• Reinventing the path from #knowledge to #action in #Global_health
    https://redasadki.me/2022/10/12/reinventing-the-path-from-knowledge-to-action-in-global-health

    At #The_Geneva_Learning_Foundation (TGLF), we have just begun to share a publication like no other. It is titled Overcoming barriers to vaccine acceptance in the community: Key learning from the experiences of 734 frontline health workers. You can access the full report here in French and in English. Short summaries are also available in three special issues of The Double Loop, the Foundation’s free Insights newsletter, now available in both English and French. The report, prefaced by Heidi Larson who leads the Vaccine Confidence Project, includes DOI to facilitate citation in academic research. (The Foundation uses a repository established and maintained by the Geneva-based CERN for this purpose.) However, knowing that academic papers have (arguably) an average of three readers, we have (...)

    #Learning_strategy #Chris_Argyris #continuous_learning #double-loop_learning #Immunization_Agenda_2030 #knowledge_management #repositories

  • Le Professeur PERRONNE remporte l’ensemble de ses procédures devant la Chambre Disciplinaire de première instance d’Ile de France de l’ordre des médecins (décisions rendues le 21 octobre 2022).

    La Chambre Disciplinaire considère que le Pr PERRONNE, au regard de sa qualité d’infectiologue internationalement reconnu avait « l’obligation de s’exprimer dans le domaine qui relève de sa compétence », durant la crise du COVID.

    Son avocat, Me Thomas BENAGES, résume les décisions rendues par la Chambre Disciplinaire :

    Le 13 septembre dernier le Pr Christian Perronne était entendu par la Chambre Disciplinaire de Première Instance d’Ile de France de L’Ordre des Médecins suite à deux plaintes déposées en 2020, par le Conseil National de L’ordre des Médecins (CNOM), et par le Dr Nathan Peiffer-Smadja.

    Le Conseil National de l’Ordre des Médecins considérait que le Pr Perronne avait violé le code de la santé publique en s’étant exprimé dans la presse nationale, sur les réseaux sociaux, et dans un ouvrage en mettant « gravement en cause des confrères ayant pris en charge un membre de sa famille ou ayant participé à des décisions sanitaires des pouvoirs publics », et d’une manière générale, en n’ayant pas apporté son concours aux actions de santé publique mise en place par le gouvernement. Il lui était par ailleurs reproché d’avoir dénigré les « politiques de santé publique » mises en place durant la crise du Covid.

    Le Dr Nathan Peiffer-Smadja estimait, pour sa part, avoir été attaqué personnellement par le Pr Perronne sur la valeur scientifique de ses publications, au regard des propos tenus par celui-ci dans les médias ainsi que dans le documentaire « Hold-Up ».

    En retour, le Pr Perronne avait déposé une plainte ordinale à l’encontre du Dr Nathan Peiffer-Smadja, celui-ci ayant publié de mai à octobre 2020 14 tweets dans lesquels il exprimait, à l’encontre du Pr Perronne des propos désobligeants, diffamatoires et injurieux.

    Dans le cadre de ces trois procédures, la Chambre Disciplinaire de première instance a donné raison au Pr Perronne, dans des décisions rendues le 21 octobre 2022.

    Tout d’ abord, concernant la procédure intentée par le CNOM, la Chambre Disciplinaire a retenu l’ensemble des moyens de la défense, qui insistaient sur la qualité d’expert du Pr Perronne et le fait qu’il était le mieux à même de s’exprimer et d’apporter la contradiction au gouvernement durant la crise sanitaire.

    La Chambre Disciplinaire en a même conclu que, au regard de sa qualité de spécialiste, le Pr Perronne avait une obligation de s’exprimer :

    « Le Dr Perronne, spécialiste internationalement reconnu comme un expert dans le domaine de l’infectiologie, était le mieux à même de comprendre les enjeux de santé publique. S’il s’est exprimé dans la presse sur l’action du gouvernement et sur l’industrie pharmaceutique, ainsi qu’il était légitime à le faire et en avait même l’obligation dans ce domaine qui relevait de sa compétence, il s’est borné à porter publiquement mais sans invectives une voix discordante sur un sujet d’intérêt général ».

    De plus, selon la Chambre Disciplinaire il ne ressort d’aucune des pièces du dossier qu’à un quelconque moment il aurait eu un discours « antivax ».

    La Chambre Disciplinaire a également considéré que les critiques que le Pr Perronne a exprimées à l’encontre de Mme Agnès Buzyn et de M. Olivier Véran « concernaient ces personnes uniquement en tant qu’autorités sanitaires détenant un poste politique. Ainsi, alors même que ces autorités avaient également la qualité de médecins, le Dr Perronne ne saurait être regardé comme ayant méconnu, par les critiques dirigées à leur encontre, les dispositions précitées du code de la santé publique ».
     
    Concernant les procédures visant le Dr Nathan Peiffer-Smadja, la Chambre Disciplinaire a considéré que celui-ci, avait tenu à l’encontre du Pr Perronne des propos « de nature gravement anti-confraternelle » , et a prononcé à son encontre une sanction ordinale (Avertissement). 

    En toute logique, la plainte du Dr Nathan Peiffer-Smadja contre le Pr Perronne a été rejetée, la Chambre Disciplinaire considérant que « les propos du Pr Perronne concernant le Dr Nathan Peiffer-Smadja visaient uniquement, et de manière impersonnelle, sa qualité d’auteur d’une étude critiquée ».

    Ainsi, par ces décisions fondamentales la Chambre Disciplinaire est venu réaffirmer la liberté d’expression dont bénéficient les médecins universitaires, lorsque ceux-ci s’expriment de manière impersonnelle, tout en soulignant le rôle prépondérant qu’a tenu le Pr Perronne durant la crise sanitaire en apportant la contradiction au gouvernement et en ayant « une voix discordante sur un sujet d’intérêt général ».

    En soulignant que le Pr Perronne n’avait jamais eu de discours « antivax » la Chambre Disciplinaire fait taire ceux qui usent de qualificatifs péjoratifs afin de le censurer.

    Par ces décisions la Chambre Disciplinaire a donc reconnu qu’un médecin peut avoir un avis différent de celui exprimé par le gouvernement, et en faire état publiquement.

    Enfin, par ces décisions la Chambre Disciplinaire est tout simplement venue réaffirmer les valeurs de notre démocratie : il est possible de s’exprimer librement sur un sujet d’intérêt général dès lors que l’on ne tient pas de propos désobligeants, diffamatoires ou injurieux.

    Thomas BENAGES
    Avocat Associé

    #pharma #big_pharma #bénéfices #L'argent , le #fric #l'artiche , le #flouz le #jonc #la #fraiche#covid-19 #coronavirus #santé #pandémie #confinement #sante #covid #en_vedette #sars-cov-2 #vaccination #christian_perronne

  • Composer un monde en commun. Une théologie politique de l’#anthropocène

    Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les #crises induites par la #destruction de notre #habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de #propriété_privée ? Remettre en cause la #souveraineté des #États-nations ? Comment construire ensemble les #institutions_internationales qui permettraient de prendre soin de nos #communs_globaux que sont le climat mais aussi la #biodiversité, la #santé, les #cultures et jusqu’à la #démocratie ?

    Car c’est elle qui, aujourd’hui, est menacée par notre refus d’inscrire des limites à la toute-puissance de la #personnalité_juridique, des techniques extractivistes et de la #marchandisation du monde. Où trouverons-nous les ressources politiques, culturelles et spirituelles pour inventer ces limites et en faire une chance plutôt qu’une insupportable privation de liberté ?

    Un tel projet exige de refonder l’#utopie des #Lumières. Et pour cela, de puiser à la source du #christianisme, qui constitue l’une de ses matrices historiques. Il implique donc une révision de la manière dont le christianisme se comprend lui-même : expérience stylistique du retrait d’un Dieu qui s’efface pour nous ouvrir à un horizon démocratique qu’il nous revient d’imaginer ensemble ? Ou #religion d’un Christ glorieux qui légitimerait une souveraineté politique autoritaire, carnivore, phallocratique et colonialiste ? Telles sont quelques-unes questions que pose ce livre.

    Apprendre à y répondre participe peut-être de ce que les traditions bibliques nomment la sainteté.

    https://www.seuil.com/ouvrage/composer-un-monde-en-commun-gael-giraud/9782021474404

    #livre #Gaël_Giraud #communs #commons #Etat-nation #extractivisme #colonialisme #autoritarisme

  • Sortir du capitalisme - Les luttes des femmes des années 1968 – Christine Delphy
    http://sortirducapitalisme.fr/emissions/189-les-luttes-des-femmes-des-annees-1968-christine-delphy

    http://sortirducapitalisme.fr/media/com_podcastmanager/luttesdesfemmes68.mp3

    (encore loupé, c’est du mp3 et ça embedde pas)

    Dans cette période de renouveau des luttes anti-patriarcales, une histoire des luttes des femmes des années 1968 – avec Christine Delphy, sociologue, co-fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes.

    Christine Delphy, sociologue, théoricienne critique de l’oppression et de l’exploitation des femmes, co-fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC), nous raconte l’histoire du Mouvement de Libération des Femmes : l’histoire du groupe « Féminin, Masculin, Avenir » puis « Féminisme, Marxisme, Action », l’importance de la non-mixité féministe, la lutte interne avec Antoinette Fouque et les féministes différencialistes, la manifestation du 26 août 1970, ses slogans (« Un homme sur deux est une femme » et « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme ») et sa répression, les différentes tendances du MLF dont celle « lutte-de-classes » d’Eliane Viennot (LCR), l’essor du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement (MLA) en 1971 et sa transformation en MLAC – véritable instigateur de la loi de 1974-75 légalisant l’avortement et la contraception –, le Manifeste des 343, les manifestations pour l’avortement libre, l’organisation de l’avortement illégal (qui auparavant faisait des dizaines de milliers de morts annuellement), et surtout l’incroyable transformation subjective de ces milliers de femmes ayant participé aux luttes des femmes des années 1968.

    #féminisme #femmes #radio #Christine_Delphy

  • This was England: Chris Killip’s pioneering photography – in pictures
    https://www.theguardian.com/artanddesign/gallery/2022/oct/04/this-was-england-chris-killips-pioneering-photography-in-pictures

    From shipbuilding to coal mining, Chris Killip embedded himself in local communities in the 1970s and 80s long enough to capture their solidarity – and decline


    TT Races Supporter, Isle of Man, 1971, photo Chris Killip
    #photographie #chris_killip

  • L’historien Paul Veyne, spécialiste de l’Antiquité grecque et romaine, est mort

    Professeur à l’université de Provence et à l’Ecole pratique des hautes études, chercheur original et libre, il a détenu la chaire Histoire de Rome au Collège de France. Il est mort, jeudi, à l’âge de 92 ans.

    Franc-tireur aussi profond que dilettante, l’historien Paul Veyne, spécialiste de l’Antiquité grecque et romaine, est mort, jeudi 29 septembre, à l’âge de 92 ans, à Bédoin, village du Vaucluse où il avait élu domicile, a appris Le Monde auprès de la maison d’édition Albin Michel.
    S’il laisse l’impression d’une telle singularité dans le monde des historiens, c’est que son rapport à la discipline a d’emblée été singulier. Quand il naît, le 13 juin 1930, à Aix-en-Provence, au sein d’une famille liée à la vigne – des grands-parents viticulteurs, un père employé de banque devenu courtier en vins –, le prestige de la famille tient à la pérennité et à la transmission immuable des valeurs et des biens.

    Pour l’enfant, le déclic est tout autre. Une promenade sur les hauteurs de Cavaillon, à 8 ans, où, arpentant un site celtique, il trébuche sur un fragment d’amphore qui lui fait l’« effet d’un aérolithe ». Un choc avant tout romanesque, proche d’une expérience de science-fiction. Rien à voir avec une conscience historique encore. Il faut dire qu’il n’y a quasiment pas de livres chez lui, où ils sont jugés « insolites » et « inutiles », rares et dispendieux, et la fréquentation des librairies inconnue. Nouvelle rencontre intrigante avec le passé lorsqu’il découvre, élève de 6e au lycée Mignet, un hymne homérique à la louange de Déméter qui le charme et lui semble d’une étrangeté absolue. Il y découvre « un autre langage, un autre temps ».

    Des rencontres décisives

    C’est ce qui est décisif pour Paul Veyne. La trace, l’indice, le fragment qui interpelle et oblige à réfléchir. Pas de goût de la certitude, mais celui du vertige devant l’inconnu. Ce qui assure d’emblée son rapport essentiel à la littérature, à l’expression artistique et à ce monde qui s’enfuit en ne laissant que des vestiges dont la compréhension pleine échappe. De fait, pendant l’Occupation, l’adolescent hante les salles du Musée archéologique de Nîmes, où il déchiffre les inscriptions par goût des énigmes plus que par souci d’érudition. Une façon d’être en marge d’une famille pétainiste dont il exorcisera plus tard le souvenir, en 1952, en adhérant – fugitivement – au Parti communiste, qu’il quitte cependant, trop indépendant pour être un bon militant, au terme d’un compagnonnage qu’il analysera comme un passage éphémère dans une « secte » quand l’URSS mettra Budapest au pas en novembre 1956.

