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  • Aïda et l’éternelle faute des femmes

    C’est un prénom d’emprunt qui pourrait bien devenir un symbole. Rapportée par le Maine libre jeudi, l’histoire d’#Aïda a suscité une vague d’indignation jusqu’au secrétariat d’Etat de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Victime de violences conjugales régulières, Aïda, 30 ans aujourd’hui, est paraplégique depuis ce soir d’août 2013, lorsque son mari l’a poussée par la fenêtre du deuxième étage. Ce soir-là, les policiers interviennent au domicile du couple pour une altercation entre le compagnon de la jeune femme et l’un de ses amis. Il est conseillé à Aïda de quitter cet appartement, ce qu’elle fait dans la nuit. Elle alerte le Samu social et quelques amis. En vain. Et il est trop tard pour prendre un train et rallier Alençon où elle a de la famille. Alors, faute de solution d’hébergement, elle retourne chez elle.

    Son compagnon la brutalise et finit par la défenestrer. Il écope pour cela de 15 ans de prison. La cour d’assises fixe en outre la provision pour l’indemnisation de la victime à 90 000 euros. Et c’est là que tout se corse : les avocats de la jeune femme saisissent la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (Civi) pour que l’Etat, via le Fonds de garantie des victimes (FGTI), verse cette provision. Mais l’organisme ne propose qu’une indemnisation partielle, estimant qu’Aïda a commis une faute civile en retournant à son domicile. Les conseils de la jeune femme contestent cette décision et en appellent à la Civi. Même réponse : arguant d’un partage de responsabilité, elle propose 67 500 euros en février dernier. Un appel sera examiné en mai. L’outrage ne réside pas tant dans la somme (intégralement réglée à Aïda) que dans l’argumentaire avancé. Interpellé sur Twitter, le fonds de garantie a souligné que « la loi prévoit que la victime qui contribue, par sa faute, à son dommage peut voir son droit à l’indemnisation réduit ». « Par sa faute » ? Cette position n’est pas sans rappeler une question absurde sans cesse renvoyée aux victimes : pourquoi ne pas quitter ce bourreau ? La poser, c’est d’abord faire abstraction des mécanismes à l’œuvre dans l’immense majorité des cas de violences conjugales : emprise psychologique, isolement, perte de confiance en soi, honte…

    C’est surtout culpabiliser une fois de plus la victime d’un processus de domination sexiste profondément ancré qui conduit à banaliser bien des violences dont les femmes sont la cible première. Combien de victimes de viol se voient questionner sur leur attitude ou leur tenue vestimentaire ? En mars 2016, un sondage réalisé par l’Ipsos pour l’association Mémoire traumatique et victimologie montrait qu’il se trouve encore 27 % des Français pour juger qu’une femme victime de viol est en partie responsable de ce qui lui arrive si elle a flirté, s’est montrée séductrice ou a accepté de se rendre chez un inconnu. Depuis, certes, il y a eu #MeToo. Mais le cas d’Aïda prouve que la honte n’a pas forcément changé de camp.


    https://www.liberation.fr/france/2019/01/04/aida-et-l-eternelle-faute-des-femmes_1701105
    #femmes #viol #viols #responsabilité #culpabilisation #domination #violence_sexuelle #sexisme #domination_masculine #tenue_vestimentaire #habits

  • Je devrais aimer Édouard Philippe...

    Mon père me dit quelques fois que je devrais être content qu’il soit premier ministre, Édouard. Parce c’est quand même un gars qui a été maire de ma ville.

    Alors, bon, OK Papa, je suis né au Havre et j’y ai vécu 30 ans, mais bon, j’en suis parti il y a longtemps et c’est seulement après qu’il est devenu maire... et puis je sais pas ce qu’il te prend mais toi, tu devrais pas être content non plus. C’est pas ta came les mecs de droite...

    Il y a qu’ils se sont rencontrés mon père et Édouard. Et il faudrait reconnaître à cet homme qu’il connaît bien ses dossiers et qu’il est respectueux de ses interlocuteurs.

    Ça change tout.

    Alors j’ai écouté le premier ministre et comment il maîtrisait le respect et les dossiers.

