personali e a dare loro tempo sufficiente per elaborare le richieste di protezione e asilo.

      D’altra parte, la firma di tali accordi con la Mauritania solleva serie domande sulla situazione della sicurezza e dei diritti umani nel paese. La disponibilità ad accettare questi migranti senza misure chiare per proteggerli o rispettare i loro diritti trascura gravemente l’assenza di tutele civili e sociali, a causa del pessimo record della Mauritania in materia di diritti umani.

      «Le relazioni internazionali sul Paese mettono in luce violazioni continue che includono schiavitù, discriminazione, detenzione arbitraria e repressione della libertà di espressione.»

      Ad esempio, lunedì 4 marzo 2024 in Mauritania è iniziato il processo contro due giovani. Una ragazza di 19 anni è stata arrestata lo scorso luglio e la pubblica accusa le ha imputato il “reato di derisione e insulto al Profeta Maometto“, chiedendo la sua incarcerazione. È inoltre accusata di utilizzare i social media per offendere l’Islam, reati per cui il codice penale mauritano prevede la pena di morte. L’altro giovane è un mauritano che aveva abbracciato il cristianesimo da tempo e viveva in Germania, dove aveva chiesto protezione, ma le autorità tedesche non hanno riconosciuto la sua richiesta e lo hanno deportato in Mauritania, dove è stato arrestato immediatamente all’arrivo in aeroporto ed è in carcere da mesi. In questo momento, c’è una grande carenza di informazioni sul loro stato di salute fisico e psicologico. Le autorità stanno facendo pressione per oscurare il processo e non parlare di queste vicende, il tutto si svolge in un’atmosfera cupa. Questi due casi sono anche esemplificativi dei seri dubbi sulla volontà della Mauritania di fornire protezione ai migranti e ai rifugiati rimpatriati.

      Inoltre, l’assenza di legislazione specifica per regolare lo status di rifugiati e migranti in Mauritania complica la possibilità di garantire efficacemente i diritti di queste categorie. Senza un quadro legale chiaro che regoli le procedure di asilo e immigrazione, e garantisca la protezione necessaria, rifugiati e migranti rimangono in una posizione legale precaria, esposti a rischi e senza diritti tangibili.

      Il fatto che l’Europa firmi tali accordi ignorando la realtà in Mauritania costituisce una chiara violazione dei trattati internazionali che proibiscono il trasferimento di migranti in paesi dove potrebbero affrontare il rischio di incarcerazione o discriminazione, e subire trattamenti inumani e degradanti. Questo accordo, per gli esperti del diritto, contraddice esplicitamente perfino gli approcci di sicurezza adottati dall’Europa nel settembre 2015, quando la Commissione Europea ha proposto un progetto per creare una lista comune dei “paesi di origine e transito sicuri“, dove i richiedenti asilo che passano attraverso il paese indicato potrebbero essere rimpatriati. Paesi considerati appunto “sicuri” in quanto le procedure relative alle loro richieste di asilo dovrebbero essere in linea con gli standard del diritto internazionale ed europeo sui rifugiati. Tuttavia, l’Unione Europea non ha incluso la Mauritania in questa lista dei paesi sicuri. Quindi, come può l’Europa firmare tali accordi con un paese che non considera sicuro?
      Verso un nuovo orizzonte

      L’incontro congiunto di giovedì 7 marzo nella capitale Nouakchott deve essere considerato come un momento cruciale che richiede una profonda riflessione e una revisione delle basi e dei principi su cui si fondano tali accordi. Entrambe le parti dovrebbero guardare con occhi critici alle esperienze passate, valutando i risultati e gli impatti reali delle politiche adottate sui diritti umani e sulla dignità dei migranti e dei rifugiati.

      C’è un bisogno urgente di adottare un approccio più inclusivo e umano nel trattare le questioni dell’immigrazione, un approccio che vada oltre le misure di sicurezza e restrittive per includere le dimensioni sociali e umane. Questo approccio dovrebbe concentrarsi sul diritto e sulla libertà dell’individuo di muoversi e migrare, piuttosto che limitarsi alla semplice gestione dei flussi migratori o tutt’al più a deviare i tragitti da un paese all’altro.

      È anche essenziale rafforzare i meccanismi di trasparenza e responsabilità nell’attuazione e nel monitoraggio degli accordi. L’Unione Europea e la Mauritania devono garantire che le politiche sull’immigrazione siano conformi agli obblighi internazionali e rispettino i diritti umani e la dignità di tutte le persone. La cooperazione internazionale in materia di immigrazione non dovrebbe portare a minare questi diritti o ignorare le difficili condizioni umane affrontate da migranti e rifugiati.

      È richiesto inoltre che la Mauritania lavori per migliorare il suo approccio sui diritti umani e rafforzare la protezione per migranti e rifugiati sul suo territorio. Ciò dovrebbe includere la riforma delle leggi e delle pratiche che permettono l’arresto arbitrario e la discriminazione, e fornire meccanismi efficaci per il ricorso e la protezione legale degli individui.

      Dall’altro lato, spetta all’Unione Europea non solo fornire supporto finanziario e tecnico, ma anche lavorare con la Mauritania e altri paesi partner per sviluppare politiche sull’immigrazione giuste ed eque, che rispettino i diritti e la dignità umana di tutte le persone, indipendentemente dal loro status migratorio.

      La sfida che l’Unione Europea e la Mauritania devono affrontare non è solo rinnovare questi accordi, ma reinventarli in modo che realizzino sicurezza e stabilità e, allo stesso tempo, rispettino i diritti umani e promuovano lo sviluppo sostenibile e inclusivo.

