• Une situation excellente ? Plate forme d’enquêtes militantes
    http://www.platenqmil.com/blog/2018/12/06/une-situation-excellente

    Vu les événements des derniers jours et ceux qui s’annoncent dans les jours à venir, il est possible que la situation soit excellente (1). Le pouvoir exprimé par les #Gilets_Jaunes a en effet provoqué une crise profonde au sein du gouvernement. Beaucoup de choses restent incertaines, le mouvement est trop récent, trop mouvant et contient trop d’éléments nouveaux pour tirer des conclusions, mais les gilets jaunes sont en train de produire un bouleversement d’ampleur, dans lequel toutes nos forces ont leur mot à dire.
     
    Le samedi 1er décembre a marqué une nouvelle étape de la mobilisation. Alors que l’exécutif faisait le pari d’un affaiblissement, les gilets jaunes ont remonté d’un cran le niveau de la confrontation, déjà bien élevé les semaines précédentes. La manifestation parisienne s’est transformée en une offensive telle qu’on n’en a pas connu depuis bien longtemps. Non seulement les gilets-jaunes étaient plus nombreux, mais ils et elles ont déployé une inventivité particulièrement efficace face à l’encadrement policier. La #révolte débordait de toute part et les techniques répressives habituelles – lacrymogènes, grenades, nasses, matraques ou canons à eaux – ne pouvaient pas y faire grand-chose. Des comités d’action s’improvisaient entre deux boutiques de luxe, on traversait des avenues bordées de sapins de Noël enflammés et des tags recouvraient la Place Vendôme. L’attention a tendance à se focaliser sur Paris, mais les récits qui émergent dans d’autres villes, voire des villages, montrent que le phénomène est bien plus large. Si on peut y voir une continuité avec les formes de réappropriations de la violence dans les cortèges, notamment depuis 2016, il faut reconnaitre qu’un cap a été franchi.
     
    Plus surprenant encore, le début de semaine qui a suivi donne l’impression que le ton est donné et qu’il peut porter plus loin encore. La réaction immédiate et puissante des lycéen.es est de ce point de vue exemplaire. Ils et elles ont repris leur lutte contre la réforme du bac et la sélection en donnant aux blocages l’intensité de l’époque gilet-jauné. Dans les facs, les AG font le plein contre l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant·es étrangers. Et on peut espérer que les #occupations qui se mettent en place s’inspirent elles aussi du climat pour prendre une forme moins autocentrée que ce qu’on a pu connaitre dans la première moitié de l’année. Les ambulancier·es ont carrément envahi la place de la Concorde alors que celle-ci se remettait à peine des émeutes du week-end. Dans le #syndicalisme de combat, des appels à prendre part à la manifestation commencent à voir le jour. En Ile de France, les cheminot·es et les postier·es ont déjà donné le ton, suivis par des secteurs moins attendus comme les cimentiers du Groupe Lafarge, ou par les camarades de Geodis Gennevilliers. Les fédérations trainent un peu, comme à leur habitude, mais certaines appellent à la grève, voire au blocage pour la CGT transport, à partir de lundi.


     
    Au-delà des #luttes les plus visibles, tout un ensemble de micro-évènements échangés de bouche à oreille laissent à penser qu’un parfum de révolution traine dans l’air. Selon les écoles – et sans que ce soit contradictoire – on peut y voir le résultat d’un processus de subjectivisation en pleine émergence ou bien l’ouverture d’une forme de légitimité à passer à l’acte. Dans les deux cas, l’effet produit peut être considérable au-delà d’une temporalité courte. Si le mouvement continue de se renforcer, on voit mal comment des réformes comme celle des #retraites ou de l’#assurance_chômage pourraient être mises sur la table, comme c’était prévu, au début de l’année prochaine. Pour le moment, Macron et son gouvernement continuent dans le cynisme absolu au service des plus riches. Ils se sont contentés de lâcher une ridicule suspension des taxes carburant pour l’année 2019, chiffrée à 4 milliards, ce qui représente une offrande de 6 centimes pour le diesel et de 3 centimes pour l’essence. Super ! Comment peuvent-ils croire qu’un truc aussi insignifiant pourrait faire taire des gilets-jaunes qui depuis vingt jours passent leur semaine sur des ronds-points et leur samedi face aux flics ? Sans compter que la veille, mardi 05 décembre, l’assemblée venait de valider un cadeau dix fois plus gros pour les patrons : une transformation du CICE en baisse des cotisations sociales pour un coût de 40 milliards sur l’année 2018. Un énorme foutage de gueule.
     

