city:athènes

  • Tandem (5/28) : « Sur les traces du rebetiko » suivi de « La nuit Radio »
    https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/tandem-528-sur-les-traces-du-rebetiko-suivi-de-la-nuit-radio?platform=

    Le #rebetiko, #musique populaire grecque, est né au début du 20ème siècle, au moment où la #Grèce connaît de nombreux bouleversements. Ses thèmes de prédilection témoignent de la dureté de la vie à cette époque : l’#exil, la #pauvreté, la #solitude, la #drogue, la #prison, la mort …

    Dans les #bidonvilles du port du #Pirée, là où échouent les bateaux en provenance d’Asie Mineure, dans les sous-sols des cafés à l’ombre du pouvoir, les « rébètes », tout imbibés des vapeurs de #haschich, composent des mélodies empreintes de mélancolie, des vers naïfs et bruts, servis par les sonorités déchirantes du bouzouki. Leurs voix rauques chantent ces thèmes simples et puissants, destinés à chasser les peines et les souffrances quotidiennes.

    Ce #documentaire nous entraîne de Syros à Athènes, sur les traces de #Markos_Vamvakaris (1905-1962), l’un des plus grands rébètes que la Grèce ait connu. À ses côtés, on part à la rencontre de celles et ceux qui, aujourd’hui, vibrent aux sons de cette musique. On explore ainsi ses résonances contemporaines, car les évolutions successives de cette musique tracent en filigrane l’histoire de la Grèce moderne. Que peut-elle nous raconter de la nouvelle page que sont en train d’écrire les Grecs ?

    #Création_On_Air #France_Culture #radio

  • Exilés à Athènes
    http://www.greekcrisis.fr/2017/12/Fr0651.html

    Les dirigeants des dites centrales syndicales (désormais autant haïs que les politiques par une large population grecque, il faut autant le préciser), participant comme on sait (à l’ultime ?) festin des maîtres néolibéraux ; cela, à l’instar de l’ensemble du méta-monde des politiques et des partis. Et en Grèce, ce phénomène est enfin très précisément palpable car SYRIZA nous a ouvert les yeux, comme il a définitivement fermé nos dernières lucarnes d’espoir quant à agir par le biais des institutions politiques prétendument disponibles, gauche(s) et droite(s) comprises et notamment confondues. Source : greek (...)

  • Grecia mantiene confinados más de 12.000 refugiados en cinco islas del Egeo

    Las inclemencias meteorológicas agravarán por desgracia la ya difícil situación de los ‘hotspots’ de #Lesbos, Chíos, #Samos, #Kos y #Leros, transformados en “lugares de confinamiento indefinido para los solicitantes de asilo”, decía hace unos días Nicola Bay, director de Oxfam en Grecia. Miles de mujeres, hombres y niños muy pequeños siguen viviendo allí en precarias tiendas de campaña, durmiendo literalmente en el suelo, esperando una respuesta a su solicitud de asilo en Europa. Algunos llevan así casi 19 meses.

    Desde que entró en vigor el acuerdo UE-Turquía sobre refugiados, en marzo del 2016, la situación en estos ‘hotspots’ se ha ido deteriorando hasta límites insospechados. Actualmente, según el Gobierno griego, más de 15.000 refugiados están atrapados en estas islas, el doble de su capacidad de acogida. Entre ellos, más de 12.000 viven recluidos en los ‘hotspots’, con acceso limitado al agua potable y a los servicios básicos.


    http://www.elperiodico.com/es/internacional/20171204/grecia-mantiene-confinados-a-mas-de-12000-refugiados-en-cinco-islas-del
    #statistiques #îles #chiffres #réfugiés #Grèce #asile #migrations #Chios #attente #anti-chambre

    • Greece: 13,000 Still Trapped on Islands

      The Greek government has moved more than 7,000 asylum seekers from the islands to the mainland as an emergency measure, as it had promised in early December 2017. But with more than 5,000 people arriving since December, it has also increased the number of unsuitable makeshift shelters in the already overcrowded island camps.

      https://www.hrw.org/news/2018/03/06/greece-13000-still-trapped-islands
      #accord_UE-Turquie
      cc @i_s_ @isskein

    • « Samos est le pire endroit en Grèce pour les réfugiés »

      A Samos, où les arrivées d’exilés se poursuivent malgré l’accord de 2016 entre l’UE et la Turquie, les conditions de vie dans le camp de transit sont devenues inhumaines. Sur cette île transformée de facto en prison, les habitants, au départ tous solidaires des réfugiés, cèdent parfois aux sirènes d’une « radicalisation raciste ».

      « Regardez comment nous vivons ! » s’exclame Manos, en désignant la clôture qui entoure sa propriété agrippée au flanc de la colline. C’est une maison modeste, conçue au départ pour les vacances. Jusqu’à ce que Manos et son épouse Vasso prennent leur retraite et viennent s’installer définitivement sur l’île dont ils sont originaires. Ils pensaient y couler des jours tranquilles, d’autant que la vie sur l’île est moins chère qu’à Athènes. Sauf que désormais, au bout du minuscule petit jardin, il y a ces silhouettes adossées au grillage. Et juste derrière, un océan de tentes et de bicoques précaires en bois : La « jungle » de Samos, où s’installent tous ceux qui arrivent clandestinement sur l’île mais ne peuvent plus loger, faute de places, à l’intérieur du hot spot, qu’on distingue un peu plus loin. Cet ancien camp militaire a été reconverti en centre de « transit » pour les réfugiés et migrants arrivées des côtes turques, toutes proches.

      Les dirigeants européens se félicitent régulièrement d’avoir mis un terme à la crise migratoire amorcée en 2015 ? A Samos, ce « succès » fait grincer des dents. Car les îles grecques proches de la Turquie payent le prix lourd de cette normalisation. Les arrivées peuvent avoir diminué, elles n’ont jamais cessé. Et désormais, tous ceux qui accostent à Samos, comme sur les îles voisines, sont contraints de rester sur place jusqu’à l’achèvement de la longue procédure de demande d’asile. Cela peut prendre six mois, un an, parfois plus encore.

      Dans le jardin de Manos et de Vasso, le face-à-face est saisissant. Les nouveaux « voisins », les doigts agrippés au grillage, gémissent et implorent de l’aide : « On s’entasse les uns sur les autres, c’est sale, il y a des rats et des serpents partout », énumèrent en cœur ces Congolais, d’une voix plaintive. « Ceux-là sont vraiment gentils et je leur fais souvent à manger. La nourriture du camp est infecte », murmure Vasso. Mais Manos tient aussi à montrer les branches cassées de son amandier, la porte fracturée du frigo extérieur : « Une nuit, des gamins un peu ivres y ont trouvé mes gouaches s’en sont emparé et ont maculé de peinture les murs de la maison. Juste comme ça, sans raison, raconte ce professeur de dessin retraité. Un autre jour, c’est le pare-brise de ma voiture qui a été cassé. » Le grillage est une barrière fragile, maintes fois détruite, maintes fois réparée par Manos. « C’est une honte ! L’Europe nous a sacrifiés pour sa tranquillité », gronde-t-il.

      « Faux certificats »

      Conçu à l’origine pour 648 places, le hot spot et la « jungle » qui l’entoure ont accueilli 6 000 personnes au plus fort de cet hiver. A Vathi, la capitale de l’île, il n’y a guère plus de 8 000 habitants. A la différence des autres îles grecques, le hot spot de Samos a été installé, non pas dans un endroit isolé, mais juste à la sortie de cette petite ville qui se déploie en amphithéâtre verdoyant autour d’un joli port. « L’aspect positif, c’est que les réfugiés peuvent échapper quelques heures à l’enfer de ce camp et venir respirer en ville. Il y a donc moins de tensions qu’ailleurs à l’intérieur du hot spot. Mais toute cette nouvelle population, c’est aussi un choc pour les gens du coin », souligne Manos Logothetis, le directeur général de l’office de santé public et l’un des deux seuls médecins du hot spot. « Jusqu’en 2008, il n’y avait qu’une seule Africaine à Samos. Les gens ne connaissent pas l’Afrique, nous n’avions pas de colonies ! Et voilà qu’on met face à face une population vieillissante, dont la moitié a plus de 60 ans, confrontée à des réfugiés ou migrants, pour la plupart très jeunes. C’est normal que certains aient peur. Notre île est devenue une belle prison où les réfugiés sont coincés le temps de statuer sur leur sort », soupire le médecin.

      Sur son bureau, il montre un paquet de photocopies : « Ce sont de faux certificats médicaux saisis par la police. Tous ceux qui arrivent ici se prétendent malades. C’est le moyen le plus rapide pour se faire évacuer à Athènes. Mais il y a de vrais malades, et ceux-là se perdent parfois dans la masse de ceux qui trichent. » En réalité, personne ne veut rester dans ce hot spot aux conditions de vie inhumaines. « Ils arrivent ici après un dangereux périple, et personne ne leur dit rien. On les dirige vers le camp, à eux de comprendre ensuite comment ça marche. Tous les documents sont en grec, il n’y a aucune aide juridictionnelle prévue. Ils s’installent où ils peuvent, sans sanitaires. Mais même à l’intérieur du camp, les douches sont insuffisantes, les toilettes déglinguées », se désole Domitille Nicolet, une jeune juriste française, arrivée ici il y a quelques mois pour Avocats sans frontières (ASF) et qui tente avec quatre collègues de gérer « 300 dossiers », ballottés dans le labyrinthe de la légendaire bureaucratie grecque. Les lenteurs administratives ont été accentuées par les réductions du nombre de fonctionnaires imposées par la crise économique. Et les contrôles se sont multipliés, en principe pour lutter contre la corruption. « Résultat, pour commander une cartouche d’encre, il me faut cinq autorisations, un appel d’offres. Et ça peut prendre un an », soupire Manos Logothetis.

      « Il faut faire la queue pour tout »

      « Il y a beaucoup d’incompétence. Mais c’est aussi une stratégie volontaire », considère de son côté Antonis Rigas, coordinateur de Médecins sans frontières (MSF), qui vient d’ouvrir une clinique en ville. « Dès le départ, la situation a été difficile dans les hot spots. Parce qu’il fallait faire passer un message : décourager ceux qui seraient tentés par la traversée depuis la Turquie. A Samos, quand on a récemment proposé de réparer les ampoules cassées et d’améliorer le système hydraulique dans le hot spot, on nous a répondu que les réfugiés n’avaient qu’à faire les réparations eux-mêmes », explique-t-il, avant d’insister : « Aujourd’hui, Samos est devenu le pire endroit en Grèce pour les réfugiés. » Début mai, en visite sur l’île, Dimitrios Vitsas, le ministre grec des migrations l’a lui aussi reconnu, promettant de tenter d’alléger la pression sur l’île.

      Les nouveaux arrivants, près d’un millier rien qu’en avril, sont désormais évacués sur les îles voisines de Kos ou Leros. Sept cents réfugiés ont également été transférés à Athènes au début du mois, et un nouveau camp éloigné de la ville est également prévu. « Mais cette construction prendra beaucoup de temps. Et en attendant, on a du mal à comprendre pourquoi l’Europe, le continent le plus riche du monde, n’accepte pas de partager le fardeau migratoire imposé à la Grèce : 15 000 personnes coincées sur les îles, ce n’est pas insurmontable à l’échelle europèenne ! » s’exaspère Bogdan Andrei, un Roumain qui a créé Samos Volonteers, la plus grande ONG qui aide les réfugiés sur l’île.

      Depuis trois ans, Bogdan les voit arriver plein d’espoirs, malgré les traumatismes vécus. « Et voilà qu’il leur faut endurer la promiscuité, la saleté. Il faut faire la queue pour tout : l’obtention d’un papier, les repas, les douches. Puis attendre. Sans cesse attendre, sans même savoir pour combien de temps. Une vie privée d’horizon qui rend souvent dépressif », se désole-t-il.

      « Le pire a été évité »

      Cette attente sans fin est visible à Vathi. Elle s’est même incrustée dans la carte postale : dès le matin, ils sont nombreux à fuir le bourbier infâme du hot spot, pour aller passer en ville ce temps qui ne compte pour rien. Assis en grappes sur les bancs des places, les yeux rivés sur leurs portables, ils ont forcément changé la physionomie des lieux. Et plus le temps passe, plus ce huis clos devient tendu.

      « En 2015, les gens d’ici, comme ailleurs en Grèce, ont fait preuve d’une solidarité incroyable. Ils ont spontanément aidé tous ceux qui arrivaient des côtes turques. Puis quand ils ont été coincés ici, l’ambiance a changé », se souvient Nikos Kaklamanis, un neurologue qui est aussi le responsable local de la section de Syriza, le parti de gauche au pouvoir à Athènes. Une association de citoyens en colère s’est créée dès 2016, dénonçant la saleté, « les risques de maladie », mais aussi « l’islamisation de l’île ». Puis on a fait pression sur ceux qui louaient des logements aux ONG afin qu’ils cessent de le faire, et un an plus tard des parents en colère ont voulu chasser les enfants réfugiés d’une école.

      « Pour l’instant, le pire a été évité à chaque fois. Car les responsables politiques locaux évitent la surenchère extrémiste. Elle profite toujours à l’extrême droite, personne d’autre ne gagne de voix en stigmatisant les réfugiés, en Grèce comme ailleurs », rappelle le docteur Logothetis, qui appartient à la branche locale de Nouvelle Démocratie, le parti conservateur grec. Il avoue cependant ne pas être toujours suivi par la direction de son parti. « Les gens de Samos ne sont pas racistes. Ils ont vécu une situation totalement inédite depuis trois ans. Ils sont déboussolés ! Il y a eu plusieurs braquages, sur une île qui n’a jamais connu de délinquance. Et la présence de ce hot spot horrible est une honte qui pèse sur le moral, la vie quotidienne », défend Manos, le prof de dessin à la retraite.

