• #Racisme_anti-noirs dans le monde arabe : le difficile dévoilement d’un #tabou

    Le 1er juillet, #Fati_Dasso et sa fille Marie, respectivement âgées de 30 ans et de 6 ans, sont retrouvées mortes, la tête enfouie dans le sable à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Comme des milliers de migrants venus de l’Afrique subsaharienne, elles ont été raflées, puis abandonnées dans le désert. Ce drame est survenu dans le cadre d’une campagne massive d’arrestation et d’expulsion de migrants menée par la Tunisie de Kaïs Saïed depuis le début de l’été. Interpellés et battus par les forces de police à Sfax, les migrants subsahariens sont relâchés dans le désert situé entre la Tunisie et la Libye où une morte lente et douloureuse les attend.

    L’épisode n’est malheureusement pas un fait divers isolé ni tout à fait nouveau dans la région. Le drame de cet été a focalisé l’attention sur la #Tunisie mais la question semble concerner tout le #Maghreb et même une bonne partie du monde arabe. Ainsi, en mars dernier, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) dénonçait l’abandon de milliers de migrants subsahariens par l’Algérie à la frontière nigéro-algérienne dans des conditions « sans précédents ». En 2017 déjà, la chaîne américaine CNN révélait dans un documentaire l’existence de trafics de migrants subsahariens en Libye, non loin de la capitale Tripoli.

    Ces #violences envers les migrants s’accompagnent du déferlement d’une #parole_raciste à leur encontre, prononcée parfois jusqu’au sommet de l’Etat. Dans un discours récent, donné en février 2023, le président tunisien #Kaïs_Saïed a assimilé la présence migratoire à « une volonté de faire de la Tunisie seulement un pays d’Afrique et non pas un membre du monde arabe et islamique ». Mais ce #racisme ne concerne pas que les personnes exilées. Maha Abdelhamid, chercheuse associée au Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep) et cofondatrice du collectif Voix des femmes tunisiennes noires (VFTN), explique que « les #noirs sont une minorité dans les pays arabes et subissent chaque jour le racisme verbal, institutionnel, social et économique. Ils subissent un #rejet fort de leur part ». La faute, selon elle, à une #mémoire_historique encore trop peu documentée et à des #constructions_identitaires figées par le #nationalisme.

    « L’organisation économique est en partie héritière de la structure esclavagiste »

    Le maintien d’un système de #discrimination envers les personnes noires semble aller de pair avec une forme de gêne autour de la question de la #traite transsaharienne – qui concerne principalement, mais pas exclusivement des personnes d’origine subsaharienne – pratiquée du VIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle au Maghreb et au Moyen-Orient : « Parler de l’esclavage consiste à reconnaître que l’organisation économique actuelle est en partie héritière de la #structure_esclavagiste », argumente Shreya Parikh, doctorante en sociologie à Sciences-Po Paris qui travaille sur les processus de #racialisation en #Afrique_du_Nord. Elle prend ces femmes et ces hommes principalement noirs exploités dans le milieu travail agricole à #Sfax ou aux environs de #Tataouine.

    Sur le plan universitaire, des productions scientifiques autour de la #traite_arabe ont émergé ces dix dernières années, non sans difficultés. Salah Trabelsi, professeur des universités en histoire et civilisation du monde arabe et musulman à l’université de Lyon-2 évoque un colloque qu’il a coorganisé en 2009 à Tozeur et notamment consacré à l’esclavage dans le monde arabo-musulman : « Nous avons dû changer le titre en les “Interactions culturelles entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne” pour le faire financer », dit-il en souriant.

    A la fin de ce même colloque, aucun des intervenants – hormis l’auteur Edouard Glissant, l’historien Abdelhamid Larguèche et le professeur Trabelsi – n’ont accepté de signer une charte signalant une volonté de faire figurer l’#histoire de l’esclavage dans les #manuels_scolaires tunisiens. « L’histoire de l’esclavage n’apparaît pas dans les manuels scolaires. Dans le secondaire, il n’est pas encore possible d’aborder des faits historiques avec un positionnement critique. Ce déficit intellectuel est, en tous les cas, aggravé par un aveuglement politique et moral, reléguant les noirs au rang de citoyens de seconde zone », poursuit Salah Trabelsi.

    Les productions scientifiques ou littéraires – encore timides sur le sujet – doivent aussi faire face à des problèmes de diffusion : « Il existe un grand nombre de productions contemporaines, de romans notamment comme “l’Océan des Britanniques” [non traduit en français] de Fareed Ramadanparu à Beyrouth en 2018, qui parlent de ces questions. Bien sûr, cela touche un public restreint car tout le monde ne lit pas des romans ou des essais tirés de thèses universitaires », note M’hamed Oualdi, professeur des universités à Sciences-Po Paris et spécialiste de l’histoire du Maghreb.

    Cette éclosion difficile de la #mémoire de l’esclavage s’explique également par une vision apologétique de la traite arabe dont la #violence est minorée : « Pour se donner bonne conscience, certains vont parler “d’esclavage familial et intégrateur”, qui serait différent de la #traite_transatlantique. C’est un #déni d’histoire. Les sources nous apprennent que l’une des plus grandes révoltes de l’histoire de l’esclavage a eu lieu dans le sud de l’Irak au IXe siècle. Elle a duré un an et s’est soldée par la mort de 50 000 de personnes à deux millions de personnes. Elles travaillaient dans les marécages du sud de Bassora pour dégager le sel et revivifier les terres pour qu’elles deviennent des domaines pour l’aristocratie musulmane. On ne peut pas dire que ce n’est pas un esclavage de travail », rapporte Salah Trabelsi.

    Années 2010 : un tournant dans l’appréhension des inégalités sociales et raciales

    Par ailleurs, le tabou se maintient également par une pression religieuse : « Parlez de l’esclavage dans le monde arabe, on vous opposera l’islam, comme si l’esclavage était un fait religieux et non un phénomène social qui a perduré dans le monde arabe durant plus de quatorze siècles », explique Salah Trabelsi, avant de rappeler que la traite arabo-musulmane s’est principalement déroulée dans les régions du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Afrique de l’Est. Evoquer l’esclavage qui s’est déroulé sur ces terres peut être perçu comme une remise en question du rôle de l’#islam en tant que rempart contre l’esclavage.

    Cette mémoire apparaît comme secondaire d’autant plus que les discours portant sur la nécessité de construire une #unité_arabe sont depuis les années 60 considérés comme indispensables afin de lutter contre la présence coloniale et forger une #identité politique et sociale fortes : « Les régimes nationalistes dans le monde arabe n’ont pas accepté et n’acceptent pas les divergences autour des questions identitaires car ces mêmes dissensions ont été utilisées par le régime colonial pour créer des oppositions par exemple entre arabophones et berbérophones. Depuis, toute division paraît dangereuse », explique M’hamed Ouldi. La #pensée_panarabe vient alors imposer l’idée d’une #identité_arabe forcément musulmane, invisible et imperméable à toutes reconnaissances d’une #altérité et de revendication identitaires.

    Bien qu’en marge du débat, le racisme anti-noirs n’est pourtant pas totalement ignoré. Les années 2010, grâce aux printemps arabes, ont constitué un tournant dans l’appréhension des inégalités sociales et raciales : « En Tunisie, certains ont vécu la révolution comme une opportunité pour rompre avec la #tunisianité – une identité homogène imposée par l’Etat qui n’avait laissé aucune place à ceux qui étaient minorisés », rapporte Shreya Parikh. En 2018, la Tunisie adoptait une loi inédite, la première dans le monde arabe, pénalisant la #discrimination_raciale. L’#Algérie adoptera en 2020 un dispositif législatif similaire.

    Depuis, les débats et les contestations sont principalement concentrés sur les réseaux sociaux et portés par une jeune génération : la #chasse_aux_migrants en Algérie où le meurtre en 2013 d’un Sénégalais au Maroc ont donné lieu à de vives indignations. En juin 2020, la vidéo de l’actrice et réalisatrice palestinienne noire Maryam Abou Khaled dénonçant les #discriminations_raciales dans la région, avait dépassé le million de vues.

    Au Maghreb, l’augmentation du nombre de #migrants_subsahariens ces dernières années semble avoir provoqué un effet ambivalent entre déferlement de la parole raciste – accusant les exilés d’accroître les difficultés économiques du pays – tout en permettant de lancer une discussion autour du racisme latent dans cette région du monde. Mehdi Alioua, professeur de sociologie à Sciences-Po Rabat, assume lui « une révolution épistémique » sur ces questions : « En Tunisie ou au Maroc, des débats télévisés portent sur le racisme. Dans le même temps, on constate également un backlash avec des discours réactionnaires, racistes et figés sur l’identité. C’est deux pas en avant et deux pas en arrière. »

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/racisme-anti-noirs-dans-le-monde-arabe-le-difficile-devoilement-dun-tabou

    #identité #esclavage

    ping @_kg_

  • Dans l’enfer de #Białowieża

    À cheval entre la #Biélorussie et la #Pologne, Białowieża est la dernière grande forêt primaire d’Europe. Vaste étendue de végétation dense et inhospitalière, elle est le théâtre d’une #chasse_aux_migrants orchestrée par le gouvernement de Varsovie. Un traitement implacable qui tranche avec l’hospitalité accordée aux #réfugiés_ukrainiens.


    À mesure que l’on progresse dans la forêt de Białowieża, écrasante masse verte, hérissée et fauve, l’impression s’impose qu’on n’y pénètre pas. Elle nous absorbe et se rend toujours plus profonde. Quoique muni d’un GPS et des coordonnées de sa destination, Stefan (1) ne sait pas où aller. Mais il continue d’avancer, d’escalader, de ramper sous les milliers d’arbres morts en suspension ou écroulés au sol. De tomber dans les bosquets d’orties se prenant pour des fougères arborescentes, de lutter contre le harcèlement permanent des hordes d’insectes. D’extirper ses bottes de l’effet de succion de la vase des marais putrescents. D’être en alerte, au moindre bruit suspect, d’une patrouille des forces de l’ordre ou d’un hélicoptère.

    Ce jeune militant cherche un groupe de migrants indiens qui lui ont envoyé leur position par texto après avoir traversé clandestinement la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, en passant par cette forêt à cheval sur les deux pays. Ont-ils été arrêtés par l’armée polonaise, les garde-frontières ou la police ? Ici, les migrants ne sont pas les bienvenus. Des #haut-parleurs, installés le long de la démarcation, le rappellent, hurlant sans discontinuer un même message dans plusieurs langues — supposément celles des candidats à l’exil (anglais, arabe, chinois, espagnol, français…) : « Cette frontière est ferme (sic). C’est fini de votre voyage. Vous êtes trompés et votre argent s’est envolé. Ce n’est pas comme promis. Vous devrez retourner au Minsk. L’autorité de Biélorusse vous devrait transporter à votre pays. Votre cauchemar prendra fini », indique, dans un français approximatif, le message à destination des ressortissants d’Afrique francophone.

    Un #mur a également été construit pour empêcher les passages de migrants. Long de deux cents kilomètres, érigé au beau milieu de la forêt par Varsovie entre novembre 2021 et juin 2022 pour la somme de 340 millions d’euros, il fait la fierté du gouvernement polonais : grâce à cette barrière, le pays protégerait l’Union européenne d’une invasion. Le 5 septembre 2022, le premier ministre, M. Mateusz Morawiecki (parti Droit et justice [PiS], conservateur), se rendait ainsi au poste-frontière de Czeremcha pour se mettre en scène devant le mur et ses barbelés déployés comme un tourbillon de foire, étincelant dans les rayons du soleil couchant, pour se féliciter d’une construction infranchissable, « la meilleure preuve de l’efficacité du PiS en matière de sécurité (2) ».

    Ce discours s’est imposé à la faveur de la « crise migratoire » qui a opposé la Pologne et la Biélorussie à l’automne 2021, quand des milliers d’exilés, désireux d’entrer dans l’Union européenne, se sont massés dans la forêt de Białowieża. Bruxelles a alors accusé Minsk d’organiser l’afflux en guise de représailles aux nouvelles sanctions occidentales infligées au pays depuis 2020 (3). En visite à Washington le 10 novembre 2021, la présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, affirmait ainsi : « Il ne s’agit pas d’une crise migratoire. Il s’agit d’une tentative de déstabilisation menée par un régime autoritaire contre ses voisins démocratiques. C’est l’ensemble de l’Union européenne qui est défiée. » Le même jour, lors d’un débat au Parlement, le président du Parti populaire européen (PPE), M. Manfred Weber, allait plus loin encore, évoquant une « guerre hybride contre l’Union européenne » (4). Pour se défendre, Bruxelles et Varsovie n’ont pas lésiné sur les moyens répressifs, repoussant les exilés au canon à eau malgré un froid glacial et pratiquant abondamment le refoulement systématique, immédiat et illégal des migrants qui ont réussi à franchir la frontière.

    « Personne ne respecte nos droits. On est traités comme des animaux »

    Si, depuis cette crise, les flux ont diminué, cette route de l’est ne s’est pas fermée pour autant. Plusieurs milliers de migrants continuent d’y passer chaque mois, venant des quatre coins du monde, principalement d’Afghanistan, du Pakistan, d’Inde et du Yémen, mais aussi d’Afrique subsaharienne, de Chine et même de Cuba. Une goutte d’eau comparée aux millions de réfugiés ukrainiens arrivés en Pologne depuis février 2022. Mais peu importent les chiffres : tandis qu’il se montre relativement accueillant avec les Ukrainiens (5), le gouvernement polonais traque les migrants qui tentent de passer par la porte biélorusse, ainsi que les militants qui les aident. Le 15 août 2022, lors de célébrations de la Journée de l’armée polonaise, le président Andrzej Duda a ainsi qualifié « d’imbéciles et de traîtres les personnes qui sauvent des réfugiés et des migrants à la frontière polono-biélorusse ».

