• Espagne - Un chômage qui baisse, des CDI en hausse : quand une « loi Travail » de gauche commence à changer la vie | Alban Elkaïm
    https://basta.media/un-chomage-qui-baisse-des-cdi-en-hausse-une-loi-travail-de-gauche-contre-la

    La réforme du droit du travail en Espagne, menée par la ministre de la gauche radicale Yolanda Díaz, montre déjà des résultats dans la lutte contre la précarité qui mine le pays depuis la crise financière. Source : Basta !

    • Au-delà des effets d’annonces, que vaut cette réforme ? « Un contrat sur neuf était un CDI avant la réforme. C’est plus de 40 % aujourd’hui », répond Mari Cruz Vicente, secrétaire générale à la Confédération ouvrière espagnole (CCOO). Le chiffre est même monté à plus de 44 % en juin. « Sans aucun doute possible, la réforme a fait augmenter l’emploi à durée indéterminée, assure l’économiste Inmaculada Cebrían. Mais la précarité reste élevée en Espagne, quel que soit le type de contrat signé. Même les postes à durée indéterminée ont tendance à durer moins qu’on ne pourrait l’espérer. Et par le passé, les modifications du droit du travail ont souvent provoqué des effets indésirables », ajoute-t-elle.

      Aujourd’hui, ce sont les contrats « fixes discontinus » qui focalisent l’attention. Ces CDI organisent une relation durable entre un travailleur et son employeur pour des activités saisonnières par nature, comme les récoltes. « La dernière réforme modifie la “saisonnalité“ des emplois, qui empêchait par exemple d’employer des professeurs avec ces contrats fixes discontinus pour ne pas avoir à les rémunérer durant les vacances », explique Inmaculada Cebrían. Cette pratique est aujourd’hui devenue possible. Le recours à cet instrument des « contrats fixes discontinus », qui sont inclus dans le décompte des emplois en CDI , a explosé. « Le temps partiel augmente fortement aussi. Particulièrement chez les femmes », souligne encore l’économiste.

      (...) María (...) travaille aujourd’hui à Madrid au service ressources humaines d’une multinationale européenne

      (c’était bien la peine), bastamag cite deux embauchées, l’une du parti, l’autre DRH...

      #emploi #gauche #précarité #flexibilité_interne #chômage_partiel #CDI #contrats_fixes_discontinus #temps_partiel

  • Activité partielle : état des lieux et perspectives, Unedic
    https://www.unedic.org/publications/activite-partielle-etat-des-lieux-et-perspectives

    En mars 2020, l’activité partielle (ou #chômage_partiel), dispositif paritaire ancien mais peu utilisé jusqu’alors, est entrée de plain-pied dans la vie économique française. Inspirée par la réponse allemande à la crise de 2008-2009, le choix a été fait d’un dispositif large et universel pour répondre au caractère inédit de la crise de 2020. Cette mesure est devenue, en quelques semaines, un des leviers majeurs de la politique publique de soutien à l’emploi en réponse à la crise sanitaire et économique sans précédent que traversait le pays.

    Les partenaires sociaux ont endossé pleinement leur responsabilité dans le financement de l’activité partielle (un tiers des dépenses sont portées par l’Unédic) et participent activement au suivi et à l’évaluation du dispositif. Le coût du dispositif a été très conséquent pour le régime, 14,4 Md€ en 2020-2021, et a été responsable de plus de la moitié du déficit de l’Assurance chômage de ces deux dernières années. Il représente par ailleurs les trois quarts du coût des mesures d’urgence pour le régime en 2020-2021 estimées à plus de 19 Md€.

  • Décret du 11 novembre : sacrifice des travailleurs vulnérables et mépris pour la démocratie en santé - Renaloo
    http://www.renaloo.com/actualites2/les-dernieres-actualites-

    ✅ Une fois encore, la démocratie en santé est bafouée durant cette crise, et les travailleurs les plus vulnérables, à risque de forme grave de Covid19, risquent de le payer cher.

    Renaloo est mobilisé depuis le tout début de la crise sur l’indispensable protection des travailleurs à risque de forme grave de Covid19 et des proches vivant sous le même toit qu’une personne vulnérable. Un feuilleton qui a d’ores et déjà comporté de nombreux épisodes(1). 

    Le décret paru le 11 novembre 2020 est un nouveau coup, qui sacrifie leur protection sur l’autel de la reprise économique. 

    ✅ Nous dénonçons tout d’abord un simulacre de concertation 

    Alors que nous l’attendions depuis le 16 octobre, le projet de décret n’a été communiqué à France Assos Santé que le 10 novembre, sans information sur les délais impartis pour sa relecture. Nous avons avec effroi constaté sa publication le 11/11 au matin.

    ✅ Une liste des pathologies à risque arbitraire, incohérente avec l’avis du HCSP du 29 octobre.

    Certaines des pathologies identifiées par le HCSP comme étant les plus à risque de forme grave sont même absentes du décret.

    ➡️ C’est le cas notamment de l’insuffisance rénale chronique(2), qui pourtant fait partie selon le HCSP des pathologies entrainant le sur-risque significatif le plus élevé (HR >5 au stade 5) et figure en quatrième position des comorbidités retrouvées chez les patients décédés de Covid19 en France(3).

    ✅ Les proches cohabitant avec des personnes fragiles sont à nouveau injustement exclus des dispositifs dérogatoires.

    Bien que la Direction Générale de la Santé ait demandé au HCSP de se prononcer sur l’activité professionnelle des personnes cohabitant avec les personnes à risque de forme grave de Covid19, son avis est totalement muet sur le sujet…

    ✅ Un texte qui n’impose pas le télétravail même s’il est possible

    Selon le décret, le télétravail, bien que présenté comme l’alternative prioritaire par le HCSP, n’est pas opposable à l’employeur. S’il réunit les "critères de sécurité renforcés", il peut exiger le retour en présentiel de son salarié même si le télétravail est possible. 

    ✅ Une opposition inconciliable entre les intérêts des employeurs et ceux des travailleurs vulnérables, qui conduira à des risques de discrimination et d’exclusion professionnelles.

    A compter du 1er janvier 2021, les conditions financières du chômage partiel évoluent :

    les salariés en chômage partiel ne toucheront plus que 60% (70% actuellement) de leur rémunération brute (100% s’ils sont au Smic)(4)
    les employeurs se feront rembourser 60% de l’indemnité versée (85% actuellement). Soit un reste à charge de 40% (15% actuellement)(5) 
    ➡️ L’employeur aura à sa charge une part croissante du chômage partiel et sera donc fortement incité à « encourager » au retour en présentiel.

    ➡️ Les pressions qui vont s’exercer sur les travailleurs vulnérables seront donc majeures : employeur + diminution de l’indemnisation.

    ➡️ Elles les conduiront à devoir faire des choix entre leur protection et leur santé d’une part, et leurs ressources et leur avenir professionnel d’autre part. 

    ➡️ Combien de conflits naitront entre employeurs et salariés à risque qui devront assumer de dénoncer l’insuffisance de protection dont ils font l’objet ?

    ➡️ Combien de travailleurs seront mis à l’index et promis à un départ imminent pour avoir tenté de faire valoir leurs droits ?

    #covid-19 #prévention #vulnérables #travail #chômage_partiel

  • Covid-19 : le Conseil d’Etat suspend les nouveaux critères de vulnérabilité pour accéder au chômage partiel, Bertrand Bissuel
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/16/covid-19-le-conseil-d-etat-suspend-les-nouveaux-criteres-de-vulnerabilite-po

    La décision de la haute juridiction administrative rétablit provisoirement un décret plus protecteur pour les salariés, et inflige un revers au gouvernement.

    Le gouvernement vient de subir un revers dans sa gestion de la crise sanitaire et économique. Saisi en référé, le Conseil d’Etat a suspendu, jeudi 15 octobre, plusieurs articles d’un décret du 29 août, qui restreignait les catégories de personnes ayant droit au #chômage_partiel en raison de leur #vulnérabilité face au Covid-19. Faisant suite à un recours de la Ligue nationale contre l’obésité et de plusieurs requérants individuels, cette décision contraint l’exécutif à revoir sa copie.

    Le texte contesté devant la haute juridiction administrative remplaçait un autre décret, en date du 5 mai, qui avait la vocation suivante : énumérer les situations où des salariés peuvent bénéficier du chômage partiel au motif qu’ils risquent de « développer une forme grave d’infection au SARS-CoV-2 » . Onze cas de figure avaient été prévus : être atteint d’un « cancer évolutif sous traitement » ou d’une « immunodépression », « présenter une insuffisance rénale chronique dialysé » , etc.

    Manque de justifications

    Durant l’été, le gouvernement avait décidé de réduire la portée de la mesure, en se prévalant notamment d’un avis du #Haut_Conseil_de_la_santé_publique. Le décret du 29 août avait donc eu pour effet de soustraire de la liste les personnes souffrant, entre autres, d’un diabète non équilibré, d’une pathologie chronique respiratoire ou d’obésité.

    Sitôt publié au Journal officiel, le texte avait suscité de vives critiques. Un tel arbitrage « pourrait avoir de graves répercussions » , avait déploré la Société de pneumologie de langue française. L’écrivain et médecin Christian Lehmann s’en était également ému dans une chronique mise en ligne sur le site du journal Libération.

    Dans l’ordonnance qu’il a rendue jeudi, le Conseil d’Etat a considéré que le gouvernement n’avait pas suffisamment justifié la cohérence des nouveaux critères choisis. Sa décision a pour effet de rétablir, provisoirement, les dispositions – plus protectrices – du décret du 5 mai. Jeudi, Olivier Véran, le ministre des solidarités et de la santé, a annoncé qu’il allait rectifier le texte incriminé, en concertation avec les associations concernées.

    #covid-19

  • Covid-19 : Emmanuel Macron choisit le couvre-feu pour tenter d’endiguer la deuxième vague
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/15/covid-19-emmanuel-macron-choisit-le-couvre-feu-pour-tenter-d-endiguer-la-deu

    Le président Emmanuel Macron lors d’un entretien à propos de la situation sanitaire, diffusé sur TF1 et France 2, le 14 octobre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

    Lors d’un entretien télévisé mercredi, le président de la République a jugé qu’un reconfinement général du pays « serait disproportionné ».

    Par Delphine Roucaute, Alexandre Lemarié et Olivier Faye

    La France s’apprête à replonger en apnée « au moins jusqu’à l’été 2021 » . Voilà le message qu’est venu annoncer Emmanuel Macron à ses concitoyens, mercredi 14 octobre, alors que l’épidémie de coronavirus retrouve selon les termes du chef de l’Etat une « situation préoccupante » sur le territoire national, avec près de 20 000 nouveaux cas déclarés par jour et une occupation à 32 % des services de réanimation dans les hôpitaux par des patients atteints du Covid-19 [60% en Seine-Saint-Denis, ndc] . « Nos soignants sont très fatigués (…) Nous n’avons pas de lits en réserve », a-t-il prévenu, alors que le virus s’est répandu sur l’ensemble du pays, empêchant ainsi des transferts de malades entre les régions.

    Le temps de l’insouciance, qui s’était ouvert durant l’été – M. Macron avait lui-même évoqué une « sortie de crise » , le 14 juillet – est désormais clos. « Nous sommes dans la deuxième vague. Le virus recircule très vite en Europe et dans notre pays » , a alerté le locataire de l’Elysée, lors d’un entretien sur TF1 et France 2. Ce qui l’amène, comme en Allemagne ou en Espagne, à imposer des mesures restrictives.

    Pour « freiner la diffusion du virus » , et ainsi « reprendre le contrôle », le président de la République a annoncé qu’un couvre-feu sera mis en place à partir de samedi, entre 21 heures et 6 heures, en Ile-de-France et dans huit métropoles : Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne.

    Cette mesure de privation de liberté doit durer au moins quatre semaines. Si le Parlement l’autorise, le chef de l’Etat souhaite l’étendre sur six semaines, soit jusqu’au 1er décembre. Des dérogations seront possibles, uniquement dans certains cas, comme les travailleurs de nuit. En cas de non-respect du couvre-feu, des amendes de 135 euros seront délivrées ; elles pourront s’élever à 1 500 euros en cas de récidive.

    Pas question de mettre totalement le pays à l’arrêt
    Alors que l’instauration du couvre-feu a fait débat jusqu’au sein même du gouvernement, Emmanuel Macron a justifié cette mesure par la nécessité de « réduire les moments de convivialité » privés, qui sont « des vecteurs d’accélération du virus » , tout en permettant la continuité de la vie économique, sociale et éducative.

    Les écoles, lycées et universités resteront ouverts, a-t-il souligné. Pas question de mettre totalement le pays à l’arrêt, comme ce fut le cas lors de la première vague. A l’heure actuelle, « reconfiner le pays serait disproportionné », a estimé M. Macron, qui veut à tout prix éviter de recourir à cette extrémité, aux conséquences jugées désastreuses.

    En parallèle, le gouvernement a toutefois rétabli par décret lors du conseil des ministres l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du pays, qui lui permet de disposer d’un cadre juridique afin d’adapter les restrictions dans les mois à venir, allant jusqu’au confinement. Manière de se garder une marge de manœuvre, au cas où. « Si l’on ne veut pas devoir prendre des mesures plus dures, il faut respecter les règles » , a d’ailleurs mis en garde le chef de l’Etat. Son objectif étant de revenir à une situation de 3 000 à 5 000 nouveaux cas par jour et à 10 %-15 % de lits en service de réanimation occupés par des malades du Covid-19.

    Pour autant, Emmanuel Macron n’a pas interdit aux Français de partir en vacances à la Toussaint. Malgré les restrictions en vigueur, les déplacements entre les régions ne seront pas réduits, a-t-il indiqué. Une injonction contradictoire, en apparence, que le chef de l’Etat a assortie d’une recommandation appuyée, en demandant aux vacanciers de respecter scrupuleusement les gestes barrières lors de leurs déplacements pour ne pas propager le virus. En particulier lors des réunions de famille ou entre amis, durant lesquelles il a appelé à ne pas se rassembler à plus de six personnes. Une sorte de « en même temps » entre la préservation de certaines libertés et l’instauration de restrictions. Une stratégie résumée en une formule : « On n‘infantilise pas, on responsabilise. »

    StopCovid, « ça n’a pas marché »

    Autre nouveauté : Emmanuel Macron s’est converti au mea culpa. Sur la stratégie en matière de dépistage, d’abord – près de 1,4 million de tests sont réalisés chaque semaine en France. « On a rencontré de vraies difficultés » , a reconnu le chef de l’Etat, alors que les files d’attente se sont allongées devant les laboratoires d’analyse médicale pendant des semaines et que les délais pour obtenir un résultat excèdent parfois cinq ou six jours. « Nous allons rentrer dans une stratégie où on va pouvoir réduire drastiquement les délais » , a-t-il promis.

    Pour mieux suivre l’évolution du virus sur le territoire, l’exécutif veut miser sur les tests antigéniques, annoncés depuis septembre par le ministre de la santé, Olivier Véran, mais qui sont encore à l’état d’expérimentation. M. Macron a aussi évoqué un possible recours aux autotests, sur lesquels la Haute Autorité de santé ne s’est pas encore prononcée, contrairement aux tests antigéniques, dont les modalités du déploiement sur le territoire devraient être annoncées prochainement.

    Le chef de l’Etat a par ailleurs reconnu l’échec de l’application StopCovid lancée dans la foulée du déconfinement pour permettre de repérer les cas contacts de personnes positives au Covid-19. « Ça n’a pas marché » , a-t-il assumé à propos de cet outil qui, avec seulement 2,6 millions de téléchargements depuis juin, « a été beaucoup moins téléchargé » que dans les autres pays européens.

    Une nouvelle application, baptisée « Tous anti-Covid », doit voir le jour le 22 octobre, a annoncé le président de la République, et devrait fournir à ses utilisateurs des informations quotidiennes sur l’état de la pandémie ainsi que sur les lieux où se faire tester. Une manière, veut croire M. Macron, de contribuer à sa popularité, en espérant que les Français l’activent lorsqu’ils se trouveront dans des lieux fréquentés par du public comme les restaurants.

    Une crise « inégalitaire »

    Durement touchés par les nouvelles règles de couvre-feu, ces derniers pourront bénéficier, à l’image d’autres secteurs d’activité tels que l’événementiel ou le monde de la culture, de « dispositifs de soutien supplémentaires » , a avancé le chef de l’Etat, notamment à travers le recours au chômage partiel ou l’accès au fond de solidarité pour les entreprises. Ce qui n’a pas empêché les fédérations professionnelles du secteur hôtellerie-cafés-restauration (HCR) de déplorer « une fermeture déguisée » de leurs établissements.

    Les entreprises pourront par ailleurs proposer « deux à trois jours de télétravail par semaine » à leurs employés, a suggéré M. Macron, pour « réduire un peu la pression collective » , mais pas à temps plein. On a « besoin d’échanger avec les collègues de travail » , a justifié l’ancien ministre de l’économie. Un satisfecit pour le Medef. La branche parisienne de l’organisation patronale avait alerté sur le fait qu’un télétravail à 100 % pourrait aggraver la crise économique et « fragiliser encore les entreprises ».

    Accusé par ses contempteurs de mener une « politique antisociale » , Emmanuel Macron, enfin, a rejeté l’idée soumise, entre autres, par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, d’augmenter le revenu de solidarité active (#RSA) et d’étendre son versement aux jeunes âgés de 18 à 25 ans. A la place, le locataire de l’Elysée a annoncé le versement durant les six semaines du couvre-feu d’une « aide exceptionnelle » de 150 euros par personne [pour payer l’amende, ndc] , plus 100 euros par enfant, pour tous les allocataires du RSA et des aides aux logements (APL).

    « Je préfère cette aide exceptionnelle massive plutôt qu’une transformation de nos minima sociaux » , a défendu M. Macron face à cette crise « inégalitaire » , a-t-il reconnu, pour les plus précaires. « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 » , a-t-il déploré, reconnaissant le « sacrifice terrible » vécu par cette génération, qui voit ses études et sa vie sociale entravée par la crise sanitaire, et son entrée sur le marché du travail compliquée par la crise économique.

    Présenter un profil rassembleur

    Tout au long des quarante-cinq minutes d’entretien, Emmanuel Macron s’est attaché à se montrer concret et précis, à l’image de son ancien premier ministre, Edouard Philippe, et il a assumé le terme de « couvre-feu », après avoir hésité en mars à prononcer celui de « confinement ». Le chef de l’Etat sait que la clarté et la pédagogie peuvent se révéler essentielles pour faire accepter aux Français de nouvelles mesures de restrictions de liberté, alors qu’une partie de l’opposition met en garde face à un risque de « jacquerie » .

    Depuis la rentrée, la stratégie de l’exécutif apparaissait aux yeux de beaucoup comme étant trop fluctuante. De la même manière, M. Macron a tenu à faire savoir que les élus locaux des métropoles concernées par le couvre-feu avaient été prévenus en amont de cette initiative. « Je vais demander à nos maires de nous proposer des plans de prévention » , a-t-il ajouté. Une façon d’inclure les collectivités. Pas question de rééditer l’épisode de la bronca des élus marseillais, le 23 septembre, suite à la fermeture des bars et des restaurants.

    Au moment où le pays affronte une crise multiforme, le chef de l’Etat s’est également efforcé de présenter un profil rassembleur. « Nous nous en sortirons les uns et les autres », a-t-il déclaré, en appelant les Français à « être une nation de citoyens solidaires » . Comme s’il s’agissait de se poser en père de la nation, à un an et demi de l’élection présidentielle.

    #crise_sanitaire #couvre-feu #gouvernement #économie
    #tests_antigéniques

    • Le lien social au défi du Covid-19, Le Monde, Editorial.

      Alors que tout est fait pour maintenir l’activité économique mais réduire au maximum les liens sociaux, amicaux et familiaux, Emmanuel Macron va devoir convaincre ceux qui vont subir les contraintes du couvre-feu de le faire avec le moins possible de mauvaise grâce.

      Editorial du « Monde ». La fête est finie. Emmanuel Macron l’a clairement signifié aux Français, mercredi 14 octobre, lors d’une interview télévisée qui restera marquée par l’utilisation d’un mot qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire : le « couvre-feu ». A compter de samedi, les habitants de la région Ile-de-France et de huit métropoles (Grenoble, Lille, Rouen, Lyon, Saint-Etienne, Aix-Marseille, Montpellier, Toulouse) devront, sauf bonnes raisons, cesser de circuler entre 21 heures et 6 heures du matin pour une durée de quatre semaines, que le chef de l’Etat veut prolonger à six, s’il obtient l’accord du Parlement.

      Après des résultats probants à Cayenne et en Guadeloupe, le couvre-feu est présenté comme une mesure « pertinente » pour gérer « la deuxième vague » de l’épidémie de Covid-19 qui plonge la France, comme beaucoup de ses voisins, « dans une situation préoccupante » . Moins pénalisant qu’un reconfinement généralisé, il va cependant aggraver dans les zones concernées la situation de secteurs déjà durement éprouvés. La restauration et les spectacles vont de nouveau faire l’objet de mesures de soutien public pour ne pas totalement sombrer. Leur moral est à zéro.

      Le couvre-feu va aussi peser sur le quotidien de millions de personnes, qui risque, jusqu’au mois de décembre, de se décliner en « métro, boulot, dodo ». Car tout est fait pour maintenir l’activité scolaire et économique et à l’inverse empêcher les réunions familiales et les fêtes entre amis. Gare, là encore, à la déprime collective.

      Pari éminemment difficile

      Pour Emmanuel Macron, le risque était grand que ces nouvelles mesures coercitives, en tout point contraires à sa volonté de restaurer la confiance en l’avenir, apparaissent comme la sanction d’une stratégie sanitaire déficiente. Les déboires actuels de plusieurs voisins européens, parmi lesquels la Belgique, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ont atténué ce procès. De même que la publication d’un rapport d’experts indépendants montrant que la France se situe dans la moyenne en matière de gestion de la crise. Le président de la République a, tout de même, dû reconnaître des ratés dans le déploiement des tests et un échec dans la mise en service de l’application StopCovid, qui va être revisitée.

      Son défi est à présent de convaincre ceux qui vont subir les contraintes du couvre-feu de le faire avec le moins possible de mauvaise grâce. Ce sera difficile, car le consensus scientifique s’est fissuré ; l’opinion publique est désormais partagée entre la peur que suscite le virus et la volonté de défendre le droit de vivre librement. Quant aux élus locaux, peu se sont montrés disposés à appuyer le gouvernement. Des tiraillements identiques sont constatés dans la plupart des démocraties qui subissent la deuxième vague épidémique.

      Le chef de l’Etat a su éviter deux écueils : l’infantilisation et la culpabilisation. Il n’a pas abusé du vocabulaire guerrier, contrairement à son intervention du 16 mars, dans laquelle, à six reprises, il avait employé le mot « guerre ». De même a-t-il évité de faire la morale aux jeunes, soulignant au contraire le « sacrifice terrible » auquel le virus les contraint. Représentant la France comme un bloc, « une nation de citoyens solidaires » , il a fait appel à « chacun d’entre nous » , en espérant que la société française sera capable, à l’épreuve de la crise, de retrouver le chemin du collectif – avec ce paradoxe qu’il faudra y parvenir en réduisant au maximum les liens sociaux, amicaux et familiaux. Un pari éminemment difficile au moment où l’écart va se creuser entre les métropoles, soumises au régime sévère du couvre-feu, et le reste du pays, qui vivra, lui, presque normalement.

