city:beaubourg

  • L’exposition d Bernard Frize à Beaubourg, A la recherche du troisième point de fuite, avec la collaboration de Marilou Lantieri, l’exposition de Thomas Houseago au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Adèle-Zoé brûle les planches de la Scène Watteau, Jour de fête de Jacques Tati, Le Dos rouge d’Antoine Barreau, Mr Arkadin d’Orson Welles, The Hustler de Robert Rossen, The Last Picture Show de Peter Bogdanovith, Le Jeune Ahmed des frères Dardenne, Gaz de France de Benoît Forgeard, Franz Hautzinger et Louis Laurain aux Instants, les Dogmatics aux Instants, In Doubt we Trust de the International Nothing, retour à Puiseux-en-Bray, Les Necks encore et encore, le retour de Dominique sur scène avec Anabasis, Dire son silence de Jean-Pierre Lenoir, Zombi Child de Bertrand Bonnello, Monsieur le Prince d’Ornette Coleman et Saint-Thomas de Sonny Rollins, Manolito, Sophie Agnel & Olivier Benoît, Hippei Diktat au Théâtre des Thénardiers, Cyan, Simon Whetham aux Instants, Le Daim de Quentin Dupieux, De tout Bois aux éditions Adverse, Jean-Luc Guionnet et Will Gurthrie au Café de Paris, Cannonball & Bill Evans, Parasite de Bong Joon-ho, A Night in Sainte-Anne, du bon troc avec Bertrand Gauguet, John McPhee aux Instants.

    En juin tu ne fais pas toujours ce qu’il te plaît. Et j’espère que tu aimes les petits pois.

    http://www.desordre.net/photographie/numerique/divers/201906.htm

  • Dans les Cévennes, où il fait froid en ce début de mai, il n’empêche on déguste les pleurotes élevées en cave par une chouette voisine, sont-ce les champignons mais cela donne de nouvelles idées de reconstruction pour Notre Dame (pour le concours d’architecture du Terrier), je continue de travailler sur Le Rapport sexuel existe en ayant quelques idées pour la couverture du livre, Valérie peint le portrait de Zoé, un soir je regarde Film de Buster Keaton et Samuel Beckett, dans une pièce isolée de la maison je tombe sur une ancienne photographie de Berlin, pensée pour @peweck, et au retour de nos Cévennes glacées, on traverse la Margeride et Haute-Loire enneigées, concert du Surnat’ (Tallman, la version concert) à l’Echangeur avec en première partie deux formations issues du Collectif 2035, Where is Mr R.? Et Morgane Carnet, le lendemain Emile et moi tombons sur un vieux cadre de piano, je ne verrai donc pas Simone Barbès ou la vertu de Marie-Claude Treilhou, Au Tracé provisoire, concerts de Burkhard Stangle en duo avec dieb13, puis eRikm et Anthony Pateras, le 22 à Asnières c’est pas forcément ma tasse d’oolong, je revois avec plaisir Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, sortie du numéro 9 de La Moitié du fourbi intitulé Vite, Bruno Angelini, Michele Rabbia et Tore Brunborg accueillent les images vidéos d’Al’l (je n’en pense pas forcément grand chose, je parle des images), je maintiens une certaine idolâtrie pour Jim Jarmusch dont je vois chaque film à sa sortie depuis Stranger Than Paradise, j’ai remis la main sur le numéro de Palettes qu’Alain Jaubert a consacré à la Grande Jatte de Pierre Georges Seurat (et auquel j’avais contribué au millénaire dernier), Monrovia, Indiana de Frédéric Wiseman nous montre la première puissance mondiale en son centre et son coeur (par ailleurs cardiaque le coeur), je pars à la recherche du troisième point de fuite avec Marilou et cela devient toute une aventure en html, je remets la main sur des archives personnelles pas toutes avouables, comme ma contribution à Bonne idée de Jean-Jacques Goldman, c’est l’anniversaire de Julia, je suis époustouflé par Passion de Ryusuke Hamaguchi, je revois Carnaval de Thomas Vincent, Printemps de Sylvaine Hélary à l_Echangeur_ est une joie sans mélange, Elena, Christian Wallumrod et Kim Myhr nous laissent un peu sur notre faim et Chris Corsano est un batteur extraordinaire, tout ce au travers de quoi je passe d’archives personnelles à la recherche du troisième point de fuite, très belles toiles de Bernard Frize à Beaubourg, quelques oeuvres du musée découvertes par Zoé, un peu scotchée dit-elle par Giuseppe Penone, Louis Sclavis invite trois violoncellistes, quel dommage que cela ne se passe pas dans une bonne salle de concert !

    http://www.desordre.net/photographie/numerique/divers/201905.htm

    Quel joli mois de mai !

  • expo Réquichot en ce moment à Paris

    https://galerieamargaron.com/artistes/bernard-requichot

    pas encore vue, mais voilà une bonne raison d’aller à Paris ; Réquichot est rare, dans les galeries, les musées (quelques belles pièces à Beaubourg) comme dans les livres ou les sites, à tel point que Telerama n’a rien eu d’autre à se foutre sous la dent pour lier sur son oeuvre dans leur article que notre pauvre Terrier (1). C’est dire que tout le monde s’en fout, et c’est bigrement triste. Faut y aller, les seenthisiens, c’est une machine puissante, Réquichot.
    Sinon, j’ai appris que Beaubourg célébrait Frize. Une deuxième excellente raison d’aller faire un saut à la capitale ;

    (1) http://www.le-terrier.net/requichot/index.htm

    #peinture #requichot #frize #art

  • Hello les seenthis artistes,
    j’avoue que j’ai un peu décroché de l’art contemporain mais j’ai dans l’idée d’offrir un livre sur les femmes artistes. Malgré mes recherches, je ne vois à l’horizon que le catalogue de l’expo elles à Beaubourg datant de … 2009. C’était il y a 10 ans, une expo exceptionnelle dans tous les sens du terme : formidable mais unique et non renouvelée, je ne vois rien d’équivalent qui réunisse et permette de découvrir des artistes femmes.
    Je fais donc appel à vous @odilon @jacotte @mad_meg @aude_v et ami·es de seenthis pour partager votre connaissance du sujet.
    https://boutique.centrepompidou.fr/fr/catalogues-dexposition/elles-centrepompidou-artistes-femmes-dans-les-collections-du-mnam-cci/54.html

  • Marie BUSCATTO, sociologue de l’art et du travail - entretien consacré aux conditions de féminisation du travail artistique

    https://www.youtube.com/watch?v=KiPivjAkrLs&feature=youtu.be

    Ce qui m’a semblé le plus interessant dans ce que dit Marie Buscatto c’est le fait que les gens aiment que les artistes soient précaires. Or quant les femmes sont précaires dans la culture patriarcale, elles doivent utiliser leur corps sur le plan sexuel, que ca soit dans le couple, ou sur le périphérique. Et quant les femmes sont précaires, elles ont souvent des enfants ou/et parents à charge, doubles journées...

    Je pense que l’adoration que les masses portent à Van Gogh est vraiment connecté à ce lien entre création et sacrifice. Barbara Heinrich parle de lui comme d’un saint martyre laïque, un ascète de l’art. Je pense que le sacrifice ou martyre des femmes n’est pas vraiment reconnu car il est vu comme naturel, allant de soi et il est "gratuit". C’est vu comme normal que les femmes se sacrifient pour la carrière de leur conjoint, pour les enfants de leur conjoints, pour la collectivité via le bénévolat... C’est dans la nature des femmes de se sacrifié, leur sacrifice n’a pas de valeur. Par contre un homme qui se sacrifie, c’est reconnu, car ce n’est pas dans la nature des hommes de se sacrifié, alors que c’est une exigeance qu’on attend des femmes, allant jusqu’à les traité d’égoïstes quant elles ne font pas leur devoir de faire des enfants. Souvent les deux sont opposés, les hommes crée l’art, les femmes la vie (on m’a expliqué ca très jeune, du fait de mon sexe je ne pourrais jamais crée de l’art). Les hommes se "sacrifient" pour l’art et les femmes se sacrifient pour que les hommes aient une descendance à qui faire croire que les hommes se sacrifient pour l’art.

