• Venise mise sur le « green pass » italien pour lancer sa saison touristique estivale
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/19/venise-mise-sur-le-green-pass-italien-pour-lancer-sa-saison-touristique-esti

    Venise mise sur le « green pass » italien pour lancer sa saison touristique estivaleLe gouvernement de Mario Draghi a voulu anticiper la création d’un certificat européen afin d’attirer les visiteurs, après des mois catastrophiques, en particulier pour la cité des Doges. Depuis quelques jours, on recommence à entendre, de loin en loin, dans les rues de Venise, le ronronnement de valises à roulettes venant briser le silence absolu et signaler à tous que le temps des restrictions tire à sa fin. Mais ce bruit pénible est encore si rare qu’on le remarque, là où il était d’ordinaire, dix mois par an, le fond sonore permanent des petits matins du centre-ville.
    Les personnes arrivant en Italie n’ont, depuis le 17 mai, plus besoin d’effectuer une quarantaine de cinq jours. Dans l’attente du dispositif européen toujours en négociation à Bruxelles, les voyageurs doivent être munis d’un « green pass », leur permettant d’entrer sans restrictions sur le territoire. Celui-ci est constitué d’un certificat de vaccination ou d’un certificat de guérison, mais un test (antigénique ou PCR) peut toujours faire l’affaire. Tandis que la campagne de vaccination bat son plein en Europe, et en prévision de l’été, plusieurs régions touristiques, comme la Ligurie et la Vénétie, ont fait savoir qu’elles réfléchissaient à un système permettant la vaccination (ou l’administration des secondes doses) pour les visiteurs.
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    Pour le gouvernement dirigé par Mario Draghi, il s’agit donc à la fois de formaliser la réouverture du pays, alors que les dernières restrictions prendront fin durant le courant du mois de juin – le couvre-feu, repoussé à 23 heures, doit disparaître totalement le 1er juin, et les mariages pourront se dérouler à partir du 15 sans limitation du nombre de convives –, et d’éviter de se faire dépasser par la concurrence des autres destinations touristiques d’Europe du Sud, en particulier la Grèce et le Portugal.
    Depuis l’irruption de l’épidémie de Covid-19, en février 2020, Venise, comme tous les hauts lieux du tourisme italien, vit au ralenti, privée du flot de touristes qui constituait jusque-là son ordinaire. Au début, ce temps de latence a été accueilli avec un certain soulagement par les habitants du centre, fatigués des nuisances infinies qu’engendre le tourisme de masse. Mais nul n’ignore, désormais, que la ville ne peut demeurer indéfiniment en sommeil.(...) Aussi, c’est avec une certaine impatience qu’ont été accueillies, ici, les dernières déclarations de M. Draghi. Le 4 mai, à l’occasion d’une réunion du G20 consacrée au tourisme, le président du conseil avait annoncé une réouverture prochaine du pays : « C’est le moment de réserver vos vacances en Italie », avait-il résumé, dans une invitation pressante, alors que les chiffres de l’épidémie traduisent une amélioration rapide de la situation (6 613 contaminations par jour détectées en moyenne durant la semaine écoulée, un taux de positivité aux tests descendant sous les 3 % et une décrue générale sur le front hospitalier). A l’échelle de l’Italie, la réouverture des frontières et la reprise de l’activité touristique (le secteur représente 13 % du produit intérieur brut) sont très attendues. Mais, vues de Venise, où l’aéroport est toujours à l’arrêt ou presque, ces initiatives sont de portée plus symbolique qu’autre chose. Car la mise en place du « green pass », qu’il soit italien ou européen, ne va pas lever toutes les hypothèques. « Si on regarde les chiffres, explique M. Vernier, on voit que l’année est déjà perdue pour nous. En effet, ici, les visiteurs extracommunautaires représentent environ 70 % de notre chiffre d’affaires, et un tiers de nos revenus provient des seuls Chinois, qui ne reviendront pas avant la fin de l’année, dans le meilleur des cas. » L’ouverture de la Biennale d’architecture, le 22 mai, est donc plus vue comme une occasion de « limiter la casse », en faisant savoir que visiter Venise dans des conditions pareilles, presque encore déserte, cela n’arrive qu’une fois dans une vie.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#UE#sante#tourisme#frontieretauxpositivite#test#passeportvaccinal#certificateuropeen

  • DST Root CA X3 Expiration (September 2021) - Let’s Encrypt
    https://letsencrypt.org/docs/dst-root-ca-x3-expiration-september-2021

    Modernisation des certificats utilisés par Lets Encrypt : au 30 septembre certains terminaux pas à jour pourraient ne plus fonctionner :

    When we got started, that older root certificate (DST Root CA X3) helped us get off the ground and be trusted by almost every device immediately. The newer root certificate (ISRG Root X1) is now widely trusted too - but some older devices won’t ever trust it because they don’t get software updates (for example, an iPhone 4 or an HTC Dream). Click here for a list of which platforms trust ISRG Root X1.

    (...si seulement ça pouvait débarrasser l’internet des iPhone 4 et de son Safari moisi !)

    #letsEncrypt #iphone_4 #certificat_SSL

  • Plus de 200 000 personnes retournent au Zimbabwe tandis que la COVID-19 a un impact sur les économies régionales | Organisation internationale pour les migrations
    https://www.iom.int/fr/news/plus-de-200-000-personnes-retournent-au-zimbabwe-tandis-que-la-covid-19-un-impa
    https://www.iom.int/sites/default/files/styles/highlights/public/press_release/media/img_0316.jpg?itok=j7Sv4xFb

    Plus de 200 000 Zimbabwéens sont rentrés chez eux au cours de l’année écoulée en raison des retombées économiques de la COVID-19 dans les pays où ils travaillaient.L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) met à disposition du personnel infirmier pour aider les fonctionnaires zimbabwéens à effectuer des tests COVID-19. Les autres services comprennent des activités essentielles de communication des risques et de surveillance des maladies, de prévention et de contrôle de l’infection, de protection, d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) et d’aide à la réintégration.Mario Lito Malanca, chef de mission de l’OIM au Zimbabwe, a fait remarquer que le nombre de retours a dépassé les attentes, soulignant l’impact socioéconomique massif que le virus a eu dans les régions et qui nécessite un recentrage sur des solutions à long terme.« Sans ces mesures, nous verrons de nombreux migrants de retour s’enfoncer davantage dans la crise, recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs et être éventuellement contraints de migrer à nouveau par des moyens irréguliers », a-t-il déclaré.Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1,9 million de personnes ont été testées positives à la COVID-19 en Afrique australe depuis mars 2020, et plus de 60 000 personnes ont perdu la vie. Les plus touchés étaient les trois principaux pays de destination des travailleurs migrants zimbabwéens : l’Afrique du Sud, le Malawi et le Botswana.
    Un sondage de l’OIM sur les migrants de retour a révélé que, dans la plupart des cas, la décision de rentrer était liée aux conséquences de la pandémie, notamment aux difficultés financières, à la faim et à la perte du logement, au manque d’accès à l’aide médicale, au soutien en matière de santé mentale, aux problèmes de documents d’identité et au risque d’agression dans le pays où ils travaillaient. Le sondage a également révélé que les migrants de retour ont des compétences professionnelles allant de la construction au commerce, en passant par l’agriculture, la restauration, la peinture et le travail domestique. Les directives du gouvernement zimbabwéen exigent que les migrants de retour aient un certificat COVID-19 négatif valable avant d’entrer dans le pays. Sans certificat valable, ils sont envoyés dans les centres de quarantaine provinciaux de Beitbridge, Plumtree et Chirundu pour attendre leur dépistage.Avec le soutien de l’OIM et de son Fonds pour le développement, le gouvernement du Zimbabwe s’engage avec ses voisins à conclure des accords bilatéraux pour s’attaquer aux facteurs d’incitation des retours, tout en mettant en place des mécanismes internes de réintégration socioéconomique par le biais de projets d’aide à l’emploi.

    #Covid-19#migrant#migration#zimbabwe#afriquedusud#malawi#bostawana#sante#retour#economie#quarantaine#certificatcovid#OIM#test#emploi

  • Covid-19 : la barre des 100 000 morts en France est déjà franchie depuis des semaines
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/04/14/covid-19-en-france-la-barre-des-100-000-deces-est-deja-franchie-depuis-des-s


    Lors de la messe d’enterrement d’une victime du covid-19 à Malo-les-Bains, le 7 avril 2021.
    AIMÉE THIRION POUR « LE MONDE »

    Les données du centre d’épidémiologie sur les causes de décès de l’Inserm, plus fiables car établies à partir des certificats de décès, confirment que le bilan officiel de Santé publique France est largement sous-estimé.

    Le nombre est hautement symbolique mais sous-estimé : le cap des 100 000 décès liés au Covid-19 en France, issu du décompte quotidien de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France (SPF), est en réalité franchi depuis déjà des semaines.
    C’est ce qu’il ressort des dernières données du centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm (CépiDc). Encore partielles, celles-ci ont été présentées par le démographe et épidémiologiste Jean-Marie Robine (directeur de recherches émérite à l’Inserm), vendredi 9 avril, lors d’un séminaire en ligne sur la mortalité du Covid-19.

    En matière de surveillance de la mortalité et de ses causes en France, les chiffres du CépiDc ne sont pas les plus rapides à être rendus publics, mais ils sont les plus fiables car réalisés à partir de l’ensemble des certificats de décès remplis par les médecins. Ils permettent des études par sexe, tranche d’âge, selon la zone géographique du décès et du lieu de celui-ci (hôpital, domicile…).
    « Pour la période allant du 1er mars au 31 décembre 2020, il y a déjà 75 732 certificats mentionnant le Covid-19 comme cause initiale ou associée de la mort, révèle M. Robine, également conseiller scientifique auprès de la direction de l’Institut national d’études démographiques (INED). Au 31 décembre 2020, le tableau de bord de l’épidémie de SPF faisait, lui, état de 64 632 décès, 44 852 dans les hôpitaux et 19 780 dans les Ehpad [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] et autres établissements médico-sociaux. »

    « Une usine à gaz »
    En clair, pour les dix derniers mois de 2020 – qui correspondent aux deux premières vagues de l’épidémie sur le territoire –, l’écart est déjà de plus de 11 000 décès entre les données de SpF et celles du CépiDc. Il a sans doute continué à se creuser depuis début 2021. De son côté, l’INED avait récemment évalué à 68 000 le nombre de décès par Covid-19 en France en 2020, à partir des données de l’Insee, soit un delta de près de 8 000 avec les chiffres de l’Inserm.

    Au total, le CépiDc a réceptionné 538 972 certificats de décès exploitables (vingt ne l’étaient pas) pour la période du 1er mars au 31 décembre 2020, dont 75 732 avec la mention Covid-19. L’infection à SARS-CoV-2 est donc impliquée dans 14 % des décès. Les hommes ont payé un plus lourd tribut que les femmes (38 324 décès contre 37 408). Les tranches d’âge 75-84 ans et 85-94 sont les plus touchées.

    • Ces chiffres sont encore provisoires : les certificats reçus représentent 97 % de ceux attendus pour les mois de mars à novembre 2020, et 90,6 % pour décembre (les analyses ne sont effectuées que lorsque le CépiDc a obtenu plus de 90 % des certificats attendus pour un mois donné, ce qui n’est pas encore le cas pour janvier, février et mars 2021).
      Pourquoi de telles différences entre les institutions ? Comme l’avait déjà souligné Jean-Marie Robine dans nos colonnes https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/19/le-decompte-de-la-mortalite-liee-au-covid-19-est-une-usine-a-gaz_6066788_324, le comptage des morts du Covid-19 est « une usine à gaz » . La surveillance est assurée par plusieurs organismes, qui travaillent à partir de bases de données différentes.

      « Plusieurs angles morts »

      SPF comptabilise quotidiennement les décès à partir des remontées des hôpitaux, par le biais de Si-Vic (système d’information pour le suivi des victimes d’attentats et de situations sanitaires exceptionnelles). S’y ajoutent deux fois par semaine les données des Ehpad et autres établissements médico-sociaux.

      « Cette surveillance comporte plusieurs angles morts, explique M. Robine. D’abord, elle ne tient pas compte des #morts_à_domicile. Ensuite, Si-Vic ne comptabilise pas les décès dans les #unités_de_soins_de_longue_durée [USLD], soit 30 000 lits d’hôpitaux en France. Or, les patients des USLD sont particulièrement fragiles et sensibles aux maladies opportunistes. Les décès survenant aux #urgences, dans les services de #psychiatrie et de #soins_de_suite et de réadaptation ne sont pas bien dénombrés, ce qui sous-estime beaucoup de cas nosocomiaux. » Quant aux remontées concernant les décès en Ehpad, le démographe regrette qu’elles n’aient, jusqu’à récemment, pas précisé l’âge et le sexe de la victime.

      Les données : la France a connu en en 2020 la plus importante mortalité de son histoire récente https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/01/15/avec-667-400-deces-enregistres-la-france-a-connu-9-d-excedent-de-mortalite-e

      L’Insee, pour sa part, évalue le nombre de décès de façon réactive à partir des actes d’état civil, en principe transmis dans les vingt-quatre heures. Ces données présentent l’avantage d’être exhaustives, mais l’inconvénient de ne pas permettre une analyse fine de surmortalité faute d’information sur les causes du décès.

      Dans leur analyse publiée en mars https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/17/en-france-68-000-personnes-seraient-mortes-du-covid-19-en-2020_6073436_3244., où ils évaluaient le nombre de décès dus au Covid-19 à 68 000 pour 2020, Gilles Pison et France Meslé de l’INED notaient que ce chiffre était supérieur à l’augmentation du nombre de décès entre 2019 et 2020 : 55 000. « Cela vient du recul d’autres causes de décès comme la grippe et les accidents de la circulation », écrivaient les deux chercheurs.

      « Rendre obligatoire la certification électronique des décès »

      Quant au CépiDc de l’Inserm https://opendata.idf.inserm.fr/cepidc/covid-19, il suit une partie des décès en temps réel, grâce aux certificats électroniques de décès. Mais ceux-ci restent très minoritaires (20 % au début de la pandémie, de 25 % à 30 % actuellement) par rapport aux certificats papiers, envoyés avec des semaines voire des mois de décalage.
      Pour Jean-Marie Robine, qui plaide pour un système réactif de suivi de la mortalité depuis la canicule de 2003 – à la suite de laquelle avaient été mis en place les certificats de décès électroniques –, la situation actuelle est incompréhensible. « Dans cette épidémie, on devrait pouvoir communiquer avec fiabilité sur les décès de la veille. La solution serait simple : rendre obligatoire pour tout médecin la certification électronique des décès dans les quarante-huit heures », martèle le démographe.

      En juillet 2020 https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2020/mortalite-en-france-d-ou-viennent-les-chiffres, Anne Fouillet (SPF) jugeait de son côté « fondamental de déployer dans les meilleurs délais l’utilisation de la certification électronique sur tout le territoire (…) afin d’assurer une surveillance exhaustive et réactive de la mortalité par cause de décès en routine et en particulier en cas de menace sur la santé de la population ».

      100 000 morts du Covid-19 en France : notre sélection d’articles sur le sujet

      Le décryptage : La barre des 100 000 morts en France est déjà franchie depuis des semaines selon l’Inserm

      La synthèse : La mortalité de la pandémie est encore sous-estimée dans le monde

      L’entretien de Marie-Frédérique Bacqué : « Les morts du Covid-19 n’ont été ni identifiés ni pleurés collectivement »

      Le reportage : La troisième vague de Covid-19 vue de l’hôpital Bichat

      #Covid-19 #bilan #mortalité #CépiDc #certificats_de_décès #Covid-19_nocosomial

  • #Université : une entreprise adepte de l’#optimisation_fiscale décroche le #marché des #tests_d’anglais

    Le gouvernement vient de confier l’organisation de #tests d’#anglais à l’université à une entreprise à la légitimité contestée, immatriculée à #Chypre et adepte de l’optimisation fiscale, pour plus de 8 millions d’euros par an. Au grand dam du corps enseignant.

    Dans les #facs vidées par le Covid-19 et qui se sentent abandonnées par l’État, l’attribution d’un #marché_public, fin décembre, a fait l’effet d’une petite bombe chez les enseignants en langue. L’objet de ce marché estimé à plus de 8 millions d’euros par an : l’organisation de tests et #certifications en anglais pour des centaines de milliers d’étudiants en licence, BTS ou DUT.

    Si quatre entreprises s’affrontaient au départ, le duel final a opposé #ETS_Global, une société qui fait référence (à l’origine du célèbre test #Toefl), à #PeopleCert, une entreprise fondée par un homme d’affaires grec et inconnue de la quasi-totalité des linguistes en France.

    Si ETS Global était devant, PeopleCert a cassé ses tarifs de 34,72 % pendant la phase de négociation avec le ministère de l’#enseignement_supérieur, d’après nos informations, pour emporter finalement le contrat.

    « La première chose que j’ai faite quand j’ai entendu ce nom, c’est d’aller voir leur site, qui comporte des fautes d’orthographe que je reprocherais à mes étudiants ! », raille Alexandra Sippel, maîtresse de conférences en cultures anglo-saxonnes à l’université Toulouse-Jean-Jaurès.

    Le choix de l’État est d’autant plus étonnant que PeopleCert pratique l’optimisation fiscale agressive, selon des documents consultés par Mediapart.

    #PeopleCert_International_Limited, l’entité qui a signé avec le ministère, est la société de tête d’un groupe qui en compte une dizaine (à Athènes, Londres, Istanbul ou Dubaï). Elle est immatriculée à Chypre, #paradis_fiscal européen très prisé, notamment des oligarques russes.

    C’était, lors de sa création, une société « boîte aux lettres » basée à l’adresse d’un cabinet de domiciliation chypriote. Elle contrôle deux sociétés britanniques, mais qui ne salarient que 8 personnes.

    En réalité, l’essentiel du travail est effectué par les sociétés grecques du groupe, dont la principale, #PeopleCert_Global_Services, employait 210 personnes en 2017 – en Grèce, le salaire minimum est presque deux fois moindre qu’en France.

    Étonnamment, PeopleCert Global Services réalisait seulement 412’000 euros de résultat pour 9,2 millions de chiffre d’affaires en 2018, tandis que la coquille chypriote #PeopleCert_International engrangeait 3,4 millions d’euros de profits.

    Il faut dire que les statuts de l’entité grecque autorisent deux des directeurs (dont le fils du fondateur) à effectuer « le transfert de n’importe quelle somme d’argent illimitée » vers les autres sociétés du groupe. En clair, le montage semble conçu pour transférer artificiellement les profits vers ce paradis fiscal.

    Entre 2015 et 2019, PeopleCert International a accumulé plus de 15 millions d’euros de bénéfices à Chypre, où le taux habituel de l’impôt sur les sociétés n’est que de 12,5 %, soit trois fois moins qu’en France.

    PeopleCert répond qu’aujourd’hui « plus de dix personnes sont employées dans les bureaux à Chypre, un État membre de l’UE ». « PeopleCert respecte la législation de chaque pays où il est implanté, en particulier la législation comptable, et y paie les impôts et taxes correspondants », indique #Frédéric_Borne, responsable du développement commercial de l’entreprise pour l’ouest de l’Europe.

    De son côté, le ministère de l’enseignement supérieur déclare à Mediapart que, Chypre étant membre de l’Union européenne, « l’implantation géographique du titulaire [du marché – ndlr] et de ses salariés n’a pas été prise en compte dans l’analyse des offres », car cela aurait été contraire au droit. Sur l’optimisation fiscale ? Aucun commentaire.

    Le fondateur grec du groupe, #Anastasios_Byron_Nikolaides, soigne aussi sa fiscalité personnelle. Entre 2011 et 2017, il contrôlait 100 % de PeopleCert International via des sociétés basées au #Liberia, remplacées en 2017 par une coquille offshore à Chypre, #PeopleCert_Holdings_Europe. Sollicité par Mediapart, il a refusé de répondre.

