• A la frontière entre la #Lituanie et le #Bélarus, Loukachenko se fait maître passeur

    Pour se venger de Vilnius, qui accueille l’opposition en exil, l’autocrate semble avoir organisé une filière d’immigration clandestine, qui mène des candidats au départ de Bagdad à la frontière de l’Etat balte.

    Depuis la fin du mois de mai, les gardes-frontières bélarusses postés aux lisières de la Lituanie sont au repos. Ils ferment les yeux sur les silhouettes qui traversent les bois dans l’obscurité, sur les traces de pas laissées dans le sable du no man’s land qui sépare les deux pays. Dans leur dos, passent chaque jour plusieurs dizaines de personnes. Des migrants, Irakiens pour la plupart. Depuis le début de l’année, les #gardes-frontières lituaniens ont rattrapé 387 personnes qui venaient d’entrer dans leur pays – et au passage dans l’espace Schengen. Le rythme s’est largement accéléré en juin, avec plus de 200 entrées en quinze jours. Soit plus en deux semaines qu’au cours des deux années précédentes réunies : 81 migrants avaient été arrêtés en 2020 et 46 en 2019.

    « Tout cela découle de raisons géopolitiques. D’après ce que nous voyons, les officiers bélarusses coopèrent et sont potentiellement impliqués dans le transport illégal de migrants », a affirmé la ministre lituanienne de l’Intérieur, Agne Bilotaite. « Les gardes-frontières bélarusses ont stoppé toute coopération avec leurs homologues lituaniens », confirme le porte-parole du service lituanien de protection des frontières, Giedrius Misutis.

    #Chantage migratoire

    Le mois dernier, après l’atterrissage forcé à Minsk d’un vol Athènes-Vilnius, l’arrestation de l’opposant #Raman_Protassevitch et l’opprobre international qui avait suivi, Alexandre #Loukachenko avait prévenu : « Nous arrêtions les migrants et les drogues. Attrapez-les vous-même désormais. » La menace lancée par l’autocrate bélarusse à ses voisins paraissait alors assez creuse. Son pays est loin des principales voies d’entrée en Europe empruntées par les migrants ce qui ne lui permet pas d’avoir recours au type de #chantage_migratoire utilisé l’an dernier par la Turquie ou plus récemment par le Maroc pour solder leurs différends avec Bruxelles.

    Alors, pour augmenter sa capacité de nuisance, il semble que le régime bélarusse se soit lancé dans l’organisation de sa propre filière d’immigration illégale. Pour cela, il a trouvé un nouvel usage à #Tsentrkurort, l’agence de voyages d’Etat, qui travaille avec Bagdad depuis 2017. Entre le mois d’avril et la mi-juin, le nombre de liaisons aériennes opérées par #Iraqi_Airways entre Minsk et Bagdad est passé d’une à trois par semaine. Pendant la deuxième quinzaine de mai, les habituels Boeing 737 ont aussi été remplacés par des 777, à la capacité plus importante.

    « A l’aéroport de Minsk, personne ne vérifie les documents des Irakiens qui ont réservé avec Tsentrkurort. Ils obtiennent automatiquement des #visas », indique le rédacteur en chef de la chaîne Telegram Nexta, Tadeusz Giczan. La compagnie aérienne #Fly_Baghdad, qui dessert presque uniquement des villes du Moyen-Orient, a également ouvert en mai une liaison directe entre les capitales irakienne et bélarusse, qui effectue deux rotations par semaine.

    Agitation à la frontière

    Les autorités lituaniennes ont fait les mêmes constats. « Il y a des #vols Bagdad-Minsk et Istanbul-Minsk deux fois par semaine. En tout, quatre vols qui correspondent aux vagues de migrations [hebdomadaires] », a expliqué le président du comité parlementaire lituanien consacré à la sécurité nationale, Laurynas Kasciunas. La ministre de l’Intérieur estime, elle aussi, que les migrants arrivent par avion de Bagdad et d’Istanbul, avant d’être conduits à la frontière lituanienne, pour des tarifs allant de 1 500 euros par personne à 3 500 pour une famille.

    Ces flux migratoires soigneusement orchestrés semblent dirigés uniquement vers la Lituanie. Le pays est le plus fidèle allié de l’opposition bélarusse, dont la cheffe de file est exilée à Vilnius. C’est aussi un petit Etat, d’à peine 2,8 millions d’habitants, peu habitué à gérer une pression migratoire. Le centre d’accueil des étrangers installé à la frontière du Bélarus arrive déjà à saturation et des grandes tentes viennent d’être installées à sa lisière pour héberger 350 personnes supplémentaires. Lundi, la ministre de l’Intérieur a repoussé l’instauration de l’état d’urgence, estimant que « l’aide internationale prévue » suffirait pour tenir le choc.

    Jamais cette frontière de 500 kilomètres de long n’avait connu autant d’agitation. La nuit, les migrants récemment débarqués au Bélarus tentent le passage, suivis ou précédés par des opposants à Loukachenko qui prennent le chemin de l’exil dans la clandestinité. Le jour, ce sont les Bélarusses déjà réfugiés en Lituanie qui s’y rassemblent, avec drapeaux et pancartes. Ils réclament l’imposition de nouvelles sanctions contre le régime et l’ouverture des frontières pour leurs compatriotes. Car dans le Bélarus de Loukachenko, les migrants sont encouragés à franchir les frontières, mais les citoyens sont assignés à résidence, interdits de quitter le pays, sauf s’ils sont en possession d’un permis de résidence permanent à l’étranger.

    https://www.liberation.fr/international/europe/a-la-frontiere-entre-la-lituanie-et-le-belarus-loukachenko-se-fait-maitre

    #frontières #réfugiés #réfugiés_irakiens #migrations #asile #Protassevitch #compagnies_aériennes #Irak #Biélorussie

    ping @reka

  • DE LA TOUTE PUISSANCE DES PRÉDATEURS HAUT-PLACÉS

    [TW : #Violences_psychologiques]

    [TW : Mention de suicide]

    Ce texte est long, mais il mérite d’être lu. Il vous raconte ce que c’est que l’emprise.

    Vous êtes autorisé·es et même plus que bienvenu·es à le partager largement.

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    Novembre dernier, j’ai pris la décision de quitter ma thèse et la licence dans laquelle je donnais cours pour les mêmes raisons qui ont poussé mon amie, que nous allons appeler « Ewilan », à mettre fin à sa vie.

    J’ai rencontré cet enseignant — partons sur « M. Ts’liche » — en L3, quand j’étais enceinte, isolée dans une ville éloignée de Nancy et dans un couple qui battait déjà de l’aile, traumatisée par un premier accouchement assez violent. Vulnérable, donc, comme je l’avais déjà été souvent, avec mon profil psy assez lourd dont la tentative de suicide à 17 ans.

    Quelle bouffée d’air frais quand ce professeur, directeur de la licence, s’intéresse à vous ! Quel soulagement que ces longues heures passées à discuter par messenger, cette conversation presque ininterrompue et de plus ne plus intime alors que vous vous sentiez si perdue et désœuvrée. C’est même moi qui, un jour, ai initié un contact physique : je l’ai pris dans mes bras à la fin de l’année, si reconnaissante de cette attention qu’il m’offrait, un peu angoissée à l’idée de quitter la formation — et lui ! — pour l’été. Qu’est-ce que j’allais pouvoir faire dans ma vie si vide ?

    Mais ouf ! la conversation ne s’arrête pas à la faveur de l’été. Elle ne s’arrête jamais, en fait. Heureusement, parce qu’on en a besoin. De plus en plus, et très vite. Vous sentez bien que le ton devient un peu ambigu, un peu dragueur, mais ce n’est pas bien méchant que ce ton badin légèrement séducteur, et puis vous pouvez bien le supporter en échange de cette narcissisation dont vous aviez tant besoin. Ce n’est même pas désagréable en fait, vous êtes un peu « l’élue », la complice à qui on envoie des petits sms pendant les cours ou les colloques, à travers laquelle on fait passer des petites infos au reste de la promo. Celle si spéciale à qui il raconte toute sa vie, ses anciennes aventures, ses « casseroles » comme on dit. Il vous trouve merveilleuse quand vous vous êtes si souvent sentie indésirable. La gratitude pour toute cette attention vous fait donner ce qu’il attend, des mots et des gestes attentionnés. Vous êtes prête à tout pour continuer d’être « aimée ».

    Très vite, le prix à payer augmente. Le #chantage_affectif, les gestes ou propos hors limites que vous acceptez néanmoins tôt ou tard, la perspective d’être abandonnée étant bien plus terrible que celle de céder à la fin d’une scène durant laquelle on vous a reproché de dire non à une main un peu trop baladeuse, de mettre une photo de profil vous représentant avec votre conjoint, ou encore de prétendre boire un verre avec vos camarades à la fin des cours alors qu’il avait prévu ce créneau chaque semaine spécialement pour vous. Vous vous faites enfermer, prétendument sans qu’il y pense, dans une image de duo qu’il entretient férocement, en « chuchotant » à grand bruit devant la promo entière un compliment déplacé, en vous demandant devant elle si vous « allez bien » en plein cours ou pourquoi vous n’avez pas pensé à son café à lui quand vous revenez de la machine après la pause. Un jour, il vous demande même, devant toute votre bande de copines de fac, de lui mettre un morceau de gâteau dans la bouche sous le prétexte qu’il tient sa pipe dans une main et son paquet de tabac dans l’autre. Vous êtes gênée, mais c’est seulement de la maladresse, il ne se rend pas compte, vous n’allez pas le blesser pour ça, enfin ! Parallèlement, il supporte assez mal que vous vous entichiez de nouveaux·elles ami·es, et vous trouve des raisons de les considérer finalement assez nocif·ves. Cette copine que vous appréciez particulièrement, par exemple, essaie de vous « voler » votre sujet de mémoire, ne le réalisez-vous donc pas ? Et ce professeur qui vous a prêté un livre après une conversation sympathique, vous devriez vous en méfier, c’est un feignant obsédé par le pouvoir. D’ailleurs, vous entrez dans ses petites mesquineries, il se moque auprès de vous d’à peu près tout le monde et, flattée de cette marque d’intimité et de confiance, vous entrez dans ce petit jeu-là comme dans les autres. La confusion, quant à elle, s’est installée depuis un moment : si vous avez tant peur qu’il vous « quitte », c’est forcément que vous avez des sentiments que vous n’osez pas vous avouer.

    J’ai passé presque une année dans cette relation perverse qui m’étouffait chaque jour un peu plus, comme un moucheron dans une toile, l’étau d’autant mieux resserré grâce à cette impression donnée à tout notre entourage commun que nous étions une entité indéboulonnable — ainsi que l’impression que l’on couche ensemble, accessoirement.

    Le hasard de la vie m’a fait passer une soirée avec un amour passé : je me suis rappelé ce que c’était, justement, l’amour, et réalisé que cette relation qui me préoccupait et m’angoissait toujours davantage n’en était pas. C’est ce qui m’a donné le courage de mettre fin à tout ça.

    On ne se libère néanmoins pas de M. Ts’liche sans frais, et la vague de #violence verbale a été terrible. Je m’étais servie de lui, grâce à moi il savait « ce que l’étron ressent lorsqu’on tire la chasse », et quand il a été question de me faire participer à un colloque alors que j’étais en M1 seulement, j’ai été rassurée sur mes craintes d’être injustement avantagée : « t’as pas besoin de craindre que je te favorise, parce que là j’aurais plutôt envie de t’enfoncer la tête sous l’eau jusqu’à ce que tu te noies ».