    • " C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 parce que ce sont ceux qui vivent un sacrifice terrible. "

      Les propos dégueulasses du show présidentiel contre les assistés et le #RSA qu’il faut pas augmenter ni ouvrir aux moins de 25 ans sinon les pauvres vont pas prendre les emplois ont été assorti de l’annonce d’une prime de 150 euros qui devait être allouée aux allocataires des minima [Edit, non ! du seul RSA] et de l’#APL. Ben non, finalement, après les 100 milliards du plan de relance (assistance aux entreprises), ça couterait trop cher, les allocataires APL sont encore trop nombreux, ils n’auront pas ce one shot de 150 euros.
      La promesse d’une prime de 1500 balles aux soignants s’est traduite pour pas mal d’infirmières par des « bons d’essence de 30 euros ».
      Le bénéfice du #chômage_partiel (dont l’ampleur a été un événement tout à fait inédit de la politique sociale) a été enlevé à diverses catégories de personnes vulnérables au covid fin août.

      Ce qu’il reste du "peu importe combien ça coûte" , c’est les millions dépensés pour des tests mal conduits et le soutien aux entreprises. Ça commence à se voir.

      #argent_magique

  • Le Covid-19, une maladie socialement inégalitaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/09/le-covid-19-une-maladie-socialement-inegalitaire_6055347_3224.html

    L’enquête EpiCov, coordonnée par l’Inserm, dresse le premier portrait à grande échelle des personnes touchées par le virus, dans leur corps ou dans leurs conditions de vie.

    Cette photo était attendue depuis longtemps. Une image tout à la fois large et détaillée de l’impact de la pandémie de Covid-19 en France. Quelle proportion de la population avait été infectée par le virus ? Quelles professions, quels groupes sociaux, issus de quelles origines ? Mais plus largement encore, comment l’épidémie et les règles nouvelles qu’elle nous a imposées avaient-elles pesé sur la vie des Français, dans toute leur diversité ?

    Cette batterie de questions, l’enquête EpiCov, lancée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), avec le concours de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), de l’Insee et de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France (SpF), y apporte une série de réponses éclairantes.

    Rendus publics vendredi 9 octobre par l’équipe d’épidémiologistes, de sociologues et de démographes qui y ont participé, les résultats de son premier volet dresse un tableau aussi contrasté que détaillé du pays frappé par le coronavirus.

    En mai, 4,5 % de la population de France métropolitaine avait été touchée par le virus. Les sérologies réalisées sur un échantillon représentatif de la population française de 15 000 personnes ont confirmé les résultats déjà avancés par l’Institut Pasteur pendant l’été. Autant dire que l’on était loin, très loin, d’une quelconque immunité de groupe, évaluée à environ 60 % de la population.

    Importance de la transmission familiale

    Ce chiffre brut cache toutefois des réalités diverses, détaillées dans une publication de la Drees. Sans surprise, la géographie de la séroprévalence suit celle des hospitalisations et des décès observés pendant la première vague. La proportion de personnes positives varie ainsi de 1,5 % en région Bourgogne-Franche-Comté à 6,7 % dans le Grand-Est et 9,2 % en Ile-de-France. Au niveau départemental, le Haut-Rhin reste le plus frappé, avec une prévalence de 10,6 %, suivi par les départements de la petite couronne (9,5 %) et Paris (9 %). En cette fin de printemps, les Bouches-du-Rhône et leurs 3,5 % semblaient relativement épargnés.

    Moins attendus sont les résultats par catégorie d’âge. Lors de cette première vague, le virus a ciblé en premier lieu les 30-49 ans (6,5 %). A l’inverse, seulement 1,3 % des personnes âgées de plus de 65 ans ont été infectées. « Les premiers, au cours de la vie active, ont pu avoir plus de contacts , propose la Drees. A l’inverse, les personnes les plus à risque de développer une forme grave de la maladie, et particulièrement les plus âgées, ont été invitées à moins sortir de chez elles. » Compte tenu du tribut déjà payé par ces dernières, on imagine à quoi elles ont échappé.

    Les autres éléments du portrait-robot du Français le plus touché mélangent des traits attendus et de vraies surprises. Il s’agit plutôt d’une femme (5 % de prévalence contre 3,9 % pour les hommes, alors même que ces derniers développent beaucoup plus de formes graves), travaillant dans une profession essentiellement dans le domaine du soin (11,4 %), diplômée (6,2 % chez les « bac + 3 » et plus), vivant dans une commune très dense (6,4 %), un quartier prioritaire (8,2 %) et surtout dans un logement « surpeuplé » , soit moins de 18 mètres carrés par personne (9,2 %).



    Infographie Le Monde
    Ce Français type partage par ailleurs son foyer avec un autre cas suspect (12,9 %), témoignant de l’importance de la transmission familiale.

    « Le confinement a profité aux plus riches »

    Quant à sa couleur de peau, elle est plutôt foncée, puisque la prévalence est de 9,4 % chez les immigrés d’origine non européenne, de 6,2 % chez leurs enfants, de seulement 4,8 % chez les immigrés européens et de 4,1 % chez ceux dont les parents sont nés en France. Ce résultat rejoint les enquêtes réalisées notamment aux Etats-Unis, qui constatent la surreprésentation des populations noires et hispaniques parmi les malades.

    Surprise en revanche, les niveaux de vie les plus touchés sont aux deux extrêmes du spectre, les 10 % les plus pauvres (5,7 %) et les 10 % les plus riches (6 %), contre environ 3 % pour les quatre déciles médians. Un phénomène vraisemblablement lié à la nature des interactions sociales dans ces deux groupes, que pourrait expliquer une autre enquête de l’Inserm, en cours de publication. Baptisée Sapris, celle-ci a suivi 66 000 personnes avant et pendant le confinement. En mars, ce sont les classes favorisées qui déclaraient le plus de symptômes ; en mai, c’était l’inverse. « Le confinement a été efficace, c’est indéniable, mais il a surtout profité aux plus riches , commente Nathalie Bajos, de l’Inserm, coordinatrice de Sapris et d’EpiCov. Socialement, il a même creusé les inégalités. »

    Ce constat dressé sur le statut sérologique, l’enquête EpiCov le prolonge cette fois au niveau des conditions de vie. Dans ce second volet, publié dans la revue Questions de santé publique, les chercheurs ont interrogé en mai un échantillon aléatoire de 135 000 personnes, redressé par l’Insee pour obtenir une estimation représentative de la population. De quoi analyser tout à la fois « l’effet des conditions de vie sur l’exposition au virus et, réciproquement, ceux de l’épidémie sur les conditions de vie » , indique l’article.

    Les immigrés en première ligne

    Le paysage social dans lequel intervient le confinement se révèle particulièrement contrasté. Ainsi le surpeuplement dans le logement, facteur de risque établi : il touche 23 % des ouvriers qualifiés contre 11 % des cadres. En zoomant encore, on constate que 21 % des personnels de nettoyage, 18 % des aides à domicile, 20 % des ouvriers du bâtiment vivent dans cette promiscuité. La proportion passe à 29 % chez les 10 % des personnes aux revenus les plus faibles, et à 41 % chez les immigrés non européens de première génération (30 % pour la seconde). De plus, ces derniers sont 71 % à habiter dans une commune « très dense » , autre critère favorable à la contamination, contre 31 % pour les non-immigrés. Des contrastes dont l’ampleur a surpris les auteurs, qui sont pourtant habitués aux études sur les inégalités.

    D’autant que ces inégalités ont été renforcées par le confinement, constate l’enquête. Pas celles de genre : assez étonnamment, là où les crises frappent souvent d’abord les femmes, les deux sexes semblent avoir été cette fois pareillement affectés, du moins pour ce qui est du travail et des revenus ici observés. On trouve ainsi une même proportion d’hommes et de femmes (31 %) ayant dû continuer à travailler continûment à l’extérieur pendant le confinement.

    A l’inverse, les distinctions sociales, professionnelles ou d’origine apparaissent criantes. Ainsi 50 % des cadres ont pu télétravailler, contre 1 % des ouvriers. Là encore les immigrés sont en première ligne : ils sont les moins nombreux à avoir travaillé à distance (15,4 %) et les plus nombreux à n’avoir pas pu travailler du tout (18,4 %).
    Les chercheurs constatent toutefois que les dispositifs d’aide mis en place par l’Etat, et notamment le chômage technique ou partiel, ont bien rempli leur office, en protégeant les plus faibles : 42 % des plus pauvres ont pu en profiter contre 24 % des plus riches, 23 % des ouvriers (contre 7,8 % des cadres supérieurs) mais encore 45 % des immigrés non européens et plus de 50 % des ouvriers.

    « Un effet cumulatif des inégalités sociales »

    Les personnes exerçant une profession considérée comme essentielle présentent un profil évidemment particulier : 70 % d’entre elles ont ainsi travaillé à temps plein sur le lieu de travail. « Sans l’intervention des autorités en faveur du maintien de l’activité économique, ces inégalités se seraient sans doute aggravées davantage » , insiste les chercheurs.



    Infographie Le Monde

    Une façon de souligner que, malgré ces dispositifs, elles se sont déjà aggravées. En effet, si une personne sur quatre déclare avoir vu sa situation financière se dégrader, elles sont 38 % à le penser chez les plus pauvres (20 % chez les plus aisés), 32 % chez les titulaires de BEP ou de CAP (22 % chez les « bac + 5 ») et 38 % chez les immigrés non européens (27 % chez les Français nés de parents français).

    En réalité, c’est à « un effet cumulatif des inégalités sociales » que conclut ce premier volet de l’enquête. Ainsi, « les groupes sociaux les plus concernés par le risque d’exposition, qui adoptent tout autant les gestes barrières, sont aussi ceux qui ont été les plus contaminés par le virus » , insiste l’enquête dans sa conclusion. Ce sont eux qui enregistrent, par ailleurs, le plus de pathologies associées, « au risque de développer des formes graves de la maladie » . Eux enfin qui ont « connu une dégradation particulièrement marquée de leur situation financière » pendant le confinement.

    Pauvres, urbains, mal-logés, immigrés… Seront-ils aussi les plus affectés dans la durée ? Réponse dans quelques mois, après la seconde vague de réponses, prévue plus tard cet automne.

    Premiers résultats des enquêtes de santé publique de l’Inserm sur la Covid-19 : facteurs de risque individuels et sociaux
    https://presse.inserm.fr/premiers-resultats-des-enquetes-de-sante-publique-de-linserm-sur-la-covid-19-facteurs-de-risque-individuels-et-sociaux/41032

    #enquête #EpiCov #covid-19 #crise_sanitaire #travail #pauvreté #santé #immigrés #pauvres #confinement #soignants #ville #télétravail #chômage_partiel #gouvernement

    • Covid-19 : « Cette enquête déconstruit certains discours sur la surexposition des immigrés »
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/09/covid-19-cette-enquete-deconstruit-certains-discours-sur-la-surexposition-de

      La sociologue Nathalie Bajos et l’anthropologue et démographe François Héran commentent une vaste enquête épidémiologique sur les inégalités sociales face au coronavirus.
      Propos recueillis par Nathaniel Herzberg

      Directrice de recherche à l’Inserm, la sociologue Nathalie Bajos a coordonné l’enquête « Epidémiologie et conditions de vie » (EpiCov) sur la France à l’heure du Covid-19. Démographe et anthropologue, professeur au Collège de France, François Héran en a coprésidé le conseil scientifique.

      Qu’est-ce qui fait l’originalité de cette étude dans le paysage du Covid-19 ?

      Nathalie Bajos : C’est une des très rares enquêtes qui aborde simultanément les enjeux sociaux et épidémiologiques et c’est toute sa richesse. Cela permet de comprendre avec les analyses sociologiques la réalité des données de séroprévalence de l’épidémie. Sur le Covid, je pense que c’est unique. C’est ce qui permet de déconstruire certains discours établis, par exemple sur les raisons de la surexposition des immigrés. L’autre richesse, c’est le dispositif mis en place grâce à l’Insee, qui a permis d’obtenir un échantillon très conséquent de 135 000 personnes parfaitement représentatif de la diversité de la population française.

      François Héran : C’est l’une des plus grosses enquêtes jamais réalisée en France, hors recensement, conduite qui plus est en un temps record. Avoir réussi à faire de notre belle statistique administrative habituée à son propre rythme un outil d’urgence qui puisse aider à la décision, c’est exceptionnel.

      Comment cela a-t-il été possible ?

      N.B. : Par une réactivité de toutes les instances, qu’elles soient statistiques ou épidémiologiques. Ce qui prend des mois a été fait en quelques jours. Tous les acteurs ont joué le jeu. La CNIL [Commission nationale de l’informatique et des libertés], par exemple, a répondu en vingt-quatre heures. Et l’équipe de chercheurs a travaillé nuit et jour pour être dans les temps du confinement. Sortir en octobre des données de mai, ça peut sembler long ; mais pour la recherche, c’est du jamais-vu. Et l’Inserm nous a permis de recruter quelqu’un, là encore en vingt-quatre heures. Impensable en temps normal.

      F.H. : C’est donc possible ! Je connais la lourdeur des dispositifs et, franchement, je n’y croyais pas.

      Pourquoi ne pas être passé par les grandes cohortes épidémiologiques existantes ?

      N.B. : Nous y avons pensé car elles fonctionnent déjà, avec des personnes prêtes à répondre. De plus, elles disposent déjà de données de santé et de données sociales préexistantes à l’épidémie. Nous l’avons fait avec l’enquête Sapris. Mais une cohorte, ce n’est pas représentatif de la population : ce sont des volontaires, motivés, avec un rapport à la santé sans doute particulier. Josiane Warszawski, coresponsable de l’enquête, a eu l’idée de lancer cette enquête en population générale.

      Ce croisement des approches, qu’a-t-il apporté ?

      F.H. : Il a permis de mettre en perspective les différents indicateurs, en sortant qui plus est des catégories habituelles. Savoir par exemple que 21 % des agents de nettoyage vivent en logement surpeuplé, on n’en avait aucune idée précise. On comprend alors tout de suite que ces personnes cumulent deux risques de contamination.

      N.B. : C’est aussi grâce à ce croisement que l’on a pu mettre en évidence le caractère cumulatif des facteurs de vulnérabilité. On comprend alors la place de la question des origines dans ce paysage. Les données épidémiologiques constatent un gradient spectaculaire entre les immigrés de première génération non européenne, leurs enfants, puis les immigrés européens et leurs enfants. C’est très frappant. Le risque, c’est d’essentialiser ces résultats. Mais, si l’on tient compte de la structure professionnelle, des revenus, des conditions de logement, qui sont ici documentés, il n’y a plus d’effet immigré. D’autant que l’enquête a montré qu’ils respectent autant que les autres les gestes barrières (masque, gel, distanciation physique), comme globalement les catégories populaires, d’ailleurs…

      F.H. : On sait depuis longtemps que les immigrés qui arrivent en France ont en réalité été sélectionnés : ce sont ceux qui sont en meilleure santé. Mais, au cours de leurs premières années ici, leur situation se dégrade et leur état de santé devient nettement inférieur à celui de la population d’accueil. Dans cette enquête aussi, ce sont ces conditions de vie qui expliquent les écarts, pas l’ Homo arabicus , l’ Homo ottomanius , ou que sais-je… Toute chose égale par ailleurs, le Covid ne fait pas la différence. Mais pour démontrer que l’origine ne joue pas, encore faut-il disposer de la variable de l’origine.

      La statistique publique le permet-elle ?

      F.H. : Oui, sous le régime de la dérogation. Normalement, on ne peut traiter aucune donnée personnelle qui permette d’identifier toute sorte d’appartenance : les origines, l’apparence ethno-raciale mais aussi l’orientation sexuelle, l’état de santé, les positions politiques. Mais nous travaillons tous sous le régime de la dérogation, et la CNIL les accorde en fonction de la finalité de l’enquête, de l’anonymat, de la taille de l’échantillon, des conditions de protection des données, du consentement des personnes…
      Les questions des origines migratoires ont longtemps été difficiles à faire accepter, mais comme tous les autres pays européens le faisaient, la CNIL a entendu l’argument de la comparabilité internationale. On a même pu faire exceptionnellement accepter, dans le cadre d’une enquête sur l’excision, que soit précisée l’ethnie d’origine des femmes. Et depuis 2003, dans toutes les grandes enquêtes de l’Insee, on relève le pays de naissance et la première nationalité des personnes interrogées et de leurs parents.

      Dans cette enquête, disposer de telles données a-t-il posé des difficultés ?

      N.B. : Oui. La Drees [direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé] considérait que ces données n’étaient pas prioritaires, qu’il fallait aller vite et qu’on intégrerait ces questions dans un second temps. Pour nous, c’était au contraire fondamental. Cela a été arbitré… en haut lieu.

      F.H. : Ensuite, nous avons eu une discussion sur les catégories. Nous voulions distinguer immigration visible et non visible. Eux ont voulu en rester à la séparation entre Européens et non-Européens. Les personnes nées aux Etats-Unis ou en Australie se retrouvent donc avec celles originaires du Sénégal ou du Maroc. Nous avons cédé pour que les choses avancent. Mais cela traduit la frilosité d’une partie de la statistique publique. Eviter les difficultés, les sujets qui fâchent.
      Et puis c’est l’éternel problème du modèle républicain que l’on peut voir de deux manières : soit par la répétition inlassable de cet idéal qui doit s’imposer à tous, soit par la mesure de l’écart entre l’idéal et la réalité. Pour moi, la statistique est un bien public, qui doit obliger l’Etat à rendre des comptes. L’Etat doit être comptable dans les deux sens du terme : capable de compter et capable de rendre des comptes. Sur ce second terrain, il reste du chemin à faire.

      Dans ses résultats, l’enquête vous a-t-elle réservé des surprises ?

      N.B. : On n’a pas l’habitude d’observer des résultats aussi nets. Pour beaucoup d’indicateurs, en particulier pour les facteurs d’exposition au virus, on observe des gradients sociaux dont on rêverait pour faire des cours de sociologie. En revanche, et cela a été pour moi une vraie surprise, on n’a pas constaté de différence hommes-femmes. Pas dans les conditions de vie ni dans l’obligation de travailler à l’extérieur. Bien sûr il y a les caissières, les aides-soignantes, les aides à domicile, mais de l’autre côté, il y a les livreurs et les magasiniers, les conducteurs de bus, les agents de sécurité.
      Finalement, les professions essentielles reflètent la partition genrée du monde professionnel mais il y en a des deux côtés. Sur la séroprévalence, en revanche, il y a une petite surexposition des femmes, que nos données sociologiques n’expliquent pas.

      D’autant que les cas graves et les décès touchent d’abord les hommes…

      N.B. : C’est vrai. Pour les comprendre, on a des explications médicales, comme les facteurs de comorbidité ou des hypothèses hormonales. Mais il faudrait aussi analyser toutes les étapes d’accès au système de perception des symptômes, au système de dépistage, au système de soin… Encore un long travail à entreprendre.

    • Covid-19 : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidémie
      https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/covid-19-une-enquete-pour-suivre-l-evolution-des-comportements-e

      Les résultats de l’enquête CoviPrev couvrent les thématiques suivantes : santé mentale, adoption des mesures de prévention, addictions, alimentation et activité sportive.

      Prévalences et évolutions des indicateurs de santé mentale et des problèmes de sommeil (% pondérés), Enquête CoviPrev, France métropolitaine, 2020

      Prévalences et évolutions de l’adoption systématique des mesures de protection (% pondérés), Enquête CoviPrev, France métropolitaine, 2020

      #santé_mentale #prévention #enquête_CoviPrev #CoviPrev

    • Enquête Epicov :

      Lors de cette première vague, le virus a ciblé en premier lieu les 30-49 ans (6,5 %). A l’inverse, seulement 1,3 % des personnes âgées de plus de 65 ans ont été infectées.

      Un mode vie moins exposé (moins mondain, plus isolé), et sans doute davantage de précautions prises. Sans cette disproportion quel aurait été le nombre de morts ?

      Le port du masque est pratiqué à 74%, en tête de l’ensemble des gestes barrières (CoviPrev).
      Je ne me souviens pas avoir vu évalué l’ampleur de la diminution des symptômes que le port du masque permet, mais le plus spectaculaire (nombre de lits de réa occupés) et le plus violent (décès) devrait être assez différent de ce qui s’est passé au printemps dernier pour la vague en cours. Même si ça va être aggravé par le manque de soignants.

    • Les auteurs de l’étude en profitent pour tordre le cou à une « idée en vogue depuis le début de l’épidémie mais non moins fausse » , à leurs yeux. « La ville dense n’est pas mortifère en soi, elle n’est pas facteur direct de contagiosité » , affirme Guy Burgel. Preuve en est, « la Seine-Saint-Denis a une densité deux fois moindre mais est beaucoup plus affectée que la ville de Paris » . Pierre-Régis Burgel insiste : « On ne peut pas dire qu’on a plus de risque de mourir du Covid à Paris qu’en Creuse ! Le risque de la grande ville existe pour les précaires. Il n’existe pas pour ceux qui ont les moyens de respecter la distanciation sociale. »

      Si la population est plus jeune dans les zones les plus touchées, ce sont majoritairement les personnes les plus âgées qui sont décédées. Les plus de 65 ans représentent entre 75 % et 90 % des décès, avec un indice moyen de surmortalité de 134. L’épidémie « ne paraît pas avoir entraîné une mortalité particulière chez les “premiers de corvée” (logistique, services banals, personnels soignants, etc.) » qui ont pourtant maintenu leur activité « dans des conditions de transports collectifs et de travail souvent difficiles » , note les chercheurs.


      Extrait d’un article du Monde Dans le Grand Paris, les personnes âgées défavorisées premières victimes du Covid-19 disponible là
      http://www.pierremansat.com/2020/11/sur-le-monde.fr-dans-le-grand-paris-les-personnes-agees-defavorisees-p
      comme le signale @marclaime https://seenthis.net/messages/884579

  • Covid-19 : les salariés vulnérables sacrifiés ? | Santé & travail
    http://www.sante-et-travail.fr/covid-19-salaries-vulnerables-sacrifies

    Privés d’accès au chômage partiel à la suite d’une décision gouvernementale, de nombreux salariés jugés vulnérables face au Covid-19 vont devoir reprendre le travail. Sans garantie sur la possibilité d’assurer leur protection. Un casse-tête pour les médecins du travail.

    https://www.sante-et-travail.fr/sante-et-travail-ndeg-111


    #Covid-19 #chômage_partiel #santé&travail #revue

  • Chiffres du chômage, plan de relance... On oublie encore les chômeurs !
    https://www.youtube.com/watch?v=nB3-YxZtVoI

    Le MNCP, par l’intermédiaire de son président Pierre-Edouard Magnan, s’exprime sur les derniers chiffres du #chômage ainsi que sur le plan de relance annoncé par le gouvernement et sensé s’attaquer au chômage de masse avec la création de 160.000 emplois et des budgets accrus pour la formation.

    https://www.mncp.fr

    J’ai rendez-vous chez pôle-emploi www.facebook.com/charlieetstylo

    https://www.youtube.com/watch?v=enNMunrg93Q&feature=emb_rel_end

    Une chanson d’occasion plutôt qu’un boulot d’occasion
    https://www.franceinter.fr/emissions/rendez-vous-place-du-marche/rendez-vous-place-du-marche-21-aout-2020

    En 3 ans, plusieurs dizaines de personnes, 74 en tout, qui n’avaient plus travaillé parfois pendant des années, ont retrouvé une activité, un C.D.I. même ! Un contrat à durée indéterminée. Des salariés de « l’ESIAM », l’Entreprise solidaire d’Initiatives et d’Actions Mauléonnaises, une entreprise d’un nouveau genre, sont là au marché de Mauléon, parmi la dizaine d’exposants. On va aussi rencontrer des paysans qui cultivent des potagers participatifs et solidaires pour les redistribuer aux personnes dans le besoin. Et on rêvera un peu avec un artiste qui collecte nos histoires, pour en faire des spectacles ! Et en fin d’émission, ça va swinguer sur des airs de jazz manouche !