    Sa stratégie étonne d’autant plus qu’il répète à longueur d’interviews son attachement à la Grèce : ses parents, professeur d’anglais et institutrice, lui auraient inculqué le « philotimo », terme désignant le sens de l’honneur, du devoir, de la communauté.

    En 2018, il se félicitait de ne pas avoir abandonné son pays durement touché par la crise. « PeopleCert a fait ses preuves en maintenant non seulement son siège social en Grèce, mais aussi en y conservant des emplois ; aujourd’hui, plus de 90 % des employés de l’entreprise sont grecs », déclarait-il à Ritsa Masoura, présentée comme journaliste contributrice au Huffington Post Grèce, mais qui confie à Mediapart avoir travaillé deux ans pour PeopleCert.

    Les universitaires français apprécieront cette interprétation personnelle du « philotimo ». Ils sont nombreux, de toute façon, à s’élever contre le principe même de cette « #privatisation » des tests d’anglais. De quoi s’agit-il, exactement ?

    Jusqu’en 2018, chaque étudiant était libre de passer ou non une évaluation pour attester son niveau en langue (en plus de son diplôme) et de l’inscrire sur son CV. Il pouvait opter pour un dispositif public et gratuit (#le_Cles), ou bien pour le fameux #Toeic (organisé sur les campus, mais aux frais des candidats), ultra-populaire dans les écoles d’ingénieurs et les formations professionnalisantes.

    Puis Édouard Philippe, premier ministre, a décidé qu’une certification en langue serait obligatoire pour toute une série de diplômes (licence, BTS, DUT…) et a jugé indispensable de contracter avec un prestataire privé, au motif que le Cles manquerait de reconnaissance internationale.

    Depuis, la communauté universitaire est vent debout, dénonçant ici « une gabegie annoncée », là « une démonétisation des enseignements et diplômes accrédités par l’État », ou encore une « atteinte au plurilinguisme ». En septembre dernier, quinze associations de professeurs de langue ont lancé un #recours devant le #Conseil_d’État contre les textes rendant ces certifications obligatoires.

    Fin janvier, les mêmes ont attaqué l’attribution du marché à PeopleCert. « La question de la légitimité de cette entreprise se pose, de même que la question de la pertinence des critères d’attribution du marché et des modalités de sélection de l’entreprise retenue », écrivent-elles dans un communiqué.

    « Conclu sans montant maximum », le marché est reconductible tacitement chaque année jusqu’en 2024. Or, s’il s’agit de tester 22 000 étudiants en 2021, le volume doit gonfler à 281 000 étudiants « minimum » sur l’année universitaire 2023-2024. D’après les estimations de deux maîtresses de conférences, le coût pour l’État pourrait alors dépasser 32 millions d’euros par an. « [C’est] la moitié de l’enveloppe supplémentaire dévolue en 2020 à l’amélioration des conditions de vie étudiante », pointent-elles.

    Compte tenu de l’arrivée récente de PeopleCert dans l’univers des langues, sa victoire n’a fait qu’alimenter la controverse.

    Si la firme affirme avoir fait passer 7 millions d’examens dans 189 pays, elle ne précise pas la part de tests de langue dans ce total. Or, PeopleCert s’est construit en donnant des formations aux entreprises, aux particuliers ou aux ministères en cybersécurité, marketing digital ou management. Et s’il s’est ensuite fait un nom dans les certifications, c’est surtout en informatique et management.

    Plutôt que de développer son offre, PeopleCert a fondé son #business sur le rachat de certifications développées par d’autres. Depuis 2018, il distribue #Itil, une certification en gestion des services informatiques développée par un ancien organisme public anglais. En septembre, PeopleCert a acquis l’association américaine #IASSC et sa certification #Lean_Six_Sigma, populaire pour améliorer les performances des entreprises, récupérant ainsi de prestigieux clients comme Amazon, BMW, Cisco ou l’armée américaine.

    L’entreprise a adopté la même stratégie pour se diversifier dans les langues, avec sa marque #LanguageCert. Alors qu’il peinait jusqu’en 2015 à être reconnu dans le milieu universitaire, PeopleCert a ainsi acquis « toute la #propriété_intellectuelle et le matériel d’évaluation connexe pour les qualifications d’anglais de #City_&_Guilds, l’un des organismes de récompense les plus anciens et les plus prestigieux du Royaume-Uni », comme il le précise dans un dossier de présentation envoyé au corps enseignant français, le 1er février.

    Pour asseoir sa légitimité, PeopleCert s’est aussi payé un grand nom du secteur : #Michael_Milanovic, ancien PDG de #Cambridge_Assessment, qui baigne dans le milieu depuis plus de quarante ans.

    « Ils veulent se crédibiliser, mais leurs certifications en anglais sont des coquilles vides, confie Brice*, sous le couvert de l’anonymat, figure du secteur qui a côtoyé de près PeopleCert. On y voit bien leur philosophie : une plateforme qui délivre des examens créés par d’autres, mais pas un organisme de recherche et développement. Où sont les employés qui développent les items des tests de langues, où sont les psychomotriciens et statisticiens qui valident que la notation évalue bien ce qu’elle est censée évaluer ? »

    Cambridge Assessment et le leader du marché, #ETS_Global, emploient des dizaines de chercheurs pour développer et améliorer en permanence leurs systèmes de certification. Un coût que s’épargne PeopleCert avec sa stratégie de rachat.

    Malgré tout, le bilan de LanguageCert reste maigre, avec seulement une poignée de contrats signés ces dernières années : un au Royaume-Uni avec l’agence des visas et de l’immigration, et trois en Espagne, avec la région de Madrid, l’Andalousie et l’#université_Carlos-III.

    Et en #France ? L’entreprise a fait passer « 15’000 certifications pour l’année 2020, majoritairement par l’intermédiaire de ses 90 organismes de formation agréés sur 170 lieux d’examen », expose PeopleCert. Sans préciser s’il s’agit de tests d’anglais.

    Pour tenir le rythme, la société va devoir changer de braquet, puisque le marché signé avec le ministère prévoit la délivrance de 636’000 tests minimum sur quatre ans, soit un rythme annuel dix fois plus élevé que le total des tests réalisés en 2020 par la société en France.

    Le vice-président de la Société des anglicistes de l’enseignement supérieur, Cédric Sarré, s’interroge : « Ont-ils des examinateurs accrédités en France ? Des centres d’accréditation ? Leurs certifications sont-elles déjà utilisées par d’autres universités ? À ce stade, nous n’avons pas d’informations. »

    Responsable commercial de l’entreprise pour l’Europe de l’Ouest, Frédéric Borne répond que les étudiants auront le choix entre un test papier ou par ordinateur et que la surveillance des examens se fera au sein des universités, avec un chef surveillant dans chaque établissement pour vérifier le bon déroulé des tests.

    « Tous les services réalisés en France seront payés en France à des Français déployés sur le terrain », ajoute-t-il. Sans préciser si les corrections se feront en Grèce, pays où se trouve la grande majorité des salariés de PeopleCert.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/150221/universite-une-entreprise-adepte-de-l-optimisation-fiscale-decroche-le-mar

  • L’#enseignement_numérique ou le supplice des Danaïdes. Austérité, surveillance, désincarnation et auto-exploitation

    Où l’on apprend comment les étudiants en #STAPS de #Grenoble et #Saint-Étienne ont fait les frais de la #numérisation - #déshumanisation de l’#enseignement bien avant l’apparition du coronavirus. Et comment ce dernier pourrait bien avoir été une aubaine dans ce processus de #destruction programmé – via notamment la plate-forme #FUN (sic).

    Les #plateformes_numériques d’enseignement ne datent pas de la série quasiment continue de confinements imposés aux universités depuis mars 2020. Enseignante en géographie à l’Université Grenoble Alpes, je constate le développement croissant d’« outils numériques d’enseignement » dans mon cadre de travail depuis plus d’une dizaine d’années. En 2014, une « #licence_hybride », en grande majorité numérique, est devenue la norme à Grenoble et à Saint-Étienne dans les études de STAPS, sciences et techniques des activités physiques et sportives. En 2020, tous mes enseignements sont désormais numériques à la faveur de l’épidémie. Preuves à l’appui, ce texte montre que le passage total au numérique n’est pas une exceptionnalité de crise mais une #aubaine inédite d’accélération du mouvement de numérisation global de l’#enseignement_supérieur en France. La #souffrance et les dégâts considérables que provoque cette #numérisation_de_l’enseignement étaient aussi déjà en cours, ainsi que les #résistances.

    Une politique structurelle de #transformation_numérique de l’enseignement supérieur

    La licence hybride de l’UFR STAPS à Grenoble, lancée en 2014 et en majorité numérique, autrement dit « à distance », est une des applications « pionnières » et « innovantes » des grandes lignes stratégiques du ministère de l’Enseignement supérieur en matière d’enseignement numérique définies dès 2013. C’est à cette date que la plateforme FUN - #France_Université_Numérique [1] -, financée par le Ministère, a été ouverte, regroupant des #MOOC - Massive Open Online Courses - ayant pour but d’« inciter à placer le numérique au cœur du parcours étudiant et des métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche [2] » sous couvert de « #démocratisation » des connaissances et « #ouverture au plus grand nombre ». De fait, la plateforme FUN, gérée depuis 2015 par un #GIP - #Groupe_d’Intérêt_Public [3] -, est organisée autour de cours gratuits et en ligne, mais aussi de #SPOC -#Small_Private_Online_Course- diffusés par deux sous-plateformes : #FUN-Campus (où l’accès est limité aux seuls étudiant·e·s inscrit·e·s dans les établissements d’enseignement qui financent et diffusent les cours et doivent payer un droit d’accès à la plateforme) et #FUN-Corporate (plate-forme destinée aux entreprises, avec un accès et des certifications payants). En 2015, le ministère de l’Enseignement supérieur présentait le nouveau « #GIP-FUN » et sa stratégie pour « mettre en place un modèle économique viable en développant de nouveaux usages de cours en ligne » avec :

    - une utilisation des MOOC en complément de cours sur les campus, voire en substitution d’un #cours_magistral, selon le dispositif de la #classe_inversée ;
    - une proposition de ces #cours_en_ligne aux salariés, aux demandeurs d’emploi, aux entreprises dans une perspective de #formation_continue ;
    – un déploiement des plateformes en marques blanches [4]

    Autrement dit, il s’agit de produire de la sur-valeur à partir des MOOC, notamment en les commercialisant via des #marques_blanches [5] et des #certifications_payantes (auprès des demandeurs d’emploi et des entreprises dans le cadre de la formation continue) et de les diffuser à large échelle dans l’enseignement supérieur comme facteur de diminution des #coûts_du_travail liés à l’#encadrement. Les MOOC, dont on comprend combien ils relèvent moins de l’Open Source que de la marchandise, sont voués aussi à devenir des produits commerciaux d’exportation, notamment dans les réseaux postcoloniaux de la « #francophonie [6] ». En 2015, alors que la plateforme FUN était désormais gérée par un GIP, vers une #marchandisation de ses « produits », était créé un nouveau « portail de l’enseignement numérique », vitrine de la politique du ministère pour « déployer le numérique dans l’enseignement supérieur [7] ». Sur ce site a été publié en mars 2016 un rapport intitulé « MOOC : À la recherche d’un #business model », écrit par Yves Epelboin [8]. Dans ce rapport, l’auteur compare en particulier le #coût d’un cours classique, à un cours hybride (en présence et via le numérique) à un cours uniquement numérique et dresse le graphique suivant de rentabilité :

    Le #coût fixe du MOOC, à la différence du coût croissant du cours classique en fonction du nombre d’étudiants, suffit à prouver la « #rentabilité » de l’enseignement numérique. La suite du document montre comment « diversifier » (depuis des partenariats publics-privés) les sources de financement pour rentabiliser au maximum les MOOC et notamment financer leur coût de départ : « la coopération entre les universités, les donateurs, des fonds spéciaux et d’autres sources de revenus est indispensable ». Enfin, en octobre 2019, était publié sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur un rapport intitulé « #Modèle_économique de la transformation numérique des formations dans les établissements d’enseignement supérieur [9] », écrit par Éric Pimmel, Maryelle Girardey-Maillard et Émilie‐Pauline Gallie, inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche. Le rapport commence par le même invariable constat néolibéral d’#austérité : « croissance et diversité des effectifs étudiants, concurrence nationale et internationale, égalité d’accès à l’enseignement supérieur dans les territoires et augmentation des coûts, dans un contexte budgétaire contraint », qui nécessitent donc un développement généralisé de l’enseignement numérique. La préconisation principale des autrices·teurs du rapport tient dans une « réorganisation des moyens » des universités qui :

    « consiste notamment à réduire le volume horaire des cours magistraux, à modifier les manières d’enseigner (hybridation, classes inversées...) et à répartir différemment les heures de cours, voire d’autres ressources, comme les locaux par exemple. Les économies potentielles doivent être chiffrées par les établissements qui devront, pour ne pas se voir reprocher de dégrader les conditions d’enseignement, redéployer ces montants dans les équipements ou le développement de contenus pédagogiques. »

    Autrement dit encore, pour financer le numérique, il s’agit de « redéployer » les moyens en encadrement humain et en locaux, soit les moyens relatifs aux cours « classiques », en insistant sur la dimension « pédagogique » du « redéploiement » pour « ne pas se voir reprocher de dégrader les conditions d’enseignement ». Le financement du numérique dans l’enseignement universitaire par la marchandisation des MOOC est aussi envisagé, même si cette dernière est jugée pour l’instant insuffisante, avec la nécessité d’accélérer les sources de financement qu’ils peuvent générer : « Le développement de nouvelles ressources propres, tirées notamment de l’activité de formation continue ou liées aux certificats délivrés dans le cadre des MOOCs pourrait constituer une voie de développement de ressources nouvelles. » Un programme « ambitieux » d’appel à « #flexibilisation des licences » a d’ailleurs été lancé en 2019 :

    Au‐delà de la mutualisation des ressources, c’est sur la mutualisation des formations qu’est fondé le projet « #Parcours_Flexibles_en_Licence » présenté par la mission de la pédagogie et du numérique pour l’enseignement supérieur (#MIPNES / #DGESIP) au deuxième appel à projets du #fonds_pour_la_transformation_de_l’action_publique (#FTAP) et financé à hauteur de 12,4 M€ sur trois ans. La mission a retenu quatre scénarios qui peuvent se combiner :

    - l’#hybridation d’une année de licence ou le passage au #tout_numérique ;

    - la transformation numérique partielle de la pédagogie de l’établissement ;

    - la #co‐modalité pour répondre aux contraintes ponctuelles des étudiants ;

    - les MOOCS comme enjeu de visibilité et de transformation.

    Le ministère a pour ambition, depuis 2013 et jusqu’à aujourd’hui, « la transformation numérique partielle de la pédagogie des établissements ». Les universités sont fermées depuis quasiment mars 2020, avec une courte réouverture de septembre à octobre 2020. L’expérience du passage au numérique, non plus partiel, mais total, est en marche dans la start-up nation.

    Nous avons déjà un peu de recul sur ce que l’enseignement numérique produit comme dégâts sur les relations d’enseignement, outre la marchandisation des connaissances qui remet en cause profondément ce qui est enseigné.

    A Grenoble, la licence « pionnière » de STAPS- Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives

    En 2014 et dans le cadre des politiques financières décrites précédemment, était lancée à Grenoble une licence « unique en son genre » de STAPS- Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives dont voici le fonctionnement :

    Les universités Grenoble-Alpes et Jean-Monnet-Saint-Étienne proposent une licence STAPS, parcours « entraînement sportif », unique en son genre : la scolarité est asynchrone, essentiellement à distance, et personnalisée.

    Cette licence s’appuie sur un dispositif de formation hybride : les étudiant·e·s s’approprient les connaissances chez eux, à leur rythme avant de les manipuler lors de cours en présentiel massés.

    Le travail personnel à distance s’appuie sur de nouvelles pédagogies dans l’enseignement numérique : les cours #vidéos, les #screencasts, #quizz et informations complémentaires s’articulent autour de #parcours_pédagogiques ; des sessions de #classe_virtuelle sont également organisées à distance [10].

    Dès 2017, des enseignant·e·s de STAPS faisaient paraître un texte avec la section grenobloise du syndicat FSU - Fédération Syndicale Unitaire - intitulé « Les STAPS de Grenoble sont-ils un modèle à suivre ? ». Les auteur·trice·s expliquaient que, en 2014, la présidence de l’université avait instrumentalisé un « dilemme impossible : “la pédagogie numérique ou la limitation d’accueil” ». Il s’agit ici d’un exemple significatif de technique néolibérale de capture de l’intérêt liée à la rhétorique de l’#austérité. Ce même non-choix a été appliqué dans l’organisation de la #PACES à Grenoble, première année de préparation aux études de médecine : numérique ou limitation drastique des étudiant·e·s accueilli·e·s. La tierce voie, toujours écartée, est évidemment celle de recruter plus d’enseignant·e·s, de personnels administratifs, de réduire les groupes d’amphithéâtres, de construire des locaux qui permettent à des relations d’enseignement d’exister. En 2017, les enseignant·e·s de STAPS constataient, effectivement, que « l’enseignement numérique permet(tait) d’accueillir beaucoup de monde avec des moyens constants en locaux et personnels enseignants titulaires (postes) ; et même avec une diminution des #coûts_d’encadrement ». Elles et ils soulignaient dans le même temps que le niveau d’#épuisement et d’#isolement des enseignant·e·s et des étudiant·e·s était inédit, assorti d’inquiétudes qui résonnent fortement avec la situation que nous traversons aujourd’hui collectivement :

    —Nous craignons que le système des cours numérisés s’accompagne d’une plus grande difficulté à faire évoluer les contenus d’enseignements compte tenu du temps pour les réaliser.
    — Nous redoutons que progressivement les cours de L1 soient conçus par un seul groupe d’enseignants au niveau national et diffusé dans tous les UFR de France, l’enseignant local perdant ainsi la main sur les contenus et ceux-ci risquant de se rigidifier.
    — Un certain nombre de travaux insistent sur le temps considérable des jeunes générations accrochées à leur smartphone, de 4 à 6 heures par jour et signalent le danger de cette pratique pour la #santé physique et psychique. Si s’ajoutent à ces 4 à 6 heures de passe-temps les 3 ou 4 heures par jour de travail des cours numériques sur écran, n’y a-t-il pas à s’inquiéter ?
    — Si les étudiants de L1 ne sont plus qu’une douzaine d’heures par semaine à l’université pour leurs cours, qu’en est-il du rôle de #socialisation de l’université ?

    (…)

    Il est tout de même très fâcheux de faire croire qu’à Grenoble en STAPS en L1, avec moins de moyens humains nous faisons aussi bien, voire mieux, et que nous ayons trouvé la solution au problème du nombre. Il serait plus scrupuleux d’exposer que :

    — nous sommes en difficulté pour défendre la qualité de nos apprentissages, que sans doute il y a une perte quant aux compétences formées en L1 et que nous devrons compenser en L2, L3, celles-ci. Ce qui semble très difficile, voire impossible ;
    — le taux de réussite légèrement croissant en L1 se fait sans doute à ce prix et qu’il est toujours faible ;
    — nous nous interrogeons sur la faible participation de nos étudiants au cours de soutien (7 % ) ;
    — nous observons que les cours numériques n’ont pas fait croître sensiblement la motivation des étudiants [11].

