city:athènes

  • Plegaria... d’Athènes
    http://www.greekcrisis.fr/2016/06/Fr0520.html

    La Grèce, en été, rime avec soleil et... avec tourisme. Il y fait chaud, très chaud même, avec une température moyenne en ce moment de 30 °C et des pointes à 40 °C. Les stéréotypes du voyage en Grèce seront ainsi... et d’abord sauvés. Et la canicule marquera encore ses points sur le... Camp grec et sur son univers concentrationnaire économique à ciel clair. Source : greek crisis

  • Ancien #aéroport international d’#Athènes à l’abandon.Transformé en camp de #réfugiés. Un dessin de #Elisa_Perriguer

    Ancien aéroport international d’Athènes, Grèce. Sous une chaleur écrasante, des tentes bordent les bâtiments, le linge sèche vite. Des migrants, essentiellement Afghans, s’abritent dans les locaux de l’ancienne infrastructure, sous les panneaux d’affichage noir, les Escalators à l’arrêt, les comptoirs vides... L’aéroport a été laissé à l’abandon en 2004, après les #JO.


    https://www.instagram.com/p/BG2PlK1DHsP
    #dessin #croquis #camps_de_réfugiés #ghost-town #ghost_town #Grèce #campement #camp_de_réfugiés #asile #migrations #réfugiés #jeux_olympiques #JO

  • Athènes (Grèce) : Et la nuit tombe sur Exárcheia…-Non Fides
    http://www.non-fides.fr/?Athenes-Grece-Et-la-nuit-tombe-sur-Exarcheia

    @Ad Nauseam - [NdNF : Il y a une semaine, nous publiions quelques informations et réflexions sur l’exécution anonyme d’un dealer à Exárcheia, un assassinat qui n’a toujours pas été revendiqué, n’en déplaise aux amateurs de sensations fortes sur les réseaux sociaux. Nous y soulignions les conflits théoriques (et donc (...)

    #Non_Fides / #Mediarezo

  • Athènes (Grèce) : Quelques mots sur l’exécution anonyme d’un dealer à Exárcheia
    https://nantes.indymedia.org/articles/35078

    Il y a quelques jours dans le quartier d’Exárcheia, à Athènes, un homme de 35 ans, membre actif de la mafia albanaise et dealer connu du mouvement anarchiste pour des propos déplacés envers des compagnonnes et des attaques au couteau, a été exécuté. Touché par quatre balles, il est mort une heure plus tard à l’hôpital.

    #Guerre

  • En #Grèce, « un peuple qui se sent coincé »
    https://www.mediapart.fr/journal/international/160616/en-grece-un-peuple-qui-se-sent-coince

    Dans #Athènes. © #Christos_Chryssopoulos / Athènes - Disjonctions L’écrivain Christos Chryssopoulos, figure émergente de la #Littérature grecque, décrit le « sentiment que les choses ne peuvent pas s’améliorer » qui parcourt son pays. Si le monde de l’édition est directement et sévèrement touché par l’étranglement financier, ce contexte oblige aussi tous les artistes à « se positionner » dans une société marquée désormais par une forte « polarisation ».

    #International #Création #Crise #écrivain #europe #Syriza #théâtre

  • Athènes (Grèce) : Quelques mots sur l’exécution anonyme d’un dealer à Exárcheia-Non Fides
    http://www.non-fides.fr/?Athenes-Grece-Quelques-mots-sur-l-execution-anonyme-d-un-dealer-a-Exarche

    @Ad Nauseam - Il y a quelques jours dans le quartier d’Exárcheia, à Athènes, un homme de 35 ans, membre actif de la mafia albanaise et dealer connu du mouvement anarchiste pour des propos déplacés envers des compagnonnes et des attaques au couteau, a été exécuté. Touché par quatre balles, il meurt une heure plus tard (...)

    #Non_Fides / #Mediarezo

  • Royaume de Grèce
    http://www.greekcrisis.fr/2016/06/Fr0518.html

    Depuis Athènes, une partie de la presse grecque commente suffisamment les derniers chiffres issus des statistiques... habituelles. Durant le premier trimestre de l’année 2016 le volume des ventes dans la grande distribution en Grèce a connu une baisse de 7,8%, comparé aux résultats de l’année dernière. En mars de cette année, la baisse enregistrée a été de 13,5%, une première ! Source : greek crisis

  • SI UNE FORCE DÉCOUVRE SON PROPRE NOMBRE...

    Le gouvernement révèle qu’il « puise déjà dans ses réserves stratégiques ». Il croit parler carburant.

    Dans certains contextes (fin de règne, modèle dominant usagé, veille d’apocalypse), il est plus difficile que d’ordinaire d’enfermer la générosité et la détermination. On a beau les assigner à résidence, les murer dans le silence et le mensonge, ou les incarcérer tout court, rien n’y fait. Impossible de dire alors où s’arrête le rayon d’action d’un geste, pour peu qu’il soit simple et franc. À croire qu’il suffit parfois d’y aller franchement, pour faire dans l’époque une mince ouverture. Un déchirement de chemise peut trouver, bien plus tard, un prolongement inattendu. Signe discret que le présent s’est ouvert. Que nous vaut l’efficacité de cette chemise de DRH arrachée ? Si le geste trouve à se continuer, c’est peut-être qu’il arrive de très très loin, du plus profond de nous. C’est peut-être qu’il est dans le futur.

    Depuis mars, semaine après semaine, l’émeute est comme un fou rire : plus on la réprime, plus on la tient confinée, plus elle éclate et se communique. La vigueur des cortèges de jeunesse – où l’on s’en prend à la police, et accessoirement aux agences bancaires – la salubre énergie des méchants casseurs devait à la longue se révéler contaminante. Gares, ports, autoroutes, centres logistiques, raffineries, terminaux et dépôts pétroliers, centrales nucléaires : on s’avance tranquillement et sûrement vers un blocage de la France entière.

    Un virus sérieux sait muter. Ce qui est manifestation offensive à un endroit, devient blocage acharné un peu plus loin. C’est la même volonté de faire mal à l’ordre en place. Si la radicalité d’une action anticapitaliste se mesure à la longueur de l’ardoise, eh bien, les syndicalistes l’emportent haut-la-main sur les autonomes.

