city:achrafieh

  • La communauté orthodoxe au Liban divisée, des ministres chiites dans le différend : le confessionnalisme au-delà du confessionalisme
    L’avant-dernier Conseil des ministres adopte une série de décisions et vante ses propres réalisations - Jeanine JALKH - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1116084/lavant-dernier-conseil-des-ministres-adopte-une-serie-de-decisions-et

    Évoqué en Conseil des ministres le 3 mai, le projet d’université avait suscité une opposition de la part du ministre de la Défense Yaacoub Sarraf, qui avait estimé que l’édification d’une nouvelle institution universitaire orthodoxe portait atteinte à l’Université de Balamand, ralliant à son camp les ministres Ali Kanso et Ali Hassan Khalil, respectivement du PSNS et du mouvement Amal. Face à eux, les ministres Ghassan Hasbani, Michel Pharaon, mais aussi Melhem Riachi et Ghattas Khoury, proches du 14 Mars, avaient défendu l’initiative, avant que le débat ne soit ajourné. 

    Ce dossier, qui était au départ un problème d’organisation ecclésiastique au sein de la communauté orthodoxe, opposant le patriarche de l’Église orthodoxe d’Antioche, Mgr Youhanna Yazigi, basé à Damas, au métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, a fini par être récupéré en politique, suscitant des divisions entre pro et antisyriens. 

    L’Université de Balamand relève du patriarche Yazigi qui s’oppose à l’édification d’un nouveau campus, alors que l’ensemble des institutions orthodoxes à Beyrouth dépendent de l’évêque Élias Audi qui, en aspirant à la construction d’une université dans la capitale, « réclame en quelque sorte son autonomie et son indépendance de Balamand », explique Antoine Courban, professeur à l’USJ. 

    Avant la réunion du Conseil des ministres, M. Kanso a tenu à réitérer devant la presse son opposition à ce projet. « Tant que le patriarche Yazigi n’est pas d’accord, je ne vois ce qui nous obligerait à aller à l’encontre de son souhait », a-t-il dit, alléguant le risque d’une division au sein de l’Église orthodoxe. Une position qu’il maintiendra lors de la réunion, sachant que le ministre de la Défense s’est opposé cette fois-ci, non plus à l’édification de l’université en tant que telle, mais à la création d’une nouvelle faculté de médecine. 

    M. Sarraf a motivé sa position par le problème que poserait une nouvelle faculté de médecine aux étudiants de Balamand qui, jusque-là, effectuaient leur stage à l’hôpital Saint-Georges à Achrafieh sur la base d’un contrat conclu entre les deux institutions. Or, le risque serait que l’hôpital Saint-Georges révoque ce contrat pour laisser la place aux stagiaires en provenance de la nouvelle université. Une objection qui n’a vraisemblablement pas bloqué l’adoption du projet.

  • Après les votes-sanctions, l’heure est aux bilans - Fady NOUN - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/989116/apres-les-votes-sanctions-lheure-est-aux-bilans.html

    Au lendemain du séisme municipal de Tripoli et des « gifles » assénées aux partis et grandes pointures, de Nagib Mikati à Michel Aoun, l’heure est aux bilans. Il n’est pas facile de le faire en toute objectivité. Dans ces bilans, comme dans des jeux de cartes, narguer le perdant est de règle. Il en va ainsi de ces banderoles qui ont fait leur apparition place Sassine, à Achrafieh, à la gloire du grand gagnant des municipales de Tripoli, le général Achraf Rifi. Une autre manière de dire que la volonté d’indépendance et d’intégrité affichée par le ministre, comme le refus des compromissions, est transcommunautaire.

    Samir Geagea a affirmé hier soir que les législatives ne doivent pas être perçues comme des baromètres de popularité. Argument de perdant. En s’alliant au CPL, il était clair que les FL cherchaient à montrer qu’elles représentent la légitimité chrétienne. Les deux partis savaient aussi que les municipalités sont des relais de pouvoir et les édiles de puissantes clés électorales. De toute évidence, les FL et le CPL ont manqué leur objectif. Dans de nombreuses municipalités, une volonté de prendre ses distances à leur égard s’est exprimée qu’il vaudrait mieux s’employer à comprendre qu’à nier.