    Comme l’enfant semble peu armé pour suivre la lignée familiale – ni le commerce, ni le négoce, ni même l’administration ne semblent faits pour celui qui s’ouvre au monde au hasard des virées dans la nature et des lectures scolaires –, un notaire ami de la famille suggère la voie de l’Ecole normale. Bac en poche, Paul fréquente Paris et l’hypokhâgne d’Henri-IV, puis la khâgne du lycée Thiers, à Marseille, avant de retrouver la capitale, et l’Ecole normale supérieure (1951-1955) où il croise quelques aînés décisifs : Jacques Le Goff (1924-2014), Louis Althusser (1918-1990), jeune agrégé préparateur, Michel Foucault (1926-1984) surtout.

    En 1955, il est reçu 2e à l’agrégation de grammaire derrière Georges Ville (1929-1967), avec lequel il se lie d’une amitié essentielle – lorsque le jeune conservateur au département des antiquités grecques et romaines du Louvre trouve la mort sur une route d’Espagne, à 37 ans, Paul Veyne fait tout pour que ses travaux, notamment sa thèse sur La Gladiature en Occident des origines à la mort de Domitien, soient publiés (chose faite en 1981 pour la thèse, rééditée avec une courte préface inédite de Veyne en 2014, à l’Ecole française de Rome).

    Des références diverses

    Paul Veyne part pour l’Ecole française de Rome dès 1955. L’institution, qui n’a pas à proprement parler de programme, convient bien au jeune homme. Il travaille sérieusement l’épigraphie et se forme à l’archéologie grâce à de nombreux voyages d’études, tant dans la Péninsule (Latium, Campanie) qu’à ses abords méditerranéens (Utique, près de Carthage). Si, loin des sujets institutionnels ou militaires, ce sont les domaines démographiques ou agraires qui le retiennent, à l’instar des chantiers prônés par l’école des Annales, pourtant peu représentée dans le monde des antiquisants, il s’y attelle en franc-tireur, sans modèle ni credo. Et, de son passage au Maghreb, il retient surtout la violence insoutenable des rapports entre colons et indigènes, qui l’ébahit. Il en revient très remonté, et quand la suspicion de l’usage de la torture par les militaires français dans le conflit algérien se précise, Veyne condamne publiquement ce recours, ce qui lui vaut une surveillance policière serrée.

    De retour en France, il retrouve en 1957 et pour cinq ans le chemin de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), qu’il avait fréquentée entre 1951 et 1954, tout en étant assistant à la faculté des lettres de Paris (1957-1961), et précise son projet de thèse sur « Le système des dons dans la vie municipale romaine ». Sous la conduite de William Seston (1900-1983), Veyne instruit en épigraphiste sourcilleux le dossier de l’évergétisme dans une optique qui dépasse les usages historiens pour emprunter à l’ethnologie, à l’anthropologie et à la sociologie, dans le sillage de Marcel Mauss (1872-1950) et de son fondateur Essai sur le don (1923). Tous deux également sociologues, le philosophe Georg Simmel (1858-1918) et l’économiste Max Weber (1864-1920) sont ses autres références, ce dont l’historien Fernand Braudel s’offusque. Qu’importe ! Veyne trace lui-même sa voie.

    Historien désormais, maître de conférences à la faculté des lettres d’Aix dès 1961, où il finit professeur, Paul Veyne, tout en achevant sa thèse, qu’il soutient en 1974, signe un décapant essai d’épistémologie, initialement conçu comme une introduction à son grand œuvre, Comment on écrit l’histoire (Seuil, 1971) – il le complète en 1978 en y adjoignant sa révérence à son ami Michel Foucault, Foucault révolutionne l’histoire –, qui séduit Raymond Aron (1905-1983). Et quand le philosophe cherche un agrégé normalien comme successeur apte à gérer son œuvre après sa disparition – Pierre Bourdieu (1930-2002), dauphin pressenti, s’étant récusé –, il pense logiquement à Veyne et favorise son entrée au Collège de France dès 1975. Une promotion qui n’éloignera pas Veyne de l’université de Provence, où il continuera parallèlement son enseignement. Mais entre les deux intellectuels, la rupture est fulgurante puisque dès sa leçon inaugurale, « L’inventaire des différences », Paul Veyne, alors qu’il salue Philippe Ariès, Louis Robert ou Ronald Syme, « oublie » de mentionner Raymond Aron. Une faute que le philosophe ne lui pardonne pas.

    Goût de l’audace et du défi

    La chaire intitulée prudemment « Histoire de Rome » ne contraint Veyne à aucun assagissement. Alors que les éditions du Seuil accueille une version « grand public » de sa thèse – Le Pain et le cirque. Sociologie historique d’un pluralisme politique (1976) – qu’il juge très vite trop « aronienne », ni « contestataire » ni « déstabilisatrice » comme il le souhaitait, Paul Veyne, fort de son rapprochement avec Michel Foucault, propose un réexamen critique de la nature et du pouvoir des mythes, interrogeant du côté de la réception ce dont Marcel Detienne (1935-2019) et Luc Brisson étudiaient par ailleurs la spécificité. Inaugurant la collection « Des travaux » au Seuil, Veyne poursuit son investigation (Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Essai sur l’imagination constituante, 1983).

    Fondamentalement libre, Veyne joue sur tous les registres qui l’attirent. S’il réunit en recueil nombre de ses travaux (L’Empire gréco-romain, Seuil, 2005) ou interroge certains moments-clés de l’Antiquité tardive dans une relecture ébouriffante (Quand notre monde est devenu chrétien. 312-394, Albin Michel, 2007), fou de littérature, en quête de sagesse, il traite d’une manière aussi personnelle de L’Elégie érotique romaine (Seuil, 1983), que de René Char (Gallimard, 1990), Sénèque (Tallandier, 2007) ou Foucault (Albin Michel, 2008), et célèbre l’art dont il s’est nourri, du musée de Nîmes aux établissements italiens (Mon musée imaginaire, Albin Michel, 2010 ; La Villa des mystères à Pompéi, Gallimard, 2016). Avec un seul bémol, son Palmyre, rédigé un peu vite sous la pression de l’actualité et parfois un peu hâtif (Albin Michel, 2015).

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    « Les montagnes forment un monde à part ou plutôt un chaos » - Extrait de « Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas » (Albin Michel, 2014), de Paul Veyne :

    « La haute montagne est un monde démesuré qui, à la différence de la pampa ou du désert, possède à la fois l’immensité et la monumentalité. Ce monde n’est plus le nôtre et son échelle des grandeurs n’est plus la nôtre. La verticalité y a plus d’importance que les deux autres dimensions. Les mots n’ont plus le même sens : les pentes, les montées ne sont plus des horizontales imparfaites, mais des verticales adoucies. Il n’y a plus d’odeurs, plus de couleurs, le marron du rocher et le blanc de la neige dévitalisent notre palette. La voluminosité du silence amortit les fracas les plus retentissants. L’énormité de ce nouveau monde s’impose bientôt comme normale au regard, car la montagne nous transforme. Elle ne prête pas à des effusions sentimentales. Oserai-je ajouter que l’alpiniste n’est plus un être sexué ? Il (elle) a mieux à faire.
    Les hautes montagnes n’appartiennent pas à notre terre avec ses collines, ses arbres, ses autos et ses maisons. Comme ces autres mondes que sont les nuages ou la mer, elles forment un monde à part ou plutôt un chaos ; elles sont restées figées dans l’accident originel qui les a soulevées et fracassées. Cette uniformité dans l’informe nie l’existence de la vie ; on s’y réfugie quand les plaines se révèlent normales et limitées. »
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    Chantre de l’amitié à la façon des Anciens, mû par le goût de l’audace, du défi, que manifeste son amour immodéré de la montagne, terrain de jeu et d’absolu où il manqua perdre la vie sur l’Aiguille verte, dans le massif du Mont-Banc, Paul Veyne incarne une voix atypique dont même l’expression autocritique et autobiographique (Le Quotidien et l’Intéressant, Les Belles Lettres, 1995 ; Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, Albin Michel, 2014, récompensé par le Prix Femina) dit la profonde originalité. Soucieux de surprendre, de se démarquer toujours, Paul Veyne, dont l’écriture a évolué vers plus de limpidité, n’a jamais cessé d’être stimulant. Tout sauf académique.

    Paul Veyne en quelques dates
    13 juin 1930 Naissance à Aix-en-Provence
    1955 Agrégé de grammaire
    1971 « Comment on écrit l’histoire »
    1975 Chaire d’histoire de Rome au Collège de France
    1983 « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? »
    2007 « Quand notre monde est devenu chrétien (312-394) »
    2014 Prix Femina pour « Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas »
    29 septembre 2022 Mort à Bédoin (Vaucluse)

    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2022/09/29/l-historien-paul-veyne-specialiste-de-l-antiquite-grecque-et-romaine-est-mor

    « La question des origines chrétiennes de la France est un faux débat », Paul Veyne
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/09/29/paul-veyne-la-question-des-origines-chretiennes-de-la-france-est-un-faux-deb


    Photo : Paul Veyne le 16 février 2016 à Paris JOEL SAGET / AFP

    Pour l’historien Paul Veyne, qui s’est éteint jeudi 29 septembre 2022, la religion n’est qu’un des éléments d’une civilisation, et non sa matrice, comme il l’expliquait en 2016 dans un entretien au « Monde des religions ».

    Historien aussi génial que hors norme, tant dans son parcours que dans sa personnalité, Paul Veyne était l’un des meilleurs spécialistes du monde antique. Si son domaine de prédilection restait la Rome païenne, le professeur émérite au Collège de France a également publié de passionnants travaux sur le processus qui a conduit l’Occident à devenir chrétien. Dans un entretien publié en décembre 2016 dans « Le Monde des religions », il revisitait les héritages culturels qui ont façonné l’Europe.

    Dans votre livre Quand notre monde est devenu chrétien (Albin Michel, 2007), vous notez qu’au début du IVe siècle, l’Empire romain compte à peine 10 % de chrétiens. Deux siècles plus tard, c’est le paganisme qui est résiduel. Comment expliquer ce formidable succès du christianisme ?

    Deux éléments peuvent expliquer ce succès : non seulement, à partir du règne de Constantin, les empereurs – exception faite de Julien l’Apostat (361-363) – soutiennent le christianisme et le financent fortement ; mais le christianisme a aussi une caractéristique exceptionnelle qui lui est propre : il est organisé comme une armée, avec un chef, des sous-chefs et des chefs locaux (archevêques, évêques, prêtres). De fait, cette organisation a permis de mettre en place un encadrement militaro-spirituel, si j’ose dire, de la population. J’ignore d’où est venue cette organisation si particulière de la religion chrétienne, qui mériterait d’être étudiée.

    A l’inverse, comment expliquer que le paganisme soit aussi rapidement passé aux oubliettes ?

    Il faut savoir que le paganisme était en crise depuis six ou sept siècles. Aux yeux des lettrés, il comportait trop de fables et de naïvetés, si bien que le païen lettré ne savait plus ce qu’il devait ou pouvait croire. De plus, l’argent et la puissance hiérarchique avaient changé de bord. Cela dit, le paganisme n’a pas totalement disparu : des régions entières sont restées longtemps païennes sans le dire. Ainsi, les fermiers, métayers et ouvriers agricoles qui travaillaient dans les grands domaines des seigneurs romains en Sardaigne étaient encore largement païens vers l’an 500. Mais on ne le disait pas trop : cela ne se faisait plus.

    Notons que l’on demandait à Dieu les mêmes choses qu’aux divinités païennes – de bonnes récoltes, par exemple. Les ex-voto chrétiens sont parfaitement comparables aux ex-voto païens. Néanmoins, pour les lettrés, la religion chrétienne avait une supériorité intellectuelle et spirituelle incomparable avec le paganisme, à tous points de vue. Amour et miséricorde infinie d’un Dieu profondément charismatique, moralisme qui pénètre tous les aspects de la vie du croyant et projet divin de la Création qui donne un sens à l’humanité : autant d’éléments qui ne pouvaient qu’attirer les élites.

    Alors que Nietzsche voyait dans le christianisme une « religion d’esclaves », vous voyez une « religion d’élite », un « chef-d’œuvre ». Pourquoi ?

    Le christianisme est à mon sens la religion la plus géniale du monde – je le dis d’autant plus aisément que je ne suis pas croyant. La théologie, la spiritualité, l’inventivité de cette religion sont extraordinaires. Si Nietzsche y voit une « religion d’esclaves », c’est sans doute parce qu’un croyant est soumis à Dieu, à ses commandements, et est en quelque sorte l’esclave de Dieu.

    Pour ma part, je suis en admiration devant l’incroyable édifice intellectuel et spirituel élaboré par les penseurs chrétiens. Je dis dans un de mes livres que le christianisme est un best-seller qui appartient au genre du thriller. En effet, sa promesse du Paradis se conjugue avec la terreur qu’inspire l’idée de l’Enfer… Les hommes passent leur temps à se demander de quel côté ils vont basculer. Un tel récit ne peut que « prendre aux tripes » ses lecteurs.

    La question des origines chrétiennes de la France continue d’agiter le débat public. Quelle est votre opinion sur la question ?