    Ces inquiétudes, exprimées en 2017, sont désormais transposables à large échelle. Les conditions actuelles, en période de #confinement et de passage au tout numérique sur fond de #crise_sanitaire, ne sont en effet ni « exceptionnelles », ni « dérogatoires ». Ladite « #exceptionnalité de crise » est bien plus l’exacerbation de ce qui existe déjà. Dans ce contexte, il semble tout à fait légitime de s’interroger sur le très probable maintien de l’imposition des fonctionnements généralisés par temps de pandémie, aux temps « d’après », en particulier dans le contexte d’une politique très claire de transformation massive de l’#enseignement_universitaire en enseignement numérique. Ici encore, l’analyse des collègues de STAPS publiée en 2017 sur les modalités d’imposition normative et obligatoire de mesures présentées initialement comme relevant du « volontariat » est éloquente :

    Alors qu’initialement le passage au numérique devait se faire sur la base du #volontariat, celui-ci est devenu obligatoire. Il reste à l’enseignant ne souhaitant pas adopter le numérique la possibilité d’arrêter l’enseignement qui était le sien auparavant, de démissionner en quelque sorte. C’est sans doute la première fois, pour bon nombre d’entre nous, qu’il nous est imposé la manière d’enseigner [12].

    Depuis 2020, l’utopie réalisée. Passage total à l’enseignement numérique dans les Universités

    Depuis mars et surtout octobre 2020, comme toutes les travailleur·se·s et étudiant·e·s des universités en France, mes pratiques d’enseignement sont uniquement numériques. J’avais jusqu’alors résisté à leurs usages, depuis l’analyse des conditions contemporaines du capitalisme de plateforme lié aux connaissances : principalement (1) refuser l’enclosure et la #privatisation des connaissances par des plateformes privées ou publiques-privées, au service des politiques d’austérité néolibérale destructrices des usages liés à l’enseignement en présence, (2) refuser de participer aux techniques de surveillance autorisées par ces outils numériques. Je précise ici que ne pas vouloir déposer mes cours sur ces plateformes ne signifiait pas me replier sur mon droit de propriété intellectuelle en tant qu’enseignante-propriétaire exclusive des cours. Au contraire, un cours est toujours co-élaboré depuis les échanges singuliers entre enseignant·e·s et étudiant·e·s ; il n’est pas donc ma propriété exclusive, mais ressemble bien plus à un commun élaboré depuis les relations avec les étudiant·e·s, et pourrait devoir s’ouvrir à des usages et des usager·ère·s hors de l’université, sans aucune limite d’accès. Sans défendre donc une propriété exclusive, il s’agit dans le même temps de refuser que les cours deviennent des marchandises via des opérateurs privés ou publics-privés, déterminés par le marché mondial du capitalisme cognitif et cybernétique, et facilité par l’État néolibéral, comme nous l’avons vu avec l’exposé de la politique numérique du ministère de l’Enseignement supérieur.

    Par ailleurs, les plateformes d’enseignement numérique, en particulier de dépôt et diffusion de documents, enregistrent les dates, heures et nombres de clics ou non-clics de toutes celles et ceux qui les utilisent. Pendant le printemps 2020, sous les lois du premier confinement, les débats ont été nombreux dans mon université pour savoir si l’ « #assiduité », comme facteur d’ « #évaluation » des étudiant·e·s, pouvait être déterminée par les statistiques individuelles et collectives générées par les plateformes : valoriser celles et ceux qui seraient les plus connectées, et pénaliser les autres, autrement dit « les déconnecté·e·s », les dilettantes. Les éléments relatifs à la #fracture_numérique, l’inégal accès matériel des étudiant·e·s à un ordinateur et à un réseau internet, ont permis de faire taire pendant un temps celles et ceux qui défendaient ces techniques de #surveillance (en oubliant au passage qu’elles et eux-mêmes, en tant qu’enseignant·e·s, étaient aussi possiblement surveillé·e·s par les hiérarchies depuis leurs fréquences de clics, tandis qu’elles et ils pouvaient s’entre-surveiller depuis les mêmes techniques).

    Or depuis la fermeture des universités, ne pas enseigner numériquement signifie ne pas enseigner du tout. Refuser les plateformes est devenu synonyme de refuser de faire cours. L’épidémie a créé les conditions d’un apparent #consentement collectif, d’une #sidération aussi dont il est difficile de sortir. Tous les outils que je refusais d’utiliser sont devenus mon quotidien. Progressivement, ils sont même devenus des outils dont je me suis rendue compte dépendre affectivement, depuis un rapport destructeur de liens. Je me suis même mise à regarder les statistiques de fréquentation des sites de mes cours, les nombres de clics, pour me rassurer d’une présence, là où la distance commençait à creuser un vide. J’ai eu tendance à surcharger mes sites de cours de « ressources », pour tenter de me rassurer sur la possibilité de resserrer des liens, par ailleurs de plus en plus ténus, avec les étudiant·e·s, elles-mêmes et eux-mêmes confronté·e·s à un isolement et une #précarisation grandissantes. Là où la fonction transitionnelle d’objets intermédiaires, de « médias », permet de symboliser, élaborer l’absence, j’ai fait l’expérience du vide creusé par le numérique. Tout en étant convaincue que l’enseignement n’est jamais une affaire de « véhicule de communication », de « pédagogie », de « contenus » à « communiquer », mais bien une pratique relationnelle, réciproque, chargée d’affect, de transfert, de contre-transfert, que « les choses ne commencent à vivre qu’au milieu [13] », je n’avais jamais éprouvé combien la « communication de contenus » sans corps, sans adresse, créait de souffrance individuelle, collective et d’auto-exploitation. Nombreuses sont les analyses sur la difficulté de « #concentration », de captation d’une #attention réduite, derrière l’#écran. Avec Yves Citton et ses travaux sur l’#écologie_de_l’attention, il m’apparaît que la difficulté est moins celle d’un défaut de concentration et d’attention, que l’absence d’un milieu relationnel commun incarné :
    Une autre réduction revient à dire que c’est bien de se concentrer et que c’est mal d’être distrait. Il s’agit d’une évidence qui est trompeuse car la concentration n’est pas un bien en soi. Le vrai problème se situe dans le fait qu’il existe toujours plusieurs niveaux attentionnels. (…) La distraction en soi n’existe pas. Un élève que l’on dit distrait est en fait attentif à autre chose qu’à ce à quoi l’autorité veut qu’il soit attentif [14].

    La souffrance ressentie en tant que désormais « enseignante numérique » n’est pas relative à ce que serait un manque d’attention des étudiant·e·s généré par les écrans, mais bien à l’absence de #relation incarnée.

    Beaucoup d’enseignant·e·s disent leur malaise de parler à des « cases noires » silencieuses, où figurent les noms des étudiant·e·s connecté·e·s au cours. Ici encore, il ne s’agit pas de blâmer des étudiant·e·s qui ne « joueraient pas le jeu », et n’ouvriraient pas leurs caméras pour mieux dissimuler leur distraction. Outre les questions matérielles et techniques d’accès à un matériel doté d’une caméra et d’un réseau internet suffisamment puissant pour pouvoir suivre un cours et être filmé·e en même temps, comment reprocher à des étudiant·e·s de ne pas allumer la caméra, qui leur fait éprouver une #intrusion dans l’#espace_intime de leur habitation. Dans l’amphithéâtre, dans la salle de classe, on peut rêver, regarder les autres, regarder par la fenêtre, regarder par-dessus le tableau, à côté, revenir à sa feuille ou son écran…pas de gros plan sur le visage, pas d’intrusion dans l’espace de sa chambre ou de son salon. Dans une salle de classe, la mise en lien est celle d’une #co-présence dans un milieu commun indéterminé, sans que celui-ci n’expose à une intrusion de l’espace intime. Sans compter que des pratiques d’enregistrement sont possibles : où voyagent les images, et donc les images des visages ?

    Pour l’enseignant·e : parler à des cases noires, pour l’étudiant·e : entendre une voix, un visage en gros plan qui ne le·la regarde pas directement, qui invente une forme d’adresse désincarnée ; pour tou·te·s, faire l’expérience de l’#annihilation des #corps. Même en prenant des notes sur un ordinateur dans un amphithéâtre, avec un accès à internet et maintes possibilités de « s’évader » du cours, le corps pris dans le commun d’une salle engage des #liens. Quand la relation ne peut pas prendre corps, elle flotte dans le vide. Selon les termes de Gisèle Bastrenta, psychanalyste, l’écran, ici dans la relation d’enseignement, crée l’« aplatissement d’un ailleurs sans au-delà [15] ».

    Le #vide de cet aplatissement est synonyme d’#angoisse et de symptômes, notamment, celui d’une #auto-exploitation accrue. Le récit de plusieurs étudiant.e.s fait écho à l’expérience d’auto-exploitation et angoisse que je vis, depuis l’autre côté de l’écran. Mes conditions matérielles sont par ailleurs très souvent nettement meilleures aux leurs, jouissant notamment de mon salaire. La précarisation sociale et économique des étudiant·e·s creuse encore le vide des cases noires. Plusieurs d’entre elles et eux, celles et ceux qui peuvent encore se connecter, expliquent qu’ils n’ont jamais autant passé d’heures à écrire pour leurs essais, leurs dissertations…, depuis leur espace intime, en face-à-face avec les plateformes numériques qui débordent de fichiers de cours, de documents… D’abord, ce temps très long de travail a souvent été entrecoupé de crises de #panique. Ensuite, ce temps a été particulièrement angoissant parce que, comme l’explique une étudiante, « tout étant soi-disant sur les plateformes et tout étant accessible, tous les cours, tous les “contenus”, on s’est dit qu’on n’avait pas le droit à l’erreur, qu’il fallait qu’on puisse tout dire, tout écrire, tout ressortir ». Plutôt qu’un « contenu » élaborable, digérable, limité, la plateforme est surtout un contenant sans fond qui empêche d’élaborer une #réflexion. Plusieurs étudiant·e·s, dans des échanges que nous avons eus hors numérique, lors de la manifestation du 26 janvier 2021 à l’appel de syndicats d’enseignant·e·s du secondaire, ont également exprimé cet apparent #paradoxe : -le besoin de plus de « #contenu », notamment entièrement rédigé à télécharger sur les plateformes pour « mieux suivre » le cours, -puis, quand ce « contenu » était disponible, l’impression de complètement s’y noyer et de ne pas savoir quoi en faire, sur fond de #culpabilisation d’« avoir accès à tout et donc de n’avoir pas le droit à l’erreur », sans pour autant parvenir à élaborer une réflexion qui puisse étancher cette soif sans fin.

    Face à l’absence, la privatisation et l’interdiction de milieu commun, face à l’expression de la souffrance des étudiant·e·s en demande de présence, traduite par une demande sans fin de « contenu » jamais satisfaite, car annulée par un cadre désincarné, je me suis de plus en plus auto-exploitée en me rendant sur les plateformes d’abord tout le jour, puis à des heures où je n’aurais pas dû travailler. Rappelons que les plateformes sont constamment accessibles, 24h/24, 7j/7. Poster toujours plus de « contenu » sur les plateformes, multiplier les heures de cours via les écrans, devoir remplir d’eau un tonneau troué, supplice des Danaïdes. Jusqu’à l’#épuisement et la nécessité - politique, médicale aussi - d’arrêter. Alors que je n’utilisais pas les plateformes d’enseignement numérique, déjà très développées avant 2020, et tout en ayant connaissance de la politique très offensive du Ministère en matière de déshumanisation de l’enseignement, je suis devenue, en quelque mois, happée et écrasée par la fréquentation compulsive des plateformes. J’ai interiorisé très rapidement les conditions d’une auto-exploitation, ne sachant comment répondre, autrement que par une surenchère destructrice, à la souffrance généralisée, jusqu’à la décision d’un arrêt nécessaire.

    L’enjeu ici n’est pas seulement d’essayer de traverser au moins pire la « crise » mais de lutter contre une politique structurelle de #destruction radicale de l’enseignement.

    Créer les milieux communs de relations réciproques et indéterminées d’enseignement, depuis des corps présents, et donc des présences et des absences qui peuvent s’élaborer depuis la #parole, veut dire aujourd’hui en grande partie braconner : organiser des cours sur les pelouses des campus…L’hiver est encore là, le printemps est toujours déjà en germe.

    https://lundi.am/L-enseignement-numerique-ou-le-supplice-des-Danaides

    #numérique #distanciel #Grenoble #université #facs #France #enseignement_à_distance #enseignement_distanciel

    • Le #coût fixe du MOOC, à la différence du coût croissant du cours classique en fonction du nombre d’étudiants, suffit à prouver la « #rentabilité » de l’enseignement numérique.

      mais non ! Si la création du MOOC est effectivement un coût fixe, son fonctionnement ne devrait pas l’être : à priori un cours en ligne décemment conçu nécessite des interactions de l’enseignant avec ses étudiants...

  • Covid-19 : le gouvernement français « très réticent » à l’idée un passeport vaccinal pour voyager en Europe
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/01/17/covid-19-le-gouvernement-reticent-sur-un-passeport-vaccinal-europeen_6066574

    Covid-19 : le gouvernement français « très réticent » à l’idée un passeport vaccinal pour voyager en EuropePour le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, ce débat « n’a pas lieu d’être » alors que la campagne de vaccination ne fait que commencer.Le premier ministre grec a appelé mardi l’UE à adopter un certificat « standardisé » de vaccination pour donner un coup de pouce à l’industrie du tourisme.Le premier ministre grec a appelé mardi l’UE à adopter un certificat « standardisé » de vaccination pour donner un coup de pouce à l’industrie du tourisme. « Nous sommes très réticents. » Le gouvernement est plus que sceptique sur la mise en place d’un passeport vaccinal européen et estime que la question ne doit pas être au menu du Conseil européen de la semaine prochaine, a déclaré, dimanche 17 janvier, Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux affaires européennes. « Si on parle d’un papier, un document qui vous autorise à voyager en Europe, je crois que c’est très prématuré », a-t-il dit sur Franceinfo.« Ce n’est pas notre conception de la protection et de l’accès aux vaccins », a ajouté le secrétaire d’Etat aux affaires européennes. « C’est une idée (…) sur laquelle la France considère qu’on ne doit pas ouvrir le débat maintenant. Quand l’accès au vaccin sera généralisé, ce sera un sujet différent », a insisté Clément Beaune.
    Le chef du gouvernement grec, Kyriakos Mitsotakis, avait appelé mardi l’Union européenne à adopter un certificat « standardisé » de vaccination pour donner un coup de pouce à l’industrie du tourisme, terrassée par la pandémie due au coronavirus. La Grèce a déjà mis au point son propre certificat sanitaire destiné à prouver que l’on a été vacciné. « Même si nous n’allons pas rendre la vaccination obligatoire ou en faire une condition préalable en cas de déplacement, les personnes vaccinées devraient être libres de voyager », a ainsi estimé le premier ministre grec dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.Selon cette dernière, la Commission européenne est favorable à cette idée qui divise les Vingt-Sept (Malte y est par exemple favorable, tandis que les Pays-Bas sont plus réticents). Ursula von der Leyen évoque pour sa part un « impératif médical ». A l’inverse, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’y est déclarée opposée « pour le moment » à l’échelle planétaire.
    Clément Beaune a par ailleurs évoqué la situation des travailleurs frontaliers – 350 000 Français selon lui. « Nous envisageons de renforcer au sein de l’espace européen les mesures de contrôle », a-t-il dit, assurant qu’il n’y aurait pas de fermeture des frontières de l’espace Schengen. « On vérifie aussi le type de tests que l’on peut exiger. On réfléchit à une liste de tests antigéniques qui seraient reconnus partout en Europe. Aujourd’hui ce n’est pas encore le cas. »Six Français sur dix se disent favorables à la vaccination obligatoire pour prendre un avion à destination de l’étranger ou rendre visite à une personne vulnérable dans un Ehpad ou un hôpital, selon le sondage Ifop réalisé pour Le Parisien Dimanche. Toujours selon l’Ifop, les Français sont aujourd’hui 54 % à souhaiter se faire vacciner, une hausse de 15 points par rapport à un précédent sondage le 29 décembre.

    #Covid-19#migrant#migration#ue#france#grece#sante#oms#circulation#certificatvaccination#passeportvaccinal#travailleurtransfrontalier#tourisme

  • La crise sanitaire aggrave les troubles psy des jeunes migrants

    Les « migrants » sont une population composite recouvrant des #statuts_administratifs (demandeurs d’asile, réfugiés, primo-arrivants…) et des situations sociales disparates. Certains appartiennent à des milieux sociaux plutôt aisés et éduqués avec des carrières professionnelles déjà bien entamées, d’autres, issus de milieux sociaux défavorisés ou de minorités persécutées, n’ont pas eu accès à l’éducation dans leur pays d’origine.

    Et pourtant, une caractéristique traverse ce groupe : sa #jeunesse.

    Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, au premier janvier 2019, la moitié des personnes migrantes en Europe avait moins de 29 ans ; l’âge médian de cette population se situant à 29,2 ans, contre 43,7 pour l’ensemble de la population européenne. Cette particularité est essentielle pour comprendre l’état de santé de cette population.

    En effet, on constate que, du fait de sa jeunesse, la population migrante en Europe est globalement en #bonne_santé physique et parfois même en meilleure #santé que la population du pays d’accueil. En revanche, sa santé mentale pose souvent problème.

    Des #troubles graves liés aux #parcours_migratoires

    Beaucoup de jeunes migrants – 38 % de la population totale des migrants selon une recherche récente – souffrent de #troubles_psychiques (#psycho-traumatismes, #dépressions, #idées_suicidaires, #perte_de_mémoire, #syndrome_d’Ulysse désignant le #stress de ceux qui vont vivre ailleurs que là où ils sont nés), alors que la #psychiatrie nous apprend que le fait migratoire ne génère pas de #pathologie spécifique.

    Les troubles dont souffrent les jeunes migrants peuvent résulter des #conditions_de_vie dans les pays d’origine (pauvreté, conflits armés, persécution…) ou des #conditions_du_voyage migratoire (durée, insécurité, absence de suivi médical, en particulier pour les migrants illégaux, parfois torture et violences) ; ils peuvent également être liés aux #conditions_d’accueil dans le pays d’arrivée.

    De multiples facteurs peuvent renforcer une situation de santé mentale déjà précaire ou engendrer de nouveaux troubles : les incertitudes liées au #statut_administratif des personnes, les difficultés d’#accès_aux_droits (#logement, #éducation ou #travail), les #violences_institutionnelles (la #répression_policière ou les #discriminations) sont autant d’éléments qui provoquent un important sentiment d’#insécurité et du #stress chez les jeunes migrants.

    Ceci est d’autant plus vrai pour les #jeunes_hommes qui sont jugés comme peu prioritaires, notamment dans leurs démarches d’accès au logement, contrairement aux #familles avec enfants ou aux #jeunes_femmes.

    Il en résulte des périodes d’#errance, de #dénuement, d’#isolement qui détériorent notablement les conditions de santé psychique.

    De nombreuses difficultés de #prise_en_charge

    Or, ainsi que le soulignent Joséphine Vuillard et ses collègues, malgré l’engagement de nombreux professionnels de santé, les difficultés de prise en charge des troubles psychiques des jeunes migrants sont nombreuses et réelles, qu’il s’agisse du secteur hospitalier ou de la médecine ambulatoire.

    Parmi ces dernières on note l’insuffisance des capacités d’accueil dans les #permanences_d’accès_aux_soins_de_santé (#PASS), l’incompréhension des #procédures_administratives, le besoin d’#interprétariat, des syndromes psychotraumatiques auxquels les professionnels de santé n’ont pas toujours été formés.

    Les jeunes migrants sont par ailleurs habituellement très peu informés des possibilités de prise en charge et ne recourent pas aux soins, tandis que les dispositifs alternatifs pour « aller vers eux » (comme les #maraudes) reposent essentiellement sur le #bénévolat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Pn29oSxVMxQ&feature=emb_logo

    Dans ce contexte, le secteur associatif (subventionné ou non) tente de répondre spécifiquement aux problèmes de santé mentale des jeunes migrants, souvent dans le cadre d’un accompagnement global : soutien aux démarches administratives, logement solidaire, apprentissage du français, accès à la culture.

