• Inégalités mondiales : pour les riches, la norme d’abondance

    Dans son rapport annuel, publié ce lundi 14 janvier, jour de l’ouverture du Forum de Davos, l’ONG Oxfam dénonce l’extrême concentration de la richesse depuis 2020 et le pouvoir des multinationales, alors qu’une large partie de la population mondiale souffre de l’inflation.

    La France n’a plus de Première ministre, mais elle a « gagné » une « pionnière » d’un tout autre genre. En effet, la première femme à avoir vu sa fortune dépasser les 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) est française, il s’agit de Françoise Bettencourt Meyers, l’héritière du fondateur de L’Oréal, selon l’indice Bloomberg des milliardaires de fin décembre (elle est repassée depuis sous cette barre symbolique). Pour autant, dans cette coterie-là non plus, les inégalités entre les hommes et les femmes ne sont pas près de disparaître. Bernard Arnault, le fondateur de LVMH, qui figure dans le trio des plus riches du monde, détient une fortune bien plus importante que sa compatriote, estimée aujourd’hui à 162 milliards de dollars par le même indice.

    Pendant qu’une grande partie de la population se débattait avec l’inflation, ces deux-là comme les 40 autres milliardaires français, se sont considérablement enrichis. Ils ont gagné, en cumulé, 230 milliards de dollars ces trois dernières années, calcule l’ONG Oxfam, en s’appuyant sur les données du magazine américain Forbes. Au total leur fortune atteint près de 600 milliards de dollars.

    « Danger bien réel »

    Ce lundi 15 janvier, jour de l’ouverture du 54e Forum économique mondial dans la station de ski suisse de Davos, où Emmanuel Macron mettra les pieds mercredi pour la première fois depuis six ans, Oxfam publie son rapport annuel sur les inégalités mondiales. Ces dernières s’accroissent. Tandis que les plus riches le sont toujours plus – depuis 2020, la fortune des milliardaires s’est appréciée de 34 %, soit de 3 300 milliards de dollars, trois fois plus que l’inflation –, près de cinq milliards de personnes se sont appauvries, estime Oxfam en compilant plusieurs sources. Constatant que « l’augmentation spectaculaire de l’extrême richesse observée depuis 2020 est désormais gravée dans le marbre », l’ONG s’alarme du « danger bien réel de voir cette aggravation devenir la norme ».

    Le rapport décrit une extrême concentration de la richesse, sur différents plans. Entre les zones géographiques. « Seulement 21 % de l’humanité vit dans les pays du Nord, mais ces pays abritent 69 % de la richesse privée et 74 % de la richesse mondiale des milliardaires. » Dans la détention des actifs financiers : les 1 % les plus riches possèdent 43 % de tous les actifs financiers mondiaux. Entre les entreprises : « Au niveau mondial, les 0,001 % d’entreprises les plus importantes empochent environ un tiers de tous les bénéfices des entreprises. »
    « Eviter le piège à la con »

    Ces multinationales, et leurs propriétaires par la même occasion, viennent de vivre des années de crises ultraprofitables. En analysant les profits de 148 des plus grandes entreprises mondiales, Oxfam constate qu’en 2021 et 2022, ils sont en hausse de 89 % par rapport à la moyenne des années 2017 à 2020. D’après les premiers chiffres disponibles, « l’année 2023 devrait battre tous les records de bénéfices pour les grandes entreprises », note aussi le rapport. Les compagnies pétrolières et gazières, les marques de luxe, les entreprises du secteur financier ainsi que les laboratoires pharmaceutiques apparaissent comme les plus gagnantes, comme d’autres études l’avaient déjà démontré. Pendant que les revendications de hausses salariales ont été ravivées dans de nombreux pays par le choc inflationniste, le partage de la valeur dans les grandes entreprises reste loin d’être équitable. En considérant cette fois 96 d’entre elles et les douze mois précédant juin 2023, Oxfam calcule que pour chaque tranche de 100 dollars de bénéfices, 82 dollars sont allés vers les actionnaires, en rachats d’actions ou en distribution de dividendes.

    Oxfam s’attaque aux monopoles et à leur pouvoir, qualifié de « machine implacable à fabriquer des inégalités » – un sujet de préoccupations et débats particulièrement vifs aux Etats-Unis. Rappelant les évolutions des trois dernières décennies, comme les fusions successives qui ont abouti à l’avènement des dix géants mondiaux de l’industrie pharmaceutique, ou l’émergence des « Big tech » avec Meta (maison mère de Facebook), Alphabet (maison mère de Google) et Amazon qui raflent les trois quarts des dépenses publicitaires en ligne, Oxfam dénonce « un pouvoir des monopoles qui s’accroît et alimente les inégalités », notamment avec une coordination implicite pour augmenter les prix et les marges. La hausse de ces dernières est même soupçonnée d’avoir nourri l’inflation dans la zone euro, formant une boucle prix profits, selon les travaux de plusieurs économistes du Fonds monétaire international publiés en juin.

    Afin de réduire les inégalités, l’ONG continue de plaider pour une réforme de la fiscalité. Son antenne française, dirigée par Cécile Duflot, propose plusieurs mesures fiscales, qui mettraient davantage à contribution seulement 30 % des Français. Parmi elles, un ISF climatique. Celui-ci prendrait en compte le niveau de patrimoine des plus aisés ainsi que son empreinte carbone et pourrait rapporter autour de 15 milliards d’euros par an. Au printemps dernier, Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz esquissaient dans leur rapport sur les aspects économiques de la transition climatique une version plus restreinte de ce mécanisme, avec un impôt temporaire dédié au financement de la transition, qui serait prélevé sur le patrimoine financier des 10 % les plus riches et générerait environ 5 milliards d’euros par an. Emmanuel Macron avait alors tenté de clore les discussions, en enjoignant à la Première ministre, selon des propos tenus en Conseil des ministres et rapportés par le Figaro, « d’éviter le piège à la con du débat sur la fiscalité des riches ». Rien n’indique qu’il a changé d’avis.

    https://www.liberation.fr/economie/inegalites-mondiales-pour-les-riches-la-norme-dabondance-20240115_LGVC6SH
    #richesse #pauvreté #riches #pauvres #inégalités #visualisation #graphique #France #statistiques #chiffres #inflation #multinationales #concentration_de_la_richesse #milliardaires #Bernard_Arnault #LVMH #fortune #impôts #fiscalité

    • Multinationales et inégalités multiples : nouveau rapport

      Depuis 2020, les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune tandis que, dans le même temps, la richesse cumulée de 5 milliards de personnes a baissé. C’est ce que révèle le nouveau rapport d’Oxfam sur les inégalités mondiales.

      Si cette tendance se poursuit, nous pourrions voir dans près de 10 ans la fortune d’un multimilliardaire franchir pour la première fois le cap de 1000 milliards de dollars alors qu’il faudra encore 230 ans pour éradiquer la pauvreté.

      Malgré les crises successives, les milliardaires prospèrent. Pourquoi ? Car ils achètent le pouvoir politique et économique.

      Inégalités mondiales : les chiffres-clés
      Monde

      – La fortune des 5 hommes les plus riches a grimpé de 114 % depuis 2020.
      - La fortune des milliardaires a augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, à une vitesse 3 fois plus rapide que celle de l’inflation.
      - Les 1 % les plus riches possèdent 48 % de tous les actifs financiers mondiaux.
      - Les pays riches du Nord détiennent 69 % des richesses mondiales et accueillent 74 % des richesses des milliardaires alors qu’ils n’abritent que 21 % de la population mondiale.
      - Au rythme actuel, il faudrait plus de deux siècles pour mettre fin à la pauvreté, mais dans à peine 10 ans nous pourrions voir pour la première fois la fortune d’un multimilliardaire franchir le cap des 1 000 milliards de dollars. Avoir 1 000 milliards, c’est comme gagner plus d’un million d’euros par jour depuis la naissance de Jésus-Christ.
      - Sept des dix plus grandes entreprises mondiales sont dirigées par un·e milliardaire.
      - 148 grandes entreprises ont réalisé 1800 milliards de dollars de bénéfices cumulés – soit 52 % de plus en moyenne sur les 3 dernières années – et distribué d’énormes dividendes à de riches actionnaires tandis que des centaines de millions de personnes ont été confrontées à des réductions de salaires réels.

      France

      - Les quatre milliardaires français les plus riches et leurs familles – la famille Arnault, la famille Bettencourt Meyers, Gérard et Alain Wertheimer – ont vu leur fortune augmenter de 87 % depuis 2020. Dans le même temps, la richesse cumulée de 90% des Français a baissé.
      - Sur cette même période, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, autant que pour faire un chèque de 3 400 euros pour chaque Français-e.
      - Les 1 % les plus riches détiennent 36 % du patrimoine financier total en France alors que plus de 80% des Français ne déclarent posséder ni assurance-vie, ni actions directement.
      - 11 des plus grandes entreprises françaises ont réalisé 101 milliards de dollars de bénéfices entre juin 2022 et juin 2023, soit une augmentation de 57% par rapport à la période 2018-2021.
      – L’héritière Françoise Bettencourt est devenue la première femme milliardaire à voir sa fortune atteindre les 100 milliards d’euros.

      Grandes entreprises, médias : comment les milliardaires achètent le pouvoir

      Depuis 2020, l’accroissement de la fortune des milliardaires et l’accumulation de profits des multinationales sont intrinsèquement liés.

      A l’heure où l’élite économique se réunit à Davos, le rapport « Multinationales et inégalités multiples » révèle notamment que sept des dix plus grandes entreprises mondiales ont un·e PDG milliardaire ou un·e milliardaire comme actionnaire principal·e.

      Les grandes entreprises ont un pouvoir démesuré et sont une machine à fabriquer des inégalités. Salaires qui augmentent moins que la rémunération des PDG, bénéfices majoritairement utilisés pour rémunérer les actionnaires, optimisation fiscale : les milliardaires veillent avant tout à ce que les multinationales contribuent à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population.

      Ils utilisent par ailleurs leur richesse pour asseoir et conforter leur influence politique, en particulier via leur emprise sur les médias et leurs relations avec les hautes sphères de l’Etat.
      En France aussi, les milliardaires s’enrichissent et la pauvreté s’intensifie

      Les 4 milliardaires français les plus riches (Bernard Arnault et sa famille, Françoise Bettencourt Meyers et sa famille ainsi que Gérard Wertheimer et Alain Wertheimer) ont vu leur fortune augmenter de 87% depuis 2020.

      Sur la même période, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, soit l’équivalent d’un chèque de 3 400 euros pour chaque Français·e. Alors que les Français et Françaises subissent l’inflation de plein fouet et sont confronté·e·s à une véritable crise du pouvoir d’achat, l’enrichissement continu des ultra-riches fracture la société.

      Comme dans le reste du monde, l’omniprésence des milliardaires dans les mondes économique, politique et médiatique, est indéniable. En tête de proue : Bernard Arnault, à la tête de l’empire du luxe LVMH et de certains des plus grands médias français comme Les Échos ou Le Parisien, mais aussi le milliardaire Vincent Bolloré, qui fait des médias dont il est actionnaire principal une arme au service de l’extrême droite.

      https://www.oxfamfrance.org/rapports/multinationales-et-inegalites-multiples
      #rapport #oxfam

  • Les féminicides ont-ils vraiment baissé de 20 % en 2023 ?

    Le 2 janvier, le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti a affirmé au Figaro que le nombre de #meurtres de #femmes par leur conjoint ou ex-conjoint était en baisse en 2023, et atteignait 94, contre 118 en 2022, soit une diminution de 20 %.

    « Nous savons que lutter contre ce fléau prend du temps (…). Mais l’engagement de la justice française pour endiguer les féminicides porte tout de même ses premiers fruits », a-t-il commenté. Ces chiffres ont rapidement été contestés par plusieurs associations et collectifs féministes. Qu’en est-il ?

    Premier sujet d’étonnement : en évoquant les 118 féminicides de 2022, le #garde_des_Sceaux fait référence aux chiffres de la #Délégation_aux_victimes (#DAV) du #ministère_de_l’Intérieur, « l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple », publiée chaque année depuis 2006. Or pour l’année 2023, la DAV n’a publié aucun chiffre et indique qu’aucun bilan provisoire ne sera disponible avant le 31 janvier 2024.

    Le chiffre avancé par Eric Dupont-Moretti correspond, selon Franceinfo, aux remontées des parquets, et pourrait être corrigé ultérieurement, même si ce sera vraisemblablement à la marge. Reste une question : pourquoi le garde des Sceaux ouvre-t-il l’année en communiquant sur le sujet au mépris du calendrier retenu par le ministère de l’Intérieur ?

    Des écarts avec les associations féministes

    Deuxième sujet d’étonnement : les associations et collectifs féministes qui ont contribué depuis plusieurs années à mettre le sujet des féminicides sur le devant de la scène obtiennent des chiffres plus élevés, à partir de la veille qu’elles font de la presse nationale et de la presse quotidienne régionale.

    Le #collectif_des_féminicides par compagnon ou ex, qui mène ce travail depuis 2016, en est ainsi à 102 féminicides conjugaux en 2023 et souligne que plusieurs enquêtes pour mort suspecte sont toujours en cours. De son côté, l’#Inter-Orga_Féminicides (#IOF), constituée en 2021, recense 134 féminicides en 2023, dont 72 % conjugaux, soit 97.

    Précisons que les écarts entre les chiffres associatifs sont aisés à expliquer : le travail est entièrement réalisé par des bénévoles et repose sur les articles de presse. Il peut donc y avoir des « trous dans la raquette ».

    A l’inverse, les chiffres du ministère de l’Intérieur reposent sur les déclarations des causes d’#homicides par les services de police et de gendarmerie, complétées par une vérification auprès des parquets afin de préciser la qualification pénale. Sachant que le #droit français ne reconnaît pas la notion de féminicide – le #meurtre d’une femme en raison de son #genre –, mais distingue le meurtre, l’#assassinat (meurtre avec préméditation) et les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

    Une #définition institutionnelle trop restreinte

    Si les chiffres avancés par le ministre font réagir, c’est aussi que la définition du féminicide retenue par les institutions françaises est très restreinte : elle ne tient compte que des #féminicides_conjugaux et laisse de côté d’autres féminicides, les meurtres de mères par leurs fils, celui de femmes par des collègues ou un inconnu, ou encore les meurtres par des clients ou d’autres personnes sur des femmes exerçant le travail du sexe.

    Si la notion de féminicide fait l’objet de discussions dans les milieux féministes depuis de longues années, c’est avec la publication en 1992 du livre des chercheuses Diana Russel et Jill Radford Femicide : the politics of women killing qu’il gagne en popularité, rappelle la journaliste Laurène Daycard dans Nos Absentes. A l’origine des féminicides (Seuil, 2023).

    Les institutions internationales retiennent elles aussi une définition plus large que celle de la France. Les #Nations_unies distinguent depuis 2012 les #féminicides_intimes, commis par des proches, qu’ils soient conjoints ou parents de la victime, des #féminicides_non_intimes, ceux commis contre les professions stigmatisées comme la #prostitution, et les #féminicides_sexuels_systémiques où il n’y a pas de lien préalable entre la victime et son meurtrier, comme les massacres de femmes parce qu’elles sont des femmes.

    D’autres typologies sont possibles. En Espagne, comme le rapporte Le Monde, cinq types de féminicides sont comptabilisés : conjugaux, familiaux, sociaux (exécuté par un inconnu, un collègue de travail, un ami), sexuels (lié à la violence ou à l’exploitation sexuelle ainsi qu’au travail du sexe, mariage forcé ou mutilation génitale), et enfin, les féminicides par procuration, soit l’assassinat d’une personne (proches, enfants) pour nuire à une femme.

    En France, si le #collectif_Féminicides_par_compagnon_ou_ex recense les féminicides conjugaux, l’Inter-Orga Féminicides retient une définition plus extensive. Elle distingue les féminicides conjugaux, familiaux (commis par un enfant ou un parent) et sociaux.

    Au-delà des féminicides ?

    Au-delà de la définition même du féminicide, d’autres phénomènes s’inscrivent dans le continuum des #violences_de_genre qui structurent encore les sociétés contemporaines et doivent être a minima pris en compte.

    C’est le cas des #suicides_forcés, reconnus dans le Code pénal depuis 2020, et définis comme des suicides ou tentatives de suicides provoquées à la suite de #harcèlement dans le cadre de #violences_conjugales.

    Certains plaident pour leur intégration dans la définition du féminicide. En 2022, les services du ministère de l’Intérieur en ont recensé 759, presque exclusivement des femmes. Cela correspond à une multiplication par 3,3 depuis 2020, qui dit aussi une meilleure appréhension du phénomène.

    A cela s’ajoutent les #tentatives_de_féminicides, qui, si elles n’aboutissent pas à la mort de la victime, ont pourtant des conséquences destructrices. Le ministère de l’Intérieur recense ainsi 366 tentatives d’homicides au sein du couple en 2022, dont 267 contre des femmes. Cela, sans compter les infanticides commis dans le cadre de violences conjugales, ou les traumatismes d’enfants survivants d’un féminicide. Bref, pas de quoi pavoiser.

    https://www.alternatives-economiques.fr/feminicides-ont-vraiment-baisse-de-20-2023/00109303
    #féminicides #statistiques #chiffres #France #typologie

    ping @_kg_

  • La politique de lutte contre l’#immigration_irrégulière

    À la suite d’une première publication en avril 2020, qui portait sur l’intégration des personnes immigrées en situation régulière et sur l’exercice du droit d’asile, la Cour publie ce jour un rapport consacré à la politique de #lutte_contre_l’immigration_irrégulière, et notamment aux moyens mis en œuvre et aux résultats obtenus au regard des objectifs que se fixe l’État. À ce titre, la Cour a analysé les trois grands volets de cette politique : la #surveillance_des_frontières, la gestion administrative des étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et l’organisation de leur retour dans leur pays d’origine. Il convient de souligner que ce rapport a été inscrit à la programmation des publications de la Cour plusieurs mois avant la présentation du projet de loi au Conseil des ministres puis au Parlement en février 2023, et qu’il a été réalisé et contredit avant la loi immigration de décembre 2023.

    https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-politique-de-lutte-contre-limmigration-irreguliere

    #cour_des_comptes #France #migrations #rapport #frontières #contrôles_frontaliers #efficacité #contrôles_systématiques_aux_frontières #coopération_transfrontalière #Frontex #surveillance_frontalière #force_frontière #sans-papiers #OQTF #éloignement #renvois #expulsions #rétention #détention_administrative #renvois_forcés #laissez-passer_consulaires #aide_au_retour #retour_volontaire #police_aux_frontières (#PAF) #ministère_de_l'intérieur #chiffres #statistiques

    ping @karine4

    • #Pierre_Moscovici s’explique sur le report de la publication de la Cour des comptes sur l’immigration irrégulière : « Je n’ai rien cherché à dissimuler »

      Plusieurs élus ont dénoncé une entrave volontaire au débat démocratique. Auprès de « CheckNews », le président de la Cour des comptes se défend et dit qu’il n’a « rien cherché à dissimuler ».

      Un timing qui interroge. Le 4 janvier, soit deux semaines après la #commission_mixte_paritaire (#CMP) qui s’est réunie pour l’examen de la loi immigration sur fond de crise politique sévère – et qui a finalement abouti à l’adoption d’un texte plus dur que la version initiale proposée par le gouvernement – la Cour des comptes a publié son rapport sur la politique de lutte contre l’immigration irrégulière.

      Ses conclusions dressent notamment le bilan médiocre de la politique migratoire de l’Etat. Et pointent une « stratégie globale illisible et incohérente » de l’Intérieur. Mais au-delà du propos, c’est aujourd’hui le choix de son président, le socialiste Pierre Moscovici, de repousser la publication de ce rapport, qui se retrouve sous le feu des critiques. A l’origine, le texte devait en effet être publié le 13 décembre. C’était sans compter, deux jours plus tôt, sur la motion de rejet de l’Assemblée, qui a ouvert la voie à une CMP.

      Lors de sa présentation du rapport, Moscovici a expliqué qu’il n’avait pas souhaité que ce texte « puisse interférer en quoi que ce soit avec un débat passionné voire passionnel ».

      Le lendemain, il revient sur ce choix, et défend sur LCI une « décision prise personnellement et que j’assume totalement. La Cour publie ses rapports quand elle le veut. Nous avions programmé de le faire le 13 décembre. C’était le surlendemain du vote sur la motion de rejet de la loi sur l’immigration. Je sais pas si vous imaginez un tel rapport qui sort à ce moment-là, trois jours avant la commission mixte paritaire ? Qu’est-ce qu’on aurait dit ? Certains, à droite ou à l’extrême droite, auraient dit : “Quel scandale, rien ne marche, il faut être beaucoup plus dur”. Les autres : “Déjà ça ne marche pas, donc on n’a pas besoin d’une loi”. »
      « Je n’ai pas voulu que ce rapport soit déformé »

      Face au présentateur Darius Rochebin qui lui oppose qu’il s’agit là du fondement du « débat démocratique », Pierre Moscovici répond : « Oui, mais nous étions dans une crise politique, dans un moment où les arguments rationnels se faisaient peu entendre. Je n’ai pas voulu que ce rapport soit déformé et je n’ai pas voulu interférer avec un vote sous pression. »

      Ce dimanche 7 janvier, ils sont nombreux à s’indigner davantage de cette justification. A droite, Laurent Wauquiez appelle à la démission de Pierre Moscovici, dénonçant un « manquement grave à notre démocratie et aux obligations les plus élémentaires qui s’imposent à la Cour des comptes ». De son côté, Rachida Dati estime que « Pierre Moscovici a utilisé son pouvoir personnel pour priver le Parlement d’éléments factuels pour légiférer sur l’immigration ».

      Des critiques auxquelles se joignent certaines voix de gauche. Le député LFI Thomas Portes parle ainsi de « magouilles d’un autre âge » et d’un « mépris profond pour les citoyens et les élus ». Quant à Antoine Léaument, élu insoumis aussi, il déplore des « propos incroyables du président de la Cour des comptes » qui « a décidé de garder cachée une information qui pouvait être d’utilité publique ».

      « Je n’avais pas d’autres choix »

      Pierre Moscovici, joint par CheckNews ce dimanche matin, note que ces critiques ne proviennent ni de « toute la droite, ni de toute la gauche ». Sur le fond, contrairement à sa justification initiale du 4 janvier (où il indiquait qu’il ne souhaitait pas que la publication « puisse interférer en quoi que ce soit avec un débat passionné voire passionnel »), il indique aujourd’hui que le 13 décembre, date à laquelle le rapport devait être initialement publié, « le débat était clos par la motion de rejet ».

      Et de préciser : « Il n’y avait plus de débat parlementaire mais une crise politique, à dénouer par une procédure particulière. Si le rapport avait été publié comme prévu, il y aurait eu un déluge de réactions qui n’auraient pas alimenté le débat mais les passions. L’institution est là pour éclairer les citoyens, pas pour nourrir les controverses entre partis pendant une CMP. Je n’avais pas d’autre choix. Les mêmes qui poussent des cris d’orfraie auraient assuré que la Cour des comptes ne laissait pas le parlement travailler librement, et lui auraient reproché de s’immiscer dans sa souveraineté. Aucune de nos analyses n’aurait été reprise sereinement. Mes raisons sont de bon sens, je n’ai rien cherché à dissimuler : j’ai simplement joué mon rôle en protégeant l’indépendance, la neutralité et l’impartialité de l’institution que je préside. Ces critiques de mauvaise foi montrent aujourd’hui en quoi la publication du rapport le 13 décembre aurait simplement nourri la violence du combat politique. »

      https://www.liberation.fr/checknews/pourquoi-pierre-moscovici-a-t-il-differe-la-publication-du-rapport-de-la-

  • #Loi_immigration : l’accueil des étrangers n’est pas un fardeau mais une nécessité économique

    Contrairement aux discours répétés ad nauseam, le #coût des aides accordées aux immigrés, dont la jeunesse permet de compenser le vieillissement des Français, est extrêmement faible. Le #poids_financier de l’#immigration n’est qu’un #faux_problème brandi pour flatter les plus bas instincts.

    Quand les paroles ne sont plus audibles, écrasées par trop de contre-vérités et de mauvaise foi, il est bon parfois de se référer aux #chiffres. Alors que le débat sur la loi immigration va rebondir dans les semaines à venir, l’idée d’entendre à nouveau les sempiternels discours sur l’étranger qui coûte cher et prend nos emplois nous monte déjà au cerveau. Si l’on regarde concrètement ce qu’il en est, le coût de l’immigration en France, que certains présentent comme bien trop élevé, serait en réalité extrêmement faible selon les économistes. Pour l’OCDE, il est contenu entre -0,5% et +0,5% du PIB selon les pays d’Europe, soit un montant parfaitement supportable. Certes, les immigrés reçoivent davantage d’#aides que les autres (et encore, beaucoup d’entre elles ne sont pas réclamées) car ils sont pour la plupart dans une situation précaire, mais leur #jeunesse permet de compenser le vieillissement de la population française, et donc de booster l’économie.

    Eh oui, il est bien loin ce temps de l’après-guerre où les naissances explosaient : les bébés de cette période ont tous pris leur retraite ou sont en passe de le faire et, bientôt, il n’y aura plus assez de jeunes pour abonder les caisses de #retraite et d’#assurance_sociale. Sans compter que, vu l’allongement de la durée de vie, la question de la dépendance va requérir énormément de main-d’œuvre et, pour le coup, devenir un véritable poids financier. L’immigration, loin d’être un fardeau, est bien une #nécessité si l’on ne veut pas voir imploser notre modèle de société. Les Allemands, eux, l’assument haut et fort : ils ont besoin d’immigrés pour faire tourner le pays, comme l’a clamé le chancelier Olaf Scholz au dernier sommet économique de Davos. Le poids financier de l’immigration est donc un faux problème brandi par des politiques qui ne pensent qu’à flatter les plus bas instincts d’une population qui craint que l’avenir soit pire encore que le présent. On peut la comprendre, mais elle se trompe d’ennemi.

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/editorial/loi-immigration-laccueil-des-etrangers-nest-pas-un-fardeau-mais-une-neces
    #économie #démographie #France #migrations

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    voir aussi cette métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

    ping @karine4

    • Sur les #prestations_sociales aux étrangers, la #contradiction d’#Emmanuel_Macron

      Le pouvoir exécutif vante une loi « immigration » qui concourt à une meilleure intégration des « travailleurs » et soutient « ceux qui travaillent ». Mais la restriction des droits sociaux pour les non-Européens fragilise le système de #protection_sociale.

      Depuis son adoption au Parlement, la loi relative à l’immigration est présentée par Emmanuel Macron et par le gouvernement comme fidèle à la doctrine du « #en_même_temps ». D’un côté, le texte prétend lutter « contre les #passeurs » et l’entrée illicite d’étrangers dans l’Hexagone. De l’autre, il viserait à « mieux intégrer ceux qui ont vocation à demeurer sur notre sol » : les « réfugiés, étudiants, chercheurs, travailleurs ». En s’exprimant ainsi dans ses vœux à la nation, le 31 décembre 2023, le président de la République a cherché à montrer que la #réforme, fruit d’un compromis avec les élus Les Républicains, et inspirée par endroits du logiciel du Rassemblement national, conciliait #fermeté et #humanisme.

      Mais cette volonté d’#équilibre est contredite par les mesures concernant les prestations sociales. En réalité, le texte pose de nouvelles règles qui durcissent les conditions d’accès à plusieurs droits pour les étrangers non ressortissants de l’Union européenne, en situation régulière, ce qui risque de plonger ces personnes dans le dénuement.

      Un premier régime est créé, qui prévoit que l’étranger devra soit avoir résidé en France depuis au moins cinq ans, soit « justifier d’une durée d’affiliation d’au moins trente mois au titre d’une activité professionnelle » – sachant que cela peut aussi inclure des périodes non travaillées (chômage, arrêt-maladie). Ce « #délai_de_carence » est une nouveauté pour les aides visées : #allocations_familiales, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation de rentrée scolaire, complément familial, allocation personnalisée d’autonomie, etc.

      « #Régression considérable »

      Un deuxième régime est mis en place pour les #aides_personnelles_au_logement (#APL) : pour les toucher, l’étranger devra soit être titulaire d’un visa étudiant, soit être établi sur le territoire depuis au moins cinq ans, soit justifier d’une « durée d’affiliation d’au moins trois mois au titre d’une activité professionnelle ». Là aussi, il s’agit d’une innovation. Ces critères plus stricts, précise la loi, ne jouent cependant pas pour ceux qui ont obtenu le statut de réfugié ou détiennent la carte de résident.

      Le 19 décembre 2023, Olivier Dussopt, le ministre du travail, a réfuté la logique d’une #discrimination entre nationaux et étrangers, et fait valoir que le texte établissait une « #différence » entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, « qu’on soit français ou qu’on soit étranger ». « Nous voulons que celles et ceux qui travaillent soient mieux accompagnés », a-t-il ajouté, en faisant allusion au délai de carence moins long pour les étrangers en emploi que pour les autres. Une présentation qui omet que le nouveau régime ne s’applique qu’aux résidents non européens, et laisse penser que certains étrangers mériteraient plus que d’autres d’être couverts par notre #Etat-providence.

      Alors que la loi est censée faciliter – sous certaines conditions – l’#intégration de ressortissants d’autres pays, des spécialistes de la protection sociale considèrent que les mesures sur les prestations tournent le dos à cet objectif. « Les délais de carence vont totalement à l’encontre de l’intégration que l’on prétend viser », estime Michel Borgetto, professeur émérite de l’université Paris Panthéon-Assas. Ils risquent, d’une part, de « précipiter dans la #précarité des personnes confrontées déjà à des #conditions_de_vie difficiles, ce qui aura pour effet d’accroître le nombre de #travailleurs_pauvres et de #mal-logés, voire de #sans-abri, relève-t-il. Ils sont, d’autre part, susceptibles de se révéler largement contre-productifs et terriblement néfastes, poursuit le spécialiste du droit de la #sécurité_sociale, dans la mesure où les étrangers en situation régulière se voient privés des aides et accompagnements nécessaires à leur insertion durable dans la société, dans les premiers mois ou années de leur vie en France. C’est-à-dire, en fait, au moment même où ils en ont précisément le plus besoin… »

      Maîtresse de conférences en droit social à l’université Lyon-II, Laure Camaji tient à rappeler que les prestations visées constituent des « #droits_universels, attribués depuis des décennies en raison de la résidence sur le territoire ». « Cela fait bien longtemps – depuis une loi de 1975 – que le droit aux #prestations_familiales n’est plus lié à l’exercice d’une #activité_professionnelle, souligne-t-elle. C’est un principe fondamental de notre système de sécurité sociale, un #acquis majeur qui forme le socle de notre #pacte_social, tout comme l’est l’#universalité de la #couverture_maladie, de la prise en charge du #handicap et de la #dépendance, du droit au logement et à l’#hébergement_d’urgence. »

      A ses yeux, le texte entraîne une « régression considérable » en instaurant une « #dualité de régimes entre les Français et les Européens d’un côté, les personnes non ressortissantes de l’Union de l’autre ». L’intégralité du système de protection sociale est fragilisée, « pour tous, quelle que soit la nationalité, l’origine, la situation familiale, puisque l’universalité n’est plus le principe », analyse-t-elle.

      Motivation « idéologique »

      Francis Kessler, maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, ne comprend pas « la logique à l’œuvre dans cette loi, sauf à considérer qu’il est illégitime de verser certaines prestations à une catégorie de la population, au motif qu’elle n’a pas la nationalité française, ou que les étrangers viennent en France pour toucher des aides – ce qu’aucune étude n’a démontré ». En réalité, complète-t-il, la seule motivation de cette loi est « idéologique » : « Elle repose très clairement sur une idée de “#préférence_nationale” et place notre pays sur une pente extrêmement dangereuse. »

      Toute la question, maintenant, est de savoir si les dispositions en cause seront validées par le #Conseil_constitutionnel. L’institution de la rue de Montpensier a été saisie par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ainsi que par des députés et sénateurs de gauche, notamment sur les restrictions des #aides_financières aux étrangers. Les parlementaires d’opposition ont mis en avant le fait que les délais de carence violaient – entre autres – le #principe_d’égalité. Plusieurs membres du gouvernement, dont la première ministre, Elisabeth Borne, ont reconnu que des articles du texte, comme celui sur les APL, pouvaient être jugés contraires à la Loi fondamentale. Le Conseil constitutionnel rendra sa décision avant la fin du mois de janvier.

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/01/05/sur-les-prestations-sociales-aux-etrangers-la-contradiction-d-emmanuel-macro
      #Macron #loi_immigration #accès_aux_droits

  • Plus exposés mais aussi plus fragiles, les jeunes enfants des ménages modestes sont les plus affectés par la #pollution_de_l’air

    La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur les inégalités de santé chez les jeunes enfants en lien avec la pollution de l’air. Au-delà des différences d’exposition, qui sont en défaveur à la fois des jeunes enfants des ménages les plus aisés et des ménages les plus modestes, il existe de fortes disparités de vulnérabilité vis-à-vis de la pollution de l’air. 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets observables lors d’une augmentation de l’exposition à la pollution de l’air avant leur premier anniversaire, via le recours aux soins en lien avec certaines pathologies respiratoires. Plus souvent dans un moins bon état de santé à la naissance, ils ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé.

    L’exposition à la pollution de l’air est plus élevée chez les enfants les plus aisés et les plus modestes

    En France métropolitaine, ce sont les jeunes enfants vivant dans les ménages les plus aisés et dans les ménages les plus modestes qui sont les plus exposés à la pollution de l’air due aux particules fines de moins de 2,5 micromètres. D’une part, la pollution atmosphérique se concentre dans les villes, où les plus aisés résident plus souvent. D’autre part, les moins aisés vivent plus souvent, au sein des aires d’attraction des villes, dans les communes les plus polluées : au sein de ces espaces, ce sont les enfants des ménages les plus modestes qui sont les plus exposés du fait de leur localisation (graphique).

    Les enfants modestes, plus fragiles à la naissance et plus souvent hospitalisés en urgence pour asthme et bronchiolite

    Alors que les enfants nés prématurément représentent 9,1 % des naissances parmi les 10 % les plus modestes de la cohorte étudiée, ils représentent 6,1 % des enfants parmi les 10 % les plus aisés. Ainsi, les enfants les plus modestes ont un risque 1,5 fois plus élevé de naître prématurément que les plus aisés. En outre, parmi les enfants nés à terme, les plus modestes nécessitent en moyenne plus de soins lors de leur séjour de naissance. Avant leur troisième anniversaire, 1,4% des enfants sont admis à l’hôpital en urgence pour asthme sur la période étudiée (2008-2017). Cela représente environ 11 000 enfants nés chaque année qui sont touchés avant leur trois ans. En ce qui concerne les enfants les plus modestes, ils sont 1,9 % à être admis à l’hôpital en urgence pour asthme avant leur troisième anniversaire, contre 1,2 % des plus aisés, soit un risque multiplié par 1,6. Concernant les hospitalisations en urgence pour bronchiolite avant le deuxième anniversaire, qui concernent 3,6 % des enfants soit de l’ordre de 28 000 enfants nés chaque année, les différences sont encore plus marquées, avec un risque doublé pour les plus modestes par rapport aux plus aisés (graphique). En revanche, les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville, qui concernent un peu plus d’un quart des enfants, sont bien moins fréquentes chez les plus modestes que pour les dixièmes de niveaux de vie intermédiaires à élevés. En l’absence de mesure directe de l’état de santé respiratoire, la consommation des médicaments contre l’asthme peut être interprétée à la fois comme le marqueur d’une pathologie respiratoire, aiguë ou chronique, mais également comme un indicateur de la qualité de sa prise en charge, puisqu’il existe des différences d’accès, de recours et d’observance des traitements.

    Des recours aux soins respiratoires plus fréquents chez les enfants surexposés à la pollution dans leur première année de vie

    La simple comparaison d’enfants plus exposés à la pollution de l’air que les autres de par leur lieu de vie sur des données observationnelles ne permet d’établir qu’une coïncidence entre cette exposition en moyenne sur l’année et le fait d’être traité pour soins respiratoires. Afin de pouvoir donner une interprétation causale aux estimations de l’effet d’une surexposition à la pollution atmosphérique, deux groupes de jeunes enfants sont ici comparés, un groupe « surexposé » et l’autre « sous-exposé » (l’appartenance à chaque groupe n’étant pas déterminé de façon univoque par le lieu de vie). L’assignation des enfants au groupe « fortement exposé » repose sur leur exposition dans leur première année de vie à un nombre plus important de jours avec une inversion thermique qu’habituellement dans leur commune de résidence, phénomène météorologique ayant pour conséquence l’accumulation des polluants atmosphériques, notamment, mais pas seulement, les PM2,5 et donc par une sur-exposition à la pollution de l’air de ces enfants « fortement exposés » (voir précaution méthodologique).

    Sur la période 2008-2017, environ 28 000 enfants de chaque génération sont hospitalisés pour bronchiolite avant leurs deux ans et 11 000 pour asthme avant leurs trois ans. Si l’on pouvait diminuer l’exposition moyenne annuelle aux principaux polluants atmosphérique d’environ 1 % sur la première année de vie, ce qui revient à préserver les enfants de moins de un an d’une quinzaine de jours d’augmentation ponctuelle importante de leur exposition à ces polluants, alors de l’ordre de 2 000 cas hospitalisés de bronchiolites, 1 800 cas hospitalisés d’asthmes et 6 100 prises en charge d’enfants avec des délivrances de médicaments anti-asthmatiques seraient évités.
    Les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air font plus souvent partie des plus modestes

    La vulnérabilité à la pollution de l’air est vraisemblablement variable d’un enfant à l’autre, ce qu’occultent ces comparaisons globales. Concernant les hospitalisations en urgence pour bronchiolite et la délivrance de médicaments contre l’asthme, les effets importants, détectables statistiquement, seraient concentrés dans un groupe représentant 10 % des enfants, le groupe des enfants les plus affectés par la pollution de l’air. Que ce soit en termes d’hospitalisations en urgence pour bronchiolite ou de délivrance de médicaments anti-asthmatiques, les enfants les 10 % les plus affectés présentent plus souvent un état de santé défavorable à la naissance et font également plus souvent partie des plus modestes. Pour ce qui est des hospitalisations pour bronchiolite, ces disparités sont particulièrement marquées : les enfants les plus affectés par un surcroît de pollution de l’air dans leur première année sont avant tout des enfants dont l’état de santé à la naissance est moins favorable : 18,7 % sont nés prématurément, contre 5,9 % parmi les 50 % les moins affectés. Ces enfants appartiennent aussi 1,9 fois plus souvent au dixième de niveau de vie le plus modeste, qui représente 17,4 % des enfants les plus affectés.

    https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/etudes-et-resultats/plus-exposes-mais-aussi-plus-fragiles-les

    #pollution #pauvreté #air #France #enfants #enfance #inégalités #statistiques #chiffres #santé #inégalités_de_santé #vulnérabilité #pathologies_respiratoires #asthme #bronchiolite #hospitalisation

    • Pollution de l’air : la double peine pour les enfants de familles pauvres

      Un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques publié jeudi 4 janvier alerte sur les effets de la pollution de l’air sur les enfants. Ceux des familles les plus modestes sont les premières victimes des particules fines.

      LeLe titre de la publication est éloquent. « Plus exposés à la pollution de l’air, les jeunes enfants des ménages modestes, plus fragiles, sont les plus affectés », annonce la dernière étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) parue le 4 janvier. Le département des études du ministère de la santé met en évidence de « fortes disparités de vulnérabilité » vis-à-vis de la pollution de l’air.

      L’étude se concentre sur les particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre, dites PM2,5. Celles-ci peuvent être émises directement dans l’air par l’industrie, les transports routiers ou par des sources naturelles comme les feux de forêt. 40 000 décès prématurés par an leur sont imputables, a établi Santé publique France. Sans compter les très nombreuses personnes atteintes de pathologies liées à ces contaminations de l’air.

      En cas de hausse de la pollution, 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets sanitaires observables « avant leur premier anniversaire », notamment par des consultations médicales, en lien avec certaines pathologies respiratoires. Parmi eux, les enfants issus des milieux les plus modestes sont davantage représentés.

      La Drees précise que les jeunes enfants des ménages les plus modestes et ceux des ménages les plus aisés résident dans les grandes aires urbaines en France métropolitaine, précisément là où l’air est le plus pollué. Les plus modestes vivent souvent dans les communes les plus polluées. « 10 % des enfants les plus modestes ont, l’année de leur naissance, une exposition moyenne aux particules fines supérieure de 0,5 microgramme par mètre cube à celle des 10 % d’enfants les plus aisés. »

      Cette étude et ses conclusions précises s’inscrivent dans le sillage d’autres publications et confirment l’ampleur du problème. En 2021, un rapport conjoint du Réseau Action Climat (RAC) et de l’Unicef était consacré au sujet. On pouvait y lire que « les inégalités environnementales entre les enfants commencent dès la conception en période in utero, se cumulent et persistent à la naissance puis pendant l’enfance ».

      Séverine Deguen est chercheuse indépendante sur la question des inégalités environnementales et l’une des autrices du rapport du RAC et de l’Unicef. Elle se réjouit aujourd’hui que ce sujet fasse l’objet d’études spécifiques de la part du ministère de la santé et aimerait que la pollution de l’air soit considérée comme un vrai problème de santé publique.

      La chercheuse n’est pas surprise des conclusions de l’étude et rappelle que les enfants de milieux modestes subissent ce qu’elle nomme « une double peine ». Ils doivent affronter la pauvreté de leurs familles et toutes ses conséquences de privations matérielles, et de surcroît subir des problèmes de santé résultants de leur exposition accrue à la pollution de l’air.

      Et eux n’ont pas d’échappatoire, contrairement aux foyers les plus riches. « Les personnes aisées ont des conditions de vie qui font que leur travail ne les expose pas davantage à des nuisances environnementales. Et elles peuvent y échapper, par exemple partir davantage en vacances », développe-t-elle.

      Les inégalités s’observent en réalité dès la naissance. Les nourrissons dont les parents sont pauvres commencent leur vie en moins bonne santé, sans lien direct avec la pollution, que ceux des milieux favorisés. Ces enfants ont aussi par exemple plus de chance de naître prématurément, ce qui les fragilise davantage face à ces maladies.
      Hospitalisations plus nombreuses

      Ce qui est confirmé par les chiffres des hospitalisations consécutives à des problèmes respiratoires. Chaque année, 11 000 enfants de moins de 3 ans sont hospitalisés pour de l’asthme. Ceux issus des foyers les plus pauvres sont 1,9 % à être admis à l’hôpital en urgence pour cette pathologie respiratoire avant leur troisième anniversaire, contre 1,2 % des plus aisés, « soit un risque multiplié par 1,6 », précise la Drees.

      28 000 enfants de moins de 2 ans sont hospitalisés pour bronchiolite. Là, le risque d’être hospitalisé en urgence avant le deuxième anniversaire est « doublé pour les plus modestes par rapport aux plus aisés ».

      Les enfants de foyers modestes sont aussi vulnérables à la pollution de l’air du fait de certains logements, ajoute la chercheuse. La précarité énergétique subie par certaines familles les conduit à vivre avec de l’humidité ou des moisissures sur les murs et une moindre qualité de l’air intérieur.

      « Souvent, les enfants souffrent davantage d’asthme, de bronchites et d’allergies, souligne Séverine Deguen. En général, ces problèmes restent circonscrits au lieu de vie mais vont venir complètement exploser à la moindre exposition supplémentaire à la pollution de l’air. »

      Réduire la précarité énergétique en rénovant les logements concernés reste un levier efficace et concret, défend encore la chercheuse, pour aplanir ces inégalités de santé et environnementales. Pour la Drees, la réduction de 1 % de l’exposition des enfants à la pollution de l’air pourrait éviter jusqu’à 2 000 cas de bronchiolites et 1 800 cas d’asthme nécessitant une hospitalisation.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050124/pollution-de-l-air-la-double-peine-pour-les-enfants-de-familles-pauvres

    • Les enfants pauvres, premiers à souffrir de la pollution de l’air

      Le ministère de la Santé a publié jeudi 4 janvier une étude révélant les inégalités environnementales qui frappent les enfants les plus modestes en France. Ces derniers sont les plus affectés par la pollution de l’air et cumulent l’ensemble des facteurs de risque : leurs lieux de vie sont plus exposés et situés à proximité des sources de pollutions, leur accès au soin est également dégradé.

      En conséquence, ils sont les premiers à souffrir de la détérioration de la qualité de l’air. Les enfants surexposés ont plus de risques d’être hospitalisés en urgence pour bronchiolite et pour asthme, rappelle l’étude. Plus fragiles à la naissance, les enfants issus de famille modestes sont également les plus enclins à subir des complications respiratoires.
      1 200 enfants morts prématurés en Europe

      Selon les données de l’étude, 10 % des enfants concentrent l’essentiel des effets sanitaires détectables lors d’une hausse de la pollution, et la majorité d’entre eux vivent dans les milieux les plus pauvres. « Ces enfants ne sont pas répartis de façon égale sur l’échelle de niveaux de vie des parents : parmi ces enfants les plus affectés, le dixième le plus modeste est 1,6 fois plus représenté que le dixième le plus aisé », soulignent les auteurs du rapport.

      Au total, 11 000 enfants nés chaque année sont touchés avant leurs 3 ans par de l’asthme et 28 000 enfants sont affectés par une bronchiolite avant le deuxième anniversaire. Les enfants les plus modestes ont 1,6 fois plus de risques d’être touchés par de l’asthme que les plus aisés et 2 fois plus de risques pour la bronchiolite.

      En revanche, les délivrances de médicaments contre l’asthme en pharmacie de ville, qui concernent un peu plus d’un quart des enfants, sont bien moins fréquentes chez les plus modestes que pour les dixièmes de niveaux de vie intermédiaires à élevés.

      En Europe, la pollution de l’air tue chaque année au moins 1 200 enfants et adolescents prématurément.

      https://reporterre.net/Les-enfants-les-plus-pauvres-sont-les-plus-touches-par-la-pollution-de-l

  • Le #Royaume-Uni plonge dans une #pauvreté historique

    Les écarts entre riches et pauvres retrouvent des niveaux proches de l’ère victorienne, avant l’État providence. Les #bas_salaires en sont la cause.