    Et c’est vrai, je dois bien le reconnaître, quand il a dit « j’assume pleinement », j’ai frissonné d’admiration.

    Moi, je suis plutôt un mec direct et quand on me cherche des poux, je dit « va chier » ou « j’t’emmerde », tu vois ?

    Oh ! Arrêtez de me regarder comme ça (enfin, de me lire comme ça), ça va quoi ! Quand on est le fruit heureux de la lutte des classes et bénéficiaire des derniers coups d’ascenseur social, on garde malgré tout ce petit coté grossier du prolétaire que l’élite n’a pas. Faut l’assumer ça, pleinement…

    Toutefois, parce qu’il faut toujours écouter les conseils de ses parents, même maintenant, je crois qu’il faudrait que je fasse ce petit effort d’aimer Édouard. Assez fort pour faire mienne sa façon d’être et de respecter les gens.

    Édouard, je vais t’assumer pleinement.

    • C’est marrant de voir comment on fait plus attention, quand on a déjà entendu parler d’un homme politique avant. C’était le cas pour moi, quand Alain Lambert traînait au gouvernement... parce que je sais qu’il a fait du bon boulot à Alençon, d’où je suis originaire. M’enfin... à un moment, faut aussi revenir sur Terre et pas juste se dire « il est bien ! je le connais ! »

  • Box sécurisés dans les tribunaux : la fronde continue - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/12/11/box-securises-dans-les-tribunaux-la-fronde-continue_1615935

    Un magistrat du tribunal correctionnel de Créteil a refusé lundi que les prévenus jugés en comparution immédiate comparaissent dans un box vitré. Une décision symbolique qui s’inscrit dans la contestation de plus en plus importante de ces « cages de verre » .

    Le mouvement de protestations contre les box ultra-sécurisés commence à gagner plusieurs juridictions. Lundi, il a même pris un tournant inédit : un magistrat a accédé à la demande des avocats de faire comparaître le prévenu en dehors d’un box entièrement vitré. La scène – qui revêt une haute valeur symbolique – se passe aux comparutions immédiates de Créteil : le président, Matthieu Bonduelle, membre du Syndicat de la magistrature (SM) a invité le prévenu à s’avancer à la barre pour être jugé. Selon l’AFP, il a justifié cette décision en évoquant « certains problèmes pratiques et juridiques » et rappelé que « le président a la police de l’audience ».

    La phrase fait écho à un incident étonnant qui s’est produit à Toulouse au début du mois. La présidente avait demandé à entendre le prévenu hors du box vitré, et s’est alors vu opposer un refus… de la part de l’escorte. Les policiers ont argué « qu’ils avaient des ordres et ont refusé de sortir mon client du box », a témoigné un avocat indigné auprès de France 3 région. Le prévenu a donc comparu derrière la vitre.

    Bocal en verre, barreaux, filins

    Dans la France entière, les robes noires s’insurgent contre les « cages de verre », ou celles de fer, qui fleurissent dans les salles d’audience depuis quelques années. Décrites comme un « enclos de verre », une « cellule au sein de la salle d’audience » ou un « aquarium », elles posent un problème tant symbolique (l’atteinte à la présomption d’innocence, à la dignité et aux droits de la défense) que pratique : l’acoustique est souvent très mauvaise. Il y a quelques semaines Libération racontait, la genèse sécuritaire de ces box de plus en plus hermétiquement fermés. Il suffit de faire un rapide tour de France pour en répertorier quelques exemples. A Grenoble ou à Meaux, on voit un bocal en verre avec quelques petites lucarnes. A Colmar, ce sont des barres horizontales qui ont provoqué l’ire des avocats, aboutissant à leur remplacement par du verre. A Alençon, des barreaux. A Nîmes, même dispositif, avec des filins au plafond qui lui valent le surnom de « fosse ».

    Le mouvement de rébellion a commencé à la rentrée de septembre à Nanterre lorsque les avocats ont découvert à leur retour de congés, le nouveau dispositif : une cage de verre « avec deux fentes ridicules », entièrement clos, avec un seul accès vers la geôle. Me Fabien Arakelian, du barreau des Hauts-de-Seine, interrogé par Libération, a alors raconté des scènes ubuesques : dans un sens, le son passe mal, impossible de s’entretenir avec le client ; dans l’autre, le micro fixé trop bas oblige le prévenu à s’asseoir pour communiquer avec ses juges, ce qui le soustrait en même temps à leur vue. Après avoir déposé (en vain) des conclusions écrites auprès du tribunal, les avocats des Hauts-de-Seine ont décidé, le 12 octobre, de saisir le Défenseur des droits et le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Ils ont aussi assigné en référé la garde des Sceaux.