    Il y a par dessus ce principe l’idée que si tu as du plaisir dans ta pratique tu ne mérite pas de rémunération. Il y a aussi pour les femmes tout le travail invisible lié au devoir, charge ménagère, charge mentale, charge sociale, charge émotionnelle, charge parentale, charge contraceptive, charge sexuelle... qui n’est pas reconnu comme du travail. Les femmes sont sensé aimer leurs enfants, conjoints, foyers... et faire leurs devoirs dans la joie et l’amour qui font office de rémunération.

    L’amour implique le sacrifice et la souffrance, surtout des dominé·es. On trouve cette idée dans la bible, Abraham doit tuer son fils pour prouver son amour à un père qui exige de la souffrance pour son petit plaisir narcissique de dominant.

    #amour #sacrifice #martyre
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    Autre aspect important dans ce que dit Marie Buscatto, le réseautage. Avec le contexte actuel de la #ligue_du_Lol et des #boys_clubs on voie assez concrètement comment ca se passe. Les hommes sont comme la classe possédante décrite pas Monique Pinçon-Charlot. Les hommes ont une forte conscience et solidarité de classe (la plus part sont masculinistes sans le reconnaitre ouvertement #fraternité ) et ils agissent en coordination pour nuire aux femmes (équivalent des pauvres pour la classe possédante). Par exemple dans les profession et milieux très masculinisées il y a une pratique de la misogynie active (injures sexistes, harcèlement moral et sexuel, Violences physiques et sexuelles, paternalisme, culture porno, bière, foot...) qui ne trouve pas d’équivalence dans les milieux très féminisés ou les hommes sont bien accueillis (éducation, santé, danse... ), obtiennent les meilleurs postes et trouvent le moyen de se plaindre sans cesse du milieu féminin. Les milieux comme l’armée, la police, le btp, la restauration... sont extrêmement hostile aux femmes. Les hommes bénéficient en plus de la complicité de nombreuses femmes, surtout des rares qu’ils tolèrent dans leur milieux privilégiés, comme la classe possédante décrite par Monique Pinçon-Charlot bénéficie de l’adhésion des masses qui votent pour les intérêts des riches.

    Les femmes qui réussissent le mieux dans l’art sont d’un milieu favorable, souvent filles d’artistes, compagnes d’artistes, grandes bourgeoises, ayant fait de hautes études. Le niveau des femmes doit être supérieur en tout à celui des hommes pour obtenir un peu de reconnaissance.

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    Le rapport à la colère, ca me semble aussi un des éléments clé qui n’a pas été évoqué par Marie Buscatto. Je ne sais plus dans quel émission france cul écouté hier il y avait une digression sur #Dante. Dante disait au sujet de la divine Comédie, que l’art est toujours vengeance. C’était en lien avec le fait que Dante avait été chassé d’une ville et son texte met les habitant·es de cette ville au cœur de son enfer. La divine comédie était donc inspiré par un sentiment de haine et une implacable vengeance. On retrouve la même chose avec Sade qui a surtout écrit en prison pour se venger de ses ennemis.

    Je dirait pas que l’art est toujours vengeance comme Dante, mais je reconnais que c’est aussi plutot un moteur de l’art que j’apprécie.

    Par rapport aux femmes, dans la culture patriarcale, ca renvoie aux Érinyes qui sont :
    Mégère (Μέγαιρα / Mégaira, « la Haine »)
    Tisiphone (Τισιφόνη / Tisiphónê, « la Vengeance »)
    Alecto (Ἀληκτώ / Alêktố, « l’Implacable »).

    Autant dire que les femmes n’ont pas le droit de se venger, pas le droit à la haine et pas le droit à l’implacabilité. Dans la perspective de l’art vu par Dante, elles ne peuvent qu’être d’affreuses mégères furieuses et hystériques, ce qui n’est pas un compliment. La colère et la haine sont réprimés chez les femmes et valorisés chez les hommes.

    Parfois des gentes me "complimentent" en me disant que je dessine comme un homme ou que mon dessin n’est pas féminin. Je croie que c’est en lien à cette idée d’expression de la colère, comme mon travail est plutot motivé par le sentiment de révolte, les gentes trouvent que c’est viril ou masculin et me félicitent pour ça.

    #mégèrisme
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    Sur le talent. Marie Buscatto dit que c’est une prérequis, nécessaire et qu’il y a bien des gentes talentueuses mais peu d’élues. Les facteurs sont nombreux pas seulement de genre. La surreprésentation des hommes blancs de la classe dirigeante parmi les artistes qui ont accès à une rémunération de leur travail en est témoin.

    Comme mon travail est très démonstratif en temps de travail et savoir faire, les gentes me complimentent souvent sur mon "talent". Et me disent que je serais obligatoirement reconnue ... un jour. C’est gentil de me dire cela, et j’y travaille, mais à mes yeux c’est l’expression de la croyance dans le mérite. Et c’est une méconnaissance des mécanismes de la société et des milieux artistiques. Il y a bien sur des personnes qui font exception, qui sont parvenues à la reconnaissance (sachant quant même que "Notre besoin de reconnaissance est impossible à rassasier", j’essaye de faire exception) dans un contexte défavorable, mais comme le dit le début de ma longue phrase ; elles font exception, alors que je parle ici de changer la règle.

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    Par rapport au temps de travail et au savoir faire, j’ai écouté aussi ce matin un entretiens avec Christine Delphy, sur l’expo Elles qui avait eu lieu à Beaubourg.
    https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/ccBLAM/r8EK9Mn
    Elle disait que le temps de travail est une chose que les gens peuvent convoité à travers l’art. Elle donne l’exemple d’un touriste qui vente son achat d’un souvenir qui est "beau" parce qu’il y a beaucoup de temps de travail dans le façonnage de la pièce.
    Et là je me dit que le temps de travail des femmes n’a pas non plus la valeur de celui des hommes. Les techniques les plus emblématiques sont dans le textile, broderie, crochet, tricot, dentellerie... et ce travail n’est pas rémunéré convenablement surtout lorsqu’il est effectué par des femmes, et il y a ce truc circulaire car ces travaux sont dévalorisées car catégorisés comme féminins.

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    Il y aussi la notion de savoir faire, perçu comme de l’application scolaire, laborieuse quant c’est un travail de femmes et perçu comme génial si c’est masculin. J’ai pas vu qu’on dise que Bosch ou Van Eyck sont laborieux et scolaires du fait que leur travail soit minutieux.
    Ce truc du génie me rappel une phrase de Titiou Lecoq entendu dans un conférence, elle disait qu’en tant que mère d’un petit garçon elle se mettais une pression folle en imaginant son fils devenir un génie si elle bosse bien en tant que mère, ou un psychopathe si elle faillit dans son devoir d’éducatrice.
    Je me suis dit mais si elle avait une fille de quoi elle aurais peur en tant que mère ? Je n’imagine pas que les mères projettent l’avenir de leur filles comme des potentielles génies qui deviendront des psychopathes si la mère à été en faillite éducatrice.
    Je parle de la projection des mères, mais c’est toute la société qui n’imagine pas le génie au féminin. Le génie étant une tare pour les femmes car ça les dénature , leur nature étant toute entière dans leur matrice.
    Tout ca semble bien verrouiller.

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    #femmes #invisibilisation #féminisme #arts

    cc @mona

  • Puisque c’est les vacances et que tu ne sais pas quoi faire avec tes niards, je te livre mon truc à moi que j’ai développé un peu par hasard, un peu par goût, et que j’aurais bien aimé qu’on me donne le truc plus tôt : avec les enfants, on dessine.

    Oui, je sais, évidemment que tes enfants ils dessinent déjà. Mais ce qu’on a trouvé, avec ma bande, c’est de se promener systématiquement avec des carnets et une trousse de crayons, à chaque fois qu’on va se promener. Parfois c’est juste pour se passer le temps quand on a une pause dans l’après-midi, mais le plus souvent c’est l’alibi de la visite.

    La règle number ouane, je pense, c’est que tu dois dessiner aussi. Si l’adulte, déjà, il fait son timide (« mais je sais pas dessiner »), je crois que c’est pas la peine. Avec les enfants, on dessine tous, on s’encourage, on se trouve des idées de dessins, des thèmes, et on rate et on réussit, mais ensemble.