      Questo incontro congiunto a Nouakchott dovrebbe essere un’opportunità per presentare una nuova visione della cooperazione in materia di immigrazione, una visione basata sulla responsabilità condivisa, solidarietà e rispetto reciproco. Infine, l’obiettivo dovrebbe essere costruire un futuro in cui le persone possano vivere con dignità e sicurezza nei loro paesi, o scegliere di migrare come un diritto e non come una necessità imposta dalla disperazione.

      https://www.meltingpot.org/2024/03/la-mauritania-diventera-un-centro-di-accoglienza-per-i-migranti-espulsi-

    • Migration : petit à petit, l’UE verrouille des accords fragiles avec les pays tiers

      Ce jeudi, la secrétaire d’Etat de Moor, accompagne la commissaire européenne aux Affaires intérieures à Nouakchott pour signer un mémorandum d’accord migratoire avec la Mauritanie. Après la Turquie, la Libye, et la Tunisie récemment, ces accords se multiplient autant que les critiques qui les entourent.

      Ce dimanche, partis de Mauritanie, six migrants voulant rallier l’Europe ont péri dans leur traversée. 65 autres personnes, également à bord de leur pirogue, sont toujours portées disparues. En 2023, plus de 40.000 personnes ont risqué leur vie dans l’Atlantique – près de 1.000 en sont mortes – en voulant rejoindre l’Espagne via les îles Canaries au départ de l’Afrique de l’Ouest. Une hausse sans précédent (+ 160 % par rapport à 2022) que les autorités locales ont du mal à gérer. C’est dans ce contexte que la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, le ministre de l’Intérieur espagnol Fernando Grande-Marlaska et notre secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Nicole de Moor se rendent à Nouakchott ce jeudi afin de signer un mémorandum d’accord avec la Mauritanie.

      Ce protocole d’accord s’inscrit dans la lignée de celui, polémique, conclu en juillet dernier avec la Tunisie. Avec ces « partenariats stratégiques mutuellement bénéficiaires », la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen entend « combattre la migration irrégulière à la racine et travailler mieux avec des pays partenaires », c’est-à-dire ceux où les migrants embarquent ou prennent la route pour l’UE. L’idée est que les pays de départ ou de transit bloquent l’arrivée de migrants vers les côtes européennes et réadmettent leurs citoyens en séjour illégal dans l’UE en échange d’investissements ou de coups de pouce économiques. Contacté, il est question, pour l’exécutif européen, de passer d’autres « partenariats sur mesure » similaires avec l’Egypte, prochainement. Voire avec le Maroc ? Bref, petit à petit, la Commission complète sa carte du pourtour méditerranéen.

      Stratégie électoraliste

      « Ce type d’accord n’est pas nouveau », avance Eleonora Frasca, chercheuse doctorante sur la coopération entre l’UE et les pays africains en matière d’immigration (UCLouvain). « Il y a notamment celui passé avec la Libye ou encore avec la Turquie. Mais le deal passé avec Ankara, aussi critiqué soit-il, avait le mérite de prévoir des fonds pour l’accueil et l’accompagnement des exilés sur le sol turc. Ce qui a disparu des accords qui ont suivi et qui se concentrent sur les aspects sécuritaires. »

      Certes, la coopération migratoire n’est pas neuve. Ce qui l’est davantage, c’est la stratégie de communication de l’UE autour de ce type de deal, pointe Eleonora Frasca : « On déplace des membres de la Commission pour en faire un événement majeur. » Florian Trauner, doyen de la Brussels School of Governance (VUB) et spécialiste de la politique migratoire de l’UE, y lit une stratégie électoraliste. « Ces accords symbolisent une politique migratoire plus restrictive. En année électorale, les dirigeants européens envoient un signal à la population : “Regardez, on empêche les migrants d’arriver en Europe.” » Pour lui, cela montre aussi que les Etats membres s’accordent plus facilement sur une politique d’externalisation des frontières plutôt que sur une réponse solidaire. « La négociation du nouveau pacte sur la migration et l’asile l’illustre très bien. »

      Ces annonces et ces signatures en grande pompe contrastent avec l’opacité des négociations. « Les pourparlers avec la Tunisie hier, la Mauritanie aujourd’hui et l’Egypte demain en sont les parfaits exemples. Il est très difficile, voire impossible, de suivre les discussions. On assiste à un processus “d’informalisation ou de déformalisation” du droit international auquel l’UE contribue de manière significative, ainsi qu’à la multiplication d’instruments de droit non contraignant », regrette la chercheuse de l’UCLouvain. Pour son collègue de la VUB, ces accords informels sont par définition plus flexibles, moins contraignants juridiquement et politiquement. « Ce qui arrange les deux parties. Ils permettent, pour les pays tiers, de mettre hors du débat public ces arrangements souvent contestés par la population locale. »

      Le « chantage » aux migrants

      Et puis ces accords reposent sur le bon vouloir des régimes en place. En témoignent les soubresauts dans l’application de l’accord tunisien, décrié puis accepté… par le même président qui l’avait signé. « L’exemple récent du Niger est criant », ajoute Eleonora Frasca. « Depuis le coup d’Etat de juillet dernier et l’abrogation d’une loi réprimant le trafic illicite de migrants, l’UE est très préoccupée. »

      Florian Trauner soulève un autre « danger » : le « chantage » aux migrants. « Sachant l’Europe divisée, sensible et fragile quand il s’agit d’immigration, les pays tiers en jouent pour négocier, notamment de l’argent. Ce n’est pas pour rien qu’autant de migrants sont arrivés à Lampedusa depuis la Tunisie cet été… » Et le doyen de la Brussels School of Governance de citer les pressions d’Erdogan en 2020 afin que l’Europe appuie ses initiatives en Syrie ou encore le jeu du Maroc avec l’Espagne sur la question du Sahara occidental. Par ailleurs, pointent nos deux experts, ces accords sont passés avec des pays loin d’être des exemples en termes de respect des droits fondamentaux. L’exemple tunisien est encore une fois parlant : la situation déplorable des migrants en Tunisie ne s’est pas améliorée depuis la signature, dénoncent les ONG.

