• Un défi, une autonomie réelle,
    une réponse, plusieurs propositions
    et quelques anecdotes sur le nombre 300

    SCI Galeano, SCI Moisés

    https://lavoiedujaguar.net/Un-defi-une-autonomie-reelle-une-reponse-diverses-propositions-et-qu

    Suite et fin de la participation de la Commission Sexta de l’EZLN à la rencontre des réseaux de soutien au Conseil indigène de gouvernement et à sa porte-parole. Août 2018.

    (...) dans notre autonomie et à propos d’elle — vu qu’on discute de savoir si elle va être reconnue ou ne va pas être reconnue —, nous avons fait ce raisonnement : l’autonomie officielle et l’autonomie réelle. Celle qui est officielle est celle qui est reconnue par les lois. La logique serait : vous avez une autonomie, maintenant je la reconnais dans une loi, alors votre autonomie commence à dépendre de cette loi et ne conserve plus ses formes, puis, quand il va y avoir un changement de gouvernement, alors vous devez soutenir le « bon » gouvernement, et voter pour lui, promouvoir le vote pour lui, car si arrive un autre gouvernement, ils vont vous enlever la loi qui vous protège. Ça fait donc de nous les pions des partis politiques, comme cela s’est produit pour des mouvements sociaux dans le monde entier. Ce qui compte, ce n’est plus ce qui s’effectue dans la réalité, ce qui est défendu, mais ce que la loi reconnaît. La lutte pour la liberté se transforme ainsi en lutte pour la reconnaissance légale de la lutte elle-même. (...)

    #Mexique #Chiapas #EZLN #autonomie #réseaux_internationaux #résistance #rébellion

  • L’Escargot de notre vie
    Le festival de cinéma Puy ta Cuxlejaltic

    Joani Hocquenghem

    https://lavoiedujaguar.net/L-Escargot-de-notre-vie-Le-festival-de-cinema-Puy-ta-Cuxlejaltic

    Sur l’écran géant, les participantes à la Rencontre internationale des femmes en lutte de mars dernier au Caracol de Morelia chantent et dansent, échangent des expériences et des idées. Suivent les portraits filmés de la commandante Ramona, d’Angela Davis, celui de Marichuy, la candidate des zapatistes et du Congrès national indigène à l’élection présidentielle, et des épisodes de sa tournée de l’an dernier à travers le pays (La candidata imposible et Gira).

    Dans l’Auditorio Comandanta Ramona, la salle tout neuve, immense, 30 mètres sur 35 à vue de nez, au sol étagé suivant la pente de la colline, où trône le gros projecteur 2K flanqué de baffles qui assurent un son dolby tonitruant, deux mille ombres alignées sur les bancs, silhouettes masquées de foulards et de passe-montagnes, les « bases d’appui » des cinq zones zapatistes, cultivateurs de maïs et de café tsotsiles, tseltales, choles, tojolabales, mames, zoques, observent, prennent des notes sur des calepins, font des remarques, réagissent ou restent silencieux, jaugent ou se distraient, chuchotent ou somnolent. (...)

    #Mexique #Chiapas #EZLN #cinéma #zapatistes #festival #Alfonso_Cuarón #Gael_García_Bernal #Jacques_Kebadian

  • Nouvelles publications : 5 photos dans le @lundimatin #3 papier et la couverture de « #Écotopia », traduction française du roman #ecologique d’#anticipation de #Ernest_Callenbach aux éditions Rue de l’échiquier.
    Ma couverture-doudou ramenée du #Chiapas raisonnant parfaitement avec ces deux couvertures, je ne peux qu’y voir un signe-marque-du-destin ;) Plus de détails, et sans doute des lectures de @karacole, à venir...
    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/44979117612

    Flickr

  • Convocation à la deuxième assemblée nationale
    du Conseil indigène de gouvernement et des peuples
    qui forment le Congrès national indigène

    CNI

    https://lavoiedujaguar.net/Convocation-a-la-deuxieme-assemblee-nationale-du-Conseil-indigene-de

    Chaque jour qui passe, la guerre capitaliste se développe davantage contre la Terre Mère, contre nos peuples et contre tous ceux et toutes celles d’en bas, sans que d’en haut, des capitalistes et de leurs contremaîtres qui malgouvernent le Mexique et le monde, nous ne recevions autre chose que mensonges, exploitation, dépossession, mépris et répression.

    La troisième séance interne de travail du CIG, réalisée le 26 août dernier, a décidé de tenir une deuxième assemblée entre le CIG et les peuples du CNI au mois d’octobre prochain.