    Organisateurs de solidarités, les acteurs associatifs apportent un peu de #stabilité et luttent contre l’isolement des personnes, sans nécessairement avoir pour mission institutionnelle la prise en charge de leur santé mentale.

    Ces #associations s’organisent parfois en collectifs inter-associatifs pour bénéficier des expertises réciproques. Malgré leur implantation inégale dans les territoires, ces initiatives pallient pour partie les insuffisances de la prise en charge institutionnelle.

    Des situations dramatiques dans les #CRA

    Dans un contexte aussi fragile, la #crise_sanitaire liée à la #Covid-19 a révélé au grand jour les carences du système : si, à la suite de la fermeture de nombreux #squats et #foyers, beaucoup de jeunes migrants ont été logés dans des #hôtels ou des #auberges_de_jeunesse à l’occasion des #confinements, nombreux sont ceux qui ont été livrés à eux-mêmes.

    Leur prise en charge sociale et sanitaire n’a pas été pensée dans ces lieux d’accueil précaires et beaucoup ont vu leur situation de santé mentale se détériorer encore depuis mars 2020.

    Les situations les plus critiques en matière de santé mentale sont sans doute dans les #Centres_de_rétention_administrative (CRA). Selon le rapport 2019 de l’ONG Terre d’Asile, sont enfermés dans ces lieux de confinement, en vue d’une #expulsion du sol national, des dizaines de milliers de migrants (54 000 en 2019, dont 29 000 en outremer), y compris de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs, parfois en cours de #scolarisation.

    La difficulté d’accès aux soins, notamment psychiatriques, dans les CRA a été dénoncée avec véhémence dans un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en février 2019, suivi, à quelques mois d’écart, d’un rapport tout aussi alarmant du Défenseur des droits.

    La #rupture de la #continuité des #soins au cours de leur rétention administrative est particulièrement délétère pour les jeunes migrants souffrant de pathologies mentales graves. Pour les autres, non seulement la prise en charge médicale est quasi-inexistante mais la pratique de l’isolement à des fins répressives aggrave souvent un état déjà à risque.

    La déclaration d’#état_d’urgence n’a pas amélioré le sort des jeunes migrants en rétention. En effet, les CRA ont été maintenus ouverts pendant les périodes de #confinement et sont devenus de facto le lieu de placement d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière sortant de prison, alors que la fermeture des frontières rendait improbables la reconduite et les expulsions.

    Un tel choix a eu pour conséquence l’augmentation de la pression démographique (+23 % en un an) sur ces lieux qui ne n’ont pas été conçus pour accueillir des personnes psychologiquement aussi vulnérables et pour des périodes aussi prolongées.

    Des espaces anxiogènes

    De par leur nature de lieu de #privation_de_liberté et leur vocation de transition vers la reconduction aux frontières, les CRA sont de toute évidence des #espaces_anxiogènes où il n’est pas simple de distinguer les logiques de #soins de celles de #contrôle et de #répression, et où la consultation psychiatrique revêt bien d’autres enjeux que des enjeux thérapeutiques. Car le médecin qui apporte un soin et prend en charge psychologiquement peut aussi, en rédigeant un #certificat_médical circonstancié, contribuer à engager une levée de rétention, en cas de #péril_imminent.

    Les placements en CRA de personnes atteintes de pathologies psychologiques et/ou psychiatriques sont en constante hausse, tout comme les actes de #détresse (#automutilations et tentatives de #suicide) qui ont conduit, depuis 2017, cinq personnes à la mort en rétention.

    La prise en charge effective de la santé mentale des jeunes migrants se heurte aujourd’hui en France aux contradictions internes au système. Si les dispositifs sanitaires existent et sont en théorie ouverts à tous, sans condition de nationalité ni de régularité administrative, l’état d’incertitude et de #précarité des jeunes migrants, en situation irrégulière ou non, en fait un population spécialement vulnérable et exposée.

    Sans doute une plus forte articulation entre la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté et des actions ciblées visant à favoriser l’intégration et la stabilité via le logement, l’éducation et l’emploi serait-elle à même de créer les conditions pour une véritable prévention des risques psychologiques et une meilleure santé mentale.

    https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-aggrave-les-troubles-psy-des-jeunes-migrants-152

    #crise_sanitaire #asile #migrations #réfugiés #jeunes_migrants #santé_mentale #troubles_psychologiques #genre #vulnérabilité #bénévolat #rétention #détention_administrative #sans-papiers

    ping @isskein @karine4

  • Travail des enfants en Côte d’Ivoire : des plantations Fairtrade concernées
    https://www.rtbf.be/info/monde/detail_travail-des-enfants-en-cote-d-ivoire-des-plantations-fairtrade-concernee

    Une enquête de la télévision danoise l’affirme. Le travail des enfants dans les plantations de cacao certifiées Fairtrade en Côte d’Ivoire est bien réel.

    Ce label sur les bananes, le café ou encore le chocolat oblige les producteurs à répondre à certaines règles et notamment à ne pas recourir au travail des enfants.
    La chaîne TV 2 et le média d’investigation Danwatch ont tourné en caméra cachée dans plusieurs exploitations.
    Dans 4 des 6 plantations qu’ils ont visitées, ils ont trouvé des enfants travaillant entre les palmiers.
    Leur interview fait froid dans le dos. Marcelin, 14 ans, explique qu’il bosse 11 heures par jour.

    Diffusées au Danemark, les images ont choqué plus d’une personne et notamment les commerçants dont les boutiques vendent du chocolat ivoirien étiqueté Fairtrade.
    Dorthe Pedersen en est encore bouleversée. « C’est horrible. Je suis tellement émue de savoir que les enfants travaillent dans ces conditions » a-t-elle témoigné au micro des journalistes de TV2.

    Interrogée sur cette pratique, Camilla Erika Lerberg, la PDG de Fairtrade Danemark a déclaré : « Cette affaire est très, très triste, donc nous l’examinons avec gravité. Il est important pour nous de réagir et de corriger cela immédiatement. L’affaire fait toujours l’objet d’une enquête et nous essayons de comprendre ce qui s’est passé. En général, je tiens à dire que si nous recevons une observation du travail des enfants, et qu’elle est confirmée, alors nous avons un dialogue avec la famille de cet enfant, ensuite nous observerons si cela continue et si cela continue, nous procédons à une décertification. »

    Rappel des règles
    Les Standards Fairtrade pour les organisations de petits producteurs, les travailleuses et les travailleurs ainsi que les négociants interdisent le travail abusif des enfants.

    Chez Max Havelaar par exemple, il est clairement stipulé :

    – Il est interdit d’employer des enfants de moins de 15 ans au sein des organisations certifiées Fairtrade/Max Havelaar.

    - Les enfants de 15 à 18 ans ne peuvent pas réaliser un travail mettant en péril leur scolarité ou leur développement social, moral ou physique.

    – L’aide éventuelle dans les fermes familiales, courante dans le secteur agricole, doit être ponctuelle et adaptée à l’âge des enfants. Elle doit impérativement se faire en dehors des heures de classe et pendant les vacances. Dans ces conditions seulement, elle respecte les exigences de l’Organisation Internationale du Travail.
    Rien de neuf sous le soleil

    Le travail des enfants en Côte d’Ivoire, où on produit la majeure partie du cacao mondial, n’est pas un problème inconnu.

    En 2010, l’industrie du chocolat a collectivement signé une déclaration disant qu’elle améliorerait les conditions dans les plantations de cacao en Afrique de l’Ouest et réduirait le travail des enfants de 70% jusqu’en 2020.

    Seulement voilà, un rapport des chercheurs de l’Université de Chicago publié en avril dernier et financé par le département américain du Travail souligne que le recours au travail des enfants dans les plantations de cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire a augmenté de 10% au cours de la dernière décennie, et ce, malgré les promesses de l’industrie.

    Plus précisément, le nombre d’enfants-travailleurs dans les plantations de cacao s’élevait à près de 2,1 millions la saison dernière dans les deux pays. Ce chiffre comprend des enfants de moins de 12 ans et des enfants également plus âgés dont le travail est dangereux et dépasse un certain nombre d’heures.

    Un niveau en hausse par rapport à 2010 lorsque Mars, Hershey, Nestlé et Cargill s’étaient engagés à baisser de 70% les pires formes de travail des enfants dans leurs chaînes d’approvisionnement dans la région d’ici 2020.

    Des chiffres qui s’expliqueraient par l’augmentation des prix et de la production de fèves qui poussent les agriculteurs à produire toujours davantage de cacao. Une tendance confirmée par le patron de la World Cocoa Foundation (WCF), au site Commodafrica. Richard Scobey, représentant des entreprises telles que Nestlé et Hershey, reconnaît que l’industrie n’est pas sur le point d’atteindre son objectif de 2020.

    Le Ghana et la Côte d’Ivoire produisent les deux-tiers de l’ensemble du cacao mondial. La production de cacao dans ces pays est passée à 3 millions de tonnes l’an dernier, contre 2,65 millions de tonnes en 2013-2014. Un secteur en expansion qui fournit des moyens de subsistances à des milliers de communautés dans le besoin.

    #Afrique #Enfants #travail_des_enfants #exploitation #esclavage #chocolat #cacao #certification #commerce_équitable #Fairtrade #multinationales #label #déforestation #industrie_agro-alimentaire #agriculture #multinationales #pauvreté #bananes #café #Mars #Hershey #Nestlé #Cargill #World_Cocoa_Foundation #WCF

    • Le dernier des Ouïghours et les derniers des journalistes Maxime VIVAS
      https://www.legrandsoir.info/le-dernier-des-ouighours-et-les-derniers-des-journalistes.html

      Voulez-vous soulever une vague mondiale d’indignation contre un pays ? Vous affirmez que les hommes y sont massivement emprisonnés et torturés, voire exécutés en catimini, que les femmes y sont stérilisées de force et qu’on y supplicie les enfants. C’est ce que vient de faire, ce que fait, ce que va continuer de faire la presse mondiale, agissant en porte-voix de quelques journaux états-uniens inspirés en sous-main par des officines de la Maison Blanche.

      Qu’il n’y ait pas un mot de vrai dans la campagne antichinoise sur les Ouïghours importe peu. Il suffit de prétendre, d’affirmer. L’information circule, les journaux se lisent entre eux, les politiques s’en mêlent. C’est faux mais plausible : Chine insondable, Chinois impénétrables derrière la fente de leurs yeux. Vous me suivez bien, vous qui êtes pour la plupart normaux, pardon : #blancs ?

      #Bruno_Le_Maire et #Clémentine_Autain sont #indignés et le font vertueusement savoir.
      C’est tout mensonge, mais le mal est fait. Ce n’est qu’après la destruction de l’#Irak et après des centaines de milliers de morts innocents que toute la presse concède que les informations sur les couveuses débranchées au #Koweit par les soudards de Saddam Hussein étaient inventées, que la fiole brandie par #Colin_Powell à l’#ONU contenait du pipi de son chat ou du sable de sa litière ou de la poudre de perlimpinpin et non des Armes de Destruction Massives qui risquaient d’avoir raison des USA, de la Grande-Bretagne et (horreur !) de la France.

      J’ai écrit plus haut qu’il n’y a « pas un mot de vrai dans la campagne antichinoise sur les Ouïghours ». La prudence ne voudrait-elle pas que je nuance : « Bien des choses sont inexactes dans la campagne antichinoise sur les Ouïgours ». Ou : « Certes, les Chinois ne sont pas des enfants de chœur, mais doit-on prendre au pied de la lettre les articles de Libération ? », ou encore : « Le problème que le régime chinois appelle « les trois fléaux » (terrorisme, séparatisme, fondamentalisme) est une réalité qu’on ne saurait nier, mais cela justifie-t-il une répression d’une telle ampleur ? ».

      Mais, tenez-vous bien, je persiste : « Il n’y a pas un mot de vrai dans la campagne antichinoise sur les Ouïghours » . Non, trois fois non, un ou deux millions de Ouïghours mâles (trois d’après Radio Free Asia) ne sont pas internés(1), les femmes ne sont pas stérilisées de force pour éteindre l’ethnie, les enfants ne sont pas tués pour prélèvement d’organes vendus à l’Arabie saoudite, Beijing n’est pas en guerre contre cette région autonome qui fait au contraire l’objet de toutes ses attentions, de toutes ses faveurs.

      J’ai écrit que « cette région autonome fait au contraire l’objet de toutes les attentions, de toutes les faveurs de Beijing. » ? La prudence ne voudrait-elle pas que je nuance : « Beijing gère ses régions avec l’autorité naturelle des communistes et le Xinjiang ne fait pas exception », ou : « Même si Beijing a mis le Xinjiang sous surveillance, des efforts financiers indéniables ont été consentis pour développer cette région, point de départ de « La nouvelle route de la soie ».

      Mais, continuez à bien vous tenir, j’insiste : « Cette région autonome fait l’objet de toutes les attentions, de toutes les faveurs de Beijing. »

      Je le dis aujourd’hui, en juillet 2020, avec la même assurance (inconscience ?) qui me fit écrire un livre en 2007 sur une idole alors aussi intouchable que #Nelson_Mandela. Je parle d’un type qui est aujourd’hui maire de #Béziers, élu avec le renfort du Front National.

      Je le dis aujourd’hui, en juillet 2020, avec la même certitude que celle qui me fit écrire un livre en 2011 sur une idole alors aussi intouchable que #Ghandi. Je parle de l’ancien bourreau du Tibet : le #dalaï_lama.

      Ça, c’est pour le passé. Je peux aussi performer sur le futur. Par exemple, j’ai une petite idée sur le passage de #Yannick_Jadot et #julien_Bayou dans le rang des ennemis de l’écologie, lesquels ont toujours un plat de lentille à offrir aux ambitieux peints en vert. Mais là n’est pas le sujet (j’en parle juste pour prendre date, pour triompher dans quelque temps : « Qui sait-y qui l’avait dit ? »).

      Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre (Marx), un journaliste qui ne relit pas les #infaux de ses confrères est condamné à toujours utiliser les mêmes versions, ignorant que le truc a déjà été fait, à l’identique.

      Les journalistes se lisent entre eux (« La circulation circulaire de l’information ». Bourdieu). Mais parfois le psittacisme ne marche pas, des journalistes qui ont d’eux-mêmes une opinion qui les oblige à échapper aux caquetage des perroquets, se démarquent.

      Tenez, en 2010, j’étais au Tibet avec deux grands reporters des deux plus grands (par le tirage) quotidiens français : le Monde et le Figaro. J’en ai souvent parlé dans ces colonnes parce qu’il s’est passé un phénomène surprenant. Nous savions tous les trois (car nous lisons la presse et nous avons un autoradio et la télé) que le gouvernement de Beijing se livrait à un génocide au Tibet, que la culture était éradiquée et la religion férocement combattue. 
Ne me dites pas que vous ne le saviez pas vous aussi. « Free Tibet », vous ne découvrez pas en me lisant, là.

      Robert Ménard (aujourd’hui maire de la ville où naquit Jean Moulin) nous avait expliqué le drame tibétain en perturbant à Paris le passage de la flamme olympique pour les JO 2008 de Pékin. Le type qu’on voit avec lui dans les vidéos de l’époque, en t-shirt noir portant en sérigraphie 5 menottes symbolisant les 5 anneaux olympiques, c’est Jean-François Julliard qui a succédé à Ménard à la tête de RSF avant de devenir directeur général de Greenpeace France, fonction qui fait de lui un invité régulier des amphis d’été de LFI. Comprenne qui pourra (2).

      Donc on est au Tibet, mes deux comparses s’envoient des vannes rigolardes, l’un demandant à l’autre quel effet ça fait d’appartenir à des banquiers, l’autre répondant que le ressenti est sans doute le même que celui des journalistes qui sont la propriété d’un marchand d’armes. Ils sont allés voir sur Internet qui je suis. Ils m’épargnent. Je suis là, auréolé du prestige guerrier du Grand Soir, média rigoureux, fiable et qui frappe fort. Et sur qui le mérite. Message reçu jusque dans les montagnes tibétaines.

      Bref, tous les trois, ensemble, chacun sous le regard des autres, nous voyons le Tibet avec sa religion omniprésente, les temples pleins, les monastères grouillant de moinillons, les prières de rues, les montagnes souillées par des grossières peintures bouddhistes, des chapelets de drapeaux de prière claquant au vent. Un envahissement bigot jusqu’à la nausée pour l’athée que je suis.

      Tous les trois, ensemble, chacun sous le regard des autres, nous voyons les écoles où l’enseignement est fait en tibétain (jusqu’à l’université), nous voyons les panneaux indicateurs, les enseignes, les noms des rues rédigés en tibétain, ainsi que les journaux. La télé et la radio parlent le tibétain. Le doyen de l’université de LLassa nous montre une salle contenant des dizaines de milliers de livres en tibétain. Nous assistons aussi à des spectacles (danses, chants) tibétains.

      Tous les trois, ensemble, chacun sous le regard des autres, nous voyons des couples de tibétains accompagnés d’enfants (pas d’UN enfant). La politique de l’enfant unique n’a jamais été imposée au Tibet. D’où une explosion démographique favorisée par le quasi doublement de l’espérance de vie après la fuite du dalaï lama.

      De retour en France, tous les trois, chacun sachant que les autres vont le lire, nous écrivons ce que nous avons vu. Le croirez-vous, aucun n’a écrit que « le régime de Pékin » se livrait à un génocide, éradiquait la culture tibétaine et réprimait les bouddhistes ? Et puisque j’en suis aux confidences, je vous dirai que le journaliste du Figaro m’a envoyé son article et m’a demandé ce que j’en pensais (du bien, d’ailleurs). Le croirez-vous, les gens avec qui j’ai aujourd’hui l’occasion de parler de la Chine doivent surement tous lire Libération parce qu’ils m’expliquent tranquillement que les bouddhistes sont pourchassés dans un malheureux Tibet génocidé où parler le tibétain et prier c’est s’exposer à la prison ?

      Et maintenant, continuez à bien vous tenir, je prétends que si je partais au Xinjiang avec les deux grands reporters du Monde et du Figaro, chacun marquant l’autre « à la culotte », aucun n’écrirait au retour que Beijing se livre à un génocide contre les Ouïghours, brime leur religion, éradique leur culture, charcute les enfants.
Parce que ce n’est pas vrai.
Un peu quand même ? 
Non, pas du tout.
Les charniers de #Timisoara n’étaient pas vrais « un peu » . Les Gilets jaunes n’ont pas envahi « un peu » l’hôpital de la Pitié-Salpétrière, Nicolas Maduro n’a pas été « un peu » élu contre Juan Guaido (qui n’était pas candidat, je le rappelle aux distraits), etc. (3).

      Si je partais au #Xinjiang (j’y suis allé deux fois) avec Renaud Girard et Rémy Ourdan, ils s’affranchiraient des informateurs yankees et autres menteurs professionnels, ils se distingueraient de leurs confères qui écrivent des articles d’une telle débilité qu’ils sont des insultes aux lecteurs, des crachats sur la charte des journalistes. Ils feraient leur job en se respectant.

      #Beijing hait les enfants #ouïghours jusqu’à les tuer pour prélèvement d’organes ? C’est #Goebbels qui vous le dit. Il peut même faire témoigner (de dos) un chirurgien masqué dont le nom a été changé et la voix modifiée. Goebbels peut pondre un article terrifiant à coups de conditionnels, de « selon des témoins… », de « certaines sources affirment… », de « il semblerait que…. », de « un diplomate aurait constaté », « des Ouïghours auraient disparu… » de « des organisation de défense des droits de l’homme… ». Un conditionnel dix fois répété devient un indicatif certifié.

      La caisse dans laquelle le félin #Goebbels se soulage volontiers s’appelle #Libération.

      Il y a quelques années, Le Grand Soir avait démontré qu’un article traficoté de Libération avait fait de Hugo Chavez un antisémite (« Le Credo antisémite de Hugo Chavez » https://www.legrandsoir.info/chavez-antisemitisme-et-campagne-de-desinformation-a-propos-d-un-artic ).