      Mais ces arrangements sont-ils « efficaces » ? S’il est impossible de chiffrer le nombre d’entrées évitées grâce aux accords, Florian Trauner les a étudiés sur dix ans, entre 2008 et 2018. « Hormis l’accord passé avec la Turquie qui a montré des résultats dans la prise en charge par Ankara des réfugiés syriens, ces accords ont un bilan modeste. Les pays des Balkans jouent le jeu, mais les pays africains peu ou pas du tout », constate-t-il. « A court terme, ces arrangements peuvent paraître efficaces parce qu’ils font écho à une réduction des entrées irrégulières », explique Eleonora Frasca. « On a dans un premier temps diminué les flux au départ de la Libye, ils se sont alors dirigés vers la Tunisie. Raison pour laquelle on a passé un accord avec Tunis, dont on voit timidement les résultats… Mais les migrations s’adaptent et se réorganisent. Ça ne sert à rien de passer des accords avec tous les pays africains, cela rend juste les routes de plus en plus dangereuses. »

      https://www.lesoir.be/572896/article/2024-03-06/migration-petit-petit-lue-verrouille-des-accords-fragiles-avec-les-pays-tiers

    • La Mauritanie, nouvelle voie d’entrée de migrants vers l’Union européenne... qui réagit

      L’Union européenne a initié jeudi un nouveau partenariat en matière de migration avec la Mauritanie, État d’Afrique du Nord-Ouest par où transitent des migrants vers les îles Canaries (Espagne). La route des îles Canaries, passant par une dangereuse traversée dans l’Atlantique, est davantage fréquentée ces derniers temps. Plus de 12.000 personnes l’ont empruntée sur les deux premiers mois de cette année, soit plus de six fois plus que sur la même période l’an dernier.

      Ce partenariat doit ouvrir la voie à un financement européen afin de soutenir la gestion des migrations - notamment la lutte contre le trafic de migrants -, ainsi que la sécurité et la stabilité, l’aide humanitaire en faveur des réfugiés et le soutien aux communautés d’accueil.

      Une déclaration en ce sens a été signée à Nouakchott par la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, et le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, en présence de son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska, et de la secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Nicole de Moor, au nom de la présidence belge du Conseil. « Nous avons besoin de partenariats avec ces pays d’Afrique du Nord pour prévenir les départs irréguliers et les pertes de vies humaines. Une gestion efficace des migrations constitue un défi européen nécessitant une réponse collective », a déclaré Mme de Moor.

      Le partenariat vise entre autres à renforcer les capacités des garde-frontières mauritaniens, en accroissant la coopération avec Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes, pour ce qui est de la formation et des équipements. La coopération sur les opérations de recherche et de sauvetage sera aussi intensifiée. L’UE veut également appuyer les efforts de la Mauritanie dans ses capacités d’accueil, en particulier des plus vulnérables. Dans le pays résident quelque 150.000 réfugiés du Mali. Des enquêtes conjointes doivent aussi aider à prévenir la migration irrégulière.

      La coopération sera renforcée en matière de retour et de réadmission en ce qui concerne les Mauritaniens en séjour irrégulier dans l’UE, « dans le respect de leurs droits et de leur dignité », assure la Commission dans un communiqué. Comme c’est le cas pour d’autres accords en gestation, ou pour l’accord controversé avec la Tunisie, l’UE vise un partenariat large. Il visera donc aussi la création de perspectives d’emploi (accès à la formation professionnelle et au financement pour les entreprises), mais aussi la promotion de la migration légale (mobilité des étudiants, chercheurs et entrepreneurs). Le mois dernier, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait annoncé, lors d’un déplacement en Mauritanie, la mobilisation de 210 millions d’euros en faveur de ce pays.

      L’UE cherche encore à nouer un autre partenariat stratégique de ce type avec l’Égypte, qui est non seulement un pays de transit, mais aussi de départ et de destination. « Des Égyptiens quittent leur pays, qui est le cinquième pays d’entrée dans l’UE, tandis que de nombreuses autres personnes fuient vers l’Égypte. Un partenariat solide est plus que nécessaire pour ne pas les laisser seuls dans cette tâche difficile », selon Mme de Moor.

      https://www.rtbf.be/article/la-mauritanie-nouvelle-voie-d-entree-de-migrants-vers-l-union-europeenne-qui-re

  • AYER NO, HOY SI, ¿Y MAÑANA? Exploring further the issues of legal uncertainty, opacity, and alterations in the entry criteria for the #CETI in Melilla

    Exploring recent changes in access to the CETI in Melilla, this article addresses legal insecurity, lack of transparency and changes in admission criteria. From the context of Melilla to the experiences of Latin American migrants, it reveals the shortcomings of the system and the ongoing struggle for rights.

    https://en.solidarywheels.org/informes
    https://en.solidarywheels.org/_files/ugd/0a7d28_f46a4434524342228757205389c8ed22.pdf

    #rapport #Melilla #Espagne #Maroc #frontières #migrations #réfugiés #Solidarity_Wheels #centre_d'accueil #hébergement #accueil #centre_temporaire #violence #violence_systématique #violences_policières

  • Data centers : leur consommation d’eau va exploser
    https://reporterre.net/Data-centers-leur-consommation-d-eau-va-exploser

    L’équation est pourtant assez simple. Les data centers, toujours plus nombreux et plus grands, concentrent des machines qui produisent de la chaleur et qu’il faut refroidir. Différentes techniques existent et se font concurrence. La climatisation classique, mais aussi l’utilisation de circuits d’eau — ouverts, avec rejet d’eaux usées, ou fermés — pour refroidir l’air à l’intérieur des installations, ou bien des systèmes dits « adiabatiques » par pulvérisation d’eau.