    Au cours des quinze dernières années, les inégalités se sont accrues de manière spectaculaire au sein de la société britannique. Au point que « le Royaume-Uni risque de retomber dans les « deux nations » de l’ère victorienne, marquée par un fossé grandissant entre la société dominante et une classe inférieure déprimée et frappée par la pauvreté, alerte un rapport sur la pauvreté, publié le 11 décembre.

    Le coefficient de Gini des #revenus, après impôts et prestations sociales, dans le pays – un indicateur qui permet de rendre compte de leur niveau d’inégalité – était le plus élevé d’Europe occidentale en 2022, avec 0,35 point. À titre de comparaison il ressort à 0,31 en Suisse, 0,29 en France et 0,28 en Allemagne.

    Le pays n’a jamais été aussi inégalitaire

    Le Royaume-Uni du premier ministre Rishi Sunak n’est néanmoins plus celui d’Oliver Twist, l’orphelin pauvre du livre de Charles Dickens, publié en 1838. « Évidemment, les conditions de vie sont meilleures pour l’individu moyen qu’au milieu du XIXe siècle », tempère David Gordon, professeur de justice sociale à l’Université de Bristol et directeur du Bristol Poverty Institute. La capitale anglaise, cadre de ce roman, n’en continue pas moins de concentrer ces maux. La City of London, centre de la finance nationale, était alors mitoyenne de plusieurs des arrondissements les plus pauvres d’Angleterre qui le demeurent aujourd’hui encore.

    « En termes d’écart de richesse entre les plus riches et les plus pauvres, nous avons reculé de vingt-cinq ans à la fin des dix-huit années de thatchérisme », indique le professeur. « L’écart se rapproche du niveau enregistré avant la mise en place de l’État providence au Royaume-Uni, tout au long de la première partie du XXe siècle, qui avait permis une réduction considérable de la pauvreté », poursuit ce dernier.

    Une constante apparaît dans les différents rapports publiés sur le sujet au cours des derniers mois : les deux plus forts mouvements d’accroissement des inégalités de l’époque contemporaine ont eu lieu lors de longues périodes de gouvernement conservateur. Ainsi à partir de l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, en 1979, qui « a cassé le consensus de l’après-guerre en mettant en place des politiques néolibérales qui ont augmenté les ressources de la moitié supérieure de la société aux dépens de celles des plus modestes », explique le spécialiste. Puis avec les mesures d’austérité budgétaire déployées en 2010 par David Cameron – qui ont notamment touché les personnes handicapées et les enfants – poursuivies par ses successeurs Theresa May de 2016 à 2019 puis Rishi Sunak depuis 2022.
    Insécurité professionnelle

    Cette évolution amène son lot de « problèmes déjà visibles pendant les époques victorienne et édouardienne (ndlr : 1837 à 1914), poursuit David Gordon – des niveaux de criminalité et de maladie élevés, une société moins cohésive. »

    Le Centre for Social Justice les traite dans le détail dans son rapport et place l’accent sur le monde du travail, central dans l’accroissement de la pauvreté. Depuis 2000, 20 à 25% des travailleurs disent ainsi ressentir une insécurité professionnelle à la suite du développement de l’auto-entrepreneuriat et des contrats « zéro heure » – qui n’assurent aucune heure de travail hebdomadaire et donc aucun revenu. Mais aussi en raison de la détérioration des conditions de travail ainsi que du remplacement de nombreux emplois industriels « qualifiés, sûrs et souvent bien rémunérés » par des postes dans les services, non qualifiés et moins bien payés.

    Des #salaires insuffisants

    En septembre 2023, « 38% des bénéficiaires d’aides sociales avaient un emploi, ce qui signifie que leurs #revenus ne sont pas suffisants [pour vivre] sans le soutien du système d’#aide_sociale », confirme le rapport.

    David Gordon rappelle que « c’était déjà le cas lors de la première véritable enquête sur la pauvreté réalisée dans les années 1880 par Charles Boothe : la pauvreté est largement due à des revenus bas ». Le directeur du Bristol Poverty Institute rappelle que, à l’époque déjà, les politiciens ne voulaient pas croire à ses découvertes, certains que le comportement des plus pauvres – en l’occurrence l’alcoolisme ou la dépendance à la drogue – était la cause principale de leurs difficultés.

    https://www.tdg.ch/explosion-des-inegalites-a-londres-le-royaume-uni-plonge-dans-une-pauvrete-histo
    #inégalités #Londres #UK #Angleterre #statistiques #chiffres

  • #François_Héran : « A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix, on provoquera l’inverse »

    Le professeur au Collège de France estime, dans une tribune au « Monde », que la #régularisation « au compte-gouttes » des étrangers prévue dans la loi adoptée le 19 décembre finira en réalité par accroître l’immigration irrégulière, tant l’offre et la demande de travail sont fortes.

    La #loi_sur_l’immigration votée mardi 19 décembre n’est ni de droite ni de gauche. Quoi qu’en dise le président de la République, elle a sa source à l’#extrême_droite. Lors des débats du mois de mars, les sénateurs Les Républicains (LR) avaient repris en chœur les formules outrancières du Rassemblement national (RN) :« #submersion_migratoire », « #chaos_migratoire », « #immigration_hors_de_contrôle », « #explosion » des demandes d’asile, etc. Or les #données disponibles, rassemblées par Eurostat et l’ONU, ne disent rien de tel. C’est entendu, en France, comme dans le reste de l’Occident libéral, la migration progresse depuis l’an 2000, de même que la demande de refuge, mais de façon linéaire et non pas exponentielle quand on fait la part de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021.

    Comment peut-on soutenir que la #migration_familiale vers notre pays serait une « #pompe_aspirante » qu’il faudrait réduire à tout prix, alors qu’elle est en recul depuis dix ans à force d’être prise pour cible par les lois antérieures ? Au sein de ce courant, une faible part relève du « #regroupement_familial » stricto sensu, soit 14 000 personnes par an environ, conjoints ou enfants mineurs, réunis en vertu d’un droit qui n’a rien d’automatique, contrairement à une légende tenace. Mais l’#erreur la plus flagrante, celle qui alimente largement la nouvelle loi, consiste à vouloir priver les étrangers, selon les mots prononcés par Eric Ciotti, le patron des Républicains, à l’issue du vote, des avantages « du modèle social le plus généreux d’Europe, qui fait de la France la #destination_privilégiée pour les migrants ». Il s’agit là d’une #croyance jamais démontrée.

    Marchands d’#illusion

    Il ne suffit pas, en effet, de constater que tel dispositif d’#aide_sociale existant en France au bénéfice des migrants est sans équivalent à l’étranger ou affiche un montant supérieur, pour qu’on puisse en conclure que la France serait plus « attractive ». Ceci vaut pour tous les dispositifs visés par la loi : allocation pour demandeur d’asile, aide médicale d’Etat, aide au logement, droit du sol, accès à la naturalisation…

    La seule démonstration qui vaille consiste à examiner les « #préférences_révélées », comme disent les économistes, c’est-à-dire à vérifier si les demandeurs de séjour ou d’asile ont effectivement privilégié la France comme destination depuis cinq ou dix ans, dans une proportion nettement supérieure à celle de son poids démographique ou économique au sein de l’Union européenne. Or, il n’en est rien, au vu des données d’Eurostat rapportées à la population et à la richesse de chaque pays. La France réunit 13 % de la population de l’Union européenne et 18 % de son PIB, mais n’a enregistré que 5 % des demandes d’asile déposées en Europe depuis 2013 par les réfugiés du Moyen-Orient, et 18 %, pas plus, des demandes d’origine africaine. Comment croire qu’elle pourra durablement se défausser sur les pays voisins après la mise en œuvre du Pacte européen ? Les politiciens qui font cette promesse à l’opinion sont des marchands d’illusions.

    Trop de loi tue la loi. A vouloir comprimer la poussée migratoire à tout prix au lieu de la réguler de façon raisonnable, on provoquera l’inverse du résultat recherché. Loin de tarir l’afflux des immigrés en situation irrégulière, la régularisation au compte-gouttes finira par l’accroître, tant sont fortes l’offre et la demande de travail. On a beau multiplier les effectifs policiers aux frontières, les entrées irrégulières ne cessent de progresser, quitte à se frayer de nouvelles voies.

    S’il est heureux que la régularisation des travailleurs sans papiers ne dépende plus du bon vouloir de l’employeur, le renforcement des pouvoirs du préfet dans la décision finale va dans le mauvais sens. A l’heure actuelle, déjà, comme l’a rappelé un avis sur la loi de finances 2023, un tiers au moins des préfets n’utilisent pas la #circulaire_Valls sur les #admissions_exceptionnelles_au_séjour, par idéologie ou par manque de moyens. La nouvelle loi fera d’eux plus que jamais des potentats locaux, en creusant l’#inégalité_de_traitement entre les territoires. Dans son rapport de 2013 sur le « #droit_souple », le Conseil d’État avait salué la circulaire Valls, censée rapprocher les critères de régularisation d’une #préfecture à l’autre au profit de l’« #équité_de_traitement ». C’est le contraire qui s’est produit, et l’ajout de critères civiques n’atténuera pas le caractère local et subjectif des décisions.

    Le contraire du #courage

    On nous oppose l’#opinion_publique, la fameuse « attente des Français » véhiculée par les sondages. Faut-il rappeler que la #démocratie ne se réduit pas à la #vox_populi et à la « #sondocratie » ? Elle implique aussi le respect des minorités et le respect des #droits_fondamentaux. Les enquêtes menées avec rigueur sur des échantillons suffisamment solides révèlent que les opinions recueillies sur le nombre des immigrés, leur utilité ou leur comportement dépendent fortement des affiliations politiques : les répondants ne livrent pas des #constats mais des #jugements.

    Dès que les questions précisent les contextes et les situations, comme c’est le cas de l’enquête annuelle de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, les opinions se font plus nuancées, le niveau de tolérance augmente. Mais les recherches qui font état de ces résultats ne peuvent s’exposer dans les limites d’une tribune, et rares sont les quotidiens qui font l’effort de les exposer.

    Osera-t-on enfin porter un regard critique sur les formules magiques ressassées ces derniers mois ? La « #fermeté », d’abord, affichée comme une qualité positive a priori, alors que la fermeté n’a aucune #valeur indépendamment du but visé : de grands démocrates ont été fermes, mais de grands autocrates aussi. Il en va de même du « #courage », tant vanté par les LR (le projet de loi initial « manquait de courage », le nouveau texte est « ferme et courageux », etc.), comme s’il y avait le moindre courage à caresser l’opinion publique dans le sens de ses #peurs.

    La #démagogie est le contraire du courage ; la parole « décomplexée » n’est qu’un discours sans scrupule. Le vrai courage aurait été de rééquilibrer les discours destinés à l’opinion publique en exposant les faits, si contrastés soient-ils. Le président de la République avait souhaité « un compromis intelligent au service de l’intérêt général » : il a entériné une #compromission irréfléchie qui lèse nos #valeurs_fondamentales.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/21/francois-heran-a-vouloir-comprimer-la-poussee-migratoire-a-tout-prix-on-prov

    #loi_immigration #France #19_décembre_2023 #chiffres #statistiques #fact-checking #afflux #idées_reçues #propagande #discours

    voir aussi cet extrait :
    https://mastodon.social/@paul_denton/111617949500160420

    ping @isskein @karine4

  • Mortalité infantile : la France dégringole
    https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/pediatrie/mortalite-infantile-la-france-degringole

    En passant de la 3e à la 20e place en Europe pour ce qui est de la mortalité néonatale, la France se déclasse. En cause, une offre inadaptée dans le bas risque et des manques de moyens en réanimation néonatale.

    La situation périnatale ne s’est guère améliorée en France : elle a même continué à se dégrader par rapport à l’an dernier, ce qui place la France dans une mauvaise direction par rapport au reste de l’Europe – notamment de l’Europe du Nord –, où la mortalité infantile continue à baisser.

    • La publication de l’Insee, à partir des données de l’état-civil (14/06/2023)
      avec tous les chiffres, téléchargeables

      Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne - Insee Focus - 301
      https://www.insee.fr/fr/statistiques/7627069#graphique-figureencadre

      En 2021, 2 700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes. Bien qu’historiquement bas, ce taux ne baisse plus depuis 2005. Il a même légèrement augmenté entre 2014 et 2017, en particulier en ce qui concerne la mortalité dans les premiers jours de la vie. La moitié des enfants décédés avant leur premier anniversaire en 2021 ont vécu moins d’une semaine.
      Depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle. En effet, contrairement à la France, la mortalité infantile en Europe continue de diminuer en moyenne, bien que modérément ces dernières années. La baisse de la mortalité néonatale (avant 28 jours) est particulièrement ralentie en France depuis 20 ans ; c’est aussi le cas en Allemagne.

    • la lecture et l’interprétation de ces chiffres par l’INED (août 2024)
      (on notera les hypothèses émises - et leur ordre ? – toutes basées sur des éléments factuels (il y a des données…) : 2 démographiques et 2 sociales)

      Est-il vrai que la mortalité infantile est en hausse en France ? - La question du jour - Les mémos de la démo - Ined - Institut national d’études démographiques
      https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/faq/est-il-vrai-que-la-mortalite-infantile-est-en-hausse-en-france

      Après une baisse continue durant le XXe siècle, le taux de mortalité infantile atteint désormais un très faible niveau mais ce taux stagne. Il a même légèrement augmenté entre 2014 et 2017 en France, alors qu’il tend à baisser dans quasiment tous les pays de l’UE27. En 2022, il s’établit à 3,9 pour 1000 naissances vivantes (3,7 en métropole), ce qui place la France au-dessus de la moyenne européenne. La hausse du taux de mortalité infantile est particulièrement marquée lors de la première semaine de vie qui concentre 47,8 % des décès.

      Les données d’état civil ne permettant pas de disposer d’informations d’ordre médical, seules des hypothèses visant à expliquer cette augmentation sont émises, telles que la hausse de l’âge des mères au moment de l’accouchement, l’accroissement des grossesses multiples, les situations de précarité ou encore une dégradation du circuit de soins.

    •  :-)

      conséquence du surcroît de maltraitance sur le nouveau-né (port du masque…)

      Alors qu’un troisième confinement est en discussion en France, les pédiatres, pédopsychiatres et services d’urgences pédiatriques de tout le pays observent depuis quelques semaines une augmentation sans précédent des consultations ambulatoires et hospitalières, admissions aux urgences et hospitalisations pour motifs psychiatriques tels qu’anxiété, idées noires ou gestes suicidaires, souvent dans un contexte de maltraitance. Les services d’hospitalisation habituellement surchargés à cette période d’enfants atteints de pathologies infectieuses (bronchiolites, gastro-entérite) le sont cette année encore mais d’enfants maltraités, déprimés, anxieux et suicidaires.

      dernier avis en date du 25/01/2021

    • Que diantre, vous n’y êtes pas du tout ! C’est la faute aux migrants, bien sûr ! Jordan l’a démontré, hôtel 5 étoiles à l’appui, l’autre vendredi sur RCI, c’est que des enfants de migrants nés illégalement sur nos fiers trottoirs de fRrance qui plombent notre beau classement de 3e meilleur européen.

      (je préfère ne pas sourcer, ça tâche)

  • More than 1,000 unmarked graves discovered along EU migration routes

    Bodies also piling up in morgues across continent as countries accused of failing to meet human rights obligations.

    Refugees and migrants are being buried in unmarked graves across the European Union at a scale that is unprecedented outside of war.

    The Guardian can reveal that at least 1,015 men, women and children who died at the borders of Europe in the past decade were buried before they were identified.

    They lie in stark, often blank graves along the borders – rough white stones overgrown with weeds in Sidiro cemetery in Greece; crude wooden crosses on Lampedusa in Italy; in northern France faceless slabs marked simply “Monsieur X”; in Poland and Croatia plaques reading “NN” for name unknown.

    On the Spanish island of Gran Canaria, one grave states: “Migrant boat number 4. 25/09/2022.”

    The European parliament passed a resolution in 2021 that called for people who die on migration routes to be identified and recognised the need for a coordinated database to collect details of the bodies.

    But across European countries the issue remains a legislative void, with no centralised data, nor any uniform process for dealing with the bodies.

    Working with forensic scientists from the International Committee of the Red Cross (ICRC) and other researchers, NGOs and pathologists, the Guardian and a consortium of reporters pieced together for the first time the number of migrants and refugees who died in the past decade along the EU’s borders whose names remain unknown. At least 2,162 bodies have still not been identified.

    Some of these bodies are piling up in morgues, funeral parlours and even shipping containers across the continent. Visiting 24 cemeteries and working with researchers, the team found more than 1,000 nameless graves.

    These, however, are the tip of the iceberg. More than 29,000 people died on European migration routes in this period, the majority of whom remain missing.

    –—

    What is the border graves project?
    Hide

    About the investigation

    The Guardian teamed up with Süddeutsche Zeitung and eight reporters from the Border Graves Investigation who received funding from Investigative Journalism for Europe and Journalismfund Europe.

    We worked with researchers at the International Committee of the Red Cross who shared exclusively their most up-to-date findings on migrant and refugee deaths registered in Spain, Malta, Greece and Italy between 2014 and 2021.

    Other partners included Marijana Hameršak of the European Irregularized Migration Regime at the Periphery of the EU (ERIM) project in Croatia, Grupa Granica and Podlaskie Humanitarian Emergency Service (POPH) in Poland and Sienos Grupė in Lithuania. The journalist Maël Galisson provided data for France.

    Reporters and researchers also checked death registers, interviewed prosecutors and spoke to local authorities and morgue directors, as well as visiting two dozen cemeteries to track the number of unidentified migrants and refugees who have died trying to cross into the EU in the past decade and find their graves.

    –—

    The problem is “utterly neglected”, according to Europe’s commissioner for human rights, Dunja Mijatović, who has said EU countries are failing in their obligations under international human rights law.

    “The tools are there. We have the agencies and the forensic experts, but they need to be engaged [by governments],” she said. The rise of the hard right and a lack of political will were likely to further impede the development of a proper system to address “the tragedy of missing migrants”, she added.

    Instead, pockets of work happen at a local level. Pathologists, for example, collect DNA samples and the few personal items found on the bodies. The clues to lives lost are meagre: loose change in foreign currency, prayer beads, a Manchester United souvenir badge.

    The lack of coordination leaves bewildered families struggling to navigate localised, often foreign bureaucracy in the search for lost relatives.

    Supporting them falls to aid organisations such as the ICRC, which has recorded 16,500 requests since 2013 for information to its programme for restoring family links from people looking for relatives who went missing en route to Europe. The largest number of requests have come from Afghans, Iraqis, Somalians, Guineans and people from the Democratic Republic of the Congo, Eritrea and Syria. Only 285 successful matches have been achieved.

    And now even some of this support is about to disappear. As governments cut their aid budgets, the ICRC has been forced to refocus its reduced resources. National Red Cross agencies will continue the family links programme but much of the ICRC’s work training police and local authorities is being cut.
    A race against time

    The mini set of scissors and comb worn on a chain were unique to 24-year-old Oussama Tayeb, a small talisman that reflected his job as a barber. For his cousin Abdallah, they were the hope that he had been found.

    Tayeb set sail last year from the north-west of Algeria just before 8pm on Christmas Day. Onboard with him were 22 neighbours who had clubbed together to pay for the boat they had hoped would take them to Spain.

    His family has been searching for him since. Abdallah, who lives in France, fears it is a race against time.

    Spanish police introduced a database in 2007 in which data and genetic samples from unidentified remains are meant to be logged. In practice, the system breaks down when it comes to families searching for missing relatives, who have no clear information about how to access it.

    The family had provided a DNA sample soon after Tayeb’s disappearance. With no news by February, they travelled to southern Spain for a second time to search for him. At the morgue in Almería, a forensic doctor reacted to Tayeb’s photo, saying he looked familiar. She recalled a necklace, but said the man she was thinking of was believed to have died in a jet ski accident.

    “It was a really intense moment because we knew that Oussama was wearing a jet ski lifejacket,” Abdallah said.

    Even with the knowledge that Tayeb’s body may have been found, his cousin was unable to see the corpse lying in the morgue without a police officer. Abdallah remembered the shocking callousness with which he was greeted at one of the many police stations he tried. “One policeman told us that if ‘they don’t want to disappear, they shouldn’t have taken a boat to Spain’.”

    Looming over Abdallah’s continuing search is a practical pressure mentioned by the Spanish pathologist: bodies in the morgue are usually kept for a year and then buried, whether identified or not. “We only want an answer. If we see the chain, this would be like a death certificate. It’s so heartbreaking. It’s like we’re leaving Oussama in the fridge and we can’t do anything about it,” he said.
    ‘Here lies a brother who lost his life’

    The local authorities that receive the most bodies are often on small islands and are increasingly saying they cannot cope.

    They warn that an already inadequate system is going backwards. Spain’s Canary Islands have reported a record 35,410 men, women and children reaching the archipelago by boat this year. In recent months, most of these vessels have sought to land on the tiny, remote island of El Hierro. In the past six weeks alone, seven unidentified people were buried on the island.

    The burial vaults of 15 unidentified people who were found dead on a rickety wooden vessel in 2020, in the town of Agüimes on Gran Canaria, bear identical plaques that read simply: “Here lies a brother who lost his life trying to reach our shores.”

    In the Muslim section of Lanzarote’s Teguise cemetery, the graves of children are marked with circles of stones. They include the grave of a baby believed to have been stillborn on a deadly crossing from Morocco in 2020. Alhassane Bangoura’s body was separated from his mother during the rescue and was buried in an unmarked grave. His name is only recorded informally, engraved on a bowl by locals moved by his plight.

    It is the same story in the other countries at the edge of the EU; unmarked graves dotted along their frontiers standing testament to the crisis. Along the land borders, in Croatia, Poland, Lithuania, the numbers of unmarked graves are fewer but still they are there, blank stones or sometimes an NN marked on plaques.

    In France, the anonymous inscription “X” stands out in cemeteries in Calais. The numbers seem low compared with those found along the southern coastal borders: 35 out of 242 migrants and refugees who died on the Franco-British border since 2014 remain unidentified. The high proportion of the dead identified reflects the fact that people spend time waiting before attempting the Channel crossing so there are often contacts still in France able to name those who die.
    Fragments of hope

    Leaked footage of Polish border guards laughing at a young man hanging upside down, trapped by his foot, stuck in the razor wire on the top of the 180km (110-mile) steel border fence separating Belarus from Poland caused a brief social media storm.

    But the moment he is caught in the searchlights, his frightened face briefly frozen, has haunted 50-year-old Kafya Rachid for the past year. She is sure the man is her missing child, Mohammed Sabah, who was 22 when she last saw him alive.

    Sabah had flown from his home in Iraqi Kurdistan in the autumn of 2021 to Belarus, for which he had a visa. He was successfully taken across the EU border by smugglers but was detained about 50km (30 miles) into Poland and deported back to Belarus.

    Waiting to cross again, his messages suddenly stopped. The family had been coming to terms with the fact he was probably dead. Then the video surfaced. With little else to go on, fragments such as this give families hope.

    Sabah’s parents, as so often happens, were unable to get visas to travel to the EU. Instead, Rekaut Rachid, an uncle of Sabah who has lived in London since 1999, has made three trips to Poland to try to find him.

    Rachid believes the Polish authorities lied to him when they told him the man in the video was Egyptian, and this keeps him searching. “They are hiding something. Five per cent of me thinks maybe he died. But 95% of me thinks he is in prison somewhere in Poland,” he said, adding: “My sister calls every day to ask if I think he is still alive. I don’t know how to answer.”
    Shipping container morgues

    In a corner of the hospital car park in the Greek city of Alexandroupolis, two battered refrigerated shipping containers stand next to some rubbish bins. Inside are the bodies of 40 people.

    The border from Turkey into Greece over the Evros River nearby is only a 10- to 20-minute crossing, but people cross at night when their small rubber boats can easily hit a tree and capsize. Corpses decompose quickly in the riverbed mud, so that facial characteristics, clothing and any documents that might help identify them are rapidly destroyed.

    Twenty of the corpses in the containers are the charred remains of migrants who died in wildfires that consumed this part of Greece during the summer’s heatwave. Identification has proved exceptionally difficult, with only four of the dead named to date.

    Prof Pavlos Pavlidis, the forensic pathologist for the area, works to determine the cause of death, to collect DNA samples and to catalogue any personal effects that might help relatives identify their loved ones at a later date.

    The temporary container morgues in Alexandroupolis are on loan from the ICRC. The humanitarian agency has loaned another container to the island of Lesbos, another migration hotspot, for the same purpose.

    Lampedusa does not have that luxury. “There are no morgues and no refrigerated units,” said Salvatore Vella, the Sicilian head prosecutor who leads investigations into shipwrecks off its coast. “Once placed in body bags, the bodies of migrants are transferred to Sicily. Burial is managed by individual towns. It has happened that migrants have sometimes been buried in sort of mass graves within cemeteries.”

    The scale of the problem was becoming so acute, said Filippo Furri, an anthropologist and an associate researcher at Mecmi, a group that examines deaths during migration, that “there have been cases of coffins abandoned in cemetery warehouses due to lack of space, or bodies that remain in hospital morgues”.
    ‘It’s not only a technical difficulty but also a political one’

    “If you count the relatives of those who are missing, hundreds of thousands of people are impacted. They don’t know where their loved ones are. Were they well treated, were they respected when they were buried? That’s what preys on families’ minds,” said Laurel Clegg, the ICRC forensic coordinator for migration in Europe. “We have an obligation to provide the dead with a dignified burial; and [to address] the other side, providing answers to families through identification of the dead.”

    She said keeping track of the dead relied on lots of parts working well together: a legal framework that protected the unidentified dead, consistent postmortems, morgues, registries, dignified transport and cemeteries.

    The systems are inadequate, however, despite the EU parliament resolution. There are still no common rules about what information should be collected, nor a centralised place to store this information. The political focus is on catching the smugglers rather than finding out who their victims are.

    A spokesperson for the European Commission said the rights and dignity of refugees and migrants had to be addressed alongside tackling people smuggling. They said each member state was responsible individually for how it dealt with those who died on its borders, but that the commission was working to improve coordination and protocols and “regrets the loss of every human life” .

    In Italy, significant efforts have been made to identify the dead from a couple of well-reported, large-scale disasters. Cristina Cattaneo, the head of the laboratory of forensic anthropology and odontology (Labanof) at the University of Milan, has spent years working to identify the dead from a shipwreck in 2015 in which more than 1,000 people lost their lives.

    Raising the wreck to retrieve the bodies has cost €9.5m (£8.1m) already. Organising the 30,000 mixed bones into identifiable remains of 528 bodies has been a herculean task. Only six victims have so far been issued official death certificates.

    As political positions on irregular migration have hardened, experts are finding official enthusiasm for their complex work has diminished. “It’s not only a technical difficulty but also a political one,” Cattaneo said.

    In Sicily, Vella has been investigating a fishing boat that sank in October 2019. It was carrying 49 people, mostly from Tunisia. Just a few miles off shore, a group onboard filmed themselves celebrating their imminent arrival in Europe before the boat ran out of fuel and capsized. The Italian coastguard rescued 22 people but 27 others lost their lives.

    Coastguard divers, using robots, captured images of bodies floating near the vessel, but were unable to recover all of them. The footage circulated around the world. A group of Tunisian women who had been searching for their sons contacted the Italian authorities and were given permits to travel to meet the prosecutor, who showed them more footage.

    One mother, Zakia Hamidi, recognised her 18-year-old son, Fheker. It was a searing experience for both her and Vella: “At that moment, I realised the difference between a mother, torn apart by grief, but who at least will return home with her child’s body, and those mothers who will not have a body to mourn. It is something heartbreaking.”
    The torture of not knowing

    The grief that people feel when they have no certainty about the fate of their missing relatives has a very particular intensity.

    Dr Pauline Boss, professor emeritus of psychology at the University of Minnesota in the US, was the first to describe this “ambiguous loss”. “You are stuck, immobilised, you feel guilty if you begin again because that would mean accepting the person is dead. Grieving is frozen, your decision-making is frozen, you can’t work out the facts, can’t answer the questions,” she said.

    Not knowing often has severe practical consequences too. Spouses may not be able to exercise their parental rights, inherit assets or claim welfare support or pensions without a death certificate. Orphans cannot be adopted by extended family without one either.

    Sometimes relatives are left in the dark for years. A decade on from a shipwreck disaster in 2013, bereaved families continue to gather in Lampedusa every year, still searching for answers. Among them this year was a Syrian woman, Sabah al-Joury, whose son Abdulqader was on the boat. She said that not knowing where he ended up was like having “an open wound”.

    Sabah’s family said the torture of not being able to find out what happened to him was “like dying everyday”. Abdallah thinks he must make another trip from Paris to southern Spain before the end of the year. “What is difficult is not to have the body, not to be able to bury him,” he said.

    Rituals around death were indicative of a deep human need, said Boss. “The most important thing is for the name to be marked somewhere, so the family can visit, and the missing can be remembered. A name means you were on this Earth, not forgotten.”

    https://www.theguardian.com/world/ng-interactive/2023/dec/08/revealed-more-than-1000-unmarked-graves-discovered-along-eu-migration-r

    #migrations #asile #réfugiés #frontières #mourir_aux_frontières #tombes #fosses_communes #Europe #morts_aux_frontières #enterrement #cimetières #morgues #chiffres

    • The Border Graves Investigation

      More than 1,000 migrants who died trying to enter Europe lie buried in nameless graves. EU migration policy has failed the dead and the living.

      A cross-border team of eight journalists has confirmed the existence of 1,015 unmarked graves of migrants buried in 65 cemeteries over the past decade across Spain, Italy, Greece, Malta, Poland, Lithuania, France, and Croatia. The reporters visited more than half of them.

      Unidentified migrants lay to rest in cemeteries in olive groves, on hilltops, in dense forests, and along remote highways. Each unmarked grave represents a person who lost their life en route to Europe, and a fate that will remain forever unknown to their loved ones.

      This months-long investigation underlines that Europe’s migration policies have failed more than a thousand people who have died in transit and the families who survive them.

      In 2021, the European Parliament passed a resolution recognsing the need for a “coordinated European approach” for “prompt and effective identification processes” for bodies found on EU borders. Yet in 2022, the Council of Europe called this area a “legislative void”.

      These failures mean that the responsibility of memorialising unidentified victims often ends up falling to individual municipalities, cemetery keepers and local good Samaritans, with many victims buried without any attempt at identification.

      https://twitter.com/Techjournalisto/status/1733100115781386448

      In the absence of official data from European and national governments, the Border Graves Investigation collaborated with The Guardian and Suddeutsche Zeitung to count 2,162 unidentified deaths of migrants across eight countries in Europe between 2014 and 2023.

      The cross-border team conducted over 60 interviews in six languages. They spoke with families of the missing and deceased, whose loved ones left for Europe from Syria, Afghanistan, Eritrea, Ethiopia, Iraqi Kurdistan, Algeria and Sri Lanka.

      They revealed the institutional and bureaucratic hurdles of searching for bodies and burying the remains of those that are found. One mother compared her unresolved grief to an “open wound,” and an uncle said it was like “dying every day”.

      To understand the complex legal, medical and political landscape of death in each country, the journalists spoke with coroners, grave keepers, forensic doctors, international and local humanitarian groups, government officials, a European MEP and the Council of Europe Human Rights Commissioner.

      The in-depth investigation reveals that the European Union is violating migrants’ last rights. The stories below show how.
      The team

      The Border Graves Investigation team consists of Barbara Matejčić, Daphne Tolis, Danai Maragoudaki, Eoghan Gilmartin, Gabriela Ramirez, Gabriele Cruciata, Leah Pattem, and is coordinated by Tina Xu. The project was supported by the IJ4EU fund and JournalismFund Europe.

      Gabriele Cruciata is a Rome-based award-winning journalist specialising in podcasts and investigative and narrative journalism. He also works as a fixer, producer, journalism consultant, and trainer.

      Gabriele Cruciata IG @gab_cruciata

      Leah Pattem is a Spain-based journalist and photographer specialising in politics, migration and community stories. Leah is also the founder and editor of the popular local media platform Madrid No Frills.

      X @leahpattem
      IG @madridnofrills

      Eoghan Gilmartin is a Spain-based freelance journalist specialising in news, politics and migration. His work has appeared in Jacobin Magazine, The Guardian, Tribune and Open Democracy.

      X @EoghanGilmartin
      Muck Rack: Eoghan Gilmartin

      Gabriela Ramirez is an award-winning multimedia journalist specialising in migration, human rights, ocean conservation, and climate issues, always through a gender-focused lens. Currently serving as the Multimedia & Engagement Editor at Unbias The News.

      X @higabyramirez
      Linkedin Gabriela Ramirez
      Instagram @higabyramirez

      Barbara Matejčić is a Croatian award-winning freelance journalist, non-fiction writer and audio producer focused on social affairs and human rights

      Website: http://barbaramatejcic.com
      FB: https://www.facebook.com/barbara.matejcic.1
      Instagram: @barbaramatejcic

      Danai Maragoudaki is a Greek journalist based in Athens. She works for independent media outlet Solomon and is a member of their investigative team. Her reporting focuses on transparency, finance, and digital threats.

      FB: https://www.facebook.com/danai.maragoudaki
      X: @d_maragoudaki
      IG: @danai_maragoudaki

      Daphne Tolis is an award-winning documentary producer/filmmaker and multimedia journalist based in Athens. She has produced and hosted timely documentaries for VICE Greece and has directed TV documentaries for the EBU and documentaries for the MSF and IFRC. Since 2014 she has been working as a freelance producer and journalist in Greece for the BBC, Newsnight, VICE News Tonight, ABC News, PBS Newshour, SRF, NPR, Channel 4, The New York Times Magazine, ARTE, DW, ZDF, SVT, VPRO and others. She has reported live for DW News, BBC News, CBC News, ABC Australia, and has been a guest contributor on various BBC radio programs, Times Radio, Morning Ireland, RTE, NPR’s ‘Morning Edition’, and others.

      X: https://twitter.com/daphnetoli
      Instagram: https://www.instagram.com/daphne_tolis/?hl=en
      Linkedin: www.linkedin.com/in/daphne-tolis

      Tina Xu is a multimedia journalist and filmmaker working at the intersection of migration, mental health, socially engaged arts, and civil society. Her stories often interrogate the three-way street between people, policy, and power. She received the Excellence in Environmental Reporting Award from Society of Publishers in Asia in 2021, was a laureate of the European Press Prize Innovation Award in 2021 and 2022, and shortlisted for the One World Media Refugee Reporting Award in 2022.

      X: @tinayingxu
      IG: @tinayingxu

      https://www.investigativejournalismforeu.net/projects/border-graves

    • 1000 Lives, 0 Names: The Border Graves Investigation. How the EU is failing migrants’ last rights

      What happens to those who die in their attempts to reach the European Union? How are their lives marked, how can their families honor them? How do governments recognize their existence and their basic rights as human beings?

      Our cross-border team confirmed 1,015 unmarked graves of migrants in 65 cemeteries buried over the last 10 years across Spain, Italy, Greece, Malta, Poland, Lithuania, France, and Croatia. We visited over half of them.

      Each unmarked grave represents a person who lost their life en route to Europe, and a fate that remains painfully unknown to their loved ones.

      In 2021, the European Parliament passed a resolution recognizing the need for a “coordinated European approach” for “prompt and effective identification processes” for bodies found on EU borders. Yet last year, the Council of Europe called this area a “legislative void.”

      In the absence of official data from European and national governments, the Border Graves Investigation counted 2,162 unidentified deaths of migrants across eight countries in Europe from 2014-2023.

      Our cross-border team conducted over 60 interviews in six languages. We spoke with families of the missing and deceased, whose loved ones left for Europe from Syria, Afghanistan, Eritrea, Ethiopia, Iraqi Kurdistan, Algeria, and Sri Lanka. They spoke about the institutional and bureaucratic hurdles of searching for, and if found, burying a body.

      One mother compared the unresolved grief to an “open wound,” and an uncle said it was like “dying every day.”
      Here is how Europe violates the “last rights” of migrants.

      https://unbiasthenews.org/border-graves-investigation

    • Widowed by Europe’s borders

      “No water, I think I’ll die, I love you.” This is the last text Sanooja received from her husband, who disappeared after a pushback into the dense forest that stretches between Belarus, Lithuania, and Poland. For families searching for missing loved ones, the EU inflicts a second death of identity and acknowledgment.

      Samrin and Sanooja were high school classmates. Both born in 1990, they grew up together in Kalpitiya, a town of 80,000 on the tip of a small peninsula in Sri Lanka. When Samrin first asked Sanooja out in the ninth grade, she said no. But years later, when her roommates snuck through her diary, they asked about the boy in all her stories.

      When they turned 20, Sanooja was studying to be a teacher, while Samrin left town for work. After six years of video calls and heart emoji-laden selfies, Samrin returned home in 2017 and they got married, her in a white headscarf and indigo-sleeved dress, him in a matching indigo suit. Their son Haashim was born a year later. They called each other “thangam,” or gold.

      She hoped the birth of their son meant that Samrin would stay close by from now on. They took their son to the beach, to the zoo. Then the 2019 economic crisis hit, the worst since the country’s independence in 1948. There were daily blackouts, a shortage of fuel, and runaway inflation. In 2022, protests rocked the country, and the government claimed bankruptcy.

      Samrin was a difficult person to fall in love with, says Sanooja, because he was so ambitious. Sanooja smiles bitterly over a video call from her home in Kalpitiya. The sun filters through the mango tree in the yard, where the two often sat together and made plans for their future.

      But part of loving him, she explains, meant supporting him even in his hardest decisions. One of these decisions was to take a plane to Moscow, then to travel to Europe and send money home. “He went to keep us happy, to make us good.”

      Their last day together, Sanooja surprised him with a cake: Sky blue icing, an airplane made of fondant, ascending from an earth made of chocolate sprinkles. In big letters: “Love you and will miss you. Have a safe journey, Thangam.” In their last photos together, Haashim sits laughing on Samrin’s lap as he cuts the cake. That night, Samrin squeezed his son and wept. The next day he put on a pair of blue Converse All-Stars, packed a black backpack, and set out. It was June 26, 2022. He had just turned 32 years old.

      Things did not go according to plan. He boarded a bus from St. Petersburg to Helsinki, but the fake Schengen visa they paid so much for was rejected at the Finnish border. Sanooja told him he could always come home. But in order to finance the journey, they had sold a plot of Samrin’s land and Sanooja’s jewelry, and borrowed money from friends. Samrin decided there was no turning back. He pivoted to plan B: He could go to Belarus, where he didn’t need a visa, and cross the border to Lithuania, in the Schengen zone.

      When Samrin checked into the Old Town Trio Hotel in Vilnius on August 16, 2022, the first thing he did was call home: He had survived the forest. Sanooja was relieved to hear his voice. He told her about the eight days crossing the forest between Belarus and Lithuania, the mud up to his knees. Days without food, drinking dirty water. He told her especially about the pains in his stomach as he walked in the forest, due to his recent surgery to remove kidney stones. Sometimes he would urinate blood.

      But he was in the European Union. He bought a plane ticket for a departure to Paris in four days, the city where he hoped to make his new life. What happened next is unclear. This is what Sanooja knows:

      On the third day, Samrin walked into the hotel lobby, and the manager called security. Plainclothes officers shuttled him into a car and whisked him 50 kilometers back once more to the Belarusian border. In less than 72 hours, Samrin found himself trapped again in the forest he had fought to escape.

      It was already dark when Samrin was left alone in the woods. He had no backpack, sleeping bag, or food. His phone was running out of battery. The next morning, Samrin came online briefly to send Sanooja a final message on WhatsApp: “No water, I think I’ll die. Trangam, I love you.”

      That was the beginning of a deafening silence that stretched four and a half months. When she gets to this part of the story, Sanooja, ever talkative and articulate, apologizes that she simply cannot describe it. Her eyes glaze and flit upward.

      The Council of Europe Human Rights Commissioner Dunja Mijatović asserts that families have a “right to truth” surrounding the fates of their loved ones who disappear en route to Europe. In 2021, the European Parliament passed a resolution calling for “prompt and effective identification processes” to connect the bodies of those who perished to those searching for them. Two years on, Mijatović tells us not much has been done, and the issue is a “legislative void.”

      As part of the Border Graves Investigation, conducted with a cross-border team of eight freelance journalists across Europe in collaboration with Unbias the News, The Guardian and Sueddeutche Zeitung, we followed the stories of those who have disappeared in the forest that covers the borders in Eastern Europe, between Belarus and the EU (Lithuania, Poland, Latvia).

      We spoke with their families, as well as over a dozen humanitarian workers, lawyers, and policymakers from organizations in Poland, Lithuania, and Belarus, to piece together the question of what happens after something goes fatally wrong on Europe’s eastern border—and who is responsible.
      Who counts the dead?

      The forest along the Belarussian border is a dense landscape of underbrush, moss and swamps, and encompasses one of the largest ancient forest areas left in Europe.

      Spanning hundreds of square kilometers across the borders with Lithuania and Poland, the forest became an unexpected hotspot when Belarus began issuing visas and opening direct flights to Minsk in the summer of 2021. This power play between Belarussian President Lukashenko and his EU neighbors has been called a “political game” in which migrants are the pawns.

      Since 2021, thousands of people, mostly from the Middle East and Africa, have sought to enter the EU from Belarus via its borders in Poland and Lithuania. Hundreds of people have been caught in a one-kilometer no man’s land between Belarusian territory and the EU border fence, chased back and forth by border guards on both sides under threat of violence. Belarusian guards reportedly threatened to release dogs, and photographs emerged of bite wounds.

      Since 2021, Poland and Lithuania have ramped up on “pushbacks,” in which border guards deport people immediately without the opportunity to ask for asylum, a process that is growing in popularity across Europe despite violating international law. Poland reports having conducted 78,010 pushbacks since the start of the crisis, and Lithuania 21,857. Samrin was apparently one of these cases.

      While these two countries publish precise daily statistics for pushbacks, they do not publish data for deaths at the border, nor people reported missing.

      “National states want to do this job secretly,” explains Tomas Tomilinas, a member of the Lithuanian Parliament. “We are on the margins of the law and constitution here, any government pushing people back is trying to avoid publicity on this topic.”

      Official data is an intentional void. Both the Polish and Lithuanian Border Guards declined to share any numbers with us. However, there are organizations striving to keep count: Humanitarian groups in Poland, including Grupa Granica (“Border Group” in Polish) and Podlaskie Humanitarian Emergency Service (POPH), have documented 52 deaths on the Poland-Belarus border since 2021, and are tracking 16 unidentified bodies.

      In Lithuania, the humanitarian group Sienos Grupė (“Border Group” in Lithuanian) has documented 10 deaths, including three minors who died while in detention centers, and three others who died in car accidents when chased by local authorities after crossing the border region. In Belarus, the NGO Human Constanta reports that 33 have died according to government data shared with them, but it was not recorded whether these bodies have been identified, and whether or where they are buried.

      On the borders between Poland, Lithuania and Belarus, humanitarian groups have compiled a list of more than 300 people reported missing. The organizations emphasize that their numbers are incomplete, as they have neither the access nor the capacity to monitor the full extent of the problem.

      Where to turn?

      It was already past midnight in Sri Lanka when Samrin stopped responding to messages. From 8,000 km away, Sanooja tried to call for help. She found his last known coordinates on Find My iPhone, a blue dot in Trokenikskiy, Grodno region, just across the Belarus side of the border, and tried to report him missing.

      The Lithuanian and Belarussian border guards picked up the phone. She begged them to find him, even if it meant arresting or deporting him. They responded that he had to call himself. It was baffling: How can a missing person call to report themselves?

      She called the migrant detention camps, where people are often detained without access to a phone for months. Maybe he was locked up somewhere. As soon as she said “hello,” they responded, “no English,” and hung up. She emailed them instead, no response. She emailed UNHCR and the Red Cross Society. Both institutions said they had no information about the case. She emailed the police, who responded a week later that they had no information.

      Sanooja had run into the rude reality that there is no authority responsible for nor prepared to respond to such inquiries. Even organizations dedicated to working with migrants, such as the migrant detention camp staff, would or could not respond to basic queries in English.

      International humanitarian organizations, too, are almost absent in the region. Compared to the Mediterranean countries of Spain, Italy, and Greece, which have had a decade to organize to respond to mass deaths on their border, the presence of formal aid in Eastern Europe is much smaller.

      Weeks passed, and in the terrible silence, every possibility behind her husband’s disappearance invaded Sanooja’s mind. Four-year-old Haashim began to cry out for his father every night, who used to wake him up with kisses. When they lost contact, Haashim often wet the bed and refused to go to school. “He must have had some intuition about his father,” said Sanooja.

      Then Sanooja began to wonder if he could be in another country in the region: Latvia? Poland? She broadened her search to all four countries. There was no Sri Lankan Embassy in Lithuania, Poland, Belarus, or Latvia, so she emailed the closest one in Sweden. Then, she went on Facebook. That’s how she found the account of Sienos Grupė, and sent them a message.

      Like many local humanitarian groups across the region, Sienos Grupė is a small team of four part-time staff and around 30 volunteers. The group banded together in 2021 to respond to calls for help through WhatsApp and Facebook and drop off vital supplies in the forest, such as food, water, power banks, and dry clothes.
      “There is a body, please go”

      Local volunteer groups were doing their best to aid the living, but it wasn’t long before they were being contacted to find the missing or the dead.

      On the Polish border, everyone has heard of Piotr Czaban. A local journalist and activist, his contact is shared among migrants attempting to cross the border. He is known as the man who can help find the bodies of people left behind in the woods, a reputation he has lived up to many times. The demands of the work have led him to leave his full-time job.

      He sits on the edge of a weathered log in a forest near Sokolka, a city near the Poland-Belarus border region where he lives. Navigating the thick undergrowth with ease in jeans and trekking boots, he recounts the first search he coordinated back in February 2022. He received a message on Facebook from a Syrian man in Belarus: “There is a body in the forest, here is the place, please go.”

      Piotr was taken off guard. He asked his friends in the police what to do, and they told him the best way was to go himself, take photos, and then call the police. However, the border guards had closed the border region to all non-residents, including journalists and humanitarian workers, so he couldn’t pass the police checkpoints for the area where the body lay.

      So Piotr made another call. This time to Rafal Kowalczyk, the 53-year-old director of the Mammal Research Institute, who has worked in the Bialowieza Forest for three decades. (“In my previous TV job, I interviewed him about bison, and thought he was a good man,” said Piotr by way of introduction).

