• Télétravail « total » chez Boursorama : les salariés commencent à quitter Paris pour la province
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/09/28/teletravail-total-chez-boursorama-les-salaries-commencent-a-quitter-paris-po

    La banque en ligne met en place un accord prévoyant deux jours de travail par mois sur site. L’entreprise prend en charge les frais de transport et les nuits d’hôtel pour ces journées. Et 97 % des équipes ont accepté.

    Il a acheté une carte de France et avec un compas a tracé un cercle des destinations à moins de trois heures de Paris. Puis, avec sa famille, ils se sont demandé s’ils voulaient plutôt vivre à la mer, à la montagne, à la campagne… Finalement ils ont choisi le Morbihan. Jérémie Lallich, conseiller clientèle en crédit immobilier chez Boursorama, rêvait de quitter la région parisienne depuis plusieurs années. « On me l’a servi sur un plateau », commente-t-il.

    En novembre 2020, la banque en ligne, filiale du groupe Société générale, a proposé aux collaborateurs affectés à des fonctions de production (traitement des opérations bancaires, relations téléphoniques avec les clients, etc.), soit la moitié de ses 820 salariés, un régime de télétravail atypique : le « 90/10 ». Les salariés travaillent tous les jours de chez eux, à l’exception de deux journées par mois, qu’ils doivent passer dans les locaux de Boursorama, à Boulogne-Billancourt. Ils peuvent donc s’installer où ils veulent en France métropolitaine – « même en Corse », note Benoît Grisoni, le directeur général de la banque. L’entreprise prend en charge les frais de transport et les nuits d’hôtel pour les journées de travail effectuées au siège. Et 97 % des équipes ont accepté.

    Jérémie Lallich habitait à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) et passait trois heures par jour dans les transports en commun. « Lors du premier confinement, j’ai compris ce que voulait dire ce temps gagné, dit-il. C’était prendre le petit-déjeuner avec les enfants, les accompagner à l’école, faire les devoirs le soir avec eux. » En juillet, il a quitté son appartement de 76 m2 à 1 400 euros par mois, pour une grande maison avec jardin, à quinze minutes de la mer, qui lui coûte un tiers de moins.

    « Nous avons pu élargir notre bassin de recrutement »

    « Le 16 mars 2020, à la veille du confinement, j’étais contre le télétravail. Le 31 mars, je me suis dit que les salariés n’allaient jamais revenir », déclare Benoît Grisoni. Les collaborateurs concernés par le « 90/10 », en bas de la grille des salaires, totalisaient en moyenne deux heures et vingt minutes de trajet par jour. « La direction a choisi d’y aller plein pot, et tant qu’à faire du télétravail, de maximiser les effets positifs », commente Philippe Clouzeau, délégué syndical CFDT chez Boursorama. « Nous voulions un accord gagnant-gagnant », affirme Aurore Gaspar, directrice générale adjointe de Boursorama.

    L’entreprise, en effet, s’y retrouve. « Nous avons pu élargir notre bassin de recrutement, alors qu’il y a une véritable tension sur le bassin parisien pour trouver des chargés de clientèle à distance, explique-t-elle. Ce sont des métiers difficiles, avec beaucoup de turnover, et nous avions du mal à pourvoir tous les postes. »
    Jonathan Bastié, commercial à la Banque postale en CDD à Agen, est ainsi tombé sur une annonce de Boursorama, qui recherchait un conseiller dans sa ville. « Ça m’a intrigué pour une banque sans agence. J’ai vu que l’offre d’emploi était postée dans énormément de villes, en télétravail », raconte-t-il. Lui n’y voit à ce stade que des avantages. « Je n’ai pas de frais d’essence, pas de frais d’usure de ma voiture, je suis moins fatigué », détaille-t-il. L’entreprise propose une indemnité de 11 euros par jour ouvré. Soit, selon la CFDT, un avantage financier d’environ 150 euros net par mois. « Moi, en province, je n’avais jamais eu de salaire parisien, souligne M. Bastié. Au final, j’y trouve un beau gain de pouvoir d’achat et une capacité d’épargne. »

    Boursorama va en revanche faire des économies dès 2022

    Aux Etats-Unis, de grandes entreprises de la tech, comme Google, ont décidé de réduire les #salaires des employés qui partaient s’installer en télétravail dans les régions où le coût de la vie est moins élevé. « Nous n’avons pas de réflexion pour différencier les salaires dans les deux ans à venir, affirme Aurore Gaspar, mais on ne se fige pas. » [tu m’étonnes Hermione ! ndc]

    Boursorama va en revanche faire des économies dès 2022 en réduisant la taille de ses locaux. L’entreprise conserve son siège social, dont elle est propriétaire, mais va rendre les deux plateaux qu’elle louait à 100 mètres de là, sur lesquels travaillaient 200 personnes en centre d’appel. L’immeuble de la banque en ligne abrite désormais les bureaux des cadres (marketing, service juridique…) passés à un régime de deux jours de télétravail par semaine, et de grands espaces collaboratifs pour recevoir les équipes en « 90/10 ». En ce mois de septembre, les premières sessions de deux jours de « team building » (renforcement d’équipe) ont débuté au siège. Au programme, « un topo sur les résultats, les offres en cours », raconte Jonathan Bastié, et pour finir un atelier de danse rythmique collectif pour créer du lien. « On a appris une chorégraphie en vidéo, ajoute-t-il, ça fonctionne bien. »

