city:allier

  • Liste des Zones Urbaines Sensibles Z.U.S. en Françe par LEMONITEUR
    https://www.flickr.com/photos/memoire2cite/43387630914
    https://pbs.twimg.com/card_img/1030717594268037120/MQgIWef4?format=jpg&name=600x314

    mémoire2cité - Les documents relatifs aux délimitations, rue par rue, des quartiers figurant dans cette liste peuvent être consultés à la délégation interministérielle à la ville et au développement social urbain, 194, avenue du Président-Wilson, 93217 Saint-Denis-La Plaine Cedex, auprès des préfectures et des directions des services fiscaux des départements concernés et auprès des mairies des communes concernées.

    Ain (01)

    Bourg-en-Bresse : quartiers Le Pont des Chèvres, Reyssouze.

    Oyonnax : quartiers La Plaine, La Forge.

    Aisne (02)

    Laon : quartiers Champagne, Moulin Roux ; Ile-de-France ; Montreuil.

    Saint-Quentin : quartiers Europe ; Faubourg d’Isle ; Le Vermandois : Vermand, Fayet, Artois, Champagne ; Neuville.

    Soissons : quartier Presles Chevreux.

    Allier (03)

    Cusset : quartiers Presle, Les Darcins.

    Domérat : quartier Bien Assis ().

    Montluçon : quartiers Bien Assis () ; Dunlop, Pré Géné ; Fontbouillant.

    Moulins : quartiers Les Chartreux ; Moulins Sud : Champins, Champmilan, Nomazy.

    Vichy : quartiers Les Ailes, Port Charmeil.

    Yzeure : quartier Le Plessis.

    Alpes-de-Haute-Provence (04)

    Digne-les-Bains : quartiers Le Pigeonn

  • Actualités | Sciences Po
    http://www.sciencespo.fr/actualites/actualit%C3%A9s/%E2%80%9Cmon-cours-vise-%C3%A0-faire-comprendre-la-face-cach%C3%A9e-d%E2%80%99internet%E2%80%9D/3021

    Autre exercice proposé par Fabrice Epelboin, la production de mèmes, ces fameux visuels humoristiques repris et détournés en masse, souvent dans un but politique. « Par ce moyen, on apprend à faire passer des idées à un public très large, à communiquer seul avec un compte Twitter pour transmettre un message de façon presque instantanée. Avec internet sont nées de nouvelles façons de s’exprimer, qui ont joué un rôle important lors de l’élection de Donald Trump. »
    « L’extrême droite a une génération d’avance »

    Car si numérique soit-il, le cours n’en est pas moins politique avec, en trame de fond, la confrontation avec « la fachosphère », la toute puissante communauté d’extrême droite qui sévit sur la toile et hante les forums. « Ils ont une génération d’avance sur leurs adversaires », diagnostique celui pour qui l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen devient inéluctable d’ici 2022. « Ils ont été censurés dans les médias il y a quinze ans, donc ils se sont réfugiés sur Internet, où ils ont développé des codes pour transmettre un message qui sera très vite compris. Ils ont aussi appris l’art et la manière de faire de la dialectique de façon adaptée aux médias sociaux », assène-t-il.

    Après avoir travaillé avec Wikileaks et participé à la révolution tunisienne de 2010 en aidant les hackeurs d’outre-Méditerranée, Fabrice Epelboin est bien conscient de l’influence énorme que quelques individus peuvent avoir par le numérique. Parmi les nombreux concepts explorés lors du semestre, ses étudiants ont ainsi pu découvrir « l’astroturfing », cette démultiplication de comptes sur les réseaux sociaux et de sites internet par un petit groupe pour donner artificiellement du poids à une opinion, voire déclencher un véritable mouvement.