      Rafal was up for the task. As a wildlife expert, he had access to the restricted forest area, and now he ventured into the woods not to track bison, but to follow the clues sent by a despairing Syrian man.

      In the swamp, Rafal found 26-year-old Ahmed Al-Shawafi from Yemen, barefoot and half-submerged in the water, one shoe in the mud nearby.

      It was difficult for Rafal to point his camera at the face of a dead man, but he did, and this image still haunts him. Piotr forwarded the photos Rafal had taken to the police, with a straightforward message: “We know there’s a body there. Now you have to go.”

      But what if Ahmed could have been found earlier, even alive?

      “The police have no competence”

      Until there is a photo of a dead body, police and border guards have often declined to search for missing or dead migrants.

      Ahmed’s traveling companions, including the man who contacted Piotr, had personally begged Polish border guards for emergency medical aid for Ahmed. They had left Ahmed by the river in the throes of hypothermia to ask for help. Instead of calling paramedics, or searching for Ahmed at all, the border guards pushed the group back to Belarus, leaving Ahmed to die alone in the forest.

      In our investigation, we heard of at least three other deaths that are eerily similar to Ahmed’s: Ethiopian woman Mahlet Kassa, 28; Syrian man Mohammed Yasim, 32; and Yemeni man Dr. Ibrahim Jaber Ahmed Dihiya, 33. In all three cases, traveling companions approached Polish officers for emergency medical attention, but instead got pushed back themselves. Help never arrived.

      Each time the activists receive a report of a missing or dead person, they first share this information with the police. Piotr says he has received responses from the police, including, “We’re busy,” or “Not our problem.”

      After police were provided with the photos and exact GPS location of Ahmed’s body, they called back to say they still couldn’t find him. When Rafal turned his car around to personally lead the police to his body, he found out why: The police had ventured into the swamp without waterproof boots or even a GPS to navigate in a forest where there is often no cell connection.

      “The police are unequipped,” said Rafal, full of disbelief. Two years on from the crisis, the police still do not have the proper basic equipment nor training to conduct searches for people missing or dead in the forest. He recounts that in one trip to retrieve a body with police, they could only walk 300 meters in one hour, and one officer had lost the sole of his shoes in the mud.

      The Polish police responded to our email, “The police is not a force with the competence to deal with persons illegally crossing borders.” As a result, eight of 22 bodies found this year on the Polish side of the border were discovered by volunteers like Piotr and Rafal.

      On the Lithuanian side, Sienos Grupė says there are no such searches. “We are afraid there are many bodies in Lithuanian forests and the area between the fence and Belarus, but we are not allowed there,” says Aušrinė, a 23-year-old medicine student and Sienos Grupė volunteer in Lithuania. “Nobody is looking for them.”
      “In two weeks, there is nothing there”

      Rafal sits down in a wooden lodge on the edge of the forest and orders tea for himself while his two young children play on a tablet. It was his turn with the kids, he explains in a deep voice. His wife came home at four in the morning, after spending the whole night volunteering with POPH on a search for a man with diabetes in the forest.

      He feared that time was running out. We met with Rafal on Thursday evening. The man was found on Saturday morning, already dead. He is the 51st death recorded in Poland this year.

      In the forest, each search is a race against both time and wild animals.

      The winter may preserve a body for two months, but in the summer, the time frame is much shorter. A few times, Rafal has come across mere skeletons. He explains, “When there is a smell, the scavengers go immediately. When you’ve got summer and flies, probably in two weeks, it’s done, there’s nothing there.”

      In such advanced stages of decomposition, the body is exponentially more difficult to identify. However, DNA can be collected from bone fragments, in case families come searching. If they’re lucky, there are objects found close by: glasses, clothes, or jewelry. In one case, a family portrait found near the body was the key to identification.

      However, the Suwałki Prosecutor’s Office in Poland explained to us that the Prosecutor’s Offices keep no central register of data on deceased migrants, such as DNA, personal belongings, or photographs.
      “As a wife, I know his eyes”

      Four and a half months after Samrin disappeared, Sanooja’s phone rang. It was January 5, 2023. She will never forget the voice of the man that spoke. He was calling from the Ministry of Foreign Affairs in Sri Lanka, and informed her that her husband’s DNA had been matched to a body found in the Lithuanian forest. Interpol had drawn Samrin’s biometric data from the UK.

      She considers it fate that the dots came together this way. When they were 20 years old, Samrin’s father passed away, and Samrin left for London on a student visa. Instead of studying, he washed dishes at McDonald’s and KFC, and stocked shelves at Aldi, Lidl, and Iceland. When his visa expired, he lived a clandestine existence, evading the authorities. At age 26, the Home Office arrested him, took his DNA, and deported him. This infraction turned out to be an unexpected lifeline for his identification.

      “Getting the message that my husband was no more, that was nothing compared to those four and a half months,” said Sanooja. She had begun to fear that she would have to live with “lifelong doubt” around Samrin’s fate. Now she knew that four days after Samrin sent his goodbye message, his body was pulled from a river on the Lithuanian side of the border.

      Sanooja has read the police report countless times now: On August 21, 2022, witness Saulius Zakarevičius went for a morning swim in the Neris River. After bathing, he saw something floating. Through binoculars, he was able to decipher human clothes. The river bank is covered with tall grass. At the end of the patch there was a male corpse lying face down. The surface of the skin was swollen, pale, chaotically covered with pink lines, resembling the surface of marble. The skin was peeling from the palms of the corpse…

      She was asked to identify the corpse.

      “As a wife, I know him. I know his eyes. To see them on a dead body, that was terrible.”
      Sanooja

      In photos of his personal items, she instantly recognized Samrin’s shoes: a muddy pair of blue Converse All-Stars, with the laces looped just the way he always did.

      To be able to transport a dead body from Europe to any other part of the world, families must face the financial challenge of costs up to 10,000 euros. But the decision was not only about money for Sanooja. It was about time and dreams.

      For one, she believed that he had suffered enough. “As Muslims, we believe that even dead bodies can feel pain,” she says softly. “I felt broken that he was in the mortuary, feeling the cold for four and a half months.”

      And perhaps most of all, she recites what Samrin had told her before he left: “If I go, this time I’m not coming back.” In the end, Sanooja relied on her husband’s last will. “His dream was to be in Europe. So, at least his body will rest in Europe.”
      “Graves without a plate”

      Samrin’s death was the first border death publicly recognized by the Lithuanian government. Despite being the first, he did not receive any distinctive attention, and his resting place remained an unmarked mound of earth for more than eight months.

      On a hot summer day in July, co-founder of Sienos Grupė, Mantautas Šulskus brings a green watering can and measuring tape to our visit to the Vilnius cemetery where Samrin was buried in February. Green grass is sprouting all over Samrin’s grave. But it is not the only one.

      There are three smaller graves lined in a row. Among them, an eleven-year-old, a five-year-old, and a newborn baby rest side by side, their lives cut short in 2021. “These are three minors who died in detention centers in Lithuania,” Mantautas points out somberly.

      These cases have not been officially acknowledged by Lithuanian authorities, and none of the graves of the minors bear a name, even though their identities were also known to authorities. This lack of recognition paints a haunting picture, suggesting a second, silent death—a death of identity and acknowledgment.

      Bodies are sent to municipal or village governments to bury, and if they do not receive explicit instructions to create a plate, they often opt not to. As a result, the nameless graves of migrants are scattered across cemeteries in the region.

      Yet Mantautas is here in the scorching heat to measure a stone plate nearby in the Muslim corner of the cemetery. Sanooja saw it during a video call with Sienos Grupė volunteers, so that she could pray virtually at her husband’s grave. She asked for a plate with Samrin’s name on it—“just exactly like that one there,” she pointed.

      After some months, Sienos Grupė crowdfunded around 1,500 euros to buy and place stone plates for all four graves. The graves of Samrin and the three children now have names: Yusof Ibrahim Ali, Asma Jawadi, and Fatima Manazarova.

      Resting at the feet of the grave is a plate made of stone bearing the inscription “M.S.M.M. Samrin, 1990-2022, Sri Lanka,” precisely as Sanooja has requested. She explains that, according to Islamic beliefs, this will ensure that her husband will rise when the last days come.

      Hidden graves, unknown bodies

      The chilling thing, Mantautas explains, is nobody knows how many graves of migrants there might be, except for the government, which buries them quietly, often in remote villages.

      Organizations like Sienos Grupė find themselves grasping in the dark for leads. Last month, volunteers came across the grave of Lakshmisundar Sukumaran, an Indian man reported dead in April “quite by accident,” says Mantautas. The revelation came on the Eve of All Saint’s Day, when activists preparing for a control ran into a local returning from a visit to his mother’s grave: “There is a migrant buried in town.”

      Indeed, Sukumaran’s grave stands alone in an isolated corner of a small cemetery in Rameikos, a village of 25 people on the Lithuanian-Belarus border. Set apart from crosses of various sizes, a vertical piece of wood bears the inscription: “Lakshmisundar Sukumaran 1983.06.05 – 2023.04.04.” The border fence is visible from his grave. The earth is decorated by the colorful leaves of Lithuanian autumn.

      Sienos Grupė maintains a list of at least 40 people reported missing on the Lithuania-Belarus border, information the government does not record. When bodies are found, they strive to connect the dots: Location, gender, age, ethnicity, possessions, birthmarks, anything. But if authorities do not report when a body is found, the chances of locating anybody on this list are small.

      Emiljia Śvobaitė, a lawyer and volunteer from Sienos Grupė, explains that the Lithuanian government will only confirm whether something they already know is correct. “It seems like they are hiding these kinds of stories and information unless somebody exposes it. They would only confirm the deaths after activists have said something about it.”
      “No political will”

      The Lithuanian Parliament building, known as the Seimas Palace, is an imposing glass-and-concrete building in downtown Vilnius. It is where the Lithuanians declared independence from the Soviet Union in 1990. From an office with a view over the square, Member of Parliament Tomas Tomilinas wryly explains that their government has legalized pushbacks essentially because Europe has not established that it’s illegal.

      “I would say Europe has no political will to make pushbacks illegal. If there were a European law, the European Commission would put a ban on it. It would put a fine on Lithuania. But nobody’s doing that.”
      Member of Lithuanian Parliament, Tomas Tomilinas

      The Polish parliament legalized pushbacks in October 2021, and the Lithuanian parliament followed suit by legalizing pushbacks in April this year.

      Emiljia raises concerns about the violence of pushbacks her clients have seen. “The government keeps telling us they do everything really nicely. They give people food, and even wave goodbye to them, in the daytime. But when we look at specific cases, where people end up without their limbs on them, those pushbacks are performed at night.”

      She also raises concerns about legalized pushbacks in Lithuania, and whether border guards should be given the right to assess and deny asylum claims on the spot. “It’s funny because border guards should decide right away on the border whether a person is running from persecution, meaning a border guard should identify the conflict in the country of origin, and do all the work that the migration department is doing.”

      “It’s naive to believe that the system would work.”
      Fighting back in court

      With the help of Sienos Grupė’s support for legal expenses, Sanooja took the case to court. If the Lithuanian officials wouldn’t speak with her, perhaps they would speak to lawyers.

      Yet last month, Sanooja’s case was closed for the final time by the Vilnius Regional Prosecutor’s Office after seven appeals. The case never made it to trial.

      The Vilnius court claims there is no basis for a criminal investigation. Emiljia, who was on the team representing Sanooja in the case, responds that the pre-trial investigation didn’t investigate the cause of death properly, nor how the acts of the border police might have caused or contributed to the death of the applicant’s husband.

      Rytis Satkauskas, law professor, managing partner of ReLex law firm, and the lead attorney on Sanooja’s case, questions whether the Lithuanian courts are trying to hide something greater: he points to a series of inconsistencies in Samrin’s autopsy report.

      Autopsies should be conducted immediately to determine the cause of death. However, Samrin’s autopsy report claims that the cause of death cannot be established because the body was in an advanced state of decomposition of up to five months.

      Five months after Samrin’s death is the same time around which Sanooja got in touch to pursue the truth of the matter. Satkauskas does not think this is a coincidence: “I believe they left the body in the repository, then when they established the identity of the person, they had to do this autopsy.”

      The autopsy report explains the advanced state of decomposition by referencing the marshy area in which it was found, claiming the heat of the marsh had accelerated decomposition by up to five months within a matter of days.

      Satkauskas asks further: If Samrin simply drowned, then why do other measurements not add up? He references a table of measurements in the autopsy report, in which the weight and algae content of the lungs are normal. However, Satkauskas says, in cases of drowning, both weight and algae content should be much higher. “I’m convinced they have invented all those measurements,” Satkauskas puts simply.

      As Sanooja’s case has exhausted all legal avenues in Lithuania, it is now eligible for appeal to the European Court of Human Rights.

      Emilija points to a promising parallel: in Alhowais v. Hungary, the European Court of Human Rights ruled this February that a Hungarian border guard’s violent pushback ending in the drowning of a Syrian man violated Articles 2 and 3 of the European Convention of Human Rights, which protects the “right to life” and against “torture or inhuman or degrading treatment or punishment.”

      The decision came in February this year, seven years after the death of the defendant’s brother. Yet for Sanooja and her team, the case provides hope that there is a growing legal precedent for victims of pushbacks.

      A battle in court for Sanooja could be a long and expensive one. The case in Vilnius courts had cost 600 euros for each of the seven appeals, and after Sanooja ran out of funds after the first case, Sienos Grupė stepped in to shoulder the costs of the appeals.

      For the ECHR, it will cost 1500 euros to submit the proposal. Sanooja is exploring the possibility of raising money through NGOs or other means to continue the long quest for truth.

      The window of eligibility to appeal will close in February 2024.
      “Wherever I go, I have memories”

      Day by day, Sanooja’s son grows to look more like Samrin.

      She has tried not to cry in front of him. “It makes him upset. I am the only person now for my son, so I should be strong enough to face these things,” says the 32-year-old widow. “But wherever I go, I have memories. And everything my son does reminds me of him.”

      Before Samrin’s body was found, she told her son “false stories,” but with his body now interred, she has opened up to her son about her father’s death. He understands it the way a child might—he runs around telling neighbors his father is in heaven, and it’s a great place. It will be years before he can point to where Lithuania is on a map.

      Thanks to the cooperation of the Sri Lankan embassy in Sweden, Sanooja is one of the few families who have been able to receive a death certificate. She notes this will be crucial when her son enrolls for school and if they decide to sell or expand their property. However, to correct the misspelling on the document, she needs to travel to Colombo, the capital of Sri Lanka, which takes ten hours and nearly 10,000 rupees.

      Meanwhile, Samrin’s death has ruptured the family into those who can accept the reality of his death, and those who cannot. Sanooja’s mother-in-law has ceased contact with her, unable to wrap her head around the fact that her boy is gone. When Samrin had left, he promised his mother to send money so that she would no longer have to wake up early to make pastries to sell in the morning. On the day of Samrin’s funeral, she told the family, “That is not my son.”

      “What difference does it make, finding the body and burying it?” asks Pauline Boss, the Psychology Professor emeritus at the University of Minnesota who coined the term “ambiguous loss,” which encompasses the unique stress of not knowing whether someone you love is alive or dead.

      Professor Boss states that burying someone is a distinct human need—not just for the dead, but for the living. “In all cases, a human being has to see their loved one transform from breathing to not breathing, and have the power and control to deal with the remains in their particular cultural way. It’s a human need, and it has been for eons.”

      Yet few families are able to attend the funerals of their loved ones in Europe, for the same reason their loved ones tried to travel to Europe on such a dangerous road in the first place: inability to obtain a visa, or lack of funds.

      “I hope one day I will visit, and I will show our son his father’s grave,” Sanooja declares.

      When Samrin was interred into the snow-covered February earth of Liepynės cemetery in Vilnius on Valentine’s Day this year, a volunteer present at the burial offered to video call Sanooja through FaceTime.

      In the grainy constellation of pixels of the phone screen in her palm, from 8,000 kilometers away, she watched her husband disappear forever into the cold European soil.

      https://unbiasthenews.org/widowed-by-europes-borders

      #Lituanie #Biélorussie #forêt #Pologne #Bialowieza

    • Missing data, missing souls in Italy

      How Italy’s failing system makes it almost impossible for families to identify their relatives who passed away while reaching the EU.

      Before the Syrian civil war erupted, Refaat Hazima was a barber in Damascus. His father, grandfather, and great-grandfather had also been barbers. Thanks to his craftsmanship, flair, and a reputation built over four generations, Refaat was a wealthy man. Together with his wife – a doctor for the national service – he could afford to have his three children study instead of sending them to work at a young age.

      “They were always the top of the class,” he recalls in a nostalgic voice as he sits alone in a seaside restaurant on Lampedusa, a small Sicilian island halfway between Malta and the eastern coast of Tunisia. The rocky shores along which he now slowly enjoys eggplant served with fresh tuna were the scene of the most traumatic episode of his life.

      “President Bashar al-Assad had centralized all power in his hands, and our daily life in Syria had become complicated.” Refaat was also temporarily imprisoned for political reasons. But the point of no return for him and his wife was the outbreak of civil war in 2011. It became clear that not only their children’s educational future was in jeopardy, but even the survival of their entire family.

      So they decided to leave.

      The couple paid smugglers more than fifty thousand dollars to attempt to reach Germany, where their children could continue their education. But amid rejections, hurdles, and hesitations that forced the family into months-long stages in different countries, Refaat and his family had to wait until 2013 to finally set sail to the European shores of Lampedusa.

      Although it was autumn, the sea was calm that night. Initial concerns related to the sea conditions and the wooden boat that was all too heavily laden with humans now dissipated. In the darkness of the night sea, the shorelines and the flickering lights of street lamps and restaurants were in sight. But suddenly the boat in which they were traveling capsized.

      “Everyone was screaming as we ended up in the sea,” Rafaat recalls. “I grabbed one of my children, my wife grabbed another child. But in the commotion and screaming of the nighttime shipwreck, two of my children disappeared.”
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      The couple were rescued by Italian authorities and brought to the mainland along with one of their children. The other two, however, disappeared. “One of them told me Dad, give me a kiss on the forehead, and then I never saw him ever again.”

      From 2013 to the present, Refaat has searched everywhere for their children. For 10 years he has been traveling, asking, and searching. He has even appeared on TV hoping one day to be reunited with them. But to this day he still does not know if his children were saved or if they are two of the 268 victims of the October 11, 2013 shipwreck, one of the worst Mediterranean disasters in the last three decades.

      Uncertain and partial numbers

      For more than two decades, Italy has been one of the main gateways for migrants wanting to reach the European Union. Between thirty and forty thousand people have died trying to reach Italy since 2000. But despite this strategic location, authorities have never created a comprehensive register to census the dead returned from the sea, and thus sources are confusing and approximate.

      In any case, the figure of bodies found is only a percentage of the people who lost their lives while attempting to cross over to Europe. In fact, the bodies of those who die at sea are rarely recovered. When this happens, they are even more rarely identified by Italian authorities.

      A study conducted by the International Committee of the Red Cross tried to map the anonymous graves of migrants in various European countries and count the number of deaths recovered at sea. According to the report, between 2014 and 2019, 964 bodies of people – presumed migrants – were found in Italy, of which only 27 percent were identified. In most of the cases analyzed, identification occurred through immediate visual recognition by their fellow travelers, while those traveling without friends or relatives almost always remained anonymous.

      Overall, 73 percent of the bodies recovered in Italy between 2014 and 2019 remain unknown.

      A DNA test for everyone

      “The vast majority of bodies end up at the bottom of the sea and are never recovered, becoming fish food,” explains Tareke Bhrane, founder of the October 3 Committee, an NGO established to protect the rights of those who die trying to reach Europe. “The Committee was born in the aftermath of the two disastrous shipwrecks on October 3 and 11, 2013 to make Italy understand that even those who die have dignity and that respecting that dignity is important not only for those who die, but also for those who survive,” Bhrane recounts.

      On October 3, 2023, the Committee organized a large event on the island of Lampedusa to commemorate the 10th anniversary of the shipwreck. Dozens of families of people who died or disappeared gathered on the island, traveling from many European and Middle Eastern countries.

      On the island were also forensic geneticists from Labanof, a leading forensic medicine laboratory at the University of Milan that has been working with prosecutors and law enforcement agencies for decades now to solve cases and identify unnamed bodies. Relatives of missing persons were thus able to undergo a free DNA test to find out more about their loved ones.

      One of the committee’s main activities in recent years has been to lobby Sicilian municipalities for better management of anonymous graves. Thanks in part to the NGO, today almost all Sicilian provinces now house some victims of migration, often anonymous, in their cemeteries.

      “Among the essential points of our mission,” Bhrane explains, “is to create a European DNA database for the recognition of victims, so that anyone who wants to can take a DNA test anywhere in Europe and find out if a loved one has lost their life trying to get here.”
      Resigned and hopeful

      https://www.youtube.com/watch?v=1RhbqUACTv8&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Funbiasthenews.org%2

      While Refaat has not yet resigned himself to the idea that his children may have died at sea, other relatives have become more aware and would like to know where Italy buried their loved ones. But this is often impossible because the graves are anonymous and there is a lack of national records that they can consult to find their loved ones.

      This is the case for Asmeret Amanuel and Desbele Asfaha, two Eritrean nationals who are respectively the nephew and brother of one of the people aboard the boat that capsized in 2013.

      “We heard from the radio that the boat he was traveling on had sunk. We never heard from him again,” Asmeret says. The two traveled all the way to Lampedusa to undergo DNA testing, hoping to match their loved one’s name for the first time with one of the many acronyms that have appeared on migrants’ anonymous graves and find out where he rests.

      “I remember as children we used to play together,” says Desbele. “And instead today I don’t even know where to mourn him. Yet it would take so little.”

      An organizational failure

      Many Italian cemeteries hold anonymous graves of people who died while migrating, especially in the South. It is difficult to map them all and provide an exact number, just as it is nearly impossible to quantify the number of anonymous graves. Again, there is no centralized, national database, and even at the municipal level information is scarce and partial.

      But thanks to an international investigation project called the “The Border Graves Investigation” and promoted by IJ4EU and Journalism Fund of which Unbias the News is one of the partners, it is now possible to shed light on what resembles a large European mass grave.

      From the Italian side of the investigation, large gaps emerge on Italy’s part in the construction of a national cemetery archive. According to protocol, data on anonymous graves are supposed to be sent every three months from individual cemeteries and work their way up a long bureaucratic chain until they reach the desk of the government’s Special Commissioner for Missing Persons, an office created by the Italian government in 2007 precisely to create a single national database.

      But sources from the Special Commissioner told the Border Graves Investigation team that unidentified bodies are not within their jurisdiction because in cases where there is an alleged crime (e.g., illegal immigration) the jurisdiction passes to the local magistrate. Thus, the source confirmed that no office systematically collects this data and that figures areeverything is scattered in individual prosecutors’ offices.

      However, the documentary traces of migrants’ anonymous graves are often already lost in the records of the cemeteries themselves or municipal records, that is, at the first step in the chain. For example, in Agrigento, it is possible to visit the graves of men and women who died at sea marked by numbers, but in the paper registers consulted by our team of journalists there is no trace of them.

      Yet the records are deposited a few meters from the graves themselves.

      In Sciacca, Agrigento province, the municipal administration moved some anonymous graves of migrants inside a mass grave to make room for new burials. However, it did not follow the prescribed regulations and did not notify the relatives of the few victims who had been identified and whose names were listed on the grave. The matter was discovered at the time when a woman went to the cemetery to pray at her sister’s grave and did not find her in her usual place.

      In other cases, anonymous graves have been moved from one cemetery to another due to the need for space, but without alerting the population.
      The bureaucratic snag

      Finding out the fate of a loved one is so complicated for several reasons. First, the identification of the body, which the Italian authorities do not generally consider a priority. Then there is the difficulty of recognition itself, especially when relatives are abroad or have difficulty contacting Italian authorities.

      In addition, there is the problem of traceability of the bodies, which often remain on the seabed and, in the few cases where they are found, enter a bureaucratic machine in which it is arduous to recover their traces. Researcher and anthropologist Giorgia Mirto explained this to our investigative team: “The corpses should be registered in the registrar’s office where the body is found. But then the body is often moved within the same cemetery, from one cemetery to another or from one municipality to another, and so there is documentation that travels along with the body. Moves that are difficult to track.”

      “Moreover,” Mirto adds, “adding to the difficulty is the absence of unified procedures. “With the Human Cost of Border Control project, we have seen that the only way to count these people and their graves is to do a blanket search of all the municipalities, all the cemetery offices, all the registrars’ offices and all the cemeteries, possibly adding the funeral homes as well.”

      Thus, there is a problem with centralization and transparency of data that is often also linked to the huge austerity cuts that have forced municipalities to work understaffed. Emblematic is the Commissioner’s Office for Missing Persons, which would be responsible for compiling a list of unidentified bodies found on Italian soil, but has been left without a portfolio.

      “As anthropologist Didier Fassin says,” the researcher concludes, “missing data is not the result of carelessness but is an administrative and political choice. It should be understood how much this choice is conscious and how much is the result of disinterest in the good work of municipal archives (an essential resource for historical memory and for the peace of victims’ families) or in understanding the cost of borders in terms of human lives.”

      EU responsibilities

      Forensic scientist Cristina Cattaneo – a professor at the University of Milan and director of the Labanof forensic laboratory – explained to our team that from a forensic point of view, the most important procedure for identifying a body is to collect both post-mortem (from tattoos to DNA, through cadaveric inspections and autopsies) and antemortem medical forensic information, that is, that which comes from family members regarding the missing person.

      However, in many countries, including Italy, no law makes this procedure mandatory. In the case of people who die while migrating, this is done only in egregious cases, such as large shipwrecks that become news. “These cases have shown that a broad and widespread effort to identify the bodies of those who die at sea is possible,” says Cattaneo. “However, most people lose their lives in very small shipwrecks that don’t make too much news. And because there is no protocol to make data collection systematic, many family members are left in doubt as to whether their loved ones are alive or dead.”

      All this happens despite the great efforts made over the years by the government’s Extraordinary Commissioner for Missing Persons, which, despite being the only national institution of its kind at the European level, has to manage a huge amount of data from all Italian municipalities. Data that are often disorganized, reported late, and collected without adhering to common and strict procedures.

      This is why Cattaneo is among the signatories of an appeal calling for the enactment of a European law that would once and for all oblige member states to identify the bodies of migrants.

      “Yet a European solution would exist and from a technical point of view it is already feasible,” Cattaneo adds. It involves data exchange systems such as Interpol, which at the European level already collects, organizes, and can share information and organically to member countries.

      “It would be enough to expand the analysis to include missing migrants and thus make it possible to search and identify them on a European scale. But this is not being done because of a lack of political will on the part of Brussels,” Cattaneo concludes.
      “The art of patience”

      https://www.youtube.com/watch?v=PlDtBRg02aU&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Funbiasthenews.org%2

      Identifying the bodies of people who lose their lives coming to Europe is an important issue on several levels.

      First and foremost, international humanitarian law protects the right to identity for both those who are alive and those who have died. But identifying is also an essential issue for those who remain alive. Indeed, without a death certificate, it is almost impossible for a spouse to marry again or to access survivor’s pensions, just as it is impossible for a minor relative to leave their country with an adult without running into a blockade by the authorities, who cannot rule out the possibility of child abduction.

      Then there is the issue of suspended grief, namely the condition of those who do not know whether to search for a loved one or mourn his or her death.

      This is the case for Asmeret and Desbele, but also for many relatives interviewed by our team.

      Sabah and Ahmed, for example, are a Syrian couple. One of their sons disappeared in 2013 after a shipwreck in Italian waters. For 10 years, Ahmed retraced the same land and sea route followed by his son, hoping to find his body or at least get more information. But the efforts were in vain and to this day the family still does not know what happened to him.

      “His children are still with us and often ask, ‘where is Dad? Where is Dad?’ but without a grave and a body, we still don’t know what to answer.”

      Both Sabah and Ahmed are very religious and today rely on Allah to give them the comfort they have not found in the work of institutions. “The greatest gift from Allah,” they recount, “was the patience with which to be able to move forward in the face of such unnatural grief for a parent.”

      A similar lesson was learned by Refaat, who like Ahmed and Sabah has been living in ignorance for ten years. Today he has opened a barber store in Hamburg and realized his dream of having his surviving son study in Germany.

      “I have been searching for my children for ten years, and Allah knows I will search for them until the end of my days, should I find their dead bodies, or should I find them alive who knows where in the world. But I want to die knowing that I did everything I could to find them.”
      Refaat Hazima

      Sometimes his voice trembles. “I often talk to them in my sleep, I feel that they are still alive. But even if I were to find out they are dead, in all these years I would still have learned how to deal with frustration and pain, how to live with emptiness. And most importantly,” he concludes, “I would have learned the art of patience.”


      https://unbiasthenews.org/missing-data-missing-souls

      #Italie #Tareke_Brhane #comitato_3_ottobre #3_octobre_2013 #Lampedusa

    • Unmarked monuments of EU’s shame in Croatia and Bosnia

      Amid pushbacks and torture, many of the victims of the treacherous Balkan route are laid to an anonymous final resting place in Croatian and Bosnian cemetaries.

      In the village of Siče in eastern Croatia, there are more inhabitants in the cemetery than among the living. The village has 230 living residents, and 250 dead. To be more precise, the cemetery is home to 247 locals and three unknown persons. There would be more people six feet under if Siče hadn’t gotten its own cemetery only in the 1970s. There would also be even more of the living if they hadn’t, like many from that region, gone to bigger cities in search of a better life. Abroad as well, mainly to Germany.

      The graves of Siče’s inhabitants briefly tell the visitor who these people were, where they belong, and whether their loved ones care for them. That’s the thing with graves, they summarise the basic information of our life.

      If the grave bears only the inscription “NN”, that summarises a tragedy.

      Who are these three people whose names are unknown? How come their last resting place is a plain grave in Siče?

      Even if you didn’t know, it’s clear that those three people don’t belong there.

      They have been buried completely separated from the rest of the cemetery. Three wooden crosses with NN inscriptions, stuck in the ground at the edge of the cemetery. NN, an abbreviation of the Latin nomen nescio, literally means, “I do not know the name.” The official explanation from the public burial ground operator is that space has been left for more possible burials of those whose names are not known. However, the explanation that springs to mind when you get there is that they were buried separately so they wouldn’t mix with the locals. Or as the mayor of another town, where NN migrants have also been buried at the edge of the cemetery, let slip in a telephone conversation, “So that they’re not in the way.”

      At the cemetery in Siče, these are the only three graves that no one takes care of. In about five years, all trace of them could disappear. The public burial ground operator is obliged to bury unidentified bodies, but not to maintain graves unless the grave belongs to a person of “special historical and social significance.”

      NN1, NN2 and NN3 are of special significance only to their loved ones, who probably don’t even know where they are. Maybe they are waiting to finally hear from them from Western Europe. Maybe they’re looking for them. Maybe they mourn them.

      Identities known but buried as unknown

      If you do dig a little deeper, you will learn a thing or two about those who rest here nameless.

      In the early, cold morning of December 23, 2022, the police found two bodies on the banks of the Sava, the river that separates Croatia from Bosnia and Herzegovina. It separates the European Union from the rest of Europe. According to the police report, they also found a group of twenty foreign citizens who illegally entered Croatia via the river. The group was missing one more person. After an extensive search, a third body was found in the afternoon. The pathologist of the General Hospital in the town of Nova Gradiška established the time of death for all three people as 2:45 A.M. Two died of hypothermia, one drowned.

      Identity cards from a refugee camp in Bosnia and Herzegovina were found on them. We learned that, according to their IDs, all three were from Afghanistan: Ahmedi Abozari was 17 years old, Basir Naseri was 21 years old and Shakir Atoin was 25 years old. NN1, NN2 and NN3.

      Other migrants from the group also confirmed the identity of two of them, as the Brodsko-Posavska County police administration told us. Then why were they buried as NN? If it was known that they were from Afghanistan, why were they buried under crosses? If families are looking for them, how will they find them?

      The cemetery management was kind and said that they perform burials according to what is written in the burial permit signed by the pathologist – and it said NN.

      The pathologist said that he enters the data based on the information he receives from the police.

      The competent police department told us that the person is buried according to the rules of the local municipality.

      Siče cemetery belongs to the municipality of Nova Kapela, whose mayor, Ivan Šmit, discontentedly listed all the costs that his municipality incurred for those burials and said that whoever is willing to pay for it can change the NN inscription into names.

      We came across a series of similar administrative ambiguities while investigating how authorities deal with the deceased people they recover at EU borders as a part of the Border Graves Investigation carried out by a team of eight freelancers from across Europe together with Unbias the News, The Guardian and Süddeutsche Zeitung.

      There is no centralised European database on the number of migrants’ graves in Europe.

      But the team managed to confirm the existence of at least 1,931 migrants’ graves in Greece, Italy, Spain, Croatia, Malta, Poland and France, dating from 2014 to 2023. Of these, 1,015 were unidentified. More than half of the unidentified graves are in Greece, 551, in Italy 248, and in Spain 109. The data were obtained based on the databases of international organizations, non-governmental organizations, scientists, local authorities and cemeteries, and field visits.

      The team visited 24 cemeteries in Greece, Spain, Italy, Croatia, Poland and Lithuania, where there are a total of 555 graves of unidentified migrants in the last decade, from 2014 to 2023.

      These are only those whose bodies have been found. The International Committee of the Red Cross (ICRC) estimates that more than 93% of those who go missing on Europe’s borders are never found.
      Families lost in bureaucracy

      December 2022, when the three young Afghans died, was rainier than usual and the Sava River swelled. It is big and fast to begin with.

      In that area, just three days earlier, five Turkish citizens went missing after their boat overturned on the Sava. Among them were a two-year-old girl, a twelve-year-old boy and their parents. The brother of the missing father came from Germany to Croatia to find out what happened to the family. From the documentation, which we have in our possession, it is evident that with the help of translator Nina Rajković, he tried to get information about his missing relatives from several police stations. Even months later, he hasn’t received any updates.

      The two had wanted to file a missing person’s report, but the police told them that there was no point in doing so if the person had not previously been registered in the territory of Croatia or Bosnia and Herzegovina.

      We encountered a number of similar examples. A young man had come to Croatia and reported to the police in both Croatia and Slovenia that his brother had drowned in the Kupa River that separates the two countries. However, his brother’s disappearance was not recorded in the Croatian national database of missing persons, which is publicly available. The police did not contact him after several unidentified bodies were found in the Kupa in the following days.

      In another example, an Afghan man waited six months for the body of his brother, who drowned when they tried to cross the Sava together, also in December 2022, to be transferred from Croatia to Bosnia and Herzegovina so that he could bury him. Although he had confirmed that it was his brother, the identification process was lengthy and complicated.

      There are numerous families who tried from afar to track down their loved ones who had disappeared in the territory of Croatia, only to finally give up in discouragement.

      There are many questions and few clear answers when it comes to the issue of missing and dead migrants on the so-called Balkan Route, of which Croatia is a part. There are no clear protocols and procedures defining to whom and how to report a missing person. It is not known whether missing migrants are actively searched for, as tourists are when they disappear in the summer. It is not clear how much and which information is needed for identification.

      “The circulation of information between institutions and individual departments seems almost non-existent to me."

      “In one case, it took me more than two months and dozens of phone calls and emails to different addresses, police stations, police departments, hospitals, and the state attorney’s office, just to prompt the initiation of identification, which to this day, more than a year later, has not been completed,” says Marijana Hameršak, activist and head of the project “European Regime of Irregular Migration on the Periphery of the EU” of the Institute of Ethnology and Folklore Research in Zagreb, which collects knowledge and data on missing and dead migrants.

      Searches for missing migrants and attempts to identify the dead in Croatia, as well as in neighbouring Bosnia and Herzegovina, most often rely on the efforts of volunteers and activists, who, like Marijana, untiringly search for information in the chaotic administration because families who do not know the language find this task practically insurmountable.
      “Die or make your dream come true”

      The Facebook group “Dead and Missing in the Balkans” became the central place to exchange photos and information about the missing and the dead between families and activists.

      The competent Ministry of the Interior does not have a website in English with an address where one can write from Afghanistan or Syria and inquire about the fate of loved ones, leave information about them, and report them missing. There is also no regional database on missing and dead migrants on which the police administrations would cooperate, not even the ones from the countries where the most crossings are recorded – from Bosnia and Herzegovina to Croatia.

      In an interview with our team, Dunja Mijatović, the Council of Europe Commissioner for Human Rights, emphasised that the creation of a centralised European database of missing and dead migrants is extremely important. If such a database combined ante-mortem and post-mortem data on the deceased, the chances of identification would greatly increase.

      “Families have a right to know the truth about the fate of their loved ones.”
      Dunja Mijatović, Council of Europe Commissioner for Human Rights

      Yet, police cooperation in keeping the EU’s external border impervious is effective.

      Previously, people attempting to migrate did not try to cross the Sava so often. They knew it was too dangerous. They share information with each other and do not venture across such a river in children’s inflatable boats or inner tubes. Unless they are utterly desperate. With pushbacks and the use of force, which many organisations like Amnesty International and Human Rights Watch have been warning about for years, the Croatian police made it difficult to cross at other, less dangerous points along the Croatian border, which is the longest external land border in the European Union. As a young Moroccan in Bosnia and Herzegovina who tried to cross the border to Croatia 11 times but was pushed back by the Croatian police each time told us, “You have two choices: die or make your dream come true.”

      It is difficult to determine how many died on the Balkan Route in an attempt to fulfil their dream. The most comprehensive data for ex-Yugoslav countries is collected by the researchers of the “European Regime of Irregular Migration on the Periphery of the EU (ERIM)” project. It records 346 victims from 2014 to 2023 in Croatia, Bosnia and Herzegovina, Serbia, Slovenia, North Macedonia and Kosovo. Each entry in ERIM’s database is individual and contains as much data as the researchers managed to collect, and they use all available sources – media reports, witnesses, official statistics, activist channels. But the figure is certainly significantly higher. Some who went missing were never even registered anywhere.

      Many bodies were never found. For example, another common border crossing, the Stara Planina mountain range between Bulgaria and Serbia, is a rough and inaccessible terrain. Only those who have been driven to this route by the same fate will come across the bodies, and they will not risk encountering authorities to report it.

      If people die in the minefields remaining from the wars in Croatia and Bosnia and Herzegovina, there will not be much left of their bodies. Most bodies were found drowned in rivers, but there is no estimate of how many who drowned were never reported missing, or were never found.

      The Croatian Ministry of the Interior provided us with data on migrants who have died in Croatia since 2015, when records began to be kept, until the end of November 2023: according to the data, a total of 87 migrants died on the territory of the Republic of Croatia. To put it more precisely: that’s how many bodies were found in Croatia. Not a single official body in Croatia, Bosnia and Herzegovina and Serbia keeps records of migrants buried in that territory.

      However, we managed to obtain data for Croatia, thanks to inquiries sent to over 500 addresses of cities, municipalities and municipal companies that manage cemeteries. According to the data obtained, there are 59 graves of migrants in 32 cemeteries in Croatia who were buried in the last decade, namely from 2014 until September 2023. Of these, 45 have not been identified. The Ministry of the Interior says that since 2001, DNA samples have been taken from all unidentified bodies. We asked the Ministry to allow us to talk with experts who work on the identification of migrants, but we were not approved.

      Some of the buried were exhumed and returned to their families in their country of origin, although this is a demanding and extremely expensive process for the families.
      The burden of not knowing

      Among the NN graves is a stillborn baby from Syria buried in 2015 in the town of Slavonski Brod. A five-year-old girl who drowned in the Danube was buried in Dalje in 2021. Last summer, a young man died of exhaustion in the highlands in the Dubrovnik area. Some were hit by a train. Many died of hypothermia. Some die because they were not provided medical help early enough. Some don’t believe anything can help them, so they committed suicide.

      According to the law, they are buried closest to the place of death, which are mostly small cemeteries, such as the one in Siče. Often, just like in that village, their graves are separated from the rest of the cemetery. In some places, like in Otok, one of the tender-hearted local women has given herself the task of taking care of the NN grave. In others, like the cemetery in Prilišće, the NN wooden cross from 2019 has already rotted.

      Each of these NN graves leaves behind loved ones who bear the burden of not knowing what happened. In psychology, this is called ambiguous loss, which means that as long as relatives do not have confirmation that their loved ones are dead, and as long as they do not know where their bodies are, they cannot mourn them.

      If they go on with their lives, they feel guilty. And so they remain frozen in a state between despair and hope. American psychologist Dr. Pauline Boss is the author of the concept and theory of “ambiguous loss.”

      “A grave is so important because it helps to say goodbye,“ she said in an interview for our investigation.

      There are also practical consequences of this frozen state: succession rights cannot be carried out, bank accounts cannot be accessed, family pensions cannot be obtained, the partner cannot remarry, and custody of children is complicated.

      Many families in Croatia and Bosnia and Herzegovina know ambiguous loss very well. Both countries went through war in the 1990s that left thousands of people missing.

      Both countries have special laws on the missing in those wars and well-developed mechanisms of search, identification, data storage and mutual cooperation. But this does not apply to migrants who vanish and die among the thousands who are on the move along the Balkan Route.
      Croatia responsible for death of a child

      Croatia became an important point of entry into the European Union after Hungary closed its borders in September 2015. From then until March 2016, it is estimated that around 660,000 refugees passed through the Croatian section of the Balkan corridor – the interstate, organised route. This corridor allowed them to get from Greece to Western Europe in two or three days. Most importantly, their journey was safe.

      Of these hundreds of thousands of people on the move, the Croatian Ministry of the Interior did not record a single death in 2015 and 2016.

      The corridor was established to prevent casualties after a large number of refugees died on the railway in Macedonia in the spring of 2015. However, with the conclusion of the EU-Turkey refugee agreement in March 2016, the corridor closed. The EU committed to generously funding Turkey to keep refugees on its territory, so that they do not come to the European Union. And so the perilous, informal Balkan Route remained the only option. Many take it. In the first ten months of 2023 alone, the Croatian police recorded 62,452 actions related to illegal border crossings.

      Both the Croatian Ombudswoman Tena Šimonović Einwalter and Council of Europe Human Rights Commissioner Dunja Mijatović warn of the same thing: border and migration policies have a clear impact on the risk of migrants going missing or die. It is necessary to establish legal and safe migration routes in the EU.

      However, the EU expects Croatia to protect its external border, and Croatia is doing so wholeheartedly. Croatian Minister of the Interior Davor Božinović calls such practices “techniques of discouragement” and says they are fully in line with the EU Schengen Border Code.

      The result of such practices is, for example, the death of Madina Hussiny. The six-year-old girl from Afghanistan was struck by a train and killed after Croatian police “discouraged” her and her family away from the Croatian border and told them to follow train tracks back to Serbia in the middle of the night in 2017. The European Court of Human Rights ruled in November 2021 that Croatia was responsible for Madina’s death.

      In a typical “discouragement,” Croatian police transport people to points along the border and order them to cross. In the testimonies we heard, as well as in many reports of non-governmental organisations, people described having to wade or swim across rivers, climb over rocks or make their way through dense forest. They often cross at night, sometimes stripped naked, and without knowing the way because the police usually take away their mobile phones.

      Up to 80% of all pushbacks by Croatian police may be impacted by one or more forms of torture, indicates data collected by Border Violence Monitoring Network in 2019. That means that thousands were victims of border torture.

      According to data collected by the Danish Refugee Council, in the two-year period from the beginning of 2020 to the end of 2022, at least 30,000 people were pushed back to Bosnia and Herzegovina.
      “While trying to reach Europe”

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=112&v=SFLYVVtsjGc&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fu

      Among them is Arat Semiullah from Afghanistan. In November 2022, he intended to cross the Sava River and enter Croatia from Bosnia. He was 20 years old. He drowned and was buried at the Orthodox cemetery in Banja Luka. His family in Afghanistan did not know what happened to him. He had sent his mom a selfie with a fresh haircut for entering the European Union and then he stopped answering.

      The mother begged her nephew Payman Sediqi, who lives in Germany, to try to find him. Payman got in touch with the activist Nihad Suljić, who voluntarily helps families find out what happened to their loved ones in Bosnia and Herzegovina. They spent weeks trying to get information. Payman travelled to Bosnia and managed to find his relative thanks to the helpfulness of a policewoman who showed him forensic photographs. Arat’s mom confirmed by phone that it was her son.

      Arat’s obituary published in Bosnia and Herzegovina said that “Croatian police sank the boat using firearms, and he tragically drowned.” With the help of the Muslim community, and at the request of the family, his body was transferred to the Muslim cemetery in the village of Kamičani. The family wanted to bury him in Afghanistan, but it was too expensive and bureaucratically complicated.

      In September 2023, we met with Nihad and Payman when a large tombstone was erected for Arat. It says, “Drowned in the Sava River while trying to reach Europe.” Payman told us that Arat was crossing the Sava with a group of others trying to enter Europe. Some of them managed to cross over to the Croatian side, but then the Croatian police shot at the rubber boat Arat was in. The boat sank and Arat drowned. That’s what a survivor who crossed over to the Croatian bank of the Sava told Payman. Payman says that Arat’s family is in great pain, but at least they know where their son is and that he was buried according to their religious customs. It is important to Payman that his relative’s grave says he died as a migrant.

      “People die every day in Europe, fleeing countries where there is no life for them. Their dreams are buried in Europe. No one cares about them, not even when European policemen shoot at them,” Payman says.

      Payman knows what kind of dreams he’s talking about. He himself came to Germany illegally at the age of 16. He says he was lucky.

      Nihad advocates that other graves of migrants in Bosnia and Herzegovina also be permanently marked as such. He takes us to the cemetery in the town of Zvornik, where 17 NN migrants are buried. Nihad says he was informed that some of them had their passport on them when they were found. From the cemetery, you can see the river Drina, which separates Serbia from Bosnia and where many lives have been lost during crossing attempts. About 30 bodies were found in the Drina this year alone. Nihad says that they are lucky if they wash up on the Bosnian riverbanks, because in Serbia the authorities often do not perform autopsies nor take DNA samples. This was confirmed to us by activists from Serbia. In those cases, they are forever and completely lost to their families.

      The earthen NN graves in Zvornik are overgrown and not demarcated, so you wouldn’t know if you are stepping on them. Nihad managed to convince the Town of Zvornik to replace the wooden signs with black stone. It is important to him that they are buried with dignity, but he also finds it important that they stand there as a memorial.

