• Mise au point

    Venezuela : Derniers aboiements de la clique stalino-bolivarienne française

    Par Marc Saint-Upéry

    http://cqfd-journal.org/Venezuela-Le-chavisme-prend-l-eau#nb4

    Suite à la publication dans CQFD d’un article de Fabrice Andréani et moi-même sur le résultat des élections vénézuéliennes de décembre 2015, la rédaction de ce journal m’a demandé si je souhaitais qu’elle élimine de la section « commentaires » l’intervention d’un certain ML, étant donné son caractère d’attaque calomnieuse ad hominem . Je les ai remercié de leur sollicitude, mais leur ai dit qu’il n’en était pas question. Il est au contraire très important que les lecteurs du site de CQFD puissent être témoins directs des pratiques de « débat » idéologique des inconditionnels du chavisme-madurisme en France, et le message de ce courageux anonyme (allez, au hasard, on va dire qu’il s’appelle Maurice, par exemple….) est de ce point de vue un modèle du genre extrêmement instructif.

    [...]

    Ce qui est en effet bien plus préoccupant, c’est le silence embarrassé ou bien les rationalisations vaseuses a posteriori qui prévalent sur la question vénézuélienne dans les milieux de la gauche radicale ayant eu quelque sympathie pour le processus bolivarien sans pour autant avoir perdu tout sens critique, mais sans disposer non plus d’une information suffisamment dégagée de leurs préjugés idéologiques abstraits et d’un wishful thinking exotisant. Chez ces camarades, c’est la stratégie de l’échappatoire ou du bottage en touche qui prévaut généralement. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir le moindre débat sérieux et informé sur ce qu’est et ce que fut le chavisme, sur le bilan comptable et politique de l’expérience bolivarienne.

    Or il est clair que ce débat, beaucoup de gens ont intérêt à ce qu’il n’ait pas lieu : cela dérangerait trop de positions institutionnelles bien établies, de raisonnements paresseux et de réflexes idéologiques en pilotage automatique. C’est clair en ce qui concerne les anti-chavistes forcenés et contempteurs génériques du « populisme » du côté de la droite et des sociaux-libéraux ; pour ces gens-là, la messe est dite, le chavisme était une « dictature » aberrante portée par les passions mauvaises de la populace et la « transition démocratique » est désormais en marche, point. C’est également clair, nous l’avons vu, pour ML et ses petits camarades bolivariens hexagonaux. Mais dans le spectre du soutien plus ou moins partiel, lucide ou critique au processus bolivarien, prévalent aussi un certain nombre de mythes pieux répercutés de façon peu imaginative et sociologiquement assez naïve : « Maduro a dilapidé l’héritage de Chávez », « le comandante prônait un ‘‘golpe de timón’’ [coup de gouvernail] pour redresser le cours de la révolution, mais il n’a pas été écouté », « la défaite du chavisme d’État ne remet nullement en cause la dynamique du chavisme populaire », etc., etc. Comme si ce n’était pas Chávez lui-même qui avait solidement installé au pouvoir le « sustrato gangsteril » hégémonique au sein du PSUV dont parle son ancien ministre Roland Denis et approfondi le modèle rentier mafieux, et comme s’il existait à tous les niveaux dans la société vénézuélienne une frontière bien définie et moralement non ambiguë entre la dynamique du chavisme d’État et celle du chavisme populaire.