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  • Barka Moutawakil, une vie de chibani du rail - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/02/18/barka-moutawakil-une-vie-de-chibani-du-rail_1630620

    Cet homme de 68 ans fait partie des 848 cheminots marocains retraités qui ont gagné, en appel, le 31 janvier, face à la SNCF, condamnée pour discrimination. Il raconte sa vie d’ouvrier à tout faire, pénalisé et humilié parce qu’il n’était pas français.

    Barka est si peu bavard qu’il ferait tenir un exil de 2 500 kilomètres, trente-deux ans de travaux manuels pénibles et quatorze de procédure judiciaire sur un Post-it – les phrases qui commencent par « c’est comme ça » sont en général très succinctes. Dans son salon, il pose sur une table trois photos avec quelques camarades, de l’époque où les toisons, les moustaches et les pattes d’eph constituaient une panoplie de choix. Et s’efface chaque fois que les femmes de sa vie étoffent son récit, comme si elles commentaient l’histoire d’un type qu’il connaissait, mais sans plus.

    Mahjouba, son épouse depuis 1986 et mère au foyer : « Il se passait des choses importantes à son travail. Mais il ne disait rien, ne réclamait rien, donc j’apprenais certains détails que bien après. Ce sont les voisines, dont les maris accomplissaient les mêmes tâches, qui me donnaient des nouvelles. Par exemple, elles m’expliquaient avoir préparé des repas plus consistants dans la semaine, parce que c’était la période où leurs époux devaient décharger du charbon en plein froid. Moi, je ne savais pas. »

    Wafaa, sa fille : « Il vivait en décalé avec nous. Toute petite, il avait inventé une berceuse pour moi. "Papa… travail… cinq heures du matin…" Il attendait que je m’endorme pour s’en aller. »

    Le 31 janvier, la #SNCF a été condamnée en appel pour discrimination à l’endroit de 848 cheminots marocains – lesquels ont hérité du surnom de « chibanis » (cheveux gris) comme tous les ouvriers maghrébins immigrés de la première génération –, dont Barka Moutawakil, 68 ans. En raison de leur nationalité étrangère, ils ont été pénalisés en termes de salaire, de retraite, de perspectives d’évolution ou encore d’accès aux soins en dépit de leurs contrats. Pour la différence de traitement avec leurs collègues français, les parties civiles réclamaient 628 millions d’euros. En 2015, ils en avaient obtenu 170 devant le tribunal des prud’hommes. Ce coup-ci, ce sera peut-être plus. Ils ont gagné mais attendent de savoir jusqu’à quel point, financièrement mais aussi symboliquement. Barka regarde ses mains : il y a presque cinquante ans, il les a frottées contre des cailloux pour les rendre plus dures et plus sèches, et ainsi convaincre les recruteurs. « Ils regardaient ça aussi. » Ça le fait sourire – un peu gêné et malicieux.

    « Télégramme »

    Avant d’arriver en France, il travaillait dans un hôtel à Agadir, au #Maroc. Là-bas, son responsable, qui côtoie des cadres de la SNCF, le met sur le coup : ces derniers recherchent des ouvriers appliqués et il l’y verrait bien. A posteriori, des bonshommes robustes, capables de dire oui à tout, pas trop regardants sur les à-côtés et conditionnés pour se sentir précaires et flexibles jusqu’au bout de leur carrière. Sur ses premières années d’exercice, Barka se souvient : « Avant, il n’y avait pas de téléphone. Alors on recevait parfois un télégramme pendant nos jours de repos. On nous demandait de venir travailler. Si tu disais non ? Il fallait donner une bonne raison. »

    Sa hantise : le casse-tête avec la hiérarchie - un oui systématique minimise les risques. L’exil : par essence, celui-ci favorise le sentiment d’insécurité et d’illégitimité. Les missions pêle-mêle : accrocher et caler les wagons, décharger des centaines de kilos de charbon, restaurer les voies ferrées, nettoyer les gares. Sa retraite : environ 900 euros. Mahjouba intervient : « Ils travaillaient entre copains marocains. Ils s’entraidaient, se soutenaient. Quelque part, c’est ce qui a fait traîner les choses pour la reconnaissance de leurs droits. »

    Wafaa, elle, avertit, très poliment, que c’est la dernière fois que son père déroule son histoire à un quidam. Cela fait des années que des organisations, des médias, des thésards demandent aux #chibanis de ressasser. Exercice douloureux, quand bien même ils font mine de s’y plier de bon cœur : à haute voix, ils doivent se souvenir de tous les détails de l’humiliation. Les étayer, les commenter, les exprimer : c’est comme dessiner un mauvais rêve sur un bout de papier.

