• Désescalade énergétique • Player • PCA – STREAM
    https://www.pca-stream.com/fr/player/desescalade-energetique-178?mc_cid=78156d3629

    Comment les territoires font-ils face à la réduction de leur puissance énergétique ? À l’occasion de la journée d’étude Désescalade Énergétique, organisée à l’agence par le groupe de travail Ville et Energie du Labex Futurs Urbains, cinq chercheurs et chercheuses présentent leurs travaux. Beyrouth, passage du cyclone Irma sur l’Ile de Saint-Denis [en fait c’est Saint Martin], gestion des ressources au Moyen-Âge, choc pétrolier de 1973, et crise environnementale actuelle : tour d’horizons.

    J’ai participé en juillet 2024 à cette rencontre dont ce podcast offre un résumé. Mon intervention est la première, à partir de 2’40’’
    #énergie #désescalade #effondrement #transition #reconfiguration des circuits et de la #consommation énergétique
    #Liban #Saint-Martin #chauffage_urbain #Moyen_Age

  • a remonté ses chaussettes jusque sous les seins, noué sa culotte en laine de verre par-dessus la tête et rabaissé son bonnet au niveau des genoux : la température dans la thébaïde est de moins cent degrés Celsius alors la dictateuse HIBERNE, ce n’est donc pas sûr du tout que vous aurez le moindre dazibao aujourd’hui.

    SCORE FINAL : Frimas 1 – Dictatature du punkàchiennariat 0

  • Heating people, not spaces

    These days, we provide thermal comfort in winter by heating the entire air volume in a room or building, an approach that consumes a lot of fossil fuels. In this series of articles, LOW←TECH MAGAZINE focuses on our forebear’s concept of heating, which was more localized. They used radiant heat sources that warmed only certain parts of a room, creating micro-climates of comfort, and they used personal heating sources that warmed specific body parts. It would make a lot of sense to restore this old way of warming, especially since newer technology has made it much more practical, safe, and efficient. By placing heating technology in a historical context, LOW←TECH MAGAZINE challenges the high-tech approach to sustainability and highlights the possibilities of alternative solutions.

    Contents table:
    Restoring the Old Way of Warming: Heating People, not Spaces
    Insulation: First the Body, then the Home
    The Revenge of the Hot Water Bottle
    Energy Labels Oblige Frugal Homeowners to Make Unsustainable Investments
    How to Keep Warm in a Cool House
    Sunbathing in the Living Room: Tile Stoves and Other Radiant Heating Systems
    Heat Storage Hypocausts: Air Heating in the Middle Ages
    The Revenge of the Circulating Fan

    https://www.lulu.com/shop/kris-de-decker/heating-people-not-spaces/paperback/product-zm52en6.html

    #chauffer_le_corps_et_pas_l'espace #heating_people_not_space #espace #chauffage #corps #law_tech #livre #bouillotte #chauffer #efficacité

    C’est mon crédo depuis l’année passée : #laine et bouillotte...

  • Interdiction des chaudières à gaz - L’UFC-Que Choisir dénonce un projet lacunaire, au bilan environnemental incertain, et potentiellement très coûteux pour les consommateurs - Action UFC-Que Choisir - UFC-Que Choisir
    https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-interdiction-des-chaudieres-a-gaz-l-ufc-que-chois

    L’UFC-Que Choisir ne peut que déplorer un simulacre de concertation. D’une part car au mépris des réponses qui seront apportées, la Première ministre s’est déjà prononcée pour une fin de la commercialisation de nouvelles chaudières à gaz dès 2026 (3). D’autre part, cette concertation appelle les parties prenantes à se positionner sur un calendrier de fin de commercialisation sans fournir aucune évaluation complète de l’impact environnemental d’une telle mesure. En effet, RTE ne publiera qu’en septembre, soit après la fin de la concertation, une étude visant à « évaluer correctement les nouveaux besoins d’électricité » notamment au regard des objectifs de décarbonation du bâtiment (4).

    • [Un point de vue d’ingénieur] Energie : « L’interdiction des chaudières à gaz peut avoir un impact positif »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/27/energie-l-interdiction-des-chaudieres-a-gaz-peut-avoir-un-impact-positif_618

      Plusieurs pays, régions et villes européennes ont déjà pris ce virage et annoncé des mesures d’interdiction des chaudières au gaz et au fioul, y compris en des lieux où les ventes de chaudières à gaz restent plus dynamiques que chez nous. Selon nos calculs, 6,5 chaudières à gaz ont été vendues pour mille habitants en 2022 en France, contre 8,4 en Allemagne et 25,7 aux Pays-Bas. Or, ces deux pays sont parmi ceux qui viennent d’interdire la vente de nouvelles chaudières à gaz individuelles à un horizon rapproché.

      Bien plus que les convecteurs, ce sont les pompes à chaleur électriques qui sont les solutions de chauffage les plus efficaces d’un point de vue énergétique, et les plus économiques à l’usage. Elles remplaceront les chaudières à gaz dans les maisons individuelles. Le mouvement est d’ailleurs largement amorcé. Les ventes connaissent une croissance spectaculaire, notamment celles des pompes à chaleur air-eau, qui peuvent se substituer simplement aux chaudières à gaz et se greffer sur les circuits d’eau et radiateurs préexistants.

      En France, leurs ventes ont presque doublé depuis 2020, pour atteindre 350 000 unités vendues en 2022.
      [...]

      Dernier reproche souvent adressé aux pompes à chaleur : leur prix. Plus élevé que celui des chaudières à gaz, il peut en effet constituer un frein à l’adoption. Mais les chiffres récemment cités dans des médias français, qui évoquent des montants pouvant atteindre 20 000 euros, ne sont pas du tout représentatifs.
      En France, le prix moyen pour un équipement de 8 kilowatts, une puissance classique pour une rénovation, était en 2021 de 8 900 euros, plus 1 800 euros de pose. En outre, les aides publiques sont généreuses, pouvant aller jusqu’à 9 000 euros pour les ménages les plus modestes, et les économies d’énergie permettent un retour sur investissement rapide.
      https://justpaste.it/8vscs

      #chauffage #chaudières_à_gaz #énergie #pompes_à_chaleur

    • Dans les immeubles collectifs, mettre une pompe à chaleur est galère. Certains y passent, parce qu’ils veulent la climatisation, et décident donc de prendre de la place sur leur balcon. Ils en profitent parfois pour en choisir une réversible, avec pompe à chaleur intégrée. Mais ça ne chauffe en général qu’une partie de l’appartement, la balcon étant rarement à proximité du point de raccordement de la circulation d’eau.

      In fine, tout cela va créer un abandon des canalisations de gaz. Et quand on sait ce que ça coûte de les entretenir, on se dit que tout abandonner maintenant signifie abandonner pour toujours. On te parle de mix énergétique, de résilience, de choix. Et on se coupe le bras en provoquant la destruction des infrastructures d’une des énergies les plus efficaces (relativement à la problématique du CO2 par rapport aux autres énergies fossiles). Parce qu’on te dit que les prochains EPR seront près dès demain et que le nucléaire va tous nous sauver. Y-a-t-il des gens qui ont remarqué que le Niger allait peut-être cesser de nous alimenter en Uranium à plus ou moins courte échéance ?

      Bref, comme Cortés, on brûle nos vaisseaux, pour limiter les alternatives.

    • Je veux dire : oui, arrêter toutes les énergies fossiles, ce serait cool.

      Mais là, ce n’est pas l’objectif ou alors, ils se disent que les lobbies y sont moins présents, et que ça va pouvoir passer. Les avions volent toujours, en toujours plus grand nombre, mais de toute évidence, les lobbys patronaux y sont puissants. Les bateaux flottent toujours, en toujours plus grand nombre. Les camions aussi, et on est encore fort loin de les alimenter en hydrogène, tellement le coût de l’hydrogène est élevé. Les trains, on continue de les démanteler et d’en limiter l’accès, alors même qu’on pourrait les faire rouler à l’hydrogène... mais on préfère mettre des caténaires pour les camions...

      Et donc les chaudières à gaz, qui sont plutôt efficientes, on va te me les interdire, et emmerder des gens qui n’ont rien demandé, et qui vont se retrouver à devoir pleurer auprès de leur proprio pour avoir qq chose qui fonctionne dans des lieux où il n’a jamais été anticipé qu’on devrait mettre un bloc de pompe à chaleur par appartement.

    • La pompe à chaleur est-elle adaptée aux immeubles collectifs ?
      https://www.climamaison.com/tendance/la-pompe-a-chaleur-pour-un-immeuble-collectif.htm

      L’installation de PAC est contrainte par un certain nombre d’éléments comme :

      – L’espace disponible pour la pose, notamment avec un local technique (ancienne chaufferie, ou en terrasse) et la place nécessaire en extérieur pour le ou les modules externes
      – L’isolation thermique du bâtiment : il est obligatoire, pour faire installer ce type de chauffage que le DPE ne classe pas la copropriété en E, F ou G. Des travaux de rénovation énergétique devront être envisagés au préalable pour forcer l’isolation thermique et la sobriété énergétique naturelle du bâtiment.
      – Que les lots soient équipés ou qu’il faille les équiper de radiateurs basse température, émetteurs uniquement compatibles avec les PAC standards sauf à passer avec des pompes à chaleur dites hautes températures.
      – La PAC peut aussi entraîner des nuisances sonores : il est important de connaître les règles d’urbanisme en la matière et de parer aux émissions de bruit en direct avec des protections et murs anti-bruit.
      – En cas de pose de split en extérieur appartement par appartement, solution multi-PAC air-air, ce qui modifie l’aspect de la façade du bâtiment, il est nécessaire d’obtenir au préalable une déclaration de travaux auprès de la mairie, sans quoi les travaux d’installation ne peuvent pas être déclenchés.

      Enfin, pour installer une PAC dans un immeuble collectif, il est obligatoire d’obtenir l’accord de la copropriété. Pour ce faire, il est donc nécessaire de mettre le point à l’ordre du jour d’une assemblée générale. La majorité de l’article 25 devra alors être respectée. C’est donc la majorité absolue des copropriétaires présents, absents et représentés qui sera alors indispensable.

    • Nombre de logements individuels et collectifs en France au 1er janvier 2022
      https://fr.statista.com/statistiques/486287/logements-individuels-collectifs-france

      Cette statistique présente le nombre de logements individuels et collectifs en France au 1er janvier 2022, en milliers. À cette date, sur un total d’environ 36,6 millions de logements en France métropolitaine, plus de 20 millions étaient des logements individuels.

      #géothermie ici, non pas des centrales (et leurs nuisances) mais du décentralisé. la proportion de logements individuels raccordés au gaz est trés probablement bien plus faible que dans les logements collectifs, où cela tend déjà à disparaître
      perso, j’ai bataillé pour que le probloc foute pas tout (eau chaude, cuisson) en électrique dans l’appart où je vis, sauf la chaudière à gaz qu’il a choisi d’installer pour le chauffage de l’immeuble, sans même isoler - malgré les subs ! - le toit sous lequel je vis (un four l’été)

      edit un biais, il y a des pays avec de très fortes ressources en électricité hydraulique (au Québec, par exemple, ce qui n’est pas sans poser d’autres problèmes), on peut (pourrait) imaginer de coincer au max les avions, les camions, les bagneules, et de ne pas s’appuyer sur des grosses installations centralisées (avec la déperdition électrique que celui induit) sans faire des EPR pour chaque bassin de population ! pour réduire drastiquement la conso d’énergie fossile productrice de gaz à effet de serre. et peut-être même le doit on (ce dont se fout ce gvt comme les autres)

  • Les États membres de l’UE utilisent le bois de chauffage pour gonfler leurs statistiques sur les énergies renouvelables
    https://www.euractiv.fr/section/energie/news/les-etats-membres-de-lue-utilisent-le-bois-de-chauffage-pour-gonfler-leurs-

    Selon M. Rosenow, environ 30 % de l’énergie contenue dans une bûche de bois est réellement transformée en chaleur utilisable lorsqu’elle est brûlée dans un foyer, tandis que les 70 % restants sont simplement perdus et « partent dans votre cheminée ». Toutefois, cela ne se reflète pas dans les statistiques officielles de l’UE, qui considèrent que 100 % de la biomasse est brûlée de manière efficace.

    Les autres technologies de chauffage renouvelables, comme les pompes à chaleur, qui fonctionnent à l’électricité, sont quant à elles évaluées selon un critère différent : la quantité de chaleur délivrée, ou énergie utile.

    Selon M. Rosenow, il en résulte que le chauffage à base de biomasse semble disproportionnellement plus important dans les rapports statistiques officiels de l’UE qu’il ne l’est réellement.

    [...] Pire encore, cette faille statistique incite les États membres de l’UE à encourager le chauffage au bois comme source d’énergie pour atteindre leurs objectifs en matière d’énergies renouvelables, affirme M. Rosenow.

    « Selon la directive sur les énergies renouvelables, plus vous brûlez de biomasse, plus vous atteignez vos objectifs », explique-t-il.

    [...] La consommation d’énergie de la biomasse a plus que doublé dans l’UE depuis 1990, et les chercheurs ont remarqué que la plus forte hausse a eu lieu à partir de 2002, lorsque l’UE a publié sa première directive incluant la biomasse dans les énergies renouvelables.

    Pour les auteurs de l’étude, les politiques de l’UE en matière de biomasse doivent être modifiées de toute urgence afin d’arrêter la disparition des puits de carbone que représentent les forêts européennes et de contenir le réchauffement de la planète.

    [...] Jan Rosenow estime que les réticences au changement sont également dues à la résistance des pays nordiques et de l’Autriche, qui sont parvenus à une part élevée d’énergie renouvelable grâce à la biomasse.

    Un changement de méthodologie « les ferait paraître beaucoup moins performants », a-t-il déclaré. « Et cela constitue une pierre d’achoppement importante dans cette discussion. »

    #biomasse #bois #chauffage #énergie #union_européenne

  • Quelles sont les villes françaises les plus consommatrices d’électricité ? – Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/quelles-sont-les-villes-les-plus-consommatrices-delectricite-20221206_ZBR

    les villes et les départements les plus consommateurs d’électricité par habitant sont situés dans le sud et l’ouest de la France, alors même qu’Aix-en-Provence, Bordeaux et Nice, les trois villes de plus de 100 000 habitants en tête du palmarès, ne sont pas réputées pour la rigueur de leurs hivers. A l’inverse, les villes de Saint-Etienne et de Mulhouse, largement exposés au froid hivernal, font partie des « grandes villes » les plus sobres du pays. En regardant le classement des 116 villes les plus peuplées de France (et non plus seulement celles comptant plus de 100 000 habitants), on retrouve cette partition entre le Sud et le Nord. Les cinq villes les plus consommatrices sont Fréjus, Cannes, Antibes, Montauban et Narbonne. Les cinq villes les moins consommatrices étant Nanterre, Belfort, Aubervilliers, Bobigny et Créteil.
    [...]
    seule [la] consommation d’électricité du secteur résidentiel (donc des logements des particuliers) a été prise en compte. A noter aussi qu’il s’agit de la consommation sur toute l’année, intégrant donc aussi bien l’été que l’hiver.

    Le premier facteur d’explication des résultats est le mode de chauffage. Si le chauffage du logement se fait au gaz, au fioul ou au bois, la consommation électrique liée est nulle - alors même que le chauffage représente 66 % de la consommation énergétique d’un logement, selon l’Ademe. Or, le mode de chauffage des bâtiments recoupe globalement la carte de Up Energies : selon une étude commandée par Butagaz et le Synasav (Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique), les bâtiments des régions des façades atlantique et méditerranéenne du pays (bureaux inclus) se chauffaient à 39 % ou plus à l’électricité, contre seulement 21 % dans le Grand Est ou 26 % dans les Hauts-de-France.

    L’autre facteur explicatif majeur tiendrait à la qualité de l’isolation. « Les résidences dans le Sud ne se sont pas focalisées sur la qualité de l’isolation, alors que les maisons dans le Nord gardent plus la chaleur », explique Alexis Beaumont, citant notamment la finesse des murs, l’impact du vent ou la présence de nombreux chauffages d’appoint électriques. La climatisation, à laquelle les habitants de villes du sud de la France ont davantage recours est-elle aussi un facteur d’explication ? « L’impact de la climatisation (plus important dans le Sud, ndlr) existe, mais n’explique pas une telle disparité », ajoute-t-il.

    Ajoutons enfin que la dimension sociale s’ajoute évidemment à ces facteurs géographiques, la consommation électrique étant fortement indexée au niveau des revenus des ménages. Ce qui explique aussi qu’on retrouve des villes « pauvres » au bas du classement, et des villes « riches » à son sommet.