    Alors qu’un énième passage d’hélicoptère au-dessus de son jardin fait trembler sa tasse de thé, Jan baisse la tête plutôt que de lever les yeux au ciel. Après avoir soigneusement éteint son téléphone, et l’avoir rangé dans un placard, ce « traître » déplore la légitime résignation, si ce n’est l’abattement, de certains activistes. Las des tensions permanentes qu’affrontent les habitants de la région depuis un an, il explique, les yeux humides : « On se croirait en zone de guerre. Nerveusement, on est à bout. On a aidé énormément et on continue comme on peut. Mais on est trop peu nombreux. On sait que des gens meurent dans notre forêt. On est criminalisé si on les aide. Mais on ne peut pas tolérer de les abandonner comme ça. Nos interventions dans cette nature hostile sont très périlleuses et éprouvantes émotionnellement. »

    La forêt de Białowieża apparaît comme une #zone_de_non-droit où le gouvernement polonais agit à sa guise, piétinant le droit international. Dès le 2 septembre 2021, le président Duda a décrété l’état d’urgence dans la région de Białowieża, ce qui lui a permis d’isoler la zone frontalière avec la Biélorussie de toute caméra et des regards indiscrets, ainsi que de s’opposer à la présence des organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires (Médecins sans frontières, Amnesty International…), des Nations unies et même de Frontex, la police des frontières de l’Union européenne, pourtant guère réputée pour son sens de l’accueil. Si l’état d’urgence et ses diverses interdictions ont été levés le 1er juillet 2022, Varsovie a ainsi pu éviter qu’une lumière trop crue soit jetée sur sa « politique de gestion » des migrants. Laquelle se résume à un principe simple : reconduire, manu militari, tout intrus du côté biélorusse de la frontière. Une politique commode pour l’Union, qui endosse ainsi le beau rôle en se déchargeant de ses responsabilités sur Varsovie tout en lui reprochant de ne pas respecter les droits des migrants — dont Bruxelles se soucie moins quand il s’agit de les renvoyer en Libye.

    « Honte sur vous ! Honte sur vous ! », hurle, à travers les barbelés affûtés comme des rasoirs, un Irakien aux gardes-frontières polonais qui viennent de le rejeter, avec sa famille, en Biélorussie. Un de ses enfants, âgé de 6 ans, pleure dans les bras de sa mère après avoir été aspergé de gaz lacrymogène par des soldats encagoulés. Ils viennent d’être victimes d’un refoulement de la part de l’armée polonaise. « Vous êtes des Européens. Pensez-y !, reprend le père de famille. Même dans mon pays, personne ne se permettrait de faire ce que vous avez fait à un enfant ! » Selon Monika, bénévole dans l’association de soutien aux migrants Grupa Granica, la grande majorité de la population polonaise approuve cette politique répressive, et de nombreux bénévoles sont découragés.

    Andrzej n’est pas de ceux-là. Cet adolescent, qui porte un tee-shirt floqué du mot « Free », a abandonné les jeux vidéo qui occupaient son temps libre pour sillonner désormais la forêt de Białowieża à la recherche de migrants, auxquels il fournit de la nourriture et du matériel médical. À quelques encablures d’une prison de la région, alors qu’il regarde frénétiquement le GPS de son téléphone portable, Andrzej essaie de presser le pas en se frayant un chemin dans un dédale d’arbres morts tombés au sol. Il cherche un groupe de migrants venus de pays africains. « Est-ce qu’on peut vraiment parler de crise migratoire quand il s’agit en réalité de moins de cinquante mille tentatives de passage illégales de la frontière en un an ?, interroge-t-il. La Pologne accueille quatre millions d’Ukrainiens depuis le début de la guerre… Ça lui a permis d’obtenir que l’Union européenne lève en partie ses sanctions. Bruxelles punissait nos autorités, maintenant ce sont les Européens eux-mêmes qui laissent le PiS se moquer de l’État de droit », ajoute-t-il en faisant référence aux sanctions imposées par l’Union à Varsovie pour ses manquements à l’indépendance de la justice.

    Après un long parcours, Andrezj finit par retrouver le groupe de onze hommes et femmes. Emmurés dans la terreur de leur traversée de la forêt, ils n’ont qu’une supplique : « Aidez-nous à sortir de là ! Si on reste ici, on va mourir… » Dans un premier temps, les migrants n’ont souvent que faire des soins proposés par les volontaires polonais : ils veulent avant tout pouvoir déposer un dossier de demande d’asile et obtenir des papiers. « Cela fait plus de huit jours qu’on erre dans cette forêt qui nous rend malades et ronge jusqu’à nos chaussures, nous raconte une exilée togolaise. On est blessés à cause des branches cassées qui nous lacèrent le corps, on est malades d’avoir bu l’eau des marais. Nos blessures et les piqûres d’insectes sont infectées. On va y rester… On est partis de Brest [en Biélorussie] et il ne nous reste que 180 dollars. On a déjà perdu deux personnes qui étaient trop faibles pour suivre. On sait qu’ici personne ne respectera nos droits, on est traqués comme des animaux. On ne peut pas déposer de dossier de demande d’asile auprès des autorités. S’ils nous tombent dessus, ils nous expulseront sans considération à nouveau en Biélorussie. » Les yeux hagards, elle n’a pas remarqué qu’à proximité de son sac à dos un fémur humain dépassait des lambeaux d’un pantalon abandonné. Dans le trou de forêt putride où ces migrants surveillent chaque seconde qui passe avant que le crépuscule sonne la reprise de son odyssée vers l’ouest, les assauts incessants des moustiques font écho aux sifflements des drones scrutant la zone frontalière.

    Plus que jamais le « deux poids, deux mesures »

    Le lendemain, c’est au tour de quatre Cubains d’être assistés par un groupe d’activistes ayant battu la forêt avant de faire relâche dans une clairière. Après une lapidaire synthèse de leur situation, l’un d’eux laisse éclater son incompréhension : « Combien de Polonais sont prêts à nous aider ? On est abandonnés à notre propre sort, condamnés à disparaître dans cette forêt. On marche aux côtés de la mort en permanence. Seules quelques trop rares personnes risquent encore leur peau pour nous. Nos vies ne valent-elles rien par rapport à celles des Ukrainiens qui fuient leur pays comme nous ? »On apprendra quelques jours plus tard que les quatre hommes ont réussi à rejoindre l’Espagne. Moyennant près de 1 500 euros chacun, ils ont trouvé un chauffeur dont personne ne saura s’il est lié à des réseaux de passeurs organisés, ou isolé. Avec les passeurs, tout se monnaye. Jusqu’à l’eau, facturée 20 euros la bouteille dans la forêt de Białowieża.

    Changement de décor. Sous les colonnes de la terrasse du Bar Studio de Varsovie, Magdalena Chrzczonowicz, journaliste polonaise du média indépendant Oko.press, fait partie des rares reporters à avoir bravé l’interdiction du gouvernement de se rendre dans la région de Białowieża pendant l’état d’urgence. « Avec la propagande organisée par l’État, la zone d’exclusion et la peur de la population face à l’érosion de son pouvoir d’achat, la situation des migrants à la frontière biélorusse n’est pas un sujet d’intérêt particulier en Pologne. » Le PiS utilise même la situation pour séduire l’électorat conservateur, en mettant en scène son intransigeance en matière sécuritaire et en insistant sur son attachement à la défense de la souveraineté. Il s’en sert également comme d’un outil de politique extérieure pour arracher la mansuétude de Bruxelles, au même titre que son implication dans l’aide aux réfugiés ukrainiens. Comme le rappelle l’historien et politiste Jean-Yves Potel, « le gouvernement polonais s’est montré solidaire de l’Ukraine face à la Russie, il a mis en place la directive de protection temporaire débloquée le 3 mars 2022 par la Commission européenne. Une loi a été adoptée. Chaque réfugié venant d’Ukraine a pu bénéficier rapidement, parfois en quelques heures, d’un statut protecteur pour dix-huit mois renouvelables, comprenant des aides financières, un hébergement provisoire, le droit au travail, l’accès aux services de santé, à l’école pour les enfants, un numéro de sécurité sociale et le bénéfice de nombreux services sociaux (6) »

    En proposant aux exilés ukrainiens des conditions d’accueil décentes, propices à leur bonne intégration, la Pologne et l’Union européenne ont montré qu’elles pouvaient faire ce qu’elles disent impossible pour des êtres humains venus d’ailleurs. Plus que jamais, le « deux poids, deux mesures » régit les politiques migratoires. Et, de la Pologne à la France, l’heure est au tri entre « ceux qu’on veut accueillir et qu’on doit bien intégrer, et ceux qui ne méritent pas de rester et qui doivent donc être reconduits (7) » — selon le programme fièrement exposé par la présidente française du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Mme Aurore Bergé.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/03/COLOMA/65591
    #Bialowieza #frontières #asile #migrations #réfugiés #barrières_frontalières

  • Entre la #Grèce et la #Turquie, une frontière de plus en plus meurtrière

    Athènes continue de renforcer la surveillance de la région de l’Evros, qui sépare le pays de son voisin. Les exilés passant par les terres militarisées de la région sont instrumentalisés, au détriment de leur droit d’asile, comme le montrent les dérives et les drames rapportés en 2022.

    AlexandroupoliAlexandroupoli, Orestiada, Poros (Grèce).– Dans le ciel plombé de ce matin de décembre, le vent frappe le drapeau grec à l’entrée de Poros. Un chien errant détale sur la route abîmée qui longe l’église orthodoxe. Il laisse filer les voitures de police, rares véhicules à traverser ce village des confins de l’Evros, un nome (division administrative) du nord-est de la Grèce. Au nord, au loin, s’élèvent les collines de la Bulgarie ; à l’est s’étend la campagne turque.

    Les patrouilles s’avancent jusqu’à un long mur. Séparant la Grèce de la Turquie, ce serpent d’acier tranche des plaines vides sur 27 kilomètres. Ses poteaux de cinq mètres de haut épousent les courbes de l’Evros. Le fleuve, appelé Meriç en turc et Maritsa en bulgare, délimite la frontière gréco-turque, d’une longueur totale d’environ 200 kilomètres.

    Objectif de ce mur, « obstacle technique » comme le nomment les autorités grecques : « Dissuader les migrants de venir et affecter le commerce des passeurs. » Il bouche les points d’accès fréquentés de cette rivière boueuse au lit étroit que les personnes exilées franchissent à la rame. Athènes a investi 63 millions d’euros, selon la presse locale, pour construire cet édifice en 2021.

    Depuis plus de trente ans, les migrants d’Afrique ou d’Asie qui veulent trouver refuge dans l’Union européenne traversent cette frontière entre la Turquie et la Grèce, deux pays membres de l’Otan en désaccord sur la délimitation de leurs frontières maritimes. En 2022, 5 000 personnes sont officiellement parvenues à traverser le fleuve, majoritairement venues de Turquie, de Syrie ou d’Afghanistan, fuyant des conflits ou des tensions politiques. À l’ombre des regards, car personne ne pénètre ce coin de nature : c’est une zone militaire grecque inaccessible sans l’autorisation d’Athènes. Seuls les drones, les caméras thermiques, l’armée et la police ont un œil sur cette frontière.

    Tout est fait pour la rendre hermétique. « Il est illégal de venir sur le territoire grec clandestinement, nous faisons en sorte que les migrants ne rentrent pas, c’est notre travail », précise Giorgos Tournakis, le major de police du département du nord de l’Evros. « Nous détectons les migrants de l’autre côté, grâce à notre matériel, explique un autre agent de police anonyme, en désignant, à quelques mètres, la rive turque hérissée de roseaux. Nous montrons notre présence. Nous utilisons les sirènes, les haut-parleurs, etc. Souvent cela fonctionne, les migrants rebroussent chemin. »

    Il n’existe pourtant aucune entrée pour les exilé·es voulant requérir l’asile en Grèce. « Pour cela, ils doivent aller formuler cette demande à l’ambassade d’Athènes en Turquie », répond le ministère grec de l’immigration.

    Ce mur en pleine nature n’est qu’un aperçu de la frontière gréco-turque que les forces de l’ordre grecques quadrillent. La police et l’armée sont les recruteuses principales du secteur, confirment les habitant·es, même si les autorités ne donnent aucun chiffre global. 400 renforts de police sont arrivés en 2022, 250 arriveront en 2023, selon le major Tournakis.

    Les villages isolés qui constellent les collines rousses et les sous-bois d’arbres nus sont fantomatiques, loin de l’image des îles grecques touristiques. Ici, les grappes d’oiseaux survolent les maisons trapues, boulangeries ou stations d’essence à l’abandon. En dix ans, 8 % de la population a déserté les champs de tournesol, de blé, de coton, principale activité devenue peu rentable, pour se diriger vers des villes grecques ou européennes. Nombre de celles et ceux qui restent s’engagent pour ou avec l’État.

    Le gouvernement grec de droite de la Nouvelle Démocratie justifie cette surveillance accrue de la frontière par l’épisode de mars 2020. Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, avait annoncé son ouverture, provoquant l’afflux de milliers de réfugié·es. En alerte, Athènes avait bloqué leur venue et massé ses soldats.

    La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, déclarait alors que la Grèce était le « bouclier de l’Europe ». L’expression est toujours appréciée par Manos Logothetis, le secrétaire d’État grec à l’immigration, qui nous reçoit dans son bureau à Athènes. « Nous préférons être le bouclier plutôt que l’idiot de l’Europe ! », s’emballe ce politicien volubile, entre deux bouffées de cigarette et gorgées de café froid. Ce langage martial utilisé par l’UE pour contrer la migration semble aussi avoir fait office de blanc-seing à Athènes pour la fortification de sa frontière.

    « Nous construisons des barrières à nos frais pour arrêter les traversées illégales de migrants. Mais l’UE ne paie pas, car sinon d’autres pays, comme la Pologne, par exemple, pourraient aussi demander à ce que l’on paye leurs murs frontaliers », précise Manos Logothetis. Le gouvernement grec va d’ailleurs prolonger en 2023 les murs antimigrants dans l’Evros jusqu’à 80 kilomètres, annonce-t-il. L’UE octroie à Athènes d’autres aides parallèles pour la gestion de l’immigration. Depuis 2018, environ 1,9 milliard d’euros ont été alloués à la Grèce. Quatre-vingt-six agents et experts de l’agence européenne Frontex sont ainsi présents dans l’Evros.

    À entendre Manos Logothetis, la politique migratoire grecque semble parfois se confondre avec sa politique de défense, elle-même liée à la Turquie. « La migration est politique, dix fois plus qu’il y a vingt ans, l’instrumentalisation des migrants [par Ankara – ndlr] est incomparable aujourd’hui, s’exclame le secrétaire d’État grec. En mars 2020, la Turquie a manipulé les réfugiés pour nous mettre sous pression. Elle pourrait très bien recommencer en 2023, par exemple. Car cette année est importante politiquement. Nous avons des élections législatives et la Turquie a une élection présidentielle. » Dans les deux pays, les scrutins devraient se tenir au printemps. Malgré nos sollicitations, Ankara n’a pas répondu à nos demandes d’interview.

