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  • Signalé par Angry Arab : comment Clinton et Obama obéissent aux ordres des émiratis
    http://www.nytimes.com/2012/09/25/us/politics/arab-spring-proves-a-harsh-test-for-obamas-diplomatic-skill.html

    The lingering resentment over Mr. Mubarak’s ouster had another apparent consequence. Mrs. Clinton’s criticism of the military intervention in a Paris television interview angered officials of the United Arab Emirates, whose military was also involved in the Bahrain operation and who shared the Saudis’ concern about the Mubarak episode.

    The Emiratis promptly threatened to withdraw from the coalition then being assembled to support a NATO-led strike against Col. Muammar el-Qaddafi, the Libyan leader. The Emiratis knew they were needed to give the coalition legitimacy. They quickly named their price for staying on board, according to Arab and Western diplomats familiar with the episode: Mrs. Clinton must issue a statement that would pull back from any criticism of the Bahrain operation. 

    The statement, hastily drafted and vetted by Emirati and American officials, appeared soon afterward, in the guise of a communiqué on Libya.

    • Plus généralement, sur les arrangements saoudo-américain (comprenant les EAU qui participèrent à l’invasion de Bahreïn), qui vît les Américains fermer les yeux sur l’invasion de Bahreïn tandis que le couple Qatar-Arabie saoudite se débrouillait pour obtenir l’aval de la Ligue arabe pour une opération en Libye, on peut lire l’étonnant article de Pepe Escobar. Je me permets d’en poster la longue traduction que j’avais faite à l’époque :

      Mis à nu : l’accord américano-saoudien sur la Libye
      par Pepe Escobar / 2 Avril 2011
      Source Asia Times Online
       : http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MD02Ak01.html

      « Vous envahissez Bahreïn. Nous dégageons Mouammar Kadhafi en Libye. » C’est, en résumé, l’essence de l’accord conclu entre l’administration Obama et la Maison des Saoud. Deux sources diplomatiques aux Nations Unies ont confirmé, indépendamment l’une de l’autre, que Washington, via la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, avait donné le feu vert à l’Arabie saoudite pour envahir Bahreïn et pour écraser le mouvement pro-démocratie dans leur voisinage, en échange d’un vote « oui » de la Ligue arabe pour une zone d’exclusion aérienne en Libye – la justification principale avancée pour la résolution 1973 au Conseil de sécurité des Nations Unies.

      La révélation est venue de deux diplomates différents, un européen et un membre du groupe des BRIC, et a été faite séparément à un universitaire américain et à Asia Times Online. Etant donné le protocole diplomatique, leurs noms ne peuvent être révélés. Un des diplomates disait : « C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas soutenir la résolution 1973. Nous soutenions que la Libye, Bahreïn et le Yémen étaient des cas similaires, et appelions à une mission d’enquête. Nous maintenons notre position officielle selon laquelle la résolution n’est pas claire, et pourrait être interprétée d’une manière belliciste ».

      Comme Asia Times Online l’avait rapporté, l’approbation complète de la Ligue arabe pour une zone d’exclusion aérienne est un mythe. Sur la totalité des 22 membres, seuls 11 étaient présents au vote. Six d’entre eux étaient membres du Conseil de Coopération du Golfe (C.C.G.), le club des royaumes/émirats soutenus par les USA, parmi lesquels l’Arabie saoudite est le chef de meute. La Syrie et l’Algérie étaient contre. L’Arabie saoudite n’avait plus qu’à « persuader » trois autres membres pour obtenir le vote.

      Traduction : seuls neuf des vingt-deux membres de la Ligue arabe ont voté pour une zone d’exclusion aérienne. Le vote a été essentiellement une opération dirigée par l’Arabie saoudite, avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa désireux de peaufiner son CV pour Washington, avec l’idée de devenir le prochain président égyptien.

      Ainsi, au début, y avait-il la grande révolte arabe de 2011. Puis, inexorablement, est venue la contre-révolution américano-saoudienne.

      Que les profiteurs se réjouissent

      Les impérialistes humanitaires vont nous parler massivement d’une « conspiration », comme ils nous avaient raconté que le bombardement de la Libye avait empêché un hypothétique massacre à Benghazi. Ils défendront la Maison des Saoud – déclarant qu’elle a agi pour contrer la subversion iranienne dans le Golfe ; manifestement le « devoir de protection des populations » ne s’applique pas au peuple de Bahreïn. Ils vont promouvoir une Libye post-Kadhafi comme nouvelle Mecque – pétrolière – des droits de l’homme, avec en prime l’espionnage américain, les opérations clandestines, les forces spéciales et les affairistes douteux.