    Quel rapport peut s’établir entre la bonne vieille CGT et les (très courus) cortèges d’infréquentables ? A priori tout nous oppose. Or, le propre d’une lutte est justement d’avoir raison des « a priori ». Le 24 mai, à 4 heures 30 du matin, quand les forces de sécurité ont viré le blocage de Fos-sur-Mer, elles ont ramassé. Il n’y a pas dix mille façons de faire preuve de détermination. 7 blessés côté loyalistes. À l’entendre, la CGT veut avant tout éviter la bagarre, en déplaçant les barrages au gré des interventions de la police. Mais face au jusqu’au-boutisme froid de l’exécutif, à un certain moment, on doit se défendre. Fatalement. Et la meilleure défense,

    En définitive, l’écart le plus grand qu’on pourra jamais trouver dans ce mouvement ne se situe pas entre shegueys et syndiqués, charos et orgas, désœuvrés et travailleurs. Il se situe entre Martinez 1 et Martinez 2. La grande question est donc : Philippe, il s’est passé quoi ?
    ...
    « Maintenant, on a les directions syndicales avec nous ? » Rosa Luxemburg parle de ces moments où « le nombre découvre sa propre force ». Aujourd’hui, il semble qu’une force découvre, n’en finit pas de découvrir, son propre nombre.
    Quelle force ? Depuis deux mois, on grandit ensemble, en avançant. Comme on pouvait le lire sur une de ces banderoles renforcées qui, mises bout à bout, forment une sorte de journal vivant de la lutte : « Nous naissons de partout, nous sommes sans limites ». (On imagine que faire corps avec un message doit avoir en soi quelque chose de renforçant, cela doit venir blinder la bâche derrière laquelle on charge les flics. Bien sûr, chacun reste libre de ne pas y voir un rapport offensif et touchant avec la vérité.)

    Mais quelle force ? En plein cœur du mouvement, il n’y a pas l’unité, il y a les contradictions, les désaccords à leur comble. Qu’on en reste là, et c’est le malentendu qui triomphe : le service d’ordre du 17 mai en mode casques manches de pioche, lancé à l’assaut des jeunes déters, et qui s’en revient la queue entre les jambes, conspué par 5000 personnes. Mais qu’on continue à avancer, et c’est simplement [notre force] qui peu à peu se dégage, la vérité qui progresse.

    Vérité, au sens où ce ne sont pas les automatismes qui ont le dessus, mais ce qui les détraque. Au sens où nul ne se satisfait « d’être soi-même », où chacun se trouve heureusement dépassé.
    Au sens où personne, tant qu’on avance, ne peut dire ce qui réellement est en train d’avoir lieu. Où chacun sent bien que son angle d’attaque n’est qu’une pièce au service de la situation : une pièce du puzzle, qui ne prend sens qu’aux côtés des autres. Vérité, comme un puzzle dont personne ne connaît d’avance l’image complète – si ce n’est Flamby, dans ses rêves (« Les vacances, et tout cela s’évanouira, tout retournera au néant »). Vérité, au sens où on ne lâche rien, puisqu’on ne connaît qu’un mot d’ordre, qu’on garde comme un talisman : « Continuons le début ».

    Notre force ? Il n’y a d’unité que dans l’ennemi commun, et la confrontation interne : unité négative. Aussi faut-il élever la négation au rang d’art, et commencer par distinguer plusieurs manières d’être [contre]. On ne s’oppose pas à Cazeneuve comme on se tient à distance de telle pratique au sein de la lutte, ou encore comme on désapprouve un ami.

    Nous de la lutte, notre force est insaisissable, intempestive, réductible à rien de répertorié. Par conséquent, ses détracteurs doivent l’appeler violence – et l’entourer de la nuée lexicale traditionnelle : « casseurs », « en marge », « une minorité », « radicalisation », « ultras », « archaïsmes », etc. Le gouvernement en trois mots : isoler les violents. En date du 26 mai, la CGT est à son tour qualifiée d’« organisation extrémiste minoritaire ». Il est à parier que, dans deux jours sur BFM, ses militants seront décorés casseurs. À tout le moins, Gattaz donnera dans la « dictature stalinienne » et le « terrorisme ».

    Le pouvoir parle de « violence » quand il flaire l’irrécupérable. Trouble, flou, tabou universel, ce concept permet toutes les confusions propices au parti de l’ordre. Depuis le temps on connaît la musique. D’un côté, ce qui est violent et insoumis à l’ordre républicain est nécessairement disqualifié : barbarie. De l’autre, la violence dont la République fait usage est plus que légitime, si légitime qu’elle disparaît : on parlera tout au plus de « fermeté ».

    Ainsi, le monopole de la violence existe à proportion de sa disparition aux yeux de tous. Qu’il crève l’écran prouve immédiatement à l’État qu’on le lui conteste en acte, son monopole. Le théologien de la Place Beauvau doit alors monter en chaire, et s’élever contre « ceux qui théorisent une consubstantialité de la police à la violence ». Hum, complexe.

    L’ennemi s’embourbe dans l’impossibilité où il est de pouvoir assumer sa violence. À l’inverse, assumons ! Il suffit d’apporter une définition amie, hérétique. La violence, c’est « la qualité de ce qui agit avec force ». L’enjeu politique n’est pas ailleurs : telle expression violente rencontrera-t-elle son propre nombre ? Telle force découvrira-t-elle son propre monde ?
    « Le nombre » dont on parle c’est un [nombre singulier], c’est telle force, ce n’est pas le plus grand nombre. C’est ce qui, à chaque lutte, vient au devant de la scène : nous. La défaite, c’est quand nous de la lutte nous laissons à nouveau dispatchés en individus, classes, peuple. « L’individu » ? L’illusion de la liberté. « Le groupe social » ? Le nous identitaire, la communauté aliénée. « Le peuple », « le plus grand nombre » ? Alibis en béton de toute oligarchie.

    La défaite, elle vient toujours comme notre retour à l’état social. La défaite c’est nous, mais divisés en personnes, figés en groupes arrêtables, préfabriqués en classes, et fantasmés en peuple. On ne nous y reprendra plus.
    Alors, que reste-t-il ? Cette simple idée. Partir de ce qu’il y a de meilleur en nous : ces moments où nous avons su faire preuve ensemble de générosité et de détermination. Ces deux mois et demi en regorgent (#pontd’austerlitz). Partant de là, il reste à « penser, attaquer, construire. »

    Quand le contact se fait entre ces deux éléments, force & nombre, quand la magie opère, alors, rien ne nous arrête. Et l’alchimie tient en partie à cela : que l’on s’exerce, encore et encore, à faire l’impossible résumé des épisodes précédents. Previously bienveillant et partial.
    Notre force a su répondre à une intrusion de la police dans une fac (17 mars) par une manif sauvage offensive (21 mars). Elle a su répondre au tabassage d’un lycéen par des attaques de commissariats (25 mars). Comme elle a répondu plus tard à la mutilation d’un manifestant par la prise de la Maison du Peuple, en plein cœur de la zone rouge (Rennes, 1er mai). Quand le RAID a mis fin à l’occupation, notre vengeance a été belle. « Toutes nos condoléances aux familles des vitrines ». – On me souffle dans l’oreillette que la Maison du Peuple vient d’être réoccupée (27 mai) – puis évacuée de nouveau (29 mai).