    Nous appelons les délégué·e·s et les membres du Conseil appartenant aux peuples originaires qui participent au CNI à la deuxième assemblée nationale du Conseil indigène de gouvernement et des peuples qui forment le Congrès national indigène, du 11 au 14 octobre 2018, au Cideci-UniTierra de San Cristóbal de Las Casas, Chiapas (...)

    #Mexique #peuples_originaires #assemblée #Chiapas #Congrès_national_indigène #Conseil_indigène_de_gouvernement

  • Chiapas/zapatistes : Réparer plutôt qu’enfermer
    http://www.alternativelibertaire.org/?Chiapas-zapatistes-Reparer-plutot-qu-enfermer

    Outre sa complète gratuité et l’absence de corruption, la justice autonome diffère profondément de la justice constitutionnelle. Il s’agit d’une justice de médiation qui réunit les parties, les écoute et enquête lorsque c’est nécessaire, puis les invite à trouver un accord permettant de parvenir à une réconciliation.

    La chercheuse mexicaine Paulina Fernández Christlieb a longuement étudié ce système qui consiste à « raisonner avec les personnes, les prendre en compte […] afin que les deux parties soient satisfaites  » et qu’ainsi la situation soit «  résolue ». Il est clair que ce rôle médiateur repose sur une légitimité reconnue par toutes et tous et sur une autorité morale incitant puissamment à rechercher un accord. Les instances en charge de la justice n’ont pas pour logique de déterminer des délits et des peines, mais de «  trouver une bonne solution pacifique » aux problèmes portant atteinte à la vie collective, en pansant la blessure [1].

    D’où une critique radicale de la prison, qui ne résout rien et aggrave les problèmes – elle affecte la vie de toute une famille et constitue une école du crime. S’il arrive qu’une personne puisse être enfermée lorsqu’elle met en danger autrui (si elle est en état d’ébriété par exemple) ou pendant l’enquête la concernant, il n’existe pas de condamnation à une peine de prison.

    #Chiapas #zapatisme #prison #médiation

  • Entre voyage et militantisme : les ambigüités du tourisme politique dans l’Etat du Chiapas - RITA - Revue Interdisciplinaire de Travaux sur les Amériques
    http://www.revue-rita.com/dossier-thema-49/entre-voyage-et-militantisme-thema-139.html

    Plutôt que de tenter une typologie artificielle qui ne rendrait que partiellement compte de la diversité des acteurs et des pratiques, retenons les deux pôles entre lesquels fluctuent les pratiques des internationaux séjournant au Chiapas : le « zapatouriste » qui est le touriste le plus ostensible en territoires autonomes, et les militants professionnels, qui sont de manière quasi-permanente au Chiapas. Notons que dans le premier cas, il s’agit de la figure la plus dépréciée à laquelle personne ne veut ressembler, puisque le touriste politique affiche une volonté de se démarquer du touriste « de masse », d’où cette tendance à refouler sur l’extérieur cette catégorie de zapatouriste. C’est la figure qui consomme la rébellion le temps des vacances et qui ramènera chez lui quelques photos du folklore révolutionnaire, un quelconque souvenir de frisson ressenti au contact des rebelles, ou ramènera des objets tels que les poupées zapatistes locales faites par des indiennes dans les rues de San Cristóbal de las Casas. A l’inverse, les activistes professionnels, insérés dans des « réseaux militants globalisés » (Foyer, 2007) se dédient exclusivement à un travail social auprès des communautés autonomes, que ce soit dans un projet autour d’un thème particulier (radio, santé, éducation, agriculture, café, artisanat) ou dans un Centre de Droits de l’Homme. Ces activistes professionnels, que l’on distinguera donc des touristes politiques, sont toutefois les moins visibles à San Cristóbal de las Casas. Pour des questions de temps et de sécurité, ils restent généralement en marge des réseaux touristiques. Entre ces deux catégories, la diversité des profils se décline à partir de variables tels que le temps du séjour passé, les motifs du voyage, qui incluent tant leur expérience politique et militante dans leur pays d’origine que les représentations du zapatisme qu’ils se seront créées à partir des discours diffusés par l’organisation zapatiste dans les réseaux de solidarité.

    Toutefois, si la majorité des voyageurs internationaux ne se reconnaissent pas dans la catégorie des « touristes », ils la mobilisent paradoxalement souvent comme une identité stratégique ou plutôt une identité refuge lorsque celle de l’activiste ou du militant peut devenir gênante, notamment dans les rapports avec les institutions mexicaines (autorités migratoires, police, armée, etc.)