      “My wish is that even 100 years from now these graves stand as monuments of the EU’s shame. Because it was not the river that killed these people, but the EU border regime,” Nihad says.

      https://unbiasthenews.org/unmarked-monuments-of-eus-shame-croatia-bosnia

      #Bosnie #Croatie #Zvornik #Madina_Hussiny

    • Counting the invisible victims of Spain’s EU borders

      Investigation finds hundreds of victims of migration to the EU lie in unmarked graves along Spain’s borders, with government taking no coordinated action to guarantee “last rights.”

      In January 2020, Alhassane Bangoura was buried in an unmarked grave in the Muslim area of Teguise municipal cemetery in Lanzarote as city officials and members of the local Muslim community watched on. He had been born only a couple of weeks earlier onboard a cramped patera migrant boat on which his mother, who is from Guinea, and 42 others were trying to reach the Spanish Canary Islands. Their boat was adrift on the Atlantic ocean after its motor had failed two days earlier, and Alhassane’s mother had gone into labour at sea. Her child only lived for a few hours before dying just off the coast of Lanzarote.

      Alhassane’s case shocked the island and made national news. Yet as mourners paid their respects, his mother was 200 kilometres away in a migrant reception centre on the neighbouring island of Gran Canaria, having been unable to get permission from authorities to remain on Lanzarote for the funeral.

      “She’d been allowed to see the body of her son one more time before being transferred, and I accompanied her to the funeral home,” says Mamadou Sy, a representative of the local Muslim community. “It was very emotional as she was leaving. All we could do was promise her that her son would not be alone; that like any Muslim, he’d be brought to the Mosque where his body would be washed by other mothers; that we would pray for him and that afterwards we’d send her a video of the burial.”

      Nearly four years later, Alhassane’s final resting place remains without a formal headstone. It lies next to more than three dozen graves of unidentified migrants – whose names are completely unknown but who, like Alhassane, are also victims of Europe’s brutal border regime.

      Border Graves

      Such a scene is no anomaly along Spain’s vast coastline. Border graves like these can be found in cemeteries stretching from Alicante on the country’s eastern Mediterranean coast to Cádiz on the Atlantic seaboard and south to the Canaries. Some have names but, more often than not, the inscription reads some variation of “unidentified migrant,” “unknown Moroccan,” or “victim of the Strait [of Gibraltar],” or there is simply a hand-painted cross.

      In Barbate cemetery in Cádiz, where the deceased are sealed into niches in traditional brick-walled stacks around two metres in height, groundskeeper Germán points out over 30 different migrant graves, the earliest of which date from 2002 and the most recent are from a shipwreck in 2019.

      "No one ever comes to visit, but on days when there are funerals here and flowers are about to be thrown out, I place them on the tombs containing the unknown migrants,” he explains. “In some of the older graves, you have the remains of up to five or six migrants together, each placed in separate sacks within the same niche to save space.”

      Along the coast, in Tarifa, Spain’s earliest mass grave of unidentified migrants, containing 11 victims from a 1988 shipwreck, overlooks the northern reaches of the African continent, which can be seen on a clear day. Meanwhile, around 400 kilometres west of the African coast, on the remote Canarian island of El Hierro, seven unidentified migrants have been buried in the last two months, along with the remains of 30-year old Mamadou Marea. “Locals joined us to accompany the remains of each of these people to their last resting place,” explains Amado Carballo, a councillor on El Hierro. “What upset all of us was not being able to put a name on the tombstone and simply having to leave the person identified by a police code.”

      Such concern was less evident in Arrecife, Lanzarote where two unidentified graves from February this year have been left sealed with a covering that still bears a corporate logo.

      There is no comprehensive data on how many identified and unidentified migrant graves exist in Spain, and the country’s Interior Ministry has never released figures for the total number of bodies recovered across the various maritime migration routes. But in exclusive data from the International Committee of the Red Cross (ICRC), Unbias The News can reveal that the bodies of an estimated 530 people who died at Spain’s borders were recovered between 2014 and 2021 – of which 292 remain unidentified.

      In the six month Europe-wide Border Graves Investigation, undertaken in conjunction with Unbias the News, The Guardian and Süddeutsche Zeitung, 109 unidentified migrant graves from 2014-21 were confirmed in Spain across 18 locations. According to a study by the University of Amsterdam, a further 434 unidentified graves stem from 2000-2013 in at least 65 cemeteries.

      These graves are symbols of a much wider humanitarian tragedy. The ICRC estimates that just 6.89% of those who go missing on Europe’s borders are found, while the Spanish NGO Walking Borders gives an even lower figure for the West African Atlantic route to the Canaries, estimating that only 4.2 percent of the bodies of those who die are ever recovered.

      Guaranteeing “last rights”

      The unvisited and anonymous graves are also a reflection of the fact that the rights to both identification and a dignified burial for those who have died on migration routes have been consistently neglected by national authorities in Spain. As in other European countries, successive Spanish governments have failed to develop legal mechanisms and state protocols to guarantee these “last rights” of victims, as well as their families’ corresponding “right to know” and to mourn their loved ones.

      The problem is “utterly neglected,” says Dunja Mijatović, the Council of Europe’s Commissioner for Human Rights, who insists that EU countries are failing in their obligations under international human rights law to secure families’ “right to truth”. In 2021, the European Parliament passed a resolution calling for “prompt and effective identification processes” to inform families about the fate of their loved ones. Yet last year, the Council of Europe called the area a “legislative void.”

      “People are always calling the office and asking us how to search for a family member, but you have to be honest and say there’s no clear official channel they can turn to,” explains Juan Carlos Lorenzo, director of the Spanish Refugee Council (CEAR) on the Canary Islands. “You can put them in touch with the Red Cross, but there’s no government-led programme of identification. Nor is there the type of dedicated office needed to coordinate with families and centralise information and data on missing migrants.”

      This year alone we are working with over 600 families whose loved ones have disappeared. These families, who are from Morocco, Algeria, Senegal, Guinea and as far afield as Sri Lanka are very much alone and are poorly protected by public administrations. In turn, this means that there are criminal networks and fraudsters seeking to extract money from them.”
      Helena Maleno, director of Walking Borders

      Even in the case of a victim’s identification, a recent report from the Human Rights Association of Andalucia lays out the legal and financial barriers families face in terms of repatriating their loved ones. In 2020/21, ICRC figures show that 284 bodies were recovered but that, of the 116 identified, only 53 were repatriated. The Andalusian Association for Human Rights (APDHA) report also notes, with respect to border graves, that “many people end up buried in a manner contrary to their beliefs.” Just half of Spain’s 50 provinces have Muslim cemeteries, not all of which are on the Spanish coast.

      For Maleno, these state failures are no accident: “Spain and other European states have a policy of making the victims, as well as the border itself, invisible. You have policies of denying the number of dead and of concealing data, but for the families this means obstacles in terms of accessing information and burial rights, as well as endless bureaucratic hurdles.”
      “I dream of Oussama”

      Abdallah Tayeb has gained first-hand experience of the dysfunctionality of the Spanish system in his attempts to confirm whether a body recovered almost a year ago is that of his cousin Oussama, a young barber from Algeria who dreamed of joining Tayeb in France.

      The unnamed corpse, which Tayeb strongly believes is his cousin, is currently in a morgue in Almería and looks set to be buried in an unmarked grave in the new year – unless he can achieve a last minute breakthrough.

      “The feeling is one of powerlessness,” he admits. “Nothing is transparent.”

      Abdallah Tayeb was born in Paris to Algerian parents but spends every summer in Algeria with his family. “As Oussama and I were pretty much the same age, we were really close. He was obsessed with the idea of coming to Europe, as two of his brothers were already living in France. But I didn’t know he had actually arranged to leave on a patera last December.”

      Oussama was among 23 people (including seven children) who vanished after setting out from Mostaganem, Algeria, on a motor boat on Christmas Day 2022. Soon after the patera went missing, his brother Sofiane travelled from France to Cartagena in southern Spain – the destination the vessel had hoped to reach. With the help of the Red Cross, Sofiane was able to file a missing persons report with the Spanish authorities and submit a DNA sample, which he hopes will result in a match with a body held in a morgue. However, so far, he has been unable to piece together any concrete information regarding his brother’s fate.

      A second trip to Spain in February did lead to a breakthrough, however. After driving down the Mediterranean coast together, Tayeb and his cousin Sofiane managed to speak to a forensic pathologist working in the Almería morgue, who seemed to recognise a photo of Oussama. “She kept saying ‘This face looks familiar’ and also mentioned a necklace – something he’d been wearing when he left.” According to the pathologist, there was a potential match with an unidentified body recovered by the coastguard on 27 December 2022.

      Feeling that they were finally close to getting some answers, they were informed at the police headquarters in Almería that, in order to view the body for a visual identification, they would need permission from the police station where the corpse had initially been registered. “This was when the real nightmare began,” Tayeb remembers. Handed a list of five police stations from across the wider region where the corpse could have been registered, they spent the next two days driving from station to station along the Murcian coast.

      “The first police station we visited wouldn’t even let us in the door when we told them we were asking about a missing migrant, and after that it was always the same script: this is not the right place; we don’t have a body; you have to go there instead.” When the pair returned to the first station in Huércal de Almeria after being repeatedly told it was the right place to ask, impatient officers refused to engage, citing privacy laws, and even told them to warn other families searching for missing migrants not to keep coming to inquire.

      “In the end,” Tayeb explains, “we came to the reality that they will never let us have any information. It was very heartbreaking, especially going back to France. It felt like we were leaving him [there] in the fridge.”

      As the subsequent months passed, the frustration and anxiety built for the family. “In May we were told that the DNA sample we gave five months earlier had only just arrived in Madrid and had still not been processed and sent to the database.” No further information has been forthcoming, and Spanish authorities have a policy of only getting in touch with families when there is a positive match and not if the test comes back negative.

      Tayeb is contemplating one final visit to Spain to try and retrieve his cousin Oussama, partly to be certain for his own sake that he’s done everything in his power to find him, but he’s worried that the journey could reopen his trauma of ambiguous loss. “The effort of going is not painful, but what is painful is coming back with nothing,” he says. “This lack of information is the worst thing.”

      “All the people on board were from the same neighbourhood in Mostaganem. I have had a chance to talk to many of their families, and they are destroyed. There is such grief but also no answers. There are only rumours, and some of the mothers believe their sons are in prisons in Morocco and Spain. We all have dreams [about the missing]. In the end, you trust what you will see in your dreams, like cosmic reality telling you he is coming. I dream of Oussama.”

      Dr Pauline Boss, professor emeritus of psychology at the University of Minnesota, USA, explains the concept of ambiguous loss: “It looks like complicated grief, intrusive thoughts,” she says. “There’s nothing else on your mind but the fact that your loved one is missing. You can’t grieve because that would mean the person is dead, and you don’t know for sure.”
      A defective system

      Of all the families of those who went missing on Oussama’s patera, only Tayeb and four other families have been able to file a missing persons report with the Spanish authorities, and only two have been able to give a DNA sample. According to a 2021 study from the International Organization for Migration (IOM), one of the major complications families face in their searches is that in order to register someone as a missing person in Spain, you have to file a report with police in the country itself, which for many families is “a virtually impossible feat” as there are no visas to travel for this purpose.

      The IOM report also notes that, while many families file missing person reports in their home countries, they are “aware of the almost symbolic nature of their efforts” and that “it will never result in any kind of investigation being launched in Spain.”

      Along with the IOM, there have been efforts by domestic NGOs, including APDHA and more than a hundred grassroots organisations, to call out Spain’s failure to adapt existing missing person procedures to the transnational challenges of cases of people who disappeared while migrating. These organisations have repeatedly argued that the country’s legal framework regarding missing persons must be adapted to ensure families can file missing person cases from abroad.

      They have also pushed for the development of specific protocols for police handling cases of disappeared migrants, as well as the creation of a missing-migrant database so as to centralise information and allow it to be exchanged with authorities in other countries. The latter would include a full range of both post-mortem data (from tattoos to DNA, through cadaveric inspections and autopsies) and antemortem medical forensic information, that is, that which comes from family members regarding the missing person.

      “The reality is that the situation across Europe is consistently poor,” explains Julia Black, an analyst with IOM’s Missing Migrant Project. “Despite our research showing these pressing needs of families, neither Spain nor any other European country has significantly changed policy or practice to help this neglected group [in recent years]. Support for families is available only on a very ad hoc basis, mostly in response to mass casualty events that are in the public eye, which leaves many thousands of people without meaningful support.”

      Non-state actors such as the Red Cross and Walking Borders, as well as a network of independent activists, try to fill this void. “It’s a terrible job that we shouldn’t be doing, because states should be responding to families and guaranteeing the rights of victims across borders,” Maleno explains. In the case of the Mostaganem patera, Walking Borders is now planning to visit Algeria next year to take DNA samples from family members and bring them back to Spain. But Maleno also acknowledges that her NGO often has to then “apply a lot of pressure” to get authorities to accept these samples.

      This is something left-wing MP Jon Iñarritu from the Basque EH Bildu party also confirms: “As I sit on the Spanish parliament’s Interior Committee, I’ve had to intervene on a number of occasions to help families seeking to register DNA samples, talking with the foreign ministry or the interior ministry to get them to accept the samples. But it shouldn’t require action from an MP to get this to happen. The whole process needs to be standardised with clear and automatic protocols [for submission]. Right now, there’s no one clear way to do it.”

      Even when IOM recommendations have become the subject of parliamentary debate in Spain, they have tended not to translate into government action. In 2021, for example, a resolution was passed by the Spanish Congress calling on the government to establish a dedicated state office for the families of disappeared migrants. “It’s clear we need to ease the administrative and bureaucratic ordeal for families by offering them a single point of contact [with state authorities],” explains Iñarritu, who sponsored the motion.

      Yet while even government parties voted in favour of the resolution, the countries’ current centre-left administration has failed to act on it in the 18 months since. “From my point of view, the government has no intention of implementing the proposal,” Iñarritu argues. “They were only offering symbolic support.”

      When the above points were put to Spain’s Interior ministry, the reply was that: “The treatment of unidentified corpses arriving on the Spanish coast is identical to that of any other corpse. In Spain, for the identification of corpses, the law enforcement agencies apply the INTERPOL Disaster Victim Identification Guide. Although this guide is especially indicated for events with multiple victims, it is also used as a reference for the identification of an isolated corpse.”

      NGOs and campaigners insist, however, that the application of the INTERPOL guide is no substitute for a specific protocol tailored to the demands of missing migrant cases or for the creation of particular mechanisms to allow for the exchange of information with families and authorities in other jurisdictions.

      Close connections with the people they have helped compensate for strained social interactions and online hate. “They call me brother, sister, and even father,” Rybak shares.
      Burial rights

      APDHA migration director Carlos Arce argues that, within a European framework that views irregular migration predominantly “through the prism of serious crime and border security, […] not even death or disappearance puts an end to the repeated assault on the dignity of migrant people.” Iñarritu also points to the EU’s wider border regime: “Many issues that don’t fit into this dominant policy framework, such as the right to identification, are simply left unmanaged on a day-to-day basis. They are simply not a priority.”

      This is also clear with respect to the Spanish government’s inaction on guaranteeing a dignified burial to those whose bodies are recovered. As noted by a 2023 report from APDHA, “while repatriation is the most desired option for families […,] the cost is very high (thousands of euros) and very few of their [home countries’] embassies help [to cover it].” The NGO recommends that Spain establish repatriation agreements with the countries where migrants come from so as to create “mortuary safe passages” guaranteeing their return at a reduced cost.

      Furthermore, Spain’s central government has also failed to put in place mechanisms to ensure the right of unidentified migrants to a dignified burial within the country, instead maintaining that local councils are responsible for all charitable burials. This has meant that very specific municipalities where coastguard rescue boats are stationed are left legally responsible for the bulk of the interments – and most of these municipalities lack local cemeteries able to cater for traditional Muslim burials.

      The potential for this issue to become a flashpoint for anti-immigration sentiment was made clear this September when the mayor of Mogán in Gran Canaria, Onalia Bueno, insisted that her municipality would no longer pay for such burials, as she did not want to “detract the costs from the taxes of my neighbours.”

      CEAR’s Juan Carlos Lorenzo condemns such “divisive language, which frames the issue in terms of wasting my ‘neighbours’ money’ on someone who is not a neighbour,” and points instead to the actions of municipalities in El Hierro as a positive counterexample.

      Carballo notes that “over 10,000 people have arrived in El Hierro since September, the same as the island’s population. These are quite long trips, between six and nine days at sea, and right now people are arriving in a terrible state of health. With those who have died in recent months, we’ve tried to offer them a dignified burial within the means at our disposal. We’ve had an imam present, with Islamic prayers said before the remains were laid to rest.”

      Currently, the responsibility of memorialising unidentified victims comes down to individual municipalities and even cemetery keepers. Like Gérman at the cemetery in Barbate, who tries to dignify the unmarked tombs by placing flowers on top of them, the cemetery of Motril has adorned tombs with poems. In Teguise, the council has an initiative encouraging locals to leave flowers on the migrant graves when they come to visit the remains of their own families.

      In another memorial, a collection of around 50 discarded fishing boats has become a distinctive feature of Barbate port. These small wooden boats with Arabic script on their hulls were used by migrants attempting to cross the Strait of Gibraltar. Instead of the boats’ being scrapped, APDHA was able to convert the scrapyard into a memorial site and to place plaques on boats stating how many migrants were travelling on them and where and when they were found.

      In the case of little Alhassane Bangoura, residents routinely come to leave fresh flowers and tokens of affection, among which is a small granite bowl with his first name inscribed on it. But many victims are buried without any attempt at identification – and as countless NGOs, politicians and activists demand, it should not be simply left to good-willed residents, grave keepers or local councillors to ensure the last rights of the victims of Fortress Europe.

      https://unbiasthenews.org/counting-the-invisible-victims-of-spains-eu-borders

      #Espagne #Lanzarote #îles_Canaries #route_Atlantique #Teguise #Barbate #Cádiz #Tarifa #Arrecife

    • The unidentified: Unmarked refugee graves on the Greek borders

      Graves marked only with a stick, graves covered with weeds: a cross-border investigation documents official indifference surrounding the dignified burial of refugees who lose their lives at the Greek border.

      The phone rang on a morning in October 2022 at work, in Finland, where 35-year-old Mohamed Samim has been living for the last ten years or so.

      His nephew did not have good news: his brother Samim, Tarin Mohamad, along with his son and two daughters, was on a boat that sank near a Greek island, having sailed from the Turkish coast to Italy.

      When Samim arrived in Kythera the next day, he learned that – although weak after not eating for three days – his brother had managed to save his family before a wave took him away. He immediately went to the site of the wreck. In the water he saw bodies floating – he couldn’t see his brother’s face, but he recognized his back.

      The Coast Guard said that the bad weather had to pass before they could pull the dead from the sea. The first day passed, the second day passed, until on the third day it was finally possible. The coastguard confirmed that 8 Beaufort winds and the morphology of the area made it impossible to retrieve the bodies. Samim will never forget the sight of his brother at sea.

      In Kalamata, it took four days of shifting responsibility between the hospital and the Coast Guard, and the help of a local lawyer who “came and yelled at them” to allow him to follow the identification process of his brother.

      He was warned that it would be a soul-crushing procedure, and that he would have to wear a triple mask because of the smell. Samim says that due to a lack of space in the morgue’s refrigerators, some of the wreck victims were kept in the chamber outside the refrigerator.

      “The stress and the smell. Our knees were shaking”, recalls Samim when we meet him in Kythera a year later.

      They started showing him decomposing bodies. First the ones outside the refrigerator. He didn’t recognize him among them. They went out and changed the masks they wore, returned, opened the refrigerators in turn, reaching the last one.

      “He was lying there, calm. The man you love. We were kind of happy that, after days, we could see him,” Samim said.

      Unclaimed dead

      The number of people dying at Europe’s borders is growing. In addition to the difficulty of recording the deaths, there is also the challenge of identifying the bodies, a traumatic process for the relatives. In some cases, however, there are bodies that remain unidentified, hundreds of men, women and children buried in unidentified graves.

      In July 2023, the European Parliament adopted a resolution recognising the right to identification of people who lose their lives trying to reach Europe, but to date there is no centralised registration system at a pan-European level. Nor is there a single procedure for the handling of bodies that end up in mortuaries, funeral homes – even refrigerated containers.

      The problem is “utterly neglected”, European Commissioner for Human Rights Dunja Mijatovic told Solomon, and added that EU countries are failing in their obligations under international human rights law”. The tragedy of the missing migrants has reached horrifying proportions. The issue requires immediate action,” she added.

      The International Organization for Migration’s (IOM) Missing Migrants platform, which acknowledges that its data is not a comprehensive record, reports more than 1,090 missing refugees and migrants in Europe since 2014.

      As part of the Border Graves investigation, eight European journalists, together with Unbias the News, the Guardian, Süddeutsche Zeitung, and Solomon, have spent seven months investigating what happens to the thousands of unidentified bodies of those who die at European borders, and for the first time they have recorded almost double that number: according to the data collected, more than 2,162 people died between 2014 and 2023.

      We studied documents and interviewed state coroners, prosecutors and funeral home workers; residents and relatives of the deceased and missing; and gained exclusive access to unpublished data from the International Committee of the Red Cross.

      In 65 cemeteries along the European border - Greece, Spain, Italy, Malta, Poland, Lithuania, France, Spain, Italy, Malta, Lithuania, France and Croatia - we have recorded more than 1,000 unidentified graves from the last decade.

      The investigation documents how state indifference to the dignified burial of people who die at the border is pervasive in European countries.

      In Greece, we recorded more than 540 unidentified refugee graves, 54% of the total recorded by the European survey. We travelled to the Aegean islands and Evros, and found graves in fields sometimes covered by weeds, and marble slabs with dates of death erased, while in other cases a piece of wood with a number is the only marking.

      The data from our survey, combined with the data from the International Committee of the Red Cross, is not an exhaustive account of the issue. However, they do capture for the first time the gaps and difficulties of a system that leads to thousands of families not knowing where their relatives are buried.

      Lesvos: 167 unidentified refugee graves

      A long dirt road surrounded by olive trees leads to the gate of the cemetery of Kato Tritos, which is usually locked with a padlock.

      The “graveyard of refugees,” as they call it on the island, is located about 15 kilometers west of Mytilene. It is the only burial site exclusively for refugees and migrants in Greece.

      During one of our visits, the funeral of four children was taking place. They lost their lives on August 28, 2023, when the boat they were on with 18 other people sank southeast of Lesvos.

      The grieving mother and several women, including family members, sat under a tree, while the men prayed near the shed used for the burial process, according to Islamic tradition.

      In Kato Tritos and Agios Panteleimonas, the cemetery on Mytilene where people who died while migrating had been buried until then, we counted a total of 167 unidentified graves from between 2014-2023.

      Local journalist and former member of the North Aegean Regional Council Nikos Manavis explains that the cemetery was created in 2015 in an olive grove belonging to the municipality of Mytilene due to an emergency: a deadly shipwreck in the north of the island on October 28 of that year resulted in at least 60 dead, for whom the island’s cemeteries were not sufficient.

      Many shipwreck victims remain buried in unidentified graves. Gravestones are marked with the estimated age of the deceased and the date of burial, sometimes only a number. Other times, a piece of wood and surrounding stones mark the grave.

      “What we see is a field, not a graveyard. It shows no respect for the people who were buried here.”
      Nikos Manavis

      This lack of respect for the Lower Third Cemetery mobilized the Earth Medicine organization. As Dimitris Patounis, a member of the NGO, explains, in January 2022 they made a proposal to the municipality of Mytilene for the restoration of the cemetery. Their plan is to create a place of rest with respect and dignity, where refugees and asylum seekers can satisfy the most sacred human need, mourning for their loved ones.

      Although the city council approved the proposal in the spring of 2023, the October municipal elections delayed the project. Patounis says he is positive that the graves will soon be inventoried and the area fenced.

      Christos Mavrachilis, an undertaker at the Agios Panteleimon cemetery, recalls that in 2015 Muslim refugees were buried in a specific area of the cemetery.

      “If someone was unidentified, I would write ‘Unknown’ on their grave,” he says. If there were no relatives who could cover the cost, Mavrachilis would cut a marble himself and write as much information as he could on the death certificate. “They were people too,” he says, “I did what I could.”

      For his part, Thomas Vanavakis, a former owner of a funeral parlour that offered services in Lesvos until 2020, also says that they often had to cover burials without receiving payment. “Do you know how many times we went into the sea and paid workers out of our own pockets to pull out the bodies and didn’t get a penny?” he says.

      Efi Latsoudi, who lives in Lesvos and works for Refugee Support Aegean (RSA), says that in 2015 there were burials that the municipality of Mytilene could not cover, and sometimes “the people who participated in the ceremony paid for them. We were trying to give a dignity to the process. But it was not enough,” she says.

      Latsoudi recalls something a refugee had mentioned to her in 2015: ’The worst thing that can happen to us is to die somewhere far away and have no one at our funeral’.

      The municipality of Mytilene did not answer our questions regarding the dignified burial of refugees in the cemeteries under its responsibility.

      Chios and Samos: graves covered by weeds

      According to Greek legislation, the local government (and in case of its inability, the region) covers the cost of the burial of both unidentified people who die at the border and those who are in financial difficulty.

      For its part, the Municipal Authority of Chios stated that funding is provided for the relevant costs, and that “within the framework of its responsibilities for the cemeteries, it maintains and cares for all the sites, without discrimination and with the required respect for all the dead.”

      But during our visit in August to the cemetery in Mersinidi, a few kilometers north of Chios town, where refugees are buried next to the graves of the locals, it was not difficult to spot the separation: the five unidentified graves of refugees were marked simply by a marble, usually covered by vegetation.

      Natasha Strachini, an RSA lawyer living in Chios, has taken part in several funerals of refugees both in Chios and Lesvos. For her, the importance of the local community and presence at such a difficult human moment is very important.

      Regarding burials, he explains that “only a good registration system could help relatives to locate the grave of a person they have lost, as usually in cemeteries after three to five years exhumations take place.” He says that sometimes a grave remains unidentified even though the body has been identified, either because the identification process was delayed or because the relatives could not afford to change the grave.

      In Heraion of Samos, next to the municipal cemetery, on a plot of land owned by the Metropolis and used as a burial site for refugees, we recorded dozens of graves dating between 2014-2023. The plaques – some broken – placed on the ground, hidden by branches, pine needles and pine cones, simply inscribe a number and the date of burial.

      Lawyer Dimitris Choulis, who lives in Samos and handles cases related to the refugee issue, commented: ‘It is a shameful image to see such graves. It is unjustifiable for a modern society like Greece.”
      Searching for data

      The International Committee of the Red Cross is one of the few international organisations working to identify the dead refugees. Among other things, they have conducted several training sessions in Greece for members of the Coast Guard and the Greek Police.

      “We have an obligation to provide the dead with a dignified burial; and the other side, providing answers to families through identification of the dead. If you count the relatives of those who are missing, hundreds of thousands of people are impacted. They don’t know where their loved ones are. Were they well treated, were they respected when they were buried? That’s what preys on families’ minds,” says Laurel Clegg, ICRC forensic Coordinator for Migration to Europe.

      She explains that keeping track of the dead “consists of lots of parts working well together – a legal framework that protects the unidentified dead, consistent post-mortems, morgues, registries, dignified transport, cemeteries”

      However, countries’ “medical and legal systems are proving inadequate to deal with the scale of the problem,” she says.

      Since 2013, as part of its programme to restore family links, the Red Cross has registered 16,500 requests in Europe from people looking for their missing relatives. According to the international organisation, only 285 successful matches (1.7%) have been made.

      These matches are made by the local forensic experts.

      “We always collect DNA samples from unidentified bodies. It is standard practice and may be the only feasible means of identification,” says Panagiotis Kotretsos, a forensic pathologist in Rhodes. The samples are sent to the DNA laboratory of the Criminal Investigation Department of the Greek Police, according to an INTERPOL protocol.

      According to the Red Cross, difficulties usually arise when families are outside the EU, and are due to a number of factors, such as differences in the legal framework or medical systems of the countries. For example, some EU countries cannot ‘open’ a case and take DNA samples from families without a mandate from the authorities of the country where the body of the relative being sought has been recovered.

      The most difficult part of the DNA identification process is that there needs to be a second sample to be compared with the one collected by the forensic experts, which has to be sent by the families of the missing persons. “For a refugee who started his journey from a country in central Africa, travelled for months, and died in Greece, there will be genetic material in the morgue. But it will remain unmatched until a first-degree relative sends a DNA sample,” says Kotretsos.

      He explains that this is not always possible. “We have received calls from relatives who were in Syria, looking for missing family members, and could not send samples precisely because they were in Syria.”

      Outside the university hospital of Alexandroupolis, two refrigerated containers provided by the Red Cross as temporary mortuaries house the bodies of 40 refugees.

      Pavlos Pavlidis, Professor of Forensic Medicine at the Democritus University of Thrace, has since 2000 performed autopsies on at least 800 bodies of people on the move, with the main causes of death being drowning in the waters of Evros and hypothermia.

      The forensic scientist goes beyond the necessary DNA collection: he or she records data such as birthmarks or tattoos and objects (like wallets, rings, glasses), which could be the missing link for a relative looking for a loved one.

      He says a total of 313 bodies found in Evros since 2014 remain unidentified. Those that cannot be identified are buried in a special cemetery in Sidiro, which is managed by the municipality of Soufli, while 15-20 unidentified bodies were buried in Orestiada while the Sidiro cemetery was being expanded.

      The bodies of Muslim refugees who are identified are buried in the Muslim cemetery in Messouni Komotini or repatriated when relatives can cover the cost of repatriation.

      “This is not decent”

      In response to questions, the Ministry of Immigration and Asylum said that the issue of identification and burial procedures for refugees does not fall within its competence. A Commission spokesman said that no funds were foreseen for Greece, but that such expenditure “could be supported under the National Programme of the Asylum, Migration and Integration Fund”, which is managed by the Migration Ministry.

      Theodoros Nousias is the chief forensic pathologist of the North Aegean Forensic Service, responsible for the islands of Lesvos, Samos, Chios and Lemnos. According to the coroner, the DNA identification procedure has improved a lot compared to a few years ago.

      Nusias says he was always available when asked to identify someone. “You have to serve people, that’s why you’re there. To serve people so they can find their family,” he adds.

      The coroner lives in Lesvos, but says he has never been to the cemetery in Kato Tritos. “I don’t want to go. It will be difficult for me because most of these people have passed through my hands.”

      In October 2022, 32-year-old Suja Ahmadi and his sister Marina also travelled to Kythera and then to Kalamata to identify the body of their father, Abdul Ghasi.

      The 65-year-old had started the journey to Italy with his wife Hatige – she survived. The two brothers visited the hospital, where they were shown all eight bodies, male and female, although they had explained from the start that the man they were looking for was a man.

      Their father’s body was among those outside the freezer.

      “My sister was crying and screaming at them to get our father out of the refrigerator container because he smelled,” Suja recalls. “It was not a decent place for a man.”

      https://unbiasthenews.org/the-unidentified-unmarked-refugee-graves-in-the-greek-borders

      #Grèce #Chios #Evros #Samos #Alexandroupolis #Lesbos #Kato_Tritos #Sidiro #Mersinidi #Mersinidi #Pavlos_Pavlidis

    • Enterrar a más de mil personas sin nombre: las trabas de la UE y España para identificar los cuerpos de migrantes

      Cientos de personas fallecidas en la última década yacen en tumbas sin nombre en España, sin que el Gobierno tome medidas coordinadas para garantizar su identificación

      En enero de 2020, Alhassane Bangoura fue enterrado en una tumba sin nombre en la zona musulmana del cementerio municipal de Teguise, en Lanzarote, ante la presencia de funcionarios municipales y miembros de la comunidad musulmana local. El pequeño había nacido apenas un par de semanas antes a bordo de una patera abarrotada en la que su madre, originaria de Guinea, y otras 42 personas intentaban llegar a las Islas Canarias. La embarcación llevaba dos días a la deriva en el océano Atlántico, tras averiarse el motor, y la madre de Alhassane se puso de parto en el mar. Su hijo sólo alcanzó a vivir unas pocas horas antes de morir frente a la costa de Lanzarote.

      El caso de Alhassane conmocionó a la isla y saltó a las noticias de todo el país. Sin embargo, mientras los asistentes al entierro ofrecían sus condolencias, la madre del bebé fallecido se encontraba a 200 kilómetros de distancia, en un centro de acogida de migrantes de la vecina isla de Gran Canaria, al no haber podido obtener permiso de las autoridades para permanecer en Lanzarote durante el funeral.

      “Le habían permitido ver el cuerpo de su hijo una vez más antes de ser trasladada, y yo la acompañé a la funeraria”, cuenta Mamadou Sy, representante de la comunidad musulmana local. “Fue muy emotivo cuando se tuvo que marchar. Lo único que pudimos hacer fue prometerle que su hijo no estaría solo; que, como cualquier musulmán, sería llevado a la mezquita, donde su cuerpo sería lavado por otras madres; que rezaríamos por él y que después le enviaríamos un vídeo del entierro”.

      Casi cuatro años después, el lugar donde reposan los restos de Alhassane sigue sin tener una lápida formal. La tumba se encuentra junto a los restos de más de tres docenas de personas migrantes no identificadas, cuyos nombres se desconocen por completo pero que, como Alhassane, también son víctimas del brutal régimen fronterizo de Europa.
      Las tumbas de la frontera

      A lo largo de las fronteras de la Unión Europea, miles de personas están siendo enterradas de forma precipitada en tumbas sin nombre. El equipo de investigación de Border Graves (Las Tumbas de la Frontera) ha contabilizado que, en los últimos 10 años, al menos 2.162 cadáveres de migrantes han sido encontrados en las fronteras europeas sin identificar.

      El equipo de investigación también ha confirmado la existencia de 1.015 tumbas de inmigrantes sin identificar entre 2014 y 2021 en 103 cementerios, todas ellas pertenecientes a personas que intentaban emigrar a Europa.

      El problema está “absolutamente abandonado”, afirma Dunja Mijatović, Comisaria de Derechos Humanos del Consejo de Europa, que insiste en que los países de la UE incumplen sus obligaciones en virtud de la legislación internacional sobre derechos humanos. “La tragedia de los migrantes desaparecidos ha alcanzado una magnitud espantosa. El asunto exige una actuación inmediata”.

      Las condiciones de sepultura de estos migrantes varían en todo el continente. En la última década, en la isla griega de Lesbos, un olivar se ha convertido en un cementerio informal para refugiados. Al menos 147 tumbas sin identificar se pueden encontrar en el pequeño pueblo de Kato Tritos, que según explica el periodista Nikos Manavis brotaron tras la gran oleada de refugiados de 2015. “Los otros cementerios de la isla eran inapropiados y no podían cubrir el número de muertos que había que enterrar en Lesbos”, afirma. “Pero no es un cementerio. Es sólo un campo. No se muestra ningún respeto por la gente enterrada aquí”.

      En Siče, una población al este de Croacia, se hallan las tumbas de tres refugiados afganos al borde del cementerio del pueblo, separadas de las de los residentes locales. Los tres hombres no identificados, que se ahogaron intentando cruzar el río Sava desde Bosnia a Croacia, están enterrados bajo sencillas cruces de madera en las que se lee “NN” (desconocido).

      En la frontera entre Lituania y Bielorrusia, un pequeño cementerio de la tranquila localidad de Rameikos alberga la tumba de un emigrante indio. El lugar está marcado por un trozo de madera vertical, a pocos metros de la valla fronteriza. En el cementerio de Piano Gatta, en Agrigento (Sicilia), están enterrados decenas de cadáveres sin identificar del naufragio de Lampedusa en 2013, en el que perdieron la vida 368 personas de Eritrea y Somalia al hundirse el pesquero en el que viajaban.

      En cuanto a la extensa costa española, pueden encontrarse tumbas de inmigrantes desde Alicante hasta Cádiz, y hacia el sur hasta las Canarias. Algunas tienen nombre, pero lo más frecuente es que las inscripciones sean del estilo de “inmigrante no identificado”, “marroquí desconocido” o “víctima del Estrecho [de Gibraltar]”. O, simplemente, una cruz pintada a mano.

      En el cementerio de Barbate, en Cádiz, donde los difuntos están sepultados en nichos, el jardinero Germán señala más de 30 tumbas de inmigrantes: las más antiguas datan de 2002 y las más recientes son de un naufragio de 2019. “Nunca viene nadie a visitarlos, pero los días que hay funerales aquí y se van a tirar las flores antiguas, las coloco en las tumbas de los migrantes desconocidos”, explica. “En algunas de las más antiguas hay restos de hasta cinco o seis emigrantes juntos, cada uno colocado en bolsas separadas dentro del mismo nicho para ahorrar espacio”.

      Tal preocupación era menos evidente en Arrecife, Lanzarote, donde dos tumbas no identificadas de febrero de este año se han dejado selladas con una cubierta que aún lleva el logotipo de una empresa.

      No existen datos exhaustivos sobre cuántas fosas de inmigrantes identificadas y no identificadas existen en España, y el Ministerio del Interior nunca ha dado a conocer cifras sobre el número total de cadáveres recuperados en las distintas rutas migratorias marítimas. Pero los datos del Comité Internacional de la Cruz Roja (CICR) revelan que entre 2014 y 2021 se recuperaron los cuerpos de alrededor de 530 personas fallecidas en las fronteras españolas, de las cuales 292 permanecen sin identificar.

      En los diez meses que ha durado la investigación europea Border Graves, llevada a cabo de manera conjunta entre un grupo de periodistas independientes y los medios Unbias the News, The Guardian y Süddeutsche Zeitung y publicada en exclusiva en España por elDiario.es, se ha confirmado la existencia de 109 tumbas de migrantes no identificados entre 2014 y 2021 en 18 lugares de España. Según un estudio de la Universidad de Ámsterdam, otras 434 tumbas sin identificar se remontan al periodo 2000-2013 en al menos 65 cementerios del territorio nacional.

      Estas tumbas son símbolos de una tragedia humanitaria mucho mayor. El CICR calcula que sólo el 6,89% de los restos mortales de las personas que desaparecen a lo largo de las fronteras europeas son recuperados, mientras que la ONG española Caminando Fronteras da una cifra aún más baja para la ruta atlántica de África Occidental a Canarias, estimando que sólo se recupera el 4,2% de los cuerpos de los fallecidos.
      Garantizar los “últimos derechos”

      Las tumbas anónimas y sin visitar reflejan también el hecho de que el derecho a la identificación y a un entierro digno de los fallecidos en las rutas migratorias ha sido sistemáticamente desatendido por las autoridades nacionales españolas. En 2021, el Parlamento Europeo aprobó una resolución que reconoce el derecho a la identificación de los fallecidos en las rutas migratorias, y la necesidad de una base de datos coordinada que recoja los datos de la frontera. Pero, al igual que en otros países europeos, los sucesivos gobiernos han sido incapaces de desarrollar mecanismos legales y protocolos estatales para garantizar estos “últimos derechos” de las víctimas, así como el “derecho a saber” y a llorar a sus seres queridos que corresponde a las familias.

      “La gente siempre llama a la oficina y nos pregunta cómo buscar a un familiar, pero hay que ser sincero y decir que no hay un canal oficial claro al que puedan dirigirse”, explica Juan Carlos Lorenzo, coordinador del Consejo Español para los Refugiados (CEAR) en Canarias. “Se les puede poner en contacto con la Cruz Roja, pero no hay un programa de identificación liderado por el Gobierno. Tampoco existe el tipo de recurso especializado necesario para coordinarse con las familias y centralizar la información y los datos sobre los migrantes desaparecidos”.

      Helena Maleno, directora de Caminando Fronteras, afirma: “Sólo este año estamos trabajando con más de 600 familias cuyos seres queridos han desaparecido. Estas familias, procedentes de Marruecos, Argelia, Senegal, Guinea y países tan lejanos como Sri Lanka, están muy solas y poco protegidas por las administraciones públicas. A su vez, esto significa que hay redes criminales y estafadores que buscan sacarles dinero”.

      Incluso en el caso de la identificación de una víctima, un reciente informe de la Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA) expone las barreras legales y financieras a las que se enfrentan las familias para repatriar a sus seres queridos. En 2020/21, las cifras del CICR muestran que se recuperaron 284 cuerpos pero que, de los 116 identificados, sólo 53 fueron repatriados. El informe de la APDHA también señala, respecto a las tumbas fronterizas, que “muchas personas acaban enterradas de manera contraria a sus creencias”. Apenas la mitad de las 50 provincias españolas cuentan con cementerios musulmanes, y no todos están en la costa española.

      Para Maleno, estos fallos del Estado no son casualidad: “España y otros Estados europeos mantienen una política de invisibilización de las víctimas y de la propia frontera. Tienen políticas de negación del número de muertos y de ocultación de datos, pero para las familias esto significa obstáculos en cuanto al acceso a la información y a los derechos de sepultura, así como interminables trabas burocráticas”.
      “Sueño con Oussama”

      Abdallah Tayeb ha sufrido en primera persona las deficiencias del sistema español en sus intentos por confirmar si un cadáver recuperado en diciembre de 2022 es el de su primo Oussama, un joven barbero argelino que soñaba con reunirse con Tayeb en Francia.

      Tayeb está convencido de que el cuerpo sin identificar, que se cree que está en un depósito de cadáveres de Almería, es el de su primo. Está previsto que los restos sean enterrados a comienzos del próximo año en una tumba sin nombre, a menos que se consiga algún avance de última hora. “La sensación es de impotencia”, admite. “No hay nada de transparencia”.

      Tayeb nació en París, de padres argelinos, pero pasa todos los veranos en Argelia con su familia. “Como Oussama y yo teníamos más o menos la misma edad, estábamos muy unidos. Le obsesionaba la idea de venir a Europa, pues dos de sus hermanos ya vivían en Francia. Pero yo no sabía que en realidad ya había organizado su viaje en una patera a finales del año pasado”.

      Oussama formaba parte de un grupo de 23 personas (entre ellas siete niños) que desaparecieron tras zarpar de Mostaganem, Argelia, en una lancha motora el día de Navidad de 2022. Poco después de la desaparición de la patera, su hermano Sofiane viajó de Francia a Cartagena, el destino al que esperaba llegar la embarcación. Con la ayuda de la Cruz Roja, Sofiane pudo presentar una denuncia por desaparición y dar una muestra de ADN, pero no pudo reunir ninguna información concreta sobre la suerte de su hermano.

      Sin embargo, un segundo viaje a España en febrero condujo a un gran avance. Tras recorrer juntos la costa mediterránea, Tayeb y su primo Sofiane consiguieron hablar con una patóloga forense que trabaja en la morgue de Almería, quien pareció reconocer una foto de Oussama. “No paraba de decir ’esta cara me suena’ y también mencionó un collar, algo que llevaba cuando se fue”. Según la forense, había una posible coincidencia con un cuerpo sin identificar recuperado por los guardacostas el 27 de diciembre de 2022.
      El laberinto burocrático

      Con la sensación de que por fin estaban cerca de obtener alguna respuesta, en la comisaría de Almería les informaron de que, para poder ver el cadáver –o incluso las pertenencias– y proceder a su identificación visual, necesitarían el permiso de la comisaría donde se había registrado inicialmente el cadáver. “Fue entonces cuando empezó la verdadera pesadilla”, recuerda Tayeb. Les entregaron una lista de cinco comisarías de toda la región en las que se podría haber registrado el cadáver, y se pasaron los dos días siguientes conduciendo de comisaría en comisaría a lo largo de la costa murciana.

      “En la primera comisaría que visitamos ni siquiera nos dejaron entrar cuando les dijimos que estábamos buscando a un inmigrante desaparecido, y después siempre fue la misma consigna: éste no es el lugar adecuado; no tenemos ningún cadáver; tenéis que ir a este otro lugar…”, continúa. Cuando ambos regresaron a la primera comisaría de Huércal de Almería, después de que les dijeran repetidamente que era el lugar adecuado para preguntar, los agentes, impacientes, se negaron a atenderlos, alegando leyes de protección de la intimidad, e incluso les dijeron que advirtieran a otras familias que buscaban a migrantes desaparecidos que no siguieran viniendo a preguntar.

      “Al final”, explica Tayeb, “nos dimos cuenta de que nunca nos darían ninguna información. Fue muy desgarrador, sobre todo volver a Francia. Fue como si le dejáramos [allí] en la nevera”.
      Incertidumbre

      A medida que pasaban los meses, la frustración y la ansiedad aumentaban para la familia. “En mayo nos dijeron que la muestra de ADN que habíamos dado cinco meses antes acababa de llegar a Madrid y aún no había sido procesada ni enviada a la base de datos”. No se les ha facilitado más información, y las autoridades españolas tienen la política de ponerse en contacto con las familias sólo cuando hay una coincidencia positiva, pero no si la prueba da negativo.

      Tayeb se plantea una última visita a España para intentar recuperar a su primo Oussama, en parte para estar seguro de que ha hecho todo lo posible por encontrarlo, pero le preocupa que el viaje pueda reabrir su trauma de “pérdida ambigua”. “El esfuerzo de ir no es doloroso, lo doloroso es volver sin nada”, dice. “Esta falta de información es lo peor”.

      La Dra. Pauline Boss, catedrática emérita de Psicología de la Universidad de Minnesota (EE.UU.), explica el concepto de pérdida ambigua: “Se parece a un duelo complejo, con pensamientos intrusivos”, dice. “No tienes otra cosa en la cabeza más que el hecho de que tu ser querido ha desaparecido. No puedes afrontar el duelo, porque eso significaría que la persona está muerta, y no lo sabes con certeza”.

      Tayeb lo explica con sus propias palabras: “Todas las personas que iban a bordo eran del mismo barrio de Mostaganem. He podido hablar con muchas de sus familias y están destrozadas. Hay mucho dolor, pero tampoco hay respuestas. Sólo hay rumores, y algunas de las madres creen que sus hijos están en cárceles de Marruecos y España. Todos tenemos sueños [sobre los desaparecidos]. Al final, confías en lo que ves en tus sueños, como si la realidad cósmica te dijera que va a venir. Sueño con Oussama”.
      Un sistema defectuoso

      De todas las familias de los desaparecidos en la patera de Oussama, sólo Tayeb y otras tres familias han podido presentar denuncias de desaparición ante las autoridades españolas, y únicamente en dos casos se han podido entregar muestras de ADN. Según un informe de 2021 de la Organización Internacional para las Migraciones (OIM), una de las mayores complicaciones a las que se enfrentan las familias en sus búsquedas es que, para registrar a alguien como desaparecido en España, hay que presentar una denuncia ante la policía del propio país, lo que para muchas familias es “una hazaña prácticamente imposible”, ya que no existen visados para viajar con este fin.