    Les réfugié·es en quête d’Europe se retrouvent au cœur de ce conflit larvé entre les deux pays. Au fur et à mesure que les tensions entre Athènes et Ankara s’accentuent, ces migrant·es sont perçu·es comme des « armes », au détriment de leur droit d’asile, estiment plusieurs organisations des droits humains.

    Alarm Phone, une ONG basée à l’étranger, reçoit des appels d’exilé·es en détresse, bloqué·es aux frontières. « Nous avons de plus en plus d’appels à l’aide de l’Evros depuis 2020, relate son directeur, qui reste anonyme. Des gouvernements comme ceux de la Grèce, de la Turquie ou d’autres “militarisent” la migration et présentent les personnes en déplacement comme une menace militaire. Nous condamnons ce discours déshumanisant. Nous exigeons la liberté de circulation pour tous et le droit de demander l’asile. »

    De son côté, Styliani Nanou, représentante du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), se dit « profondément préoccupée par le nombre croissant de signalements d’incidents de retours forcés, qui s’apparentent dans certains cas à des refoulements [soit des push back, démentis par Athènes – ndlr]. Nous en avons compté 540 en Grèce en 2020 et 2021. Ils sont souvent accompagnés de violences et de violations des droits de l’homme à diverses frontières européennes ».
    Des drames à huis clos

    Le HCR a des équipes dans la ville d’Orestiada, commune érigée il y a cent ans par des Grecs chassés de Turquie, dans le nord-est de l’Evros. Peu d’associations et organisations de défense des réfugié·es sont toutefois présentes dans cette ville de 25 000 habitant·es. Outre le HCR, une poignée de personnes d’organisations comme Human Rights 360, Greek Council for Refugees et Arsis sont présentes dans l’Evros. « Il est difficile pour les ONG de travailler. Nous manquons d’autorisations d’accès à la frontière », explique un responsable humanitaire à Athènes.

    Les drames se déroulent à huis clos. De fait, outre les « push back », la liste des dérives inhumaines rapportées par la presse ou les associations dans l’Evros en 2022 est longue. En février, 12 migrants ont été retrouvés morts de froid côté turc. Athènes et Ankara se rejettent fréquemment la responsabilité de nombreux sauvetages d’exilé·es bloqué·es sur les îlots de la rivière Evros, entourés d’un flou juridique.

    Trente-huit personnes, majoritairement syriennes, sont ainsi restées coincées des jours en août, pendant que les pays voisins se renvoyaient la balle pour leur venir en aide. Une fillette est morte, selon sa famille, piquée par un scorpion, et a été enterrée sur l’île. Pour le secrétaire d’État grec à la migration, « il n’y a pas de petite fille morte : les autorités ne trouvent pas de corps ». Une enquête grecque et une de la Cour européenne des droits de l’homme sont en cours.

    Certains drames deviennent l’argument des joutes verbales entre Grèce et Turquie. Mi-octobre, 92 migrants ont été retrouvés nus, en pleine nature, à la frontière côté grec. Le ministre grec de l’immigration, Nótis Mitarákis, a rapidement publié un tweet contre la Turquie, en diffusant la photo de ces hommes humiliés. « Le comportement de la Turquie envers ses 92 migrants que nous [la Grèce] avons sauvés à cette frontière est une honte pour la civilisation », s’est indigné le ministre. La Turquie a réfuté ces accusations.

    Dans ce système, les migrants finissent par être criminalisés. Christiana Kavvadia, avocate pour l’organisation Greek Council for Refugees dans l’Evros, compte parmi ses clients des personnes poursuivies par la justice pour « entrée illégale » sur le territoire. Ils risquent jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 1 500 euros. « Du 1er au 31 mars 2020, un texte législatif interdisant la demande d’asile est entré en vigueur pour cette période, l’ensemble des migrants arrivés à ces dates ont été accusés d’entrée illégale et nombre d’entre eux ont été envoyés en prison pour une longue période. Depuis, cette pratique consistant à sanctionner l’entrée illégale existe toujours mais avec des peines moins sévères, explique-t-elle. La pénalisation des demandeurs d’asile n’est pas conforme à la convention de Genève et vise à être une mesure dissuasive. »
    Record de décès en 2022

    Dans l’Evros, il est aussi rare d’assister à des situations dramatiques que d’entendre des voix locales qui les commentent. « Nous sommes peu nombreux à défendre les droits des réfugiés dans le coin… C’est un système contre lequel on ne peut pas lutter : 90 % des gens à Orestiada travaillent avec la police », regrette Dimitrios Zeferiades, le gérant d’un bar alternatif de cette ville. « Il y a cent ans, nos ancêtres (grecs) sont passés par cette frontière par milliers, ils étaient réfugiés. Maintenant, il existe des milices dans les villages pour faire fuir les migrants : les habitants ont oublié leurs racines », dénonce-t-il.

    En 2020, des villageois de la frontière avaient exhibé leur « chasse » aux migrants face à la presse. Pour Dimitrios Zeferiades, plus que des outils « politiques », « les migrants sont devenus des produits sur lesquels la Grèce se fait de l’argent. Les autorités demandent des financements pour acheter tout un arsenal [drones, caméras – ndlr] qui ne sert à rien : personne ne peut surveiller cette rivière de 200 kilomètres ».

    Entre les murs saumon de la morgue de l’hôpital de la ville d’Alexandroupoli, la plus grande ville de l’Evros, Pavlos Pavlidis approuve. « Les murs n’empêchent rien », déclare, grave, ce médecin légiste. Il montre sur son téléphone la photo d’un homme inerte. Le froid de décembre a emporté dans son sommeil ce jeune adulte d’une vingtaine d’années, dans un cabanon au pied d’une montagne enneigée de l’Evros. « Hypothermie. Il y a environ deux jours, le 10 décembre », a conclu Pavlos Pavlidis. Dans son bureau au sous-sol, où règne une odeur de cigarette, le médecin méticuleux expose deux cartes bleues et deux bagues ayant appartenu à la victime, « probablement d’Afrique du Nord ». Ces indices permettront peut-être de l’identifier, espère-t-il.

    « 2022 constitue un record, je n’avais jamais autopsié autant de personnes [exilées] », annonce Pavlos Pavlidis. En poste depuis 2000, l’expert a vu plus de 660 cadavres d’étrangers, dont 63 cette année. Derrière sa fenêtre s’élèvent deux conteneurs renfermant depuis des mois 30 corps d’exilés : « Je n’ai plus de place dans les frigos. »

    Le fleuve est le premier à faucher les réfugiés. L’hypothermie est la deuxième cause de mortalité. Les réfugiés se perdent, trempés, dans la nature. « Ils évitent les villages. Ils savent que les habitants ne les aident plus comme avant », explique Pavlos Pavlidis. Les accidents de la route sont enfin la troisième cause des décès de migrants. « Certains s’entassent dans des véhicules et tentent de fuir les autorités », dit-il.

    Le portable de Pavlos Pavlidis vibre pendant qu’il parle : « Mon numéro a fuité. » Il reçoit des messages de détresse d’inconnu·es : des mères, des frères, à la recherche de leurs proches. Si 5 000 migrants sont officiellement arrivés dans l’Evros en 2022, combien sont-ils à s’être égarés dans ses collines ?

    https://www.mediapart.fr/journal/international/200123/entre-la-grece-et-la-turquie-une-frontiere-de-plus-en-plus-meurtriere

    Dans cet article, l’annonce d’une ultérieure #extension du mur :

    Le gouvernement grec va d’ailleurs prolonger en 2023 les murs antimigrants dans l’Evros jusqu’à 80 kilomètres, annonce-t-il.

    Première extension (passage de 12,5 km en 2012 à 12,5 km + 35 km en 2020/2021) :
    https://seenthis.net/messages/830355
    https://seenthis.net/messages/935658

    #frontières #migrations #réfugiés #barrières_frontalières #murs #barrières_frontalières #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #Evros #Thrace #obstacle_technique #dissuasion #surveillance #instrumentalisation_de_la_migration #refoulements #push-backs #retours_forcés #violence #décès #milices #chasse_aux_migrants

    • Some updates on the #Evros wall from earlier this week. N. Mitarakis, now Minister of Citizen Protection, stated that a further extension of the wall will be tendered in 2024, to be completed in 2027.

      –—
      Φράχτης στον Έβρο : Πότε ολοκληρώνεται το έργο (vid)

      Προτεραιότητα για τη νέα κυβέρνηση χαρακτήρισε την ολοκλήρωση του φράχτη στον Έβρο ο Υπουργός Προστασίας του Πολίτη, Νότης Μηταράκης.

      Αναλυτικότερα, μιλώντας στην ΕΡΤ και την εκπομπή « Συνδέσεις », ο κ. Μηταράκης επεσήμανε ότι ο φράχτης του Έβρου αποτελεί πρώτη προτεραιότητα τόσο για την κυβέρνηση όσο και προσωπικά για τον ίδιο και το Υπουργείο Προστασίας του Πολίτη.

      « Η Ελλάδα θα εξακολουθήσει να εφαρμόζει την ίδια αυστηρή αλλά δίκαιη πολιτική », τόνισε.

      Μάλιστα, όπως τόνισε, ο φράχτης του Έβρου συνεχίζει να προχωρά με γρήγορα βήματα προς την ολοκλήρωσή του, η οποία αναμένεται στα μέσα του 2027.

      « Έχουμε εξασφαλίσει 100 εκατομμύρια ευρώ – απ΄όταν ήμουν στο προηγούμενο χαρτοφυλάκιο της Μετανάστευσης από την Ε.Ε – γι΄αυτό που ονομάζουμε συνοδά έργα του Φράχτη (έργα υποδομής και τεχνολογίας που συνδυάζονται με τον Φράχτη (π.χ τα φυλάκια χρηματοδοτούνται από τα ευρωπαϊκά κονδύλια).

      Από τα 72 χιλιόμετρα του Φράχτη σήμερα μελετάμε την τελική του φάση επέκτασης. Δεν θα χρειαστεί να καλύψουμε όλα τα 200 χιλιόμετρα.

      Προχωράμε στην τελική φάση επέκτασης με το μεικτό σύστημα χρηματοδότησης με κρατικά και ευρωπαϊκά κονδύλια. Ο καινούριος Φράχτης θα προκηρυχθεί για να κατασκευαστεί μέσα στο 2024, ώστε να είναι έτοιμος μέσα στο 2027 », σχολίασε.

      « Χρήση καμερών από τους αστυνομικούς »

      Κληθείς να σχολιάσει το πρόσφατο περιστατικό στη Λάρισα, που στοίχισε τη ζωή σε έναν 20χρονο, ο κ. Μηταράκης επεσήμανε ότι θα προχωρήσει η χρήση καμερών στους αστυνομικούς.

      « Για να αποφευχθούν φαινόμενα αστυνομικής αυθαιρεσίας θα προχωρήσουν οι κάμερες στους αστυνομικούς. […]

      « Θέλουμε και την συνεργασία των ανεξάρτητων αρχών, να μην τεθούν εμπόδια στη χρήση αυτών των καμερών.

      Αυτές είναι εκεί για να προστατεύσουν τον πολίτη, στην όποια περίπτωση κρατικής αυθαιρεσίας, αλλά και για να καταγράφουν με κάποιον ισχυρά αποτρεπτικό τρόπο το οποιοδήποτε αδίκημα μπορεί να τελείται, για να μην υπάρχουν αμφιβολίες για το εάν κάποιος συμμετείχε ή όχι σε μια παράνομη δράση.

      Είτε είναι αστυνομικός που δεν έκανε σωστά τη δουλειά του και δεν ακολούθησε το πρωτόκολλο εμπλοκής, είτε είναι ένας πολίτης ο οποίος παρανόμησε », υποστήριξε.

      https://twitter.com/lk2015r/status/1680548700077129729

      https://www.mynews.gr/frachtis-ston-evro-pote-oloklironetai-to-ergo-vid

  • Après les #milices qui surveillent les #frontières en #Hongrie, #Bulgarie, #République_Tchèque :
    https://seenthis.net/messages/719995

    ... voici le même type de groupes en #Slovénie...
    Vigilantes in Slovenia patrol borders to keep out migrants

    Blaz Zidar has a mission: patrol along a razor-wire fence on Slovenia’s border with Croatia, catch migrants trying to climb over, hand them to police and make sure they are swiftly sent out of the country.

    The 47-year-old former Slovenian army soldier, dressed in camouflage trousers with a long knife hanging from his belt, is one of the vigilantes who call themselves “home guards” — a mushrooming anti-migrant movement that was until recently unthinkable in the traditionally liberal Alpine state. The name of the self-styled group evokes memories of the militia that sided with fascists during World War II.

    “I would prefer to enjoy my retirement peacefully, but security reasons are preventing this,” Zidar said as he embarked on yet another of his daily foot patrols together with his wife near their home village of Radovica nestled idyllically among vineyards and lush green forested hills.

    Zidar complained that he had to act because Slovenian police aren’t doing their job of guarding the borders from the migrant flow which peaked in 2015 when hundreds of thousands of refugees from the Middle East, Africa and Asia, fleeing wars and poverty, crossed from Greece, Bulgaria, Serbia and Macedonia via Hungary or Croatia and Slovenia toward more prosperous Western European states.

    Zidar said that his six children often join them in the border monitoring mission “because they have to learn how to protect their nation from intruders.”

    Slovenia’s volunteer guards illustrate strong anti-migrant sentiments not only in the small European Union nation of 2 million people, but also across central and eastern Europe which is a doorway into Western Europe for migrants and where countries such as Hungary have faced criticism for open anti-migrant policies. Similar right-wing guards that frequently attacked migrants crossing the borders previously openly operated in Hungary and Bulgaria.

    Police in Croatia — an EU member state that is still not part of the borderless EU travel zone — routinely face accusations of pushbacks and violence against migrants trying to come in from Bosnia. In Slovenia, the authorities are putting up additional fences on the border with Croatia after Italy’s former hard-line interior minister, Matteo Salvini, threatened “physical barriers” would be built between Slovenia and Italy if the migrant flow wasn’t completely stopped.