    #électricité #énergie #chauffage #sobriété #inégalités_sociales #isolation

    • #climatisation certainement, mais cela recoupe ce facteur clé : la propension à consommer davantage d’une #classe_sociale,
      comme le montre cette carte, ce sont les logements les mieux construits et les mieux isolés, les logements de ceux qui skient, qui consomment allègrement le plus

      En 2020, la consommation par habitant dans le 16e arrondissement était de plus de 10 000 kwh contre moins de 2 000 khw dans le 19e. Apur

      #Versaillais #écologie #riches #bourgeoisie

    • Il y a une ruée vers les pompes à chaleur dans mon entourage proche. Aide de l’état oblige, certains en profitent, non sans avoir été encouragés de manières trompeuses, pour se reconvertir vers ce mode de chauffage. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que, plus la températures extérieure baisse, plus le rendement (COP) de ces pompes à chaleur fonctionnant par aérothermie diminue. Si la température passe en dessous de 0°C, le compresseur qui capte les calories de l’air est obligé de passer en mode dégivrage. Ce qui a pour conséquence d’augmenter fortement la consommation électrique. Et là, le COP peut même devenir négatif !

      https://www.quelleenergie.fr/magazine/pompe-chaleur-efficace-zero

      Le COP ou coefficient de performance d’une pompe à chaleur est un multiple de la puissance électrique consommée. Il détermine la quantité de chaleur produite à partir d’une quantité d’électricité donnée. Plus le chiffre est élevé, plus le système est performant. Exemple : avec un COP de 3, une pompe à chaleur consommera 3 fois moins d’énergie électrique qu’un équipement conventionnel de chauffage électrique direct (convecteur, grille-pain etc.). Ce qui ouvre a priori de substantielles économies par rapport à un mode de chauffage tout électrique.
      Il faut toutefois se garder d’extrapoler trop rapidement le COP nominal d’un appareil avec la consommation réelle d’un logement. En effet, le COP machine d’une pompe à chaleur, ou COP conventionnel, est mesuré par le constructeur entre de 7°C et 35°C. Cet indicateur permet de distinguer les appareils entre eux mais en aucun cas d’estimer la performance en situation réelle. Le COP saisonnier ou annuel de l’appareil, et a fortiori de l’ensemble de l’installation de chauffage (production, distribution, émission et régulation) dépendra, en effet, du climat tout au long de la saison considérée, mais surtout des conditions d’utilisation : écart de température entre sources, régime de fonctionnement de l’appareil tout au long de la période de chauffe.
      Le COP, ensuite, est d’autant plus élevé que l’écart de température entre sources sera faible, en vertu d’un principe physique indépassable. Quelle que soit la machine, la performance sera moins élevée si l’écart de température entre sources augmente. Ainsi il sera bien plus avantageux d’alimenter un plancher chauffant à basse température (25°C) qu’un réseau de radiateurs traditionnel à 60°C.

      En fait, on en revient toujours au même problème, plus la température baisse, plus tu consommes d’électricité. Sans compter que dans mon bled, le parc immobilier est vétuste et les bâtiments très mal isolés. Donc privilégier les travaux d’isolation avant de changer son système de chauffage. Mais ça, les arnaqueurs qui viennent démarcher les personnes âgées ne le disent pas.
      La transition énergétique ? Un système pyramidal soutenu par de l’argent public.

  • Comment le #chauffage a modifié notre vie sociale
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/comment-le-chauffage-a-modifie-notre-vie-sociale-2019599

    Pendant des milliers d’années, nos ancêtres ont eu seulement le feu comme moyen pour se chauffer. Le bois est rare, précieux et les cheminées peu efficaces, « donc la chaleur était quelque chose de partagé, analyse Olivier Jandot. On avait tendance à se regrouper aussi bien dans les rues, où, lors des hivers rigoureux, on faisait des feux publics, qu’à l’intérieur des habitations, en particulier à ce moment précis de la journée qui était la veillée. »

  • La vengeance de la bouillotte | LOW←TECH MAGAZINE
    https://solar.lowtechmagazine.com/fr/2022/12/the-revenge-of-the-hot-water-bottle.html

    Ces alternatives semblent inutilement complexes quand on les compare avec les bouillottes. Il y a plusieurs manières de réchauffer l’eau de façon high-tech comme low-tech, et les récipients peuvent être fabriqués dans des matériaux locaux.

    Néanmoins, ces études montrent que les sources de chaleur personnelles avec des effets similaires de ceux de la bouillotte pourraient permettre d’économiser beaucoup d’énergie tout en gardant et souvent en améliorant le confort thermique. Par exemple, une étude a révélé que baisser la température dans un bureau de 20,5°C à 18,8°C et donner à des salariés une chaise chauffante pour compenser la perte de confort, augmentait le confort thermique et diminuait l’usage de l’énergie de 35 %.

  • A Paris un lieu magique ! 27°c la température de l’eau du bassin extérieur au Lagardère Paris Racing
    https://www.lagardereparisracing.com/fr/content/lespace-piscine

    Un espace piscine d’exception situé au centre du domaine sportif, dans un écrin de verdure et en plein air : 


    • un bassin de 50 m, ouvert toute l’année ; 

    • un bassin de 33 m, ouvert d’avril à septembre.

    Se détendre dans ses eaux azur, entrevoir la Tour Eiffel au rythme de ses longueurs, nager sous une neige en hiver, la piscine du Lagardère Paris Racing est l’une des plus belles piscines de Paris pour les passionnés de natation. L’école de natation du Lagardère Paris Racing dispense des cours individuels et collectifs destinés aux adultes et aux enfants dès l’âge de 4 ans. L’ensemble des éducateurs chargés de l’enseignement et de la surveillance se tiennent à votre disposition pour vous conseiller dans le choix des activités enseignées : Natation course, Aquagym, Aquapalming, bébé nageurs...

    Sur un domaine de 7 hectares : 45 courts de tennis, 2 bassins de natation dont 1 olympique, un espace fitness de 540 m2, de multiples activités indoor et outdoor, une école de sports réservée aux enfants, un Club-house, un bar et un restaurant.

    Un lieu de vie, unique.
    Une passion, le sport.
    Un esprit, le club.

    HORAIRES D’OUVERTURE 
    Tous les jours de 7h à 22h. 

    Contactez-nous Lagardère Paris Racing
    Chemin de la Croix Catelan
    75016 Paris
    01 45 27 55 85

    #Paris #piscine #privilégiés #privilèges #inégalités #énergies #gaspillage #restrictions de #chauffage pour nous

  • Se chauffer : les erreurs à éviter (on se chauffe mal !​) — [Chat Sceptique]

    https://www.youtube.com/watch?v=LtOH31LY-KU

    Bambou craint d’avoir froid cet hiver. Heureusement pour elle, la science a trouvé comment se réchauffer sans dépenser des fortunes !

    Le projet slowheat : https://www.slowheat.org

    Toi aussi, apprends à vivre sobrement :)
    tldr : chauffe ton corps, pas ta maison.

    Mais donc #SlowHeat iels font quelques recherches tout de même sur le sujet et vont publier un guide prochainement, si je comprends bien leurs actus.

    – s’adapter au froid et se couvrir (la base)
    – chauffer les corps directement plutôt que l’air ou les murs, avec des petits radiants, des couvertures chauffantes, etc...
    – privilégier des matériaux peu effusifs (bois, tissus, isolant...), là où tu es en contact plutôt que l’inverse (carrelage, cuir, simili-cuir, plastique ...)

    Quelques articles du site SlowHeat :
    – Choisir une couverture chauffante :  https://www.slowheat.org/post/choisir-une-couverture-chauffante
    – Avoir chaud en télétravaillant :  https://www.slowheat.org/post/avoir-chaud-en-t%C3%A9l%C3%A9travaillant (par exemple tapis chauffant pour les mains, et/ou couverture chauffante et/ou petit radiant 300w max...

    Etc. etc.
    Vive les couettes et les bouillottes.

    Oui, je sais là il fait encore 25°C un 30 octobre… mais on va faire comme si ça n’allait pas durer comme ça éternellement

    #chaleur #électricité #isolation

  • 4623 EUR de prime de chauffage pour les fonctionnaires du Sénat ! Jean-Marie Perbost - ladepeche.fr

    On évoque souvent le train de vie des sénateurs, réputé confortable. Devraient-ils cependant envier celui des fonctionnaires du Sénat ?

    Il y a 1120 fonctionnaires du Sénat, au service des 348 sénateurs. Un administrateur du Sénat toucherait en moyenne 6000 euros nets par mois, un chauffeur 5000 euros, et un huissier 4000 euros.

    Au-delà de ces salaires confortables, ces fonctionnaires touchent une prime de chauffage. Et ils avaient prévu, chose inhabituelle, de manifester devant le Sénat, jeudi 6 décembre, pour protester contre un projet de baisse cette prime de chauffage en 2013, comme le révélait RTL.

    Finalement, la manifestation prévue n’a pas eu lieu. La peur de friser l’indécence en période d’austérité ? Peut-être. Joint par Quoi.info le 10 décembre, le Syndicat des fonctionnaires du Sénat « ne souhaite plus communiquer sur la question jusqu’à nouvel ordre ».

    Il faut en effet savoir que cette prime de chauffage annuelle s’élevait à 4623 EUR net en 2011 ! Et qu’il s’agit d’une prime pour le chauffage des fonctionnaires... à leur domicile. S’ils se chauffent la moitié de l’année, cela fait un, « crédit de chauffage » de 770 EUR par mois...

    Cette prime de chauffage est indexée sur le cours du pétrole. Elle a ainsi doublée en 10 ans, pour un coût total d’environ 5 millions d’euros.

    Le projet prévoit de baisser la prime à 3945 EUR en 2013 et de la supprimer pour les prochains fonctionnaires recrutés. Pour sa part, le Syndicat des fonctionnaires du Sénat souhaite que la baisse soit proportionnelle aux salaires et que les nouvelles embauches en profitent aussi.

    Une réunion de concertation avec les questeurs est prévue mardi 11 décembre.

    Source : https://www.ladepeche.fr/article/2012/12/10/1510711-4623-eur-de-prime-de-chauffage-pour-les-fonctionnaires-du-senat.ht

    #sénat #primes #chauffage #avantages #précarité #précarité_énergétique #indécence

    • Certains anciens ministres et élus se plaignent de na pas avoir encore retrouvé du travail. Ils et elles n’ont donc pas traversé la rue.

      L’Etat a donc décidé de payer un député non réélu pendant 5 ans, ce qui va nous coûter plus de 400 000 €.
      Ce choix a été voté par la droite et la gauche.
      Auparavant cette période était de 6 mois.
      A la fin des 5 ans, les députés recevront à vie 20% de leur salaire, soit 1390 € par mois.
      Les députés bénéficiaires de ces largesses ne sont tenus a aucun engagement : ni recherche d’emploi, ni visite mensuelle a Pole Emploi.

  • Énergie : l’hiver s’annonce critique pour les locataires de HLM
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220922/energie-l-hiver-s-annonce-critique-pour-les-locataires-de-hlm

    Comme l’an dernier, les mesures gouvernementales annoncées le 14 septembre dernier ont, en partie, de nouveau oublié les bailleurs sociaux puisque le bouclier tarifaire mis en place ne concerne pas le chauffage collectif électrique, pas plus que les dépenses des parties communes.

    L’an dernier, les offices avaient dû attendre près de six mois pour que le chauffage collectif au gaz soit pris en compte dans le premier bouclier tarifaire.

    Ces dernières semaines, les simulateurs ont tourné à plein chez les bailleurs sociaux et les prévisions de charges pour les locataires affolent.

    « Rien que sur les charges des parties communes, on va passer de 10 euros à 60 euros par mois. Une augmentation de 600 % », s’alarme Bertrand Prade, à la tête de Seine-Saint-Denis Habitat qui gère 33 000 logements sociaux dans le département. « Dans un F3 au #chauffage collectif électrique, on passe de 65 euros à 400 euros par mois, ce qui est insoutenable », poursuit celui qui a écrit au ministre pour l’alerter sur ces situations critiques.

    [...] Sous la pression de l’Union européenne, les #bailleurs_sociaux ne bénéficient plus de l’accès aux tarifs règlementés de l’énergie depuis 2016 et doivent passer eux-mêmes des contrats avec les fournisseurs d’énergie. Tant que les coûts de l’énergie étaient relativement stables, ce changement de règle n’avait pas trop posé de problèmes aux bailleurs, mais depuis que les prix ont atteint des pics historiques, avec une volatilité extrême, la situation est devenue infernale.

    « Nous avons quatre heures pour accepter ou pas un marché. Du jamais-vu pour des marchés publics, surtout quand on s’engage pour trois ans », rapporte Bertrand Prade.

    Chez Habitats de Haute-Alsace, les contrats de gaz arrivent à échéance le 31 décembre 2022, au pire moment. « Nous avions jusque-là un contrat très favorable, négocié quand les prix étaient au plus bas, le saut pour les locataires est d’autant plus difficile à supporter », explique le directeur général, Guillaume Couturier. Sans le bouclier tarifaire, l’augmentation de la facture mensuelle pour les locataires aurait été de 145 euros par mois ; avec, elle ne sera « que » de 50 euros, une somme considérable pour des locataires aux revenus faibles.

    Le niveau stratosphérique du marché du gaz ces derniers mois interpelle les bailleurs sociaux qui se demandent, pour beaucoup, s’il n’est pas temps de revoir les règles.

    « On a des marges qui explosent chez nos fournisseurs d’#énergie et qui sont pour le moins indécentes. Le bouclier tarifaire fait office de serpillère et de bassine mais il ne colmate pas du tout la fuite. La vraie solution, c’est de revenir sur la libéralisation des prix de l’énergie », avance par exemple Vincent Peronnaud, directeur général de l’OPAC de l’Oise.

    [...] Le risque d’impayés dans les mois à venir préoccupe particulièrement les bailleurs sociaux. « On estime que 25 % à 30 % de nos locataires seront en impayés cet hiver », affirme le directeur général d’Habitats de Haute-Alsace, qui regrette que les modèles économiques des offices #HLM soient mis à mal à cause de critères complètement exogènes.

    « C’est autant d’investissements en moins dans ce qui devrait être pourtant la priorité : la rénovation thermique de nos bâtiments », ajoute-t-il, attendant comme tout le reste de la profession un engagement plus ferme du gouvernement sur ce point.

  • #Grenoble, ville en transition écologique et sociale ?

    Entretien avec Vincent Fristot et Pierre-André Juven

    Que peuvent les villes pour lancer une dynamique de #transition_écologique et sociale ? La question se pose avec une actualité particulière pour les municipalités dirigées par une alliance de gauche, citoyenne et écologiste comme à Grenoble. Deux adjoints de la majorité issue des dernières élections, Vincent Fristot1 et Pierre-André Juven2 reviennent avec nous sur leur expérience, les initiatives prises en matière d’énergie, de transports ou d’urbanisme, leurs résultats et leurs limites.


    Mouvements : Grenoble a changé de majorité municipale dès 2014, pouvez-vous revenir sur les priorités que le « Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes » s’était donné en matière de transition écologique, sur ce qui a été possible et ce qui n’a pas été possible durant la première mandature ?

    Vincent Fristot : Avant 2014, on avait vécu un mandat sans élu écologiste dans la majorité, il y avait eu une régression et un épuisement du pouvoir local, avec un maire en fin de parcours politique. Ça s’était traduit par une convergence vraiment exemplaire à gauche, avec une mobilisation citoyenne et écologiste très forte qui a permis de montrer qu’une autre voie était possible pour les politiques publiques locales avec des ambitions discutées lors de travaux de mise en commun d’objectifs. Concernant les aspects #mobilités, on sortait aussi d’une ère où on avait agi contre des projets de plan de #déplacement_urbain qui étaient focalisés sur une traversée routière (voire autoroutière) de la Bastille avec la construction d’un tunnel, ce qui représentait un investissement d’un à deux milliards d’euros qui allait plomber les finances publiques pour longtemps, et on avait réussi à faire annuler ce projet au tribunal administratif. Il était donc très important de repartir sur une feuille vierge. C’est comme ça qu’un #plan_de_déplacement urbain, le #PDU 2030, a pu être voté en métropole en 2019. C’était le premier axe. Le second était le plan d’#urbanisme, avec là encore des projets qui avaient été lancés dans le contexte du productivisme de la construction, avec plus de 1 000 logements neufs par an à Grenoble. Le rythme de construction était très important, y compris avec des immeubles de grande hauteur, donc il y avait des mobilisations très fortes qui ont aidé à renforcer la quête d’alternative. Il fallait aussi réorienter les outils des collectivités. On a des outils locaux puissants en matière d’#énergie, comme #Gaz_Électricité_de_Grenoble (#GEG) et la #Compagnie_de_Chauffage (#CCIAG) ; il était important de sortir de la gouvernance privée de ces Sociétés d’Économie Mixte qui sont majoritairement détenues par les collectivités. Je pense que la reprise en main de ces outils a été cruciale. Donc, pour résumer, une réorientation des #politiques_publiques vers l’usager, le citoyen, le climat, les ressources à utiliser avec sobriété, et puis la santé des habitant.es, au regard de la #qualité_de_l’air. Parfois, il faut y consacrer des moyens, mais on est aussi là pour trouver des aides, des subventions de l’Europe, de la Région, des différents niveaux institutionnels.

    Mouvements : Je reviens sur les enjeux qui sont à la frontière entre rénovation énergétique et construction. Quelles sont vos marges de manœuvre par rapport au parc privé et au PLU ?

    Vincent Fristot : Alors, plusieurs marges de manœuvre existent. Au niveau du #PLU, on a voulu brider les #consommations_énergétiques des futures opérations, y compris des rénovations, puisque la réglementation définit un plafond. On a baissé de 20 % ce plafond, ce qui permet déjà de donner une direction. Je me souviens qu’au moment de mettre en place cette mesure, des promoteurs sont venus dans mon bureau en disant que c’était impossible de faire ça, alors qu’on avait des opérations qui le mettaient déjà en œuvre. La #Caserne_de_Bonne avait été une opération d’#éco-quartier, primée au niveau national d’ailleurs, qui me permettait de dire : « Mais attendez, ça intéresse tout le monde, et vous ici, locaux, ça ne vous intéresse pas ? ». Et au fil des projets urbains de Grenoble, on a sans cesse rehaussé la barre en termes de performance. Pour le privé, la ville a aussi une dimension d’aménageur : elle rachète des terrains, les viabilise et les revend aux promoteurs d’opérations qui vont faire du privé. Et au moment de la vente, on a des leviers : en donnant des objectifs et des seuils minimaux de performance, de coût, on peut faire bouger beaucoup de choses. On a des opérations qui sont basées sur des matériaux en bois, d’isolants en paille ou en #matériaux_biosourcés, y compris de la terre. Nous, le matériau terre, on l’a mis en œuvre en tant que maître d’ouvrage dans une école sur la ZAC Flaubert (des briques de #terre_crue pour le rez-de-chaussée et du #bois). Mais on peut aussi le faire passer dans la commande de ce que l’on va réaliser via la construction de #logements publics ou privés. Donc ce sont des logements, des commerces ou des bureaux qui vont être commercialisés par les promoteurs en direction d’usagers privés ou des locataires, mais qui ont des qualités environnementales extrêmement performantes en termes de qualité de l’air intérieur, de choix des matériaux et donc à faible contenu carbone, à faible dépense énergétique, et surtout en termes de confort, parce que si l’hiver il faut chauffer, l’été, ici, il faut faire attention aux surchauffes. Dernier point : on a une agence locale de l’énergie et du climat qui est en capacité de venir inspecter les travaux finis et de faire un suivi avec les aménageurs. D’ailleurs, les projets européens exigent en général d’avoir un suivi de ce qui est réellement construit et consommé, une fois les vrais habitant.es dans les logements. Donc il y a vraiment une attention portée à l’ensemble du cycle de construction et on aboutit, je pense, à des choses qui sont assez performantes pour aller vers le bas carbone.