      El informe de la OIM también señala que, aunque muchas familias presentan denuncias de personas desaparecidas en sus países de origen, son “conscientes del carácter casi simbólico de sus esfuerzos” y de que “nunca darán lugar a que se inicie ningún tipo de investigación en España.”

      Junto con la OIM, algunas ONG nacionales, como la APDHA y más de un centenar de organizaciones comunitarias, han denunciado la incapacidad de España para adaptar los procedimientos vigentes en materia de personas desaparecidas a los retos transnacionales que plantean los casos de migrantes desaparecidos. Estas organizaciones han defendido en repetidas ocasiones que el marco jurídico del país en materia de personas desaparecidas debe adaptarse para garantizar que las familias puedan presentar denuncias desde el extranjero por casos de personas desaparecidas.

      También han presionado para que se elaboren protocolos específicos para la policía al tratar casos de migrantes desaparecidos, así como para que se cree una base de datos de migrantes desaparecidos que permita centralizar la información y haga posible el intercambio con autoridades de otros países. Esta incluiría todos los datos disponibles post mortem (desde tatuajes hasta ADN, pasando por inspecciones de cadáveres y autopsias) como de información médica forense ante mortem, es decir, la que procede de los familiares en relación con la persona desaparecida.

      “La realidad es que la situación en toda Europa es sistemáticamente deficiente”, explica Julia Black, analista del Proyecto Migrantes Desaparecidos de la OIM. “A pesar de que nuestras investigaciones muestran estas necesidades acuciantes de las familias, ni España ni ningún otro país europeo ha cambiado [en los últimos años] de forma significativa sus políticas, ni tampoco han mejorado las prácticas para ayudar a este grupo desatendido. El apoyo a las familias sólo está disponible de forma muy puntual, sobre todo en respuesta a sucesos con víctimas masivas que están en el punto de mira de la opinión pública, lo que deja a muchos miles de personas sin un apoyo adecuado”.

      Actores no estatales como la Cruz Roja y Caminando Fronteras, así como una red de activistas independientes, intentan llenar este vacío. “Es un trabajo terrible que no deberíamos estar haciendo, porque los Estados deberían responder a las familias y garantizar los derechos de las víctimas más allá de las fronteras”, explica Maleno. En el caso de la patera de Mostaganem, Caminando Fronteras tiene previsto viajar a Argelia el año que viene para tomar muestras de ADN de los familiares y traerlas a España. Pero Maleno también reconoce que su ONG a menudo tiene que “ejercer mucha presión” para que las autoridades acepten estas muestras.

      Es algo que también confirma Jon Iñarritu, diputado de EH Bildu: “Como miembro de la Comisión de Interior del Congreso de los Diputados, he tenido que intervenir en varias ocasiones para ayudar a las familias que querían registrar muestras de ADN, hablando con el Ministerio de Asuntos Exteriores o con el Ministerio del Interior para que aceptaran las muestras. Pero no debería ser necesaria la intervención de un diputado para conseguirlo. Es necesario normalizar todo el proceso con protocolos claros y automáticos [para la presentación de las muestras]. Ahora mismo, no hay una forma clara de hacerlo”.

      Incluso cuando las recomendaciones de la OIM han sido objeto de debate parlamentario en España, no han tendido a traducirse en medidas gubernamentales. En 2021, por ejemplo, el Congreso de los Diputados aprobó una Proposición no de Ley en la que se instaba al Gobierno a crear una oficina estatal específica para las familias de migrantes desaparecidos. “Está claro que necesitamos aliviar el calvario administrativo y burocrático para las familias ofreciéndoles un único punto de contacto [con las autoridades estatales]”, explica Iñárritu, impulsor de la moción.

      Sin embargo, aunque los partidos en el gobierno votaron a favor de la resolución, no se ha tomado ninguna medida al respecto en los 18 meses transcurridos desde la aprobación de la resolución. “Desde mi punto de vista, el Gobierno no tiene ninguna intención de aplicar la propuesta”, argumenta Iñárritu. “Sólo ofrecían un apoyo simbólico”.

      Cuando se expusieron las cuestiones anteriores al Ministerio del Interior, la respuesta fue la siguiente: “El tratamiento de los cadáveres sin identificar que llegan a las costas de España es idéntico al hallazgo de cualquier otro cadáver. En España, para la identificación de cadáveres, las Fuerzas y Cuerpos de Seguridad del Estado aplican la Guía de INTERPOL para la Identificación de Víctimas de Catástrofes. Esta Guía, aunque está especialmente indicada para los sucesos con víctimas múltiples, también es aplicada como referencia para la identificación de un cadáver aislado”.
      Derechos de sepultura

      El director de migraciones de APDHA, Carlos Arce, escribe que, en un marco europeo que contempla la migración irregular predominantemente a través del prisma de la criminalidad grave y la seguridad fronteriza, “ni siquiera la muerte o desaparición de las personas migrantes pone freno a la concatenación de ataques a su dignidad”. Por su parte, Iñárritu también apunta al régimen fronterizo más amplio de la UE: “Muchas cuestiones que no encajan en este marco político dominante, como el derecho de identificación, simplemente se dejan sin gestionar en el día a día. Sencillamente, no son una prioridad”.

      Esto también queda claro en lo que respecta a la inacción del gobierno español a la hora de garantizar un entierro digno a las personas cuyos cuerpos son recuperados. Como señala un informe de 2023 de APDHA, “aunque la repatriación es la opción más deseada por las familias [...] el coste es muy elevado (miles de euros) y muy pocas de sus embajadas ayudan [a sufragarlo]”. La ONG recomienda a España que establezca acuerdos de repatriación con los países de procedencia de los inmigrantes para crear “salvoconductos mortuorios” que garanticen su retorno a un coste reducido.

      A esto se suma que el gobierno central tampoco ha establecido mecanismos para garantizar el derecho de los inmigrantes no identificados a un entierro digno dentro del territorio español, sino que sostiene que los ayuntamientos son responsables de todos los entierros de carácter benéfico. Esto ha supuesto que municipios muy concretos, en los que están estacionadas las embarcaciones de salvamento marítimo, sean legalmente responsables de la mayor parte de los entierros, y la mayoría de estos municipios carecen de cementerios locales capaces de acoger entierros musulmanes tradicionales.

      La posibilidad de que este asunto se convierta en un caldo de cultivo para el rechazo a la inmigración quedó patente el pasado mes de septiembre, cuando la alcaldesa de Mogán (Gran Canaria), Onalia Bueno, insistió en que su municipio dejaría de sufragar estos entierros, ya que no quería “detraer los costes de los impuestos de mis vecinos”. Juan Carlos Lorenzo, de CEAR, condena ese “lenguaje divisivo, que enmarca la cuestión en términos de malgastar el dinero de mis ’vecinos’ en alguien que no es un vecino”, y señala en cambio la actuación de los municipios de El Hierro como contraejemplo positivo.

      En esta isla poco poblada, en los últimos dos meses han sido enterrados siete inmigrantes no identificados, junto con los restos de Mamadou Marea, de 30 años. “Los habitantes de la isla se unieron a nosotros para acompañar los restos de cada una de estas personas hasta su lugar de descanso”, explica Amado Carballo, concejal de El Hierro. “Lo que nos entristeció a todos fue no poder poner un nombre en la lápida y simplemente tener que dejar a las personas identificadas con un código policial”.

      Carballo señala que “más de 10.000 personas han llegado a El Hierro desde septiembre, lo mismo que la población de la isla. Son viajes muy largos, de entre seis y nueve días en el mar, y ahora mismo la gente llega en un pésimo estado de salud. A los que han muerto en los últimos meses hemos intentado ofrecerles un entierro digno dentro de los medios de que disponemos. Hemos contado con la presencia de un imán, que ha rezado oraciones del Islam antes de depositar los restos”.

      En la actualidad, la responsabilidad de conmemorar a las víctimas no identificadas recae en los municipios e incluso en los responsables de los cementerios. Al igual que Germán en el cementerio de Barbate, que intenta dignificar las tumbas sin nombre colocando flores sobre ellas, el cementerio de Motril ha adornado las tumbas con poemas. En Teguise, el Ayuntamiento ha puesto en marcha una iniciativa que anima a los vecinos a dejar flores en las tumbas de los inmigrantes cuando vienen a visitar los restos de sus familiares.

      En otro gesto conmemorativo, una colección de unas 50 barcas de pesca desechadas se ha convertido en un rasgo distintivo del puerto de Barbate. Estas pequeñas embarcaciones de madera con escritura árabe en el casco eran utilizadas por los emigrantes que intentaban cruzar el Estrecho de Gibraltar. En lugar de ser desguazadas, APDHA pudo convertir el astillero en un lugar conmemorativo y colocar placas en las embarcaciones en las que se indicaba cuántas personas viajaban en ellas y dónde y cuándo fueron encontradas.

      En el caso del pequeño Alhassane Bangoura, los vecinos acuden habitualmente a dejar flores frescas y otras muestras de afecto, entre ellas un pequeño cuenco de granito con su nombre de pila inscrito. Pero muchas víctimas son enterradas sin ningún intento de identificación y, tal y como exigen innumerables ONG, políticos y activistas, no debería dejarse en manos de la buena voluntad de residentes, trabajadores de cementerios o concejales el garantizar los últimos derechos de las víctimas de la Fortaleza Europa.

      https://www.eldiario.es/desalambre/enterrar-mil-personas-nombre-trabas-ue-espana-identificar-cuerpos-migrantes

    • « Αγνώστων στοιχείων » : Πάνω από 1.000 αταυτοποίητοι τάφοι στα ευρωπαϊκά σύνορα

      Τάφοι με μόνη σήμανση ένα ξύλο, μνήματα που καλύπτονται από αγριόχορτα : μια διασυνοριακή έρευνα οκτώ δημοσιογράφων σε συνεργασία με Solomon, Guardian και Süddeutsche Zeitung καταγράφει την αδιαφορία γύρω από την αξιοπρεπή ταφή των προσφύγων που χάνουν τη ζωή τους στα ευρωπαϊκά σύνορα.

      Το τηλέφωνο χτύπησε ένα πρωινό του Οκτωβρίου 2022 στη δουλειά, στη Φινλανδία όπου ο 35χρονος Μοχάμεντ Σαμίμ ζει τα τελευταία δέκα περίπου χρόνια.

      Ο ανιψιός του δεν είχε καλά νέα : ο αδερφός του Σαμίμ, Ταρίν Μοχαμάντ, μαζί με τον γιο και τις δύο κόρες του, βρισκόταν σε ένα σκάφος που βυθίστηκε κοντά σε ένα ελληνικό νησί, έχοντας αποπλεύσει από τα τουρκικά παράλια για την Ιταλία.

      Όταν ο Σαμίμ έφτασε την επομένη στα Κύθηρα, έμαθε πως —παρότι αδύναμος αφού δεν είχε φάει επί τρεις μέρες— ο αδερφός του είχε καταφέρει να σώσει την οικογένειά του πριν ένα κύμα τον πάρει μακριά. Πήγε αμέσως στο σημείο του ναυαγίου. Μέσα στο νερό είδε σώματα να επιπλέουν — δεν μπορούσε να δει το πρόσωπο του αδερφού του, αλλά αναγνώρισε την πλάτη του.

      Το Λιμενικό είπε πως έπρεπε να περάσει η κακοκαιρία για να μπορέσουν να βγάλουν τους νεκρούς από τη θάλασσα. Πέρασε η πρώτη μέρα, πέρασε και δεύτερη, ώσπου την τρίτη ημέρα κατέστη τελικά δυνατό. Το Λιμενικό επιβεβαίωσε στο Solomon πως άνεμοι έντασης 8 μποφόρ και η μορφολογία της περιοχής καθιστούσαν την ανάσυρση των σορών αδύνατη. Ο Σαμίμ δεν θα ξεχάσει ποτέ την εικόνα του αδερφού του στη θάλασσα.

      Στην Καλαμάτα, χρειάστηκε να περάσουν τέσσερις ημέρες μετακύλισης της ευθύνης μεταξύ νοσοκομείου και Λιμενικού, και η βοήθεια μιας ντόπιας δικηγόρου που « ήρθε και τους έβαλε τις φωνές », προκειμένου να του επιτραπεί να ακολουθήσει τη διαδικασία ταυτοποίησης του αδερφού του.

      Τον προειδοποίησαν πως θα ήταν μια ψυχοφθόρα διαδικασία, και πως θα έπρεπε να φορέσει τριπλή μάσκα λόγω της μυρωδιάς. Ο Σαμίμ λέει πως, λόγω έλλειψης χώρου στα ψυγεία του νεκροτομείου, ορισμένα από τα θύματα του ναυαγίου βρίσκονταν στον θάλαμο εκτός ψυγείου.

      « Το άγχος και η μυρωδιά. Τα γόνατά μας έτρεμαν », θυμάται ο Σαμίμ όταν τον συναντάμε στα Κύθηρα ένα χρόνο μετά.

      Ξεκίνησαν να του δείχνουν σώματα σε αποσύνθεση. Πρώτα αυτά εκτός ψυγείου. Δεν τον αναγνώρισε ανάμεσά τους. Βγήκαν έξω και άλλαξαν τις μάσκες που φορούσαν, επέστρεψαν, άνοιξαν με τη σειρά τα ψυγεία φτάνοντας στο τελευταίο.

      « Βρισκόταν εκεί, ήρεμος. Ο άνθρωπος που αγαπάς. Ήμασταν κάπως χαρούμενοι που, μετά από μέρες, μπορούσαμε να τον δούμε », είπε ο Σαμίμ.
      Νεκροί πρόσφυγες στα αζήτητα

      Ο αριθμός των προσφύγων που πεθαίνουν στα σύνορα της Ευρώπης ολοένα και μεγαλώνει. Πέρα από τη δυσκολία καταγραφής των θανάτων, υπάρχει και η πρόκληση της ταυτοποίησης των σορών, μια διαδικασία ψυχοφθόρα για τους συγγενείς. Σε κάποιες περιπτώσεις, ωστόσο, υπάρχουν σοροί που μένουν αταυτοποίητες, εκατοντάδες άνδρες, γυναίκες και παιδιά που θάβονται σε τάφους αγνώστων στοιχείων.

      Τον Ιούλιο του 2023, το Ευρωπαϊκό Κοινοβούλιο υιοθέτησε ψήφισμα που αναγνωρίζει το δικαίωμα στην ταυτοποίηση των ανθρώπων που χάνουν τη ζωή τους στην προσπάθεια να φτάσουν στην Ευρώπη, έως σήμερα ωστόσο δεν υπάρχει κεντρικό σύστημα καταγραφής σε πανευρωπαϊκό επίπεδο. Ούτε ενιαία διαδικασία για τη διαχείριση των σορών που καταλήγουν σε νεκροτομεία, γραφεία κηδειών — ακόμη και κοντέινερ ψύξης.

      Το πρόβλημα είναι « εντελώς παραμελημένο », είπε στο Solomon η Ευρωπαία Επίτροπος Ανθρωπίνων Δικαιωμάτων, Dunja Mijatović, η οποία αναφέρει ότι οι χώρες της ΕΕ δεν εκπληρώνουν τις υποχρεώσεις τους βάσει του διεθνούς δικαίου των ανθρωπίνων δικαιωμάτων. « Η τραγωδία των αγνοούμενων μεταναστών έχει λάβει τρομακτικές διαστάσεις. Το ζήτημα απαιτεί άμεση δράση », πρόσθεσε.

      Η πλατφόρμα Missing Migrants του Διεθνούς Οργανισμού Μετανάστευσης (ΔΟΜ), που αναγνωρίζει πως τα στοιχεία της δεν αποτελούν ολοκληρωμένη καταγραφή, κάνει λόγο για πάνω από 1.090 αγνοούμενους πρόσφυγες και μετανάστες στην Ευρώπη από το 2014.

      Στο πλαίσιο της έρευνας Border Graves, οκτώ Ευρωπαίοι δημοσιογράφοι, από κοινού με την βρετανική εφημερίδα Guardian, την γερμανική εφημερίδα Süddeutsche Zeitung, και το Solomon για την Ελλάδα, ερεύνησαν επί επτά μήνες τι συμβαίνει με τις χιλιάδες αταυτοποίητες σορούς όσων χάνουν τη ζωή τους στα ευρωπαϊκά σύνορα, και καταγράφουν για πρώτη φορά έναν σχεδόν διπλάσιο αριθμό : σύμφωνα με τα στοιχεία που συγκεντρώθηκαν, περισσότεροι από 2.162 άνθρωποι πέθαναν την περίοδο 2014-2023.

      Μελετήσαμε έγγραφα και πήραμε συνεντεύξεις από κρατικούς ιατροδικαστές, εισαγγελείς και εργαζομένους σε γραφεία τελετών· από κατοίκους και συγγενείς θανόντων και αγνοουμένων· και αποκτήσαμε αποκλειστική πρόσβαση σε αδημοσίευτα στοιχεία της Διεθνούς Επιτροπής του Ερυθρού Σταυρού.

      Σε 65 νεκροταφεία κατά μήκος των ευρωπαϊκών συνόρων –Ελλάδα, Ισπανία, Ιταλία, Μάλτα, Πολωνία, Λιθουανία, Γαλλία και Κροατία– καταγράψαμε περισσότερους από 1.000 τάφους αγνώστων στοιχείων κατά την τελευταία δεκαετία.

      Η έρευνα καταγράφει τον τρόπο με τον οποίο η κρατική αδιαφορία γύρω από την αξιοπρεπή ταφή των ανθρώπων που χάνουν τη ζωή τους στα σύνορα διαπερνά τις ευρωπαϊκές χώρες. Στην Ιταλία, συναντήσαμε ξύλινους σταυρούς. Στην Κροατία και τη Βοσνία, συναντήσαμε δεκάδες τάφους με την ένδειξη « ΝΝ » (αγνώστων στοιχείων), στη Γαλλία απλώς με ένα « Χ ».

      Στα ισπανικά Γκραν Κανάρια, εντοπίσαμε πλάκες που δεν αναφέρουν την ταυτότητα των θανόντων, αλλά σε ποιο ναυάγιο πέθαναν : « Βάρκα μεταναστών νούμερο 4. 25/09/2022 ».

      Στην Ελλάδα, καταγράψαμε περισσότερους από 540 αταυτοποίητους τάφους προσφύγων, το 54% όσων συνολικά κατέγραψε η ευρωπαϊκή έρευνα. Ταξιδέψαμε στα νησιά του Αιγαίου και τον Έβρο, και εντοπίσαμε τάφους σε χωράφια που ενίοτε καλύπτονται από αγριόχορτα, και μαρμάρινες πλάκες με ημερομηνίες θανάτου που έχουν σβηστεί, ενώ σε άλλες περιπτώσεις ένα κομμάτι ξύλο μαζί με έναν αριθμό αποτελεί τη μόνη σήμανσή τους.

      Τα στοιχεία της έρευνάς μας, σε συνδυασμό με τα στοιχεία της Διεθνούς Επιτροπής του Ερυθρού Σταυρού, δεν αποτελούν εξαντλητική καταγραφή του ζητήματος. Ωστόσο, αποτυπώνουν για πρώτη φορά τα κενά και τις δυσκολίες ενός συστήματος, που οδηγεί χιλιάδες οικογένειες να μην γνωρίζουν πού είναι θαμμένοι οι συγγενείς τους.

      Λέσβος : 167 αταυτοποίητοι τάφοι προσφύγων

      Ένας μακρύς χωματόδρομος, που τριγυρίζεται από ελαιόδεντρα, οδηγεί στην πύλη του νεκροταφείου του Κάτω Τρίτου, που συνήθως παραμένει κλειδωμένη με λουκέτο.

      Το « νεκροταφείο των προσφύγων », όπως το αποκαλούν στο νησί, βρίσκεται περίπου 15χλμ δυτικά της Μυτιλήνης. Αποτελεί τον μοναδικό χώρο ταφής αποκλειστικά για πρόσφυγες και μετανάστες στην Ελλάδα.

      Κατά τη διάρκεια μίας από τις επισκέψεις μας, λάμβανε χώρα η κηδεία τεσσάρων παιδιών. Έχασαν τη ζωή τους στις 28 Αυγούστου 2023, όταν η βάρκα στην οποία επέβαιναν μαζί με 18 ακόμη ανθρώπους βυθίστηκε νοτιοανατολικά της Λέσβου.

      Η πενθούσα μητέρα και αρκετές γυναίκες, μεταξύ των οποίων μέλη της οικογένειας, κάθονταν κάτω από ένα δέντρο, ενώ οι άνδρες προσεύχονταν κοντά στο υπόστεγο που χρησιμοποιείται για τη διαδικασία της ταφής σύμφωνα με την ισλαμική παράδοση.

      Στον Κάτω Τρίτο και τον Άγιο Παντελεήμονα, το νεκροταφείο της Μυτιλήνης όπου θάβονταν οι πρόσφυγες έως τότε, μετρήσαμε συνολικά 167 τάφους αγνώστων στοιχείων μεταξύ 2014-2023.

      Ο τοπικός δημοσιογράφος, και πρώην μέλος του Περιφερειακού Συμβουλίου Βορείου Αιγαίου Νίκος Μανάβης, εξηγεί πως το νεκροταφείο δημιουργήθηκε το 2015 σε έναν ελαιώνα που ανήκει στο δήμο Μυτιλήνης λόγω ανάγκης : ένα πολύνεκρο ναυάγιο στα βόρεια του νησιού, στις 28 Οκτωβρίου του έτους, είχε ως αποτέλεσμα τουλάχιστον 60 νεκρούς, για τους οποίους τα νεκροταφεία του νησιού δεν επαρκούσαν.

      Πολλά θύματα ναυαγίων παραμένουν θαμμένα σε τάφους αγνώστων στοιχείων. Στις ταφόπλακες αναγράφεται η εκτιμώμενη ηλικία των θανόντων και η ημερομηνία ταφής, ενίοτε μόνο ένας αριθμός. Άλλες φορές, ένα κομμάτι ξύλο και περιμετρικά τοποθετημένες πέτρες σηματοδοτούν τον τάφο.

      « Αυτό που βλέπουμε είναι ένα χωράφι, όχι ένα νεκροταφείο. Δεν δείχνει σεβασμό στους ανθρώπους που τάφηκαν εδώ », λέει ο Μανάβης.

      Αυτή η έλλειψη σεβασμού στο νεκροταφείο του Κάτω Τρίτου κινητοποίησε την οργάνωση Earth Medicine. Όπως εξηγεί ο Δημήτρης Πατούνης, μέλος της ΜΚΟ, τον Ιανουάριο του 2022 έκαναν πρόταση στο δήμο Μυτιλήνης για την αποκατάσταση του νεκροταφείου. Το σχέδιό τους είναι να δημιουργήσουν ένα χώρο ανάπαυσης με σεβασμό και αξιοπρέπεια, όπου οι πρόσφυγες και οι αιτούντες άσυλο θα μπορούν να ικανοποιήσουν την πιο ιερή ανθρώπινη ανάγκη, το πένθος για τους αγαπημένους τους.

      Παρόλο που το δημοτικό συμβούλιο ενέκρινε την πρόταση την άνοιξη του 2023, οι δημοτικές εκλογές του Οκτωβρίου καθυστέρησαν το έργο. Ο Πατούνης δηλώνει θετικός ότι σύντομα θα γίνει καταγραφή των τάφων και περίφραξη της περιοχής.

      Ο Χρήστος Μαυραχείλης, νεκροθάφτης στο νεκροταφείο του Αγίου Παντελεήμονα, θυμάται ότι το 2015 οι μουσουλμάνοι πρόσφυγες θάβονταν σε συγκεκριμένη περιοχή του νεκροταφείου.

      « Αν κάποιος ήταν αγνώστου ταυτότητας έγραφα στον τάφο του “Άγνωστος” », λέει. Εάν δεν υπήρχαν συγγενείς, που θα μπορούσαν να καλύψουν το κόστος, ο Μαυραχείλης έκοβε ο ίδιος ένα μάρμαρο και έγραφε όσα στοιχεία μπορούσε από το πιστοποιητικό θανάτου. « Άνθρωποι ήταν κι αυτοί », λέει, « έκανα ό,τι μπορούσα ».

      Από την πλευρά του, ο Θωμάς Βαναβάκης, πρώην ιδιοκτήτης γραφείου τελετών που πρόσφερε υπηρεσίες στη Λέσβο έως το 2020, λέει επίσης πως συχνά χρειάστηκε να καλύψουν ταφές δίχως να λάβουν αμοιβή. « Ξέρετε πόσες φορές μπήκαμε στη θάλασσα και πληρώσαμε εργάτες από την τσέπη μας για να τραβήξουμε τα πτώματα και δεν παίρναμε φράγκο ; », λέει.

      « Το να βλέπεις τόσα μωρά, να τα μαζεύεις και να τα πετάς σε ένα κουτί… Πώς μπορείς να πας σπίτι και να κοιμηθείς μετά από αυτό ; », λέει ο Βαναβάκης.

      Η Έφη Λατσούδη, που ζει στη Λέσβο και εργάζεται στην οργάνωση Refugee Support Aegean (RSA), λέει πως το 2015 υπήρχαν ταφές που δεν μπορούσε να καλύψει ο δήμος Μυτιλήνης, και ορισμένες φορές τις « πληρώναν οι άνθρωποι που συμμετείχαν στην τελετή. Προσπαθούσαμε να δώσουμε μια αξιοπρέπεια στη διαδικασία. Αλλά δεν ήταν αρκετό », λέει.

      Η Λατσούδη θυμάται κάτι που της είχε αναφέρει μια προσφύγισσα το 2015 : « Το χειρότερο που μπορεί να μας συμβεί είναι να πεθάνουμε κάπου μακριά και να μην είναι κανείς στην κηδεία μας ».

      Ο δήμος Μυτιλήνης δεν απάντησε στα ερωτήματά μας σχετικά με την αξιοπρεπή ταφή των προσφύγων στα νεκροταφεία ευθύνης του.
      Χίος και Σάμος : τάφοι καλύπτονται από αγριόχορτα

      Σύμφωνα με την ελληνική νομοθεσία, η τοπική αυτοδιοίκηση (και σε περίπτωση αδυναμίας της η περιφέρεια) καλύπτει το κόστος για την ταφή τόσο των αταυτοποίητων προσφύγων που πεθαίνουν στα σύνορα, όσο και εκείνων που βρίσκονται σε οικονομική αδυναμία.

      Από πλευράς της, η δημοτική Αρχή Χίου δήλωσε πως προβλέπεται χρηματοδότηση για τις σχετικές δαπάνες, καθώς και ότι « στο πλαίσιο των αρμοδιοτήτων της για τα νεκροταφεία, συντηρεί και φροντίζει όλους τους χώρους, χωρίς διακρίσεις και με τον απαιτούμενο σεβασμό, για όλους τους νεκρούς ».

      Αλλά κατά την επίσκεψή μας τον Αύγουστο στο νεκροταφείο του Μερσινιδίου, λίγα χιλιόμετρα βόρεια της πόλης της Χίου, όπου πρόσφυγες βρίσκονται θαμμένοι πλάι στα μνήματα των ντόπιων, δεν ήταν δύσκολο να εντοπίσει κανείς τον διαχωρισμό : οι πέντε τάφοι αταυτοποίητων προσφύγων σηματοδοτούνταν απλώς από ένα μάρμαρο, το οποίο έτεινε να υπερκαλύψει η βλάστηση.

      Η Νατάσα Στραχίνη, δικηγόρος του RSA που ζει στη Χίο, έχει λάβει μέρος σε αρκετές κηδείες προσφύγων τόσο στη Χίο όσο και στη Λέσβο. Για εκείνη, είναι πολύ μεγάλη η σημασία της τοπικής κοινότητας και η παρουσία σε μια τόσο δύσκολη ανθρώπινη στιγμή.

      Σχετικά με τις ταφές, εξηγεί πως « μόνο ένα καλό σύστημα καταγραφής θα μπορούσε να βοηθήσει τους συγγενείς να εντοπίσουν τον τάφο ενός ανθρώπου που έχασαν, καθώς συνήθως στα νεκροταφεία μετά από 3-5 χρόνια γίνονται εκταφές ». Αναφέρει πως ενίοτε ένας τάφος παραμένει αγνώστων στοιχείων παρότι η σορός έχει ταυτοποιηθεί, είτε γιατί καθυστέρησε η διαδικασία ταυτοποίησης, είτε γιατί οι συγγενείς δεν είχαν την οικονομική δυνατότητα να αλλάξουν το μνήμα.

      Στο Ηραίο Σάμου, δίπλα στο δημοτικό νεκροταφείο, σε ένα οικόπεδο που ανήκει στη Μητρόπολη και χρησιμοποιείται ως χώρος ταφής προσφύγων, καταγράψαμε δεκάδες μνήματα που χρονολογούνται μεταξύ 2014-2023. Οι πλάκες –ορισμένες σπασμένες– που έχουν τοποθετηθεί στο έδαφος, « κρυμμένες » από κλαδιά, πευκοβελόνες και κουκουνάρια, αναγράφουν απλώς έναν αριθμό και τη χρονολογία της ταφής.

      Ο δικηγόρος Δημήτρης Χούλης, που ζει στη Σάμο και χειρίζεται υποθέσεις γύρω από το προσφυγικό, σχολίασε σχετικά : « Είναι ντροπιαστική εικόνα να βλέπεις τέτοιους τάφους. Είναι αδικαιολόγητο για μια σύγχρονη κοινωνία όπως η Ελλάδα ».

      Αναζητώντας στοιχεία

      Η Διεθνής Επιτροπή του Ερυθρού Σταυρού είναι από τις λίγες διεθνείς οργανώσεις που εργάζονται για την ταυτοποίηση των νεκρών πρσοφύγων. Μεταξύ άλλων, και στην Ελλάδα έχουν πραγματοποιήσει αρκετές σχετικές εκπαιδεύσεις σε στελέχη του Λιμενικού και της Ελληνικής Αστυνομίας.

      « Είναι υποχρέωσή μας να παρέχουμε στους νεκρούς μια αξιοπρεπή ταφή. Παράλληλα, οφείλουμε να δίνουμε απαντήσεις στις οικογένειες μέσω της ταυτοποίησης των νεκρών. Αν υπολογίσουμε τους συγγενείς των αγνοουμένων, αυτή η διαδικασία επηρεάζει εκατοντάδες χιλιάδες ανθρώπους. Δεν γνωρίζουν πού βρίσκονται οι αγαπημένοι τους. Τους φέρθηκαν καλά ; Τους σεβάστηκαν όταν τους έθαψαν ; », αναφέρει η Laurel Clegg, συντονίστρια ιατροδικαστής για τη μετανάστευση στην Ευρώπη.

      Εξηγεί πως η καταγραφή των νεκρών αποτελεί διαδικασία που « απαιτεί την καλή συνεργασία μεταξύ πολλών μερών : ένα νομικό πλαίσιο που να προστατεύει τους αταυτοποίητους νεκρούς, συστηματικές νεκροψίες (consistent post-mortems), νεκροτομεία, ληξιαρχεία, αξιοπρεπή μεταφορά, νεκροταφεία ».

      Ωστόσο, τα ιατρικά και νομικά συστήματα των χωρών αποδεικνύονται ανεπαρκή για να αντιμετωπίσουν τη διάσταση του προβλήματος, προσθέτει.

      Από το 2013, στο πλαίσιο του προγράμματος για την αποκατάσταση οικογενειακών δεσμών, ο Ερυθρός Σταυρός έχει καταγράψει στην Ευρώπη 16.500 αιτήματα από ανθρώπους που αναζητούν αγνοούμενους συγγενείς τους. Σύμφωνα με τον διεθνή οργανισμό έχουν επιτευχθεί μόλις 285 επιτυχείς αντιστοιχίσεις (1,7%).

      Τις αντιστοιχίσεις αυτές αναλαμβάνουν οι κατά τόπους ιατροδικαστές.

      « Συλλέγουμε πάντα δείγματα DNA από τις σορούς αγνώστων στοιχείων. Είναι συνήθης πρακτική και μπορεί να είναι το μόνο εφικτό μέσο ταυτοποίησης », αναφέρει ο Παναγιώτης Κοτρέτσος, ιατροδικαστής στη Ρόδο. Τα δείγματα αποστέλλονται στο εργαστήριο DNA της Διεύθυνσης Εγκληματολογικών Ερευνών της Ελληνικής Αστυνομίας, σύμφωνα με πρωτόκολλο της INTERPOL.

      Σύμφωνα με τον Ερυθρό Σταυρό, οι δυσκολίες συνήθως προκύπτουν όταν οι οικογένειες βρίσκονται εκτός ΕΕ, και οφείλονται σε διάφορους παράγοντες, όπως τυχόν διαφορές στο νομικό πλαίσιο ή στα ιατρικά συστήματα των χωρών. Για παράδειγμα, ορισμένες χώρες της ΕΕ δεν μπορούν να « ανοίξουν » υπόθεση και να πάρουν δείγματα DNA από οικογένειες, χωρίς εντολή από τις Aρχές της χώρας στην οποία έχει ανασυρθεί η σορός του συγγενή που αναζητάται.

      Το πιο δύσκολο μέρος στη διαδικασία ταυτοποίησης μέσω DNA είναι ότι χρειάζεται να υπάρχει κι ένα δεύτερο δείγμα που θα συγκριθεί με εκείνο που συνέλεξαν οι ιατροδικαστές, το οποίο πρέπει να σταλεί από τις οικογένειες των αγνοουμένων. « Για έναν πρόσφυγα που ξεκίνησε το ταξίδι του από μια χώρα της κεντρικής Αφρικής, ταξίδεψε για μήνες, και πέθανε στην Ελλάδα, θα υπάρχει το γενετικό υλικό στο νεκροτομείο. Αλλά θα παραμείνει αταίριαστο μέχρι κάποιος συγγενής πρώτου βαθμού να στείλει δείγμα DNA », λέει ο Κοτρέτσος.

      Εξηγεί πως αυτό δεν είναι πάντα εφικτό. « Έχουμε δεχτεί τηλεφωνήματα από συγγενείς που βρίσκονταν στη στη Συρία, και αναζητούσαν αγνοούμενα μέλη της οικογένειάς τους, και δεν μπορούσαν να στείλουν δείγματα ακριβώς επειδή βρίσκονταν στη Συρία ».

      Έξω από το πανεπιστημιακό νοσοκομείο της Αλεξανδρούπολης, δύο κοντέινερ ψυγεία που έχουν παραχωρηθεί από τον Ερυθρό Σταυρό ως προσωρινοί νεκροθάλαμοι φιλοξενούν τα σώματα 40 προσφύγων.

      Ο καθηγητής Ιατροδικαστικής στο Δημοκρίτειο Πανεπιστήμιο Θράκης, Παύλος Παυλίδης, έχει από το 2000 πραγματοποιήσει αυτοψίες σε τουλάχιστον 800 σώματα ανθρώπων σε κίνηση, με βασικές αιτίες θανάτου τον πνιγμό στα νερά του Έβρου και την υποθερμία.

      Ο ιατροδικαστής δεν αρκείται στην απαραίτητη συλλογή DNA : καταγράφει δεδομένα όπως σημάδια γέννησης ή τατουάζ και αντικείμενα (π.χ. πορτοφόλια, δαχτυλίδια, γυαλιά), τα οποία θα μπορούσαν να αποτελέσουν τον συνδετικό κρίκο για έναν συγγενή που αναζητά το αγαπημένο του πρόσωπο.

      Λέει πως συνολικά 313 σοροί που βρέθηκαν στον Έβρο από το 2014 παραμένουν αγνώστων στοιχείων. Όσες δεν μπορούν να ταυτοποιηθούν θάβονται σε ειδικό νεκροταφείο στο Σιδηρώ, το οποίο διαχειρίζεται ο δήμος Σουφλίου, ενώ 15-20 αταυτοποίητες σοροί τάφηκαν στην Ορεστιάδα όσο γινόταν η επέκταση του νεκροταφείου Σιδηρού.

      Οι σοροί των μουσουλμάνων προσφύγων που ταυτοποιούνται ενταφιάζονται στο μουσουλμανικό νεκροταφείο στη Μεσσούνη Κομοτηνής ή επαναπατρίζονται, όταν οι συγγενείς μπορούν να καλύψουν το κόστος επαναπατρισμού.

      « Αυτό δεν είναι αξιοπρεπές »

      Απαντώντας σε σχετικά ερωτήματα, το υπουργείο Μετανάστευσης και Ασύλου είπε πως το ζήτημα των διαδικασιών ταυτοποίησης και ταφής προσφύγων δεν εμπίπτει στις αρμοδιότητές του. Εκπρόσωπος της Κομισιόν δήλωσε πως σχετικά κονδύλια προς την Ελλάδα δεν προβλέπονται, ωστόσο εν λόγω δαπάνες « θα μπορούσαν να υποστηριχθούν στο πλαίσιο του Εθνικού Προγράμματος του Ταμείου Ασύλου, Μετανάστευσης και Ένταξης », το οποίο διαχειρίζεται το υπουργείο Μετανάστευσης.

      Ο Θεόδωρος Νούσιας είναι επικεφαλής ιατροδικαστής της Ιατροδικαστικής Υπηρεσίας Βορείου Αιγαίου, δηλαδή υπεύθυνος για τα νησιά Λέσβο, Σάμο, Χίο, και Λήμνο. Σύμφωνα με τον ιατροδικαστή, η διαδικασία ταυτοποίησης μέσω DNA έχει βελτιωθεί πολύ σε σχέση με πριν από μερικά χρόνια.

      Ο Νούσιας λέει ότι πάντα ήταν διαθέσιμος, όταν του ζητήθηκε να αναγνωρίσει κάποιον. « Πρέπει να εξυπηρετείς τους ανθρώπους, γι’ αυτό βρίσκεσαι εκεί. Να εξυπηρετείς τους ανθρώπους για να μπορούν να βρουν την οικογένειά τους », προσθέτει.

      Ο ιατροδικαστής ζει στη Λέσβο, αλλά λέει πως δεν έχει πάει ποτέ στο νεκροταφείο στον Κάτω Τρίτο. « Δεν θέλω να πάω. Θα είναι δύσκολο για μένα γιατί οι περισσότεροι από αυτούς τους ανθρώπους έχουν περάσει από τα χέρια μου ».

      Τον Οκτώβριο του 2022, ο 32χρονος Σουτζά Αχμαντί και η αδελφή του Μαρίνα ταξίδεψαν επίσης στα Κύθηρα και, στη συνέχεια, στην Καλαμάτα προκειμένου να αναγνωρίσουν τη σορό του πατέρα τους, Αμπντούλ Γασί.

      Ο 65χρονος είχε ξεκινήσει το ταξίδι για την Ιταλία μαζί με τη γυναίκα του Χατίτζε — εκείνη επέζησε. Τα δύο αδέλφια επισκέφθηκαν το νοσοκομείο, όπου τους έδειξαν και τα οκτώ πτώματα, άνδρες και γυναίκες, παρότι είχαν εξαρχής εξηγήσει πως ο άνθρωπος που αναζητούσαν ήταν άνδρας.

      Το σώμα του πατέρα τους ήταν μεταξύ εκείνων που βρίσκονταν εκτός ψυγείου.

      « Η αδελφή μου έκλαιγε και τους φώναζε να πάρουν τον πατέρα μας από το κοντέινερ ψυγείο γιατί μύριζε », θυμάται ο Σουτζά. « Δεν ήταν αξιοπρεπές μέρος για έναν άνθρωπο ».

      Για την έρευνα συνεργάστηκαν οι : Gabriele Cruciata, Eoghan Gilmartin, Danai Maragoudaki, Barbara Matejčić, Leah Pattem, Gabriela Ramírez, Daphne Tolis and Tina Xu (συντονίστρια).

      Η έρευνα υποστηρίχθηκε από το Investigative Journalism for Europe (IJ4EU) και Journalismfund Europe.

      https://wearesolomon.com/el/mag/format-el/erevnes/agnoston-stoixeion-pano-apo-1000-ataftopoihtoi-tafoi-sta-evropaika-syn

    • U Hrvatskoj pronađeno 45 neimenovanih grobova migranata, među njima je bila i 5-godišnja curica: ‘Policija ih često tjera u rijeku’

      Telegram ekskluzivno donosi veliku priču Barbare Matejčić koja je, kao jedina novinarka iz Hrvatske, sudjelovala u međunarodnoj novinarskoj istrazi s kolegama iz uglednih medija poput britanskog Guardiana i njemačkog Süddeutsche Zeitunga. Otkrili su kako završavaju tijela onih koji su stradali pokušavajući ući u Europsku uniju

      U selu Siče u istočnoj Hrvatskoj više je Sičana na groblju nego među živima: živih je 230, a umrlih 250. Točnije, na groblju je 247 Sičana i tri nepoznate osobe. Bilo bi ih još više pod zemljom da Siče svoje groblje nema tek od 1970-ih. Bilo bi još više i živih da nisu, kao mnogi iz tog kraja, odlazili u veće gradove ili u inozemstvo u potrazi za boljim životom. Grobovi Sičana, ukratko, posjetitelju kažu tko su ti ljudi bili, gdje pripadaju i posjećuju li ih bližnji. Tako to biva s grobovima, sažimaju osnovne informacije naših života. Ako na grobu stoji samo NN, to sažima tragediju.

      Tko su te tri osobe kojima se ne zna ime? Kako im je posljednja adresa skromni humak u Siču? Migranti, utopili su se u obližnjoj rijeci, reći će vam mještani. Malo je mjesto, malo je groblje, sve se zna. I da ne znate ništa, jasno vam je da te tri osobe tu ne pripadaju. Ukopani su sasvim izdvojeno od ostatka groblja. Tri drvena križa s NN natpisima, zabodena u zemlju na rubu groblja. NN, kao skraćenica od latinskog nomen nescio, doslovno znači: ne znam ime.

      https://www.youtube.com/watch?v=iQAGqiWBB78&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      Službeno objašnjenje komunalnog poduzeća koje upravlja grobljem je da je ostavljeno mjesta za još mogućih ukopa onih kojima se ne zna ime. A objašnjenje na koje pomislite kad tamo dođete jest da su ukopani izdvojeno kako se ne bi miješali s mještanima. Ili, kako nam se u telefonskom razgovoru izlanuo načelnik jednog drugog mjesta gdje su također na margini groblja NN migrantski grobovi: “Da nam ne smetaju.”

      Afganistanci pod križem

      Na groblju u Sičama to su jedina tri groba o kojima nitko ne vodi računa. Za nekih pet godina mogao bi im nestati svaki trag. Komunalna poduzeća su dužna ukopati neidentificirana tijela, ali ne i održavati grobove osim ako grob nije od “osobe od posebnog povijesnog i društvenog značaja”, kako zakon nalaže. NN1, NN2 i NN3 su od posebnog značaja samo svojim bližnjima, koji vjerojatno ni ne znaju gdje su. Možda čekaju da im se konačno jave iz zapadne Europe. Možda ih traže. Možda ih oplakuju. No, ako zakopate malo dublje, saznat ćete ponešto o onima koji tu počivaju bez imena.

      U rano i hladno jutro 23. prosinca 2022. policija je pronašla dva tijela na obali Save, koja je u tom području odvaja Hrvatsku od Bosne i Hercegovine. Odvaja Europsku uniju od ostatka Europe. Prema policijskom izvještaju, pronašli su i skupinu od dvadeset stranih državljana koji su tim putem nezakonito ušli u Hrvatsku. Skupini je nedostajala još jedna osoba. Nakon opsežne potrage u popodnevnim satima je pronađeno i treće tijelo. Patolog Opće bolnice u Novoj Gradiški ustanovio je da je smrt za sve troje nastupila u 2.45 u noći. Dvojica su umrla od pothlađenosti, jedan se utopio.

      Kod njih su pronađene iskaznice iz izbjegličkog kampa u Bosni i Hercegovini. Saznali smo da su, prema iskaznicama, sva trojica bila iz Afganistana: Ahmedi Abozari imao je 17 godina, Basir Naseri imao je 21 godinu i Shakir Atoin je imao 25 godina. NN1, NN2 i NN3. Za dvojicu od njih su i drugi iz skupine migranata potvrdili identitet, rekli su nam iz Policijske uprave brodsko-posavske. Zašto su onda pokopani kao NN? Ako se znalo da su iz Afganistana, zašto su pokopani pod križem? Ako ih traže obitelji, kako će ih naći?
      ‘Neka plate za ime na grobu’

      U upravi groblja su bili ljubazni i rekli da pokapaju prema tome kako stoji u dozvoli za ukop koju potpisuje patolog. A stajalo je NN. Patolog je rekao da podatke ispisuje na temelju informacija dobivenih od policije i mrtvozornika. Iz nadležne policije su nam rekli da se osoba sahranjuje po pravilima lokalne uprave. Groblje Siče pripada Općini Nova Kapela, čiji nam je načelnik Ivan Šmit nezadovoljno nabrojao sve troškove koje je njegova općina snosila za te ukope i poručio da ako će netko za to platiti, onda može promijeniti oznaku NN u imena.

      Na niz smo takvih administrativnih nejasnoća naišli istražujući kako nadležna tijela postupaju s tijelima onih koji su stradali pokušavajući ući u Europsku uniju, kao dio Border Graves Investigation koje je proveo tim od osam slobodnih novinara u zemljama na migrantskim rutama, zajedno s britanskim Guardianom i njemačkim Süddeutsche Zeitungom.

      Nema jedinstvene europske baze podataka o broju migranata koji su pokopani u Europi. No tim je uspio potvrditi najmanje 1.931 takav grob u Grčkoj, Italiji, Španjolskoj, Hrvatskoj, Malti, Poljskoj i Francuskoj u zadnjem desetljeću, dakle od 2014. do 2023. Od toga je 1.015 NN grobova. Više od polovice neidentificiranih grobova je, očekivano, u Grčkoj – 551, u Italiji 248 i u Španjolskoj 109. U Hrvatskoj smo utvrdili 59 grobova migranata koji su ukopani posljednjeg desetljeća, od čega ih 45 nije identificirano. Podaci su temeljeni na različitim bazama podataka koje u pojedinačnim zemljama prikupljaju međunarodne organizacije, nevladine udruge, znanstvenici i istraživači, kao i od lokalnih vlasti te terenskim radom.