    « Pour certaines personnes, mon cours peut être difficile à encaisser », reconnaît celui « qui a passé [s]a vie à monter des boîtes et des startups », dans la communication, les médias et aujourd’hui la sécurité informatique. Après avoir surfé à l’orée des années 2000 sur la vague du numérique, Fabrice Epelboin transmet un regard désabusé sur un monde livré à la surveillance de tous contre tous : « Allier démocratie, confiance et surveillance est une illusion,

    #fachosphere #politique_et_numérique #astroturfing

  • Alerte rouge pour le cormoran noir
    http://www.politis.fr/blogs/2017/01/alerte-rouge-pour-le-cormoran-noir-34169

    Un arrêté cadre triannuel publié le 8 septembre 2016 autorise le tir de plus de 150 000 Grands Cormorans par an, officiellement pour protéger les élevages de pisciculture en étangs et marais, la protection de ces zones naturelles et d’espèces de poissons protégées. Des quotas qui mettent l’espèce aviaire en danger et ne sont pas justifiés. Mais des associations résistent et ont montré comment obliger les préfets à en annuler ou modifier quelques uns.

    Le Grand cormoran noir, de son petit nom Phalacrocorax carbo sinensis (ou Carbo carbo pour l’espèce maritime) est un grand oiseau aquatique d’Europe (jusqu’à 1,5m d’envergure) , vivant souvent en couple stable, friand de poissons de rivières, canaux et étangs. Plongeur émérite grâce à un plumage non imperméable qui se charge d’eau, il est doté d’une grande capacité respiratoire. On l’admire pour son port altier de tête et de cou, et pour cette posture très caractéristique où il déploie ses ailes pour les sécher après la pêche. Nidifiant aux Pays Bas, en Allemagne et en Pologne, il hiverne ensuite dans les pays plus tempérés de novembre à mars. Décimé au 19ème siècle, le cormoran a disparu de certains pays et fait partie des espèces protégées depuis les années 70. BirdLife estime la population européenne (Russie inclus) à 310 à 370 000 d’individus. En France le dernier recensement de 2011 comptabilisait 94 000 individus et 8720 couples. Il opte plus volontiers pour les eaux libres des grands cours d’eau, ou pour les eaux closes des canaux, marais et étangs. On considère qu’il prélève moins de 1% du stock continental de poissons – beaucoup de cyprinidés de faible valeur halieutique et de poissons abondants et affaiblis faciles à capturer. Sa « concurrence » est donc minime pour les pêcheurs/éleveurs. Mieux, il est l’ami de l’homme depuis toujours. Pendant des siècles les pécheurs japonais et chinois l’ont capturé et dressé pour qu’il travaille pour eux. Une ligature de la gorge lui permet d’avaler les petits poissons et de ramener les plus gros à son maître.

    Que reproche-t-on donc à ce bel oiseau pour vouloir le décimer ? L’arrêté du 8 septembre 2016 « fixant les quotas départementaux dans les limites desquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant les grands cormorans (Phalacrocorax carbo sinensis) pour la période 2016-2019 » autorise en effet la mise à mort de 50058 individus par an pendant trois ans, soit la moitié de la population ! Les motifs invoqués par leurs prédateurs humains, sont la prévention des dommages importants aux piscicultures en étang, de la dégradation des habitats naturels que ces dernières sont supposées entretenir, et des atteintes à des espèces de poissons protégées. Le texte détermine pour chaque département, des quotas en eaux libres et en eaux closes. Les préfets ont pour mission de prendre les arrêtés d’exécution fixant modalités et personnes autorisées à tirer, de s’assurer de leur bonne application et de réaliser un bilan au terme des trois ans et non plus annuellement comme avant.

    A entendre certains, le péril Cormoran serait grandissime. Proche de la disparition il y a 40 ans, « aujourd’hui, ils sont presque devenus un fléau, provoquant depuis plusieurs années la colère des pisciculteurs et des pêcheurs, inquiétant les responsables d’aéroports, mobilisant les députés français et européens, des dizaines d’équipes de recherche de par le monde, suscitant des plans d’action et de lutte, des réunions de toutes sortes » se lamente Jean-Luc Nothias dans son blog au Figaro. Il est inspiré, semble-t-il, par les propriétaires d’étangs qui affirment que le nombre d’oiseaux augmente d’année en année. Sans preuve et en contradiction avec les derniers recensements comme le Rapport Loic Marion qui, eux, constatent une diminution des effectifs.