    Quelques mois après l’entrée en vigueur de l’accord de télétravail, la banque en ligne compte déjà une quarantaine de collaborateurs en province ; vingt-cinq y ont été recrutés directement et quinze ont quitté l’Ile-de-France. Parmi eux, Didier Desirliste, installé en famille depuis le 1er juillet à Albertville (Savoie), dans un duplex « entouré par les montagnes ». « Là c’est le début, ça me va d’être seul, on verra sur le long terme, indique-t-il. Nous sommes des cobayes, mais je pense que, lors des prochaines réunions, il y aura eu d’autres départs de la région parisienne, ça va se développer. » Au grand dam d’un syndicaliste du secteur bancaire qui, sous couvert d’anonymat, s’inquiète : « Une société, c’est aussi un lieu de socialisation, un corps social. Ce sera quoi, une entreprise demain ? »

    15 déménagements sur 410 salariés éligibles, Le Monde à l’avant-garde !

    #travail #travail_à_domicile #télétravail #centre_d'appels #phonemarketing #banque

  • Lettre d’Italie au temps du Coronavirus
    https://poterealpopolo.org/lettre-ditalie-au-temps-du-coronavirus

    Lorsque la crise frappe une société inégalitaire, ce sont toujours les personnes vulnérables qui souffrent le plus : les personnes âgées, les travailleuses.rs, les migrant.e.s, les femmes, les personnes souffrant de maladies préexistantes. En tant qu’activistes de Potere al Popolo, nous essayons de trouver des moyens de briser l’isolement et d’établir des relations de soutien mutuel et de solidarité entre les communautés. Source : Potere al Popolo

  • Période hivernale : comment les écoutants du 115 font face à la crise
    http://www.huffingtonpost.fr/2015/11/01/periode-hivernale-ecoutant-115-crise_n_8324784.html

    SANS-ABRIS - Chaque année, l’histoire se répète. À l’ouverture de la période hivernale au 1er novembre, on promet des places d’#hébergement_d'urgence supplémentaires pour faire face à l’augmentation des demandes. Fin septembre, le préfet de Paris a donc annoncé 2.000 places en plus venues s’ajouter aux 75.000 destinées aux sans-abris que compte l’Île de France toute l’année (hors gymnases).

    Mais derrière ces promesses, il y a des hommes et des femmes qui s’occupent de répondre aux #SDF, de les orienter vers des centres d’hébergement d’urgence, quand il ne s’agit pas de leur signifier que -ce soir- les initiales DNP (pour « demande non pourvue ») s’inscriront sur leur dossier. #Vacataires, titulaires à temps plein ou à #mi-temps, les écoutants du #115 sont en première ligne face à la hausse des demandes d’hébergements en cette période.

    Aux premières loges des frustrations aussi, lorsqu’il est malheureusement question d’informer l’intéressé qu’il devra passer la nuit dehors. Ce qui arrive, hélas, très souvent, pesant ainsi sur le moral des troupes déjà échaudées par les insultes des désespérés criant leur détresse au téléphone. Alors que la crise migratoire devrait faire augmenter le nombre de demandes (les démarches administratives des réfugiés se faisant essentiellement sur Paris), les écoutants du Samu Social ne cachent pas leur inquiétude. Contactés par Le HuffPost, certains d’entre-eux ont accepté de se confier.

    « On met notre vie de côté »

    Augustin* est coordinateur au Samu Social de Paris, c’est à dire que son travail consiste -entre autres- à recruter, former et gérer les écoutants. À quelques jours de l’ouverture de la période hivernale, il ne cache pas son scepticisme concernant les annonces qui ont été faites. « On ne sait pas vraiment ce qu’on va avoir comme moyen », indique-t-il mettant l’accent sur le hiatus existant entre la communication institutionnelle et les dispositifs mis en place sur le terrain. Malgré les renforts qui sont sollicités pour cette période, Augustin explique que le navire chancelant de l’hébergement d’urgence continue de naviguer à vue. "Au final, c’est très incertain parce que ça dépend des #températures, donc on reste dans l’improvisation, dans l’adaptation permanente" , explique-t-il précisant que cette situation a tendance à générer des tensions et du stress chez certains écoutants. Car si les équipes du Samu sont habituées à réagir dans l’urgence, le facteur « température » peut être un motif de colère exprimé chez certains. "On ne sait pas le matin combien de places on aura le soir, pourtant, c’est au petit matin que les hébergés appellent, parce qu’on leur a dit la veille que c’était plus facile... Sauf que, en réalité, on n’est pas en mesure d’apporter une solution" , poursuit-il.