  • Intéressant échange sur les origines du succès (relatif) de Beirut Madinati aux élections municipales.
    Antoine Atallah - Ok I had a tendency to be slightly melodramatic...
    https://www.facebook.com/Antoine.Atallah88/posts/10100250025080802?pnref=story
    Jad Tabet écrit ceci :

    Beirut Madinati plonge ses racines dans plusieurs années de luttes urbaines pour que Beyrouth reste vivable et pour améliorer la qualité de vie de ses habitants.
    Pour ceux de ma génération qui, depuis plus de 20 ans ont mené tant de combats et connu tant de défaites, ce qui s’est passé ces dernières semaines paraît presque magique.
    En 1992-94, nous avons perdu la bataille pour la reconstruction du centre ville. En 1996-97, celle pour un plan de préservation du littoral libanais et pour empêcher l’ouverture de la voie rapide qui coupe la vieille ville de Saida de son port. En 1996 encore, nous avons perdu la bataille pour la préservation du patrimoine de Wadi abou Jmil. En 1997-98, l’établissement d’un inventaire des bâtiments patrimoniaux des quartiers pericentraux de Beyrouth n’a pas permis d’empêcher leur destruction malgré les nombreuses marches, sit in et veillées aux chandelles. En 2001 nous avons également perdu la bataille pour l’établissement d’un plan de protection patrimoniale et paysagère des villages du Sud libéré. En 2002, les projets de loi sur le patrimoine élaborés avec Ghassan Salame quand il était ministre de la culture se sont perdus dans les méandres de la chambre des députés.
    Je m’arrête là, tu connais la suite.
    Je pense aujourd’hui à ceux qui ne sont plus là, à Assem Salam qui a été à la tête de tous nos combats, a Samir Kassir, lâchement assassine pour nous empêcher de rêver, à nos amis disparus, mais aussi à ceux qui ont baissé les bras après tant de défaites, aux déçus qui se sont réfugiés dans le cynisme et l’indifference.

    Quant à Mona Harb, elle écrit ceci :

    C’est très important ce que tu nous rappelles ici. L’histoire longue des luttes urbaines de Beyrouth... les défaites sont aussi des apprentissages. Nous sommes là aujourd’hui suite à l’accumulation de ces luttes, suite aux livres et textes où vous les documentez, voud nous avez beaucoup appris, et nous avons transmis, et je pense que, vingt-cinq plus tard, nous sommes à un moment où se cristallise et se rassemble une action collective qui était dispersée en campagnes (celles qu’Antoine cite), menées par de jeunes activistes qui se caractérisent par leur créativité —des campagnes distinctes mais ralliées dans leurs valeurs, approches et objectifs.
    La création de programmes universitaires en urbanisme a beaucoup contribué à la formation de ces jeunes activistes qui vous ont lu, ainsi que la littérature urbaine néo-marxiste.
    Je pense que nous voyons enfin l’émergence d’une nouvelle génération de décideurs urbains, qui j’espère vont envahir les municipalités, et ensuite les institutions publiques, pour tenter de replacer l’intérêt public comme objectif principal des politiques urbaines.
    Merci Antoine pour nous avoir ouvert la voie de cette très belle discussion.

    et la réponse d’Antoine Attallah

    J’aime beaucoup le terme de cristallisation. Toutes les campagnes que nous avons combattues avaient en effet les mêmes principes : le droit a la ville... La défense des espaces publics, des pratiques sociales, des liens sociaux... Une vision de la ville comme paysage et tissu urbain complexe... La nécessité des services publics y compris pour les transports... La mixité sociale, fonctionnelle... etc. etc. etc.