    Étrangère aux canaux classiques de la représentation, notre force a su presque partout se rendre autonome dans des cortèges distincts, en prenant la tête des défilés unitaires, ou encore en chassant le SO qu’on avait tragi-comiquement lancé à ses trousses. (On peut être sûr que le 14 juin, marchant sur Matignon ou l’Élysée, chasubles rouges et coupe-vent noirs, côte à côte nous chargerons la police – #onestenfinale).

    Face aux diverses manœuvres de maintien de l’ordre, notre force a su déborder, encore et toujours. Il est vrai qu’en deux mois et demi, la tête de cortège a plus que décuplé. Elle a bouté les flics hors des trottoirs (1er mai). Les dispositifs d’encerclement « fuient » de partout : par les toits, les entrées d’immeubles, les chantiers, les commerces. Quand ils tronçonnent les manifs, les flics se retrouvent eux-mêmes pris en sandwich et tout le monde les pourrit. Quand la préfecture interdit de manifester, des milliers de personnes bravent l’interdit (Nantes, Rennes). Une solidarité impensable a vu le jour au milieu des gaz, des nasses, des charges, des interpellations, des blessures sales, des égratignures, dans la mêlée, en garde-à-vue. Des mains secourables surgissent dans les pires moments, on se souvient du parapet devant la gare de Lyon (31mars).
    Face au vide propositionnel de Nuit Debout, notre force a lancé des cortèges sauvages vers des lieux de pouvoir (9, 11, 12, 14 avril), déclenché des affrontements massifs des heures durant, République noyée sous les gaz (15 avril). Surtout, elle a construit sur la place, dans l’idée de rendre effective l’occupation promise. Un court instant, c’était la ZAD en ville. La répression a été féroce comme jamais (28 avril). Après quoi, notre force a trouvé aux Beaux-Arts un refuge temporaire et monumental (12 mai).

    Le 18 mai, quand les flics ont voulu réserver la place de la République pour gémir devant le médias, faire des selfies avec leurs amis politiques, et mater des vidéos d’émeutes sur écran géant en ayant tout loisir de faire « bouh », alors, notre force a submergé leur opération de communication lamentable. L’État a naturellement cherché à se venger de ce méchant buzz. À l’heure qu’il est, montrant les flammes virales, il essaie encore de faire croire à une sombre « tentative d’homicide sur véhicule dépositaire de l’autorité publique ».

    « J’aurais énormément de difficultés à considérer qu’il y a derrière ces hordes sauvages quelque chose qui ressemble à de l’humanité ou a fortiori à un début d’idéal » (Bernard de Beauvau, le 19 mai). Il faut s’empresser de dire, à tous ceux qui ne savent pas encore quoi penser de la violence politique : voyez, c’est atroce, c’est immonde – ou plutôt : détournez-le regard. Il y a chez notre ennemi démocrate une incapacité structurelle à envisager celui qui le combat comme un adversaire loyal.

    AOUH ! Si nous sommes des barbares, ce n’est pas au sens où ils l’entendent. Dans leur bouche, « les casseurs » incarnent une vision du combat complètement déréglée. Or, il n’y a rien de plus réglé qu’un affrontement. Chacun connaît « les règles du jeu » : tout ce qui vient délimiter, matériellement et politiquement, le champ de bataille. L’enjeu est de résister de la manière la plus tenace et maligne à un armement qui, par définition, situe l’ennemi hors de notre portée. Aussi loin qu’il peut aller, un manifestant a un million de fois moins de chances qu’un flic de tuer quelqu’un d’en face. La police joue avec nos vies à chacune de ses interventions (le 26 mai encore), la réciproque n’est pas vraie. C’est dans ce cadre-là, non dépassable jusqu’à nouvel ordre, que les manifestants peuvent s’enhardir. S’il arrive qu’ils [cherchent la limite] (dirait un éduc), c’est bien que, des limites, il y en a. Modifier ce cadre est à la portée de quelque chose comme une insurrection, sûrement pas d’un quelconque défilé, si bouillant soit-il.

    Du côté de l’État, on a beau jeu de passer artificiellement d’un répertoire à l’autre : on a plus ou moins dans l’idée de réserver au manifestant d’aujourd’hui le traitement qu’on jouirait d’infliger demain à l’insurgé. Et si, insensiblement, on faisait glisser la manifestation dans la zone « cours d’Assises » ? Cette perversion, on ne l’invente pas, elle est inscrite noir sur blanc dans l’état d’urgence. Il reste que tous ceux qui luttent ont bien conscience que porter volontairement atteinte à une vie humaine, c’est briser le mouvement de résistance pour des années, voire des décennies. Nul besoin de se lancer dans un débat moral : c’est une absurdité stratégique complète, dans le moment historique où nous sommes. Tout le monde a entendu parler du désastre des morts de la banque incendiée à Athènes.

    Et maintenant ? Face à l’impassibilité surjouée de l’exécutif, face à la [violence] avec laquelle il « comprend mais », devant la façon au fond puérile qu’il a de se cacher derrière des contingents de flics, devant le [chantage à l’Euro] qu’il brandit comme arme fatale et lapsus révélateur, maintenant, notre force a recours au blocage en série de nombreux points stratégiques. Les syndicalistes tiennent des promesses que depuis longtemps ils n’osaient même plus formuler. Une génération entière, qu’on croyait défaite, rangée de l’Histoire, retrouve goût à la grève, à la fumée noire, à l’action collective, au coup de force assumé. Un docker le dit. « En attendant, tous les matins, on peut se regarder dans le miroir ». Tous les secteurs s’y mettent, la France entière est touchée. Il s’agit d’affamer le Capital, d’assécher la Machine, strangulation des flux, on est chaud. Le poids de l’intimidation quotidienne s’abat d’un coup sur les épaules de ceux qui l’exercent. Avec tout ça, on a pris la confiance.