    Mouvements : Peux-tu revenir sur la question des compétences techniques et de la relation avec les services de la ville, en particulier quand on arrive dans une municipalité qui a ses traditions et qu’il s’agit d’infléchir les choses ? Quel genre de tensions ça peut générer ?

    Vincent Fristot : Comme dans toute organisation, il y a des rapports de forces qui peuvent s’exprimer au niveau technique, au niveau administratif, entre services, entre élu.es. C’est comme dans les entreprises. La question clé est celle du portage politique de ces sujets. Avec un maire qui, comme le nôtre, parle des transitions écologiques et sociales à longueur de journées ou de réunions, pour les adjoints c’est plus facile. Et puis quand on a un œil un peu attentif aux aspects techniques, finalement, des solutions nouvelles peuvent être trouvées. Mais en sept ans de mandat depuis 2014, on a dû faire, dans les services, de très importants changements de personnes ; en particulier pour certain.es qui arrivaient en fin de carrière et pour lesquels il était très difficile de concevoir l’activité de façon parfois très orthogonale à ce qui se faisait avant. C’est un gros virage à prendre que d’adopter une vision transversale, non plus enfermée dans son chemin traditionnel, mais en lien avec l’ensemble des acteurs.rices et des habitant.es avec cette conséquence que l’intégralité des dispositifs administratifs est concernée par les transitions.

    C’est une transformation qui n’est pas encore complète. Il y a encore beaucoup de productivisme, et arriver avec des scénarios de décroissance énergétique, ce n’est pas forcément ce qui est le plus facile. Par exemple, pour le gaz, on observe une décroissance importante de la consommation pour plusieurs raisons. On a une substitution du gaz par le réseau de chaleur pour certains usages parce qu’il est beaucoup plus performant au niveau environnemental. Il émet beaucoup moins de CO2 que le gaz, et en plus, en 2030, il devrait être 100 % renouvelable. On récupère de la chaleur issue de l’incinération des déchets ou du site chimique au sud de l’agglomération. Donc, on a une alternative aux combustibles fossiles. Il faut vraiment travailler sur les réseaux et donc, si on veut maintenir un service identique du gaz, même renouvelable, on est devant des difficultés d’investissement et des augmentations de prix.

    Mouvements : Quels sont les objectifs de réduction de la #consommation_énergétique à l’horizon 2030 pour Grenoble ?

    Vincent Fristot : Un schéma directeur énergétique de la métropole a été voté en 2017, avec moins 30 % de combustibles fossiles en 2030, lesquels représentent 85 % de la consommation. Donc, il y a un objectif fort de réduction. Forcément, comme je le disais, il y a des sujets autour des tarifs du réseau de chaleur. Donc, on a mis en place des comités d’usagers pour les services publics qui ont été créés autour de l’eau, autour du chauffage urbain et du gaz. Et sur l’eau je peux mentionner notre tarification sociale de l’eau qui est une spécificité de la métropole : pour certains ménages à bas revenus, il y a une redistribution, un abaissement de la facture, sans aucune démarche, ce qui est très important en termes de reconnaissance de l’accès à ce droit.

    Mouvements : Sur ces enjeux de consommation énergétique et de changement du mix, quelles sont les choses sur lesquelles vous butez vraiment, et qui relèveraient des limites des capacités d’action de la ville ?

    Vincent Frisot : Pour les projets énergétiques, la question décisive n’est pas nouvelle, elle est de savoir qui paie les transitions. Cela se traduit par des choses très concrètes quand on regarde les éléments du parc immobilier de la ville. Par exemple, celui des 80 écoles de Grenoble : comment faire pour rénover thermiquement cet ensemble ? On connaît les coûts. C’est 3 à 4 millions d’euros par groupe scolaire pour une rénovation thermique globale (ventilation, menuiserie et fenêtres, et isolation par l’extérieur). Comment on partage ce coût ? Certes, on peut bénéficier de subventions de l’Europe, etc. Mais comment on finance l’ensemble des opérations ? On est encore en train de chercher. Le but est d’en faire de plus en plus, de changer les modalités. On essaie d’en faire de notre côté en maîtrise d’ouvrage interne, ce qui évite des coûts externalisés, mais les marges de manœuvre sont faibles et les blocages sont d’ordre politique et financier. Au niveau national, on voit bien qu’il n’y a pas assez de volonté et de moyens pour réellement isoler des bâtiments de façon sérieuse, et le gouvernement continue à entretenir l’illusion qu’il a fait le nécessaire. Donc ce sont vraiment des choix politiques, y compris au niveau de la métropole où aujourd’hui on a un contexte politique nouveau. Lors du dernier mandat, on avait une cohérence d’ensemble entre les communes autour de Grenoble, entre l’agglomération et la ville centre. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Certaines communes veulent prendre un peu leur revanche par rapport à Grenoble, ce qui se traduit concrètement par une baisse des moyens pour les mobilités alternatives sur Grenoble. Certes, lors du premier mandat, il y a eu beaucoup de réalisations, mais il reste encore beaucoup de choses à faire, qui bénéficient à tout le monde. Et maintenant, pour de nombreuses politiques publiques, on voit que les projets de l’agglo sont plutôt portés sur la périphérie. Donc, on a aujourd’hui un problème de fonctionnement politique de la métropole. Cela concerne les outils historiques de la ville de Grenoble : la métropole est réticente à acquérir la compagnie de chauffage (GEG) même si elle va y être obligée, parce qu’aujourd’hui c’est elle qui a la compétence, plus la ville de Grenoble. Pour ce qui concerne le logement aussi, la métropole rechigne à se doter d’un vrai outil de construction et elle fait comme si elle pouvait continuer à vivre dans le train-train courant avec son budget classique, alors qu’elle est devenue une métropole, qu’il y a des enjeux extrêmement lourds en matière de transition, de justice sociale, de qualité de l’air, de climat. Tout cela ne se traduit pas réellement aujourd’hui par des engagements financiers. Et donc on en pâtit, y compris la ville-centre qui représente un tiers de la métropole.

    Mouvements : On va continuer avec Pierre-André Juven sur la question des mobilités alternatives, parce que dans la palette d’enjeux auxquels les « villes en transition » se confrontent aujourd’hui, il y a les enjeux d’étalement et la question des mécanismes pour favoriser d’autres mobilités voire une « dé-mobilité ».

    Pierre-André Juven : Effectivement, j’ai pris la suite de Vincent sur la délégation urbanisme avec une spécificité qui a été de lier cette délégation à celle de la santé. Le principe de la politique urbaine à Grenoble est la résultante d’une série de nécessités et d’urgences. Il y a un besoin de nouveaux logements et notamment de #logements_sociaux, qui n’exclut pas, par ailleurs, de travailler sur le logement vacant, le logement insalubre et le logement indigne. Si on considère qu’il faut limiter à tout prix l’#étalement_urbain et la logique pavillonnaire qu’on a pu connaître dans les décennies précédentes, lesquelles contribuent à l’#artificialisation_des_terres et à la destruction des surfaces agricoles, c’est dans les villes qu’il faut aller chercher le #foncier disponible. La nécessité de repenser l’urbanisme est aussi imposée par des enjeux écologiques et sociaux. D’où l’importance de lier la structuration urbaine et des mobilités favorables au climat et à la santé.

    À ce titre, la #zone_à_faible émission (#ZFE) est une des politiques publiques importantes en matière de #mobilité, de qualité de l’air et donc de contribution à la lutte contre le réchauffement climatique avec un fort impact sur la santé des populations. Quand on parle de ZFE, on observe très vite des crispations fortes et des tensions entre groupes politiques. C’est très difficile de sortir du dualisme entre d’un côté l’urgence climatique et sanitaire et de l’autre l’urgence sociale. On se retrouve face à cette opposition, au fond stérile, entre fin du mois et « fin du monde » alors que la crise écologique touche aussi plus fortement les ménages modestes, par exemple du fait des inégalités face aux pathologies chroniques induites par la pollution de l’air. Le principe de la ZFE est relativement simple, c’est un calendrier donné, imposé par la loi « climat et résilience » – que nous, à Grenoble, on aimerait voir plus ambitieux, mais c’est une politique métropolitaine, donc on n’est pas les seuls à décider – et ce calendrier définit à partir de quand on ne peut plus rouler avec tel type de véhicule. Le problème de la ZFE, est que, par exemple, un ménage qui aurait fait l’acquisition d’un diesel d’occasion il y a deux ans, devra changer de voiture dans deux ou trois ans. Et évidemment, c’est extrêmement difficile, parce que les ménages n’ont pas forcément les moyens de remplacer leur véhicule. Donc, la première question est : est-ce que tout le monde a besoin de remplacer sa voiture ? Et dans les études qui ont été réalisées par Transitec, une agence d’études sur les mobilités, a priori, il y a au moins un tiers du parc automobile grenoblois qui pourrait ne pas être renouvelé. Cela veut dire que si demain on dit à tout le monde : « Vous pouvez conserver votre voiture mais vous ne pourrez accéder à la ZFE que sous réserve de tel et tel critère », il y aura probablement un tiers des gens qui diront : « Moi, dans ce cas-là, je n’ai plus besoin de ma voiture », ce qui est a priori assez vertueux en termes de pollution de l’air et de surface disponible. On parle souvent de foncier disponible, mais à l’échelle d’une ville, la place occupée par la route, les parkings, le stationnement, est phénoménale. La solution, est donc de densifier l’offre de transport en commun pour permettre de dé-motoriser une partie des ménages. Ensuite, il faut un accompagnement financier. Mais cela a un coût. Ce sont les métropoles qui conduisent ces politiques, mais elles peuvent tout à fait être appuyées par l’État. Aux journées de France urbaine, au mois de septembre, Jean Castex a annoncé 450 millions pour les ZFE. On ne sait pas s’ils seront véritablement distribués parce que c’est une promesse d’année présidentielle et jusqu’ici l’État a peu contribué à doter les ZFE de moyens financiers.

    L’autre cause majeure de #pollution sur l’agglomération est le #chauffage au bois. Et quand on additionne la prime de l’État, celle de la métropole et celle de la ville – puisqu’on a voté au mois de mars une délibération « qualité de l’air » pour augmenter la prime de remplacement du chauffage au bois – les ménages modestes et intermédiaires ont un reste à charge de zéro pour le remplacement d’un appareil dont le coût peut être de 5 à 6 000 euros. Donc on peut tout à fait, si les collectivités et l’État mettent les moyens, engager une transition qui ne soit pas douloureuse pour les ménages précaires.

    A propos de ces tensions entre logique sociale et logique écologique, on a un autre enjeu qui est celui du suivi et de l’entretien des logements sociaux, avec des bailleurs sociaux qui sont dans des situations financières assez difficiles (du fait de la réforme des APL et d’autres mesures) et qui, tout en produisant du logement, sont en difficulté en matière de gestion locative, de réhabilitation des appartements et des immeubles, etc. Et là, c’est pareil, les choix sont le fait des collectivités dans les zones d’aménagement concertées dont parlait Vincent. On est à plus de 40 % de logements sociaux produits dans ces parties de la ville, avec un cahier des charges exigeant en matière de type de bâti, de qualité de l’air, d’espaces végétalisés, de services accessibles, etc. Ce sont des rapports de force omniprésents.

    Mouvements : Je reviens sur les enjeux du marché de la construction avec le problème de la convergence entre lobbies de l’immobilier et experts techniques, voire avec les services techniques de la ville. Jusqu’à quel point y êtes-vous confrontés ? Ou au contraire, parce que Grenoble a une longue histoire d’expérimentation dans ce domaine, le problème se pose de façon moins aiguë que dans d’autres villes ?

    Pierre-André Juven : C’est probablement moins aigu en ce qui concerne les imbrications entre enjeux techniques et orientations politiques. Ce que je vois avec notre mandature est que le travail qui a été fait entre 2014 et 2020, notamment par Vincent, a permis une acculturation assez forte aux idées portées par la majorité municipale, au sein des services techniques de la ville, auprès des agents de la ville, mais aussi pour nombre d’aménageurs qui sont des acteurs très important pour le suivi des opérations, notamment dans les ZAC. Vincent parlait des cultures professionnelles dans le milieu de l’énergie, et même si dans le milieu du bâtiment il y a aussi des cultures de constructeur, on arrive de plus en plus à poser la question de la réhabilitation. Donc, pour l’essentiel, ce travail d’acculturation, a été opéré depuis 2014, même s’il y avait à Grenoble une tradition datant de la zone d’aménagement concerté de Bonne.

    Mouvements : Comment trouver des sources de légitimité, des points d’appui qui ne sont pas simplement la parole des élu.es de la municipalité ? Par exemple pour convaincre les entreprises du BTP ?

    Pierre-André Juven : Il y a une nécessité à être assez solide techniquement pour pouvoir discuter avec les services, avec les acteurs économiques, pour être capable de justifier les choix en matière de qualité du bâti, de végétalisation, de surface et d’espace commun pour les habitant.es d’un immeuble, etc. Une des raisons, peut-être, pour lesquelles on est, à Grenoble, moins en difficulté que d’autres face aux promoteurs, est qu’il y a effectivement cette histoire longue de transition à Grenoble. Un certain nombre d’acteurs privés dans le domaine du bâtiment et de la promotion immobilière ont compris que ça allait être plus difficile pour eux d’engager des opérations à Grenoble s’ils ne prêtaient pas attention à un certain nombre d’exigences. Ce d’autant plus que l’attractivité et la valeur des biens qu’ils vont produire dépendent aussi des politiques de transition. Dès le moment où on met en avant la qualité de l’air intérieur, la végétalisation de la parcelle, un garage à vélos, l’infiltration de l’eau, la disposition de panneaux photovoltaïques et donc la consommation d’énergie pour l’immeuble, etc., pour les habitant.es de centre-ville, tout cela compte énormément. Donc c’est aussi stratégiquement intéressant d’un point de vue économique et marchand et on a des acteurs de la promotion et du bâtiment qui l’ont compris et avec qui on travaille plutôt bien.

    Une autre source de légitimité, si on se place dans une perspective politique plus large, est qu’on connaît les tendances de fond du dérèglement climatique : il y a des raisons objectives d’en tenir compte qui deviennent de plus en plus difficiles à contester. Les îlots de chaleur urbains à Grenoble, sont la résultante de phénomènes climatiques documentés depuis longtemps. De même, en matière de santé des populations, si l’urbanisme favorable à la santé trouve aujourd’hui des relais, c’est parce que cela fait déjà plusieurs années que cette question a été réfléchie, pensée et portée politiquement. Donc on a des phénomènes sociaux, climatiques, politiques, qui font que les acteurs économiques, d’une certaine façon, sont obligés de plier, parce que ce n’est pas seulement une volonté des responsables politiques locaux, parce que c’est devenu une volonté visible de la majorité des habitant·es.

    Mouvements : Peux-tu revenir sur cette question des îlots de chaleur : Grenoble est célèbre pour l’intensité du phénomène. Quelle est la politique de la ville ? Et comment articule-t-elle mesures de transition, démocratisation, implication des habitant.es ?

    Pierre-André Juven : Effectivement, on est une ville soumise en été à des phénomènes d’îlots de chaleur urbains et de canicule de plus en plus fréquents. On travaille beaucoup là-dessus, avec des géographes et des climatologues, d’abord pour nous aider à bien comprendre ce qui se passe. On sait que plusieurs choses favorisent ces îlots : les grandes surfaces verticales exposées au soleil de façon non filtrée : quand il n’y a pas de végétalisation, c’est le bâtiment qui prend directement la chaleur ; les rues disposées en canyon où l’air circule de façon restreinte ; la nature des matériaux utilisés pour construire ; la place de l’eau en ville aussi. Et puis il y a les activités anthropiques : la voiture, la climatisation, tout un tas de pratiques liées à l’homme. Donc, on a commencé à établir un diagnostic cartographié. On est à la confluence de trois massifs – Belledone, la Chartreuse et le Vercors – avec des grandes vallées et des courants d’air très forts ; on a deux fleuves, le Drac et l’Isère, qui sont des sources de fraîcheur importantes ; mais il y a des points de la ville où, par contre, les îlots de chaleur sont très forts. Et donc, il faut faire l’inverse de tout ce que j’ai listé, et on retombe sur des tensions difficilement solubles. Par exemple, concernant le logement de qualité, le rapport Girometti-Leclercq, qui a été remis à Emmanuelle Wargon il y a quelques mois, préconise d’augmenter la hauteur sous plafond, pour des raisons de qualité de l’air intérieur, d’espace, de lumière. Mais si on augmente la hauteur réglementaire, on augmente le risque d’îlots de chaleur. Il faut donc imaginer des solutions comme la végétalisation des façades, une couleur claire pour les bâtiments, l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés. Donc là, on a nommé un adjoint pour travailler spécifiquement sur cette question : il est adjoint à la fraîcheur et à la nature en ville chargé de penser la place de l’eau dans la ville avec par exemple la possibilité de débuser un certain nombre de cours d’eau ou encore l’idée – et là on rejoint l’articulation de l’écologique et du social – de créer un lac baignable dans le parc de la Villeneuve, une cité d’un quartier populaire bien connu de Grenoble. Et puis après, il y a la lutte contre les activités anthropiques qui favorisent l’augmentation de la température. Et pour cela, la réduction du transport automobile dont on parlait est une priorité.