      Issu des rangs de Syriza à gauche, Nikos Kaklamanis redoute, lui, une « radicalisation raciste de l’île ». Elle s’exprime déjà. Des restaurants et des bars refusent désormais les réfugiés, et particulièrement les Africains. Ioanna, une jeune Samiote qui a ouvert un bar à chicha sur le port, n’en revient toujours pas. « Soudain j’ai été ostracisée par tous mes amis et connaissances ! Ils ne me parlent plus », lâche, amère, cette jeune femme qui songe désormais à quitter l’île. « Le poison qui dévaste l’Europe se répand insidieusement chez nous aussi hélas. Partout, le réfugié devient l’équivalent du Juif des années 30 », s’inquiète Nikos Kaklamanis.


      https://www.liberation.fr/planete/2019/05/23/samos-est-le-pire-endroit-en-grece-pour-les-refugies_1728873

  • Asymétries
    http://www.greekcrisis.fr/2017/12/Fr649.html

    Pluies et vents. Dans l’ancien temps nous croyions préparer Noël. La semaine dernière, les administrateurs coloniaux de la Troïka étaient de leur déplacement habituel à Athènes, afin de recevoir les ministrions locaux à l’hôtel Hilton. Histoire surtout de surveiller l’exacte poursuite du programme d’anéantissement de leur proie. 2018, sera l’année où le processus de déshellénisation de l’économie, (et) qui passe autant par la saisie des biens privés et publics des Grecs, s’accélérera. Les para-ministres à Tsipras sourient sans cesse devant les cameras, et les Grecs les haïssent. Oui, la haine, c’est-à-dire, la disparition absolue du geste politique. Source : greek (...)

  • #Grèce : les migrants arrivent toujours à Lesbos, sans pouvoir en partir

    4 décembre 2017 Par Elisa Perrigueur

    Plus de 8 500 demandeurs d’asile sont actuellement bloqués sur l’île de #Lesbos, avec interdiction de se rendre sur le continent grec. Alors que le principal camp de l’île, #Moria, est largement surpeuplé, des migrants arrivent chaque jour depuis la Turquie, située à une dizaine de kilomètres.

    Lesbos (Grèce), envoyée spéciale.– Lorsqu’il a voulu traverser la dizaine de kilomètres de la mer Égée qui séparent la Turquie de l’île grecque de Lesbos, l’Irakien Muhammad n’a eu aucun mal à trouver un passeur. Aux frontières de l’Europe, ce business obscur est enraciné. Concurrentiel, selon l’étudiant de 26 ans. « Dans le quartier d’Aksaray à Istanbul, il y en a plein… »

    Muhammad, veste de cuir marron et l’air sûr de lui, a pu choisir son tarif en négociant avec « des Syriens, des Irakiens, de [son] âge, qui travaillent sous pseudo ». Avec toujours la même stratégie commerciale. « Au début, ils étaient sympas avec moi pour me vendre leur trajet, ils m’emmenaient boire du thé, plaisantaient. » Mais une fois l’argent déposé auprès d’une épicerie d’Istanbul, la relation a changé. « Ils ne répondaient plus au téléphone, ils m’ont abandonné près de la plage de Dikili [à l’ouest de la Turquie – ndlr] avec des migrants syriens. » Après avoir dormi plusieurs jours dans une forêt de la côte turque égéenne, le 20 novembre, Muhammad a finalement gagné les rives de Lesbos sur un bateau pneumatique, pour 500 euros.

    En 2015, lorsque près d’un million de migrants avaient franchi cette frontière maritime, la traversée coûtait de 1 500 à 2 000 euros. Juste après la signature de l’accord controversé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie, en mars 2016, le nombre des passages avait chuté. Mais ces derniers mois, il repart à la hausse : 26 167 personnes sont arrivées dans le pays en 2017, par la mer pour une majorité d’entre elles, selon l’Organisation internationale pour les migrations. « On enregistre une hausse des venues cet automne, précise Astrid Castelein, responsable au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Cela peut s’expliquer par la météo, la mer est très calme. »
    Désormais, chaque jour, comme Muhammad, en moyenne 120 migrants arrivent sur les îles grecques situées en face de la Turquie, notamment Lesbos, Samos ou Chios, indique Georges Christianos, commandant de la garde côtière hellénique et directeur du bureau de surveillance maritime.

    Et les trafiquants prospèrent toujours sur la misère. « Les passeurs sont nombreux. Nous en avons arrêté 800 depuis 2015 dans les eaux territoriales grecques, dont 210 cette année », affirme-t-il. Condamnés sur la base de témoignages de migrants et de flagrants délits, ils écopent de peines allant jusqu’à dix ans de prison et d’une amende de 1 000 euros par migrant transporté. « Ces trafiquants sont souvent des hommes entre 25 et 30 ans. Sur les 800 arrestations, 20 femmes ont été interpellées. Un quart de toutes ces personnes arrêtées sont d’origine turque. » Pour beaucoup, des pêcheurs familiers des rivages montagneux près d’Izmir, Ayvalik, Bodrum, qui connaissent les eaux et maîtrisent leurs courants. Mais les passeurs sont aussi syriens, irakiens, pakistanais et ces deux dernières années, issus d’ex-pays soviétiques comme l’Ukraine.
    Leurs « clients », des Syriens, Afghans, Soudanais, Congolais… payent 300 euros pour une place dans un canot pneumatique surchargé, 1 000 euros pour un passage dans un hors-bord et 2 000 euros pour une traversée sur un voilier de luxe. Certains passeurs restent à terre. D’autres accompagnent les embarcations sur des canots annexes, selon le ministère grec de la marine, pour pouvoir récupérer les moteurs et bateaux après la traversée. Avec la distance pour avantage. « La Grèce et la Turquie sont parfois si proches qu’un passeur peut rejoindre les deux rives en une dizaine de minutes », explique Georges Christianos. Mais une traversée peut aussi durer plus de deux heures, en fonction du point de départ en Turquie.

    Aujourd’hui, ces trafiquants d’hommes doivent être plus stratégiques pour rester invisibles. Car depuis mars 2016, la frontière maritime a été barricadée. Vers 18 heures, le 24 novembre, un voile noir enveloppe les hauteurs de Lesbos. La patrouille portugaise de l’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l’Union européenne, largue les amarres du petit port de Molivos, dans le Nord. Les trois agents ainsi qu’un officier de liaison grec longent les montagnes obscures de Turquie, dans les eaux territoriales grecques. Comme cette patrouille, 42 autres, en bateau, avion et hélicoptère, dont 17 de Frontex, arpentent la mer Égée, précise le ministère grec de la marine. Depuis mars 2016, ces équipages arrêtent les passeurs et récupèrent les embarcations de migrants. Mais ces interceptions sont presque indécelables : aucun bateau n’arrive directement sur les plages de galets, comme en 2015. Les opérations de secours ont lieu en mer Égée, le plus souvent au cœur de la nuit.

    Ce soir de novembre, le navire battant pavillon portugais croise, phares éteints. « Sans lumières, nous détectons mieux les embarcations au loin », précise Paulo, le jeune commandant. Alors, dans leur étroite cabine, les agents scrutent durant des heures un radar et un écran où défilent les images des eaux alentour, filmées en caméra infrarouge. Seule une chanson de Marilyn Manson en fond sonore trahit leur présence dans la pénombre. L’étendue d’eau calme paraît déserte, mais deux faibles lumières rouges clignotent : les gardes-côtes turcs. « Dès que Frontex ou les gardes-côtes grecs détectent au loin des embarcations de migrants dans les eaux territoriales turques, nous les prévenons pour qu’ils les ramènent en sécurité en Turquie », indique le responsable grec Georges Christianos. Car si 120 personnes parviennent chaque jour à gagner la rive grecque, dans le même temps, 120 autres sont rapatriées en Turquie par les gardes-côtes turcs. La hantise des candidats à l’Europe.

    Au même moment, un canot d’une capacité de 15 places quitte le rivage turc. Soixante-six personnes à bord. Durant la traversée, un mouvement de panique s’empare du bateau surchargé. Un enfant afghan de 10 ans ne survivra pas. « D’après le témoignage du père, il est mort peu après avoir quitté la Turquie. Le bateau était trop plein, l’enfant était au centre, il a été piétiné », rapporte Georges Christianos. Le bateau a ensuite été récupéré par une patrouille bulgare de Frontex. D’après l’agence de presse grecque ANA, l’arrivée du navire européen a suscité l’affolement. Les passagers ont cru que le navire appartenait aux gardes-côtes turcs. Et imaginé un retour forcé vers la Turquie.

    « On a toujours un doute, on ne sait jamais si ce sont des Grecs ou des Turcs lorsqu’ils arrivent vers nous. » Eddy, pasteur congolais de 40 ans, arrivé à Lesbos en juin, se souvient de la peur qui l’a tétanisé lors de son sauvetage. Parti de la République démocratique du Congo (RDC), celui qui se décrit comme « opposant politique, évadé de la prison de Makala [prison de Kinshasa – ndlr] », a pris la mer de nuit avec 50 personnes. « Il y a eu des mouvements de panique à cause des vagues. Deux hommes sont tombés à l’eau mais ont réussi à remonter. » Après deux heures et demie à dériver seuls, un hélicoptère a survolé leur embarcation. « Un navire a commencé à s’approcher. J’avais tellement peur que ce soit des Turcs. En anglais, des hommes disaient : “Restez calmes, nous sommes là pour vous sauver.” » Peu à peu, le drapeau grec du bateau est apparu à l’horizon. Les passagers ont poussé des cris de joie. « Vous êtes maintenant en sécurité, nous allons à Lesbos », ont répété les gardes-côtes aux exilés. Mais Eddy ne s’attendait pas à une escale interminable. Même s’il avait entendu parler du « piège » du camp de Moria sur l’île grecque.

    Moria, 2 000 places, 6 700 personnes, « Welcome to prison »

    L’étudiant Muhammad, lui, s’était « mentalement préparé » à Moria. Avant de quitter l’Irak, il s’était inscrit dans un groupe Facebook privé « où discutent des passeurs et des Syriens et des Irakiens voulant venir en Grèce ». Et ce nom revenait régulièrement dans les messages. « Je savais qu’ici, certains deviennent fous. Je voyais des vidéos des bagarres, fréquentes à cause de l’alcool, du shit, de la tension. Et je savais que je passerais au moins l’hiver ici », dit-il. Comme une condamnation. Lorsqu’il est arrivé devant les grilles du camp, le 23 novembre, il a lu ce tag le long du mur de béton : « Welcome to prison. »

    Ce lieu illustre l’éternel contraste de Lesbos. Une tragédie humaine au cœur d’un paysage idyllique de mer azur et de collines arborées. Nichée au milieu de cette nature, cette forteresse de barbelés, dans le village de 1 000 âmes de Moria, « loge » désormais 6 700 migrants. De plus en plus confinés, bien au-delà des 2 000 places prévues. Soixante-quinze nationalités rapprochées de force par leur quête d’Europe : des Syriens, Afghans, Irakiens, Érythréens, Éthiopiens, Congolais, Camerounais, Ivoiriens… Hommes, femmes et enfants, répartis par origines.

    L’Irakien Muhammad montre sa petite tente de deux places dans un champ d’oliviers. « Nous dormons à cinq dedans. Les autres sont aussi des Irakiens que je ne connaissais pas avant de venir. » Plusieurs centaines de tentes ont été plantées dans l’urgence autour des containers, hors de l’enceinte de Moria, pour accueillir les migrants qui arrivent régulièrement sur l’île. 67 par jour en octobre, selon un calcul du HCR. Le linge qui pend sur ses grillages ne sèche pas. L’hiver s’approche, l’air est frais. L’odeur de poubelle et d’urine a supplanté celle des oliviers. Au bout d’un sentier d’herbes folles, jonché de préservatifs usagés, de canettes vides et d’excréments humains, coule un filet d’eau sorti d’un tuyau percé. C’est « la douche » pour des milliers de migrants qui n’accèdent pas aux centaines d’installations sanitaires du camp.
    Depuis l’accord UE-Turquie, les migrants restent bloqués dans ce camp avec interdiction de quitter Lesbos dans l’attente du traitement de leur demande d’asile. Mamoudou, 27 ans, espère une réponse depuis sept mois. Cet Ivoirien exhibe sa carte de demandeur, renouvelée chaque mois par le Bureau européen en charge des demandes. Avec toujours cette même inscription en rouge : « Droit de circuler à Lesbos. » Mais nulle part ailleurs. Ce petit papier reste précieux : il lui permet de toucher 90 euros par mois. De fausses cartes circulent parfois dans le camp, d’après une source anonyme interne à Moria… L’Ivoirien a atterri en Turquie avec de faux papiers, avant de gagner les côtes grecques.

    Comme lui, quelques milliers d’Africains désormais bloqués ont pris la route de la Grèce pour rejoindre l’Europe, voulant « éviter la Libye où les Noirs sont réduits à l’esclavage. […] Je l’ai vu sur le Net », explique Mamoudou. Mais pour Sami, autre résident du camp venu de RDC, la Turquie est aussi un « calvaire », raconte-t-il en serrant sa Bible. « Au départ, je voulais rester à Istanbul. Mais à l’aéroport, des policiers turcs m’ont arrêté plusieurs jours et ne m’ont pas laissé prier. Je suis chrétien, et ils étaient musulmans… Puis certaines personnes, dans la rue, se bouchaient le nez sur mon passage », assure le jeune homme de 20 ans.

    À plusieurs reprises, des ONG, comme Amnesty International, ont alerté sur les risques qu’encourent les migrants en Turquie. Assis sur un banc face à Sami, trois visiteurs venus de France, « de passage quelques jours », écoutent son récit avec un air compassionnel. « Nous sommes venus pour apporter notre soutien et la parole de Dieu à ces gens », prêchent ces religieux anonymes, qui disent être venus à titre « personnel ». À quelques mètres, derrière les rangées de barbelés, des policiers épient l’étranger du regard. Un policier contrôle les images d’une journaliste vidéo. L’inscription « No photo » est placardée sur les clôtures.