    #tourisme #voyage #militantisme #chiapas #zapatisme #Mexique

  • Au Mexique, le zapatisme attire les « touristes révolutionnaires »
    https://reporterre.net/REP-Le-pouvoir-d-attraction-du-zapatisme-au-Chiapas-Au-Chiapas-les-curie

    De la main, il dessine la croix en entrant. « C’est arrivé ici. » Il y a 21 ans, 45 personnes furent massacrées dans cette minuscule église d’Acteal, un village indigène perdu dans les montagnes du Chiapas, dans le sud du Mexique. Juan y a perdu sa sœur. Dehors, Aline, une jeune Allemande, lit paisiblement dans le coin dédié aux observateurs internationaux. Sa simple présence rassure la communauté, qui fait appel à ces observateurs à chaque regain de tension.

    Comme Aline, ils sont nombreux à s’engager chaque année aux côtés des indigènes, dans cette région où les violations des droits de l’homme sont fréquentes. Et le Chiapas n’est jamais à court de volontaires. La raison tient en quatre lettres : EZLN, l’Armée zapatiste de libération nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional). Depuis 1994, cette insurrection indigène altermondialiste fascine les gauches du monde entier. Elle exerce une puissante force d’attraction pour des centaines de personnes qui convergent chaque année vers San Cristóbal de Las Casas, ville principale des montagnes du Chiapas.

    #Chiapas #Mexique #zapatistes #EZLN #luttes_indigènes #tourisme_révolutionnaire #internationalisme #solidarité_internationale #l'autonomie_c'est_pas_de_la_tarte

  • À propos des conflits sur la ZAD
    Être sur zone…

    Alèssi Dell’Umbria

    https://lavoiedujaguar.net/A-propos-des-conflits-sur-la-ZAD-Etre-sur-zone

    _Au sein du mouvement contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, des perceptions extrêmes se sont toujours opposées. Elles se retrouvaient sur la ZAD même. Ce ne fut pas toujours facile de les combiner mais enfin le mouvement a tiré sa force de cette composition, qui lui a permis de s’exprimer sur des modes variés, depuis le blocage du périphérique jusqu’à des recours juridiques en passant par des journées portes ouvertes et par l’émeute pure et simple. Du tirage et des désaccords, il y en eut de longue. Mais enfin la composition a tenu, jusqu’à l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport le 17 janvier 2018.

    (...) Osons une analogie avec une autre expérience — même si elle est sans commune mesure avec celle de la ZAD. Si les camarades de l’EZLN, dans le sud-est du Mexique, avaient campé sur des positions de principe et refusé toute forme de négociation, ils n’auraient pas tenu plus de quelques semaines face aux blindés, aux troupes d’élite et à l’aviation, ou n’auraient pu subsister que sous forme d’une guérilla famélique, réduite à survivre au jour le jour avec un armement dérisoire en regard de l’ennemi. Ils ont su au contraire rebondir sur le soutien inattendu qui leur venait des grandes villes, et signer un armistice. (...)

    #Notre-Dame-des-Landes #ZAD #conflits #EZLN #Chiapas #antiautoritaires #non-motorisés #FNSEA #préfète #principes #défaite #vie

  • Mexique : première rencontre internationale politique, artistique, sportive et culturelle des #femmes qui luttent.
    https://archive.org/details/20180508PremiereRencontreInternationaleDesFemmes


    Première rencontre internationale politique, artistique, sportive et culturelle des #femmes qui luttent. Très beau compte-rendu de Traba, publié le 8 mai 2018 sur le blog « De l’autre côté du Charco » Les 8, 9 & 10 mars au Caracol de Morelia, zone Tzotz Choj du #Chiapas, au #Mexique, ont eut lieu ....

    #audio/opensource_audio #feminisme #liberation_culturelle #ezln #zapatisme #CNI

  • Paroles au nom des femmes zapatistes
    pour inaugurer la Première Rencontre internationale,
    politique, artistique, sportive et culturelle
    des femmes qui luttent

    EZLN

    https://lavoiedujaguar.net/Paroles-au-nom-des-femmes-zapatistes-pour-inaugurer-la-Premiere-Renc

    Sœurs et compañeras qui nous rendez visite,

    Merci à toutes celles qui sont ici présentes pour cette première rencontre internationale des femmes qui luttent.

    Merci d’avoir fait l’effort de venir depuis tous les mondes dans ce petit coin où nous nous trouvons.

    Nous savons bien que ça n’a pas été facile d’arriver jusqu’ici et que sûrement de nombreuses femmes qui luttent n’ont pas pu venir à cette rencontre.