    C’est le type même de la fausse question. Comme je l’ai écrit dans mon ouvrage Quand notre monde est devenu chrétien, « ce n’est pas le christianisme qui est à la racine de l’Europe, c’est l’Europe actuelle qui inspire le christianisme ou certaines de ses versions ». La religion est une des composantes d’une civilisation, et non la matrice – sinon, tous les pays de culture chrétienne se ressembleraient, ce qui est loin d’être le cas ; et ces sociétés resteraient figées dans le temps, ce qui n’est pas davantage le cas. Certes, le christianisme a pu contribuer à préparer le terrain à certaines valeurs. Mais, de fait, il n’a cessé, au fil des siècles, de changer et de s’adapter.

    Voyez par exemple le courant des catholiques sociaux de gauche : ce christianisme charitable qui œuvre pour le bien-être du prolétariat découle directement du mouvement ouvrier socialiste du XIXe siècle. De même, il existe des courants du christianisme qui se revendiquent féministes et laïques. Mais auraient-ils existé s’il n’y avait eu, auparavant, la révolution féministe ? Et la laïcité, ce ne sont pas les chrétiens qui l’ont inventée : ils s’y sont opposés en 1905 ! En réalité, le christianisme se transforme en fonction de ce que devient la culture française, et s’y adapte.

    Vous allez jusqu’à contester l’idée même de « racines ».

    Aucune société, aucune culture n’est fondée sur une doctrine unique. Comme toutes les civilisations, l’Europe s’est faite par étapes, aucune de ses composantes n’étant plus originelle qu’une autre. Tout évolue, tout change, sans arrêt.

    *Vous relayez également l’interrogation du sociologue (pourtant croyant) Gabriel Le Bras, « la France a-t-elle été jamais christianisée ? », tant la pratique religieuse a, de tout temps, été défaillante.

    Absolument. Si, pour certains croyants, qui ne constituent qu’une toute petite élite, le christianisme correspond à une réalité vécue, force est de constater que pour l’immense majorité des autres, la religion n’est qu’un vaste conformisme, auquel ils adhèrent sans réellement s’y astreindre. C’est exactement la même chose que la notion de patrie avant 1914 : l’idée de « patrie française » tenait chaud au cœur.

    Néanmoins, on ne peut nier l’apport réel du christianisme à notre culture.

    Bien sûr que cet apport est immense. Autour de nous, le christianisme est partout : les cathédrales, les églises jusque dans les plus petits villages, une bonne partie de notre littérature (Blaise Pascal) et de notre musique (Bach). Mais pour la majorité d’entre nous, il s’agit là d’un héritage, d’un patrimoine qui appartient au passé, à l’instar de Versailles ou de la pensée de Descartes. Moi-même, je suis ému quand j’entre dans une église et je fais le signe de croix. Le déclin du christianisme, le fait qu’il soit sorti de notre culture, de nos croyances et de nos pratiques, a réellement commencé à toucher l’ensemble de la population au XIXe siècle.

    Vous écrivez que notre culture est aux antipodes des valeurs chrétiennes. Pourquoi ?

    L’Europe actuelle est démocrate, laïque, partisane de la liberté religieuse, des droits de l’homme, de la liberté de pensée, de la liberté sexuelle, du féminisme et du socialisme. Toutes choses qui sont étrangères, voire opposées, au catholicisme d’hier et d’aujourd’hui. La morale chrétienne prêchait l’ascétisme et l’obéissance. L’individualisme de notre époque, par exemple, est aux antipodes de la soumission, de la piété et de l’obéissance chrétiennes.

    Plus que Jésus ou Paul, quels sont, selon vous, les penseurs aux sources de notre culture ?

    A l’évidence, cela me semble être l’époque des Lumières et la Révolution. Depuis la Révolution, songez qu’il n’existe plus de roi de droit divin : il s’agit désormais de monarchies constitutionnelles, comme en Angleterre. S’il fallait absolument nous trouver des pères spirituels, on pourrait nommer Kant ou Spinoza.

    Quid de l’apport immense de la culture antique sur nos mentalités ?

    Les Grecs ont inventé la philosophie, le théâtre, et tant d’autres choses. Les Romains les ont répandus, ils ont hellénisé le monde en langue latine. Le christianisme lui-même a hérité de cette culture antique, à une différence énorme près : la notion d’un Dieu tout-puissant et éternel, créateur du monde, n’a rien de commun avec les dieux antiques. Ces derniers étaient exactement comme nous, mais immortels ; ils avaient les mêmes vices, les mêmes vertus, et n’étaient pas tout-puissants.

    Le Dieu des juifs et des chrétiens est un apport culturel gigantesque que le paganisme n’a jamais été en mesure d’apporter. Mais si l’héritage chrétien apparaît de façon plus évidente à l’esprit de nos concitoyens, bien que déchristianisés, que l’immense patrimoine antique dont nous sommes aussi les héritiers, c’est que, chez nous, la religion chrétienne est présente visuellement partout.

    Comment interprétez-vous le fait que le thème de nos racines religieuses revienne si souvent sur le tapis depuis quelques décennies, malgré la sécularisation de la société ?

    Les raisons sont purement politiques. Parler de racines religieuses permet de se montrer vertueux, attaché à certaines valeurs comme la charité. C’est une manière de se faire bien voir. Je ne crois pas du tout au « retour du religieux » dont on parle en ce moment : les chiffres disent le contraire pour toute l’Europe, et plus encore pour la France. La moitié des Français ne sont plus baptisés.

    Dans votre livre Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas (Albin Michel, 2014), vous écrivez : « Le Moyen Age n’a rien de romanesque ; il est chrétien et fait donc partie de notre monde ennuyeux. » Voilà un jugement paradoxal au vu de ce que vous dites être le génie du christianisme !

    Quand j’étais petit, c’était mon sentiment. Je m’ennuyais à la messe ; par conséquent, à mes yeux, le Moyen Age chrétien n’avait rien d’exaltant. Le paganisme, au contraire, était un monde totalement autre. J’aurais pu tout aussi bien m’intéresser au Japon, qui est également un monde radicalement autre. La société païenne antique est atroce, cruelle, effrayante. Si les supplices et les massacres ne m’attirent nullement, cette civilisation m’a fasciné.

    Sur le plan religieux, cependant, les sociétés païennes étaient plus pragmatiques, pour la simple raison que tous les dieux étaient considérés comme vrais : lorsqu’un Romain ou un Grec, en voyage à l’étranger, apprenait qu’on y vénérait tel ou tel dieu, il se disait qu’il serait peut-être utile de l’importer, de la même manière qu’on importait des plantes ou des denrées des pays étrangers. Il ne s’agissait pas de tolérance, mais d’une conception différente de la vérité.

    L’islam, qui a pris la mauvaise habitude d’être aussi intolérant que le christianisme, ferait bien de s’en inspirer. Car ni l’islam ni le christianisme ne disent que les dieux des autres peuples sont aussi vrais que le leur. Non, c’est leur Dieu qui est le vrai, et le seul.

    Que vous inspirent les polémiques actuelles sur l’islam ?

    Je pense qu’en vertu de la laïcité, de la tolérance et du fait qu’il existe des gens pour qui la religion est importante, il faut intégralement leur ficher la paix dans ce domaine. On a le droit d’avoir une religion. C’est quelque chose de très intime, une sorte de besoin ou de penchant naturel qu’il faut respecter. Pour ma part, comme il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre, j’aimerais me convertir tout à coup : hélas, je n’y arrive pas (rires). Pour autant, il faut évidemment combattre les dérives religieuses, car malheureusement, certains abusent.

    Vous qui avez tant étudié l’histoire, comment jugez-vous notre époque ?

    Depuis qu’il n’y a plus de guerre mondiale en Occident, l’évolution est très positive. Certes, il y aura toujours des esprits chagrins pour dire que « c’était mieux avant ». Comme cette rengaine éculée est banale ! Rome a été fondée en 753 avant notre ère, et l’idée de la décadence a commencé dès 552… Cela fait 2 000 ans qu’on nous parle de décadence ! Pour ce qui nous concerne, je ne crois pas du tout à la décadence, au contraire. Il ne se passe pas une journée sans que l’on apprenne une bonne nouvelle. Ces cinquante dernières années, les progrès – en matière sociale ou de mœurs, notamment – ont été immenses. Je ne peux que m’en réjouir.

    Cet entretien a initialement été publié dans « Le Monde des religions » n° 81, novembre-décembre 2016.

    #Paul_Veyne #histoire #histoire_ancienne #évergetisme #don #État #christianisme #sexualité

    • L’inventaire des différences, leçon inaugurale au Collège de France, Paul Veyne
      https://fdocuments.fr/document/paul-veyne-linventaire-des-differences.html?page=1

      (...) vous me voyez tout à fait persuadé que l’histoire existe, ou du moins l’histoire sociologique, celle qui ne se borne pas à raconter, ni même à comprendre, mais qui structure sa matière en recourant à la conceptualisation des sciences appelées aussi sciences morales et politiques. Vous me voyez non moins persuadé que les Romains ont existé réellement ; c’est-à-dire qu’ils ont existé d’une manière aussi exotique et aussi quotidienne à la fois que les Thibétains, par exemple, ou les Nambikwara, ni plus, ni moins ; si bien qu’il devient impossible de les considérer plus longtemps comme une sorte de peuple-valeur. Mais alors, si l’histoire existe et les Romains aussi, existe-t-il une histoire romaine ? L’histoire consiste-t-elle à raconter des histoires selon l’ordre du temps ? La réponse, pour le dire tout de suite, sera non, formellement, et oui, matériellement. Oui, car il existe des événements historiques ; non, car il n’existe pas d’ explication historique. Comme mainte autre science, l’histoire informe ses matériaux en recourant à une autre science, la sociologie. De la même manière, il existe bien des phénomènes astronomiques, mais, si je ne m’abuse, il n’existe pas d’explication astronomique : l’explication des faits astronomiques est physique. Il demeure qu’un cours d’astronomie n’est pas un cours de physique.
      Quand vous avez confié cette chaire d’histoire romaine à un inconnu qui avait pour lieu de naissance le séminaire de sociologie historique, vous avez voulu, mes chers collègues, respecter, j’imagine, une de vos traditions. Car l’intérêt pour les sciences humaines est traditionnel dans la chaire que j’occupe. Aussi votre serviteur, qui est avide de se présenter à vous sous son meilleur jour, se recommandera t-il de ce qu’on peut appeler le deuxième moment de la philosophie aronienne de l’histoire. Le premier moment de cette philosophie fut la critique de la notion de fait historique ; « les faits n’existent pas », c’est à dire qu’ils n’existent pas à l’état séparé, sauf par abstraction ; concrètement, ils n’existent que sous un concept qui les informe. Ou, si l’on préfère, l’histoire n’existe que par rapport aux questions que nous lui posons.
      Matériellement, l’histoire s’écrit avec des faits ; formellement, avec une problématique et des concepts.
      Mais alors, quelles questions faut-il lui poser ? Et d’où viennent les concepts qui la structurent ? Tout historien est implicitement un philosophe, puisqu’il décide de ce qu’il tiendra pour anthropologiquement intéressant. Il doit décider s’il attachera de l’importance aux timbres-poste à travers l’histoire, ou bien aux classe s sociales, aux nations, aux sexes et à leurs relations politiques, matérielles et imaginaires (au sens de l’imago des psychanalystes). Comme on voit, quand François Chatelet trouvait un peu court le criticissme néo-kantien et réclamait au nom de Hegel une conception moins formaliste et plus substantielle de l’objectivité historique, il ne pouvait prévoir que ses vœux seraient si rapidement comblés.
      Et puisque les faits ne sont que la matière de l’histoire, un historien, pour les informer, doit recourir à la théorie politique et sociale. Aron écrivait en 1971 ces lignes qui seront mon programme : « L’ambition de l’historien comme tel demeure bien le récit de l’aventure vécue par les hommes. Mais ce récit exige toutes les ressources des sciences sociales, y compris les ressources souhaitables, mais non disponibles. Comment narrer le devenir d’un secteur partiel, diplomatie ou idéologie, ou d’une entité globale, nation ou empire, sans une théorie du secteur ou de l’entité ? Pour être autre chose qu’un économiste ou un sociologue, l’historien n’en doit pas moins être capable de discuter avec eux sur un pied d’égalité. Je me demande même si l’historien, au rebours de la vocation empirique qui lui est normalement attribuée, ne doit pas flirter avec la philosophie : qui ne cherche pas de sens à l’existence en trouvera pas dans la diversité des sociétés et des croyances. » Tel est le second moment de la philosophie de l’histoire ; il aboutit, comme on verra, au problème central de la pratique historique la détermination d’invariants, au-delà des modifications ; un physicien dirait : la détermination de la formule, au-delà des différents problèmes qu’elle permet de résoudre. C’est une question d’actualité : le Clausewitz d’Aron a pour vrai sujet de mettre l’invariant à la portée des historiens.
      En deux mots comme en cent, un historien doit décider de quoi il doit parler et savoir ce dont il parle. Il ne s’agit pas d’interdisciplinarité, mais de beaucoup plus. Les sciences morales et politiques (appelons-les conventionnellement « sociologie », pour faire bref) ne sont pas le territoire du voisin, avec lequel on établirait des points de contact ou sur lequel on irait razzier des objets utiles. Elles n’apportent rien à l’histoire, car elles font bien davantage : elles l ’informent, la constituent. Sinon, il faudrait supposer que, seuls de leur espèce, les historiens auraient le droit de parler de certaines choses, à savoir de paix, de guerres, de nations, d’administrations ou de coutumes, sans savoir ce que sont ces choses et sans commencer par l’apprendre en étudiant les sciences qui en traitent.
      Les historiens voudraient-ils être positivistes, qu’ils n’y parviendraient pas ; même s’ils ne veulent pas le savoir, ils ont une sociologie, puisqu’ils ne peuvent ouvrir la bouche sans prononcer les mots de guerre ou de cité et sans se fonder, à défaut d’une théorie digne de ce nom, sur la sagesse des nations ou sur de faux concepts, tels que « féodalité » ou « redistribution ». Ainsi donc l’érudition, le sérieux du métier historique, n’est que la moitié de la tâche ; et, de nos jours, la formation d’un historien est double : elle est érudite et, de plus, elle est sociologique . Ce qui nous fait deux fois plus de travail ; car la science progresse et le monde se déniaise furieusement tous les jours.

      edit on lit dans L’Émonde (ci-dessus) et Ration que Veyne, oublieux (comme il l’a déclaré ensuite) ou décidément culotté ne cita pas Aron lors de cette leçon inaugurale

      Jeune enseignant à Aix-en-Provence, Paul Veyne est repéré au début des années 70 par Raymond Aron. C’est lui, l’intellectuel libéral, qui le fera entrer au Collège de France en 1975. Dans sa leçon inaugurale, le spécialiste de l’Antiquité oubliera de citer le nom de l’ancien condisciple de Sartre. « J’étais dans la lune », s’excusera l’intéressé. Aron, lui, ne lui pardonnera pas… (Ration)

      or ce n’est pas le cas du texte publié.