    Par exemple, quand un soir il ne fait pas « assez » froid pour que la préfecture décide de débloquer des places (gymnase, anciens centres etc.), les équipes « restent sans solution en attendant que ça se débloque », explique-t-il. Pourtant, le nombre d’appels aura augmenté, tout comme les réponses négatives formulées dans la douleur par les écoutants se seront multipliées. « On est censés être le dernier recours pour les gens, alors passer sa soirée à dire ’oui, allo ? Désolé, vous allez dormir dehors’, c’est pas évident », poursuit notre « coordi » qui explique que durant cette période, lui et ses collègues « mettent leurs vies de côté » pour rester sur le qui-vive. Mais alors, pourquoi tant de frustration si des renforts sont recrutés et si des places supplémentaires sont promises ? Concernant les annonces faites par le préfet (7500 places en plus ndlr), notre interlocuteur tranche sévèrement :"je n’y crois pas une seconde". Pour ce qui est des renforts, ce dernier est tout autant sceptique. « Bah, la plupart n’ont pas encore vécu de période hivernale, le #turn_over étant tel, que cette année une majorité d’écoutants vivront leur première », confie-t-il. « Nous sollicitons beaucoup de vacataires, donc les conditions de travail se dégradent. Au bout d’un moment, cette #précarisation des écoutants se répercute sur les gens qui appellent », regrette également Augustin.

    « Enormément de stress »

    Pour Léa* (écoutante), cette période génère énormément de stress chez les écoutants. « Personnellement, ce stress s’est traduit par des urticaires », explique-t-elle notant au passage que ce qui pèse notamment, c’est de repenser à toutes ces fois où l’on a dit « non » à un sans-abris, « alors que l’on rentre chez soi et que le thermomètre affiche 0° ». Surtout que, « quand tu rentres chez toi, tu les croises, ou du moins t’as l’impression de les croiser, ce qui fait que les heures passées au téléphone ne te quittent pas d’une semelle même des heures après avoir quitté ton poste », détaille Léa. Précision très importante à ses yeux, « la période hivernale n’est pas ’pire’ pour les écoutants ». Selon elle, la période estivale génère autant -voire plus- de malaise. Comment ? « Nous recevons toujours autant d’appels l’été, sauf que les places se sont considérablement réduites et que des centres ouverts d’urgence pour l’hiver ferment leurs portes », déplore-t-elle.

    #centre_d'appel

  • Phoning

    Qu’est-ce que tu crois ? Que le phoning, c’est pas assez bien pour toi ? Que la princesse à son papa vaut mieux que ça ? Que j’ai envie de t’entendre geindre ?
    Je m’en fous de tes états d’âme. Moi, je sais ce que je fais ici. Je sais d’où je viens. J’ai commencé comme toi. Non, j’ai commencé bien plus dur que toi, avec les combinés à fil qui nous pétaient les bras en fin de journée et des bleus aux coudes. Oui, j’appelais tellement que j’avais des bleus aux coudes et on se collait des paquets de Kleenex dans les manches pour pouvoir continuer à appeler.

    Tu vois, dans le phoning, au moins, ils n’en ont rien à foutre de ta gueule et de ton nom, du moment que tu parles bien, du moment que tu en veux, que tu ne te la racontes pas. Je suis arrivée dans le phoning, je n’avais rien. Je venais de me tirer de ma cité parce que mon père ne voulait pas que je sorte avec un Français. En fait, il ne voulait pas que je sorte du tout, ou avec un frère.
    Mais tu vois, je suis Française, j’ai été à l’école et je me suis barrée de chez moi pour ne pas finir mariée avec n’importe qui.

    Alors oui, j’ai appelé, j’ai décroché des rendez-vous pour les commerciaux et j’ai pris ma part. Et je n’ai fait chier personne avec mes problèmes, j’ai juste bossé.
    Tu vois, mon fils, je l’élève seule, je ne rends de compte à personne et tout ce que j’ai, tout ce qu’il a, je l’ai gagné, moi, et personne d’autre. J’ai trimé dur et maintenant, j’ai mon équipe, parce que c’est comme ça que ça marche, ici. On s’en fout de qui tu es, d’où tu viens et tout ça. Si tu bosses, si tu fais du chiffre, tu prends ta part. Alors je prends ma part.

    Ça te fait chier que j’ai pris ta commande ? J’en ai rien à foutre. On m’a pris les miennes avant et au lieu de me faire chier avec tes plaintes, tu devrais déjà être en train de téléphoner pour te refaire. C’est comme ça que ça marche ici.

    Et si ça ne te plait pas, c’est pareil. Tu te casses. Il y en a 50 dehors qui ne demandent que ça, prendre ton casque et décrocher des rendez-vous pour se payer une vie.
    Alors arrête de me faire chier : tu reprends ton casque ou tu te casses.

  • Grève au #115 du #93
    http://www.lefigaro.fr/social/2015/02/12/09010-20150212ARTFIG00122-deborde-et-impuissant-le-115-du-93-engage-une-gre

    Les 15 membres du #centre_d'appels de la Seine-Saint-Denis, ouvert sept jours sur sept et 24 heures sur 24, reçoivent en effet plus de 16.000 appels en moyenne par jour et ne peuvent en satisfaire moins de 500 au quotidien.

    #précarité #travai_social #grève #demande #logement