    « Ce qui est assez paradoxal, c’est qu’au moment où l’on met en place des indicateurs pour mesurer l’efficacité énergétique des data centers, comme le PUE [Power Usage Effectivness, rapport entre l’énergie totale consommée par un centre de données et l’énergie consommée par ses seuls équipements informatiques] une solution pour avoir un bon PUE et se présenter comme plus “vert”, c’est d’utiliser plus d’eau et moins d’électricité », explique Clément Marquet, coordinateur du groupe de travail Politiques environnementales du numérique au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    « On est conscients que la consommation d’eau est un sujet énorme, dit l’urbaniste Cécile Diguet, coautrice d’une étude sur le développement des data centers en Île-de-France et de l’ouvrage Sous le feu numérique (avec Fanny Lopez). On sait que les opérateurs de data centers font des forages dans les nappes, plus ou moins déclarés. On voit que, en Île-de-France, il y a des nappes de plus en plus fragilisées, notamment dans l’Essonne. Mais personne n’a encore creusé la question à ma connaissance. »

    Si cette problématique vient s’ajouter à celle de l’artificialisation des sols et de la consommation vertigineuse d’énergie des data centers, elle pourrait devenir une préoccupation majeure avec le déploiement de l’intelligence artificielle. « C’est le gros sujet derrière tout ça, affirme le sociologue Clément Marquet. Avec l’IA, on utilise des ordinateurs qui consomment 5 à 10 fois plus d’électricité et cette électricité est dissipée en chaleur par les ordinateurs. Pour l’heure, on ne connaît pas de solution aussi bon marché que l’eau. » Déjà aujourd’hui, les conflits d’usage autour des data centers se multiplient aux États-Unis, en Uruguay, aux Pays-Bas, en Irlande ou bien encore Espagne, avec le mouvement « Tu nube seca mi rio » (« Ton nuage assèche ma rivière »).

    Si les industriels s’en remettent à leur credo technosolutionniste, à savoir améliorer l’efficacité de leurs systèmes de refroidissement, le seul horizon soutenable reste celui de la frugalité, selon le chercheur en sciences de l’information Olivier Ertzscheid.

    Il établit un parallèle entre fermes de l’agriculture intensive et fermes de serveurs, deux modèles qui partagent selon lui un même ADN extractiviste : « L’affrontement central dans les conflits d’usage à venir [autour de l’accès à l’eau] se fera autour de deux lignes de front : d’un côté le lobby technologique, ses data centers et ses fermes de serveurs, et de l’autre le lobby de l’agriculture industrielle [...]. Le point de convergence des deux modèles est qu’ils concourent à un appauvrissement et à un épuisement des sols autant qu’au stress hydrique des populations avoisinantes. Et que, pour l’essentiel, ils s’en moquent. »

    #Data_centers #Ecologie #Numérique #Eau

  • En Israël, la colère gronde sous l’unité nationale | Libé | 21.01.24

    (...) la contestation enfle dans le pays. Alors que l’opposition se prépare, de plus en plus d’Israéliens réclament des élections, avec l’espoir de déloger Benyamin Nétanyahou.

    https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/en-israel-la-gronde-couve-sous-lunite-nationale-20240121_IYVE4HZLXBGRRIKE

    C’était un rare moment de télévision, impensable il y a encore quelques semaines. Jeudi soir, dans l’émission d’enquête de grande écoute Uvda, sur la chaîne la plus populaire du pays, un membre du cabinet de guerre israélien a ouvertement critiqué la politique de Benyamin Nétanyahou.

    « Ce qu’il se passe à Gaza aujourd’hui, c’est que les buts de guerre n’ont pas été accomplis », a dit l’ancien général Gadi Eisenkot, membre du parti centriste de Benny Gantz, Unité nationale. « Ceux qui parlent d’une défaite totale [du Hamas] ne disent pas la vérité », a ajouté l’ancien général, court et corpulent, assis au milieu d’une bibliothèque, habillé tout de noir. « Est-ce que les décideurs sont honnêtes avec le public ? » demande la journaliste. « Non », répond simplement Eisenkot.

    Ses commentaires lui ont valu quelques critiques, mais Gadi Eisenkot est intouchable : en décembre, il a perdu son fils et son neveu à Gaza. Ancien chef d’Etat-major, et membre du cabinet de guerre, il est plus que quiconque à même de comprendre la réalité et les implications des actions militaires israéliennes. Et quand il laisse flotter que des élections sont nécessaires « dans les mois qui viennent », c’est un message clair : l’opposition n’attendra pas la fin d’une guerre qui sera longue, comme l’a encore promis Benyamin Nétanyahou jeudi soir, pour forcer le pays à aller aux urnes.