    En 1974, Barka arrive à Paris, gare d’Austerlitz. Il oscille entre les foyers de travailleurs en petite couronne, le premier à Porte de la Chapelle, transformé depuis en restaurant. En 1983, il s’installe dans un quartier populaire de Villeneuve-la-Garenne, dont il ne bougera plus. Des anciens collègues y vivent aussi. Ils se voient.

    Cet été, père et fille ont pris le train jusqu’à Lille, où le retraité devait témoigner, à la demande d’un collectif, devant une cinquantaine de personnes. « Il y a quelque chose de touchant : chaque fois que l’on passe devant une gare où il a travaillé, il a un petit mot. » Devant la petite assemblée, il s’est tu et elle a parlé - la mémoire ouvrière, pudique, a besoin, parfois, d’un ventriloque.

    Le genou droit de Barka a failli lâcher pour de bon. Après plus de dix ans d’expérience, il tombe en courant derrière un train - deux opérations pour réparer. Après plus de vingt ans, il s’écroule dans son salon, pris d’un malaise - un mois d’hôpital, dont un passage au service de réanimation. « Ils ont dit que j’avais un manque de potassium et des choses comme ça. » Les témoignages sur les séquelles physiques et les accidents dont ont été victimes ces cheminots bons à tout faire sont glaçants. Fractures, mutilations, électrocutions : certains se sont tués à la tâche, au sens propre du terme.

    Il est né dans le sud du Maroc, à Tan-Tan. Ses parents se séparent et refont leur vie, chacun de leur côté. Il est le fils unique du couple, élevé par sa grand-mère. Mahjouba : « Des années plus tard, quand il est devenu adulte, c’est lui qui est allé rechercher son père, qui avait disparu. Celui-ci ne l’avait même pas reconnu. S’il n’avait pas pris l’initiative, qui aurait vraiment demandé de ses nouvelles ? Sa maman, elle, était occupée avec d’autres enfants. »

    Avant d’arriver à Paris, son plan est un grand classique de l’#immigration maghrébine d’antan. En théorie : passer quelques années en Europe, gagner des sous, rentrer les poches pleines de devises au pays. En pratique : le temps passe et à la longue, bouffe la théorie. Barka a vécu quarante-quatre ans en France : il est au moins autant banlieusard que chibani. Sur la notion de choix, il coupe court : « Est-ce que je pensais à quitter mon poste à cause des conditions de travail ? La crise économique commençait. On voyait des immigrés et des copains rencontrer des difficultés dans des usines. La SNCF, c’était l’Etat. Et puis après, la famille est arrivée. »

    Baraquements

    Wafaa, étudiante en école de commerce, participe à une page Facebook où des enfants de cheminots échangent à propos des chibanis. Avec une amie, elle a coécrit une lettre ouverte à Guillaume Pepy, le président de la SNCF, où elles demandent des excuses : « Faut-il également rappeler que nos pères ont été transportés du Maroc dans des wagons semblables aux trains de marchandises ? Une fois arrivés en France, des membres du personnel de la SNCF les ont accueillis, les conduisant dans des baraquements en bois, sans douche, sans cuisine et sans véritables placards. Leurs vestiaires étaient à l’écart de ceux de leurs collègues français. » Elles réclament aussi des explications : « Lorsque nous nous sommes rendues au tribunal le 15 mai dernier, vos avocats ont justifié le blocage de carrière et la différence de traitement qu’avaient subie nos pères par rapport à leurs collègues français par un supposé illettrisme. Or, la condition fondamentale pour intégrer la SNCF à l’époque était la maîtrise de la langue française. » La compagnie réfute la discrimination et pourrait se pourvoir en cassation. Barka s’est constitué partie civile au début des années 2000, avec une association chargée de mener la procédure collective. Mahjouba : « Ça m’a étonnée. Lui qui a toujours eu peur d’avoir des problèmes au travail s’est lancé sans se poser de questions. »

    Il a quitté l’entreprise sept ans avant la retraite, en 2006. Celle-ci proposait alors des départs anticipés. « Ils finissaient de cotiser pour moi. C’est ce que j’ai compris et c’est ce qu’on m’a fait comprendre. » Ils : la SNCF. On : des voix dans l’entreprise, ainsi qu’un collègue syndiqué qui lui assure que la proposition des ressources humaines est une aubaine. D’autres cèdent. Il finit par suivre. Sur la table du salon, il pose deux feuilles. Des chiffres, des pourcentages, du jargon. Dans l’une d’elles, il est question d’une indemnité journalière de 53 euros jusqu’à ses 65 ans. « Je ne voulais pas signer au départ, mais… »