    « Risques d’agression » et « tentatives d’évasion »

    De son côté, la chancellerie répond que ces nouvelles boîtes ultrasécurisées correspondent à la « mise en œuvre de mesures exceptionnelles décidées en 2015 pour répondre à la menace terroriste ». Elles sont le fruit des plans de lutte contre le terrorisme (Plat) 1 et 2. « La sécurisation des box a été jugée prioritaire », explique-t-on. Cet été, 18 box ont été renforcés dans sept TGI d’Ile-de-France : Créteil, Bobigny, Meaux, Melun, Evry, Pontoise, Nanterre. Budget : 2 millions d’euros. Et le porte-parolat de préciser à Libération : « Il existe une pluralité d’acteurs qui rédigent le cahier des charges en fonction des contraintes et des demandes locales, liées à la configuration des salles d’audience, en fonction du guide élaboré par la Direction des services judiciaires (DSJ) et des besoins liés à la sûreté de la juridiction ».

    Il s’agit notamment de lutter contre les « risques d’agression » et les « tentatives d’évasion ». D’après des données qui viendraient d’être communiquées au porte-parolat par la DSJ, le nombre de tentatives d’évasion dans l’enceinte des palais de justice est passé de 11 à 21 entre 2015 et 2016. Mais il est redescendu à 16 en 2017. De plus, il faut noter que le chiffre regroupe à la fois des faits survenus dans une salle d’audience mais aussi dans les cabinets. Il est donc difficile à exploiter.

    La sécurisation des box participe, en tout cas, à un mouvement plus général touchant l’ensemble de l’architecture judiciaire. Il suffit d’observer les nouveaux palais de justice : matériaux modernes, accès sécurisés, badges nécessaires pour franchir chaque porte, ambiance high-tech. C’est toute la symbolique judiciaire qui est concernée. Dans une lettre ouverte à la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, publiée le 23 octobre, le Syndicat des avocats de France (SAF) et le Syndicat de la magistrature protestaient ainsi contre « une vision architecturale des futurs palais qui exclut le justiciable, qui le déshumanise en le réduisant à une dangerosité supposée, nécessitant de limiter autant que possible ses contacts avec les acteurs de l’institution judiciaire ».

    « Architecture sécuritaire »

    Le 15 novembre, la grogne est montée d’un cran : le SAF a assigné la garde des Sceaux et l’Agent judiciaire de l’Etat (AJE), devant le tribunal de grande instance de Paris, à jour fixe, pour faute lourde. L’audience se tiendra le 15 janvier 2018. Les avocats ont demandé le retrait des dispositifs de sécurité installés dans plusieurs salles d’audience françaises. En parrallèle, d’autres initiatives locales, comme à Nanterre ou Créteil, se multiplient. C’est ainsi que la section d’Aix-en-Provence du SAF, s’est réunie le 30 novembre pour dénoncer « ce recours systématique et endémique à une architecture sécuritaire » qui « heurte les principes fondamentaux de la présomption d’innocence et d’un exercice effectif des droits de la défense ».

    Il faut dire que le box des comparutions immédiates est particulièrement frappant : il s’agit d’une sorte de cellule miniature avec barreaux de fer. Dans le communiqué du SAF, il est rappelé que l’article 318 du code de procédure pénale prévoit une comparution libre sous la garde de l’escorte policière. « Nous projetons d’intervenir à l’audience correctionnelle le 22 décembre pour demander la comparution des prévenus détenus en dehors de la "cage de fer" implantée dans la salle d’audience », précise Me Julien Gautier. Le passé compte quelques précédents victorieux : en 2003, les avocats parisiens obtinrent que la vitre faciale du box de la 10e chambre correctionnelle soit remplacée par des lamelles.
    Julie Brafman