    L’Europe pourrait oublier Moria et ses âmes égarées, isolées en ses confins. Mais les autorités de Lesbos élèvent la voix. Le 20 novembre, à l’appel de la mairie, des centaines d’habitants grecs ont défilé sur le port aux façades pastel du chef-lieu de l’île, Mytilène. « Il y a au total 8 500 candidats à l’asile bloqués sur l’île. C’est une mauvaise gestion de la crise de l’UE et du gouvernement, dénonce Marios Andriotis, porte-parole de la municipalité. La frustration monte. Des Afghans ont fait une grève de la faim sur la petite place de la ville pendant deux semaines. »

    Lesbos, impuissante et explosive, réclame « le transport des migrants vers le continent [grec] ». En mars 2016, Marios Andriotis se disait pourtant satisfait de l’accord UE-Turquie. « Jamais nous n’aurions imaginé la situation actuelle, nous pensions que les déboutés de l’asile seraient renvoyés en Turquie. » Le politicien ne s’attendait pas à ce que « seules » plusieurs centaines de personnes soient déportées de l’autre côté. « Nous pensions aussi que les demandes d’asile seraient traitées rapidement. » La réponse concernant le droit d’asile s’éternise. Inquiet, Marios Andriotis estime que « les migrants pourront désormais attendre jusqu’à un an pour savoir ce qu’ils deviendront ». Certains ne tiendront pas. Régulièrement, des migrants tentent de rejoindre Athènes en montant illégalement à bord des ferries qui partent chaque jour de Lesbos.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041217/grece-les-migrants-arrivent-toujours-lesbos-sans-pouvoir-en-partir?onglet=
    #statistiques #chiffres de personnes bloquées sur l’île :

    Ce lieu illustre l’éternel contraste de Lesbos. Une tragédie humaine au cœur d’un paysage idyllique de mer azur et de collines arborées. Nichée au milieu de cette nature, cette forteresse de barbelés, dans le village de 1 000 âmes de Moria, « loge » désormais 6 700 migrants.

    #réfugiés #asile #migrations

  • Ruines contemporaines - En attendant Nadeau
    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/05/23/ruines-contemporaines-ikonomou

    Déclassés et déracinés. Tàssos, Stàvros, Làzaros. D’autres encore. Tous ont fui la grande ville pour se réfugier sur une île des Cyclades et tenter de subsister. Qui en essayant de profiter du tourisme, qui en devenant paysan. Ils rêvent : « Dans le jardin, ils cultiveraient des légumes et des melons, rien que du bio, pour n’avoir plus besoin des rats qui leur refilaient de l’ail chinois et des tomates hollandaises. » Autant se faufiler sous une pluie de météorites. Dès la première page, un de ces sympathiques néo-ruraux venus d’Athènes se fait passer au lavage par la mafia locale, « ligoté sur le capot de son pick-up ». Manière de prévenir le lecteur et de le décrasser de ses illusions. Le darwinisme social l’a emporté : « Maintenant il faut tuer pour vivre. » Il y aura toujours des puissants, ou des égaux hélas, pour « bouffer vos rêves ». Réagir collectivement à l’injustice ? Sans feinte, Ikonòmou décrit ce qui permet encore d’espérer en Grèce : les coopératives agricoles, la solidarité communale, les anarchistes. Mais c’est pour mieux en dire l’inanité. Espoir, société, politique, progrès, crise même, idées périmées tout cela. Le livre tonne de déclamations hallucinées et prophétiques où résonnent le désastre matériel absolu, le désarmement idéologique et la vacuité spirituelle. Paradoxalement, la peinture de ces extrémités enjoint à porter ailleurs son attention, plus loin : « Maintenant qu’il n’y a plus d’argent faut qu’on trouve autre chose pour être ensemble. »

    #grèce #crise

  • Comment le cimentier Lafarge a demandé et obtenu le démantèlement du droit du travail en Grèce

    Un mail confidentiel de novembre 2011 montre comment le cimentier français #Lafarge, déjà mêlé à plusieurs scandales, a participé avec un certain succès à l’entreprise visant à influencer la réforme historique du code du travail, alors menée par le gouvernement d’Athènes.

    https://www.bastamag.net/Comment-le-cimentier-Lafarge-a-demande-et-obtenu-le-demantelement-du-droit

    #licenciements #conventions_collectives #ciment #austérité #Grèce #code_du_travail #travail #Commission #BCE #FMI #Bruxelles #réformes_structurelles

  • Comment le cimentier Lafarge a demandé et obtenu le démantèlement du droit du #travail en Grèce - Basta !
    https://www.bastamag.net/Comment-le-cimentier-Lafarge-a-demande-et-obtenu-le-demantelement-du-droit
    https://www.bastamag.net/IMG/arton6414.jpg?1511355248

    Dans l’opinion publique grecque, c’est un fait acquis : le droit du travail a été démantelé sous la pression des lobbies. Mais jusqu’ici, les preuves manquaient pour étayer cette affirmation. Un mail confidentiel de novembre 2011 montre comment le cimentier français Lafarge, déjà mêlé à plusieurs scandales, a participé avec un certain succès à l’entreprise visant à influencer la réforme historique du code du travail, alors menée par le gouvernement d’Athènes.

  • Naufrages
    http://www.greekcrisis.fr/2017/11/Fr0647.html

    “En ces temps et lieux, il n’y a plus de bonnes nouvelles”, affirme non loin du Cap Sounion, notre petit pêcheur, rencontré sur le port de Lávrion, au Sud-est d’Athènes, alors qu’à l’ouest de la capitale, on dénombre actuellement 21 morts et un disparu, après les inondations du 16 novembre, plus exactement, faisant suite à l’hybris des hommes. “Nous allons venger nos morts, les politiciens devront faire attention”, entend-on depuis la zone inondée. Dégâts, disons des eaux, naufrages. Source : greek crisis

    • « Guarda e passa ! »

      En ces temps bourbeux, le métacosme des politiciens égal à lui-même, s’agite dans sa mélasse et autant dans la boue des inondations. Cette semaine, les “cadavres” du PASOK ont réélu l’insignifiante Fofi Genimata, à la tête de leur variante de PS avarié, renommée pour les circonstances “Gauche du centre”. Le tout, après avoir organisé bien entendu leur “primaire ouverte”. Le ridicule tue finalement, et d’abord, il tue le sens. Guarda e passa !

      Nous établissons alors bilan sur bilan, car les bilans... s’imposent plus que jamais dans l’ordre du jour (pour ne pas dire de la... décennie). Comme l’autre soir chez nos voisins : “Tant d’années de travail, tant d’années de luttes, tant d’années de cotisations... alors évaporées (les années, comme les cotisations), tant d’années sous la Troïka, tant d’années encore pour espérer la retraite... décidément d’argent de poche, tant d’années trahies, tant d’années au chômage, tant d’années sans queue ni tête.” Guarda e passa !

      Et de ce fait, tant d’années extraites de toute chronométrie humaine potentiellement espérée, tant de mois déjà, depuis la dernière (?) métastase de la pseudo-démocratie actuelle (et même plus ancienne), nommée gouvernance SYRIZISTE, voire, tant d’années encore à tirer peut-être... avant le collapse. Qui sait ?

      Sous la pluie, près de dix mille manifestants seulement (ceux de SYRIZA ont été d’ailleurs étant hués par tous les autres), le bâtiment historique de l’École Polytechnique (bâtiment publique, joyau de la ville d’Athènes de la fin du 19e siècle, aujourd’hui classé... sans suite), restant occupé et saccagé par une déferlante (désormais historique) d’individus se réclamant d’un certain “anarchisme” (de façade), occupation qui concerne autant le quartier proche d’Exárchia, devenu ainsi zone de non-droit et de désolation, de décrépitude, de crime organisé et de déculturation, dans un pays déjà sans-droits et sans Constitution. Naufrages... Guarda e passa !

      On se souviendra tout de même des rêves de ceux, ayant à l’époque cru et lutté, ce que d’autres de leur génération (les chefs et cadres par la suite Pasokiens et Syrizistes notamment), ont converti en cauchemar pour cette Grèce de l’après Colonels. C’est le plus grand échec... pourtant calculé (comme calculateur), de la part des gauches grecques (comme de sa droite). Une situation désormais... irréversible, éventuellement pour la Grèce et certainement pour ses Gauches, en dépit même de la figure, en somme tragique, d’un Manólis Glézos encore debout sous la pluie, et à l’École Polytechnique en ce 17 décembre 2017.

      Ce 17 novembre 2017 s’est ainsi achevé par la petite guerre rituelle, entre “anarchistes” et policiers (une juriste est depuis grièvement blessée après avoir reçu un projectile enflammé... destiné aux forces de l’ordre), commémoration autant achevée sous la pluie comme dans la boue de notre temps.

  • Place aux jeunes
    http://www.greekcrisis.fr/2017/11/Fr0645.html

    Notre ami M. remarque encore, que d’une certaine manière, les embouteillages font leur retour en ce moment dans le quotidien de la ville d’Athènes. “Les gens, ceux ayant encore certains revenus, si possible fixes, les fonctionnaires par exemple, réadaptent leurs manières en la matière. Ils économiseront ailleurs et en réalité, ils se priveront, pour pouvoir éviter les rames bondées du métro et de Proastiakós (RER monoligne de la Région Attique). Ils veulent surtout éviter le contact, avec d’abord toute cette énergie négative des autres, puis, les agressions, les mendiants, les drogués, les vols, voire le bruit. Et aussi les grèves.” Source : greek (...)

    • Pluies et orages. L’air athénien sent déjà le bois brûlé à la tombée de la nuit. Nous implorons... le général Hiver : Clémence et indulgence. Cela dit, cette situation crisique grecque... est vieille de huit ans. “Une génération en termes de temps”, comme me le dit l’ami Dimitri. Donc temps d’hiver : “Les plus jeunes, ils n’auront pas connu autre chose, et d’ailleurs, c’est la précarisation ou rien, strictement rien, ils le savent”. C’est autant par cette réadaptation forcée de la société, rien que par la saignée, que le discours politique devient caduque, voire ridicule. Le quotidien... et son esprit de suite.
      Devant notre immeuble, sans chauffage central depuis 2012, c’est entre voisins que nous extrapolons au sujet de la météo, mais en réalité, en matière de pratiques de... chauffage alternatif obligatoire. Nos mentalités évoluent, et notre état de santé avec... ou plutôt le contraire. Cet hiver, nous ne ferons pas fonctionner les deux chauffages à bouteille de gaz, ils seront remplacés par de l’électrique, cela nous épargnera, espérons-le, certaines visites chez le pneumologue.

      Nos choix sont restreints, comme pour le reste..., puis, les factures d’électricité après relevé, elles arriveront comme on sait après l’hiver. “Nous aviserons”, tel est le... slogan révolutionnaire d’après la dernière mode dans notre immeuble, comme partout ailleurs au château branlant de l’édifice grec.

      L’autre soir, nous avons enfin pu... pratiquer cette taverne des quartiers populaires dans l’ouest d’Athènes, entre amis. Projet... géopolitique sans cesse reporté depuis plusieurs semaines. Petit vin, petits plats, petite facture (8€/personne) et cependant, grand moment dans la lutte... finale, contre la désertification de notre sociabilité. Et ce n’est pas rien. Après tant de luttes politiques perdues et trahies, finalement sur un terrain, lequel nous avait été de toute évidence dérobé, nous voilà désormais défendre l’essentiel, avant même toute autre forme de résistance.

      #génération_précaire

    • « Avoir le point » ou pas

      J’ai dit au fil d’une discussion avec les journalistes qui m’accompagnaient à Athènes que « pour l’instant, Macron a le point ». « Pour l’instant » n’y fit rien, même si j’ai dit déjà la même chose à TF1 il y a quinze jours. Ici, 24 heures plus tard j’aurais reconnu avoir « perdu une bataille » ! Rien de moins ! Et ainsi de suite d’une rangée de moutons médiatiques à l’autre. Et comme la joie n’a pas de frontière, j’ai même retrouvé l’information telle que reformatée par les machines à buzz française dans la presse espagnole. Le buzz a donc fonctionné, étouffant aussitôt tout le reste de ce que j’ai dit et fait en Grèce. Nouvelle vérification du fait que la sphère médiatique ne rend pas compte de l’actualité mais la fabrique dans un format sensationnaliste correspondant au niveau de culture qu’elle suppose rencontrer chez ses lecteurs. Je dirai que son but n’est pas d’informer mais d’empêcher de penser.

      Car mon propos n’était pas celui d’un commentateur mais celui d’un protagoniste engagé dans une lutte pour la défense de ce qu’il croit fondamental. Je ne pousserai pas l’impudence jusqu’à rappeler qu’un plus illustre que moi fit en son temps la distinction entre perdre une bataille et perdre une guerre. Et fonda toute sa stratégie sur ce constat. Combien sauraient de quoi je parle dans ces médias ? Que comprennent-ils à une nuance ? Mon intention est d’interpeller les miens, ceux de ma famille politique et sociale. Comment je sais que Macron a le point aujourd’hui ? Parce qu’il peut se permettre d’avancer sur tant de front sociaux sans ralentir. Comment est-ce possible alors qu’il n’a pas de base sociale pour sa politique dans le pays ? Voilà la question que je pose. Je le fais non pour poser une question mais pour faire comprendre qu’il faut une réponse concrète.

      La forme et la tactique de résistance à la politique du gouvernement ne peut plus rester enfermée dans le « chacun de son côté ». Il est plus que temps d’organiser la jonction des efforts entre le mouvement social, associatif et les forces politiques de la résistance au coup d’État social. Je prends la responsabilité de le dire haut et fort avant qu’il ne soit trop tard. Et je ne vois pas d’intérêt à appliquer des piqûres de ciment en niant ce que tout le monde sait et voit. Quand la CFDT invite a une réunion qui se finit dans un bistrot parce que la centrale a refusé de prêter une salle à ceux qui ne sont pas de son avis et qu’elle congédie, un seuil dans le dérisoire n’est-il pas franchi ? Et combien d’autres choses à pointer. Comme ces négociations séparées de certaines branches professionnelles, cruel démenti du système syndical confédéré où la force du collectif est poussée à s’émietter. Ne pas accepter de le voir, c’est renoncer à imaginer la réponse à la question : comment inverser le cours des évènements ? Voilà la seule question qui vaille. C’est celle que je pose.