      Tim novinara je posjetio 24 groblja u Grčkoj, Italiji, Španjolskoj, Hrvatskoj, Poljskoj i Litvi, gdje je ukupno 555 grobova neidentificiranih migranata od 2014. do 2023. To su oni čija su tijela pronađena i pokopana. Međunarodni odbor Crvenog križa procjenjuje da se 87 posto onih koji nestanu na europskim južnim granicama nikad ne pronađe. Za kopnene migrantske rute nema procjena.
      Traže li migrante kao što traže turiste?

      Prosinac 2022. kad su umrla trojica mladih Afganistanaca je bio kišniji nego inače i Sava je nabujala. No ionako je velika i brza. Na tom je području samo tri dana ranije nestalo petero turskih državljana nakon što im se na Savi prevrnuo čamac. Među njima su bili dvogodišnja curica, dvanaestogodišnji dečko i njihovi roditelji. Brat nestalog oca je došao iz Njemačke u Hrvatsku kako bi saznao što se dogodilo s obitelji. Iz dokumentacije koju posjedujemo, vidljivo je da je uz pomoć turkologinje Nine Rajković pokušavao od više policijskih postaja doći do informacija u vezi nestalih. Nije ih dobio ni mjesecima kasnije. Htjeli su prijaviti nestanak, no u policiji im je rečeno da prijavu nema smisla pisati ako osobe nisu prethodno registrirane na području Hrvatske ili Bosne i Hercegovine.

      Na niz smo sličnih primjera naišli baveći se ovom temom. Mladić je došao u Hrvatsku i prijavio policiji i u Hrvatskoj i u Sloveniji da mu se brat utopio u Kupi. No njegov nestanak nije evidentiran u hrvatskoj nacionalnoj bazi nestalih osoba koja je javno dostupna. Policija brata nije kontaktirala nakon što je u narednim danima u Kupi nađeno više neidentificiranih tijela. Afganistanac je šest mjeseci čekao da se tijelo njegova brata, koji se utopio kad su zajedno pokušali prijeći Savu također u prosincu 2022., prebaci iz Hrvatske u Bosnu i Hercegovinu da ga može pokopati. Iako je potvrdio da je riječ o njegovu bratu, proces identifikacije je bio spor i kompliciran.

      Naišli smo i na primjere obitelji koje nemaju nekoga u Europi tko može doputovati i uporno tragati za informacijama, već izdaleka pokušavaju ući u trag bližnjima koji se gube na području Hrvatske i na kraju su obeshrabreno odustali. Puno je pitanja i malo jasnih odgovora na temu nestalih i umrlih migranata na tzv. Balkanskoj ruti, čiji je Hrvatska dio. Ne postoje jasni protokoli i procedure oko toga kome i kako se prijavljuje nestanak. Ne zna se traži li se nestale migrante aktivno, kao što se ljeti traži nestale turiste. Nije jasno koliko je informacija, i kojih, potrebno za identifikaciju.
      Obitelji se nemaju kome javiti

      “Kruženje informacije između institucija i pojedinih odjela mi se čini gotovo nepostojeća. U jednom slučaju mi je trebalo više od dva mjeseca i deseci telefonskih poziva i mailova upućenih na različite adrese, policijske postaje, policijske uprave, bolnice, državno odvjetništvo, samo da potaknem pokretanje identifikacije koja do danas, više od godinu dana kasnije, još nije završena”, kaže Marijana Hameršak s Instituta za etnologiju i folkloristiku u Zagrebu. Ona vodi znanstveni projekt “Europski režim iregulariziranih migracija na periferiji EU” u kojem se prikuplja znanje i podaci o nestalim i umrlim migrantima. Na kraju sve ovisi o susretljivim i posvećenim pojedincima u institucijama, kaže Hamrešak, no oni ne mogu nositi cijeli teret disfunkcionalnog sustava.

      Potrage za nestalim i pokušaji identifikacije umrlih migranata u Hrvatskoj, kao i susjednoj Bosni i Hercegovini, najčešće počivaju na trudu volontera i aktivista, koji poput Marijane tragaju za informacijama u kaotičnoj administraciji jer je obiteljima koje ne poznaju jezik taj zadatak praktički nesavladiv. Tako je Facebook grupa Dead and Missing in the Balkans postala glavno mjesto razmjene fotografija i podataka o nestalima i umrlima između obitelji i aktivista. Ne postoj internetska stranica na engleskom nadležnog Ministarstva unutarnjih poslova na koju se mogu javiti iz Afganistana ili Sirije i raspitati se za sudbinu svojih bližnjih, ostaviti podatke o njima i prijaviti nestanak.

      https://www.youtube.com/watch?v=PldA9Pa3LJc&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      Nema ni regionalne baze podataka o nestalim i umrlim migrantima na kojoj bi surađivale policije makar iz zemalja među kojima se bilježi najviše prelazaka – iz Bosne i Hercegovine u Hrvatsku. Povjerenica Vijeća Europe za ljudska prava Dunja Mijatović je u razgovoru s našim timom naglasila da je iznimno važno uspostaviti centraliziranu europsku bazu podataka o nestalim i umrlim migrantima. Kad bi takva baza podataka objedinjavala ante-mortem (podaci o osobi koji se prikupljaju od rodbine i poznanika, poput fizičkih karakteristika i opisa odjeće koju je nosila posljednji put, koje je predmete imala uz sebe itd.) i post-mortem (kao DNK uzorak i fotografije) podatke o umrlima, uvelike bi se povećale šanse za identifikaciju.
      Poginuti ili ostvariti san

      “Obitelji imaju pravo znati istinu o tome što se dogodilo njihovim najbližima”, kaže Mijatović. No suradnja policija susjednih zemalja u održavanju vanjske granice EU nepropusnom je učinkovita. Ranije migranti nisu tako često pokušavali prijeći Savu. Znali su da je previše opasna. Dijele informacije jedni s drugima i ne upuštaju se u prelazak takve rijeke u dječjim čamcima na napuhavanje ili u zračnicama kotača. Ako nisu sasvim očajni.

      Hrvatska policija je push-backovima i upotrebom sile – na što već godinama upozoravaju Amnesty International i Human Rights Watch – otežala prelazak drugim, manje opasnim prijelazima duž zelene granice s Bosnom i Hercegovinom. Kako nam je rekao mladi Marokanac u Bosni i Hercegovini, koji je 11 puta pokušao preći u Hrvatsku ali ga je hrvatska policija svaki put vratila: “Imaš dva izbora: poginuti ili ostvariti san.” Koliko ih je poginulo na Balkanskoj ruti u pokušaju ostvarenja sna, teško je utvrditi. Najsveobuhvatniji podaci za zemlje bivše Jugoslavije su oni koje prikupljaju istraživači projekta “Europski režim iregulariziranih migracija na periferiji EU”, i broje 346 stradalih od 2014. do 2023. u Hrvatskoj, Bosni i Hercegovini, Srbiji, Sloveniji, Sjevernoj Makedoniji i na Kosovu.

      ERIM-ova baza pojedinačno navodi svakog stradalog i sadrži onoliko podataka koliko su istraživači mogli prikupiti iz raznih izvora – medija, svjedoka stradanja, od institucija, iz aktivističkih kanala. No brojka je zasigurno bitno veća. Nestanak nekih nije ni evidentiran. Tijela mnogih nikad nisu pronađena. Stara planina između Bugarske i Srbije težak je i nedostupan teren. Tu će na preminule naići samo oni koji su istom sudbinom nagnani na taj put i neće riskirati prijavu. Ako stradaju u minskim poljima zaostalim iza ratova u Hrvatskoj i Bosni i Hercegovini, od tijela im neće ostati mnogo. Najviše je pronađeno tijela utopljenih u rijekama, no nema procjena koliko utopljenih nije nikad pronađeno.
      U Hrvatskoj 45 neidentificiranih

      Hrvatsko Ministarstvo unutarnjih poslova nam je dostavilo podatke o stradalim migrantima od 2015., otkad vode evidenciju, do kraja studenog 2023.: ukupno 87 stradalih migranata na području Republike Hrvatske. Ni jedno službeno tijelo u Hrvatskoj, Bosni i Hercegovini i Srbiji ne vodi evidenciju o pokopanim migrantima na tom teritoriju. No za Hrvatsku smo uspjeli doći do podataka, zahvaljujući upitima poslanima na preko 500 adresa gradova, općina i komunalnih poduzeća koja upravljaju grobljima. Prema dobivenim podacima, u Hrvatskoj se na 32 groblja nalazi 59 grobova migranata, koji su ukopani posljednjeg desetljeća, dakle od 2014. do danas. Od toga ih 45 nije identificirano.

      Neki pokopani migranti su ekshumirani i vraćeni obiteljima u zemlju porijekla, premda je to za obitelji zahtjevan i iznimno skup proces. U MUP-u navode da se od 2001. DNK uzorci uzimaju od svih neidentificiranih tijela, a obradu provodi Centar za forenzična ispitivanja, istraživanja i vještačenja Ivan Vučetić. Tražili smo od MUP-a razgovor sa stručnjacima koji rade na identifikaciji migranata, ali nam nije udovoljeno.

      Među NN grobovima u Hrvatskoj je mrtvorođena beba iz Sirije pokopana 2015. u Slavonskom Brodu. Petogodišnja djevojčica koja se utopila u Dunavu i pokopana je 2021. u Dalju. Prošlo ljeto je mladić u brdovitom predjelu na dubrovačkom području umro od iscrpljenosti. Neke je udario vlak. Mnogi su umrli od pothlađenosti. Neki umru jer im nije na vrijeme pružena pomoć. Neki ne vjeruju da im išta više može pomoći pa se ubiju.
      Nerazriješeni gubitak

      Prema zakonu, sahranjuju se najbliže mjestu stradavanja tako da su uglavnom na malim grobljima poput onog u Sičama. Često su, baš kao tamo, njihovi grobovi izdvojeni od ostatka groblja. Ponegdje je, kao u Otoku, netko od mještanki mekog srca dao sebi u zadatak da brine o NN grobu. Negdje je, kao na groblju u Prilišću, NN drveni križ iz 2019. već istrunuo.

      Iza svakog tog NN groba ostaju bližnji koji se nose s teretom neznanja što se dogodilo. Psiholozi to zovu nerazriješenim gubitkom, jer toliko dugo koliko bližnji nemaju potvrdu da su njihovi voljeni mrtvi i ne znaju gdje su im tijela, ne mogu žalovati za njima. Ako nastave sa životom, osjećaju krivnju. I tako su zamrznuti u stanju između očaja i nade. Američka psihologinja dr. Pauline Boss autorica je termina i teorije o nerazriješenom gubitku. “Znati gdje je grob bližnje osobe je jako važno jer pomaže da se oprostite”, rekla je dr. Boss u razgovoru za naš tim.

      Postoji i praktična strana te zamrznutosti: ako osoba nije proglašena mrtvom, ne može se provesti nasljeđivanje, ne može se pristupiti bankovnom računu, ne može se dobiti obiteljska mirovina, partner ili partnerica se ne mogu ponovno vjenčati, komplicira se skrbništvo nad djecom. Mnoge obitelj i u Hrvatskoj i u Bosni i Hercegovini dobro poznaju nerazriješeni gubitak; ratovi u devedesetima ostavili su tisuće nestalih. Obje zemlje imaju posebne zakone o nestalima u tim ratovima i dobro razrađene mehanizme potrage, identifikacije, pohranjivanja podataka i međusobne suradnje. No to se ne primjenjuje na migrante koji se gube i pogibaju među tisućama koji se kreću Balkanskom rutom.
      Uređeni koridor – nula mrtvih

      Hrvatska je postala važna točka ulaska u Europsku uniju nakon što je Mađarska zatvorila granice u rujnu 2015. Od tada pa do ožujka 2016. preko hrvatske dionice Balkanskog koridora – dakle, međudržavnog, organiziranog puta – prema procjenama, prošlo je oko 660.000 izbjeglica. Taj koridor im je omogućio da od Grčke pa do zapadne Europe dođu u dva ili tri dana. I dolazili su sigurno. Od tih stotina tisuća ljudi u pokretu, hrvatski MUP ne bilježi niti jednu smrt 2015. i 2016. Koridor je i uspostavljen da bi se spriječila stradavanja nakon što je veći broj izbjeglica u proljeće 2015. poginuo na željezničkoj pruzi u Makedoniji.

      No sa sklapanjem europsko-turskog sporazuma o izbjeglicama u ožujku 2016. godine, koridor je zatvoren. EU se obavezala izdašno financirati Tursku da izbjeglice drži na svom teritoriju kako ne bi dolazili u Europsku uniju. I tako je migrantima ostala pogibeljna Balkanska ruta. Mnogi njom idu. Samo u deset mjeseci 2023. hrvatska je policija evidentirala 62.452 postupanja vezano za nezakonite prelaske granice.

      I Ured pučke pravobraniteljice u Hrvatskoj i povjerenica Vijeća Europe za ljudska prava upozoravaju na isto: granične i migracijske politike utječu na povećanje rizika od nestajanja migranata. I da je potrebno da se u EU uspostave legalni i sigurni putevi migracija. No, EU očekuje od Hrvatske da štiti zajedničku vanjsku granicu. I Hrvatska to zdušno radi. Takvu praksu ministar Davor Božinović naziva “obeshrabrivanjem” migranata da uđu u Hrvatsku.
      ‘Obeshrabreni’ pod vlak

      Rezultat takve prakse je, primjerice, smrt Madine Hussiny. Šestogodišnju afganistansku djevojčicu je ubio vlak nakon što je njenu obitelj hrvatska policija “obeshrabrila” i usred noći 2017. potjerala nazad u Srbiju uz uputu da prate tračnice. Europski sud za ljudska prava u studenom 2021. je presudio da je Hrvatska odgovorna za Madininu smrt. U svjedočanstvima koja smo čuli, kao i u mnogim izvještajima nevladinih organizacija, migranti opisuju da im je hrvatska policija na granici naredila da pregaze ili preplivaju rijeku kako bi se vratili u Bosnu ili Srbiju, da se penju preko stijena, idu kroz šumu, nekad i svučeni dogola i ne znajući put jer im policija u pravilu oduzme mobitele.

      Prema podacima koje prikuplja Dansko vijeće za izbjeglice, od početka 2020. do kraja 2022. najmanje je 30.000 ljudi prisilno vraćeno iz Hrvatske u Bosnu i Hercegovinu. Među njima je bio i Afganistanac Arat Semiullah. U studenom 2022. je namjeravao prijeći Savu i ući iz Bosne u Hrvatsku. Utopio se. Imao je 20 godina. Pokopan je na pravoslavnom groblju u Banja Luci. Njegova obitelj u Afganistanu nije znala što mu se dogodilo. Dan ranije je poslao mami fotografiju na kojoj je svježe ošišan za ulazak u Europsku uniju. I onda se prestao javljati.

      https://www.youtube.com/watch?v=_2nVP5AL1x0&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      Majka je molila nećaka Paymana Sediqija, koji živi u Njemačkoj, da ga pokuša pronaći. Payman je stupio u kontakt s aktivistom Nihadom Suljićem, koji u Bosni i Hercegovini samostalno pomaže obiteljima da doznaju što je s njihovim bližnjima. Tjednima su pokušavali doći do informacija. Payman je otputovao u Bosnu i uspio pronaći tijelo rođaka zahvaljujući susretljivosti policajke koja mu je pokazala forenzičke fotografije. Aratova mama je telefonski potvrdila da je to njezin sin.
      U Europi sahranili snove

      Na Aratovoj osmrtnici objavljenoj u Bosni i Hercegovini piše da je “hrvatska policija vatrenim oružjem potopila čamac te se on tragično utopio”. Uz pomoć muslimanske zajednice, a na želju obitelji, uspjeli su tijelo prebaciti iz Banja Luke na muslimansko groblje u Kamičanima. Htjeli su ga pokopati u Afganistanu, ali im je bilo previše skupo i birokratski komplicirano. U rujnu 2023. susreli smo se s Nihadom i Paymanom kad je Aratu postavljen velik kameni nadgrobni spomenik. Na njemu piše: “U pokušaju dolaska do Europe utopio se u rijeci Savi.”

      Payman nam je ispričao da je Arat prelazio Savu u skupini migranata. Dio njih je uspio doći do hrvatske obale, no onda je hrvatska policija pucala u gumeni čamac u kojem je bio Arat. Čamac se potopio i Arat se utopio. Tako je Paymanu ispričao preživjeli koji je prešao na hrvatsku obalu Save. Payman kaže da je Aratova obitelj u velikoj boli, ali da makar znaju gdje im je sin i da je pokopan po religijskim običajima. Paymanu je važno da na grobu piše da je Arat stradao kao migrant.

      “Svakodnevno u Europi umiru ljudi koji bježe iz zemalja u kojima im nema života. U Europi se sahranjuju njihovi snovi. Nikoga nije briga za njih, čak ni kad europski policajci pucaju na njih”, kaže Payman. Zna o kakvim snovima govori; i sam je ilegalno došao u Njemačku sa 16 godina. Kaže da je imao sreće. Nihad se zalaže da se i drugi grobovi migranata u Bosni i Hercegovini trajno obilježe. Vodi nas na groblje u Zvorniku gdje je pokopano 17 NN migranata. Kaže kako za neke od njih ima informaciju da su imali pasoš sa sobom kad su pronađeni.
      ‘Ove ljude nije ubila rijeka’

      S groblja se vidi Drina, koja dijeli Srbiju od Bosne i u kojoj mnogi izgube život pokušavajući je preći. Samo je ove godine u Drini pronađeno tridesetak tijela. Nihad kaže da imaju sreće ako ih rijeka izbaci na bosansku stranu jer se u Srbiji često ne radi ni obdukcija niti uzimaju DNK uzorci. To su nam potvrdili i aktivisti iz Srbije. U tom slučaju su i u smrti sasvim izgubljeni za svoje obitelji. Zemljani NN grobovi u Zvorniku su zarasli i nisu omeđeni, tako da ne znate gazite li po njima.

      Nihad je uspio uvjeriti Grad Zvornik da drvena obilježja zamijene crnim kamenom. Važno mu je da su pokopani dostojanstveno, ali mu je još važnije da ostanu svjedočiti. “Želja mi je da i za sto godina ovi grobovi budu spomenici srama EU. Jer, nije ove ljude ubila rijeka, nego granični režim EU”, kaže Nihad.

      https://www.youtube.com/watch?v=UJkS3qHfA54&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      https://www.telegram.hr/preview/1905158

    • An obscure island grave: fate of deadly EU migration route’s youngest victim

      Case of #Alhassane_Bangoura in #Lanzarote highlights Europe-wide failure as authorities struggle to cope with scale of deaths

      Stretching less than a metre in length and covered in the ochre-coloured soil that dots the Canary island of Lanzarote, large stones encircle the tiny mound. There is no tombstone or plaque; nothing official to signal that this is the final resting site of the infant believed to be the youngest victim of one of the world’s deadliest migration routes.

      Instead, two bouquets of plastic daisies adorn the grave, along with a granite bowl engraved with his name, Alhassane Bangoura, hinting at the impact his story had on many across the island.

      His mother, originally from Guinea, was among three pregnant women who joined 40 others in an inflatable raft that left Morocco in early January 2020. After running out of fuel, the flimsy raft was left to the mercy of Atlantic currents for three days.

      “They were driven by desperation,” said Mamadou Sy, a municipal councillor for the Socialist party in Lanzarote. “Nobody would get into one of these vessels if they had even a little bit of hope in their own country. Nobody would do it.”

      So far this year, a record 35,410 migrants and refugees have arrived on the shores of the Canary Islands – a 135% increase over last year. More than 11,000 of them landed at the tiny island of El Hierro, home to just 9,000 people.

      The surge in those risking the perilous route has transformed the archipelago into a microcosm of the wider strain playing out across the EU as authorities struggle to deal with the bodies of those that die on their way. A Guardian investigation in collaboration with a consortium of reporters has found that refugees and migrants are being buried in unmarked graves across the EU at a scale that is unprecedented outside of war.

      In September, the mayor of Mogán, a municipality on the island of Gran Canaria, gave voice to the tensions that have at times surfaced as officials across the EU confront this issue, announcing she would no longer use her budget to cover the cost of burying refugees and migrants who are found along the shores that buttress the municipality.

      “When they die on the high seas, it is the responsibility of the state,” Onalia Bueno told reporters, in rejection of a Spanish law that requires municipalities to foot the bills for people who die within their jurisdiction and who are either unidentified or whose families cannot cover the costs.

      At the Teguise municipal cemetery on the island of Lanzarote, more than 25 unmarked graves sit among a plot containing about 60 graves in total. It was here that baby Alhassane was buried. His mother had delivered him as the rickety vessel pitched against the fierce Atlantic swells; those onboard later told media they never heard the baby cry.

      His body was cold when the vessel was rescued, an emergency services spokesperson said. He was taken to the nearest hospital but was declared dead on arrival. His body was taken to judicial authorities as is the standard practice in Spain for migrants and refugees who perish at sea or on arrival.

      Alhassane’s mother, who was unconscious when she was rescued, was later sent to Gran Canaria, about 200km (125 miles) away, where an NGO had agreed to take her into its care. But the Spanish judicial system had yet to release her son’s body – a process that can take up to eight months in Lanzarote.

      The funeral took place on 25 January. “She wasn’t able to attend the funeral,” said Laetitia Marthe, who was among those who unsuccessfully battled for Alhassane’s mother to be allowed to attend. “Basically they’re treated like numbers.”

      Instead, Marthe was among the handful of people who attended the funeral in her name.

      Judicial officials had liaised with the mother to check the baby’s name, said Eugenio Robayna Díaz, the municipal councillor responsible for cemeteries in the city of Teguise. But he did not know why the name had not made it on to the grave.

      Julie Campagne, an anthropologist based in Lanzarote, called for the baby’s grave to be marked with a plaque. “We’re witnessing the process of forgetting in real time. And this loss of memory comes with a shirking of our responsibility for what is happening.”

      Generally speaking, all over the world, there is always a small fraction of people who die and are never identified, she added. “But that is not what is happening here. This is happening for specific reasons. This is happening because of the policy decisions of our governments.”

      While Alhassane’s mother was not able to attend the funeral, what did eventually make it to his gravesite was a smooth stone, painted by her in yellow and red and brought there by those travelling from Gran Canaria shortly after the burial. Written on the stone was a message for her son.

      More than three years of rain has washed away much of what was there but Marthe copied down the message, hoping to one day add it to a formal marker of the site. “I will miss you a lot my baby,” it reads. “I love you.”

      https://www.theguardian.com/world/2023/dec/08/an-obscure-island-grave-fate-of-deadly-eu-migration-routes-youngest-vic

      #Teguise

    • Dead refugees in the Balkans: bribes to find missing relatives

      In comparison to 2015, today more asylum seekers are dying on the Balkan route. While relatives are forced to overcome state indifference to identify their loved ones, they are also forced to bribe authorities, even border guards, in the hope of finding them.

      He had hoped to find his son in a refugee camp. And after spending three weeks looking for him, he had prepared himself for the possibility of finding him in a hospital.

      But he didn’t expect to find him in the graveyard.

      When the policeman with Bulgarian insignia on his uniform showed him the picture of his son lying lifeless in the grass, he lost the ground under his feet. “I wish I could at least have been able to see Majd one last time. My mind still can’t believe that the person in this grave is my son,” says Husam Adin Bibars.

      The 56-year-old Syrian refugee, a father of four other children, had spent 22 days searching for his son from afar when he decided to spend his meager savings to travel from Denmark to Bulgaria to look for him – but it was too late.

      In Bulgaria, he learned that 27-year-old Majd’s body had been buried within just four days of its discovery. Majd had been buried as an unidentified person; there was nothing to indicate that the person buried under that pile of dirt, which Bibars later visited, was his son.

      “We hear that Europe is the land of freedom, democracy, and human rights,” says Bibars soberly. “Where are human rights if I am not able to see my son before his burial?”

      Dead without identification

      Majd had crossed from Turkey to Bulgaria with a group of about 20 other people, hoping to reunite with his parents and siblings in Europe. Once he arrived, his pregnant wife and their daughter, Hannah, would follow.

      Toward the end of September, he stopped returning calls and texts. The smuggler told Bibars that Majd had fallen ill and they needed to leave him behind. Authorities told Bibars his son died of thirst, exhaustion, and exposure.

      In recent years, with the support of EU funds and the increased involvement of the European border agency Frontex, Balkan countries have stepped up border controls, constructing fences, deploying drones and surveillance mechanisms. But this doesn’t deter asylum seekers – it causes them to take longer and more dangerous routes to avoid authorities.

      An investigation by Solomon in collaboration with investigative newsroom Lighthouse Reports, the German magazine Der Spiegel and German public television ARD, the British newspaper i, and Radio Free Europe/Radio Liberty, found that the hostility people face at the borders of Europe in life continues even in death.

      We found that since the start of 2022, the lifeless bodies of 155 people presumed to be migrants have ended up in morgues close to borders along a route that includes Serbia, Bulgaria, and Bosnia.

      According to the data, for 2023 there is already a 46% increase in deaths compared to the whole of 2022.

      In the Balkans, people making the journey have to cope with harsh weather conditions, but also with pushbacks, increased brutality by border guards and smugglers, theft by border forces – even detention in secret prisons.

      For their part, the families of those who go missing or die in the region have to search for their loved ones in morgues, hospitals, and special Facebook and WhatsApp groups, and to cope with an equally arduous effort facing the indifference of the authorities.

      In Bulgaria, this investigation reveals, they often also need to pay bribes in the hope of learning more about their missing loved ones.
      The 10 key findings of the investigation:

      - In 2022, the number of people travelling irregularly through the Balkans to Western Europe reached its highest point since 2015, with Frontex recording 144,118 irregular border crossings.

      – The corresponding figure for 2023 is lower (79,609 by September), but remains a multiple of 2019 (15,127) and 2018 (5,844).

      – The Balkan route is more dangerous than ever: in the absence of a centralised relevant registration system, the International Organization for Migration’s (IOM) Missing Migrants platform suggests that more people died or went missing in 2022 than in 2015.

      - According to data gathered for this investigation, at least 155 unidentified bodies ended up in six selected morgues along a section of the Balkan route that includes Bulgaria, Serbia, and Bosnia. The majority of the bodies (92) were found this year.

      - For 2023, the number is already showing a 46% increase compared to 2022, and is exploding in some morgues.

      – Some morgues in Bulgaria (Burgas, Yambol) are having difficulty finding space for the bodies of refugees. Others in Serbia (Loznina) have no space at all.

      - This contributes to unidentified bodies being buried within days, in ‘No Name’ graves. This means that families are left without the opportunity to search for their loved ones.

      - In Bulgaria, families told us that they had to bribe staff at hospitals and morgues, but border guards too, when searching for their loved ones. Sources in the field confirm the practice, which is also recorded in an audio file in our possession.

      – In Bosnia, at least 28 people presumed to be asylum seekers have already died in the Drina River this year, compared to just five in 2022 and three in 2021.

      - Bureaucracy and lack of state interest are recorded as hampering efforts to identify dead asylum seekers.

      Dead but cause of death unknown

      What do you do when your little brother is missing, and because of your status in the country you live in, you can’t travel to look for him?

      Asmatullah Sediqi, a 29-year-old asylum seeker, was in his asylum accommodation in Warrington, UK, when his brother’s travel companions informed him that 22-year-old Rahmatullah was likely dead.

      Due to his status as an asylum seeker, the UK Home Office did not allow Asmatullah to return to Bulgaria, which he had also crossed on his journey, to look for his brother.

      When a friend was able to go on his behalf, the Bulgarian police refused to give any information. And the morgue staff asked for 300 euros to let him see some bodies, Sediqi said in this investigation.

      “In such a situation, a person should help a person,” he added. “They only know money. They are not interested in human life.”

      He managed to borrow the amount they asked for. In July 2022, 55 days after his brother’s disappearance, the Burgas hospital confirmed that one of the bodies in the morgue belonged to Rahmatullah. With another 3,000 euros borrowed, a company repatriated the remains to their parents in Afghanistan.

      But to this day, Sediqi is consumed by one thought: he doesn’t know how, he hasn’t been told why, his brother died.

      The Bulgarian authorities have not given him the results of the autopsy “because I don’t have a visa to travel there,” he says. “I’m sure that when the police found him in the forest, they must have taken some photos. It’s very painful not knowing what happened to my brother. It’s devastating.”
      “Not a single complaint”

      As part of this investigation by Solomon, Lighthouse Reports, RFE/RL, inews, ARD και Der Spiegel, several relatives told us they had also been forced to bribe workers at the Burgas hospital’s morgue to find out if their family members were among the dead.

      When we asked the hospital administration whether they were aware of such practices, Galina Mileva, head of the forensic medicine department at Burgas hospital, said that they had not received “a single report or complaint about such a case. The identification of the bodies is done only in the presence of a police officer conducting the investigation and a forensic expert.”

      The administration also replied that there is no legal provision under which employees could claim money from relatives for this procedure.

      “We appeal to these complaints to be addressed through official channels to us and to the investigating authorities. If such practices are found to exist, the workers will be held accountable,” they added.
      “Money is requested at every step of the process”

      Another relative, whose family also travelled to Bulgaria in late 2022 to search for a family member, told us that after they paid staff at the morgue 300 euros to be allowed to look at the dead bodies, they also had to pay border guards.

      It was the only way they could be taken seriously, the relative explained.

      When they asked the border guards to show them photos of people who had been found dead, the border guards said they didn’t have time, but when the family agreed to pay 20 euros for each photo shown to them, time was found.

      Georgi Voynov, a lawyer for the Bulgarian Committee Helsinki Refugee and Migrant Programme, confirmed that families of deceased persons have approached the Committee about cases in which hospitals asked for large sums of money to confirm that the bodies of their loved ones were there.

      “They complain that they are being asked for money at every step of the process,” he said.

      International organisations, including the Bulgarian Red Cross, confirmed that they had such experiences from persons they had supported, who said they had been forced to pay money to hospitals and morgues.

      A Bulgarian Red Cross official, who spoke on condition of anonymity, commented:

      “We understand that these people are very overwhelmed and have to be paid extra for all the extra work they do. But this should be done in a legal way.”

      https://wearesolomon.com/mag/focus-area/migration/dead-refugees-in-the-balkans

      #Bulgarie #Drina #Galina_Mileva

  • L’augmentation du #chiffre_d’affaires issu des ventes d’#armes du Top 100 du #SIPRI impactée par des défis de production et des carnets de commandes remplis

    Le chiffre d’affaires issu des #ventes_d’armes et de services à caractère militaire par les 100 plus grandes entreprises d’#armement s’élève à 597 milliards de dollars en 2022, soit 3,5 % de moins qu’en 2021 en termes réels, alors même que la demande a fortement augmenté. C’est ce que révèlent les nouvelles données publiées aujourd’hui par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).

    Cette diminution s’explique principalement par la baisse du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des plus grandes entreprises américaines. Le chiffre d’affaires a augmenté de manière significative en Asie, Océanie et au Moyen-Orient. Les commandes en cours et la multiplication de nouveaux contrats laissent présager que le chiffre d’affaires mondial issu des ventes d’armes pourrait augmenter de manière significative au cours des prochaines années.

    La demande en armement augmente mais la #production reste à la traîne

    L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie et les tensions géopolitiques dans le monde ont provoqué une forte augmentation de la demande d’armes et d’équipements militaires en 2022. Cependant, malgré de nouvelles commandes, de nombreuses entreprises d’armement américaines et européennes n’ont pas pu augmenter de manière significative leur capacité de production en raison de difficultés de recrutement, de flambée des coûts et de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement exacerbées par la #guerre_en_Ukraine. En outre, les pays ont passé de nouvelles commandes en fin d’année et en raison du décalage entre les commandes et la production, l’augmentation de la demande ne s’est pas reflétée dans le chiffre d’affaires de ces entreprises en 2022.

    « De nombreuses entreprises d’armement ont été confrontées à des obstacles pour adapter leur production en vue d’une guerre de haute intensité », souligne Dr Lucie Béraud-Sudreau, directrice du programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. « Toutefois, de nouveaux contrats ont été signés notamment pour des #munitions, ce qui devrait se traduire par une hausse du chiffre d’affaires en 2023 et au-delà. » Contrairement aux plus grands fournisseurs américains et européens, les entreprises d’Asie, d’Océanie et du Moyen-Orient ont vu leur chiffre d’affaires issu des ventes d’armes augmenter de manière significative en 2022, démontrant ainsi leur capacité à répondre à une demande accrue dans des délais plus courts. Cela est particulièrement vrai dans les pays où les entreprises disposent de capacités de fabrication réactives et compétitives, comme #Israël et la #Corée_du_Sud, et dans ceux où les entreprises ont tendance à s’appuyer sur des chaînes d’approvisionnement courtes.

    Aux États-Unis, le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes chute en raison de problèmes de production

    Le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des 42 entreprises américaines du Top 100 a chuté de 7,9 % pour atteindre 302 milliards de dollars en 2022. Il représente 51 % du chiffre d’affaires total issu des ventes d’armes du Top 100. Sur les 42 entreprises américaines, 32 ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires sur un an, citant le plus souvent des problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement et des pénuries de main-d’œuvre résultant de la pandémie de Covid-19.

    « On constate un afflux de nouvelles commandes liées à la guerre en Ukraine et certaines grandes entreprises américaines, dont #Lockheed_Martin et #Raytheon_Technologies, ont reçu de nouvelles commandes en conséquence », précise Dr Nan Tian, chercheur principal au SIPRI. « Cependant, en raison des carnets de commandes déjà existants de ces entreprises et des difficultés à augmenter leur capacité de production, les revenus générés par ces nouvelles commandes ne se refléteront dans les comptes de l’entreprise probablement que d’ici deux à trois ans. »

    L’#Asie surpasse l’#Europe tirée par un phénomène de #modernisation_militaire

    Le chiffre d’affaire issu des ventes d’armes des 22 entreprises d’Asie et d’Océanie répertoriées dans le classement a augmenté de 3,1 % pour atteindre 134 milliards de dollars en 2022. Il s’agit de la deuxième année consécutive où le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des entreprises du Top 100 situées en Asie et en Océanie est supérieur à celui des entreprises situées en Europe.

    « La demande intérieure et l’appui sur des fournisseurs locaux ont protégé les entreprises d’armement asiatiques des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement en 2022 », explique Xiao Liang, chercheur au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. « Les entreprises en #Chine, en #Inde, au #Japon et à Taïwan ont toutes bénéficié d’investissements gouvernementaux soutenus dans le cadre des programmes de modernisation militaire. »

    Le #chiffre_d’affaires combiné des quatre entreprises sud-coréennes du Top 100 a chuté de 0,9 %, principalement en raison d’une baisse de 8,5 % enregistrée par le plus grand producteur d’armes du pays, #Hanwha_Aerospace. Deux entreprises sud-coréennes ont enregistré une augmentation de leur chiffre d’affaires, notamment #LIG_Nex1. Les entreprises sud-coréennes devraient connaître un accroissement de leur chiffre d’affaires dans les années à venir en raison d’une augmentation des commandes enregistrées après la signature d’importants contrats d’armement avec la Pologne et les Émirats arabes unis.

    Augmentation modeste du chiffre d’affaires en Europe alors que la demande liée à l’Ukraine commence à affluer

    Le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes des 26 entreprises du Top 100 basées en Europe a augmenté de 0,9 % pour atteindre 121 milliards de dollars en 2022.

    « La guerre en Ukraine a entraîné une demande de matériel adapté à une guerre d’usure, comme les munitions et les véhicules blindés. De nombreux producteurs européens ont vu leur chiffre d’affaires augmenter », souligne Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. « Il s’agit notamment d’entreprises basées en #Allemagne, en #Norvège et en #Pologne. Par exemple, la société polonaise #PGZ a augmenté son chiffre d’affaires de 14 %, bénéficiant du programme accéléré de modernisation militaire que le pays poursuit. »

    Les sociétés transeuropéennes #Airbus et #KNDS comptent parmi les principales sources d’augmentation du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes en Europe, en grande partie grâce aux livraisons effectuées sur des commandes de longue date.

    Les entreprises turques mènent une augmentation significative du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes au Moyen-Orient

    Le Moyen-Orient a connu la plus forte augmentation en pourcentage du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes de toutes les régions en 2022. Les sept entreprises basées au Moyen-Orient figurant dans le Top 100 ont enregistré une augmentation substantielle. Leur chiffre d’affaires combiné de 17,9 milliards de dollars représente une augmentation de 11 % sur un an. Le chiffre d’affaires combiné des quatre entreprises turques a atteint 5,5 milliards de dollars, soit 22 % de plus qu’en 2021. Le chiffre d’affaires combiné des trois entreprises israéliennes du Top 100 a atteint 12,4 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à 2021.

    « Les entreprises du Moyen-Orient spécialisées dans des produits moins sophistiqués sur le plan technologique ont pu augmenter leur production plus rapidement afin de répondre à l’augmentation de la demande », précise Dr Diego Lopes da Silva, chercheur principal au SIPRI. « L’exemple le plus frappant est celui de #Baykar, en Turquie, producteur du #drone #Bayraktar_TB-2. Baykar est entré dans le Top 100 pour la première fois en raison de l’augmentation de son chiffre d’affaires issu des ventes d’armes de 94 %, soit le taux d’augmentation le plus rapide de toutes les entreprises du classement. »

    Autres développements notables

    - En 2022, la Chine représente la deuxième plus grande part du chiffre d’affaires par pays du Top 100, soit 18 %. Le chiffre d’affaires issu des ventes d’armes combiné des huit entreprises d’armement chinoises du Top 100 a augmenté de 2,7 % pour atteindre 108 milliards de dollars.
    - Le chiffre d’affaires issus des ventes d’armes des sept entreprises britanniques dans le Top 100 ont augmenté de 2,6 % pour atteindre 41,8 milliards de dollars, soit 7,0 % du total.
    - En raison du manque de données, seules deux entreprises russes ont été incluses dans le Top 100 pour 2022. Leur chiffre d’affaires combiné a chuté de 12 %, à 20,8 milliards de dollars. La transparence des entreprises russes continue de régresser. Bien qu’il s’agisse d’une holding, sans capacité de production directe, #Rostec est incluse dans le Top 100 de 2022 en tant que mandataire des entreprises qu’elle contrôle.
    - La seule entreprise ukrainienne figurant dans le Top 100, #UkrOboronProm, a vu son chiffre d’affaires issu des ventes d’armes chuter de 10 % en termes réels, à 1,3 milliard de dollars. Bien que son chiffre d’affaires ait augmenté en termes nominaux, cela a été compensé par la forte inflation du pays.

    À l’attention des rédacteurs

    À propos de la base de données du SIPRI sur l’industrie de l’armement

    La base de données du SIPRI sur l’industrie de l’armement a été créée en 1989. À cette époque, elle excluait les données des entreprises installées en Chine, en Union soviétique et en Europe de l’Est. La version actuelle contient des données pour 2002-2022, y compris des données sur les entreprises russes. Les entreprises chinoises sont incluses à partir de 2015.
    Le « chiffre d’affaires issu des ventes d’armes » fait référence au chiffre d’affaires généré par la vente de biens et de services à caractère militaire à des clients militaires nationaux et étrangers. Sauf indication contraire, tous les changements sont exprimés en termes réels et tous les chiffres sont donnés en dollars américains constants de 2022. Les comparaisons entre 2021 et 2022 sont basées sur la liste des entreprises du classement 2022 (c’est-à-dire que la comparaison annuelle s’effectue entre le même ensemble d’entreprises). Les comparaisons à plus long terme sont basées sur des ensembles d’entreprises listées au cours de l’année respective (c’est-à-dire que la comparaison porte sur des listes différentes d’entreprises).

    La base de données du SIPRI sur l’industrie de l’armement, qui présente un ensemble de données plus détaillées pour les années 2002 à 2022, est disponible sur le site Web du SIPRI : https://www.sipri.org/databases/armsindustry

    https://www.obsarm.info/spip.php?article631

    #industrie_de_l'armement #rapport #chiffres #statistiques #USA #Etats-Unis #business #Turquie

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1029978

  • Les #expulsions ont des conséquences délétères sur la vie des #enfants

    L’Observatoire des expulsions des lieux de vie informels dénonce, dans son rapport annuel, des opérations qui compromettent la #scolarité des enfants et le #suivi_médical des #femmes_enceintes, à cause de l’#errance forcée qu’elles provoquent.

    Des femmes enceintes qui ne peuvent pas bénéficier d’un suivi médical continu, des enfants brutalement retirés de l’école, des mineur·es isolé·es démuni·es et traumatisé·es : les conséquences des expulsions des personnes occupant des lieux de vie informels sont multiples et délétères.

    C’est la conclusion du cinquième rapport annuel de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels (#squats, #bidonvilles et #campements, #caravanes, #voitures ou camions) publié mardi 28 novembre. Il regroupe huit associations indépendantes, parmi lesquelles le Collectif national droits de l’homme Romeurope, la Fondation Abbé Pierre ou encore Médecins du monde.

    Elles ont recensé, entre le 1er novembre 2022 et le 31 octobre 2023, date du début de la trêve hivernale, 1 111 expulsions sur le territoire national, dont 729 pour le littoral nord (Calais, Pas-de-Calais, Dunkerque dans le Nord).

    Si les expulsions sur le littoral nord ont diminué de 58 %, elles ont augmenté de 24 % en un an sur le reste du territoire, outremer inclus, et concerné en moyenne 74 personnes chaque jour.

    85 % de ces expulsions sont dites « sèches », car elles n’ont donné lieu à aucune solution d’hébergement ou de relogement. 14 % ont donné lieu à des mises à l’abri pour au moins une partie des habitant·es. 1 % seulement ont donné lieu à un dispositif d’insertion, un hébergement stable ou un logement, pour au moins une partie des habitant·es, détaille l’Observatoire.

    L’organisme explique qu’il est difficile d’avoir des données précises sur les enfants mais compte cette année 5 531 enfants expulsés (contre 3 212 l’année précédente). Ce chiffre est très largement sous-estimé, a-t-il précisé lors de la conférence de presse de présentation du rapport.
    Le suivi compromis des grossesses

    Cette année, l’Observatoire s’est focalisé sur les conséquences concrètes des expulsions sur la vie des enfants et de leurs mères. Il rappelle que « la précarité, et en particulier l’absence de logement, est depuis longtemps identifiée par la littérature scientifique comme un facteur de risque lors de la grossesse ».

    Les chiffres sont éloquents. Une femme enceinte devrait avoir accès à sept consultations prénatales et à trois échographies au moins, rappelle Médecins du monde.

    Or, plus d’une femme enceinte sur trois rencontrées par les équipes des programmes fixes de Médecins du monde en France en 2022 présente un retard de suivi de grossesse, comme la quasi-totalité des femmes enceintes rencontrées par le programme de médiation en santé du Comité pour la santé des exilés (Comede) en Île-de-France. Un écart majeur avec la population générale, parmi laquelle moins de 5 % des personnes enceintes sont dans ce cas.

    Les associations soulignent que les suivis médicaux et de grossesse sont déjà erratiques d’ordinaire. Notamment parce que l’ouverture de droits à une couverture maladie exige une domiciliation administrative. Les démarches, surtout avec la barrière de la langue, peuvent être délicates. Certaines personnes peuvent aussi perdre des papiers dans la cohue des expulsions impromptues.

    Ces dernières insécurisent aussi les futures mères, qui cherchent « en premier lieu à répondre à des besoins de stricte survie », quitte à sacrifier leur santé.

    « Il y a des personnes qu’on va perdre de vue à la suite des expulsions. Elles vont se réinstaller beaucoup plus loin, dans une autre commune, à l’autre bout d’une métropole, a détaillé Antoine Bazin, coordinateur Médecins du monde à Toulouse, devant la presse. Et les suivis par les PMI [centres de Protection maternelle et infantile – ndlr] de secteur, par exemple, pour les femmes enceintes, les suivis par des médecins traitants si on peut en avoir, ou par des centres de santé, vont être rendus plus compliqués parce que les personnes vont être isolées. »

    Les expulsions compliquent aussi le suivi de pathologies. Dans son rapport, l’Observatoire rapporte comment une opération de dépistage de la tuberculose dans un bidonville du Val-d’Oise, au printemps 2023, après la découverte d’un cas sur le lieu de vie et quatre hospitalisations d’enfants, a été compromise par des expulsions successives.

    Même chose pour les campagnes de vaccination ou le repérage des cas de saturnisme, dus à une exposition au plomb pouvant affecter le développement psychomoteur des enfants.

    Par ailleurs, la vie quotidienne d’un enfant vivant dans un lieu de vie informel est aussi bouleversée par l’instabilité provoquée par les expulsions. La scolarité de ces enfants mais aussi leur équilibre mental et psychique sont ébranlés. En 2022, l’Unicef avait déjà alerté sur l’état de santé mentale dégradé des enfants sans domicile.

    Les expulsions sont de plus en plus violentes (voir l’opération « Wuambushu » à Mayotte), dénonce l’Observatoire. Antoine Bazin, de Médecins du monde, explique que les enfants sont les « acteurs passifs » de ces événements et vont vivre la violence intrinsèque au déroulement des opérations d’expulsions. En « vraies éponges », ils vont en conserver des souvenirs qui peuvent avoir des conséquences sur leur construction psychique.

    Julie Bremont, représentante du Comité de pilotage interassociatif MNA Nord-Littoral, confirme : « Les expulsions sont en elles-mêmes un moment très générateur d’anxiété et de peur pour les jeunes. Déjà, de par la violence du dispositif, avec des dizaines de camions de CRS et des policiers en uniforme. Ces opérations d’expulsion sont très souvent accompagnées de violences verbales et physiques. »
    Décrochages scolaires

    De son côté, Célia Mougel, coordinatrice de l’Observatoire des expulsions, souligne que 77 % des expulsions recensées (en dehors du Nord littoral) ont eu lieu pendant l’année scolaire, ce qui, évidemment, produit des décrochages, des déscolarisations, notamment quand on sait que pour réinscrire un enfant, il faut au moins six mois. Si les municipalités coopèrent, ce qui n’est pas toujours le cas.