    En ce cas, ne pourrait-on faire autrement pour protéger ces pauvres pisciculteurs ? Apparemment non. Il en va du cormoran comme du loup. L’homme se dit démuni face à certains « prédateurs », mais il n’a fait qu’oublier les méthodes traditionnelles d’élevage et vouloir un rendement maximal. « Il ne supporte pas les espèces qui entrent en concurrence avec ses activités économiques » explique Jean Christophe Lemesle, conservateur de la réserve naturelle aux Portes en Ré. Il s’amuse de ce que les « éleveurs » réthais qui souhaitent tirer du cormoran soient parfois des pisciculteurs du dimanche et non déclarés. « Des moyens de protection de ces installations existent et des mesures d’effarouchement doivent être opérées. Avec un tel quota d’oiseaux autorisés, ce n’est plus un projet de régulation, mais de massacre » commente un intervenant sur le site de la consultation publique ouvert avant la prise définitive de l’arrêté. Consultation de pure forme, puisque le texte était déjà prêt, et que les personnes entendues avant étaient des syndicats de pêcheurs et de pisciculteurs et pas des défenseurs des oiseaux ou de l’environnement, commente Vincent Ramard du service juridique de la LPO.

    Notre ministre de l’environnement, émettrice de cet arrêté, n’est-elle pas sensible à la protection de ce superbe volatile qui a lui aussi son rôle dans l’écosystème aquatique ?
    Pour J. Thevenot, auteur d’un article très documenté sur le blog de Nature-Environnement 58 « il est plus facile de tuer à l’aveugle des boucs émissaires que de lutter contre l’eutrophisation et la pollution des eaux de nos cours d’eau par les pesticides et les nitrates ! Faut-il rappeler les véritables catastrophes écologiques que représentent les lâchers d’espèces exogènes tels le silure, la perche soleil, les poissons d’élevage qui entraînent une pollution génétique. Sans oublier la disparition de 90% de nos zones les plus poissonneuses à savoir les zones humides et d’irrigation ».

    Quelques associations de défense de l’environnement et de la biodiversité ont intenté des recours administratifs pour annuler les arrêtés préfectoraux. Parfois avec succès. Comme à Toulon où le juge a estimé qu’il y a « risque de confusion entre l’espèce de grand cormoran maritime et le grand Cormoran (ndlr le Carbo carbo exclu des tirs et le Carbo sinensis » et que les « atteintes aux ressources piscicoles ne sont pas établies ». En particulier en eaux libres où les quotas sont les plus élevés. On pourrait y ajouter le fait que pour sauver l’espèce, les couples nicheurs devraient être eux aussi exclus. Ou encore remettre en cause ces quotas, dont on ignore qui les a fixés, en s’appuyant sur quelle expertise et selon quels critères, bases et méthodologie.
    N’importe quelle association ou citoyenNe concernéE peut reprendre ces arguments et déposer un recours en référé et sur le fond devant le tribunal administratif pour éviter que 50 000 cormorans ne meurent cette année et les deux suivantes. Voici les départements (Voir le tableau complet des départements https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=5E593586B29EF3D41CC9179361FEF6FE.tpdila19v ) où les quotas de tirs sont les plus élevés et où il faudrait agir en priorité : Ain (4500), Haute Garonne (1000), Indre (3667), Indre et Loire (1060), Loir et Cher (2500), Loire (1650), Loire Atlantique (1600), Loiret (1650), Maine et Loire (1000), Moselle (2500), Saone et Loire (1550)Tarn (1140),Vendée (2060). A vos claviers !

    Sur le web

    L’Appel à mobilisation de la LPO
    https://www.lpo.fr/actualites/appel-a-mobilisation-repondez-a-la-consultation-publique-sur-les-grands-cormoran

    L’arrêté du 8 septembre 2016
    https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=5E593586B29EF3D41CC9179361FEF6FE.tpdila19v

    « Sale temps pour les grands cormorans » - Blog de Nature Environnement 58 http://ecologie58.blog4ever.com

    Le rapport Loïc Marion
    http://www.naturessonne.fr/telechargements/Rapport-recensement-GC-L-Marion-2008-2009.pdf

    Lire aussi : Les animaux ont-ils droit à un avocat ?
    http://jefklak.org/?p=3228