    La vague de violence directe est passée, les vacances d’été aidant. Je suis arrivée en M2 le cœur serré d’angoisse, j’étais honteuse et dégoutée par cette histoire, je me sentais coupable, me disais que c’était un peu de ma faute, que j’avais pêché par narcissisme, que j’avais forcément, à un moment ou à un autre, laissé la porte ouverte, sinon il n’aurait pas pu s’y engouffrer si facilement. Et l’année suivante j’ai malgré tout fait une thèse avec lui. Parce que j’étais persuadée que c’était avec lui ou pas du tout — il avait tout fait pour construire cette certitude –, et j’avais travaillé si dur pour avoir des résultats excellents et des chances optimales d’obtenir ce contrat doctoral. On m’avait même dit que si je renonçais à mon projet de thèse à cause de lui, je le laissais gagner deux fois. Alors j’y suis allée. J’ai tâché de feindre une relation cordiale, de faire un effort pour que ce doctorat se passe au mieux. Je me suis convaincue qu’il n’avait pas réalisé le tort qu’il m’avait causé, aussi, et qu’une nouvelle page pouvait commencer, un retour à des échanges de travail normaux dans des conditions à peu près saines.

    Évidemment, c’était se voiler la face. Durant ces années de doctorat, je n’ai pas été encadrée, pas présentée, pas soutenue. J’ai été maltraitée. Ma tentative de relation à peu près cordiale le temps de cette thèse n’a pas vraiment rencontré de succès — au début, les petits reproches sur mon manque d’intérêt pour sa vie personnelle m’ont demandé un certain art de l’esquive ; après, j’ai été ballotée entre le fait d’être ignorée et celui de me faire décourager. Je me suis sentie marginalisée, mise de côté de tous les colloques, des pots et repas de doctorants, des événements où j’étais censée être intégrée. J’ai tenté d’en parler, il m’a alors laissé penser que c’était le fait des autres doctorant·es, décidé·es à activement m’exclure — surtout une parmi elleux, jalouse que soit arrivée une « autre jolie femme ». Une conversation à cœur ouvert avec la « jolie femme » nous aura permis de découvrir, bien plus tard malheureusement, la manière dont nous avions été roulées dans la farine, elle apprenant qu’elle était manipulatrice et jalouse, moi qu’il fallait se méfier de moi et de mes ambitions carriéristes me poussant à détruire tout et tout le monde sur mon passage. Diviser pour mieux régner. J’ai réalisé que je serai punie à jamais d’avoir osé m’extraire — dans une certaine mesure seulement pourtant — de cette emprise, et qu’il m’avait prise en thèse pour des raisons qui n’avaient pas l’air très bienveillantes.

    J’ai dû payer mes postures politiques, aussi. Subir des interventions grossières lors de mes communications (quelle désagréable expérience de se faire couper la parole pour entendre « Mais bien sûr, que les réalisatrices s’approprient les héroïnes, et après les noirs feront des films pour les noirs et les pédés (sic) feront des films pour les pédés ! »). La dernière année a été la pire : j’avais de plus ne plus de mal à rester de marbre, et on en est arrivé à une relation où M. Ts’liche ne se donne même plus la peine de ne pas répondre « Ah non ! » sur un ton similaire à « plutôt crever » quand on lui suggère de me convier à un repas d’après soutenance. Ce jour-là, j’ai compris qu’il fallait définitivement admettre que je n’avais plus droit à la moindre foutue considération ou once de respect. Mais aussi que, au fond, je n’étais jamais totalement sortie de cette emprise, que j’avais encore peur qu’il m’en veuille, et que j’attachais encore de l’importance à son regard sur moi. Qu’il était encore en mesure de me faire du mal. Je ne pouvais plus le supporter, faire semblant et fermer ma gueule, alors je me suis rendue à l’évidence : tant pis pour la thèse, il devenait vital de partir.

    Cette prise de conscience et de parole a son élément déclencheur, évidemment : j’ai tenu bon toutes ces années en me mettant comme limite que je réagirais et parlerais si je le vois faire ça à une autre. Je me disais qu’il y avait peu de risques : il n’est plus tout jeune, et puis il m’a après tout dit lui-même qu’il n’avait pas l’habitude de faire ça, que j’étais « exceptionnelle ».

    Il y a bien eu cette jeune masterante, un été pendant une semaine de colloque, qu’il avait fait venir et avec qui il entretenait une relation très visiblement malsaine. J’ai entendu alors des propos très déplacés de la part des autres universitaires . Certains ont même participé à la « fête » à coup de « blagues » dégradantes dans l’indifférence (presque) générale. Mais elle n’était là que pour la semaine et n’était pas son étudiante à lui. Je me suis rassurée, malgré mon écœurement, en me disant que son éloignement géographique la protégeait de lui.

    Et puis il y a eu Ewilan, sa nouvelle doctorante arrivée en 2019. On se connaissait déjà un peu et s’appréciait, partageant des affinités humaines et politiques, mais on s’est vraiment liées d’amitié en devenant collègues. Puis, peu de temps après la rentrée, j’ai été témoin d’une scène intrigante : j’ai vu M. Ts’liche arriver dans la pièce où nous étions, saluer bruyamment et ostensiblement son autre doctorante et tourner le dos à Ewilan, pourtant à deux mètres à peine, indifférent à ses timides tentatives de le saluer.

    « J’ai rêvé ou il ne t’a pas dit bonjour ?

    – Ah non tu n’as pas rêvé, il me fait la gueule et m’ignore depuis cet été. »

    Alors, elle m’a tout raconté. La relation malsaine qu’ils avaient depuis sa L3, où il l’emmenait et l’exhibait partout au début, lui envoyait des sms même dans la nuit, lui faisait des confidences intimes. Parfois lui criait dessus, mais finissait par lui mettre un bras autour des épaules en lui disant « Mais Ewilan, vous savez bien que si on se dispute tous les deux c’est parce qu’on s’aime trop. ». Jusqu’au jour, à la fin de son master, où, pour un prétexte bidon, il l’a « abandonnée » pour la punir de d’avoir « manqué de loyauté », ne lui offrant de l’attention plus que par miettes, suffisantes néanmoins pour qu’elle reste sous contrôle. Elle aussi, il l’a marginalisée après l’avoir rendue dépendante de son attention continuelle, profitant de la vulnérabilité psychologique qu’elle présentait également pour la malmener.

    Je crois que ça a été pire pour Ewilan. Elle était plus jeune et plus fragile que je ne l’avais été, et surtout elle n’a pas eu la chance d’être celle qui stoppe tout ça, de reprendre un peu de contrôle, de réinvestir au moins un peu une place de sujet après avoir été si longtemps un objet. Je peux imaginer, pour l’avoir tant craint, le sentiment d’abandon et de rejet insupportable qu’elle a dû ressentir.

    La voilà celle à qui il refaisait subir ça. La voilà, la fin de ma capacité à encaisser silencieusement ; en novembre dernier, j’ai commencé certaines démarches pour partir et pour dénoncer les agissements de M. Ts’liche — qui ont le plus souvent été bien peu entendues, mis à part par une personne qui m’a montré tout de suite le soutien dont j’avais désespérément besoin et que je remercie du fond du cœur.

    J’accuse M. Ts’liche, 6 ans après le début de toute cette histoire, de harcèlement moral, de violences psychologiques et d’abus de son pouvoir et de sa position hiérarchique, et ce notamment et dans les cas les plus graves pour mettre sous emprise des jeunes femmes vulnérables.

    Je reproche à un certain nombre de personnes une complaisance inacceptable face à tout cela. J’ai encaissé des « plaisanteries » pleines de sous-entendus sans que ces personnes ne se soucient de comment je vivais une relation dont les indices extérieurs semblaient plus les amuser que les inquiéter. J’ai raconté mon histoire, tâché de faire part de mon mal-être personnel et de mes inquiétudes pour les suivantes et souvent je n’ai trouvé qu’un mur, une minimisation des actes que j’avais subi ; on m’a demandé de me taire et de laisser tomber toute volonté de procédures pour éviter que ça rejaillisse sur toute l’équipe et porte préjudice à la licence. Certains de mes interlocuteurs ont admis le tempérament toxique de M. Ts’liche mais ne semblaient pas vouloir y faire quoi que ce soit. Il a même ses défenseur·euses acharné·es, qui semblent considérer que sa sympathie avec elleux prouve qu’il est sympathique avec tout le monde, loyaux·ales jusqu’au bout, qui trouvaient toutes les bonnes raisons de justifier ses comportements abusifs, qu’il est pour le coup loin de ne réserver qu’à ses proies : ses colères terribles quand il n’obtient pas ce qu’il veut, ses humiliations publiques, etc.

    Ce mail, je l’écris depuis des mois dans ma tête en en repoussant depuis autant de temps la rédaction. Je savais déjà comme je voulais le finir : « à partir de maintenant et pour la suite, vous ne pourrez plus faire comme si vous ne vous rendiez pas compte ». Ewilan m’a prise de court. Ewilan qui concentrait l’essentiel de mes inquiétudes, dont j’avais également fait part à certains enseignants de mon équipe pédagogique. Elle me parle depuis des mois de son mal-être, de ses idées noires. J’ai fait ce que j’ai pu pour qu’elle ne se sente pas seule, puis pour la convaincre qu’elle pouvait partir, qu’il n’était pas tout puissant en dépit de ses efforts pour nous en convaincre. « J’suis pas prête », qu’elle disait. Elle est partie finalement, pas comme je voulais, en me laissant une demande très claire que j’honorerai du mieux que je peux. Avec tout juste quelques mots en cadeau de départ, mon Ewilan peut se vanter d’avoir chez moi fait partir toute la colère, et d’avoir envoyé un gros stock de courage et de détermination.

    Car certains diront qu’elle est facile, ma place. Opportuniste, même. Aucun doute que je serai traînée dans la boue, taxée de manipulatrice. Je suis prête. Parce que c’est faux, elle n’est pas facile cette place, elle ne me fait et ne me fera rien gagner. Elle me demande d’être courageuse. Je ne veux punir personne, même pas M. Ts’liche. Je veux juste que les opportunités de recommencer lui soient retirées, je veux juste que soit refusé tout ça, qu’importe si ça demande de sortir de son confort ou de la facilité. Plus jamais de M. Ts’liche, plus jamais d’Ewilan. Ça suffit.

    J’aimerais bien que vous soyez courageux et courageuses, vous aussi.

    https://medium.com/@Camille_Thizbel/de-la-toute-puissance-des-pr%C3%A9dateurs-haut-plac%C3%A9s-d875001c28a6
    #suicide #ESR #enseignement_supérieur #témoignage #Camille_Zimmermann #culpabilité #harcèlement #contrat_doctoral #maltraitance #marginalisation #emprise #peur #sentiment_d'abandon #abus_de_pouvoir #harcèlement_psychologique #harcèlement_moral #complaisance #plaisanteries #manipulation #prédation

    • Omerta mode d’emploi

      Hier, jeudi 10 septembre 2020, nous avons republié sur Academia du texte émouvant de Camille Zimmermann à la mémoire de sa consœur doctorante qui avait mis fin à ses jours. Est-ce son témoignage ou plutôt la pression syndicale qui a pesé ? Ce matin, la présidence s’est fendu d’une lettre au personnel de l’Université de Lorraine.

      La lettre de Prof. Pierre Mutzenhardt, Président de l’Université de Lorraine, Président de la commission Recherche et Innovation de la CPU, a connu une large diffusion et n’était en rien confidentielle : nous la reproduisons en l’assortissant d’une petite explication de texte.

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      À : « all-ncy-ens » <all-ncy-ens@univ-lorraine.fr>, « all-ncy-ater-ens » <all-ncy-ater-ens@univ-lorraine.fr>, « all-ncy-lecteur-ens » <all-ncy-lecteur-ens@univ-lorraine.fr>, all-ncy-biatss@univ-lorraine.fr
      Cc : « president » <president@univ-lorraine.fr>
      Envoyé : Vendredi 11 Septembre 2020 09:04:13
      Objet : [all-ncy] Evénement tragique

      Mesdames, Messieurs,

      Une doctorante de notre établissement a mis fin à ces jours au début du mois d’août. Il s’agit d’un événement plus que terrible et dramatique. Très rapidement, avec la directrice de l’école doctorale, nous avons été en contact avec la famille de la doctorante et avons, je l’espère, respecté au mieux ses volontés. Nous avons pu rencontrer ses parents à la fin du mois d’août.