      Ce métier d’historien, Veyne le voyait comme une manière de « conceptualiser » à défaut de pouvoir découvrir, via l’archéologie. Le métier d’historien « consiste à dessiner, dans toutes ses vérités et sans poncifs, une certaine figure lointaine », expliquait-il ainsi en 2005 dans l’Express. « Pour cela, il faut inventer des idées, c’est-à-dire conceptualiser. Pour arriver à dire l’individualité, qui ne ressemble pas à nous et dont la ressemblance est fausse, vous devez utiliser des concepts. » Quid du terrain, des vieilles pierres, des ruines ? « Je ne suis pas hélas un homme de terrain, je n’y vois pas, je n’ai pas d’yeux », reconnaissait le savant en 2017 dans un entretien pour les Chroniques de la Bibliothèque nationale de France. Et d’ajouter : « Je suis archéologiquement nul. » (Ration)

      #concept avant que cela soit un terme de la langue pubarde et commune « inventer des concepts » c’était une stimulante et libératoire deleuzerie.

  • Google, Microsoft can get your passwords via web browser’s spellcheck
    https://www.bleepingcomputer.com/news/security/google-microsoft-can-get-your-passwords-via-web-browsers-spellchec

    Encore une question inquiétante... même si pour cela, il faut avoir choisit la correction syntaxique améliorée et demander à voir son propre mot de passe... mais ce sont néanmoins des situations que l’on doit utiliser régulièrement... sachant que demain, ce qui est « enhanced » sera la norme standard, pour le service de l’usager, évidemment.
    A tous les programmeurs : mettre l’attribut spellcheck=false dans tous les champs comportant des données sensibles (mot de passe, numéro de sécu, adresses,...). Ça évitera aussi aux usagers d’avoir des suggestions absurdes...

    Extended spellcheck features in Google Chrome and Microsoft Edge web browsers transmit form data, including personally identifiable information (PII) and in some cases, passwords, to Google and Microsoft respectively.

    While this may be a known and intended feature of these web browsers, it does raise concerns about what happens to the data after transmission and how safe the practice might be, particularly when it comes to password fields.

    Both Chrome and Edge ship with basic spellcheckers enabled. But, features like Chrome’s Enhanced Spellcheck or Microsoft Editor when manually enabled by the user, exhibit this potential privacy risk.

    #Sécurité #Mots_de_passe #Chrome #Spellcheck

  • Contra #Chrome : une BD décapante maintenant en version française
    https://framablog.org/2022/09/08/contra-chrome-une-bd-decapante-maintenant-en-version-francaise

    Il y a loin de la promotion du navigateur Chrome à ses débuts, un outil cool au service des internautes, au constat de ce qu’il est devenu, une plateforme de prédation de #Google, c’est ce que permet de mesurer la … Lire la suite­­

    #Dégooglisons_Internet #G.A.F.A.M. #Interview #Libres_Cultures #Libres_Logiciels #capitalisme_de_surveillance #Contrachrome #Framalang #Google_Chrome #Leah_Elliott #remix #Traduction #vie_privée #Zuboff

  • #Sémiologie : la #police dans l’épicentre de la #violence

    Compte tenu des preuves et des liens de ces mêmes #symboles avec les milieux extrémistes et violents, la négligence du gouvernement et de la hiérarchie s’accorde dans une résolution ; celle de l’acceptation de la violence et l’#extrémisme chez la police républicaine.

    Le pouvoir d’un symbole réside dans sa capacité à produire du sens et à communiquer ce sens. Loin d’être une entité floue, le sens réfère à quelque chose d’extérieur à soi, plus exactement un objet, qui devient existant par le truchement d’une relation interpersonnelle.

    C’est au travers d’une large panoplie de #signes, #insignes, symboles, #slogans, etc, que des policier·ères visiblement sans honte ni crainte de leur hiérarchie, affichent publiquement, leur amour de la violence, du thème de la vengeance, et parfois, du racisme, de la mort, voire des idéologies fascistes ou nazis.

    Dans le monde des images, certaines nous font sourire, d’autres nous font pleurer, provoquent le choc, la peur, l’incompréhension ou l’amour et l’espoir. La sémiologie a pour objectif de cerner le sens général qui se dégage quand on voit un logo, un insigne, et de prévoir les réactions sensorielles ou émotionnelles occasionnées.

    Les expert·es s’appuient sur le fait que les symboles ne viennent pas de nulle part, ils portent une histoire. Ces armoiries, logos, blasons, symboles, drapeaux, couleurs et formes, ont été depuis la nuit des temps, un moyen de communication, chargés d’une puissance conceptuelle mais aussi émotionnelle dont émanent valeurs éthiques et morales.

    La production et la circulation de formes symboliques constituent des phénomènes centraux dans la recherche en sciences sociales et les psychologues sociaux ont plus particulièrement étudié les processus par lesquels le sens est construit, renforcé et transformé dans la vie sociale.

    L’intérêt pour la fonction symbolique a permis l’émergence de nouveaux courants de recherche conceptuel et empirique dédiés à la compréhension de l’engagement des individus quand ils construisent du sens sur le monde dans lequel ils vivent et communiquent avec d’autres à ce sujet.

    Ces écussons, comme celui dans l’image suivante, en contact avec les citoyenne·s, se traduisent par un réflexe inconscient pour la majorité et un terrible constat pour les plus informés. D’une manière ou d’une autre, une signification se crée automatiquement, malgré la volonté de chacun·e.

    En rapport à la politique des symboles, chez le·a policier·ère tout est une représentation. Selon l’écrivain Arnaud-Dominique Houte "Au-delà de l’utilité pratique du costume, policiers et gendarmes affichent une prestance militaire qui renforce leur prestige. Mais ils montrent aussi qu’ils travaillent en toute transparence, en assumant leurs actes et en se plaçant au service du public". Le code vestimentaire du policier, son armement et sa posture font état d’une logique d’autorité et d’obéissance à la loi. Juger le port de ces écussons qui "appellent à la mort" comme inoffensifs ou insignifiants, comme l’excuse parfois la hiérarchie, révèle de la négligence politique. Si chaque interaction entre le public et la police "doit être conçue comme une expérience socialisatrice" contribuant à consolider la confiance et la légitimité de l’action policière, en quoi le port de tels symboles additionne un point positif à l’équation ?

    Devoir d’obéissance bafoué ou négligence de la hiérarchie ?

    La loi est précise. Néanmoins des policiers continuent à exhiber dans l’exercice de leurs fonctions et sur la place publique, leur affection aux "symboles repères" associés aux néo-nazis et à l’extrême droite. Au cours des dernières années, à plusieurs reprises, la police a été dans le collimateur de l’opinion publique consécutivement à la quantité importante de scandales qui ont émergés dans les médias et les réseaux sociaux. Comme pour les violences policières, de plus en plus de citoyens et de journalistes commencent à capter des images des insignes qui ornent parfois l’équipement de la police.

    Au large dossier des photos de cagoules/foulards tête-de-mort, écussons, tatouages, locutions, s’ajoutent les enquêtes de StreetPress ou Mediapart qui ont révélé, l’existence de groupes Facebook ou Whatsapp, où des policiers pour se divertir, nourrissent la violence virtuelle et propagent du racisme et du suprémacisme blanc à travers les réseaux sociaux. Le port de ces symboles pendant le temps de travail devient-il un prolongement des convictions politiques quotidiennes de certains policiers ?

    Selon la terminologie gouvernementale, ce sont des "signes faibles" d’une tendance vers "l’idéologie de la violence" qui s’intensifie dans la police et qui, coïncidence ou pas, s’aligne sur un mandat répressif, l’escalade de la violence, la logique punitive et liberticide. Une tendance politique favorisée et propagée par la Macronie ou des syndicats de police, synchrone aux logiques d’extrême droite, et qui malheureusement, modèle la doctrine des forces de l’ordre, ses intérêts et ses croyances. Enfin, elle matérialise un nouveau monde libéral, où légitimer la violence apparaît être plus qu’une nécessité mais une obligation.

    A la vue du défilé de scandales associés aux symboles d’extrême droite dans la police, il est difficile de croire que les policier·ères concerné·es puissent utiliser ces symboles par pure naïveté. Une simple recherche sur internet et il est possible de trouver facilement des informations qui attestent de l’utilisation de ces mêmes symboles par l’extrême droite, en France et notamment aux États-Unis. Frédéric Lambert, Professeur des universités et de l’Institut français de presse, également chercheur en Sémiologie et sémiotique des images d’information et de communication, nous explique très pragmatiquement que :

    « Les représentants de la loi et les professionnels qui doivent faire appliquer la loi, dont les policiers, travaillent pour l’État français. À ce titre, ils doivent porter les signes de l’institution qu’ils représentent, un uniforme réglementaire. Si certains policiers s’autorisent d’ajouter à leur tenue de service des signes qui ne sont pas autorisés, ils deviennent hors-la-loi eux-mêmes.

    Hélas cette dérive a pu s’observer en France, et l’on a vu des policiers municipaux porter le symbole du Punisher, héros de bande dessinée, puis insigne de certains groupe militarisés nazis, adopté par certains policiers aux États Unis. Deux remarques : les récits fictionnels envahissent nos réalités sociales, et il faudrait à ces policiers et à leur tutelle revenir dans la réalité de la justice sociale. La République française peut rêver mieux que de voir ses représentants porter des menaces en forme de tête de mort. Les signes au sein de la vie sociale sont bien trop importants pour que des policiers même municipaux s’en saisissent avec arrogance. »

    A chaque scandale, un rappel à la loi. Des policier·ères de différentes compagnies (police nationale, CRS ou BAC) se sont vus demander de respecter le code de déontologie et de retirer leurs écussons non-réglementaires. Néanmoins, malgré tous ces rappels et articles de presse, le Ministre de l’Intérieur et les préfets de police, n’arrivent pas à purger ces agents qui méprisent les principes de la neutralité politique.

    Le ministère de l’Intérieur Christophe Castaner en 2018, interpellé par Libération, au sujet d’un écusson ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ, du grec - "viens prendre" sur l’uniforme d’un policier, clarifie.

    « Le RGEPN (règlement de la police nationale, ndlr) prohibe le port sur la tenue d’uniforme de tout élément, signe, ou insigne, en rapport avec l’appartenance à une organisation politique, syndicale, confessionnelle ou associative. On ne sait pas à quelle référence l’insigne renvoie, mais il ne devrait pas figurer sur l’uniforme du CRS. »

    Ces dérives ne devraient pas exister. Cependant, depuis 2018, nous avons recensé plus d’une vingtaine de cas où les policiers affichent explicitement des insignes, signes, drapeaux, cagoules ou écussons à têtes de mort, tee-shirts BOPE (Batalhão de Operações Policiais Especiais - Brazil), etc ; symboles de référence majoritairement chez l’extrême droite, mais aussi chez les nationalistes, intégristes, militaristes, hooligans, etc.

    La tête de mort Punisher, le Totenkopf moderne.

    Le Punisher est un héros issu des comics Marvel, ancien soldat du corps des Marines, consumé par le désir de vengeance suite à l’assassinat de sa famille dans le Central Park. Il fut créé par le scénariste Gerry Conway en 1974.