  • Agriculture : et si on produisait plus avec moins de pesticides et d’engrais
    http://www.lemonde.fr/biologie/article/2016/06/27/l-agronomie-grandeur-nature_4959034_1650740.html

    Ils étaient près de quatre-vingts à avoir fait le déplacement. Quatre-vingts agriculteurs – céréaliers, éleveurs, apiculteurs – rassemblés, samedi 18 juin, au Centre d’études ­biologiques de Chizé (CEBC, CNRS-université de La Rochelle), dans les Deux-Sèvres, venus assister à la restitution annuelle des résultats du laboratoire. Silence attentif dans la salle de conférences de l’unité de recherche, installée au cœur de la forêt de Chizé. Ecoute attentive mais aussi étonnée, car Vincent Bretagnolle (CNRS) présente cette année un résultat stupéfiant. Le rendement économique des céréaliers peut être substantiellement augmenté – jusqu’à 200 euros par hectare de blé ! – en divisant par deux la quantité d’herbicides et d’engrais azotés épandus. La première question qui vient à l’esprit est : en les remplaçant par quoi ? « En les remplaçant par rien du tout », ­répond le chercheur.

    #paywall #agriculture

    • Ils étaient près de quatre-vingts à avoir fait le déplacement. Quatre-vingts agriculteurs – céréaliers, éleveurs, apiculteurs – rassemblés, samedi 18 juin, au Centre d’études ­biologiques de Chizé (CEBC, CNRS-université de La Rochelle), dans les Deux-Sèvres, venus assister à la restitution annuelle des résultats du laboratoire. Silence attentif dans la salle de conférences de l’unité de recherche, installée au cœur de la forêt de Chizé. Ecoute attentive mais aussi étonnée, car Vincent Bretagnolle (CNRS) présente cette année un résultat stupéfiant. Le rendement économique des céréaliers peut être substantiellement augmenté – jusqu’à 200 euros par hectare de blé ! – en divisant par deux la quantité d’herbicides et d’engrais azotés épandus. La première question qui vient à l’esprit est : en les remplaçant par quoi ? « En les remplaçant par rien du tout », ­répond le chercheur.

      Si les agriculteurs se déplacent chaque année aussi nombreux pour assister à la grand-messe du Centre d’études biologiques de Chizé, c’est aussi qu’ils sont, en quelque sorte, coauteurs des résultats présentés. Sans eux, rien ou presque ne serait possible. « La zone atelier Plaine et Val de Sèvre sur laquelle nous travaillons fait 450 kilomètres carrés, et recouvre plus de 400 exploitations agricoles, plus de 15 000 parcelles, explique Vincent Bretagnolle, le directeur de la zone atelier. Nous pouvons ainsi faire de l’expérimentation à l’échelle d’un territoire, “manipuler” les paysages pour explorer les relations entre la biodiversité et les activités agricoles, mais nous ne pouvons le faire qu’avec le concours des agriculteurs. »

      Les mauvaises herbes aussi aiment l’azote

      Cette participation à la recherche est enthousiaste et désintéressée. A chaque fois que les exploitants sont sollicités et qu’un surcroît de travail leur est demandé pour apporter leur concours à une ­expérience, un dédommagement financier leur est proposé. Mais dans l’écrasante majorité des cas, ils le déclinent.
      La zone atelier est un vaste damier sur lequel les chercheurs déplacent ainsi des pions : installer une prairie ici, retarder la fauche de la luzerne là, épandre plus d’azote ici et moins d’herbicides ailleurs… Et voir comment environnement et production agricole coréagissent.

      Le bric-à-brac du laboratoire, ce sont des sachets de thé enterrés, puis déterrés et pesés pour mesurer la capacité des sols à dégrader la matière organique, des bocaux d’échantillons de retour du terrain, des pièges à insectes bricolés à partir de fond de bouteilles plastiques.
      L’expérience phare présentée cette année, testant l’efficacité des herbicides et engrais azotés, est partie d’une idée simple. « Dans un champ de blé, l’agriculteur a deux outils de pilotage principaux : les herbicides et l’azote. Il met de l’azote pour avoir plus de blé et des herbicides pour avoir moins d’adventices [mauvaises herbes], raconte le chercheur. Mais lorsqu’il met de l’azote, les adventices l’utilisent aussi. Notre idée a donc été de chercher à étudier la compétition qu’il pouvait y avoir entre le blé et les adventices. » Dans une première étude menée en 2007, 150 parcelles de 30 exploitations de la zone atelier ont été enrôlées. L’échantillon balaie tout le spectre des pratiques, depuis les plus gros utilisateurs d’herbicides et d’azote jusqu’à des agriculteurs bio n’utilisant ni l’un ni l’autre. Une première analyse corrélative, à paraître dans une revue internationale, suggère qu’une réduction des herbicides ne semble pas avoir d’impact important sur les rendements.