      Un échange vigoureux et public avait alors eu lieu entre Le Grand Soir et Libération. Nous avions les preuves, nous les avons fournies. Irréfutables. Nous avons mis en regard la phrase de Chavez et la même, après troncature par Libération. Libération ergota (4). Pour ses lecteurs, Chavez est donc resté un antisémite. Pour les lecteurs des autres médias aussi, qui choisirent de se taire pour ne pas désavouer Libération. Le clan, la #mafia

      Le journaliste coupable de cette crapulerie est #Jean-Hébert_Armengaud, promu depuis rédacteur en chef de #Courrier_International et son N+1 à Libé, qui l’a couvert jusqu’au bout, est #Pierre_Haski, aujourd’hui chroniqueur tous les matins sur #France_Inter . Promotions au mérite.

      Alors, je le redis ici en invitant mes lecteurs à vérifier : les Ouïghours et les #Tibétains sont de plus en plus (et spectaculairement) nombreux, leur culture est préservée et promue comme jamais dans leur Histoire, leur religion est (trop) libre, l’instruction fait des progrès considérables, les deux républiques autonomes du Xinjiang et du #Tibet votent des lois dont aucune ne permet d’encager les citoyens au simple motif de leur croyance, de stériliser de force les femmes ou d’amputer les enfants.

      Pour répondre plus avant à la déferlante de mensonges sur le Xinjiang, il me faudrait citer des pages entières de mon livre « Le dalaï lama pas si zen » . On pourrait croire que les instigateurs des campagnes mondiales de mensonges ont un logiciel unique avec des cases sur lesquelles cliquer pour que ça démarre.

      La #stérilisation ? « Des villages entiers » (Voir les Mémoires du dalaï lama, longuement citées dans « Le dalaï lama, pas si zen »). 
Le #génocide ? « Observateur critique de la politique chinoise, le Britannique Patrick French, directeur de la « Free Tibet Campaign » (Campagne pour l’indépendance du Tibet) a pu consulter les archives du gouvernement du Dalaï-Lama en exil. Il a découvert que les preuves du génocide étaient des faux et il a démissionné de son poste » (« Le dalaï lama, pas si zen »).

      Cependant, la publicité faite en Occident à cette affaire d’extermination (par la stérilisation et des massacres) de la population tibétaine, a largement contribué hier à un élan de compassion pour le Tibet et le bouddhisme. Aujourd’hui les mensonges « hénaurmes » sur le Xinjiang font pleurnicher les gogos, soudain épris de cette région dont ils seraient bien en peine de citer la Capitale (5).
Ce n’est pas Laurent Joffrin, Pierre Haski, Jean-Hébert Armengaud qui le déploreront.

      Je ne sais pas à qui pense l’excellente humoriste #Blanche_Gardin quand elle affirme (un peu trop crument pour être citée par un site de bonne tenue comme Le Grand Soir) que « Nous vivons dans un pays où les journalistes sucent plus de bites que les prostituées ».

      Maxime VIVAS

      Notes. 
(1) Si l’on rapporte le chiffre de #Radio_Free_Asia au nombre de Ouïghours mâles adultes, il n’en reste pas un dans les rues. Or, continuez à vous tenir bien : j’en ai vus !
      
(2) Il serait injuste de ne pas mentionner les positions exemplaires( et dignes d’un chef d’Etat) de Jean-Luc Mélenchon sur la Chine. Au demeurant, je lui sais gré de me citer et d’inviter ses contradicteurs à me lire ici et ici sur ce sujet où nous sommes synchrones, même si j’ai une liberté d’expression qu’il ne peut avoir. 

      (3) Anecdote personnelle. Me trouvant avec mon fils aîné au commissariat de police de Toulouse le samedi 4 mai 2020 pour nous enquérir du sort de mon fils cadet, Gilet jaune arrêté pour rien dans la manif (Il fut jugé en « comparution immédiate » et acquitté après 42 heures de #GAV) nous apprîmes qu’il s’était tailladé les mains pour écrire avec son sang sur les murs de sa cellule. Nous avons vécu avec cette information terrifiante (que nous cachâmes à sa mère) jusqu’au lundi 6 mai où, devant le tribunal, il apparut, les mains intactes. Il ne se les était même pas « un peu » tailladées. L’automutilation des mains était aussi vraie que l’amputation des enfants ouïghours. Nombre de #journaleux ont un flic dans leur tête.
      
(4) J’aime à raconter cette histoire du Figaro écrivant qu’un film de #Jean_Yanne était « un monument de bêtise ». Jean Yanne s’en servit ainsi dans ses pubs : « Le Figaro : « un monument ! ».
      
(5) #Urumqi, 2 millions d’habitants.
      #merdias #journullistes #médias #propagande #us #usa #Jamestown_Foundation #libération

  • Twitter relance la certification des comptes
    https://www.rtl.fr/actu/futur/twitter-relance-la-certification-des-comptes-7800587025

    Twitter va relancer la fonctionnalité des « comptes certifiés ». Le réseau social confirme travailler sur une refonte du système de vérification des comptes. L’obtention du badge bleu sera plus transparente.

    C’est une ingénieure, Jane Manchun Wong, qui a repéré une nouvelle possibilité « Demande de vérification » dans les paramètres de l’application Twitter, dans la section « Informations personnelles ». L’information a été confirmée par le réseau social un peu plus tard.
    Twitter semble donc proposer une « vérification individuelle ». Cette refonte devrait s’accompagner d’un guide pour éclairer les utilisateurs quant à la démarche à suivre, et son fonctionnement. Pour l’instant, le réseau social n’accepte aucune requête supplémentaire, et confirme que le programme est en attente.

    Le petit badge bleu avait toujours suscité des discussions. Apparemment réservé aux personnalités et aux comptes d’intérêt public, Twitter avait suspendu le processus de vérification après que Jason Kessler, activiste à l’origine du rassemblement Unite The Right à Charlottesville, ait tweeté des commentaires sur la mort de Heather Heyer, décédée lors des violences survenues lors de cette manifestation.

    Verification was meant to authenticate identity & voice but it is interpreted as an endorsement or an indicator of importance. We recognize that we have created this confusion and need to resolve it. We have paused all general verifications while we work and will report back soon
    — Twitter Support (@TwitterSupport) November 9, 2017

    Début 2020, des badges de vérification ont été attribués à des responsables de santé publique pour prouver l’authenticité des comptes en pleine pandémie du coronavirus.

    #Twitter #Certification #Médias_sociaux

  • Korea’s viral travel restrictions stir ire and woe - Asia Times
    https://asiatimes.com/2020/06/koreas-viral-travel-restrictions-stir-ire-and-woe

    As of June 1, South Korea demanded that all long-term foreign residents apply for a re-entry permit before traveling overseas, and also obtain a medical certificate and/or Covid-19 test three days before boarding their flight to return to Korea.News of the regulation, which does not apply to Koreans, prompted an outcry among the foreign business community, and a storm of complaints from expatriate organizations. Foreign chambers of commerce held a meeting with representatives of the Justice Ministry and KOTRA, Korea’s trade promotion agencuy, Asia Times has learned.
    Some accused the Justice Ministry, which introduced the meaures, of racial discrimination, given that the rules apply neither to Koreans, nor to foreign-born ethnic Koreans (who enjoy special visa status).

    #covid-19#migrant#migration#CoréeDuSud#discrimination#mesures-sanitaires#Résidents-étrangers#certificat-médical#santé#restrictions

  • Chômage partiel : l’Etat ne prendra plus en charge que 60 % du brut | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/exclusif-chomage-partiel-letat-ne-prendra-plus-en-charge-que-60-du-brut-120

    A compter du 1er juin, l’Etat et l’Unédic ne prendront plus en charge que 60 %, et non plus 70 %, de la rémunération brute des salariés au chômage partiel. L’employeur devra supporter un reste à charge d’un peu moins de 15 %.

    Le gouvernement a tranché sur l’une des mesures les plus scrutées par le monde économique en cette période de déconfinement progressif : à compter du 1er juin et sauf pour les entreprises toujours fermées par mesure sanitaire, l’Etat et l’Unédic ne prendront plus à leur charge 70 %, mais 60 %, de la rémunération brute des salariés placés en chômage partiel, a-t-on appris de sources concordantes. Pas de changement, en revanche, sur le plafond des rémunérations couvertes, qui reste à 4,5 fois le SMIC. Pas de changement non plus pour les rémunérations au SMIC ou en dessous qui restent remboursées à l’employeur à 100 %.

    #paywall #chômage #chômage_partiel

    • Chômage partiel : on sait enfin à combien l’Etat l’indemnisera à partir de juin
      https://www.capital.fr/votre-carriere/chomage-partiel-les-nouvelles-regles-dindemnisation-auxquelles-sattendre-a-p

      A partir du 1er juin, la prise en charge financière du chômage partiel par l’Etat va baisser. Les #entreprises devront prendre à leur charge une partie de l’indemnisation des salariés en chômage partiel, pour la maintenir à 70% de leur #salaire brut. Mais tous les secteurs ne seront pas concernés.

      8,6 millions. C’est le nombre de salariés effectivement placés en chômage partiel à fin avril. Mais ce nombre devrait baisser dans les prochains jours, et pas seulement en raison de la fin du confinement depuis le 11 mai. En effet, à partir du 1er juin, l’Etat compte revoir sa copie en termes de prise en charge financière du chômage partiel. Le but étant d’inciter les entreprises à reprendre leur activité progressivement. “On aura un taux de prise en charge de l’Etat un peu moins important pour l’entreprise”, avait annoncé, dès le 29 avril, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, au micro de France Info.

      Pour rappel, actuellement, un salarié en chômage partiel est indemnisé à hauteur de 70% de son salaire brut au minimum (100% s’il est payé au Smic). Cette indemnisation est intégralement prise en charge par l’Etat et par l’Unédic, dans la limite de 4,5 Smic. A partir du 1er juin, l’Etat compte donc baisser cette prise en charge, à 85% (et non plus 100%) de l’indemnité versée aux salariés au chômage partiel. Mais bonne nouvelle pour les salariés : malgré cette baisse de la prise en charge par l’Etat, ils devront continuer à être indemnisés à hauteur de 70% de leur salaire brut (100% s’ils sont rémunérés au Smic).

      Cela signifie donc qu’il y aura un reste à charge obligatoire de 15% pour l’#employeur. Les entreprises ayant recours au dispositif à partir du 1er juin se feront ainsi rembourser l’équivalent de 60% des rémunérations brutes des salariés placés en chômage partiel touchant plus que le Smic, au lieu de 70% actuellement.

      Certains secteurs profiteront toujours du taux plein

      Mais que certains employeurs se rassurent, cette baisse de la prise en charge du chômage partiel par l’Etat ne concernera pas tous les domaines d’activité. Le ministère du Travail a d’ailleurs prévu, dans le cadre du projet de loi présenté jeudi 7 mai en Conseil des ministres et encore en cours d’examen au Parlement, de pouvoir adapter les règles du chômage partiel en fonction des secteurs. “Conformément aux engagements pris dans le cadre du comité interministériel du Tourisme du 14 mai dernier, les secteurs faisant l’objet de restrictions législatives ou réglementaires particulières en raison de la crise sanitaire, continueront à bénéficier d’une prise en charge à 100%” , indique le ministère du Travail dans un communiqué de presse envoyé ce lundi 25 mai.

      “Tout ce qui est #hôtellerie, #restauration, bars, événementiel, une bonne partie du secteur culturel... Tous les secteurs qui ne peuvent pas opérer par décision administrative continueront à pouvoir bénéficier du chômage partiel pour leurs salariés à taux plein”, avait déjà assuré Muriel Pénicaud, lundi 4 mai, sur BFMTV. Reste à savoir pendant combien de temps ils pourront encore profiter de cette prise en charge à 100%. Un décret à venir doit préciser le cadre de cette mesure.

    • Chômage partiel : polémique autour d’une réduction progressive du dispositif
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/19/chomage-partiel-polemique-autour-d-une-reduction-progressive-du-dispositif_6

      Le gouvernement veut baisser les conditions d’indemnisation, mais les entreprises y sont hostiles.

      Le gouvernement a commencé à préparer les esprits depuis fin avril : le dispositif du chômage partiel, massivement déployé durant la crise sanitaire pour éviter des licenciements en cascade, va être moins généreux à partir du 1er juin. Ce mécanisme, sollicité – potentiellement – pour plus de 12 millions de personnes, assure un niveau de prise en charge très élevé par l’Etat et par l’assurance-chômage : les travailleurs du privé, qui en bénéficient, touchent 70 % de leur salaire brut (100 %, pour ceux qui sont au smic) – la somme étant intégralement remboursée aux employeurs dans la limite de 4,5 smic. L’exécutif veut revoir ces paramètres, le but étant d’« encourager les entreprises à reprendre l’activité ».

      Selon un dirigeant patronal, « l’Etat ne couvrirait plus désormais que 60 % du salaire brut, mais toujours 100 %, pour les personnes au smic ». « Ils veulent faire des économies et sont persuadés qu’il y a des boîtes qui se complaisent dans le chômage partiel, confie cette même source. La nouvelle formule durerait pendant l’été mais en septembre, on ne sait pas ce qu’ils comptent faire. » Combien coûte le dispositif ? Plusieurs estimations ont été avancées, Bercy évoquant 24 milliards d’euros à la mi-avril. Des chiffrages incertains, car on ne connaît pas encore le nombre d’individus effectivement indemnisés.

      Entreprises de proximité
      Quoi qu’il en soit, les organisations d’employeurs sont hostiles à l’idée que l’Etat réduise la voilure. Ce serait « une erreur majeure » d’accroître la contribution des entreprises, à partir du 1er juin, parce qu’elles « tourneront encore à un rythme faible », a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, dans un entretien au Monde (nos éditions datées du 14 mai). Son mouvement aimerait qu’un « dispositif complémentaire de longue durée » voit le jour à la rentrée, en s’inspirant de celui instauré en Allemagne lors de la crise de 2008-2009. « Il faut de la cohérence dans la politique gouvernementale : les entreprises doivent continuer à être accompagnées, sinon on aura payé pour rien », renchérit Alain Griset, le numéro un de l’Union des entreprises de proximité.
      Une analyse assez largement partagée par les syndicats. « La meilleure solution, ce n’est ni de réduire drastiquement ni brutalement [ce mécanisme] car les difficultés d’emploi vont être fortes », affirme Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT insiste cependant sur la nécessité de « contrôler les entreprises pour éviter les effets d’aubaine ». Pour lui, « hors de question » d’amputer la somme allouée aux salariés. S’agissant des employeurs, l’aide apportée par la collectivité peut, selon M. Berger, être modulée selon les secteurs professionnels. « Si on arrête le chômage partiel, le risque est grand que ça se transforme en chômage tout court », résume Michel Beaugas (FO).

      « Après le temps du bazooka pendant le confinement, il faut maintenant faire de la dentelle », Emmanuel Jessua, directeur des études à l’institut d’études économiques Rexecode
      De nombreux économistes pensent, peu ou prou, la même chose. Mettre fin à cette mesure « pour des raisons budgétaires constituerait une très mauvaise décision », assure Philippe Martin, professeur à Sciences Po : « Il s’agit d’un investissement, rentable, dans la conservation des compétences. Une personne en chômage partiel permet de préserver environ 0,2 emploi. » Mais des « aménagements à la marge doivent être étudiés », enchaîne-t-il, afin d’inciter les employeurs à remettre leurs salariés en activité.

      Plusieurs options existent, selon lui : mettre à contribution les entreprises, à hauteur de 10 % de la somme versée aux salariés – mais avec la possibilité de payer dans un an. « Pour les secteurs les plus touchés, il est aussi possible d’envisager que les entreprises gardent temporairement une partie – par exemple 10 % – du chômage partiel, quand elles réembauchent, pour inciter aussi à la reprise », poursuit M. Martin. Enfin, à ses yeux, la prise en charge de la rémunération par la collectivité devrait être plafonnée à 3 smic – et non pas 4,5 smic, comme aujourd’hui : « Ce plafond est trop élevé. »

      Il faut « du cas par cas », plaide Emmanuel Jessua, directeur des études à l’institut d’études économiques Rexecode. « Après le temps du bazooka pendant le confinement, il faut maintenant faire de la dentelle, explique-t-il. L’intervention publique doit être plus ciblée car tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Dans le tourisme, l’aéronautique ou les secteurs qui sont toujours concernés par une fermeture administrative, il va falloir que ce soit assez progressif. »
      Pour Christine Erhel, directrice du Centre d’études de l’emploi et du travail, « il paraît raisonnable de maintenir ce dispositif au-delà de la période de déconfinement, en laissant des marges de manœuvre aux entreprises pour décider du moment où elles cessent d’y avoir recours ». Il s’agit, d’après elle, de « choix qu’il convient de relier à la négociation collective, de manière à les inscrire dans une stratégie de reprise d’activité, discutée avec les élus du personnel ».

      Utilité de scruter les organes de la classe dominante, le 18 mai (article publié le 19/5), L’imMonde donnait avec une longueur d’avance le scénario de la réduction du coût du chômage partiel annoncé une semaine plus tard.

    • Les multiples questions du chômage partiel après le déconfinement (19 mai 2020, maj le 25 mai)
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/19/deconfinement-les-multiples-questions-du-chomage-partiel_6040116_3234.html

      Quelque 12,4 millions de salariés sont concernés et s’interrogent sur leurs obligations ou leurs conditions de rémunération.


      COLCANOPA

      L’assouplissement du chômage partiel est l’une des premières mesures mises en place au début de la crise du Covid-19 pour éviter que les entreprises à l’arrêt procèdent à des licenciements massifs. Plus de 1 million d’entre elles, représentant 12,4 millions de salariés, a demandé à en bénéficier. Mais la reprise doit conduire à une sortie du dispositif comme l’a rappelé lundi 18 mai le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire.
      Le chômage partiel « c’est une situation d’urgence », a souligné le ministre de l’économie, « mais maintenir 100 % de prise en charge du chômage partiel pour les entreprises par l’Etat, ce n’est pas une situation souhaitable sur le long terme ». Le gouvernement planche donc sur une révision de ces conditions afin de pousser les entreprises à reprendre à l’activité. D’ici là, quelles sont modalités du chômage partiel ? Qui est encore éligible ? Quelles sont les obligations du salarié ? Quelles sont les conditions de rémunération ?

      Qui est éligible ?

      Tout le monde n’est pas éligible. Un salarié qui ne retournerait pas au travail par crainte de prendre les transports en commun, peut rester en télétravail, mais ne peut pas être au chômage partiel. « Le recours au dispositif n’est pas une décision individuelle. C’est une demande de l’employeur, qui ne peut pas avoir recours au chômage partiel pour des raisons de sécurité sanitaire » , précise un porte-parole du ministère du travail.
      Le dispositif dit d’activité partielle existait avant le Covid-19 dans des conditions relativement strictes et continuera pour faire face aux aléas conjoncturels des entreprises. La loi d’état d’urgence sanitaire du 23 mars a permis au gouvernement de l’étendre à de nouvelles catégories de bénéficiaires et, surtout, d’adapter « de manière temporaire » le régime social applicable aux indemnités.

      C’est ce cadre provisoire qui, dans la loi, peut être maintenu jusqu’au 31 décembre, mais qui va changer pour certains à partir du 1er juin. D’ici là, trois types de salariés de droit privé peuvent bénéficier du chômage partiel : ceux qui sont empêchés de travailler par les circonstances exceptionnelles du Covid-19, parce que leur entreprise a fermé partiellement ou totalement. A savoir les entreprises dont la fermeture a été décidée par le gouvernement (centres commerciaux, restaurants, etc.), celles dont l’activité a été contrainte par des problèmes d’approvisionnement et de conjoncture et, enfin, celles qui ne pouvaient pas assurer la protection des salariés (gestes barrières, télétravail).