    The fiery anti-migrant rhetoric by Salvini and Hungarian President Victor Orban, who was the first to order fences on Hungary’s border with Serbia at the start of the migrant crisis, have resonated among some in Slovenia, an exceptionally calm, nature-loving country.

    Miha Kovac, a Slovenian political analyst who is a professor at the University of Ljubljana, described the anti-migrant guards as “guys with big beer bellies who don’t have much of an education, who didn’t have much of a career, who don’t know what to do with themselves in the contemporary world.

    “They find their meaning in this kind of movement and this kind of hatred toward migrants.”

    Kovac said that in the short run, the right-wing groups represent no real danger to the tiny EU nation. But if the European migrant crisis continues “this kind of movement might become more aggressive.”

    https://www.youtube.com/watch?v=zte9nDFcACY

    “Slovenia is a country of 2 million and if you would become a kind of immigrant pocket with the population of ... 20, 30, 40, 50,000 immigrants, this could cause quite significant problems,” Kovac said.

    Slovenian authorities don’t seem to mind the self-styled guards patrolling the country’s borders, as long as they don’t do anything against the law.

    “The self-organization of individuals does not in any way imply mistrust of police work,” said France Bozicnik, the head of criminal police at a police station near the border. “It’s just the opposite.”

    “People call us on the phone every day and give us information about suspicious vehicles and suspicious persons, and we sincerely thank them for this information,” he said. “They are welcome to continue with this reporting.”

    Nevertheless, the images of masked men in military uniforms that appeared about a year ago have shocked many in Slovenia, the birthplace of U.S. first lady Melania Trump. The largest volunteer group called the Stajerska Garda was filmed taking an oath to secure public order in the country.

    The group commander, Andrej Sisko, said his goal is “to train people to defend their country and help the military and police at a time of massive migrations from the African and Asian states, mostly Muslims.”


    Sisko, who spent six months in prison for his paramilitary activities, insisted that his guards don’t carry real weapons or do anything illegal.

    “People are mostly supporting us, they are stopping and congratulating us on the streets,” Sisko said in an interview with The Associated Press as four of his men in camouflage uniforms, wearing genuine-looking mock guns, stood watch at his house in the suburb of the northern Slovenian town of #Maribor.

    With the continuing migrant flow in the region, human rights groups have accused authorities in Slovenia, Serbia, Greece, Hungary and particularly Croatia of illegal and forced pushbacks from their borders.

    Witnesses cited by the Border Violence Monitoring Network described Croatian police officers at the border with Bosnia burning clothes, sleeping bags, backpacks and tents in addition to targeting other possessions such as cellphones, cash and personal documents. Croatian officials have repeatedly denied the claims.

    “The police first attacked by shooting up in the air, and then they ordered us to lay down,” said Shabbir Ahmed Mian from Pakistan, adding that after police body searches they “pushed” the group of 15 that included women, children and the elderly into a small van that dumped them back to Bosnia.

    “We couldn’t breathe, there was no oxygen,” he said.

    https://www.apnews.com/57424e6bf60046e594b4c052bac86b6c

    #Stajerska_Garda #Andrey_Sisko
    #asile #migrations #réfugiés #xénophobie #racisme #patrouilles #chasse_aux_migrants #anti-réfugiés #milices #milices_privées #extrême_droite #néo-nazis

    ping @reka @isskein @marty

    • Nouvelle reçu via le rapport « Border violence monitoring network - Balkan Region » de septembre 2019 (p. 13 et segg.) :
      https://www.borderviolence.eu/balkan-region-report-september-2019

      Extrait :

      SloveniaVigilante groups patrol the Slovenian border with CroatiaOn September 17th the Associated Press reported (https://www.apnews.com/57424e6bf60046e594b4c052bac86b6c) on the alarming activities of a Slovenian para-military group called “#Stajerska_Varda”, operating along the border with Croatia. Members of the group are reportedly taking part in vigilante activities, apprehending people-in-transit who try to cross the border, and calling the police to push them back. Until now the groups’ members have not been observed carrying out any violent actions, but their rise in numbers and presence on the border is deeply concerning. A video (https://www.youtube.com/watch?v=m2KOSTXp4fA

      ) from October 2018 shows a large number of armed people taking an oath nearMaribor, stating their intent to take border security into their own hands.

      Andrey Sisko, the leader of the far-right group, confirmed that at that time the militia had existed for longer than a year. Sisko himself was arrested and detained (https://www.total-slovenia-news.com/politics/3328-militia-leader-jailed-for-trying-to-subvert-the-constituti) for six months with the charge of “trying to subvert the constitutional order”. He was released in March. The open activities of far-right groups at the border are a telling development, not only for pressure on transit conditions, but also the growth in nationalist logic pervading Slovenia today. Stajerska Varda have stepped into the political void opened up by centre and right-wing politicians who have stoked domestic opinion against people-in-transit. While extreme right activists frame their role as a necessary defense, their actual ideology is explicitly aggressive. As shown in a report (https://eeradicalization.com/the-militarization-of-slovenian-far-right-extremism) by European Eye on radicalization, Stajerska Varda has the nationalist ideas of “Greater Slovenjia” (https://eeradicalization.com/the-militarization-of-slovenian-far-right-extremism) as a reference point, and has inserted itself in a context of growing militarization as part of Slovenia’s right.

      Yet media response to this rise in armed groups presented some worrying attitudes towards the issue. Namely the views of Miha Kovac, a political analyst interviewed by AP for their report, is dangerous in two senses. Kovac dismisses radical groups as “guys with big beer bellies [...] who don’t know what to do with themselves”, and even goes on to allege that the root cause of facism is the presence of migrants in Slovenia. Marking out people-in-transit as instigators falls into a traditional cycle of victim blaming, a route which absolves the role of fear mongering party politics in abetting radicalization.
      As shown by right wing leaders around Europe, such as Matteo Salvini and Victor Orban, open praise for and facilitation of radical groups is an explicit tactic used to build a right wing consensus on the ground. The example of vigilantes operating in Hungaryas early as 2015, suggests that the development of state borders and growth of the extra-parliamentary right go hand in hand. These two strands are evidently complicit in Slovenia, seen especially in the silence at the party and state levels in regards to a self publicized military juntaoperating on state soil. September’s revelations again highlight the liminal space between conservative migration politics and paramilitary fascism. The existence of these activities call into direct question the responsibilities of the Slovenian state, and are a concerning augmentation of the current institutional pushback framework.

      https://www.borderviolence.eu/wp-content/uploads/September-2019-Report-1.pdf

    • Patriot games: Slovenian paramilitaries face down migrant ’threat’ on border

      Dressed in camouflage and armed with air rifles, Slovenian paramilitaries moves in formation through woods a stone’s throw from Croatia, patrolling a border zone where the group’s leader says illegal migration is rife.

      The more than 50-strong group, some of whom mask their faces with balaclavas and which includes a handful of women, is led by Andrej Sisko, who also heads Gibanje Zedinjena Slovenija, a fringe nationalist party that has so far failed to win seats in parliament.

      He believes authorities are failing in their duty to protect Slovenia against what he views as the migrant threat, and founded Stajerska and Krajnska Varda (Stajerska and Krajnska Guard) to fill that gap.

      Members of both organistions were participating in the patrol when Reuters TV met them.

      “It is a duty of all of us to ensure security in our own country,” he said. “If state bodies who are paid for that cannot or do not want to ensure security we can help ensure it, that is what we do.”

      Anti-migrant sentiment in Slovenia and other ex-Communist states has risen sharply since 2015, when eastern Europe bore the initial brunt of a refugee crisis.

      Much of the region has since then resisted attempts by EU authorities in Brussels to enforce a continent-wide quota system for new arrivals, which Slovenia has however signed up for.

      According to Slovenian police, numbers of migrants crossing illegally from Croatia to Slovenia - where a razor-wire fence has been erected along stretches of the border since 2015 - rose to 11,786 in the first nine months of this year from 6,911 a year earlier.

      Sisko this year served time in jail for forming Stajerska Varda and urging the overthrow of state institutions.

      He says the group, which generally meets in the border zone at weekends, does not intercept migrants - which he emphasises would be against the law - but advertises their presence to security forces.

      Police told Reuters they were monitoring the group’s behaviour and had not detected any recent illegal activities.

      https://www.reuters.com/article/us-slovenia-paramilitary/patriot-games-slovenian-paramilitaries-face-down-migrant-threat-on-border-i

    • On en parle ici aussi :
      Patrouille de miliciens d’extrême-droite

      « C’est une honte, il y a la police, l’armée, maintenant cette clôture et il y a même une milice ! », fulmine à son tour Katarina Bernad Sterva, directrice de l’association slovène d’aide aux réfugiés, qui se désespère de la situation à la frontière.

      Depuis quelques jours en effet, des #milices en treillis militaires, visages cachés derrière des cagoules noires, patrouillent aussi le long de la rivière #Kolpa. Dirigée par le leader d’extrême-droite, #Andrej_Sisko,cette #milice se veut un « renfort » à l’armée régulière pour « défendre la frontière » et intercepter les migrants. « Nous sommes le point d’entrée de l’espace Schengen », se justifie Andrej Sisko. « Nous voulons faire passer un message. Nous voulons dire aux étrangers de rester chez eux. La clôture est fragile, elle ne permet pas de stopper les migrants alors nous venons contrôler les abords de la rivière nous-mêmes ».

      La milice d’Andrej Sisko n’a aucun mandat légal. Et visiblement, les villageois s’expliquent mal leur présence.

      Si certains rient à leur passage - « C’est le carnaval quand ils sont là », entend-t-on ici et là dans les villages frontaliers – d’autres comme Katarina Bernad Sterva regarde cette armée parallèle avec une inquiétude grandissante. « Ce qui m’effraie, c’est qu’ils existent. Publiquement, le gouvernement a condamné leurs actions, mais, dans les faits, les autorités ne font rien. Ces hommes sont fous, nous nous attendions à une réaction forte du gouvernement, comme par exemple l’annonce de la dissolution de ces patrouilles ».

      Interrogée par InfoMigrants, la police reste muette sur le sujet. « Je n’ai rien à dire sur ces hommes. Ils n’ont pas le soutien de la police », déclare simplement Vicjem Toskan, l’un des commandants en chef de la police de Koper, à l’ouest du pays.

      Ce soir-là, à Kostel, les amis du café s’interrogent surtout sur le sort réservé aux migrants interceptés par cette milice d’extrême-droite. « On a déjà la police et l’armée pour intercepter les migrants. On a une clôture pour les empêcher de continuer leur route. Eux, qu’est-ce qui vont leur faire, la nuit, dans la montagne ? », s’inquiète Rudy. « Ils portent des masques, ils marchent dans la forêt. J’ai plus peur d’eux que des immigrés qui traversent la rivière », chuchote à son tour, une jeune fille en bout de table. « Si j’étais migrante, je n’aimerais vraiment pas tomber sur eux ».

      https://seenthis.net/messages/791703#message811227

  • Grèce : le gouvernement conservateur relance la #chasse_aux_réfugiés

    À peine arrivé aux affaires, le nouveau Premier ministre conservateur Kyriakos #Mitsotakis veut renforcer les contrôles aux frontières et accélérer la déportation des réfugiés présents dans les îles grecques vers la Turquie. À #Athènes, les #contrôles_au_faciès musclés se multiplient. Les ONG sont très inquiètes.

    Les mots ont leur importance, surtout dans un pays où plus d’un million d’hommes et de femmes ont débarqué sur les îles de la mer Egée. Avant l’arrivée au pouvoir d’Aléxis Tsípras, en 2015, les politiques grecs ne parlaient jamais de « réfugiés » mais systématiquement de « clandestins ». Le gouvernement Syriza a été le premier à instaurer un ministère de l’Immigration pour répondre à la problématique des quelques 60 000 réfugiés vivant en Grèce, souvent dans des conditions très difficiles.

    Dès son arrivée au pouvoir, après les élections du 7 juillet, le nouveau Premier ministre conservateur Kyriákos Mitsotákis a remis en cause cette politique d’accueil, en supprimant ce ministère et en attribuant le dossier de l’immigration au ministère de la Protection du citoyen, qui gère également l’ordre public, les questions sécuritaires et les forces de l’ordre... Dans les rangs de l’opposition de gauche mais aussi des associations de défense des droits de la personne, la décision choque. « Inclure l’immigration et la gestion des institutions pénitentiaires dans le même ministère de la Protection des citoyens m’inquiète. Cela signifie que le gouvernement considère tous ces sujets par le seul prisme de la répression », a notamment dénoncé sur Twitter l’ancien maire socialiste d’Athènes Giorgos Kaminis.

    Onze ONG et collectifs de défense des droits de la personne ont aussi tiré la sonnette d’alarme le 19 juillet dans un communiqué commun. « L’asile et les migrations ne sont pas une question d’ordre public et de sécurité mais une question relative à la protection internationale, à l’intégration social et au droit. Les réfugiés et migrants font partie de la société grecque et ne doivent pas être considérés comme une menace à l’ordre public. Les définir ainsi revient à les stigmatiser et à les exposer à des comportements violents et racistes. »

    Durant la campagne électorale, Kyriakos Mitsotakis avait promis de « renforcer les contrôles aux frontières », et de « distinguer les demandeurs d’asile qui peuvent prétendre au statut de réfugiés et rester en Grèce des autres, qui doivent être renvoyés en Turquie ». Dans le programme du nouveau Premier ministre, on ne trouve aucune mention d’une politique d’intégration. Le ministre du Travail a d’ailleurs annulé dès sa nomination un décret permettant aux réfugiés et aux immigrés d’obtenir facilement un numéro de sécurité sociale, indispensable pour avoir accès aux hôpitaux et aux écoles.

    « C’est une mesure raciste », s’est offusqué le mouvement antiraciste KEERFA. « On va limiter l’accès des personnes pauvres, des femmes, des enfants réfugiés, des handicapés aux hôpitaux, aux écoles et à tous les services publics », dénonce KEERFA, qui appelle le gouvernement à revenir sur cette décision. L’exécutif avait promis de publier un nouveau décret sur la question mais un mois plus tard, cela ne semble toujours pas d’actualité. Une autre mesure fait polémique : l’attribution d’une allocation familiale de 2000 euros pour tout enfant né en Grèce mais avec la condition que l’un des deux parents soit grec !