    Nicolas Valls doit stipuler que ce n’est pas la CGT qui gouverne. Comme les médias aiment bien avoir affaire à leurs semblables, ils s’intéressent de près aux robots qui nieront le plus longtemps qu’il est en train de se passer enfin quelque chose dans ce putain de pays ! C’est eux qu’on entend, ceux dont la force d’inertie semble si grande qu’elle leur interdit de voir plus loin que demain matin je dois aller bosser, nous emmerdent avec leurs conneries. Mais combien sont-ils encore, à réagir comme ça ? Une minorité ! « Les gens ne sont plus dupes, alors maintenant, il faut juste qu’ils éteignent leur poste de télé et qu’ils descendent dans la rue » (Martinez). Il y a deux façons d’en finir avec les mythes, avec les vieilles lunes. On peut les abandonner parmi les gravats. On peut aussi les réaliser, pour voir. Grève générale ! La France à l’arrêt !
    ...
    Notre force ? Depuis dix ans, on n’a jamais vu autant de détermination dans un mouvement, et si peu de discussions [entre nous]. Si d’aventure on commençait à se parler, si on avait un lieu, quelle accélération. Mouvement enclenché à Rennes, Rouen (Saint-Nicaise), Bordeaux (la Chaufferie), ailleurs. La capitale est à la traîne. La tête de cortège a besoin d’une maison, et elle la prendra. Mais c’est une chose qu’il faudra arracher. On l’a vu, le pouvoir gère les débordements dans la rue, mais il écrase le moindre signe de communisme.

    Pour qui gouverne, il est toujours possible, d’une manière ou d’une autre, de contrecarrer le négatif seul, isolé, coupé de son côté pile. Mais confronté à la face cachée du négatif, à [l’affirmation d’autre chose], on panique, on en oublie toute sérénité républicaine. Cet aspect du combat exige de nous une patience et une résolution infinies, à la hauteur de l’enjeu. La nervosité de l’adversaire à cet endroit indique une crainte : « Admettons qu’on leur laisse un lieu. Et si ça prenait ? Regardez la ZAD... »

    On peut dire que la tête de cortège ne cesse de grossir. On peut aussi dire que l’ancienne manière de se battre est en train de muter. Encore une fois, nul ne doit se former une image arrêtée du peloton de tête autonome, de là où il va, de qui le compose. Lycéens, étudiants, salariés, chômeurs, retraités, syndiqués, révolutionnaires, électrons libres, nous nous sommes retrouvés à [contrer ensemble une loi]. Comment avons-nous pu franchir tous les obstacles jusqu’ici ? Parce qu’une charge bien plus explosive que cette seule opposition nous en a donné la puissance. De cela, tout le monde est convaincu.

    Et à présent, c’est parce qu’on saura se donner un objectif [supérieur] qu’on pourra l’emporter. Puisant en nous, dans cette situation folle, le feu nécessaire, il est temps de formuler des exigences communes, de tracer des perspectives audacieuses. Autrement la lutte mourra comme tant d’autres sont mortes : parce qu’on s’est cru trop faible pour montrer l’horizon.

    Le gouvernement révèle qu’il « puise déjà dans ses réserves stratégiques ». Il croit parler carburant. 

    Chasubles rouges, coupe-vent noirs, on tient la ligne ! On avance ! Le 14 juin ils tombent ! On continue !

    Paris, le 29 mai 2016.
    --
    https://lundi.am/SI-UNE-FORCE-DECOUVRE-SON-PROPRE-NOMBRE

  • (Grèce) Triple attaque incendiaire à Athènes revendiqué par une cellule de la FAI /FRI en mémoire de Mauricio Morales.
    https://nantes.indymedia.org/articles/34908

    Les derniers jours de mai, dans le centre d’Athènes, nous avons incendié deux distributeurs automatiques de billets de la banque Alpha, ainsi qu’une excavatrice utilisée pour le prolongement de la ligne de métro dans le quartier d’Exarchia.

    #/ #actions #directes #squat #logement #anti-repression #/,actions,directes,squat,logement,anti-repression

  • Un air (grec) de déjà-vu
    Isabel Malsang Vendredi 27 mai 2016
    https://making-of.afp.com/un-air-grec-de-deja-vu

    Depuis début mai, je me suis glissée dans les cortèges parisiens, frappée par la ressemblance que je perçois avec les modes d’action des manifestants pendant la crise grecque, que j’ai couverte entre 2010 et 2013 avec les journalistes du bureau de l’AFP à Athènes.

    Déjà le mouvement « Nuit debout », place de la République à Paris, me fait irrésistiblement penser à celui des « Indignés » d’Athènes en mai 2011.

    Comme en Grèce, ces rassemblements nocturnes un peu idéalistes s’inscrivent sur fonds de désintégration du parti au pouvoir, le Parti socialiste en France, Pasok en Grèce.

    Dirigé à l’époque par George Papandreou, le Pasok représentait environ la moitié du pays, l’autre moitié relevant du parti conservateur Nouvelle démocratie.

  • Rivesaltes : Factrices, facteurs, un tournant dans la lutte
    https://iaata.info/Rivesaltes-Factrices-facteurs-un-tournant-dans-la-lutte-1336.html

    Grève de la faim d’un facteur en lutte contre les sanctions disciplinaires d’un de ses collègues. Hier, ce militant à été hospitalisé. Mardi 31 mai, rendez-vous devant le conseil de discipline à 9h30 , 191 rue d’Athènes à Montpellier. — Luttes sociales, Répression

  • APRES LA GRECE ET CHYPRE, VOILA CE QUI ATTEND LES FRANCAIS EN 2017 ET 2018
    http://www.brujitafr.fr/2016/05/apres-la-grece-et-chypre-voila-ce-qui-attend-les-francais-en-2017-et-2018.

    Le plus stupéfiant dans tout cela est que la presse française vient de le découvrir, alors que vous avez vu la montée en puissance de toutes ces mesures ici sur cette page entre 2009 et 2013. Le Monde et le Figaro rappportent qu’Athènes veut vendre encore...

  • En Grèce, Poutine plaide pour un « dialogue juste et équitable » avec l’Union européenne - France 24
    http://www.france24.com/fr/20160527-russie-grece-vladimir-poutine-plaide-dialogue-juste-equitable-uni

    Le président russe, Vladimir Poutine, entame, vendredi 27 mai, une visite de deux jours en Grèce. À Athènes, il doit rencontrer son homologue Prokopis Pavlopoulos et le Premier ministre, Alexis Tsipras, avant de participer, samedi, aux cérémonies fêtant les mille ans de présence russe dans les monastères du Mont Athos (nord), l’un des lieux les plus sacrés de la chrétienté orthodoxe. Une date symbolique pour Vladimir Poutine, lequel est venu plaider un rapprochement entre son pays et la Grèce.

    Pour le président russe, Moscou et Athènes devraient en effet approfondir leurs relations dans les secteurs des transports et de l’énergie. Il propose notamment que la Russie aide la Grèce à moderniser son réseau de transports. Pour cela, il évoque les chemins de fer russes RZD, qui ont fait part de leur intérêt pour l’opérateur ferroviaire grec Trainose et pour le port de Thessalonique, le deuxième du pays, deux entreprises publiques appelées à être privatisées.