    Il était temps que toutes ces campagnes se rejoignent. Je ne sais pas encore exactement ce que planifie Beirut Madinati, mais je suppose que le groupe a l’intention de devenir une plateforme pour que ces idées soient défendues d’une manière encore plus efficace, forte et visible que quand nous le faisions chacun de notre coté au grès des multiples campagnes....

    Si cela se fait et que Beirut Madinati devient une véritable « municipalité de l’ombre », alors je pense qu’il y’a une chance que rien ne soit plus comme avant et que ce soit le début d’un changement durable. Un changement dans la manière dont la municipalité actuelle opérera lors de son mandat, avec beaucoup plus de précaution, sous le regard constant des inquisiteurs que nous serons... Jusqu’à une alternance éventuelle !

    Il était temps qu’on voit un peu de lumière au bout de ce très long tunnel !

    Et encore une réponse de J Tabet

    Merci pour ton intervention qui permet d’éclairer de nombreux points.
    Effectivement, l’accumulation des luttes urbaines, (quoique menées en ordre dispersé depuis une vingtaine d’années), le développement des recherches et des programmes universitaires (qui ont libéré les questions urbaines du carcan techniciste où elles étaient jusqu’alors cantonnées en tant que branche mineure de l’architecture et de l’ingénierie des transports) mais aussi la transmission générationelle qui a bien fonctionné, tout cela a permis de constituer un vivier de professionnels et de militants qui ont joué un rôle essentiel dans l’émergence de BM.
    Cela n’explique pourtant pas les 30 000 voix qui se sont portées sur une liste constituée de personnes jusqu’alors inconnues du public. On peut évidemment expliquer cela comme un vote protestataire contre la corruption de la classe politique et l’incurie de l’ancienne municipalité. Mais je ne crois pas que ça soit suffisant . Après tout le vote protestataire aurait pu (surtout à Achrafieh) se porter prioritairement sur la liste de Charbel Nahas, (plus connu et qui bénéficiait d’une couverture médiatique depuis plusieurs années) plutôt que de privilégier un groupe d’hurlubelus , totalement inconnus sur la scène politique. Puisque cela n’a pas été le cas, il faut donc convenir que, parallèlement au vote protestataire, il y a eu un vote d’adhésion, sinon à l’ensemble du programme, du moins aux valeurs portées par BM. Il est d’ailleurs révélateur que la liste des Beiruties a finalement sorti un programme qui reprend de nombreux points développés par BM.
    Comment expliquer ce véritable retournement d’une opinion publique jusqu’alors otage des appartenances politiques traditionnelles ? Je ne tiens pas à ressortir mes références d’ancien marxiste, mais je crois que les concepts gramciens de « guerre de positions » et « d’hégémonie culturelle » sont bien adaptés pour décrire ce qui se passe. L’accumulation des expériences de lutte et l’élargissement du champ théorique relatif aux questions urbaines ont constitué les éléments stratégiques d’une « guerre de positions » qui a réussi à la longue à ébranler l’hégémonie culturelle des classes dominantes.
    Cette guerre de positions il faudra bien évidemment la poursuivre, l’élargir, l’approfondir dans les années à venir, tout en conservant cette part d’impertinence et d’improvisation créative et ludique qui a permis à BM de secouer la morosité et le défaitisme ambiants.

    #Beyrouth #municipales #élections

  • Le NY Times enthousiaste pour Beirut Madinati, ce qui me semble mauvais signe :-))

    Note : pour représenter les 60% qui ont voté pour une autre liste que Beirut Madinati, l’auteur semble n’avoir pu trouver qu’un ancien chef milicien local complètement crétin (avant de qualifier ses fadaises de « rationale »). Et puis c’est tout. Il doit pourtant bien y avoir des raisons moins idiotes pour ne pas avoir voté pour BM…

    Beirut Upstarts Gain Traction in Lebanon’s Political Quagmire
    http://www.nytimes.com/2016/05/11/world/middleeast/beirut-lebanon-municipal-elections.html

    “We don’t trust anyone, but we’ll vote for Hariri in order to show that we exist,” said Ahmed Shara’i, a store owner in the Sunni stronghold of Tarik Jadida, who said he moonlighted as a local militia chief.