    Mouvements : Pour finir, au-delà de l’expérience de Grenoble, peux-tu parler de la manière dont vous inscrivez vos réflexions et vos politiques dans les réseaux de villes en transition ?

    Pierre-André Juven : Il y a plusieurs modalités de participation à ces réseaux. Il y a des participations par thématiques et par délégations, il y a des élu.es en charge du lien avec le réseau des villes en transition, via la biennale des villes en transition, mais il y a aussi les réseaux généraux de villes. Le maire est vice-président de « France urbaine » et participe activement à son animation. Je connais mieux le « réseau des villes santé OMS » qui fédère des villes de plusieurs couleurs politiques. Il porte des préoccupations sur les questions climatiques, de santé publique, d’offre de soins, de santé mentale, et conduit des opérations de plaidoyer pour des politiques de santé fortes auprès de l’État et du ministère.

    Mouvements : Dans quelle mesure ce réseau peut-il être une ressource à la fois pour la politique locale et pour jouer sur les échelles d’action, faire pression sur l’État ?

    Pierre-André Juven : Il s’agit surtout de ressources d’expertise. Le réseau des villes OMS a produit une série de travaux importants sur un ensemble de politiques publiques : sur les espaces verts et la santé, sur les mobilités et la santé, sur le sport et la santé, etc. Ses documents sont d’une part des synthèses de connaissances scientifiques mobilisables pour réfléchir et légitimer l’action politique mais il y a aussi des recommandations basées sur des expériences municipales qui permettent aux élu.es de disposer d’exemples et de s’inspirer d’initiatives prises ailleurs. Il s’agit donc à la fois d’information et de légitimité. Quand il faut justifier d’une politique publique en matière de santé, laquelle peut être contraignante – on parlait des rapports de forces avec des acteurs économiques dans le monde de la construction, c’est la même chose pour la santé –, disposer de ressources qui synthétisent une multitude d’avis et d’expertises, est un point d’appui important dans les négociations.

    A ce propos, j’aimerais insister sur la place paradoxale de la santé dans les discussions sur la transition écologique. C’est assez surprenant mais les politiques de santé à l’échelle de la ville sont celles qui suscitent le moins de débats, que ce soit en commission avec les oppositions ou en conseil municipal. Quelles que soient les arènes, les politiques de santé rencontrent très peu d’intérêt. Si on parle des écoles, de la culture, de l’urbanisme, des mobilités, des espaces publics, de la propreté, on a immédiatement un débat. Mais la santé est quelque chose qui semble complètement apolitique…peut-être parce que c’est difficile d’aller s’opposer à des politiques publiques qui visent l’amélioration de la santé des populations. Donc articuler étroitement la question de la santé et celle de la transition écologique est aussi une façon de rendre plus difficile l’expression d’une opposition frontale. C’est assez clair quand on parle de qualité de l’air. Si sur le chauffage au bois et la voiture, on invoque le climat ou la pollution, on va en convaincre quelques-uns, mais ça ne va pas être irréfutable. Si, par contre, on invoque les asthmatiques et les personnes qui meurent de la pollution tous les ans, ça devient en fait quelque chose qui n’est plus contestable. Et c’est valable pour de nombreux sujets : sur la qualité des logements, sur les mobilités, sur la biodiversité. Dans la légitimation de la transition écologique, la santé est un levier politique complètement sous-estimé alors qu’il est extrêmement puissant. L’imbrication du dérèglement climatique et des enjeux sanitaires est tellement forte que porter des politiques publiques visant ces derniers suppose des politiques publiques visant le premier. Parler santé permet d’entraîner l’adhésion, et de gagner des combats politiques, ou en tout cas de rendre plus difficile à nos adversaires de bloquer les politiques de justice sociale et de transition écologique.

    https://mouvements.info/grenoble-ville-en-transition-ecologique-et-sociale

    via @isskein

    ping @olaf

  • « J’ai froid toute la journée. Je m’habille comme si j’étais dehors »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270921/j-ai-froid-toute-la-journee-je-m-habille-comme-si-j-etais-dehors?onglet=fu

    Le gouvernement vient d’annoncer la hausse de 100 euros du chèque énergie pour permettre à six millions de foyers modestes de payer leurs factures de gaz ou d’électricité. Un coup de pouce bienvenu, mais insuffisant pour les foyers les plus modestes.

    Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).– Dans le salon de son pavillon, Amany se réjouit un peu. Elle ignorait qu’elle et sa famille allaient bénéficier d’une aide supplémentaire pour s’acquitter de leur facture d’électricité. Il y a dix jours, le président de la République a annoncé l’octroi de 100 euros supplémentaires aux 6 millions de foyers en difficulté qui bénéficient du chèque énergie.

    Cela pour compenser la hausse des prix de l’électricité, du carburant et du gaz, un sujet sensible. Les tarifs réglementés du gaz ont augmenté de 10 % en juillet, de 5 % en août et de 8,7 % le 1er septembre. Les tarifs réglementés de vente de l’électricité ont quant à eux augmenté de 1,6 % en février, puis de 0,48 % en août.

    Pour Amany, son époux Aly et leurs cinq enfants, 100 euros d’aide, c’est quelque chose, mais c’est loin de répondre à leurs besoins. Le profil de cette famille peut surprendre. Le couple, propriétaire de cette maison de 130 m2 à Saint-Denis, vit une situation de précarité importante.

    Ils n’ont pas de chauffage, en dehors des deux souffleurs électriques à roulettes, simplement branchés sur les prises. Ce sont des trouvailles de brocante, et, voraces en électricité, ils sont allumés le moins possible. La voisine a donné à Amany des rideaux pour isoler un peu les fenêtres, qu’elle doit bientôt installer alors que les températures commencent à baisser.

    Le réfrigérateur, acheté sur Le Bon Coin, comme tous les meubles et l’électroménager, ne fonctionne pas bien. Tous les mois, le couple doit débourser au moins 250 euros pour payer l’électricité, le gaz et l’eau.
    Amany et Aly, qui ont cinq enfants de 6 à 19 ans, sont appuyés pour leurs démarches par une assistante sociale. Ils perçoivent le RSA couple, environ 1 200 euros comme ils sont parents. Aly, 56 ans, ne travaille plus depuis 2016. Ce n’est pas faute d’essayer, mais il ne trouve rien, pas même sur les chantiers, rapporte-t-il. Pôle emploi le suit, mais sans succès.

    Pour avoir plus chaud, Amany installe sur le sol un tapis, acheté lui aussi en brocante et pour le moment enroulé contre l’escalier, sur lequel se serrent les petits, face au chauffage. Le soir, la mère embarque l’un des souffleurs dans sa chambre, là où dorment également les deux plus jeunes. L’autre est installé dans le couloir, à équidistance entre les deux chambres des aînés, pour tenter de chauffer ce qui peut l’être. Les petits ne déambulent jamais en tee-shirt ou en short dans la maison au carrelage froid. Le dernier se cramponne à son plaid à l’effigie de Spiderman.

    Comme cette famille, 12 millions de personnes ont froid chez elles ou dépensent trop d’argent pour se chauffer, relève la Fondation Abbé Pierre dans son rapport annuel publié en début d’année. Cent mille coupures ou réductions de puissance supplémentaires pour impayés ont été relevées en 2019 par rapport à 2018, soit une hausse de 17 %.

    Les chiffres de 2020 ne sont pas encore disponibles, mais avec la prolongation de la trêve hivernale et la suspension des coupures, ils ne seront pas forcément significatifs. « Depuis, les périodes de confinement n’ont fait qu’aggraver le phénomène, dans un contexte inquiétant de crise sanitaire, économique et sociale durable », peut-on lire. Des télétravailleurs ont dû s’accommoder des défauts d’isolation de leur logement.

    Aly et Amany se sont installés en 2007 dans cette maison de Saint-Denis, qu’Aly a agrandie au fur et à mesure. Les prises sont inachevées. Les combles ne sont pas fermés. La cave sert à entasser de nombreux objets accumulés au fil des ans. Jusqu’à la perte de son emploi il y a cinq ans, tout ce qu’Aly gagnait servait à améliorer la maison et à rembourser son crédit. À la même époque, son père décède en Égypte.

    Mon fils tousse sans cesse. Arrivé à l’université, tout le monde lui a dit qu’il avait le corona, alors qu’il est malade comme ça depuis trois ans à cause de la maison

    Amany, victime de précarité énergétique

    De son vivant, il l’aidait en lui donnant 2 000 ou 3 000 euros. Ce qui a permis de solder le crédit. La famille a certes un toit sur la tête et pas de loyer ni de mensualités à honorer auprès de la banque. Mais tout s’effondre. Aly a tout construit de ses mains, avec les moyens du bord.

    Leurs fils adolescents préfèrent rester dehors avec leurs amis plutôt qu’à la maison. Avec pudeur, Amany évoque l’impossibilité pour les plus jeunes d’inviter leurs amis à jouer dans cet environnement froid. Ils ont honte d’afficher leur dénuement.

    Ici, l’eau chaude reste une denrée rare. C’est l’autre lutte familiale. Impossible, en effet, pour deux personnes de prendre une douche. « C’est la bagarre le samedi, c’est la bagarre le dimanche. » Cela fait bien longtemps, par ailleurs, qu’Amany a renoncé à faire la vaisselle autrement qu’à l’eau froide.

    Voilà pourquoi l’assistante sociale qui suit la famille l’a orientée vers l’association Shakti21, nommée en hommage à la déesse hindoue de l’énergie créatrice et financée en partie par le département. Ses membres interviennent dans les villes de Plaine Commune pour proposer « un diagnostic sociotechnique » aux foyers identifiés par les CCAS et les services sociaux. 250 ménages ont ainsi déjà été sensibilisés.

    Ce mercredi matin de septembre, Florian Gougeon, responsable de l’association, frappe à la porte des foyers qui l’ont sollicité avec un grand sac bourré d’ampoules LED et autres thermostats. Dans un premier temps, il aiguille les familles dans leur chasse aux économies d’énergie, puis, dans un second temps, il les accompagne pour lancer des travaux structurels.

    Chez Amany et Aly, Florian Gougeon commence par poser des questions pour cerner les besoins et les possibilités de la famille. Puis il remplace la pomme de douche de la baignoire par une autre qui consomme moins. Il installe aussi des mousseurs sur les robinets de la maison, toujours dans l’optique d’économiser de l’eau. Mais c’est un expédient et il le sait, vu l’ampleur des besoins et la gravité de la situation. La famille a besoin d’une chaudière, ce qui reviendrait à dépenser au moins 10 000 euros, une somme qu’elle ne possède pas.

    Dans la chambre de l’aîné, le mur arbore une peinture beige rosée. Aly vient de le peindre pour masquer les taches de moisissure. Il ne se fait aucune illusion, ce « coup de propre », comme il dit, sera vite inutile, elles reviendront d’ici quelques mois sous l’effet de la condensation. Il y a beaucoup à faire ici pour rendre la maison agréable à vivre.

    Assis sur le canapé beige, Florian Gougeon remplit un dossier pour déterminer quelles aides la famille peut obtenir. Avec pédagogie et douceur, il explique qu’il ne faut pas boucher les grilles d’aération. C’est certes contre-intuitif, mais les obstruer avec des chiffons provoque un surplus de condensation et augmente ce qu’on appelle l’inconfort thermique.

    Comme tous ceux qui souffrent de précarité énergétique, plusieurs membres de la famille doivent composer avec des soucis de santé récurrents. Amany a différents problèmes à guérir et mal au dos. Le froid aggrave la douleur. Son fils aîné, lui, traîne une toux chronique. « Il se gratte tout le temps le nez, il tousse sans cesse. Arrivé à l’université, tout le monde lui a dit qu’il avait le corona, alors qu’il est malade comme ça depuis trois ans à cause de la maison. »

    Ce coup de pouce du gouvernement sur le chèque énergie est toujours bon à prendre mais cela reste un geste insuffisant
    Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre
    Florian Gougeon explique au couple que même si des travaux étaient engagés pour installer une chaudière, ceux-ci n’aboutiraient pas avant début 2022, lorsque l’hiver sera déjà bien entamé. Un thermicien doit déjà apporter un diagnostic. Dans l’intervalle, il propose à la famille de lui donner des radiateurs à bain d’huile, financés par l’association.

    Le foyer accuse des difficultés financières importantes, documents à l’appui. Il faut financer les études et la chambre du Crous du fils aîné, à l’université en province. À partir du 20, confie Amany, les comptes sont à sec. Alors le Secours populaire est d’une grande aide, pour les courses mais aussi pour les sorties des enfants. Le paiement de la taxe foncière, environ 2 000 euros, est un casse-tête. Pour régler celle de l’année dernière, Aly a vendu sa voiture. Cette année, il n’a pas d’idée ni de solution. Il doit payer avant le 15 octobre. Alors, Shakti21 va essayer de les soulager sur le plan des travaux.

    Les chauffages d’une famille en précarité énergétique. © FZ
    De son côté, Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, estime que le geste du gouvernement est « toujours bon à prendre » mais que cela reste « un geste insuffisant ». Pour lui, cette « dépense sociale palliative ne va pas changer la vie » des six millions de ménages bénéficiaires, qui ont reçu 200 euros d’aide en moyenne cette année. Or, une famille dépense environ 1 600 euros par an pour l’énergie. « Ce chèque est bien fait, on le reçoit automatiquement et la dépense est fléchée. Seulement les plafonds sont très bas pour l’obtenir. » 

    Le problème de fond réside dans l’absence de volonté forte pour s’attaquer aux passoires énergétiques et financer les travaux nécessaires. « Il y a un succès quantitatif mais, dans le détail, ce ne sont pas les éléments les plus performants qui sont corrigés. On va isoler les combles ou les fenêtres ou changer la chaudière, alors qu’il faudrait souvent faire les trois à la fois. Mais il n’y a pas suffisamment d’argent. » Les associations qui aident les personnes en précarité énergétique partagent ce constat.

    L’accompagnement public est insuffisant et mal conçu. Pour réussir à rénover son logement, il faut par exemple réussir à dénicher un artisan qui saurait pallier plusieurs problèmes ; et qui accepterait de travailler avant d’être rémunéré, puisque les aides de l’État ne sont débloquées qu’a posteriori, une fois le chantier achevé.

    L’urgence se fait sentir, car la précarité énergétique touche toutes les zones et différents publics. Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, souligne que les personnes qui peinent à se chauffer développent davantage de dépression, d’anxiété et de pathologies respiratoires. « Avoir froid chez soi, le nez qui coule en permanence, de l’humidité partout, des champignons et moisissures sur les murs, ça provoque une usure au quotidien. On sait aussi que si on rénovait toutes les passoires énergétiques à la location, on sauverait dix mille vies. »

    Toujours à Saint-Denis, Florian Gougeon va rencontrer Espérance. Elle n’a pas froid dans son 60 m2, ni de problèmes d’eau chaude. Au contraire, elle ne supporte pas trop le chauffage central qui lui donne des maux de tête. En revanche, elle a des difficultés à payer ses factures d’électricité.

    Une succession de difficultés et de coups durs – la maladie et un divorce conflictuel qui s’est soldé par des dettes écrasantes à rembourser – ont ébranlé la pimpante quinquagénaire, qui les énumère assise sur son canapé, vêtue d’un flamboyant boubou orange. Elle n’avait pas entendu parler du coup de pouce gouvernemental, elle qui a bénéficié du chèque énergie cette année.

    En 2018, elle a dû cesser son travail pour raison de santé. Elle distribuait les repas des patients dans un hôpital parisien. Elle a eu du mal à payer son loyer, le temps que les versements de la Sécurité sociale arrivent. Aujourd’hui, elle se retrouve avec 1 100 euros de revenus et 650 euros de loyer pour un logement social. Il reste à la femme seule environ 350 euros pour vivre. C’est déjà trop pour bénéficier d’aides des associations, pense-t-elle.

    Pour des ménages très, très modestes qui n’ont pas assez d’argent, la rénovation, c’est le parcours du combattant.
    Christine da Costa, des Compagnons bâtisseurs
    Surtout qu’en raison de son traitement encore agressif, elle a besoin de bien manger. D’où son congélateur-coffre bien garni installé sur le balcon, et son réfrigérateur américain qui trône dans sa cuisine parfaitement ordonnée. Parfois, raconte encore Espérance, elle n’a pas la force physique de sortir faire les courses. Elle est rassurée de savoir qu’elle a de quoi se nourrir.

    Mais ses 79 euros mensuels d’électricité pèsent beaucoup trop pour son budget. Dans son cas, Florian Gougeon n’a comme alternative que de changer les ampoules pour des LED qui consomment moins, d’installer des mousseurs et de baisser la température du congélateur de − 24 à − 18. Espérance est heureuse de cette aide car pour elle, « un euro de moins, c’est déjà un euro de gagné ». Dans six mois, Florian Gougeon la recontactera pour savoir si ces réglages ont permis de faire baisser sa facture.

    Christine da Costa, animatrice et chargée de mission précarité énergétique chez les Compagnons bâtisseurs, déplore que la prévention ne soit pas mieux développée par les services publics car la précarité énergétique est « un puits sans fond ». L’association organise des ateliers d’auto-réhabilitation accompagnée, en partenariat avec la CAF et les bailleurs sociaux.

    Elle regrette aussi que des propriétaires n’aient pas la capacité d’engager des travaux. « Pour des ménages très, très modestes qui n’ont pas assez d’argent, la rénovation, c’est le parcours du combattant. Ils ont peur d’engager de l’argent pour quelque chose qui ne marche pas ou de se faire arnaquer. »

    Sonia*, 55 ans, est dans ce cas. Elle refuse de recevoir chez elle, mais accepte de témoigner de sa situation. Elle vit dans une maison de 100 m2 depuis 13 ans. Elle et son époux l’ont achetée pour y vivre avec leurs cinq enfants. Les deux aînés sont partis, le troisième est sur le départ. Le père de famille est enseignant et elle est sans emploi.
    Tout récemment, elle a décidé de se lancer en indépendante, mais les revenus restent aléatoires. Le couple n’a jamais touché le chèque énergie, en raison de ses revenus trop élevés. En réalité, Sonia ignore même l’existence de ce dispositif.