    Mais Vladimir Poutine tend également la main à l’Union européenne. À la veille de son déplacement en terre hellénique, il a publié une tribune dans le journal grec Kathimerini, dans laquelle il estime que Moscou et Bruxelles doivent apprendre à se considérer comme des partenaires afin de surmonter leurs divergences.

    "La position de départ de la Russie est qu’il faut construire un dialogue juste et équitable entre partenaires avec l’Union européenne sur un vaste champ de sujets, qu’il s’agisse de la simplification des régimes de visas ou de la création d’alliances dans l’énergie, écrit-il, dans les colonnes du Kathimerini. Cette alliance énergétique est essentielle pour l’économie russe, sous le coup de sanctions européennes.

    Si l’Union européenne ne semble pas disposée à emprunter le chemin proposé par Vladimir Poutine dans l’immédiat, le président russe juge de son côté « qu’il n’existe aucun problème qui ne puisse être résolu ». « Pour retrouver une relation multidimensionnelle de partenariat, il faut rejeter ce raisonnement bancal selon lequel une des deux parties a l’avantage. »

  • Troisième plan d’aide de 10,3 milliards d’euros pour la #Grèce
    http://fr.myeurop.info/2016/05/26/troisi-me-plan-d-aide-de-103-milliards-d-euros-pour-la-gr-ce-14541

    Les ministres des Finances de la zone euro se sont accordés mercredi sur le déblocage de nouveaux versements à la #Grèce, d’un montant total de 10,3 milliards d’euros. Dans le même temps, les premières annonces d’un programme d’allègement de la dette grecque ont été faites, sous la pression du #FMI.

    #Athènes reprend son souffle. lire la suite

    #EUROFOCUS #Allemagne #Jeroen_Dijsselbloem #ministre_des_Finances

  • Les imageries de Warja Lavater : une mise en espace des contes… – Les territoires de l’album

    http://lta.hypotheses.org/396

    Pour moi, c’est le visible qui induit la pensée. Et la pensée fait son histoire avec ce que l’œil lui a signalé. Mon vœu est toujours que l’image devienne une écriture et que l’écriture devienne image.


    Fig.1 : Le Petit Chaperon Rouge (1965), pp.5-6

    La philosophe et spécialiste de l’art Christine Buci-Glucksmann s’était penché il y a plusieurs années sur la cartographie dans et de l’art[1]. Du tableau de Bruegel l’ancien, La Chute d’Icare (1553) aux « espaces paysagers » de Marcel Duchamp, elle évoquait l’existence dans l’art d’un œil-monde ou icarien qui parcourrait le monde dans un envol infini s’éloignant et se rapprochant des objets. En commentant le tableau cité plus haut de Bruegel, elle disait :

    Dans la tradition de Patinir et de son « paysage du monde » avec ses grands espaces de montagnes, fleuves et plaines vus d’en haut et ses personnages minuscules toujours perdus dans l’univers, Bruegel pratique ici une véritable géographie du regard qui envahit le tableau et échappe à la structure cadrée du paysage dans la fenêtre propre à la tradition flamande de Rogier Van der Weyden et Van Eyck, ou à l’art italien de la « veduta » intérieure. Le regard se déploie dans une même unité visuelle au point que l’œil plonge sur les spectacles de la terre, puis remonte vers cet horizon surélevé qu’affectionne l’art maniériste de cette époque […].[2]

    Les imageries de Warja Lavater, que je me propose de passer à la moulinette de l’analyse géographique, participent de cet œil icarien. Les leporello de 4 mètres de long réalisés par Lavater « échappent à la structure cadrée du paysage », elles se déploient « dans une même unité visuelle », proposent des instantanés plongeant sur « les spectacles de la terre » et des parcours vus d’un « horizon surélevé ». À cet œil icarien, l’artiste adapte une écriture visuelle qui se rapproche de l’écriture cartographique, par l’emploi du plan, de codes visuels, de pictogrammes. Si le travail de Warja Lavater, mené dans les années 1960-1970, ne traduit pas de à proprement parlé de spatialité il questionne sur la représentation de l’espace.
    1. À la conquête du signe

    Warja Lavater est née en 1913 à Winterthur en Suisse dans une famille assez aisée. Son père, Emil Lavater, était ingénieur et sa mère, Mary Lavater-Sloman, biographe de plusieurs personnages importants d’Europe[3]. Les premières années de sa vie, la petite Warja, enfant unique du couple, les passe à l’étranger : à Moscou d’abord de 1914 à 1919, puis à Athènes de 1919 à 1922. La famille Lavater est de retour alors à Winterthur où Warja termine toute sa scolarité.

    #visualisation #représentation #Image

  • Grèce : nique les nations, squatte le monde
    https://fr.squat.net/2016/05/14/grece-nique-les-nations-squatte-le-monde

    La façon de comprendre un squat, a été, est et doit rester un outil puissant dans les mains des compagnons(gnes). Cet outil évolue dans l’espace-temps, et donc nous pensons qu’il est nécessaire d’en présenter quelques « points » historiques. Le squat, comme infrastructure stable, fait sa première (...) — Actualités, Athènes, Chili, expulsion, fachos, Grèce, incendie, Réthymnon, sans-papiers, Thessalonique

  • Comment sauver la Grèce : convertir la dette en investissements, par Gabriel Colletis, Jean-Philippe Robé & Robert Salais (juillet 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/07/COLLETIS/53221 #st

    L’option de l’annulation partielle [de la dette grecque], décidée unilatéralement, exacerberait les tensions entre Athènes et les institutions sur lesquelles le pays doit pouvoir compter dès lors qu’il souhaite rester dans la zone euro. Celle d’un effacement partiel a été exclue par une majorité de créanciers. En outre, elle n’aurait de vertu que temporaire, et repousserait à plus tard la quête d’une véritable solution au problème grec.

    Une autre voie s’offre toutefois : utiliser le problème de la #dette comme une chance d’industrialiser les pays européens en difficulté, dont la #Grèce. Un projet dont la portée dépasse le cas spécifique qui préoccupe aujourd’hui marchés, médias et dirigeants politiques.

    Le montant des créances grecques dont chacun pourrait convenir qu’il est perdu s’élève au minimum à 50 milliards (pour l’essentiel remboursables entre 2016 et 2024). Soit environ 15 % du total. Or un projet de sortie de crise reposant sur un plan d’industrialisation du pays offrirait aux créanciers une garantie assez sérieuse d’être remboursés. Comment ? Le budget de l’Etat grec affiche un excédent primaire. Autrement dit, avant le service de la dette, le gouvernement dépense moins que le montant des impôts qu’il collecte. Il existe deux façons d’analyser une telle situation : y voir une capacité de remboursement, ce à quoi concluent immanquablement les créanciers ; ou une capacité d’investissement, ce à quoi une négociation pourrait les inviter.