    Wafaa : « Malgré tout, les gens comme mon père font confiance. Et certains en profitent. » Des années plus tard, il découvre qu’il est chômeur et qu’il ne cotise plus pour ses droits. Des cheminots dans le même cas ont reçu une notification par courrier de l’ANPE. Lui assure que rien ne lui est parvenu. « Mon dossier avait été confié à un organisme de retraite à Marseille. On ne pouvait les avoir qu’au téléphone. Parfois, il n’y avait personne pour vous renseigner. Impossible alors d’avoir des détails sur ma pension. » Wafaa : « Je ne sais pas comment il est possible de supporter ça. Les conditions de travail, l’humiliation. Certes, il y avait la famille… c’est héroïque. Mais ma génération aurait dit non. D’ailleurs, chaque fois que je traîne des pieds, il me traite de "chibania". » Son père, taquin : « Vous êtes de la génération Danone. Nous, c’était le lait de chamelle. »

    Barka a gardé quelques souvenirs des voies ferrées, dont un casque et des chaussures de sécurité. Il y a un an, il a tout refilé à l’un de ses quatre fils. L’ex-cheminot est comme plein d’autres : il a formé des employés, qui ont grimpé dans la hiérarchie tandis que lui restait tout en bas. Le Défenseur des droits - nommé par le chef de l’Etat - s’est rangé du côté des chibanis, faisant le parallèle entre leurs conditions de boulot et l’histoire coloniale. Wafaa : « On a véritablement commencé à passer du temps ensemble juste avant le début de sa retraite. Tous les week-ends, il venait me voir dans ma résidence universitaire, en Seine-et-Marne. Deux heures de train à l’aller, deux heures au retour. Tout le monde là-bas m’a répété que j’avais de la chance. »
    Ramsès Kefi

    #discriminations #train #exploitation #justice #prud'hommes

  • Résultat du premier tour de l’élection présidentielle française de 2017 à l’étranger :
    http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/services-aux-citoyens/actualites/article/election-presidentielle-retrouvez-les-resultats-du-premier-tour-pour

    Il y a quelques cas spéciaux :

    Au Tadjikistan et au Yémen : aucun suffrage exprimé !
    En Libye : il n’y a eu que 7 voix d’exprimées, 1 pour Mélenchon, 3 pour Hamon, et 3 pour Fillon !
    En Syrie : il n’y a eu que 43 voix d’exprimées, 1 pour Hamon, 2 pour Mélenchon, 2 pour Le Pen, 6 pour Macron, et 32 pour Fillon !
    A part ces pays, le pays où la participation est la plus faible est israel (entre 10 et 20%).

    En israel : 60% pour Fillon ; 31% pour Macron ; 3.7% pour Le Pen ; 1.6% pour Mélenchon
    Au Liban : 61% pour Fillon ; 16% pour Macron ; 12% pour Le Pen ; 7% pour Mélenchon
    Le Maroc se distingue avec de très forts scores (plus de 30%) pour Mélenchon à Fes, Rabat et Tanger, mais de très fort scores (plus de 35%) pour Fillon à Agadir et Marrakech

    Sinon, Le Pen fait 27% en Biélorussie et à Djibouti, et 32% à Assomption, en Argentine
    Mélenchon fait plus de 30% au Laos, en Mongolie, au Mozambique, au Soudan et en Tunisie, mais aussi 32% à Reykjavik en Islande, et frôle les 30% à Ouagadougou, Montréal, Calcutta et Kyoto
    Sans compter israel, le Liban et la Syrie où il explose les scores, Fillon fait plus de 40% en Arménie, en Côte d’Ivoire, aux Émirats Arabes Unis, au Kazakhstan, à Maurice, Monaco, Panama et en Russie
    et Macron est élu des le premier tour en Algérie, Allemagne, Danemark, États-Unis, Pays Bas, Royaume Uni, Suède, Zimbabwe, et il fait même 64% à Djouba en Éthiopie (9 des 14 suffrages exprimés !)