      Bien-sûr, le 16 novembre, il faut être dans la mobilisation syndicale. Comme à chaque étape, « La France insoumise » mobilise aux côtés des syndicats alors que l’inverse n’est jamais vrai. Personne, y compris parmi ceux qui donnent des leçons, ne mobilise autant. Mais on ne peut en rester là, tel est mon message. Contre les ordonnances, il ne s’agit pas de faire un baroud d’honneur. Il s’agit de mener une lutte avec clarté sur l’objectif et les moyens de l’atteindre : faire reculer le pouvoir, sauver nos acquis sociaux et une manière de vivre en société ! C’est de cela dont on parle. Le 23 septembre, dans mon discours place de la République, conformément aux conclusions de notre groupe parlementaire, j’avais fait le geste de nous mettre en retrait en appelant les syndicats a diriger tout le mouvement et en proposant une marche générale avenue des Champs Élysées. La suite, nous l’avons sous les yeux. La stratégie qui a échoué face à El Khomri a encore moins bien marché face à Macron. Je ne vois aucune raison de faire semblant de ne pas l’avoir vu.

      Car de notre côté, dans l’hémicycle, nous nous sommes trouvés progressivement absolument seuls sur la barricade. Le débat du projet de loi de finance de la Sécurité sociale a pu être bouclé en quatre jours pourtant annoncés de longue date sans un seul instant de mobilisation spécifique. Une nouvelle fois, le dogme du « mouvement social indépendant de la politique » a montré sa limite. Je le dis parce qu’à ce rythme tous les acquis sociaux essentiels du pays vont y passer et nous aurons été cloués dans une double interdiction : interdit de critiquer « la seule politique possible » d’un côté, interdiction de discuter de l’organisation de la lutte de l’autre.

      La « Charte d’Amiens » sans cesse invoquée une nouvelle fois aura eu bon dos. Il serait temps que nombre de ceux qui s’y réfèrent pour stigmatiser la présence des organisations politiques dans le combat social se demandent si ce document qui date de 1905 et résulte de la bataille entre marxistes et anarchistes au début du siècle précédent doit rester un dogme sans nuance 111 ans plus tard. Car ce texte fixe une stratégie d’unité ouvrière en tenant à distance les « sectes socialistes » (à l’époque, en 1905, il y a cinq partis socialistes) pour permettre le déclenchement de la « grève générale révolutionnaire »… Parmi les dirigeants du mouvement social actuel, qui a l’intention de préparer aujourd’hui une « grève générale révolutionnaire » comme cela est prévu dans la « charte d’Amiens » ? Personne !

      Il faut donc en finir avec cette hypocrisie. Il faut savoir faire équipe et savoir joindre les efforts de mobilisation entre la sphère politique et la sphère du mouvement social. Et je dis le mouvement social en pensant non seulement au syndicalisme mais à tout l’univers associatif, lui aussi laissé de côté à présent en dépit de ses propres efforts pour se mobiliser. Bref, nous avons besoin d’une convergence populaire. En tous cas je le dis clairement : les organisations politiques ont toute leur place dans la mobilisation et la conduite du mouvement de résistance sociale. La jonction entre elles et les organisations du mouvement syndical et associatif est indispensable face à la politique de Macron. Car cette politique vise en fait, à partir du terrain social, à une reconstruction politique générale de la société. Ce n’est donc pas seulement une « question syndicale » qui est posée. Ni la refonte du code du travail, ni la destruction de la Sécurité sociale ne sont des questions exclusivement syndicales. Ce sont des questions de société qui ont un contenu hautement politique comme nous ne cessons de le dire à la tribune de l’Assemblée et au pays.
      JLM

      L’ère du Peuple

  • #Athènes : Un an et demi de #City_Plaza
    https://fr.squat.net/2017/10/22/athenes-un-an-et-demi-de-city-plaza

    Aujourd’hui nous célébrons un an et demi. Le 22 Avril 2016, 250 militants et réfugiés ont repris l’hôtel City Plaza situé dans le centre d’Athènes. Un hôtel qui, comme beaucoup d’entreprises depuis l’effondrement économique et les politiques d’austérité, avait été fermé depuis six ans. L’hôtel abandonné a été transformé en “Hébergement pour réfugiés et espace […]

    #Grèce #sans-papiers

  • Platon et Aristote, de sacrés machos ! | Nous les femmes
    https://nous-les-femmes.org/2013/12/20/platon-et-aristote-de-sacres-machos

    Etre femme dans le monde antique, c’est mener l’existence d’une éternelle soumise : dès les premiers jours de sa vie, la petite fille subit l’autorité de son père. Devenue jeune mariée, elle quitte le foyer familial. Elle ne se libère de la domination paternelle que pour accepter celle de son mari. Tout au long de son existence, une femme doit tolérer la présence d’un homme au-dessus d’elle, qu’il soit son père, son mari, son oncle ou son frère.

    La vie d’une femme est tracée dès sa naissance : la tâche qu’on lui assigne est de procréer et d’entretenir le logis familial. Il est donc plutôt rare qu’une maîtresse de maison quitte son foyer pour flâner dehors, surtout si elle n’est pas accompagnée de son époux. En Grèce ancienne, une femme parcourant seule les rues de la cité fait scandale. Seules les prostituées ont droit à ce privilège. A Athènes, les citoyennes participent très rarement aux fêtes religieuses de la ville. L’entrée du théâtre leur est interdite. Les femmes ne sont pas autorisées à jouer la comédie, ce sont des comédiens masculins qui interprètent les rôles de femmes.

    En Grèce, quand un mari trouve son épouse en compagnie d’un autre homme, il est autorisé à les tuer tous les deux sur l’instant. En revanche, si l’inverse se produit, l’épouse trompée ne peut que réclamer le divorce. Les Athéniennes n’ont pas le droit d’avoir de relation conjugale en dehors de celles qu’elles partagent habituellement avec leur époux. En revanche, un homme marié a le droit de fréquenter une esclave ou une autre citoyenne, à la condition que celle-ci ne soit pas la conjointe d’un autre Athénien.

    En matière d’héritage, là encore, l’inégalité prévaut. Les femmes ne peuvent pas toujours disposer librement de ce dont elles ont hérité parce que la loi impose qu’elles remettent la part reçue à leurs enfants. Si, au moment de sa mort, un homme n’a qu’une fille unique, celle-ci récupère l’ensemble des biens paternels. Mais elle est alors contrainte à épouser un membre de sa famille (oncle, cousin…) pour que l’héritage ne tombe pas en des mains étrangères.

    –-----
    https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2002-2-page-309.htm
    Légalité, justice et femmes dans la République et les Lois de Platon
    parGerasimos Santas

    Cet article soutiens que Platon était un proto-féministe.

    #femmes #platon #aristote #Philosophie #phallosophie

    • http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-philosophes-et-la-guerre-des-sexes_780271.html

      Platon, par exemple, divise le genre humain en mâles et femelles comme les nombres pairs et impairs, dans La République. Mais ces nombres ne sont pas équivalents entre eux. Aux yeux d’Aristote, la femme est ontologiquement, c’est-à-dire par nature, inférieure à l’homme. Plus proche de l’enfant ou de l’animal, faite pour être gouvernée par le sexe fort, incapable de transmettre autre chose que la « forme » de la vie à l’embryon, et non son « essence » -prérogative exclusivement masculine. Pis : la « femelle », comme la nomme le philosophe grec, s’apparente à un « monstre » lorsqu’elle est engendrée à la place d’un mâle. Chez Platon, la démonstration biologique tourne même explicitement au hold-up. La femme accouche les corps ? L’homme -Socrate, en l’occurrence- accouche les « âmes ». Il engendre. En bonne logique platonicienne, qui scinde matière et esprit pour parvenir à l’Idée pure, la femme n’a donc aucun intérêt. "Dans les dialogues platoniciens, Socrate est finalement le seul à détenir la véritable fécondité, explique Cynthia Fleury. Par cette substitution magnifique, cette terrible ruse inaugurale, la philosophie, dès son origine, confisque à la femme la naissance des âmes. Rien que cela !

      Dans Le Banquet, c’est pourtant une digne représentante de la gent féminine, Diotime, qui initie Socrate au secret d’Eros. « Lorsqu’il rencontre une femme exceptionnelle, Socrate aime philosopher avec elle », confirme Frédéric Lenoir, auteur de Socrate, Jésus, Bouddha (Fayard). Mais Diotime n’a rien d’une femme ordinaire : elle est prêtresse à Mantinée. « D’ailleurs, note le spécialiste des religions, au moment de sa mort, Socrate demandera que toutes les femmes quittent la pièce pour rester avec ses compagnons masculins. » Diotime révèle aussi que le seul amour qui mène à l’idée du Bien est celui pratiqué... entre hommes. On n’en sort pas.

  • Jupiter se mue en Atlas, par Guillaume Berlat Proch et Moyen Orient.ch - Guillaume Berlat - 2 octobre 2017

    http://prochetmoyen-orient.ch/jupiter-se-mue-en-atlas

    « La parole est au peuple. La parole du peuple, c’est le souverain » (Charles de Gaulle). Manifestement, le président de la République est omniprésent sur la scène intérieure et sur la scène internationale, pris d’une boulimie jamais égalée de paroles même à l’époque de Nicolas Sarkozy…1 Pour ce qui est des actes, nous jugerons dans quelques mois. Emmanuel Macron veut transformer la France (Cf. les ordonnances sur la loi travail que nul ne conteste en réalité), changer le monde (Cf. son discours devant la 72e Assemblée générale de l’ONU à New-York le 19 septembre 20172) et aujourd’hui refonder l’Europe (Cf. son discours devant des étudiants venus de toute l’Europe dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 26 septembre 2017)3. Alors que l’Union européenne est marquée par un signe d’usure qui compromet son avenir (Cf. mise en route de la négociation sur le « Brexit », désaccord sur la répartition des migrants décidée il y a deux ans, sur l’évolution de la zone euro, mise en cause par la Hongrie et la Pologne du socle des valeurs fondamentales de l’Union et , ce qui est plus grave encore, sur les objectifs du projet européen), le docteur Macron livre urbi et orbi le diagnostic du mal qui frappe l’Europe et le remède miracle qu’il a dans sa trousse à outils4. Dans quel environnement se situe cette intervention ? Quel est son contenu ? Quelle pourrait être la suite de cette intervention ?

    L’ENVIRONNEMENT DE L’INTERVENTION
    Environnement global : il n’y a pas que des bonnes nouvelles
    Hormis, une légère remontée dans les sondages d’opinion, les jours précédant la divine intervention n’ont pas apporté que de bonnes nouvelles. Emmanuel Macron doit encaisser deux mauvaises nouvelles. Sur le plan intérieur, les résultats des élections sénatoriales du 24 septembre sont décevants pour la République en Marche. Surtout, ils augurent mal d’une possible majorité des deux tiers requises pour faire adopter sa réforme constitutionnelle comportant entre autres une réforme de la Justice alors que le président de la République veut exporter le modèle juridique français chez tous les mécréants. Le 28 septembre 2017, il était censé prononcer un important discours sur le thème de la sécurité qu’il annule en dernière minute. Sur le plan extérieur, le résultat des élections législatives en Allemagne du 24 septembre 2017 est pour le moins inquiétants au regard de son projet de réforme de l’Union économique et monétaire5. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne correspondent pas entièrement au souhait d’Emmanuel Macron pour son projet de refondation de l’Europe6. En particulier, Berlin risque de ne pas suivre Paris sur son projet de réforme de la zone euro7 défendu fort à propos par un des conseillers du président de la République lorsque ce dernier était à Bercy8. Pire encore, son Europe rêvée9, ses ambitions risquent d’être contrariées par l’Allemagne. Il est vrai que nos partenaires européens, qui connaissent la France sur le bout du doigt, attendent des actes après les paroles.

    Environnement européen : la vie continue comme si de rien n’était
    Rappelons qu’après avoir prononcé son auguste intervention, Emmanuel Macron se rend à Lyon pour participer à un sommet franco-italien (27 septembre 2017) avant de s’envoler vers l’Estonie pour participer à un sommet européen sur le numérique (29 septembre 2017). On comprend bien que l’architecte-pompier Jupiter est sur tous les fronts à la fois. Pour ce qui est de sa vision de l’Europe, le sujet n’est pas entièrement vierge. Il l’évoque déjà dans son entretien à l’hebdomadaire Le Point dans lequel il qualifie la France de « phare de l’Europe »10. Mais, surtout, il formule des propositions particulièrement concrètes et détaillées dans des interventions publiques officielles : son discours prononcé lors de la semaine des ambassadeurs (29 août 2017)11 qu’il reprend pour certaines et les approfondissant lors de son intervention sur la colline du Pnyx, face au Parthénon, symbole de la démocratie, à Athènes (7 septembre 2017). « Aujourd’hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger”, lance-t-il au premier jour de sa visite d’Etat en Grèce. « Ce soir, je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l’examen critique sans concession de ces dernières années » Emmanuel Macron réclame la création d’un parlement de la zone euro et indique qu’il faut que « nous puissions pendant six mois organiser des consultations, des conventions démocratiques ». Le ton est donné. Aux grands maux, les grands remèdes. Qu’en est-il de sa prestation à la Sorbonne à l’occasion de laquelle il veut faire la « pédagogie de son action » ?

    LA SUBSTANTIFIQUE MOËLLE DE L’INTERVENTION
    Débuté avant 35 minutes de retard (ne dit-on pas que l’exactitude est la politesse des rois), cette « initiative européenne » de 90 minutes est interminable, parfois lyrique, mystique12, parfois délirante, décousue, technocratique, partant dans tous les sens avec une inflation d’effets d’annonce. Si l’on prend la liberté de reconstruire ce discours, on pourrait l’organiser autour des trois axes suivants.