      Leurs déclarations ne changeront pas les faits réels sur le terrain – la situation résulte du sale jeu américano-saoudien. Asia Times Online avait déjà démontré à qui profitait une intervention étrangère en Libye (voir l’article « There’s no business like war business », du 30 mars). Les acteurs sont constitués du Pentagone (via l’Africom), de l’OTAN, de l’Arabie saoudite, de Moussa de la Ligue arabe, et du Qatar. En ajout à la liste, la dynastie al-Khalifa du Bahreïn, assortie de marchands d’armes, et de suspects néo-libéraux habituels désireux de privatiser tout ce qui peut l’être dans la nouvelle Libye – même l’eau. Et ne parlons même pas des vautours occidentaux planant au-dessus de l’industrie pétrolière et gazière libyenne.

      S’est révélée, par-dessus tout, l’ahurissante hypocrisie de l’administration Obama, vendant comme une opération humanitaire un grossier coup d’Etat géopolitique concernant l’Afrique du nord et le Golfe persique. Quant au fait d’une nouvelle guerre américaine contre une nation musulmane, il ne s’agirait que d’une « action militaire cinétique ».

      Il y a eu d’intenses spéculations à la fois aux USA et à travers le Moyen-Orient considérant que l’impasse militaire – et l’étroitesse de la « coalition des volontaires » bombardant la famille Kadhafi – pourrait mener Washington, Londres et Paris à se contenter du contrôle sur l’est de la Libye [NdT : la Cyrénaïque] ; une version nord-africaine d’un riche émirat pétrolier du Golfe, en somme. Quant à Kadhafi il aurait été laissé avec une Tripolitaine affamée, nouvelle version de la Corée du Nord.

      Mais si l’on envisage les dernières défections de membres importants du régime, et de plus le désir d’en finir avec ce jeu (« Kadhafi doit partir », selon les propres paroles d’Obama), on voit que Washington, Londres, Paris et Riyad ne se contenteront de rien d’autre que de tout le gâteau. Ceci inclut une base stratégique à la fois pour l’Africom et l’OTAN.

      Rassemblez les suspects inhabituels

      Un aspect des effets du sale accord américano-saoudien est que la Maison Blanche fait tout ce qu’elle peut pour s’assurer que le drame de Bahreïn soit enterré par les médias américains. La nouvelle présentatrice de BBC America, Katty Kay, a eu tout de même la décence de souligner : « ils aimeraient chasser les évènements du Bahreïn de l’actualité car in n’y a pas de réel avantage pour eux à soutenir une rébellion par des chiites ».

      Pour sa part l’émir du Qatar, Sheikh Hamad bin Khalifa al Thani, est apparu sur al-Jazeera et a déclaré que l’action était nécessaire parce que le peuple libyen était attaqué par Kadhafi. Les journalistes d’al-Jazeera, d’habitude excellents, auraient pu demander poliment à l’émir s’il allait aussi envoyer ses Mirages pour protéger le peuple palestinien d’Israël, ou ses voisins au Bahreïn de l’Arabie saoudite.

      La dynastie al-Khalifa au Bahreïn est un essentiellement un tas de colons sunnites qui ont pris le pouvoir il y a 230 ans. Par la grâce d’un grand accord du XXème siècle, ils devinrent les esclaves serviables de l’empire britannique. Le Bahreïn moderne n’est pas hanté par le spectre d’une poussée de l’Iran ; ceci est un mythe des al-Khalifa (et de la Maison des Saoud).

      Les Bahreïnis, historiquement, ont toujours rejeté l’idée d’être une partie d’une sorte de nation Chiite dirigée par l’Iran. Le mouvement de protestations vient de loin, et fait partie d’un vrai mouvement national – bien au-delà du confessionnalisme sectaire. Pas étonnant que le slogan de l’emblématique Place de la Perle [NdT : à Manama, capitale de Bahreïn] – démoli par l’épouvantable police d’Etat des al-Khalifa – était : « Ni sunnite, ni chiite : bahreïni ».