    Mon nom est insurgée Erika, c’est comme ça qu’on nous appelle, nous les insurgées, quand nous ne parlons pas de manière individuelle mais collectivement. Je suis capitaine insurgée d’infanterie et je suis accompagnée d’autres compañeras insurgées (...)

    #Mexique #Chiapas #EZLN #femmes_zapatistes #rencontre_internationale

    • Mon nom est insurgée Erika, c’est comme ça qu’on nous appelle, nous les insurgées, quand nous ne parlons pas de manière individuelle mais collectivement. Je suis capitaine insurgée d’infanterie et je suis accompagnée d’autres compañeras insurgées et miliciennes de différents grades.

      Notre travail sera de veiller sur cet endroit pour que seules les femmes y entrent et qu’aucun homme ne vienne. Car nous savons qu’ils sont malins.

      Vous allez donc nous voir circuler dans différents endroits mais ce sera pour veiller à ce qu’aucun homme n’entre. Et s’il y en a un qui entre, nous l’attraperons et le sortirons car nous avons clairement dit que les hommes n’étaient pas invités. C’est pour cela qu’ils doivent rester dehors et attendre pour savoir après ce qui s’est passé ici.

      Vous, vous pouvez aller où vous voulez. Vous pouvez sortir ou entrer le nombre de fois que vous voulez, vous avez juste besoin de votre badge et c’est tout. Mais les hommes ne pourront entrer qu’à la fin de la rencontre.

      #non-mixité

      Et je vois maintenant que nous avons bel et bien avancé, même si ce n’est qu’un peu, c’est toujours quelque chose.

      Et ne croyez pas que ça a été facile. Ça a été dur et ça continue à l’être.

      Et pas seulement à cause de ce sale système capitaliste qui veut nous détruire, mais aussi parce que nous devons lutter contre le système qui fait croire et penser aux hommes que nous, les femmes, valons moins et que nous ne servons à rien.

      Et parfois aussi, il faut le dire, même entre femmes, nous nous faisons des saloperies et nous nous parlons mal ; en d’autres termes, nous ne nous respectons pas.

      Car il ne s’agit pas seulement des hommes, il y a aussi des femmes des villes qui nous méprisent, qui disent que nous ne savons rien sur la lutte des femmes, car nous n’avons pas lu de livres dans lesquels les féministes expliquent comment les choses doivent être et tant d’autres choses qu’elles disent et critiquent sans connaître notre lutte.

      Car être femme est une chose et être pauvre en est une autre. C’est encore autre chose d’être indigène. Et les femmes indigènes qui m’écoutent le savent bien. Et c’est encore autre chose de bien différent et de plus difficile d’être femme indigène zapatiste.

      #féminisme

  • San Cristóbal de Las Casas
    Un marché aux mille facettes

    Traba

    https://lavoiedujaguar.net/San-Cristobal-de-Las-Casas-Un-marche-aux-mille-facettes

    Adieu paure carnavàs

    Le Chiapas, terre de contraste où la beauté côtoie l’horreur, où l’espoir fraye avec le plus indécent des désespoirs. Ici, tout y est, peut-être, plus intense qu’ailleurs. La lumière du ciel, la lutte des femmes, la brutalité des hommes, la bêtise des puissants et la cupidité des faibles d’esprit. Une terre dont on ne sort pas indemne et parfois, il y a comme un besoin de se trouver un havre de paix, un lieu pour se ressourcer. Et oublier que, dehors, le monde fulmine de mille colères.

    À San Cristóbal de Las Casas, il existe un tel endroit, le marché indigène où l’on peut trouver tout ce qu’on veut, et même ce dont on a absolument aucun besoin. Un lieu incontournable, vibrant de vie et lorsque le moral flanche un peu, il suffit d’y aller faire un petit tour pour recharger ses batteries. Une autothérapie qui ne coûte presque rien. Juste quelques pesitos. (...)