    Ça a commencé un peu par hasard l’année dernière, aux soldes de février. Au supermarché, ils bradaient des carnets un peu rigolos, mais de bonne qualité, couverture rigide, format A5, avec un élastique de fermeture. Normalement vendus 9 euros, bradés à 1 euro pièce. J’en ai pris une dizaine, en me disant que ça ferait plaisir aux enfants.

    On a commencé timidement, un dimanche de mi-saison : on s’est fait un « safari-dessin » dans Montpellier, en commençant par notre rituel dimanche matin au Peyrou. Comme tu te doutes, un safari-dessin, c’est comme un safari-photo, mais avec des dessins. On a poursuivi en ville, la porte du Peyrou, la petite s’est mise à dessiner les lampadaires, ma bande ultra-concentrée. Idée géniale de ma grande (9 ans à l’époque) : une fois terminé son dessin sur la page de gauche, montrer et recueillir nos commentaires, et les écrire sur la page de droite. Ça a super-bien donné. Les petits s’y sont mis aussi, avec des pages de droite entièrement en phonétique (6 ans au moment du crime).

    Et puis après presque deux heures, un peu marre, alors fish-and-chips et direction le parc de jeux. C’est pratique les carnets et les crayons, ça coûte rien, et quand on en a assez on fait autre chose sans culpabiliser.

    On a continué comme ça pépère depuis. J’ai toujours nos carnets (j’insiste : j’ai un carnet aussi, forcément, sinon c’est pas du jeu). Le plus souvent c’est pour combler une pause. Souvent tout de même c’est l’alibi de la promenade (« safari-dessin » donc). Et de temps en temps, c’est vraiment l’activité de la journée : par exemple, les dimanche où il pleut, à Montpellier c’est un peu mort, je propose « on va dessiner au musée Fabre ? », et figure-toi que mes petits, ça les botte d’aller au musée pour dessiner les statues. Des fois, on se pose sur un banc et on se dit des sujets (les sujets les plus cons sont les meilleurs), et en fonction du temps on fait une page façon bédé, ou juste un dessin pour illustrer, et ensuite on compare nos trouvailles en ricanant parce que c’est très con.

    Astuce du musée : il y a des gens tout nus et on voit leurs fesses, et ça ça les amuse beaucoup. Mon mecton est hyper-concentré, il peut dessiner la même statue pendant une bonne heure. La ch’tite, elle, va plus vite, il faut trouver des sujets. Une fois au milieu des Injalbert, elle commençait à gigoter mais avec les autres on n’avait pas terminé, je lui ai suggéré de dessiner les fesses des statues, ça l’a éclaté. Sinon, règle aussi dans les musées : on a le droit de s’étaler dans n’importe quelle position pour réussir à dessiner ce qu’on veut. S’il faut être assis tout droit en tailleur, c’est chiant.

    Un jour ma grande m’a dessiné en train de dessiner mon ch’tit et ma ch’tite qui étaient en train de dessiner un tableau de Bazille en train de peindre Sisley (lequel était peut-être en train de peindre la Macreuse qu’on peut voir dans la même salle…) au musée Fabre. Le concept qu’on s’est surtout bien marrés…

    Si tu veux, le but n’est pas tant de dessiner pour dessiner, même si je trouve ça très bien de s’entraîner à dessiner. Pour les enfants, je vois plein d’autres avantages…

    – D’abord on s’occupe intelligemment pour pas cher. N’est-ce pas que c’est bien de mettre les sous ailleurs. Et je trouve très sympa de s’habituer à faire des activités qui ne sont pas basées sur la pure consommation (ce qui était un aspect qui me pesait dans nos sorties à Paris).

    – Ce que j’aime beaucoup dans cette activité, c’est qu’on fait quelque chose ensemble, ou plutôt l’un·e à côté de l’autre, sans trop parler. Un peu comme regarder la mer sans parler avec un·e ami·e. Quand on dessine, on est ensemble, on le fait parce qu’on sait qu’on est ensemble, et on n’a pas besoin de bavarder ni pour s’occuper, ni pour « échanger ». (Ça n’empêche que c’est marrant et que souvent on rigole bruyamment après.) C’est aussi pour ça que l’adulte doit dessiner, à mon avis : pour que ce soit bien un instant de complicité.

    – Un avantage induit épatant : c’est un outil formidable pour les enfants pour discuter avec des adultes qu’ils rencontrent. On tombe sur un·e dessinateurice en dédicace, on visite une petite expo, etc. : alors on montre les carnets des enfants, et les artistes-adultes sont toujours super-sympas quand ils voient ça, délivrent des encouragements de professionnels, les plus sympas en profitent pour demander une dédicace aux enfants, je ne sais quoi, et tu as des petits de 6/10 ans qui interagissent de manière très créative avec des adultes qui ne sont pas en train de se forcer pour trouver quelque chose à dire à des petits gosses (tu sais, le genre « et tu es en quelle classe ? » pour essayer de faire mine de s’intéresser). Là, c’est assez systématique : « ah bon, vous dessinez ? Faites voir ? Ouah c’est super… », et hop des petits se retrouvent dans une conversation « d’égal à égal » avec un adulte lui-même plutôt content de la tournure de la discussion.

    – Et enfin ça nous donne une raison d’entrer dans les galeries quand on se promène, alors que sinon on n’oserait pas (et j’aurais peur que les enfants n’aient pas envie et s’ennuient : maintenant ils sont demandeurs). On a même visité plein d’ateliers d’artistes quand c’étaient les portes ouvertes, ils étaient ravis (et figure-toi : les artistes aussi, de voir des petits qui posent des questions et montrent leurs œuvres).

    Pour terminer : la grosse surprise c’est que les gamins adorent ça. Je n’imaginais pas qu’on pouvait aller régulièrement au musée le dimanche quand il pleut pour faire dessiner de jeunes gamins, et que ça les amuse autant. Quand j’en parle à d’autres adultes, j’ai trop souvent des réactions du genre « mais mes enfants ne savent pas dessiner » (alors ça, c’est faux et de toute façon on s’en fout), parfois « mais moi je sais pas dessiner » (alors ça, encore une fois, on s’en fout, c’est pas concours d’entrée aux Beaux-Arts, c’est un truc pour passer du temps en complicité avec les niards), et le plus souvent : « ça va pas leur plaire, c’est pas leur truc, ils aiment pas ça… », alors que pour le coup c’est le préjugé de l’adulte qui s’exprime – que j’ai constaté que, surprise surprise, c’est l’une des activités préférées des enfants.

  • Acte 4 - Dispositif exceptionnel, débordement exceptionnel !
    https://nantes.indymedia.org/articles/43842

    Ambiance apocalyptique, le jour se lève sur une capitale déserte, quasiment plus aucune voiture ne stationne dans les rues, toutes les vitrines des magasins sont protégées par des panneaux de bois, pas de transport en commun, pas un café d’ouvert, seul le bruit des hélicos vient perturber ce calme lourd. Le plan semble bien défini par le ministère de l’intérieur, mais les protagonistes de la pièce ont décidé d’improviser. De l’Etoile à Répu en passant par St Laz et Beaubourg, ce récit à plusieurs mains est loin d’être exhaustif sur les événements qui se sont déroulés ce samedi 8 décembre 2018 à Paris. De multiples cortèges de plusieurs milliers de personnes ont sillonné (...)

  • http://desordre.net/spectacles/l_etreinte

    Il était temps, sans doute, que je me prenne par la main pour fabriquer une page du Désordre qui rende compte de la lecture de L’Etreinte par Adrien Genoudet et moi-même.

    L’Etreinte c’est ce texte magnifique d’Adrien ( https://inculte.fr/produit/letreinte ) dont je ne saurais trop vous recommander la splendide lecture, ça pourrait changer pas mal de choses pour vous, dans un premier temps dans la façon dont vous pensez les attentats du 13 novembre et par extension le reste du monde et de l’existence.

    Lorsque j’ai découvert ce texte assez inouï, j’ai écrit une longue lettre à Adrien que je ne connaissais pas du tout. Six mois plus tard Adrien et moi étions transits de trac dans les coulisses du musée de la danse à Rennes où nous avons présenté une première lecture-projection d’un mélange de très beaux extraits de l’Etreinte et de ce qu’ils m’inspiraient dans cette fameuse lettre à Adrien.