    Le Premier ministre semble cerné. Les familles d’otages ont amené, pour la première fois, la contestation devant sa villa balnéaire de Césarée, dans le nord d’Israël, vendredi. Samedi, des milliers d’Israéliens se sont rassemblés à Tel-Aviv pour exiger son départ. Les critiques fusent sur le nouveau budget du gouvernement et son manque d’allocations aux déplacés et au social. Cette contestation enfle, de semaine en semaine, rappelant désormais les mois d’avant le 7 octobre.

    « Reconstruire l’espace démocratique »

    Sur l’autoroute Ayalon, le grand boulevard qui contourne Tel-Aviv par l’est, de nouveaux panneaux publicitaires crient « Nous avons besoin d’élections » en blanc sur fond bleu. Tous les jours, près d’un million de véhicules passent devant ce message. La campagne, très coûteuse, est anonyme. Derrière, il y aurait « des vétérans des manifestations contre la réforme judiciaire et quelques personnes de la tech » souffle un membre du QG de la Lutte, l’organisation fédératrice des différentes associations de contestation de ces derniers mois. Toutes sont en train de prendre le pouls, comprendre quel serait le bon moment pour quitter les eaux calmes de l’unité nationale et se lancer dans la tempête électorale.

    « Cela ne sert à rien tant que Benny Gantz est encore au gouvernement », explique Ronen Koehler, le regard doux et intelligent. Cet ancien capitaine sous-marinier reconverti dans la tech fait partie du leadership de Frères d’armes. De toute la Lutte, cette association de réservistes est de loin la plus institutionnalisée. Depuis les bureaux vitrés, un espace de coworking reconverti à Herzliya, la Silicon Valley israélienne, l’œil se perd dans l’horizon méditerranéen. L’étendue des activités de l’association est impressionnante : son mode opératoire volontaire et souple, ses poches profondes, l’expertise variée de ses 400 bénévoles et leurs carnets d’adresses bien fournis en a fait l’acteur incontournable de la mobilisation civile qui a suivi la déclaration de guerre le 7 octobre.

    Aujourd’hui, dans ces bureaux, des couturières hipster cousent des pochettes en textile sur mesure pour les soldats d’unités d’élite, d’anciens officiers forment des équipes d’urgence pour les villages proches des frontières, des psychologues aident les déplacés des frontières sud et nord. Mais on parle aussi du jour d’après. « Ce que nous voulons, c’est reconstruire l’espace démocratique en encourageant nos membres à rejoindre la vie civique, de comprendre que c’est important de travailler dans le service public, même si on y gagne moins d’argent, explique Ronen Koehler. Il faut que nos valeurs laïques, libérales, reviennent sur le devant de la scène. Que nous nous battions pour le cœur des Israéliens. » C’est un projet ambitieux, en miroir presque parfait de ce qu’a fait l’extrême droite colonisatrice israélienne ces quinze dernières années. Aujourd’hui, cette dernière, bien qu’elle ne représente « que 5 % de la population » insiste Ronen Koehler, détermine la teneur du débat politique. Et cela est aussi vrai en temps de guerre.

    Rhétorique guerrière

    Nétanyahou et ses partenaires sont en campagne depuis au moins la mi-décembre, et l’opposition a pris une longueur de retard, et qui continue de s’allonger. Certes, la colère est grande contre le Premier ministre et les sondages le donnent perdant à tous les coups. Mais au-delà de sa rhétorique guerrière et de ses sorties messianiques, il est le seul à proposer un projet simple et cohérent pour ce jour d’après : il n’y aura pas de retour au monde d’avant le 7 octobre. Et donc, pas de concessions faites aux Palestiniens, qui meurent encore et encore à Gaza.

    C’est ce qu’il a déclaré avec emphase pendant une conférence de presse jeudi soir : « Israël gardera le contrôle sécuritaire de tout le territoire à l’ouest du Jourdain. » Ce qui a rendu furieux Joe Biden, qui voudrait au moins construire une paix durable sur les ruines de Gaza, détruite avec les dollars américains. Benyamin Nétanyahou lui aurait cependant assuré au téléphone vendredi que ses propos ne fermaient pas la porte à un Etat palestinien. Le chef du Likoud a toujours excellé à ce numéro d’équilibriste entre la pression américaine et celle de son public israélien.

    Si des élections devaient se tenir aujourd’hui, c’est sans doute Benny Gantz qui deviendrait Premier ministre, à la tête d’un gouvernement de centre droit guerrier, sans projet politique clair. L’opposition israélienne semble encore croire que se débarrasser de Nétanyahou changera tout, que c’est la clé d’un nouveau départ. Mais cela revient à ne pas voir la soif de réponses constructives à leurs problèmes communs des sociétés israélienne et palestinienne, traumatisées. Ce manque d’un projet politique ambitieux ne leur permettra pas de couper l’herbe sous les pieds de l’extrême droite.

  • La dérive d’un centre pour mineurs délinquants du Groupe SOS | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/231223/la-derive-d-un-centre-pour-mineurs-delinquants-du-groupe-sos

    La dérive d’un centre pour mineurs délinquants du Groupe SOS

    Tensions parmi les salariés, violences avec les jeunes, absence de formation… Ouvert en 2003 sur le causse de Mende pour éloigner de leur milieu les adolescents placés par la justice, le centre éducatif renforcé Lozère navigue de crise en crise.

    Nicolas Cheviron

    23 décembre 2023 à 16h22

    Mende (Lozère).– Le lieu est isolé, sur un plateau boisé à mille mètres d’altitude, dans le département le moins peuplé de France. C’est sur le causse de Mende que le centre éducatif renforcé (CER) Lozère a ouvert ses portes en 2003. Géré par le Groupe SOS, il offre une mise au vert et un nouveau départ à des ados promis autrement à la prison. S’il peine à fonctionner, aucune crise n’avait cependant atteint la violence de celle que vient de traverser l’établissement.