    #Mexique #Chiapas #marché_indien #récit #voyage

    • Chaque jour, nous mangions – des haricots rouges et des tortillas, pour l’essentiel – sous le portrait d’Abdullah Öcalan, leader du PKK embastillé par l’État turc, et dormions dans des lits superposés que l’usage dirait peu ou prou « de fortune ». En zone zapatiste, l’alcool et les drogues sont prohibés, de même que l’usage de pesticides. Les fresques recouvrant chaque bâtiment donnaient à voir les figures nationales, le maïs sacré, Frida Kahlo, la rébellion contre l’ordre néolibéral, l’escargot totémique (symbole du temps à retrouver face à la modernité déferlante et l’hybris capitaliste, avatar de la lutte à construire pierre après pierre), l’incontournable Che ou le combat des Afro-Américains. J’avais noté, amusé, ce slogan peint dans l’ombre d’un toit : « L’algèbre de l’éducation révolutionnaire est la dialectique ».
      Nous avions longuement discuté avec quelques militants zapatistes, dansé – un peu et très mal – et assisté aux cours d’histoire anticapitalistes prodigués à la centaine d’élèves de l’internat, appelés « camarades » par leur « promoteur d’éducation ». « Nous marchons et le gouvernement ne sait plus vraiment comment agir », nous avait confié N., en espagnol et à visage découvert (comme le sont la presque totalité des zapatistes une fois franchie, hors rassemblements semi-publics, l’enceinte des caracoles). Le mystère quant à leur nombre est à dessein entretenu par la direction. « Un zapatiste naît tous les jours, impossible de savoir », avait confirmé notre interlocuteur, paysan et enseignant d’une trentaine d’années. N. affichait des pommettes pleines, de sombres yeux creusant une face qu’une barbiche prolongeait en poils indécis. « Nous n’avons pas la possibilité ni le luxe de partir ou de voyager, car on n’a pas de sous et on doit construire l’autonomie. C’est difficile de vivre en communauté mais c’est ainsi. Nous sommes en guerre. Mais nous avons beaucoup d’espoir : les petits feront ce qu’on n’a pas su faire. Nos parents ne savaient pas lire et il n’y avait pas d’écoles. Beaucoup de bébés mouraient d’une simple fièvre. Le zapatisme a changé tout ça. »

  • Entretien avec Jérôme Baschet
    sur l’expérience zapatiste d’autogouvernement

    https://lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Jerome-Baschet-sur-l-experience-zapatiste-de-l-autono

    Le Comptoir : Vous êtes historien, enseignant à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris jusqu’en 2016 et à l’Université autonome du Chiapas à San Cristóbal de Las Casas encore aujourd’hui, où vous vivez depuis 1997. Qu’est-ce qui vous a amené au Mexique, et quel est votre rôle à l’université de San Cristóbal de Las Casas ?

    C’est en effet une trajectoire de vingt ans, pendant laquelle j’ai mené en parallèle mon intérêt pour les dynamiques contemporaines au Mexique et mon enseignement et mes recherches comme historien du Moyen Âge. Mais le déplacement progressif de l’équilibre entre ces deux versants de mon activité m’a conduit, il y a un an, à mettre fin à mon enseignement à l’EHESS, à Paris. C’est vous dire dans quel sens penche la balance…

    #Mexique #Chiapas #EZLN #zapatistes #autonomie

  • Parler à l’oreille des dieux

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Parler-a-l-oreille-des-dieux

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir,
    une « petite archéologie de la pensée mexicaine »,
    paraît en feuilleton, deux fois par mois,
    sur « la voie du jaguar ».

    Derrière le presque parfait conformisme des Indiens, nous avons noté quelques accrocs, des « éléments perturbateurs », qui sont autant d’indices d’une pensée différente. En Europe, l’Église catholique devait se confronter à ce qu’elle appelait des hérésies : une pensée chrétienne qui critiquait le dogme catholique ; elle devait aussi s’adapter peu à peu au monde moderne, qui émergeait et qui critiquait de plus en plus ce qu’il considérait comme des archaïsmes trop bien tolérés par la religion catholique (ce côté paganisme « chrétien » des communautés paysannes par exemple). Dans le cas de la rébellion de Cancuc, elle se trouve face à une pensée non chrétienne qui ne prend pas une position critique par rapport au culte catholique. (...)

    #Mésoamérique #religion #rébellion #Chiapas #histoire #Église #catholicisme #nahualisme #Vierge-jaguar #cosmovision

  • Le catholicisme indien ou les revers de la colonisation

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Le-catholicisme-indien-ou-les

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir,
    une « petite archéologie de la pensée mexicaine »,
    paraît en feuilleton, deux fois par mois,
    sur « la voie du jaguar ».

    En choisissant d’apparaître à une Indienne dans le voisinage du village de Cancuc ce mois de juin de l’année 1712, la Vierge place d’emblée les Indiens sur le même pied d’égalité que les Espagnols quant à leur relation au sacré. Elle choisit son camp, qui est celui de l’universalité : tous les humains sont égaux devant elle, les Indiens comme les Espagnols. Au départ, il ne s’agit pas tant de se rebeller que de mettre les Espagnols et l’Église face à leur contradiction entre enseignement et réalité. D’un côté l’Église espagnole enseigne que tous les hommes sont égaux en Jésus-Christ, de l’autre elle cherche à garder le monopole du divin (ou le monopole de la relation au divin, ce qui revient au même), qui consacre l’inégalité entre Espagnols et Indiens. (...)