      Pour achever la démonstration, les chercheurs sont allés plus loin : ils ont demandé aux agriculteurs de diviser leurs parcelles en huit sous-parcelles et de faire varier les paramètres : présence ou absence de culture, quantités variables d’azote et d’herbicides utilisés, etc. Les résultats de ces travaux, en cours de finalisation, suggèrent qu’une réduction couplée d’azote et d’herbicides ne conduit à aucune baisse de rendement. Et l’intégration de ces données dans des modèles économiques montre des gains économiques importants. « Ce que l’on montre, grosso modo, c’est que les herbicides font baisser la diversité d’adventices en détruisant bien plus les espèces rares que les espèces les plus communes qui portent, elles, préjudice aux cultures », explique Vincent Bretagnolle.

      Pour la première fois en plein champ

      Piege de type Barber, enterré dans le sol, il recueille les insectes rampants. Centre d’études Biologique de Chizé (CEBC).

      Reste une question : pourquoi, si ces résultats sont valides, les agriculteurs persistent-ils à utiliser autant d’intrants ? « En station, dans des conditions ultracontrôlées, les instituts techniques trouvent des résultats à l’opposé, constate en effet le chercheur. Mais ces conditions ne sont jamais remplies en plein champ, en conditions réelles. C’est tout l’intérêt de travailler comme nous le faisons, à l’échelle du paysage, en tenant compte de toutes les diversités de comportements des agriculteurs, des différents environnements, etc. » Aussi incroyable que cela paraisse, de tels essais, grandeur nature, « n’avaient au­paravant jamais été menés en plein champ », précise Vincent Bretagnolle.

      En milieu contrôlé, les problèmes sont considérés et traités un par un, indépendamment les uns des autres. « Or les systèmes écologiques sont des systèmes complexes. Si on prend l’exemple très simple d’une proie et de son prédateur étudiés en système clos, le résultat de toute expérience ou de toute modélisation est très simple : l’un puis l’autre disparaissent, illustre le chercheur. Mais dès lors que ce système confiné est connecté à un autre système, la proie et le prédateur persistent. Et plus on connecte les milieux, plus l’espace est continu, plus les résultats divergent de ce que l’on trouve dans un environnement clos et simplifié à l’excès. » Dans la vie réelle, la complexité de l’écosystème s’impose.

      Plus de pollinisateurs, plus d’oléagineux

      La destruction – pour une grande part inutile – des adventices a-t-elle un effet direct sur d’autres compartiments de l’écosystème ? A l’évidence. « Entre la floraison du colza et celle du tournesol, les abeilles et les pollinisateurs en général sont confrontés à une forme de disette, explique Clovis Toullet, chercheur associé au dispositif Ecobee, mis en place par l’INRA et hébergé par la zone atelier. Au cours de cette période, ce sont précisément les adventices qui permettent de nourrir les abeilles. » Les cinquante ruches du dispositif sont placées aléatoirement dans la zone atelier et servent d’observatoire de la qualité de l’environnement : les principaux paramètres de chaque colonie sont régulièrement mesurés – mortalité et démographie, taille du couvain, production de miel, présence de pathogènes ­naturels, type de pollen rapporté. Ainsi, il a été possible de montrer que c’est une adventice (par ailleurs élégante), le coquelicot, qui fournit à ­certaines périodes de l’année jusqu’à 60 % de leur pitance aux ruches.