    Déjà discuté là :
    https://seenthis.net/messages/595080

    #France #Elections_présidentielles_2017

    • Résultat du second tour de l’élection présidentielle française de 2017 à l’étranger :
      http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/services-aux-citoyens/actualites/article/election-presidentielle-retrouvez-les-resultats-du-second-tour-pour-

      Au second tour, à l’international, Macron frôle les 90%, donc il n’y a pas grand chose à regarder : dans certaines circonscriptions en Afrique du Sud, en Irak, en Libye, au Pakistan ou au Sénégal, il fait même 100% !

      Marine Le Pen est quand même majoritaire dans quelques circonscriptions, comme Ekaterinbourg en Russie (4 voix pour elle, 3 pour Macron !) et Damas en Syrie (9 pour elle, 5 pour Macron, 1 vote blanc).

      Il faut donc regarder l’abstention, les blancs et nuls. Israel a le record de l’abstention (83%), avec aussi la Libye, Sainte Lucie, le Sénégal et la Syrie (98% d’abstention, 15 votants sur 807 inscrits), mais ce sont à peu près les mêmes pays qui se sont abstenus au premier tour.

      Il n’est pas facile de regarder les blancs et nuls dont les chiffres sont donnés en brut, mais à première vue les taux ne sont pas extraordinaires, sauf pour quelques villes : Genève a le record des blancs et nuls (plus de 3000 au second tour contre 600 au premier tour), suivis par Bruxelles (près de 2000 contre 300 au premier tour), Londres et Montréal (plus de 1000 contre respectivement 400 et 200 au premier tour), Beyrouth (plus de 400 contre 90 au premier tour) et, dans une moindre mesure, Ouagadougou et Calcutta. Dans toutes ces villes, Marine Le Pen fait un score minable, sauf à Beyrouth où elle fait plus de 31% des voix !

      Evolution entre les deux tours :

      Bruxelles : 2000 contre 321 au premier tour
      Beyrouth : 432 contre 87 au premier tour
      Genève : 3229 contre 636 au premier tour
      Montréal : 1084 contre 225 au premier tour
      Londres : 1033 contre 375 au premier tour

      Bruxelles : Participation : -3% ; Blancs et Nuls : +500%
      Beyrouth : Participation : -13% ; Blancs et Nuls : +400%
      Genève : Participation : +0.2% ; Blancs et Nuls : +400%
      Montréal : Participation : +6% ; Blancs et Nuls : +400%
      Londres : Participation : +7% ; Blancs et Nuls : +200%

      Aussi signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/597307

  • J-233 : suis allé voir Rester vertical d’Alain Guéraudie hier soir au Kosmos . Je suis frappé par la force de ce cinéma. Déjà l’Inconnu du lac précédemment avait produit sur moi un effet terrible. J’aime dans ce cinéma qu’il soit ce que les Anglais appellent unapologetic , c’est-à-dire qu’il ne pense jamais à s’excuser de ce qu’il est. Et donc impose à ses spectateurs, surtout ceux hétérosexuels, une vue de la sexualité homosexuelle, dans ce qu’elle est à la fois crue, bancale, parfois maladroite, parfois sublime, d’autres fois misérable, comme l’est, finalement, la sexualité de tout un chacun, bien davantage affaire de routines que d’espaces sublimes volés à une certaine quotidienneté. J’aime, à cet effet, bien davantage dans Rester vertical que dans l’Inconnu du lac , que les corps engagés dans cette sexualité n’aient rien de très attirants, ce qui pourrait les rendre beaux, ce serait le désir de l’autre, et voilà ce dernier n’a rien de l’emportement : aimer c’est vaincre son dégoût, comme a écrit mon ami Jacky Chriqui.

    J’aime aussi que les rebondissements du récit soient autant de défis portés à notre jugement. Oui, bien des situations de ce film peuvent paraître inconcevables, une mère atteinte de baby blues qui abandonne son enfant à un homme qu’elle n’aime plus non plus, un vieil homosexuel qui décide d’en finir avec sa vie de grabataire esseulé en commettant une manière de suicide assisté par sodomie ― sur fond de Pink Floyd d’une autre époque, magnifique travail sonore que celui de ces extraits entièrement instrumentaux d’une musique des années septante, telle qu’on pouvait l’entendre dans les années septante, sur des chaînes qui poussaient du col en s’appelant haute-fidélité, et toute la très grande médiocrité prétentieuse de cette musique qui surgit, comment a-t-on pu penser, alors, qu’il s’agissait d’un renouveau musical, ces musiciens savaient à peine jouer de leurs instruments ―, le jeune protégé du vieil homosexuel qui devient à la fois le petit copain de la jeune mère déprimée et l’amant donc de son beau-père, oui, tout cela sans cesse nous chahute ― « Je ne peux quand même pas avoir envie de baiser avec le grand-père de mon fils » étant une réplique exceptionnelle ― nous pousse dans nos derniers retranchements, quelle part de nous indéniablement conservatrice, de droite ― voire homophobe ―, doit sans cesse être vaincue pour comprendre ce récit ?