      Il apparaît que ce drame pourrait être lié en partie aux conditions de sa thèse et à son environnement professionnel. En conséquence, l’ouverture d’une enquête du CHSCT sera proposée le vendredi 11 septembre lors d’un CHSCT exceptionnel de l’établissement pour examiner ces conditions de travail et faire des recommandations.

      Par ailleurs des témoignages récents, indépendants de ce que peuvent diffuser les réseaux sociaux, font état de faits qui pourraient être qualifiés de harcèlement. Ils m’ont amené à diligenter une enquête administrative rapide qui a pour but d’établir les faits de manière contradictoire et d’en tirer toutes les conséquences.

      J’ai également suspendu de manière conservatoire le professeur et directeur de thèse de la doctorante le temps de l’investigation administrative pour protéger l’ensemble des personnes y compris lui-même.

      Enfin, nous devons être attentifs également aux jugements hâtifs, à ne pas confondre ce qui relève de témoignages avec les accusations qui se propagent sur les réseaux sociaux. Si les réseaux sociaux peuvent être des révélateurs de situations, ils sont aussi devenus des armes qui blessent, harcèlent et propagent trop souvent la haine. Nous avons pu nous en rendre compte à d’autres occasions.

      Très attaché aux valeurs de notre établissement, je m’engage à prendre toutes les mesures qui apparaîtront nécessaires à l’issue de cette enquête pour s’assurer qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire. Le doctorat est, en effet, une période très importante dans le développement de la carrière d’un chercheur. Il appartient à l’établissement de garantir que cette période soit la plus fructueuse possible dans un contexte professionnel favorable pour les doctorants.

      Bien cordialement,
      Prof. Pierre Mutzenhardt
      Président de l’Université de Lorraine
      Président de la commission Recherche et Innovation de la CPU

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      Il me semble que cette correspondance est parfaitement exemplaire du fonctionnement de l’omerta qui pèse sur les violences faites aux femmes à l’Université, dans le cadre d’un fonctionnement universitaire analogue à l’emprise mafieuse, comme l’ont récemment argumentés des collègues anthropologues1.

      Considérons le courriel.

      En premier lieu le président met en cause directement la formation doctorale dispensée par l’université. Ce serait la famille — laisse entendre le président — qui s’est ouvert du lien fait le lien entre le suicide et la thèse. Au vu du bruit sur les réseaux sociaux, on se serait attendu à ce que le président s’adresse à l’ensemble de la communauté universitaire, étudiant·es inclus·es.

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      Courriel adressé à l’ensemble des personnesl de l’Université de Lorraine, le 10 septembre 2020

      « Mesdames, Messieurs, cher(e)s collègues,

      Je vous prie de trouver ci-dessous l’ordre du jour du prochain CHSCT programmé le vendredi 11 septembre 2020 :
      Point 1 – Adaptation des conditions de rentrée et déroulement du 1er semestre 2020-2021 – mesures complémentaires (pour avis)
      Point 2 – Modification du programme 2020 des visites du CHSCT (pour avis)
      Point 3 – Procédure d’analyse à déterminer suite à l’événement grave survenu à l’Institut Régional du Travail (pour avis)
      Point 4 – Procédure à mettre en place suite à la survenue d’un événement grave susceptible de présenter un lien avec les conditions de travail (pour avis)

      Meilleures salutations,
      Pierre Mutzenhardt
      Président de l’UL »

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      Que nenni ! Si le jeudi 10 septembre, les personnels de l’Université de Lorraine ont été informé de l’ordre du jour du CHSCT, seuls les personnels du site nancéen de l’UFR Arts Langages Littératures (ALL) se trouvent informés de ce que la présidence nomme pudiquement l’« événement tragique ». L’Université de Lorraine dans son entièreté n’est pas concernée par le suicide d’une de ses étudiant·es : ni les étudiant·es, ni même les autres enseignant·es-chercheur·ses, directeurices de thèses des UFR de médecine et de sciences ne sont alerté·es ou sensibilisé·es à l’idée que la présidence prend ce très grave problème à bras le corps. Presque personne ne sera donc informé avant qu’éventuellement la presse locale ou un blog de l’ESR ne s’en empare.

      Soit.

      Balkanisons les pratiques inappropriées vis-à-vis des femmes.

      Le message semble avoir été écrit à la va-vite, ce qui est pour le moins curieux pour ce type de communication présidentielle hautement sensible : coquilles, phrases contournées, expressions inappropriées. C’est davantage sous le coup de l’urgence que dans le cadre d’une politique plus large, mûrement réfléchie, qu’il a pris la décision d’écrire aux Nancéen·nes d’ALL. Le président a refusé de recourir à l’écriture inclusive, pourtant recommandée dans une affaire relevant des violences faites aux femmes. À ce titre, la formulation conclusive choisie pourrait heurter :

      « Très attaché aux valeurs de notre établissement, je m’engage à prendre toutes les mesures qui apparaîtront nécessaires à l’issue de cette enquête pour s’assurer qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire. Le doctorat est, en effet, une période très importante dans le développement de la carrière d’un chercheur. Il appartient à l’établissement de garantir que cette période soit la plus fructueuse possible dans un contexte professionnel favorable pour les doctorants ».

      On peut s’étonner, puisque l’affaire a été ébruitée par une femme qui choisissait de mettre fin à sa thèse, que le seul masculin soit retenu pour désigner les hommes et les femmes qui se trouvent en situation de domination. On peut s’étonner de même — je pourrais même m’en offusquer si j’étais maîtresse de conférences à l’Université de Lorraine — du ton plus que maladroit employé. L’objet du message, la formule de salutation finales, l’usage de « blessures » portées par les réseaux sociaux, alors que c’est un suicide qui est à l’origine de la communication présidentielle. Sous la plume du président, il ne s’agit pas de prendre en charge avec tact et empathie la douleur, l’empathie, la colère, l’émotion qui pourrait saisir enseignant·es et étudiant·es. Un problème de plus à régler dans une rentrée très chargée, voire apocalyptique.


      *

      Venons-en aux faits.

      L’Université — soit la présidence et la directrice de l’École doctorale — a été informée du suicide de la doctorante. La famille, devine-t-on, fait connaître ses volontés, dont on ne saura rien, mais que le président espère « avoir respecté au mieux ». La famille, rencontrée fin août,a fait le lien entre le suicide et ce que le président désigne de manière euphémisée comme « aux conditions de sa thèse et à son environnement professionnel ». Il faut donc attendre le 11 septembre pour le Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail (CHSCT) soit réuni, saisi quelques heures avant la publication par Camille de son texte sur Medium. Selon nos informations et la « formule magnifiquement trouvée par notre admin[istration] », il s’agit du point 4. « Procédure à mettre en place suite à la survenue d’un événement grave susceptible de présenter un lien avec les conditions de travail ». Le président suit ici strictement le droit : il informe le CHSCT du suicide à la rentrée, et inscrit le point concernant une enquête à l’ordre du jour.

      Le président ajoute cependant quelque chose de surprenant.

      « Par ailleurs des témoignages récents, indépendants de ce que peuvent diffuser les réseaux sociaux, font état de faits qui pourraient être qualifiés de harcèlement. Ils m’ont amené à diligenter une enquête administrative rapide qui a pour but d’établir les faits de manière contradictoire et d’en tirer toutes les conséquences ».

      Sortant du sujet de la correspondance, M. Pierre Mutzenhardt informe ses lecteurices de plusieurs choses : les témoignages de harcèlement ou, à tout le moins de conduite inappropriée, ont circulé sur les « réseaux sociaux » ; la parole se déliant, d’autres témoignages ont été portés avec insistance à ses oreilles. Cet ensemble, qui établirait quelque fondement à l’accusation grave de harcèlement, le font diligenter une enquête administrative. Il précise que l’enquête sera

      « rapide qui a pour but d’établir les faits de manière contradictoire et d’en tirer toutes les conséquences ».

      Il faut attendre longtemps pour apprendre que c’est le directeur de thèse qui est mis en cause. Nous savons par le recoupement du témoignage, qu’il s’agit du directeur de thèse de la doctorante qui est visé par les deux procédures, soit Christian Chelebourg2. Il n’est pourtant pas nommé ; mais désigné par son statut de professeur et sa fonction de direction de thèse. C’est le premier volet du dispositif du silencement : la responsabilité du professeur n’est engagée que dans le cadre de l’« environnement de travail » dans lequel il exerce, bien qu’il soit seul « suspendu à titre conservatoire ». Il ajoute qu’il prend cette mesure « pour protéger l’ensemble des personnes y compris lui-même ».

      L’environnement de travail est-il en cause ? Les témoignages qui ont paru sur Internet, les personnes qui se sont confiées à moi, font état de sérieux problèmes rencontrés par différentes étudiant·es et différentes enseignant·es titulaires et non-titulaires par la proximité professionnelle de M. Chelebourg. Elles n’ont pas mentionné d’autres comportements déviants. En revanche, ce qu’elles précisent, c’est qu’elles n’ont pas trouvé de soutien ou d’écoute de la part de certains collègues masculins, qui ont reconnu à demi-mot une certaine capacité de nuisance, s’empressant de préciser que « ce n’est pas un monstre ». D’autres enseignantes ont fait état d’une inquiétude, craignant des mesures de rétorsion si elles évoquaient la procédure à la demande des étudiant·es. Sans chercher à justifier pourquoi ce type de discours est tenu — ni à minimiser les responsabilités qu’il y aurait à n’avoir pas protégé les étudiant·es de comportements apparemment connus — je propose ainsi de voir dans l’environnement de travail le deuxième niveau de silencement : minimiser le comportement malfaisant ; faire comme si ce dernier n’était pas problématique, de la part des collègues dudit professeur.On comprend que les hordes féministes sont à la porte de l’Université et menaceraient l’ordre patriarchal qui y règne. Faisons-les taire.

      Le troisième dispositif de silencement est construit par le président lui-même. Plutôt que de reconnaître la souffrance vécue par des femmes sous la responsabilité de son Université, M. Pierre Mutzenhardt choisit une autre stratégie : la minimisation des faits, la dénonciation de rumeurs et, plus grave, la protection du mis en cause.

      « Enfin, conclut-il, nous devons être attentifs également aux jugements hâtifs, à ne pas confondre ce qui relève de témoignages avec les accusations qui se propagent sur les réseaux sociaux. Si les réseaux sociaux peuvent être des révélateurs de situations, ils sont aussi devenus des armes qui blessent, harcèlent et propagent trop souvent la haine. Nous avons pu nous en rendre compte à d’autres occasions ».

      À la lecture de ce paragraphe, je me suis étouffée3. Une femme est morte, peut-être à cause du comportement de son directeur de thèse, mais c’est ce dernier que le président de l’Université de Lorraine entend protéger. Il le fait en prenant une mesure conservatoire, au motif que « si les réseaux sociaux peuvent être des révélateurs de situations, ils sont aussi devenus des armes qui blessent, harcèlent et propagent trop souvent la haine ». Il le fait aussi en donner un signal aux agresseurs : ce sont vous, « victimes » d’une cabale publique, vous qui est le cœur et l’âme de l’Université qu’il me faut défendre ; celles et ceux qui se sentent « heurtées » par le courriel sont ainsi prévenu·es : l’Université de Lorraine n’a pas vocation à les prendre soin d’elleux.

      Balkanisation de l’information, ato-défense collective en formation de tortue romaine, mesure conservatoire à titre de protection : la stratégie est limpide et antithétique avec celles que plusieurs assocations féministe ou savantes, l’Association des sociologues des enseignant·es de l’enseignement supérieur en tête, préconisent. Il ne m’appartient pas de juger si c’est une façon de se protéger lui-même contre quelques mandarins qui grimperaient aux rideaux. Ce que je sais, depuis lundi, c’est que l’omerta, ce silencement patiemment construit au sein de l’Université de Lorraine, a pu tuer.