    Quand il découvre le centre, le 11 juin 2019, Tarik Zail est plein d’enthousiasme. Les locaux sont flambant neufs, avec des chambres individuelles, des espaces communs spacieux et fonctionnels, bien loin de la rusticité de la bergerie réaménagée qui a hébergé le CER pendant les quinze années précédentes. Le cadre est charmant, au milieu des pins. Idéal pour une rupture avec le monde urbain, ses tentations et ses névroses.

    L’optimisme du nouveau directeur est cependant de courte durée. « Rapidement, des choses m’interpellent. Je comprends qu’on est davantage sur de la répression que sur de l’éducation », affirme-t-il. Il y a les sanctions, comme celle « consistant à faire dormir un jeune dehors, sous tente, en plein hiver », note-t-il, ou encore le recours au détecteur de métaux pour fouiller les jeunes. Une pratique réprouvée par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), autorité de tutelle du centre.
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    https://jpst.it/3w4UG

    #centre_éducatif_renforcé #CER #Groupe_SOS #centre_pour_mineurs_délinquants #protection_judiciaire_de_la_jeunesse #PJJ

  • Dans la #Manche, les coulisses terrifiantes du sauvetage des migrants

    Il y a deux ans, au moins 27 personnes périssaient dans des eaux glaciales au large de Calais, après le naufrage de leur embarcation. Mediapart a enquêté sur les pratiques des différents acteurs missionnés pour sauver celles et ceux qui tentent de rejoindre le Royaume-Uni par la mer.

    « Parfois, ils refusent notre appel, parfois ils décrochent. Quand j’appelle le 999, ils me disent d’appeler les Français, et les Français nous disent d’appeler les Anglais. Ils se moquent de nous. » Ces quelques phrases, issues d’un échange entre un membre de l’association #Utopia_56 et un exilé se trouvant à bord d’une embarcation dans la Manche, résument à elles seules les défaillances du #secours en mer lorsque celui-ci n’est pas coordonné.

    Elles illustrent également le désarroi de celles et ceux qui tentent la traversée pour rejoindre les côtes britanniques. Le 20 novembre 2021, les membres d’Utopia 56 ont passé des heures à communiquer par messages écrits et audio avec un groupe d’exilé·es qui s’était signalé en détresse dans la Manche. « Nous avons appelé tous les numéros mais ils ne répondent pas. Je ne comprends pas quel est leur problème », leur dit un homme présent à bord. « Restez calmes, quelqu’un va venir. Appelez le 112 et on va appeler les #garde-côtes français, ok ? » peut-on lire dans les échanges consultés par Mediapart.

    « Comme ils ont pu nous contacter, on a relancé le #Cross [#Centre_régional_opérationnel_de_surveillance_et_de_sauvetage_maritimes – ndlr], qui a pu intervenir. Mais on peut se demander ce qu’il se serait passé pour eux si ça n’avait pas été le cas », commente Nikolaï, d’Utopia 56. Cet appel à l’aide désespéré a été passé seulement quatre jours avant le naufrage meurtrier du #24_novembre_2021, qui a coûté la vie à au moins vingt-sept personnes, parmi lesquelles des Afghan·es, des Kurdes d’Irak et d’Iran, des Éthiopien·nes ou encore un Vietnamien.

    Un an plus tard, Le Monde révélait comment le Cross, et en particulier l’une de ses agent·es, avait traité leur cas sans considération, voire avec mépris, alors que les personnes étaient sur le point de se noyer. Une #information_judiciaire a notamment été ouverte pour « homicides », « blessures involontaires » et « mise en danger » (aggravée par la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence), menant à la mise en examen de cinq militaires pour « #non-assistance_à_personne_en_danger » au printemps 2023.

    « Ah bah t’entends pas, tu seras pas sauvé », « T’as les pieds dans l’eau ? Bah, je t’ai pas demandé de partir »… Rendue publique, la communication entre l’agente du Cross et les exilé·es en détresse en mer, en date du 24 novembre, a agi comme une déflagration dans le milieu associatif comme dans celui du secours en mer. Signe d’#inhumanité pour les uns, de #surmenage ou d’#incompétence pour les autres, cet épisode dramatique est venu jeter une lumière crue sur la réalité que subissent les migrant·es en mer, que beaucoup ignorent.

    « Urgence vitale » contre « urgence de confort »

    Entendue dans le cadre de l’#enquête_judiciaire, l’agente concernée a expliqué faire la différence entre une situation d’« #urgence_vitale » et une situation de « #détresse » : « Pour moi, la détresse c’est vraiment quand il y a une vie humaine en jeu. La plupart des migrants qui appellent sont en situation de détresse alors qu’en fait il peut s’agir d’une urgence de confort », a déroulé la militaire lors de son audition, précisant que certains cherchent « juste à être accompagnés vers les eaux britanniques ».