    Du grand art.

    Je me souviens d’un article de critique des médias lu il y a des années et qui me revient en mémoire avec l’écriture de Qui ça ? L’article donnait comme exemple du conditionnement de l’information notamment dans les journaux télévisés la mort du saxophoniste Stan Getz, en 1991, je viens d’aller vérifier sur internet, ce qui n’était pas utile, tant j’avais le souvenir précis de la façon dont j’avais la chose, encore que je me demande si je ne suis pas en train de confondre avec celle d’Art Blackey, fin 1990. Toujours est-il que l’article s’interrogeait de savoir qu’est-ce qui avait été le plus important dans la journée funeste du 6 juin 1991, telle petite phrase assassine, ou voulue telle, par Jacques Chirac ou je ne sais quel autre très sale type de droite ou justement la mort de Stan Getz. Evidemment c’est faire des opérations mathématiques avec des carottes et des pommes, il n’empêche la longueur du développement s’agissant de tel rassemblement du RPR, un rassemblement comme mille autres, à l’époque rappelons utilement que l’homme de la rencontre des civilisations, ce saint du quai Branly aujourd’hui, non content d’avoir donné la troupe en Nouvelle Calédonie trois ans plus tôt, avait désormais des problèmes d’odeur avec la population française d’origine étrangère, singulièrement magrébine, cette longueur dans le traitement d’un fait minuscule dont plus personne ne se souvient aujourd’hui ― avouez que vous aviez un peu oublié cette histoire d’odeur ― était disproportionnée par rapport à ce qui était une simple manchette, un signalement, la mort d’une des légendes du jazz, un saxophoniste ténor au phrasé inouï.

    Vous allez rire, j’étais parti pour être assez paresseux pour ne pas tenter de retrouver sur internet quelle pouvait bien être le rassemblement du RPR en question, le 6 juin 1991, « « Jacques Chirac » + « 6 juin 1991 » », et, ce n’est pas tombé très loin, mais la célèbre saloperie du bruit et de l’odeur date du 19 juin 1991.

    Aujourd’hui Jacques Chirac est le saint de la rencontre des civilisations. Cela laisse songeur. J’imagine qu’à ce compte-là le rachat de Sarkozy sera de le sanctifier à la Cité de la Musique ou à la Philharmonie , Sarkozy ce sera l’homme de la musique, la preuve il a épousé une brailleuse.

    Ce dont je me souviens aussi, c’est qu’à l’époque ce qui avait retenu mon attention dans cet article de critique des médias, c’était toute une série de remarques et de descriptions critiques des images de plateau de télévision, ou encore d’analyses de quelques forfaitures et autres fabrications d’images mensongères, autant de pistes que j’avais tenté de mettre en pratique dans un projet de photographies d’écran de télévision, parmi lesquels des recadrages très serrés grâce à une petite fenêtre découpée dans un carton, des dérèglements du téléviseur avec des aimants, je n’avais pas été, pendant un an, l’assistant de Robert Heinecken pour rien. J’aimerais beaucoup retrouver certaines des images ainsi produites, si toutefois elles existent encore. En soi un projet à soi seul.

    Tiens je remarque que dans la même semaine, je suis allé voir deux films qui avaient pour point commun, Damien Bonnard, Léo dans Rester Vertical et le personnage du lieutenant qui n’a pas les cuisses propres dans Voir du pays , acteur dont je ne pense pas, je viens de le vérifier sur Internet, l’avoir déjà vu dans aucun autre film.

    #qui_ca

    • aux malades, elle a adressé ce message : « Il faut toujours avoir de l’espoir. Un jour les choses se réalisent… » Pensait-elle aussi à son époux ? « C’est un homme extraordinaire qui a eu une réussite exemplaire, qui a fait tellement de choses, pour tellement de gens, qui a réalisé tant de projets…
      Actuellement, il est à Agadir, au Palais Royal, reçu généreusement et très aimablement par sa Majesté, et il fait la navette entre la plage et la résidence, installé dans un véhicule destiné à le transporter… C’est un homme apaisé. Moi aussi… Mais je suis toujours inquiète du jour où il va disparaître… »

      http://www.nicematin.com/politique/bernadette-chirac-a-linstitut-claude-pompidou-de-nice-jacques-est-un-homm

      à la disparition de Jacques Chirac, écoutons du #saxophone.