      Camille a souhaité être courageuse.

      Soyons désinvoltes. N’ayons l’air de rien.

      Addendum. Lundi 14 septembre 2020, vers 9h30, avant suppression entre 11h42 et 11h45.

      Sur Facebook et Twitter, l’Université de Lorraine écrit ton nom, professeur. Et le sien aussi.

      https://academia.hypotheses.org/25555

    • Un harcèlement peut en cacher un… ou deux autres

      Le 7 septembre 2020, Camille Zimmermann, université de Lorraine, explique sur Medium pourquoi elle a interrompu sa thèse, financée – le détail n’est pas anodin dans une discipline (les lettres) où les allocations doctorales sont très rares – : après des années de comportements toxiques, elle y a vu le seul moyen d’échapper à l’emprise de son directeur de thèse. Elle explique aussi pourquoi elle rend public ce témoignage : une autre doctorante, qui lui avait confié être victime d’agissements comparables, a mis fin à ses jours. Le texte utilise des pseudos, transparents pour ceux qui ont lu le cycle de romans sur lequel portait la thèse (La Quête d’Ewilan, de Pierre Bottero), et se termine par une accusation :

      « J’accuse M. Ts’liche, 6 ans après le début de toute cette histoire, de harcèlement moral, de violences psychologiques et d’abus de son pouvoir et de sa position hiérarchique, et ce notamment et dans les cas les plus graves pour mettre sous emprise des jeunes femmes vulnérables. »

      Academia republie le témoignage de Camille dans un billet le 10 septembre, avec une courte introduction qui permet de suivre un lien vers la plate-forme Thèses.fr si on veut connaître le nom du directeur désigné, ainsi qu’un autre lien vers une liste d’articles précédemment parus au sujet du harcèlement. Le court texte lâche également un mot : « omerta », parce qu’il ne s’agit pas d’une affaire isolée, et que ce qu’elle révèle est tout autant le harcèlement que la loi du silence qui lui permet de perdurer.

      Dès le 11 septembre, Academia a l’occasion de développer ce point : peut-être agité par la circualtion du texte de Camille sur les réseaux, le président de l’université de Lorraine écrit à certains de ses collègues. Oh, pas tous ! seulement ceux du domaine Arts Lettres Langues et Sciences Humaines et Sociales – ALL-SHS, dans nos jargons. Il ne faudrait quand même pas que tout le monde soit au courant. Le mail jette plutôt de l’huile sur le feu : il s’achève sur un indigne retournement de la charge contre Camille, et « les accusations qui se propagent sur les réseaux sociaux » dont il exhorte chacun·e à se méfier comme la peste. Le professeur est suspendu à titre conservatoire pour le protéger. On croit cauchemarder ; Camille Zimmermann se dit heurtée, Academia s’étouffe. Mais on n’a encore rien vu…

      Le 14 septembre, comme si de rien n’était, l’université de Lorraine touitte benoîtement une invitation à écouter le professeur, spécialiste des fictions d’apocalypse, sur un sujet qui attirera tous les regards : à quoi ressemblera le monde post-Covid ? Touitt’ supprimé quelques heures plus tard, ici cliché avant disparition. Des souffrances sont signalées, des drames surviennent, mais rien ne bouge ; une jeune femme brise ce mur du silence sur un réseau social, son témoignage circule, les réactions se font enfin entendre… mais c’est pour dévaloriser son témoignage, pendant qu’une « enquête » est évoquée, sous les opacités de la novlangue administrative, et sans aucune communication auprès du public ; le public, pendant ce temps, il continue d’être alimenté avec le ronronnement des travaux du principal intéressé, sans vergogne.

      Ce touitt’ lamentable manifeste, au moins la surdité d’un service Communication fonctionnant en vase clos, où ne parvient pas un son des réseaux ou des couloirs de l’établissement, au pire le cynisme d’un programme de com’ qui se moquerait comme d’une guigne des plus graves accusations possibles pesant sur un auteur, et, dans tous les cas, d’une rhétorique qui confine à la faute morale.


      Aucune communication officielle de l’université de Lorraine, donc. C’est dans la presse régionale qu’il faudra aller lire le président de l’Université de Lorraine, Pierre Mutzenhardt : le 23 septembre, L’Est Républicain porte l’affaire sur la place publique – pas celle des réseaux, dont il faut se méfier comme la peste, rappelons-nous. Le journal publie deux articles aussi cloisonnés qu’ont pu l’être deux univers : celui des doctorantes victimes et celui d’une administration qui n’a pas su les aider.

      La mise en page, pour qui serait sensible à l’énonciation typographique, donne toutefois bien l’impression que le monsieur dont on voit la photo est un peu cerné par le texte qui se referme sur lui : c’est celui qui est consacré à Camille. La journaliste, quant à elle, adopte professionnellement l’anonymat de rigueur ; mais cette page exprime finalement bien plus que ce nom de l’enseignant-chercheur dont, désormais, tout le monde a pu prendre connaissance par soi-même.

      Rendons d’abord compte de l’article consacré à Camille Zimmermann : « Harcèlement à l’université : le “j’accuse” d’une doctorante » s’ouvre sur le résumé des deux affaires, puisqu’il y en a bien deux :

      Longtemps étudiante puis thésarde à la faculté de lettres, Camille Zimmermann a dénoncé, sur les réseaux sociaux, l’emprise son directeur de thèse, qui l’a poussée à quitter la fac. L’université a ouvert une double enquête interne suite au suicide d’une autre doctorante.

      L’article met ses pas dans ceux de Camille, et relate d’abord la manière dont les réseaux ont pu relayer sa parole :

      Dans ce récit largement partagé sur Facebook et Twitter, et repris sur divers blogs spécialisés…

      Le contraste est net avec la méfiance du président, indistinctement adressée aux « réseaux ». L’article se met ensuite à l’écoute de Camille et rapporte les grandes lignes de son témoignage publié sur Medium : la complexité du rapport de genre et de la relation pédagogique, et le caractère insidieusement toxique de la relation entre le professeur et l’étudiante. Les intertitres du journal soulignent le fonctionnement pervers de ce système binaire :

      « Processus de #marginalisation », pour résumer l’emprise, les abus du professeur, l’isolement de la victime ;
      https://academia.hypotheses.org/26261

      « Manque d’écoute de la “cellule harcèlement” », pour résumer la loi du silence dans – grâce à – laquelle tout cela peut continuer.

      Car le journal donne la parole à d’autres personnes, après avoir rapporté le témoignage de Camille :

      Depuis ce témoignage sur les réseaux, rapidement ébruité dans les couloirs et les amphis de la faculté, des langues se sont déliées. D’autres ont signalé les agissements du professeur mis en cause – suspendu actuellement, et présumé innnocent – autant que la nocivité d’une organisation plaçant parfois les thésards dans une impasse.

      “Quand cela se passe mal, il est compliqué de changer de directeur de thèse, de crainte d’être blacklisté. Un directeur a tous les pouvoirs, et il a un réseau. Parfois, c’est du chantage au poste”, témoigne cette autre ancienne doctorante, qui, elle aussi, était suivie par le professeur incriminé. Et a également abandonné sa thèse pour les mêmes raisons que Camille Zimmermann.

      On apprend donc ici, sous la plume d’un journal qui n’est pas né de la dernière pluie et sait parfaitement ce qu’il fait en imprimant ces mots, qu’une troisième affaire pourrait exister. Le touitt’ du 14/9 était révoltant ; cette information-ci est accablante : l’administration n’a pas voulu les aider.

      Pour ce qui est de l’administration, qu’apprend-on ? L’article titre sur les suites données aux affaires : « Double enquête et enseignant suspendu ». Pourquoi deux enquêtes ? Parce que deux affaires, en fait. Et peut-être même bien trois, comme la presse le suggère. L’une des enquêtes se fait sous l’égide du Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail (CHSCT) et n’a pas vocation à déboucher sur des sanctions mais sur des « préconisations ». En prenant son temps, prévient le président de l’université :

      « il semblerait que la relation entre cette jeune fille, décrite comme fragile, et son encadrant, n’était pas saine et pas normale », résume Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine. Ce possible « lien de causalité » étant à l’origine de l’enquête du CHSCT, qui devrait être « plutôt longue ». « Elle portera sur les conditions de travail ayant pu conduire la doctorante à mettre fin à ses jours, et devra déboucher sur des préconisations ».

      Au temps pour cette voie de prise en charge, la seule sur laquelle il existe actuellement des sources partageables et consultables, en l’espèce : l’ordre du jour du CHSCT du 11/9. C’est celle qui porte, je le rappelle, sur le suicide survenu pendant l’été. Tournons-nous vers l’autre enquête :

      Ce sont d’autres témoignages, écrits, émanant de deux autres doctorantes et mettant en cause ce même directeur, qui ont conduit à l’ouverture de l’enquête administrative. « Il s’agira, par des audits contradictoires, de voir s’il y a bien harcèlement ou pas », poursuit le président. « Néanmoins, il y avait assez d’éléments pour que cet enseignant soit suspendu, pour trois semaines car on ne peut pas suspendre quelqu’un plus d’un mois. » Les premières conclusions sont attendues fin septembre/début octobre. « J’aviserai alors s’il faut envisager des sanctions disciplinaires, qui peuvent aller du blâme à l’exclusion, ou ne pas donner suite. »

      On a donc bien trois affaires, si l’on compte toujours, et deux enquêtes : l’une portant très globalement sur les « conditions de travail », l’autre portant plus clairement sur l’enseignant-chercheur. Face à la presse, les témoignages écrits semblent désormais assez graves pour que le président Mutzenhardt ne fasse plus passer la décision de suspendre ce dernier pour une mesure de protection « y compris de lui-même », comme dans le mail du 11/9 qui avait heurté tant de monde. Il s’excuse même par avance de ne pas pouvoir le suspendre plus de 3 semaines ; mais que se passe-t-il après ? Des actions décidées par le président. On se demande si, comme dans une affaire récente, ça se passera « d’homme à homme »… Et un signalement au procureur ? La suite de l’article l’évoque : « Il ne faut pas hésiter à formaliser, en saisissant le procureur de la République. » Et l’article se clôt sur « il faut oser dire les choses ». Nous voilà rassuré·es !


      Eh bien peut-être faut-il rester patient·es quand même. Le 30 septembre, à 11h26, une semaine après la parution de ces deux articles, alors qu’on attend toujours les résultats de l’enquête administrative, le président Mutzenhardt envoie à nouveau un mail à ses collègues. Cette fois, c’est sur la liste de tous les personnels, pas que les ALL-SHS ; mais ça ne sort pas de l’université de Lorraine. Academia en reçoit une copie :

      J’ai vu que vous aviez suivi cette affaire avec intérêt. Donc pour votre information, voici ce que l’on a reçu aujourd’hui
      « Au début du mois d’août, une doctorante de l’Université de Lorraine a mis fin à ses jours à l’extérieur de l’université, en mettant en cause les modalités de direction de sa thèse au sein de son laboratoire de rattachement. Il s’agit, quelles que soient les circonstances, d’une tragédie. J’ai mobilisé les services de l’établissement dès sa réouverture le 17 août et j’ai proposé au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de réaliser une enquête sur les conditions de travail dans le laboratoire concerné. En parallèle, des témoignages sont parvenus à l’université début septembre (que je ne confonds pas avec des déclarations sur les réseaux sociaux). Ils m’ont amené à diligenter une enquête interne administrative et à suspendre de manière conservatoire le directeur de thèse concerné. Les enquêtes sont actuellement en cours. »

      Cette obsession pour les réseaux sociaux a quelque chose d’inquiétant. C’est pourtant bien l’un d’eux qui a mis en alerte la communauté universitaire, et non la communication de l’UL, qui s’obstine à rester dispersée, laconique, et surtout compartimentée.