     
    On entend souvent que les gilets-jaunes ont bougé, mais on peut aussi penser que c’est nous-mêmes qui avons fait bouger nos #cadres_d’analyse de la situation, après reconnaissance des effets engendrés. Aux premiers jours, on était un peu étonnés que les gilets-jaunes carburent au prix de l’essence. Et pourtant, la taxe carbone, au même titre que la TVA, sont bien des #impôts_non_redistributifs, dont les riches s’acquittent aisément alors que d’autres galèrent. La thématique demeure trop restreinte mais elle a vite été débordée, sur la question des #services_publics ou du retour de l’#ISF (3) par exemple. Et elle peut encore déborder au-delà, jusqu’à rejoindre des enjeux qui nous sont plus familiers. Sur la question des #salaires tout d’abord, qui semble difficilement évitable quand on parle de difficulté à finir le mois. Sur la misère du #travail aussi, qui occupe une place de choix dans le pourrissement de nos quotidiens. Sur les violences policières bien sûr, qui ont viré au défoulement généralisé ces derniers jours. Finalement, depuis le début du mouvement, les #revendications portées partent principalement des #conditions_matérielles_d’existence et c’est leur force. Difficiles à synthétiser, mais englobant tous les aspects, elles pourraient être réunies sous une formule qu’on a beaucoup entendue et qui à le mérite de percuter : « On n’en veut plus de cette vie de merde ».

    Tout ça reste largement imprévisible et des zones d’ombres persistent. Des courants #citoyennistes, #légalistes et #nationalistes traversent bien certains esprits embrumés et nécessitent de poser des #clivages nets. (...)

    #lycéens

    • Des tags contestataires viennent horner les murs dès le départ du cortège, annonçant la couleur du défilé. Au fur et à mesure que le cortège s’approche du quartier de la Cité, les vitrines des banques et commerces de luxe sont impitoyablement détruites ou recouvertes de slogans à consonance révolutionnaire. De telles scènes n’ont pas été vues à #Genève depuis la #manifestation contre l’OMC du 28 novembre 2009. Il est d’ailleurs notables que les déprédations matérielles n’ont pas découragé la fraction plus pacifique des manifestants, loin s’en faut. En réalité le cortège a continué de grandir, des passants rejoignant le cortège tout au long du parcours avec un pic de participation à l’arrivée dans le quartier de la Jonction.

      Des modes d’expression très différents, à l’image de la composition sociale de la manifestation, ont su cohabiter durant le cortège. On peut par exemple mentionner l’organisation d’une performance artistico-humoristique sur la Place Neuve pendant qu’une partie des manifestants ravalaient la façade du Grand Théâtre, symbole de la culture bourgeoise s’il en est. Le cortège a témoigné d’une grande capacité de régénération après chaque pic de conflictualité. L’un des moments les plus intenses a sans doute été quand les policiers anti-émeute se sont fait copieusement caillasser devant l’Hôtel de police du boulevard Carl-Vogt qu’ils tentaient tant bien que mal de défendre. En guise d’épilogue, c’est le magasin de cigarettes électroniques du poujadiste Eric Stauffer qui a fait les frais de la colère des manifestants.

      Action directe et contestation

      La mise à sac du centre-ville de Genève constitue un véritable affront pour les élites politiques et sociales, et l’on comprend aisément pourquoi. Leur plan d’action économique consiste à présenter la Suisse non seulement comme un paradis fiscal, mais comme un havre de paix sociale intégrale à l’écart des antagonismes déchirant le reste du monde. Il est à souligner que cette vision transcende aujourd’hui le fumeux clivage entre “gauche” et “droite”. Avec l’évolution du rapport de force de ces dernières années, aucun politicien n’oserait aujourd’hui dire comme le bureaucrate écologiste David Hiler en 1998, qu’il préfère “un million de dégâts à Genève que le FN à 15%”. Tous participent au contraire à la vaste entreprise visant à jeter le discrédit sur les manifestants les plus offensifs en les accusant de tous les maux. L’impensé de ce discours #citoyenniste qui condamne la violence pour des raisons purement idéologique (“ça ne résoud rien”, comme si voter servait à quelque chose...). Une question tout de même : la Reitschule de Berne aurait-elle pu faire face aux multiples assauts de la mairie sans le rapport de force régulièrement imposé par les Chaoten depuis une vingtaine d’années dans la capitale ?