      Deuxième catégorie éligible, celle des salariés dits « vulnérables » ou qui partagent le domicile d’une personne vulnérable, telle que définie dans le décret du 5 mai. A savoir, les femmes enceintes au dernier trimestre de la grossesse, les salariés d’au moins 65 ans, et les malades catégorisés par le Haut Conseil à la santé publique : ceux qui ont des antécédents cardiovasculaires, les malades de cancer évolutif sous traitement, ou avec un diabète non équilibré, une cirrhose au stade B, un déficit immunitaire, les obèses, etc. Depuis le 1er mai, le salarié « vulnérable » doit remettre à son employeur un #certificat_d’isolement que lui aura donné son médecin de ville. C’est l’employeur qui se charge de la déclaration d’activité partielle.

      Enfin, derniers salariés éligibles au dispositif « pour toute la durée de leur isolement » : les parents empêchés de travailler car leur enfant de zéro à 16 ans ou handicapé est maintenu à domicile. Ce qui ne les empêche pas de profiter des week-ends depuis le déconfinement. Le chômage partiel n’interdit pas de se déplacer dans la limite autorisée des 100 kilomètres à vol d’oiseau.

      Garde d’enfants et chômage partiel

      La préoccupation des parents depuis le 11 mai reste la garde d’enfants. De nombreuses écoles sont encore fermées ou n’acceptent que les enfants prioritaires, afin de respecter les règles de distanciation dans les établissements (15 élèves par classe). La semaine de la reprise seuls 24 % des enfants scolarisés en Ile-de-France avaient pu revenir, selon le recteur de Paris. En région, quelques écoles ont déjà refermé leurs portes, alors qu’elles venaient de les ouvrir le 11 mai.
      Que deviennent les salariés parents de jeunes enfants sans école ou sans crèche ? « Ils peuvent être au chômage partiel pendant tout le mois de mai, en donnant à leur employeur une attestation sur l’honneur, dont le modèle est téléchargeable sur le site du ministère du travail. Un bilan d’étape sera fait sur la réouverture des écoles à la fin du mois » , répond le ministère du travail. Les parents vont devoir garder leurs nerfs pour résister à cette gestion de très court terme. Les conditions sont les mêmes pour les enfants en crèche. « Et seul un parent sur deux peut bénéficier du dispositif “garde d’enfants” », précise le ministère. Il est toutefois possible de fractionner : par exemple, 2 jours pour la mère, 3 jours pour le père, au moins jusqu’au 31 mai. De même que si l’école est ouverte mais que les parents ne veulent pas y envoyer leur(s) enfant(s), ils ne sont pas éligibles au chômage partiel pour « garde d’enfant ».

      Quelle rémunération ?

      Depuis le début de la crise, l’Etat prend en charge 84 % (70 % du salaire brut) de l’indemnisation du chômage partiel ; l’allocation versée au salarié doit être au moins égale au smic et est, elle, plafonnée à 4,5 smic. Concrètement, les salariés au smic conservent donc l’intégralité de leur rémunération et la baisse de salaire pour les autres est de 14 %. Ce dispositif est maintenu jusqu’au 31 mai, mais il est destiné à évoluer à compter du 1er juin, afin d’alléger le coût pour l’Etat et inciter les employeurs à reprendre l’activité. Les discussions sont en cours entre le ministère du travail et les organisations patronales pour définir les nouvelles modalités de prise en charge. Mais rien n’empêchera les entreprises qui le souhaitent de compenser en totalité ou en partie le manque à gagner les salariés.

      Peut-on cumuler chômage partiel et travail ?

      Mettre à profit la période de chômage partiel pour travailler, pourquoi pas, pour son propre compte est toujours possible. En revanche, pas question de le faire pour son employeur, ne serait-ce que quelques heures par semaine. « Quand il y a du chômage partiel et que les salariés travaillent, c’est du travail illégal », a rappelé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 7 avril devant le Sénat. L’entreprise encourt alors de lourdes sanctions. Le salarié est donc entièrement en droit de refuser une demande émanant de l’employeur, même s’il s’agit de travailler depuis son domicile, et ce refus ne peut en aucun cas lui être reproché. Les salariés et les représentants du personnel sont invités à signaler aux services du ministère sur le territoire (Direccte) tout manquement à cette règle.

      Pour autant, le chômage partiel n’est pas synonyme de vacances. Le contrat de travail n’est pas rompu, le lien de subordination existe toujours entre l’employeur et le salarié. Celui-ci doit donc rester disponible pour reprendre son poste dès que le besoin s’en fera ressentir, l’employeur n’ayant aucune contrainte en termes de préavis. MIeux vaut donc ne pas partir à l’autre bout de la France − d’autant que les déplacements de plus de 100 kilomètres sont toujours prohibés !

    • Mettre à profit la période de chômage partiel pour travailler, pourquoi pas, pour son propre compte est toujours possible. En revanche, pas question de le faire pour son employeur, ne serait-ce que quelques heures par semaine. « Quand il y a du chômage partiel et que les salariés travaillent, c’est du travail illégal », a rappelé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 7 avril devant le Sénat. L’entreprise encourt alors de lourdes sanctions.

      Faut-il le rappeler ?

  • Destitute migrant workers in India forced to pay train fares home | World news | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/2020/may/04/coronavirus-destitute-migrant-workers-india-forced-pay-train-fares-home
    https://i.guim.co.uk/img/media/7a01edb2b31a1d3180f9f1741f48c5867b1e0361/0_245_4368_2621/master/4368.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    In another difficulty for migrant workers, reports suggest they will first have to obtain a medical certificate saying they have no flu-like symptoms. Initial indications had suggested that the various state governments would organise screening of all workers before they boarded the trains.But now labourers are desperately seeking certificates at a time when local clinics and doctors are not easily availabl

    #Covid-19#migrants-internes#Inde#certificat-médical#accès-santé#retour#migration#depistage

  • Coronavirus : en France, avoir un bilan final du nombre de morts prendra plusieurs mois, Henri Seckel et Chloé Hecketsweiler
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/02/coronavirus-en-france-avoir-un-bilan-final-prendra-plusieurs-mois_6038434_32

    Seule la généralisation du certificat de décès électronique permettrait un décompte précis des morts en temps réel.

    Soyons clairs : il est aujourd’hui impossible d’établir avec précision le nombre de victimes du Covid-19 en France. Les chiffres en temps réel avancés çà et là sont tantôt des hypothèses qui risquent d’être infirmées une fois l’épidémie achevée, tantôt l’addition de décès attribués avec certitude ou presque au virus, mais qui omet des milliers de cas. Le bilan quotidien du directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, se range dans la seconde catégorie. Vendredi 1er mai, il était de 24 594 décès causés par le SARS-CoV-2.

    Jusqu’à fin mars, le DGS n’annonçait que la mortalité « en milieu hospitalier », relayant le nombre de décès transmis chaque jour par les hôpitaux à Santé publique France (SPF) par l’intermédiaire du système Si-Vic (système d’information pour le suivi des victimes de situations sanitaires exceptionnelles), mis en place après les attentats de 2015. Au 1er mai, on dénombrait 15 369 décès à l’hôpital.

    De nombreux biais
    Depuis début avril sont comptabilisés, en outre, les décès survenus dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et autres établissements sociaux et médico-sociaux, remontés grâce à un système équivalent à Si-Vic mis en place en cours de l’épidémie. Près de 7 200 institutions, dont 4 500 Ehpad, sur les quelque 10 000 du pays ont transmis des données à SPF. Au 1er mai, 9 225 morts étaient recensés en #Ehpad – les 3 215 résidents morts après leur transfert à l’hôpital sont comptabilisés parmi les décès en milieu hospitalier.

    Reste la troisième catégorie, l’angle mort de cette pandémie : les #décès_à_domicile. Le syndicat de médecins généralistes MG France avance le nombre de 9 036 décès entre le 1er mars et le 19 avril, après extrapolation de chiffres fournis par 2 339 généralistes (sur 55 000 environ dans l’Hexagone). Ce total obtenu par une simple règle de trois est dénué de robustesse scientifique, mais d’évidence, il existe « en ville » une surmortalité liée au Covid-19 absente des statistiques.

    Par souci de transparence, le DGS a commencé à donner les chiffres de la mortalité de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui ne les dévoile d’habitude qu’une fois par an. Cette statistique est très fiable – tous les certificats de décès atterrissent à l’Insee – mais ne renseigne pas sur la cause des décès. On sait donc que 106 732 personnes sont mortes en France entre le 1er mars et le 19 avril 2020 (dont 25 514 à domicile), contre 84 927 (dont 20 055 à domicile) sur la même période en 2019. Mais 21 805 morts en plus d’une année à l’autre (dont 5 459 à domicile) ne signifient pas 21 805 morts du Covid-19 : « La hausse est liée à l’épidémie, sans qu’il ne soit possible à ce jour d’en estimer la part attribuable précise », souligne SPF.

    Car les biais sont nombreux. Le confinement a permis d’éviter des décès liés aux accidents de la circulation ou du travail, ainsi que la propagation de maladies infectieuses ou virales hors coronavirus. A l’inverse, certaines pathologies n’ont pas été traitées correctement du fait de l’encombrement du système de soins, entraînant des décès évitables en temps normal. Il faut encore tenir compte de la hausse naturelle de la mortalité au sein d’une population vieillissante comme la nôtre. Bref, l’équation est complexe.

    Une seule institution sait la résoudre en France : le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (#CépiDc), qui dépend de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Mais il lui faut du temps. En effet, une fois qu’un médecin a rempli un #certificat_de_décès – à l’hôpital, en Ehpad ou à domicile –, le volet administratif parvient rapidement à l’Insee, mais le volet médical, un document papier sur lequel figure la cause du décès, met plusieurs semaines à parvenir au CépiDc, après être passé par les mairies puis les agences régionales de santé.

    Le médecin peut aussi, par le système baptisé #CertDc, remplir sur Internet un certificat de décès électronique qui parvient alors immédiatement au CépiDc. Mais ce système est méconnu, il n’élimine pas totalement la paperasse, alors les médecins l’utilisent peu : aujourd’hui, seuls 20 % des décès sont certifiés par CertDc, presque uniquement des décès à l’hôpital.

    Fin avril, le CépiDc avait reçu un peu plus de 8 000 certificats portant la mention Covid-19. « Je commence seulement à recevoir des certificats papier avec la mention Covid-19, ceux des morts de février », explique Claire Morgand, directrice adjointe du CépiDc, dont les modélisations prédictives, basées sur les certificats déjà reçus, situent le bilan actuel « entre 35 000 et 38 000 décès avec Covid-19 avéré ou suspecté », en incluant les morts à domicile.

    « A tâtons »

    Pour le bilan finalisé de la pandémie en France, prévient-elle, « il faudra attendre entre douze et dix-huit mois après le dernier décès ». Car il faudra, pour cela, avoir reçu tous les certificats et les avoir codés selon un processus chronophage, après avoir décrypté les formulaires remplis à la main par les médecins. Le CépiDc ne compte que quatre #codeurs – ils étaient 12 en 2012, il n’y en aura plus qu’un en 2021, après les départs en retraite non remplacés. Ils sont 50 en Allemagne – où il faut coder 900 000 décès par an, contre 600 000 en France. « Il y a une discordance entre l’importance de notre mission et nos moyens, regrette Claire Morgand. La visibilité finit par arriver, mais beaucoup trop tard. »

    Des chiffres de mortalité précis en temps réel offriraient une vision rapide et plus fine de l’évolution d’un virus, notamment sur le plan géographique, faciliteraient l’organisation des soins – la montée en charge des hôpitaux par exemple – et la réflexion autour de mesures de santé publique telles que le confinement. « Aujourd’hui, les décisions sont prises sur la base des tendances – une hausse, un plateau, une descente. S’ils avaient des indicateurs fiables et immédiats, les politiques prendraient des décisions plus fermes. Là, on voit qu’ils y vont à tâtons », estime Mme Morgand. A ce stade, les modélisations des épidémiologistes sont basées sur une estimation de la létalité du virus (le nombre de décès par rapport au nombre de personnes infectées) : des données réelles leur permettraient d’être plus précis.

    La crise actuelle accélérera-t-elle la dématérialisation de la certification des décès ? Pas sûr, craint Mme Morgand : « On a lancé ce système après la canicule de 2003, où l’on n’avait pas été capables de compter nos morts. On l’a relancé après la grippe H1N1 en 2009. Et puis le soufflé est retombé, on n’a pas mis les moyens nécessaires, et il ne se passe plus rien. Aujourd’hui, on n’est toujours pas capables de compter nos morts. »

    Sans doute est-ce marginal, mais n’y a-t-il pas des imprécisions sur les motifs de décès, qu’ils soient attribués au Covid-19 sans test ou scanner sur la base d’un diagnostique erroné, et, réciproquement, des décès du au Covid-19 attribués à d’autres causes ?

    #Covid_19 #mortalité

  • Coronavirus : « Soit le plan est réaliste et s’applique dans l’ordre, soit il ne l’est pas et s’appliquera dans le désordre »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/27/covid-19-soit-le-plan-est-realiste-et-s-applique-dans-l-ordre-soit-il-ne-l-e

    Un collectif d’universitaires et de médecins, dont Bernard Kouchner, réunis par l’Institut Santé présente dans une tribune au « Monde » les conditions nécessaires à un plan de sortie de crise qui permette de réussir le déconfinement, à compter du 11 mai.

    Tribune. L’allocution du président de la République du 13 avril a esquissé un plan de sortie de crise en précisant la date du 11 mai de fin du confinement général. L’Institut Santé, à l’aide de son large réseau d’expertise transdisciplinaire, a publié, le 9 avril, un plan détaillé de sortie de crise Covid-19 comprenant 7 recommandations stratégiques. Si les deux plans reposent sur des hypothèses de travail très proches, dont l’inscription du plan sur un temps long jusqu’à la sortie d’un vaccin (2021), des divergences existent et nous amènent à distinguer les mesures qui devraient faire l’objet d’un débat et celles qui sont peu discutables.

    La première mesure inévitable est la disponibilité de l’arsenal de protection sanitaire indispensable pour permettre une sortie du confinement général contrôlée. Tests sérologiques, tests PCR, masques de types différents, kits de protection complets, gel hydroalcoolique… C’est une course contre la montre pour disposer du matériel en quantité et qualité adéquates par rapport aux besoins identifiés. Le déconfinement se prépare bien dès maintenant.

    La deuxième mesure inévitable est la prise en compte des statuts immunitaires des personnes vis-à-vis du Covid-19. Il existe trois groupes : les immunisés (après test sérologique positif, groupe A), les porteurs du virus (après test PCR positif, groupe B), les non-immunisés et les non-porteurs (groupe C). Même si des questions demeurent, les membres du groupe A peuvent être déconfinés dès un test sérologique fiable réalisé et participer à toute activité économique et sociale tout en respectant les règles de protection. Le groupe B doit être strictement confiné pendant au moins 14 jours, à l’écart de toute personne du groupe C, dans des lieux à prévoir. Tous les contacts récents de ce groupe B sont à tester en PCR.

    Un contrôle sanitaire aux frontières

    Le déconfinement s’applique à l’ensemble de la population, sauf au groupe B. Parce que nous sommes sur un temps long avant le retour à une vie normale, chaque citoyen doit maîtriser la distanciation sociale et les gestes barrières. Toute personne à risque (âgée et/ou avec des comorbidités) doit redoubler de vigilance et être encadrée de conseils et services dédiés si nécessaire.
    La continuité du confinement pour une partie de la population est de toute façon inapplicable car incontrôlable en démocratie en général et en République française en particulier. Soit le plan est réaliste et s’applique dans l’ordre, soit il ne l’est pas et s’appliquera dans le désordre.

    Un contrôle sanitaire strict aux frontières du territoire français doit s’appliquer à toute personne avec prise de température systématique et informations sur le parcours de chacun pour être facilement identifiable si la personne devient un cas contact. Tout cas suspect est à contrôler par test PCR sur place pour vérifier la présence du virus et à confiner strictement en cas de résultat positif, dans des lieux à prévoir.

    Des recommandations pour une grande loi santé en 2021

    Une information massive aux frontières, aéroports et gares sur les règles de protection et de comportement à respecter dans plusieurs langues est à préparer. Le déconfinement, c’est vraiment maintenant ! Un comité national de refondation de notre système de santé (incluant le médico-social et la dépendance) est à instaurer pour concevoir les recommandations stratégiques et opérationnelles qui serviront de base pour une grande loi santé en 2021.

    La sortie de crise par le haut passe par notre capacité à tirer les leçons de cette crise sanitaire, à nous inspirer des expériences internationales qui ont fonctionné et à profiter de la concorde nationale (transitoire) pour agir. C’est en mai 1943 que le Conseil national de la Résistance a été créé pour transformer la société française en octobre 1945, avec notamment la création de la Sécurité sociale. Demain se prépare maintenant.

    Les modalités à mettre en place pour garantir le respect du confinement individualisé strict des personnes testées PCR Covid + (groupe B) et l’identification de tous les cas contacts sont à débattre tant c’est le point névralgique du plan de sortie qui touche aux libertés fondamentales. Le non-contrôle de ces personnes a forcé la France, et d’autres pays, à entrer en confinement général et cela aura les mêmes conséquences si la situation se poursuit (c’est étonnamment toujours le cas aujourd’hui).

    Un usage du traçage numérique limité dans le temps

    En revanche, le contrôle strict de ces personnes a permis à plusieurs pays de ne jamais confiner collectivement leur population. L’Institut Santé recommande, sur la base du consentement éclairé de personnes, l’usage du traçage numérique (strictement limité dans le temps), des applications mobiles et l’attribution d’attestation nominative du statut immunitaire le temps du plan.

    La reprise des activités économiques et sociales nécessitant la réception du public et une interaction sociale intensive (restaurants, rassemblements sportifs, culturels…) est un point sensible. Un cahier des charges des conditions de fonctionnement pourrait être défini pour garantir la capacité de ces activités à faire respecter les règles de protection des personnes (masques, distanciations, gels…).
    Une autorisation spéciale pourrait être délivrée par une force sanitaire départementale dédiée. La faisabilité de telles modalités est à débattre secteur par secteur. Pour les transports publics, leur remise en marche est indispensable mais, là aussi, la garantie du respect d’un cahier des charges est nécessaire et à préparer dès maintenant.

    Un besoin d’information et d’approbation individuelle

    Le cas de l’école est un des plus complexes. Même si la reprise normale des cours semble difficile avant septembre, se pose la question des critères de choix de ceux qui peuvent y retourner dès le déconfinement, sans risque pour les enseignants car le faible nombre d’élèves peut se gérer dans les règles de sécurité. Les élèves les plus en difficulté pendant l’enseignement à distance, les enfants de parents sans possibilité de garde et sans options de télétravail, les familles monoparentales pourraient être considérés comme prioritaires.

    La liste des points peu discutables révèle déjà l’intensité et l’urgence de mobiliser certaines ressources dès maintenant pour déconfiner début mai. Les points qui font débat montrent les enjeux démocratiques que le plan final de sortie de crise engendre. Pour débattre, il faut un plan stratégique gouvernemental écrit dès maintenant pour débattre et décider des points discutables.

    Enfin, le succès de tout plan de sortie reposera sur l’information et l’appropriation individuelle par chaque citoyen de ce plan. C’est une véritable démocratie sanitaire qui est à créer en quelques semaines, ce que nous avons omis de faire ces vingt dernières années.