      Quels sont donc ces « témoignages arrivés début septembre » ? Sont-ils ceux de Camille Zimmermann, enfin entendus, alors que ses premières plaintes remontent à 2019 ? Sont-ils ceux de cette troisième étudiante dont L’Est Républicain a retranscrit les paroles ?

      On est le 1er octobre : on en saura bientôt plus. Le président Mutzenhardt l’a promis…

    • Une #cagnotte en ligne pour récolter de l’argent pour les frais d’avocat de #Camille_Zimmermann :

      Il y un peu plus d’un an, je publiais sur les réseaux un texte qui dénonçait les violences que j’avais connues au sein de l’Université française et qui avaient poussé au suicide mon amie #Scylla. J’y ai « caché » le nom de mon ancien directeur, non pas pour le protéger, mais pour tendre à une forme d’"universalité" parce que je savais que ces violences n’étaient pas une exception mais monnaie courante dans le monde de la recherche. Des violences dont les victimes sont, comme souvent, principalement les personnes les plus en situation de précarité.

      Ma lettre ouverte a eu un fort retentissement dans le milieu, partagé plus d’un millier de fois, sans compter les envois par listes de diffusion internes. Il a, je crois, aidé la libération d’autres paroles qui ont suivi peu de temps après. J’ai reçu aussi plus d’une centaine de messages de soutien, de remerciement, de solidarité, d’assurance que ma voix avait eu un écho et que des projets avaient été montés.

      J’en ai été touchée et reconnaissante, car c’est là la raison pour laquelle j’ai fait cette démarche extrêmement couteuse émotionnellement : l’espoir qu’elle aide à bouger les lignes.

      Aujourd’hui, j’ai à nouveau besoin de votre soutien, économique cette fois-ci. Une procédure pénale a suivi celle interne, et je vais devoir être assistée d’un avocat pour continuer.

      Les raisons de ma cagnotte

      Ma démarche est depuis ses débuts pensée pour le collectif, pour qu’elle serve à un maximum de monde possible. Il n’a néanmoins pas toujours été facile d’en être le visage, et j’ai subi intimidations, plainte pour #diffamation, tentatives de me décrédibiliser, #slut-shaming etc. qui font qu’aujourd’hui je suis éreintée et ai plus que jamais besoin de vous, d’être moi aussi soutenue collectivement. J’ouvre ce pot commun car payer de ma propre poche ces frais me prendrait plusieurs mois et m’obligerait à renoncer à des projets d’avenir alors que j’ai déjà sacrifié beaucoup de choses depuis le début de cette affaire – mes espoirs de carrière et une part de ma santé mentale notamment. Je commence seulement à retrouver un horizon, et je ne me sens pas capable de le plomber par cette charge financière.

      Plus simplement et comme depuis le début, je ne peux pas avancer seule, émotionnellement mais aussi, désormais, financièrement.

      Le montant de ma cagnotte

      Mes besoins aujourd’hui sont de 500€. Cette première cagnotte permettra de couvrir les premières procédures et consultations.

      Si cette somme est dépassée, l’intégralité des fonds sera reversée au Cha-U, association qui s’est créée au cours de l’année passée au sein de l’#Université_de_Lorraine et qui œuvre à combattre le harcèlement dans l’enseignement supérieur mais aussi à en penser les origines et structures afin de mieux l’éradiquer.

      Si l’enquête débouche sur un procès, une nouvelle cagnotte sera ouverte pour couvrir les frais lui étant liés, qui s’élèveront à une somme entre 1200 et 1500€.

      Si vous en avez la possibilité et que vous souhaitez mettre votre contribution, quel que soit son montant, je vous envoie toute ma gratitude. Si vous êtes précaire et ne pouvez pas m’aider, votre soutien moral compte aussi énormément.

      https://www.onparticipe.fr/cagnottes/yAk2mVjD

  • L’État décide de frapper au porte-monnaie les départements qui résistent au fichage des #enfants

    Tout juste sorti de cette période de confinement, et alors que la crise sanitaire a fortement impacté la situation des mineur⋅es isolé⋅es, le gouvernement reprend l’offensive réglementaire à l’encontre de leurs droits.

    Un #décret daté du 23 juin 2020 vient d’autoriser l’État à réduire sa #contribution_financière aux #départements qui refusent de faire intervenir les #préfectures dans le processus d’évaluation et d’#identification de ces enfants.

    Pour mémoire, ce sont la #loi_Collomb de septembre 2018 et son décret d’application du 30 janvier 2019 qui ont institué un #fichier des mineur⋅es isolé⋅es permettant aux départements d’associer les préfectures à la détermination de leur #minorité, et de faciliter l’éloignement de celles et ceux qui auront fait l’objet d’une décision provisoire de non-admission à l’#aide_sociale_à_l’enfance.

    L’ensemble du secteur de la #protection_de_l’enfance – et en particulier le #Conseil_national_de_la_protection_de_l’enfance –, ainsi que la totalité des organisations qui se sont exprimées sur le sujet, ont dénoncé la confusion entre protection de l’enfance et lutte contre l’immigration irrégulière organisée par ce dispositif. Malgré quelques réserves, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État l’ont malheureusement validé.

    Un an après son entrée en vigueur, environ un tiers des départements, pour des motifs divers et variés, continue à refuser d’appliquer ce dispositif.

    Aussi, à défaut de pouvoir contraindre l’ensemble des départements à conclure avec les préfectures une convention permettant de vérifier si ces enfants figurent déjà dans deux #fichiers destinés au contrôle migratoire (#Visabio et #AGDREF) et de les inscrire dans un troisième, dénommé « #appui_à_l’évaluation_de_la_minorité » (#AEM), le gouvernement a décidé de les frapper au porte-monnaie.

    Ainsi, il recourt à présent au #chantage_financier pour contraindre les derniers départements réfractaires à ce mélange des genres. Ce faisant, il fait montre de son acharnement pour imposer sa logique du #soupçon et du #contrôle à la question de l’#accueil et de la protection des mineur⋅es isolé⋅es.

    Nos organisations demandent l’abrogation de ce décret, la mise en œuvre du premier accueil, l’accompagnement socio-éducatif des jeunes isolé⋅es, sans discrimination et dans le strict cadre de la protection de l’enfance.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6438

    #France #fichage #migrations #asile #réfugiés #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfance #renvois #expulsions #dissuasion #âge #catégorisation #tri #résistance

    ping @karine4 @isskein @etraces

  • À #Vittel, #Nestlé contrôle l’eau, la politique et les esprits
    https://reporterre.net/A-Vittel-Nestle-controle-l-eau-la-politique-et-les-esprits

    Nestlé pompe abondamment l’eau de Vittel, dans les Vosges, malgré un déficit inquiétant de la #nappe_phréatique. À tel point que la commune va devoir importer de l’#eau_potable de villages voisins. Depuis près de trente ans, la multinationale a noyauté le territoire, régentant le développement économique et agricole. Elle est l’objet d’une enquête pour #corruption.

    #agriculture #contrôle_des_terres #stratégie_foncière #Agrivair #Nestlé_Waters « #associations-écrans » #lutte_d'influences #économie #chantage_à_l'emploi #microcosme

  • La mairie du 20e arrondissement interdit la diffusion d’un documentaire sur les violences policières | StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1553079739-mairie-paris-20e-censure-documentaire-violences-policieres

    Dans le cadre d’une semaine de lutte contre les discriminations, le collectif La Perm’ Belleville organisait la projection du documentaire Police, illégitime violence. La maire d’arrondissement, #Frédérique_Calandra, s’y est fermement opposée.

    Paris, 20e arrondissement - C’est dans l’école maternelle Pali-Kao que devait être projeté le documentaire Police, illégitime violence du réalisateur Marc Ball. Une projection organisée par le collectif La Perm’ Belleville, suivie d’un débat. Le lieu était emblématique, explique Baptiste Dupin, bénévole au sein du collectif :

    « C’est là que des jeunes du quartier ont grandi et où beaucoup d’entre eux se font contrôler au quotidien. Et la directrice de l’école était tout à fait favorable. »
    Mais vingt heures avant l’événement il est, avec d’autres membres de l’association, convoqué par Frédérique Calandra, la maire PS du 20e arrondissement. Pendant vingt-cinq minutes, l’édile leur fait part de son refus de voir projeté le documentaire dans un local propriété de la municipalité. Un « brûlot à charge contre la #police », selon l’élue qui n’a pas donné suite à nos demandes d’interview (1). « Elle a parlé de Lamine Dieng (un jeune mort à Belleville en 2007 dans un fourgon de police lors d’une interpellation, ndlr) en disant : “Il n’est pas mort sans raison, il n’était pas tout blanc” » , assure Baptiste :

    « Il y a eu des moments de grand n’importe quoi. Elle nous a dit qu’il y avait déjà des gens qui ont essayé de monter les jeunes contre la police, comme Dieudonné. »
    Des propos confirmés par un autre membre du collectif présent lors de la réunion, Omer Mas Capitolin. « Elle nous a carrément soupçonnés d’être des antisémites. Ça a été très violent pour nous », appuie le fondateur de l’association Maison communautaire pour un développement solidaire. D’après ce dernier, la maire aurait également rappelé que « c’était elle qui subventionnait l’association Pazapas », à hauteur de 2 ou 3.000 euros, selon Omer :

    « On a été obligé de lui rappeler que c’était l’argent du contribuable et qu’il n’appartenait pas aux élus, qu’ils devaient le gérer au mieux. Faire du #chantage_à_la_subvention, ce n’est pas supportable non plus. »
    Mme Calandra n’en est pas à son coup d’essai. Comme StreetPress le rapportait, en septembre dernier, la mairie avait décidé de retirer la subvention initialement accordée au Féministival en raison de la venue de la journaliste et essayiste Rokhaya Diallo. Les deux femmes ont un contentieux qui dure depuis quatre ans.

    En apprenant la censure de son documentaire, le réalisateur Marc Ball est tombé de sa chaise :

    « Je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu passer une histoire de ce type, la #censure d’un #documentaire passé sur le service public. »
    En effet, le film a été diffusé en novembre 2018 sur France 3 Île-de-France. (link is external) « Lorsque les membres de l’association ont dit que c’était passé sur la chaîne, elle a répondu : “Mais maintenant, ils laissent passer n’importe quoi sur le service public” », détaille-t-il :

    « C’est impressionnant parce que ce n’est pas un brûlot. Les critiques de presse ont noté que, sur ce sujet très clivant, il y avait une forme de rigueur et une volonté de ne pas être manichéen, de voir la complexité ».

    #Ville_de_Paris #socialisme

    • Je crois que tout est fait (au-delà des discours larmoyants et hypocrites) pour que le message passe bien : « vas-y, Don Quichotte, fais-toi plaisir, mais voilà ce qui arrive aux blaireaux de ton espèce qui osent l’ouvrir contre nous ! »

      J’ai retrouvé 16 ans plus tard le lanceur d’alerte d’un truc assez grave qui s’est passé près de chez moi. Le type, ils lui ont tout fait : bien sûr, le virer et le griller dans son métier, mais aussi faire pression sur sa femme, utiliser leurs relations pour le faire passer pour fou ; lors du procès instruit contre lui (pas contre les pratiques qu’il dénonçait, hein !), l’expert médical était la femme du type mis en question (si, si, c’est extraordinaire, quand même, tu vois le message : « on t’emmerde, on fait ce qu’on veut, on tient le coin ! »). Ensuite, quand sa femme a demandé le divorce (avait-elle le choix ? Je ne crois pas, vu qu’ils lui avaient conservé son job dans la structure qu’il dénonçait, si, si, c’est possible !), ce sont de nouveau ses ex-employeurs qui ont été experts auprès du tribunal et qui ont obtenu non seulement qu’il prenne tous les torts, mais aussi qu’il perde son autorité parentale sur son jeune fils. Au moment où je l’ai contacté pour le retour de l’affaire, ce fils venait d’avoir 18 ans et j’ai suivi leurs retrouvailles, avec un gosse qui découvrait que son père qu’il avait oublié n’était pas le salaud qu’on lui avait raconté.