    Diagnostic notarial : l’Europe va très mal
    L’Europe est une idée ancienne qu’il faut nous réapproprier car les États membres se sont endormis sur leurs lauriers, pris par la langueur et l’habitude et par leur goût immodéré pour la bureaucratie. Ils ont laissé s’installer le doute. Ils ont bâti un édifice à l’abri des peuples en confiant leur sécurité à l’Amérique et leur économie à la mondialisation. Nous avons collectivement ignoré que le passé pourrait revenir. Or, il revient à travers le souverainisme, le repli, le protectionnisme et l’indentitarisme, toutes choses contre lesquelles nous pensions être immunisés. Aujourd’hui, l’Europe est faible, lente et inéquitable. Face aux nombreux défis mondiaux, nous devons préparer l’avenir. L’Europe doit défendre ses intérêts et ses valeurs en recherchant un équilibre dépassant ses divisions internes. Elle doit se fixer un cap autour de quelques principes simples débouchant sur une souveraineté européenne. Tout le discours est émaillé de références aux pères fondateurs (Monnet à Schumann) sans oublier pour les personnalités qui comptent, Jacques Delors. Il prend parfois un ton lyrique, enflammé qui nuit à la pertinence du propos. Le diagnostic revient à tous les endroits du discours, amoindrissant ainsi sa portée. Un hymne à la jeunesse que nous ne devons pas décevoir en lui consacrant la part importante qui lui revient dans nos réflexions et dans nos actions.

    Remèdes conceptuels : les six clés de la souveraineté européenne
    La construction d’une Europe forte passe par les six clés de la souveraineté européenne : (1) défendre notre sécurité (capacité européenne autonome de défense) ; (2) assurer notre souveraineté en maîtrisant nos frontières et en préservant nos valeurs (traiter humainement les vrais réfugiés et renvoyer les autres, travailler à la stabilisation des pays d’origine de l’immigration) ; (3) développer une politique étrangère en partenariat avec l’Afrique ; (4) préparer la transition écologique en développement un modèle économique et alimentaire nouveau (sécurité et souveraineté alimentaire) ; (5) préparer la révolution numérique (définir un cadre juridique approprié qui protège les libertés individuelles) ; faire de l’Europe une puissance économique et industrielle (à travers le développement d’une union économique et monétaire). Le président de la République marque son attachement à la culture, l’éducation, au triangle souveraineté/unité/démocratie, au respect de l’état de droit de manière décousue.

    Remèdes concrets : un inventaire à la Prévert de propositions
    À suivre l’exposé jupitérien, l’auditeur attentif est pris d’une sorte de tournis, bombardé qu’il est d’initiatives qui partent dans tous les sens sans la moindre hiérarchisation et sans le moindre chiffrement : initiative européenne d’intervention ; académie européenne du renseignement ; parquet européen contre la criminalité organisée et le terrorisme ; office européen de l’asile ; police des frontières européenne ; force européenne de protection civile ; aide publique européenne au développement financée par une taxe européenne sur les transactions financières13 ; budget européen de la zone euro, ministre des finances de la zone euro ; taxe carbone européenne ; fonds européen d’enquête de lutte contre les fraudes alimentaires ; marché européen de l’énergie ; expertise scientifique européenne indépendante (Cf. le scandale des glyphosates14) ; agence européenne de l’innovation numérique ; universités européennes ; harmonisation et reconnaissance des diplômes universitaires et secondaires ; Erasmus élargi ; obligation de parler deux langues européennes ; commission réduite à 15 membres ; élargissement de l’Union européenne à tous les pays respectant des valeurs (Balkans en particulier), voire demain au Royaume-Uni ; institution d’une Europe à plusieurs vitesses ; communautarisation des élections européennes en deux temps (2019 et 2024) ; lancement de conventions démocratiques sur l’avenir de l’Europe ; procureur commercial européen ; nouveau partenariat avec l’Allemagne (traité franco-allemand à l’occasion du 75e anniversaire du traité de l’Élysée) ; lancement immédiat d’un groupe de la refondation européenne….

    Que peut-on imaginer pour l’avenir proche et lointain de cette refondation de l’Union européenne qui va au-delà d’un mini-compromis15 ?

    LA SUITE DE L’INTERVENTION
    À l’évidence, comme souvent dans ses interventions, le discours de la Sorbonne pose problème dans sa méthodologie que dans son contenu.

    Méthodologie jupitérienne : la com’ d’abord et avant tout
    On peut tout d’abord s’étonner que les principales propositions contenues dans le discours du président de la République (déjà évoquées à Paris et à Athènes) se retrouvent dans les principaux médias plusieurs heures avant son prononcé. Du bon travail de l’équipe de communication de l’Élysée pour qui l’important n’est pas tant dans le contenu que dans l’annonce ! En raison de la politique de l’essuie-glace, cet évènement est destiné à être remplacé par un autre dans les heures qui suivent. Un discours éphémère pour une durée de vie éphémère. On peut ensuite, du point de vue de nos partenaires européens, au premier rang desquels les Allemands qui se trouvent dans une période délicate de composition d’un gouvernement de coalition, se poser la question de savoir s’ils apprécient cette méthode qui se trouve à l’opposé de la méthode communautaire et de la confiance minimale entre Berlin et Paris. Dans le langage courant, on appelle cela mettre quelqu’un au pied du mur. Encore une fois, Emmanuel Macron est pris à son propre jeu. À Berlin, on évoque en termes pudiques « une bonne base de travail ». Ce qui signifie, tout est à revoir en termes moins diplomatiques.

    On ne peut dans le même temps stigmatiser les souverainistes et s’inspirer de leur démarche pour jouer perso comme dans certains sports collectifs. Cela s’appelle une contradiction dans les termes. Pour renforcer sa main dans la construction européenne, la meilleure méthode est la persuasion dans la discrétion pour créer un momentum en sa faveur. La pire des méthodes est l’arrogance dans l’ostentation. Forcer la main conduit le plus souvent à braquer ses partenaires ! Telle est la principale leçon que tirent les diplomates ayant une bonne pratique de la diplomatie multilatérale. Prendre date en proposant sa vision de l’Europe est une chose, respecter ses partenaires en est une autre. Emmanuel Macron a tendance à confondre ces deux démarches pour forcer le destin. Nous ne sommes pas certains que cela ne soit pas perçu comme une forme d’arrogance à la française, venant d’un pays qui n’est pas un parangon de vertu, en particulier sur la question des déficits budgétaires. Le risque est grand que tout son édifice ne se délite au fil des semaines et des mois comme un vulgaire château de cartes. Notons au passage que le lendemain de ce discours, le premier ministre présente son projet de loi de finances 2018 qui fait apparaître les gagnants (Défense, écologie, justice, éducation, sécurité et asile) mais également les perdants au premier rang desquels figure le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (moins de crédits, moins d’emplois) qui est censé porter ce projet pharaonique. Où se situe la logique de cet exercice au pays de Descartes ?16 On peine à la trouver surtout pour un ministère régalien comme le Quai d’Orsay. Finie les déclarations d’amour de la semaine des ambassadeurs.

    Contenu irréaliste : la stratégie n’est pas au rendez-vous
    À lire et à relire l’interminable discours d’Emmanuel Macron, on peine à trouver un cap clair avec quelques objectifs précis et quelques mesures susceptibles de remettre l’Europe sur les bons rails dans un avenir rapproché. C’est une logorrhée à jet continu. L’exercice oral auquel s’est livré le président de la République, devant un parterre d’étudiants européens, relève de la parole ou de la prophétie auto-réalisatrice. Pas plus qu’à l’ONU, la semaine précédente, la saturation en propositions européennes – qui pour la plupart d’entre elles ont peu de chance d’être retenues – ne constitue la méthode pour avancer dans la bonne direction même s’il y a urgence. Il faut malheureusement donner du temps au temps pour construire la confiance. Les premières réactions allemandes sont pour le moins distantes surtout au moment où Siemens avale Alstom17. Au pays du pragmatisme, on quantifie les propositions et on prend ses distances. On ne peut critiquer l’approche structurelle et la pratiquer à outrance en proposant la mise en place de toute une série de structures. Commençons par faire mieux fonctionner celles qui existent par un effort de rationalisation et travaillons à la mise en place d’un multilatéralisme efficace. Le reste suivra forcément. Si les partenaires sont enclins à réformer l’Europe, nul ne donne son aval aux propositions concrètes, c’est que l’on qualifie « d’accueil poli »18. Tout le monde sait à Bruxelles que le diable est dans les détails. Le « macronisme », fondé sur du bricolage fait de bric et de broc19 ne semble pas être la meilleure approche pour répondre à des questions existentielles qui sont au cœur de la construction européenne, de sa survie à l’avenir. Il n’est pas aussi la meilleure manière de traiter nos amis allemands dont l’économie n’a jamais été aussi florissante20. Or, qu’en est-il aujourd’hui de la réalité du couple franco-allemand ? Le couple franco-allemand est un leurre. La France et l’Allemagne n’ont plus les mêmes intérêts convergents dans la construction européenne21.

    À Emmanuel Macron qui fait état d’un « consensus commun » (pléonasme, ou bien il y a consensus ou bien il n’y en a pas) entre Européens sur la nécessité de refonder l’UE au lendemain d’un dîner informel à Tallinn où ses propositions pour l’avenir de l’Europe ont reçu un « accueil poli mais prudent », la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, sur Twitter, avant le dîner, a ainsi mis en garde ses partenaires : « Attention à éviter les mirages dans le désert ». Tout est dit en peu de mots.

    « L’hyperinformation et l’hypercommunication n’apportent pas de lumière dans l’obscurité »22. Transparence et pouvoir sont difficilement compatibles. Qui sème l’indécision, récolte l’incompréhension ! Aller encore plus loin en prônant un saut fédéraliste qui ne dit pas son nom (toujours plus d’Europe alors qu’on critique son inertie), c’est faire un cadeau en or à ceux qui rêvent de voir l’Union européenne exploser en vol. Alors, on fait des annonces de réforme pour donner le change, pour pouvoir dire que l’Europe continue et se transforme. Mais cette frénésie d’annonces risque surtout de masquer l’impuissance de l’Europe à se ressaisir et, par voie de conséquence, de la France à peser dans le débat. Car cela ne changera pas grand-chose23. « Vox clamantis in deserto ». Finalement, l’Europe a deux ennemis : ceux qui ne l’aiment pas et ceux qui l’aiment mal24. Emmanuel Macron aura peut-être, sans le vouloir, réussi le tour de force de réconcilier les deux extrêmes. La seule question important à laquelle ne répond pas Emmanuel Macron est de savoir si les 27/28 États membres voudront ou non, un jour prochain s’interroger sur la raison d’être de l’Europe au XXIe siècle et sur quelques objectifs simples unanimement partagés. Faute de quoi, il y a fort à parier que toutes les mesures proposées par le chef de l’État à la Sorbonne soient de nature à enrayer la crise de l’euro, à contrecarrer les forces centrifuges qui sont de plus en plus fortes, à enrayer l’absence de solidarité entre États membres, à empêcher la dislocation des règles européennes et cela en dépit de la mue récente de Jupiter en Atlas voulant porter l’Europe à lui tout seul.

    Guillaume Berlat 2 octobre 2017
    1 Grégoire Poussielgue, Macron n’entend laisser aucun temps mort, Les Échos, 25 septembre 2017, p. 3.

    2 Guillaume Berlat, Un prédicateur à Manhattan, www.prochetmoyen-orient.ch , 25 septembre 2017.

    3 Erik Emptaz, Europe Hop Hop !, Le Canard enchaîné, 27 septembre 2017, p. 1.

    4 Discours du président de la République, Emmanuel Macron sur la refondation de l’Europe, Sorbonne, 26 septembre 2017, www.elysee.fr , 27 septembre 2017.

    5 Dominique Quinio, L’Allemagne dans l’Europe, La Croix, 25 septembre 2017, p. 25.

    6 Bqstien Bonnefous/Cédric Pietralunga/Solenn de Royer, Un long dimanche de contrariétés pour Macron, Le Monde, 20 septembre 2017, p. 10.

    7 Cécile Ducourtieux/Jean-Pierre Stroobants, Berlin risque d’être plus réticent à la réforme de la zone euro, Le Monde, 26 septembre 2017, p. 6.

    8 Shahin Vallée/Pierpaolo Barbieri, « Il faut un budget pour la zone euro », Le Monde, 26 septembre 2017, p. .21.

    9 Éditorial, L’Europe rêvée d’Emmanuel Macron, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 24.
    
10 Guillaume Berlat, Jupiter fait le point, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 septembre 2017.

    11 Guillaume Berlat, Zeus a rendez-vous avec Hermès : vers une diplomatie de la transformation ?, www.prochetmoyen-orient.ch , 4 septembre 2017.

    12 Bastien Bonnefous/Solenn de Royer, Macron un président très spirituel, Le Monde, 24-25 septembre 2017, p. 8.

    13 Kemal Dervis, Une refonte de l’aide au développement pour réguler les flux de migrants, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 7.

    14 Stéphane Foucart, Glyphosate : la France en pleine cacophonie, Le Monde, 27 septembre 2017, p. 7.

    15 Collectif, L’Europe mérite mieux qu’un mini-compromis, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 7.

    16 Service international, Planète et société, Défense, écologie, éducation… les gagnants, Le Monde, 28 septembre 2017, p. 10.

    17 Martine Orange, Alstom-Siemens, un nouveau bradage industriel, www.mediapart.fr , 27 septembre 2017.

    18 Cécile Ducourtieux, L’accueil poli des Européens aux idées de Macron, Le Monde, 30 septembre 2017, p. 6. 

    19 Jean-Pierre Robin, Le « macronisme », du bricolage fait de bric et de broc, et fier de l’être, www.lefigaro.fr , 24 septembre 2017.

    20 Allemagne : Macron a la « trouille », Le Canard enchaîné, 27 septembre 2017, p. 2.

    21 Cécile Ducourtieux/Solenn de Royer, Macron détaille sa vision de l’Europe en ménageant Merkel, le Monde, 28 septembre 2017, p. 3.

    22 Byung-Chul Han, La société de transparence, PUF, 2017, p. 76.

    23 Martine Orange, « Le couple franco-allemand est un leurre », www.mediapart.fr , 26 septembre 2017.

    24 Jack Dion, La folle complainte des eurolâtres, Marianne, 22-28 septembre 2017, pp. 50-51.

    Articles repris par Les Crises https://www.les-crises.fr/jupiter-se-mue-en-atlas-par-guillaume-berlat
    #macron #discours #pensée #communication #médias #hypercommunication #union_européenne

    • Bonjour @alain1 Alain

      – Qu’appelles tu un thème ?