    Elle explique que la maison n’est pas isolée. « Ni de l’intérieur, ni de l’extérieur. Quand on a acheté la maison, on a fait les travaux avec des amis et l’aide de l’entourage, mais ce n’est pas suffisant. » Ils se chauffent avec une chaudière au fioul, un gouffre financier. Tous les mois, la famille dépense au moins 300 euros. Parfois, la bourse de sa fille sert à payer la facture. Alors la famille « fait attention » en permanence.

    « J’ai froid toute la journée. Je m’habille au maximum comme si j’étais dehors, parfois il fait plus clément dehors. Chaque marche de l’escalier est plus froide que l’autre. On reste très peu au rez-de-chaussée. Si on mettait en marche tous les chauffages, on consommerait tout le fioul, alors j’allume seulement la chaudière le soir pour la douche et quelques autres choses. » Avec une fille asthmatique, Sonia est parfois désespérée de cette situation.

    Régler le problème par les travaux coûterait environ 25 000 euros, somme que le couple ne possède pas. Alors Sonia examine les aides disponibles comme Ma prime rénov, mais « c’est tellement compliqué qu’on a envie de lâcher l’affaire. Je n’ai toujours pas trouvé l’entreprise sérieuse et qui accepte les aides de l’État ».

    C’est pour cette raison qu’elle s’est tournée vers les Compagnons bâtisseurs. Sans compter que la facture de fioul n’est pas la seule à arriver et Sonia ne sait pas comment faire. « On doit aussi payer la taxe foncière et la taxe d’habitation, ça fait environ 3 000 euros, soit le double du salaire. Quand on a commencé à être propriétaires, on ne savait pas tout ça. »

    #électricité #chauffage #chèque_énergie #pauvreté

  • La vie souterraine de Berlin, entre infrastructure et politique Clarence Hatton-Proulx

    Eau, électricité, gaz : dans Remaking Berlin, Timothy Moss propose une histoire des réseaux d’infrastructures de Berlin de 1920 à 2020, montrant comment leur fonctionnement a varié au gré des régimes politiques.


    Timothy Moss, Remaking Berlin. A History of the City through Infrastructure, 1920–2020, Cambridge (Massachusetts), MIT Press, 2020, 472 p.

    Pour quiconque s’intéresse à l’histoire des villes, le cas de Berlin est particulièrement riche. En moins d’un siècle, la capitale allemande a connu une succession de régimes politiques différents : république de Weimar, règne nazi, division de la ville en deux républiques concomitantes (une libérale et une socialiste) pendant plus de quarante ans, puis, après la réunification des deux Allemagne en 1990 https://metropolitiques.eu/Qu-est-il-arrive-a-Berlin-depuis-1989.html , son nouveau statut de capitale. Cette diversité incomparable de régimes politiques se prête bien à l’étude d’un objet pourtant réputé pour sa résistance au changement et son insularité par rapport aux contextes sociaux : l’infrastructure. Timothy Moss, auteur de Remaking Berlin, remet magistralement en cause ces deux idées reçues à partir d’une monographie passionnante. Son étude est originale à plusieurs égards. Alors que l’infrastructure est habituellement traitée de manière sectorielle, Moss fait le choix d’étudier cinq types d’infrastructure simultanément : l’électricité, le gaz, le chauffage urbain, l’eau et le traitement des eaux usées. Ce choix permet de rendre compte des dynamiques de compétition comme de symétrie entre les différents réseaux étudiés. De plus, analyser l’évolution de ces réseaux sur le temps long, entre 1920 et 2020, met au jour les continuités et les changements du traitement des réseaux par des régimes politiques hétérogènes.

    Quatre tensions importantes ressortent du livre. Le mode de gestion des entreprises d’infrastructure change plusieurs fois pendant le siècle étudié, oscillant entre municipalisation – actionnariat et contrôle majoritaire de la municipalité – et privatisation. Sous la république de Weimar (1919-1933), les services en réseau sont contrôlés par la municipalité. Elle s’en sert pour propulser la production industrielle et la modernisation des équipements domestiques. Après une période d’incertitude liée à l’hyperinflation qui culmina en 1923, les entreprises municipales d’infrastructure améliorent la qualité et la portée de leurs réseaux et proposent des tarifs relativement bas, ce qui augmente rapidement le nombre de ménages connectés. Leurs bénéfices contribuent ainsi de manière importante au budget municipal. Ce mode de gestion est mis en cause par la Grande dépression et par des déficits budgétaires municipaux qui se sont creusés à cause de la crise. Bewag, l’entreprise d’électricité de Berlin, est privatisée en 1931. Si la municipalisation comme mode de gestion des infrastructures connaît ensuite un regain d’intérêt sous les nazis, c’est parce qu’elle permet d’expulser les actionnaires étrangers, en particulier juifs. Les entreprises d’infrastructure, qui étaient toutes publiques à Berlin-Est et sous contrôle municipal majoritaire ou minoritaire à Berlin-Ouest après le conflit, seront finalement toutes privatisées dans les années 1990. La raison invoquée ne tient pas tant à des performances insuffisantes, puisque Bewag et Berliner Wasserbetriebe (BWB), l’entreprise d’eau, étaient profitables. Leur vente a plutôt pour objectif de renflouer les coffres de la ville, laissés vides par la désindustrialisation massive et la chute des subventions fédérales accordées à Berlin après la réunification. BWB sera finalement municipalisée à nouveau en 2013, ce qui montre à quel point le triomphe d’un mode de gestion, quel qu’il soit (entreprise d’État, gestion municipale, privée), dépend de contextes politiques historiquement mobiles.

    La deuxième tension importante concerne le mode d’approvisionnement en eau et en énergie, constamment tiraillé entre le local et le lointain. Dès les années 1920, les gestionnaires d’infrastructures berlinois mettent l’accent sur la nécessité de produire localement, alors que la production d’électricité commence à s’éloigner des centres urbains dans plusieurs autres pays occidentaux. Suite à la scission physique du territoire de Berlin à partir de 1948, les dirigeants de Berlin-Ouest confirment cette option locale – une décision forcée par l’isolement politique et géographique de la ville entourée par la République démocratique allemande (RDA) et accélérée par le blocus soviétique mis en place cette année-là. Afin de se soustraire à d’autres blocus potentiels, Berlin-Ouest adopte une politique d’autarcie facilitée par les financements généreux de la République fédérale (RFA). Des stocks énormes de charbon et de pétrole sont constitués sur le terrain des centrales électriques et gazières de Berlin-Ouest et la capacité maximale de l’infrastructure d’eau et d’énergie est elle aussi considérablement augmentée pour tendre vers l’autosuffisance, au risque de développer un réseau inefficace en cas d’utilisation trop faible. À Berlin-Est, on constate le phénomène inverse : la production de gaz et d’électricité est graduellement déplacée hors du centre urbain, notamment pour valoriser le lignite est-allemand extrait en Lusace, puis le gaz naturel soviétique. Cette même tension est aussi soulevée pendant la période nazie. Alors que l’eau de Berlin provient de son aquifère, Hitler insiste pour que celle-ci vienne plutôt de sources de montagne. Cette lubie coûteuse ne verra pas le jour.

    Le troisième type de tensions, entre priorités urbaines et agenda national, est parfaitement illustré par la période nazie https://metropolitiques.eu/La-conquete-d-une-petite-ville-par.html . Berlin, capitale du nouveau Reich et, aux yeux d’Adolf Hitler, symbole de la métropole « dégénérée » aux mains des prolétaires marxistes et des Juifs, est un terrain idéal pour mettre en œuvre les politiques nazies. Les intérêts municipaux sont subordonnés à ceux du Parti et de l’État. Les dirigeants nazis imposent ainsi la construction d’un gazoduc de Watenstedt à Berlin afin d’assurer l’approvisionnement des usines de munitions de la capitale. Ils obligent Bewag à acheter le tiers de son électricité au fournisseur électrique national. L’agenda nazi donnait la priorité à l’utilisation des eaux usées pour produire des fertilisants agricoles utilisés dans les fermes à proximité de la ville et négligeait la qualité de l’eau sanitaire. Toutes ces mesures s’inscrivent dans un contexte de préparation à une guerre imminente qui oblige à renforcer l’autarcie nationale, au détriment de l’indépendance de la ville de Berlin. Quand le conflit éclate, ce sont évidemment les usages militaires de l’infrastructure qui priment sur les usages civils, contraignant les ménages à restreindre leur consommation pour que l’industrie de guerre puisse tourner à plein régime. Les infrastructures urbaines sont relativement épargnées par les bombardements alliés et l’artillerie soviétique, notamment en raison de leur caractère en partie souterrain. Cela n’empêchera pas que la période d’après-guerre soit marquée par des insuffisances chroniques d’approvisionnement en charbon, limitant la fourniture d’électricité et de gaz et compliquant l’activation des pompes à eau – indiquant de ce point de vue la centralité de l’utilisation du charbon dans le fonctionnement des différents types d’infrastructure. La destruction partielle du système d’épuration des eaux usées ainsi que des logements conduit en outre au déversement de quantités impressionnantes d’eaux non traitées dans les cours d’eau de la ville.

    La dernière tension se rapporte à la distance, au cours de tout le siècle écoulé, entre les prévisions de demande et les fluctuations imprévisibles de la consommation. Sur la base de projections démographiques ambitieuses, les dirigeants des entreprises d’infrastructures formulent la plupart du temps des prévisions de hausse de la demande afin de justifier l’extension des réseaux. Selon Moss, le mot d’ordre de cette stratégie, dominante pendant la période, est « construire et offrir ». On la retrouve à l’époque de Weimar, en RDA https://metropolitiques.eu/Une-exploration-urbaine-urbex-a-Plauen.html , ou encore dans la Berlin réunifiée. Pourtant, elle se heurte souvent à la réalité. Les plans quinquennaux socialistes prévoyaient que la consommation moyenne d’eau à Berlin-Est doublerait entre 1959 et 1980, mais cette hausse importante n’a pas eu lieu. Une même hypothèse optimiste de hausse de la demande caractérise les projections suivant la réunification berlinoise. Or, la quantité d’électricité et d’eau consommée dans la ville décline entre 1990 et 2011. 13 439 millions de kWh sont vendus à Berlin en 1990, contre 11 371 en 2011. 369 millions de mètres cubes sont distribués à Berlin en 1989, contre 217 en 2013. Cette baisse s’explique entre autres par la désindustrialisation massive de l’agglomération ainsi qu’une légère baisse démographique. Mais l’histoire de Berlin est également ponctuée de tentatives relativement infructueuses de réduction de la demande, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale et en RDA.

    La suite  : https://metropolitiques.eu/La-vie-souterraine-de-Berlin-entre-infrastructure-et-politique.html

    #Berlin #histoire #ville #villes #municipalité #infrastructures #politique #gestion_municipale #électricité #gaz #chauffage_urbain #eau #traitement_des_eaux_usées #histoire

  • Tous chasseurs cueilleurs !
    https://www.franceinter.fr/emissions/comme-un-bruit-qui-court/comme-un-bruit-qui-court-08-juin-2019

    Quand la civilisation menace l’#environnement... retour à la chasse et la cueillette. Entretien avec James C. Scott autour de son livre "#HomoDomesticus, une histoire profonde des premiers Etats".

    On a tous en tête des souvenirs d’école sur les débuts de l’Histoire avec un grand H. Quelque part entre le Tigre et l’Euphrate il y a 10 000 ans, des chasseurs-cueilleurs se sont peu à peu sédentarisés en domestiquant les plantes et les animaux, inventant dans la foulée l’#agriculture, l’écriture et les premiers Etats. C’était l’aube de la #civilisation et le début de la marche forcée vers le #progrès.

    Cette histoire, #JamesScott, anthropologue anarchiste et professeur de sciences politiques, l’a enseignée pendant des années à ses élèves de l’Université de Yale. Mais les découvertes archéologiques dans l’actuel Irak des dernières années l’ont amené à réviser complètement ce « storytelling » du commencement des sociétés humaines, et par là même remettre en question notre rapport au monde dans son dernier livre : Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats (Ed. La Découverte).

    Alors même que climat et biodiversité sont aujourd’hui plus que jamais menacés par les activités humaines, James C. Scott propose de réévaluer l’intérêt des sociétés d’avant l’Etat et l’agriculture. Car ces chasseurs-cueilleurs semi-nomades ont longtemps résisté face aux civilisations agraires, basées sur les céréales et qui, en domestiquant le monde, se sont domestiqués eux-mêmes, en appauvrissant leur connaissance du monde.

    Un reportage de Giv Anquetil.
    Les liens

    James C. Scott : « Le monde des chasseurs-cueilleurs était un monde enchanté » (Le grand entretien) par Jean-Christophe Cavallin, Diakritik

    Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Réflexions sur l’effondrement, Corinne Morel Darleux, Editions Libertalia

    "Amador Rojas invite Karime Amaya" Chapiteau du Cirque Romanès - Paris 16, Paris. Prochaine séance le vendredi 14 juin à 20h.

    Homo Domesticus, une histoire profonde des premiers Etats, James C. Scott (Editions La Découverte)

    Eloge des chasseurs-cueilleurs, revue Books (mai 2019).

    HOMO DOMESTICUS - JAMES C. SCOTT Une Histoire profonde des premiers États [Fiche de lecture], Lundi matin

    Bibliographie de l’association Deep Green Resistance
    Programmation musicale

    "Mesopotamia"- B52’s

    "Cholera" - El Rego et ses commandos

    #podcast @cdb_77

    • Homo Domesticus. Une histoire profonde des premiers États

      Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
      C’est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire #Homo_domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’#État antique comme étape cruciale de la « #civilisation » humaine.
      Ce faisant, il nous offre une véritable #écologie_politique des formes primitives d’#aménagement_du_territoire, de l’« #autodomestication » paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la #sédentarisation et des logiques de la #servitude et de la #guerre dans le monde antique.
      Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau appelait « l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes ».


      https://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232

      #James_Scott #livre #démographie #épidémiologie #évolution #humanité #histoire #inégalité #inégalités #Etat #écologie #anthropologie #ressources_pédagogiques #auto-domestication

    • Fiche de lecture: Homo Domesticus - James C. Scott

      Un fidèle lecteur de lundimatin nous a transmis cette fiche de lecture du dernier ouvrage de James C. Scott, (on peut la retrouver sur le blog de la bibliothèque fahrenheit) qui peut s’avérer utile au moment l’institution étatique semble si forte et fragile à la fois.
      « L’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres »
      À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands #récits_civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la #domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du #nomadisme ni engendré l’#agriculture_sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des #chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».
      Dans la continuité de #Pierre_Clastres et de #David_Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une anomalie et une contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      La première domestication, celle du #feu, est responsable de la première #concentration_de_population. La construction de niche de #biodiversité par le biais d’une #horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirable à l’intérieur d’un cercle restreint autour des #campements. La #cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de #digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des #céréales et des #légumineuses, à domestiquer des #chèvres, des #moutons, des #porcs, des #bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. Les premiers grands établissements sédentaires sont apparus en #zones_humides et non en milieu aride comme l’affirment les récits traditionnels, dans des plaines alluviales à la lisière de plusieurs écosystèmes (#Mésopotamie, #vallée_du_Nil, #fleuve_Indus, #baie_de_Hangzhou, #lac_Titicata, site de #Teotihuacan) reposant sur des modes de subsistance hautement diversifiés (sauvages, semi-apprivoisés et entièrement domestiqués) défiant toute forme de comptabilité centralisée. Des sous-groupes pouvaient se consacrer plus spécifiquement à une stratégie au sein d’un économie unifiée et des variations climatiques entraînaient mobilité et adaptation « technologique ». La #sécurité_alimentaire était donc incompatible avec une #spécialisation étroite sur une seule forme de #culture ou d’#élevage, requérant qui plus est un travail intensif. L’#agriculture_de_décrue fut la première à apparaître, n’impliquant que peu d’efforts humains.
      Les #plantes complètement domestiquées sont des « anomalies hyperspécialisées » puisque le cultivateur doit contre-sélectionner les traits sélectionnés à l’état sauvage (petite taille des graines, nombreux appendices, etc). De même les #animaux_domestiqués échappent à de nombreuses pressions sélectives (prédation, rivalité alimentaire ou sexuelle) tout en étant soumis à de nouvelles contraintes, par exemple leur moins grande réactivité aux stimuli externes va entraîner une évolution comportementale et provoquer la #sélection des plus dociles. On peut dire que l’espèce humaine elle-même a été domestiquée, enchaînée à un ensemble de routines. Les chasseurs-cueilleurs maîtrisaient une immense variété de techniques, basées sur une connaissance encyclopédique conservée dans la mémoire collective et transmise par #tradition_orale. « Une fois qu’#Homo_sapiens a franchi le Rubicon de l’agriculture, notre espèce s’est retrouvée prisonnière d’une austère discipline monacale rythmée essentiellement par le tic-tac contraignant de l’horloge génétique d’une poignée d’espèces cultivées. » James C. Scott considère la #révolution_néolithique récente comme « un cas de #déqualification massive », suscitant un #appauvrissement du #régime_alimentaire, une contraction de l’espace vital.
      Les humains se sont abstenus le plus longtemps possible de faire de l’agriculture et de l’élevage les pratiques de subsistance dominantes en raison des efforts qu’elles exigeaient. Ils ont peut-être été contraints d’essayer d’extraire plus de #ressources de leur environnement, au prix d’efforts plus intenses, à cause d’une pénurie de #gros_gibier.
      La population mondiale en 10 000 avant notre ère était sans doute de quatre millions de personnes. En 5 000, elle avait augmenté de cinq millions. Au cours des cinq mille ans qui suivront, elle sera multipliée par vingt pour atteindre cent millions. La stagnation démographique du #néolithique, contrastant avec le progrès apparent des #techniques_de_subsistance, permet de supposer que cette période fut la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité sur le plan épidémiologique. La sédentarisation créa des conditions de #concentration_démographique agissant comme de véritables « parcs d’engraissement » d’#agents_pathogènes affectant aussi bien les animaux, les plantes que les humains. Nombre de #maladies_infectieuses constituent un « #effet_civilisationnel » et un premier franchissement massif de la barrière des espèces par un groupe pathogènes.
      Le #régime_alimentaire_céréalier, déficient en #acides_gras essentiels, inhibe l’assimilation du #fer et affecte en premier lieu les #femmes. Malgré une #santé fragile, une #mortalité infantile et maternelle élevée par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les agriculteurs sédentaires connaissaient des #taux_de_reproduction sans précédent, du fait de la combinaison d’une activité physique intense avec un régime riche en #glucides, provoquant une #puberté plus précoce, une #ovulation plus régulière et une #ménopause plus tardive.