    Cette seconde piste implique une restructuration préalable de la dette, sans nouveau financement du FMI ou de la #zone_euro.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/25800 via Le Monde diplomatique

  • « La transformation d’une jeunesse en deuil en jeunesse en lutte »

    Le philosophe Jacques Rancière, penseur de l’égalité, réfléchit à ce que dessinent le mouvement « Nuit Debout » et la mobilisation contre la loi sur le travail, à ce qui les porte, mais aussi à ce qui peut les limiter. Entretien.
    Auteur de La Mésentente, du Partage du sensible, de La Nuit des prolétaires, de La Haine de la démocratie ou encore de La Méthode de l’égalité, le philosophe Jacques Rancière analyse, pour Mediapart, ce que peut signifier le mouvement « Nuit Debout » dans le contexte politique et intellectuel présent, à la lumière de son travail sur l’histoire, la démocratie et l’égalité.

    Quel regard portez-vous sur le moment/mouvement de la Nuit debout ?

    Disons d’abord que mon point de vue est strictement limité : il est celui d’un observateur extérieur qui réagit simplement à ce qu’évoquent pour lui les thèmes et les formes de ce mouvement. À première vue, on peut saisir dans ce mouvement une sorte de version française en miniature du « mouvement des places » qui a eu lieu à Madrid, New York, Athènes ou Istanbul. Il est toléré sur l’espace qu’il occupe, davantage qu’il ne l’envahit. Mais il partage, avec ces occupations, le souci de rendre à la politique son aspect de subversion matérielle effective d’un ordre donné des espaces et des temps. Cette pratique a eu du mal à venir en France où le tout de la « politique » est aujourd’hui ramené à la lutte des concurrents à la présidence de la République. La Nuit debout a du mal à croire en elle-même et ressemble parfois à une « demi-occupation ». Mais elle fait bien partie de ces mouvements qui ont opéré une conversion de la forme-manifestation à la forme-occupation. En l’occurrence, cela a voulu dire passer de la lutte contre certaines dispositions de la loi sur le travail à une opposition frontale à ce que certains appellent « l’ubérisation » du monde du travail, une résistance face à cette tendance qui voudrait supprimer tout contrôle collectif sur les formes de vie collective.
    Au-delà des mesures particulières de la loi El Khomry, c’est en effet cela qui est en jeu. Cette « loi Travail » est apparue comme l’aboutissement de tout un processus de privatisation de l’espace public, de la politique, de la vie… Le contrat de travail est-il quelque chose qui se négocie pour chaque individu, ce qui signifie revenir à la situation du XIXe siècle avant la naissance des formes modernes de lutte ouvrière, ou bien défend-on une société fondée sur le contrôle collectif et la discussion collective, de la vie comme du travail ?
    La Nuit debout est apparue, dans ce contexte, comme une réduction à l’échelle française de quelque chose de singulier que l’on pourrait appeler un désir de communauté. Nous avons connu l’époque où l’on se trouvait dans des structures collectives puissantes au sein desquelles se menaient des batailles, que ce soit au sein de l’université ou de l’entreprise. La lutte alors opposait dans un même lieu deux manières de faire communauté. Mais nous sommes parvenus au terme d’une grande offensive, que certains appellent néolibérale, et que je nommerais plutôt l’offensive du capitalisme absolu, qui tend à la privatisation absolue de tous les rapports sociaux et à la destruction des espaces collectifs où deux mondes s’affrontaient.
    Contre cette privatisation et cette individualisation, on a vu naître, et on l’a senti très fortement dans “Occupy Wall Street”, un désir un peu abstrait de communauté qui a trouvé, pour se matérialiser, le dernier lieu disponible, la rue. L’occupation, jadis, avait son lieu privilégié dans l’usine où la collectivité ouvrière affirmait son pouvoir sur le lieu et le processus au sein desquels elle subissait le pouvoir patronal et faisait ainsi de ce lieu privé un espace public. Elle se pratique maintenant dans les rues, sur les places, comme dans les derniers espaces publics où l’on peut être en commun ; discuter et agir en commun.

    Dans la Nuit debout, la Révolution française, la Commune ou Mai-68 sont souvent convoqués. Que pensez-vous de cette mobilisation de l’histoire révolutionnaire, que certains jugent plus parodique que réelle ?

    Les Amis de la Commune ont effectivement leur stand place de la République. Se situe-t-on, pour autant, dans la continuité d’une grande tradition historique ? Il faut bien voir que l’offensive du capitalisme absolutisé s’est doublée d’une intense contre-révolution intellectuelle, d’une offensive révisionniste par rapport à toutes les formes de la tradition de gauche, qu’elle soit révolutionnaire, communiste, anticolonialiste ou résistante. Cette contre-révolution intellectuelle s’est efforcée de réduire à rien, voire de criminaliser, tous les éléments de cette tradition. La révolution de 1917 a été réduite aux camps staliniens, la Révolution française à la Terreur, l’anticolonialisme à l’inutile « sanglot de l’homme blanc » et finalement la Résistance aux excès de l’épuration. Il y a donc eu une grande annulation de tout un passé, opérée par des gens qui par ailleurs ne cessent de gémir sur la « transmission » perdue.
    Cette volonté de renouer avec le passé est donc importante, même si cela peut paraître formel et symbolique. Ces rappels à une histoire de luttes et de contradictions peuvent aussi jouer un rôle de contrepoids face au risque de dilution de la politique dans une sorte de fraternité new age, dans un mouvement comme Nuit debout qui ne se situe plus, comme celui de Mai-68, sur un fond assuré de croyance marxiste en la lutte des classes et les conflits ouvriers.

    Quelle lecture faites-vous de l’exigence très horizontaliste, sans représentants ni leaders, portée par la Nuit debout ?

