• Comboire le calice jusqu’à la lie

    Pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour passer de bonnes vacances. Deux reporters du Postillon se sont complètement dépaysés en allant passer 24 heures dans le plus grand centre commercial de l’agglomération grenobloise, l’Espace Comboire. Saviez-vous que Jean-Jacques Rousseau s’était promené vers Comboire ? Que le premier centre Leclerc en dehors de la Bretagne s’est installé à Grenoble ? Que l’écologiste André Gorz a fait l’apologie de ces « centres de distribution » ? Que de nouveaux supermarchés s’installent toujours dans l’agglomération ? Que les commerçants des centres-villes ne sont pas près de voir revenir leur clientèle ? Allez, zou, en route pour vingt-quatre heures trépidantes.

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    Extrait : (...) Car le développement des centres commerciaux n’est pas un long fleuve tranquille. Quand Edouard Leclerc ouvre ses premiers magasins dans les années 1950, nombre de commerçants, relayés par des politiques, s’inquiètent de cette « concurrence déloyale » que suppose le concept de la « vente au prix de gros ». Le premier endroit où Leclerc va s’installer en dehors de la Bretagne est à ... Grenoble. En 1958, il ouvre sur le cours Jean Jaurès un « centre de distribution de produits alimentaires E. Leclerc », comme ça s’appelait à l’époque. Un article de l’Express (2 avril 1959) nous apprend qu’il a été invité en Isère par des ingénieurs grenoblois de Merlin-Gerin, qui étaient « révoltés par le coût élevé de la distribution », considéré comme un des « freins les plus puissants à l’expansion et à la modernisation de l’économie ». (...)
    Dans cet article, un petit détaillant prévoit le futur que promet ce genre de commerces : « si vous voulez éliminer tous les petits commerçants au profit d’une dizaine de centres Leclerc, il vous faut aussi accepter les conséquences : vous ferez des kilomètres pour remplir votre panier ».
    Une clairvoyance que n’avait pas le journaliste de l’Express : lui s’extasie devant la « frénésie de la concurrence » et affirme que Leclerc a lancé une « initiative désintéressée », « mû par des préoccupations autres que commerciales ». Alors que Leclerc est aujourd’hui une des plus grandes fortunes françaises, ce jugement est d’autant plus surprenant que l’auteur de l’article est un certain Michel Bosquet, pseudonyme du philosophe et journaliste André Gorz. Ce pionnier de l’ « écologie politique » est notamment connu pour avoir vivement critiqué le capitalisme et « l’idéologie sociale de la bagnole », un engin presque obligatoire pour se rendre dans les zones commerciales où se trouve aujourd’hui la majorité des Leclerc.

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