    Contraindre ces familles à quitter leur lieu de vie et leur point d’ancrage entraîne des effets à long terme sur les enfants. Ils rencontrent alors des difficultés dans la continuité pédagogique, un sentiment d’exclusion ou encore des problèmes d’apprentissage.

    Le cas d’un collégien, Alex, raconté dans le rapport, le prouve. Le garçon aura vécu trois expulsions qui lui auront fait perdre une année scolaire entière. Aujourd’hui, à 12 ans, Alex et sa famille dorment sous un pont en Seine-Saint-Denis et il n’est plus scolarisé.

    Pour toutes ces raisons, l’Observatoire enjoint aux pouvoirs publics de suspendre les expulsions pendant l’année scolaire, pour éviter l’exclusion scolaire et le décrochage des enfants en cours d’année. Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, considère qu’il faudrait aussi déployer davantage de médiateurs scolaires dans ces lieux de vie informels.

    Le reste du temps, les associations estiment qu’aucune expulsion ne devrait avoir lieu sans qu’un diagnostic social préliminaire (l’instruction du 25 janvier 2018 qui le recommandait n’est pas respectée), un accompagnement social global et des solutions de relogement dignes, adaptées et pérennes n’aient été mis en place. Cela pour permettre « une sortie des bidonvilles par le haut ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/281123/les-expulsions-ont-des-consequences-deleteres-sur-la-vie-des-enfants
    #enfance #mineurs #statistiques #chiffres #2022 #expulsions_sèches #santé_mentale #SDF #sans-abrisme #sans-abris #déscolarisation

  • Aumento di arrivi alle Canarie. Dall’inizio dell’anno più di 1.000 le persone disperse

    La principale causa è la repressione delle proteste in Senegal.

    A partire dallo scorso maggio 2023 il collettivo spagnolo Caminando Fronteras ha registrato un nuovo importante aumento di sbarchi alle isole Canarie dovuto principalmente alla situazione politica in Senegal, da dove partono la maggior parte delle imbarcazioni. Come sempre accade, proporzionalmente all’aumento di approdi, aumenta anche il numero di morti e dispersi. La risposta del governo spagnolo è la promessa di maggiore controllo sulle coste africane di partenza, mentre le strutture di “accoglienza” sono al collasso e non forniscono le condizioni minime di igiene e abitabilità.

    Secondo le ricerche di Caminando Fronteras le persone scomparse sono già più di mille dall’inizio dell’anno. Solo nel mese di giugno sono scomparse 3 imbarcazioni con oltre 300 persone a bordo. La maggior parte delle imbarcazioni che stanno raggiungendo le Canarie in questi mesi partono dal Senegal, a causa di una situazione politica sempre più tesa, che vive ora una fase particolarmente acuta.

    Migliaia di persone stanno protestando per la stretta autoritaria messa in atto dall’attuale presidente Macky Sall in vista delle prossime elezioni presidenziali che si terranno a febbraio 2024. Dalla fine di maggio in particolare, la situazione è peggiorata notevolmente e diverse organizzazioni senegalesi per la protezione dei diritti umani hanno denunciato arresti di massa che stanno colpendo anche un gran numero di adolescenti.

    La repressione è molto dura, attualmente si contano circa due mila arresti e 16 persone uccise durante le proteste. Tra le persone detenute si contano anche numerosi minori, motivo per cui negli ultimi due mesi, il numero di bambini e adolescenti che viaggiano sui cayucos è aumentato, rappresentando in alcuni casi fino al 40% delle persone che scelgono di partire a bordo di queste tradizionali imbarcazioni da pesca. Anche donne e intere famiglie stanno iniziando a imbarcarsi in misura sempre maggiore.

    Le autorità spagnole concentrano la loro azione sugli arrivi, ma non sulla pericolosa rotta che divide il Senegal dalle Canarie, attualmente quella che provoca più morti. Il viaggio da Kafountine, in Senegal, al Hierro, l’isola delle Canarie più vicina, può durare anche due settimane. Si tratta di un viaggio molto lungo, in cui le persone sono esposte alle forti correnti dell’oceano, alle condizioni meteorologiche avverse e alla possibilità di imprevisti o guasti al motore. Per queste ragioni la rotta verso le Canarie continua ad affermarsi come una delle più pericolose e con il più alto tasso di mortalità.

    L’azione statale rispetto al soccorso e alla ricerca dei dispersi presenta grosse falle, dal momento che non esiste nessun protocollo per la ricerca dei dispersi in mare e che le operazioni di salvataggio risultano attraversate e ostacolate dalle politiche razziste implementate dal governo spagnolo. Dal 2018 esiste infatti un protocollo specifico per il salvataggio delle persone che naufragano a bordo delle pateras, diverso dal protocollo di salvataggio per il resto delle persone che si trovano a rischio in mare.

    Questo protocollo è fortemente deficitario in termini di mezzi e di azione, ciò obbliga gli operatori e le operatrici di Salvamento marítimo a una differenziazione di tipo razzista nelle operazioni di salvataggio. Molte morti si sarebbero potute evitare, per esempio, se si fossero attivati i mezzi di soccorso nel momento dell’avvistamento delle imbarcazioni invece di aspettare che queste naufragassero. Queste gravi mancanze nel soccorso e nella ricerca dei dispersi non sono un caso, bensì una precisa strategia per tentare di invisibilizzare questa situazione nel discorso pubblico e il governo la mette in atto impunemente, sulla pelle di migliaia di persone che potevano invece essere salvate, la cui vita viene considerata niente più che una moneta di scambio per le proprie esigenze politiche.

    Anche una volta arrivate le persone continuano a essere oggetto di razzismo e maltrattamento istituzionale. A El Hierro, dove sta arrivando la maggior parte di persone in questi mesi, i mezzi per gestire l’accoglienza sono scarsi. Le persone vengono trattenute sulle darsene dei porti, in spazi sovraffollati e in cui le condizioni di vita sono ridotte al minimo. Anche i lavoratori e le lavoratrici delle ONG hanno denunciato la difficile situazione, soprattutto durante le ondate di caldo, in cui le persone sono state costrette a permanere diversi giorni sedute sul cemento in attesa di essere identificate e trasferite in altre isole.

    A tutta questa situazione il governo risponde attraverso la solita retorica del bisogno di un maggiore controllo migratorio. Le misure promesse dal ministro dell’interno Marlaska, riconfermato dopo le ultime elezioni, comprenderebbero anche un aereo della Guardia Civil che sorvoli costantemente le coste africane per identificare le partenze. Questo controllo non sarebbe funzionale ad attività di soccorso, come dimostrano i numerosi casi di omissione di soccorso da parte delle autorità spagnole denunciati da Caminando Fronteras, di cui uno documentato il 20 giugno scorso dall’emittente radio CadenaSER 1.

    Una volta in più assistiamo a come le politiche di controllo, non potendo fermare le migrazioni, siano solamente un dispositivo funzionale alla criminalizzazione e al confinamento delle persone migranti, e di come si rivelino uno strumento di violenza che provoca ogni anno la morte di migliaia di persone che potevano invece essere salvate. I tentativi di insabbiamento di queste morti da parte del governo spagnolo dimostrano la disumanità con cui vengono gestite le frontiere e l’opportunismo politico con cui i governi europei rigirano a proprio favore queste tragedie, di cui sono i responsabili, per mettere in campo nuovi strumenti per la persecuzione delle persone migranti.

    1. Está dentro de la zona SAR nuestra”: la SER accede a las grabaciones de Salvamento Marítimo del último naufragio en la ruta canaria, Cadenaser (22 giugno 2022): https://cadenaser.com/nacional/2023/06/22/esta-dentro-de-la-zona-sar-nuestra-la-ser-accede-a-las-grabaciones-de-sal

    https://www.meltingpot.org/2023/11/aumento-di-arrivi-alle-canarie-dallinizio-dellanno-sono-gia-piu-di-1-000

    J’avais loupé ce protocole raciste:

    Dal 2018 esiste infatti un protocollo specifico per il salvataggio delle persone che naufragano a bordo delle pateras, diverso dal protocollo di salvataggio per il resto delle persone che si trovano a rischio in mare.

    Questo protocollo è fortemente deficitario in termini di mezzi e di azione, ciò obbliga gli operatori e le operatrici di Salvamento marítimo a una differenziazione di tipo razzista nelle operazioni di salvataggio.

    –-> deepl translation:

    « En effet, depuis 2018, il existe un protocole spécifique pour le sauvetage des naufragés à bord des pateras, qui diffère du protocole de sauvetage du reste des personnes en danger en mer.

    Ce protocole est gravement déficient en termes de moyens et d’action, ce qui oblige les opérateurs du Salvamento marítimo à une #différenciation_raciale dans les opérations de sauvetage. »

    #route_atlantique #asile #migrations #réfugiés #Canaries #îles_Canaries #statistiques #chiffres #Sénégal #répression #Caminando_Fronteras #Macky_Sall #cayucos #Kafountine #Hierro #mourir_en_mer #frontières #morts #décès #mortalité #secours #pateras #Salvamento_marítimo #racisme #sauvetage_différencié #contrôles_frontaliers

  • War-related sexual and gender-based violence in Tigray, Northern Ethiopia: a community-based study

    Introduction. #Sexual_and_gender-based_violence (#SGBV) during armed conflicts has serious ramifications with women and girls disproportionally affected. The impact of the conflict that erupted in November 2020 in Tigray on SGBV is not well documented. This study is aimed at assessing war-related SGBV in war-affected Tigray, Ethiopia.

    Methods: A community-based survey was conducted in 52 (out of 84) districts of Tigray, excluding its western zone and some districts bordering Eritrea due to security reasons. Using a two-stage multistage cluster sampling technique, a total of 5171 women of reproductive age (15-49 years) were randomly selected and included in the study. Analysis used weighted descriptive statistics, regression modelling and tests of associations.

    Results: Overall, 43.3% (2241/5171) of women experienced at least one type of gender-based violence. The incidents of sexual, physical and psychological violence, and rape among women of reproductive age were found to be 9.7% (500/5171), 28.6% (1480/5171), 40.4% (2090/5171) and 7.9% (411/5171), respectively. Of the sexual violence survivors, rape accounted for 82.2% (411/500) cases, of which 68.4% (247) reported being gang raped. Young women (aged 15-24 years) were the most affected by sexual violence, 29.2% (146/500). Commonly reported SGBV-related issues were physical trauma, 23.8% (533/2241), sexually transmitted infections, 16.5% (68/411), HIV infection, 2.7% (11/411), unwanted pregnancy, 9.5% (39/411) and depression 19.2% (431/2241). Most survivors (89.7%) did not receive any postviolence medical or psychological support.

    Conclusions: Systemic war-related SGBV was prevalent in Tigray, with gang-rape as the most common form of sexual violence. Immediate medical and psychological care, and long-term rehabilitation and community support for survivors are urgently needed and recommended.

    Keywords: community-based survey; health policy; injury; public health.

    https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37479499

    #viols #viol_de_guere #Tigray #Ethiopie #guerre #conflit_armé #femmes #filles #genre #article_scientifique #statistiques #chiffres

    Un article du Washington Post sur ce sujet (#paywall):
    https://www.washingtonpost.com/world/2023/11/26/ethiopia-tigray-rape-survivors-stigma

  • Rapporto Italiani nel Mondo 2023

    Il Rapporto Italiani nel Mondo giunge, nel 2023, alla diciottesima edizione. Vi hanno partecipato autori e autrici che, dall’Italia e dall’estero, hanno lavorato a diversi saggi articolati in quattro sezioni: Flussi e presenze; Riflessioni su mobilità e ritorno; Speciale “diversamente presenti e ri-presenti”; Allegati socio-statistici. L’edizione di quest’anno è dedicata ai temi della mobilità e del ritorno. Partendo dall’analisi di un’Italia sempre più fragile a causa della longevità e dello spopolamento dei suoi territori, si è cercato di capire se, nonostante la strutturalità della mobilità italiana del passato e di oggi, il ritorno ha ancora un impatto importante dal punto di vista quantitativo e qualitativo.

    Lo Speciale 2023 entra nello specifico della dimensione territoriale. Attraverso venti diversi saggi sulle altrettante realtà regionali italiane, diversi autori e autrici sono stati chiamati a descrivere quanto e come il tema del ritorno fa parte e si manifesta oggi nella storia e nell’identità delle singole esperienze territoriali. Si parla del passato e di oggi, di personaggi rientrati e imperi ricostruiti, di ricchezze riportate in patria, di presenze e testimonianze del legame con l’emigrazione. Nel volume si descrive anche il ritorno che si manifesta non come presenza fisica, ma come segni depositati nella quotidianità: innesti linguistici, nuove tradizioni, usi e costumi, persino una pastorale nuova realizzata a seguito del rientro in Italia di missionari italiani che hanno sperimentato i rischi, le fragilità, nonché le opportunità e le risorse della migrazione.

    Il volume raccoglie le analisi socio-statistiche delle fonti ufficiali, nazionali e internazionali, più accreditate sulla mobilità dall’Italia. La trattazione di questi temi procede a livello statistico, di riflessione teorica e di azione empirica attraverso indagini quali-quantitative.

    https://www.migrantes.it/rapporto-italiani-nel-mondo-2023

    Ce graphique du nombre d’Italien·nes dans le monde :

    L’Italia fuori dei confini nazionali è costituita oggi da circa 6 milioni di cittadini e cittadine. L’analisi dei numeri incrocia la storia del Rapporto Italiani nel Mondo della Fondazione Migrantes la cui prima edizione risale a diciotto anni fa. Una presenza cresciuta dal 2006 del +91%. Le italiane all’estero sono praticamente raddoppiate (99,3%), i minori sono aumentati del +78,3% e gli over 65 anni del +109,8%. I nati all’estero sono cresciuti, dal 2006, del +175%, le acquisizioni di cittadinanza del +144%, le partenze per espatrio del +44,9%, i trasferimenti da altra AIRE del +70%.

    #Italie #statistiques #migrations #chiffres #émigration #rapport #migrants_italiens

    –—

    ajouté à la métaliste « Les Italiens quittent en masse leur pays, mais on n’en parle pas... »
    https://seenthis.net/messages/762801

  • #Bilan annuel des transports #2022 : Quelle est la place du vélo en France ?

    Le bilan annuel des #transports 2022 vient d’être publié et révèle des chiffres en hausse pour le vélo avec une augmentation de 31% du nombre de passages enregistrés par rapport à 2019 (8% par rapport à 2021).

    Le succès du #vélotaf selon les #villes

    Parmi les personnes se déplaçant pour travailler (15 à 74 ans avec un emploi ou en apprentissage, hors Mayotte), 3,4% (soit plus de 903 000 personnes) ont privilégié le vélo, marquant une progression par rapport à 2019 (2,5%). Grenoble reste la ville leader dans l’utilisation du vélo pour le #trajet_professionnel (22,1% en 2022), suivie de près par Bordeaux et Strasbourg (20,0%).

    Une pratique à l’épreuve du genre et des groupes sociaux

    Les #hommes (3,9%) adoptent davantage cette pratique que les #femmes (2,9%). Les cadres sont les plus cyclistes parmi les #catégories_socioprofessionnelles : 6,4% d’entre eux adoptent le vélo quotidiennement.

    Le #schéma_national en bonne voie

    Au 1er janvier 2023, 20 755 kilomètres du schéma national sont ouverts sur les 26 115 km prévus d’ici 2030, soit une réalisation de 79,5%. En France, le schéma #EuroVelo est achevé à 94,7%.


    Source : Vélo & Territoires

    Le vélo, un marché toujours en essor

    En ce qui concerne les ventes de vélos, le #marché du cycle a atteint 2,378 milliards d’euros en 2022, avec une croissance de 7%. Les ventes de vélos à assistance électrique (VAE) ont augmenté de 12%, représentant 28% des ventes en volume et 61% en valeur.

    En 2022, le nombre de vélos marqués et enregistrés dans le #FNUCI (#fichier_national_unique_des_cycles_identifiés) s’élevait à 2,1 millions, offrant une nouvelle mesure de lutte contre le vol.

    Des chiffres qui appellent à aménager pour sécuriser les cyclistes

    En 2022, le nombre global d’#accidents impliquant des vélos a légèrement diminué par rapport à l’année précédente, restant élevé à 5 591 contre 5 665 en 2021. 245 personnes ont perdu la vie dans des accidents de vélo en 2022. Parallèlement, le nombre de cyclistes blessés a connu une baisse, avec 5 130 personnes blessées en 2022, soit 145 de moins qu’en 2021 (-2,7 %). Un défi reste à relever : continuer de développer l’usage du vélo sans que les statistiques de la #sécurité_routière augmentent proportionnellement à l’usage. Entre 2017 et 2022, le taux de croissance annuelle moyen est de 7,2 % pour le nombre de cyclistes morts et 4,1 % pour les cyclistes blessés, dans le cadre d’un accident.

    https://villes-cyclables.org/ressources/les-actualites/bilan-annuel-des-transports-2022-quelle-est-la-place-du-velo-en-fr

    #rapport #mobilité #vélo #chiffres #statistiques #urban_matters #urbanisme #genre #classes_sociales #sécurité

  • Europe : la #pollution aux #particules_fines a tué 253 000 personnes en 2021, selon un #rapport

    Le chiffre est en hausse par rapport à l’année 2020, au cours de laquelle 238 000 personnes sont mortes prématurément des mêmes causes, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement.
    La pollution de l’air aux particules fines a provoqué le #décès de 253 000 personnes dans l’Union européenne en 2021, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) publié vendredi 24 novembre. Un chiffre en hausse comparé à l’année 2020, au cours de laquelle 238 000 personnes étaient mortes prématurément des mêmes causes.

    L’augmentation constatée entre les deux années s’explique par une exposition accrue aux polluants et par une légère hausse de la mortalité européenne, essentiellement due au Covid-19, explique l’AEE. La tendance reste cependant largement positive sur un plus long terme : entre 2005 et 2021, le nombre de décès prématurés imputables aux particules fines a diminué de 41%, souligne l’étude.

    En dépit des « grands progrès » réalisés ces dernières années, « l’impact de la pollution de l’air sur notre #santé reste encore trop élevé », relève la directrice exécutive de l’AEE, Leena Ylä-Mononen, citée dans le communiqué. La #pollution_atmosphérique demeure le principal #risque_environnemental pour la santé des Européens (suivie d’autres facteurs tels que l’exposition au bruit, aux produits chimiques et aux effets croissants sur la santé des vagues de chaleur liées au climat), causant des #maladies_chroniques et des décès, en particulier dans les #villes et les zones urbaines.

    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/europe-la-pollution-aux-particules-fines-a-tue-253-000-personnes-en-202
    #pollution #pollution_de_l'air #qualité_de_l'air #chiffres #statistiques #mortalité #Europe #urban_matters

    ping @reka

    • Les niveaux de pollution atmosphérique restent trop élevés en Europe et constituent le principal risque environnemental pour la santé

      La pollution atmosphérique en Europe reste nettement supérieure aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce qui représente une menace considérable pour notre santé. Selon la dernière évaluation de l’impact de la qualité de l’air sur la santé de l’#Agence_européenne_pour_l’environnement (#AEE), qui a été publiée aujourd’hui, 253,000 décès auraient pu être évités dans l’Union européenne (UE) si les concentrations de particules fines avaient respecté les recommandations de l’OMS. Selon de nouvelles estimations concernant les #incidences_sanitaires de la pollution atmosphérique, l’exposition à la pollution atmosphérique provoque ou aggrave certaines maladies telles que le cancer du poumon, les maladies cardiaques, l’asthme et le diabète.

      https://www.eea.europa.eu/fr/highlights/les-niveaux-de-pollution-atmospherique

    • La pollution de l’air a causé plus de 300 000 décès en Europe en 2021
      Une véritable hécatombe. Selon une analyse de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) publiée le 24 novembre, au moins 253 000 décès au sein de l’Union européenne en 2021 sont imputables à une exposition à une pollution par les particules fines (PM2,5) supérieure à la concentration de 5 µg/m³ recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La pollution par le dioxyde d’azote a quant à elle entraîné 52 000 décès prématurés sur le continent ; l’exposition à court terme à l’ozone, 22 000.

      Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche, voit dans ces chiffres une « piqûre de rappel » : « La pollution atmosphérique reste le premier problème de santé environnementale dans l’UE. » Même si le nombre de décès imputables aux particules fines au sein de l’Union a chuté de 41 % depuis 2005, il faut selon lui « redoubler d’efforts et réduire davantage les niveaux de pollution ».

      https://reporterre.net/La-pollution-de-l-air-a-cause-plus-de-300-000-deces-en-Europe-en-2021

  • Les ménages les plus aisés ont échappé au piège de l’inflation, pas les plus modestes

    L’#Insee publie deux études qui permettent de mesurer l’impact de l’inflation sur le niveau de vie. Conséquence d’une #politique_antiredistributive du gouvernement, les 10 % les plus aisés sont les seuls à avoir vu leur capacité d’acheter progresser.

    LaLa France a connu en 2022 le plus fort taux d’inflation depuis le milieu des années 1980, avec un niveau moyen de 5,2 %. Cette accélération de la hausse des prix est souvent difficile à traduire en termes d’impact sur le niveau de vie, car le taux d’inflation concerne un panier moyen assez éloigné de la réalité des dépenses quotidiennes des ménages. De même, il est parfois difficile de saisir la réalité de l’évolution des revenus qui viendrait compenser cette hausse des prix.

    Deux études de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiées jeudi 23 novembre dans le cadre de son « Portrait social de la France » annuel tentent néanmoins de saisir le phénomène. La première décrypte l’impact sur les niveaux de vie des mesures sociofiscales, c’est-à-dire des mesures prises par le gouvernement sur le plan des allocations, exceptionnelles ou non, et des changements fiscaux. La seconde tente d’établir un état des lieux de l’évolution du niveau de vie en 2022 en estimant l’impact de l’évolution des différents types de revenu.

    Cela ne surprendra personne, mais le résultat de cette dernière étude confirme la baisse majeure du niveau de vie en France en 2022. Selon l’Insee, les mesures sociofiscales et l’évolution des revenus n’ont, en moyenne, compensé que 90 % de la hausse estimée des dépenses liées à l’inflation. C’est-à-dire que les revenus ont augmenté 10 % en deçà de la hausse des dépenses.

    Mais la facture n’a pas été la même pour tout le monde. Pour 80 % des Français, l’impact négatif est plutôt compris entre 15 % et 20 %, et plutôt proche de 20 %. Mais pour les 10 % qui bénéficient des revenus les plus élevés, l’année 2022 a été une année où les revenus ont dépassé de 10 % la hausse des prix.

    Autrement dit, l’inflation a encore creusé les inégalités réelles. Cette vérité est d’autant plus dure que pour les plus modestes, la compensation n’est liée qu’à des mesures ponctuelles, alors que pour les plus riches, ce sont les revenus primaires qui ont augmenté.
    Les effets des mesures gouvernementales

    Pour comprendre le phénomène, il faut revenir à l’impact de la hausse des prix sur les dépenses des ménages. L’Insee a travaillé sur l’hypothèse d’une stabilité des comportements, autrement dit sur une structure stable des dépenses. Dans les faits, bien sûr, l’inflation conduit à des changements de comportement de consommation. Mais l’idée ici est de comparer l’effet de l’inflation de 2022 sur le niveau de vie de 2021, l’hypothèse est donc cohérente.

    L’Institut estime que le renchérissement de ces dépenses s’élève en moyenne à 1 320 euros sur 2022. Mais là encore, la situation n’est pas la même selon le niveau de revenu. Si les plus riches ont une facture plus élevée en euros courants, ce qui est logique puisqu’ils consomment davantage, l’impact de cette hausse est beaucoup plus faible. Ainsi, les Français qui ont les 10 % des revenus les plus hauts ont vu leur niveau de vie amputé par l’inflation de 3,6 %. Mais pour ceux qui ont les revenus les 10 % les plus bas, cet impact négatif est de 7,4 %, soit plus du double.

    En face, deux sources de revenu sont venues compenser cette dégradation : d’un côté la politique sociofiscale, de l’autre l’effet des revenus primaires, c’est-à-dire l’effet des revenus du travail et du patrimoine.

    Sur le premier terrain, le gouvernement a multiplié les mesures ponctuelles comme le chèque énergie, la prime exceptionnelle de rentrée, l’indemnité inflation ou la revalorisation anticipée de certaines prestations. À cela se sont ajoutées quelques mesures pérennes de revalorisation, notamment celle de l’allocation pour les familles monoparentales ou la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé. Enfin, il y a eu la dernière phase de la suppression de la taxe d’habitation, imposée à l’État après sa décision de supprimer cette taxe pour les classes moyennes lors du premier quinquennat.

    Toutes ces mesures ont coûté 5,7 milliards d’euros en termes nets et, logiquement, elles ont d’abord profité aux plus modestes. Cumulées, elles ont apporté 190 euros supplémentaires par ménage en moyenne, mais l’effet est de 360 euros pour le premier décile de revenus (les 10 % qui ont les revenus les plus bas), soit un effet positif de 3,4 % sur leur niveau de vie. On voit qu’on est loin de la hausse des dépenses.

    A contrario des autres mesures sociofiscales, qui ont logiquement moins d’effet à mesure que le revenu augmente, la fin de la taxe d’habitation, qui concerne les 20 % de la population aux revenus les plus élevés, a, elle, permis d’ajouter 0,4 % de niveau de vie à cette seule population. Ce qui a un effet intéressant : l’effet des mesures sociofiscales sur les hauts revenus est, au total, plus important que pour les classes moyennes supérieures (les 30 % de la population dont les revenus sont supérieurs à la moyenne, mais inférieurs aux 20 % les plus riches).
    Des revenus du travail en faible progression

    Le deuxième élément clé pour saisir l’évolution du niveau de vie est celui des revenus primaires. Pour les plus modestes, l’essentiel des revenus est lié au salaire. Plus on s’élève dans la hiérarchie sociale, plus la part des revenus du patrimoine (immobilier, produits financiers divers, dividendes) augmente.

    Ce que montre l’étude de l’Insee, c’est que l’évolution des salaires a été très éloignée de celle des prix. Ils n’ont en effet augmenté le niveau de vie qu’entre 1,5 % et 2 % en moyenne, bien loin, par conséquent, des effets inflationnistes. Et là encore, ce sont les plus modestes qui en ont le moins profité.

    Pour les plus aisés, notamment les 10 % de la population aux revenus les plus élevés, l’augmentation des salaires n’a pas été très élevée en termes de niveau de vie. Mais elle est plus que compensée par l’augmentation des revenus du patrimoine. Cette dernière représente pour ces 10 % pas moins de 970 euros en moyenne, soit 1,5 % du niveau de vie. Pour les 90 % de la population restante, l’effet des revenus du patrimoine est en moyenne de 150 euros, soit entre 0,5 et 0,8 % du niveau de vie.

    Cette situation n’est pas étonnante, et elle est le fruit d’un phénomène de long terme en partie explicable par la stratégie du gouvernement de supprimer en 2018 l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et d’introduire un niveau maximal d’imposition sur les revenus du capital à 30 % (c’est le prélèvement forfaitaire unique ou PFU). Cela a conduit une partie des individus aisés à faire basculer leur revenu du salaire vers le dividende, plus intéressant fiscalement. C’est ce qui explique aussi l’écart de performance entre ces deux types de revenu.

    Au total, l’effet de l’évolution des revenus est très faible pour les plus modestes : ils ne compensent qu’à 25 % la hausse du prix des dépenses pour les 10 % aux revenus les plus faibles. Mais les plus aisés, eux, sont bien protégés : les 10 % aux revenus les plus élevés voient leurs revenus primaires compenser à 95 % la hausse de leurs dépenses liées à l’inflation.

    C’est ainsi que l’on en arrive au résultat final : malgré un effort de compensation important de l’État, les plus modestes restent les plus grandes victimes de l’inflation, tandis que les plus aisés, eux, gagnent sur tous les tableaux : hausse des revenus primaires grâce aux revenus du patrimoine et surplus de revenu grâce à la suppression de la taxe d’habitation.

    Il convient de le souligner : si les plus aisés voient leurs revenus augmenter plus vite que leurs dépenses, c’est certes grâce aux revenus du patrimoine, mais aussi et surtout à cause de cette suppression de la taxe d’habitation, qui est une mesure antiredistributive. Or, si le Conseil d’État a contraint le gouvernement à supprimer l’ensemble de cette taxe, rien n’empêchait ce même gouvernement de trouver des mesures compensatoires pour ne pas favoriser les revenus des plus aisés tout en appauvrissant la puissance publique et sa capacité de redistribution.

    Ce résultat est d’autant plus préoccupant que les plus modestes doivent principalement compter sur des mesures provisoires qui les laissent à la merci du bon vouloir de l’État, tandis que les plus riches, eux, peuvent s’appuyer pour leurs revenus sur des mesures pérennes (fin de la taxe d’habitation, baisse de l’impôt sur le capital).

    Si donc on réfléchit aux effets durables de l’inflation, il est important de noter, puisque les prix ne baisseront pas, que la perte de niveau de vie des Français sera durable. Le décalage entre le niveau des prix et les revenus va rester constant, faute de dynamique des revenus du travail et compte tenu du retrait des mesures anti-inflationnistes, qui ne prennent pas en compte cet aspect durable. Les plus riches, eux, peuvent se réjouir puisque l’amélioration de leur sort, déjà très favorable, sera encore plus notable avec le ralentissement des prix.
    La responsabilité du gouvernement

    Derrière ces chiffres déjà désastreux, il y a une réalité encore plus dure. Pour les ménages les plus modestes, les revenus du travail sont insuffisants et les revenus sociaux sont incertains, et même souvent menacés. La politique d’attaques contre les allocations-chômage en 2023 en a apporté la preuve formelle : le gouvernement n’est pas un garant fiable de l’évolution future de leur niveau de vie.

    On notera d’ailleurs que, malgré les « chèques énergie » et autres « indemnités inflation », les ménages les plus exposés aux dépenses importantes d’énergie et de carburant ont été les plus touchés. Le niveau de vie des ménages ruraux est ainsi plus dégradé que celui des ménages de la région parisienne, qui, en moyenne, est plutôt stable.

    En réalité, la responsabilité gouvernementale dans la situation décrite par l’Insee est bien plus vaste. Emmanuel Macron l’avait annoncé dès sa conférence de presse du 14 juillet 2020 : il défend une politique de « modération salariale » en vue de favoriser les profits et l’accumulation du capital. Cette logique sous-tend l’ensemble des réformes du marché du travail, des retraites et de l’assurance-chômage menées depuis 2017. Et elle va se poursuivre, comme l’a confirmé le chef de l’État mardi 21 novembre.

    Il n’y a donc aucune surprise à ce que les revenus salariaux ne suivent pas les prix. Évidemment, l’autre conséquence de cette politique, c’est que l’État, pour tenter de modérer l’effet désastreux de sa propre politique, doit intervenir avec des mesures coûteuses mais forcément partielles. Mesures que ce même État fera payer aux plus modestes plus tard par une politique de dégradation de la redistribution et des services publics au nom de la « réduction de la dette », puisqu’il refuse toute hausse d’impôts.

    La boucle est bouclée. Ce refus de la redistribution fiscale est, comme on l’a vu, très favorable aux plus aisés sur le long terme. L’État apparaît alors comme un Don Quichotte économique, feignant de lutter contre un mouvement de fond. À cette différence près avec l’Hidalgo de la Mancha que c’est lui-même qui initie et soutient ce mouvement de fond.

    Les satisfecit continus du gouvernement se glorifiant des différentes mesures d’aides contre les effets de l’inflation ne peuvent donc pas dissimuler l’échec patent de sa stratégie. En donnant la priorité aux profits et aux rentes, il met à contribution le travail et expose les ménages modestes aux conséquences directes de l’inflation.

    Ainsi, l’effet de l’inflation, plus fort pour le bas de la distribution des revenus, n’est pas le fruit d’une force économique malheureuse et incontrôlable, elle est directement le produit d’une politique. Et de fait, la faiblesse de la hausse des revenus du travail face aux prix confirme l’importance de l’indexation salariale pour préserver le niveau de vie des travailleurs. Mais le gouvernement préfère protéger les revenus des plus riches, et c’est même le cœur de sa philosophie économique.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/231123/les-menages-les-plus-aises-ont-echappe-au-piege-de-l-inflation-pas-les-plu
    #redistribution #économie

    #pauvreté #richesse #riches #pauvres #inflation #statistiques #chiffres #France #fiscalité #niveau_de_vie

  • Emissions Gap Report 2023

    As greenhouse gas emissions hit new highs, temperature records tumble and climate impacts intensify, the Emissions Gap Report 2023: Broken Record – Temperatures hit new highs, yet world fails to cut emissions (again) finds that the world is heading for a temperature rise far above the Paris Agreement goals unless countries deliver more than they have promised. The report is the 14th edition in a series that brings together many of the world’s top climate scientists to look at future trends in greenhouse gas emissions and provide potential solutions to the challenge of global warming.

    https://www.unep.org/resources/emissions-gap-report-2023

    #CO2 #statistiques #chiffres #2023 #climat #changement_climatique #rapport #ONU

    • L’ONU alerte : les émissions de CO2 augmentent quand elles devraient baisser drastiquement

      Le programme de l’ONU pour l’environnement a publié son rapport annuel à quelques jours de la COP28. Pour #Laurence_Tubiana, négociatrice en chef de l’accord de Paris en 2015, cela montre la nécessité d’obtenir un « accord ambitieux » lors de la COP28.

      climat, en 2015, et le monde continue d’émettre beaucoup plus de CO2 que la biosphère ne peut en supporter. Nouvelle démonstration de l’écart grandissant entre ce qu’il faudrait faire et ce qui se passe en réalité : les chiffres vertigineux publiés dans le rapport annuel du programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) – à retrouver ici (en anglais) et là en version synthétique.

      Chaque année, cette agence onusienne publie une évaluation des écarts entre les objectifs de réduction affichés par les États et les réductions qu’ils devraient mettre en œuvre pour maintenir la hausse des températures à moins de 2 °C.

      « Ce ne sont plus des écarts mais de véritables canyons souillés de promesses brisées », a tristement ironisé António Guterres, secrétaire général des Nations unies, lundi 20 novembre. À dix jours de l’ouverture de la COP28, le sommet sur le climat à Dubaï, il a fustigé « la trahison des dirigeants » et appelé les chefs d’État et de gouvernement à arrêter de « faire du greenwashing [écoblanchiment] et de traîner les pieds ».

      Les engagements actuels mettent le monde sur la voie d’une hausse des températures de 2,5 à 2,9 °C d’ici la fin du siècle, selon le PNUE. La semaine dernière, l’ONU Climat avait publié une synthèse des plans d’action des 195 parties – 194 États plus l’Union européenne – signataires de l’accord de Paris : les stratégies climatiques des États, si elles sont respectées, mettent le monde sur une trajectoire d’élévation des températures estimée entre 2,1 et 2,8 °C.

      Pourquoi ? Les émissions mondiales de dioxyde de carbone ont encore augmenté, selon le PNUE : + 1,2 % entre 2021 et 2022. Ce taux peut paraître faible, mais il doit être mis en rapport avec le fait qu’elles devraient en réalité baisser fortement d’ici 2030 pour atténuer l’ampleur du changement climatique : de 28 % pour maintenir le cap des 2 °C, et même de 42 % pour contenir le réchauffement à 1,5 °C.

      C’est à la demande des pays les plus vulnérables que cet objectif beaucoup plus ambitieux avait été ajouté à l’accord de Paris, assorti déjà d’un conditionnel. Huit ans plus tard, la probabilité de l’atteindre n’est plus que de 14 %, même avec le scénario le plus optimiste.
      Volonté politique

      Dans ce contexte, les engagements des pays riches à atteindre zéro émission nette en 2050, c’est-à-dire à ne pas rejeter plus de CO2 dans l’atmosphère qu’ils ne peuvent en compenser, « ne sont pas actuellement crédibles », selon l’ONU, car « aucun pays du G20 ne réduit ses émissions à un rythme compatible avec cet objectif ».

      Laurence Tubiana, coordinatrice des négociations ayant mené à l’accord de Paris en 2015, et aujourd’hui à la tête de la fondation européenne pour le climat, réagit auprès de Mediapart : « Ce rapport, tout comme le Global Stocktake [la bilan mondial de l’action climatique, tenu par l’ONU Climat – ndlr], ne devrait pas nous surprendre. Nous savons que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour maintenir la hausse des températures en dessous de 1,5 °C, voire de 2 °C. »

      Et l’architecte de l’accord de la COP21 de poursuivre : « Nous savons aussi ce qu’il faut faire : obtenir un accord ambitieux lors de la COP28 sur la sortie des énergies fossiles ainsi que des plans climatiques nationaux (NDCs) plus ambitieux. Il existe une incompatibilité fondamentale entre les énergies fossiles et nos objectifs climatiques. Nous savons que la transition énergétique est technologiquement possible. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de volonté politique, et donc d’un texte final robuste lors de la COP28. »

      Alors que les derniers travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) indiquent que les émissions doivent être réduites de 43 % d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2019) pour rester sous la barre fatidique des + 1,5 °C, la « mise en œuvre intégrale » des feuilles de route de tous les pays n’entraînerait, au mieux, qu’une baisse des émissions de 5,3 % à cette échéance, selon l’ONU Climat.

      Le mois de septembre a été le plus chaud jamais enregistré, avec une moyenne des températures de 1,8 °C supérieure aux niveaux pré-industriels. En 2023, 86 jours les ont dépassés de 1,5 °C – en arrêtant le décompte début octobre.

      Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen cible elle aussi les industries des énergies fossiles : « Si l’on extrait le charbon, le pétrole et le gaz des mines et des champs d’extraction en activité ou en projet, cela consomme tout ce qu’il reste du budget carbone mondial pour rester sous la barre des 2 °C, et explose les limites correspondant à + 1,5 °C. Les gouvernements ne peuvent pas continuer à faire des promesses de baisse des émissions et en même temps autoriser d’énormes nouveaux projets fossiles. Cela met en péril la transition énergétique mondiale et le futur de l’humanité. »

      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/201123/l-onu-alerte-les-emissions-de-co2-augmentent-quand-elles-devraient-baisser

  • Selon #Oxfam, les 1 % les plus riches du monde émettent autant de #CO2 que les deux tiers des plus pauvres

    77 millions de fortunés émettent autant de gaz à effet de serre que les cinq milliards de personnes les plus pauvres de la planète, dénonce un rapport d’Oxfam publié dimanche 19 novembre.

    Le poids des plus riches pèse lourd dans la balance du dérèglement climatique. Selon un rapport d’Oxfam publié dimanche 19 novembre, les 1 % les plus riches de la planète, soit 77 millions de personnes, émettent autant de gaz à effet de serre que les deux tiers de la population la plus pauvre, soit environ cinq milliards de personnes. L’empreinte carbone de ces très riches s’est ainsi établie en 2019 à « 16 % des émissions mondiales », et a « occasionné 1,3 million de décès supplémentaires dus à la chaleur », chiffre le rapport.

    Si la lutte contre le changement climatique est un défi commun, certains en sont donc plus responsables que d’autres et les politiques gouvernementales doivent être adaptées en conséquence, a exhorté Max Lawson, coauteur du rapport publié par l’ONG de lutte contre la pauvreté. « Plus vous êtes riche, plus il est facile de réduire vos émissions personnelles et celles liées à vos investissements, selon lui. Vous n’avez pas besoin d’une troisième voiture, de quatrièmes vacances ou […] d’investir dans l’industrie du ciment. »

    Selon Oxfam, « les 50 % les plus pauvres sont responsables d’à peine 8 % des émissions mondiales de CO2 ». Parmi les autres principales conclusions, le rapport alerte aussi sur le fait que « depuis les années 1990, les 1 % des super-riches ont brûlé deux fois plus de budget carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité réunie ». Le seuil de revenu annuel pour faire partie des 1 % les plus riches a été ajusté par pays : aux Etats-Unis, le seuil est de 140 000 dollars, alors qu’il se fixe à environ 40 000 dollars au Kenya.
    Bernard Arnault émet 1 270 fois plus de gaz à effet de serre qu’un Français moyen

    Ces « inégalités extrêmes » n’épargnent pas la France, selon Oxfam. Si l’on exclut les émissions associées à ses investissements, Bernard Arnault, le PDG français du groupe de luxe LVMH, a une empreinte carbone 1 270 fois supérieure à celle d’un Français moyen. En 2019, le Français le plus riche du pays aurait ainsi émis près de 8 100 tonnes de CO2, contre 6,4 tonnes pour un Français moyen. Ces émissions de carbone dans l’atmosphère présentent des « conséquences dramatiques pour les pays et les communautés les plus pauvres – avec en première ligne les femmes et les enfants –, qui sont pourtant les moins responsables de la crise climatique », détaille l’ONG. Dans l’Hexagone, les 1 % les plus riches auraient émis autant de carbone en un an que les 50 % les plus pauvres en dix ans.

    « Nous pensons qu’à moins que les gouvernements n’adoptent une politique climatique progressiste, où les personnes qui émettent le plus sont invitées à faire les plus grands sacrifices, nous n’obtiendrons jamais de bonnes politiques dans ce domaine », a estimé Max Lawson. Cela pourrait consister à la mise en place d’un « ISF climatique » ; à « mettre fin aux niches fiscales climaticides comme celle sur le kérosène de l’aérien » ; ou encore à une « taxe sur les dividendes pour les entreprises ne respectant pas l’Accord de Paris ». Selon Oxfam, ces différentes mesures de fiscalité écologique pourraient engranger « 50 milliards d’euros de recettes par an à la France ».

    Intitulée « L’égalité climatique : une planète pour les 99 %», cette étude, la plus complète jamais réalisée sur l’inégalité climatique mondiale, s’appuie sur des recherches compilées par l’Institut de l’environnement de Stockholm et analyse les émissions liées à la consommation associées à différentes catégories de revenus jusqu’en 2019. Selon elle, « l’accroissement des inégalités » et le « dérèglement climatique » se présentent comme « deux crises entrelacées, fusionnées, et [qui] s’alimentent mutuellement ». Un cercle vicieux qui doit cesser au plus vite.

    https://www.liberation.fr/environnement/climat/selon-oxfam-les-1-les-plus-riches-du-monde-emettent-autant-de-co2-que-les

    #classes_sociales #climat #changement_climatique #rapport #riches #richesse #chiffres #statistiques

    • Les inégalités des émissions en 2030 : L’empreinte carbone par habitant et l’objectif de 1,5⁰C

      Les inégalités des émissions en 2030 : L’empreinte carbone par habitant et l’objectif de 1,5⁰C
      En 2030, on estime que les 1 % les plus riches de la planète auront une empreinte carbone par habitant 30 fois supérieure à celle compatible pour limiter le réchauffement à 1,5°C, objectif inscrit dans l’Accord de Paris. En revanche, l’empreinte carbone de la moitié la plus pauvre de l’humanité restera bien en-dessous de ce seuil. D’ici à 2030, les 1 % les plus riches représenteront une part encore plus importante des émissions mondiales de CO2 qu’au moment de la signature de l’Accord de Paris. S’attaquer aux inégalités extrêmes et identifier les émissions excessives liées à la consommation et aux investissements des personnes les plus riches du monde est crucial pour maintenir en vie l’objectif de 1,5°C.

      https://policy-practice.oxfam.org/fr/resources/les-inegalites-des-emissions-en-2030-lempreinte-carbone-par-h

      #oxfam

  • Deutlich mehr Angriffe auf Geflüchtete als 2022

    Angriffe auf Geflüchtete und Unterkünfte in Deutschland haben 2023 im Vergleich zum Vorjahr stark zugenommen - das geht aus einer Antwort der Bundesregierung hervor. Die Linkspartei fordert einen besseren Schutz für Flüchtlinge.

    Die Zahl der Angriffe auf Flüchtlinge, Asylbewerber und ihre Unterkünfte hat deutlich zugenommen. In den ersten neun Monaten dieses Jahres gab es bereits mehr solcher Attacken als im gesamten Vorjahr, heißt es in einer Antwort der Bundesregierung auf eine Anfrage der Linksfraktion. Den Angaben zufolge wurden in den ersten drei Quartalen dieses Jahres 1515 solcher Angriffe gezählt, nach 1371 Angriffen im gesamten Jahr 2022.

    Wie die Nachrichtenagentur dpa aus der Statistik zitiert, wurden Flüchtlingsunterkünfte im dritten Quartal in 30 Fällen Tatort oder Angriffsziel einer politisch motivierten Straftat. In drei dieser Fälle ging es demnach um Gewaltdelikte. Der größte Teil der Angriffe auf Unterkünfte - 23 Straftaten - wurde von der Polizei der rechten Szene zugeordnet.

    Aktuelle Asyldebatte als Grund für vermehrte Übergriffe?

    Auch bei 375 von 417 in diesem Zeitraum registrierten politisch motivierten Straftaten außerhalb von Unterkünften, die sich gegen Asylbewerber oder anerkannte Flüchtlinge richteten, geht die Polizei von einem rechts motivierten Delikt aus. 19 Straftaten entfielen demnach auf den Phänomenbereich „ausländische Ideologie“, zwei wurden als links motiviert eingeordnet. Bei einigen blieb der Hintergrund unklar. In insgesamt 55 Fällen war Gewalt im Spiel.

    „Tagtäglich werden in Deutschland Geflüchtete angegriffen, gedemütigt und angefeindet“, sagte die Linken-Abgeordnete Clara Bünger. Bund und Länder müssten dringend geeignete Schutzkonzepte erarbeiten und umsetzen. Bünger sieht einen Grund für die Zunahme der Angriffe in der aktuellen Debatte über Asylfragen. Diese bereitet ihrer Ansicht nach „den Boden für rassistische Mobilisierungen auf der Straße und Gewalttaten gegen Geflüchtete“.

    https://www.tagesschau.de/inland/uebergriffe-gefluechtete-100.html
    #attaques #Allemagne #anti-réfugiés #racisme #xénophobie #statistiques #chiffres #2023

    ping @_kg_

  • La #pauvreté s’insinue dans la vie des #femmes_âgées

    Le #rapport sur « l’état de la pauvreté 2023 » publié mardi 14 novembre par le #Secours_catholique montre que la pauvreté s’aggrave en France. Elle frappe en premier lieu les #mères_isolées mais aussi les #femmes_seules, et notamment celles de plus de 55 ans. #Témoignages.