    Il faut la situer dans un contexte qui est celui de l’horreur toujours grandissante que peut inspirer la politique officielle : pour le 15-M de Madrid, le grand mot d’ordre, adressé à ceux qui faisaient alors campagne, était : « Vous ne nous représentez pas. » Mais cela correspond aussi à un discrédit des avant-gardes politiques révolutionnaires qui étaient encore très puissantes en 1968. Les assemblées actuelles réagissent contre ces assemblées qu’on a connues, en Mai-68 et après, manipulées par des groupuscules. On est bien obligé de comprendre ce rappel de ce que peut signifier l’égalité, y compris sous ses formes les plus matérielles. Mais, au-delà de ça, ce qui pose question, c’est l’idéologie du consensus, avec l’idée que tout le monde doit être d’accord et une fétichisation de la forme assemblée, qui serait seulement le lieu où chacun devrait pouvoir parler.
    C’est un souci qui est partagé d’ailleurs par beaucoup de gens impliqués dans le mouvement : une assemblée populaire ne doit pas être seulement une assemblée où chacun vient, à son tour, exprimer son problème ou sa révolte et plaider pour la cause militante qui lui est particulièrement chère. Nuit debout, comme toutes les occupations du même genre, rassemble d’une part des individus désireux de recréer du commun mais aussi cette multitude de militantismes partiels, spécialisés, qui se sont développés dans le même contexte de privatisation de la vie publique et de rejet des « avant-gardes ». C’est important que le droit de toute voix soit affirmé, mais une assemblée doit pouvoir décider de quelque chose et non simplement proclamer « on est tous égaux ».
    Une assemblée doit donc se manifester par des décisions, des luttes et non simplement par une figuration formelle de l’égalité. Il est assurément important de la matérialiser spatialement. En 1848, il y avait eu une proposition d’assemblée dans laquelle les représentants seraient tous en dessous, avec, au-dessus d’eux, des milliers de gens du peuple pour les surveiller. L’aspect proprement matériel de la politique égalitaire est donc important. Mais l’agir de la liberté et de l’égalité ne peut pas prendre simplement la forme d’une assemblée où chacun aurait sa liberté de parole. L’égalité est un processus de vérification, un processus d’invention, ce n’est pas simplement une photographie de la communauté. Le problème demeure d’inventer des actions, des mots d’ordre, pour que l’égalité se mette en marche.
    Une assemblée égalitaire n’est donc pas une assemblée consensuelle, même si la notion de consensus se situe au cœur de tous les mouvements qui occupent des places. Je me souviens du choc éprouvé une fois où j’avais été invité à parler dans une université occupée par les étudiants à Amsterdam devant la grande banderole qui proclamait : « Consensus. No leaders ». La lutte contre les hiérarchies est une chose, l’idéologie du consensus en est une autre. Contester les leaders et la hiérarchie, bien sûr, mais cela ne signifie pas que tout le monde soit d’accord et qu’on ne fasse quelque chose qu’à la condition que tout le monde soit d’accord.

    Cela suppose-t-il de redéfinir ce qu’on entend par démocratie, alors qu’on a vu avec l’épisode Finkielkraut qu’il y avait division sur ce qu’on mettait dans ce terme : du consensus ou du conflit ?

    L’épisode Finkielkraut n’a disqualifié la Nuit debout que dans les milieux où, de toute façon, elle était disqualifiée d’avance. Que se serait-il passé si Finkielkraut était reparti sans que personne ne fasse attention à lui ? Les Joffrin, Onfray et consorts, au lieu de crier au totalitarisme, auraient ricané : regardez ces terribles révolutionnaires ! Ils n’ont même pas osé interpeller Finkielkraut ! Tout ça n’est pas bien important. Le problème est ailleurs.
    La démocratie, cela veut dire, au sein même du peuple démocratique, des positions qui entrent en conflit les unes avec les autres et pas simplement la succession au micro d’une personne qui vient parler du marxisme, d’une deuxième qui évoque les droits des animaux et d’une troisième qui rappelle la situation des migrants. Il faut plusieurs types d’assemblées : des assemblées où chacun puisse dire ce qu’il veut, parce qu’il peut aussi y surgir quelque chose que l’on n’attendait pas, mais surtout des assemblées où l’on se demande : « Qu’est-ce qu’on fait là et qu’est-ce qu’on veut ? » Le problème de la démocratie est d’arriver à constituer la volonté d’un peuple. Sur quels mots d’ordre décide-t-on qu’on va faire peuple, qu’on peut construire un collectif démocratique ?
    Actuellement, on a le sentiment d’être dans une sorte d’espace de subjectivation, mais sans qu’une subjectivation collective ne s’instaure véritablement. Cela supposerait sans doute que des mouvements sociaux forts existent ailleurs et notamment que tous les jeunes qui vivent comme en marge de la communauté nationale constituent, eux aussi, des collectifs, pour dire ce qu’ils veulent. Dans les années 1980, il y avait eu cette marche pour l’égalité, à laquelle ont participé des jeunes issus de l’immigration, qui a ensuite été récupérée, manipulée, anéantie, comme toutes les énergies englouties par le mensonge « socialiste ». C’est très difficile aujourd’hui de remettre en marche l’égalité. Je n’ai pas plus d’imagination que personne, mais je pense que c’est là que le problème se pose. On garde encore souvent l’idée que, plus il y a d’oppression, plus il y a de résistance. Mais les formes d’oppression qui nous gouvernent créent non pas de la résistance, mais du découragement, un dégoût à l’égard de soi-même, le sentiment qu’on est incapables de faire quoi que ce soit. Alors on peut bien dire que la Nuit debout fonctionne en vase clos et se berce d’illusions, mais sortir du découragement demeure fondamental.

    Que pensez-vous de cette thématique d’écrire une constitution et de préparer une assemblée constituante ?

    Le désintérêt pour les formes de la vie publique institutionnelle au nom d’une prétendue radicalité révolutionnaire a assurément contribué à la démobilisation des énergies. Il est donc important de répéter à quel point l’état dans lequel nous nous trouvons est une conséquence de la désastreuse constitution de la Ve République et de l’anesthésie de toute vie politique et du pourrissement des esprits qu’elle a produite sur le long terme. Un mouvement anti-Ve République, anti-présidence est donc une nécessité. Et, de même, le rappel de certaines vérités provocantes sur la démocratie, comme le tirage au sort et ce qu’il implique : la déprofessionnalisation de la vie politique.
    Mais, d’une part, l’appel à la Constituante est souvent accompagné d’idéologies « citoyennes » un peu plates et d’idéologies « républicaines » un peu raides. Mais surtout il ne faut pas imaginer qu’on va sortir de la pourriture oligarchique actuelle simplement en rédigeant une bonne constitution. Rédiger une constitution est important quand c’est fait par des gens à qui on ne le demande pas, qui n’ont pas « qualité » pour le faire. Mais c’est aussi important quand c’est pris dans un processus de lutte où les mots sont non pas des recettes pour un bonheur futur mais des armes dans le présent. Ce serait bien par exemple que ces constitutions « rédigées par les citoyens » s’inscrivent dans des processus de lutte effectifs contre l’ordre constitutionnel existant, qu’ils servent par exemple à mettre la pagaille dans les fameuses « grandes primaires démocratiques ». Les gens en place hurleraient au déni de démocratie, mais cela créerait une discussion sur le sens même du mot démocratie qui pourrait être utile.

    Le fond du problème est qu’il faut imaginer des formes de vie politique qui, à la fois, soient entièrement hétérogènes par rapport à cette vie politique officielle entièrement confisquée par une classe de professionnels qui se reproduit indéfiniment – une situation qui a atteint en France un niveau sans égal dans l’Europe occidentale –, et pourtant capables de l’affronter selon leurs formes et leur agenda propres.

