#chakrabarty

  • Multitudes Web - 4. L’histoire eurocentrée
    http://multitudes.samizdat.net/L-histoire-eurocentree

    L’histoire eurocentrée
    Mise en ligne septembre 2001
    par Michael Hardt
    Dans son compte rendu du livre de Dipesh Chakrabarty (« Provincializing Europe »), Michael Hardt relève que le capital gouverne par imposition sur la société d’une temporalité uniforme et homogène. La tradition historiographique coloniale a toujours fonctionné par différenciation temporelle par rapport à une Europe, jouant le rôle de médiateur universel. Chakrabarty refuse cette médiation. Il n’y a pas d’étapes dans le progrès historique mais une multiplicité de temporalités incommensurables, existant simultanément. Le défi est, donc, de construire une histoire de différence pure dans laquelle chaque événement doit être saisi dans sa singularité.

    #marx #capitalisme #chakrabarty #histoire #hardt

    • #livre

      Je trouve plus utile de laisser de côté de telles questions et de me concentrer sur la spécificité de la position que vise Chakrabarty : une théorie du développement historique par étapes qui fait des différents faits historiques autant de moments temporels d’une progression unifiée. Dans le contexte d’une telle théorie, le cadre conceptuel des étapes chronologiques est si fort que certains faits ou contextes sociaux apparaissent forcément anachroniques. Les éléments et les formations anachroniques, puisqu’ils sont par définition des répétitions d’un temps passé, sont nécessairement subordonnés aux éléments ou aux formations non-anachroniques ou contemporaines. Cette vision par étape est toujours forcée par une domination politique. Ou pour poser la même revendication de l’autre point de vue, le dominé est toujours condamné à l’anachronisme ou à la répétition ; seuls les dominants ont le privilège d’habiter le nouveau et l’actuel.

      Chakrabarty prend chez Marx l’idée fondamentale que la temporalité serait centrale dans la domination capitaliste.

      #philosophie #temps

    • Voir aussi : http://www.contretemps.eu/lectures/propos-vasant-kaiwar-lorient-postcolonial-par-paul-guilibert

      En guise de conclusion, nous voudrions revenir sur ce qui nous semble être la confrontation majeure entre V. Kaiwar et les penseurs postcoloniaux : le rôle et la place du « futur » dans une histoire critique du capitalisme. Autrement dit, à partir de quoi envisager un dépassement du capitalisme ? Alors que chez Guha et Chakrabarty la critique de l’historicisme a pour fonction de faire apparaître « des futurs qui sont déjà », l’appel de Kaiwar, à la suite de Gramsci et de Benjamin, à un « historicisme absolu » a pour fonction de penser un « à-venir au-delà des futurs déjà existants »19 C’est cet à-venir qui conduit l’auteur à reléguer la question des différences dans « un royaume de la liberté déployé bien au-delà de tout ce que telle ou telle modernité a à offrir ».20 Les penseurs postcoloniaux font au contraire effort pour montrer que la relégation des différentes manières d’être-au-monde est un impératif de la modernité capitaliste européenne et que la prise en compte de ces différences et des transformations qu’elles imposent au développement du capital est une condition nécessaire à la résistance et au dépassement du capitalisme mondialisé.