      Les populations sédentaires cultivant des #céréales domestiquées, pratiquant le commerce par voie fluviale ou maritime, organisées en « #complexe_proto-urbain », étaient en place au néolithique, deux millénaires avant l’apparition des premiers États. Cette « plateforme » pouvait alors être « capturée », « parasitée » pour constituer une solide base de #pouvoir et de #privilèges politiques. Un #impôt sur les céréales, sans doute pas inférieur au cinquième de la récolte, fournissait une rente aux élites. « L’État archaïque était comme les aléas climatiques : une menace supplémentaire plus qu’un bienfaiteur. » Seules les céréales peuvent servir de base à l’impôt, de part leur visibilité, leur divisibilité, leur « évaluabilité », leur « stockabilité », leur transportabilité et leur « rationabilité ». Au détour d’un note James C. Scott réfute l’hypothèse selon laquelle des élites bienveillantes ont créé l’État essentiellement pour défendre les #stocks_de_céréales et affirme au contraire que « l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres ». La majeure partie du monde et de sa population a longtemps existé en dehors du périmètre des premiers États céréaliers qui n’occupaient que des niches écologiques étroites favorisant l’#agriculture_intensive, les #plaines_alluviales. Les populations non-céréalières n’étaient pas isolées et autarciques mais s’adonnaient à l’#échange et au #commerce entre elles.
      Nombre de #villes de #Basse_Mésopotamie du milieu du troisième millénaire avant notre ère, étaient entourées de murailles, indicateurs infaillibles de la présence d’une agriculture sédentaire et de stocks d’aliments. De même que les grandes #murailles en Chine, ces #murs d’enceinte étaient érigés autant dans un but défensif que dans le but de confiner les paysans contribuables et de les empêcher de se soustraire.
      L’apparition des premiers systèmes scripturaux coïncide avec l’émergence des premiers États. Comme l’expliquait #Proudhon, « être gouverné, c’est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé ». L’#administration_étatique s’occupait de l’#inventaire des ressources disponibles, de #statistiques et de l’#uniformisation des #monnaies et des #unités_de_poids, de distance et de volume. En Mésopotamie l’#écriture a été utilisée à des fins de #comptabilité pendant cinq siècle avant de commencer à refléter les gloires civilisationnelles. Ces efforts de façonnage radical de la société ont entraîné la perte des États les plus ambitieux : la Troisième Dynastie d’#Ur (vers 2100 avant J.-C.) ne dura qu’à peine un siècle et la fameuse dynastie #Qin (221-206 avant J.-C.) seulement quinze ans. Les populations de la périphérie auraient rejeté l’usage de l’écriture, associée à l’État et à l’#impôt.

      La #paysannerie ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites non productrices et devait être contrainte par le biais de #travail_forcé (#corvées, réquisitions de céréales, #servitude pour dettes, #servage, #asservissement_collectif ou paiement d’un tribu, #esclavage). L’État devait respecter un équilibre entre maximisation de l’excédent et risque de provoquer un exode massif. Les premiers codes juridiques témoignent des efforts en vue de décourager et punir l’#immigration même si l’État archaïque n’avait pas les moyens d’empêcher un certain degré de déperdition démographique. Comme pour la sédentarité et la domestication des céréales, il n’a cependant fait que développer et consolider l’esclavage, pratiqué antérieurement par les peuples sans État. Égypte, Mésopotamie, Grèce, Sparte, Rome impériale, Chine, « sans esclavage, pas d’État. » L’asservissement des #prisonniers_de_guerre constituait un prélèvement sauvage de main d’œuvre immédiatement productive et compétente. Disposer d’un #prolétariat corvéable épargnait aux sujets les travaux les plus dégradants et prévenait les tensions insurrectionnelles tout en satisfaisant les ambitions militaires et monumentales.

      La disparition périodique de la plupart de ces entités politiques était « surdéterminée » en raison de leur dépendance à une seule récolte annuelle d’une ou deux céréales de base, de la concentration démographique qui rendait la population et le bétail vulnérables aux maladies infectieuses. La vaste expansion de la sphère commerciale eut pour effet d’étendre le domaine des maladies transmissibles. L’appétit dévorant de #bois des États archaïques pour le #chauffage, la cuisson et la #construction, est responsable de la #déforestation et de la #salinisation_des_sols. Des #conflits incessants et la rivalité autour du contrôle de la #main-d’œuvre locale ont également contribué à la fragilité des premiers États. Ce que l’histoire interprète comme un « effondrement » pouvait aussi être provoqué par une fuite des sujets de la région centrale et vécu comme une #émancipation. James C. Scott conteste le #préjugé selon lequel « la concentration de la population au cœur des centres étatiques constituerait une grande conquête de la civilisation, tandis que la décentralisation à travers des unités politiques de taille inférieure traduirait une rupture ou un échec de l’ordre politique ». De même, les « âges sombres » qui suivaient, peuvent être interprétés comme des moments de résistance, de retours à des #économies_mixtes, plus à même de composer avec son environnement, préservé des effets négatifs de la concentration et des fardeaux imposés par l’État.

      Jusqu’en 1600 de notre ère, en dehors de quelques centres étatiques, la population mondiale occupait en majorité des territoires non gouvernés, constituant soit des « #barbares », c’est-à-dire des « populations pastorales hostiles qui constituaient une menace militaire » pour l’État, soit des « #sauvages », impropres à servir de matière première à la #civilisation. La menace des barbares limitait la croissance des États et ceux-ci constituaient des cibles de pillages et de prélèvement de tribut. James C. Scott considère la période qui s’étend entre l’émergence initiale de l’État jusqu’à sa conquête de l’hégémonie sur les peuples sans État, comme une sorte d’ « âge d’or des barbares ». Les notions de #tribu ou de peuple sont des « #fictions_administratives » inventées en tant qu’instrument de #domination, pour désigner des #réfugiés politiques ou économiques ayant fuit vers la périphérie. « Avec le recul, on peut percevoir les relations entre les barbares et l’État comme une compétition pour le droit de s’approprier l’excédent du module sédentaire « céréales/main-d’œuvre ». » Si les chasseurs-cueilleurs itinérants grappillaient quelques miettes de la richesse étatique, de grandes confédérations politiques, notamment les peuples équestres, véritables « proto-États » ou « Empires fantômes » comme l’État itinérant de #Gengis_Kahn ou l’#Empire_Comanche, constituaient des concurrents redoutables. Les milices barbares, en reconstituant les réserves de main d’œuvre de l’État et en mettant leur savoir faire militaire au service de sa protection et de son expansion, ont creusé leur propre tombe.

      Dans la continuité de Pierre Clastres et de David Graeber, James C. Scott contribue à mettre à mal les récits civilisationnels dominants. Avec cette étude, il démontre que l’apparition de l’État est une #anomalie et une #contrainte, présentant plus d’inconvénients que d’avantages, raison pour laquelle ses sujets le fuyait. Comprendre la véritable origine de l’État c’est découvrir qu’une toute autre voie était possible et sans doute encore aujourd’hui.

      https://lundi.am/HOMO-DOMESTICUS-Une-Histoire-profonde-des-premiers-Etats
      #historicisation

    • Grenoble. CONFÉRENCE DE PRESSE :

      Aujourd’hui lundi 14 décembre à midi, les habitantEs du 7 place Laurent Bonnevay soutenuEs par le DAL 38 ont organisé une conférence de presse devant le bâtiment occupé.
      Les exigences des familles ont été clairement réaffirmées :
      • Un relogement décent, adapté et surtout pérenne pour toutes les personnes concernées.
      • Les familles resteront unies jusqu’au relogement de toutes et tous.
      • Application de la loi de réquisition sur les immeubles et logements vacants dont l’ordonnance du 11 octobre 1945.
      À travers cette conférence de presse, les habitantEs du 7 place Laurent Bonnevay ont aussi dénoncé la coupure du chauffage prévue dans 3 jours….Honte à l’EPFL, honte à ACTIS, honte aux éluEs de la ville de Grenoble, honte aux institutions….
      Compte-tenu de la présence de personnes fragiles avec enfants et des difficultés majeures pendant cette période de pandémie, le collectif EXIGE LE MAINTIEN DU CHAUFFAGE jusqu’au relogement de toutes et tous !
      SI BESOIN NOUS SAURONS NOUS FAIRE ENTENDRE….

      https://www.facebook.com/droitaulogement38/posts/1840913792738618
      #coupure #chauffage

    • Des militants soutenant les mal-logés à Grenoble ont manifesté et réquisitionné des logements vides

      Plus d’une centaine de soutiens aux mal-logés ont manifesté à Grenoble ce samedi 12 décembre 2020. Une initiative de l’Assemblée des mal-logés, soutenue par l’association Droit au logement. L’objectif ? Rendre visible la situation de ces personnes et défendre leurs droits, y compris par la réquisition de logements vides au titre du droit à disposer d’un toit.

      « Nous, sans-abri, locataires HLM, locataires du privé, hébergé.e.s, expulsé.e.s, squatteur.ses, unissons nos voix car nous sommes tous.tes mal-logés. » La phrase figurant en accroche du texte d’appel des personnes mal logées, distribué ce samedi 12 décembre place de Verdun, était on ne peut plus explicite.

      L’Assemblée des mal-logés, soutenue par l’association Droit au logement de L’Isère (Dal 38) avait appelé leurs soutiens à se rassembler pour exprimer leurs revendications. Avant de partir manifester sous la pluie jusqu’à la cité dite des “volets verts” du quartier de l’Abbaye. Un lieu où les militants avaient réquisitionné, le mercredi 9 décembre, plusieurs appartements vides d’un immeuble situé place Laurent-Bonnevay. Y vivent depuis, selon eux, des célibataires et des familles avec ou sans enfants, tous précédemment sans logement.

      (...)

      https://www.placegrenet.fr/2020/12/13/des-militants-soutenant-les-mal-loges-a-grenoble-ont-manifeste-et-requisitionne-des-logements-vides/407609
      #paywall

    • Grenoble : des sans-abris demandent à rester dans un immeuble du quartier de l’Abbaye

      Ils sont là depuis six jours. Des familles avec enfants et des célibataires ont trouvé refuge dans un immeuble inhabité quartier de l’Abbaye à Grenoble. Les associations qui les soutiennent demandent à la mairie et à la Préfecture de réquisitionner les lieux pour qu’ils restent sur place.

      L’endroit est inhabité depuis plus de dix ans. Situé place Bonnevay dans le quartier de l’Abbaye, il est insalubre. Mais il y a toujours l’eau et l’électricité.

      L’immeuble est occupé par des familles avec enfants et des célibataires, des personnes en attente de régularisation. L’association Droit au Logement leur a ouvert les portes le 9 décembre pour leur éviter la rue et le froid.

      Dans trois jours, le courant et l’eau vont être coupés par le bailleur social Actis, qui en a l’usufruit. Un projet de réhabilitation de cette résidence appelée Les Volets Verts va être mis en route.

      Ce 14 décembre ; Droit au Logement a donné une conférence de presse au pied du bâtiment. L’assocation demande à la ville et à la Préfecture de réquisitonner l’endroit pour maintenir ces personnes dans les lieux, en attendant des solutions pérennes. L’immeuble appartient à la Métro.

      D’après Droit au logement, il y aurait 250 logements vides dans Grenoble et son agglomération, et dans le même temps 5.000 personnes actuellement à la rue.

      Une grande manifestation est prévue jeudi 17 décembre sur le parvis de la mairie de Grenoble.

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/abris-demandent-rester-immeuble-du-quartier-abbaye-gren

    • Grenoble : une manifestation pour le droit au logement se termine en occupation d’immeuble

      Samedi 12 décembre, à l’appel du DAL 38 (Droit au logement), une centaine de personnes ont manifesté dans les rues de Grenoble, avant de prendre la direction du quartier de l’Abbaye. Prenant de court les forces de l’ordre qui encadraient le cortège, les manifestants ont rejoint le n°7 de la place Laurent-Bonnevay où plusieurs personnes sont rentrées dans un bâtiment abandonné, afin de l’occuper. Des familles mais aussi des personnes isolées occupent désormais l’immeuble, qui est censé être détruit prochainement.

      https://www.ledauphine.com/social/2020/12/12/isere-grenoble-une-manifestation-pour-le-droit-au-logement-se-termine-en

    • Grenoble : bras de fer entre la Ville et le DAL 38

      Après la coupure d’énergie dans le bâtiment occupé à l’Abbaye, une #manifestation a eu lieu sur le parvis de l’hôtel de Ville.

      Une centaine de personnes se sont réunies ce mercredi matin 23 décembre sur le parvis de l’hôtel de Ville. Ils dénonçaient la coupure d’électricité, d’eau et de chauffage dans le bâtiment occupé par une cinquantaine de personnes en situation de précarité dans le quartier de l’Abbaye. Pour rappel, cet immeuble vacant – situé au 7 place Laurent-Bonnevay – avait été investi par le DAL 38 (Droit au logement) au cours d’une manifestation le 12 décembre.

      « Ça fait deux ans que je dors dehors. On demande seulement le minimum vital. On dort habillé mais on a très froid », lâche un jeune Malien immigré, qui occupe un de ces logements. Les militants du DAL s’offusquent de cette coupure d’énergies : « Quand nous sommes arrivés, ce bâtiment était chauffé alors qu’il était vide ! […] La Ville fait ça pour que les occupants s’en aillent ! Ils avaient pourtant promis qu’ils ne couperaient pas le chauffage. C’est une honte, surtout à la veille de Noël », clame l’un d’entre eux. Ils demandent des solutions de relogement, « durables et salubres, pas le 115 ! ».
      « Obstruction » du DAL 38

      Pour la municipalité, le DAL ne serait pas dans une démarche coopérative. « Il y avait un rendez-vous prévu entre les travailleurs du CCAS et les occupants. Les travailleurs sociaux ont finalement été accueillis par les militants du DAL. Ces derniers semblent refuser que nous rencontrions directement les occupants de l’Abbaye », explique Céline Deslattes, conseillère municipale à la grande précarité. « Le CCAS a pourtant besoin de les rencontrer, de discuter avec eux pour proposer des solutions de relogement. […] On parle de vies humaines ! Je ne comprends pas pourquoi les militants du DAL font obstruction à ces discussions. »

      Ce bâtiment fait partie d’un vaste plan de réhabilitation des logements du quartier de l’Abbaye. « Les coupures d’énergie étaient prévues pour la fin d’année », assure-t-elle. Ce que met en doute le DAL : « Cet immeuble était inoccupé depuis des années. Le chauffage tournait et comme par hasard ils le coupent quand nous arrivons », ironise Garance du DAL. En somme, chaque partie se renvoie la balle et les négociations semblent au point mort.

      https://www.ledauphine.com/social/2020/12/24/isere-grenoble-bras-de-fer-entre-la-ville-et-le-dal-38

    • Solidaires avec les occupant.e.s du 7 pl Bonnevay, la mairie de Grenoble doit ouvrir des négociations !

      Depuis le 9 décembre, 50 personnes dont des femmes seules et des parents avec enfants occupent un immeuble dans le quartier de l’Abbaye à Grenoble avec le soutien du DAL 38. Ces personnes étaient sans logis, alors que cet immeuble du bailleur social ACTIS était vide et chauffé depuis 4 ans.

      Alors que cet ensemble de 264 logements vides disposait de tous les fluides nécessaires [eau, électricité, chauffage] pendant toutes ces années d’inoccupation, la mairie de Grenoble – en charge de la gestion d’Actis – a ordonné la coupure des fluides sitôt que des personnes sans-logis ont occupé les appartements. Ces personnes ne peuvent plus s’éclairer, elles ne peuvent plus se laver ni user des commodités sanitaires, elles ont froid. Alors que nous sommes en pleine pandémie et que la température est terriblement basse, comment expliquer un tel manque d’humanité de la part de la mairie de Grenoble ?

      Comment expliquer qu’un bailleur social laisse dormir des personnes dans la rue alors qu’il dispose d’une quantité invraisemblable de logements vides ? Peut-on tolérer qu’un bailleur social, une institution publique, use inutilement des fluides et du chauffage de centaines de logements vides ? Ceci pour un inavouable projet de promotion immobilière ? Et en dépit de toutes règles sociales et environnementales ? Nous sommes en droit d’exiger des réponses de la part de la mairie de Grenoble puisqu’elle est responsable de la bonne gestion d’Actis.

      La loi permet au représentant de l’Etat dans le département, sur proposition du service municipal du logement et après avis du maire, de procéder par voie de réquisition, pour une durée maximum d’un an renouvelable, à la prise de possession partielle ou totale des locaux à usage d’habitation vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés” pour les attribuer à des mal-logés. Pourquoi cette procédure n’a-t-elle jamais été mise en œuvre sur la ville ? Pourquoi n’a-t-elle jamais été envisagée ?