      – Me contacter en direct ?
      Connectes toi sur le site associé à mon profil SeenThis (cliques sur mon profil).
      Ensuite :

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      >> Emissions du Mercredi

      Tu devrais trouver un titre d’émission qui te permettra de me reconnaitre.
      Il y a moyen d’envoyer un mail.

      Sinon, par l’intermédiaire de « Poser une question » ou de contact sur le site de la Radio.

      Cela peut te paraitre compliqué, mais mettre une adresse mail en direct sur le web, c’est se faire spamer.

      Amicalement,
      André

  • #Athènes-Bruxelles, le conflit raconté de l’intérieur
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/181017/athenes-bruxelles-le-conflit-raconte-de-linterieur

    Les éditions Les liens qui libèrent publient ce mois-ci la version française du livre de #Yanis_Varoufakis, Conversations entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe. Retour sur le combat mené il y a deux ans par celui qui était alors ministre des finances de la #Grèce.

    #Economie #Alexis_Tsipras #Angela_Merkel #dette_publique #Eurogroupe #Jeroen_Dijsselbloem #Michel_Sapin #Syriza #Wolfgang_Schauble

  • Hello,

    Je viens vous annoncer la sortie de mon premier livre « deux fois né », aux éditions Verticales, dans toutes les bonnes librairies à partir du 12 octobre.

    J’ai appris cent trente mille et une choses ici. Maintenant, c’est mon tour, laissez-moi vous rendre l’appareil (sic).

    Au travers de cette enquête, vous découvriez #Mètis, une océanide polymorphe méconnue, pourquoi, parfois, on a envie de tuer sa mère (et tout un tas d’autres gens), qu’est-ce qui se passe à Ikaria, l’île où les fêtes archaïques s’enchaînent sans interruption, ce qu’est un NINJA swap et certaines astuces comptabilité créative, qu’est-ce que l’UE envoie aux chèvres ikariote pour qu’elles frôlent le cannibalisme, ce qu’est la Katharevoussa, un chaïdevtiko ou encore ce que veut dire μοιραζώ (Moirazô) – mais aussi, vous apprendrez pourquoi les situations familiales impossibles ont la forme d’une boucle qui ressemble à un nœud qui ressemble à une toupie, qu’est-ce que la structure fondamentale d’hallucinations sous peyotl (qui est étrangement la même que celle de la mètis), comment les fascistes remontent la rivière, pourquoi un CAP de charpentier peut être une manière de thérapie, que se passe-t-il donc au dispensaire de solidarité de Thessalonique, pourquoi le désert mexicain est une figure paternelle ingrate, comment faire pour survivre quand on a l’impression d’être assis sur un champ de ruines héllénoïdes.

    C’est un livre riche, que j’ai tout de même essayer de rendre digeste et plaisant. Normalement, au sens propre, ça devrait vous éclater.

    http://www.editions-verticales.com/fiche_ouvrage.php?id=400&rubrique=3

  • Macron défend sa refondation de l’Europe à l’avenir incertain
    https://www.mediapart.fr/journal/international/260917/macron-defend-sa-refondation-de-leurope-lavenir-incertain

    Emmanuel Macron le 26 septembre à Paris © Reuters Trois semaines après son discours d’Athènes, le président français a longuement détaillé mardi ses propositions pour relancer le projet européen. Il plaide pour davantage d’intégration. Mais son projet pourrait se heurter très vite à l’opposition du gouvernement allemand.

    #International #France #Angela_Merkel #Emmanuel_Macron #europe #union_européenne #zone_euro

  • Pays inondé
    http://www.greekcrisis.fr/2017/09/Fr0636.html

    Septembre grec à la météorologie fort clémente. Penchants voyageurs familiers, vestiges chauffés au soleil, on déambule alors volontiers à travers les apparences. Un petit pétrolier trop vieux, rempli de fioul lourd ayant fait naufrage par temps paisible près de Salamine laisse déjà échapper les traces de son chargement sur les plages du Pirée et sur une partie de la Riviera d’Athènes. La presse s’enflamme, les “gouvernants” déclarent que “sur le papier tout était en règle”, la mer... à boire ! Source : greek crisis

  • De Macron à l’Acropole
    http://www.dedefensa.org/article/de-macron-a-lacropole

    De Macron à l’Acropole

    12 septembre 2017 – On sait que Macron avec tout son train, sa compagnie et ses saltimbanques de la com’, s’est rendu à Athènes. On a entendu les mots très durs qu’il a eus là-bas pour ceux qui restaient ici, les “fainéants” et les “cyniques” ; “business as usual” pour ce président, qui a fait de l’insulte mondialisée une méthode de gouvernement au service de la globalisation. On a les servitudes qu’on peut et, avant d’être président désormais, il faut s’être assuré que votre employeur juge que c’est opportun. Macron-“légitimé” par le sympathique suffrage universel a toutes les lettres de recommandation qu’il faut.

    Il y a à retenir de ce voyage des choses plus sérieuses que cette canaillerie de basse-fosse, dans le sens où elles ont du sens et de la profondeur. (...)

  • Emmanuel au pays d’Hermès | Panagiotis Grigoriou
    http://www.greekcrisis.fr/2017/09/Fr0635.html

    Temps donc de l’hybris. Emmanuel Macron est reparti d’Athènes... comme il était déjà arrivé. Il n’aura pas vu, ni les soupes populaires qui reprennent dans la foulée du temps automnal qui s’annonce, ni les messages désespérés marqués au feutre par ceux de la dite “génération 400€”, autrement-dit, ces jeunes qui ne gagneront au mieux que 400€ par mois pour un travail qualifié et à temps plein. Source : greek crisis

  • Les 10% les plus #riches vont bénéficier de 4 milliards d’euros de baisse d’impôts grâce à Macron
    http://www.politique.net/2017090801-baisse-d-impots-pour-les-plus-riches.htm

    i vous gagnez plus de 3 599 euros net par mois, alors vous avez de la chance : non seulement vous faites partie des 10% les plus riches en France, mais vous allez, en plus, bénéficier d’une belle baisse d’impôts.

    • L’extrémiste Monsieur Macron et la France insoumise
      http://www.manuelbompard.fr/lextremiste-monsieur-macron

      Dans une déclaration à Athènes, le président de la République s’en est donc pris aux « fainéants », aux « cyniques » et aux « extrêmes » qui ne voudraient pas de la profonde transformation qu’il propose à la France. Déjà, à la fin du mois d’août, déjà depuis l’étranger, il avait dénoncé les Français « qui détestent les réformes », reprenant à son compte ce vocabulaire qu’avait usé Nicolas Sarkozy, en son temps, jusqu’à la corde.

      Cette stratégie est bien connue. Elle vise à construire un clivage dans la société entre ceux qui voudraient réformer, et ceux qui ne le voudraient pas et opposer ceux qui seraient prêts à faire des efforts et ceux qui se contenteraient de leurs petits conforts personnels. Le président de la République serait donc l’homme énergique qui, par la force de son engagement, pourrait dépasser les tabous et supprimer les verrous qui corsètent la société...

  • En une Grèce dévastée par l’#austérité, Macron salue les réformes de Syriza
    http://www.wsws.org/fr/articles/2017/sep2017/grma-s08.shtml

    Macron a applaudi le « courage » qu’auraient eu Syriza et la classe dirigeante à imposer l’austérité au peuple grec : « La résistance dont vous avez fait preuve, le courage de mener plusieurs réformes, la volonté de ne rien oublier des principes, et cette volonté que vous, votre Premier ministre et votre gouvernement, avaient toujours eue, de tenir la Grèce dans l’Europe, alors qu’autour de vous tant d’extrêmes poussaient votre peuple à la quitter, elle nous oblige, elle nous oblige à avoir plus d’ambition encore, pour cette Europe que nous continuons à chérir. »

    Cette collection de mensonges politiques, qui chantent les louanges d’une suite de gouvernements grecs qui ont pillé les travailleurs et dévasté l’économie, constituent un avertissement sur la #politique de Macron et de l’UE, ainsi que sur le rôle de Mélenchon et du NPA.

    La bourgeoisie grecque n’a pas « résisté », elle s’est aplatie devant le diktat de l’UE, qu’elle utilise depuis 2009 pour justifier ses attaques sociales contre les travailleurs. L’impact cumulatif des #réformes successives des retraites et du SMIC grec a été de réduire les retraites et les salaires d’environ 40 pour cent en moyenne depuis le krach de 2008. Les faillites et les licenciements en série parmi les PME et les plans sociaux à répétition dans la fonction publique dictés par l’UE ont gonflé le chômage, qui a atteint le quart des actifs et 60 pour cent des jeunes.

    Athènes et l’UE ont utilisé l’hécatombe économique qu’ils créaient – le PIB grec a chuté d’un quart, comme dans les pays les plus durement touchés par la dépression des années 1930 – pour démolir les acquis sociaux des travailleurs. La réduction de la retraite minimum à €382 par mois et l’élimination de la couverture médicale pour les chômeurs, pour n’en citer que deux, signifiaient la répudiation des droits universels à une retraite et à des soins publics.

  • Tsipras et Macron se voient à la pointe d’une nouvelle Europe
    https://www.crashdebug.fr/international/13957-tsipras-et-macron-se-voient-a-la-pointe-d-une-nouvelle-europe

    Avouez que ça ne manque pas de sel, deux traîtres à leur pays qui vont nous imposer le fédéralisme, pour sauver les banques, et qui prennent la posture au Parthénon. C’est fort de symbole, et ça en dit long pour l’avenir. Mon Dieu, ces gens n’ont peur de rien…

    Alexis Tsipras et Emmanuel Macron à Athènes, jeudi. Alkis Konstantinidis / Reuters Lors d’une conférence de

    presse commune à Athènes, Alexis Tispras et Emmanuel Macron ont affiché leurs ambitions européennes.

    Élu début 2015, Alexis Tsipras a un peu plus d’expérience du pouvoir qu’Emmanuel Macron. Mais le jeune Premier ministre grec, qui vient de fêter ses 43 ans, n’en demeure pas moins un représentant de la nouvelle génération de dirigeants européens, tout comme Emmanuel Macron, 39 ans. « J’espère que nous allons redorer le blason (...)

  • A Athènes, Macron déclare sa flamme à l’Europe et la guerre au FMI - Challenges.fr
    https://www.challenges.fr/monde/europe/a-athenes-macron-declare-sa-flamme-a-l-europe-et-la-guerre-au-fmi_498002

    Sur le principe, ce n’était pas une bonne méthode que le FMI soit en position de superviser des affaires européennes ", a-t-il lancé.

    L’ensemble de l’article est une agiographie à la gloire de notre empereur... Ceci dit, de sa part, dire que le FMI est la cause de tout, quand le FMI suggère lourdement depuis des années que les solutions mises en oeuvre sont excessives et inefficaces et que pour une fois, il n’est pas écouté... C’est une réécriture grossière d’une histoire qu’il a contribué à écrire, de par les rôles qu’il a joué par le passé.

    Ces bouffons ne se contentent pas d’être ridicules... Ils sont aussi insultants pour l’intelligence, la mémoire, les peuples... et les protozoaires...

  • D’abrutis à médiacrates : du calme !
    http://melenchon.fr/2017/09/04/dabrutis-a-mediacrates-calme

    La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.

    • @marielle, tu t’imposes de ces lectures !

      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges.

      Cette phrase ne veut rien dire, sauf à penser que ce sont l’argent et les privilèges qui lient (au pluriel)

      Dans la phrase suivante :

      Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi.

      Qui est sujet de « rivaliser » les bassines de fiel ou la totalité des participants ?

      Et la phrase suivante...

      L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape.

      ...n ’est pas exactement un hypallage, mais j’ai du la relire trois fois avant de comprendre.

      Un peu moins de fiel, fut-ce en bassines, ne nuirait pas à la bonne compréhension d’un propos auquel on pourrait par ailleurs parfaitement adhérer

    • Effectivement la forme est discutable @philippe_de_jonckheere mais le fond est tout à fait justifié, il faut avoir vu cette détestable émission pour ce rendre compte que tout est vrai, les médiacrates sur ce plateau ont déversé tout leur fiel sur Jean Luc Mélenchon, Ruffin, Raquel Garrido également. J’ai vraiment ressenti toute la haine de cette caste. C’était effarant ! Certes, je n’aurais jamais du m’infliger de telles images.
      Sincèrement désolée d’avoir heurté notre cher poète journalier...

    • @marielle C’est bien ça mon problème, ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec ce qui est dit (ce dont on se moque bine d’ailleurs), je ne regarde jamais la télévision, sauf dans la salle d’attente des urgences, mais j’imagine que cela devait être quelque chose, mais il me semble que cette expression d’une colère mal contenue au point de contaminer la langue nuit à la clarté de ce dont je ne doute pas par ailleurs. Et d’une certaine manière cela contribue à la disqualification a priori de la parole de FI dans les médias

      Ca va, tu n’as pas trop heurté le poète de plus de 120 kilos !

    • Les journalistes sont des saints. Pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré.
      D’abrutis à médiacrates : du calme !