    Arguer de la lutte contre le terrorisme dans ces affaires alors que les comparutions immédiates ou correctionnelles n’ont rien à voir avec les affaires liées au terrorisme… Ça sert vraiment à tout le terrorisme c’est ça qui est pratique ! Et puis 2 millions d’euros dépensés sans état d’âme alors que les palais de justice manquent de tout, même de budget photocopies, on hallucine…
    #justice #SAF #avocats #présomption_d_innocence

  • rassemblement massif, festif et récréatif à Alençon
    http://zad.nadir.org/spip.php?article3711

    Le collectif ornais vous invite donc à un rassemblement massif, festif et récréatif le samedi 26 mars à 10h30 sur le marché place de la Magdeleine à Alençon (ancien arrêt de bus). Munissez vous de victuailles, de déguisements, d’imagination, de jeux en tout genre ou autres instruments de musique.

    #Collectifs_locaux_contre_l'aéroport

  • Donc, coût total de un million d’euros pour Alençon, et l’état met 700 000€ pour mettre sous vidéosurveillance une ville de … 26000 habitants. #ça_va_pas_bien #socialistes Mais c’est juste pas possible il y a eu du avoir une alliance PS/Extrême_droite signée quelque part ? #maillage_sécuritaire #maillage_militaire

    Alençon. Vidéosurveillance dans l’Orne. À Alençon, plus de 40 caméras pour un million d’euros
    http://www.normandie-actu.fr/videosurveillance-dans-lorne-a-alencon-plus-de-40-cameras-pour-un-mil

    Le coût total de la mise en place de ces caméras n’est pas encore déterminé selon la municipalité. Il pourrait atteindre un million d’euros et l’État participera à hauteur de 70% des dépenses.

    • #vidéosurveillance #sécuritaire #alliance_tacite

      Il y’a déjà des Turcs à Alençon, non ? Et puis comme dans pleins d’endroits où il n’y en avait guère, on y voit même des Africains, et puis bon, la délinquance augmente, non ?

      Il faut défendre la société , disait l’autre.

      Il ne vous a pas échappé que le rabotage des allocations logements, prévu de longue date par le PS, a été récemment imputé par l’entourage de la ministre du logent comme étant dû aux frais occasionnés par l’éventuel hébergement de 24 000 réfugiés. Tout se passe comme si il s’agissait de faire encore grimper le score FN et de pouvoir mieux encore l’imputer à des salues de pauvres, assistés mais aussi « dangereux » pour la démocratie.

      Pas échappé non, plus que dès sa création le RMI a comporté une dose de « préférence nationale » non revendiquée (obligation dune durée de séjour légal sur le territoire de deux ans avent de pouvoir prétendre à ce minima).

      Les premiers investissements massifs dans la « modernisation de la police » datent des années 80 (Chevènement)... Etc.

  • Une islamophobie « à la française » : les faits et les mots

    À l’instar des autres pays de l’Union européenne, la France a vécu ces dernières années le développement de « courants islamophobes », qui se sont manifestés dans divers secteurs de la société. Toutefois, force est d’admettre que, si ces courants ont pu être amplifiés – voire légitimés – par les événements du 11 septembre, non seulement ils préexistaient aux attentats de New York mais se sont de plus poursuivis bien au-delà de cette zone de turbulences. De janvier 2001 à juin 2004, on a pu ainsi recenser une vingtaine d’attaques de salles de prière musulmane et de mosquées, allant du simple jet de peinture bleu-blanc-rouge sur la façade (Grande mosquée de Lyon) à l’incendie ou tentative d’incendie volontaire (Dunkerque, Pré-Saint-Gervais, Alès-la-Grande-Combe, Belley, Annecy, Alençon, Rillieux-la-Pape, Montpellier, Strasbourg...), en passant par des jets de cocktail Molotov (Saint-Étienne, Escaudain, Châlons-en-Champagne, etc.) et l’envoi de colis piégés aux responsables associatifs musulmans, comme par exemple à Perpignan. Simultanément, on a vu se multiplier des actes de profanation des tombes musulmanes dans les cimetières civils et militaires (Haguenau, Strasbourg, Thiais et Marseille), alors que jusqu’à récemment ce type d’actes racistes ne concernait presque qu’exclusivement les sépultures israélites. Enfin, dans certaines régions, comme l’Alsace, les attaques contre des commerces privés, identifiés à tort ou à raison comme « islamiques » (boucheries halal, épiceries orientales...), ne sont désormais plus rares.