      Nous attendons de la mairie une politique sociale et environnementale ambitieuses et rigoureuses. En place des destructions de logements sociaux pour les remplacer en bétonnant et densifiant toujours plus, il serait plus judicieux d’engager une politique intensive de rénovation des bâtiments et de réhabilitation énergétique. Cela créerait une masse considérable d’emplois durables et utiles pour la transition énergétique et pour le progrès social. Mais quelle est donc cette triste comédie que nous présente notre mairie qui se réclame sociale et écologiste ? Mais où est donc l’orgueilleuse capitale “verte” européenne ? Où est le prétendu “arc humaniste” tant vanté par le maire de la ville ?

      Nous appelons le maire et tousTes les éluEs de la ville à se ressaisir. Nous pensons que la mairie peut sortir de sa posture inhumaine et vide de toute perspective.

      Nous invitons la mairie de Grenoble et la Métro à ouvrir des négociations avec les occupants du 7 pl Bonnevay pour trouver une solution durable et digne, pour :

      Le rétablissement immédiat des fluides
      L’obtention dans les meilleurs délais d’un logement décent et pérenne pour chaque occupant.e
      La création d’emplois afin de permettre, sur l’agglomération, la rénovation des bâtiments vétustes ou vides et la réhabilitation énergétique de l’ensemble du parc immobilier des bailleurs sociaux.

      https://solidaires-isere.fr/2020/12/30/solidaires-avec-les-occupant-e-s-du-7-pl-bonnevay-la-mairie-de-gren

      #solidarité

    • Occupation à l’Abbaye : « Même si le froid va nous tuer, on ne partira pas »

      Depuis trois semaines, un bâtiment du quartier de l’Abbaye à Grenoble est occupé par plusieurs dizaines de personnes, avec l’appui du DAL 38 (Droit au logement). Dans un immeuble (propriété de l’établissement public foncier local, #EPFL et dont la gestion est assurée par le bailleur social #Actis) destiné à être réhabilité, cette occupation provoque un bras de fer entre le collectif militant et les différentes collectivités, parmi lesquelles la mairie de Grenoble. Entre le quotidien des occupants, sans eau, ni chauffage ou électricité, et les discussions compliquées sur ce sujet, le point sur la situation.

      https://www.ledauphine.com/societe/2020/12/31/isere-grenoble-occupation-a-l-abbaye-meme-si-le-froid-va-nous-tuer-on-ne

    • Squat de l’Abbaye à Grenoble : le petit coup de griffe de #Christophe_Ferrari à la municipalité Piolle

      La lettre, dont nous avons obtenu copie, est signée par le président de la Métropole Christophe Ferrari. Elle a été envoyée à Élisa Martin, adjointe au maire de Grenoble et présidente du bailleur social Actis. Et, même si l’élu a pris le soin de rajouter à la main un « bien à toi », la missive ressemble davantage à un petit coup de griffe. Et son objet est : l’affaire du squat du quartier de l’Abbaye (https://www.ledauphine.com/social/2020/12/12/isere-grenoble-une-manifestation-pour-le-droit-au-logement-se-termine-en).

      Christophe Ferrari commence ainsi : « J‘ai été interpellé par voie de presse, et plus récemment par courrier, à la fois par des associations et par des élus métropolitains, concernant la situation des personnes qui se sont installées dans les logements vides du 7 place Laurent-Bonnevay à Grenoble. Propriété d‘Actis jusqu’en 2019, ces bâtiments font l’objet d’un portage par l’Établissement public foncier local du Dauphiné (EPFL), dans le cadre d’un projet de renouvellement urbain porté par la Ville de Grenoble, en lien avec la Métropole. Bien que n’étant désormais plus propriétaire, Actis assure un rôle de gestionnaire y compris s’agissant du relogement des locataires dans la perspective de libérer entièrement les lieux. Depuis début décembre, les logements vides sont occupés par l‘association Droit au Logement (DAL) et par des personnes sans-abri. »

      Il poursuit : « Dans ce contexte, j‘ai découvert par voie de presse, et à regret, a fortiori au regard de l’hiver rigoureux que nous traversons et compte tenu de la situation sanitaire, que l‘électricité, le chauffage urbain et l‘eau courante des logements squattés avaient été coupés entre le 18 et le 23 décembre, sans information ni concertation préalable avec la Métropole. Ces décisions me semblent mettre gravement en danger la santé des personnes présentes sur les lieux. Je vous invite, en ce sens, à reconsidérer ces décisions, et, à l‘avenir, à travailler en lien étroit avec la Métropole. »

      –---

      « Christophe Ferrari peut très bien m’appeler au lieu de m’écrire des lettres »

      Une heure après la publication des extraits de la lettre de Christophe Ferrari à #Élisa_Martin, celle-ci nous a contactés pour réagir « fort tranquillement » au courrier.

      L’élue nous dit : « Premièrement, Christophe Ferrari peut très bien m’appeler au lieu de m’écrire des lettres, il connaît bien mon numéro. D’ailleurs, je précise que je n’ai pas encore reçu cette lettre, que je la découvre à l’instant. Secundo, je me dis que c’est une bonne chose que le président de la Métropole s’intéresse vraiment à ce sujet du logement, qui sera à mon avis une des clés du mandat. D’ailleurs, je lui conseille de s’appuyer sur Nicolas Beron Perez (élu grenoblois et vice-président de Grenoble-Alpes Métropole chargé de l’habitat, du logement et de l’hébergement) pour faire avancer les choses. Ensuite, je précise que nous avons une réunion ce jeudi même au sujet de l’avenir d’Actis, qui doit évoluer pour coller notamment avec la loi Elan, et que je ne comprends pas pourquoi le président de la Métropole ouvre le feu juste avant cette réunion cruciale. Et j’aimerais aussi préciser qu’il était parfaitement au courant de la situation. Enfin, je pourrais dire que je trouve ce courrier est un peu grossier et déplacé, mais je préfère retenir que le sujet du logement a retenu son attention et que c’est très bien si la Métro se bouge sur ce point-là. »

      https://www.ledauphine.com/politique/2021/01/12/isere-squat-de-l-abbaye-a-grenoble-le-petit-coup-de-griffe-de-christophe

    • Envoyé ce jour des demandes de rendez-vous de la part des occupantEs et du DAL en courrier recommandé à :
      Eric Piolle maire de Grenoble
      Elisa Martin présidente d’Actis
      Nicolas Béron Perez conseiller métropolitain en charge du logement de habitat et de l’hébergement
      Christophe Ferrari président de la Métropole
      Lionel Beffre préfet de l’Isère
      Jean Pierre Barbier président du Conseil départemental de l’Isère
      Alan Confesson président de la compagnie de chauffage
      Vincent Fristot président de GEG
      Tous et toutes sont responsables a différents niveaux de la situation actuelle : mais qui aura le courage qui va avec les responsabilités ?

      Source : page FB du DAL 38, 14.01.2021

    • Grenoble : la mairie refuse de rétablir l’eau et le chauffage pour des mal-logés

      Pendant plus de quatre ans, près de 250 logements HLM du quartier de l’Abbaye, à Grenoble, sont restés inoccupés sous le prétexte de la future gentrification de cette zone. Bien que vacants, ces logements étaient malgré tout chauffés et alimentés en eau et en électricité durant ces années. Au début du mois de décembre, alors qu’une cinquantaine de sans-logis y ont trouvé refuge en pleine vague de froid, Actis, l’office public de l’habitat de la région grenobloise, a donné l’ordre de couper les fluides. C’est ainsi qu’avec l’aval de certains élus locaux et sous le regard du maire Eric Piolle, ce bailleur social a privé sans sourciller des familles entières d’eau, d’électricité et de chauffage, juste avant les fêtes de fin d’année, en pleine crise sanitaire. Des enfants d’à peine trois ans on ainsi été condamnés à passer Noël dans le noir, subissant les températures glaciales qui frappent la ville en cette période.
      L’association DAL 38 ainsi que des habitants de Grenoble se mobilisent aujourd’hui pour exiger notamment le rétablissement des fluides dans ces logements sociaux. Une pétition à destination d’Eric Piolle a été mise en ligne. Un appel aux dons a également été lancé.

      A Grenoble, 232 logements ont été progressivement vidés des familles qui les habitaient en vue d’une opération de gentrification du quartier de l’Abbaye. Selon le DAL, pendant 4 ans, ces habitations vacantes ont pourtant continué à être chauffées. Depuis le 12 décembre 2020, un de ces immeubles est occupé par 52 sans-logis (la mairie de Grenoble déclare toutefois que ce nombre est « non vérifiable »), sous l’égide de l’association DAL (Droit Au Logement) qui demande depuis à la mairie de réquisitionner ces habitations temporairement afin que ses occupants actuels puissent y rester jusqu’à être relogés dignement. Bien qu’insalubre, cette résidence des Volets Verts, située au 7 place Laurent Bonnevay, était jusque-là alimentée en eau, électricité et chauffage urbain. Pourtant, quelques jours suivant l’occupation des lieux par les sans-logis, le bailleur social Actis, qui détient l’usufruit de ces logements, a pris la décision de couper les fluides, avec l’approbation des élus locaux. De son côté, la mairie précise que la dernière famille vivant dans l’un des logements situés au 7 place Laurent Bonnevay a quitté les lieux le 10 décembre 2020 et que la distribution de chauffage via la sous-station étant commune à tous les logements, elle a été coupée en raison du départ de ces habitants afin que la gestion du bâtiment puisse être remise aux mains du EPFL-D (Etablissement Public Foncier Local du Dauphiné) qui en est le propriétaire.

      Le DAL qualifie toutefois cet acte de « cynique », ouvrant la voie à « une pratique jusqu’alors proscrite par de nombreux propriétaires institutionnels, que même le Préfet de police de Paris n’avait pas utilisé contre les occupants de l’ancien commissariat de la rue du Croissant dans le 2e arrondissement, occupé par des sans-logis le 1er janvier 2020, jusqu’à leur relogement. ». On peut également prendre l’exemple de l’occupation du 24 rue de la Banque, en sachant que ni la Lyonnaise de Banque, ni la Mairie de Paris n’y avaient suspendu les fluides. Ainsi, ce qui se passe aujourd’hui est d’une extrême gravité selon Mathis, un grenoblois mobilisé pour soutenir le DAL et les sans-logis, qui s’inquiète notamment de la santé de ces personnes vulnérables laissées sans chauffage en plein hiver (et en pleine crise sanitaire, précisons-le), alors que la ville connaît des températures en-dessous de zéro : « après plusieurs semaines sans fluides, les enfants commencent à tomber malades. Noël dans le noir, sans eau, depuis le 12 décembre 2020… Pas de remise de fluides si les habitants restent. Néanmoins la mobilisation continue et les habitants tiendront. »

      Le 12 janvier 2021 à 8h30, des travailleurs sociaux se sont rendus sur place et ont pu rencontrer huit occupants afin de leur proposer un accompagnement individuel en les dirigeant éventuellement vers des centres d’hébergement d’urgence. Cependant, pour le DAL et les personnes concernées, ces centres ne sont pas une solution étant donné qu’ils imposeraient des conditions de vie déplorables aux personnes hébergées et ce, sur tous les niveaux : suivi, alimentation, conditions sanitaires, accès aux services publics… Qui plus est, l’accueil dans ces logements d’urgence n’est que temporaire et certains d’entre eux risquent d’être fermés par l’association AJHIRALP (Association Régionale pour l’Insertion) dès le 31 mars 2021, rejetant les occupants dans la rue.

      La Ville et le CCAS admettent avoir eux-mêmes constaté d‘importants dysfonctionnements du dispositif hivernal d’hébergement d’urgence en Isère, en dépit de son renforcement annoncé, déclarant que « l’ensemble des places d’hébergement d’urgence semblent ne pas avoir été attribuées, des personnes appelant le 115 se voient refuser une prise en charge et restent à la rue » et « des personnes disent quitter ou renoncer aux lieux d’hébergement en raison de leur insalubrité ou d’un manque de sécurité. » Ces problèmes ont été listés dans un courrier envoyé un Préfet de l’Isère.

      La Ville de Grenoble déclare néanmoins être mobilisée, de même que le CCAS, pour l’hébergement des plus précaires, « en dehors de toute compétence obligatoire ». Depuis 2018, la Ville dispose d’une Equipe juridique Mobile « spécialement dédié à l’application du droit au logement et du droit à l’hébergement », coopérant notamment avec le DAL auquel des locaux ont été proposés, « à titre gracieux, à compter du 1er avril 2021 et en dehors de toute obligation à le faire. », admettant toutefois que les fluides des locaux seraient à la charge du DAL. Concernant la gentrification du quartier de l’Abbaye, la Ville se défend en parlant d’un « grand projet de renouvellement urbain » avec 30 à 40 % de logements sociaux prévus, précisant que les anciens locataires ont bénéficié d’un plan de relogement.

      « Eric Piolle, maire des riches »

      La crise du logement qui sévit actuellement sur le territoire français, due à l’appauvrissement graduel des populations modestes qui, aggravé par la crise de la Covid-19, aura d’autant plus creusé les inégalités, n’aura pas épargné la ville de Grenoble qui compte aujourd’hui « 1 800 sans abris, 16 000 ménages en attente de logements sociaux depuis plusieurs années et plus de 17 000 logements vacants… Un chiffre démesuré. » s’indigne Mathis. Pourtant, la mairie et la préfecture refusent d’avoir recours à la loi sur la réquisition des logements vacants, datant du 11 octobre 1945, même si celle-ci permettrait d’héberger de nombreux sans-abris ou mal-logés. Selon Mathis, le préfet de l’Isère, Lionel Beffre, et le maire de Grenoble, Eric Piolle, refusent de recourir à cette loi « pour des raisons politiques ».

      Plusieurs manifestations ont eu lieu à Grenoble depuis le mois dernier pour défendre les mal-logés du quartier de l’Abbaye, demandant aux élus de réagir. Les associations et les grenoblois mobilisés exigent le rétablissement de l’eau (en gardant à l’esprit que le droit à l’eau potable est un droit fondamental reconnu par l’Organisation des Nations Unies depuis le 28 juillet 2010), de l’électricité et du chauffage au 7 place Laurent Bonnevay, mais aussi le relogement de tous les occupants ainsi que l’application de la loi de réquisition des logements vides. Le temps dira s’il reste une part d’humanité à ces élus ou si le système aura fini de déshumaniser ceux qui le servent.

      Quid du droit au logement ?

      Le droit au logement en France ne date pourtant pas d’hier et découle du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 qui indique que « La Nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ». La loi Quilliot du 22 juin 1982 indique également que « Le droit à l’habitat est un droit fondamental ». Ce même droit est cité dans deux autres lois : la loi Mermaz de 1989 et la loi Besson de 1990. En 1995, il est de nouveau mis en avant par le Conseil constitutionnel qui considère que : « La possibilité de disposer d’un logement décent est un objectif à valeur constitutionnelle ». Malgré cela, le droit au logement reste largement inappliqué sur le territoire français.

      En effet, selon un rapport publié en juin 2020 par six associations de solidarité pour le logement, dont la Fondation Abbé Pierre, plus un demandeur HLM est pauvre, moins il aura de chances d’obtenir un logement. Cette contradiction avec le droit au logement résulte, d’après le rapport inter-associatif, « de l’organisation d’un système économique, politique, juridique et financier, qui exclut de fait, pour cause de ressources insuffisantes, des catégories entières de la population. ». La recherche montre que pour l’immense majorité des demandeurs de logement social à faibles ressources, plus le revenu est élevé, plus le taux d’attribution augmente. Elle souligne également le fait que c’est lors de la sélection des candidats qui seront présentés à la commission d’attribution que ceux ayant les ressources les plus faibles seront, en grande partie, écartés de l’accès au parc social « à travers une série de mécanismes d’exclusion à la fois intentionnels et non-intentionnels. », ajoutant que « le motif de l’insuffisance des ressources constitue en effet un motif absolu de rejet d’un demandeur au moment de la désignation si celui-ci ne répond pas aux critères de solvabilisation fixés. »

      Le rapport indique que la moitié des ménages pauvres sont contraints de faire appel au parc privé, subissant ipso facto des taux d’effort colossaux et souvent, des conditions de logement indignes. Dans son communiqué de presse du 11 juin 2020, la Fondation Abbé Pierre souligne que bien qu’il n’y ait pas de minimum de ressources exigible par les commissions d’attribution, celles-ci « évaluent la capacité du demandeur à supporter le coût de son logement. Or ce coût n’a cessé d’augmenter. En parallèle, la précarité croissante des familles candidates au logement social conduit à une réduction des ressources stables « présentables » au bailleur. De fait, le « taux d’effort » du candidat dépasse de plus en plus souvent le seuil de 25 ou 30 %, synonyme d’exclusion. »

      Les obstacles pour accéder aux logements sociaux que doivent surmonter les personnes aux revenus les plus modestes sont nombreux : « pénurie de logements sociaux, loyers HLM trop élevés, attributions mal ciblées, défaut d’accompagnement, solvabilisation insuffisante par les aides publiques, méconnaissance de leurs obligations par les différents acteurs… à commencer par les préfets. » Les six associations à l’origine du rapport sur les Difficultés d’accès au parc social des ménages à faibles ressources ont également publié 15 propositions pour faciliter cet accès. Peut-être certains élus devraient-ils y jeter un coup d’œil ?

      https://mrmondialisation.org/grenoble-la-mairie-refuse-de-retablir-leau-et-le-chauffage-pour-de

  • Le chauffage au gaz sera interdit dans les maisons neuves dès l’été 2021 - Mieux Habiter | BFM Immo
    https://www.lavieimmo.com/mieux-habiter/le-chauffage-au-gaz-sera-interdit-dans-les-maisons-neuves-des-l-ete-2021-

    Un coup dur pour certains professionnels. Ainsi, le patron du réseau de transport de gaz GRTGaz dit craindre le retour en force du chauffage électrique dans les bâtiments neufs, alors que Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, l’un des deux gestionnaires du réseau de transport de gaz en France avec Teréga, dit redouter « le retour du chauffage électrique obligatoire pour tous ».