      Eh beh monsieur Brunet ! Je suis tout espanté ! Abrutis ? Abrutis ? Carrément Brunet, là ! Allez, monsieur Brunet, c’est pas de votre faute ! C’est tous les autres qui vous ont fait boire tout ce fiel ! Et maintenant vous vous sentez tout bête, hein ! Allez monsieur Brunet, on vous comprend. On a bien vu. On le sait, monsieur Brunet : (presque ) toute la scène médiatique est en proie à un stupéfiant délire contre les Insoumis. On a vu aussi l’ambiance à « C’est dans l’Air » ! Les vaches sacrées de la scène politique sont devenues des vaches folles.
      Du calme s’il vous plaît !
      Cette fois-ci c’est la fin d’un Monde . On peut le penser en lisant leur prose en cette rentrée. Le Monde lui-même, parangon de toutes les vertus, consacre un éditorial à la menace que les insoumis font peser sur la démocratie et la liberté de la presse. Une fois encore, l’atelier aux Amfis d’été « Faut-il “dégager” les médias ? » sert de point de départ pour une indignation corporative en grand drapé et trémolos. Mais les lecteurs ne sauront pas davantage que dans toutes les autres critiques ce qui a pu se dire dans cette réunion animée par Sophia Chikirou avec la participation d’Aude Lancelin, Olivier Berruyer et Thomas Guénolé. Que ce soit trois gens de métier ne fait pas réfléchir. D’ailleurs rien ne fait réfléchir ces gens-là. Seul le titre de l’atelier compte. Ce pauvre Jean-Michel Aphatie s’est fait prendre la main dans le sac sur ce point : non il « n’a pas regardé la vidéo ». Il parle sans savoir. C’est cette pratique là que défend Le Monde  : le journalisme non comme pratique mais comme magistère. D’ailleurs Aphatie a immédiatement reçu l’appui de plusieurs confrères : « pas besoin de lire ! Avec les insoumis ce n’est pas la peine ! »


      Le Monde est plus raisonnable. Il ne s’abaisse pas à un tel fanatisme même s’il ne le condamne pas . Pour lui il y a plus grave. En effet nous pourrions profiter de l’opportunité que représente la nomination d’un éminent éditorialiste de leur confrère comme porte-parole du gouvernement. Bien sûr qu’on va le faire ! Car cet évènement met à nu à quel point les médiacrates sont une composante à part entière de la caste au pouvoir dans la Vème République. Le Monde défend donc avec ferveur l’honneur de 350 000 gens du métier qui ne lui ont pourtant rien demandé et que personne ne vise. C’est la technique FNSEA : les gros se cachent derrière les petits. Et ainsi de suite. D’un média à l’autre, c’est le même odieux « pilonnage du bourrin Mélenchon » et de ses amis, comme y a appelé le député « la République en Marche ».
      Tout cela n’est-il pas tout à fait excessif ? Pourquoi toute cette violence contre nous ? Et si les éditocrates retrouvaient leur sang-froid ? N’est-on pas en droit de l’attendre de ceux qui exercent un métier qu’ils prétendent assumer comme un magistère moral dans la société ? Les grandes consciences et autres ne devraient-elles pas se joindre à nous pour protester contre de tels débordements de langage ? Car avez-vous bien vu où nous en sommes rendus ? Mesdames, messieurs, il faut vous calmer ! Ce débordement dangereux de la hargne ordinaire du parti médiatique me conduit à le demander fermement. Non seulement pour notre sécurité, à nous insoumis, mais aussi pour l’honneur de la presse, perdu dans une telle vindicte.

      Ça va trop loin !
      « Abrutis » ? Vraiment ? Je connais, certes de loin, monsieur Brunet, éditorialiste que je croise dans les murs de BFM chaque fois que je m’y trouve et avec qui je bavarde le plus souvent avec plaisir. C’est certes un homme accorte mais un libéral obsessionnel. C’est bien son droit. Il nous régale à longueur d’antenne de ses certitudes en béton armé. C’est le choix de son employeur. Il nous tape sans relâche et avec méthode. Nous en sommes heureux car il nous fournit d’un bloc la liste des mots clefs que ses collègues vont ensuite répéter en boucle avec souvent moins de talent. Mais pourquoi traiter les sept millions d’électeurs de « La France insoumise » d’« abrutis ». Et pourquoi aggraver le tout en s’excusant « auprès de ceux que cela aurait pu blesser ». Comment ne pas être blessé quand on est traité d’« abruti » ?
      On attend encore les cris indignés des habituels gourous qui surplombent la profession dès qu’un mot leur paraît de trop à l’encontre d’un de leurs collègues du troupeau des vaches sacrées ! Muets, ces chroniqueurs venimeux qui nous demandaient si nos propos n’étaient pas responsables de la violence contre tel ou telle député alors pourtant que nous la dénoncions avec force ?
      En fait, monsieur Brunet s’est laissé entraîner. Il a perdu son sang-froid. C’est un effet de foule. Dans une horde médiatique glapissante écumante de haine, il a été emporté ! Je suis prêt à comprendre et même à pardonner puisqu’on ne doit pas excuser de tels comportements. Mais je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourrait un jour mal tourner et inspirer des violents. Je suppose que les plus orduriers diront alors que nous l’aurons bien cherché. Mais je crois connaître assez bien nombre de ceux qui nous attaquent, et en ont bien le droit, pour savoir que ce n’est pas ce que tous veulent. Alors je leur dis : pas comme ça, pas avec ces mots, pas avec cette violence.
      Ça va trop loin ! Depuis la quinzaine qui a précédé le premier tour de l’élection présidentielle, tous les coups sont permis contre « La France Insoumise » dans les médias. Non seulement il n’y aura pas eu un jour de pause mais, dorénavant, non seulement la violence mais les provocations ont monté d’un cran.

      Des militants politiques honteux
      Il faut être tout le temps sur ses gardes, se méfier de tous, se protéger. Le caractère obsessionnel de la haine médiatique qui nous entoure est suffocant. Voyez ces centaines de tweets et retweets, parfois orduriers, qu’un Jean-Michel Aphatie déverse sur nous, par exemple ! Et il n’est pas le seul dans ce cas. Est-ce là du journalisme ? Ou bien juste du militantisme politique ? Et parmi les moins bons du genre. Seuls les trolls du FN font pire. Mais leur chef de rédaction ne les rappelle jamais à la mesure. Aucun droit de réponse n’est possible à l’antenne ni où que ce soit. Dans cette guerre qui nous est déclarée et menée sans trêve, le journalisme est seulement un prétexte pour mieux mener la charge. Tous ces gens-là sont des Bruno Roger-Petit, qui a souvent plus de talent qu’eux, raison pour laquelle il leur a été préféré. Mais eux sont des chiens de garde en version hypocrite et masquée.
      Il est d’ailleurs troublant de savoir que nos adversaires sont souvent d’anciens militants politiques qui ont renié leur engagement initial. On devine en les entendant toute la dose de mauvaise conscience que cela implique. Patrick Cohen militait au PCF de la Sorbonne, Aphatie, d’abord journaliste à Politis, était un ardent militant de l’indépendantisme basque, Guetta à la Ligue communiste révolutionnaire, combien d’autres au PS et ainsi de suite. La même chose à droite et chez les libéraux assumés. Et puisqu’il est tant question de Venezuela et d’Amérique latine ces jours-ci, et comme Le Monde se risque à donner des conseils de déontologie professionnelle, comment ne pas rappeler qui est Paolo Paranagua, grand reporter et star de la rubrique internationale du journal Le Monde qui accable de ses mensonges le commentaire de tous ses papiers sur l’Amérique latine progressiste ? Connu sous le nom de commandant « Samuel », il dirigeait dans les années 70 la « fraction rouge » de ERP (armée révolutionnaire du peuple) en Argentine. Il se vantait alors de nombreuses attaques de banques, séquestrations, tirs sur des policiers et ainsi de suite. Arrêté mais opportunément préservé, l’homme, dont tous les compagnons sont morts sous la torture, sort pourtant de prison en pleine dictature après un « arrangement ». Le journal Le Monde prétend que ce fut à la suite d’un non-lieu. Naturellement c’est impossible. Et c’est faux. Le journal n’a rien vérifié d’ailleurs. Car, par principe !
      Ni ce journal, ni aucun autre, n’admet la moindre mise en cause, quel qu’en soit le motif, de l’un quelconque de ses membres. Il est vrai qu’il s’agit d’une profession peuplée de saints. Au cours des trente dernières années (pour limiter le délai et rester raisonnable), pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un coup donné, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré. Naturellement, là encore, c’est impossible. Et les cas éventuels ne nous apprendraient d’ailleurs rien d’autres sur la profession que ce que nous savons déjà : les journalistes sont des êtres humains. Ils partagent avec le reste de notre espèce la même proportion de défauts et de qualités. Mais en tant que vaches sacrées, il est interdit à toute personne non membre de la corporation de mettre en cause leur honnêteté intellectuelle, ni à titre individuel, ni à titre collectif, ni pour la qualité de leur travail, ni pour leur engagement politique, ni pour leurs activités annexes même cloisonnées, ni pour leurs liens familiaux, ni d’aucune façon, ni à aucun titre, même au prix de la vérité. Et c’est ce qui se passe.

      Les convictions ? Un abrutissement !
      Toutes ces caractéristiques mises bout à bout décrivent assez précisément ce qu’est une cléricature. Elle s’est même targuée au temps où le trio Colombani, Minc, Plenel dirigeait Le Monde de dire qui composait le « cercle de la raison » en politique. Tout ce qui n’entrait pas dans le champ de « la seule politique possible » était immédiatement expédié chez les malades mentaux. Rien n’a changé, tout s’est aggravé. Il est frappant de voir que c’est une nouvelle fois dans ce registre que monsieur Brunet s’exprime : « Tout le Monde sait ce qu’il faut faire pour la France sauf les “abrutis” de La France insoumise ». Tout le Monde sait, donc ceux qui ne savent pas sont des abrutis. Nous ne pouvons pas voir la vérité parce que nous sommes abrutis. D’alcool, de stupéfiants. Je veux croire que non. Nous sommes abrutis parce que nous avons des idées différentes et ces idées limitent notre entendement. CQFD.
      D’ailleurs, serions-nous capables de vérité ? Certainement pas puisque nous sommes des personnes engagées. La suspicion sur ce point est méthodiquement entretenue. Et jusque-là où on ne l’attendrait pas. Rappelant le piteux engagement du journaliste Bruno Roger-Petit, désormais porte-parole du gouvernement, aux côtés de Cahuzac ministre du fisc et voleur du fisc, Edwy Plenel, dans son édito du 2 septembre, tape dur. Mais il touche si juste dans sa dénonciation de « ces plumes mercenaires qui depuis que le journalisme existe, en illustrent la part de servilité ou d’aveuglement au service de puissances politiques étatiques ou économiques. N’ayant aucune information originale obtenue par le reportage ou l’enquête à son actif, il ne s’est vraiment fait connaitre que sur le seul registre de l’opinion, de l’éditorial ou du commentaire. Le qualificatif vieilli de “publiciste” lui convient bien désignant un journaliste qui ne fait commerce que de ses partis pris et des intérêts qu’ils servent de même que des publicitaires servent des annonceurs et leurs réclames ».
      Mais après cela, pourquoi se sentir obligé de faire un tacle qui pourrait pourtant bien le concerner aussi. En effet, sollicitant Nietzsche, Plenel assène : « les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges ». Ici le journalisme « sans conviction », qui « n’a pas d’autre carte que la carte de presse », remplit la fonction de l’avant-garde éclairée en vogue dans les groupuscule révolutionnaires d’hier. Ce n’est évidemment pas du tout la seule idée que l’on puisse se faire du métier de journaliste. On peut se sentir plus proche d’Albert Camus, philosophe et journaliste engagé à Combat : « L’engagement n’exclut pas le gout de la vérité », disait-il.
      Dirait-on du journal L’Humanité qu’il est plus dangereux qu’un mensonge parce qu’il affiche ses opinions favorables aux travailleurs ? Et de même pour Politis, Le Monde diplomatique, Reporterre et combien d’autres ? Pour moi, Le Figaro ne ment pas, ni Les Echos. Non seulement un certain nombre de leurs rubriques sont les meilleures du genre mais ils ne cherchent à tromper personne. Certes, leurs commentaires au sujet des insoumis et de leurs porte-paroles sont d’une juvénile mauvaise foi mensongère. Mais tout le monde sait de quel balcon parlent ces deux journaux. Personne n’est pris en traitre. Le pire n’est pas la presse ou les journalistes engagés. Le pire c’est celle qui fait semblant de ne pas l’être. Pour ne rien dire de ceux qui prétendent être engagés d’un côté et servent ligne après ligne l’idéologie adverse.

      La provocation comme méthode médiatique
      À présent, pire que l’engagement politique masqué vient le média de provocation. Quelle misère ! Exemple. Je venais d’achever mon discours sur la place du refuge à Marseille et je regagnais la petite loge où je comptais m’éponger le front et changer de chemise. Un micro se tend « vous vous méfiez des journalistes, n’est-ce pas ? ». Voilà tout ce qu’il y avait à me demander après une heure de discours ? Telle est la profondeur du nombrilisme qui défigure désormais ce métier. Voici quelle a été ma réponse : « les ouvriers de l’industrie d’armement ne sont pas responsables des bombardements ». Elle ne sera pas diffusée. Évidemment. La question n’était pas posée pour avoir une réponse mais pour déclencher un incident. C’était le but de quelques-uns d’obtenir un « incident », « une parole inadmissible », etc. pour y ramener toute l’actualité de notre rassemblement marseillais. Il va de soi que nous nous nous sommes organisés pour faire face et déjouer ces plans.
      Déjà la veille, pendant la déambulation, le micro de « C dans l’air » s’est tendu au moment où j’entrais dans le cortège : « vous verrouillez votre communication, pourquoi ? ». Les médias parlent des médias dans les médias à propos des médias. L’expérience montre que si je répondais, cette réponse deviendrait le sujet du compte rendu. Autrement dit, en un instant, l’agenda du micro tendu se serait substitué à celui du discours. Nous avons tiré la conclusion de cette situation en refusant dorénavant tout contact improvisé.
      Naturellement, je ne mets pas tout le monde dans le même sac ni tous les médias dans la même fournée. Je sais observer les différences de traitement. Mais une tendance lourde est à l’œuvre. Nous savons tous que dorénavant, les médias ont tendance à vouloir créer des évènements davantage que de rendre compte de ceux qu’il leur est proposé d’observer. Tout le mois de juillet a été employé à ce genre de méthodes contre les Insoumis pour tenter d’affaiblir (en vain) notre campagne parlementaire dans la session extraordinaire. Nous avons eu droit à la fabrication de l’incident à propos du « matheux », puis « vive la France » contre Danièle Obono, puis, puis, puis, chaque semaine, une ou deux trouvailles avant de finir par les lazzis sur ma défense du droit aux vacances.
      Méthodiquement, sans honte, il s’agissait de tout plutôt que du contenu de notre bataille. De ce que nous disions, du contenu de nos amendements. Et concernant nos propositions et nos votes, et ceux de nos contradicteurs : rien. Absolument rien. Tout pour la forme, l’apparence. Rien pour le fond. Ce n’est pas que les gens de métier soient tous ignorants ou qu’ils obéissent tous à une logique politique. La vérité est sociale : leurs conditions de recrutement, de travail et de rémunération condamnent chaque individu à un strict conformisme de moutons de Panurge. Il est donc absolument vain d’en attendre autre chose. Le combat contre le système médiatique doit donc faire évoluer ses formes.
      Dans l’immédiat évidemment, nous avons pris nos dispositions pour diminuer la prise sur nous, tout en essayant d’améliorer la portée des coups que nous voulons porter au système médiatique actuel. Je précise « actuel » parce qu’on aurait tort de croire que ce que l’on a sous les yeux est la seule manière possible de faire fonctionner un ensemble de moyens de communication et d’information. Le système dominant actuel est au service des dominants du moment. Il recourt aux formes d’expression et préoccupations qui sont celles des dominants. L’objectif pour nous reste de libérer aussi la société de cette prise en tenaille mentale. Car l’éducation et l’école sont les deux premiers outils qui rendent possible une citoyenneté véritable.