  • Sahara occidental : la honte d’une Espagnole | Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2016/05/19/sahara-occidental-la-honte-dune-espagnole

    Au fond du puits de notre oubli. C’est là que sont les Sahraouis. Je viens de lire que le 15 avril le syndicaliste sahraoui Brahim Saika, 32 ans, est mort dans un hôpital à Agadir (Maroc). Brahim avait été arrêté le 1er avril en sortant de son domicile pour participer à une manifestation pacifique. « Il a été emmené au poste de police de Guelmim, où il a été torturé pendant des heures », rapporte la délégation sahraouie en Espagne. Brahim a alors décidé de commencer une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements. Je suppose qu’ils l’ont laissé en très mauvais état, puisque seulement cinq jours plus tard, il était dans des conditions si graves qu’il a été transporté à l’hôpital. Jeune et fort, il est mort à une vitesse inhabituelle, et les autorités ont apparemment refusé de le faire autopsier. J’écris ces lignes quatre jours après son décès, et pour le moment la nouvelles n’est presque pas sortie dans les médias, à part quelques sites. J’imagine le pauvre Brahim recourant à la seule arme extrême de lutte dont il disposait, la mort par inanition, en espérant que ce dernier cri d’angoisse et de dénonciation serait finalement entendu. Mais même son agonie n’a pas réussi à nous atteindre.

    Maintenant, c’est moi qui ai envie de crier en écrivant ceci, parce que chez moi aussi, les Sahraouis s’étaient presque effacés de la mémoire ; et ceci bien que je sois allée à plusieurs reprises dans les camps de réfugiés, que je me soie toujours sentie très proche de leur cause, et que j’aie écrit une vingtaine de reportages et d’articles à leur sujet. Mais les années passent comme une pluie de plomb, et l’implacable politique marocaine de répression et d’écrasement, de concert avec l’indifférence épouvantable de la communauté internationale, ont réussi à enterrer vivant ce petit peuple héroïque et tenace. Et le pire est que l’indifférence est non seulement celle des gouvernements mais aussi des organisations prétendument progressistes, car on parle beaucoup des Palestiniens, mais personne ne dit rien des pauvres Sahraouis, bien que leur situation soit encore plus critique. Bien sûr, ils sont une poignée de gens sans pétrole ni intérêt géostratégique. Personne ne semble se soucier de leur souffrance.

    Honte. J’éprouve une honte personnelle pour mon amnésie, mais surtout, je ressens une honte collective infinie, parce que c’est l’Espagne qui est à blâmer pour ce drame. Pendant près de cent ans, nous les avons colonisés avec nonchalance : pendant toute cette période, un seul Sahraoui est arrivé à l’université (il devint médecin). À la mi-1975, nous leurs avons promis l’indépendance, et les innocents Sahraouis y ont cru. Trois mois plus tard, le 14 novembre, était signé à Madrid un accord partageante le Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie : « Nous avons été trahi et vendus comme des moutons ». Les Espagnols se retirèrent à toute vitesse et le Maroc a envahi le Sahara de manière brutale. Tous ceux qui pouvaient, hommes et femmes, enfants et personnes âgées, ont fui dans le désert sans nourriture et avec pour seuls bagages les vêtements qu’ils portaient, pendant que les Marocains les bombardaient au napalm. Au cours des premières semaines, des milliers d’enfants moururent de maladies et de faim. Finalement, l’Algérie leur a proposé de s’installer dans la Hamada, le désert le plus inhospitalier au monde, un enfer de pierre où seuls vivent les scorpions et les serpents. Et ils y sont toujours.

    Ils sont environ 125 000 et vivent depuis 40 ans sous des tentes provisoires de réfugiés. Sensés, pacifiques et stoïques, ils ont tout essayé sans recourir au terrorisme, et voici comment nous les avons récompensés : par une ignorance olympique de leurs droits et de leur douleur. Le Maroc a failli encore et encore aux obligations impliquées par les résolutions de l’ONU et a commis toutes sortes d’exactions, mais l’Espagne continue à embrasser ce monarque alaouite que notre couronne aime tant. Et non seulement nous n’avons jamais défendu les Sahraouis, mais nous avons aussi été le principal fournisseur d’armes au Maroc, ces armes avec lesquelles il les anéantit. Je ne veux même pas imaginer le désespoir que doivent ressentir les réfugiés, dans leur sombre conviction noire qu’il n’y a pas d’issue : « Le Maroc nous tue à petit feu ». Toute cette souffrance pourrait un jour se transformer en violence terroriste et alors nous les condamnerons et nous nous frotterons les mains. Une fois qu’ils seront devenus les méchants, notre culpabilité se dissipera.