    Et donc, on va transformer le gaz naturel en hydrogène pour en faire ensuite de l’électricité pour enfin alimenter les radiateurs électriques.

    En plus, si on n’achète plus de gaz, on n’a plus besoin des russes et du gazoduc Nord Stream II.

    J’espère que les stratèges qui pondent cette super interdiction du chauffage au gaz ne le font pas dans cette optique « géo-stratégique » borgne...

    Ça ressemble à la mégastratégie géniale qui à la fin fait énoncer par le lider : y-a pas le choix, faut fabriquer des EPR ! Un petit peu comme la non-alternative des vaccins et du Covid... Sauf que comme pour le nucléaire, l’EPR, on l’attend depuis 20 ans, la fusion depuis 50, et le vaccin, peut-être à l’automne prochain (promis, on va vacciner les vieux en premier, et on décidera du vaccin qu’on conserve pour le grand nombre en fonction du nombre de survivants de chaque vaccin...)

  • La #transition_électrique : les doigts dans l’emprise — #Datagueule_98
    https://peertube.datagueule.tv/videos/watch/38560d1d-1e4a-4fc3-9d83-670e776455c5

    En 2017, 4 md de tonnes de pétrole consommés ainsi que 1,8 milliard de tonnes équivalent pétrole d’électricité contre 0,8 milliard équivalent pétrole d’électricité en 1990.
    En 2017, 38 % de la production électrique mondiale provenait du #charbon et 23 % du #gaz_naturel.
    #Énergies_renouvelables : #métaux_rares, #acides.
    #Chauffage_électrique : 10 % en 1970 des logements, 45 % en 1980.
    #Efficacité_énergétique : #paradoxe_de_Jevons.

    Entretien avec Mme Mathilde Szuba, maître de conférences en sciences politiques à Sciences Po Lille. Elle cite une étude du Crédoc sur l’engagement de façade des #classes supérieures :https://www.credoc.fr/publications/consommation-durable-lengagement-de-facade-des-classes-superieures
    Sa thèse, Gouverner dans un monde fini : des limites globales au #rationnement individuel, sociologie environnementale du projet britannique de politique de #Carte_carbone(1996-2010) : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01794527/document

    #électricité #énergies #transition_énergétique #coûts_cachés #soutenabilité #seuils_de_normalité #niveaux_de_revenus #taxe_carbone #politique_énergétique #quotas #avion #loterie #sobriété

  • #Centre_de_traitement_des_déchets d’#Ivry occupé

    A 7h30 ce matin (15.01.2020), 200 personnes ont forcé l’entrée de la #Tiru d’#Ivry_sur_Seine (centre de traitement des déchets près du périph quai d’Ivry).

    Ce #blocage a été coordonné par les CGT #égoutiers de Paris et Energie ainsi que l’UD 94 et les grévistes de l’AG interpro (enseignants/territoriaux) d’Ivry.

    Comme l’information de l’#action avait fuité, nous étions attendus : 2 camionnettes et une dizaines de flics. Il ne s’attendaient peut-être pas à notre nombre et peut-être pas non plus à ce qu’on rentre.
    Plusieurs poussées : une pour rentrer, une autre pour faire sortir les flics et une dernière pour fermer la porte derrière eux.

    On déplore 2 copines blessées : une aux côtes, l’autre à une jambe.

    Les portes ont été cadenassées puis soudées. Reste une entrée par un portillon qu’il va donc falloir surveiller.

    À 11h, on a tenu une Ag pour lancer l’organisation du blocage 24/24.

    Historiquement, le site a déjà été bloqué 23 jours en 2010 et 21 jours en 2016 (pendant Nuit Debout). Les agents du site sont en grève.

    Ce site de #traitement_des_déchets produits un peu d’électricité mais surtout des vapeurs pour le #chauffage urbain parisien. On ajoute à ça que les bennes sont pleines et ne peuvent plus déposer les #ordures sur le site. Pour le moment les camions sont détournés vers un site #Derichebourg à #Vitry_sur_Seine dont la capacité de stockage n’excède pas 2 jours.

    Autour de #Paris il y a 3 Tiru de cette taille : #Saint_Ouen (occupée), Ivry (occupée), et #Romainville. Ainsi qu’un petit centre à #Issy_les_Moulineaux.
    Bien sûr un appel à participer au blocage ou soutenir celuici. Les actions possibles vont de la simple visite de soutien au #campement pour la nuit en passant par diverses tâches logistiques.

    Reçu via une mailing-list militante, le 15.01.2020

    #grève #action #mobilisation #résistance #déchets

    • Commentaire reçu par la même mailing-list :

      Cette opération est un franc succès pour l’instant, grâce à une organisation très efficace. Un grand bravo déjà pour ça.

      Le plein de victuailles a été fait, il est servi sur palette...

      Des étudiants géniaux de l’ENS ont préparé un énorme couscous sous leur tente. Ils sont incroyables.

      On passe du rock, du rap du reggae ou de la fusion... à l’image de cette convergence là dans le froid.
      Sous les lumières métalliques on entend les cheminots et l’énergie débattre avec l’éducation.
      Et puis là-bas il y a la RATP qui tape la balle avec qques autres. A côté, cet hospitalier qui se frotte les yeux près du feu.
      Il y a la culture d’Ivry, les copines de Vitry, les fidèles du petit-matin... toutes celles et tous ceux qu’on ne connaissait pas il y a un mois et à qui l’on dit, tous les jours, « à tout à l’heure ! » ou « à demain ! ».

      Ça ressemble à ma définition de société.

  • Amiens collecte et exploite les feuilles mortes pour chauffer 5000 foyers | NeozOne
    https://www.neozone.org/ecologie-planete/amiens-collecte-et-exploite-les-feuilles-mortes-pour-chauffer-5000-foyers

    Patrick Desseaux, chargé du développement durable et de la politique des déchets d’Amiens Métropole explique que les feuilles mortes sont d’abord triées puis broyées et envoyées au compostage. Les feuilles souillées, destinées au « chauffage » fermentent durant 40 jours dans des cuves sans oxygène et produisent un biogaz composé de méthane. Le biogaz est ensuite récupéré et envoyé sur le réseau EDF. Les feuilles mortes amiénoises produisent environ 18 000 MWH chaque année, ce qui permet de chauffer entre 4000 et 5000 foyers chaque année. Quant aux autres feuilles, elles sont destinées au compostage et sont réinjectées dans les parcs et jardins de la ville. Outre le côté écologique de cette revalorisation des déchets, elle permet aux habitants de réduire de 10% la taxe des ordures ménagères. Une chouette initiative pour cette ville picarde non ?

  • À l’approche de l’hiver, 7 Français sur 10 s’inquiètent pour leur facture d’électricité
    https://www.lefigaro.fr/conso/a-l-approche-de-l-hiver-7-francais-sur-10-s-inquietent-pour-leur-facture-d-

    Alors qu’une importante vague de froid doit toucher l’ensemble de l’Hexagone cette semaine, la dernière étude de l’institut de sondage Odoxa, publiée ce mardi 12 novembre, met en lumière l’inquiétude des Français concernant leur facture d’#électricité.

    Sur l’échantillon de 1 005 Français âgés de 18 ans ou plus interrogés par l’étude, 71% voient dans l’arrivée de l’hiver une augmentation imminente de leur facture de #chauffage, qui représente à lui seul 62% de la consommation électrique selon EDF.

    #pauvreté

  • Carburants : qui sont les perdants ? | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/carburants-perdants/00086957

    Cependant, il convient de regarder plus finement le poids budgétaire des carburants car c’est une moyenne disparate entre des personnes qui possèdent une voiture et d’autres qui n’en possèdent pas (et pour qui le budget carburant est de zéro). C’est particulièrement vrai pour les premiers déciles : environ 40% des ménages du 1er décile ne sont pas motorisés contre moins de 10% des ménages du 10e décile. Si on ne regarde que pour les ménages motorisés, le poids du carburant sur le budget des ménages modestes ressort alors plus nettement.

    (sérieusement, on peut (doit !) oublier le graphique précédent immédiatement celui-ci dans l’article, effet de structure caractérisé !…)

    • Je ne comprends pas ce que tu veux dire : le graphique concerne uniquement « les ménages qui possèdent au moins une voiture ». Donc l’avertissement sur le fait que 40% du 1er décile ne possède pas de voiture ne le concerne pas, non ?

      Sinon, un peu embêté par le fait d’avoir absolument des graphiques pour expliquer la situation. Les 10% des plus riches qui n’ont pas de voiture n’ont pas besoin de voiture pour se déplacer. Mais parmi les 40% des plus pauvres qui n’ont pas de voiture, combien ont une alternative efficace pour leurs déplacements ? Et comment on peut rendre cela dans un graphique ?

    • Manque dans la version qui suit de l’article de Mathieu Chassignet, « chef de projet mobilité à Lille Métropole », la moitié des graphiques que l’on trouve là
      https://www.alternatives-economiques.fr/carburants-perdants/00086957

      Quelles catégories de population vont être les plus touchées par l’augmentation des prix du #carburant ? Après plusieurs semaines de débats, on a l’impression de ne pas y voir beaucoup plus clair. La plupart des médias ont mis en avant des situations individuelles, qui semblent indiquer que les plus pénalisés seraient les personnes à faibles revenus qui habitent en zone rurale, ou encore les familles qui s’éloignent pour trouver des logements plus grands. Afin d’objectiver les choses et de dépassionner le débat il semble aujourd’hui pertinent de se pencher sur des statistiques nationales.

      Nous présentons ici les résultats issus de deux études de l’INSEE qui sont menées de manière périodique et sont représentatives de la population française : l’enquête nationale #transports et déplacement de 2008, et l’enquête #budget de famille de 2011. Ces enquêtes sont certes un peu anciennes, les nouvelles éditions sont en cours et les résultats ne sont malheureusement pas encore disponibles. Cependant les grandes tendances qui se dégagent comportent beaucoup d’inertie (par exemple le choix d’implantation des ménages évolue lentement), et ne connaissent pas de bouleversement en quelques années.

      Commençons par regarder quelles sont les personnes qui sont les plus éloignées de leur #lieu_de_travail. A contrario de l’idée reçu qui voudrait que les personnes à faible revenus s’éloignent de leur lieu de travail, l’éloignement est en réalité proportionnel aux revenus du ménage. De plus, c’est une tendance qui s’accentue, comme en témoigne la comparaison entre les deux dernières enquêtes (1994 et 2008) : alors que la distance domicile-travail pour les personnes à faibles revenus est restée à peu près stable entre 1994 et 2008, elle a beaucoup augmenté pour les personnes aux revenus les plus élevés.

      Les personnes ayant les plus faibles revenus sont également celles qui utilisent le moins la voiture : 38% se rendent au travail en voiture contre 70% pour les catégories les plus aisées. Elles utilisent davantage la marche, les transports collectifs et le vélo.

      Concernant l’éloignement, il n’est pas non plus (en moyenne) le fait des familles qui iraient plus loin pour chercher un logement plus grand. Au-delà du cas particulier des personnes vivant seules, la distance est très similaire pour les autres ménages et sans être proportionnelle à la composition familiale.

      Le contexte urbain joue davantage : les habitants des pôles urbains sont en moyenne plus proches de leur lieu de travail que les habitants des zones périurbaines et rurales. Les écarts ne sont cependant pas aussi importants qu’on pourrait le croire, et on voit que les habitants du monde rural sont moins éloignés de leur lieu de travail que les habitants des communes multipolarisées ou de la périphérie des pôles urbains.

      Revenons sur la mobilité selon le niveau de revenu. Il ne faut pas tenir compte uniquement des déplacements domicile-travail (qui correspondent à une minorité des déplacements totaux). Si on tient compte de l’ensemble des déplacements sur une semaine, on retrouve la même corrélation entre distance parcourue et niveau de revenus.

      Cette même corrélation se retrouve sur le taux de motorisation : plus les revenus sont élevés et plus le ménage possède de voitures. Le 10e décile (les 10% les plus riches) possède plus de 2 fois plus de voitures que le 1er décile (les 10% les moins riches). De plus, les voitures possédées par les ménages aux revenus les plus élevés parcourent sur une année plus de kilomètres que les voitures possédées par les ménages aux revenus les plus faibles.

      Ce qui fait qu’au total, les ménages les plus aisés parcourent près de 3 fois plus de distance en voiture sur l’année que les ménages les moins aisés.

      Les 10 % les plus riches font trois fois plus de kilomètres en voiture que les 10 % les plus pauvres

      Bien qu’ils parcourent beaucoup moins de kilomètres, le problème des ménages aux plus faibles revenus est qu’ils possèdent des voitures plus anciennes et plus consommatrices de carburant.

      Mais la consommation plus importante de ces voitures anciennes est très loin de compenser le fait que les ménages aux faibles revenus roulent beaucoup moins. Comme le montre l’enquête Budget de famille, le budget carburant des ménages est proportionnel aux revenus, et les ménages aux revenus les plus faibles dépensent plus de deux fois moins en carburants que les ménages aux revenus les plus élevés.

      Le poids budgétaire des carburants (dépenses de carburants divisées par les dépenses totales du ménage) n’est donc pas plus important pour les ménages les moins aisés. Le budget #chauffage semble en revanche pénaliser davantage les ménages modestes par rapport aux ménages aisés (6% du budget vs. 4%). Le chèque énergie semble donc plus justifié qu’un chèque carburant d’autant plus que s’agissant du chauffage, il n’y a que peu de risque d’un effet rebond (qui résulterait sur une consommation d’énergie qui augmenterait). De plus, le chèque énergie bénéficie à tous les ménages en dessous d’un certain seuil de revenus alors qu’un chèque carburant bénéficierait uniquement aux ménages qui possèdent une voiture.

      Cependant, il convient de regarder plus finement le poids budgétaire des carburants car c’est une moyenne disparate entre des personnes qui possèdent une voiture et d’autres qui n’en possèdent pas (et pour qui le budget carburant est de zéro). C’est particulièrement vrai pour les premiers déciles : environ 40% des ménages du 1er décile ne sont pas motorisés contre moins de 10% des ménages du 10e décile. Si on ne regarde que pour les ménages motorisés, le poids du carburant sur le budget des ménages modestes ressort alors plus nettement.

      Enfin les chiffres montrent que l’éloignement d’une petite partie de la population produit une majorité des distances domicile-travail, et donc du trafic aux heures de pointe :

      Les 1% des français les plus éloignés produisent 9% des distances domicile-travail en voiture
      Les 7% les plus éloignés produisent 30% des distances domicile-travail en voiture
      Le quart des plus éloignés produit deux tiers des distances domicile-travail en voiture
      Une petite partie de la population, très éloignée, produit la majorité des distances domicile-travail
      Répartition de la population selon la distance domicile-travail et poids dans les distances domicile-travail parcourues, en %

      Ces chiffres devraient nous amener à réfléchir différemment : l’action publique se focalise généralement sur le transport et tient pour fait accompli l’étalement urbain ainsi que l’éloignement domicile-travail toujours plus important. Il faudrait aussi agir à la source en limitant au maximum l’étalement urbain (ainsi que l’augmentation des capacités routières), mais aussi en réfléchissant à des aides ou à une fiscalité visant à réduire l’éloignement domicile-travail. Cela reste encore malheureusement un angle mort des politiques publiques.

      De quoi éclairer la #concurrence_des_victimes_du capitalisme, ou au mieux, contribuer à une lecture d’un processus continu, à quelques interruptions près, de (dé)composition de classe.

    • Je parle du graphique intitulé Le budget carburant des ménages est proportionnel aux revenus qui pose problème, en particulier le message retenu pour son titre…

      • il compare le poids du poste carburants, selon le décile de revenus, mêlant donc ménages motorisés et non motorisés ; or, le taux de possession d’un véhicule est très fortement lié au revenu (on ne le voit qu’indirectement, le graphique qui indique cela donne le nombre moyen de véhicules par ménage (0,57 véhicule par ménage pour D1, 1,52 pour D10). Il y a donc un (violent !) effet de structure. Pour comparer graphiquement, il faudrait simplement dissocier ces deux types de ménages.

      • le titre me choque très vivement (d’autant plus qu’on est chez AlterÉco,…) : évoquer la proportionnalité (et donc, implicitement, une certaine forme d’équité) pour des poids dans le budget des ménages alors que la question majeure pour les bas revenus (D1) est l’incompressibilité des dépenses vitales me semble assez ahurissant.

    • Un graphique, vite fait avec les données disponibles sur les revenus 2011 sur le site de l’INSEE (j’ai pris les valeurs données par AlterÉco, je n’ai pas été voir la source, qui prend la moyenne du décile (en tant qu’intervalle)) et j’ai divisé par les valeurs des déciles (bornes supérieures desdits intervalles qui sont les déciles stricto sensu).

      proportionnalité ?…

      à comparer avec celui d’AlterÉco que @colporteur n’a pas mis et que, finalement, j’inclus…

  • EDF veut construire une piscine géante de déchets nucléaires à Belleville-sur-Loire
    https://reporterre.net/EXCLUSIF-EDF-veut-construire-une-piscine-geante-de-dechets-nucleaires-a

    Les #piscines de #La_Hague (Manche), où sont entreposés les combustibles usés des #réacteurs nucléaires, débordent ? Pas de problème, #EDF prépare actuellement, dans la plus grande discrétion, une nouvelle piscine « d’entreposage centralisé » où déverser le surplus. Selon les informations de Reporterre, EDF veut construire ce très grand équipement sur le site de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, dans le Cher. Il pourrait accueillir entre 6.000 et 8.000 tonnes de métal lourd irradié (tMLi, l’unité de masse pour les #combustibles_irradiés) — en clair, l’équivalent de 69 à 93 cœurs de réacteur #nucléaire de combustibles brûlants et hautement radioactifs [1].