    Que faire du reproche d’homogénéité sociologique adressé à la Nuit debout ?

    Au départ, Mai-68 était un mouvement d’un petit groupe d’étudiants « petits-bourgeois ». Et il a entraîné la dynamique de la grève générale qui l’a transformé lui-même, avec la convergence sur la Sorbonne des multiples formes de lutte qui éclataient çà et là. Il faut se souvenir du rôle de modèle joué pour l’occupation même de la Sorbonne par la grève avec occupation et séquestration qui avait alors lieu depuis plusieurs semaines dans l’usine de Sud-Aviation à Nantes. La Nuit debout, elle, arrive après le jugement symbolique condamnant à des peines de prison ferme, pour les mêmes faits, des ouvriers de Goodyear. Elle arrive dans ce contexte de délocalisation des entreprises, de fermeture des usines, de défaites ouvrières et de pénalisation des formes de résistance. Elle ne peut bénéficier de la dynamique sociale qu’on a connue en Mai-68. Bien sûr qu’il faudrait des mouvements Nuit debout ou des mouvements d’un tout autre type partout, et notamment dans les quartiers qui se sont révoltés en 2005.
    On peut toujours reprocher aux gens place de la République d’être des lycéens, des jeunes précaires ou des individus qui ne représentent qu’eux-mêmes. Mais c’est l’état général de ce qu’on appelle ici politique qu’il faut prendre en compte. Dans une France rendue amorphe par l’offensive dite néolibérale, la supercherie socialiste et une intense campagne intellectuelle contre toute la tradition sociale militante, on ne peut se contenter de renvoyer Nuit debout au fait que ce mouvement ne représente pas grand-chose sociologiquement.
    Pour que ce mouvement aille plus loin, il faudrait qu’il puisse inventer des mots d’ordre qui le fassent exploser au-delà de lui-même. Il y a peut-être la possibilité de se saisir de la conjoncture pré-électorale pour créer non pas une « primaire de la vraie gauche », mais une mobilisation très forte contre le système présidentiel. On pourrait imaginer qu’un tel mouvement aboutisse non seulement à des déclarations sur le fait qu’on ne votera plus jamais socialiste, mais à quelque chose comme un mouvement pour la non-présidence, ou la suppression de la présidence de la République.

    Les Nuits debout peuvent-elles permettre de sortir de la chape de plomb post-attentats, symbolisée par une place de la République réinvestie par la parole et la lutte alors qu’elle était devenue un mausolée ?

    Il ne faut pas trop demander à ce mouvement. Mais il est vrai qu’un de ses éléments significatifs est la transformation d’une jeunesse en deuil en jeunesse en lutte, même si cette transformation n’est pas aisée. Quand on va sur la place de la République, on voit que c’est très lentement que, autour de la statue, des symboles de lutte collective viennent se superposer aux expressions du deuil. C’est difficile à mettre en place en raison de la contre-révolution intellectuelle qui a réussi à séparer la jeunesse de toute une tradition de lutte sociale et d’horizon politique. Le propre de tous les mouvements des places a été la difficulté à s’identifier en tant que porteur de puissance d’avenir, et à porter des subjectivations collectives, des identités à travailler et à transformer contre les identités imposées, comme ont pu l’être des collectifs ouvriers ou des collectifs de femmes.
    Cela est encore plus vrai en France, en raison de la chape de plomb idéologique créée par cette contre-révolution intellectuelle. En Grèce, il existe des mouvements autonomes puissants, qui ont créé des lieux de vie, de savoir ou de soins. En Espagne, autour de la lutte contre les expulsions de logements, a convergé un collectif qui occupe aujourd’hui la mairie de Barcelone. Des mouvements et des formes d’organisation de cette ampleur n’existent pas en France, et le mouvement Nuit debout est orphelin des bases de luttes qui ont pu être mobilisées ailleurs.

    Même si demeure le sentiment qu’avec la Nuit debout, il se passe quelque chose qui manifeste une puissance d’invention renouvelant certaines manières de penser de la gauche radicale ?

    On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans la tête des personnes qui se mêlent sur la place de la République. On y trouve énormément de choses disparates. Mais c’est vrai qu’on y trouve une exigence démocratique qui s’oppose à la vieille ritournelle sur la « démocratie formelle » comme simple apparence couvrant la domination économique bourgeoise. L’exigence de démocratie « réelle et maintenant » a le mérite de rompre avec cette logique de dénonciation qui prétend être radicale mais produit en fait une sorte de quiétisme, finalement réactionnaire du genre : de toute façon, c’est le Capital qui est la cause de tout, et ces gens qui s’agitent au nom de la démocratie ne font que masquer sa domination et renforcer son idéologie. Mais évidemment le profit est perdu si on ramène la démocratie à la forme de l’assemblée. La démocratie est affaire d’imagination.

    Êtes-vous sensible à la circulation de la parole, de l’écrit, des récits dans les Nuits debout ?

    Il y a effectivement beaucoup de paroles qui circulent, même si elles ne sont pas toujours d’une richesse inoubliable. Des gens viennent dire leurs poèmes, mais c’est rarement une poésie créant un choc de nouveauté. En même temps, on voit des gens qui ne parlaient jamais et qui osent parler à cet endroit et c’est donc significatif, même si, pour ce qu’on peut en saisir, cette circulation de la parole est moins riche que ce qu’on avait perçu en Mai-68. D’un côté, la forme assemblée permet à plus de gens de venir raconter leur histoire. De l’autre, on a l’impression d’être en deçà de la floraison de slogans et d’images multiples qui, dans beaucoup de manifestations récentes, avait remplacé les grandes banderoles unitaires d’antan. Plus profondément, la question est que le désir de communauté égale ne freine pas la puissance d’invention égalitaire.

    Les initiateurs de la Nuit debout veulent converger avec les syndicats dans la perspective du 1er Mai. Comment regardez-vous cette proposition ?

    La « convergence des luttes », c’est un peu la version du grand rêve de Mai-68, la jonction entre étudiants et ouvriers. À l’époque cela s’était matérialisé par le cortège étudiant en direction de Billancourt. Aujourd’hui Billancourt est rasé et la Sorbonne est un lieu où l’on ne pénètre qu’avec une carte. Aussi l’affaire s’est-elle débattue dans le court espace qui s’étend entre la place de la République et la Bourse du travail, autour de la préparation des défilés du 1er Mai. En tout état de cause, la question de la convergence des luttes est dépendante de la question de la nature de ces luttes

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/300416/jacques-ranciere-la-transformation-d-une-jeunesse-en-deuil-en-jeunesse-en-