      Bocaux d’échantillons revenant du terrain. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      Eradiquer trop d’adventices, c’est donc affaiblir les colonies d’abeilles et les pollinisateurs sauvages. C’est, en conséquence, prendre le risque de faire chuter les rendements des cultures de tournesol et de colza avoisinantes. C’est un des autres grands résultats obtenus à Chizé. Mais l’expérimentation est délicate : il est impossible de manipuler finement la quantité d’abeilles ou de pollinisateurs – on en dénombre près de 250 espèces sur la zone atelier – qui fréquentent un champ d’oléagineux. Les chercheurs ont donc procédé autrement. Sans se laisser intimider par l’ampleur de ce travail de fourmi, ils ont arpenté des champs de colza et de tournesol, et ont « ensaché », à la main, les fleurs de certaines parcelles avec des tulles aux mailles de tailles diverses. Certaines laissent passer les plus petits pollinisateurs, mais arrêtent les plus gros comme les abeilles ou les bourdons. D’autres interdisent l’accès des fleurs à tous les insectes, ne laissant que le vent faire le travail de pollinisation.

      Piège à pollinisateurs, remplis d’eau salée et de savon, et fixés dans une parcelle, ils attirent entre autre les abeilles qui restent piégées. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).
      Résultat : confirmant des travaux précédents, publiés par d’autres équipes, les chercheurs du CEBC montrent que l’augmentation de l’abondance de pollinisateurs peut augmenter les rendements du tournesol de 20 % environ. « Sur le colza, ajoute M. Bretagnolle, augmenter d’un facteur dix l’abondance de pollinisateurs peut faire grimper le rendement de 34 %, ce qui est consi­dérable. » Réputés se contenter du vent pour leur pollinisation, les oléagineux bénéficient donc grandement des services rendus par les abeilles, bourdons et autres papillons. Contrairement à une idée très ancrée, maraîchage et arboriculture ne sont pas les seuls à tirer parti de la pollinisation : certaines grandes cultures lui sont redevables également.

      Le bio bénéficie-t-il au conventionnel ?

      D’où les bénéfices rendus par les zones ou les systèmes agricoles qui permettent aux pollinisateurs de s’alimenter et de survivre. Et en particulier les prairies où la diversité florale est importante, ou encore les parcelles conduites en agriculture biologique. Mais là encore, la recherche à l’échelle du paysage complique tout. Les travaux menés sur la zone atelier ont ainsi montré que la diversité florale d’une parcelle dépend autant du mode d’agriculture pratiqué dans la parcelle elle-même que des modes d’agriculture adjacents. « Typiquement, on trouve en moyenne une di­versité d’espèces florales deux fois supérieure sur les parcelles conduites en agriculture biologique, par rapport à ce que l’on trouve dans celles ­conduites en conventionnel, dit ainsi Sabrina Gaba, chercheuse au Laboratoire agroécologie de l’INRA, à Dijon, et qui travaille sur la zone atelier. Mais nous avons montré que les effets du paysage comptent énormément : la diversité est ­augmentée dans les paysages riches en parcelles bio et cette plus grande richesse est essentiellement le fait de la présence d’espèces rares, donc sans impact attendu sur la production agricole. »

      Feuille de graines, placée dans une parcelle et relevée quelques jours après, le delta des graines manquante permet d’évaluer la présence de prédateurs. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      Forts de ce constat, les chercheurs vont tester une hypothèse : l’existence d’externalités positives de l’agriculture biologique – c’est-à-dire de bénéfices collatéraux dont profiteraient les parcelles conventionnelles adjacentes. L’hypothèse est plutôt à contre-courant des idées dominantes, qui considèrent que les champs bio, moins traités, sont des réservoirs à ravageurs et à pathogènes et qu’ils portent plutôt préjudice à leur entourage. « Nous allons tester cela sur la zone atelier, en cherchant à savoir si l’agriculture biologique a, au contraire, un effet bénéfique sur les autres parcelles en servant de refuge à des pollinisateurs ou à des organismes auxiliaires, par exemple susceptibles de faire du biocontrôle [c’est-à-dire de la prédation des ravageurs] », ­explique Sabrina Gaba. Soixante carrés de 1 kilomètre de côté ont été sélectionnés dans la zone atelier. Dans chaque carré, une proportion variable de surfaces conduites en agriculture biologique, de 0 % à 80 %, et trois parcelles-cibles à étudier : l’une en blé bio, une autre en blé conventionnel et une dernière en colza ou tournesol conventionnel.