    Une chanson d’occasion plutôt qu’un boulot d’occasion
    https://www.youtube.com/watch?v=bEu2bKoAwEI


    #mncp #pôle_emploi

    • Covid-19 : les salariés vulnérables sacrifiés ?
      par Nolwenn Weiler / 18 septembre 2020
      https://www.sante-et-travail.fr/covid-19-salaries-vulnerables-sacrifies

      Privés d’accès au chômage partiel à la suite d’une décision gouvernementale, de nombreux salariés jugés vulnérables face au #Covid-19 vont devoir reprendre le #travail. Sans garantie sur la possibilité d’assurer leur protection. Un casse-tête pour les #médecins_du_travail.

      Publié le 29 août pour une application au 1er septembre, un décret ministériel est venu restreindre la liste des salariés vulnérables ayant droit au #chômage_partiel. Des onze critères de vulnérabilité identifiés par le Haut Conseil à la santé publique au mois d’avril, le gouvernement n’en retient plus que quatre. Les personnes obèses ou les diabétiques ne font plus partie de celles qui peuvent bénéficier du chômage partiel. Celles en insuffisance respiratoire non plus. Exit également les salariés ayant un proche susceptible de développer une forme grave de Covid-19.
      Pour être considéré comme « vulnérable », il faut désormais être atteint d’un cancer en cours de traitement ; souffrir d’une immunodépression ; avoir 65 ans ou plus et un diabète associé à une obésité ; être dialysé ou présenter une insuffisance rénale chronique sévère. « Les personnes autorisées à rester chez elles ne peuvent, dans la majorité des cas cités, pas travailler », remarque Dominique Fasola, médecin du travail coordonnateur du Service interprofessionnel de médecine du travail (SIMT), en Seine-et-Marne. « Cette liste très limitative protégera peu de salariés, car ces personnes étaient probablement déjà exclues du monde du travail avant la crise sanitaire », appuie le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST) dans un communiqué de presse publié le 16 septembre.
      Une décision sans fondements scientifiques

      Sur quelles données scientifiques le gouvernement s’est-il appuyé pour prendre sa décision ? Mystère. Le 31 août, dans un communiqué de presse accompagnant la sortie du décret, les ministres du Travail et de la Santé affirment être « en cohérence » avec les préconisations du Haut Conseil à la santé publique (HCSP). Mais le 2 septembre, celui-ci publie un avis qui conclut à « l’impossibilité de distinguer des personnes à très haut risque vital » et qui invalide, de fait, l’opportunité de faire des distinctions parmi les personnes à risque de forme grave de Covid-19. Le Haut Conseil avait fait part de cet avis au ministère de la Santé dès le 23 juillet…
      « Ce passage de onze à quatre critères, c’est une décision purement financière qui n’est pas basée sur des critères médicaux », tranche Jean-Dominique Dewitte, médecin du travail et président de la Société française de médecine du travail (SFMT). L’incompréhension est d’autant plus importante que, ces dernières semaines, le risque d’être exposé au virus a beaucoup augmenté. « L’épidémie reprend, s’inquiète Mélissa Menetrier, médecin du travail. J’espère qu’ils vont changer leur fusil d’épaule si cela s’aggrave. »
      En attendant, que peuvent faire les médecins du travail ? « On est un peu démunis, répond Mélissa Menetrier. La seule marge de manœuvre, outre le télétravail, c’est l’aménagement des postes, avec une vigilance sur les gestes barrières, ainsi que sur le port du masque dans les lieux clos et les transports. » S’ils représentent pour le moment la solution la plus évidente, les aménagements de poste supposent « une bonne qualité de dialogue au sein des entreprises », pointe Dominique Fasola, car ils peuvent réellement éprouver les collectifs. « Quelles contraintes supplémentaires impose cet aménagement ? Quand une personne se retrouve seule dans son bureau et que, par ailleurs, ses collègues sont contraints de porter un masque, comment le vivent-ils ? », s’interroge le médecin.
      Mise en danger

      « Tous les postes de travail ne peuvent pas être aménagés », reprend Mélissa Menetrier. Dans les usines, au niveau des chaînes de production ; sur les chantiers de construction, où l’on porte des charges à plusieurs et où l’on se passe les outils ; dans les petites pièces où les saisonniers agricoles font leurs poses : comment fera-t-on pour appliquer les gestes barrières ? A cela s’ajoutent les risques d’exposition dans les transports collectifs empruntés pour venir travailler. « Un système de santé n’a pas à pénaliser et mettre en danger les personnes qui ne peuvent pas télétravailler », proteste le SNPST dans son communiqué, qui demande à repousser l’application du décret ministériel.
      « La situation est vraiment compliquée, nous sommes coincés, analyse Mélissa Ménétrier. Il y a bien les arrêts de travail [que seuls les médecins traitants peuvent prescrire depuis le 1er septembre, NDLR], mais ils ne sont pas une solution à long terme, puisque de nombreux salariés sont moins bien payés que lorsqu’ils sont en chômage partiel. De plus, comme les personnes ne sont pas malades, s’il y a un contrôle du médecin-conseil, je ne suis pas sûre que cela passe. Avec ce nouveau décret, on accepte en fait de sacrifier une partie des salariés, en les obligeant à retourner travailler. »
      Qui plus est, les salariés vulnérables qui retournent sur le lieu de travail devront composer avec le fait que leurs employeurs connaissent désormais leurs problèmes de santé. Les certificats d’isolement, qui leur ont été délivrés auparavant et qui leur donnaient droit au chômage partiel, ont été présentés aux employeurs, écornant ainsi le secret médical… Au-delà des aspects juridiques, que feront les employeurs de ce type d’information ?

  • « Augmentation des frais d’inscription des étudiants étrangers : c’est l’avenir de notre modèle social qui est en jeu »

    La décision prochaine du Conseil d’Etat sur l’augmentation des droits d’inscription pour les non-Européens est cruciale, estiment les économistes David Flacher et Hugo Harari-Kermadec dans une tribune au « Monde », car elle marquera la poursuite ou l’arrêt d’une politique de « marchandisation délétère ».

    L’enseignement supérieur global est en crise. En Australie, le pays le plus inséré dans le marché international de l’enseignement supérieur, les universités prévoient de perdre jusqu’à la moitié de leurs recettes. A l’échelle nationale, la perte de tout ou partie des 25 milliards d’euros qui rentraient en Australie grâce à l’accueil d’étudiants étrangers (le troisième secteur à l’export) pourrait déstabiliser toute l’économie du pays.

    Aux Etats-Unis, les pertes de recettes en 2020-2021 pourraient représenter 20 milliards d’euros, selon l’American Council on Education (une association de l’enseignement supérieur). Au Royaume-Uni, les pertes envisagées sont de l’ordre de 2,8 milliards d’euros. Cambridge a récemment annoncé que ses programmes de licence seront intégralement enseignés à distance, mais cette mise en ligne est coûteuse et ne pourra être assumée que par une petite minorité d’établissements.
    Fort endettement étudiant

    Si la pandémie a frappé une économie mondiale déjà bien mal en point, l’enseignement supérieur « payant » est particulièrement touché : les échanges internationaux d’étudiants – les plus profitables – sont en berne et la fermeture des campus réduit fortement l’attractivité de diplômes hors de prix. Expérience étudiante sur le campus et contenus pédagogiques ne peuvent plus justifier (si tant est qu’ils l’aient pu) des droits de scolarité pouvant atteindre 70 000 dollars (62 000 euros) par an. Les procès se multiplient aux Etats-Unis, intentés par des étudiants cherchant à récupérer une partie des sommes versées pour cette année. Plus proche de nous, les écoles de commerce françaises ont été obligées de recourir au chômage partiel pour encaisser le choc.

    Perspectives d’emploi catastrophiques

    On aurait tort de reprocher aux étudiants de négocier leurs frais d’inscription : les perspectives d’emploi sont catastrophiques, le taux de chômage atteignant des niveaux inédits outre-Atlantique. L’endettement étudiant, qui se monte en moyenne à 32 000 euros aux Etats-unis et 60 000 euros en Angleterre, assombrit un futur professionnel déjà peu amène, et pèse sur les revenus des diplômés pendant vingt ans en moyenne. A l’échelle macroéconomique, l’endettement étudiant total dépasse 1 300 milliards d’euros aux Etats-Unis, 133 milliards d’euros au Royaume-Uni.

    Le
    modèle des universités payantes fait donc
    les frais d’une politique délétère en période
    « normale », et carrément mortifère en ces
    temps agités. C’est pourtant ce modèle que
    le gouvernement français et ses conseillers
    essayent de promouvoir depuis 2018.
    En France, les prochaines semaines seront
    déterminantes pour l’avenir de notre modèle
    social. La décision attendue du Conseil
    d’Etat [qui examine depuis vendredi 12 juin
    le recours des organisations contre l’augmentation
    des droits d’inscription pour les
    étrangers extraeuropéens]
    représentera un
    soulagement doublé d’une révolution ou,
    au contraire, la porte ouverte à une descente
    progressive aux enfers pour de nombreuses
    familles.

    De quoi s’agitil
     ? Alors que le plan Bienvenue
    en France (annoncé le 19 avril 2019) prévoyait
    une forte augmentation des droits de
    scolarité pour les étudiants extraeuropéens
    (2 770 euros en licence et 3 770 euros
    en master, contre 170 et 243 euros), un ensemble
    d’organisations a obtenu que le Conseil
    constitutionnel soit saisi. Ce dernier a
    rendu une décision le 11 octobre 2019 selon
    laquelle « l’exigence constitutionnelle de gratuité
    s’applique à l’enseignement supérieur
    public » tout en considérant que « cette exigence
    [de gratuité] ne fait pas obstacle, pour
    ce degré d’enseignement, à ce que des droits
    d’inscription modiques soient perçus en tenant
    compte, le cas échéant, des capacités financières
    des étudiants ».

    Basculer du bon côté, celui de la gratuité

    Le Conseil d’Etat doit désormais interpréter
    cette décision en précisant ce que « modique
     » signifie. Si cette notion a vraisemblablement
    été introduite pour préserver les
    droits d’inscription habituels (170 et
    243 euros), certains comptent bien s’engouffrer
    dans la brèche. Les enjeux sont
    d’une ampleur inédite : pourraton
    discriminer
    les populations étrangères en leur
    faisant payer des tarifs plus élevés au motif
    qu’elles ne seraient pas contribuables fiscaux
    de leur pays d’accueil ? Le Conseil
    d’Etat pourra garder à l’esprit que ces étudiants
    nous arrivent formés aux frais de
    leur pays d’origine, et qu’ils rapportent, par
    les taxes qu’ils payent, bien plus qu’ils ne
    coûtent (le solde est positif de 1,65 milliard
    d’euros). Seratil
    mis un terme aux velléités
    d’élargissement des droits d’inscription à
    tous les étudiants et à des niveaux de tarification
    toujours plus élevés ? La note d’un
    conseiller du candidat Emmanuel Macron,
    annonçait l’objectif : 4 000 euros en licence,
    8 000 euros en master, jusqu’à 20 000 euros
    par an dans certaines formations.

    Pour basculer du côté de la gratuité de l’enseignement
    supérieur, plutôt que de celui
    de sa délétère marchandisation, il faudrait
    que le Conseil d’Etat retienne une notion de
    modicité cohérente avec la jurisprudence :
    le juriste Yann Bisiou indique ainsi qu’une
    « somme modique est une somme d’un montant
    très faible, qui n’a pas d’incidence sur
    la situation économique du débiteur ; elle est
    anecdotique. Pour les personnes physiques,
    elle est de l’ordre de quelques dizaines
    d’euros, rarement plus d’une centaine, jamais
    plusieurs milliers ». Le Conseil d’Etat
    préféreratil
    les arguments fallacieux de
    ceux qui tremblent dans l’attente de cette
    décision car ils ont augmenté leurs droits
    de scolarité au point d’en dépendre furieusement
     : Sciences Po (14 500 euros par an
    pour le master), Dauphine (6 500 euros en
    master), Polytechnique (15 500 euros pour le
    bachelor), etc.
    Si le Conseil d’Etat venait à respecter le cadre
    fixé par le Conseil constitutionnel, c’est
    l’ensemble de leur modèle qui serait remis
    en cause et c’est un retour à un véritable service
    public de l’éducation auquel nous assisterions.
    Une révolution indéniablement salutaire,
    qui appellerait des assises de l’enseignement
    supérieur. Après un Ségur de la
    santé, c’est à un « Descartes de l’enseignement
    supérieur » qu’il faudrait s’attendre,
    celui d’une refondation autour d’un accès
    gratuit à l’éducation de toutes et tous, sans
    discrimination.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/18/augmentation-des-frais-d-inscription-des-etudiants-etrangers-c-est-l-avenir-

    #rebelote
    #taxes_universitaires #France #éducation #université #études_supérieures #frais_d'inscription

    voir aussi cette métaliste :
    https://seenthis.net/messages/739889

    • #Rebelote pour le projet d’#augmentation des #frais_d'inscription à l’#université en #France (arrrghhh).

      Ici une vidéo d’explication d’un avocat du SAF (syndicat des avocat·es de France) :

      #Juan_Prosper : le combat contre « #Bienvenue_en_France » continue !

      « A partir du moment où les digues tombent, où on explique que 2770 euros c’est parfait pour un·e étudiant·e étrangèr·es, on pourra très certainement revenir plus tard en nous disant que si c’est parfait pour un·e étrangèr·es, on peut aussi l’appliquer pour un·e étudiant·e français·e, alors même que le principe du financement d’un service public, du financement de l’enseignement supérieur, repose sur l’impôt. »

      « Si on considère qu’il y a un principe de gratuité, que c’est un service public, ce n’est pas pas à l’usagèr·es de financer le fonctionnement du service public. »

      https://www.youtube.com/watch?v=lsfdzYkSgkc&feature=youtu.be

    • La bombe de la dette étudiante a-t-elle explosé ?

      Tribune de David Flacher et Hugo Harari-Kermadec parue dans Le Monde du 18 juin 2020 sous le titre « Augmentation des frais d’inscription des étudiants étrangers : c’est l’avenir de notre modèle social qui est en jeu » (https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/18/augmentation-des-frais-d-inscription-des-etudiants-etrangers-c-est-l-avenir-)

      La décision prochaine du Conseil d’Etat sur l’augmentation des #droits_d’inscription pour les non-Européens est cruciale, estiment les économistes David Flacher et Hugo Harari-Kermadec dans une tribune au « Monde », car elle marquera la poursuite ou l’arrêt d’une politique de « #marchandisation délétère ».

      L’enseignement supérieur global est en crise. En Australie, le pays le plus inséré dans le marché international de l’enseignement supérieur, les universités prévoient de perdre jusqu’à la moitié de leurs recettes. A l’échelle nationale, la perte de tout ou partie des 25 milliards d’euros qui rentraient en Australie grâce à l’accueil d’étudiants étrangers (le 3e secteur à l’export) pourrait déstabiliser toute l’économie du pays. Aux États-Unis, les pertes de recettes en 2020-2021 pourraient représenter 20 milliards d’euros selon l’American council on education. Au Royaume-Uni, les pertes envisagées sont de l’ordre de 2,8 milliards d’euros. Si Cambridge a récemment annoncé que ses programmes de licence seront intégralement enseignés à distance, cette mise en ligne est coûteuse et ne pourra être assumée que par une petite minorité d’établissements.

      Si la pandémie a frappé une économie mondiale déjà bien mal en point, l’enseignement supérieur « payant » est particulièrement touché : les échanges internationaux d’étudiant-es – les plus profitables – sont en berne, en même temps que la fermeture des campus réduit fortement l’#attractivité de diplômes hors de prix. L’expérience étudiante sur le campus et le contenu pédagogique ne peuvent plus justifier – si tant est qu’ils l’aient pu – jusque 70 000 dollars de #frais_de_scolarité par an. Les #procès se multiplient aux États-Unis, les étudiants cherchant à récupérer une partie des sommes versées pour cette année. Plus proche de nous, les #écoles_de_commerce françaises ont été obligées de recourir au #chômage_partiel pour encaisser le choc.

      On aurait tort de reprocher aux étudiants de négocier leurs #frais_d’inscription : les perspectives d’emploi sont catastrophiques. Le chômage atteignant des niveaux inédits outre atlantique. L’#endettement étudiant, qui atteint en moyenne 32 000 € aux Etats-unis et 60 000 € en Angleterre, assombrit un futur professionnel déjà peu amène, et pèse sur les revenus des diplômés pendant 20 ans en moyenne. A l’échelle macroéconomique, l’#endettement_étudiant total dépasse 1 300 milliards d’euros aux Etats-Unis, 133 milliards d’euros au Royaume-Uni.

      Le modèle des universités payantes fait donc les frais d’une politique délétère en période « normale » et carrément mortifère en ces temps agités. C’est pourtant ce modèle que le gouvernement français et ses conseillers essayent de promouvoir depuis 2018.

      En France, les prochains jours seront déterminants pour l’avenir de notre modèle social. La décision attendue de la part du Conseil d’État représentera un soulagement doublé d’une révolution ou, au contraire, la porte ouverte à une descente progressive aux enfers pour de nombreuses familles.

      De quoi s’agit-il ? Alors que le plan « Bienvenue en France » (annoncé le 19 avril 2019) prévoyait une forte augmentation des droits de scolarité pour les étudiants extra-européens (2770 euros en licence et 3770 euros en master, contre respectivement 170 et 243 euros), un ensemble d’organisations a obtenu la saisie du #Conseil_constitutionnel. Ce dernier a rendu une décision le 11 octobre 2019 selon laquelle « l’exigence constitutionnelle de #gratuité s’applique à l’#enseignement_supérieur_public » tout en considérant que « Cette exigence [de gratuité] ne fait pas obstacle, pour ce degré d’enseignement, à ce que des droits d’inscription modiques soient perçus en tenant compte, le cas échéant, des capacités financières des étudiants. ».

      Le dernier round a eu lieu le 12 juin : le Conseil d’État doit désormais interpréter cette décision en précisant ce que « #modique » signifie. Si cette notion a vraisemblablement été introduite pour préserver les droits d’inscription usuels (170 et 243 euros), certains comptent bien s’engouffrer dans la brèche.

      Les enjeux sont d’une ampleur inédite : pourra-t-on discriminer les populations étrangères en leur faisant payer des tarifs plus élevés au motif qu’ils ne seraient pas contribuables fiscaux de leur pays d’accueil ? Le Conseil d’État pourra garder à l’esprit que ces étudiants nous arrivent, formé aux frais de leurs pays d’origine, et qu’ils rapportent, par les taxes qu’ils payent, bien plus qu’ils ne coûtent (le solde est positif de 1,65 milliards). Sera-t-il mis un terme aux velléités d’élargissement des frais d’inscription à tous les étudiants et à des niveaux de tarification toujours plus élevé ? La note d’un conseiller du candidat Emmanuel Macron annonce l’objectif : 4000 euros en licence, 8000 euros en master et jusqu’à 20000 euros par an dans certaines formations. Pour basculer du bon côté, celui de la gratuité de l’enseignement supérieur, plutôt que de celui de sa délétère marchandisation, il faudrait que le Conseil d’État retienne une notion de modicité cohérente avec la #jurisprudence : le juriste Yann Bisiou indique ainsi qu’une : « somme modique est une somme d’un montant très faible, qui n’a pas d’incidence sur la situation économique du débiteur ; elle est anecdotique. Pour les personnes physiques, elle est de l’ordre de quelques dizaines d’euros, rarement plus d’une centaine, jamais plusieurs milliers ». Le Conseil d’État préfèrera-t-il des arguments fallacieux de ceux qui tremblent dans l’attente de cette décision pour avoir augmenté leur frais de scolarité au point d’en dépendre furieusement : Sciences Po (14 500 € par an), Dauphine (6500 € en master), CentraleSupélec (3500 €), Polytechnique (15 500 € pour la Bachelor), etc. Si le #Conseil_d’État venait à respecter le cadre fixé par le Conseil constitutionnel, c’est l’ensemble de leur modèle qui serait remis en cause et c’est un retour à un véritable #service_public de l’éducation auquel nous assisterions. Une révolution en somme, indéniablement salutaire, qui appellerait des assises de l’enseignement supérieur. Après un Grenelle de l’environnement, un Ségur de la santé, c’est à un « Descartes de l’enseignement supérieur » qu’il faudrait s’attendre, celui d’une refondation autour d’un accès gratuit à l’éducation de toutes et tous, sans discrimination.

      https://acides.hypotheses.org/2446

  • La #fraude patronale au chômage partiel pendant la crise sanitaire s’élève au moins à 6 milliards d’euros, voilà l’information - FRUSTRATION
    https://www.frustrationmagazine.fr/la-fraude-patronale-au-chomage-partiel-pendant-la-crise-sanitair

    Selon l’enquête en ligne Lutte Virale, 31 % des personnes en #chômage partiel ou en arrêt maladie pour garde d’enfant ont dû continuer à travailler dont 10 % déclarent l’avoir fait souvent ou tout le temps. Une autre enquête, menée par le cabinet d’expertise Technologia, a plus récemment aboutit à des résultats encore plus alarmants : plus de la moitié des élus du personnel interrogés lors de cette étude estime qu’il y a eu des abus. Le chômage partiel a donc été utilisé par nombre d’employeurs comme une façon de faire des économies sur le dos de la crise sanitaire.

    • Alors que plus de 8 millions de salariés ont été placés en chômage partiel en avril, certains affirment avoir tout de même travaillé, en toute illégalité.