    Depuis nous l’avons relue-rejouée à Beaubourg en février dernier, à Autun, à la Folie, chez Martin et Isa, en juin, et nous serions sur le départ d’une tournée internationale (et triomphale) à Louvain-la Neuve en Belgique, mais chut.

  • On s’excuserait presque de ne plus avoir de blog pour rendre compte de ce genre de choses, mais voilà cet hiver Adrien Genoudet et moi-même avons donc lu l’Etreinte d’Adrien, et des extraits de la lettre que j’avais écrite à Adrien après avoir lu son livre à Beaubourg, ce dont il nous est revenue cette petite vingtaine de photographies d’Hervé Véronèse

    #shameless_autopromo

  • Vianney Mulliez : « J’ai la certitude qu’EuropaCity se fera » Grégoire Allix - 9 Juin 2018 - le monde
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/06/09/vianney-mulliez-j-ai-la-certitude-qu-europacity-se-fera_5312175_3244.html

    Dans un entretien au « Monde », l’actionnaire du mégaprojet du Triangle de Gonesse, qui souhaite y faire venir une annexe du Centre Pompidou, répond aux critiques de ses opposants.

    Un Centre Pompidou à EuropaCity ? Le mégacomplexe de culture, de loisirs et de commerces, qui prévoit de s’implanter sur 80 hectares dans le Triangle de Gonesse (Val-d’Oise), est candidat à l’accueil d’une annexe du musée parisien. Celui-ci cherche un point de chute pour installer ses futures réserves ouvertes au public. Porté à parité par Ceetrus – ex-Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan – et le groupe chinois Wanda, le mastodonte EuropaCity, un investissement à 3,1 milliards d’euros, pourrait offrir cet écrin.


    Le président de Ceetrus, Vianney Mulliez, a défendu son dossier, jeudi 7 juin à Beaubourg, aux côtés de la star danoise de l’architecture Bjarke Ingels, maître d’œuvre du projet. Les incertitudes qui pèsent sur l’opération restent le principal handicap de cette candidature, alors que le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé en mars la création de la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Triangle de Gonesse et qu’EuropaCity continue de faire face à une vive opposition. Dans un entretien au Monde, M. Mulliez assure que le projet se fera.

    Quels sont les atouts d’EuropaCity pour attirer le Centre Pompidou ?
    L’architecture de Bjarke Ingels est un élément important pour l’emporter, mais surtout nous répondons à leurs besoins. Les réserves ouvertes du Centre Pompidou seraient situées dans la grande halle d’exposition d’EuropaCity, conçue comme une porte d’entrée de l’ensemble du site. Tous les visiteurs qui arriveront par la gare de métro du Grand Paris Express la traverseront. Cela représente 15 millions de personnes par an ! Nous avons une ambition pour les espaces d’exposition qui va au-delà du cahier des charges du Centre Pompidou et qui correspond à leur envie d’attirer de nouveaux publics.

    Etes-vous optimiste quant à votre capacité à faire venir de grands opérateurs ?
    Nous avons beaucoup de discussions et des protocoles d’accord . . . . . . .

    Le reste de l’article payant, mais après tout on en a pas besoin.

    #europacity #auchan #grand_paris #france #centre_pompidou #agriculture #urbanisme #triangle_de_gonesse #terres #gonesse #ecologie #des_grands_projets..._inutiles_ #climat #centre_commercial #mulliez #Ceetrus #immobilier

  • Mon inconscient me laisse en rase campagne
    J’attendais pourtant la suite du feuilleton freudien
    Et que vais-je raconter à McEnroe mardi prochain ?

    Café silencieux
    C’est bien aussi
    Regard au loin

    Échange de blagues
    Avec Émile
    Veiller sur son moral

    Émile parti
    Je monte dans ma chambre
    Et déballe le tableau de Martin

    Je décroche mes deux photographies
    Du Jour des innocents
    Et j’accroche Marie-Louise de Tassis

    Marie-Louise de Tassis
    De Van Dyck
    Réinterprété par Martin

    J’emmène Zoé chez l’orthophoniste
    Je travaille sur les épreuves de Raffut
    À cheval sur deux chaises

    J’emmène Zoé au BDP
    Rizoto pour Zoé
    Mezzé pour mézigue

    Avant qu’on nous serve
    Je donne le début de Raffut à lire à Zoé
    Elle rit de temps en temps, bon signe !

    Et surtout
    Elle confirme
    C’est lisible par elle

    Café
    Retour
    Rangement

    Dans l’attente d’une nouvelle rasade
    De coquillettes de Mathilde
    Je travaille à mes #Flux_détendus_

    Presque un an que je ne travaille plus
    Ni en photographie, ni même à quoi que ce soit
    De numérique. Rouillé. Et indifférent, presque

    Faisant du tri dans mes images
    Je remarque que je n’ai même pas regardé
    Mes photographies des dernières vacances cévenoles !

    De temps en temps
    Le changement de disques (de free jazz)
    Donne un répit au vieux photographe

    Je reçois des nouvelles de Corentin
    Les Montréalais entendront parler
    De Mon Oiseau bleu en août !

    Du coup
    Le connaissant
    Je prends les devants

    J’ai commencé à écrire
    Des tercets sur mon téléphone de poche
    Au cinéma pendant les réclames

    Au début
    Je n’avais
    Qu’une seule lectrice

    Quand elle est partie
    Je me suis senti amputé
    J’ai continué les tercets pour survivre

    Je les écrivais
    Au fil de l’eau
    Téléphone et bouts de papier

    Le soir
    Je rassemblais
    Les extraits

    Après un mois
    De cette collecte
    Je les ai copiés collés dans _seenthis

    Mon Oiseau bleu
    N’a pas de contrainte
    Mais beaucoup d’habitudes

    C’est souvent le récit du rêve
    Qui démarre la journée, ou pas
    Il n’y a pas de règle

    J’ai songé un moment
    En faire une très grande page html
    Mais je ne sais plus faire ce genre de choses

    Quand Mon Oiseau bleu
    Sera fini il rejoindra, tête-bêche
    Les Anguilles les mains mouillées

    Mais je ne sais pas
    Quand ce sera la fin
    De Mon Oiseau bleu

    J’attends le bon moment
    Pour cela
    Un signe, une fin. Naturelle

    Le moment
    De lâcher
    Prise

    Le
    Bon
    Moment

    Le moment
    Propice
    Pour

    Lâcher
    Prise

    F
    I
    N

    Fontenay-sous-Bois, le 18 mars
    En écoutant Downdating
    De Seijiro Murayama

    Fini ?
    Oui
    Fini !

    Mais alors
    Je ne vais plus pouvoir
    Écrire de petits poèmes ?

    Je ne vais plus pouvoir
    Écrire à propos de ces petites
    Et de ces grandes choses qui m’arrivent ?

    Des personnages
    Vont disparaître ?
    Psy, Ego, vous-savez-qui

    Je ne pourrais plus noter
    La grande intelligence de Sarah
    Les surprises d’Émile et les bons mots de Zoé ?

    Je ne pourrais plus
    Chanter les concerts merveilleux
    Ceux du Tracé provisoire et ceux d’ailleurs ?

    Je ne pourrais plus
    Écrire : « Comme dans (tel ou tel film)
    Tu vois ? »

    Je ne vais pas faire
    La chronique de la lecture hier
    Des poèmes de Jim Dine à Beaubourg ?

    Pas davantage
    Celle du concert de Seijiro Murayama
    À Sonic Protest à Sainte-Méry ?

    Et d’y croiser
    Lotus, Isabelle Duthoit
    Et Margaux ? Et d’y être heureux ?

    Pas même
    Je n’y crois pas, demain
    Le concert des Sex Pistols ?