      Les résultats escomptés permettront de déterminer si l’agriculture bio a un effet bénéfique sur les parcelles adjacentes et, peut-être, d’estimer le bénéfice économique qu’en ont tiré – sans le ­savoir – les agriculteurs conventionnels.
      Rémanence de certains pesticides

      Pour cela, il faut aussi écarter tous les facteurs possibles de confusion. Et connaître finement toutes les pratiques des agriculteurs de la zone. Etre capable de savoir quels types d’intrants ont été utilisés, quand et en quelles quantités. C’est un gigantesque travail de porte-à-porte et d’indexation. Tout l’historique des 15 000 parcelles de la zone atelier est dûment enregistré depuis la création de la zone atelier, voilà vingt-deux ans. L’effort pourrait sembler disproportionné en regard du bénéfice scientifique attendu : à quoi bon savoir ce qui s’est passé quelques années plus tôt sur une parcelle ?

      Tubes de rangement d’insectes (Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      L’information ne permet pas seulement de suivre sur le long terme l’impact environ­nemental ou agronomique de la rotation des cultures. Il devient utile pour évaluer la rémanence de certains pesticides. En 2013 et 2014, les chercheurs du CEBC ont mené une expérimentation sur du colza traité au thiaméthoxame (un néonicotinoïde). L’un des préalables à l’étude était de contrôler les quantités de substances retrouvées dans le pollen et le nectar des plantes traitées. « Or nous avons eu la surprise de dé­couvrir également de l’imidaclopride, un autre néonicotinoïde auparavant utilisé sur le blé, dit Fabrice Allier, ingénieur à l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation et associé au centre de Chizé. Parfois, on voit que du blé Gaucho [nom commercial du blé dont les semences ont été enrobées d’imidaclopride] a été planté il y a plusieurs années, mais que des résidus d’imidaclopride persistent dans le nectar et le pollen du colza planté aujourd’hui sur les mêmes parcelles. »

      Effondrement massif des insectes

      La découverte, publiée à l’automne 2015 dans la revue Proceedings of the Royal Society B, est d’autant plus surprenante que les taux d’imidaclopride retrouvés dans ces plantes mellifères, très attractives pour les abeilles, excèdent parfois les taux de thiaméthoxame détectés – molécule avec laquelle elles ont pourtant été traitées ! Les mécanismes de rémanence, de remobilisation et de transport de ces substances dans l’environnement sont encore peu connus. Un manque de connaissance fort dommageable, les néonicotinoïdes étant suspectés de produire des effets délétères de grande ampleur sur ­l’ensemble de la biodiversité – le cas de l’abeille ­domestique étant le plus médiatisé.

      Sachets de thé ayant passé entre un et deux mois à 7 cm sous le sol afin de mesurer la capacité du sol à dégrader la matière organique, ils sont pesés avant et après l’expérience. Centre d’études biologique de Chizé (CEBC).

      Malgré la forte implantation d’agriculteurs bio – près du double du niveau national – et malgré les dispositifs de maintien de la biodiversité rendus possibles par son classement Natura 2000, d’importants dégâts se font sentir dans la zone atelier. Ils sont en accélération, et Vincent Bretagnolle suspecte l’impact des « néonics ». « Les derniers chiffres qui ont été publiés et qui montrent une augmentation récente de leur utilisation d’environ 30 % correspondent bien à ce que l’on voit dans la zone atelier, s’alarme le chercheur. Depuis 2012-2013, on assiste à un effondrement massif des insectes. Les populations de carabes, un petit scarabée qui est ici l’espèce la plus commune et qui remplit d’importantes fonctions écosystémiques, ont chuté de 90 % en vingt ans. Cette tendance, on peut l’observer sur un grand nombre de taxons [catégories d’êtres vivants] : pour l’alouette des champs, pour le campagnol, on est sur un rythme comparable d’effondrement. C’est très inquiétant. »

      Le plus déprimant, pour les chercheurs, n’est pourtant peut-être pas tant de documenter le désastre que de produire des connaissances dont les décideurs semblent n’avoir que faire…