    Rosa Montero

    Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

    Source : http://elpaissemanal.elpais.com/columna/verguenza

    #Sahraoui #colonialisme #prison #Sahara_occidental

  • « #Much_loved » et ses prostituées devant la justice marocaine
    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/07/15/much-loved-et-ses-prostituees-devant-la-justice-marocaine_4683475_3212.html

    Cette action en justice s’inscrit dans un contexte de crispations sociales à répétition. En juin, deux jeunes femmes ont été arrêtées à Agadir pour avoir porté une robe « provocante ». Leur procès vient de conclure à un non-lieu pour vice de forme. Le 22 mai, trois Marocains ont été condamnés à trois ans de prison ferme pour homosexualité. Le 30 juin, une foule déchaînée a lynché un jeune travesti à Fès. Le 7 juillet, cinq jeunes ont été arrêtés à Marrakech, coupables d’avoir rompu le jeûne du ramadan en buvant un jus d’orange par une chaleur de 48 °C.

    #Maroc

  • #Morocco trial over 14-year-old maid’s death postponed
    http://english.al-akhbar.com/content/morocco-trial-over-14-year-old-maids-death-postponed

    The trial of a Moroccan woman whose 14-year-old housemaid died after suffering severe burns in the resort city of Agadir was postponed on Thursday until January 23 because a key witness was absent. The girl, identified only as Fatima, died in March after being hospitalized with burns to her face and hands, some of them third degree. The employer was charged with “blows and injuries unintentionally leading to death” and faces a prison term of 10-20 years if convicted. The defendant, whose name was not given, has denied the charges and also said she was unaware of the girl’s age. read more

    #domestic_workers #exploitation #maids #Top_News #workers_rights

  • Mourir aux portes de l’Europe donc...

    Ce matin, j’entends sur toutes les radios l’expression "un nouveau drame de l’immigration". A minima, 300 morts.

    L’air désolé des présentateurs pour qui ce "nouveau drame" (évoqué en 30 secondes) trouvera sa place entre l’ouverture des Bricoramas le dimanche et la tentative de coup d’Etat aux Etats-Unis par une femme et son enfant (plus longuement couvert d’ailleurs). Aucune explication, aucune mise en contexte, rien. Rien sur la responsabilité des politiques européennes sur la fermeture des frontières.

    https://dl.dropbox.com/s/v27o96a0ecisk70/migrationsentonnoir.jpg

    Ici, un extrait de l’exposition d’esquisses cartographiques "cartes en colère"

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    Le monde interdit

    https://dl.dropbox.com/s/s3jqg3ko4yt1k8l/sanctuarisationmonde.jpg

    C’est étrange, cette peur paranoïaque de l’invasion, cette volonté de se « protéger » coûte que coûte de ces êtres humains qui, chaque année, prennent le chemin de l’exil vers les pays riches qu’ils imaginent terre d’espérance. Mais les riches ont décidé que cette humanité-là était indésirable.

    Ils renforcent leurs frontières, dressent des barrières, construisent des murs toujours plus hauts. Une véritable stratégie de guerre mise en œuvre pour contenir « l’envahisseur ».

    Par un effet d’entraînement, d’autres grands pays comme le Brésil, la Chine ou la Russie mettent aussi en place une « sanctuarisation intérieure » pour limiter les migrations économiques des régions pauvres vers les zones de forte croissance.

    Ces obstacles physiques sont des outils efficaces pour criminaliser l’immigration et rendre acceptable l’emploi d’expressions inacceptables : « immigrant illégal ». On fait croire qu’ils transgressent la loi : grâce à ces nouveaux obstacles, juridiques ou physiques, on crée de nouvelles catégories de délinquants : le migrant.

    Au mépris du droit international et des valeurs universelles.

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    Les trois frontières de l’Europe

    https://dl.dropbox.com/s/f2wap8p5j7r2blu/europemortsfronti%C3%A8res.jpg

    Cette carte, nous l’avons dressée pour la première fois en 2003 grâce au méticuleux travail d’Olivier Clochard du laboratoire Migrinter à Poitiers. Nous mettons régulièrement à jour ce document et hélas, à chaque fois, nous devons rajouter des points noirs, grossir toujours plus les cercles rouges.