    Le crâne ou tête-de-mort, a été utilisé dans plusieurs domaines depuis la Grèce antique soit dans le milieu littéraire, où il était associé à la sagesse, ou dans le milieu médical, funèbre, etc. L’un des premiers récits enregistré du "crâne et des os croisés" remonte à l’histoire militaire allemande et à la guerre de Trente Ans, lorsque les soldats bavarois, connus sous le nom "d’Invincibles", portaient des uniformes noirs avec des Totenkopfs blancs sur leurs casques.

    La tête-de-mort sera utilisée ainsi par les forces militaires allemandes à partir du XVIIe siècle jusqu’aux Nazis, où elle sera reconnue comme un "symbole de terreur", inscrit dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

    Dans un monde belliqueux dédié à la violence et à la mort, les symboles qui visent à inspirer la peur, l’horreur et la terreur, passent de main en main, d’époque en époque, et se répandent dans les forces militaires en guerre partout dans le monde.

    Le surprenant by-pass est que les forces militaires post-WorldWar II (en ce qui touche le War-Comics comme source de moral pour le troupes), éviteront de s’inspirer directement de la Totenkopf Nazie "crâne et des os croisés" étant donnée la charge historique ; mais le feront sous la forme de la tête-de-mort symbole du Punisher. Un malheureux choix, car elle aussi s’inspire de la Totenkopf Nazie, comme l’a révélé le magazine Forbes dans l’article :The Creator Of ‘The Punisher’ Wants To Reclaim The Iconic Skull From Police And Fringe Admirers.

    Parallèlement, la tête de mort nazie, continuera à être utilisé par des groupuscules extrémistes de droite et néo-nazis aux États-Unis, comme l’a démontré l’organisation ADL (Anti-Defamation League, créée 1913) dans une de ses enquêtes Bigots on Bikes-2011.

    Ce processus de récupération des symboles des personnages DC Comics et Marvel par des forces militaires pendant les guerres d’Irak et d’Afghanistan, appelés "Morale Patches non-réglementaires", fascine et donne encore aujourd’hui lieu à des thèses et des mémoires universitaires.

    Dans une étude pour la Loyola University of Chicago, Comics and Conflict : War and Patriotically Themed Comics in American Cultural History From World War II Through the Iraq War ; Cord A. Scott, cerne le moment ou la tête de mort Punisher commence à décorer les uniformes militaires pendant la guerre en Irak.

    (en 2003, NDLR), une unité de Navy SEAL en Irak a conçu des patchs avec l’emblème du crâne au centre, avec le slogan “God will judge our enemies we’ll arrange the meeting – Dieu jugera nos ennemis, nous organiserons la réunion.” Cela était cohérent avec le rôle original du personnage : comme une arme pour punir les coupables de leurs crimes contre la société, une mission qui reste la même qu’ils soient mafieux ou fedayin.

    Au fil de l’histoire, l’utilisation de la tête-de-mort Punisher ne se restreint pas aux forces militaires mais, au contraire, elle va se propager d’abord chez l’extrême droite puis dans la police américaine.

    Le phénomène s’extrapole en Europe vers 2010 et les premières photos de policier·ères français·es portant la tête de mort, datent de 2014, à Nantes. Cependant, des dizaines de policier·ères furent photographié depuis, affichant l’écusson, des foulards ou t-shirts avec la tête-de-mort Punisher.

    Récemment, dans une interview pour le Huffingtonpost, Gerry Conway l’auteur du comic Punisher, regrette le fait que cet insigne soit utilisé par les forces de police en France. Il explique pourquoi :

    “C’est assez dérangeant pour moi de voir les autorités porter l’emblème de ‘Punisher’ car il représente l’échec du système judiciaire. Ce symbole, c’est celui de l’effondrement de l’autorité morale et sociale. Il montre que certaines personnes ne peuvent pas compter sur des institutions telles que la police ou l’armée pour agir de manière juste et compétente”.

    Il est important de reconnaitre que la symbolique derrière ces insignes est très méconnue d’une grande partie de la population. Dans une situation où la police intervient, le calme, le respect et la neutralité religieuse, politique, de genre, sont des valeurs exigées pour éviter l’escalade de la violence. Lorsqu’un·e citoyen·ne face à la police aperçoit une tête-de-mort sur la tenue d’uniforme du policier et la locution « Le pardon est l’affaire de Dieu - notre rôle est d’organiser la rencontre » , que peut-ielle interpréter ? Une menace, un appel à la mort ?

    Le port de cet écusson bafoue le principe constitutionnel de neutralité auquel sont astreints tous les agents publics, ainsi que le code de la sécurité intérieure, lequel précise à son article R515-3 : « Les agents de police municipale s’acquittent de leurs missions dans le respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de la Constitution, des conventions internationales et des lois. ». De plus,L’affirmation « nous organisons la rencontre » est extrêmement inquiétante.

    Notre histoire, nos symboles, le ressort du repli identitaire.

    Le rapprochement entre la tête-de-mort Punisher et l’ancienne locution du commandant Arnaud-Amalric en 1209, " Tuez-les. Le Seigneur connaît ceux qui sont les siens", reprise et modifiée en "Dieu jugera nos ennemis, nous organisons la rencontre" n’est pas une coïncidence. Ces deux cultures qui semblent complètement éloignées, s’unissent dans un univers commun, celui du suprémacisme blanc, du nationalisme, du pan-européanisme et de la guerre des religions.

    Retrouvé, le fil perdu, l’histoire de ce "Morale Patche" Punisher avec sa locution qui fait référence aux croisades, se construit d’abord par la croissante islamophobie après les attentats de 2001 en Amérique. Puis il se matérialise pendant les incursions militaires en Irak et en Afghanistan. Dans l’image suivante, issue du magazine 1001mags-2009-Afganistan 2005, une panoplie d’écussons racistes, suprémacistes, font revivre à nouveau les croisades au Moyen Orient.

    L’affection identitaire aux Templiers et l’éloge des croisades catholiques au cœur de l’extrême droite sont bien connus. L’aspect inquiétant et qui semble de plus en plus une preuve que l’extrême droite s’investit dans les rangs policiers se dessine lorsque que nous corroborons que les deux idolâtrent les mêmes symboles.

    La dernière tragédie qui a frappé les agents de la paix doit sans l’ombre d’un doute interroger le Ministre de l’Intérieur sur l’utilisation de ce type de écussons. Un templier sur le bras d’un policier et un homme qui les attaque et leur crie "Allah Akbar", ne sont pas une pure coïncidence. La hiérarchie de police est responsable pour ce genre de dérives.

    A Paris, un agent de la BAC se balade comme un gangster à côté des manifestants, avec son holster super personnalisé et son tatouage représentant le bouclier du Captain America. Ce dernier renvoie d’abord à l’identité chrétienne puis au nationalisme. Historiquement, les guerriers Templiers ont anéanti la menace musulmane en Europe et au Moyen-Orient et ont permis au christianisme de se renouveler. Mais, ce policier ignore-t-il que les croisades ont fauché quelques 3.000.000 de vies en près de 200 ans ? Les croisades sont-elles vraiment un événement à glorifier et faire valoir dans la police ? Sommes-nous là devant un policier islamophobe ?

    A Marseille à l’été 2019, un autre policier de la BAC, qui au-delà de porter ses grenades (CS et GMD) dans les poches arrières de son pantalon, de manière non-réglementaire, exhibe ses tatouages. Le tatouage sur son bras droit est un des symboles les plus connus du christianisme, le Chrisme ("le Christ") avec l’Α-Alpha et l’Ω-Omega (le Christ est le début et la fin).

    Lorsqu’un.e citoyen.ne face à la police aperçoit le holster avec un guerrier templier, ou des tatouages chrétiens, cela peut être choquant et déclencher la peur. Encore pire, pour les communautés musulmanes en France, les réfugié·es, les sans-papiers, les gens du voyage, souvent victimes de contrôles au faciès par la police.

    Pour conclure ce sujet, qu’il s’agisse des Templiers ou du Punisher, tous deux exacerbent la violence, la vengeance, la suprématie blanche, des valeurs religieuses et l’éthique occidentale. Un code de conduite qui a été dans l’histoire imposé au monde à travers la violence, la mort, la colonisation et évidemment l’assimilation. En fin de compte, la grande question reste : quel est l’objectif de ces forces de l’ordre qui portent ces symboles dans la police républicaine ?

    Spartiates, les gardiens de la paix se trompent

    Ces agents de la police aveuglé·es par le repli identitaire, deviennent des Templiers mais aussi des Spartiates. Le "Force et Honneur" répondant à l’inspiration romaine, le “si vis pacem para bellum”, le ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ et d’autres slogans repris depuis longtemps par l’extrême droite, débordent au sein de la police. D’autres agents arborent aussi la fleur de lys, symbole de la monarchie française et de la chrétienté.

    Pendant l’année de 2018, plusieurs symboles associés à l’Antiquité seront identifiés sur la tenue d’uniforme de policier·ères. En mai, sur une photo du journaliste Taha Bouhafs, on voit un CRS qui décore son uniforme avec l’insigne, ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ, du grec - "viens prendre", référence à la bataille des Thermopyles. Un insigne, comme le "Lambda", très en vogue chez les groupuscules d’extrême droite comme la "Génération Identitaire".

    Dans le cas des écussons décorés avec le casque spartiate et qui définissent les unités d’intervention, ils sont pour la plupart réglementés et autorisées par les services de police. L’amalgame est plus insidieux, puisque le casque spartiate est utilisé en Grèce par les forces militaires, mais aussi par la police depuis plusieurs siècles. Le problème que pose l’utilisation de ce symbole nationaliste est que ces signes et insignes sont devenues depuis une cinquantaine d’années des slogans du lobby pro-arme américain, le symbole de milices, mais est aussi très répandu dans l’extrême droite haineuse.

    Le portrait plus angoissant et pervers de cet amour aux symboles est la violence que va avec. La hiérarchie se trompe et les gardiens de la paix aussi, quand ils acceptent de porter ce genre de symboles sans les questionner.

    La création de l’uniforme et des insignes, avaient comme objectif primaire le renforcement de l’image sociale et psychologique des anciens Sergents ou la Maréchaussée, et à partir du XIXe siècle des policiers, dans l’office de la répression et obéissance à la loi. Porter un écusson du roi était un symbole d’autorité, de la même façon que porter la Totenkopf dans le nazisme aspirait à la terreur.

    L’insigne officiel d’une des compagnies présentes le jour où les lycéen·nes de Mantes la Jolie ont été mis à genoux, portait l’écusson avec le casque spartiate. Effectivement, on parle de violence et de punition "in situ ", valeurs très éloignées de l’idée de gardien de la paix.

    Sur Checknews de Libération, au sujet du casque spartiate : “Rien d’étonnant à cela, puisque selon la préfecture des Yvelines, il s’agit « depuis très longtemps » de l’insigne officiel de la CSI (compagnie de sécurisation et d’intervention) du département, qui est intervenue hier. « C’est une compagnie de maintien de l’ordre, ils travaillent parfois avec des casques. Ils ont un casque sur leur uniforme, quel est le problème ? », dit la préfecture.”

    Un autre article du Figaro, Une petite ville bretonne s’inquiète d’une possible réunion néonazie, qui touche le sujet des franges radicales de l’extrême droite, identifie le même casque spartiate comme symbole de la “division nationaliste“.

    En Amérique, le mouvement suprémaciste blanc Identity Evropa, n’échappe pas au scan de PHAROS. Lors des manifestations de Berkeley en avril 2017, la plate-forme colaborative PHAROS (espace où les érudits et le public en général, peuvent s’informer sur les appropriations de l’antiquité gréco-romaine par des groupes haineux) explique que ces symboles sont utilisés par “les partisans de la théorie du « génocide blanc », soutenant des opinions anti-gay, anti-immigrés, antisémites et anti-féministes”., sont les mêmes symboles ou le même drapeau raciste “confédéré” affiché par des agents de police en France.

    Si dans le passé ces écussons spartiates avaient un sens, aujourd’hui leur utilisation parait complètement réactionnaire, et même dangereuse. Permettre que ce genre de concepts violents soit associé au travail des "gardiens de la paix" reflète un énorme manque de respect pour la profession, mais aussi pour la population française.

    Compte tenu des preuves et des liens de ces mêmes symboles avec les milieux extrémistes et violents, la négligence du gouvernement et de la hiérarchie s’accorde dans une résolution ; celle de l’acceptation de la violence et de l’extrémisme au sein de la police républicaine.