      Près d’un mois après, la colère ne retombe toujours pas pour Stéphane. Salarié dans un grand groupe de services en région toulousaine, il se souvient encore de cet appel reçu « le 28 avril à 18 h 30 » par son « n + 2 » . S’il est en télétravail depuis le début du confinement, instauré à la mi-mars pour tenter de freiner l’épidémie due au coronavirus, il ne compte pas ses heures. Projets, formations, ateliers… « Je travaillais même plus qu’en temps normal » , assure-t-il.
      Pourtant, en cette fin avril, son « n + 2 » lui apprend qu’il allait être mis au chômage partiel et que cette mesure était même rétroactive au 1er avril. « Tout le travail que j’ai fait pour le groupe, c’est l’Etat et le contribuable qui l’ont payé » , raconte-t-il, amer. Et alors qu’il devait débuter une mission début mai, « ils sont allés dire à mon futur client que j’avais demandé à être mis au chômage partiel pour garder mes enfants, et que donc je ne pourrai pas travailler. Ce qui est faux » . Le « coup de grâce » pour Stéphane.

      Il essaye de protester, en faisant part de ses doutes quant au bien-fondé et à la légalité de cette mesure. « On me rétorque : “Si ça te pose un cas de conscience, libre à toi de rester…” , avec un sourire ironique. J’étais très énervé, ils ont fait ça dans mon dos. »

      Plus de 8 millions de salariés en chômage partiel

      Le chômage partiel existait déjà avant la crise, mais il a été assoupli par le gouvernement pour prévenir les licenciements massifs : les sociétés qui voient leur activité baisser ou les entreprises contraintes de fermer peuvent y recourir. Leurs employés perçoivent alors une indemnité correspondant, en moyenne, à 84 % de leur salaire net, financée par l’Etat et l’Unédic. Et si l’employeur le souhaite, libre à lui de compenser la différence et d’assurer, ainsi, le maintien de la paye à son niveau habituel.
      En avril, plus de 8 millions de salariés étaient au chômage partiel, selon les derniers chiffres du ministère du travail. Depuis mars, ce sont plus d’un million d’entreprises qui ont sollicité une autorisation d’activité partielle.

      Mais combien ont tenté de profiter de la situation ? Selon une étude du cabinet Technologia, menée entre avril et mai auprès de 2 600 élus du personnel, « 24 % des employés en chômage partiel total auraient été amenés à poursuivre leur activité à la demande de l’employeur » . Et plus de 50 % des personnes interrogées considèrent que « des demandes d’activité interdites ont eu lieu »
      .
      Si la ministre du travail, Muriel Pénicaud, expliquait début avril privilégier « la confiance a priori et les contrôles a posteriori » envers les entreprises, elle a annoncé il y a quelques jours un renforcement des contrôles de la part des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), afin de détecter des fraudes. Ainsi le ministère faisait-il savoir, dans un communiqué diffusé à la mi-mai :
      « La mise en activité partielle de salariés auxquels il est demandé parallèlement de (télé) travailler, ou des demandes de remboursement intentionnellement majorées par rapport au montant des salaires effectivement payés figurent parmi les principales fraudes identifiées par l’administration. »

      « C’était du chantage »

      C’est ce à quoi est confrontée Pauline, employée dans une petite agence de communication en région parisienne. Quelques jours après l’annonce par le gouvernement de l’assouplissement du dispositif, elle est informée par sa direction qu’elle est placée en chômage partiel à 50 %, « de façon assez vague, et sans plus de précision sur les horaires à respecter » . Alors elle s’organise avec ses collègues et décide de ne travailler que les après-midi, « entre 14 heures et 18 heures » . Mais très vite, les horaires débordent :
      « On recevait des demandes de la direction à longueur de journée. Ils nous envoyaient des e-mails avec en objet des “urgent” ou des points d’exclamation. Il fallait être très réactif. Parfois, la veille, ils nous demandaient de travailler le lendemain matin plutôt que l’après-midi, ce qu’on faisait. Mais après on avait des réunions à 14 heures, à 16 heures… »

      Or dans cette petite entreprise, sans délégué syndical ni direction des ressources humaines, il n’est pas évident de se faire entendre. « On a tenté d’alerter, mais ils sont restés sourds, explique-t-elle. Ils nous disaient : “Nous aussi on est stressés, on travaille beaucoup, mais c’est indispensable pour la société.” C’était du chantage. » Et à la fin du mois d’avril, Pauline s’aperçoit que son salaire net a baissé de quelques dizaines d’euros, son employeur n’ayant pas souhaité payer la différence malgré le travail réalisé à temps plein.

      « On craint tous pour nos emplois »

      « C’est difficile pour un salarié de s’opposer , regrette Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force ouvrière (FO), chargé de l’emploi et des retraites. En plus, avec le télétravail, il se retrouve souvent isolé, sans les collègues autour, donc c’est encore plus compliqué. Et certains ne savent même pas dans quelle situation ils sont. Ils ne découvrent qu’à la fin du mois qu’ils ont été placés en chômage partiel. »

      Frédéric, chargé de la relation client dans une entreprise du secteur du tourisme en région parisienne, s’était, lui, porté volontaire pour travailler malgré son chômage partiel total. Deux heures tous les matins, en avril, pour « dépanner les collègues » . Mais, comme dans le cas de Pauline, très vite la situation évolue. « On me demande aussi de travailler l’après-midi. C’était des SMS, des messages WhatsApp, des e-mails…, explique-t-il. On m’alertait sur mon téléphone sur tel ou tel sujet urgent. Je devais me connecter trois ou quatre fois par jour. » Et la « bienveillance » du début disparaît. Alors qu’il passe à 10 % d’activité en avril, il informe sa direction qu’il ne pourra pas faire plus, du fait de la garde de ses enfants :
      « On m’a répondu : “C’est dur pour tout le monde, il faut le faire.” Avec nos collègues, on en parle, on se dit qu’on devrait moins se connecter, moins travailler, ne pas être aussi réactifs. Mais personne ne le fait, parce qu’on pense à notre poste. On est dans une situation compliquée, on craint tous pour nos emplois après cette crise. C’est une sorte de compétition qui s’est installée. »

      Et si, pour la plupart des salariés interrogés, la perte financière est minime, tous ressentent une « faute morale » et un « cas de conscience » d’être payés par l’Etat alors qu’ils poursuivent leur travail. « C’est quand même gênant de recevoir cette aide, explique Pauline. Ça donne l’impression qu’ils se sont servis de nous pour faire des économies. »

      « Il faut que de vrais contrôles soient mis en place, plaide Michel Beaugas. Il ne faut pas qu’il y ait une ou deux sanctions pour l’exemple. Aujourd’hui, avec les e-mails, les messages… il y a moyen de savoir si le chômage partiel a été respecté ou pas. »

      « J’ai gardé toutes les preuves »

      Tous ont d’ailleurs pris soin d’enregistrer et de faire des captures d’écran des messages reçus et des appels passés de la part de leur direction. Pour se protéger, au cas où… Stéphane explique ainsi :
      « J’ai gardé toutes les preuves, c’est l’avantage du télétravail. Tous les jours je recevais 30 à 40 e-mails alors que je suis censé être en chômage partiel. On nous demandait de tout justifier par Skype, par message, de ce qu’on avait fait, et de ce qu’on était en train de faire, donc j’ai tout gardé là aussi. »

      Frédéric, lui, compte bien s’en servir si son emploi venait à être supprimé au cours des prochains mois, pour « négocier de meilleures conditions de départ en les menaçant d’aller aux prud’hommes ». « Ça ne me ressemble pas, mais j’ai atteint un niveau de défiance », poursuit-il.

      Et tous évoquent une « cassure » entre leur entreprise, leur direction et eux. Alors que Pauline est toujours au chômage partiel, « sans savoir jusqu’à quand » , cet épisode « l’a dégoûtée ». « Je réfléchis à partir » , assène-t-elle. C’est aussi le cas de Stéphane, qui a récemment mis à jour son CV sur LinkedIn et s’est mis « en recherche active » : « Je ne crois plus dans ce groupe, qui abuse de l’Etat et de la solidarité. Cette crise et ce confinement ont finalement été un révélateur de son management. Je n’ai plus confiance en eux. »
      * Tous les prénoms ont été modifiés.

      #emploi_gratuit #employeurs #chômage_partiel

  • Chômage partiel : l’Etat ne prendra plus en charge que 60 % du brut | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/exclusif-chomage-partiel-letat-ne-prendra-plus-en-charge-que-60-du-brut-120

    A compter du 1er juin, l’Etat et l’Unédic ne prendront plus en charge que 60 %, et non plus 70 %, de la rémunération brute des salariés au chômage partiel. L’employeur devra supporter un reste à charge d’un peu moins de 15 %.

    Le gouvernement a tranché sur l’une des mesures les plus scrutées par le monde économique en cette période de déconfinement progressif : à compter du 1er juin et sauf pour les entreprises toujours fermées par mesure sanitaire, l’Etat et l’Unédic ne prendront plus à leur charge 70 %, mais 60 %, de la rémunération brute des salariés placés en chômage partiel, a-t-on appris de sources concordantes. Pas de changement, en revanche, sur le plafond des rémunérations couvertes, qui reste à 4,5 fois le SMIC. Pas de changement non plus pour les rémunérations au SMIC ou en dessous qui restent remboursées à l’employeur à 100 %.

    #paywall #chômage #chômage_partiel

    • Chômage partiel : on sait enfin à combien l’Etat l’indemnisera à partir de juin
      https://www.capital.fr/votre-carriere/chomage-partiel-les-nouvelles-regles-dindemnisation-auxquelles-sattendre-a-p

      A partir du 1er juin, la prise en charge financière du chômage partiel par l’Etat va baisser. Les #entreprises devront prendre à leur charge une partie de l’indemnisation des salariés en chômage partiel, pour la maintenir à 70% de leur #salaire brut. Mais tous les secteurs ne seront pas concernés.

      8,6 millions. C’est le nombre de salariés effectivement placés en chômage partiel à fin avril. Mais ce nombre devrait baisser dans les prochains jours, et pas seulement en raison de la fin du confinement depuis le 11 mai. En effet, à partir du 1er juin, l’Etat compte revoir sa copie en termes de prise en charge financière du chômage partiel. Le but étant d’inciter les entreprises à reprendre leur activité progressivement. “On aura un taux de prise en charge de l’Etat un peu moins important pour l’entreprise”, avait annoncé, dès le 29 avril, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, au micro de France Info.

      Pour rappel, actuellement, un salarié en chômage partiel est indemnisé à hauteur de 70% de son salaire brut au minimum (100% s’il est payé au Smic). Cette indemnisation est intégralement prise en charge par l’Etat et par l’Unédic, dans la limite de 4,5 Smic. A partir du 1er juin, l’Etat compte donc baisser cette prise en charge, à 85% (et non plus 100%) de l’indemnité versée aux salariés au chômage partiel. Mais bonne nouvelle pour les salariés : malgré cette baisse de la prise en charge par l’Etat, ils devront continuer à être indemnisés à hauteur de 70% de leur salaire brut (100% s’ils sont rémunérés au Smic).

      Cela signifie donc qu’il y aura un reste à charge obligatoire de 15% pour l’#employeur. Les entreprises ayant recours au dispositif à partir du 1er juin se feront ainsi rembourser l’équivalent de 60% des rémunérations brutes des salariés placés en chômage partiel touchant plus que le Smic, au lieu de 70% actuellement.

      Certains secteurs profiteront toujours du taux plein

      Mais que certains employeurs se rassurent, cette baisse de la prise en charge du chômage partiel par l’Etat ne concernera pas tous les domaines d’activité. Le ministère du Travail a d’ailleurs prévu, dans le cadre du projet de loi présenté jeudi 7 mai en Conseil des ministres et encore en cours d’examen au Parlement, de pouvoir adapter les règles du chômage partiel en fonction des secteurs. “Conformément aux engagements pris dans le cadre du comité interministériel du Tourisme du 14 mai dernier, les secteurs faisant l’objet de restrictions législatives ou réglementaires particulières en raison de la crise sanitaire, continueront à bénéficier d’une prise en charge à 100%” , indique le ministère du Travail dans un communiqué de presse envoyé ce lundi 25 mai.

      “Tout ce qui est #hôtellerie, #restauration, bars, événementiel, une bonne partie du secteur culturel... Tous les secteurs qui ne peuvent pas opérer par décision administrative continueront à pouvoir bénéficier du chômage partiel pour leurs salariés à taux plein”, avait déjà assuré Muriel Pénicaud, lundi 4 mai, sur BFMTV. Reste à savoir pendant combien de temps ils pourront encore profiter de cette prise en charge à 100%. Un décret à venir doit préciser le cadre de cette mesure.

    • Chômage partiel : polémique autour d’une réduction progressive du dispositif
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/19/chomage-partiel-polemique-autour-d-une-reduction-progressive-du-dispositif_6

      Le gouvernement veut baisser les conditions d’indemnisation, mais les entreprises y sont hostiles.

      Le gouvernement a commencé à préparer les esprits depuis fin avril : le dispositif du chômage partiel, massivement déployé durant la crise sanitaire pour éviter des licenciements en cascade, va être moins généreux à partir du 1er juin. Ce mécanisme, sollicité – potentiellement – pour plus de 12 millions de personnes, assure un niveau de prise en charge très élevé par l’Etat et par l’assurance-chômage : les travailleurs du privé, qui en bénéficient, touchent 70 % de leur salaire brut (100 %, pour ceux qui sont au smic) – la somme étant intégralement remboursée aux employeurs dans la limite de 4,5 smic. L’exécutif veut revoir ces paramètres, le but étant d’« encourager les entreprises à reprendre l’activité ».

      Selon un dirigeant patronal, « l’Etat ne couvrirait plus désormais que 60 % du salaire brut, mais toujours 100 %, pour les personnes au smic ». « Ils veulent faire des économies et sont persuadés qu’il y a des boîtes qui se complaisent dans le chômage partiel, confie cette même source. La nouvelle formule durerait pendant l’été mais en septembre, on ne sait pas ce qu’ils comptent faire. » Combien coûte le dispositif ? Plusieurs estimations ont été avancées, Bercy évoquant 24 milliards d’euros à la mi-avril. Des chiffrages incertains, car on ne connaît pas encore le nombre d’individus effectivement indemnisés.

      Entreprises de proximité
      Quoi qu’il en soit, les organisations d’employeurs sont hostiles à l’idée que l’Etat réduise la voilure. Ce serait « une erreur majeure » d’accroître la contribution des entreprises, à partir du 1er juin, parce qu’elles « tourneront encore à un rythme faible », a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, dans un entretien au Monde (nos éditions datées du 14 mai). Son mouvement aimerait qu’un « dispositif complémentaire de longue durée » voit le jour à la rentrée, en s’inspirant de celui instauré en Allemagne lors de la crise de 2008-2009. « Il faut de la cohérence dans la politique gouvernementale : les entreprises doivent continuer à être accompagnées, sinon on aura payé pour rien », renchérit Alain Griset, le numéro un de l’Union des entreprises de proximité.
      Une analyse assez largement partagée par les syndicats. « La meilleure solution, ce n’est ni de réduire drastiquement ni brutalement [ce mécanisme] car les difficultés d’emploi vont être fortes », affirme Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT insiste cependant sur la nécessité de « contrôler les entreprises pour éviter les effets d’aubaine ». Pour lui, « hors de question » d’amputer la somme allouée aux salariés. S’agissant des employeurs, l’aide apportée par la collectivité peut, selon M. Berger, être modulée selon les secteurs professionnels. « Si on arrête le chômage partiel, le risque est grand que ça se transforme en chômage tout court », résume Michel Beaugas (FO).

      « Après le temps du bazooka pendant le confinement, il faut maintenant faire de la dentelle », Emmanuel Jessua, directeur des études à l’institut d’études économiques Rexecode
      De nombreux économistes pensent, peu ou prou, la même chose. Mettre fin à cette mesure « pour des raisons budgétaires constituerait une très mauvaise décision », assure Philippe Martin, professeur à Sciences Po : « Il s’agit d’un investissement, rentable, dans la conservation des compétences. Une personne en chômage partiel permet de préserver environ 0,2 emploi. » Mais des « aménagements à la marge doivent être étudiés », enchaîne-t-il, afin d’inciter les employeurs à remettre leurs salariés en activité.

      Plusieurs options existent, selon lui : mettre à contribution les entreprises, à hauteur de 10 % de la somme versée aux salariés – mais avec la possibilité de payer dans un an. « Pour les secteurs les plus touchés, il est aussi possible d’envisager que les entreprises gardent temporairement une partie – par exemple 10 % – du chômage partiel, quand elles réembauchent, pour inciter aussi à la reprise », poursuit M. Martin. Enfin, à ses yeux, la prise en charge de la rémunération par la collectivité devrait être plafonnée à 3 smic – et non pas 4,5 smic, comme aujourd’hui : « Ce plafond est trop élevé. »

      Il faut « du cas par cas », plaide Emmanuel Jessua, directeur des études à l’institut d’études économiques Rexecode. « Après le temps du bazooka pendant le confinement, il faut maintenant faire de la dentelle, explique-t-il. L’intervention publique doit être plus ciblée car tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Dans le tourisme, l’aéronautique ou les secteurs qui sont toujours concernés par une fermeture administrative, il va falloir que ce soit assez progressif. »
      Pour Christine Erhel, directrice du Centre d’études de l’emploi et du travail, « il paraît raisonnable de maintenir ce dispositif au-delà de la période de déconfinement, en laissant des marges de manœuvre aux entreprises pour décider du moment où elles cessent d’y avoir recours ». Il s’agit, d’après elle, de « choix qu’il convient de relier à la négociation collective, de manière à les inscrire dans une stratégie de reprise d’activité, discutée avec les élus du personnel ».

      Utilité de scruter les organes de la classe dominante, le 18 mai (article publié le 19/5), L’imMonde donnait avec une longueur d’avance le scénario de la réduction du coût du chômage partiel annoncé une semaine plus tard.

    • Les multiples questions du chômage partiel après le déconfinement (19 mai 2020, maj le 25 mai)
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/19/deconfinement-les-multiples-questions-du-chomage-partiel_6040116_3234.html

      Quelque 12,4 millions de salariés sont concernés et s’interrogent sur leurs obligations ou leurs conditions de rémunération.


      COLCANOPA

      L’assouplissement du chômage partiel est l’une des premières mesures mises en place au début de la crise du Covid-19 pour éviter que les entreprises à l’arrêt procèdent à des licenciements massifs. Plus de 1 million d’entre elles, représentant 12,4 millions de salariés, a demandé à en bénéficier. Mais la reprise doit conduire à une sortie du dispositif comme l’a rappelé lundi 18 mai le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire.
      Le chômage partiel « c’est une situation d’urgence », a souligné le ministre de l’économie, « mais maintenir 100 % de prise en charge du chômage partiel pour les entreprises par l’Etat, ce n’est pas une situation souhaitable sur le long terme ». Le gouvernement planche donc sur une révision de ces conditions afin de pousser les entreprises à reprendre à l’activité. D’ici là, quelles sont modalités du chômage partiel ? Qui est encore éligible ? Quelles sont les obligations du salarié ? Quelles sont les conditions de rémunération ?

      Qui est éligible ?

      Tout le monde n’est pas éligible. Un salarié qui ne retournerait pas au travail par crainte de prendre les transports en commun, peut rester en télétravail, mais ne peut pas être au chômage partiel. « Le recours au dispositif n’est pas une décision individuelle. C’est une demande de l’employeur, qui ne peut pas avoir recours au chômage partiel pour des raisons de sécurité sanitaire » , précise un porte-parole du ministère du travail.
      Le dispositif dit d’activité partielle existait avant le Covid-19 dans des conditions relativement strictes et continuera pour faire face aux aléas conjoncturels des entreprises. La loi d’état d’urgence sanitaire du 23 mars a permis au gouvernement de l’étendre à de nouvelles catégories de bénéficiaires et, surtout, d’adapter « de manière temporaire » le régime social applicable aux indemnités.

      C’est ce cadre provisoire qui, dans la loi, peut être maintenu jusqu’au 31 décembre, mais qui va changer pour certains à partir du 1er juin. D’ici là, trois types de salariés de droit privé peuvent bénéficier du chômage partiel : ceux qui sont empêchés de travailler par les circonstances exceptionnelles du Covid-19, parce que leur entreprise a fermé partiellement ou totalement. A savoir les entreprises dont la fermeture a été décidée par le gouvernement (centres commerciaux, restaurants, etc.), celles dont l’activité a été contrainte par des problèmes d’approvisionnement et de conjoncture et, enfin, celles qui ne pouvaient pas assurer la protection des salariés (gestes barrières, télétravail).

      Deuxième catégorie éligible, celle des salariés dits « vulnérables » ou qui partagent le domicile d’une personne vulnérable, telle que définie dans le décret du 5 mai. A savoir, les femmes enceintes au dernier trimestre de la grossesse, les salariés d’au moins 65 ans, et les malades catégorisés par le Haut Conseil à la santé publique : ceux qui ont des antécédents cardiovasculaires, les malades de cancer évolutif sous traitement, ou avec un diabète non équilibré, une cirrhose au stade B, un déficit immunitaire, les obèses, etc. Depuis le 1er mai, le salarié « vulnérable » doit remettre à son employeur un #certificat_d’isolement que lui aura donné son médecin de ville. C’est l’employeur qui se charge de la déclaration d’activité partielle.

      Enfin, derniers salariés éligibles au dispositif « pour toute la durée de leur isolement » : les parents empêchés de travailler car leur enfant de zéro à 16 ans ou handicapé est maintenu à domicile. Ce qui ne les empêche pas de profiter des week-ends depuis le déconfinement. Le chômage partiel n’interdit pas de se déplacer dans la limite autorisée des 100 kilomètres à vol d’oiseau.

      Garde d’enfants et chômage partiel

      La préoccupation des parents depuis le 11 mai reste la garde d’enfants. De nombreuses écoles sont encore fermées ou n’acceptent que les enfants prioritaires, afin de respecter les règles de distanciation dans les établissements (15 élèves par classe). La semaine de la reprise seuls 24 % des enfants scolarisés en Ile-de-France avaient pu revenir, selon le recteur de Paris. En région, quelques écoles ont déjà refermé leurs portes, alors qu’elles venaient de les ouvrir le 11 mai.
      Que deviennent les salariés parents de jeunes enfants sans école ou sans crèche ? « Ils peuvent être au chômage partiel pendant tout le mois de mai, en donnant à leur employeur une attestation sur l’honneur, dont le modèle est téléchargeable sur le site du ministère du travail. Un bilan d’étape sera fait sur la réouverture des écoles à la fin du mois » , répond le ministère du travail. Les parents vont devoir garder leurs nerfs pour résister à cette gestion de très court terme. Les conditions sont les mêmes pour les enfants en crèche. « Et seul un parent sur deux peut bénéficier du dispositif “garde d’enfants” », précise le ministère. Il est toutefois possible de fractionner : par exemple, 2 jours pour la mère, 3 jours pour le père, au moins jusqu’au 31 mai. De même que si l’école est ouverte mais que les parents ne veulent pas y envoyer leur(s) enfant(s), ils ne sont pas éligibles au chômage partiel pour « garde d’enfant ».

      Quelle rémunération ?