    His poor and marginalized neighborhood has suffered from decades of institutional neglect, Mr. Shara’i said. “With the leaders we know, we’re still losing,” he said. “Imagine how much more we lose if they’re gone.”

    His rationale neatly sums up how a system survives even though few profess to like it.

    • en passant je note que ces journalistes ne vérifient pas leurs informations ou ne savent pas comment on compte les voix. Le fait que Beirut Madinati ait obtenu les deux tiers des voix de la liste vainqueur ne signifie pas qu’ils ont eu 40% et leurs adversaires 60%. L’attribution d’un quart des voix reste à ce jour inconnue. cf. http://seenthis.net/messages/487919
      Ce matin, ce fait était enfin signalé dans l’OJ mais je ne retrouve pas l’article.
      Pour aller dans le sens de @nidal : c’est sûr que l’adhésion enthousiaste de toute une bourgeoisie bien pensante pose question. Cf. la tribune d’Antoine Courban : http://www.lorientlejour.com/article/985765/achrafieh-un-printemps-citoyen.html qui voit en BM un prolongement ou une réplique du printemps appelé de ses voeux par Samir Kassir en 2005. Il y a bien sûr une continuité voire même une fidélité à l’inspiration de Samir Kassir parmi les intellectuels à l’initiative de Beyrouth Madinati. Ce n’est pas en soi le problème. Le problème est le fait que l’aspiration démocratique qu’il incarnait a été détournée par le jeu des forces politiques en place pour se maintenir en reniant leurs alliances passées et en réactivant, sous une forme différente, le confessionnalisme libanais enchassé dans les alliances géopolitiques régionales.
      Je ne sais pas ce que va devenir ce mouvement. Il est évidemment qu’un premier enjeu pour lui c’est de passer d’Achrafieh au pays entier, et d’un soutien largement bourgeois à une assise plus large. Et sans doute de thématiques « locales » et « technocratiques » à un discours politique sur la réforme/renversement du régime confessionnel et de l’ordre socio-économique inégalitaire qui s’en nourrit. Pas sûr qu’à Achrafieh et au-delà, on soit prêt à aller aussi loin. Un commentaire bien éclairant sur ce point à la suite du billet de Ramez Dagher sur Moulahazat : https://moulahazat.com/2016/05/11/what-beiruts-election-results-tell-lebanon-can-hope-for-change

      I like your criticism of the “neo-socialist way that most parties in Lebanon function”.. BUT this means we need LESS neo-socialism, not more! We don’t need to “raise the minimum wage,” we need to liberate prices. We don’t need Beirut Madinati’s INSANE public transportation system, we need to fight the restrictions placed on companies like Uber so that the citizens get better and cheaper transportation options. Beirut Madinati was definitely not the answer to the neo-socialism problem. Beirut Madinati represents the same old failed approach but with prettier faces that’s all.

    • tout à fait dans le même registre, le militant de toutes les causes environnementales (même celles qui n’en sont peut être pas) Raja Noujaim exprime dans ce post sur Facebook ses réticences face à l’engagement trop à gauche de certains des animateurs de Beyrouth Madinati, tout en les accusant non sans contradiction d’être soutenus par des puissances occidentales occultes.
      https://www.facebook.com/raja.noujaim/posts/10205969016493825?pnref=story
      voir les commentaires qui fusent : l’idée générale est que au niveau local il ne faut pas d’idéologie (surtout de gauche, en fait...)