    FontenayFontenay-le-Comte (Vendée).– Alors qu’elle déguste une salade de pommes de terre aux œufs et au thon dans la grande salle d’accueil du Secours catholique de Fontenay-le-Comte, en Vendée, Christiane grimace. La septuagénaire a la bouche criblée d’aphtes, favorisés par certains aliments. La faute aux noix et au chocolat qu’elle a reçus dans son colis des Restos du cœur. Mais elle n’a plus le choix, son alimentation est conditionnée par l’aide alimentaire. Elle n’aurait jamais imaginé en arriver à cette extrémité.

    Dix jours avant la fin du mois, Christiane n’a plus rien. Même pas de quoi se payer ses cigarettes, qui la « font tenir ». Assise à côté d’elle, Nathalie, 61 ans, raconte avoir perdu quatre kilos en quelques mois. Les repas sont frugaux et ses soucis financiers lui coupent l’appétit.

    Un karaoké se prépare non loin d’elles, dans la même salle. Une première pour distraire les bénéficiaires et bénévoles de cette antenne du Secours catholique qui arrivent peu à peu.

    Les parcours de Christiane et Nathalie témoignent d’une aggravation de la pauvreté, surtout chez les femmes, alerte le Secours catholique dans son rapport annuel publié mardi 14 novembre. Les mères isolées sont surreprésentées, suivies des femmes seules, démontre l’association.

    L’étude se fonde sur environ 50 000 fiches renseignées par les personnes accueillies en 2022. De fait, la précarité féminine a régulièrement augmenté ces vingt dernières années. Les femmes représentent désormais 57,5 % des personnes rencontrées par l’association, contre 52,6 % en 1999. Les mères isolées représentent 25,7 % des bénéficiaires. 20,9 % sont des femmes seules.

    Les femmes isolées âgées de plus de 55 ans sont elles aussi de plus en plus nombreuses à solliciter une aide, peut-on lire dans le rapport : « Ces femmes rencontrent des situations de précarité singulières, notamment dues à l’isolement qu’elles subissent. Elles n’ont pas les ressources pour faire face aux charges qu’elles doivent supporter, souvent seules. » Ce qui témoigne « d’une précarisation des adultes isolés vieillissants, éloignés du marché du travail ou dont les faibles pensions de retraite sont insuffisantes pour mener une vie décente ».

    Élodie Gaultier, responsable du secteur Sud-Vendée pour le Secours catholique, confirme que les personnes accueillies sont principalement des femmes.

    Dans le département, plus de 14 000 foyers sont soutenus par le Secours catholique. « Les profils que nous croisons ici sont souvent des personnes qui ont plus de 50 ans. Elles peuvent se retrouver seules parce qu’elles sont veuves ou divorcées. D’autres ont toujours été célibataires. »

    Certaines sont si isolées qu’elles ne viennent pas seulement pour obtenir une aide matérielle. « Elles viennent aussi parce qu’elles sont seules et qu’elles ont besoin de discuter. J’avais rencontré une personne dont je n’entendais presque pas le son de la voix parce qu’elle n’avait plus l’habitude de parler à d’autres personnes… » La fracture numérique isole aussi, ajoute Élodie Gaultier. Et la hausse des prix de l’alimentation (6,8 % en 2022) fragilise les foyers modestes.

    Lorsqu’elle était active, Christiane était comptable dans plusieurs entreprises. Elle a élevé seule sa fille, sans aucune aide. Mais elle n’a pas été rémunérée à la hauteur de son travail et le ressent comme une injustice cruelle. « Je me suis fait exploiter parce qu’on ne m’a jamais fait cotiser une retraite de cadre alors que j’avais toutes les responsabilités de l’entreprise sur mon dos. Les heures, je ne les comptais pas non plus. Je ne voyais pas le problème financier à ce moment-là, mais c’est un tort. Maintenant j’en paye les pots cassés. »

    La septuagénaire touche 1 200 euros de retraite, juste en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian, soit environ 1 210 euros par mois. Plusieurs dépenses l’accablent, dont l’énergie, en forte hausse (+ 23,1 %).

    Son chauffage électrique consomme beaucoup, malgré les travaux d’isolation réalisés par son propriétaire. Elle a dû s’acquitter de 1 000 euros de régularisation en fin d’année alors qu’elle paye déjà 146 euros par mois. La Caisse d’allocations familiales lui a avancé la somme, qu’elle finit de rembourser.

    Avec un loyer de 500 euros et d’autres dépenses incompressibles, Christiane suffoque. Elle a contracté auprès d’Emmaüs un autre prêt sans intérêt, de 1 500 euros, prélevé à hauteur de 43 euros par mois pour encore un an et demi. La retraitée devait absolument s’acheter une voiture. Être véhiculée est indispensable dans cette zone rurale, même si Christiane l’utilise le moins possible en raison du prix de l’essence.

    Nathalie, la sexagénaire énergique, a été maîtresse de maison dans un foyer pour adultes handicapés, physiques et mentaux. Elle aimait se rendre utile. Il y a trois ans, elle a été placée en invalidité en raison de plusieurs pathologies chroniques.

    Aujourd’hui, elle touche une pension d’invalidité et une rente d’invalidité versée par la mutuelle de son ancien employeur, soit 860 euros. « Il me reste 180 euros pour acheter de quoi manger, de quoi me nourrir, de quoi bouger. Et pour la moindre chose qu’on doit faire, les courses ou les rendez-vous médicaux, il faut la voiture. Ça coûte cher. »

    Sa dernière fille, âgée de 20 ans, a quitté le domicile familial il y a quelques mois. Nathalie l’a déclaré, son aide pour le logement (APL) a été recalculée. Elle a reçu une notification de dette. « Le mot fait peur, je leur dois 200 euros. »

    Nathalie paye plus de 450 euros de loyer pour sa maison à l’écart de tout, dans une commune du Marais poitevin. Elle va devoir déménager en janvier, faute de moyens, dans un appartement moins spacieux, « de 80 m2 à 45 m2 ». Elle est en plein dans le tri. C’est difficile. Il n’y a pas de garage, pas de cave, rien pour stocker. « J’ai beaucoup pleuré, je suis quelqu’un qui essaie d’aller de l’avant pour ne pas sombrer parce que c’est facile de sombrer. »
    « Pas toute seule dans cette situation »

    Si Christiane compte le moindre centime, c’est parce qu’elle s’est trouvée en surendettement, sans chéquier, ni carte bleue mais avec une carte de retrait plafonnée. Elle n’a pas droit au découvert. Il y a quelques années, elle s’est associée avec une personne pour de l’immobilier mais l’entreprise a mal tourné.

    L’ancienne comptable s’est retrouvée à assumer seule des dettes importantes. Elle a dû vendre la maison qu’elle avait fait construire « pour être tranquille à la retraite, pour ne pas avoir de loyer, justement ». Elle s’est « privée de vacances pour payer la maison ». Depuis six ans, elle loue son ancienne maison.

    Un crève-cœur. Comme de devoir se tourner vers le Secours catholique et l’aide alimentaire. « C’est très difficile, parce qu’on se sent descendue très, très bas. Pour l’amour propre, c’est très humiliant. » Elle fréquente l’épicerie solidaire de l’association et les Restos du cœur.

    –—

    Le rapport annuel du Secours catholique en quelques chiffres

    En 2022, le Secours catholique a accueilli 1 027 500 personnes dans 2 400 lieux dédiés, grâce à 3 500 équipes locales et 60 000 bénévoles. Un chiffre en nette augmentation (près d’un tiers) par rapport aux 780 000 bénéficiaires de 2021.

    Leur niveau de vie médian a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établit à 538 euros par mois, soit 18 euros par jour, pour subvenir à tous leurs besoins, dont le logement.

    25,7 % des ménages rencontrés au Secours catholique sont des mères isolées. 20,9 % sont des femmes seules.

    Une femme sur dix accueillie au Secours catholique a plus de 55 ans.

    Près de 30 % des femmes vivent dans un logement précaire.

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    Le Secours catholique a permis à Nathalie et Christiane de partir en séjour une semaine à Lourdes, dans les Pyrénées, en septembre. Elles en conservent un souvenir ému. Cela leur a permis retrouver une forme de sociabilité, avec des personnes qui les comprennent. « Je me suis aperçue que je n’étais pas toute seule dans cette situation », confirme Christiane.

    La pauvreté s’insinue partout et empêche tout. Nathalie a réussi à faire baisser à 100 euros sa facture d’électricité mensuelle. Pour cela, elle a réduit le chauffage et mis systématiquement « trois épaisseurs de vêtements et [s]on peignoir ». L’ancienne maîtresse de maison détaille. « Je ne mange plus énormément mais parce que je ne peux plus manger des choses que j’aime comme le poisson. » Elle s’en tient à un menu type. « Du pain, du jambon, des pâtes et des œufs. Du thon et des sardines. Pas de viande, parce que c’est hors de prix. »

    Nathalie aime aussi tricoter, faire du crochet, de la couture. Mais le matériel est onéreux. Idem pour la photo. « Il faut bouger pour avoir de beaux paysages. » Impensable avec le coût du carburant.

    Outre les privations matérielles, la pauvreté grignote aussi les liens sociaux. Christiane a été longtemps trésorière d’une association de sa commune. Elle a démissionné au début de l’année car elle ne pouvait plus suivre le rythme des sorties et des repas. Sans en donner la raison. Sa fille n’est pas au courant du détail des difficultés de sa mère. Christiane se refuse à l’accabler.

    Son moral est au plus bas. « J’avais peur de la mort, mais là je suis prête à partir. Parce que j’ai l’impression que je ne sers plus à rien », soupire-t-elle.

    Nathalie a elle aussi un moral vacillant, mais essaie de dépasser ses coups de déprime. « En fait, c’est le Secours catholique qui m’a sortie de tout ça en début d’année. Ça fait deux ans que je viens mais avant je prenais ce dont j’avais besoin à l’épicerie solidaire, je payais, je partais aussitôt, parce que c’était tellement affligeant pour moi de devoir faire ça. Je voulais être digne, moi, et ça, c’est compliqué d’accepter de venir ici. » Aujourd’hui, elle s’implique comme bénévole à la boutique solidaire.

    L’année prochaine sera pire, elle sera à la retraite. Elle percevra 534 euros. Nathalie n’a pas pu cumuler beaucoup de trimestres. Elle a enchaîné des petits contrats et des périodes de chômage. À chaque grossesse, elle s’est arrêtée trois ans pour s’occuper de son bébé. Elle a ensuite élevé seule ses trois enfants.

    Elle a conscience de cette inégalité de genre, même si elle ne souhaite pas s’étaler sur sa propre histoire. « Les femmes ont voulu devenir indépendantes, c’est une belle chose, mais on ne leur a pas donné assez de moyens pour le devenir. C’est-à-dire que si on veut élever nos enfants seules parce qu’on est avec un homme avec qui c’est compliqué, on ne nous aide pas forcément. »

    À cet égard, le parcours de Nathalie est commun. Le rapport le décrit : « Celles qui travaillent sont moins bien payées, plus souvent à temps partiel subi, et leurs carrières hachées se traduisent par de faibles retraites. » Pour le moment, Nathalie essaie de « ne pas penser » à ce basculement pour ne pas s’effondrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/141123/la-pauvrete-s-insinue-dans-la-vie-des-femmes-agees
    #femmes

    • État de la pauvreté en France 2023

      En 2022, au Secours Catholique-Caritas France, 59 700 bénévoles répartis dans près de 2 400 lieux d’accueil ont rencontré 1 027 500 personnes. Ce sont 552 400 adultes et 475 100 enfants qui ont ainsi été accompagnés. Le recueil d’information annuel, réalisé via les fiches statistiques extraites d’un échantillon représentatif des dossiers d’accueil, concerne 49 250 ménages en 2022. Il permet l’étude des situations de pauvreté des personnes rencontrées cette même année. Ce rapport comprend deux grandes parties fondées sur les statistiques collectées par l’association : un dossier thématique qui porte cette année sur les conditions de vie des femmes rencontrées par l’association et le profil général qui compte 16 fiches décrivant les caractéristiques sociodémographiques, les situations face à l’emploi ainsi que les ressources et conditions de vie des ménages rencontrés.

      https://www.secours-catholique.org/m-informer/publications/etat-de-la-pauvrete-en-france-2023
      #statistiques #chiffres

    • Pourquoi les femmes sont-elles plus exposées à la pauvreté ?

      Dans son rapport annuel sur l’« État de la pauvreté », paru ce mardi 14 novembre, le Secours catholique alerte sur la #précarité croissante des femmes, indissociable des charges qui pèsent sur elles de manière structurelle.

      Le constat est sans appel : la pauvreté s’incarne de plus en plus au féminin. Alors qu’elles constituaient déjà la moitié des bénéficiaires du Secours catholique à la fin des années 1980, les femmes sont aujourd’hui largement surreprésentées avec près de 60 % des demandes, selon le rapport annuel de l’association basé sur les statistiques issues des 1 027 500 personnes qui l’ont sollicitée en 2022.

      Ce chiffre s’inscrit dans un contexte d’aggravation de la pauvreté, puisque le niveau de vie médian constaté a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établissait à 538 euros par mois en 2022 (contre 579 euros en 2021), soit 18 euros par jour pour subvenir à tous les besoins, dont le logement. Pire, trois quarts des bénéficiaires survivent très en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 40 % de cette somme – par comparaison, ils étaient 65 % en 2017.

      Cette tendance s’explique notamment par la forte #inflation des #prix de l’#alimentation (+ 6,8 % en 2022) et de l’#énergie (+ 23,1 %). Selon les auteurs du rapport, « tout porte à croire que cette dégradation se poursuit en 2023, comme en atteste la forte hausse du nombre de personnes faisant appel à l’#aide_alimentaire des associations ».

      https://www.humanite.fr/societe/femmes/pourquoi-les-femmes-sont-elles-plus-exposees-a-la-pauvrete

  • Programme de retour volontaire (?) pas si volontaire que ça

    Le #Maroc figure au Top 5 des pays hôtes accueillant les migrants en retour en 2022. Il occupe la 3ème place avec l’assistance de 2457 migrants. Il est devancé par la Libye (11.200) et le Yémen (4.080). La Tunisie et l’Algérie arrivent respectivement en 4ème et 5ème positions avec 1.607 et 1.306 migrants assistés. Le Maroc fait partie également du Top 5 des pays d’origine avec 627 migrants assistés. Le Soudan arrive en tête avec 2.539 migrants assistés, suivi de l’Irak (1907). L’Algérie occupe la 4ème place (627) devant la Tunisie (232), précise un rapport sur le retour et la réintégration, publié récemment par l’OIM.

    Hausse

    En détail, 3.552 migrants (2.097 hommes, 916 femmes, 277 garçons et 262 filles) ont demandé une #assistance au retour volontaire à partir du Maroc vers 26 pays d’origine. Le rapport annuel 2022 sur l’assistance au retour volontaire et à la réintégration (https://morocco.iom.int/sites/g/files/tmzbdl936/files/documents/2023-03/Rapport_Annuel_FR_AVRR_20230310.pdf) précise que « la cadence des retours volontaires en 2022 a augmenté légèrement par rapport à 2021, et a triplé par rapport au nombre de migrants assistés en 2020. Cette hausse est due, principalement, à l’augmentation des fonds disponibles en 2022 pour répondre aux demandes de retour volontaire et au fait de compenser le retard cumulé suite aux restrictions de mobilité décrétées par les autorités compétentes pour endiguer la propagation de la pandémie de Covid-19 ».

    La majorité des migrants ayant bénéficié du retour volontaire étaient de jeunes hommes dont l’âge variait entre 19 et 35 ans et qui sont retournés seuls dans leur pays d’origine. Tandis que le ratio femmes/hommes est resté inchangé depuis 2017 (trois bénéficiaires sur quatre étaient des hommes), en 2022, le programme a connu une augmentation de 7% du nombre de femmes voulant retourner. 61% des migrants interrogés ont déclaré qu’ils sont rentrés en raison du manque de ressources financières, les empêchant de maintenir un niveau de subsistance suffisant au Maroc, tandis que 15% ont déclaré avoir choisi de rentrer car ils n’ont pas pu poursuivre leur parcours migratoire vers leur pays de destination.
    L’année 2022 a enregistré également le retour volontaire de 639 Marocains au pays.

    Sachant que le nombre de retours a considérablement augmenté cette année-là, en raison de la crise socioéconomique en Europe suite à la pandémie de Covid-19, d’événements tels que la guerre en Ukraine et la levée des restrictions de mobilité imposées pour endiguer la propagation de ladite pandémie.

    Les tendances de retour se sont progressivement étendues au-delà des pays de l’Union européenne, notamment avec l’augmentation du nombre de demandes d’aide au retour en provenance de la Turquie (+5229%) et de la Tunisie (+25%), par rapport aux chiffres de 2021. L’OIM s’attend à ce que cette tendance à la hausse se poursuive au cours des prochaines années.

    Changement

    Sur un autre registre, le rapport de l’OIM révèle que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont dépassé l’Espace économique européen (EEE) en tant que principale région d’accueil, représentant 33% du nombre total de cas. Le Niger était le principal pays d’accueil avec un nombre total de 15.097 migrants aidés à rentrer, confirmant la tendance des années précédentes avec une augmentation des retours depuis les pays de transit dans d’autres régions d’accueil en dehors de l’Espace économique européen.

    « Cela peut s’expliquer en partie par une hausse du nombre de retours humanitaires, facilités dans le cadre des programmes de retour humanitaire volontaire de l’OIM en Libye et au Yémen, en combinaison avec le nombre croissant de parties prenantes facilitant le retour et la réintégration, en particulier dans l’EEE. Malgré ce changement, certaines tendances sont restées les mêmes. Les trois principaux pays d’accueil à partir desquels le retour volontaire a été facilité en 2022 étaient le Niger, la Libye et l’Allemagne. De même, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont restées la principale région d’origine, représentant 47% du nombre total de migrants bénéficiant d’une aide au retour en 2022. Le Mali est devenu le premier pays d’origine des migrants en 2022, dépassant la Guinée, suivie de l’Ethiopie en troisième position », précise ledit rapport.

    Préoccupation

    Cependant, nombreux sont les ONG et les chercheurs qui doutent du caractère véritablement « volontaire » des programmes RVA (retour volontaire assisté). Tel est le cas de l’Ordre de Malte, qui estime qu’”en réalité, peu de personnes souhaitaient réellement repartir. Les déboutés du droit d’asile, en particulier, [ont] de multiples raisons pour ne pas vouloir rentrer (éventuelles menaces dans le pays d’origine, perte de l’accès aux soins en France, raisons économiques). Il y a aussi cette question paradoxale ou ambivalente du retour : repartir au pays d’origine est vécu comme l’échec d’un projet d’émigration (pas de régularisation, échec de projets personnels ou familiaux). Comment serait-il alors possible de transformer ce sentiment d’échec en projet de vie ?”.

    Dans son article, « Le retour volontaire assisté  : Ses implications sur les femmes et les enfants » datant de 2016, Monica Encinas affirme que « les programmes de rapatriement sont organisés en partenariat étroit avec les gouvernements nationaux qui ont un intérêt manifeste à limiter le nombre de migrants et de réfugiés qui tentent d’entrer sur leur territoire chaque année ». Elle ajoute que « certaines ONG ont le sentiment que de nombreux réfugiés participent uniquement à ces programmes parce qu’ils y sont poussés une fois que les gouvernements leur ont stratégiquement retiré l’accès aux services essentiels et les ont menacés d’expulsion ». Et « elles ne sont pas les seules à avoir cette impression », poursuivit-elle. Anne Koch, chargée de recherche, suggère que les programmes de RVA lancés par l’UNHCR et l’OIM doivent être considérés comme « provoqués par les Etats » dans la mesure où ils permettent aux gouvernements occidentaux d’externaliser l’expulsion et d’en confier la responsabilité à l’UNHCR et à l’OIM.

    Elle signale en outre que dès que « les retours forcés et les retours volontaires sont organisés de manière conjointe, la notion de volontariat n’est plus garantie ». En 2013, une autre étude a montré que des fonctionnaires gouvernementaux ont admis qu’ils utilisaient la menace de l’expulsion afin d’augmenter la participation aux programmes de RVA ».

    En outre, Monica Encinas explique que la majorité des demandeurs d’asile qui participent à des programmes de RVA retournent dans des zones où le conflit est encore actif (comme en Afghanistan et en Somalie) et où les chances de réintégration à long terme et en toute sécurité sont pratiquement inexistantes. « Un rapport de l’UNHCR datant de juillet 2013 sur l’autoévaluation de son programme de retour d’Afghans en Afghanistan – le programme le plus important de rapatriement jamais mis en œuvre par l’UNHCR – soulignait les difficultés auxquelles l’agence devait faire face en vue de parvenir à apporter un soutien à la réintégration sociale et économique en Afghanistan.

    Plus tard la même année, Human Rights Watch a recommandé à l’UNHCR et à l’OIM de cesser de se concentrer sur les programmes de RVA au vu de l’insécurité croissante et de l’incapacité des deux agences à fournir des services d’appui adéquats suite au retour des réfugiés », écrit-elle avant de noter que certaines implications juridiques, jugées potentiellement dangereuses, selon elle, accompagnent la participation à des programmes de RVA. « Tous ceux qui y participent doivent signer une « déclaration de retour volontaire ».

    Cette dernière raison suscite de vives préoccupations dans la mesure où une demande d’asile est axée sur un facteur principal : pouvoir faire la preuve d’une crainte légitime de persécution dans le pays que vous fuyez. Le fait de signer une déclaration de retour volontaire dans le cadre d’un RVA implique que vous n’avez plus de motifs de craindre des persécutions et il est probable qu’une demande subséquente – en cas de changement pour le pire des conditions dans le pays de retour – perde toute crédibilité au regard de la loi. Une nouvelle demande d’asile risque donc de se heurter à des obstacles juridiques sérieux parce que le requérant a déjà effectué un retour dans son pays par le passé », a-t-elle fait savoir.

    Disproportion

    Des considérations juridiques et humanistes qui ne semblent pas être prises en considération par les décideurs politiques à Bruxelles qui misent trop sur cette stratégie qui coûte moins cher que les expulsions. Le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés (CERE) a déjà dénoncé une politique européenne “disproportionnément concentrée sur les retours et ne portant pas assez l’effort sur la politique d’accueil en elle-même ou sur l’amélioration du processus de traitement des demandes d’asile”. Autrement dit, l’UE s’occupe trop des conditions de retour des migrants irréguliers alors qu’elle devrait consacrer son énergie à améliorer l’accueil de ceux qui peuvent légitimement prétendre à l’asile. Pour l’UE, ces retours coûtent moins cher que les expulsions. Selon les estimations du service de recherche du Parlement européen, un retour forcé – qui nécessite bien souvent un passage en centre de rétention – coûte en moyenne 3.414 euros, contre seulement 560 pour un retour dit “volontaire”. A souligner, cependant, que les retours volontaires ne représentent que 27% des départs depuis le territoire de l’Union et sont aujourd’hui trop rarement effectifs.

    « La Commission européenne estime qu’en 2019, sur les 490.000 ordres de retour passés sur le territoire de l’Union, seuls 140.000 ont effectivement été appliqués. Soit un peu moins d’un tiers du total. Il n’est, en effet, pas rare qu’une personne ayant accepté la procédure de retour volontaire disparaisse peu avant de devoir prendre l’avion, pour différentes raisons : crainte pour son intégrité physique une fois rentrée dans son pays d’origine, honte de devoir assumer l’échec du processus migratoire aux yeux de ses proches… », observe le site Touteleurop.eu.

    Désenchantement

    Une enquête, menée en 2020 par la chaîne d’information européenne Euronews, a révélé que « des dizaines de migrants ayant participé au programme RVA ont déclaré qu’une fois rentrés chez eux, ils ne recevaient aucune aide. Et ceux qui ont reçu une aide financière ont déclaré qu’elle était insuffisante ». L’enquête a indiqué également que « nombreux sont ceux qui envisagent de tenter à nouveau de se rendre en Europe dès que l’occasion se présente ». Mais Kwaku Arhin-Sam, spécialiste des projets de développement et directeur de l’Institut d’évaluation Friedensau, estime de manière plus générale que la moitié des programmes de réintégration de l’OIM échouent.

    Les journalistes d’Euronews expliquent qu’« entre mai 2017 et février 2019, l’OIM a aidé plus de 12.000 personnes à rentrer au Nigeria. Parmi elles, 9.000 étaient "joignables" lorsqu’elles sont rentrées chez elles, 5.000 ont reçu une formation professionnelle et 4.300 ont bénéficié d’une "aide à la réintégration". Si l’on inclut l’accès aux services de conseil ou de santé, selon l’OIM Nigeria, un total de 7.000 sur 12.000 rapatriés – soit 58% – ont reçu une aide à la réintégration. Mais le nombre de personnes classées comme ayant terminé le programme d’aide à la réintégration n’était que de 1.289. De plus, les recherches de Jill Alpes, experte en migration et chercheuse associée au Centre de recherche sur les frontières de Nimègue, ont révélé que des enquêtes visant à vérifier l’efficacité de ces programmes n’ont été menées qu’auprès de 136 rapatriés ».

    Parallèlement, ajoute Euronews, une étude de Harvard sur les Nigérians de retour de Libye estime que 61,3% des personnes interrogées ne travaillaient pas après leur retour, et qu’environ 16,8% supplémentaires ne travaillaient que pendant une courte période, pas assez longue pour générer une source de revenus stable. A leur retour, la grande majorité des rapatriés, 98,3%, ne suivaient aucune forme d’enseignement régulier.

    Dans certains cas, l’argent que les migrants reçoivent est utilisé pour financer une nouvelle tentative de rejoindre l’Europe. « Dans un des cas, une douzaine de personnes qui avaient atteint l’Europe et avaient été renvoyées chez elles ont été découvertes parmi les survivants du naufrage d’un bateau en 2019 qui se dirigeait vers les Iles Canaries », rapportent les journalistes d’Euronews.

    Insuffisances

    Pour certains spécialistes, les programmes RVA renvoient à une autre problématique, celle du travail de l’OIM. Selon Loren Landau, professeur spécialiste des migrations et du développement au Département du développement international d’Oxford, interrogé par Euronews, ce travail de l’OIM souffre en plus d’un manque de supervision indépendante. "Il y a très peu de recherches indépendantes et beaucoup de rapports. Mais ce sont tous des rapports écrits par l’OIM. Ils commandent eux-mêmes leur propre évaluation, et ce depuis des années", détaille le professeur.

    Pour sa part, le Dr. Arhin-Sam, spécialiste de l’évaluation des programmes de développement, interrogé également par Euronews, remet en question la responsabilité et la redevabilité de l’ensemble de la structure, arguant que les institutions et agences locales dépendent financièrement de l’OIM. "Cela a créé un haut niveau de dépendance pour les agences nationales qui doivent évaluer le travail des agences internationales comme l’OIM : elles ne peuvent pas être critiques envers l’OIM. Alors que font-elles ? Elles continuent à dire dans leurs rapports que l’OIM fonctionne bien. De cette façon, l’OIM peut ensuite se tourner vers l’UE et dire que tout va bien".

    Pour M. Arhin-Sam, les ONG locales et les agences qui aident les rapatriés "sont dans une compétition très dangereuse entre elles" pour obtenir le plus de travail possible des agences des Nations unies et entrer dans leurs bonnes grâces. "Si l’OIM travaille avec une ONG locale, celle-ci ne peut plus travailler avec le HCR. Elle se considère alors chanceuse d’être financée par l’OIM et ne peut donc pas la critiquer", affirme-t-il. A noter, par ailleurs, que l’UE participe en tant qu’observateur aux organes de décision du HCR et de l’OIM, sans droit de vote, et tous les Etats membres de l’UE sont également membres de l’OIM. "Le principal bailleur de fonds de l’OIM est l’UE, et ils doivent se soumettre aux exigences de leur client. Cela rend le partenariat très suspect", souligne M. Arhin-Sam. Et de conclure : « [Lorsque les fonctionnaires européens] viennent évaluer les projets, ils vérifient si tout ce qui est écrit dans le contrat a été fourni. Mais que cela corresponde à la volonté des gens et aux complexités de la réalité sur le terrain, c’est une autre histoire ».

    https://www.libe.ma/Programme-de-retour-volontaire-pas-si-volontaire-que-ca_a141240.html
    #retour_volontaire #IOM #OIM #migrations #asile #réfugiés #statistiques #chiffres #réintégration

    • Quelque 900 migrants irréguliers marocains s’apprêteraient à regagner le pays

      Le Maroc s’apprête à accueillir 900 migrants marocains en situation irrégulière en Allemagne. La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a obtenu, lors de sa récente visite au Maroc, l’aval des autorités marocaines concernant ce refoulement.
      Selon frankfurter allgemeine zeitung, le Royaume aurait consenti à reprendre les ressortissants marocains ayant fait l’objet de décisions d’expulsion. Une décision critiquée par l’Organisation démocratique du travail (ODT) qui rejette l’expulsion forcée des migrants marocains, sans que ces derniers ne puissent exprimer leur désir de retour volontaire dans leur pays, dans le plein respect des conditions de réintégration et d’insertion.
      En effet, nombreux sont les ONG et les chercheurs qui doutent du caractère véritablement « volontaire » des programmes de RVA (retour volontaire assisté). En réalité, peu de personnes souhaitaient réellement repartir. Les déboutés du droit d’asile, en particulier, ont de multiples raisons de ne pas vouloir rentrer (éventuelles menaces dans le pays d’origine, perte de l’accès aux soins, raisons économiques).
      Il y a aussi cette question paradoxale ou ambivalente du retour : repartir au pays d’origine est vécu comme l’échec d’un projet d’émigration (pas de régularisation, échec de projets personnels ou familiaux).
      A noter, cependant, que le Maroc figure au Top 5 des pays hôtes accueillant les migrants en retour en 2022. Il occupe la 3ème place avec l’assistance de 2.457 migrants. Il est devancé par la Libye (11.200) et le Yémen (4080). La Tunisie et l’Algérie arrivent respectivement en 4ème et 5ème positions avec 1.607 et 1.306 migrants assistés. Le Maroc fait partie également du Top 5 des pays d’origine avec 627 migrants assistés. Décryptage.

      L’Organisation démocratique du travail (ODT) dit non aux expulsions des migrants marocains en Allemagne. Elle rejette, en effet, l’expulsion forcée des migrants marocains, sans exprimer leur désir de retour volontaire dans leur pays et dans le plein respect des conditions de réintégration et d’insertion.

      Elle appelle également au respect des droits humains et fondamentaux des migrants et des réfugiés et demandeurs d’asile, à s’abstenir d’expulsions forcées et répressives pour des motifs politiques et électoralistes, et à ce que la priorité soit donnée aux solutions alternatives centrées sur les droits de l’Homme, fondées sur un règlement global de leur situation, accordant un statut légal aux immigrés marocains et mettant fin au phénomène de détention des enfants.

      Deux poids deux mesures

      Dans un communiqué publié récemment, cette organisation syndicale considère que « tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile doivent être protégés et traités avec dignité, en respectant pleinement leurs droits, quels que soient leurs statuts, conformément au droit international ».

      A ce propos, l’ODT critique la décision allemande visant à renvoyer 900 immigrés marocains irréguliers dans leur pays d’origine. Selon elle, Berlin et les autres pays européens poursuivent leur politique hypocrite de migration basée sur les expulsions des migrants irréguliers et l’accueil des compétences pour lesquelles « le Royaume du Maroc dépense chaque année des millions de dirhams pour leur formation pour ensuite les livrer sur un plateau d’or à l’Allemagne ou à d’autres pays européens, au Canada, aux Etats-Unis d’Amérique... »

      Le communiqué en question précise, en outre, que « le nouveau projet d’expulsions allemand cible particulièrement les Arabes, les musulmans et les Africains en général » en expliquant que « les migrants de ces pays sont souvent expulsés d’une manière qui viole les principes des droits de l’Homme et les normes internationales interdisant l’expulsion collective et le principe de non-refoulement sans motif valable ».

      En effet, ajoute le document, les expulsions se font selon le procédé de « recourir de plus en plus à la détention des migrants et à leur renvoi dans leur pays d’origine, sur la base de justifications avancées non fondées, voire même la conclusion d’accords bilatéraux avec leurs pays d’origine, moyennant une aide financière misérable notamment avec certains pays africains, du Maghreb, la Syrie, le Soudan, le Yémen et la Libye ».

      Mettre fin aux expulsions

      Pour l’ODT, il est temps d’abandonner « tout accord visant à expulser abusivement les Marocains en situation irrégulière contre leur gré, avec l’obligation de respect des droits des migrants et de leurs familles conformément aux conventions internationales, tout en envisageant un retour volontaire et sûr dans le cadre de la réintégration dans leur pays d’origine ».

      L’Organisation démocratique du travail exige aussi de « mettre fin aux violations des droits humains des migrants réguliers et irréguliers et à toutes les formes de discrimination et d’exclusion dans tous les domaines économiques et sociaux, en respectant les instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et les conventions sur la migration et en mettant en œuvre la Charte de Marrakech pour des « migrations sûres, ordonnées et régulières » ainsi que la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 19 décembre 2018.

      « Il faut garantir l’accès aux services de base, notamment la santé, l’éducation et le soutien social, sans discrimination ; éliminer la discrimination, combattre les discours de haine et la traite des êtres humains, interdire les expulsions collectives et les refoulements de tous les migrants, et garantir que le retour soit sûr, digne et que la réintégration soit durable », a conclu le bureau exécutif de l’ODT.

      Déclaration d’intention

      A rappeler que la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a obtenu, lors de sa récente visite au Maroc, l’aval des autorités marocaines concernant le refoulement des migrants illégaux. Selon frankfurter allgemeine zeitung, le Royaume aurait consenti à reprendre les ressortissants marocains ayant fait l’objet de décisions d’expulsion. Il s’agit de près d’un millier de personnes qui ont déposé des demandes d’asile. La même source a révélé qu’au cours de l’année dernière, environ un millier de Marocains ont demandé l’asile en Allemagne, en ajoutant que le taux de reconnaissance reste faible.

      Lors de cette visite, il y a eu la signature d’une déclaration d’intention commune entre les ministères de l’Intérieur des deux pays visant à renforcer la coopération dans les domaines de la sécurité, de la migration, de la protection civile et de la lutte contre les différentes formes de crime transfrontalier, sur la base de l’égalité, du traitement d’égal à égal, de l’intérêt commun et de l’estime mutuelle. La ministre allemande n’a pas caché la volonté de son gouvernement de signer un accord migratoire bilatéral plus large.

      https://www.libe.ma/Quelque-900-migrants-irreguliers-marocains-s-appreteraient-a-regagner-le-pays_a
      #Allemagne #retour_volontaire_assisté

  • Analyse : « Projet de loi Darmanin : Vérités et contrevérités » — #François_Héran

    Le projet de loi Immigration et asile, présenté au Conseil des ministres en février 2023 par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et amendé par la Commission des lois du Sénat en mars 2023, doit être finalement débattu par les sénateurs le 6 décembre 2023. Or les #débats et #controverses autour de ce projet manient sans cesse des arguments chiffrés, qui interpellent les chercheurs en statistique sociale et en #économie. Leur devoir est de vérifier les assertions chiffrées de la sphère politique. Ce faisant, ils ne sortent pas de leur neutralité pour investir le champ politique : ce sont les politiques qui multiplient les incursions dans la sphère des chiffres. C’est une bonne chose que les politiques argumentent sur des #données. Encore doivent-ils respecter les règles de méthode les plus élémentaires et tenir compte des données comparatives collectées en Europe.

    D’où la #vérification, proposée ici, d’une série de faits majeurs en matière d’immigration complétée en annexe par un fact-checking juridique sur la portée réelle de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme.

    Le but poursuivi ici est simple : nourrir le débat en essayant de raison garder.

    Plan :

    - VRAI ou FAUX : « Nous avons perdu la maîtrise de l’immigration »
    - VRAI ou FAUX : « Le #regroupement_familial, pompe aspirante de l’immigration »
    - VRAI ou FAUX : « La France championne d’Europe de la demande d’asile »
    - VRAI ou FAUX : La France, du moins, « a pris sa part » dans l’accueil des exilés
    - VRAI ou FAUX : « Nous avons rendu la France particulièrement attractive pour les migrants »
    - Pour un débat rationnel sur le projet de loi Darmanin
    – Annexe : L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme

    https://www.icmigrations.cnrs.fr/2023/10/31/projet-loi-darmanin-verites-et-contreverites
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  • Rotta balcanica, Piantedosi lancia le brigate antimigranti

    A margine del trilaterale a Trieste il 2 novembre scorso, il ministro snocciola i numeri dei respingimenti dopo la sospensione di Schengen. E annuncia: quando i controlli alle frontiere finiranno, il governo vuole istituire “brigate miste” (di polizia). Dove? Con chi? E con quale mandato?

    Nell’edizione del 20 ottobre dell’Unità avevo esaminato la misura di ripristino dei controlli alle frontiere interne deciso dall’Italia al confine italo-sloveno mettendo in rilievo come tale decisione fosse in contrasto con quanto disposto dal Codice Schengen. Su questo il Codice prevede la possibilità di un temporaneo ripristino dei controlli alle frontiere interne solo come extrema ratio in caso di minaccia all’ordine pubblico e che “la migrazione e l’attraversamento delle frontiere esterne di un gran numero di cittadini di paesi terzi non dovrebbero in sé essere considerate una minaccia per l’ordine pubblico o la sicurezza interna” (Codice Schengen, considerando 26). Ben presto le dichiarazioni del Governo italiano hanno reso evidente come dietro questo ripristino, inutile e quanto mai problematico per la vita sociale ed economica del Friuli Venezia Giulia, ci sia una sola finalità ovvero quella di ostacolare l’ingresso nell’Unione Europea, ad iniziare dal confine esterno tra la Croazia e la Bosnia, a coloro che sono in cerca di protezione e che, per il diritto dell’Unione, hanno invece diritto, alle frontiere e nel territorio degli Stati dell’Unione, di chiedere asilo (Direttiva 2013/32/UE art. 3) e gli Stati hanno il dovere assoluto di non respingerli.

    Le affermazioni rese dal ministro Piantedosi nella conferenza stampa tenutasi a Trieste il 2 novembre 2023, a conclusione dell’incontro trilaterale con gli omologhi sloveno e croato, sono state tanto esplicite quanto sconcertanti. Il ministro ha reso noto che nei primi dieci giorni di vigenza dei controlli alla frontiera sono stati effettuati 220 respingimenti. Non sono state fornite ulteriori informazioni, né il ministro, come ha fatto invece in passato, ha rivendicato la possibilità che vengano respinti o riammessi informalmente anche coloro che al confine italiano chiedono asilo. Sulla radicale illegittimità delle riammissioni informali attuate dall’Italia verso la Slovenia nei confronti di richiedenti asilo si era già espresso con estrema chiarezza il Tribunale ordinario di Roma con due distinte ordinanze, nel gennaio 2021 e nel maggio 2023. Non sappiamo se i dati forniti da Piantedosi riguardino cittadini stranieri che sono stati illegittimamente respinti dopo che è stato loro impedito di chiedere asilo in Italia e se, come impone la normativa a tutti coloro che sono fermati venga “assicurata l’informazione sulla procedura di protezione internazionale” (T.U. Immigrazione art. 10.3).

    Infine non sappiamo se nei confronti degli stranieri respinti sia stato emesso un provvedimento amministrativo scritto e motivato in fatto e in diritto, notificato al soggetto interessato e impugnabile innanzi all’autorità giudiziaria, o se di tali provvedimenti non c’è traccia. Neppure sappiamo se tali respingimenti sono stati realmente tali o se si è trattato di operazioni di impedimento all’ingresso in Italia attuati in territorio sloveno con la collaborazione della polizia italiana. Sono questioni dirimenti sulle quali il ministro dovrà fornire al più presto le necessarie informazioni. Lo stesso Piantedosi ha altresì annunciato che, non appena i controlli alle frontiere cesseranno (al momento sono prorogati fino al 20 novembre), è intenzione del Governo prevedere l’istituzione di “brigate miste” (di polizia) da “rendere stabili nel tempo”. Il termine utilizzato – brigate – è già piuttosto militaresco, ma, soprattutto, tali brigate miste come sarebbero composte, con quale mandato e con quali garanzie opererebbero al di fuori del territorio italiano? Anche sul confine sloveno-croato e su quello croato-bosniaco?

    Un’espressione in particolare, tra quelle usate da Piantedosi, risulta inquietante: il ministro ha affermato che le operazioni di respingimento finora attuate vanno considerate solo come i “primi segnali di una filiera della deterrenza da proseguire con i colleghi”. Il termine deterrenza è sempre associato a una funzione intimidatrice (nel diritto penale ci si è sempre interrogati se la minaccia della sanzione funga o meno da deterrenza). Nel linguaggio politico la deterrenza è rivolta verso un nemico ovvero verso colui che rappresenta un grave pericolo e nei cui confronti, all’occorrenza, si può usare violenza. A chi è diretta la funzione di deterrenza cui si riferisce Piantedosi? Agli stranieri che sono in fuga dai loro paesi affinché non lo facciano? A chi intende chiedere asilo affinché comprenda con metodi convincenti che ciò è inutile? Le parole usate dal ministro sono gravi perché le normative internazionali ed europee e il diritto interno dispongono che l’operato della polizia di frontiera non sia finalizzato ad attuare alcuna deterrenza bensì sia esclusivamente rivolto all’esecuzione di legittimi compiti di controllo dell’attraversamento dei confini; le guardie di frontiera sono tenute infatti ad operare nello stretto ambito delle funzioni attribuite loro dalla legge, e nei confronti di chi viene controllato “devono essere garantiti i diritti fondamentali sanciti nella Convenzione europea sui diritti dell’uomo e nella Carta sui diritti fondamentali dell’Unione europea. I controlli di frontiera devono rispettare pienamente i divieti di infliggere trattamenti inumani o degradanti e di agire in maniera discriminatoria” (Manuale per le guardie di frontiera a cura della Commissione Europea 6.11.2006 punto 1.2).

    Inoltre “a tutti i cittadini di paese terzo che lo desiderano deve essere data la possibilità di chiedere asilo/protezione internazionale alla frontiera (anche nelle zone di transito aeroportuali e portuali). A tal fine, le autorità di frontiera devono informare i richiedenti, in una lingua che possa essere da loro sufficientemente compresa, delle procedure da seguire” (Manuale punto 10.2). La rotta balcanica e i confini tra i diversi Stati, da sempre, ma in particolare dal 2018, sono segnati da inenarrabili violenze, illegalità e soprusi condotti dalle polizie dei diversi Stati coinvolti (a volte si tratta di uomini in divisa, altre volte mascherati, ma comunque operanti sempre all’interno di un preciso mandato). I rapporti su queste violenze sono scioccanti e sono così numerosi da riempire un’intera biblioteca; si tratta di violenze ed illegalità avvenute sia ai confini interni dell’Unione Europea che ai confini esterni della stessa. Una situazione che rappresenta, insieme alle violenze attuate sul confine polacco-bielorusso, una delle pagine più oscure dell’Europa. Uno dei luoghi caratterizzati da maggiori violenze è il confine della Croazia con la Bosnia dove i respingimenti arbitrari, uniti ad efferate violenze non sono mai cessati. Secondo il rapporto Trattati come animali – Respingimenti di persone in cerca di protezione dalla Croazia in Bosnia Erzegovina, edito nel maggio 2023 a cura di Human Rights Watch (H.C.R.) una delle più autorevoli organizzazioni di tutela dei diritti umani a livello internazionale, i respingimenti illegittimi e le violenze, anche efferate, da parte della polizia croata, solo nel 2022, hanno riguardato quasi 30.000 persone, e sono proseguiti nel 2023.

    Il Rapporto evidenzia che “Le forze di polizia conducono spesso i respingimenti in modo violento, rendendosi responsabili di lesioni fisiche e umiliazioni deliberate”. Inoltre “secondo la maggior parte delle testimonianze raccolte da HRW, i poliziotti croati indossano le uniformi, guidano mezzi della polizia e si identificano come agenti per non lasciare alcun dubbio sull’ufficialità del loro ruolo”. Si tratta dunque di una pratica di esplicita deterrenza condotta verso persone inermi che stanno esclusivamente tentando di esercitare il loro diritto a chiedere asilo. “Molti bambini hanno dovuto assistere mentre i loro padri, fratelli maggiori o parenti venivano picchiati, o manganellati o presi a spintoni”, prosegue il Rapporto. La Slovenia non sfugge alla censura operata dalla citata organizzazione internazionale giacché il Rapporto osserva come “in base all’accordo di riammissione tra Slovenia e Croazia, la polizia slovena invia sommariamente i migranti irregolari che sono entrati nel paese passando dalla Croazia, indipendentemente dal fatto che abbiano chiesto asilo in Slovenia. A loro volta le autorità croate generalmente si affrettano a trasferirli in Bosnia o Serbia”.

    Al drammatico Rapporto di H.R.W. si aggiungono i dati diffusi dal Centro per la Pace di Zagabria che da anni svolge un attento lavoro di monitoraggio della situazione del rispetto della legalità in Croazia, secondo cui nel solo mese di luglio 2023 sono stati respinti illegalmente dalla Croazia alla Bosnia 673 persone, tra cui 43 bambini. 369 di essi erano afgani, con tutta evidenza rifugiati. Il 95% delle persone respinte ha subito trattamenti inumani e degradanti tassativamente proibiti dall’art. 3 della CEDU (Convenzione Europea dei diritti dell’Uomo) mentre l’81% ha subito il furto dei propri averi e la distruzione delle proprie cose. E’ in questi cupi contesti che il ministro Piantedosi vorrebbe organizzare le “brigate”? Vuole forse trascinare la polizia italiana in inaccettabili contesti di violenza di cui essere spettatore inerme oppure complice? Confida nella collaborazione della piccola Slovenia, paese cuscinetto, nel realizzare una più respingimenti a catena? Un monitoraggio su quanto rischia di accadere al nostro tormentato confine orientale, da parte di enti di tutela ed organizzazioni internazionali, nonché da parte del Parlamento, è divenuto indispensabile ed urgente.

    https://www.unita.it/2023/11/07/rotta-balcanica-piantedosi-lancia-le-brigate-antimigranti
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    ajouté au fil de discussion sur la réintroduction des contrôles systématiques à la frontière entre Italie et Slovénie :
    https://seenthis.net/messages/1021994

    et à la métaliste sur les patrouilles mixtes :
    https://seenthis.net/messages/910352