      Depuis le début de la crise, l’Etat prend en charge 84 % (70 % du salaire brut) de l’indemnisation du chômage partiel ; l’allocation versée au salarié doit être au moins égale au smic et est, elle, plafonnée à 4,5 smic. Concrètement, les salariés au smic conservent donc l’intégralité de leur rémunération et la baisse de salaire pour les autres est de 14 %. Ce dispositif est maintenu jusqu’au 31 mai, mais il est destiné à évoluer à compter du 1er juin, afin d’alléger le coût pour l’Etat et inciter les employeurs à reprendre l’activité. Les discussions sont en cours entre le ministère du travail et les organisations patronales pour définir les nouvelles modalités de prise en charge. Mais rien n’empêchera les entreprises qui le souhaitent de compenser en totalité ou en partie le manque à gagner les salariés.

      Peut-on cumuler chômage partiel et travail ?

      Mettre à profit la période de chômage partiel pour travailler, pourquoi pas, pour son propre compte est toujours possible. En revanche, pas question de le faire pour son employeur, ne serait-ce que quelques heures par semaine. « Quand il y a du chômage partiel et que les salariés travaillent, c’est du travail illégal », a rappelé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 7 avril devant le Sénat. L’entreprise encourt alors de lourdes sanctions. Le salarié est donc entièrement en droit de refuser une demande émanant de l’employeur, même s’il s’agit de travailler depuis son domicile, et ce refus ne peut en aucun cas lui être reproché. Les salariés et les représentants du personnel sont invités à signaler aux services du ministère sur le territoire (Direccte) tout manquement à cette règle.

      Pour autant, le chômage partiel n’est pas synonyme de vacances. Le contrat de travail n’est pas rompu, le lien de subordination existe toujours entre l’employeur et le salarié. Celui-ci doit donc rester disponible pour reprendre son poste dès que le besoin s’en fera ressentir, l’employeur n’ayant aucune contrainte en termes de préavis. MIeux vaut donc ne pas partir à l’autre bout de la France − d’autant que les déplacements de plus de 100 kilomètres sont toujours prohibés !

    • Mettre à profit la période de chômage partiel pour travailler, pourquoi pas, pour son propre compte est toujours possible. En revanche, pas question de le faire pour son employeur, ne serait-ce que quelques heures par semaine. « Quand il y a du chômage partiel et que les salariés travaillent, c’est du travail illégal », a rappelé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, le 7 avril devant le Sénat. L’entreprise encourt alors de lourdes sanctions.

      Faut-il le rappeler ?

  • Télétravail : le rêve qui a viré au cauchemar pour de nombreux salariés confinés
    https://www.bastamag.net/teletravail-burn-out-insomnies-accord-interprofessionnel-vie-privee-heures

    Explosion de la charge de travail, absence d’horaires et de coupure entre vie professionnelle et vie privée, pressions supplémentaires, manque de pauses, insomnies, délitement du lien social… Les syndicats demandent la mise en place d’accords interprofessionnels sur le télétravail. Dans l’entreprise d’Emmanuelle*, le télétravail a toujours été « contre-culturel ». Malgré une demande croissante des salarié.es ces dernières années, le grand groupe du luxe et de la mode dans lequel elle exerce s’y est (...) #Décrypter

    / A la une, #Syndicalisme, #Transformer_le_travail, #Conditions_de_travail

    • Il y a là d’autres sujets que le télétravail :
      –le #chômage_partiel pas respecté parce qu’il ne correspond pas à une baisse des revenus ni de la charge de travail mais à un effet d’aubaine pour les entreprises aux dépens de la collectivité qui raque ;
      (Là je viens de prendre un appel d’une des bénévoles de mon asso, elle m’a demandé si je travaillais aujourd’hui, j’ai dit non, aujourd’hui je suis au chômage technique et je bosse vendredi, elle m’a dit à vendredi, c’est comme ça dans l’idéal !)
      –la montée en responsabilité et l’intensification qui s’ensuit de la charge de travail sans changement de statut ni reconnaissance du travail d’encadrement (en tout cas quand il est féminin et perçu comme « naturel » aux femmes)
      –le non-respect des horaires de travail et le #surtravail organisé (donc en partie #travail_gratuit).

      Ça, c’est « seulement » des effets d’aubaine (l’exploitation féroce des conditions actuelles) dans un mouvement à long terme de refus de payer les gens pour leur boulot.

      Ce que je trouve intéressant, c’est ce qui tient au #télétravail en tant que tel :
      –le défaut d’encadrement par la présence sur place et la responsabilité accrue de l’employé·e ;

      « Au début, il faut prouver qu’on télétravaille donc on ne prend pas de pause. On se sent coupable de simplement se faire un thé ou de discuter avec son conjoint », confie Emmanuelle.

      –l’isolement ;

      Là réside, aux yeux de Danièle Linhart, l’un des principaux risques inhérents au télétravail. Pour cette sociologue du travail et directrice de recherche émérite au CNRS, ce dernier pousse à « une sorte de déréalisation de l’activité » : « Celle-ci devient de plus en plus virtuelle, fictive, et perd par conséquent de son sens, de sa finalité. » Pour elle, le lien aux autres est une dimension essentielle du travail, aujourd’hui mise de côté

      –les conditions matérielles très différentes (la pauvre chaise vs. le fauteuil ergonomique, c’est pas très bien traité alors que ça fout en l’air les corps) ;

      « Les enfants ne comprennent pas que je sois là mais que je ne puisse pas être avec eux. J’ai fini par trouver une pièce un peu cachée pour télétravailler, qu’ils ont fini par trouver. J’avais aussi un espace dehors mais dès qu’il pleuvait ça se compliquait. Je bossais sur un coin d’herbe où je pouvais avoir le wifi, donc j’ai très mal au dos. J’en ai en fait plein le dos, littéralement. »

      –et puis la particularité du travail des #femmes #travailleuses.

      Selon l’enquête de l’Ugict-CGT, 81% des télétravailleurs qui ont des enfants ont dû les garder tout en travaillant. La fermeture des écoles s’est par ailleurs traduite pour 43% des femmes en télétravail par plus de 4 heures de tâches domestiques supplémentaires. « On ne peut pas télétravailler tout en s’occupant de ses enfants. C’est une catastrophe, notamment pour les femmes », alerte Sophie Binet, co-secrétaire de l’Ugict-CGT.

      C’est un peu en vrac, cet article, mais tout y est. #intéressant

  • Notes sur le jour où je suis devenue une vieille personne | Alisa del Re
    https://acta.zone/notes-sur-le-jour-ou-je-suis-devenue-une-vieille-personne

    Dans ce texte qui relève à la fois de l’expression subjective personnelle et des considérations stratégiques, Alisa del Re, figure de l’opéraïsme et du féminisme italien, s’interroge sur la construction de la vulnérabilité des personnes âgées durant l’épidémie de Covid-19 et ses conséquences. Ce faisant, elle rappelle la nécessité de replacer la question des corps et de la reproduction sociale au centre de la réflexion politique, et plaide pour une réorganisation sociale qui permette à chacun·e, sans considération pour sa classe d’âge, de bénéficier d’une santé et d’une vie décentes. Source : Il Manifesto via Acta

    • Nous sommes aujourd’hui scandalisé·e·s par ce massacre des personnes âgées, par ce manque de soins pour les corps faibles, qui a montré toutes ses limites parce qu’il n’est pas au centre de l’attention politique, parce qu’il est marginalisé et qu’il est géré suivant les logiques du profit. Face à la pandémie, on découvre, comme si cela était une nouveauté, que nous sommes tou·te·s dépendant·e·s des soins, que nous devons tou·te·s être reproduit·e·s par quelqu’un, que chacun·e d’entre nous porte la faiblesse du vivant en lui ou en elle, que seul·e·s, nous ne pouvons pas grand chose. Nous ne sommes pas des machines disponibles au travail sans conditions, les travailleur·se·s ont été les premier·e·s à faire grève pour que leur santé soit protégée avant le profit, avant même les salaires.

      Au contraire, c’est précisément cette situation exceptionnellement dramatique et sans précédent qui a mis les corps et leur reproduction au premier plan, en soulignant l’étroite relation entre la reproduction, les revenus et les services sociaux – étroite relation qui doit nous servir de programme pour la phase à venir. Même le pape a saisi cette nécessité dans son discours du dimanche de Pâques : « Vous, les travailleurs précaires, les indépendants, le secteur informel ou l’économie populaire, n’avez pas de salaire stable pour supporter ce moment… et la quarantaine est insupportable. Peut-être le moment est-il venu de penser à une forme de salaire universel de base qui reconnaisse et donne de la dignité aux tâches nobles et irremplaçables que vous accomplissez ; un salaire capable de garantir et de réaliser ce slogan humain et chrétien : « pas de travailleur sans droits » ».

      #soin #corps #santé #reproduction_sociale #travailleurs_précaires #indépendants #salaire #revenu_garanti

    • Et #pape. Je ne comprends pas du tout comment son propos sur les droits liés au travail et devant assurer la continuité du revenu dans des situations comme celles-ci (et d’autres : chômage, vieillesse) peut être entendu comme la demande d’un revenu sans contrepartie. C’est bien de droits dérivés du travail qu’il est question.

    • @antonin1, aie l’amabilité s’il te plait de pardonner cette réponse embrouillée et digressive, ses fôtes, erreurs terminologiques et conceptuelles, élisions impossibles et répétitions. Sache qu’elle n’est pas non plus suffisamment mienne à mon goût (je reviendrais peut-être sur ces notes, là, j’en ai marre.).

      Ce revenu là est sans contrepartie car le travail vient avant lui (renversement politique de la logique capitaliste du salaire, payé après la prestation de travail, contrairement au loyer, payable d’avance). C’est reconnaître le caractère social de la production, sans la passer au tamis des perspectives gestionnaires actuellement dominantes à un degré... inusité, bien qu’il s’agisse d’un conflit central. "Chamaillerie" séculaire du conflit de classe prolongé, revisité (quelle classe ? que "sujet" ?) : Qui commande ? Ce point vue selon lequel la contrepartie est par avance déjà assurée, remet en cause le commandement sur le travail (non exclusivement dans l’emploi et l’entreprise) provient pour partie de la lecture politique des luttes sur le salaire, dans l’usine taylorisée, le travail à la chaine, qui ont combattu l’intenable mesure des contributions productives à l’échelon individuel (salaire aux pièces, à la tâche) en exigeant que soit reconnu le caractère collectif de la production avec la revendication durante les années soixante et ensuite d’augmentations de salaire égales pour tous (idem en Corée du Sud, dans l’industrie taylorienne des années 80, ou depuis un moment déjà avec les luttes ouvrières du bassin industriel de la Rivière des Perles chinoise), et pas en pourcentage (ou les ouvriers luttent pour le plus grand bénéfice des « adres », qui accroît la hiérarchie des salaires), ce à quoi on est souvent retourné avec l’individualisation des salaires des années 80, sous l’égide d’une valeur morale, le mérite. Comment peut-on attribuer une "valeur" individuelle à une activité qui est entièrement tributaire de formes de coopération, y compris auto-organisée, mais essentiellement placée y compris dans ces cas "exceptionnels", sous contrainte capitaliste, directe ou indirecte ?

      La est le coup de force sans cesse répété auquel s’oppose tout processus de libération, dans et contre le travail. Avoir ou pas pour finalité LA Révolution, événement qui met fin à l’histoire et en fait naître une autre, qu’on la considère comme peu probable, retardée ou dangereuse - hubris du pouvoir révolutionnaire qui se renverse en domination, à l’exemple de la "soviétique" qui a assuré le "développement" du capitalisme en Russie, entre violence de l’accumulation primitive, bureaucratie, police et archipel pénal, ou faillite, épuisement de la politisation populaire-, ne modifie ça que relativement (et c’est beaucoup, c’est l’inconnu : reprise des perspectives communalistes, mais à quelle échelle ? apologie de la révolution dans la vie quotidienne, de la désertion, de la fragmentation, perte de capacité à imaginer comment la coopération sociale, la production, la circulation, les échanges, la recherche, etc. pourraient être coordonnées autant que de besoin), avoir ou pas La révolution à la façon du Grand soir pour perspective ne supprime pas ce qui fonde des processus de libération, ces contradictions sociales, politiques, existentielles (chez tous, spécialement les femmes et les « colorés » pour employer une désignation étasunnienne, faute de mieux, car réticent au sociologique « racisés »), l’immanence de tensions agissantes, ou seulement potentielles (la menace est toujours là, bien qu’elle ne suffise en rien à elle seule, confère par exemple l’époque ou, actualisée ou rémanente, l’ivresse mondiale du socialisme pouvait partout potentialiser la conflictualité sociale). Ne pas en rester aux « alternatives » de la politique gestionnaire, impose de s’appuyer sur des avancées pratiques seules en mesures de relancer cet enjeu de lutte... Il y aurait sans doute à le faire aujourd’hui à partir du #chômage_partiel provisoirement concédé sous les auspices de la crise sanitaire à plus de la moitié des salaires du privé et d’autres phénomènes, massifs ou plus ténus. Être dans la pandémie réintroduit une étrange forme de communauté, et à quelle échelle ! Quels agencements collectifs d’énonciation se nicheraient là depuis lesquels pourraient être brisée la chape de la domination et dépassée le fragmentaire, sans dévaster des singularités encore si rares (si on excepte les pratiques comme champ propice à l’invention de mondes, si l’on excepte les vivants non bipèdes dont nous avons à attendre une réinvention de notre capacité d’attention), ça reste à découvrir.

      Nos tenants du revenu d’existence ou de base s’appuient d’ailleurs sur ces contradictions, latentes ou visibles (le scandale de la misère, d’une rareté organisée , ce en quoi je ne peux qu’être d’accord au cube) et déclarées, pour promettre de les résorber peu ou prou. Comme on parlait du "socialisme à visage humain" après Staline, la mort du Mouvement ouvrier, et non des luttes ouvrières, fait promettre une consolation impossible, un capitalisme à visage humain, ce qu’on retrouve chez les actuels enchantés actuels l’après qui sera pas comme avant qui refusent d’envisager qu’il s’agit de force à constituer et à mettre en oeuvre, contre la violence du capital, ne serait- ce que pour modestement, mais quelle ambition !, la contenir (sans jamais tabler outre mesure sur le coût d’arrêt écologique). Pourtant, il n’y a aucun espace pour le "réformisme » sans tension révolutionnaire, sans conflit, ouvert ou larvé, qui remette en cause avec force le business as usal.

      Je digresse à profusion, mauvais pli. Le travail déjà là qui « justifie » (que de problèmes inabordés avec l’emploi de ce terme) le revenu garanti, doit se lire au delà de l’usine et de toute entreprise : l’élevage des enfants, le travail des femmes, la scolarisation et la formation, l’emploi aléatoire et discontinu, le travail invisible(ils sont plusieurs, dont une part décisive des pratique du soin), la retraite (qu’elle a déjà bien assez travaillée avant d’avoir lieu, les comptables pourraient servir à quelque chose si on les collait pas partout où ils n’ont rien à faire que nuire), les périodes de latence elles-mêmes, et donc la santé (pas tant la "bonne santé" que la santé soignée, défaillante et « réparée », soutenue) prérequis à l’existence de la première des forces productives (souvent réduites au capital fixe et à la science) le travail vivant, d’autant que c’est toujours davantage la vie même qui est mise au travail (jusqu’aux moindres manifestations d’existence et échanges : data), ici le revenu garanti est une politique des besoins radicaux autant qu’il signe une acceptation de l’égalité. C’est du moins comme cela que je veux le voir (bien des seenthissiens sont en désaccord avec divers points évoqués ici, et avec une telle caractérisation de la portée révolutionnaire du revenu garanti, qui fait par ailleurs l’objet de nombreuses critiques se prévalant de l’émancipation, de la révolution, etc.).

      Antériorité du travail vivant sur le rapport de capital donc. L’économie venant recouvrir cela, si l’on veut bien en cela "suivre" Marx sans renoncer à une rupture des et d’avec les rapports sociaux capitalistes (modalités diverses : intellectuelles, lutte, Révolution, révolutions..) - compris dans ses versions marxistes (décadence objectiviste et économiciste de la critique de l’économie politique alors que ce type d’approche ne peut aller sans poser la question du pouvoir, du commandement capitaliste (micro, méso, macro, global).
      L’approche d’Alisa del Re, l’intro à son texte le rappelle, a partie liée avec un courant théorico-politique né dans l’Italie au début des années 60, l’opéraïsme, un marxisme hérétique et une pratique de pensée paradoxale.
      [Voilà comment j’ai relevé ce jour les occurrences de La Horde d’or pour leur coller tous le # La_Horde_d’or, (parfois, je ne disposais pas d’un post perso où ajouter ce #, s’cusez), livre en ligne http://ordadoro.info où on trouve de quoi satisfaire en partie la curiosité sur ce courant et ces histoires, par recherche internet sur le site dédié ou en employant l’index].

      La revendication d’un revenu garanti, d’une généralisation égalitaire des "droits sociaux" qui soit substantielle, (niveau élevé, absence de conditionnalité, de familialisation comme mécanisme de base, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas tenir compte positivement de l’ampleur du ménage, des enfants, etc. ) peut (a pu, pourra ?) mettre crise la politique du capital (une vie soumise à la mesure du temps de travail, une disponibilité productive gouvernée, cf. chômage) et entrouvrir à un autre développement que le "développement" capitaliste, de faire que la "libre activité" actuellement interdite, bridée, exploitée et toujours capturée -ce qui limite singulièrement la définition des prolos et précaires comme surnuméraires , même si celle-ci décrit quelque chose de l’idéologie agissante de l’adversaire, qui n’est pas un rapport social sans agents agissants, ni une simple oligarchie sans assise sociale réelle, mais bien l’organisation de fait de militants de l’économie fabriqués en série dans les écoles faites pour ça, et pas seulement la télé -, que la libre activité ou la "pulsion" à oeuvrer, transformer, inventer (présente sous le travail qui est nécessité économique avant tout) absorbe comme n voudra capturée pour le profit puisse relever de satisfaction des besoins)

      Travail, revenu et communisme t’intriguent. Si ce qui précède ne te refroidit pas, il y a ici même des # utilisables pour un parcours, petites promenades ou randonnée sans fin : revenu_garanti refus_du_travail general_intellect opéraïsme salaire_social salaire_garanti Mario_Tronti Toni_Negri Silvia_Federici Paolo_Virno Nanni_Ballestrini ... labyrinthe étendu lorsque s’y ajoute dess # trouvé dans les textes abordés ou la colonne de droite du site.

    • Pardon @colporteur mais ça fait vingt ans que j’entends virevolter les abeilles de YMB, traducteur de tout ce beau monde, et je ne comprends toujours pas comment dans le cadre où nous sommes, une société capitaliste libérale, une revendication de revenu garanti peut ne pas être une mesure libérale. Dans une société idéale, peut-être, sans accumulation, sans marché du travail, où nous sommes plus proches des bases matérielles de nos vies, où le travail fait donc sens et s’impose sans être imposé... Mais pour l’instant, je ne vois pas comment on peut sortir de la condition surnuméraire par la magie d’un revenu sans fonction sociale. Serait-ce le plus beau métier du monde, tellement beau que les mecs se battent pour l’exercer, justement la fête des mères se rapproche.

    • [Les # du post précédent ne s’enregistrant pas, j’essaie ici] il y a ici même des # utilisables pour un parcours, petites promenades ou randonnée sans fin : #revenu_garanti #refus_du_travail #general_intellect #opéraïsme #salaire_social #salaire_garanti #Mario_Tronti #Toni_Negri #Silvia_Federici #Paolo_Virno #Nanni_Balestrini ... labyrinthe étendu lorsque s’y ajoute des # trouvés dans les textes abordés ou/et dans la colonne de droite du site.

  • « Il faut se serrer un peu plus la ceinture » : quand chômage partiel rime avec fiche de paie amputée, Bertrand Bissuel, Julie Carriat
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/18/il-faut-se-serrer-un-peu-plus-la-ceinture-quand-chomage-partiel-rime-avec-fi

    A l’arrêt du fait de l’épidémie due au coronavirus, près de 9 millions de salariés en chômage partiel voient leurs revenus baisser. « Le Monde » a récolté les témoignages de certains d’entre eux.

    Thierry a beau s’y être préparé, le manque à gagner qu’il vient de subir lui a causé une petite émotion. Cadre dans un restaurant de la région parisienne, il ne travaille presque plus depuis la mi-mars, l’établissement qui l’emploie ayant dû fermer ses portes, comme tous les « lieux, recevant du public, non indispensables à la vie du pays ». Thierry a, du même coup, basculé en « activité partielle », dispositif plus connu sous le nom de chômage partiel ou chômage technique. Un changement de situation synonyme de salaire amputé : pour le mois de mars, « l’écart est de 340 euros net », affirme-t-il, soit environ « 10 % » de sa rémunération habituelle.

    Thierry ne se lamente pas, conscient du fait qu’il se situe en haut de l’échelle des revenus. Mais il va essuyer une perte financière plus importante sur avril, puisque cette période-là sera intégralement chômée. « Je suis locataire et n’ai donc pas de crédit immobilier à rembourser, confie cet homme, encarté à Force ouvrière (FO). Mais si mes ressources sont diminuées pendant trois ou quatre mois, je vais commencer à rencontrer des difficultés. »

    Aujourd’hui, ils sont près de 9 millions à relever, comme Thierry, de l’activité partielle, soit près d’un salarié du privé sur deux. Une situation sans précédent, en France. Le gouvernement a voulu faire jouer ce mécanisme au maximum, afin que les patrons conservent, autant que possible, leur main-d’œuvre durant la récession déclenchée par la pandémie due au coronavirus. Dans cette optique, les règles ont été revues en profondeur, le but étant de bâtir le système « le plus protecteur » d’Europe, selon la formule de la ministre du travail, Muriel Pénicaud. Grâce à ce dispositif, cofinancé par l’Etat et par le régime d’assurance-chômage (Unédic), les salariés perçoivent une indemnité correspondant, en moyenne, à 84 % de leur salaire net. L’employeur peut, s’il le souhaite, mettre la main à la poche pour compenser la différence et assurer, ainsi, le maintien de la paye.

    Un filet de sécurité, mais des limites

    Si le filet de sécurité dressé par l’exécutif préserve une large part du pouvoir d’achat des personnes concernées, il comporte des limites. Ainsi, certaines composantes de la rémunération du salarié ne sont pas prises en considération pour fixer le montant de l’indemnité d’activité partielle : parmi elles, il y a l’intéressement, la participation et les « primes ou indemnités ayant le caractère de remboursement de frais professionnels » – par exemple, la prime de panier, précise Patrick Bordas, vice-président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables.

    Maçon coffreur dans une entreprise de travaux publics, Ibrahim indique, lui, avoir perdu un peu plus de 200 euros sur sa paye du mois de mars – période durant laquelle il a chômé plusieurs jours. Un manque à gagner qu’il impute à la non-prise en compte de la prime de panier et de l’indemnité de transport. « Ça a des conséquences sur mon budget », souligne ce délégué syndical CGT, père de six enfants et dont l’épouse est sans profession. Il envisage « de supprimer certaines dépenses », sans trop savoir lesquelles à ce stade : peut-être cessera-t-il de participer au règlement des assurances des voitures appartenant à ses fils.