  • Remarques préliminaires sur les élections à Beyrouth
    L’incertitude des sources
    Deux jours après les élections municipales à Beyrouth, le site du ministère de l’Intérieur ne fournit toujours pas de données officielles sur les résultats des municipales à Beyrouth et seulement des résultats partiels pour d’autres régions (voir cette page en arabe : http://interior.gov.lb/AdsDetails.aspx?ida=206 et un commentaire dans l’OJ sur ce point : http://www.lorientlejour.com/article/985221/municipales-plus-de-36h-apres-la-fin-du-vote-les-resultats-officiels- et http://www.lorientlejour.com/article/985387/des-methodes-archaiques-a-lorigine-dun-retard-inacceptable-dans-le-de).
    Plusieurs témoignages qui ont circulé montrent le désordre assez invraisemblable et les approximations qui entourent le dépouillement et les décomptes (repostés de FB sur le blog de Souha Tarraf : https://libanchroniquesciviles.wordpress.com/2016/05/10/zay-ma-hiyye-ou-larchaique-administration-libanaise-du-depouillement-des-votes-electoraux-par-joe-khoury/?fb_action_ids=1706078479647194&fb_action_types=ne).
    La LADE, l’association de surveillance des élections, dénonce de nombreuses fraudes, en forte hausse(http://www.lorientlejour.com/article/985199/la-lade-denombre-647-infractions-le-premier-jour-du-scrutin.html). Les erreurs, parfois non intentionnelles, sont très nombreuses et obligent à de multiples recomptages.
    Les données qui circulent sur les résultats et qui donnent 40% à Beirut Madinati sont tronquées et ne mentionnent que les candidats de cette liste et de celle des Beyrouthins (alliance de tous les partis politiques). Les noms des candidats des deux autres « listes » (Liste des citoyens et citoyennes et liste des Ahbaches ou disons des sunnites identitaires) sont absents. Il est donc difficile de savoir quel score a réellement fait Beirut Madinati.

    L’image qui circule avec les résultats tronqués


    Ces incertitudes sur les données font que ces réflexions sont préliminaires et doivent être confirmées par des données plus précises.

    Relativiser l’abstention
    Il n’y a pas non plus, en dehors du chiffre de 20,47% qui circulait dimanche soir, de données précises sur les inscrits, les votants, les blancs et nuls, etc. (encore moins selon les trois grandes circonscriptions). Dans la Beqaa, le taux de participation semble avoir été de l’ordre de 50%.
    Mais ces données ne veulent rien dire en elles-mêmes. Je renvoie ici à l’Atlas du Liban publié en 2007, chapitre 3 : http://books.openedition.org/ifpo/418
    Au Liban, en effet, les citoyens ne sont pas inscrits et ne votent pas là où ils habitent mais en général (à de rares exceptions) dans leurs villages d’origine. En effet, une décision du gouvernement en 1946 a rendu quasiment impossible le fait de modifier le lien d’enregistrement à l’état-civil et donc sur les listes électorales (selon Charbel Nahas dans une conférence tenue à la Maison du Liban à Paris en novembre 2015). Il en résulte plusieurs conséquences :
    – la structure actuelle du peuplement ne correspond plus du tout à la répartition géographique des électeurs. Le pays réel ne correspond plus au pays légal. Ces données officielles ne prennent pas en compte environ 80 ans de migrations multiples depuis 1932, dernier recensement de la population et moment de fixation de cette domiciliation légale : migrations des zones rurales vers les villes de la côte ; migrations forcées liées à la guerre ; migrations internationales permanentes, semi-permanentes ou saisonnières. Sans même parler des Libanais partis il y a parfois plus d’un siècle et qui peuvent encore posséder ou au moins revendiquer la nationalité libanaise et être inscrit quelques part, des centaines de milliers de personnes ont ainsi quitté le Liban depuis la fin de la guerre civile mais peuvent toujours être enregistrés.
    – Dans les régions rurales, la population inscrite est généralement très supérieure à la population résidente (même si les choses sont compliquées car une partie de la population a gardé des liens et fréquente le village de manière saisonnière ou pour les élections. Dans les villes et les banlieues, la population inscrite est au contraire en général très inférieure à la population résidente. Pour cette raison, il est compliqué de considérer des chiffres de participation globaux, à l’échelle des régions. Un 50% de participation dans la Beqaa ne veut pas dire la même chose en zone rurale et en zone urbaine.
    – Beyrouth correspond à une situation particulière par rapport aux autres villes où le nombre d’inscrits est très supérieure au nombre de résidents. Les données qui circulent parlent de 476.000 inscrits sur les listes électorales à Beyrouth. Or selon les dernières données de l’administration centrale des statistiques en 2007 qui proposent des estimations de la population à partir du décompte des immeubles et des logements et en appliquant un nombre moyen d’habitants par ménage, la population résidente à Beyrouth est d’environ 380.000. Cet écart s’explique par la dédensification en cours à Beyrouth et la gentrification qui poussent les gens à déménager en banlieue, ainsi qu’à un mouvement de migration international fort (qui touche notamment plus fortement la communauté arménienne).
    Si on estime que 25% ont moins de 21 ans et ne sont pas en âge de voter, on arrive à 285.000 résidents en âge de voter. Soit un ratio théorique de 60%, même si nombre de ces résidents en réalité ne sont pas inscrits à Beyrouth mais ailleurs. Donc les 97500 électeurs qui correspondent au chiffre de participation de 20,47% sont à comparer à ces 285000, soit un taux recalculé de participation de l’ordre de 34,5%.
    cf. ce poste de Mona Harb sur FB :