      Le mec s’est retrouvé black-listé dans mon département (pratique assez récurrente contre ceux qui se ne satisfont pas de la baronnie locale !) et bien au-delà dans son job qu’il a abandonné (au moment des faits, il avait 23 ou 25 ans et il se retrouvait sans rien dans la vie). Il a songé à se faire sauter le caisson, mais il est parti en Angleterre, puis il a totalement refait sa vie, changé de métier et s’est installé en Espagne où il a construit une nouvelle famille.

      Quand l’affaire est ressortie du bois parce que rien n’avait changé depuis qu’il avait tiré la sonnette d’alarme et que les sales trucs continuaient à se produire et que d’autres salariés s’en sont émus, il a suivi ça de loin. Je l’ai retrouvé pour faire un article, on a discuté beaucoup et au vu de ce qu’il avait pris dans sa gueule, j’ai fini par décider de ne pas sortir d’article. Finalement, devant la tournure que ça prenait, il a décidé de retémoigner et il est passé par Le Monde (dommage pour moi, mais bon…)

      À l’arrivée, après beaucoup de bruit jusque dans les ministères et l’envoi d’enquêteurs et d’administrateurs sur place, qui ont tous confirmé les faits, l’affaire est passée dans le même tribunal (avec un nouveau juge dont je suivais déjà l’étrange justice de classe) et hop… les charges ont été pratiquement toutes classées sans suite (alors que je le répète, les enquêtes administratives confirmaient tous les faits dénoncés !), le juge a même inventé une excuse de "gestion à l’ancienne" pour balayer la prise illégale d’intérêt (la corruption, donc) sous le tapis.

      Les salopiots ont retrouvé leur niche écologique intacte et forts de leur nouveau verdict, ont attaqué le Monde et le vieux lanceur d’alerte pour diffamation, où, de nouveau, le même tribunal a pu faire preuve de toute sa "sévérité".

      Là, le lanceur d’alerte a définitivement compris comment ça fonctionne en France, il a renoncé à sortir un article pour raconter cette partie de l’histoire, il a payé la facture et je pense que pour lui, la France est définitivement de l’histoire ancienne.

    • Oh, là là, la pauvre : elle s’est attaquée à l’usine Téfal de Rumilly !
      J’ai grandi dans le bled à côté et bon, il était difficile de ne pas connaitre quelqu’un qui bossait pour Téfal. Quand tu as une grosse boite qui fournit autant d’emplois industriels, tout le monde est d’accord pour protéger la boite envers et contre tout, parce que si ça ferme, c’est grosse dépression économique en vue pour les alentours.

      Ailleurs, je me suis retrouvée un jour avec des stats un peu bizarres qui venaient de l’une des plus grosses usines de mon département. Je travaillais à nettoyer la base de données entreprises et j’avais des soucis d’effectifs à la fois trop faibles et avec trop de variations. Bref, je ne sais plus comment, je me retrouve en contact avec des salariés de la boite qui commencent à me raconter de gros gros arrangements avec le droit du travail. Le truc classique : surconsommation d’intérimaires et de CDD renouvelés ad nauseam , non-déclaration des heures sup, violences hiérarchiques, etc.

      Il se trouve qu’à l’époque, je n’avais que 10 mètres à faire pour me retrouver à l’inspection du travail. Donc, j’y suis allée et j’ai exposé la situation. Là, l’inspecteur m’a gentiment expliqué que l’usine faisait vivre un des bleds les plus importants du coin, sans compter les sous-traitants et qu’il fallait parfois avoir un peu de souplesse pour conserver l’emploi avant tout… y compris les nôtres.

      Bref, je ne suis pas une héroïne, je sais voir quand je vais me retrouver à faire Don Quichotte comme une conne, seule contre tous. Et puis, voilà, le chantage à l’emploi, ça marche quand même super bien : qui voudrait plonger des tas de familles dans la merde, hein ?

      Mais l’histoire a une suite.

      La suite, c’est que le patron de cette usine était plutôt le genre d’autocrate qui s’est fait tout seul (en héritant du commerce de papa, mais en ayant tout de même la capacité de le développer très fort !) et qui est toujours un peu à la recherche de sa place dans le notoiriat du coin… sauf que les parvenus, même plutôt riches…

      Bref, le type, il n’accède pas à la place à laquelle il aspirait dans la baronnie locale et il décide de se venger : il crée un petit journal satirique où il balance tout ce qu’il sait sur les petites magouilles des uns et des autres. Une sorte de lanceur d’alerte insider , mais plutôt catégorie "revanchard" et qui voulait tirer profit de sa position d’intouchable : en gros, il comptait utiliser le chantage à l’emploi dans l’autre sens.

      Son canard marchait super bien. Dans ma boite, il était interdit, mais tout le monde en avait un exemplaire dans le tiroir.

      Ce qui est amusant, c’est que les faits que j’avais rapportés quelque temps plus tôt ont brutalement cessé d’être protégés par le chantage à l’emploi. Le temps de le dire, il s’est tout pris sur la tronche : l’inspection du travail, les services fiscaux, tout… et bien sûr, ils avaient de quoi boire et manger.

      Pour le coup, plus rien à foutre du principal pourvoyeur d’emplois industriels du coin, plus rien à foutre des familles, du chômage et tout ça.

      Il a chargé, encore et encore et à la fin, sa boite a été revendue à la découpe, puis liquidée, avec tous les ouvriers à l’ANPE.

      Lui, il était plus grillé qu’une merguez sur un barbecue de la CGT. Il a disparu des écrans radars.

      Bon, pas totalement ruiné quand même : il a refait sa vie à Québec où il est consultant en entreprises.

      Je n’ai servi à rien dans l’histoire, mais j’ai appris que « quand tu montes au cocotier, tu dois avoir le cul propre ».

      ( et accessoirement que même si tu l’as nickel chrome, si tu t’en prends à certains intérêts, ça ne va pas t’aider… rien ne va t’aider !)

      Mais aussi que dans notre pays, les positions dominantes sont très fermement tenues. Très.

    • Quel courage ! Mais je suis toujours étonnée par tant de naïveté. C’est touchant de l’entendre raconter sa souffrance liée à la perte de ses illusions d’une justice impartiale quand elle explique le moment où elle tombe en dépression, quand elle comprend que les valeurs qu’elle pensait servir ne sont que des mots. Ça me fait un peu penser à des anciens propos de Snowden quand il racontait le moment où il a compris ce qui se passait réellement à la NSA et à quel niveau, lui qui se disait auparavant patriote.

    • Ça me fait penser aux grèves Devaquet, quand on a été une poignée à débrayer le lycée et surtout que j’ai été la seule à bondir sur le trottoir pour aller à la manif dehors : les gus, ils veulent bien faire la révolution, mais à condition que quelqu’un d’autre endosse la responsabilité.
      Ils ont suivi quand il a bien été établi que j’étais LA meneuse et que j’allai donc être sanctionnée prioritairement en rentrant au bahut… J’ai pris une belle leçon de vie, ce jour-là !

    • Cette histoire de meneuse @monolecte ça me rappelle qu’il y a quelques années, avant les présidentielles qui ont élu Hollande, on se retrouvait une semaine sur deux avec quelques voisins pour discuter politique. C’était parti d’une discussion où je faisais remarquer à deux de mes voisins qu’il était difficile de faire changer les choses alors que déjà entre voisins on ne partage rien et que je crois que ça commence par là. Donc on a commencé à se voir et peu à peu le cercle s’est un peu agrandi avec des personnes hors du quartier qui avait des choses à raconter. Mais cela restait dans une sphère privée, j’avais envie d’un lieu ouvert à tous. J’ai donc émis l’idée de faire une espèce de repaire, restait à trouver l’endroit. Je savais qu’il y avait eu un repaire de là-bas dans un café épicerie et je suis allée les voir. Là ils m’ont raconté que le repaire marchait assez bien mais qu’il avait pris fin avec le départ de la personne qui l’avait mis en place et que personne n’avait pris relai. Le mec me précisait que l’épicerie était partante pour relancer l’aventure. J’ai donc fait mon petit rapport auprès de mes potes en précisant que moi je ne serais pas meneuse, je n’avais pas envie de ça et que si on lançait une telle initiative, on devait la gérer collectivement. Le problème était que la fameuse épicerie était située loin du quartier, il fallait trouver un autre endroit. Finalement on a rien fait.

  • La filière nucléaire suspendue aux progrès de la forge du Creusot

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/04/01/la-filiere-nucleaire-suspendue-aux-progres-de-la-forge-du-creusot_5104120_32

    De nouvelles révélations jettent un doute supplémentaire sur la sûreté des produits issus du site industriel Creusot Forge.

    L’avenir de la filière nucléaire française se joue peut-être dans l’usine Creusot Forge d’Areva. Depuis 2015, le site de Saône-et-Loire est l’objet d’audits approfondis menés par Areva, EDF et par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), mais aussi par des experts indépendants venus de cinq pays (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Chine, Finlande). Objectif : s’assurer que ce maillon essentiel de la chaîne nucléaire répond à tous les standards internationaux. Et ils jugent que le compte n’y est pas encore. Areva a transmis à l’ASN, vendredi 31 mars, le dernier état des modifications du site, afin qu’il puisse reprendre cet été la fourniture de composants aux centrales françaises et britanniques d’EDF, suspendue depuis avril 2015.

    Las, de nouveaux éléments sont venus alourdir le dossier « Creusot Forge ». Selon des révélations de France Inter et France Info vendredi, des défaillances industrielles avaient été pointées du doigt par l’ASN dès la fin de 2005. Dans deux lettres de décembre 2005 et mai 2006, citées par les deux radios, le gendarme du nucléaire mettait en garde EDF contre ce fournisseur, soit un peu avant que l’électricien ne lui confie le forgeage de grosses pièces – notamment la cuve de l’EPR de Flamanville (Manche).

    Alors patron de l’ASN, André-Claude Lacoste était descendu au Creusot et en était revenu « effondré », affirment France Inter et France Info : l’usine, alors détenue par Sfarsteel, ne répondait pas aux standards de qualité requis dans l’industrie nucléaire. Il avait demandé qu’EDF change d’équipementier ou qu’Areva l’acquière pour le remettre à niveau. Ce dernier s’était exécuté pour 170 millions d’euros.

    200 millions investis

    Pourquoi Creusot Forge a-t-il été retenu pour forger les gros composants de l’EPR ? Le feu vert pour la construction de ce réacteur de troisième génération à Flamanville a été donné par le gouvernement Raffarin en avril 2004, notamment pour maintenir les compétences de la filière nucléaire. Ses grands composants devront être made in France, alors que la cuve de l’EPR construit par Areva en Finlande a été faite au Japon. « Ce qui a justifié le rachat de Sfarsteel, c’est la volonté du groupe de maîtriser la fourniture des pièces forgées essentielles au développement de la flotte nucléaire mondiale, confirme au Monde David Emond, directeur des usines de composants d’Areva (Le Creusot, Chalon/Saint-Marcel, Jeumont…). Nous connaissions la situation au Creusot et dès 2006, Areva a mis en œuvre des actions pour amener‎ l’usine aux standards du groupe et de l’industrie nucléaire. » En dix ans, il y a doublé les effectifs et a investi 200 millions d’euros.