      Ce que les manifestants voulaient c’était surtout une monarchie constitutionnelle, un parlement légitime, des élections libres et régulières, et la fin de la corruption. A la place ils ont eu le remplacement d’un « Bahreïn des affaires » par un « Bahreïn des balles », et une invasion parrainée par la Maison des Saoud.

      Et la répression continue – invisible dans les grands médias américains. Les utilisateurs de Tweeter hurlent que chacun et son voisin sont en train d’être arrêtés. Selon Nabeel Rajab, président du Centre de Bahreïn pour les Droits de l’Homme, plus de 400 personnes sont soit disparues, soit en détention, certaines d’entre elles « arrêtées à des checkpoints contrôlés par des voyous amenés d’autres pays arabes ou asiatiques – ils portent des masques noirs dans la rue. » Même le blogueur Mahmood al Yousif a été arête à 3 heures du matin, faisant craindre que le même sort ne soit celui de tout bahreïni qui a blogué, tweeté, ou posté sur Facebook des messages en faveur de réformes.

      Le Flic Global est sur la lancée

      “Odyssey Dawn” [NdT : l’intervention américaine en Libye, liée à la résolution 1973] est maintenant finie. Entrez dans le Protecteur Unifié – dirigé par le canadien Charles Bouchard. Traduction : le Pentagone (via l’Africom) se transfère « l’opération militaire cinétique » à lui-même (par le biais de l’OTAN, qui n’est rien d’autre que le Pentagone dirigeant l’Europe). L’Africom et l’OTAN ne sont maintenant plus qu’un.

      Le spectacle de l’OTAN inclura des frappes de missiles aériens et de croisière, un blocus naval de la Libye, et des opérations louches : opérations secrètes au sol d’aide aux « rebelles ». On doit s’attendre à de violents raids d’hélicoptères de combat, comme en Afghanistan-Pakistan, - avec les « dommages collatéraux » conjoints.

      Un curieux développement est déjà visible. L’OTAN permet délibérément aux forces de Kadhafi de progresser le long de la côte méditerranéenne et de repousser les « rebelles ». Il n’y a pas eu là de frappes aériennes chirurgicales depuis un moment.

      L’objectif est probablement de soutirer des concessions aux ex-du régime et aux anciens libyens en exil qui infestent le Conseil National de Transition libyen (C.N.T.) – un casting de personnages douteux parmi lesquels : l’ancien ministre de la Justice Mustafa Abdel Jalil, l’ancien secrétaire à la planification Mahmoud Jibril (éduqué aux USA et ayant vécu en Virginie), et Khalifa Hifter nouveau « commandant militaire » et pion de la CIA. Le Mouvement de la Jeunesse du 17 Février, mouvement indigène digne de louanges – qui a été à la pointe de la révolte à Benghazi – a été complètement mis à l’écart.

      C’est la première guerre africaine de l’OTAN, comme l’Afghanistan a été la première en Asie centrale et du sud. Maintenant fortement configuré pour être le bras militaire de l’ONU, le Flic Global OTAN est sur sa lancée pour mettre en œuvre son « concept stratégique » approuvé au sommet de Lisbonne en novembre dernier (voir l’article « welcome to NATOstan », Asia Times Online, 20 nov. 2010).

      La Libye de Kadhafi doit être éliminée pour que la Méditerranée – le mare nostrum de l’ancienne Rome – Centcom ou aucune autre des myriades de « partenaires » de l’OTAN. Les autres nations africaines non liées à l’OTAN sont l’Erythrée, la République Démocratique Arabe du Sahara [NdT : le Sahara occidental sous administration marocaine], le Soudan et le Zimbabwe.

      Qui plus est, deux membres de “l’Initiative de Coopération d’Istanbul” de l’OTAN – le Qatar et les Emirats Arabes Unis – sont en train de combattre maintenant aux côtés de l’Africom/OTAN pour la première fois. L’Europe ? C’est trop provincial. “Flic Global”, tel est le bon chemin.

      Selon le double langage officiel de l’administration Obama, les dictateurs qui sont admissibles à une « sensibilisation américaine » – comme Bahreïn ou le Yémen – peuvent se détendre et devraient s’en tirer avec presque rien. Pour ceux qui sont admissibles à une « altération du régime », de l’Afrique au Moyen-Orient et à l’Asie, faîtes attention. Le Flic Global OTAN va venir chez vous. Avec ou sans sale accord.

      Pepe Escobar.