    Article sur : https://www.lamuledupape.com/2020/12/09/semiologie-la-police-dans-lepicentre-de-la-violence

    https://blogs.mediapart.fr/ricardo-parreira/blog/091220/semiologie-la-police-dans-l-epicentre-de-la-violence

    #vengeance #mort #tête_de_morts #racisme #fascisme #nazisme #écussons #signification #politique_des_symboles #légitimité #confiance #loi #code_vestimentaire #symboles_repères #néo-nazis #extrême_droite #suprémacisme_blanc #signes_faibles #idéologie #forces_de_l'ordre #France #dérive #Punisher #CRS #BAC #police_nationale #déontologie #neutralité_politique #uniforme #ΜΟΛΩΝ_ΛΑΒΕ #RGEPN #dérives #Batalhão_de_Operações_Policiais_Especiais (#BOPE) #Totenkopf #Marvel #Gerry_Conway #crâne #peur #horreur #terreur #Anti-Defamation_League (#ADL) #Morale_Patches_non-réglementaires #escalade_de_la_violence #Templiers #croisades #Captain_America #tatouages #Chrisme #Α-Alpha #Ω-Omega #contrôles_au_faciès #Spartiates #Force_et_Honneur #slogans #Lambda #génération_identitaire #nationalisme

    ping @karine4

    déjà signalé en 2020 par @marielle :
    https://seenthis.net/messages/890630

  • Liban : L’arrestation d’un archevêque suscite l’indignation des chrétiens
    https://www.infochretienne.com/liban-larrestation-dun-archeveque-suscite-lindignation-des-chretiens

    La convocation et la détention d’un archevêque maronite libanais par un tribunal militaire libanais à son retour d’un déplacement en Israël, a suscité mercredi l’indignation parmi la classe politique chrétienne.

    En sa qualité d’archevêque maronite de Haïfa et Jérusalem Moussa el-Hajj est autorisé à visiter Israël et les Territoires palestiniens, mais à l’issue de son dernier déplacement il a été détenu pendant huit heures, lundi à son retour. Puis il a été convoqué par un tribunal militaire pour un interrogatoire mercredi, ont rapporté les médias locaux.

    [D’autres sources parlent de 13 heures d’interrogatoire.]

    En réaction, le patriarche maronite Béchara Raï a tenu mercredi une réunion exceptionnelle avec d’autres religieux maronites, dont l’archevêque Moussa. Les prélats ont condamné son arrestation et sa convocation, qualifiées de « farce », et ont demandé que l’affaire soit « close immédiatement ».

    [C’est vrai qu’au Liban, l’arrestation d’une figure publique pour avoir enfreint la loi est une sorte de farce tellement c’est incongru !]

    « Nous exigeons (…) que l’aide confisquée soit restituée à l’archevêque afin qu’elle puisse parvenir à ses bénéficiaires », a indiqué le communiqué faisant référence à l’aide financière que l’archevêque a rapporté d’Israël où vit une petite communauté libanaise.

    D’autres hommes politiques ont dénoncé l’arrestation du prêtre comme Samir Geagea, qui dirige le plus grand bloc parlementaire chrétien.

    « Il est totalement incompréhensible que la sécurité générale arrête (…) l’archevêque Moussa el-Hajj », a déclaré M. Geagea dans un communiqué.

    [Tout de même, l’homme de religion revient - c’est expliqué après - avec presque 1/2 milliard de cash et un gros paquet de médicaments (source de trafics juteux dans le Liban actuel). Des "dons" paraît-il, d’ex-Libanais réfugiés dans le pays (ennemi) avec lequel ils ont collaboré pendant la guerre civile dans leur pays. En principe, ces "libanais d’Israël" sont plutôt "pauvres"...]

    Même réaction offensée du député du parti Kataeb, Nadim Gemayel. Il a estimé que cette arrestation « porte atteinte à l’église maronite ».

    L’archevêque n’a pas comparu mercredi, après avoir été accusé par le tribunal militaire d’avoir « enfreint la loi de boycott d’Israël », et pour « implication dans du blanchiment d’argent », a indiqué une source proche du dossier.

    Cette dernière accusation fait référence à l’aide que l’archevêque a rapporté des Libanais vivant en Israël et destinée à leurs proches au Liban, qui souffrent de la crise économique, a ajouté le responsable sous couvert d’anonymat.

    Les forces de sécurité ont saisi « d’importantes quantités de médicaments, de denrées alimentaires et des conserves, en plus de 460.000 dollars » lorsqu’il est rentré au Liban, a-t-il précisé.

    Une communauté de chrétiens maronites, dont beaucoup sont des réfugiés libanais vivent actuellement en Israël après avoir collaboré avec l’Etat hébreu pendant la guerre civile au Liban de 1975-1990.

    [Ces Libanais en Israël représentent un peu plus de 6 000 personnes. Réunir 1/2 million de dollars de dons, sans parler des médicaments, c’est un véritable exploit ! Ou alors il faut parler de miracle... Quant aux chrétiens palestiniens, ils ont d’autres chats à fouetter que de soutenir les Maronites, un rite qui est rarement le leur du reste...]

    La majorité des réfugiés ne sont pas revenus au Liban par crainte d’être persécutés ou arrêtés. Ils sont traités souvent de « collabos » notamment par les partisans du puissant mouvement chiite du Hezbollah, ennemi juré d’Israël.

    Pour d’autres, surtout parmi la communauté chrétienne, ils devraient être autorisés à rentrer.

    C’est vrai qu’un des pires criminels de guerre du pays, Sami Geagea, est presque un héros national aujourd’hui. Alors, des geôliers collabos des forces d’occupation israéliennes, ce n’est tout de même pas si grave, c’est pas comme s’ils avaient massacré les Palestiniens à Sabra et Chatila tout de même !

    Les citoyens libanais n’ont pas le droit de se rendre en Israël. Seule exception, les personnalités religieuses chrétiennes sont autorisées à visiter Israël et les Territoires palestiniens dans le cadre de leurs fonctions, le patriarche maronite du Liban s’étant rendu à Jérusalem en 2014.

    La Rédaction (avec AFP)

    #liban #chrétiens_d'Orient (qui font tout pour leur perte

  • Christophe Cassou : « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser » – Libération

    https://www.liberation.fr/environnement/meteo-france-selon-christophe-cassou-nous-allons-probablement-approcher-l

    Rebelote. Seulement un mois après la dernière vague de chaleur, la France tout entière va subir dès mardi 12 juillet des températures extrêmes, atteignant ou dépassant par endroits les 40 °C, avec un pic attendu ce week-end de 15 °C supérieurs aux normales de saison. Une conséquence établie du réchauffement climatique qui accentue la précocité, la fréquence, l’intensité et la durée de ces phénomènes qui devraient doubler d’ici à 2050. « Sans politique climatique, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976-2005 », souligne Météo France. De quoi susciter l’inquiétude

    #climat #canicule #paywall (Si quelqu’un·e a le texte d’origine) #christophe_cassou et #ecoanxiete

    Et donc aujourd’hui twittait https://twitter.com/cassouman40/status/1546755199540383744

    « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser ».
    Merci @libe pour cette interview hier...
    Aujourd’hui, alors que les prévisions s’affinent, j’enlèverais le "peut-être" et je rajouterais "très" devant probablement 🥵

    Dans la continuité de https://seenthis.net/messages/966346

    Tout va bien se passer… Tout.

    • Ici dans l’Hérault, c’est déjà en train de battre les records de juillet 2003.

      Météo dans l’Hérault : Des records de chaleur ont été battus dans des villages du département
      https://www.20minutes.fr/planete/3324395-20220712-meteo-herault-records-chaleur-battus-villages-departement

      Selon Météo France, dimanche, il a fait jusqu’à 38,2 degrés à Soumont, près de Lodève, dans le nord du département. C’est un record, pour cette période. Le dernier datait du 26 juillet 2018. Le thermomètre avait grimpé jusqu’à 38 degrés.

      Autre record de chaleur, à Marsillargues, dimanche. Il a fait jusqu’à 37 degrés, dans ce village. C’est 0,1 degré de plus que le 23 juillet 2003, année marquée par la canicule.

    • #Christophe_Cassou : « Nous allons probablement approcher la canicule de 2003, voire peut-être la dépasser »

      La nouvelle #vague_de_chaleur qui s’installe sur l’Hexagone à partir de mardi 12 juillet pourrait être d’une intensité historique et durer plusieurs jours, analyse le climatologue et auteur principal du sixième rapport du Giec, qui insiste sur l’urgence d’agir rapidement afin de stabiliser le niveau de réchauffement.

      Rebelote. Seulement un mois après la dernière vague de chaleur, la France tout entière va subir dès mardi 12 juillet des températures extrêmes, atteignant ou dépassant par endroits les 40 °C, avec un pic attendu ce week-end de 15 °C supérieurs aux normales de saison. Une conséquence établie du réchauffement climatique qui accentue la précocité, la fréquence, l’intensité et la durée de ces phénomènes qui devraient doubler d’ici à 2050. « Sans politique climatique, il y a trois chances sur quatre pour que le nombre annuel de jours de vagues de chaleur augmente de cinq à vingt-cinq jours en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976-2005 », souligne Météo France. De quoi susciter l’inquiétude, notamment dans les départements les plus arides tels que le Gard, en proie à de violents incendies. Cet épisode de chaleur, lié à une masse d’air qui va chauffer sur place et être potentiellement amplifiée par une seconde provenant du Maroc et d’Espagne, devrait évoluer vers une situation caniculaire. Ce scénario apparaît comme un avant-goût du climat futur, détaille Christophe Cassou, climatologue et auteur principal du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

      Un pic de chaleur en juillet, est-ce si inquiétant ?

      On est dans la saison des vagues de chaleur et des canicules : les pics de températures ont généralement lieu au mois de juillet et août. Ce qui est inquiétant, c’est l’intensité, la récurrence et le changement de saisonnalité de ces pics. Si on regarde le nombre de vagues de chaleur observées en France entre 1947 et 1999, soit en cinquante-trois ans, on en a comptabilisées 17. Celle-ci sera la 25e depuis 2000, en seulement vingt-trois ans… Aujourd’hui, on enregistre donc en France environ trois à quatre fois plus de canicules, ce qui est assez représentatif de ce qui se passe à l’échelle mondiale, où elles sont aussi trois fois plus nombreuses. Il y a toujours eu des événements extrêmes. Le changement climatique ne crée pas de vagues de chaleur, il les amplifie. Voilà pourquoi on bat des records d’année en année. Les canicules se développent sur un environnement plus chaud de base et des conditions atmosphériques favorables pour générer de la chaleur plus efficaces. Actuellement, la température globale de la planète est de 1,1 °C de plus que durant la période préindustrielle (1850-1900), ce qui suffit à avoir des événements extrêmes inédits et très forts, le dernier en date étant le dôme de chaleur au Canada en 2021.

      En quoi cette vague de chaleur est différente de celle de juin ?

      Elle est différente dans sa dynamique. Elle est plus complexe. La canicule de juin était associée à une petite dépression au large de la péninsule ibérique que l’on appelle aussi goutte froide ; les vents tournaient autour de cette dépression entraînant de l’air chaud et sec vers l’Espagne puis la France. C’est ce que j’appelais une plume de chaleur en lien avec la dépression qui agit comme un engrenage. Cette fois, une plume de chaleur va se développer dans un environnement initialement beaucoup plus chaud qu’en juin. Un dôme de chaleur est en train de se constituer et son effet va être considérablement accentué au fil des jours sous l’effet de la petite goutte froide et de sa plume. Mais on ne sait pas encore quelle sera l’ampleur de la combinaison de l’ensemble de ces processus. L’incertitude est forte, notamment pour la fin de semaine. Tout va dépendre de la position et de l’intensité de cette goutte froide qui sera le faiseur de rois.

      Cet épisode pourrait-il être historique ?

      Il peut être historique par son intensité. A ce jour, selon des critères de sévérité, l’année 2003 correspond à la vague de chaleur la plus sévère. C’est un événement de type cygne noir : extrême, rare, inédit, avec des conséquences très importantes. La canicule de 2003 semblait intouchable tant sa sévérité fut forte ! Dans les prochains jours, nous allons probablement l’approcher, voire peut-être la dépasser. Même s’il est encore trop tôt pour le dire, la vague de chaleur actuelle pourrait être plus intense et plus longue encore. Elle pourrait durer très longtemps, en particulier dans le Sud de la France. On parle déjà de dix jours au-dessus de 35-40 °C, ce qui risque d’être très compliqué pour les écosystèmes, mais aussi très impactant pour nous, sociétés humaines, avec des tensions très fortes sur les rendements agricoles, sur l’énergie… Par ailleurs, cela augmentera considérablement les risques sanitaires. Deux jours à 45 °C, on peut tenir, mais dix jours dans de telles conditions, ça peut poser problème. On a tiré les leçons de 2003 en mettant en place des systèmes d’alerte précoces et des plans d’anticipation. Il est clair que l’on aurait moins de morts qu’en 2003. Cependant, le nombre de morts ne dépend pas seulement de la sévérité de la canicule mais aussi de la capacité du système hospitalier à absorber le flux de patients. Est-ce possible sachant son état de délabrement avancé et la gestion du pic de Covid en cours ?

      Pouvez-vous nous en dire plus sur la théorie des cygnes noirs ?

      Elle a été introduite par un statisticien pour quantifier certains événements imprévisibles ayant une très faible probabilité d’arriver. Les événements inédits et extrêmes que j’appelle ovnis climatiques frappent partout sur la planète. Quand ils se produisent, ils ont des conséquences en cascade considérables et exceptionnelles. Un exemple : le dôme de chaleur du Canada a donné lieu à des mégas incendies. Aujourd’hui, il est impossible de calculer la probabilité exacte de ces extrêmes inédits. On sait qu’ils peuvent arriver, que leur probabilité augmente avec le réchauffement actuel et avec chaque dixième de degré additionnel, mais on n’arrive pas à estimer précisément un chiffre précis. Tout cela fait partie de ce qu’on nomme l’incertitude profonde. Personne n’est à l’abri de ces phénomènes de cygnes noirs.