    Le 1er janvier 1993, Gerry Johnson, un citoyen du Liberia – pays alors dévasté par une guerre civile meurtrière –, est découvert mort étouffé dans un wagon de marchandises à Feldkirch, en Autriche. Le 3 octobre 2013, un bateau coule près de l’île de Lampedusa avec 500 migrants à bord, la plupart originaire d’Afrique de l’Est. Entre ces deux dates et ces deux lieux, un peu plus de 17 300 autres migrants – estimation a minima d’une hécatombe ignorée – ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe, terre de la liberté et des droits de l’homme.

    On meurt aussi en repartant, comme Marcus Omofuma, citoyen nigerian assassiné le 1er mai 1999 par trois policiers autrichiens sadiques dans un avion de la Balkan Air lors de son rapatriement forcé.

    Vous pourrez lire à ce propos ceci :

    "Rendez-vous à Sharon Stone"
    http://blog.mondediplo.net/2007-11-07-Rendez-vous-a-Sharon-s-Stone

    De Nouakchott à Tripoli en passant par Niamey et Agadir, l’Europe se dote d’une « préfrontière ». Déjà, au cœur du désert, contrôles policiers, refoulements, regroupements informels et premiers camps. Pour qui passe les mailles de ce premier filet, la vraie « frontière » est de loin la plus mortelle. Et ceux qui passent la ligne rouge seront attendus aux points noirs, dans les camps de rétention, c’est-à-dire à la « postfrontière ».

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    Géographie d’une humanité indésirable

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    A l’Ouest les copains bienvenus chez nous, le portefeuille bien garni, et à l’Est, les indésirables, les gueux, le petit peuple du monde trop pauvre pour nous « mériter ». Symétrie presque parfaite : subsistent des îlots de pauvres à l’Ouest, des îlots de riches à l’Est.

    Manichéen ?

    A peine. La géographie politique européenne des visas montre avec une certaine cruauté la vision européenne du monde, si peu généreuse. Il faudra que l’on m’explique ce qu’il y a de logique quand l’UE exige des ressortissants du Kosovo – Etat le plus pauvre de toute l’Europe – un visa hors de prix pour circuler dans l’Espace Schengen.

    Il y a de multiples façons de partager le monde, les territoires, les régions. Que ce soit selon le principe des Nations, du regroupement de Nations, d’indicateurs socio-économiques ou politiques, ils nous rappellent avec cynisme ce que nous n’aimons pas voir de nous-même : notre égoïsme, notre violence. Nous feignons l’aide au développement, nous n’exportons chez les pauvres que des modèles inapplicables.

    Et nous leur imposons des visas inaccessibles.

    Pourtant l’Afrique pauvre, par exemple, offre aussi de la culture, de la musique et du théâtre. Des diplomates, des professeurs. Des étudiants, des travailleurs. Des écrivains. Autant d’êtres humains que l’Europe renvoie parfois ficelés comme des saucissons dans des avions, quand ce n’est pas dans des linceuls, lorsqu’ils ont échoué à obtenir un visa ou un titre de séjour.

    Ce projet est largement basé sur le travail magnifique et méticuleux réalisé par l’ONG "United" au Pays-Bas, sans qui cette boucherie resterait largement ignorée.

    Fatal Realities of Fortress Europe

    http://www.unitedagainstracism.org/pages/underframeFatalRealitiesFortressEurope.htm

    Death by Policy - The Fatal Realities of “Fortress Europe”
    – 17.306 Deaths -

    http://www.unitedagainstracism.org/images/poster_FatalRealitiesFortressEurope14.500.jpg

    Since 1993 UNITED has been monitoring the deadly results of the building of ’Fortress Europe’ by making a list of the refugees and migrants, who have died in their attempt of entering the ’Fortress’ or as a result of Europe’s immigration policies.
    More than 17.306 deaths have been documented up to now.
    If the death of over 17.306 people does not wake up Europe’s conscience, what will?

    #migrations #asile #europe #mourir_en_mer #ue

  • Ça boume pour la pétro-tomate
    http://altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article23462

    lorsque l’on mange une #tomate entre novembre et mai, donc hors saison, on a le choix entre un produit cultivé sous serre chauffée et un produit importé d’un pays ensoleillé. Et le plus décoiffant, c’est qu’une tomate cultivée à Agadir sous une simple bâche plastique coûtera, malgré les 3 200 kilomètres parcourus jusqu’à Rungis, 13 fois moins d’équivalent #pétrole que sa cousine du Finistère qui a grandi sous serre chauffée !

    #alimentation