    Merde
    Les Sex Pistols
    Ne seront pas dedans

    Non, il me suffira
    D’être heureux
    Et de ne plus l’écrire en somme

    #mon_oiseau_bleu

  • Pas le début de la queue
    D’un moindre rêve
    Inconscient au repos depuis séance d’hier

    Je souris en imaginant déjà
    La fin de Faire du mur avec McEnroe
    Non pas déjà. Pas encore fini avec McEnroe

    Je m’octroie
    Une grasse matinée
    De baleine échouée

    J’envoie un petit mot à Sophie
    La décrivant de dos avec les deux autres musiciennes
    Et la liberté et la force qui se dégageaient d’elles

    Je l’amuse en écrivant
    Avoir échoué
    De me transformer en souris au Tracé

    Réponse forcément décalée de Sophie
    Angelica Castello
    Mexicaine parlant français avec l’accent québécois

    Du coup envie
    De musique improvisée
    Pour aller avec mon café

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/agnel_minton.mp3

    Sophie Agnel
    Donc &
    Phil Minton

    Un peu de lecture
    Lundi matin papier
    L’affaire de Tarnac

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/images/sophie/sons/the_world_aint_square_001.mp3

    Du coup je passe
    A disque de Phil Minton 4Walls
    The Anarchist’s Anthem

    Un vent de liberté souffle sur moi
    Je pars au BDP, plaisir d’un café
    Et de corriger Frôlé par un V1, afflux

    Retour maison
    Penne aux sardines écrasées
    Un peu d’abondance, café

    Anguille de sieste
    La pochette du futur disque
    Du trio aperçu hier

    Les trois musiciennes
    Bariolées, faut voir comme
    Assises sur un télésiège autrichien

    Un café et je me mets au travail
    J’écris une énième autobiographie imaginaire
    Je n’aurais fait que cela de ma vie

    Je suis bien lancé
    Quand soudain
    Le traitement de texte

    Le traitement de texte devient fou
    Avale les dernières modifications
    Et les éparpille partout dans le texte

    D’abord j’enrage
    Puis comme chaque fois
    Me demande si ce n’est pas un don du ciel

    Si Dieu existe, après tout, pourquoi pas ?
    Il est logé dans le cœur de nos ordinateurs
    Et c’est quand ça plante qu’il donne la mesure de son talent

    http://www.desordre.net/musique/waits.mp3

    The Devil does not exist
    It’s only God
    When he’s drunk
    (Tom Waits)

    Je pars retrouver
    Michele et Raffaella
    Pour un concert à Beaubourg

    Codec error
    Alexander Schubert
    Et un stroboscope

    Des avertissements à propos de ce concert
    Le spectacle est déconseillé
    Aux épileptiques

    Je trouve que c’est un peu court
    Il est également déconseillé
    Aux cardiaques, aux personnes avec rage de dents

    En fait il devrait être déconseillé
    A toute personne qui ne serait pas masochiste
    Qui tiendrait (bêtement) à l’intégrité de ses oreilles

    Déconseillé
    A toute personne qui aurait éduqué son regard
    A toute personne qui n’a pas le goût de la violence

    Sur scène des jeunes gens contents d’eux
    Ont sans doute le sentiment de dominer le public
    Parce qu’ils sont du bon côté du manche

    De jeunes fascistes
    Jouissent du pouvoir d’emmerder
    Leur prochain pendant trois quarts d’heure

    La musique est moins plaisante
    Que d’avoir les oreilles frôlées
    Par une scie électrique

    Quant à la dimension visuelle
    Regarder en pleine face un flash
    Répéter plusieurs fois

    Dans un monde juste
    Le public devrait avoir le droit
    De gifler les abrutis derrière cette affaire

    Deuxième partie
    Chronostasis
    Frank Vigroux et Antoine Schmitt

    Regarder une heure durant
    La modélisation d’une boule à facettes
    Se rapprocher, s’éloigner, se démultiplier

    Spectacle pas très captivant
    Accompagné par de la musique de robots
    Cela a l’air de leur donner du contentement

    Tandis que je comprends immédiatement
    Qu’il n’y aura que cela à voir pendant une heure
    Je tente de me rappeler quelques chefs d’œuvres du musée

    Après pareil déluge
    Je remercie chaleureusement Michele
    D’une telle invitation : nous éclatons de rire

    Longue attente de ma rame
    De Réseau Express Régional
    En lisant les Monarques

    #mon_oiseau_bleu

  • Dominique a changé
    De percussionniste italien
    Le nouveau joue comme un métronome

    En fait le nouveau percussionniste
    Joue comme la pendule
    Francomtoise de ma chambre !

    Je dépose Zoé au théâtre
    Elle se moque de moi et mime
    Mon interview sur France Culture

    Zoé
    Le théâtre
    C’est dans dix minutes

    A l’État-Civil
    J’ai une côté inaltérable
    Avec la préposée bulgare

    Elle me fait des photocopies à l’œil
    Me dépanne d’une enveloppe
    J’enchaîne avec la poste

    En chemin pour retrouver Clément
    Je suis hélé par Hélène
    Je lui annonce que Raffut sort en mai !

    On parle
    Choix iconographiques
    (Difficulté des)

    Je croise une anthropologue
    De ma connaissance pas vue depuis un mois
    Je me serais presque inquiété, elle sourit !

    Et, décidément
    Baptiste aussi au BDP
    On parle de Tall man

    Limite Baptiste me commanderait une chanson
    Limite je dirais oui, genre le gars
    Qui a déjà joué de la guitare à Beaubourg

    Je me fais
    Des raviolis
    Sur le pouce

    Raviolis
    Huile d’olive
    Sel

    Émile rentre
    Chose promise
    Chose due

    Nous partons pour l’aquarium
    Émile vibre d’un plaisir inhabituel
    Il est à la recherche de souvenirs d’enfance

    Il s’inquiète presque
    Du réaménagement
    De l’aquarium de l’escalier

    Précision
    De ses souvenirs
    Visuels

    Nous commençons par les crocodiles
    Comme quand j’étais petit
    Précise-t-il

    L’immobilité des trois crocos
    N’est plus source de questions
    Parfaitement comprise et crainte par lui

    Puis, pour la première fois
    Je profite du nouvel affichage
    Pour lui montrer son principe

    Pour la première fois
    Il fait de cette visite
    L’occasion des questions

    Véliféra
    Xipho
    Cochonius

    Pléco
    Ancistrus
    Corydoras

    Dénisonii
    Botia
    Cichildés

    Tétras
    Silures
    Perches

    Scalaires
    Discus
    Une très grosse crevette

    Poisson-chat
    Poisson chirurgien
    Poisson clown

    Balanto
    Mélano
    Colisa

    Rascasses volantes
    Murène
    Piranhas

    Paracheirodon
    Cyprinidés
    Rasbora

    Hemigrammus
    Lebiasinidés
    Feu de position

    Aphyocharax rubripinnis
    Prionobrama filigera
    Popomdetta furcata

    Ancistrus
    Plecostomus
    Rineloricaria parva

    Raies
    Esturgeons
    Poisson-licorne

    Je note
    Des noms de poissons
    Sur mon téléphone de poche

    Sur le chemin du retour
    On passe par la pâtisserie orientale
    Émile se fait gâter par la pâtissière

    J’ai rendez-vous
    Avec la merveilleuse
    Orthophoniste des enfants

    Elle me donne des conseils
    D’accessibilité pour dyslexiques
    Contraires aux usages typographiques !

    Pour un ou une dyslexique
    Limite Comic Sans
    Ce serait le fin du fin

    Thomas Bernhard
    Serait le cauchemar
    D’un dyslexique autrichien !

    Aérer
    Dit-elle
    À qui a écrit Une Fuite

    J’ai aussi rendez-vous
    Avec Sophie pour une soupe-ciné
    Phantom Thread de Paul Thomas Anderson

    Méfiante envers la soupe
    Méfiante envers les perles du Japon
    Méfiante envers mon choix de film

    Elle ne commente pas la soupe
    Elle dit pis que pendre des perles
    Elle est surprise (en bien) par le film

    Paul Thomas Anderson
    Virtuose du récit
    Qui prend son temps

    Paul Thomas Anderson
    Virtuose de l’invisible
    L’invisible au cinéma !

    On discute en marchant
    On marche en discutant
    On tourne un peu en rond

    Il est tard
    Je trouve le mot de Sarah
    Qui me dit le devoir de se lever tôt, trop tard

    Sarah, cet amour de jeune femme
    Tu ne peux pas être vraiment
    Ma fille ? Si ?