    Dans certains cas, les baisses de ressources s’avèrent plus importantes, à en croire les propos de salariés qui ont répondu à un appel à témoignages lancé sur Lemonde.fr. Salarié d’un grossiste pour la restauration dans les pays de la Loire, Lkif est au chômage partiel depuis le 14 avril. Sa rémunération fixe – 1 350 euros par mois – lui sera payée à 100 %, grâce à un coup de pouce de son employeur. En revanche, faute de clients, il fait son deuil des quelque 500 euros mensuels de commission qu’il empoche habituellement. « On [le salarié porte parole du patron, un must pour Le Monde] a trois emprunts à payer, jusqu’à quand ça va durer ? Je ne vais pas toucher mon salaire d’avant-crise avant plusieurs mois », présage-t-il. Pour autant, il estime ne pas être « à plaindre ». Sa compagne travaille, ce qui permet au couple de faire face aux mensualités de ses crédits, non négligeables, de 1 400 euros en tout.

    En activité partielle depuis le 23 mars, Mathilde, elle, a demandé à sa banque de décaler de trois mois les remboursements d’un prêt immobilier. « Ils me réclamaient presque 1 000 euros de frais de dossier pour accepter ma requête, j’ai refusé », raconte cette commerciale dans un laboratoire pharmaceutique, qui continue, du coup, à honorer ses créances.
    Il arrive que des ménages cumulent les manques à gagner. Assistante maternelle à proximité de Toulouse, Pascale perçoit 300 euros de moins qu’à l’accoutumée. Pour son conjoint, employé 39 heures par semaine, la perte se monte à un peu plus de 800 euros, notamment parce que le travail effectué à partir de la 36e heure a été exclu du calcul de l’indemnité en mars – ce qui ne devrait, toutefois, plus être le cas par la suite (la réglementation ayant très récemment évolué). Au total, les revenus du couple dégringolent de plus de 1 000 euros. Et la banque « refuse de me décaler les mensualités » d’un emprunt immobilier, soupire-t-elle.

    « Il y a une diminution de salaire, bien évidemment, mais pas de diminution des loyers ou des charges, donc il faut se serrer un peu plus la ceinture », abonde Pauline, 28 ans, responsable de salle dans un restaurant d’Annecy, qui est passée de 1 800 à 1 650 euros en mars. Désormais, il faut tenir les comptes au cordeau, entre la location du logement (650 euros par mois) et les achats plus fréquents de produits alimentaires, puisqu’elle ne mange plus avec ses collègues, avant le service. Si l’envie de retourner à son poste la tenaille – « les journées sont très longues » –, elle craint aussi le pire pour la saison d’été, plusieurs événements, dont le Festival international du film d’animation, ayant été annulés.

    « C’est un vol »

    Dans le monde de l’hôtellerie-restauration, les incidences du passage au chômage partiel sont fortes, observe Nabil Azzouz (FO) : les pourboires non déclarés échappent au calcul de l’indemnité. Et s’agissant des salariés dont la paye est indexée sur le chiffre d’affaires de leur société, le préjudice pourrait, là aussi, être important, complète M. Azzouz.
    Parfois, le chômage partiel n’a rien de chômé : sous pression de leur hiérarchie, des personnes poursuivent leurs missions
    Cependant, une rémunération amoindrie n’entraîne pas forcément des sacrifices supplémentaires. « Depuis que je suis au chômage partiel, je gagne 100 euros de moins que d’ordinaire, mais je ne le ressens pas », confie Laura, 27 ans, rédactrice dans une agence de relations presse en Ile-de-France. Avec le confinement, certaines dépenses ont disparu : l’abonnement aux transports en commun, les achats de livres… Elle en viendrait même à conclure qu’elle « épargne plus qu’avant ». Ce qui ne l’empêche pas d’être inquiète pour l’avenir : l’inactivité pourrait se prolonger « au moins jusqu’à l’été », relate-t-elle, et des « rumeurs » de licenciements économiques commencent à circuler parmi le personnel.

    Parfois, le chômage partiel n’a rien de chômé. Sous la pression de leur hiérarchie, des personnes sont contraintes de poursuivre leurs missions, en dépit des mises en garde répétées de Mme Pénicaud qui a martelé que de telles pratiques étaient contraires à la loi.
    Cadre dans une entreprise de rachat de crédits, Christophe, qui témoigne sous un prénom d’emprunt, se souvient du jour où son supérieur lui a annoncé qu’il était désormais en activité partielle : « Il m’a demandé directement de continuer à faire avancer les projets, pour qu’on ne soit pas en perte de vitesse. » Occupant une position élevée dans la société, il a protesté mais continue, toutefois, de travailler, à son domicile, pendant les siestes de ses enfants, par conscience professionnelle. Avec ce dispositif financé par des deniers publics, « ils ont limité la casse, fortement », dit-il, mais en agissant de manière « immorale ».

    « C’est un vol au détriment de la collectivité », renchérit Nathalie, employée dans une société de services à la personne, dont le prénom a été modifié. En théorie, elle est au chômage partiel à 90 % mais dans les faits, elle consacre beaucoup plus de temps à son métier : « Il n’y a pas d’injonction directe, mais l’entreprise fonctionne avec une culture du “travailler plus”. C’est un choix qui est fait, au nom de la sauvegarde des emplois, mais ce n’est pas honnête car aucun cadre clair n’a été posé. »

    Consultant dans un cabinet de conseil parisien, spécialisé en santé et sécurité au travail, Nicolas, qui témoigne également sous un prénom d’emprunt, se trouve dans une situation similaire. « Les choses sont dites à l’oral, il est conseillé à tout le monde de travailler, même durant ses congés, RTT, et au chômage partiel », rapporte-t-il, en dénonçant une « organisation hypocrite et opportuniste ». « Il y a un intérêt bien compris entre les consultants et les associés, qui est de dire : “Vous continuez à bosser parce que sinon, la boîte se casse la gueule”, ajoute-t-il, amer. On l’accepte parce qu’on comprend pourquoi c’est fait, mais sur le principe, ça choque. »

    Le chômage partiel en deux chiffres
    8,7 millions
    C’est le nombre de personnes concernées par une demande de chômage partiel déposée par leur employeur, à la date du 14 avril. Quelque 732 000 entreprises avaient accompli une démarche en ce sens, selon les services du ministère du travail.
    84 %
    C’est la part que représente l’indemnité allouée à la personne au chômage partiel, par rapport à son salaire net. Autrement dit, sa rémunération est amputée de 16 %. Il s’agit d’une moyenne, le pourcentage pouvant varier selon les situations, comme le montrent des simulations faites pour Le Monde par l’ordre des experts-comptables. Ainsi, dans l’hypothèse où la personne n’a pas du tout travaillé au cours du mois, la somme qui lui est versée correspond à 100 % de son salaire net, si elle est au smic. Pour un individu touchant 2 000 euros brut par mois, l’indemnité d’activité partielle représente 88,6 % de sa rémunération nette, soit une perte de 179,80 euros. Dans le cas d’un salarié payé 3 000 euros brut par mois, le manque à gagner équivaut à 17 % de son salaire net, soit près de 408 euros.

    30 mars 2020 : Coronavirus : le chômage partiel entraîne une perte de revenus de 1,2 milliard par mois pour les ménages, selon l’OFCE
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/30/coronavirus-le-chomage-partiel-entraine-une-perte-de-revenus-de-1-2-milliard

    (...) Parmi les éléments étudiés par les économistes de l’OFCE figure l’impact du dispositif de chômage partiel, sollicité vendredi 27 mars par 220 000 entreprises pour 2,2 millions de salariés au total. Ce chiffre pourrait plus que doubler et atteindre 5,7 millions d’employés − soit 21 % de l’emploi salarié en France − si l’ensemble des entreprises touchées par la baisse de l’activité économique déposent une demande de chômage partiel auprès des services du ministère du travail.

    Au global, selon les calculs de l’OFCE, ce dispositif représente, pour les salariés, un « manque à gagner » de 1,2 milliard d’euros pour un mois de chômage partiel. Soit, en moyenne, pour un salarié, 216 euros en moins sur la fiche de paie. Sous réserve que « les entreprises ne compensent pas les pertes de revenus des salariés », précise l’Observatoire.

    En effet, si le gouvernement a fait le choix d’indemniser à 100 % les salariés qui touchent le smic, ceux au-dessus du smic, eux, ne touchent que 84 % de leur salaire net dans la limite de 4,5 smic. Mais chaque employeur conserve, bien évidemment, la latitude de prendre à sa charge cette perte de revenus pour ses salariés. Le coût pour les finances publiques du dispositif atteindrait, lui, 12,7 milliards d’euros par mois, chiffre auquel il faut ajouter une perte de cotisations sociales de 8,7 milliards, soit un total de 21,4 milliards d’euros mensuels.

    Une aide proratisée

    L’OFCE a également examiné la situation des salariés des entreprises dont la fermeture a été ordonnée par le gouvernement (commerces non alimentaires, hôtels, restaurants…). Ils représentent un effectif de total 2,4 millions de personnes, dont 2 millions de salariés. Pour eux, le chômage partiel se traduit par une baisse globale de revenus de 349 millions d’euros par mois de chômage, soit environ 175 euros par mois pour chaque salarié concerné. Le coût pour les finances publiques, lui, est de 3,8 milliards d’euros d’indemnités versées et de 2,4 milliards de cotisations sociales non versées, soit 6,2 milliards d’euros par mois.
    Les personnes employées en contrats courts (CDD, fins de mission d’intérim…) pourront toucher une indemnisation, à condition d’avoir travaillé suffisamment longtemps

    A noter que la baisse de l’activité, qu’elle soit imposée du fait du confinement ou non, impacte également environ 1,2 million de personnes dont le statut n’ouvre pas droit au chômage partiel. Une partie d’entre elles est non salariée. Elles peuvent alors prétendre − si elles remplissent les conditions − au fonds de solidarité créé par Bercy. Selon les dispositions présentées lundi 30 mars, une aide forfaitaire de 1 500 euros sera versée aux personnes dont l’activité a été totalement arrêtée. Celles qui ont subi une perte d’au moins 50 % de leur chiffre d’affaires toucheront une indemnité proratisée, à concurrence de 1 500 euros.

    Restent enfin les personnes employées en contrats courts (CDD, fins de mission d’intérim, fin de période d’essai…), soit entre 140 000 et 150 000 personnes, qui ne peuvent non plus prétendre au chômage partiel. A condition d’avoir travaillé suffisamment longtemps, elles pourront toucher une indemnisation de l’assurance-chômage. Mais ce « seront, au final, les plus impactés », souligne Bruno Ducoudré, économiste à l’OFCE. L’organisme de prévision prévoit d’analyser plus en détail dans les jours qui viennent les conséquences du choc économique dû au confinement et à la baisse d’activité sur les revenus des ménages.

    Rappel, sous peu on aura au moins 11,1 millions de salariés payés hors emploi : Les salariés en arrêt de travail pour garde d’enfants et les personnes vulnérables vont passer au chômage partiel
    https://seenthis.net/messages/844741

    #chômage_partiel #revenu_garanti

    • Coronavirus : déjà 11 milliards de pertes de revenus pour les ménages en France
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/21/coronavirus-deja-11-milliards-de-pertes-de-revenus-pour-les-menages-en-franc

      Cette dégradation du pouvoir d’achat, pour l’instant due à l’arrêt de l’activité, risque de s’amplifier dans les mois à venir.

      Si la crise économique liée à l’épidémie de coronavirus est d’une ampleur inégalée, elle ne pèse encore que peu, en France, sur les ménages. Les 120 milliards d’euros perdus depuis le début du confinement, le 17 mars dernier, n’ont affecté les particuliers qu’à hauteur de 11 milliards d’euros, selon les scénarios établis par les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Soit 7 % du total. Les entreprises, elles, « perdent » environ 35 % du total, tandis que l’Etat essuiera, via le déficit public, le reste de l’ardoise.

      « Pour les ménages, cela représente une perte de pouvoir d’achat d’environ 50 euros par semaines, soit 400 euros sur la totalité de la période de confinement » , précise Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE. Un chiffre moyen, qui recouvre une grande hétérogénéité de situations : les salariés au smic bénéficient dans le dispositif du chômage partiel du maintien intégral de leur salaire, ceux au-dessus du smic touchent 85 % de leur rémunération.

      Une « cassure »

      Les indépendants, à eux seuls, qui se rémunèrent directement avec leur activité, participent pour 2 milliards d’euros à cette baisse des revenus. Les salariés en fin de contrat court, ou en fin de mission d’intérim, et dont la mission n’a pas été renouvelée du fait de la crise voient eux leur revenu pris en charge par l’assurance-chômage – dans la mesure où les droits leur sont ouverts, et pour une durée variable.

      « Nous estimons que 460 000 personnes vont se retrouver sans emploi à l’issue du confinement, précise Bruno Ducoudré, économiste à l’OFCE. Parmi elles, environ 180 000 personnes en contrat court, et 288 000 personnes qui étaient en période d’essai, par exemple, ou qui sont licenciées – éventuellement pour d’autres raisons que le Covid-19. » Enfin, une dernière catégorie de personnes subit une amputation significative de leurs revenus – ce sont celles qui subsistaient en partie grâce à « l’économie grise » , comme le dit Xavier Timbeau, c’est-à-dire ce qui est à la frontière de la légalité et dont le nombre est par nature difficile à évaluer.

      « Seul le recul de l’inflation (importée notamment) permet d’amortir le choc et de redonner un peu d’oxygène à la dépense des ménages » , estime l’institut Xerfi.
      Toutefois, pour les ménages français, ce recul relativement faible du pouvoir d’achat risque de n’être que temporaire. En sortie de crise, l’arrêt des mesures de soutien aux entreprises, et notamment du chômage partiel, peut donner un coup d’accélérateur à la dégradation des revenus, notamment avec l’arrivée des premières défaillances d’entreprises ou des plans de licenciement. L’institut Xerfi fait l’hypothèse d’une « forte cassure de la dynamique du pouvoir d’achat des ménages » sur l’année 2020. « En 2019, le gain de pouvoir d’achat avait été de 1,9 % en moyenne » , rappelle-t-il. « En 2020, le pouvoir d’achat devrait reculer de près de 1 %. On observe donc un ralentissement de 2,5 à 3 points du pouvoir d’achat entre 2019 et 2020. Ce dernier pourrait stagner encore en 2021. »

      Xerfi explique cette « cassure » par plusieurs éléments : au chômage partiel, déjà cité, qui va entamer de 0,9 point le pouvoir d’achat des ménages et à la forte dégradation du revenu des indépendants, il faut ajouter les heures supplémentaires et les primes perdues, et enfin le recul de l’emploi à venir. « Seul le recul de l’inflation (importée notamment) permet d’amortir le choc et de redonner un peu d’oxygène à la dépense des ménages » , conclut Xerfi. Ajoutons à cela l’impact des politiques salariales à venir, qui seront « fragilisées » , de même que l’emploi, par la récession, comme le souligne Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.

      Or, si ces dernières années l’Etat a soutenu le pouvoir d’achat, notamment par les baisses d’impôt, le scénario à venir pourrait fort bien être différent. « Le rôle massif de la dépense publique en 2020 pour soutenir le pouvoir d’achat ne peut qu’être temporaire » , analyse Olivier Vigna, chef économiste chez HSBC France. « Prévus pour atteindre des niveaux record en 2020, déficit public et dette publique devront revenir ensuite sur des trajectoires plus soutenables, ce qui rendra l’évolution du pouvoir d’achat tributaire des choix fiscaux à venir. » Au programme de l’année, il faudra sans doute prévoir un retour du débat sur le partage des richesses entre les entreprises et les salariés et les politiques de redistribution.

      #travailleurs_indépendants #économie_grise

    • Les jeunes sont les premiers et les plus touchés par les effets de la récession
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/21/les-jeunes-sont-les-premiers-et-les-plus-touches-par-les-effets-de-la-recess


      Hassan, étudiant confiné dans sa chambre de la residence Evariste Galois, à Villeneuve d’Ascq (Nord), le 18 avril 2020. Sarah Alcalay pour Le Monde

      Les secteurs très affectés par les mesures de confinement sont aussi ceux qui emploient beaucoup de 18-25 ans. Les étudiants récemment diplômés vont également en pâtir.

      Si les jeunes sont les moins touchés par la pandémie, ils sont en première ligne de la crise économique. Ils sont particulièrement employés par les entreprises qui ont dû fermer à cause du confinement : restaurants, commerces, centres de loisirs… Au Royaume-Uni, par exemple, 30 % des employés de moins de 25 ans travaillent dans ces secteurs, contre seulement 13 % des plus de 25 ans, selon l’Institute for Fiscal Studies (IFS), un centre d’études économiques. En France, la situation est similaire.

      « Contrairement à la crise de 2008, qui a aussi touché la finance ou les services professionnels, l’effet est cette fois-ci plus concentré sur les moins qualifiés, les bas salaires et les plus jeunes » , explique Xiaowei Xu, auteure de l’étude de l’IFS.

      Non-renouvellement des CDD

      Le deuxième effet négatif pour les jeunes est qu’ils vont entrer sur le marché du travail au pire moment. Les quelque 700 000 personnes qui vont sortir cette année de formation en France seront les premières victimes de la hausse inévitable du chômage, et leur carrière professionnelle va être durablement affectée. « Lorsque l’entreprise fait face à des chocs, elle essaie de conserver les salariés qualifiés et arrête d’embaucher » , rappelle Camille Landais, professeur à la London School of Economics.

      « La première forme de régulation de l’entreprise en période de crise est le non-renouvellement des CDD et des contrats d’intérim : or, les jeunes sont massivement représentés sur ces postes » . Cet effet s’était fait durement ressentir lors de la crise financière de 2008-2009, lorsque le taux de chômage des 15-24 ans avait augmenté de moitié, atteignant un niveau record de 26,2 % fin 2012.

      Les études au long cours montrent également que démarrer sa vie professionnelle sur fond de crise est pénalisant sur le long terme. Les enquêtes « Génération » menées par le Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) à partir d’un échantillon représentatif de jeunes quittant le système éducatif à tout niveau de formation permettent de suivre leur trajectoire sur le marché du travail jusqu’à sept ans. Leurs conclusions sont sans appel. « On assiste à un ralentissement de la dynamique professionnelle, plus de temps passé au chômage et une trajectoire de stabilisation plus lente vers un CDI » , résume Florence Lefresne, directrice générale du Céreq et docteure en économie du travail.

      Baisse des salaires médians

      Ainsi, au bout de sept ans de vie active, les jeunes qui sont sortis en 2010 − qui ont donc vécu la crise de 2008 − avaient passé 73 % de leur temps en emploi, contre 80 % pour les jeunes sortis de formation en 1998. Pour 13 % des jeunes de 2010, la trajectoire professionnelle a été dominée par le chômage, contre 7 % seulement pour les jeunes de 1998. Seuls 55 % des jeunes de 2010 ont vu leur trajectoire se stabiliser sur un CDI, contre 66 % de ceux de la génération 1998. Toutefois, comme le précise la directrice du Céreq, « l’érosion de la norme du CDI dans le recrutement des jeunes tient sans doute autant de la transformation structurelle du marché du travail que de la crise elle-même » .

      Le choc a été observé de la même façon outre-Manche. Après la crise de 2008, les salaires médians réels ont baissé pour toutes les tranches d’âge pendant quelques années, avant de se redresser et de revenir à peu près au même niveau en 2019. Une exception : ceux qui ont aujourd’hui une trentaine d’années, et qui étaient en début de carrière il y a une décennie. Leur salaire médian demeure d’environ 7 % inférieur à leur niveau de 2008.
      Cet impact de la crise sur les carrières professionnelles n’est pas uniforme pour tous les jeunes. « Il y a de fortes chances que la crise amplifie les écarts observés entre les sans-diplôme et les diplômés , souligne Florence Lefresne. Il ne faut pas oublier que les non-diplômés sont plus durablement atteints en période de crise et connaissent une période plus longue d’exclusion du marché du travail. »

      A titre d’exemple, un non-diplômé de la génération 2010 a passé moins de la moitié des sept premières années de vie active en emploi. A cet égard, l’évolution des dispositifs d’apprentissage, qui sont très dépendants de la bonne santé des entreprises, jouera un rôle crucial. « L’impact de la crise actuelle sur les moins diplômés dépendra pour beaucoup des dispositifs de formation, en particulier des possibilités de maintenir et d’accroître les places en apprentissage, en dépit de la chute de l’activité » , ajoute Mme Lefresne.

      #jeunes #revenu

    • Chômage partiel, hôtellerie-restauration, tourisme
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/22/coronavirus-macron-en-deplacement-en-bretagne-les-ministres-rendent-leur-cop

      ...#hôtellerie-restauration, où 9 salariés sur 10 sont au chômage partiel, et le #BTP, où 93 % des salariés sont également au chômage partiel, a (...) détaillé [la manageure Pénicaud].

      A l’issue du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a dit ne « pas confirmer » l’hypothèse d’une réouverture des cafés-bars-restaurants pour le 15 juin, dans l’attente du plan d’aide promis par le gouvernement pour ce secteur sinistré. (...)

      Les embauches dans le secteur privé ont connu une baisse mensuelle historique au mois de mars, selon les données de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) : le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois dans le secteur privé, hors intérim, a plongé de 22,6 % le mois dernier.

      Lors d’une audition par la commission des affaires sociales du Sénat, Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a prévenu que l’épidémie de Covid-19 allait faire exploser le déficit de la Sécurité sociale à plus de 41 milliards d’euros, « du jamais-vu », même au plus fort de la crise financière en 2008. Le record de 2010 (28 milliards) est effacé et ce montant, « qui peut donner le tournis » , reste de surcroît « une hypothèse favorable », compte tenu notamment de probables annulations de cotisations dans « certains secteurs » , comme la #restauration, l’#hôtellerie ou le #tourisme, a précisé M. Darmanin.

    • Je suis depuis peu en emploi dans une association. On va passer au chômage technique partiel, 3/5 de mai à août compris, avec rémunération complétée par l’asso pour nous laisser à 100 % de la rémunération. Je suis en CDD et j’ai un peu peur que ça grève mes droits au chômage pour plus tard...

      Et puis surtout notre activité n’a pas baissé avec la pandémie, on a annulé un truc massif de l’activité de l’association mais ça prend aussi plein de temps et c’est remplacé par d’autres trucs. Les revenus de l’asso ne sont pas impactés, on n’a pas de clients à servir qui auraient disparu (la baisse est à craindre plus tard, avec la récession économique).

      L’équipe salariée craint que dans cette asso en récession continue depuis des années (démographie assez âgée) cet épisode fasse partie d’un mouvement continu de baisse de la masse salariale. Faire financer par l’État une baisse de productivité pendant la pandémie (les premières semaines on n’a pas fait nos heures, entre les difficultés de concentration et les soucis techniques), c’est réglo, mais en profiter pour faire raquer pour deux mois d’été moins actifs, ça l’est beaucoup moins. Donc on se retrouve à dire non quand on nous demande d’assurer des tâches...

      Et moi je flippe à mort parce que j’ai choisi de ne pas faire de démarche pour renouveler mon revenu garanti (marre d’être une machine à bouffer-chier mon AAH dans un environnement social dont la qualité ne doit qu’à mes efforts) et c’est pile au moment où je n’ai plus aucune chance de retrouver un boulot. J’avais imaginé cette possibilité mais trouver enfin à me caser quelques mois à ma 93e candidature à un boulot de larbin, ça m’avait regonflé le moral et je retombe d’un peu haut.