    Les signataires de cette tribune sont : Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique hôpital Foch, professeur à la faculté de médecine de l’UVSQ ; Evelyne Bersier, docteure en droit de la santé ; Frédéric Bizard, professeur d’économie affilié ESCP, président de l’Institut Santé ; Pierre-Henri Bréchat, médecin spécialiste en santé publique ; Florence de Rohan-Chabot, psychiatre, praticienne hospitalière ; Alain Coulomb, ancien directeur de la Haute Autorité de santé ; Christelle Galvez, directrice des soins, Centre Léon-Bérard, Lyon ; Alain Deloche, professeur de chirurgie, cofondateur de Médecins du monde, fondateur de l’association La Chaîne de l’espoir ; René Frydman, gynécologue obstétricien, professeur des universités ; Richard Hasselmann, président de Libr’Acteurs ; Bernard Kouchner, fondateur de Médecins du monde et de Médecins sans frontières, ancien ministre de la santé ; Patrizia Paterlini-Bréchot, professeure de biologie cellulaire et d’oncologie à l’Institut Necker ; Olivier Saint-Lary, médecin généraliste, président des universités ; Philippe Sansonetti, professeur au Collège de France, microbiologiste.

    #universitaires #médecins #biopouvoir #crise_sanitaire #déconfinement attestation_de_statut_immunitaire ou #certificat_d'immunité

  • Je résume les 3 alternatives du moment :
    – un futur dystopique dans lequel toute la population est confinée chez elle, avec les flics et l’armée dehors pour faire respecter l’interdiction de sortir et de se rassembler ;
    – un futur dystopique où nos mouvements et nos fréquentations sont surveillées, enregistrées et communiquées en temps réel aux forces de l’ordre grâce à un algorithme conçu par une entreprise fondée par un proto-fasciste pour le compte du renseignement américain ;
    – un futur dystopique où l’économie est vaguement sauvée, parce qu’on a euthanasié les vieux, les obèses, les handicapés, les diabétiques, les pauvres, les minorités ethniques…

    Voilà, c’était mon feel good message pour t’aider à bien démarrer le week-end.

  • J’aimerais vraiment qu’il y ait des discussions sur les problèmes éthiques et médicaux que soulèvent ces « certificats d’immunité ». Je trouve que les problèmes sont encore plus inévitables, et peut-être aussi graves, que l’usage du tracking, mais je n’ai pas vu passer de discussions à ce sujet.

    Parce que si on part là-dedans sans s’interroger sur les implications, Helmut Marko pourra être considéré comme un précurseur :
    https://seenthis.net/messages/836320

    • quoiqu’on en dise sur quelques phrases « puériles » :) … c’est bien en bonne partie ce dont parle les textes de la quadrature, sur les implications sociales et politiques au delà de l’aspect surveillance technique. Ils tentent de voir plus loin que juste l’aspect anonymisation pour la vie privée de la CCC. Enfin il me semble.

    • @rastapopoulos Oui, mais là ça me semble être toujours notre discussion sur les limites des projets de tracking « éthiques » :
      https://seenthis.net/messages/839937

      Là, je parle du principe même de « certificats d’immunité », qui peuvent très bien être des documents sur papier sans algorithme derrière. Sans passer par le tracking algorithmique, mais par un « simple » certificat de ton médecin.

      Pour préciser : l’idée c’est que si tu as été contaminé et guéri (et donc immunisé, même si je n’avais pas compris que cet aspect était déjà médicalement établi), alors ça te permet d’être totalement « déconfiné ».

      Et ça me semble problématique. Par exemple, tu as 30 ans, en bonne santé, aucun facteur de « comorbidité » comme ils disent, tu cours un risque extrêmement limité si tu tombes malade. Si tu as besoin d’un « certificat d’immunité » pour être décontaminé, la solution « choper le machin » devient un choix tout à fait rationnel. (C’est quoi, la maladie enfantine, les gens essayaient de la faire attraper à leurs enfants pour qu’ils ne l’attrapent pas une fois adultes ? Les oreillons, non ?) Mais du coup, si je fais le choix relativement rationnel au risque très limité pour moi, dans le même temps je mets en danger la communauté. Ça me semble poser des gros soucis d’éthique et, ici, d’efficacité médicale à partir du moment où tu as un énorme avantage à tomber malade.

      Accessoirement, ça me semble indiquer qu’on refait, avec ça, la promotion de la théorie de l’immunité de groupe.

    • Si je trouve que ça pose des problèmes aussi graves que le tracking, c’est que pour l’aspect « social/médical », le certificat d’immunité ouvre des droits uniquement aux personnes qui ont été malades, alors que les applications de tracking sont destinées à ouvrir des droits à tout le monde, et justement les personnes qui ne sont pas immunisées. Cela sans compter sur l’immunité de groupe.

    • ah oui, pour ça, moi j’avais lu aussi que l’immunité (individuelle) était pas prouvée encore, du coup j’ai pas suivi ce point… mais c’est nul de pousser insidieusement les gens à l’attraper, on a tous des familles, des contacts, etc, si ça pousse les gens « en bonne santé » à vouloir l’attraper… :(

    • Le certificat d’immunité - prévu par le gouvernement qui « préfère » les tests sérologiques aux tests PCR qui ne seront jamais disponibles en nombre, et proposé par Hidalgo entre autres - créera sans doute aussi des obligations (travail/emploi) pour ceux qui le détiendront et devrait permettre d’imposer des formes très hétérogènes de confinement (interdiction complète de sortie des vieux et autres personnes davantage vulnérables face au Covid-19). Mais effectivement pour l’heure on ne sait pas bien ce qu’est ’l’immunité avec ce virus.

    • @arno :

      Pour préciser : l’idée c’est que si tu as été contaminé et guéri (et donc immunisé, même si je n’avais pas compris que cet aspect était déjà médicalement établi), alors ça te permet d’être totalement « déconfiné ».

      oui mais non... parce qu’une immunisation acquise n’est pas forcément définitive et qu’à l’heure actuelle on ne sait pas (encore ?) quelle est sa durée : cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_%C3%A0_coronavirus_2019#Immunisation

      Au 28 mars 2020, il est acquis que les gens infectés développent une immunité à la COVID-19, mais il n’est pas établi s’il y a des exceptions à cette immunisation, et sa durée n’est pas connue

      et
      https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/infectiologie/covid-19-encore-incertaine-la-duree-dimmunisation-post-infectio

      Frédéric Tanguy, spécialiste des virus à ARN du département de virologie de l’Institut Pasteur de Paris [...] « Il est probable que chez tous les gens qui ont été infectés, l’immunité dure 3 à 6 mois. Si elle durait moins, ce serait exceptionnel pour un virus de ce genre. »

      ...du coup se faire ré-infecter tous les 3 à 6 mois pour regagner le précieux certificat semble peu possible...

      #immunisation #certificats_d’immunité

  • Certificat d’immunité /
    Anne Hidalgo propose à Matignon un plan pour sortir Paris du confinement
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/04/08/anne-hidalgo-propose-a-matignon-un-plan-pour-sortir-paris-du-confinement_603

    Dans un courrier à Edouard Philippe, la maire de Paris préconise un dépistage massif, et la mise en quarantaine des personnes infectées, notamment dans des hébergements adaptés.

    Comment, demain, mettre un terme au confinement des Parisiens ? Comment laisser les habitants se déplacer à nouveau sans provoquer immédiatement une deuxième vague épidémique dans une ville hyperdense, l’une des métropoles les plus touchées par le #Covid-19 ? C’est une des questions majeures du moment dans la capitale. Après avoir consulté experts et élus, Anne Hidalgo vient d’élaborer les grandes lignes d’un plan pour répondre à ce défi. La maire socialiste de Paris a envoyé, lundi 6 avril, un long courrier au premier ministre, Edouard Philippe, pour lui soumettre ces propositions.

    Dans sa lettre, dont Le Monde a eu copie, Anne Hidalgo constate en premier lieu les défaillances du #confinement tel qu’il est pratiqué depuis le 17 mars.

    « Faute de matériel de protection en quantité suffisante, les contaminations se sont poursuivies dans les structures économiques qui sont restées actives, souligne-t-elle. De nombreuses personnes positives sont rentrées chez elles, contaminant sans le savoir leur entourage, ce qui a conduit à maintenir un niveau élevé de virus dans la population, y compris durant le confinement. » A ses yeux, « réussir le déconfinement » passe donc par « une meilleure gestion du confinement ».

    Pour améliorer la situation, la première des dix propositions avancées par la maire de Paris consiste à lancer une enquête épidémiologique approfondie. « Les pouvoirs publics sont aujourd’hui dans l’inconnu sur la diffusion de l’épidémie », regrette-t-elle. Difficile d’avancer dans le brouillard.

    Dès que des #tests_sérologiques seront disponibles et fiables, la Mairie de Paris juge donc « indispensable » une enquête associant des tests sur des échantillons non biaisés, aléatoires et représentatifs de la population, afin, en particulier, d’évaluer l’impact des mesures de confinement et des modifications qui pourraient y être apportées.

    « Dépistage massif »

    Au-delà de ce sondage, Anne Hidalgo et son équipe préconisent surtout un « dépistage massif ». Pas forcément de tous les Parisiens. Mais au moins des « #publics_prioritaires », qui restent à définir. La Ville a commencé lundi à organiser le dépistage généralisé dans les maisons de retraite, et elle compte faire de même dans les autres établissements collectifs dont elle a la charge. Un dépistage de personnes à risque, comme les sans-abri et les toxicomanes, est également en projet.

    Au-delà, la Mairie s’imagine volontiers tester les agents du service public parisien, leur familles, mais aussi « les jeunes Parisiens, de la crèche au lycée », pour préparer la sortie du confinement.

    Autre grande proposition : la mise en #quarantaine des personnes infectées, notamment dans des lieux adaptés. « Il s’agit d’appliquer le principe de séparation physique entre les personnes saines, les personnes potentiellement contaminées, en attente de dépistage, et les personnes positives au virus », indique le document transmis à Matignon. La Mairie se déclare décidée à « faciliter la mobilisation de sites dédiés et d’hôtels » pour héberger les Parisiens touchés par le virus, et qui, sans avoir besoin d’être hospitalisés, « ne peuvent être confinés chez eux dans des conditions satisfaisantes pour protéger leur entourage d’une contamination ».

    Des « #certificats_d’immunité »

    Le plan élaboré par Anne Hidalgo concerne aussi les personnes qui ont été au contact du virus, et ont été immunisées. Une fois qu’elles auront été identifiées grâce au dépistage, la Ville propose d’expérimenter « au plus vite » la mise en œuvre de « certificats d’immunité », dont elles pourraient bénéficier. Délivré par un médecin, un tel document « pourra permettre à toute personne immunisée de s’abstraire de certaines obligations de confinement ou de mesure barrière » . Les agents de la Ville pourraient être les premiers à participer à l’expérimentation.

    Parmi les autres propositions figure l’idée de « préparer la ville à vivre durablement avec masque, gel hydroalcoolique et gestes barrières ». Il s’agit notamment d’installer des distributeurs de gel dans les lieux fréquentés, certains quais de métro par exemple.

    La maire demande aussi à l’Etat de formuler « des consignes nationales extrêmement claires sur l’importance du port du #masque dans l’espace public ». Elle entend aussi répondre aux pénuries de masques, gel, etc., en mobilisant le réseau de fabricants locaux. Et constituer des stocks, pour que la capitale soit mieux armée face à une nouvelle épidémie.

    #immunité

  • Une colère qui résonne.
    #onnoublierapas
    https://www.liberation.fr/debats/2020/03/24/j-ai-la-rage_1782912

    Je suis en colère et j’ai la rage, quand ils défilent dans les médias, montrent leur trogne à la télévision, font entendre leur voix parfaitement maîtrisée à la radio, livrent leur discours dans les journaux. Toujours pour nous parler d’une situation dont ils sont un facteur aggravant, toujours pour pérorer sur la citoyenneté, sur le risque de récession, sur les responsabilités des habitants, des adversaires politiques, des étrangers… Jamais pour nous présenter leurs excuses, implorer notre pardon, alors même qu’ils sont en partie responsables de ce que nous vivons.

    Je suis en colère et j’ai la rage, car en tant que psychologue dans l’hôpital le plus touché, celui de Mulhouse, je vois toute la journée des dizaines de personnes arriver en urgence dans nos locaux, et je sais que pour une bonne partie d’entre elles, elles n’en ressortiront pas vivantes, souriantes, insouciantes, comme ce pouvait être le cas il y a encore deux semaines.

    Je suis en colère et j’ai la rage, car je sais que ces personnes, ces êtres vivants, ces frères et sœurs, pères et mères, fils et filles, grands-pères et grands-mères, mourront seules dans un service dépassé, malgré les courageux efforts des soignants ; seules, sans le regard ou la main de ceux et celles qui les aiment, et qu’ils aiment.

    Je suis en colère et j’ai la rage, devant cette situation folle qui veut que nous laissions nos aînés, nos anciens, ceux et celles qui ont permis que notre présent ne soit pas un enfer, ceux et celles qui détiennent un savoir et une sagesse que nul autre n’a ; que nous les laissions donc mourir par grappes dans des maisons qui n’ont de retraite que le nom, faute de pouvoir sauver tout le monde, disent-ils.

    Le deuil impossible des familles

    Je suis en colère et j’ai la rage, en pensant à toutes ces familles qui vivront avec la terrible douleur d’un deuil impossible, d’un adieu impossible, d’une justice impossible. Ces familles auxquelles on ne donne pas accès à leur proche, ces familles qui appellent sans cesse les services pour avoir des nouvelles, et auxquelles aucun soignant ne peut répondre, trop occupé à tenter une intervention de la dernière chance. Ces familles qui sont ou pourraient être la nôtre…

    Je suis en colère et j’ai la rage, quand je vois mes collègues soignants se battre, tous les jours, toutes les minutes, pour tenter d’apporter de l’aide à toutes les personnes qui se retrouvent en détresse respiratoire, y perdre une énergie folle, mais y retourner, tous les jours, toutes les minutes. Je suis en colère et j’ai la rage, devant les conditions de travail de mes collègues brancardiers, ASH, secrétaires, aides-soignants, infirmiers, médecins, psychologues, assistants sociaux, kinés, ergothérapeutes, cadres, psychomotriciens, éducateurs, logisticiens, professionnels de la sécurité… car nous manquons de tout, et pourtant, il faut aller au charbon.

    Je suis en colère et j’ai la rage, car, lorsque je me rends à mon travail, et lorsque j’en pars, je croise en quelques minutes trois ou quatre véhicules d’urgence, transportant une personne pleine de l’espoir d’être sauvée… Comment ne pas avoir confiance dans nos hôpitaux ? Ils sont à la pointe, ils sont parfaitement en état de fonctionner, de protéger, de guérir… et pourtant, combien de ces ambulances mènent leur passager vers leur dernier lieu ? Combien de ces patients refranchiront la porte sains et saufs ?

    Je suis en colère et j’ai la rage, car cela fait des années que nous crions notre inquiétude, notre incompréhension, notre dégoût, notre mécontentement, devant les politiques de santé menées par les différents gouvernements, qui ont pensé que l’hôpital était une entreprise comme une autre, que la santé pouvait être un bien spéculatif, que l’économie devait l’emporter sur le soin, que nos vies avaient une valeur marchande.

    Je suis en colère et j’ai la rage quand je constate que nos services d’urgences demandent de l’aide depuis si longtemps, quand je pense que les personnes qui arrivent avec le Samu posent leur regard (souvent le dernier sur l’extérieur) sur ces banderoles disant « URGENCES EN GRÈVE », qu’elles se trouvent face à des médecins traitants à la retraite du fait du départ des urgentistes, ces spécialistes de l’urgence qui seraient tant nécessaires en ces jours sombres…

    De l’exploitation des étudiants infirmiers

    Je suis en colère et j’ai la rage devant la manière dont on exploite nos étudiants en soins infirmiers ou aides-soignants, qui se retrouvent à faire des travaux d’une dureté que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi, qui, a à peine 20 ans, doivent mettre les corps de nos morts dans des sacs mortuaires, sans préparation, sans soutien, sans qu’ils et elles aient pu se dire volontaires. Pourquoi demander ? Cela fait partie de leur formation, voyons ! Et ils devraient s’estimer heureux, ils reçoivent une gratification de quelques centaines d’euros, vu qu’ils interviennent en tant que stagiaires.

    Je suis en colère et j’ai la rage, car la situation actuelle est le fruit de ces politiques, de ces fermetures de lits comme ils aiment le dire, oubliant que sur ces lits, il y avait des humains qui en avaient besoin, de ces putains de lits ! De ces suppressions de postes, parce qu’un infirmier, c’est cher, ça prend de la place sur le budget prévisionnel ; de ces externalisations de tous les métiers du soin, puisqu’un ASH en moins dans les chiffres du nombre de fonctionnaires, c’est toujours un fonctionnaire en moins dont ils peuvent s’enorgueillir.

    Je suis en colère et j’ai la rage, car celles et ceux qui sont au boulot tous les jours, malgré la peur ancrée au ventre, peur d’être infecté, peur de transmettre le virus aux proches, peur de le refiler aux autres patients, peur de voir un collègue sur le lit de la chambre 10 ; celles-ci et ceux-là se sont fait cracher dessus pendant des années dans les discours politiques, se sont retrouvés privés de leur dignité lorsqu’on leur demandait d’enchaîner à deux professionnels tous les soins d’un service en quelques minutes, bousculés dans leur éthique et leur déontologie professionnelle par les demandes contradictoires et folles de l’administration. Et aujourd’hui, ce sont ces personnes qui prennent leur voiture, leur vélo, leurs pieds, tous les jours pour travailler malgré le risque continu d’être frappées par le virus, alors que ceux qui les ont malmenés sont tranquillement installés chez eux ou dans leur appartement de fonction.

    Je suis en colère et j’ai la rage, parce qu’aujourd’hui, mon hôpital fait face à une crise sans précédent, tandis que celles et ceux qui l’ont vidé de ses forces sont loin. Parce que mon hôpital a été pris pour un putain de tremplin pour des directeurs aussi éphémères qu’incompétents qui ne visaient que la direction d’un CHU et qui sont passés par Mulhouse histoire de prouver qu’ils savaient mener une politique d’austérité bête et méchante… Parce que mon hôpital a été la cible d’injonctions insensées au nom d’une obscure certification, pour laquelle il semblait bien plus important de montrer une traçabilité sans faille plutôt qu’une qualité de soin humain.

    Parce qu’en gros, mon hôpital ne fut rien de plus qu’un cobaye pour des administrateurs dont seule l’autovalorisation égoïste avait de l’importance. Parce qu’au-delà de mon hôpital, ce sont les personnes qui y sont accueillies qui ont été considérées comme des valeurs négligeables, des chiffres parmi d’autres, des variables sur la ligne recettes/dépenses. Parce que dans l’esprit bêtement comptable de la direction générale de l’organisation des soins, patients et soignants sont tous dans le même panier d’un lean management des plus écœurants…

    Les premiers de cordée et leur respirateur

    Je suis en colère et j’ai la rage, quand je me souviens des premiers de cordée censés tenir notre pays, censés être le fer de lance de notre pays, censés nous amener, nous, petites gens, vers des sommets ; et que ce sont ces petites gens, ces caissières de supermarché, ces éboueurs dans nos rues, ces ASH dans nos hôpitaux, ces agriculteurs dans les champs, ces manutentionnaires amazone, ces routiers dans leurs camions, ces secrétaires à l’accueil des institutions, et bien d’autres, qui permettent aux habitants de continuer de vivre, de se nourrir, de s’informer, d’éviter d’autres épidémies… Pendant que les premiers de cordée lorgnent leur respirateur artificiel personnel, le prospectus de la clinique hi-tech dernier cri qui les sauvera au cas où, regardent les fluctuations de la Bourse comme d’autres comptent les cadavres dans leur service.