    Where are the 80% beirutis who did not vote yesterday?
    –How many chose not to vote? I am not sure they’re that many...
    –How many do not live in the city anymore? Probably a good number..
    –How many are living more or less comfortably in suburbs, and are apathetic about the capital city that shun them away with its unjust, unequal and corrupt urban policies (housing, infrastructure, and services)? Probably a big number as well. We know for a fact that more than half Beirutis do not live in the city anymore.

    https://www.facebook.com/mona.harb.33/posts/10154054896241221?pnref=story

    Pour interpréter cette abstention forte, il faut distinguer plusieurs groupes d’inscrits et notamment
    – la population absente du pays, qui ne revient pas voter pour des élections locales sauf si on lui paye le billet (ce qui s’est passé en 2009 pour les élections législatives notamment de la part du Courant du Futur qui a ainsi « mobilisé » ses troupes au sens propre), et la population qui réside ailleurs que dans Beyrouth et qui se détourne d’enjeux politiques qui ne la concerne pas directement. Ces deux groupes représentent potentiellement la différence entre les 476000 et les 285000 évoqués ci-dessus, donc 191000 soit 40% de l’électorat. Mais en pratique, cela peut être bien plus que cela. Les 285000 résidents à Beyrouth en âge de voter n’y sont pas forcément inscrits et cela rend donc très difficile d’interpréter ce chiffre de participation, qu’il soit de 20,47% ou de 34,5%. De ce point de vue, la première cause de l’abstention au Liban, notamment pour les élections locales, c’est sans doute la manière même dont est organisé le vote, c’est-à-dire la disjonction entre le lieu de vie et le lieu d’exercice politique.

    Le vote en faveur de Beyrouth Madinati (ma ville)
    Dernière remarque au sujet des scores respectifs des deux listes : les données qui circulent (cf. notamment https://stateofmind13.com/2016/05/10/40-of-beirutis-voted-for-beirut-madinati-yes-change-is-possible/13165931_10154823413818294_8449035637678219607_n/#main) montre que la liste des Beyrouthins (celle des partis politiques réunis) atteint entre 47000 et 39000 voix, soit en moyenne 43000 (j’y vais à la hache) alors que celle de BM atteint de 32000 à 28000 soit en moyenne 30000. A elles deux, elles atteignent donc environ 73000 en moyenne.
    Sur l’ensemble des votants (on ne connait pas les blancs et les nuls) on a donc
    Les Beyrouthins : 44%
    Beyrouth madinati 31%
    les deux autres listes, les blancs et les nuls atteignant 24500, soit 25% ce qui n’est pas rien et il faut absolument connaître ces chiffres manquants.
    Par circonscription (sur ce point voir les analyses intéressantes de https://moulahazat.com/2016/05/11/what-beiruts-election-results-tell-lebanon-can-hope-for-change), on note que BM l’emporte à Achrafieh, où l’électorat chrétien est dominant (environ 9000 voix contre 6500 à la liste des Beyrouthins). Scarlett Haddad faisait état de rumeur selon lesquelles l’électorat aouniste voterait volontiers pour BM : ce n’est pas impossible, il faut regarder plus en détail que je ne peux le faire ce soir les données par candidat.
    Dans la deuxième circonscription, qui rassemble où Arméniens et chiites représentent environ les deux tiers des électeurs, BM ne fait pas un très bon score. Hariri a accusé certains partis d’avoir fait voter pour BM mais ce n’est sans doute pas le cas dans cette circonscription.
    Plus intéressant, dans la troisième circonscription, une partie du vote sunnite échappe à la liste des Beyrouthins et Beyrouth madinati emporte un bonnombre. On ne sait pas par contre ce qu’on fait les deux autres listes, notamment la liste Ahbache même si Scarlett Haddad dans son commentaire dans l’OJ indique qu’elle a été finalement contenue par des accords).
    cf. la carte des circonscriptions avec des données de 2009 :