      Libérer les médias
      Nous connaissons les clefs du déverrouillage. La première concerne la propriété des médias. Car l’ordre médiatique part du sommet sur lequel s’alignent tous les compartiments. Que 90% des médias soient possédés par 9 milliardaires est une situation malsaine et dangereuse. La seconde concerne le statut social des gens qui y travaillent. La précarité de la masse des personnels, leur surexploitation et les cadences infernales sont des encouragements matériels très forts à la servilité politique et à la « pensée en boucle ». Moins d’écart de salaires, moins de précarité, moins de libre circulation du public vers le privé, ce serait déjà une respiration tellement oxygénante ! La troisième concerne l’organisation du travail. Il faut partout des comités de rédaction et quand il y en a, ils ne peuvent être de pures chambres d’enregistrement de caprices des chefferies. Les professionnels doivent avoir droit à des congés formations et de l’assistance tout au long de leur carrière et au fil de leur travail.
      Autrement dit, nous analysons le système médiatique à partir de ses formes de fonctionnement réelles. C’est-à-dire à partir des rapports de production qui le constituent et des rapports sociaux internes à l’aide desquels il obtient à la fois sa rentabilité économique et sa police de la pensée. Par exemple, il y a un rapport très direct entre la précarité de la plupart des gens des médias, leur surcharge de travail, et la violence de l’autocensure qu’ils s’imposent pour améliorer leurs situations personnelles.
      De bien des façons, le système médiatique est l’adversaire central de la bataille pour la révolution citoyenne. On a pu le voir pendant la campagne électorale de l’élection présidentielle. Ce n’est ni la droite, ni le PS qui nous ont affrontées sérieusement. Seul le fonctionnement en boucle et en écho de quelques éditorialistes a produit et reproduit sans cesse des thèmes de campagne permanente contre nous. Le lepénisme médiatique a plus fait pour renforcer les suffrages d’extrême droite que n’importe quelle campagne de la famille Le Pen. Encore aujourd’hui, une « experte », directrice de la Fondation Jean Jaurès, liée au PS, s’inquiète des risques que ferait peser « La France insoumise » dans un blog du Huffington Post sur la liberté de la presse et regrette que certains aient choisi de nous donner la parole plutôt qu’au Front national.
      De la même manière, les efforts acharnés pour me diaboliser, m’attribuer des positions politiques qui ne sont pas les miennes, ont été les seules vraies difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés. Et ces difficultés ne venaient pas du contenu des attaques mais de leur incessante répétition. Il en va de même en cette rentrée où pour toute réponse à toute question ou toute initiative que nous prenons, le système médiatique nous renvoie à une réplique unique : « Venezuela » ! Le défi n’est donc pas tant de contre-attaquer. Parfois, cela revient à valider la charge de l’agresseur médiatique. Le défi est d’enlever son dentier au tigre de papier avant même qu’il ne morde. Il faut donc agir avec méthode, sans aucune naïveté ni illusion sur la nature de ce que nous affrontons.

      Décrédibiliser la cléricature
      Au demeurant, le problème posé n’est pas nouveau. Sous l’ancien régime monarchique aussi, l’hégémonie idéologique était la condition fondamentale de survie du système. Il en est ainsi à toutes les époques. Le consentement à l’autorité et l’évidence de celle-ci, reposent toujours sur des constructions idéologiques globales qui fondent leur légitimité. L’appareil qui produit et reproduit cette idéologie et l’injecte dans le sang du corps social doit donc être la première cible du combat contre l’ordre établi. C’est lui qui forme l’épiderme à franchir pour pouvoir atteindre les organes du pouvoir en place. C’est lui qui sécrète les anticorps destinés à détruire tout corps étranger à la logique du système dominant. Définir la meilleure forme d’action pour démanteler ce pouvoir d’auto-défense est la première tâche pour commencer la révolution des consciences. Les formes peuvent et doivent être aussi diverses que les époques et les cultures de références. Mais pour l’essentiel, elles imposent toujours une figure commune : vider l’émetteur de l’idéologie dominante de sa légitimité. Emetteurs : l’église à l’époque, les médias aujourd’hui, l’appareil ecclésiastique hier, les cléricatures médiatiques aujourd’hui.
      La bonne méthode dans ce domaine est la méthode efficace. Bien sûr, celle-ci peut varier avec le temps et les circonstances. Mais l’expérience montre que la méthode qui a toujours le mieux réussi joue un tableau central. Il faut ruiner la crédibilité de l’émetteur. Pour cela il faut frapper sans relâche sa prétention à être « sans parti pris », indépendant et soucieux d’éthique. Pour cela il faut souligner continuellement la différence entre les valeurs dont il se réclame et la pratique qui est la sienne. Ainsi a fonctionné la dénonciation de la pratique des ecclésiastiques d’ancien régime en contradiction avec la charité, la justice et la fraternité dont se réclamait la doctrine chrétienne. Choquante d’abord, cette critique devenue systématique a permis à des générations de libres-penseurs de construire une nouvelle conscience politique populaire. Nouvelle parce que débarrassée des auto-limitations que lui suggérait auparavant l’idéologie dominante fondée sur l’autorité du religieux.
      Il en va de même avec le système médiatique. Ses mensonges, ses abus, sa servilité une fois mis en lumière, exaspèrent définitivement ceux qu’il tente d’abasourdir. Une fois le seuil d’exaspération franchi, le retour en arrière devient impossible. Au contraire, l’esprit mis en alerte et en état de suspicion permanente à l’égard des médias s’enrage davantage à chaque occasion. Alors le mode opératoire est simple : railleries, humour, superposition, impertinence doivent être convoqués pour miner à la racine l’autorité religieuse que voudrait être le système médiatique et la cléricature arrogante qui le compose.
      La tâche est facilitée aujourd’hui. Comptons sur l’effet produit par le rabâchage des idées et des mots de la pensée dominante, en toutes circonstances et à tout propos ! Ce rabâchage est perçu en tant que tel par le public auquel il est infligé. Encouragées par leur hégémonie et le sentiment d’impunité, les récitants sont désormais profondément engagés dans la voie du jargon et de la psalmodie. Ils ne peuvent s’en rendre compte. Ils sont donc aussi vulnérables du fait de l’étrangeté qui s’en dégage que l’étaient les « vobiscum » de la messe en latin.

      Dénoncer ne suffit pas
      Naturellement, nous ne devons jamais cacher que nous combattons ce système. Mais la « dénonciation », si nécessaire qu’elle soit, ne saurait suffire. La stratégie de combat doit être à la mesure de ce que nous affrontons : totale et globale. Pendant la campagne présidentielle, nous avons montré comment les réseaux sociaux permettaient de contourner le système de l’officialité médiatique. Nous avons ainsi créé la première chaîne YouTube politique de masse. L’attention des commentateurs s’est concentrée sur le bénéficiaire de cette construction. J’invite plutôt à considérer les abonnés. Leur nombre et leur fidélité montre quelle disponibilité existe pour participer à une activité de contournement comme celle-ci. Il exprime donc une prise de conscience populaire massive. Nous allons tirer toute les leçons de ce fait et de la stratégie que nous avons menée. Il n’est pas besoin d’en dire davantage à cette heure. Pour le reste, il va de soi que la rentrée des médias nous a servi d’une façon inattendue mais incroyablement favorable.

      Bonne nouvelle : Raquel Garrido
      L’arrivée de Raquel Garrido sur C8 a polarisé la hargne de la caste. Ceux-là n’avaient bien-sûr rien à dire quand Cohn-Bendit nous agonisait de postillons sur Europe 1, ou que Roselyne Bachelot officiait ici et là. Leurs critiques restent d’ailleurs très évasives en ce qui concerne les autres militants politiques dorénavant installés à l’antenne : Raffarin, Guaino, Dray et compagnie.
      Raquel Garrido concentre leur haine de caste. D’abord parce que c’est une femme, donc les messieurs se lâchent plus facilement. Ensuite parce qu’elle a du talent. Ce qui risque de faire s’étioler quelques pots de fleurs des deux genres. De plus elle est cultivée. Elle parle aussi quatre langues, ce qui lui permet de boire d’autres potages informatifs que la seule soupe nationale. En outre, elle a une longue expérience de l’engagement intellectuel. Elle sait ordonner et exprimer un point de vue sans jargonner ou être pédante. Enfin elle est libre. En effet j’ai lu qu’on faisait des parallèles entre la situation de Bruno Roger-Petit et celle de Raquel Garrido. C’est tout à fait inapproprié. Lui est le porte-parole du gouvernement. Sa parole est soumise. Raquel Garrido est insoumise. Elle exprime son propre point de vue, comme elle l’entend. Elle n’est pas mandatée. Ni par moi ni par personne. Contrairement à ceux qui comme Le Canard enchaîné en font l’improbable « numéro 2 » du mouvement, elle n’y a aucun mandat. En fait personne n’en a ou presque dans le mouvement. Garrido est une figure de notre mouvance qu’elle a contribué à fonder. Elle est une proche compagne de mes combats depuis 30 ans et je suis flatté qu’on la dise mon porte-parole quand j’observe la qualité de ses interventions. C’est une personnalité au bon sens du terme. C’est toute la force de sa position : elle exprime une culture, un parti-pris intellectuel. Pas un une mission de parti. Et comme c’est une personne qui prend au sérieux le travail qui lui est demandé, elle sera une chroniqueuse brillante et percutante. C’est ce qu’a déjà montré sa question au Premier ministre en conférence de presse.
      Évidemment, j’ai noté la critique selon laquelle « elle travaille pour Bolloré ». Jaloux et sectaires aboient en cadence. Ce serait « un comble » aussi pour certains éditocrates de la bien-pensance. Ah ! Ah ! Il reste à tous ces pédants à aller voir tous ceux qui travaillent pour un capitaliste pour leur demander de renoncer à leur poste ! Quelle grossière manœuvre que cet argument. Toute personne qui va au travail fait un grand compromis avec le capital puisqu’elle lui cède gratuitement une part de la plus-value qu’elle crée. Un peu de marxisme aiderait certains à penser plus finement.
      Cependant, il faut ajouter autre chose. Ce qui vient de se passer en général, de l’affaire Bruno Roger-Petit à la nomination de tous ces chroniqueurs politiques, nous sert beaucoup dans notre combat contre le système médiatique. Que l’étau se soit desserré grâce à l’embauche d’une ou deux personnes proches de nous ne nous fait pas perdre de vue le tableau d’ensemble. La « confusion des genres » entre journalistes et militants politiques éclaire la situation générale. Car il n’y a pas de confusion. Tous les journalistes politiques sans exception ont un point de vue politique et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont recrutés plutôt que d’autres.
      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.
      Jean-Luc MELENCHON

    • Décidément, Macron n’aime pas les français !

      Maintenant c’est clair : le président Emmanuel Macron n’aime pas les Français. Il ne les aime vraiment pas. Attention, je ne parle pas ici de son mépris de caste lorsqu’il se moque des travailleuses illettrées, des nordistes tabagistes et alcoolisés ou de ceux qui vont en T-shirt au lieu de travailler pour se payer un costume ! Je ne parle pas non plus « du Comorien » que livrent les kwassas-kwassas ! Non, il s’agit des Français en général. Le chef de l’État a en effet pris l’habitude d’en dire du mal. Et de le faire devant des étrangers et depuis l’étranger ! Double impudence, double offense !

      Ce 8 septembre à Athènes, en Grèce, comme on l’interrogeait sur les mobilisations que les manants de son pays comptent organiser contre son coup d’État social, il a aussitôt craché tout son mépris pour le peuple qui lui tient tête : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes » ! Petit coup de menton injurieux qui sonne comme un défi. Nous qui sommes déjà des « abrutis », nous assistons les yeux grands ouverts à la mutation de l’état d’esprit de la caste des « très importants » face au peuple du commun. Emmanuel Macron fait sauter les digues. Il montre le mauvais exemple. Sa façon de parler lâche la bride qui obligeait toute la caste à faire preuve de retenue. On peut dire qu’Emmanuel Macron aura consciencieusement travaillé à créer ce style du management par le mépris public et la cravache.

      Les petites phrases depuis l’étranger se succèdent et se répètent dans ce même registre. Le 21 février à Londres, devant les expatriés français : « En France, on stigmatise l’échec et on n’aime pas le succès ». Le 24 août en Roumanie : « La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C’est un peuple qui déteste cela. » À ces considérations méprisantes pour le peuple dont il est le président, Emmanuel Macron n’oublie jamais de rajouter des critiques contre le système de son pays. Ainsi à Londres : le système fiscal français « empêche les gens de réussir trop bien ». Et le 23 août en Autriche : « La réalité, c’est que la France est la seule grande économie européenne qui n’a pas gagné face au chômage de masse, c’est ça la réalité ». En l’occurrence cette « réalité » est un mensonge.

      Les Français ont d’ailleurs bien compris que le président de la République ne les aimait pas. C’est bien pourquoi de leur côté ils l’aiment de moins en moins. Le 23 septembre « les abrutis », « les fainéants », « les cyniques » mettront donc un point d’honneur à manifester ensemble contre le monarque présidentiel qui les cravache depuis l’étranger. Qui sait ? On se souvient de cet échange entre Louis XVI et le duc de la Rochefoucauld à propos des évènements du 14 juillet « Une révolte ? » « Non, sire, c’est une Révolution ».

      JLM