      Que dit précisément le Giec au sujet de ces épisodes de chaleur extrêmes ?

      Le Giec attribue les changements des statistiques des extrêmes aux activités humaines et donc aux émissions de gaz à effet de serre. Le lien est clair, il n’y a plus à se poser la question. Le scénario qu’on vit actuellement est un avant-goût du climat futur. La probabilité des températures extrêmes augmente de manière non linéaire : les températures extrêmement chaudes se réchauffent plus vite que les températures moyennes. Je l’avoue, je suis dans une forme de colère, car ce qu’on vit était anticipable. L’ensemble correspond à ce que les faits scientifiques disaient depuis longtemps. Comment être encore aujourd’hui dans ce déni de gravité ? Comment tenir encore aujourd’hui des discours « rassuristes » ? Ça n’a pas de sens !

      Que préconisez-vous ? La sobriété comme maître-mot ?

      Nous faisons face à deux injonctions complémentaires : s’adapter au changement climatique et atténuer le changement climatique en diminuant les émissions de gaz à effet de serre de manière considérable et rapide. Il faut également stopper la déforestation et l’artificialisation des sols, les arbres et la terre étant des stocks de carbone. C’est le seul moyen d’arriver à la neutralité carbone qui est une contrainte géophysique, et non pas politique, pour stabiliser le niveau de réchauffement. Avant 2040, on va dépasser le seuil de 1,5 °C ; il y a encore une possibilité de ne pas atteindre le seuil de 2 °C supplémentaires mais elle est faible. Il faut avoir en tête que chaque dixième de degré compte pour le vivant. Aujourd’hui, certains discours actent l’échec de la lutte contre le changement climatique, affirment qu’il faut se préparer à des réchauffements de 3 °C. Pour moi, ce discours est irresponsable car il ne prend pas en compte les limites de l’adaptation : au-delà d’un certain seuil, il n’y a plus d’adaptation possible, comme le quantifie le Giec. Là, on approche très dangereusement de certaines limites dures, à la fois pour les écosystèmes et pour nous, humains dans certaines zones. Il faut agir maintenant. La sobriété est un levier indispensable. Cela ne passe pas par des petits gestes qui font porter la réduction des gaz à effet de serre à l’échelle de l’individu mais par la transformation de nos infrastructures collectives et le changement de nos modes de vie, en diminuant par exemple notre consommation en énergie et en eau. La dimension collective de la sobriété est essentielle.

      Vous pensez à une mesure en particulier ?

      Il y a des mesures de sobriété intéressantes, rapides, justes et équitables. Par exemple, le passage de 130 à 110 km/h sur l’autoroute. Cela permet de réduire de 16 à 20% les émissions de gaz à effet de serre en France pour le parc automobile ! C’est une mesure de sobriété parfaite. Les leviers pour lutter contre le changement climatique sont souvent qualifiés de punitifs ; c’est un argument fallacieux pour favoriser l’inaction. Qu’y a-t-il de punitif dans cette mesure ? Tout le monde peut continuer à se déplacer.

      https://www.liberation.fr/environnement/meteo-france-selon-christophe-cassou-nous-allons-probablement-approcher-l

      #canicule #France #températures #chaleur #dôme_de_chaleur #intensité #récurrence #saisonnalité #pics #événements_extrêmes #plume_de_chaleur #santé #système_hospitalier #hôpitaux #cygnes_noirs #théorie_des_cygnes_noirs #ovnis_climatiques #incertitude_profonde #colère #déni #déforestation #artificialisation_des_sols #neutralité_carbone #adaptation #sobriété

    • Donc a priori au moins 45°C en espagne…

      – 46,3°C, nouveau record au portugal aujourd’hui

      Ontem, a temperatura atingiu 46,3ºC na localidade portuguesa de Lousã, maior marca de toda a série histórica da estação. Em Santarem, a máxima da quarta-feira foi de 46,2ºC, apenas 0,1ºC abaixo de recorde absoluto de máxima.

      Tout va bien. C’est l’été qu’ils disent…

      Sinon, je peux vous dire que 36°C ça commence à être bien chaud… Vivement lundi !

    • Run 0z GFS de ce vendredi 15 juillet : prêts pour un bon coup de chalumeau pour la journée de lundi ?


      Et (amha), ça ne se calmera pas tant que la « goutte froide » continuera d’errer entre les îles britanniques, le golfe de Gascogne, et les Açores. En fait tant qu’elle ne sera pas reprise dans la circulation atmosphérique générale.

      https://forums.infoclimat.fr/f/topic/57527-du-18-juillet-au-24-juillet-2022-pr%C3%A9visions-semaine-29/?page=3#comment-3566582

    • La task force est dans la place. Gégé & Babeth vont expulser la « goutte froide »
      https://twitter.com/Elisabeth_Borne/status/1547664066067329024

      Depuis le centre opérationnel de crise, avec Gégé, nous faisons le point avec les services de l’Etat sur les moyens engagés pour lutter contre les feux. Plein soutien aux sapeurs-pompiers qui mènent une lutte acharnée contre les flammes et protègent nos concitoyens !

    • Ah oui, et aussi, j’ai fait un petit tour en bord de Charente hier pour me rafraichir… il faisait correct sous les arbres au bord d’eau… mais 36°C dès que tu en sortais… et… des maïsiculteurs arrosaient du maïs, à 15h30, sous 36°C, en période de sécheresse… mais comment est-ce encore possible bordel !? J’attends avec impatience les dépités de la filière ostréicole en aval qui vont crier au manque d’eau douce, par ailleurs déjà trop chaude…

    • Un peu plus doux par chez moi aujourd’hui, mais de nombreux records absolus de chaleurs (>40°C) ont été battus en France, notamment Nîmes, Béziers…
      Il reste toujours le plus dur (lundi - mardi) à passer…

      Un joli 47°C au Portugal…

    • Bon, alors mon petit record extérieur chez moi fut 40.7°C donc ce fameux lundi il y a quelques jours.

      La question qui va peut être se poser est : est-ce qu’on va le battre dans les prochains jours d’août ?

      https://twitter.com/cassouman40/status/1551838212229849088

      Christophe Cassou dit :

      Lassitude-effroi : il va falloir encore écrire des🧵pr expliquer la nvelle poussée de chaleur qui se profile pr début Aout.
      Bof...prenez les🧵précédents ! Dyn. en #DomeDeChaleur/déferlement d’onde & lien robuste #canicule #changementclimatique déjà expliqués. Tout quasi déjà dit😢

      En réponse à Gaétan Heymes :

      Prévision ECMWF pour la première semaine d’août : renforcement des conditions anticycloniques en altitude, induisant le retour d’une forte chaleur généralisée et une persistance de la sécheresse.

  • Sur le Covid, le gouvernement a ouvert un boulevard aux complotistes, Christian Lehman

    On était en droit d’attendre du ministère de la Santé une information honnête, respectueuse des données scientifiques, ne passant pas sous silence les failles, les erreurs d’une gestion forcément complexe.

    La nature a horreur du vide. Voilà des mois que la communication ministérielle sur le covid oscille entre le grotesque, l’inutile et le franchement mensonger. Je passerai rapidement sur le fiasco des masques, pour rappeler qu’il fallut près de dix-huit mois avant de voir reconnue du bout des lèvres la contamination aérienne par aérosolisation. L’an dernier à la même époque, les effets indésirables post-vaccination, souvent minimes mais réels (fièvre, fatigue, courbatures, maux de tête) étaient niés. Ainsi cette affiche officielle d’un sosie de Pierre Niney sur un pédalo, partagée sur son compte Twitter par Olivier Véran le 9 juillet 2021 : « Si vous ressentez des courbatures après le vaccin, pas d’inquiétude, c’est que vous avez trop pédalé. »

    Dans le même temps, aucune information officielle n’était donnée sur l’existence de très rares myocardites post-vaccinales survenant dans les cinq jours après la seconde dose chez les garçons adolescents. Plus récemment encore, le 5 juillet 2022, le ministère des Solidarités et de la Santé publiait le tweet suivant : « #COVID19 /Pour vous protéger et protéger vos proches, lavez-vous les mains régulièrement : Utilisez du savon ou une solution hydroalcoolique. Pendant 30 secondes. Ensemble, restons prudents. » Comme l’avait énoncé le 24 juin l’éphémère porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire : « Se laver les mains ça demeure une mesure d’hygiène indispensable pour tous les virus respiratoires. »

    Dans ce contexte ou l’incompétence le dispute au cynisme, un communiqué de presse en date du 24 juinhttps://twitter.com/Santegouv_alt/status/1540363905108779009 , d’allure officielle, annonçait la création du ministère Santé & Solidarités Déserté (un compte parodique sur Twitter https://twitter.com/Santegouv_alt) : « L’Etat, à défaut d’informer, désinforme. Il est urgent qu’une communication factuelle prenne le relais. c’est l’unique possibilité d’agir positivement sur l’adhésion de la population aux mesures de prévention, à la protection de la santé de tous les citoyens et citoyennes, sur la résilience communautaire et la cohésion sociale. » Avec un logo rappelant celui du ministère, le compte parodique @Santegouv_alt commençait à aligner…. des conseils de bon sens. « #COVID19 /Puisqu’il faut tout reprendre à zéro : Savez-vous qui est fragile dans cette foule ? Nous non plus. Pour que chacun et chacune soit protégé, en milieu clos, dans les foules, portons un masque. »

    Le 28 juin, alors qu’Elisabeth Borne réunissait préfets et directeurs d’Autorités régionales de la Santé (sans masque, mais avec de petits flacons de solutions hydroalcooliques) pour faire un point sur la situation sanitaire, le compte ironisait : « Bonjour Elisabeth Borne. Des erreurs se sont (encore) glissées dans votre com : le gel hydroalcoolique est inefficace contre #COVID19. Pour vous protéger contre le virus : préférez l’extérieur. Aérez les espaces clos. Portez un masque FFP2. Stoppez la désinformation. »

    Quand, le 1er juillet, le compte du gouvernement exhortait à nouveau à se laver les mains, la réponse cinglait : « Bonjour. Nous avons bien compris que vous vous laviez les mains de la situation. Demander à la population de faire de même en faisant croire à un geste barrière efficace est une honte. #COVIDisAirborne et vous le savez. Le matraquage de ce geste barrière quasiment inutile laisse penser à la population qu’elle se protège correctement. Qu’elle a un geste citoyen. Qu’elle participe à la lutte contre l’épidémie. C’est tout simplement de la désinformation. » La nature a horreur du vide, ai-je écrit en préambule. Ainsi, quand le compte parodique publia, le 3 juillet, sa première affiche sur les gestes barrière - « Le virus se propage et reste dans l’air. Ni le gel hydroalcoolique, ni les plexiglas n’empêchent de l’inhaler. Pour que chacun et chacune soit protégé, adoptons les bons gestes : masques, aération, mesure du CO2 »- de nombreux internautes crurent à une communication gouvernementale… et saluèrent le changement de ton, avant de réaliser, comme l’écrivit l’un d’entre eux, de constater : « Un site satirique 100 fois meilleur en prévention que l’original, comment on en arrive là ? »

    Seigneur du château

    Le constat était aussi glaçant que pathétique : « Dire qu’ils payent des bureaux de consultants des millions alors qu’un twittos anonyme en slip derrière son PC fait mieux qu’eux. » L’irruption de ce compte parodique torpillant sans effort le flot d’informations officielles tronquées m’a rappelé la fameuse diatribe de Roselyne Bachelot moquant les médecins envoyés au front sans moyens de protection : « On attend que le directeur de cabinet du préfet ou de l’ARS vienne avec une petite charrette porter des masques ? Qu’est-ce que c’est que ce pays infantilisé ? Il faut quand même se prendre un peu en main. C’est ça la leçon qu’il faut tirer. Tant qu’on attendra tout du seigneur du château, on est mal ! » A l’époque, j’avais prévu que nous arriverions un jour dans la situation actuelle, et pas seulement sur le plan sanitaire, avec une population lassée d’attendre du seigneur du château un minimum de considération et de protection.

    Devant l’absence de politique de santé publique, confrontés quotidiennement à des éléments de langage creux et criminels « Vivre avec le virus », « Masquer les fragiles », des citoyens en viennent à prendre les rênes d’une communication d’autodéfense sanitaire. Si ces initiatives sont utiles et salutaires, elles disent toute la faillite de la communication du gouvernement. Depuis mars 2020, les mensonges gouvernementaux ont permis à quelques gourous autoproclamés d’installer leur emprise sur des citoyens rétifs à un président qui les avait « traités » à coups de LBD et de lacrymogènes et soudain essayait le cosplay de protecteur du peuple.