      Il est ainsi inexact de dire que la manifestation du 19 décembre a “dégénéré”, les personnes qui ont participé aux affrontements savaient très bien ce qu’ils faisaient et contre quoi ils se battent. Dans ce contexte, l’action directe est essentiellement un moyen d’expression du mécontement social. Contrairement à ce qu’avance la vulgate pacifiste, l’action directe ne peut pas toujours préfigurer l’utopie d’un monde meilleur à venir. Les bureaux de la haute finance ne peuvent pas (encore) être transformés en crèches, nous n’en sommes pas là. L’heure n’est pas à la révolution mais à l’affirmation d’un #antagonisme, d’une incompatibilité radicale face au rouleau compresseur du capitalisme mondialisé.

      À Genève, une manifestation pour la culture dégénère
      http://culturebox.francetvinfo.fr/scenes/theatre/a-geneve-une-manifestation-pour-la-culture-degenere-232591

      La #police est intervenue pour bloquer l’avancée des manifestants, mais n’a procédé à aucune interpellation. « Pas pour l’instant, a précisé le porte-parole de la police, parce que sur le moment c’est très compliqué d’arrêter. Maintenant, il y aura un travail d’enquête pour essayer de retomber sur les participants principaux ».

  • Quand Dieu n’existait pas - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2015/01/30/quand-dieu-n-existait-pas_1192366

    Au final, qu’on soit blanc, black ou beur, la #religion, c’était juste un hobby bizarre, un truc du dimanche matin pour la plupart, qui nous faisait un peu froid dans le dos parce que ça ressemblait quand même à un genre de secte et franchement, quand on les voyait sur le parvis de l’église en rentrant de la boulangerie, ils ne faisaient pas envie. Ils étaient tous gris tous fermés tous coincés dans leurs croyances irrationnelles et leurs principes étriqués. Mais on les plaignait plus qu’autre chose : avec tout ça, ils allaient rater Téléfoot. Nos parents ne nous démentaient pas, ceux qui avaient été élevés dans la religion nous répétaient combien nous étions chanceux de nous construire en esprits libres, guidés par des enseignants soucieux de former des citoyens éclairés et non par des curés. Quant à ceux des cités, dont beaucoup étaient vaguement musulmans, jamais je n’ai entendu l’un d’eux invoquer le Prophète, ni même mentionner le Coran. C’étaient d’autres temps.

    #laïcité

    • C’était quand la laïcité et les valeurs de la républiques n’étaient pas sacrées.
      C’était quand les luttes des immigrés n’avaient pas encore été soigneusement dépolitisées et défaites par la politique politicienne et son national, colonial et définitivement occis-mauresque « antiracisme républicain ».

      A cette époque, l’avenir de la lutte contre le racisme semblait ouvert. Le monde politique a fait ce qu’il a pu pour le pourrir et le refermer, et il y est parvenu.

      « On ne pense pas librement à l’ombre des églises » (ou de minarets, synagogues, etc), mais on ne lutte pas contre cette ombre là quand on se tient dans celle d’un Parlement, d’une Assemblée nationale, d’un Sénat ... ou de la Bourse.

    • Oui, ça démarre bien quant à la description, mais le texte est ensuite bien trop #citoyenniste à mon goût :

      La citoyenneté, la liberté l’égalité la fraternité, et le combat qu’il fallait mener pour que ces belles paroles deviennent des réalités : c’était ça, le projet commun. Ce qui nous projetait ensemble vers l’avenir. La laïcité était un principe intangible. Et l’athéisme n’était pas une croyance parmi d’autres mais un idéal universel.