    • La crise sanitaire entraîne déjà des chiffres du chômage
      catastrophiques

      https://www.mediapart.fr/journal/economie/280420/la-crise-sanitaire-entraine-deja-des-chiffres-du-chomage-catastrophiques

      Sur le front de l’emploi, les mauvaises nouvelles étaient attendues, mais la gravité de la situation a de quoi inquiéter même les plus blasés des experts. Lundi 27 mars, la Dares – la direction statistique du ministère du travail – a exceptionnellement dévoilé les statistiques des inscriptions à Pôle emploi pour le mois de mars, alors que le gouvernement avait décidé de publier ces chiffres seulement tous les trimestres. La situation est totalement hors du commun : fin mars, Pôle emploi a décompté 246 100 personnes de plus inscrites en un mois dans sa catégorie A, celle qui recense les chômeurs n’ayant effectué aucune activité durant le mois.

      Cette hausse mensuelle de 7,1 % est un record, du jamais vu depuis la création de ce décompte statistique en 1996. Au total, l’effectif des catégories A, B, C (qui comprennent des demandeurs d’emploi ayant un peu travaillé le mois précédent) a augmenté de 177 500 personnes en un mois (+ 3,1 %). C’est là aussi une situation inédite, de loin : pour trouver le « record » précédent, il faut remonter à avril 2009, en pleine crise économique déclenchée par le secteur des subprimes aux États-Unis, et la hausse était deux fois moindre, de 86 300 personnes.

      [...] Dans Le Parisien, Muriel Pénicaud reconnaît être « inquiète pour l’emploi » mais « refuse » tout pronostic, arguant de la bonne dynamique de l’emploi jusqu’au début de l’année et promettant des mesures supplémentaires, notamment pour les jeunes. Elle annonce aussi qu’une réflexion avec les partenaires sociaux va s’engager sur les règles de l’assurance-chômage.

      En guise de mesure d’urgence, la ministre a annoncé que, comme en avril, les allocations des chômeurs arrivant en fin de droit seraient reconduites pour le mois de mai. Le second volet de la réforme de l’assurance-chômage, qui devait entrer en vigueur le 1er avril, particulièrement dur pour les plus précaires des demandeurs d’emploi, est quant à lui toujours annoncé comme étant reporté au 1er septembre.

      De quoi exactement vont discuter le gouvernement et les partenaires sociaux ? Mystère.
      En tout cas, il n’est pour l’heure pas question d’abandonner ce second volet de la réforme. Encore moins d’annuler la première partie de la réforme, mise en place en novembre, et qui devait toucher négativement 710 000 personnes en un an.

      [...] Dans une note publiée ce mardi 28 avril en fin de journée, l’Unédic, qui gère le régime, a rendu publics ses calculs. Et l’addition est à l’aune du tsunami qui s’annonce pour l’emploi : cataclysmique. La baisse des cotisations pourrait coûter à l’assurance-chômage 3,5 milliards d’euros entre mars en juin, quand la facture du versement des allocations supplémentaires s’élèverait à plus de 1,3 milliard. Des sommes auxquelles il faut ajouter un milliard d’euros par semaine pour financer le chômage partiel, et encore une centaine de millions hebdomadaires pour assurer le transfert des arrêts maladie vers le chômage partiel.

      Le chômage partiel se doit d’être involontaire : si les enfants peuvent être accueillis à l’école garderie, c’est zéro euro
      https://fr.news.yahoo.com/coronavirus-pas-chomage-partiel-si-refusez-envoyer-enfants-ecole-0853

      « A partir du 1er juin, les parents devront fournir une attestation à leur employeur pour justifier que l’établissement scolaire de leur enfant n’est pas en mesure de l’accueillir. Sans ce justificatif, ils n’auront plus droit au chômage partiel. »

  • Les salariés en arrêt de travail pour garde d’enfants et les personnes vulnérables vont passer au chômage partiel
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/17/les-salaries-en-arret-de-travail-pour-garde-d-enfants-et-les-personnes-vulne

    Les 2,1 millions de salariés se trouvant actuellement en arrêt de travail pour garde d’enfants ou en raison de leur vulnérabilité au Covid-19 seront placés en activité partielle à partir du 1er mai.

    Plus de 2 millions de Français sont concernés par la mesure. Les salariés se trouvant actuellement en arrêt de travail pour garde d’enfants ou en raison de leur vulnérabilité au Covid-19 (qui présentent donc un risque accru de développer des formes graves de la maladie) seront placés en activité partielle à partir du 1er mai.

    Ces salariés percevront ainsi une indemnité à hauteur de 70 % du salaire brut, soit environ 84 % du salaire net. Ces montants seront portés à 100 % du salaire pour les salariés rémunérés au niveau du smic. Le basculement est prévu dans un amendement du gouvernement qui sera discuté vendredi à l’Assemblée, dans le cadre de l’examen du projet de budget rectificatif. Ce changement de régime « ne concerne pas les travailleurs indépendants, les fonctionnaires et les agents contractuels de droit public en arrêt de travail », a précisé le gouvernement.

    Depuis le début du confinement, le 17 mars, les personnes qui ne peuvent pas télétravailler et doivent garder leurs enfants, pouvaient se mettre en arrêt maladie et touchaient des indemnités journalières à hauteur de 90 % du salaire brut. Le même système s’applique aux salariés (ou leurs conjoints) dits vulnérables, qui ont notamment une affection de longue durée. Ces derniers sont près de 400 000 et les arrêts pour garde d’enfants concernent 1,7 million de personnes, selon des chiffres communiqués par le ministère du travail.

    Eviter la baisse des indemnités journalières

    Selon le ministère du travail, ce nouveau système va permettre d’éviter le problème du passage au bout d’un mois des indemnités journalières à 66 % pour les personnes ayant entre un an et cinq ans d’ancienneté (au bout de quarante jours entre cinq et dix ans d’ancienneté, et cinquante jours pour plus de dix ans d’ancienneté).

    Par ailleurs, « on ne pouvait pas demander aux seuls employeurs de supporter le coût », notamment ceux à la tête de petites entreprises, car ils paient des cotisations sur le complément employeur des indemnités journalières, ce qui risquait « d’accélérer des faillites », a expliqué l’entourage de la ministre du travail, Muriel Pénicaud.

    Les entreprises pourront déclarer de manière individuelle ces salariés. Celles qui n’ont pas fait de demande de chômage partiel jusqu’à présent devront le faire. Une ordonnance sera prise en ce sens afin « d’individualiser » le chômage partiel, après avis conforme du CSE (comité social et économique) ou du conseil d’entreprise, ou après accord collectif. Actuellement, 9 millions de salariés sur quelque 20 millions sont en chômage partiel.

    11,1 millions de salariés payés hors emploi.

    #arrêt_de_travail #chômage_partiel #arrêt_de_travail_pour_garde_d’enfants #revenu_garanti #pénurie_de_main_d'oeuvre #pognon_de_dingue

    • La crise du coronavirus génère un préoccupant déficit de l’assurance-chômage
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/04/22/la-crise-du-coronavirus-genere-un-preoccupant-deficit-de-l-assurance-chomage

      Explosion des charges, baisse des cotisations… L’épidémie met à mal les comptes de l’Unédic. La dette pourrait atteindre entre 50 et 60 milliards d’euros fin 2020.

      L’assurance-chômage est en train de subir un choc financier d’une violence sans précédent, à cause de la crise liée à l’épidémie de Covid-19. Surveillés quasi en temps réel, ses comptes se dégradent à une vitesse spectaculaire.

      Selon nos informations, la dette du régime atteint désormais 42,5 milliards d’euros, contre un peu plus de 37 milliards en décembre 2019. Et elle risque fort de poursuivre sa dérive, plusieurs administrateurs évoquant un montant compris entre 50 et 60 milliards d’euros, en fin d’année. Une situation préoccupante, qui pourrait se traduire par des difficultés pour faire face aux besoins de trésorerie.

      Les évolutions en cours sont déprimantes pour l’Unédic, l’association paritaire copilotée par les partenaires sociaux qui gère le dispositif. Après avoir accumulé les déficits au cours de la décennie écoulée, elle espérait renouer avec les excédents à partir de 2021 et engager, grâce à ce retour à meilleure fortune, son désendettement. C’est le scénario inverse qui se joue aujourd’hui, pour plusieurs raisons.

      D’abord, les dépenses s’emballent, sous l’effet de la généralisation de « l’activité partielle » – terme officiel pour désigner le chômage partiel. Ce dispositif, qui concerne 10,2 millions de travailleurs, selon les chiffres communiqués, mercredi 22 avril, par le gouvernement, couvre la majeure partie (voire, dans certains cas, la totalité) de la rémunération des bénéficiaires. L’Unédic assure un tiers du financement, soit un coût d’environ 1 milliard d’euros par semaine, qui est susceptible de progresser, car ce filet de protection va couvrir ceux qui, jusqu’à maintenant, étaient en arrêt-maladie pour garder leurs enfants ou s’occuper d’une personne vulnérable.

      Tarissement des recettes

      S’y ajoute l’allongement de l’indemnisation pour les demandeurs d’emploi arrivés en fin de droit à compter du 1er mars – une mesure récemment prise par l’exécutif. Enfin, le volume des allocations versées s’accroît aussi avec la hausse du nombre de salariés, qui se retrouvent ou vont très vite se retrouver sans activité (fin du contrat à durée déterminée ou de la mission d’intérim, licenciement, etc.).

      Le chômage pourrait toucher 460 000 individus supplémentaires « pendant la période de confinement », d’après une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques, diffusée lundi.

      Du côté des recettes, la tendance est au tarissement, notamment à cause des cotisations dont le règlement a été repoussé, afin d’aider les entreprises. Il est très possible qu’une partie de ces contributions soient finalement annulées (notamment celles dues par le secteur de la culture et de l’hôtellerie-restauration) et donc perdues à tout jamais.
      Lire les témoignages : « Il faut se serrer un peu plus la ceinture » : quand chômage partiel rime avec fiche de paie amputée
      « Nous sommes dans une gestion de crise », confie Eric Le Jaouen, président (Medef) de l’Unédic, en soulignant que le régime est « au rendez-vous » pour, à la fois, payer les prestations aux demandeurs d’emploi et apporter son écot en faveur du chômage partiel.

      « Nous assumons notre rôle dans un contexte d’urgence », renchérit Patricia Ferrand, vice-présidente (CFDT) de l’association paritaire. La dette en hausse « demeure un sujet de préoccupation, mais n’inspire pas d’inquiétude de court terme », notamment parce que l’Etat vient de relever sa garantie pour les emprunts contractés par l’assurance-chômage.

      Des agences de notation plus incisives

      Mais d’autres administrateurs font part de leurs interrogations. « L’Unédic est confrontée à un changement de paradigme si elle endosse durablement une partie de l’enveloppe consacrée à l’activité partielle, puisque aucune ressource n’est prévue à cet effet, dit Michel Beaugas (FO). Il faut que nous nous emparions de cette problématique. » Jean-François Foucard (CFE-CGC) plaide, de son côté, pour que soit revu le « modèle » économique du régime, si les missions assignées à celui-ci sont étendues de façon pérenne.

      Jusqu’à maintenant, les marchés financiers ont toujours répondu présent quand l’assurance-chômage s’adressait à eux pour lever des fonds, par exemple à travers des émissions obligataires. Mais il existe désormais un risque à ne pas sous-estimer : celui de voir la confiance des investisseurs s’éroder, face à un endettement dont le niveau est supérieur aux recettes perçues en un an par le régime. « A force d’utiliser la carte bleue de l’Unédic, le plafond de dépenses pourrait vite être dépassé », résume un fin connaisseur du dossier.
      Lire aussi : Le gouvernement promet des aides et une prolongation du chômage partiel pour faire face à la crise
      Selon nos informations, les agences de notation se montreraient, aujourd’hui, plus incisives quand elles réclament des éclaircissements sur les perspectives financières du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi.
      C’est pourquoi certains aimeraient que le gouvernement, le patronat et les syndicats se réunissent très vite pour réfléchir au devenir de notre protection sociale. Faute de quoi, la tentation pourrait être grande pour l’Etat de renforcer son emprise sur le dispositif, en invoquant l’incapacité des partenaires sociaux à gouverner l’Unédic.

      #Unedic #allocation_chômage #chômage #chômeur #déficit #agences_de_notation

    • Avec plus de la moitié des salariés au chômage : En France, la facture du chômage partiel encore largement sous-estimée
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/04/22/chomage-partiel-la-facture-du-coronavirus-encore-largement-sous-estimee_6037

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      A Paris, le 9 avril 2020. JOEL SAGET / AFP

      Le nombre d’heures chômées demandées par les entreprises à l’administration pourrait coûter bien plus que les 24 milliards d’euros prévus par le gouvernement, si elles étaient intégralement déclarées.

      C’est l’une des principales mesures de soutien à l’économie française depuis la crise liée à la pandémie de Covid-19, et ce n’est pas fini. Le coût du dispositif massif de chômage partiel mis en place mi-mars par le gouvernement, à travers lequel l’Etat et l’Unedic prennent en charge la majeure partie, voire la totalité, de l’indemnisation des salariés qui en bénéficient, est sans doute encore largement sous-estimé par rapport à la réalité.

      Dans une lettre adressée le 21 avril à Eric Woerth, le président (Les Républicains) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, et que Le Monde a pu consulter, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, fait le point sur le dispositif. Elle précise notamment qu’au 20 avril le nombre d’heures chômées demandées par les entreprises à l’administration était de 4,2 milliards d’heures pour une durée totale de trois mois. Or, dans le premier projet de loi de finances rectificatif (PLFR, voté le 18 mars), l’exécutif estimait à 13,90 euros le coût moyen de l’indemnisation d’une heure chômée.

      « Madame Soleil »

      « Le coût total du dispositif sur la base de ces heures demandées serait donc de plus de 58 milliards d’euros, bien supérieur aux 24 milliards d’euros budgétés par le gouvernement dans le deuxième PLFR, qui augmentait déjà nettement l’enveloppe initiale de 8,5 milliards d’euros » , indique M. Woerth.

      Certes, relève-t-il, « les entreprises ne seront remboursées que sur le nombre d’heures déclarées a posteriori, pas sur celles autorisées. Mais les chiffres du PLFR voté en ce moment sont forcément une version minorée. La vérité se situe vraisemblablement entre 30 et 40 milliards d’euros. » Le député de l’Oise joue « un peu à madame Soleil » , relativise une source proche du dossier, qui ajoute qu’ « en toute humilité la vérité est que personne ne sait exactement combien ça coûtera ».

      « Le nombre des heures indemnisées ne serait que de 40 % [24 milliards d’euros au lieu de 58 milliards] des heures demandées ? Ce n’est pas crédible » , renchérit pourtant Charles de Courson, député centriste de la Marne. D’autant que « le gouvernement a donné consigne aux directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi d’accepter toutes les demandes et de vérifier après », indique l’élu, craignant des abus : « Il y aura un gros problème de contrôle a posteriori. »

      821 000 entreprises concernées par le chômage partiel

      Ces montants sont susceptibles d’évoluer. Mercredi 22 avril, la ministre du travail a annoncé que la barre symbolique des 10 millions de salariés au chômage partiel a été franchie – soit plus d’un sur deux . Ce sont désormais 821 000 entreprises qui sont concernées. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter ces dernières semaines à mesure que le gouvernement élargissait le champ des catégories professionnelles éligibles.

      Vendredi 17 avril, un décret avait par exemple ouvert cette possibilité aux intermittents du spectacle ainsi qu’aux journalistes pigistes. Et le gouvernement a adopté en conseil des ministres, mercredi 22, une ordonnance pour permettre, entre autres, d’adapter les modalités du chômage partiel à certaines professions comme les assistantes maternelles qui travaillent jusqu’à 45 heures par semaine.

      A partir du 1er mai, ce filet de protection sera également étendu à celles et ceux qui étaient jusqu’à présent en arrêt maladie pour garder leurs enfants ou s’occuper d’une personne vulnérable. L’objectif étant qu’ils ne subissent pas de pertes de revenus supplémentaires dues à la dégressivité des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale. Selon le ministère du travail, plus de 2 millions de personnes bénéficient actuellement de ce dispositif.

  • Tribune de la faim. « Privés de jobs, cloîtrés, les étudiants les plus démunis sont tenaillés par la faim et l’angoisse »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/15/universite-prives-de-jobs-cloitres-les-etudiants-les-plus-demunis-sont-tenai

    Ils et elles sont des milliers actuellement confinés dans des conditions dramatiques, dénoncent dans une tribune au « Monde » plus d’un millier d’universitaires.

    Tribune. La faim. Vous avez bien lu. C’est elle qui menace les étudiants restés confinés dans les logements de leur centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) ou dans leurs studios de location. Depuis un mois déjà, restaurants universitaires, épiceries solidaires et autres relais d’alimentation habituels ont fermé leurs portes. Les campus déserts prennent l’allure de no man’s land.

    Les étudiants qui le pouvaient ont rejoint leur famille. Mais pas les étrangers, pas ceux qui vivent loin de leurs proches ou « en rupture de ban », pas les précaires enfin. Tous ceux-là sont restés isolés, parfois sans connexion Internet, voire sans ordinateur – à plusieurs kilomètres du premier supermarché, s’il peut encore leur être utile. Privés de leurs jobs étudiants, ils n’ont d’autre choix que de rester cloîtrés, tenaillés par la faim. La faim et l’angoisse. Celle qui naît du sentiment d’avoir été oublié de tous.

    Comment en sommes-nous arrivés là ? Les Crous se félicitent d’avoir adopté des « dispositifs d’urgence » : distributions de bons d’achat dématérialisés, prises de contact par téléphone, mises à disposition de paniers repas… En réalité, tributaires de leurs méthodes de recensement et d’évaluation sociale, de tels dispositifs ont moins apaisé la faim que la mauvaise conscience.

    La mobilisation de la société civile

    Leurs rouages se sont empêtrés dans des monceaux de formulaires et de pièces justificatives, interdisant à nombre d’étudiants d’accéder aux soutiens auxquels ils ont droit. Aux lourdeurs administratives et au manque de moyens, humains et financiers, s’est ajoutée l’absence d’information claire et accessible : serveurs saturés, standards téléphoniques occupés, aucun affichage papier sur les campus, assistantes sociales en sous-effectif…

    Pis, loin de prendre la mesure de l’urgence, le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) aggrave les conditions de vie des plus vulnérables en exonérant de loyer seulement les étudiants qui ont pu regagner leur foyer familial. Tous ceux qui n’ont pu faire autrement que de rester sont mis en demeure de payer. Or, ce sont précisément les plus démunis, ceux que le confinement plonge dans la déréliction.

    Face à cette incurie, la société civile s’est mobilisée. Sur le campus bordelais, par exemple, un collectif composé d’étudiants, de doctorants et de maîtres de conférences s’est constitué pour venir en aide aux étudiants. Grâce aux dons recueillis en ligne, le collectif « Solidarité continuité alimentaire Bordeaux » a livré près de 800 colis alimentaires, sur environ 950 demandes enregistrées. Son action courageuse, menée dans le respect des mesures sanitaires, a été couverte par la presse.

    Besoin d’une aide d’urgence organisée par le gouvernement

    Des actions comparables prennent forme ailleurs. Comble de malchance, la cagnotte en ligne ouverte par le collectif a été bloquée, le gestionnaire du site arguant de mesures de sécurité. Ce blocage a contraint les bénévoles à œuvrer sur leurs deniers personnels, puis à suspendre leurs activités, le 10 avril. Depuis, les demandes continuent d’affluer, sans aucune réponse possible. Certains étudiants ont maintenant passé plusieurs jours sans manger…

    Ce qui est fait pour les sans-domicile-fixe et dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne l’est toujours pas pour ces invisibles. Question aux universités : pourquoi n’ont-elles pas débloqué d’urgence leurs fonds de solidarité étudiants ? Même si certaines universités ont déjà mis en place des actions d’aide sociale, elles ne sauraient, vu l’ampleur des besoins, se substituer à une aide d’urgence organisée par le gouvernement.

    Quand les pouvoirs publics responsables ne répondent plus et que les bonnes volontés sont dans l’impasse, comment éviter l’escalade ? Isolés, sous-alimentés, incapables de payer leur loyer, a fortiori de continuer d’étudier, certains ont perdu tout espoir. Comment les empêcher de craquer ? Des cas de suicide ou de décès sur les campus ont été déjà été signalés dans la presse. Ces tragédies augurent-elles de la catastrophe à venir ? Que faire pour empêcher le pire d’arriver ?

    Porter assistance aux étudiants

    Les solutions ne peuvent venir que des responsables au plus haut niveau : ceux qui ont entre leurs mains le pouvoir de décider. Autrement dit, le Cnous et le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, dont il dépend. C’est à eux qu’il revient d’agir vite, c’est eux que nous interpellons !

    Nous proposons les mesures suivantes : l’annulation immédiate de tous les loyers Crous ; la simplification et l’accélération de toutes les procédures d’aide alimentaire, financière, et informatique, associée à une communication sur le terrain ; la mise en œuvre d’une assistance psychosociale adaptée ; enfin, et il s’agit du simple bon sens, la subordination de la « continuité pédagogique » à la certitude de pouvoir manger à sa faim.

    Car exiger d’étudiants qu’ils continuent d’apprendre et d’être évalués le ventre vide n’est pas seulement absurde, mais cruel et inhumain. C’est ajouter à la peur du lendemain l’angoisse d’échouer. Face à cette pression intolérable, c’est la vie de milliers d’étudiants qui est aujourd’hui menacée. Comme notre président s’y est engagé dans son allocution du 13 avril, il revient au gouvernement de leur porter assistance. Maintenant.

    Premiers signataires : Etienne Balibar, professeur émérite de philosophie politique, université Paris-10-Nanterre ; Ludivine Bantigny, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, université de Rouen ; Marc Crépon, directeur de recherches en philosophie, CNRS/ENS/PSL ; Pierre Antoine Fabre, directeur d’études, EHESS ; Bernard Friot, professeur émérite de sociologie, université Paris-10-Nanterre ; Mathilde Larrère, maîtresse de conférences en histoire politique du XIXe siècle, université Gustave-Eiffel ; Frédéric Le Roux, professeur des universités, mathématiques, Sorbonne université ; Jean-Claude Monod, directeur de recherches au CNRS) ; Willy Pelletier, sociologue, université de Picardie, coordinateur général de la fondation Copernic ; Guislaine Refrégier, maîtresse de conférences en biologie, université Paris-Saclay ; Marina Seretti, maîtresse de conférences en philosophie, université Bordeaux-Montaigne ; Nathalie Sigot, professeure d’économie, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; Barbara Stiegler, professeure de philosophie politique, université Bordeaux-Montaigne ; Constance Valentin, CR CNRS Physique, université de Bordeaux ; Michelle Zancarini-Fournel, professeure émérite d’histoire, université Claude-Bernard-Lyon-1.
    La liste complète des signataires est accessible en cliquant sur ce lien
    https://sites.google.com/view/signataires-tribune-de-la-faim/accueil

    « Les prochaines semaines risquent d’être très compliquées » : confinés et sans job, la vie sur le fil des étudiants précaires, Alice Raybaud, 01 avril 2020
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/04/01/les-prochaines-semaines-risquent-d-etre-tres-compliquees-confines-et-sans-jo

    Alors que près de la moitié des jeunes financent leurs études grâce à des petits boulots, nombreux sont ceux qui se retrouvent en difficultés financières depuis le début du confinement. Des aides se déploient.