    #Mésoamérique #religion #rébellion #Chiapas #histoire #Église #catholicisme #ordre_colonial

  • Le soulèvement des Zendales

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Le-soulevement-des-Zendales

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir,
    une « petite archéologie de la pensée mexicaine »,
    paraît en feuilleton, deux fois par mois,
    sur « la voie du jaguar ».

    La plus grande partie des provinces, dont celle de los Zendales, et des villes indiennes (pueblos de los Indios) au nord de la capitale Ciudad Real se joignirent à l’insurrection pour former une confédération des villes indiennes en rébellion. Le feu de la révolte s’est étendu très rapidement et les villes, qui hésitaient encore à entrer dans cette confédération ou tentaient de résister, étaient prises d’assaut et soumises par les « soldats de la Vierge ». Les curés, les colons, les ladinos (autorités indiennes collaboratrices), les métis et les troupiers espagnols qui refusaient de faire allégeance à la Vierge étaient massacrés. Dans toutes les villes de la confédération, un clergé indigène — chaque nouveau vicaire étant considéré comme le « fils » du saint patron de sa ville — remplaçait, pour réaliser les mêmes obligations, le clergé espagnol banni. (...)

    #Mésoamérique #religion #rébellion #Chiapas #histoire #Église #Espagne #apparition

  • Des miracles à gogo

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/Des-miracles-a-gogo

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir,
    une « petite archéologie de la pensée mexicaine »,
    paraît en feuilleton, deux fois par mois,
    sur « la voie du jaguar ».

    Au tout début du XVIIIe siècle, entre 1708 et 1713, les hautes montagnes du Chiapas dominant la vallée du Jovel, où s’élevait la ville coloniale de Ciudad Real, furent le théâtre d’une série de miracles. Les saints catholiques semblaient montrer un intérêt grandissant pour le monde indigène au point de s’adresser directement aux Indiens sans passer par la médiation de l’Église. La hiérarchie catholique s’est vite inquiétée de cette surprenante et rapide dévotion des indigènes envers la Vierge ou de l’intérêt manifestée par la Vierge pour les peuples indiens. Toute cette passion religieuse pour les saints catholiques, et en particulier pour la Sainte Vierge, devait culminer en 1712 dans la ville indienne de Cancuc pour déboucher, suite à l’opiniâtre hostilité de l’Église, sur une insurrection armée. (...)

    #Mésoamérique #religion #Chiapas #histoire #rébellions #Église #Chamula #apparitions #nahualisme

  • Communiqué du Congrès national indigène
    pour la solidarité avec les peuples touchés par le séisme
    et dénonçant la continuité de la spoliation capitaliste

    CNI

    http://lavoiedujaguar.net/Communique-du-Congres-national

    Nous, les peuples, nations, tribus et quartiers indigènes du Congrès national indigène, exprimons notre soutien et notre solidarité avec les compañer@s des peuples frères de la région de l’isthme de Tehuantepec, dans l’Oaxaca, ainsi qu’avec nos frères et sœurs de la côte du Chiapas face au séisme survenu durant la nuit du 7 septembre, qui a laissé derrière lui destruction, blessés et la mort de compañeros de nos communautés.

    Nous savons que, comme à leur habitude, les mauvais gouvernements ne vont que se moquer de notre souffrance, se prendre en photo sur les décombres et profiter de la douleur des peuples en disgrâce, raison pour laquelle nous appelons les hommes et femmes de bon cœur, les collectifs de la Sexta nationale et internationale et tout le peuple du Mexique à se solidariser (...)

    #Mexique #Oaxaca #Chiapas #séisme #solidarité #CNI

  • Un entretien avec Jérôme Baschet
    sur l’histoire, l’anthropologie, l’école,
    l’expérience de l’autonomie au Chiapas

    http://lavoiedujaguar.net/Un-entretien-avec-Jerome-Baschet

    Aujourd’hui l’un des enjeux les plus aigus de la discipline historique consiste à développer des formes de comparatisme à la fois ambitieuses et rigoureuses. Cela n’a rien d’aisé, mais c’est indispensable au moment où semble s’imposer une nouvelle histoire globale, volontiers pensée à l’échelle de la planète. Or, tous les mondes sociaux qui ont composé les mondes du passé ne peuvent être analysés seulement sous l’angle de leurs « connexions » : il faut aussi être capable d’en mesurer les écarts, pour pouvoir les situer à leur juste place, les uns par rapport aux autres, sans essentialiser les différences (par exemple entre Occident et Orient) mais sans non plus exclure, par principe, de véritables singularités (sinon, comment comprendre la domination que l’Europe a imposée à presque tous les autres peuples du monde ?). Pour cela, l’histoire a besoin du secours de l’anthropologie, dont l’expérience en matière de comparatisme est bien plus ancienne et profonde. (...)