    Le retour des mauvais jours

    Dans le centre d’Athènes, où résident de nombreux réfugiés et immigrés, les contrôles policiers se sont renforcés depuis l’arrivée au pouvoir de Kyriakos Mitsotakis. 130 policiers d’une #brigade_spéciale appelée les #Black_Panthers mènent des #contrôles_d’identité dans le métro et dans les rues. L’ONG Human Right Watch (HRW) s’inquiète « d’un retour aux mauvais jours ». En effet, en 2012, des milliers d’immigrés étaient contrôlés, arrêtés et détenus de façon injustifiée et souvent victimes de violences dans les commissariats d’Athènes. HRW réclame un encadrement légal de ces contrôles qui ne peuvent pas être menés sur des critères discriminants. L’ONG demande aussi une formation spéciale pour les policiers de cette brigade.

    Le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR) a enregistré l’entrée en Grèce de quelque 18 400 réfugiés et migrants au premier trimestre 2019, de plus en plus de personnes passant par la frontière terrestre de l’Evros avec la Turquie : 72% des arrivées ont été enregistrées à cette frontière. Les ONG s’inquiètent d’un durcissement de la politique migratoire et des consignes données aux forces de l’ordre. Début juillet, 59 réfugiés ont été victimes de pushbacks vers la Turquie : ils ont été renvoyés de force sur l’autre rive de l’Evros, note Refugee support Aegean.

    Le contexte actuel en Turquie demande pourtant de prendre des précautions particulièrement importantes avant de renvoyer des migrants dans ce pays, comme le prévoit l’accord signé en mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie. Le Conseil grec pour les réfugiés et 26 autres ONG rappellent que « plus de 6000 réfugiés et migrants ont été récemment arrêtés à Istanbul », pour être renvoyés à la frontière voire en Syrie même, notamment dans des zones de guerre proches d’Idlib.

    « Nous appelons l’UE et les États membres à reconnaître que la Turquie n’est pas apte à fournir la protection nécessaire aux réfugiés selon la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés, à cesser en conséquence tout renvoi vers la Turquie et à suspendre l’accord de mars 2016 », écrivent ces organisations dans un communiqué publié début août. Les mois prochains, les ONG suivront de près et avec inquiétude la politique migratoire du gouvernement, notamment la situation tragique sur les îles de la mer Egée où des milliers de réfugiés continuent de s’entasser dans des conditions atroces.

    https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=Gr%C3%A8ce+%3A+le+gouvernement+conservateur+rela
    #chasse_aux_migrants #migrations #asile #réfugiés #violences_policières #racisme #xénophobie #police #contrôles_policiers

    #2019_comme_2012 —> pour rappel, article que j’avais écrit en 2012 pour @lacite et @visionscarto :
    À Athènes, (sur)vivre dans la terreur


    https://visionscarto.net/a-athenes-survivre

    • Greece: Athens Police Plan Raises Fears of Abuse

      Past Sweeps Led to Indiscriminate Crackdown on Marginalized Groups.

      The Greek government’s new policing plan for central Athens sounds like a return to the bad old days.

      It includes an operation called “Operation Net” that will see some 130 armed police officers, incongruously dubbed the “Black Panthers,” patrolling metro stations in Athens.

      Given Greece’s history of abusive police sweeps, Operation Net sounds alarm bells about a possible new wave of human rights violations by the police in the capital.

      A 2012 crackdown in Athens known as Operation Xenios Zeus led to police detaining tens of thousands of people presumed to be irregular migrants solely on the basis of their appearance, violating human rights law. People who appeared to be foreigners were subject to repeated stops, unjustified searches of their belongings, insults, and, in some cases, physical abuse.

      In research I conducted for Human Rights Watch in 2014 and 2015, I found police used identity checks as a tool to harass people they consider undesirable, such as people who use drugs, sell sex, or people who are homeless. In many cases, the police confined people in police buses and police stations for hours, even though there was no reasonable suspicion of criminal wrongdoing, and then sometimes transported them elsewhere and released them far from Athens’ center.

      Greece has a duty to improve security on the streets for everyone. But the Greek authorities also have an obligation to ensure they don’t abuse people’s rights in the process. That requires appropriately circumscribed police stop-and-search powers with clear and binding guidelines for law enforcement officers so they can be held accountable for their use. Guidence should include the permissible grounds for conducting a check and for taking a person to a police station for further verification of their documents.

      Police officers conducting these checks also need appropriate training and equipment. And the Greek government should ensure diligent investigations of allegations about police abuse and hold anyone found responsible to account.

      To make a real difference and increase the sense of security for everyone in central Athens, without discrimination, the new government should avoid invoking problematic laws and practices on stop and search likely to make the already difficult lives for vulnerable groups on the streets of Athens much harder.

      https://www.hrw.org/news/2019/08/05/greece-athens-police-plan-raises-fears-abuse

    • Athens police poised to evict refugees from squatted housing projects

      A self-governing community in central Athens which has helped house refugees is threatened by a government crackdown.
      https://i.guim.co.uk/img/media/ee4353e3aa86a9372a631da8b45f5d2b8e0961f5/0_234_3543_2126/master/3543.jpg?width=620&quality=85&auto=format&fit=max&s=5b7383bbb2653fe12b8e0a

      It’s just after 5am in the central Athens neighbourhood of Exarcheia. A group of Afghans and Iranians are sitting down together for breakfast in the middle of the street, with a banner that reads “No Pasaran” (“They shall not pass”) strung between the buildings above their heads. They laugh and joke as they help themselves to bread and cheese pies from the communal table.

      The public breakfast is outside Notara 26, a self-organised refugee accommodation squat. Since opening in September 2015, at the height of the refugee crisis, it has provided shelter to over 9,000 people. These ‘‘Breakfasts of Resistance” – held in the early hours when police-led evictions are most likely – have become daily events since Greece’s New Democracy government assumed office in July.

      A promise to “restore law and order” was one of the campaign themes that swept the right-wing party to power. Swiftly making good on this, on 8 August plans to evict all 23 refugee and anarchist squats in Exarcheia were announced.

      If carried out, by the end of the month they will have put an end to Athens’ experiment with autonomous urban governance and its grassroots refugee solidarity network, which currently houses over 1,000 people.

      Ringed by university buildings, Exarcheia has long been the home of Greece’s intellectual left, antiauthoritarian and anarchist movements.

      https://i.guim.co.uk/img/media/5f9bda30d3a5ee8559d52b78984e01187b598690/0_0_5760_3456/master/5760.jpg?width=860&quality=85&auto=format&fit=max&s=a429ca443f8a22d149e39f

      Passing the squads of riot police who stand constant guard on Exarcheia’s perimeter underlines that this is not a typical neighbourhood. It is the site of regular skirmishes between teargas-wielding police and molotov-cocktail hurling youths who are eager to vent their frustration at Greece’s dire economic and political situation.

      Yet, in a country where far-right and state violence against migrants is well-documented, the lack of visible police presence inside Exarcheia and its vocal antiracist stance have created a place of relative sanctuary.

      “I am so happy here, I feel safe,” explains Sana*, a squat resident from Afghanistan. “Here we work together and have a good life.”

      Thousands of refugees arrived in Athens in summer 2015. Seeing little response from the state, the anarchist squat movement in the area (which dates back to the 1980s) resolved to open empty buildings in Exarcheia to house refugees. Notara 26 was the first, and was soon joined by others, founded on the same principles of autonomous self-organisation.

      The squats offer a viable alternative to official refugee camps, hotspots and detention centres, whose conditions have been widely condemned by international observers.

      https://i.guim.co.uk/img/media/830b3b3cf2ce79dfbdca1023466d19a53bff2da8/0_448_6720_4032/master/6720.jpg?width=620&quality=85&auto=format&fit=max&s=7626556c6e905546489695

      “I visited the camps as a volunteer,” explains Saif*, a 31-year-old recognised refugee from Gaza who lives in a squat. “You’re not a refugee there, you feel like you are in prison – and they’re full. [The squat] is important for me because I feel more like home, I feel a little more human. We have space to sleep, neighbours and a neighbourhood around us.”

      In opposition, New Democracy attacked the Syriza administration’s handling of the refugee crisis, capitalising on security fears and frustration at Greece having to shoulder a disproportionate share of responsibility.

      In government, they have stepped up border enforcement,have for the moment revoked asylum seekers’ rights to access health and social security services, and dissolved the ministry of migration, transferring responsibility for refugees to the ministry of citizen protection, which also oversees the police.

      https://i.guim.co.uk/img/media/46cc286db6cda987f0137da84aa5c9fd75b71d7a/0_84_2500_1500/master/2500.jpg?width=860&quality=85&auto=format&fit=max&s=9b6fadf95df3adde6ef1fa

      However, it was under Syriza that the strategy of criminalising the refugee squats began. A wave of evictions by heavily armed police occurred in early April affecting over 300 people. Most squats in Exarcheia operate under a no drugs/no alcohol policy. Yet, timed simultaneously with nearby anti-drug operations, most media reports connected the squat evictions with drug dealing.

      Promising to “clean up Exarcheia,” New Democracy’s rhetoric has conflated drug dealers, criminals, anarchists and migrants. One of the government’s first actions was the controversial repeal of the academic sanctuary law, which incoming prime minister Kyriakos Mitsotakis claimed made campuses crime hotspots and no-go zones for police. Critics saw the move as an attack on political liberties and Exarchia, rather than on crime.

      Drug dealers and criminal gangs have exploited the lack of visible law enforcement in Exarcheia. Local activists have made many attempts to improve the situation around the square, such as planting trees, organising screenings and concerts, and making night patrols, but many acknowledge the situation has deteriorated in recent months.

      Together with the squat evictions and anti-drug operations, authorities have announced plans that include repainting graffiti-covered areas and improving street lighting – none of which require evictions, activists argue. The Hellenic Police refused to comment on specific operations.

      Despite ongoing threats, no evictions have yet occurred this summer. However, there has been a noticeable escalation of police activity in the area, with almost daily operations on and around the square.

      Those arrested for immigration violations have been taken into detention. New Democracy have announced they will start deporting failed asylum applicants.

      https://i.guim.co.uk/img/media/de046d5fed86f81881c8be0048ad9b7db3278a5f/0_0_2500_1499/master/2500.jpg?width=620&quality=85&auto=format&fit=max&s=1d2fb0d3801c49f47d516f

      “They have used criminality, prejudice towards refugees and even accusations of terrorism to discredit the left resistance in Exarcheia,” says Panos*, an activist who helped open Notara 26 back in 2015. “Personally, I don’t think they will be successful. The political cost will be great and where are they going to relocate all the refugee children and families? The camps are full.’’
      Athens under pressure: city races to clear port’s refugee camp before tourists arrive
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      Athens has emptied for the summer. Shops are closed and it feels like a hot and sticky ghost town. But on Exarcheia Square, there is a palpable air of tension, as those gathered know another police operation could occur at any moment.

      Around the corner, the boarded-up Azadi squat, empty since the April evictions, has been covered with a mural depicting anarchists facing off against riot police and the slogan: “Exarcheia will win.” Time will tell.

      *Names of interviewees have been changed to protect their identities. Notara 26 did not agree to participate in this article.

      https://www.theguardian.com/cities/2019/aug/26/athens-police-poised-to-evict-refugees-from-squatted-housing-projects?C

    • #Exarcheia sous #occupation_policière !

      Ce que nous vous annoncions depuis un mois et demi vient de commencer ce matin, peu avant l’aube :

      EXARCHEIA SOUS OCCUPATION POLICIÈRE

      Le célèbre quartier rebelle et solidaire d’Athènes est complètement encerclé par d’énormes forces de police : de nombreux bus de CRS (MAT), des jeeps de la police antiterroriste (OPKE), des voltigeurs (DIAS), des membres de la police secrète (asfalitès), ainsi qu’un hélicoptère et plusieurs drones.

      Lieu unique en Europe pour sa forte concentration de squats et d’autres espaces autogérés, mais aussi pour sa résistance contre la répression et sa solidarité avec les précaires et migrants, Exarcheia était dans le collimateur du gouvernement de droite depuis son élection le 7 juillet. Le nouveau premier ministre Kyriakos Mitsotakis en avait fait une affaire personnelle, d’autant plus qu’il avait été raillé début août pour ne pas avoir réussi à atteint son objectif de « nettoyer Exarcheia en un mois » comme il l’avait annoncé en grandes pompes.

      Ce matin, 4 squats ont été évacués : Spirou Trikoupi 17, Transito, Rosa de Fon et Gare. L’offensive concerne pour l’instant la partie nord-ouest du quartier, à l’exception notable du squat Notara 26, réputé mieux gardé et très important symboliquement pour le quartier en tant que premier squat historique de la « crise des réfugiés » au centre ville d’Athènes.

      On compte pour l’instant une centaine d’arrestations, ainsi que des agressions brutales contre des personnes tentant de filmer. Seuls les médias de masse au service du pouvoir ont l’autorisation de couvrir l’événement.

      Au total, il y a 23 squats dans Exarcheia plus 26 autres autour du quartier, soit un total de 49 concentrés sur une zone assez petite. 49 squats auxquels il faut ajouter d’autres types de lieux autogérés, dont certains en location (Espace Social Libre Nosotros, magasin gratuit Skoros, etc.) ainsi que des dizaines de logements particuliers regroupant des groupes de militant.es, souvent près des terrasses pour permettre un accès au-dessus des rues.

      Sur les squats qui se trouvent précisément à l’intérieur d’Exarcheia, 12 sont des squats d’hébergement pour les réfugié.es et migrant.es et les 11 autres sont des squats de collectifs politiques anarchistes et antiautoritaires (même si la plupart des squats de réfugié.es sont aussi évidemment très politiques, à commencer par le Notara 26 et Spirou Trikoupi 17 avec des assemblées directes et beaucoup de liens avec le reste du mouvement social).

      Dans les squats de Spirou Trikoupi 17 et Transito (que les valets du pouvoir sont maintenant en train de murer), plus d’une quinzaine d’enfants ont été arrachés à une existence paisible et heureuse pour être subitement envoyés dans des camps. Ces sinistres camps sont insalubres et surpeuplés, les migrant.es y sont mal nourri.es et souffrent des variations de températures, subissent des humiliations et parfois des tortures, et Mitsotakis exige de surcroît qu’ils soient tous bien fermés et, à l’avenir, complètement coupés du reste du territoire.