  • Traduction de mon cru d’un article du blog de l’ex-diplomate M.K. Bhadrakumar, ancien ambassadeur indien en Turquie notamment, et journaliste à Asia Times commentant et citant un article du Council on Foreign Relations faisant ouvertement la promotion d’une stratégie d’instrumentalisation d’al-Qaïda en Syrie. Comme le poids du CFR dans la définition de la politique étrangère américaine est notoirement important, on peut y voir clairement l’expression des arrière-pensées d’un partie au moins de l’establishment politique US.

    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar

    Al-Qaïda pour remplir le vide de Kofi [Annan] en Syrie

    Pour tous ces experts de notre communauté stratégique qui écoutent religieusement les paroles du Council of Foreign Relations à New York comme s’il s’agissait de la Bhagavad Gita, ce doit être un choc terrible – un argumentaire d’un senior fellow du CFR justifie la logique de l’utilisation de combattants salafistes comme un instrument de la politique des États-Unis pour provoquer un « regime change » en Syrie. L’argument fonctionne comme ceci :
    Malgré tous les sujets du roi et tous les chevaux du roi [référence à une comptine anglaise], les rebelles syriens ne sont pas en mesure de l’abattre. Ils sont démoralisés (comme n’importe quelle armée hétéroclite de mercenaires le serait). Donc les combattants d’Al-Qaïda sont nécessaires. "L’afflux des jihadistes apporte la discipline, la ferveur religieuse, l’expérience du combat de l’Irak, le financement de sympathisants sunnites dans le Golfe, et surtout, des résultats en termes de morts."
    "En bref, l’ASL [les rebelles syriens] ont besoin d’Al-Qaïda aujourd’hui". Bien sûr, les combattants d’Al-Qaïda auraient leur propre ordre du jour dans le renversement du régime syrien - la mise en place d’un "quartier général dans la région où les moudjahidines pourraient profiter d’un refuge sécurisé"
    Mais, ne vous inquiétez pas. Parce que, "Le calcul politique tacite entre les décideurs politiques [US] est de se débarrasser d’Assad en premier - affaiblir la position de l’Iran dans la région -. Puis de faire face à Al-Qaïda ensuite."
    C’est compris ? C’est aussi simple que cela. N’était-ce pas l’agenda que Zbigniew Brzezinski avait également épousé - avec la cohorte d’un autre roi d’Arabie saoudite et d’un dictateur militaire pakistanais - pour l’Afghanistan vers 1980 et qui avait été réalisé avec succès ? Les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan ayant ainsi obtenu un « regime change » réussi à Kaboul, enfin. Ça n’est qu’un détail mineur qu’Oussama ben Laden et Jalaluddin Haqqani en ait pourvoyé le cadre en acier à cette époque.
    Ce que soutient cet expert du CFR est en fait la politique [réelle] des États-Unis sur la Syrie. Il suffit de lire et méditer la dépêche d’aujourd’hui dans le Washington Post [1] . L’estimation des Etats-Unis est que l’agenda du « regime change » en Syrie est enlisé dans la boue. Le régime syrien est intact [2] .
    Par conséquent, une poussée militaire est nécessaire. Le nom de ce jeu est parvenir à un « atterrissage en douceur » à Damas sans effusion de sang américain - comme Wapo dit. Maintenant que les Etats-Unis et leurs alliés se sont débarrassés de la nuisance de Kofi Annan, le chemin à parcourir est clair. Lire le commentaire du CFR ici :
    http://www.cfr.org/syria/al-qaedas-specter-syria/p28782#

    [1] : http://www.washingtonpost.com/world/middle_east/us-official-says-defection-of-syrian-prime-minister-more-evidence-assad-regime-is-crumbling/2012/08/06/365cafc8-dfcd-11e1-8d48-2b1243f34c85_print.html

    [2] : http://www.csmonitor.com/layout/set/print/content/view/print/555948

    • « faisant ouvertement la promotion d’une stratégie d’instrumentalisation d’al-Qaïda » ne me semble pas aussi évident que ce qu’en dit l’auteur.

      Merci pour la traduction, évidemment, mais à mon avis le billet du CFR, qui n’est pas très long, aurait été plus intéressant que le commentaire du blog.