    Je suis en colère et j’ai la rage envers ces hommes et ces femmes politiques qui n’ont eu de cesse de détruire notre système social et de santé, qui n’ont eu de cesse de nous expliquer qu’il fallait faire un effort collectif pour atteindre le sacro-saint équilibre budgétaire (à quel prix ?) ; que « les métiers du soin, c’est du sacrifice, de la vocation »… Ces politiques qui aujourd’hui osent nous dire que ce n’est pas le temps des récriminations et des accusations, mais celui de l’union sacrée et de l’apaisement… Sérieux ? Vous croyez vraiment que nous allons oublier qui nous a mis dans cette situation ? Que nous allons oublier qui a vidé les stocks de masques, de tests, de lunettes de sécurité, de solutions hydroalcooliques, de surchaussures, de blouses, de gants, de charlottes, de respirateurs (de putain de respirateurs tellement primordiaux aujourd’hui) ? Que nous allons oublier qui nous a dit de ne pas nous inquiéter, que ce n’était qu’une grippe, que ça ne passerait jamais en France, qu’il ne servait à rien de se protéger, que même pour les professionnels, les masques, c’était too much ?

    Que nous allons oublier l’indifférence et le mépris pour ce qui se passait chez nos sœurs et nos frères chinois, chez nos sœurs et nos frères iraniens, chez nos sœurs et nos frères italiens, et ce qui se passera sous peu chez nos sœurs et nos frères du continent africain et chez nos sœurs et nos frères latino-américains ? Nous n’oublierons pas ! Tenez-le-vous pour dit…

    Je suis en colère et j’ai la rage, car je vis depuis une semaine avec cette satanée boule dans la gorge, cette envie de me prostrer, de pleurer toutes les larmes de mon corps, quand j’écoute la détresse et la souffrance de mes collègues, quand ils et elles me parlent du fait de ne pas pouvoir embrasser leurs enfants parce que personne ne peut être sûr de ne pas ramener le virus, lorsque s’expriment les moments de craquage dans la voiture avant et après la journée de travail, quand je pense aux ravages à venir, psychiquement parlant, lorsque tout ça sera derrière nous, et qu’il y aura le temps de penser…

    Je suis en colère et j’ai la rage, mais surtout un désespoir profond, une tristesse infinie…

    Je suis en colère et j’ai la rage, et je ne peux pas les laisser sortir pour le moment. Elles se tapissent au fond de mon âme, me consumant à petit feu. Mais sous peu, une fois que ce sera calme, je les laisserai jaillir, cette colère et cette rage, comme tous ceux et toutes celles qui les ont enfouies. Et croyez-moi, ce moment viendra. Elles flamberont, et nous exigerons justice, nous demanderons des comptes à tous ceux qui nous ont conduits dans ce mur terrible. Sans violence. A quoi bon ? Non, avec une humanité et une sagesse dont ils sont dépourvus. Entendez-vous cette petite musique ? Celle qui se murmure tout bas mais qui monte en puissance ? Ce refrain des Fugees : « Ready or not, here I come ! You can hide ! Gonna find you and take it slowly ! » Nous arrivons…

  • COVID-19/ Dépistage : nos demandes suite aux annonces d’Olivier Véran | l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament
    https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-medicament/article/240320/covid-19-depistage-nos-demandes-suite-aux-annonces-d

    L’arrivée de la sérologie annoncée par Olivier Véran est une bonne nouvelle pour savoir si on a été infectés et asymptômatiques. Mais tests de sérologie et par PCR ne s’opposent pas, ils se complètent. L’OMS n’a pas dit "attendez la sérologie pour dépister", l’OMS a dit « dépistez, dépistez, dépistez ! ». Source : Relevé sur le Net...

    • Attention, ce post à propos des tests annoncés par Véran cumule les défauts du procès d’intention et de la prospective. Allergiques, passez votre chemin !

      C’est qu’à y repenser, ces déclarations craignent velu. Si les tests ne s’opposent pas et pourraient se compléter, comme le dit ce communiqué, il est permis de penser que dans le discours du gouvernement les test sérologiques sont là pour remplacer les tests par PCR (détecter la présence du virus) qui ne ne sont pas faits (seulement les cas graves, et quelques sondages, par exemple en Ehpad, et aussi des exceptions pour les importants, y compris asymptomatiques), et ne seront pas réalisés à une échelle de masse.
      On l’a vu la production de tests PCR est bloquée
      https://seenthis.net/messages/834349

      Cette annonce par Véran de test massifs en fin de confinement ou en bout de pic de 15 jours (?) ressemble à une nouvelle entourloupe. Il ne s’agit pas comme d’autres pays le font (au plus près et aujourd’hui, l’Allemagne) de dépister les contaminés pour les isoler, prévenir et éviter la propagation de l’épidémie, soigner, mais, avec des tests sérologiques (moins couteux) de disposer d’un moyen de savoir qui est devenu immune.

      On sait que la durée d’une telle immunité au corona virus est encore inconnue et que les hypothèses là dessus sont incertaines :
      https://seenthis.net/messages/834847

      La vitesse est (était) un facteur décisif
      voir Savoir et prévoir, une chronologie
      https://seenthis.net/messages/834457

      Mais c’est encore toujours plus tard, à peu de frais, et en vue d’une action politique rentable sur le plan économique que le gouvernement joue une fois de plus au bonneteau (comme dans le sketch de ces criminels de bureau et de plateaux TV : « il y a des masques pour qui en a besoin, ils servent à rien pour le quidam » ). Il répondent aux critique quant à l’absence de tests PCR et à l’exigence de leur usage plus général par une annonce qui évoque d’autres tests... qui ne remplissent pas du tout la même fonction.

      J’y vois la persistance du choix initial (non formulé contrairement à la GB, et dissimulé par les mesures prises depuis le 17 mars) de l’#immunité_de_masse en lieu et place d’une politique de santé active. Il fonctionnent selon une pluralité de logiques internes, et celle-ci (la purge humaine qui relance la machine, la bonne guerre dont l’économie a besoin) demeure.

      Nos militants de l’économie ne changeront pas sans un déboulonnage en règle. Je ne serais donc pas étonné qu’après que les critiques, la menace d’un effondrement radical de la légitimité des gouvernants et l’ampleur de la mortalité auront imposé que l’hexagone limite elle-aussi la production aux « activités essentielles » - comme l’Italie a fini par le faire pour des raison d’acceptation sociale, comme disent les doctes - ces tests sérologiques servent avant tout à sélectionner les personnes aptes à occuper des postes de #travail délaissés et dont la liste pourrait alors s’allonger sur la base d’une donnée rationnelle.

      Je parie pas qu’un certificat d’immunité virale remplace les autorisations de sortie pour des personnes qui auraient un droit de circulation moins restreint. Mais c’est peut-être en raison de cette forme sympathique d’imbécilité qu’on appelle optimisme, dont il m’arrive parfois de faire preuve (cf mes premiers posts ici sur la « solution Raoult »).

      Nous vivons un changement d’époque, un bouleversement durable. Depuis le temps qu’on nous bassine avec un CNR aussi décisif en son temps qu’il est aujourd’hui suranné (où a-t-on vu des patrons disqualifiés trembler face à une opposition organisée, massive et pour partie armée, et en butte dans les rangs de la bourgeoisie elle même à d’étranges pulsions humanistes à laquelle l’expérience de cette guerre là et de cette collaboration là en avait conduit un bon nombre ?), ce moment de bascule, atroce à blendes égards, pourrait bien constituer une nouvelle expérience commune depuis laquelle d’authentiques commencements - nourris des conflits politiques de ce dernières années - pourraient surgir.

      #Test_PCR #Test_sérologique #immunité_de_groupe (c’est comme ça qu’ils disent je crois, c’est plus frais) #économie

    • DEUX TYPES DE TESTS
      https://paigrain.debatpublic.net/?p=9924

      Il est plus que probable que d’autres laboratoires, en Chine et ailleurs, notamment ceux qui travaillent à la mise au point de vaccins, ont travaillé directement aux tests de détection d’anticorps. Public Health England a annoncé la disponibilité d’ici quelques jours de 3,5 millions de tests à la maison en 15 minutes (disponibilité effective à vérifier bien sûr). Il s’agit de tests d’anticorps. Cela suffit pour les études de prévalence (même si Public Health ne mentionne pas explicitement cet usage). Mais un test d’immunisation individuelle doit à la fois détecter la présence des anticorps (la réponse du système immunitaire) et le fait que la personne testée n’est plus porteuse du virus. Il ne suffit pas de savoir qu’il y a eu réponse immunitaire, il faut être sûr que le virus n’est plus présent ou en tout cas pas à un niveau qui permettrait la contagion. Deux tests négatifs du virus à 72 h d’intervalle devraient suffire à en attester si l’on en croit l’expérience des autres virus similaires. Mais la prudence s’impose pour définir un protocole qui amènerait les personnes à s’exposer2.

  • Des enfants travaillent pour le chocolat certifié « commerce équitable » - rts.ch - Monde
    https://www.rts.ch/info/monde/10991895-des-enfants-travaillent-pour-le-chocolat-certifie-commerce-equitable-.h

    Personne ne souhaite acheter du #chocolat produit par des #enfants dans des conditions de #pauvreté. Les multinationales l’ont compris et proposent de plus en plus des produits avec un label équitable. Toutefois, entre #travail_des_enfants, #déforestation et pauvreté, rien n’a changé, selon une enquête de Mise au Point.

    #cacao #certification

  • Boeing 737MAX: Automated Crashes
    Underestimating the dangers of designing a protection system

    https://media.ccc.de/v/36c3-10961-boeing_737max_automated_crashes (60mn)

    Everybody knows about the Boeing 737 MAX crashes and the type’s continued grounding. I will try to give some technical background information on the causes of the crash, technical, sociological and organisational, covering pilot proficiency, botched maintenance, system design and risk assessment, as well as a deeply flawed certification processes.

    On the surface of it, the accidents to two aircraft of the same type (Boeing 737 MAX), which eventually led to the suspension of airworthiness of the type, was caused by faulty data from one of the angle-of-attack sensors. This in turn led to automatic nose-down trim movements, which could not be countered effectively by the flight crew. Eventually, in both cases, the aircraft became uncontrollable and entered a steep accelerated dive into terrain, killing all people on board on impact.

    In the course of the investigation, a new type of flight assistance system known as the Maneuvering Characteristics Augmentation System (MCAS) came to light. It was intended to bring the flight characteristics of the latest (and fourth) generation of Boeing’s best-selling 737 airliner, the “MAX”, in line with certification criteria. The issue that the system was designed to address was relatively mild. A little software routine was added to an existing computer to add nose-down trim in situations of higher angles of attack, to counteract the nose-up aerodynamic moment of the new, much larger, and forward-mounted engine nacelles.

    Apparently the risk assessment for this system was not commensurate with its possible effects on aircraft behaviour and subsequently a very odd (to a safety engineer’s eyes) system design was chosen, using a single non-redundant sensor input to initiate movement of the horizontal stabiliser, the largest and most powerful flight control surface. At extreme deflections, the effects of this flight control surface cannot be overcome by the primary flight controls (elevators) or the manual actuation of the trim system. In consequence, the aircraft enters an accelerated nose-down dive, which further increases the control forces required to overcome its effects.

    Finally I will take a look at certification processes where a large part of the work and evaluation is not performed by an independent authority (FAA, EASA, ...) but by the manufacturer, and in many cases is then simply signed off by the certification authority. In a deviation from common practice in the past, EASA has announced that it may not follow the FAA (re-) certification, but will require additional analyses and evidence. China, which was the first country to ground the “MAX”, will also not simply adopt the FAA paperwork.

    #avionics #redundancy #certification

  • Chef cuisinier soixante-six heures par semaine, payées 1 700 euros. / Cuisiniers, intérimaires, femmes de ménage... Une centaine de travailleurs sans papiers en grève en Ile-de-France, Julia Pascual
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/01/une-centaine-de-travailleurs-sans-papiers-en-greve_6013793_3224.html


    Au KFC de la place d’Italie, à Paris, le 1er octobre. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    Ils travaillent pour KFC, Léon de Bruxelles ou dans le bâtiment. Plus d’une centaine de #travailleurs_sans_papiers de Paris et sa banlieue ont entamé une #grève mardi pour réclamer leur régularisation.

    Ils sont stewards chez KFC, plongeurs ou cuisiniers chez Léon de Bruxelles ou dans une brasserie chic du 16e arrondissement de Paris, femmes et hommes de ménage dans un hôtel Campanile, un cinéma UGC ou un foyer pour migrants, intérimaires dans le bâtiment…
    Ils sont plus d’une centaine et, mardi 1er octobre, ils ont entamé une grève dans douze entreprises. Leur point commun : tous sont des travailleurs sans papiers à Paris et dans sa banlieue et réclament leur #régularisation.

    Au moment où la préparation du débat parlementaire sur l’immigration – qui se tiendra lundi 7 octobre à l’Assemblée nationale – cible les risques d’abus du système de protection sociale ou de détournement de la demande d’asile, ces hommes et ces femmes, Maliens, Sénégalais et Mauritaniens, mais aussi Togolais ou Ghanéens, rappellent qu’ils « cotis[ent] et contribu[ent] au système de solidarité nationale et de Sécurité sociale ».

    « Contrairement à ce que dit la stigmatisation qui a cours, ils sont créateurs de richesse et de développement, martèle Marilyne Poulain, membre de la direction confédérale CGT et pilote du collectif immigration CGT, qui soutient le mouvement. Il faut redonner une visibilité à cette réalité-là. ». Contrats à durée déterminée (CDD) à répétition, heures supplémentaires non payées, temps de travail inférieur au minimum légal… Beaucoup de ces travailleurs en grève ont aussi des « conditions [de travail] dégradées, voire indignes du fait de leur situation administrative et de leur vulnérabilité », fait remarquer Mme Poulain.

    Payés de la main à la main
    « Ce sont les intérimaires qui déchargent les camions, constate Jean-Albert Guidou, de la CGT départementale, à propos des salariés de Haudecœur, une entreprise d’importation de produits alimentaires de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), où une dizaine de personnes se sont mises en grève. A la fin de la journée, ils doivent avoir porté autour d’une tonne. C’est l’exemple classique d’une entreprise où on met les intérimaires, a fortiori sans-papiers, sur les postes difficiles avec des risques pour la #santé. »

    Au restaurant japonais New Sukiyaki, en plein quartier touristique et festif de la Bastille, à Paris, Abdourahmane Guiro, 27 ans, embauche six jours sur sept, à raison d’une cinquantaine d’heures par semaine. « Je suis payé 1 500 euros, explique ce Sénégalais. Mais sur le bulletin, c’est affiché 1 100 euros. » Le reste, il le touche de la main à la main. Son collègue Yacouba Dia, 27 ans lui aussi, et chef de cuisine, travaille soixante-six heures par semaine, payées 1 700 euros.

    Dans les restaurants #KFC de la place d’Italie ou de Tolbiac (13e arrondissement), de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), de Vitry-sur-Seine ou du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), les « employés polyvalents » et sans-papiers aimeraient bien, eux, faire davantage d’heures.
    La durée minimale de travail du salarié à temps partiel est fixée à 24 heures par semaine mais Mahamadou Diakite ne travaille que vingt heures et Mamadou Niakate travaille, lui, quinze heures, tout comme son collègue Boubou Doukoure. « Parfois, on travaille plus, assure ce Malien de 34 ans. Mais on n’est pas payé. Le patron nous dit qu’on a mal compté nos heures. »

    « Les employeurs font écrire une décharge aux salariés pour qu’ils disent que c’est eux qui ne veulent pas travailler au minimum légal », ajoute Kande Traoré qui, lui, culmine à vingt-huit heures par semaine. « Les gens sont dociles alors ils en profitent, s’indigne Boubacar Doucoure, délégué CGT pour l’enseigne KFC. Il y a dix ans de cela, j’étais comme vous, dit-il en s’adressant à ses collègues. J’étais dans la peur. »

    Boubacar Doucoure est aujourd’hui manager et en situation régulière en France, après avoir fait grève en 2008. « Entre 2000 et 2008, j’ai travaillé sans papiers. J’ai cotisé, j’ai payé des impôts. Et pourtant, je n’aurai jamais de retraite », fait-il remarquer. Quand il entend le discours ambiant qui tend à assimiler les migrants à de potentiels resquilleurs, ça le « révolte ».

    « On a peur d’être virés »
    La plupart des salariés en grève ont été embauchés sous alias, c’est-à-dire en présentant des documents d’identité d’une personne en situation régulière. « Un frère m’a fait une photocopie de sa carte de séjour, de sa carte Vitale et d’une attestation d’hébergement et j’ai amené ça au patron qui m’a fait un contrat à durée indéterminée (CDI), explique Mamadou Niakate. Au travail, on m’appelle Diaby. » Son collègue Mahamadou Diakite arbore, lui, un badge au nom de Mantia.
    Quand un travailleur sans papiers veut entamer des démarches de régularisation auprès d’une préfecture, il a besoin – pour remplir les critères d’admission exceptionnelle au séjour – que son employeur établisse un #certificat_de_concordance_d’identités et, dans tous les cas, qu’il remplisse un formulaire Cerfa de demande d’autorisation d’embauche d’un salarié étranger non-européen. « On n’ose pas demander parce qu’on a peur d’être viré », confie Moussa Diakite, un Malien de 44 ans qui travaille dans la démolition via la société d’intérim Cervus, basée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

    C’est peu ou prou ce qui est arrivé à Boubou Doukoure. Pendant sept mois, il a travaillé en CDD dans un abattoir de Lorient (Morbihan). Il accrochait des poulets sur une ligne d’abattage. Lorsque son employeur a voulu lui faire un CDI et qu’il s’est rendu compte de sa situation, il l’a congédié sur le champ.

    Moussa Diakite dit avoir « plusieurs fois essayé de demander une régularisation » en déposant un dossier en préfecture. Sans succès.
    « Ces travailleurs sont soumis à un double arbitraire, patronal et préfectoral », souligne Maryline Poulain. Moussa Diakite s’est mis en grève pour la première fois de sa vie. Il craint un « durcissement des conditions » de vie des immigrés, lui qui se sent déjà « limité dans [ses] #libertés » et « réduit dans [ses] déplacements ». En seize ans de présence en France, il n’est retourné qu’une seule fois au Mali, où il a une femme et deux enfants.

    Sollicitées mardi 1er octobre, plusieurs entreprises concernées par le mouvement de grève n’avaient pas souhaité faire de déclaration au Monde. Certaines se sont rapidement engagées à accompagner leurs salariés dans leur démarche de régularisation, conduisant à la levée, mardi soir, de trois des douze piquets de grève.


    Au KFC de place d’Italie, à Paris, le 1er octobre. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE »

    #intérim #travail #économie #luttes_sociales #salaire #conditions_de_travail #xénophobie_d'État #liberté_de_circulation #liberté_d'installation

  • Sur le plancher des vaches (III)
    Liturgie et bréviaire

    Natalie

    https://lavoiedujaguar.net/Sur-le-plancher-des-vaches-III-Liturgie-et-breviaire

    Paris, le 10 septembre 2019
    Amis,

    Le « plancher des vaches II » s’annonçait comme indigeste, si vous l’avez lu, vous l’aurez sans aucun doute vérifié, de plus, sa lecture a pu être compliquée par son caractère en fait très synthétique : les « démarches » qui y sont décrites pourraient chacune nécessiter des pages et des pages d’explications. Par ailleurs, une infinité de préceptes existant dans le joyeux monde du travail ont tout simplement été laissés de côté.

    De quoi s’agissait-il donc dans ce « plancher des vaches » ? D’une part, de s’offrir le luxe de quelques détails sur des aspects particulièrement importants s’agissant du formatage des esprits (formation par objectifs et développement personnel, et « démarches qualité »), de mettre également l’accent sur des aspects généralement méconnus, « l’initiative pour le génome des matériaux », ou encore la mondialisation, par le biais du Pacte mondial, des labels développement durable. Ramené à une phrase, le « plancher des vaches II » décrivait un mouvement progressif de chosification du vivant. (...)

    #génome #ontologie #Bruno_Latour #Descartes #Catherine_Larère #technique #religion #Walter_Benjamin #capitalisme #projet #évaluation #certification #label #valeur #organisation #Christophe_Dejours #novlangue #Castoriadis #Thucydide #L’Oréal #contrôle #qualité #SNCF