    Conclusion
    Les données dont on dispose sont très fragmentaires et rendent toute interprétation très difficile. Une absention structurelle existe en raison du décalage entre lieu de vie et lieu de vote. Toute lecture politique locale en est rendue très délicate. Le mode de scrutin plurinominal qui octroie tous les élus à la « liste » arrivée en tête ne permet pas de représenter au conseil municipal la percée d’une opposition d’un type nouveau, antiparti, représentée par Beyrouth Madinati. Réduire cette liste à un électorat bobo (cf. discussion brève ici : http://seenthis.net/messages/487807) paraît discutable. Elle me paraît exprimer l’aspiration d’un électorat diversifié en rupture avec les partis, notamment les partis chrétiens (mais pas uniquement), vu les scores à Acharafieh.
    Il ne faut pas oublier les autres forces en présence, dont les données n’ont pas encore circulé (si qqun voit, merci de me signaler).
    Bonsoir pour l’instant.

  • Affaire Hannibal Kadhafi : arrestation de Hussein et Hassan Yaacoub ; Hassan Yaccoub hospitalisé suite à une crise cardiaque
    https://www.lorientlejour.com/article/974535/arrestations-de-hussein-et-hassan-yaacoub-sit-in-pres-de-lambassade-d

    Plusieurs centaines de femmes se sont rassemblées mercredi près de l’ambassade d’Iran, dans la banlieue sud de Beyrouth, pour protester contre l’arrestation de l’ancien député Hassan Yaacoub et de son frère Hussein, incarcérés dans le cadre de l’affaire du kidnapping de Hannibal Kadhafi, l’un des fils de l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

    Lundi, Hussein Yaacoub avait été arrêté par la Sûreté générale à l’aéroport de Beyrouth pour le rapt de Hannibal Kadhafi, sur décision judiciaire lancée contre lui.

    Apprenant la nouvelle de l’arrestation de son deuxième fils, Emtithal Yaacoub a été admise aux urgences de l’Hôtel-Dieu à Achrafieh, après avoir souffert d’un malaise. […] Tard en soirée, Hassan Yaacoub, victime d’une crise cardiaque, avait été transporté à l’hôpital Naufal, à Beyrouth.

    Hassan Yaacoub avait été arrêté le 21 décembre dernier par les autorités libanaises. Il est accusé d’être l’un des auteurs présumés du rapt d’Hannibal Kadhafi. Il avait été enlevé en décembre par un groupe armé inconnu dans la Békaa avant d’être libéré par la police quelques heures plus tard. Il avait été aussitôt arrêté et mis en examen pour avoir dissimulé des informations sur la disparition, en 1978, de l’ancien président du Conseil supérieur chiite libanais, l’imam Moussa Sadr, en Libye.