    #mon_oiseau_bleu

  • Réveil à six heures
    Trois petits rêves
    Avant une journée de rêve

    Un collègue connu pour sa jovialité se suicide
    Mon père était attaché aux motifs décoratifs des matelas cévenols
    Manifestations contre l’ambassade des EU

    Je pars en trombe
    Emmener Émile
    Chez le psychologue, matinal

    Je prends un café turc seul
    La serveuse fardée lourdement
    Pendue au téléphone de poche

    Dehors une grisaille
    De tous les diables
    Café seul

    Je dépose Émile
    J’emmène Zoé
    À nous deux Paris

    On pénètre
    Dans Beaubourg
    Désert !

    L’équipe technique
    Est très au point
    Installation en un temps record

    Premiers essais vidéo
    Premiers essais audio
    Premiers essais de solos

    Déjeuner chez Ibtissem
    Sans Ibtissem
    Les estomacs un peu tendus

    Adrien prend les commandes
    En sortant des toilettes
    Explique le filage, les enchaînements

    On répète l’entrée
    On mime la panne d’électricité
    C’est difficile à faire !

    On répète la fin
    Je n’entends pas ce que je joue
    Dans la salle toutes et tous se bouchent les oreilles

    Filage
    On déconne un peu
    On fait des blagues, on est nerveux

    On refait la fin
    Deux fois
    On refait le début une fois

    On a trois quarts d’heure
    Pour décompresser
    C’est tout le contraire qui se produit

    Je marche avec Zoé
    Dans le centre
    Elle me fait rire, mais tendu

    Je reçois l’appel de Dominique
    Dominique et Michele viennent !
    Je me liquéfie de trac

    Je croise José, Isa, Martin et B.
    Eux tout sourires
    Moi de plus en plus tendu

    Je retourne en loges
    Exercices de respiration
    On met nos habits de lumière. Noirs

    De toutes les petites venelles
    Qui aboutissent à la salle
    Arrivent les techniciens, ponctuels

    On s’équipe, microphones
    Je fais chauffer l’ampli
    Et je vais me cacher

    Le public entre
    Du paravent je pourrais voir sans être vu
    Mais peut-on espionner ses proches ?

    Du paravent
    J’entends cependant
    Des voix et des rires amis

    Puis
    Tout d’un coup
    Silence, noir salle

    Il faut y aller
    Me dis-je les mains moites
    Et les pieds poites

    La violence qu’on impose au public
    Nous nous la sommes imposée
    Tant de fois en répétitions

    Une main tremblante
    S’avance sur la première page
    Tout juste si je peux lire tant elle bouge

    Par bonheur, le début tant rabâché
    Je le connais par cœur
    Paradoxe, je fais semblant de lire

    C’est ma voix étonnamment déliée
    Qui me sort de cette gangue de trac
    Ca y est, le plus dur est fait, après le plaisir

    Après
    Le plaisir
    En pente douce

    On commence à être rodé
    Avec Adrien
    On sait rattraper l’autre

    Arrive la fin
    Je quitte la scène
    Et surprise reviens avec une guitare

    Je fais ce que j’ai à faire
    En tâchant d’oublier la présence
    De Dominique, Michele, Jean-Luc, Hanno, Yuka

    Jouer de la guitare électrique désaccordée
    Devant 150 personnes à Beaubourg
    C’est fait !

    Quand je lâche le petit cône
    Directement sur les microphones
    Serais en peine de dire ce que je lâche vraiment

    Echo, réverbération soutenue par Vincent l’ingé
    Le noir de Bertrand gagne la scène qui happe Adrien
    Les applaudissements nous libèrent

    Dans l’éclairage de service revenu
    Le visage de mes enfants au premier rang
    Et derrière eux tant et tant d’amis

    On range notre chambre vite fait
    Et on retrouve les visages amis
    Qui eux déjà boivent et sont tout sourire

    Yuka, Renaud
    Mr Inserra, Dominique, Michele
    Sarah, Monika, Jérôme, Camille

    Jean-Luc
    Julien
    Patrick

    Jerôme, Nathalène
    Mathieu, Tiffanie, Anne
    B.

    Cécile
    Sarah, Zoé
    Clément, Juliette, Julia

    Camille
    J.
    Eline

    Martin
    Isa
    Hanno

    Nous migrons
    Vers un petit café
    Où nous avons nos habitudes

    Chaleur des échanges
    Marrant de présenter Hanno, B.
    Isa et Martin à Adrien

    Bref échange avec Mathieu
    J’apprends que l’équipe de France
    A perdu contre l’Irlande sur un drop avec 40 rucks

    Bref échange avec Mathieu
    On s’approche de Raffut
    Bonheur de sentir sa lecture de Raffut

    On fait un crochet
    Pour déposer Hanno
    Du coup on galère pour rentrer

    #mon_oiseau_bleu

  • https://www.rockhall.com/sites/default/files/styles/header_image_portrait/public/acdchero_web.jpg?itok=9mel4cOs

    Je suis un homme traqué à Clermont
    Par toutes les forces de police du pays
    Mais mes ruses sont admirables

    Je visite un ancien château avec mes parents
    Reconverti en centre d’art contemporain
    Les collections sont à chier

    Je m’émerveille que mon inconscient
    Pour bâtir le décor d’un rêve
    Soit capable de faire de mauvaises œuvres

    Je dépose Zoé dans un grand rire
    J’allume l’autoradio
    Reportage sur la famine au Yemen

    Plein à craquer de pensées pour le martyr yéménite
    Je manque de m’emporter contre
    Les jérémiades d’un collègue. Arrivé en open space

    Coup du sort
    Des ouvriers viennent démonter une cloison
    Celle contre laquelle je somnole : home office, yes !

    À mon plus grand étonnement
    La vindicte pleurnicharde de mon collègue
    Me poursuit chez moi : Home office, oh no !

    Home office, par jeu
    J’invite mes collègues à déjeuner
    Il et elle acceptent !

    En une demi-heure
    Ménage ultra rapide
    Et cuisine limite fast-food

    Je rejoins Adrien et Bertrand
    À Beaubourg, je suis en avance
    Je passe un entretien de la Métanation

    Expérience pas inintéressante
    Je n’en comprends pas tous les enjeux
    Mais l’échange est agréable et intelligent

    Rejoint par Adrien
    Nous rencontrons les techniciens
    Et visitons la scène pour samedi

    J’aime tellement ces premiers contacts
    Sur une scène nue, tout à inventer
    Tout à construire et habiter

    Quant aux coulisses
    À Beaubourg
    Elles sont labyrinthiques

    Nous laissons Adrien à sa causerie
    Et allons prendre un café
    Bertrand l’éclairagiste et moi : se retrouver !

    Je passe devant
    La Fédération Nationale des Achats de Cadres
    Et voit un vinyle d’AC/DC, cadeau pour Zoé

    Retour à la maison
    Zoé rouge de plaisir
    Mais c’est mauvais !

    En hâte je cuisine une quiche
    Dans le boucan d’AC/DC
    Et les rires deployés de Zoé

    Dîner avec les enfants
    La quiche est bonne
    Les blagues aussi

    Discussion parentale avec Sarah
    Sa bonne intelligence, sa maturité
    Et même, un peu, sa sévérité

    Je redescends
    Me faire mettre minable
    Par Émile aux échecs

    Zoé finit la vaisselle
    Emile m’achève
    Sarah se douche, bonne nuit !

    #mon_oiseau_bleu

  • Je me rase
    À l’aide d’un gel translucide
    Au contact curieux

    http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/surnatural_orchestra_pauvre_paris.mp3

    Nouveau spectacle d’acrobatie
    Du Surnatural Orchestra
    Hanno plonge de très haut

    Zoé m’annonce ses dernières intentions
    D’orientation professionnelle :
    Assistante de production de films d’animation

    Petit déjeuner avec les filles
    Gentilles moqueries
    Sarah la nabote d’un mètre 75 !

    J’emmène Zoé au collège
    Elle me saoule
    Soulagé presque de la déposer

    Autoradio
    Grâce au gamin-président
    La coalition en Allemagne !