      Le visage de l’Europe ne cesse de se durcir à l’instar de ce qui se passe également sur les autres continents. Cette évolution toujours plus autoritaire du capitalisme conduit à nous interroger sur ce qu’annonce l’ère actuelle : l’offensive contre les poches d’utopies couplée à l’enfermement des boucs émissaires rappelle des heures sombres de l’Histoire.

      Le monde entier devient fasciste et la Grèce en est, une fois de plus, l’un des laboratoires.

      Mais rien n’est fini. Septembre arrive bientôt. Les jobs saisonniers se terminent. Le mouvement social se rassemble et s’organise à nouveau. Des lieux comme le Notara 26 et le K*Vox sont sous haute surveillance. Des ripostes se préparent, ainsi que plusieurs grands événements mobilisateurs. L’automne sera chaud à Athènes.

      Résistance !

      Yannis Youlountas

      http://blogyy.net/2019/08/26/exarcheia-sous-occupation-policiere

      ##Exarchia

    • Message de Vicky Skoumbi, reçu via la mailing-list Migreurop, le 27.08.2019:

      143 réfugiés de deux squats de la rue #Spirou_Trikoupi furent interpellées dont 51 femmes et 35 enfants. Dans un autre squat furent interpellées et finalement arrêtées trois personnes, deux grecs et un français. Aucune trace n’a été détecté ni d’explosifs, ni d’armes, ni de drogue. La grande majorité de 143 réfugiés sont de demandeurs d’asile. 9 d’entre eux n’ayant pas de papiers, risquent d’être expulsés. Les autres après vérification de leurs papiers, ont été logés à l’hôtel, en attendant d’être transférés à un camp ou une autre structure d’accueil, déjà surpeuplée.
      M. Balaskas, représentant de la Confédération Hellénique des fonctionnaires de police, avait comparé la police grecque à un aspirateur particulièrement puissant que serait en mesure de faire disparaître toute « poubelle » du quartier d’Exarchia. En guise de rectification, il avait ajouté, que les réfugiés seraient une poussière très gênante. Ces déclarations ont provoquées un tel tollé de réactions, que la direction de police hellénique a été obligée de les transmettre au Procureur et d’ordonner l’ouverture d’une enquête interne.

    • Migrants « poussière » et squatters « ordures » : un policier grec risque des poursuites

      La police grecque a annoncé avoir saisi ce mardi le parquet d’Athènes après les déclarations du vice-président du syndicat des policiers, qui avait qualifié d’« ordures » les squatters à Exarchia, un quartier libertaire d’Athènes, et de « poussière » les migrants qui y résident.

      Un vaste #cou_de_filet a eu lieu lundi dans ce quartier, situé près du centre-ville, au cours duquel quatre squats ont été évacués et 143 migrants, dont de nombreuses familles avec enfants, ont été interpellés et conduits dans un hôtel d’Athènes. Connu pour sa mouvance anarchiste et l’occupation de nombreux bâtiments abandonnés surtout après la crise des migrants de 2015, le quartier d’Exarchia est souvent le théâtre d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre. Décrivant cette opération dans un entretien à la télévision Skaï lundi, Stavros Balaskas, vice-président de la Fédération panhellénique des employés de la police (Poasy), a indiqué qu’« un aspirateur électrique silencieux de nouvelle technologie a été mis en marche, c’est-à-dire la police, qui va graduellement absorber toutes les ordures d’Exarchia ».

      Après qu’un journaliste de la Skaï eut tenter de l’inciter à rectifier ses propos, Stavros Balaskas a poursuivi : « On ne veut pas dire que les ordures sont les migrants, qui sont (seulement) une poussière, qui pourrait avoir un caractère gênant ». « On veut dire les vraies ordures qui se trouvent dans dix autres squats (d’Exarchia ndrl) » qui « seront également évacués prochainement » et où « se trouvent de durs criminels, des anarchistes extrémistes et des gens d’extrême gauche », a-t-il lancé. Après une enquête administrative ordonnée au sein de la police contre lui, Stavros Balaskas est revenu sur ses propos en précisant qu’il a utilisé le terme « ordures » pour qualifier le « comportement de certaines personnes ». « Je n’aurais jamais qualifié d’"ordures" ou de "poussière" les gens », a-t-il assuré sur la télévision Star lundi soir. Il a rappelé que la police ne pouvait pas avoir d’accès dans le passé dans ces squats où la criminalité et le trafic de migrants sont fréquents.

      Répondant aux critiques de l’opposition de gauche qui accuse le nouveau gouvernement de droite de « durcissement » de la politique migratoire, le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas a expliqué ce mardi que l’objectif de l’opération à Exarchia était « de combiner la sécurité et les conditions humaines de vie des migrants ».

      http://www.lefigaro.fr/flash-actu/migrants-poussiere-et-squatters-ordures-un-policier-grec-risque-des-poursui

  • Document d’action pour le #fonds_fiduciaire de l’#UE à utiliser pour les décisions du comité de gestion


    https://ec.europa.eu/trustfundforafrica/sites/euetfa/files/t05-eutf-noa-ma-05_0.pdf
    #Maroc #Trust_Fund #frontières #externalisation #asile #migrations #réfugiés #gardes-côtes #contrôles_frontaliers #EU #trust_fund #EU_trust_fund

    –-> Commentaire reçu via la mailing-list Migreurop :

    Le document d’action du projet de 40 millions d’EUR approuvé par la Commission Européenne dans le cadre du Fond Fiduciaire pour le « Soutien à la gestion intégrée des frontières et de la migration au Maroc » fait référence explicitement à l’achat d’équipement pour renforcer des capacités du Maroc « à des fins de contrôle et de surveillance aux frontières, ainsi que des opérations de sauvetage en mer » (p.7) - donc oui, comme l’Italie avec la Libye. Le projet est mis en ouvre par la #FIIAPP - donc par l’#Espagne. A voir si c’est ça auquel le secrétaire d’Etat espagnol faisait référence.

  • #Angola : Les migrants africains en danger de mort

    Les autorités angolaises lancent « la chasse aux ressortissants sub-sahariens en situation irrégulière ». Une #opération dénommée « #expatriado » est en cours en ce moment. Elle vise à « expulser tous les immigrés en situation irrégulière en Angola ». Des ressortissants maliens témoignent des « cas d’#emprisonnement suivis de pires formes de #maltraitance et d’#humiliation ». Pour l’instant, difficile d’avoir des chiffres officiels sur le nombre de Maliens victimes. Mais ceux joints sur place appellent à l’aide des autorités maliennes.

    Selon certains Maliens, ces opérations d’expulsion ont débuté dans les zones minières. Elles se déroulent maintenant dans toutes les villes du pays, et concernent toutes les nationalités y compris les Maliens, qui sont parmi les plus nombreux. « Cela fait des jours que nous ne pouvons plus sortir pour aller au boulot par peur de nous faire arrêter », explique un ressortissant malien sur place. Selon lui, cette opération qui ne devrait concerner que les #sans-papiers, est aussi menée par les forces de l’ordre angolaises contre ceux qui sont en situation régulière. L’objectif, selon notre interlocuteur, est de soutirer de l’argent aux migrants.

    « Une fois entre les mains des autorités angolaises, il faut payer de l’argent ou partir en prison », témoignent certains migrants maliens, avant de confirmer que plusieurs d’entre eux sont actuellement en prison. En Angola certains Maliens ont l’impression d’être « laissés pour compte par les autorités maliennes ». Pour l’Association Malienne des Expulsés, « il est inacceptable qu’un pays membre de l’Union Africaine expulse d’autres africains de la sorte ». L’AME qui juge la situation « grave » en Angola, appelle les autorités maliennes à réagir.

    https://www.expulsesmaliens.info/Angola-Les-migrants-africains-en-danger-de-mort.html
    #migrations #asile #réfugiés #rafles #expulsions #renvois #chasse_aux_migrants #migrants_maliens

    • Briefing: Problems multiply in Congo’s Kasaï

      The Kasaï region in the Democratic Republic of Congo is struggling to recover from two years of intense conflict. The influx last month of more than 300,000 people from Angola, most of them long-standing migrant workers, has made a fragile humanitarian situation worse.

      Here’s our briefing on the risks for the region and the new challenges for the humanitarian response.
      What happened?

      In attempts to clamp down on what it called illegal diamond mining operations, Angola’s government ordered the expulsion of more than 360,000 Congolese nationals, forcing them to flee in October into the Kasaï region of neighbouring DRC.

      "This new shock is compounding an already dire situation in the same area that was the epicentre of the Kasaï crisis over the last couple of years,” explained Dan Schreiber, head of coordination in Congo for the UN’s emergency aid body, OCHA.

      Congolese migrants and officials said the crackdown was violent, telling Reuters that dozens of people were killed, with the worst attacks occurring in Lucapa in Angola’s diamond-rich Lunda Norte province. Angolan security forces denied the allegations.
      Where did they go?

      Most of those expelled crossed into Kamako in Kasaï province, where aid organisations are responding to the tail-end of the Kamuina Nsapu insurgency that first erupted in 2016. Some of the returnees include refugees who fled violence in Kasaï over the last two years, the Norwegian Refugee Council said.

      The NRC said conditions returnees face in Congo are “shocking”, including the risk of waterborne disease due to ineffective water and sanitation; thousands sleeping outdoors because of insufficient shelter; food prices tripling; and extortion of goods on both sides of the border.

      “Hundreds of thousands of people have been robbed of their right to a dignified existence,” said Ulrika Blom, NRC’s country director in DRC. “This is not a crisis that is about to begin, it is a full-blown emergency.”
      What has the reaction been?

      While local communities have generally been welcoming to the returnees, OCHA’s Schreiber said skirmishes erupted in certain villages, mainly over the strain on limited food resources.

      “Experience in the DRC does show that when you have a large influx of people arriving in an area it can generate tensions between host communities and the people who arrive,” he said.

      Schreiber said OCHA has seen most returnees wanting to move away from the border areas and toward other destinations inland, which could help ease the humanitarian strain in Kasaï, but he also warned that more returnees could arrive from Angola.

      “We don’t expect the first wave to be the last wave,” he said. “Expulsions from Angola are a cyclical phenomena that go all the way back to 2002-2003. It’s not a new phenomenon, but in this case we are seeing a major influx, and clearly the absorption capacity is not there.”
      Why is their arrival in Kasaï in particular such a problem?

      Kasaï was a relatively stable region in an unstable country – one currently dealing with multiple conflicts, an Ebola outbreak in North Kivu province, and one of the world’s most neglected displacement crises.

      The situation in Kasaï changed dramatically in 2016 when conflict erupted between the Kamuina Nsapu anti-government movement and Congolese security forces. The inter-communal clashes spread far and wide, soon engulfing the entire region.

      The conflict escalated in 2017, with massacres and mass graves, as well as general insecurity marked by banditry, and poor harvests that led to food insecurity and malnutrition.

      An estimated 5,000 people have since been killed and more than 1.4 million displaced.

      Toward the end of 2017 and into 2018, the crisis eased slightly, as national authorities regained control over large parts of the region. Despite isolated bouts of violence, aid groups say most militias have been formally disbanded and displaced communities are tentatively returning home.

      “But those returns are accompanied by many needs, because people are returning to burned villages, destroyed homes, and a lot of destruction,” said OCHA’s Schreiber.

      Two years of violence and displacement also mean locals have been unable to grow crops for three seasons, which has led to concerns over malnutrition. “We have really seen food insecurity skyrocket. So even in areas where returns have occurred, humanitarian needs have not come to an end,” Schreiber added.
      What are the risks?

      Although the current influx of people from Angola isn’t directly linked to the Kamuina Nsapu rebellion, aid groups are concerned about the implications of piling one problem on top of another in the same geographic area.

      For the most vulnerable groups, specifically women and children, the challenges that affect those displaced by the insurgency also pose risks for the new returnees from Angola.

      In May for instance, UNICEF reported that 400,000 children were “at risk of death” in the Kasaïs, because of food shortages.

      Yves Willemot, a spokesman for UNICEF in Congo, said the rate of severe acute malnutrition among children living in the region has improved slightly since earlier this year but “remains challenging”.

      “The security situation has clearly improved, but the impact on children is not ending in the short term,” he said.

      Among those newly returned from Angola are 80,000 children. They now are also at risk, forced to walk long distances while exposed to inclement weather, hunger, and the threat of violence. Willemot said basic services are lacking for them, including access to drinking water, schooling, and treatment for diseases like malaria and measles.

      Médecins Sans Frontières is among the NGOs initiating primary healthcare services for the recent arrivals, while also continuing interventions to assist the local population.

      In a recent report, MSF documented alarming levels of rape in the Kasaï region, saying it treated 2,600 victims of sexual violence between May 2017 and September 2018; 80 percent of those interviewed said armed men raped them.

      “The sexual violence committed in Kasaï was perpetrated largely by armed groups against non-armed people,” Philippe Kadima, MSF’s humanitarian advisor for the Great Lakes region, told IRIN. “Although the main conflict is over, we still see some violence happening in Kasaï.”

      For the more than 300,000 returnees, he said there are clear humanitarian concerns, but also the risk of insecurity. “The question is, how do you keep people secure?”

      “Displaced people become vulnerable, so it’s not that different to what the existing IDPs in Kasaï are going through… Security concerns, humanitarian needs, and risks of sexual violence are all factors when people become vulnerable,” he said.
      What about the longer-term challenges?

      Humanitarian needs remain critically underfunded in the Kasai region, said OCHA’s Shreiber, emphasising that beyond the immediate concerns are much broader needs in the region and the DRC as a whole.

      He added that the humanitarian response must help minimise the long-term impact of the crisis on those affected.

      “The longer we remain in this critical phase, the more we can expect to see humanitarian needs spiral out of control,” he said. “The current trigger of new humanitarian needs (the returnees from Angola) may be time-bound, but I think the impact will be lasting.”

      Schreiber said the Kasaï region remains vulnerable because it faces particular challenges, including decades of underdevelopment and inaccessibility as a result of poor road infrastructure, and he urged more development actors to get involved.