    #histoire #anthropologie #Moyen_Âge #Braudel #Jacques_Le_Goff #Grandes_Civilisations #capitalisme #éducation #Ivan_Illich #Freinet #enfance #autonomie #présent #Chiapas

  • La Guadalupe des barricades

    Georges Lapierre

    http://lavoiedujaguar.net/La-Guadalupe-des-barricades

    L’essai de Georges Lapierre Vierge indienne et Christ noir,
    une « petite archéologie de la pensée mexicaine »,
    paraît en feuilleton, deux fois par mois,
    sur « la voie du jaguar ».

    En 2006, au cours de l’insurrection de la population de l’État d’Oaxaca, la Vierge de Guadalupe était représentée sur les barricades portant un masque à gaz, c’était la Vierge métisse des insurgés dans les quartiers populaires de la ville, la virgen de la barricada. De 1994 à nos jours, les insurgés indiens et zapatistes du Chiapas représentent la Vierge de Guadalupe le visage en partie dissimulé par un paliacate, le foulard rouge des zapatistes. C’est la Vierge indienne des peuples insurgés. La Vierge au masque à gaz et la Vierge au foulard rouge ne se sont pas encore vraiment rencontrées, et pourtant…

    #Mexique #histoire #peuples_originaires #zapatistes #Oaxaca #Chiapas #Carlos_Montemayor

  • LLEGÓ LA HORA CNI | EZLN « Enlace Zapatista
    http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2017/05/28/llego-la-hora-cni-ezln

    LA GUERRA QUE VIVIMOS Y ENFRENTAMOS

    Nos encontramos en un grave momento de violencia, de miedo, de luto y de rabia, por la agudización de la guerra capitalista en contra de todas y todos en el territorio nacional. Vemos el asesinato de mujeres, por el hecho de ser mujeres, de niños por el hecho de ser niños, de pueblos por el hecho de ser pueblos.

    La clase política se ha empecinado en hacer del Estado una corporación que vende la tierra que es de los pueblos originarios, campesinos, urbanos, que vende a las personas como si fueran una mercancía que se mata y se entierra como materia prima de los cárteles de la droga, para venderlas a las empresas capitalistas que los exploten hasta que enfermen o mueran, de venderlas en partes para el mercado ilegal de órganos.

    #EZLN #Mexique #Chiapas #Congreso_Nacional_Indígena

  • C’est quoi les communautés autonomes du Chiapas ?
    Rencontre avec Jérôme Baschet

    http://lavoiedujaguar.net/C-est-quoi-les-communautes

    Bonjour Jérôme Baschet, c’est un plaisir pour nous de vous voir ici à Dijon dans le cadre de ces journées organisées dans le quartier des Lentillères qui fête sa septième année d’occupation. Vous êtes ici pour présenter les œuvres qui ont été créées à l’occasion d’un grand rassemblement...

    ... CompArte por la Humanidad organisé au Chiapas par les zapatistes, rencontre pour laquelle ils avaient convié des artistes du monde entier. À l’occasion de cette rencontre, les habitants des villages rebelles du Chiapas ont réalisé leurs propres créations, sous forme de pièces de théâtre, de poèmes, de chansons, de peintures, de sculptures. Ça a été une dizaine de jours très riches, très intéressants et ils ont ensuite décidé de faire voyager certaines des œuvres qui pouvaient circuler donc principalement les peintures, pour partager leur expérience dans des lieux amis. (...)

    #Mexique #Chiapas #zapatistes #autonomie #Jérôme_Baschet #entretien #Dijon

  • C’est quoi les communautés autonomes du Chiapas ?
    https://rebellyon.info/C-est-quoi-les-communautes-autonomes-du-17882

    Jérôme Baschet qui vit une partie de l’année au Mexique revient sur une exposition zapatiste dans le quartier libre des Lentillères à Dijon mais surtout sur les formes d’organisation des communautés zapatistes au Chiapas. L’occasion de revenir sur la question de l’autonomie.