    • C’est vrai, vous avez raison (pour les deux remarques).
      Le point de vue du type du CFR pourrait n’être effectivement qu’un pis aller qu’il endosse et qu’il prête à certains dirigeants de Washington.
      Reste que ça relativise les inquiétudes exprimées publiquement sur la présence d’al-Qaïda en Syrie par des officiels américains, inquiétudes plus ou moins feintes qui par ailleurs servent paradoxalement de justificatif à un accroissement de l’interventionnisme US dans la crise syrienne.

      http://www.cfr.org/syria/al-qaedas-specter-syria/p28782#
      LE SPECTRE D’Al-QAÏDA EN SYRIE

      Les rebelles syriens seraient infiniment plus faibles aujourd’hui sans al-Qaïda dans leurs rangs. En gros, les bataillons de l’Armée Syrienne Libre (ASL) sont fatigués, divisés, chaotiques et inefficaces. Se sentant abandonnés par l’Occident, les forces rebelles sont de plus en plus démoralisées car ils affrontent l’armement supérieur du régime d’Assad et son armée professionnelle. Les combattants d’al-Qaïda, cependant, peuvent aider à améliorer le moral. L’afflux de jihadistes apporte la discipline, la ferveur religieuse, l’expérience du combat en Irak, le financement de sympathisants sunnites dans le Golfe, et surtout, des résultats en termes de morts. En bref, l’ASL a besoin d’al-Qaïda aujourd’hui.
      En Syrie, les soldats d’al-Qaïda s’intitulent Jabhat al-Nusrah li-Ahli Al-Sham (Front pour la protection du peuple du Levant). La puissance du groupe et son acceptation par l’ASL sont mises en évidence par leur activité croissante sur le terrain [1] - de sept attaques en mars à soixante six "opérations" en juin. En particulier, le Jabhat a aidé à porter le combat dans les deux plus grandes villes : dans la capitale Damas, où 54 pourcents de ses activités ont eu lieu, et à Alep. En effet, al-Qaïda pourrait devenir la force de combat la plus efficace en Syrie, si les défections de l’ASL vers le Jabhat persistent et si les rangs des combattants étrangers (cf Guardian [2]) continuent de gonfler.
      Al-Qaïda ne sacrifie pas ses « martyrs » en Syrie simplement pour renverser Assad. La libération du peuple syrien est un bonus, mais l’objectif principal est de créer un état islamiste sur tout ou partie du pays. A défaut, ils espèrent au moins d’établir une base stratégique pour les restes de l’organisation de l’autre côté de la frontière en Irak, et créer un quartier général dans la région où les moudjahidine pourraient profiter d’un refuge sûr. Si Al-Qaïda continue de jouer un rôle de plus en plus important dans la rébellion, alors un gouvernement post-Assad aura une dette envers les tribus et les régions alliées à au Jabhat. Au cas où ne seraient pas honorées les demandes futures du Jabhat, en supposant qu’Assad chute, cela pourrait mener à une continuation du conflit en Syrie.
      Jusqu’à présent, Washington a semblé réticent à peser lourdement sur cette question. En mai 2012, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Leon Panetta, a reconnu publiquement la présence d’Al-Qaïda en Syrie (The Guardian [3]). Et en Juillet, le chef du contre-terrorisme du Département d’Etat, Daniel Benjamin, plutôt incrédule a suggéré que les États-Unis demandent simplement à l’ASL de rejeter Al-Qaïda [4]. Le calcul politique non-dit entre les décideurs politiques est de se débarrasser d’Assad en premier – affaiblissant ainsi la position de l’Iran dans la région - puis de faire face à Al-Qaïda plus tard.
      Mais la planification pour minimiser l’emprise probable d’Al-Qaïda sur les tribus syriennes et les combattants doivent commencer dès maintenant que l’administration Obama élève le niveau de son soutien à des groupes rebelles (Reuters [5]). Bien sûr, ces préparatifs doivent également inclure des efforts pour localiser et contrôler les armes chimiques d’Assad. Les mois à venir ne seront pas faciles.

      [1] : http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-19091400
      [2] : http://www.guardian.co.uk/world/2012/jul/30/al-qaida-rebels-battle-syria
      [3] : http://www.guardian.co.uk/world/video/2012/may/11/al-qaida-syria-leon-panetta-video
      [4] : http://www.state.gov/j/ct/rls/rm/2012/195898.htm
      [5] : http://www.reuters.com/article/2012/08/02/us-usa-syria-obama-order-idUSBRE8701OK20120802