    Je crée une liste de diffusion
    Pour L’Étreinte
    J’aime la petite foule en question

    Un écrivain et philosophe
    Un contrebassiste
    Deux saxophoniste

    Une contrebassiste
    Une psychanalyste
    Une poète professeure d’anglais

    Une professeure d’espagnol
    Une dramaturge-psychologue-auteure
    Une artiste-sorcière

    Une attachée de presse
    Une psychologue
    Un instituteur

    Une pianiste
    Un peintre
    Une professeure de français

    Deux ingénieurs-informaticiens
    Une flutiste
    Trois éditeurs

    Une animatrice de radio
    Une peintre
    Une auteure

    Un tromboniste
    Un bibliothécaire
    Un guitariste

    Un saxophoniste
    Une traductrice
    Un violoniste

    Une essayiste
    Un batteur
    Trois auteurs

    Une poète
    Un percussionniste
    Un poète

    Une designeuse
    Une danseuse
    Une chanteuse

    Une comédienne
    Une psychologue-vidéaste
    Deux libraires

    Un journaliste
    Une professeure de philosophie
    Deux comptables, si !

    Au BDP
    Je croise une fidèle
    Croisée à Beaubourg vendredi

    Au BDP
    Contraints et forcés
    De reprendre un café par la pluie

    De retour en open space
    La pluie a cessé
    Mais pas l’ennui, opaque lui

    Réunion pour une communication
    Du chef de la cheffe
    Optimisation dans la facturation

    Et pour optimiser la facturation
    On peut bien remercier quelques prestataires
    C’est une opération neutre nous explique-t-on

    Et presque personne
    Pour s’en offusquer
    Moi longtemps qu’on ne m’écoute plus

    Je m’installer au BDP
    Pour travailler quelques pages
    De Frôlé par un V1, j’ai une collègue désormais

    Ma collègue de BDP
    Est anthropologue
    Quand on y pense !

    Rentré à la maison
    Petite inquiétude à propos de Zoé
    Dire que je dois la gronder pour sa distraction !

    Quand j’engueule mes enfants
    Pour leur inattention je suis aussi crédible
    Qu’un parent qui interdit de fumer en fumant non ?

    Pâtes au saumon
    Et au paprika
    Gouda ancien et poire

    Échange de mails
    Avec Sophie
    Elle me fait rire

    Je pars au Keaton
    Voir Seule sur une plage la nuit
    De Hong Sang-Soo

    Je me fais presque une joie
    D’affronter un tel récit
    D’un naufrage après une rupture

    Et naturellement
    Vous ne devinerez jamais qui
    Était également dans la salle

    Beauté magique
    Du cinéma
    De Hong Sang-Soo

    Nous sommes gâtés
    Un plan-séquence dans un café
    Et deux de beuveries !

    Beauté de l’interprétation
    De Kim Min-hee
    Sa douleur rentrée presque invisible

    Et puis
    Beauté du plan
    Elle est allongée face à la mer

    Elle s’endort
    On la réveille
    C’est l’assistant du réalisateur

    L’homme, le réalisateur
    Dont elle attend le retour
    Impossible mais qu’elle attend

    Et grâce à cet assistant
    Elle va pouvoir enfin
    Revoir le réalisateur

    Elle va pouvoir enfin
    Dire à toutes et tous
    Qu’ils se sont aimés

    Elle va pouvoir enfin
    Entendre sa parole à lui
    Qu’il ne tait plus, oui, il l’a aimée

    Elle va pouvoir enfin
    Lui dire et lui faire sentir
    A quel point elle a souffert

    Elle va pouvoir enfin
    Entendre comment
    Lui a aussi souffert

    On marche un peu
    Avec vous-savez-qui
    Tu savais qu’elle rêvait ?

    Quelle question !
    Mais comment tu savais
    Quelle question !

    Tout d’un coup elle vivait
    Tout ce qu’elle avait attendu
    Et qui ne pouvait pas se produire

    Et donc je pense
    Que tu sais désormais un peu
    Ce que j’ai traversé quand tu es partie !

    On s’embrasse
    On se dit à bientôt
    Vous savez qui repart triste, moi non

    #mon_oiseau_bleu

  • http://www.desordre.net/musique/coltrane.mp3

    Rêve d’un jukebox érotique
    Choix difficile entre une fellation
    Et des inédits de Coltrane (passons)

    École buissonnière
    Grève japonaise
    Cafés au lait

    Enfant malade (Zoé)
    Musique à bas bruit (Twins)
    Ecriture (Anguilles)

    Echange épistolaire avec J.
    Echange de rêves
    Echange de moqueries

    Je ne voudrais pas
    Être ton analyste
    Ou ton éditeur

    Mieux vaut être ton amie
    Que ta fille, ta psy ou ton éditrice
    Et, j’imagine, ta dentiste ou ta monitrice d’auto-école

    Je lance une bouteille à la mer
    Sur seenthis, centre d’intelligence collective
    Rapidement quelques réponses

    https://seenthis.net/messages/661250

    Ton Facebook ®™© bio
    Comme avait dit une fois Sarah
    Dernier endroit fréquentable d’Internet, oui

    Raviolis épinards ricotta
    Sauce au pesto et parmesan
    Zoé émerge de sa crève par l’estomac titillé

    Je fonce au temple de consommation
    Une cliente voilée fait tomber un article
    Un soutien-gorge un peu olé-olé

    Mon embarras, le ramasser ? Non
    Lui dire ? Ben oui, pourquoi pas ?
    Ce qui se passe dans ma tête…

    Caissière au bord de la crise de nerfs
    (Client difficile) et qui ressemble à Sarah
    Elle-même caissière, je prends sa défense

    Du coup je mets tout sur le tapis
    Je ne vole rien aujourd’hui
    Addition salée ! Forcément

    Retour à la maison
    Zoé a nettoyé la cuisine
    Mais mes enceintes gémissent

    Je passe chercher Émile
    Chez l’orthophoniste
    Lecture dans la salle d’attente

    J’emmène Émile et Zoé
    Chez le médecin, grippe pour Zoé
    Et renouvellement administratif d’Émile

    Émile et Zoé
    Repartent à la maison
    Presque bras dessus dessous

    La tendresse de mes filles
    Pour leur frère d’une autre planète
    M’émeut. Souvent. Aux larmes parfois

    Je file à Beaubourg
    Édition 2018
    Hors-pistes

    J’aime assez l’installation d’Adrien
    J’aime l’œuvre avec les timbres
    Je suis ému par les récits d’entraide

    Je ne capte pas grand-chose
    Aux élucubrations savantes
    De l’organisation de la métanation

    J’aime assez la vidéo
    En neuf écrans
    De Frank Smith

    Mais, à vrai dire
    Je serais bien en peine
    De trouver quoi que ce soit d’artistique

    Nous nous retrouvons
    Dans un petit rade au vin infect
    Et à l’ambiance tellement chaleureuse

    Nous faisons la connaissance
    De deux jeunes étudiantes catalanes
    Admirable jeunesse bouillante d’intelligence

    Au bar, un coude sur le zinc
    Discussion tripartite
    Avec Adrien et Mathieu

    J’aime le bouillonnement d’Adrien
    J’aime la bienveillance souriante de Mathieu
    Je rencontre la première Philippine de ma vie !

    N’ayant toujours pas dîné
    Le jeune primo-romancier de 53 ans
    Est un vrai animal social

    Je fais la connaissance grâce à Mathieu
    D’une anthropologue que je croise
    Chaque fois que je vais écrire au BDP !

    Quand nous prenons congé
    Presque, on se dit, à lundi !
    Nouilles, riz ou pizza ? Pizza

    Notre serveuse est géniale
    Elle s’appelle Ibtissem
    « Sourire, en arabe » dis-je. Son sourire !

    https://www.youtube.com/watch?v=hs6tSV2KH9M

    Adrien monomaniaque
    Du coup, insiste pour nous faire écouter
    Smile de Timi Youro. Intenable

    A vrai dire tout à l’heure
    Il voulait que je joue de la guitare
    Pendant l’Étreinte à Beaubourg !