  • L’attentat déjoué à Achrafieh aurait visé Rifi et Hassan
    http://www.lorientlejour.com/category/À+La+Une+(Slideshow)/article/742434/Lattentat_dejoue_a_Achrafieh_aurait_vise_Rifi_et_Hassan.html

    Un attentat visant le directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi et le chef de la branche des renseignements des FSI, le colonel Wissam Hassan, a été déjoué à Achrafieh, rapporte samedi le quotidien an-Nahar.

    (Ne pas oublier d’utiliser le conditionnel.)

  • ANI – La campagne nationale pour la chute du régime confessionnel au Liban, a organisé dimanche sa deuxième manifestation pacifique. Les manifestants ont marché de la place Sassine à Achrafieh vers la place centrale du ministère de l’Intérieur à Sanayeh-Hamra. La manifestation s’est déroulée calmement et pacifiquement et les manifestants ont crié fortement pour la chute du régime confessionnel. Plus que 30.000 libanais venant de toutes les régions et de toutes les communautés libanaises , représentant les différentes couches sociales et professionnelles, ont porté des slogans qui appellent à la liberté, le pain et l’Education. La couleur nationale libanaise était le seul caractéristique de la manifestation. Des milliers des jeunes libanais, hommes et femmes, ont crié fortement « nous voulons une nation et non une ferme » , « les mères veulent un régime qui n’engendre pas des guerres », « le peuple veut la chute du régime confessionnel ». Des banderoles ont été étalées et des slogans été levés demandant la révolution contre le système confessionnel au Liban.

    Trente mille personnes ? Historique.

    [Pas de lien : il y a un gros dysfonctionnement sur le site de l’Agence nationale d’information du Liban, qui fait que je ne peux voir ces infos que via leur flux RSS.]

    • Al-Akhbar couvre l’évément :
      http://www.al-akhbar.com/node/7029

      أمام العدلية، تعهد المتظاهرون بثورة تسقط النظام الطائفي وترسي دولة مدنية ديموقراطية على أساس الكفاءة والمساواة. وأمام شركة الكهرباء، تعهدوا بثورة تحارب الفساد والمحسوبية وتحقق العدالة الاجتماعية وتؤمّن الكهرباء ٢٤/٢٤، أما أمام وزارة الداخلية، فرفضٌ قاطع من «الثوار» لرموز النظام الطائفي «الذين كان لديهم متسع من الوقت لتنفيذ ما يدعون إليه» بحسب بيانات نشرت على مواقع إلكترونية وعبر مناشير وزّعت بين الناس وفي بعض وسائل الإعلام.
      رفض رموز النظام الطائفي عبّرت عنه الهتافات التي صدحت بها الحناجر، واللافتات التي حملت فوق الرؤوس، فيما شهدت التظاهرة، للمرة الأولى، رفع لافتة تحمل صور كل من: سمير جعجع ونبيه بري وسعد الحريري وأمين الجميل وميشال عون ووليد جنبلاط ومحمد رعد، مع عبارة «حلّوا عنا». لم تدم اللافتة طويلاً، فسرعان ما اندفع العديد من المشاركين طالبين إنزالها، الأمر لم ينتهِ بدون عراك وتدافع، لكن اللافتة كانت تبرز مجدداً بين «زنقة وأخرى»، أما الشبان الذين رفعوها، فارتدوا قمصاناً كحلية تحمل العبارة نفسها: «حلّوا عنا».

      Hé, mais c’est l’intifada et l’électricité, en fait !

    • L’Orient-Le Jour aussi, rappelant qu’en quelques semaines, ce sont trois manifestations qui se sont succédées : 3000 personnes, puis 10000, et aujourd’hui entre 20000 et 40000.
      http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/695446/Manifestation_massive_prolaicite,_sous_le_signe_de_la_fete_des_Meres.

      « Pour ta fête, maman, je t’offre un pays qui respecte tes droits » ; « Je ne veux pas changer de pays, je veux changer le système » ; « Mariage civil et non pas guerre civile » ; « La nationalité : un droit pour ma famille et moi-même »..., pouvait-on lire sur les banderoles.