    Elle décrit aussi des horaires décalés, de nuit, et évoque des appels « incessants » ainsi que l’incapacité matérielle de vérifier les indicatifs de chaque numéro de téléphone. Un autre agent du Cross explique ne pas avoir souvenir d’un « gros coup de bourre » cette nuit-là. « Chaque opération migrant s’est enchaînée continuellement mais sans densité particulière. » Et de préciser : « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de densité particulière que nous faisons le travail avec plus de légèreté ; aucun n’est mis de côté et chaque appel est pris au sérieux. »

    Deux sauveteurs ont accepté de se confier à Mediapart, peu après le naufrage, refusant que puisse se diffuser cette image écornée du #secours_en_mer. « C’est malheureux de dire des choses comme ça », regrette Julien*, bénévole à la #Société_nationale_de_sauvetage_en_mer (#SNSM). Il y a peut-être, poursuit-il, « des personnes avec moins de jugeote, ou qui ont décidé de se ranger d’un côté et pas de l’autre ».

    L’homme interroge cependant la surcharge de travail du Cross, sans « minimiser l’incident » de Calais. « La personne était peut-être dans le rush ou avait déjà fait un certain nombre d’appels… Ils sont obligés de trier, il peut y avoir des erreurs. Mais on ne rigole pas avec ça. »

    Lorsque des fenêtres météo favorables se présentent, sur une période d’à peine deux ou trois jours, le Cross comme les sauveteurs peuvent être amenés à gérer jusqu’à 300 départs. Les réfugié·es partent de communes de plus en plus éloignées, prenant des « #risques énormes » pour éviter les contrôles de police et les tentatives d’interception sur le rivage.

    « Cela devient de plus en plus périlleux », constate Julien, qui décrit par ailleurs les stratégies employées par les #passeurs visant à envoyer beaucoup d’exilé·es d’un seul coup pour en faire passer un maximum.

    Il y a des journées où on ne fait que ça.

    Alain*, sauveteur dans la Manche

    « En temps normal, on arrive à faire les sauvetages car nos moyens sont suffisants. Mais à un moment donné, si on se retrouve dans le rush avec de tels chiffres à gérer, on a beau être là, avoir notre #matériel et nos #techniques de sauvetage, on ne s’en sort pas. » Julien se souvient de cette terrible intervention, survenue fin 2021 au large de la Côte d’Opale, pour laquelle plusieurs nageurs de bord ont été « mis à l’eau » pour porter secours à un canot pneumatique disloqué dont le moteur avait fini à 23 heures au fond d’une eau à 7 degrés.

    Présents sur zone en une demi-heure, les nageurs récupèrent les exilé·es « par paquet de trois », essayant d’optimiser tous les moyens dont ils disposent. « On aurait peut-être eu un drame dans la Manche si on n’avait pas été efficaces et si les nageurs n’avaient pas sauté à l’eau », relate-t-il, précisant que cette opération les a épuisés. L’ensemble des personnes en détresse ce jour-là sont toutes sauvées.

    Le plus souvent, les sauveteurs font en sorte d’être au moins six, voire huit dans l’idéal, avec un patron qui pilote le bateau, un mécanicien et au moins un nageur de bord. « Le jour où on a frôlé la catastrophe, on était onze. Mais il nous est déjà arrivé de partir à quatre. »

    Alain* intervient depuis plus de cinq années dans la Manche. La surface à couvrir est « énorme », dit-il. « Il y a des journées où on ne fait que ça. » Ce qu’il vit en mer est éprouvant et, « au #drame_humain auquel nous devons faire face », se rajoute parfois « le #cynisme aussi bien des autorités françaises que des autorités anglaises ».

    On a sauvé en priorité ceux qui n’avaient pas de gilet. Les autres ont dû attendre.

    Alain* à propos d’un sauvetage

    Il évoque ce jour de septembre 2021 où 40 personnes sont en danger sur une embarcation qui menace de se plier, avec un brouillard laissant très peu de visibilité. Ne pouvant y aller en patrouilleur, l’équipe de quatre sauveteurs se rend sur zone avec deux Zodiac, et « accompagne » l’embarcation jusqu’aux eaux anglaises. Mais celle-ci commence à se dégonfler.

    La priorité est alors de stabiliser tous les passagers et de les récupérer, un par un. « Ça hurlait dans tous les sens, mais on a réussi à les calmer », relate Alain qui, tout en livrant son récit, revit la scène. « Il ne faut surtout pas paniquer parce qu’on est les sauveteurs. Plus difficile encore, il faut se résoudre à admettre que c’est un sauvetage de masse et qu’on ne peut pas sauver tout le monde. » Alain et ses collègues parviennent à charger tous les passagers en les répartissant sur chaque Zodiac.

    Lors d’un autre sauvetage, qu’il qualifie de « critique », ses collègues et lui doivent porter secours à une quarantaine d’exilés, certains se trouvant dans l’eau, et parfois sans gilet de sauvetage. « On a sauvé en priorité ceux qui n’avaient pas de gilet, explique-t-il. Mais les autres ont dû attendre notre retour parce qu’on manquait de place sur notre bateau. Et par chance, entre-temps, c’est la SNSM qui les a récupérés. » Ce jour-là, confie-t-il, le Cross a « vraiment eu peur qu’il y ait des morts ».

    Négociations en pleine mer

    À cela s’ajoute la « #mise_en_danger » provoquée par les tractations en pleine mer pour déterminer qui a la responsabilité de sauver les personnes concernées.

    Une fois, raconte encore Alain, le boudin d’un canot pneumatique transportant 26 personnes avait crevé. « On leur a dit de couper le moteur et on les a récupérés. Il y avait un bébé de quelques mois, c’était l’urgence absolue. » En mer se trouve aussi le bateau anglais, qui fait demi-tour lorsqu’il constate que les exilé·es sont secouru·es.