    À ces attaques contre les bâtiments, les sépultures et les commerces dits « musulmans », se sont ajoutées, depuis l’automne 2004, de nombreuses agressions contre les personnes physiques et plus particulièrement contre des jeunes filles portant le foulard islamique (hijeb) dans des lieux publics (rues, postes, supermarchés, services sociaux...). L’islamophobie « à la française » a parfois emprunté le langage d’une hijebophobie radicale, se réfugiant derrière les valeurs de la laïcité et de l’égalité hommes-femmes. Le hijeb tend à être identifié par une majorité d’acteurs de la société française (médias, hommes politiques, intellectuels, enseignants, citoyens ordinaires...), comme l’expression d’une islamité menaçante et le symbole d’un nouveau fondamentalisme musulman qui mettrait en danger les valeurs laïques et républicaines :

    « Aujourd’hui la République, sous la pression d’un islamisme fondamentaliste, est à nouveau convoquée à affronter le fait religieux. Là encore la voie républicaine est claire : il faut exiger de l’islam qu’il renonce à s’emparer du corps politique (qui doit rester laïque) et qu’il reflue vers la société civile. »

    De ce fait, le foulard islamique est moins traité comme un signe de pudeur féminine ou comme la volonté de femmes musulmanes de vivre « librement » leur spiritualité au sein d’une société sécularisée que comme un danger social et un problème sécuritaire. Les jeunes filles ou les femmes portant le hijeb sont de plus en plus perçues comme des délinquantes, nécessitant un traitement sécuritaire particulier.

    Il existe une tendance dans la société française à criminaliser les porteuses de hijeb : avant 2003-2004, c’étaient surtout les garçons d’origine arabe, turque ou africaine qui étaient victimes du « racisme anti-musulman » ; depuis les débats récents autour de l’interdiction du voile, les filles et les femmes au hijeb rejoignent les cohortes de « mâles » dans les nouvelles catégories délinquantes et criminalisantes.

    À ce titre, les retombées indirectes des débats médiatiques sur l’interdiction du foulard islamique à l’école (mise en place de la Commission Stasi en juillet 2003) nous paraissent avoir joué un rôle beaucoup plus significatif dans la facilitation de l’islamophobie « à la française » que les effets collatéraux du terrorisme international (New York, Karachi, Madrid...), même si les deux phénomènes sont intrinsèquement liés dans les imaginaires. De ce point de vue, le « cas français » se distinguerait des autres États européens par une islamophobie davantage « idéologique », voire « intellectuelle » : les leaders d’opinion (journalistes, éditorialistes, écrivains, essayistes et experts) sont les principaux vecteurs d’une islamophobie latente qui se réfugient derrière le droit à la critique des religions et la liberté de pensée pour véhiculer des représentations stigmatisantes à l’égard de l’islam et des musulmans.

    En somme, l’islamophobie « à la française » trouve des relais chez certaines élites, la légitimant auprès des différents groupes sociaux et favorisant ainsi une libération et une banalisation de la parole islamophobe. Force est d’admettre, qu’à côté des organisations d’extrême droite qui ont en quelque sorte « islamisé » leurs mots d’ordre racistes (de la figure de l’immigré à celle du musulman), ce sont principalement les associations appartenant à la nébuleuse laïciste (Union des familles laïques, Laïcité-République, Res Republica, Mouvement des Maghrébins laïques de France...) qui ont contribué à diffuser l’image de peur d’une « France en danger d’islam ». Au-delà de leurs principes généreux et universels, elles sont porteuses d’un discours « national-laïciste » prenant appui sur l’image d’une « pureté française », qui serait aujourd’hui menacée par les communautarismes en général et le communautarisme musulman en particulier. En définitive, ces organisations laïcistes aboutissent à fétichiser et à essentialiser le « modèle républicain français. » Sur ce plan, nous rejoignons l’analyse du philosophe Pierre Tévanian, selon laquelle l’islamophobie en France serait d’abord l’expression d’un racisme de type « culturaliste » (et non biologique), la religion musulmane étant majoritairement perçue moins comme une spiritualité à part entière mais d’abord comme une « culture totalisante » porteuse de danger (vision essentialiste) :