    Trois kg de féculents, des conserves et des produits d’hygiène. Tel est le contenu des paniers qui sont distribués, depuis le 18 mars, à des centaines d’étudiants bordelais confinés dans leurs cités universitaires. Gantés, masqués et toujours un par un, ce sont des doctorants, post-doctorants et maîtres de conférences des universités de la métropole qui se chargent bénévolement de la livraison : une urgence face à la situation de « détresse » de certains jeunes, alertent-ils par le biais de leur collectif, Solidarité : continuité alimentaire Bordeaux.

    Suspension des loyers

    « Avec la fermeture des restaurants universitaires, on s’est rendu compte que certains étudiants n’avaient pas mangé depuis quarante-huit heures, raconte un des membres du collectif. Plus que la continuité pédagogique, l’enjeu est surtout, aujourd’hui, celui de la continuité alimentaire. » Le collectif, qui a lancé une cagnotte en ligne, recense à ce jour plus de 650 demandes sur le campus et a effectué 460 livraisons de paniers, principalement dans les logements Crous.
    « Plus que la continuité pédagogique, l’enjeu est surtout, aujourd’hui, celui de la continuité alimentaire », un membre du collectif bordelais
    Au niveau national, 40 % des étudiants qui résident dans des logements du Crous sont restés sur place, indique le Centre national des œuvres universitaires. Ce public déjà fragile ne bénéficiera pas de la suspension des loyers, annoncée pour tous ceux qui ont quitté les lieux pour rejoindre leur famille, et qui ne paieront donc plus leur logement à partir du 1er avril et jusqu’à leur retour.

    « Pour la majorité des étudiants qui nous contactent, la perte d’un job ou d’un stage est venue se rajouter à une vulnérabilité antérieure, ce qui rend leurs dépenses courantes très compliquées », observe-t-on du côté du collectif bordelais, qui demande la suppression des loyers Crous pour tous. Les étudiants aux emplois souvent précaires sont en effet parmi les premiers à pâtir du confinement. Ces pertes de revenus viennent fragiliser des budgets déjà sur le fil, dans un contexte où près d’un étudiant sur deux travaille pour financer ses études, et où un sur cinq vit déjà sous le seuil de pauvreté (IGAS, 2015).

    « Difficile de se concentrer sur les cours »

    Depuis septembre, Marion, 20 ans, étudiante en science du langage à la Sorbonne-Nouvelle, encadrait les enfants de sa ville de Grigny (Essonne) sur les temps périscolaires. « Mais comme je suis en “contrat volant”, c’est-à-dire qu’on m’appelle seulement selon les besoins, je ne toucherai rien jusqu’à la réouverture des écoles », déplore la jeune femme, qui vit dans un appartement avec son père, au chômage, son frère et sa sœur. Ses revenus permettaient de payer les factures et la nourriture de la famille. « Les prochaines semaines risquent d’être très compliquées », s’inquiète Marion, qui cherche sans relâche un autre job dans un magasin alimentaire. Alors qu’elle s’occupe des devoirs de sa fratrie confinée et qu’elle a dû composer quelques jours avec une coupure d’électricité, « se concentrer sur les cours à distance est difficile », confie-t-elle.

    Pour Claire (le prénom a été modifié), 21 ans, en master métiers de l’enseignement à Colmar, c’est « le flou ». « A la bibliothèque où je travaille, on nous a promis de faire le maximum pour que notre rémunération soit maintenue, mais rien n’est encore sûr. L’aide aux devoirs, qui me permettait de payer ma nourriture, c’est devenu impossible, confie-t-elle. Il faudra diminuer les frais de courses. » Juliette (le prénom a été modifié), étudiante en lettres modernes de 20 ans, faisait de la garde d’enfant, sans contrat. Un « bon plan », habituellement. « Mais dans cette situation, cela veut dire : pas de compensation, et je n’ai pas d’économies de côté, souffle-t-elle. Heureusement, je suis confinée chez ma famille en Bretagne, avec moins de dépenses. Je regarde pour bosser dans une agence d’intérim, en usine, mais mes parents ne sont pas rassurés à l’idée de me laisser sortir… »

    Aides sociales d’urgence

    Pour répondre à ces situations de #précarité, les Crous s’organisent pour délivrer davantage d’aides ponctuelles. Dix millions d’euros supplémentaires ont été débloqués, mardi 31 mars, par le ministère de l’enseignement supérieur. « Des directives nationales nous permettent de monter nos dotations jusqu’à 560 euros, à destination des étudiants nationaux comme internationaux, et cumulables avec les bourses », explique Claire Maumont, responsable du service social au Crous de Poitiers, qui observe qu’un tiers des dernières demandes émanent d’#étudiants touchés par une perte d’#emploi et jusque-là inconnus de leurs services. Pour elle, « l’enjeu, dans cette période difficile, est de garder le lien avec nos étudiants : nos services réalisent du porte-à-porte dans les cités universitaires, avec médecin et infirmière, pour nous assurer de la #santé et de l’alimentation de nos résidents. »

    Encouragées par des directives ministérielles, certaines universités mettent également en place des #aides_sociales_d’urgence, à partir des fonds de la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC). A l’université de Bordeaux, les étudiants en difficulté peuvent par exemple bénéficier d’une aide mensuelle de 200 euros. « On peut décider d’accorder une aide plus importante au cas par cas, et de délivrer des #bons_alimentaires sous forme de carte prépayée en cas d’urgence », précise Anne-Marie Tournepiche, vice-présidente Vie de campus de l’université, qui s’attend à une « augmentation importante des demandes d’aides financières dans les prochains jours ». En outre, les étudiants #autoentrepreneurs pourront bénéficier de l’aide exceptionnelle de 1 500 euros annoncée le mardi 17 mars par le ministère de l’économie.

    Bons alimentaires, aides ponctuelles des universités… Ces mesures ne seront pas suffisantes sur le long terme pour l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). « Ces aides sont aléatoires selon les établissements, et parfois compliquées à obtenir, explique Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant. Quant aux aides du Crous, débloquer dix millions d’euros apportera un nouveau souffle mais ne permettra pas de répondre à toutes les situations si le confinement se poursuit. D’autant qu’il y aura des répercussions sur la longueur, notamment sur les jobs d’été, qui sont essentiels pour de nombreux étudiants. » L’UNEF, qui demande la mobilisation de fonds étatiques plus « massifs » s’inquiète aussi de la situation des #étudiants_étrangers, « pour la plupart non éligibles aux #bourses et ne pouvant accéder à toutes les aides d’urgences, qui comptaient sur un job pour vivre et sont désormais dans une situation catastrophique », rappelle Mélanie Luce.

    « Les plus précaires au front »

    C’est le cas de Noélia, étudiante péruvienne de 20 ans, en licence d’espagnol à la Sorbonne-Nouvelle. Grâce à un #job de baby-sitter, en contrat étudiant sur une #plate-forme en ligne, elle arrivait jusque-là « plus ou moins » à gérer ses mois. Mais depuis que Noélia ne peut plus entrer en contact avec l’enfant qu’elle gardait, la plate-forme ne lui a facturé aucune heure.

    « Je ne sais pas si j’aurai le droit au #chômage_partiel. J’ai demandé mais n’ai toujours pas reçu de réponse. Je n’ai plus d’économies car j’ai tout dépensé avec une maladie pour laquelle je suis allée à l’hôpital le mois dernier. Heureusement, je suis hébergée par des amis, mais comment est-ce que je vais faire pour continuer à les aider à payer le #loyer et la nourriture ? Et comment être sûre que je pourrai avoir mes papiers français, pour lesquels on m’a demandé de justifier d’un revenu de 650 euros mensuels ? »

    Pour certains étudiants, notamment ceux qui travaillent dans des grandes surfaces, l’arrêt de leur job n’était pas une option. Lucas, 22 ans, a accepté d’augmenter ses heures dans le magasin bio où il travaille. « Cela me permettra de me renflouer », concède-t-il. Solène, 21 ans, a, elle, essayé de faire valoir son #droit_de_retrait dans son magasin de Dourdan (Essonne). « On me l’a refusé, prétextant la mise en place de protections sanitaires. Sinon, c’était l’abandon de poste et je ne peux pas me le permettre, avec le prêt étudiant de 20 000 euros que je viens de contracter. » Solène se rend donc chaque jour au magasin, avec la peur de rapporter le virus chez elle et de contaminer ses proches. Désabusée, elle déplore : « Ce sont les plus précaires, les petits employés, qu’on envoie au front. »

    #confinement #Crous #dette #prêt_étudiant #premiers_de_corvée #premières_de_corvée

  • Coronavirus : le recours au chômage partiel vire parfois au casse-tête, Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/30/coronavirus-le-recours-au-chomage-partiel-vire-parfois-au-casse-tete_6034885

    220 000 sociétés, employant 2,2 millions de salariés, avaient déposé un dossier vendredi 27 mars, un afflux accompagné de nombreux couacs et d’embouteillages en série.

    Stéfany Guessard ne décolère pas. A la tête d’un institut de beauté près de Lille, cette chef d’entreprise de 43 ans bataille depuis plus d’une semaine pour faire passer ses deux salariées au chômage partiel. Dès le 13 mars, devant l’avalanche de rendez-vous annulés par des clientes, elle s’était rendue sur la plate-forme numérique prévue à cet effet par le ministère du travail pour créer son espace personnel et engager les démarches. Mais faute de s’être vu communiquer des codes – sésame indispensable –, elle n’a pas pu aller plus loin.

    Elle a frappé à toutes les portes, multipliant les coups de fil au service d’assistance téléphonique et les courriels à la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) – l’administration qui instruit sa demande. Quand elle a fini par recevoir une réponse, on l’a renvoyée vers d’autres interlocuteurs. Dimanche 29 mars, sa situation n’avait toujours pas été débloquée. « Personne n’est capable de me trouver une solution, se désespère-t-elle. On se retrouve quand même très seuls. Et vu le nombre de demandes, le robinet va se fermer : premiers arrivés, premiers servis… »

    Son cas illustre les tourments rencontrés par des employeurs pour bénéficier de « l’activité partielle ». Ce dispositif, plus communément appelé « chômage partiel » ou « chômage technique », est l’une des armes que les pouvoirs publics ont dégainée afin d’amortir la crise déclenchée par l’épidémie de Covid-19. Il permet à des sociétés, confrontées à des difficultés passagères, de ralentir ou d’interrompre leur production. La rémunération du personnel est partiellement prise en charge par une allocation, financée par l’Etat et par l’Unédic, l’association paritaire qui gère le régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi.

    Une série de mesures viennent d’être édictées pour que ce système de soutien soit, provisoirement, plus généreux et étendu à des catégories qui n’y étaient pas éligibles jusqu’à présent. Concrètement, le salarié reçoit 84 % de son salaire net (parfois l’intégralité, si sa direction en décide ainsi) et l’employeur est dédommagé à 100 %, dans la limite de 4,5 smic. « Le but du chômage partiel, qu’on utilise massivement, c’est d’éviter les licenciements », a rappelé, dimanche, la ministre du travail, Muriel Pénicaud. Il s’agit d’« éviter la casse sociale » tout en veillant à ce que les entreprises puissent, « demain, (…) repartir avec leurs compétences ».

    Message reçu cinq sur cinq du côté des patrons, qui se sont précipités vers les Direccte, afin de déposer un dossier. Vendredi soir, quelque 220 000 sociétés, employant au total 2,2 millions de salariés, s’étaient manifestées. Et le flux est loin de se tarir. « On est à plusieurs milliers de demandes par minute » , d’après Mme Pénicaud. Les principaux secteurs concernés sont « l’industrie, l’hébergement et restauration, la construction et le commerce non alimentaire », ainsi que « les garages, qui sont très touchés en ce moment ».

    De nombreux couacs et embouteillages

    Le flot de candidats à l’activité partielle s’est accompagné de nombreux couacs et d’embouteillages en série. A maintes reprises, les organisations patronales se sont émues que plusieurs de leurs adhérents voient leurs requêtes rejetées. « Des Direccte posent des conditions ou émettent des doutes, en se fondant sur des analyses qui ne sont pas conformes aux déclarations de la ministre », rapporte Alain Griset, le président de l’Union des entreprises de proximité (artisans, commerçants, professions libérales). Numéro un de la Confédération des petites et moyennes entreprises, François Asselin cite l’exemple d’une société qui n’arrive plus à fonctionner, une large partie de ses équipes étant absente : « Elle n’a pas obtenu le chômage partiel. Il lui a été dit de s’adresser à Pôle emploi pour pallier le manque de personnel », assure-t-il. « Ici et là, on a eu des Direccte qui ne répondaient pas de la même façon », soutient-on au Medef.

    Le ministère du travail objecte, de son côté, que, à la date du 25 mars, seules 28 requêtes avaient été repoussées de façon justifiée, en suggérant, au passage, que le patronat noircit un peu le tableau. Mais les cabinets d’experts-comptables, qui accomplissent les formalités pour des centaines de milliers de sociétés, constatent, eux aussi, qu’il y a des frottements, même s’ils demeurent minoritaires. « Beaucoup de dossiers ont été déposés simultanément, si bien que le site Internet des Direccte a été engorgé, créant une certaine inquiétude chez les employeurs qui est compréhensible car c’est le pronostic vital de leur entreprise qui est en jeu », confie Patrick Bordas, vice-président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables. L’autre difficulté qui a pu se poser tient aux « positions parfois disparates de l’administration », ajoute-t-il : « Pour deux entreprises exerçant une activité identique, l’une peut voir son dossier accepté et l’autre non. Nous sommes en lien avec le ministère du travail pour œuvrer à l’harmonisation des pratiques. »

    La communication de l’exécutif, exhortant la population à rester chez elle tout en réclamant la poursuite de l’activité économique, a contribué à entretenir une certaine confusion, y compris au sein même des services déconcentrés de l’Etat. « Il y a eu des cafouillages au début », reconnaît un haut gradé d’une Direccte, d’autant que la ligne tracée au plus sommet de l’Etat « a suscité, entre collègues, des interprétations parfois contradictoires ». Des tâtonnements qui ont tourné à l’affrontement entre Mme Pénicaud et les entreprises du bâtiment : la ministre leur a reproché de basculer trop promptement en chômage partiel, ce qui a scandalisé les fédérations professionnelles du secteur. Les tensions sont finalement retombées, grâce à un accord conclu le 21 mars entre les parties en présence.

    Parallèlement, le ministère du travail s’évertue à rassurer les employeurs dont les démarches s’avèrent problématiques. « Toutes les demandes qui n’ont pas eu de réponse en 48 heures sont réputées acquises et on fera les contrôles a posteriori », a insisté Mme Pénicaud, dimanche. Depuis quelques jours, « le traitement des requêtes s’est fluidifié, avec des réponses qui parviennent plus rapidement », observe Mikaël Hugonnet, expert-comptable à Parthenay dans les Deux-Sèvres : « Même si les réponses sont hétérogènes sur le territoire national, nous pouvons estimer que dans environ 90 % des cas, elles sont positives, ce qui signifie tout de même qu’un dixième des dossiers est écarté. » Selon lui, il s’agit généralement « de sociétés qui ne sont pas concernées par les mesures de fermeture ordonnées par l’Etat et dont l’activité peut se poursuivre, aux yeux des Direccte, soit en mettant en place des mesures de protection, soit en recourant au télétravail, soit un mixte des deux ».

    Les controverses continuent d’éclater, ici et là

    Si la procédure semble, petit à petit, se roder, les controverses continuent d’éclater, ici et là. Ainsi, la direction de SFR est accusée de rechercher un #effet_d’aubaine, après avoir exprimé son intention de placer au chômage partiel entre 40 % et 50 % de ses effectifs en France. Le groupe veut « faire des économies sur la masse salariale en les reportant sur les fonds publics », s’indigne le syndicat CGT au sein du groupe. L’UNSA, pour sa part, a écrit à Bruno Le Maire, ministre de l’économie, et à Mme Pénicaud pour dénoncer une initiative « proprement indécente » de la part de l’opérateur de télécommunications, qui a dégagé des « résultats exceptionnels » en 2019 et n’a donc pas besoin du soutien de la collectivité. Les dossiers déposés par des clubs de Ligue 1 de football ont également été accueillis par des froncements de sourcils. « Ce n’est pas très, très joli ni logique que le football utilise de l’argent public pour financer une partie des salaires des joueurs », a déclaré à l’AFP l’agent de joueurs Yvan Le Mée.

    Pour financer le recours au dispositif, quelque 8,5 milliards d’euros sont prévus (les deux tiers étant à la charge de l’Etat, le solde incombant à l’Unédic). Mais M. Le Maire a récemment admis que cette enveloppe sera sans doute insuffisante. Un pronostic confirmé par Bruno Ducoudré, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. D’après lui, il faut plutôt tabler sur « une fourchette large » de « 10 à 20 milliards d’euros par mois de confinement », en tenant compte des aides allouées aux employeurs et des pertes de cotisations sociales. « Dans l’immédiat, il n’y a pas de problème à court terme : l’Etat peut faire face à ses engagements et soutenir massivement le pouvoir d’achat des salariés et les comptes des entreprises », estime M. Ducoudré.

    Malgré tous les efforts déployés par le gouvernement, « de nombreuses sociétés seront fragilisées et certaines disparaîtront », décrypte Gilbert Cette, professeur associé à l’université d’Aix-Marseille. « Le chômage va bien sûr augmenter, complète-t-il. Mais in fine, l’impact de cette crise sur l’emploi devrait être considérablement moins négatif que dans d’autres pays, par exemple les Etats-Unis. » Pour le moment, « il faut se féliciter des dispositions prises, qui vont réduire la casse, au prix, certes, d’un endettement public très fortement augmenté », conclut-il.

    #chômage_partiel

  • La crise pourrait coûter jusqu’à 9 milliards à l’Unedic fin avril
    https://www.latribune.fr/economie/france/la-crise-pourrait-couter-jusqu-a-9-milliards-a-l-unedic-fin-avril-843571.h

    La crise du coronavirus pourrait coûter jusqu’à 9 milliards d’euros à l’Unedic fin avril, du fait des dépenses supplémentaires comme le #chômage_partiel et des moindres recettes, indique le régime d’#assurance-chômage dans une note publiée vendredi.
    Les auteurs de la note, rédigée pour le bureau du régime paritaire qui s’est tenu jeudi, estiment que le coût total du chômage partiel pour l’État et l’Unédic sera « entre 800 millions et deux milliards par semaine de confinement » et se basent sur l’hypothèse d’un confinement se terminant fin avril.

    L’Unédic prenant a priori à sa charge un tiers de la dépense, cela représenterait entre 500 millions et 1,3 milliard de dépenses en mars et entre 1,1 et 2,7 milliards en avril. Mais aussi un manque à gagner entre 100 et 240 millions en mars et entre 200 et 500 millions en avril car les indemnités du chômage partiel ne sont pas soumises à cotisation.

    Autre dépense supplémentaire, l’indemnisation à 100% des allocataires qui habituellement travaillent sur des contrats courts ou des missions d’intérim en cumul emploi-chômage (près de la moitié d’entre eux en temps normal) . Cela représenterait 370 millions en mars et 620 en avril.

    Limiter au maximum par le recours massif à l’activité partielle
    En outre, « le gel de nombreuses activités économiques limitera fortement les sorties du #chômage qui auraient eu lieu en l’absence de #crise_sanitaire », souligne l’Unedic qui évalue ce coût à 130 millions en avril.

    Le régime ne fournit pas à ce stade d’estimation en terme d’entrées au chômage, que le gouvernement cherche à limiter au maximum par le recours massif à l’activité partielle. La prolongation de l’indemnisation de certaines catégories de demandeurs d’emploi (allocataires arrivant en fins de droits, intermittents du spectacle...) coûterait 200 millions en avril.

    Côté recettes, le report du paiement des cotisations d’assurance chômage des entreprises engendrerait un manque à gagner de 325 millions en mars et de plus de deux milliards en avril. Le recours aux arrêts maladie pour garde d’enfant ferait baisser les recettes de 200 millions en mars et 400 en avril.

    Face à cette situation et pour permettre à « l’assurance chômage de continuer à jouer pleinement dans la période sa fonction de stabilisateur économique et social », l’Unédic peut mobiliser « près de 5 milliards d’euros d’ici juin » grâce aux emprunts en cours, auxquels s’ajouteraient 4 milliards de liquidités.

    #droit_au_chômage

    • Faut-il y voir un signe encourageant ? Les dernières statistiques sur le chômage partiel, qui viennent d’être publiées par le ministère du Travail, montrent un ralentissement : 37,5 millions d’heures ont été demandées et autorisées par l’administration au premier trimestre de 2016. Quant aux heures consommées, elles s’élevaient en moyenne mensuelle à 6 millions utilisées par quelque 59.000 salariés au troisième trimestre de 2015, dont les données viennent aussi d’être publiées. C’est 100.000 heures de moins et 7.000 salariés de moins que le trimestre précédent.

      #abscons
      https://youtu.be/1_d19EtxQO8

  • La France compte cinq fois plus de chômeurs partiels qu’avant la crise de 2008, Social
    http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0211177568321-la-france-compte-cinq-fois-plus-de-chomeurs-partiels-quavant-

    Le déclic a eu lieu à la fin de 2008. En novembre, Nicolas Sarkozy avait alors annoncé un assouplissement du recours au #chômage_technique et une forte revalorisation des indemnités versées aux salariés. S’ensuivit un bond dans l’utilisation de la mesure : au deuxième et au troisième trimestre de 2009, ce sont plus de 260.000 salariés par mois qui en bénéficiaient, pour un total de quelque 25 millions d’heures ­consommées chacun des trimestres. Cette envolée n’a pas duré, les effectifs ­concernés retombant en 2011 en moyenne chaque trimestre en dessous de 45.000 et le nombre d’heures en dessous de 3,5 millions.

    Depuis début 2012, des mesures de simplification et de financement ont redynamisé la mesure. Résultat : si la France n’égale toujours pas l’Allemagne en la matière, sans revenir aux sommets de 2008, l’activité partielle s’est installée dans le paysage, avec, en moins de dix ans, une multiplication par cinq du nombre de salariés concernés, et par trois du nombre d’heures.

    L’industrie y a moins recours

    Et en changeant de dimension, le #chômage_partiel a aussi changé de physionomie. Le poids de l’industrie se réduit, à l’inverse du secteur de la construction (en particulier, le secteur des travaux publics) et des services principalement marchands. Au troisième trimestre de 2015, l’industrie ne représentait plus que 43 % des heures chômées au titre de l’activité partielle (contre 55 % un an plus tôt), tandis que la construction et les services principalement marchands constituaient désormais à eux deux 50 % des heures d’activité partielle consommées (contre 39 % un an plus tôt).