      “People in the Kasaïs are eager to rebound, to be back on their feet, and move on. There is no expectation that humanitarian assistance should continue forever in the Kasaï region,” he said. “People want to be autonomous, but what they need is support to build up their resilience and be able to move towards a situation where their most basic needs are met and they are able to think about their futures again.”


      http://www.irinnews.org/news-feature/2018/11/08/briefing-congo-kasai-angola-aid-conflict

    • Les violations des droits humains des migrants africains en Angola

      Les violations des droits humains des migrants africains en Angola

      Depuis un certain moment, la communauté africaine vivant sur le territoire angolais est l’objet de toute sorte de violation de ses droits les plus fondamentaux par les autorités de ce pays. La Charte Africaines des Droits de l’Homme et des Peuples protège les droits des migrants dans tous ses aspects contre les violations des droits et l’Angola est justement membre de l’Union Africaine. Ainsi, ces violations se matérialisent par des arrestations musclées et arbitraires, des emprisonnements dans des conditions inhumaines et dégradantes (art.5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples) de même que les expulsions collectives pourtant interdites par la Charte Africaine dans son article 12.5.

      L’AME est vivement préoccupée par les récentes arrestations, détentions et expulsions des centaines de milliers de migrants africains dont des maliens. Selon des informations recueillies auprès de nos sources sur place, une centaine de maliens sont concernés par cette situation qui évolue et change de jour en jour.

      Nous attirons l’attention de l’Union Africaine et de ses pays membres sur la situation inacceptable que vivent les étrangers sur la terre africaine d’Angola et rappeler que les droits de l’homme sont des droits inaliénables de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, leur lieu de résidence, leur sexe, leur origine ethnique ou nationale, leur couleur, leur religion…

      L’Angola comme la plupart des pays africains s’est engagé à protéger, respecter et réaliser les droits de l’homme, non seulement de ses nationaux, mais de toute personne sous sa juridiction. Dans ce contexte, tous les étrangers se trouvant sur le sol angolais auraient dû bénéficier de la protection des autorités angolaises quelque soient les raisons qu’elles mettent en avant pour justifier ces expulsions.

      L’Organisation des Nations Unies (ONU) n’est pas resté silencieuse comme la plupart des pays africains, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a mis en garde sur les conséquences des expulsions massives de réfugiés depuis l’Angola, au cours des trois dernières semaines de ce mois d’octobre.

      Par ailleurs, le Secrétaire Général des Nations Unies a rappelé le 19 septembre 2017 que : « tout pays a le droit de contrôler ses frontières. Mais cela doit se faire de telle sorte que les droits des personnes ‘en mouvement’ soient protégés ».

      Au regard de tout ce qui vient d’être évoqué :
      1. L’Association Malienne des Expulsés (AME) pour sa part, exhorte le gouvernement Malien à tout mettre en œuvre pour la sécurisation de nos compatriotes et de leurs biens dans les pays d’accueil ;
      2. Appelle le gouvernement à communiquer davantage sur cette situation en donnant beaucoup plus d’informations aux familles des maliens vivants en Angola ;
      3. Encourage le gouvernement de continuer à œuvrer pour le respect des droits des migrants maliens et aussi pour le développement d’une relation franche entre les Etats africains en vue de la réalisation de l’unité africaine comme le prévoit l’article 117 de la Constitution ;
      4. Invite l’Union Africaine à dénoncer et prendre des mesures contre les violations des droits humains dans les pays membres ;
      5. Invite également les Etats membres de l’Union Africaine à renoncer aux expulsions massives des ressortissants d’autres pays africains et à mettre fin sans délais aux opérations actuelles en cour ;
      6. Exhorte l’U.A et les Etats à une plus grande implication des organisations de la société civile aux différents processus pour la gestion de la migration.

      http://www.expulsesmaliens.info/Les-violations-des-droits-humains-des-migrants-africains-en-Angola

  • A la frontière italienne, des #cheminots résistent à la « #chasse_aux_migrants »

    Le rétablissement des contrôles à la frontière italienne tue : cinq morts depuis août 2016, dont un sur la voie ferrée allant de Vintimille à Nice. Dans deux notes, la #SNCF demande aux cheminots de la région Paca de signaler les « groupes » de migrants à bord des trains. Et de réacheminer en Italie les migrants arrêtés dans la journée. Plusieurs agents refusent cette « #délation » et cette « chasse aux migrants ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120117/la-frontiere-italienne-des-cheminots-resistent-la-chasse-aux-migrants?ongl
    #résistance #asile #migrations #solidarité #réfugiés #Italie #France #frontière

  • Un maire se félicite de la chasse aux migrants

    En Hongrie, Laszlo Toroczkai est fier des milices privées arrêtant les réfugiés qui traversent sa commune pour rejoindre l’ouest de l’Europe.


    http://www.lematin.ch/monde/maire-felicite-chasse-migrants/story/16766960
    #asile #migrations #réfugiés #xénophobie #racisme #Hongrie #patrouilles #chasse_aux_migrants #anti-réfugiés #milices #Asotthalom #Europe_centrale

    • *Pig-head propaganda: Hungary’s war on refugees*

      “What crime did we commit for 40 police officers to surround us? It’s like they think we are terrorists or criminals,” 48-year old Khatoon, a Yazidi woman from Iraq who had several family members who were murdered or taken hostage by the jihadist group Isis, told me.

      https://euobserver.com/opinion/134762
      #porc #cochon #islamophobie

    • En #Bulgarie, cette milice secrète à l’accent russe qui #traque les migrants

      La région à cheval entre la Bulgarie et la Turquie est une pièce maîtresse dans le dispositif de sécurité européen. C’est aussi ici qu’opèrent ces milices de volontaires qui font la chasse aux migrants. Reportage au sein de la plus importante – et la plus secrète – d’entre elles.

      Il a fallu montrer patte blanche, argumenter, négocier chaque détail. L’#Union_Vassil_Levski - #BNO_Shipka, organisation paramilitaire et patriotique, n’aime pas les curieux. « Nous sommes les seuls et véritables gardiens de la frontière de l’Europe face à la menace islamiste », nous avait annoncé #Vladimir_Roussev à Varna, principale ville au nord de la mer Noire, où se trouve son QG. Plus connu sous le nom de guerre de « Walter », ce petit homme râblé à la moustache fournie, dirige d’une main de fer l’organisation regroupant essentiellement d’anciens officiers des forces de sécurité du pays et qui affiche, selon lui, pas moins de 800 membres. Lui-même ex-colonel de l’armée de terre, Vladimir a du mal à se défaire du jargon militaire lorsqu’il nous expose ses activités : il y est question de « front » et de « base arrière », de « logistique » et de « chaîne de commandement ». Nous comprenons que la véritable action ne se passe pas à Varna, mais beaucoup plus au sud.

      « #Patrouilleurs volontaires »

      Cap donc sur Bourgas à l’autre bout de la côte, où après plusieurs jours d’attente nous allons enfin recevoir le feu vert de « Walter » pour rejoindre ses miliciens déployés à la frontière turque. Les instructions arrivent la veille, codées : il y est question d’une « randonnée dans la nature ». Le rendez-vous est fixé à Marinka, petit village à la lisière de la Strandja, cette montagne sauvage à cheval entre la Bulgarie et la Turquie. De nouveau l’attente, puis le doute.

      Ces redoutables « patrouilleurs volontaires » qui inondent la Toile de leurs exploits, existent-ils vraiment ? C’est alors que deux voitures, comme sorties de nulle part, nous prennent en sandwich. Un grand gaillard aux cheveux retenus par un catogan en surgit pour nous inviter à les suivre. Nous prenons la direction de Malko Tarnovo, le principal poste-frontière de la région, avant de bifurquer vers la mer, direction le village de Iasna Poliana, nommé d’après la dernière résidence du grand classique russe Tolstoï.

      Le hameau, situé à quelque 30 km de la frontière, est connu pour servir de halte, ou de point de rassemblement, des migrants – ou du moins ceux qui ont réussi à échapper aux checkpoints mis en place par la police. La toponymie du lieu, renvoyant à l’auteur de Guerre et Paix, vient s’ajouter à un autre élément troublant : l’homme qui nous a adressé la parole avait indiscutablement l’accent russe, un accent reconnaissable parmi mille dans ce pays connu pour avoir été le plus fidèle allié de l’Union soviétique.

      Equipement militaire

      Nous quittons la route goudronnée pour nous engager sur une piste qui nous mène encore plus à l’intérieur des terres. Devant une cabane utilisée par les chasseurs, les deux véhicules déversent une demi-douzaine de jeunes avant de repartir. En quelques minutes, ces derniers tronquent leur jean, t-shirt et baskets contre un équipement militaire complet : treillis, bottes, gourde, sac à dos, radio. A cela s’ajoutent de longs couteaux accrochés à leur ceinture, une bombe lacrymogène et un pistolet à air comprimé. Et des cagoules, noires, qu’ils vont enfiler « pour des raisons de sécurité ».

      « Nous ne portons rien d’illégal », précise l’homme à l’accent russe qui est à la fois leur instructeur et leur chef de groupe. Il nous présente les membres de la patrouille par leur nom de code : « Boxeur », « Coq », « Glissière de sécurité », « Ingénieur » et « Astika » (une marque de bière locale) pour la seule femme du groupe. Lui, c’est « Chamane ». Après avoir fait une série de pompes, les membres de la patrouille sont désormais prêts. Ils sont invités à ne pas se montrer « agressifs » envers les migrants mais sont autorisés à « agir selon les circonstances ». « Nous sommes en opération. Ceci n’est pas un entraînement », rappelle « Chamane ».
      « Devenir quasi invisible »

      Les cinq jeunes s’enfoncent dans la forêt, guidés par leur commandant. Ils longent des sentiers, grimpent des collines, enjambent des ravins sans quitter des yeux la forêt : des canettes de Red Bull, des boîtes de cigarettes, des conserves, des bouteilles d’eau ou encore un vêtement abandonné sont des indices qu’ils sont sur la bonne piste. Au passage, « Chamane » leur enseigne comment placer un poste d’observation, traverser à découvert, ramper et se fondre dans la nature. « Le but c’est de voir l’autre avant d’être vu. Devenir quasi invisible, pour avoir l’avantage sur l’ennemi », explique-t-il.

      Vu l’absence de migrants à cette heure de la journée, le groupe va se faire la main sur des bergers, avant d’approcher au plus près une étable, toujours en « mode furtif ». Régulièrement, « Chamane » immobilise le groupe avant d’envoyer l’un de ses membres inspecter les environs pendant que les autres font le guet. « Je leur enseigne les techniques de base des Spetsnaz, les forces spéciales russes, en milieu hostile : renseignement, diversion, dissimulation », reconnaît-il.

      En fait, dans cette patrouille tout est russe : la terminologie, les techniques utilisées et même les cartes – issues de l’état-major soviétique – parce que « celles de l’OTAN sont nulles », s’amuse le mystérieux commandant. Et lui, qui est-il ? D’une prudence de Sioux, le Russe livre très peu de détails sur lui-même : on comprendra qu’il est un vétéran du Caucase du Nord, qu’il a fait la deuxième guerre de Tchétchénie (1999-2000) et qu’il est bien officier, diplômé d’une école militaire. Il explique sa présence ici par ses origines bessarabes, cette ancienne région aujourd’hui partagée entre l’Ukraine et la Moldavie, foyer de nombreux bulgares ethniques qui ont bénéficié d’un « droit au retour » dans leur patrie historique. « La Russie n’a rien à voir dans cette histoire, pour le meilleur comme pour le pire d’ailleurs », tient-il à préciser. « C’est à nous, ici, de faire le boulot. Pratiquement à mains nues. »
      « Effet de surprise »

      On l’aura compris, pour « Chamane » et ses camarades l’ennemi ce sont bien les migrants. « Il s’agit à 90% des combattants étrangers, avec une hiérarchie et de réflexes de guerriers », croient-ils savoir en soulignant qu’ils ne croisent ici, dans cette région présentée comme une bifurcation de la fameuse « route balkanique », que des groupes de jeunes Afghans. Tous des hommes, avec dans leur sillage des Pakistanais, des Irakiens et, parfois, des Iraniens. Ils affirment en appréhender plusieurs par semaine, qu’ils remettent aux gardes-frontières. « On évalue d’abord la taille, puis la dangerosité du groupe avant de surgir du bois. Le plus souvent l’effet de surprise est tel que les intrus se laissent faire », poursuit « Chamane ».

      « Nous ne sommes pas des chasseurs de migrants, mais des citoyens responsables ! », met en garde depuis Varna Vladimir Roussev. A Sofia, plusieurs voix se sont élevées contre les activités de son organisation, certains demandant au contre-espionnage bulgare d’enquêter sur la présence de ces instructeurs russes qu’ils ont comparé aux « petits hommes verts » de Vladimir Poutine, les commandos sans signes distinctifs envoyés en Ukraine. En juin dernier, le Comité Helsinki pour la défense des droits de l’homme a demandé au Parquet d’interdire les activités de l’organisation paramilitaire, jugées anticonstitutionnelles et dangereuses. « Ces idiots ne savent pas qu’ils sont, eux aussi, sur la liste des hommes à abattre des combattants de Daech [Etat islamique]. Juste après les notables juifs », dit encore « Walter » en insistant lourdement sur le dernier point. Là aussi, on l’aura compris.

      https://www.letemps.ch/monde/bulgarie-cette-milice-secrete-laccent-russe-traque-migrants

      #Bulgarie #milices #asile #migrations #réfugiés #anti-réfugiés #xénophobie #racisme

    • "Cacciatori di migranti" in Bulgaria, stasera il reportage del TG1 insieme all’Osservatorio

      Ai confini esterni dell’Unione europea, alla frontiera tra Bulgaria e Turchia, gruppi di autoproclamanti “difensori dell’Europa” pattugliano i boschi alla ricerca di migranti che tentano di entrare nel paese, per poi proseguire lungo la “rotta balcanica” verso i paesi ricchi dell’UE.

      http://www.balcanicaucaso.org/aree/Bulgaria/Cacciatori-di-migranti-in-Bulgaria-stasera-il-reportage-del-TG1-insi

    • Bulgaria, ronde anti-immigranti sul confine con la Turchia

      Difendere Bulgaria ed UE dall’“invasione” dei migranti: in Bulgaria vari gruppi di auto-proclamati “patrioti” pattugliano il confine con la Turchia e il governo lascia fare

      http://www.balcanicaucaso.org/Media/Multimedia/Bulgaria-ronde-anti-immigranti-sul-confine-con-la-Turchia
      Existe aussi en anglais :
      http://www.balcanicaucaso.org/eng/Media/Multimedia/Bulgaria-anti-immigrant-patrols-at-the-border-with-Turkey

    • Bulgarie : #Petar_Nizamov, le « chasseur de réfugiés », a été acquitté

      Petar Nizamov, l’un des chefs des « milices anti-migrants », était assigné à résidence depuis la diffusion en avril 2016 d’une vidéo où on le voyait arrêter manu militari trois Afghans. La justice bulgare vient de le blanchir de toutes les accusations qui portaient contre lui.


      http://www.courrierdesbalkans.fr/Bulgarie-Petar-Nizamov-le-chasseur-de-refugies-a-ete-acquitte-par

    • Bulgarian Vigilantes Patrol Turkey Border to Keep Migrants Out

      Figures in camouflage and ski masks gather at a fishing lodge. Many are armed with long knives, bayonets and hatchets.