    « De la confusion entre les situations française, algérienne, afghane ou iranienne aux amalgames entre voile et viol, en passant par des généralisations racistes sur “l’arrogance” ou “la sexualité des garçons musulmans”, sans parler des propos orduriers (“le foulard c’est de la merde”, “les filles voilées sont des putes”) ou des injures adressées aux collègues opposés à l’interdiction [du voile], les poncifs les plus grossiers et les plus violents ont été repris. Il faut se rendre à l’évidence : il existe en France un racisme culturaliste, visant les descendants des colonisés, et prenant pour principal prétexte leur référence musulmane, et ce racisme atteint les milieux “éduqués”..., autant que les autres . »

    Cette « peur française » de l’islam plonge, en grande partie, ses racines dans l’ambivalence d’une certaine pensée universaliste. Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas surmonté ce complexe de pureté républicaine à l’égard du fait musulman. C’est bien au nom de la prétendue supériorité et universalité du « modèle républicain français » que nous estimons avoir à l’égard des musulmans une mission émancipatrice et un devoir de régénérescence du corps national : il faut guider les musulmans, en les incitant à se détacher progressivement de leur « esprit communautaire » (la Umma), les aider à devenir de « bons citoyens », en respectant certes, leur foi, leurs croyances et leurs pratiques mais, dans les limites d’un seuil d’islamité tolérable par notre société laïque et républicaine. Nous retrouvons là la théorie de l’assimilation progressive, évoquée par Charles-Robert Ageron à propos du traitement de l’islam au temps de l’Algérie coloniale. En somme, un « bon musulman » est un musulman qui n’est plus musulman, un « musulman sur-mesure », « un musulman sans bruit et sans odeur ». Une belle mosquée est « une mosquée sans minaret, discrète et quasiment invisible ». Une « femme musulmane émancipée » est une fille qui se plaint de la violence de son père, de ses frères et de ses cousins, et qui fait le tour de France en scandant « halte aux soldates du fascisme vert !80 ». C’est cette pression normative et permanente « sur » les musulmans ou les groupes d’individus perçus comme tels qui constitue, selon nous, le ressort principal d’une « islamophobie à la française ».

    Vincent Geisser

    http://books.openedition.org/editionscnrs/2871#bodyftn24

  • Réunion MSA France-Lyme « Vivre et travailler avec la maladie de #Lyme » 3 juin 2014, Alençon « France Lyme
    http://francelyme.fr/reunion-msa-france-lyme-vivre-et-travailler-avec-la-maladie-de-lyme-3-jui

    La MSA et l’Association France-Lyme organisent une réunion publique d’information sur le thème :

    « Vivre et travailler avec la maladie de Lyme ».

    Thèmes abordés :

    – généralités sur la maladie de Lyme, diversité des symptômes, évolution de la maladie, répercussions sur la vie professionnelle et la vie privée.

    – prise en charge médico-sociale de la maladie de Lyme (adaptation du poste du travail, reconversion, déclaration en maladie professionnelle, invalidité…)

    Avec
    Dr François Crunel, médecin du travail à la MSA
    Dr Isabelle Bodiguel, médecin-conseil à la MSA
    Sophie Dubé, responsable locale de France-Lyme
    Le mardi 3 juin à 20h,
    Salle Baudelaire
    20 rue Porchaine à Alençon.
    Entrée gratuite

    #santé

  • France : condamnés après avoir appelé au boycott de produits israéliens

    http://www.leparisien.fr/societe/alencon-condamnes-apres-avoir-appele-au-boycott-de-produits-israeliens-19

    Sept militants pro-palestiniens ont été condamnés jeudi en correctionnelle à Alençon à 500 euros d’amende avec sursis chacun pour « entrave à une activité économique » mais pas pour la « provocation à la discrimination nationale raciale ou religieuse » pour laquelle ils étaient aussi poursuivis au départ.

    (...)

    Ce procès faisait partie d’une série de procédures lancées en France contre 80 personnes par le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) pour leurs appels à boycott.