    De son côté, l’ASN a-t-elle failli à sa mission, comme le lui reproche l’Observatoire du nucléaire ? « Elle est gravement fautive puisqu’elle n’a rien vu, ou pire rien dit, pendant de longues années, dénonce-t-il aujourd’hui. Lorsqu’elle a autorisé en décembre 2013 l’installation de la cuve dans l’EPR en construction, elle était déjà parfaitement informée des déboires de fabrication de cette cuve. » Pour l’association antinucléaire, « il est désormais avéré que la décision concernant la cuve de l’EPR ne peut et ne doit en aucun cas être prise par l’ASN ». Michèle Rivasi, députée européenne (Europe Ecologie-Les Verts), juge pour sa part qu’« une commission d’enquête parlementaire est indispensable ».

    L’ASN a confirmé, vendredi, qu’elle rendrait un premier avis cet été sur la sûreté de la cuve de Flamanville. En avril 2015, le gendarme du nucléaire avait annoncé que l’acier du couvercle et du fond de cet élément ultrasensible de l’îlot nucléaire présentait une trop forte teneur en carbone, qui pourrait amoindrir sa résistance aux fortes contraintes qu’elle devra subir.

    Pas de plan B

    Le gendarme du nucléaire se défend de laxisme, a fortiori de dissimulation. Son directeur général adjoint, Julien Collet, joint par Le Monde, dissocie deux dossiers. Le premier est celui des « difficultés techniques » de Creusot Forge. « Dans les années 2005-2006, dit-il, nous avons constaté des problèmes au niveau de la fabrication des pièces et des anomalies en termes d’assurance qualité. » A la suite d’inspections, plusieurs courriers ont été adressés à EDF, qui pointaient « de nombreux écarts » et des « incidents récurrents » dans la fabrication des équipements sous pression nucléaire. EDF a été sommée de « surveiller » plus étroitement son fournisseur. L’ASN a mis en ligne vendredi sur son site l’historique de ses échanges avec EDF et Areva depuis 2005.

    Le second dossier, celui de l’excès de carbone dans l’acier de la cuve de l’EPR de Flamanville, est distinct, selon M. Collet. « A la suite de l’arrêté du 12 décembre 2005 modifiant la réglementation sur les équipements sous pression nucléaire, précise-t-il, nous avons demandé à Areva, dès août 2006, de démontrer la qualification technique de la calotte supérieure de la cuve, c’est-à-dire son homogénéité. » Sans avoir d’« inquiétude particulière à ce moment-là », reconnaît-il. Ce n’est qu’« en octobre 2014 » qu’Areva informera l’ASN de la non-conformité des résultats de nouveaux essais. Une grave anomalie rendue publique par l’ASN en avril 2015. Et une preuve, selon elle, de sa « transparence ». L’historique des échanges de courriers entre l’ASN et Areva semble confirmer cette chronologie.

    Un enjeu vital

    Dans les prochains mois, toute l’attention se concentrera sur l’ASN : elle s’est donné jusqu’en septembre pour dire si la cuve de l’EPR est « bonne pour le service », comme l’assurent EDF et Areva, en s’appuyant sur leurs propres tests menés en 2016. Les dirigeants du groupe d’électricité sont si confiants qu’ils assurent n’avoir « pas de plan B » en cas d’avis négatif de l’ASN, qui leur a pourtant réclamé un tel « plan B ».

    L’enjeu est vital pour EDF. Un refus l’obligerait à se priver d’un réacteur qui doit entrer en service début 2019. A moins de forger une nouvelle cuve – sans doute au Japon – entraînant plusieurs années de retard et des surcoûts faramineux pour une centrale dont le budget initial a déjà triplé en dix ans (10,5 milliards). Stopper Flamanville compromettrait aussi l’image déjà ternie du nucléaire français. Et EDF ne pourrait plus racheter Areva NP (filiale réacteurs et services d’Areva), puisque la Commission européenne a fait de la validation de la cuve par l’ASN une condition pour autoriser l’Etat français à injecter 4,5 milliards dans le groupe nucléaire en grande difficulté. C’est toute la filière française qui plongerait dans l’inconnu.

    Les cuves des deux EPR d’Hinkley Point en Angleterre doivent sortir du site du Creusot. Et le gendarme nucléaire britannique suit de près la remise d’équerre de l’usine bourguignonne.

    • Dans les prochains mois, toute l’attention se concentrera sur l’ASN : elle s’est donné jusqu’en septembre pour dire si la cuve de l’EPR est « bonne pour le service », comme l’assurent EDF et Areva, en s’appuyant sur leurs propres tests menés en 2016. Les dirigeants du groupe d’électricité sont si confiants qu’ils assurent n’avoir « pas de plan B » en cas d’avis négatif de l’ASN

      et sur http://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/info-franceinfo-defauts-sur-la-cuve-de-lepr-de-flamanville-l-autorite-d :

      L’ASN doit se prononcer en septembre sur la cuve de l’EPR et dire si, malgré ses défauts, la pièce est bonne pour le service. Une décision aux conséquences multiples qui ne laisse guère de choix à l’Autorité, selon Cyrille Cormier, de Greenpeace. « Aujourd’hui, on dit à l’ASN : à vous de valider ou non l’utilisation de la cuve de l’EPR. Mais on lui dit : attention, si vous ne validez pas la cuve, c’est le chantier de l’EPR de Flamanville qui prend des années de retard et donc des milliards d’euros supplémentaires. C’est sans doute la construction d’un nouvel EPR à Hinkley Point en Angleterre qui tombe. Et c’est le chantier de Taishan en Chine qui s’arrête. » Cyrille Cormier va plus loin : « C’est le sauvetage d’Areva par l’Etat qui est menacé. C’est tout le projet d’une industrie nucléaire française, le renouveau du nucléaire, qui tombe à l’eau. Evidemment on sait ce qui va se passer : personne ne peut résister à une telle pression. »

      #chantage_à_l'emploi #roulette_russe

  • L’Europe menacée d’effondrement

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/01/28/la-nuit-europeenne_5070492_3232.html

    Inquiets, les Allemands surveillent la scène politique française. Si la France bascule dans le populisme en mai, l’Allemagne sera terriblement fragilisée. Tout le projet européen en payera le prix.

    La scène se passe, jeudi 26 janvier, sous les lambris du Quai d’Orsay. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui va devenir « le président Steinmeier » en succédant à Joachim Gauck à la tête de l’Etat en février, fait ses adieux à la diplomatie française.

    Officiellement, M. Steinmeier est là pour le lancement de la Nuit des idées, rafraîchissante initiative de la culture française pour beau temps. Ce qui devrait être un moment léger, purement formel, prend soudain un tour grave. En fait de Nuit des idées, M. Steinmeier a visiblement des idées noires.
    En allemand, il évoque les élections françaises à venir, souligne qu’elles seront déterminantes non seulement pour la France, mais aussi pour l’Allemagne – et pour l’Europe. Puis il passe au français pour implorer son auditoire : « S’il vous plaît, ne cédez pas aux sirènes du populisme. »

    Un peu plus tôt, à la Sorbonne, le président Gauck est lui aussi venu faire ses adieux. Il y prononce un discours émouvant ; il y est question d’amour, de littérature et puis d’Europe bien sûr, l’Europe dont il rappelle qu’elle a « engendré beaucoup d’horreurs ». « Il n’y a nullement lieu de glorifier l’Europe, poursuit-il. Elle n’a jamais connu d’âge d’or et n’en connaîtra jamais. Elle est uniquement le théâtre d’une incessante lutte pour l’humanité, la liberté et le droit, la justice et la démocratie. »

    Peu d’alliés

    Cela ressemble à un tir groupé : le même jour à Berlin, le successeur de M. Steinmeier au ministère des affaires étrangères, Sigmar Gabriel, qui vient de renoncer à diriger le Parti social-démocrate (SPD), tire la sonnette d’alarme au Bundestag. « Après le Brexit, lance-t-il, si les ennemis de l’Europe marquent encore des points aux Pays-Bas et en France, alors le plus grand projet civilisationnel du XXe siècle, l’Union européenne, risque de s’effondrer. »

    En ce début 2017, l’Europe est assiégée. Nulle part la menace n’est ressentie de manière aussi aiguë qu’à Berlin. A l’ouest, Trump. A l’est, Poutine. Au sud, Erdogan.
    Ces hommes forts ont une culture politique à l’opposé de la nôtre, clament leur hostilité au projet européen qu’ils voudraient voir dépecé, célèbrent le Brexit, encouragent ceux qui seraient tentés de suivre le Royaume-Uni.

    Jeudi, l’homme qui se présente comme le prochain ambassadeur américain auprès de l’UE, Ted Malloch, a expliqué à la BBC que dans un poste précédent, il avait contribué à l’effondrement de l’Union soviétique, ajoutant : « Il semble qu’il y ait une autre Union qui ait besoin d’être un peu neutralisée. » Quant au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dit M. Malloch, « il paraît qu’il a été un bon maire d’une petite ville du Luxembourg : il devrait y retourner ».
    Avec des amis pareils, qui a besoin d’ennemis ? Au-delà, hormis l’exception canadienne et le lointain Japon, l’Europe compte peu d’alliés.

    Panique à Berlin

    Si la Chine de Xi Jinping s’intéresse beaucoup à elle, c’est clairement plus pour ses entreprises que pour le « projet civilisationnel » qu’elle représente. L’Inde de Narendra Modi, politiquement plus proche, reste un abîme de complexité. Le Moyen-Orient est un volcan dont l’éruption touche maintenant directement l’Europe. L’Afrique, continent de toutes les promesses, est aussi celui d’où partent les flux migratoires, qui, incontrôlés, déstabilisent le Vieux Continent.
    Malgré elle, l’Europe se retrouve dépositaire de l’héritage des Lumières, cible de toutes les attaques. Elle-même n’est pas vaccinée contre ce virus, dont elle n’est que trop familière et qui se manifeste déjà sur son flanc oriental.

    C’est précisément ce qui sème la panique à Berlin en ce début 2017 ; l’année écoulée a été éprouvante pour les dirigeants allemands, tout particulièrement pour la chancelière Angela Merkel, soudain sacrée porte-étendard des valeurs européennes. Et cet étendard, elle ne veut pas le porter seule, encerclée par l’incendie, au moment où elle affronte une nouvelle campagne électorale, à l’automne, en vue d’un quatrième mandat.

    Tout naturellement, Berlin se tourne donc vers Paris. Mais le spectacle français inquiète les dirigeants allemands ; à trois mois du premier tour de la présidentielle, la présidente du Front national, Marine Le Pen, reste en tête des sondages avec un bon quart des intentions de vote, et les deux grands partis de gouvernement, à droite et à gauche, sont au bord de l’implosion.

    Scénario noir, scénario rose

    Imprudemment – après avoir commis la même erreur en 2012 avec Nicolas Sarkozy –, Angela Merkel s’est affichée avec François Fillon, aujourd’hui mis en difficulté par le « Penelope Gate ». Voilà pourquoi MM. Steinmeier, Gauck et Gabriel sonnent le tocsin.

    Si la France bascule dans le populisme en mai, l’Allemagne sera terriblement fragilisée. Et si l’Allemagne bascule à l’automne, c’est l’Europe qui s’effondre. « Ne sous-estimez surtout pas l’impact que vos élections ont de l’autre côté du Rhin, nous a confié un haut responsable de l’UE. Tout le monde vous regarde. Cette élection française est capitale, pour toute l’Europe. »

    C’est le scénario noir. Le scénario rose, le voici : le 7 mai, les Français élisent un président démocrate, européen, et donnent, après les Autrichiens en décembre 2016, un coup d’arrêt à la vague des scrutins insurrectionnels. Elu sur un programme novateur, ce président a pris la mesure de la révolte des laissés-pour-compte.

    Les Allemands ont, eux aussi, senti le vent du boulet ; cessant de s’arc-bouter sur la doctrine Schaüble, ils assouplissent leur politique économique. Le social-démocrate Martin Schulz et/ou Angela Merkel (démocratie chrétienne, CDU) forment un gouvernement.

    Ensemble, Paris et Berlin relancent le moteur franco-allemand et font repartir une Europe refondée, resserrée, renforcée. La seule capable de tenir tête aux délires de Donald Trump, s’il ne s’est pas calmé d’ici là, et de servir de boussole à ceux qui résistent.