      The 35 men and women are on the hunt in Strandzha Massif, a forested mountain range on Bulgaria’s border with Turkey. Migrants trying to cross into Europe are their prey.

      http://www.nbcnews.com/storyline/europes-border-crisis/bulgarian-vigilantes-patrol-turkey-border-keep-migrants-out-n723481

    • Ceux qui disent « halte » aux migrants

      La frontière turco-bulgare, aux marches de l’Europe, est la nouvelle route utilisée par les passeurs de migrants. En Bulgarie, pour stopper cet afflux de clandestins, une unité de volontaires, encadrée par des vétérans de l’armée, s’organise pour faire le travail de la police.


      http://www.lefigaro.fr/international/2017/12/08/01003-20171208ARTFIG00028-en-bulgarie-avec-ceux-qui-disent-halte-aux-migran

    • Dutch #Pegida leader and expelled German deputy hunt migrants on Bulgaria border

      The former frontwoman of Germany’s Pegida anti-Muslim movement and a leader of its Dutch offshoot have travelled to Bulgaria to hunt down migrants attempting to cross the border from Turkey, it has emerged.


      http://www.telegraph.co.uk/news/2016/07/04/pegida-pair-hunt-migrants-with-vigilantes-on-bulgaria-border

    • Human rights experts: Unchecked atmosphere of anti-migrant discourse results in abuses

      They call them “migrant hunters” or “citizen protection” organizations. They are volunteers, whose self-appointed job is to patrol Bulgaria’s border with Turkey, seeking out people trying to cross. - See more at: http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/MigrationXenophobiaRacisminBulgaria.aspx?platform=hootsuite#sthash.8B8AouOl.d

      http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/MigrationXenophobiaRacisminBulgaria.aspx?platform=hootsuite
      #hongrie #asile #migrations #réfugiés #xénophobie

    • Bulgarian Vigilantes Patrol Turkey Border to Keep Migrants Out

      Figures in camouflage and ski masks gather at a fishing lodge. Many are armed with long knives, bayonets and hatchets.

      The 35 men and women are on the hunt in Strandzha Massif, a forested mountain range on Bulgaria’s border with Turkey. Migrants trying to cross into Europe are their prey.

      Patches on their irregular uniforms — a coat of arms bearing a snarling wolf’s head framed by Cyrillic text — proclaim them to be members of the Bulgarian National Movement Shipka, abbreviated in Bulgarian as “BNO Shipka.”

      Members of the paramilitary organization form into ranks as their leader, Vladimir Rusev, speaks. A former colonel who says he fought in Chechnya as a volunteer alongside Russians, Rusev declares his support for a man they admire: President Donald Trump.

      “The CIA is trying to undermine Trump,” said Rusev, a compact 58-year-old with a neat mustache and short-cropped hair. “They want to destroy him. We offer our support to him.”

      Trump’s hard-line stance on immigration and vocal criticism of Islam finds an appreciative audience here.

      Most BNO Shipka members are friendly, courteous and open. The organization’s website projects a different message: slick videos replete with firearms and military training, and declarations that Europe must be defended against Islam.

      Rusev claims they have as many as 50,000 members, although NBC News was unable to verify this number.

      “I’m not nationalistic or anything like that. I’m just a patriot,” said Nikolai Ivanov, a 34-year-old who was one of the group’s founding members in 2014.

      “Many of these immigrants are not just some guys who are trying to run away from war. They are from age 17 to 35, with good physiques and training,” Ivanov added. “It’s not a problem that they are Muslims. The problem is it’s a different civilization. They don’t think like us, they have a totally different view about life, about everything.”

      While the group has been criticized by human rights advocates, it isn’t hard to find people who agree with Ivanov’s views in Bulgaria. The head of the country’s border police praised a nationalist volunteer group for intercepting migrants in April.
      Rust Belt of the Balkans

      Bulgaria occupies a place at the seams. Looking east, this Eastern Orthodox crossroads shares a traditional alliance with Russia. To the south is Turkey, once home to a Muslim empire that for centuries dominated the region. The European Union, with liberal values and a promise of wealth, lies to the west.

      Since the end of the Cold War, Bulgaria has firmly embraced the West — joining NATO in 2004 and the EU in 2007. But the rapid rise in living standards for its seven million citizens stalled during the financial crisis of 2007-2008. Now, average annual income remains the lowest in the EU, even when measured by purchasing power.

      In the Soviet era, heavy industry and chemical production dominated the economy. Now, abandoned factories litter a landscape replete with decaying smokestacks and depopulated villages.

      On top of this, Bulgaria has become a major overland route as Europe grapples with a migration crisis due to its borders with Turkey, Greece, Macedonia, Serbia and Romania.

      According to Eurostat, 20,165 people applied for asylum in Bulgaria in 2015, the most recent year for which firm numbers were available. This was a fraction of the around 1.2 million who claimed asylum in the EU that year, more than three quarters of whom were from majority Muslim countries.

      Although only a handful of Europe-bound migrants have settled in Bulgaria, concern about the newcomers resonates in a country that was dominated for centuries by the Ottoman Turks.

      Ivanov believes the refugee crisis was part of a plan in which ISIS militants would slip into the country and attack. Then, neighboring Turkey would deploy troops to Bulgaria under the auspices of the NATO alliance, he said, effectively reclaiming a portion of the lost Ottoman Empire.

      Conspiracy theories like this abound among BNO Shipka members, some of whom make a point of speaking Russian. Their affinity for Moscow is perhaps understandable in the context of Bulgaria’s unhappy history with its Muslim-majority neighbor. Shipka, after all, refers to a battle in which a Russo-Bulgarian force defeated the Ottoman Turks in 1877.

      Bulgaria’s weak economy and status outside the borderless Schengen area means most migrants aim for Greece as a gateway to more prosperous countries further west.

      So the “refugee situation here is not that serious,” said Krassimir Kanev, a founder of the human rights group Bulgarian Helsinki Committee. "Bulgaria is a transit country, the refugees want to move to [other] EU countries.”

      However, Bulgaria “registered 31,281 new arrivals in 2015, which represents 89.3 percent of all land arrivals in the EU for the same year,” according to a report by Radoslav Stamenkov, the head of the Bulgaria office at the International Organization for Migration. The “migration shock” that began in 2013 created social tensions “in a country that had a very limited experience of receiving migrants,” Stamenkov wrote.

      Kanev sees BNO Shipka and similar groups as xenophobic nationalists at best, or at worst, violent and racist extremists. In October 2015, an Afghan migrant was shot and killed when he tried to cross into Bulgaria. In November, protests by locals over rumors of disease forced the temporary closure of the country’s largest refugee camp and led to riots.

      “There are ongoing criminal proceedings against a number of these groups,” Kanev said. Bulgarian vigilantes have detained migrants and tied them up, sometimes beating and humiliating them before forcing them back across the border, he added.

      Asked for its position on vigilante groups, Bulgaria’s Interior Ministry did not respond.
      Jokes and Cigarettes

      Back in the forests of the Strandzha Massif, BNO Shipka is going out on patrol. In bitter cold and with snow on the ground, this isn’t the high season for refugees crossing from Turkey. Some still try.

      After a series of short speeches by leaders, members gear up and head toward the border. But the presence of a large group of people in ski masks and military regalia dashing from cover to cover in view of the highway attracts the attention of local authorities.

      Two border police officers, accompanied by several soldiers armed with assault rifles, drive up in four-by-fours and ask for an explanation. They seem less concerned than confused. Most BNO Shipka members wear Bulgarian military fatigues from their own service so the groups merge, trading jokes and cigarettes. Only the slung rifles indicate who is an active soldier and who is a vigilante.

      The authorities seem unsure what to do, particularly with members of the media present.

      A BNO Shipka squad leader informs journalists that police are letting them continue, but the training mission has been completed and the team will return to the fishing lodge. As the group marches back, police follow them having called in reinforcements.

      No one is detained or questioned further, but police return the following day.

      Undeterred, BNO Shipka members record a video message to Trump. They put on snow camouflage oversuits and sneak around police stationed at the road leading to the lodge.

      Asked if he is afraid Bulgaria is losing its identity, founding member Ivanov nods. "If we don’t do something soon,” he said. “It’s not just Bulgaria, but all of Europe.”

      BNO Shipka didn’t catch any migrants this time. Still, they intend to keep looking.


      https://www.nbcnews.com/storyline/europes-border-crisis/bulgarian-vigilantes-patrol-turkey-border-keep-migrants-out-n723481

  • Vigilantes Patrol Parts of Europe Where Few Migrants Set Foot

    BRATISLAVA, Slovakia — The People’s Party-Our Slovakia, after months of stirring up fears about foreigners and Muslim migrants, decided to take action: This spring, the group’s leader proudly stood in front of the main railway station in #Zvolen, Slovakia, and announced that a new group of volunteers would begin patrolling passenger trains to keep the “decent citizens” of Slovakia safe from criminals and minorities.


    http://www.nytimes.com/2016/06/11/world/europe/vigilante-patrols-in-parts-of-europe-where-few-migrants-set-foot.html?ref=w
    #Slovaquie #asile #migrations #réfugiés #xénophobie #racisme #islamophobie #patrouilles #chasse_aux_migrants #anti-réfugiés #milices

    • Anti-migrant militias spring up in central Europe

      Czech and Slovenian authorities have voiced alarm over the emergence of armed anti-migrant militias in the two central European countries.

      The concerns come after revelations of a paramilitary base, with tanks and armoured personnel carriers, used by a biker gang with Kremlin ties in Slovakia.

      The Czech intelligence service, the BIS, voiced its worries about a group that calls itself the National Home Guard in a classified report seen by Czech daily Mlada Fronta Dnes.

      “Parts of this group have begun to adopt the concept of armed groups. Due to the fact that some of the members are strongly xenophobic, racist, and completely reject the orientations of Czech internal and foreign policy, they could pose a significant [security] risk,” the BIS report said.

      The home guard groups, which have up to 2,500 members in 90 national branches, patrol the streets of some small Czech towns, such as Nymburk, 50km west of Prague, looking for irregular migrants.

      They appear to have links with local police and have political support from National Democracy, a fringe far-right party.

      They also have ideological leaders, such as David Buchtel, a Czech academic and National Democracy member, who publishes leaflets saying that Nato plans to “occupy” the Czech Republic and force it to take in migrants.

      The Czech foreign ministry has said the groups pose a risk of violent protests, such as the recent anti-migrant riots in the town of Chemnitz, Germany.
      PRESENTED BY CECE

      Andor Sandor, the former chief of Czech military intelligence, the VZ, told Radio Prague, that even if it does not come to that, their day-to-day activities pose a threat to the Czech political landscape.

      “This could stem from the view, that the European Union is not able to manage the migration crisis. People who believe that neither the state nor Europe can manage this [crisis], will take matters into their own hands to protect their families and their property,” he said.

      The Czech worries surfaced a few days after a social media stunt by Andrej Sisko, a far-right politician, which caused alarm in Slovenia.

      Sisko posted a Facebook video of himself with a group of some 70 masked men armed with machine guns in the Slovenian countryside.

      The group, called the Stajerska Guard, was filmed taking an oath to secure public order in the country. It numbers several hundred people in total, the Reuters news agency said.

      “We are doing nothing wrong and we would be even interested in co-operating with the police,” Sisko said, in an echo of the Czech home guard’s modus operandi.

      His political party, the anti-migrant United Slovenia Movement, has also vowed to protect the county’s ethnic identity.

      Borut Pahor, the Slovenian president, said: “Slovenia is a safe country in which no unauthorised person needs or is allowed to ... illegally care for the security of the country and its borders”.

      The creation of the Stajerska Guard was “absolutely unacceptable” and it “needlessly stirs up fear and spreads hatred”, outgoing Slovenian prime minister Miro Cerar said.

      Earlier in July, Slovakia was also put an alert when journalists filmed a paramilitary compound in Dolna Krupa, a town some 50km north of Bratislava.

      The base, a former pig farm, is used by the Night Wolves, a biker gang and by two far-right militias called the Slovak Levies and NV Europa, the BBC reported at the time.

      It contained a shooting range and tanks and armoured personnel carriers that had been supplied by a military vehicle museum.

      The revelations were “disturbing” and the groups’ influence was “harmful, especially in spreading their opinions that strive to rewrite history”, a Slovak foreign ministry spokesman said.

      The Night Wolves gang has well known links to the Kremlin.

      The other paramilitary groups and their political supporters also repeat Russian propaganda lines on migrants and EU failures, but neither the Czech or Slovene authorities spoke of Russian involvement in their activities.

      The notion of a ’migrant invasion’ in central Europe is not borne out by facts.

      The Czech Republic took in 12 migrants from Greece and Italy under an EU scheme and granted asylum to just 145 people last year.

      Slovenia granted asylum to 152 people last year.

      Slovakia has boycotted the EU scheme, along with Hungary and Poland, and had juts 56 applications for asylum as of June this year.

      But the Czech intelligence assessment that the home guard group “completely [rejected] the orientations of Czech internal and foreign policy,” was also open to question.

      Czech prime minister Andrej Babis has vowed to join an anti-migrant political axis in Europe alongside Hungary and Italy’s far-right leaders.

      Meanwhile, anti-migrant rhetoric by leading politicians has become a mainstay in Slovakia and Slovenia, where the far-right Slovenian Democratic Party became the biggest one in June elections, but failed to find coalition partners to form a government.

      https://euobserver.com/justice/142739

      #Europe_centrale