    #Analyse_et_réflexion

    / #Résistances_et_solidarités_internationales, Une

  • LES MURS, EN HAUT ; LES BRÈCHES, EN BAS (ET À GAUCHE)
    communiqué de l’#EZLN
    février 2017

    avec les oreilles : https://archive.org/details/20170411_EZNL_Les_Murs_Et_Les_Breches

    avec les yeux : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2017/03/26/la-tempete-sur-notre-chemin

    Lecture faite à l’occasion de la venue de l’expo/rencontre « pARTage ZAPATISTE » les 15 et 16 avril 2017 sur la #zad de Notre-Dame-des-Landes #NDDL
    Samedi 15 avril de 10h à 19h : CompArte ~ pArtage : découverte des Oeuvres des communautés rebelles du #Chiapas
    Samedi 15 avril à 18h au Taslu : Présentation de Jérôme Baschet et Rocio Martinez, sur l’expérience d’autonomie zapatiste et sur les enjeux d’une création artistique dans la lutte - vernissage de l’exposition - découverte et apéro
    Dimanche 16 avril de 12h à 19h : CompArte ~ pArtage : découverte des Oeuvres des communautés rebelles du Chiapas
    infos sur http://zad.nadir.org/spip.php?article4466

    Mais aussi à l’occasion de la Journée Mondiale des Luttes Paysannes :
    Lundi 17 avril de 13h à 15h lors du repas partagé de cette journée sur la zad, intervention de représentants des paysans mexicains en lutte au Chiapas.
    infos sur https://44.demosphere.eu/rv/1151

    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/17354899200/in/album-72157651920994107

    Flickr

    photo (cc) ValK. :
    Sous-commandant insurgé Moisés.
    Sous-commandant insurgé Galeano.
    au Cideci-Unitierra - Chiapas - Mexique.

  • Mexique
    Non-candidature indigène
    par Louise Wailly & TomJo
    paru dans CQFD n°152 (mars 2017)
    http://cqfd-journal.org/Non-candidature-indigene-contre

    Ceci n’est pas une candidature zapatiste
    C’est celle de milliers de communautés indigènes qui, contrairement à l’image qu’on voudrait bien garder d’elles, n’ont pas besoin d’être manipulées par une obscure avant-garde pour penser stratégie. Certes, l’idée vient de l’EZLN, mais elle a été discutée pendant trois mois dans tout le Mexique par des communautés qui n’ont rien à envier aux zapatistes.

    C’est ainsi que nous le raconte le compañero Siete Nubes, du Comité de soutien aux peuples du Chiapas en lutte (CSPCL) : « Le CNI a une longue histoire de vingt ans, et il regroupe de nombreuses communautés indiennes de tout le pays, avec des expériences de lutte extrêmement fortes, et totalement autonomes dans leur mode d’organisation par rapport à l’EZLN : les Yaquis, Cherán, Ostula, Xochistlahuaca, Amilcingo, les Chinantèques, les Mayas du Yucatán, Tila, les communautés du Guerrero et beaucoup d’autres... Chacune avec ses combats, ses morts, ses disparus, son histoire de récupération des terres, d’organisation communautaire autonome, ses propres langues, usages, traditions… » Cette candidature dépasse donc le seul Chiapas et se différencie de tout parti politique.

    En effet, ceci n’est pas une promesse de changement comme le ferait n’importe quel sauveur charismatique de la gauche, du genre de ceux qu’on trouve au Mexique ou en Europe. Quand ils prétendent « démonter le pouvoir d’en haut pour le reconstruire d’en bas », ce n’est pas un programme mais une réalité qui veut se faire connaître à travers toute la géographie américaine, des Sioux du Dakota aux Mapuche du Chili. Comme l’affirme Jérôme Baschet, rencontré à San Cristóbal, « cette candidature ne signifie aucun renoncement à l’autonomie, elle est un moyen de trouver un biais offensif et défensif pour permettre aux communautés attaquées par l’État et les narcotrafiquants de se retrouver et de tisser des liens. Le but n’est pas d’être élu mais de continuer à inventer une autre réalité ». Passer par un village zapatiste, c’est croiser une école et une clinique autonomes, mais aussi une junta de buen gobierno dans laquelle « le peuple commande et le gouvernement obéit ». Pour programme, il y a donc 23 ans de rébellion zapatiste, 500 ans de résistance indigène. La campagne aura pour enjeu principal de faire connaître ceux qui s’organisent déjà, et de sortir de la marginalisation médiatique et politique.

    #Chiapas #Élection #Mexique #Non-candidature #CQFD