    Canaux parallèles

    On était en droit d’attendre du ministère de la Santé une information honnête, respectueuse des données scientifiques, ne passant pas sous silence les failles, les erreurs d’une gestion forcément complexe. En son absence, un boulevard a été ouvert aux complotistes. Et ceux qui prônent la protection de la population sont aujourd’hui à leur tour amenés à inventer des canaux parallèles de diffusion d’information sur les mesures de protection. Le 4 juillet, jour de sa nomination, François Braun, le nouveau ministre de la Santé, annonçait : « Le message c’est la responsabilité. La responsabilité des Français. Ça fait deux ans et demi qu’on a le Covid, je pense que les gens ont compris les messages, ils savent, nos concitoyens, que quand ils sont dans les lieux clos, dans des moyens de transport, et bien c’est plus prudent de mettre le masque, c’est prudent pour soi, c’est surtout prudent pour les autres, donc c’est ça le message principal. » Cette prise de parole avait le mérite de rappeler une mesure de prévention efficace, qui nous changeait agréablement du lavage de mains, mais semblait encore empreinte du déni gouvernemental face à la tâche qui restait encore à accomplir.

    Non, les gens n’ont pas compris les messages, parce que les messages n’ont cessé de se contredire et n’ont souvent servi qu’à entériner et légitimer des décisions politiques dont le rapport à la réalité scientifique est bien souvent à géométrie variable. Non, les Français ne savent pas qu’il est prudent de porter un masque dans les lieux clos puisque depuis six mois le ministre de la Santé précédent et le gouvernement n’ont eu de cesse de rappeler que le port du masque en lieu clos ne se justifiait plus. Tout reste à faire.

    https://www.liberation.fr/societe/sante/sur-le-covid-le-gouvernement-a-ouvert-un-boulevard-aux-complotistes-20220

    #autodéfense_sanitaire #prévention #aérosol #masques #aération

  • « Il suffit de regarder ce délire mystico-facho de Christine Kelly sur une chaîne évangéliste et l’audience qu’elle a sur la chaîne de Bolloré pour comprendre que la France n’est absolument pas à l’abri de ce qui se passe aux Etats-Unis… »

    Dieu est amour ou Dieu est Zemour ?

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1543211716556853248/pu/vid/640x360/L5eB_lyTusoJsqID.mp4?tag=12

    Qui peut encore dire qu’il y a des différences entre CNews et Fox News ? A celles et ceux qui y travaillent encore ou qui fréquentent leurs plateaux, prenez garde à ce quoi vous participez…

    Pablo Pillaud-Vivien
    #Christine-Kelly #Evangélisme #CNews

  • " #Severance" : un chef d’œuvre de #série qui n’a pas fini de nous embarquer

    Dès les premières images, on le sent, « Severance », c’est une œuvre totale, croisement atypique d’un « Playtime » de #Jacques_Tati et d’un « Bienvenue à Gattaca » d’Andrew Niccol. Elle réunit entre autres #Adams_Scott, #John_Turturro, #Patricia_Arquette, #Christopher_Walken.

    [...]

    Et ça se ressent. Il est rare de voir se développer au fil de neuf épisodes, un récit qui parvienne à ce point à être à la hauteur de son concept. Car oui, au-delà de l’intrigue plus classique du grain de sable dans les rouages de comment toute cette entreprise si rodée, glaciale, va petit à petit se déliter, « Severance » n’oublie jamais l’intime. Jusqu’où peut-on s’oublier dans le #travail ? Quelle place et quelle importance doit-il encore avoir dans nos vies ? Et surtout, à l’heure où les multinationales montrent leurs limites morales et systémiques, jusqu’où peut-on séparer nos convictions et notre gagne-pain ?

    Créée par #Dan_Erickson et réalisée par #Ben_Stiller

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/22926-19.05.2022-ITEMA_23031319-2022F46555S0139-22.mp3

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-cine-de-leo-karmann/la-chronique-cine-de-leo-karmann-du-jeudi-19-mai-2022-5725438

    https://www.youtube.com/watch?v=St62ATN0cCg

    Même le générique d’ouverture est une réussite

    https://www.youtube.com/watch?v=NmS3m0OG-Ug

    • C’est un syndicat de salariés, Game Workers Alliance.

      L’adhésion au syndicat fait suite aux multiples cas de sexisme et de harcèlement sexuel au sein d’Activision Blizzard dénoncés depuis le début de l’année, avec des poursuites judiciaires, en cours de règlement à l’amiable, qui, si ma mémoire est bonne, n’a pas encore été définitivement validé par la justice.

      Il est à noter que l’adhésion au syndicat de travailleurs a été votée par l’équipe d’assurance qualité (les « testeurs ») au sein du studio Raven Software, filiale d’Activision Blizzard. Parmi les démarches visant à empêcher l’apparition d’un syndicat de travailleurs au sein de l’éditeur, la réaction du studio a été de supprimer le département d’assurance qualité en tant que tel, pour affecter les salariés directement aux jeux testés. Cette tentative anti-syndicale semble avoir échoué.

      Jusqu’ici, Microsoft restait distant vis-à-vis de la création du syndicat au sein d’Activision Blizzard. En effet, Microsoft n’a pas encore finalisé l’acquisition d’Activision Blizzard. En attendant, Microsoft ne souhaitait pas s’immiscer dans les affaires internes de sa future filiale, rattachée à la division Xbox. Il semblerait qu’il y a eu un changement de cap.

      On se plaint, en France, de l’absence de représentativité des salariés par les syndicats. Au moins, la représentativité syndicale est obligatoire pour les entreprises au-delà d’une certaine taille, ce qui permet de coordonner les efforts intra et inter-entreprises dans l’intérêt, en général, des salariés.

      Enfin, quel que soit le pays, les salariés du domaine des jeux vidéo sont très peu syndiqués, la tendance étant à l’individualisation des situations qui profite habituellement à l’employeur, à en croire, notamment, les rarissimes mouvements sociaux de l’industrie en France.

  • L’explication de la vague (plume dans le jargon) de chaleur de la fin de semaine par #Christophe_Cassou, climatologue du CNRS et Auteur principal 6e rapport #GIEC

    C’est acquis ! 🇪🇸 🇫🇷 vont subir cette semaine une #Vague_De_Chaleur #Plume_De_Chaleur 🥵.
    Seules incertitudes : intensité (entre exceptionnelle&record) & durée (liée à sa ± ext. geograph. vers Nord).
    Un 🧵pour décrire sa dynamique particulière, le lien avec #Changement_Climatique, etc.
    👇

    https://threadreaderapp.com/thread/1535905242793103362.html
    ou https://twitter.com/cassouman40/status/1535905242793103362

    #rechauffement_Climatique

  • Chris Bailey of the Saints: the voice that tore across the world, and changed the face of Brisbane | Australian music | The Guardian
    https://www.theguardian.com/music/2022/apr/11/chris-bailey-of-the-saints-the-voice-that-tore-across-the-world-and-cha

    Bailey’s former bandmate, guitarist Ed Kuepper, has always been at pains to stress that the Saints were not a punk band, because they formed – as Kid Galahad and the Eternals – in 1973, years before any stirrings of a musical movement. But it really can’t be said enough: with Kuepper’s roaring guitar sound, (I’m) Stranded – released in June 1976 – pre-dated the first UK punk single, The Damned’s New Rose, by several months.

    “le punk, c’est dire au punk d’aller se faire foutre.” Lester Bangs
    https://gonzai.com/gonzai-xxvii-avec-the-saints-t-i-t-s-et-cousins

    Légendaire groupe australien formé en 1974 à Brisbane, #The_Saints s’est d’abord connaître en envoyant des copies de son premier simple, « I’m Stranded » (1976), à des journalistes anglais. Surprise, la réaction est immédiate : en pleine effervescence punk, le magazine Sounds les sacre « single de l’année » et le groupe devient aux côtés des Sex Pistols, Damned et Ramones l’un des groupes emblématiques de cette scène. Installé à Londres, ils composent et enregistrent trois albums qui constitueront plus tard la sainte trilogie : « Stranded » (1977), « Eternally Yours » (1978) et « Prehistoric Sounds » (1978). Mais leur refus des concessions mêlé à des problèmes de management conduit le groupe à splitter en 1978, ce qui n’empêchera pas #Chris_Bailey de continuer à enregistrer et tourner seul en conservant parfois le nom du groupe. Début 1979, The Saints se reforment avec une nouvelle fois le chanteur Chris Bailey à leur tête et #Patrick_Mathé, du label français New Rose, décide de produire leurs deux albums suivants : « The Monkey Puzzle » (1981) et « Out in the Jungle » (1982) . Suivront des disques solos pour Bailey, puis un nouveau disque studio pour le groupe, « All Fools Day » en 1986, leur album le plus connu. Depuis Chris Bailey alterne les productions solo ou avec les Saints, avec le souci constant de garder intact l’esprit Rock de ses débuts. Passés par Paris en 2006, les revoilà autour de leur leader historique pour fêter leur 40 ans d’existence. Amen. #Gonzaï (2014)

    https://www.youtube.com/watch?v=wCSSyaVbjkc&t=26s


    The Saints - Nights In Venice
    http://www.saintsmusic.com
    https://www.facebook.com/TheSaintsOfficial

  • Strasbourg. Après un décès aux #urgences, des salariés dénoncent le manque de lits d’hospitalisation
    https://www.ouest-france.fr/sante/strasbourg-apres-un-deces-aux-urgences-des-salaries-denoncent-le-manque

    L’hémorragie digestive, « c’est quelque chose qu’on sait très bien soigner. Mais indéniablement, à force de retarder le début des soins à cause d’un manque de lits disponibles, cela crée une perte de chance pour le patient », a déploré auprès de l’AFP Sébastien Harscoat, praticien hospitalier au service des urgences. (...)

    « Ce qui s’est passé est dramatique, mais ça devait arriver », regrette-t-il. « Aujourd’hui, on a encore eu 14 patients restés plus de 20 heures sur un brancard. Mardi, nous avions jusqu’à 10 ambulances qui ne pouvaient pas déposer leur patient, c’est catastrophique. On en est réduit à envoyer des secouristes à la place des pompiers professionnels, parce que les pompiers restent coincés chez nous ».
    Le responsable syndical réclame désormais l’ouverture d’une enquête par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), outre l’enquête administrative sur le décès.

    Depuis décembre, des centaines de soignants du #CHRU de Strasbourg se sont mobilisées à plusieurs reprises à l’occasion de minutes de silence observées devant leurs établissements pour dénoncer « la mort annoncée de l’#hôpital public ».

  • Usbek & Rica - Tech Paf - La publicité ciblée n’est-elle qu’une arnaque ?
    https://usbeketrica.com/fr/article/tech-paf-et-si-la-publicite-ciblee-n-etait-en-fait-qu-une-arnaque
    https://usbeketrica.com/uploads/media/1200x628/09/92839-hwang_ouverture.png?v=1-0

    Dans son récent livre Le grand krach de l’attention, le chercheur américain Tim Hwang, passé par Google et IBM, démontre que le marché de la publicité a tout d’une bulle spéculative sur le point d’exploser… Retour sur les raisons de l’inefficacité de ces pubs « personnalisées ». Une chronique Tech Paf à retrouver tous les lundis dans la matinale de Radio Nova.

    #Tim_Hwang #Chronique_radio

  • Exterminez toutes ces brutes (1/4). La troublante conviction de l’ignorance

    Dans une puissante méditation en images, Raoul Peck montre comment, du génocide des Indiens d’Amérique à la Shoah, l’impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l’histoire de l’Occident.

    « Civilisation, colonisation, extermination » : trois mots qui, selon Raoul Peck, « résument toute l’histoire de l’humanité ». Celui-ci revient sur l’origine coloniale des États-Unis d’Amérique pour montrer comment la notion inventée de race s’est institutionnalisée, puis incarnée dans la volonté nazie d’exterminer les Juifs d’Europe. Le même esprit prédateur et meurtrier a présidé au pillage de ce que l’on nommera un temps « tiers-monde ».

    Déshumanisation
    Avec ce voyage non chronologique dans le temps, raconté par sa propre voix, à laquelle il mêle celles des trois auteurs amis qui l’ont inspiré (l’Américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, le Suédois Sven Lindqvist et Michel-Rolph Trouillot, haïtien comme lui), Raoul Peck revisite de manière radicale l’histoire de l’Occident à l’aune du suprémacisme blanc. Tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett) ou encore d’animation, il fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l’opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l’Europe et les États-Unis se réclament. « Exterminez toutes ces brutes », phrase prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, et que Sven Lindqvist a choisie comme titre d’un essai, résume selon Raoul Peck ce qui relie dans un même mouvement historique l’esclavage, le génocide des Indiens d’Amérique, le colonialisme et la Shoah : déshumaniser l’autre pour le déposséder et l’anéantir. De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d’une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/095727-001-A/exterminez-toutes-ces-brutes-1-4

    #film #documentaire #film_documentaire #peuples_autochtones #récit #contre-récit #récit_historique #histoire #Séminoles #extrême_droite #suprémacisme_blanc #racisme #Grand_Remplacement #invasion #colonialisme #puissance_coloniale #extermination #Tsenacommacah #confédération_Powhatan #Eglise #inquisition #pureté_du_sang #sang #esclavage #génocide #colonialisme_de_peuplement #violence #terre #caoutchouc #pillage

    –-> déjà signalé plusieurs fois sur seenthis (notamment ici : https://seenthis.net/messages/945988), je remets ici avec des mots-clé en plus