  • #Capitalisme de prédation : le chantage comme mode de gouvernance
    https://reflets.info/capitalisme-de-predation-le-chantage-comme-mode-de-gouvernance

    Depuis 2008, le monde de l’économie réelle est plongé dans une situation inextricable, aux contours inquiétants. Cette situation est appelée « crise ». Les pays moteurs de croissance et leurs institutions financières affirment vouloir endiguer une cascade de phénomènes — potentiellement systémiques — pouvant écrouler le système économique mondialisé. Sans succès. La machine est grippée : les […]

    #Economie #Politique #Tribunes #néo-libéralisme #capitalisme_de_prédation #libéralisme_économique #chantage_économique #smart

  • Smart, un « avenant au contrat de travail » fait passer le temps de travail de de 35 à 39h payées 37h
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/12/16/a-hambach-l-amertume-des-ouvriers-de-smart_4833073_3234.html

    Le « papier », c’est l’avenant au contrat de travail que les 800 employés de l’#entreprise, tous services et catégories confondus, ont été invités [sic] à retourner signé à la direction des #ressources_humaines avant le 18 décembre. Celui-ci reprend l’essentiel du projet d’entreprise sur la compétitivité que Smart France tente de faire adopter depuis le mois de juin. Mardi soir, la direction a fait savoir que « plus de 90 % des salariés » avaient déjà retourné leur avenant après l’avoir signé. « Je suis très fière de notre équipe Smart de Hambach qui a montré un engagement très fort pour améliorer la compétitivité de notre site », s’est félicitée Annette Winkler, PDG de Smart France.
    « Régression sociale »
    Pour réduire ses coûts salariaux de 6 %, la direction de l’usine, rattachée à la division Mercedes-Benz du groupe automobile allemand Daimler AG, souhaite faire passer le #temps_de_travail hebdomadaire de 35 à 37 heures, dès 2016, puis à 39 heures les trois années suivantes, en échange de garanties sur la « pérennité » du site et de contreparties salariales. Celles-ci ne compenseront que partiellement l’allongement provisoire de la durée du travail souhaité par la direction, le dispositif prévoyant un retour aux 35 heures en 2021.

    #salariés #chantage_patronal

  • Does Greece Need More Austerity ? - NYTimes.com
    http://krugman.blogs.nytimes.com/2015/06/19/does-greece-need-more-austerity/?smid=tw-share

    Greece is, by this measure, the most fiscally responsible, indeed crazily austere, nation in Europe.

    So why is it in fiscal crisis? Because the economy is deeply depressed.

    Suppose that there were a way to end this depression. Then Greece’s fiscal problems would melt away, with no need for further cuts. But is there any way to do that?

    The answer is, not as long as Greece remains in the euro. It can pursue reforms that might make it more competitive, but anyone promising dramatic, quick results has no idea what he is talking about.

    On the other hand, Grexit would produce a rapid improvement in competitiveness, at the cost of possible financial chaos.This is not a route anyone has been willing to go down, but one does have to say that as the crisis worsens it becomes a more plausible outcome.

    The thing to understand, in any case, is that if Grexit does come, fiscal issues will immediately cease to be central to the story. Instead, it will all be about handling bank panic, managing the transition to a new currency, and possibly removing structural obstacles to increased exports (which would very much include tourism).

    In truth, this has never been a fiscal crisis at its root; it has always been a balance of payments crisis that manifests itself in part in budget problems, which have then been pushed onto the center of the stage by ideology.

    #chantage_de_la_dette #euro #finance #monnaie #austérité

  • Contre-manif de patrons à #NDDL
    https://fr.news.yahoo.com/nd-landes-1-000-%C3%A0-3-000-personnes-124449759.html

    A l’appel de cette association, une quinzaine d’organisations professionnelles, dont le Medef, la CGPME, ou encore les fédérations du bâtiment, des travaux publics et des transports, venus avec environ 200 engins de chantier, ont participé à la manifestation pour dire « oui à l’avenir » et déposer une motion en préfecture.

    (...)

    « L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est bloqué alors qu’il y a 3.000 emplois permanents sur trois ans à créer. Les salariés de ces entreprises risquent de perdre leur emploi dans les prochains mois (...) à cause de 150 délinquants »

    (...)

    « Ne laissons pas les délinquants, les décroissants (...) décider de notre avenir », a lancé M. Mustière, avant d’entonner une Marseillaise

    #gorafi_encore_plagié
    #chantage_a_l_emploi

  • Les méthodes de TF1 : menacer de virer 200 personnes pour rendre une chaîne gratuite #chantage_emploi
    http://www.acrimed.org/article4364.html

    Et à quels arguments croyez-vous que recourt le pdg de TF1, Nonce Paolini, pour convaincre le CSA de l’impérieuse nécessité de rendre LCI gratuite ? Certes, il affirme qu’elle sera d’une qualité supérieure à ses concurrentes. Mais surtout, il n’hésite pas à menacer les 200 salariés de la chaîne de licenciement dès le 1er janvier 2015, date à laquelle prend fin le contrat en vertu duquel Canal+ distribue LCI sur la TNT payante. « Je suis un chef d’entreprise qui se bat pour sa chaîne et ses 200 collaborateurs qui attendent de savoir si la loi va être votée. Au 31 décembre 2014 à minuit, ils n’ont plus d’emploi si je ne parviens pas à convaincre le CSA », disait-il ainsi en septembre lors d’une audition au Sénat. Et rebelote le 7 mai, d’une voix grave, lors de son grand oral devant le CSA : « LCI aura bientôt vingt ans. Et vingt ans, ce n’est pas un âge pour mourir ».

    #merdias

  • La taxe à 75 % est celle « de trop », estime le président de Valenciennes
    http://www.lemonde.fr/sport/article/2013/10/24/la-taxe-a-75-est-celle-de-trop-estime-le-president-de-valenciennes_3502519_3

    En protestation contre la taxe à 75 % sur les salaires de plus de un million d’euros, adoptée par le gouvernement le 18 octobre, l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) a voté, jeudi 24 octobre, à l’unanimité la grève lors de la 15e journée de Ligue 1 et la 16e journée de Ligue 2, fin novembre. Pour le président du Valenciennes FC, Jean-Raymond Legrand, cette décision historique résulte d’un ras-le-bol des dirigeants de clubs. 

    Lire nos informations « Taxe à 75 % : les clubs annoncent une grève du foot fin novembre »

    Le Monde.fr : l’UCPF a annoncé à l’unanimité la suppression d’une journée de championnat de Ligue 1 et Ligue 2 fin novembre. Pourquoi cette décision ?

    Jean-Raymonde Legrand : il y en a marre que l’on tape sur le football. Déjà la suppression du droit à l’image collective (DIC), il y a trois ans, nous avait pénalisé. Je rappelle que le football professionnel français verse également en charges 700 millions d’euros à l’Etat. Cette taxe touche des entreprises en difficulté, contrairement à ce que l’on essaie de faire croire.

    Mais cette taxe à 75 % touche toutes les entreprises, pas seulement le football.

    Oui, mais nous sommes des PME, pas des entreprises du CAC 40.

    #économie
    #taxe_75 %
    #salaire

    • L’argument des dirigeants de clubs, consistant à instister sur la menace que ferait peser la taxe à 75% sur l’économie du football français dans son ensemble est un peu exagéré. C’est un peu gros d’avancer que le foot subirait fortement les conséquences de cette mesure exceptionelle. Je pense qu’il faut relativiser et ne pas tout confondre.

      Les 25.000 emplois de ce secteur ne sont pas forcément menacés comme certains se plaisent à le répéter en boucle. Peu de clubs déjà sont en mesure de prétendre à payer leur joueur avec des salaires qui rentrent dans le cadre de la taxe. Combien sur les 20 clubs qui composent la ligue 1 sont concrètement concernés par cette taxe ? Ceux-ci sont minoritaires et c’est pour cette raison qu’ils exagèrent en touchant là où ça fait mal : sur l’emploi. Par ailleurs il eut été plus logique sans doute que ce soit les joueurs concernés qui expriment leur mécontement...

      Dans cette périonde où toutes les tensions sont cristalisées autour de la question du chômage, le fait d’appuyer sur le bouton « emplois » est tout sauf innocent. Toucher à l’emploi, c’est rappeler aux responsables politiques les problèmes qu’ils ont à affronter, c’est jouer sur la sensibilité de ce fléau à des fins qui sont avant tout fiscalistes. Qu’il puisse y avoir des aménagements, pourquoi pas. Mais au nom de quoi l’économie du football serait une oasis exonérée de solidarité nationale ?
      http://www.huffingtonpost.fr/pape-diouf/le-football-ne-doit-pas-exonere-solidarite-nationale_b_4156494.html?1

    • quand le fisc prétend les mettre à contribution , certains, fascinés par les riches s’époumonent : « touche pas à mon riche » !
      ... mais le salaire annuel moyen des joueurs de Ligue 1 s’élève à 480 000 euros brut, soit deux fois moins que le plafond à partir duquel la taxe à 75 % sera activée. D’après les estimations, environ un tiers des joueurs devrait être concerné. Seule la Nomenklatura du foot français sera touchée.

      Le joueur le mieux payé, Zlatan Ibrahimovic a un revenu estimé à 14 millions d’euros net par an. Peu de Français verseront une larme pour un joueur dont les gains représentent plus de 1 000 années de SMIC.

      Dans le contexte actuel de crise, il est vraiment indécent de la part des dirigeants du foot français de demander une exonération pour des personnes appartenant aux 0,01 % les plus aisés du pays et qui développent généralement des stratégies d’optimisation fiscale....

      http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/12/taxe-a-75-les-footballeurs-doivent-jouer-collectif_1773336_3232.html

    • Quand il s’agit de salir son image, le football professionnel français a de la ressource. Pour protester contre la future taxe à 75%, l’UCPF, syndicat des clubs professionnels, a décidé du principe d’une grève – un lock-out à l’américaine, en pratique, puisque décidé par les patrons et non par les joueurs – le week-end du 30 novembre.

      Sans doute les patrons de clubs ont-ils compris qu’ils avaient face à eux un interlocuteur facile à faire plier. La taxe à 75%, c’est peut-être le prochain renoncement de François Hollande, qui traîne cette mesure comme le sparadrap du capitaine Haddock....
      http://www.rue89.com/rue89-sport/2013/10/24/greve-contre-taxe-a-75-les-cinq-mensonges-clubs-foot-246918

    • Une demande catégorielle indécente

      Bien sûr, certains défendent cette grève. Ils évoquent la carrière courte des joueurs et qu’il serait injuste de les taxer de la sorte. Sauf que cette taxe ne concerne que les revenus supérieurs à un million, soit 60 SMICs ! En outre, sur leur premier million, ces joueurs disposent déjà de 600 000 euros de revenus nets par an, assez pour préparer leur retraite… Que pendant deux ans, leurs revenus supérieurs à un million soit fortement taxés ne semblent pas injuste vu l’effort de tous les français. En outre, il faut noter que 95% de la taxe sera payée par les 6 clubs les plus riches du championnat.

      Mais surtout, il faut quand même voir que les revenus des joueurs de football ont flambé depuis 20 ans. Le joueur le plus payé à l’époque était Marco Van Basten avec 3 millions par an. Christiano Ronaldo émarge aujourd’hui à 17 millions. Basile Boli touchait 730 000 euros par an à l’OM, quand Yohann Gourcuff touche 4,4 millions aujourd’hui. Bref, comme les salaires ont été multipliés par 6 en 20 ans, il est totalement indécent de se plaindre de cet effort de deux ans, d’autant plus que les taux marginaux d’imposition ont baissé entre temps (56,8% il y a 20 ans, contre 45% aujourd’hui).


      http://www.gaullistelibre.com/2013/10/taxe-75-dans-le-football-lindecente.html