    « Les migrants se sont mis à hurler parce que leur rêve s’écroulait. C’était pour nous une mise en danger de les calmer et de faire en sorte que personne ne se jette à l’eau par désespoir. » Le bateau anglais finit par revenir après 45 minutes de discussion entre le Cross et son homologue. « Plus de 45 minutes, répète Alain, en pleine mer avec un bébé de quelques mois à bord. »

    Qu’est devenu ce nourrisson ? s’interroge Alain, qui dit n’avoir jamais été confronté à la mort. Il faut se blinder, poursuit-il. « Nous sommes confrontés à des drames. Ces personnes se mettent en danger parce qu’elles n’ont plus rien à perdre et se raccrochent à cette traversée pour vivre, seulement vivre. » Il se demande souvent ce que sont devenus les enfants qu’il a sauvés. Sur son téléphone, il retrouve la photo d’une fillette sauvée des eaux, puis sourit.

    Pour lui, il n’y aurait pas de « consignes » visant à distinguer les #eaux_françaises et les #eaux_anglaises pour le secours en mer. « On ne nous a jamais dit : “S’ils sont dans les eaux anglaises, n’intervenez pas.” Le 24 novembre a été un loupé et on ne parle plus que de ça, mais il y a quand même des gens qui prennent à cœur leur boulot et s’investissent. » Si trente bateaux doivent être secourus en une nuit, précise-t-il pour illustrer son propos, « tout le monde y va, les Français, les Anglais, les Belges ».

    Lors de ses interventions en mer, la SNSM vérifie qu’il n’y a pas d’obstacles autour de l’embarcation à secourir, comme des bancs de sable ou des courants particulièrement forts. Elle informe également le Cross, qui déclenche les sauveteurs pour partir sur zone.

    « On approche très doucement du bateau, on évalue l’état des personnes, combien ils sont, s’il y a des enfants, s’il y a des femmes, si elles sont enceintes », décrit Julien, qui revoit cet enfant handicapé, trempé, qu’il a fallu porter alors qu’il pesait près de 80 kilos. Ce nourrisson âgé de 15 jours, aussi, qui dépassait tout juste la taille de ses mains.

    Si les exilés se lèvent brutalement en les voyant arriver, ce qui arrive souvent lorsqu’ils sont en détresse, le plancher de l’embarcation craque « comme un carton rempli de bouteilles de verre » qui glisseraient toutes en même temps vers le centre. Certains exilés sont en mer depuis deux jours lorsqu’ils les retrouvent. « En short et pieds nus », souvent épuisés, affamés et désespérés.

    Des « miracles » malgré le manque de moyens

    Les sauveteurs restent profondément marqués par ces sauvetages souvent difficiles, pouvant mener à huit heures de navigation continue dans une mer agitée et troublée par des conditions météo difficiles. « L’objectif est de récupérer les gens vivants, commente Julien. Mais il peut arriver aussi qu’ils soient décédés. Et aller récupérer un noyé qui se trouve dans l’eau depuis trois jours, c’est encore autre chose. »

    En trois ans, le nombre de sauvetages a été, selon lui, multiplié par dix. Le nombre d’arrivées au Royaume-Uni a bondi, conduisant le gouvernement britannique à multiplier les annonces visant à durcir les conditions d’accueil des migrant·es, du projet d’externalisation des demandes d’asile avec le Rwanda, à l’hébergement des demandeurs et demandeuses d’asile à bord d’une barge, plus économique, et non plus dans des hôtels.

    Pour Julien, les dirigeant·es français·es comme britanniques s’égarent dans l’obsession de vouloir contenir les mouvements migratoires, au point de pousser les forces de l’ordre à des pratiques parfois discutables : comme le montrent les images des journalistes ou des vacanciers, certains CRS ou gendarmes viennent jusqu’au rivage pour stopper les tentatives de traversée, suscitant des tensions avec les exilé·es. Aujourd’hui, pour éviter des drames, ils ne sont pas autorisés à intercepter une embarcation dès lors que celle-ci est à l’eau.

    Dans le même temps, les sauveteurs font avec les moyens dont ils disposent. Un canot de sauvetage vieillissant, entretenu mais non adapté au sauvetage de migrants en surnombre, explique Julien. « On porte secours à près de 60 personnes en moyenne. Si on est trop lourd, ça déséquilibre le bateau et on doit les répartir à l’avant et au milieu, sinon l’eau s’infiltre à l’arrière. » Ses équipes ont alerté sur ce point mais « on nous a ri au nez ». Leur canot devrait être remplacé, mais par un bateau « pas plus grand », qui ne prend pas ce type d’opérations en compte dans son cahier des charges.

    En un an, près de « 50 000 personnes ont pu être sauvées », tient à préciser Alain, avant d’ajouter : « C’est un miracle, compte tenu du manque de moyens. » Il peut arriver que les bénévoles de la SNSM reçoivent une médaille des autorités pour leur action. Mais à quoi servent donc les médailles s’ils n’obtiennent pas les moyens nécessaires et si leurs requêtes restent ignorées ?, interroge-t-il.

    « La France est mauvaise sur l’immigration, elle ne sait pas gérer », déplore Alain, qui précise que rien n’a changé depuis le drame du 24 novembre 2021. Et Julien de conclure : « Les dirigeants sont dans les bureaux, à faire de la politique et du commerce, pendant que nous on est sur le terrain et on sauve des gens. S’ils nous donnent des bateaux qui ne tiennent pas la route, on ne va pas y arriver… »

    Mercredi 22 novembre, deux exilés sont morts dans un nouveau naufrage en tentant de rallier le Royaume-Uni.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/241123/dans-la-manche-les-coulisses-terrifiantes-du-sauvetage-des-migrants
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