    Ivre,
    Une jeune primo-romancier
    Attrape son dernier de train de banlieue

    #mon_oiseau_bleu

  • Pieds nus
    Dans la salle de cours du lycée
    Jérôme m’annonce qu’il publiera Raffut

    Je n’ai plus un cent dans les poches
    Je ne peux même pas acheter une baguette
    Nous mangerons des biscottes

    On se dispute le couteau du beurre
    Zoé ne se lève pas
    Émile colle aux draps

    Honte : les intérimaires
    Ont rapporté de la galette
    Pour toutes et tous

    Café dans l’ombre
    De l’open space
    Sans fleurs

    Ombres sombres
    Je sombre, sombre
    Assombri par les nombres

    Plaisanteries sexistes en open space
    Et dire que la semaine dernière
    Je soutenais à Sophie que

    Je perds toute mesure
    Et envoie un mail facétieux
    Retour de bâton, on ne rit pas

    J’emporte quelques pages
    De Frôlé par un V1 au BDP
    Mais je ne fais rien de bien

    «  - Vous auriez un dictionnaire des synonymes ?
    – Tenez ! » Tête du primo-romancier
    Qui pousse du col en écrivant au café

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je vois
    La bedaine obscène d’un grand chef

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que j’entends
    Blagues de caserne

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je sens
    Livraison de fuel dans le parking

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je lis
    Commentaires anti-zadistes primaires

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas le menu de la cantine
    Endives braisées, dégoulinantes de béchamel

    Aujourd’hui
    Je n’aime pas ce que je fais
    Coups de téléphone à des administrations

    Aujourd’hui
    Je voudrais refermer cette journée
    Comme on ferme une parenthèse (non lue)

    Le débat du jour dans l’open space
    Où acheter son lit en mémoire de formes
    Et comment le tester (imaginez les blagues)

    Il est urgent je crois
    Que je téléporte
    Mon mauvais poil

    Émile qui voudrait sortir
    Sarah qui voudrait sortir tous les soirs
    Zoé qui veut dormir

    Je préfère ça
    Oui, j’aime encore mieux ça
    C’est vraiment eux !

    Je travaille aux derniers calques
    De l’affiche de l’Étreinte à Beaubourg
    Quoi encore ? Adrien trouve à redire

    Échange avec Sarah
    Quoi encore ?
    Elle a perdu son identifiant

    Partie d’échecs avec Emile
    Quoi encore ?
    Il m’attaque et gagne

    https://www.youtube.com/watch?v=ZtJF0xQXEms

    Concert
    De la soustraction des fleurs
    Au théâtre Thénardier à Montreuil

    Jean-François Vrod
    Frédéric Aurier
    Sylvain Lemêtre

    Première partie, Dramane Dembélé
    Jamais musicien n’a joué aussi peu fort
    A aussi bas volume

    Il faut tendre l’oreille
    Chaleur de l’endroit sombre
    Banquettes basses

    Dramane Dembélé
    Musicien surdoué
    Flûtes diverses et n’goni

    Sourire admirable
    Musicien
    Au plaisir communicatif

    Puis c’est la Soustraction des fleurs
    Dans tout ce qu’elle a
    D’invraisemblablement singulier

    Mélange parfait
    De recherche musicale
    Et d’humour décalé

    Jean-François Vrod
    Conteur talentueux comme au coin du feu
    Mais alors quelles histoires, quelles salades !

    Histoire polyphonique
    Du demi-poulet
    À fond dans la folie douce

    La soustraction des fleurs
    Réhabilite la veillée auvergnate
    En passant par les Flandres

    Musiciens qui ne s’interdisent rien
    Surtout pas de sourire
    Ou d’accueillir un Malien à leur table

    Quand on est intelligent (Jean-François Vrod)
    On l’est en toutes choses
    Et on trouve un chemin qui relie l’Auvergne au Mali

    Je me garde le plaisir
    De lui écrire
    Plus tard

    http://desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/aec_vieux_disque.mp3

    Maison et enfants endormis
    Envie d’un peu de musique (encore !) au casque
    L’Art Ensemble of Chicago me joue une berceuse

    L’Art Ensemble of Chicago
    Me joue une berceuse
    Celle que j’écoutais au labo à Portsmouth

    #mon_oiseau_bleu

  • Adrien Genoudet et moi-même relisons l’Etreinte d’Adrien, entrecoupé de passages d’une lettre que je n’aurais jamais du lui écrire, voilà où cela me mène : faire, à mon âge, des trucs qui sont de mon âge.

    C’est à Beaubourg, le samedi 3 février à 20H (entrée libre dans la limite des places disponibles), cela fait partie de la manifestation Gardez les yeux ouverts d’Adrien, elle-même incluse dans le festival Hors-pistes

    Et c’est présenté là : https://horspistes13.fr/l-etreinte

    Quelques photographies d’Adèle-Zoé

  • Chères toutes et tous

    Comme on peut l’apprendre, de temps en temps, en lisant #mon_oiseau_bleu, je travaille en ce moment à un texte intitulé Frôlé par un V1, dont l’une des recherches les plus saillantes est de s’intéresser aux figures de l’invisible. Dit comme cela ça peut paraître un peu mystérieux. Je vous donne un exemple : les standardistes de téléphone qui invariablement se présentent comme Arnaud ou Nathalie (et qui en fait s’appellent Mehdi ou Djemila - ce qui est tellement plus joli ceci dit par ailleurs) et auxquelles on compose des visages fictifs dont on ne saura jamais s’ils ont la moindre part de ressemblance (surtout si on prend pour argent comptant qu’elles s’appellent Nathalie ou Arnaud). Le texte procède beaucoup par petites fiches quand ce n’est pas par petites touches, voici une des fiches.

    Mort de Raymond Samuel Tomlinson (1941 - 2016). Je me souviens que c’est en apprenant sa mort, le 5 avril 2016, que j’ai découvert tout ce que je devais à Raymond Samuel Tomlinson, et ce n’est pas rien quand on y pense, rien moins, en effet, que le courrier électronique, qui est rien moins que ma deuxième drogue de prédilection, après la morphine. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des figures de l’invisibilité, des fantômes par excellence.

    Je crois qu’assez nombreuses sont effectivement les personnes dont j’ai découvert l’existence en lisant leur chronique nécrologique. En revanche si je voulais dresser une liste de ces personnes, et bien, je ne me souviens pas d’un seul nom !

    Du coup je me demandais si dans notre belle et riante communuaté d’omniscientes et d’omniscients, il n’y aurait pas quelques-uns de ces fantômes que les unes et les autres pourraient me prêter pour me dépanner dans cet effort de fiction qu’est donc Frôlé par un V1

    D’avance #merci

    • Comme par exemple, ce patron de bar tabac dont une amie m’a annoncé la mort alors que je le connaissais pas. Je l’ai imaginé tout grisouille : la cinquantaine, de taille moyenne, le visage un peu carré, une chevelure courte, légèrement bedonnant, habillé d’une chemise et d’un pantalon gris bleuté. La voix un peu rocailleuse. Sans doute le côté tabac qui ressort :) Je ne connais pas son nom.

    • @james Oui, ça marche à fond. On n’est pas obligé que ce soir la jour-même.

      @odilon Disons que c’est mieux si la personne est effectivement connue d’un panel plus large de personnes, limite célébrité, mais je garde le buraliste en question, qui si cela se trouve était au contraire fort bel homme et gentil comme tout, et avec la chemise parfaitement rentrée dans le pantalon.

    • Je pourrais alors dire « Paul VI ! », mais ce serait un peu hors sujet. Juste que c’est le jour où il est mort que j’ai découvert qu’il y avait un Pape. À l’époque, ça m’a franchement intrigué mais honnêtement, ça ne me hante pas ...

    • @james Je n’en reviens pas. Il se trouve que je fais partie des rares personnes qui l’ont vu vivant une dernière fois alors qu’il tentait d’obtenir du connard de gardien du 22 rue Monsieur le Prince le code pour se réfugier dans la cour intérieure et que nous n’avons pas eu le temps de lui gueuler que c’était le 9573 depuis le fond de la cour, parce qu’il a pris ses jambes à son cou mais pas assez vite puisque les voltigeurs l’ont rattrapé juste après la rue Racine devant le numéro 20 où il y a désormais une plaque à son nom.

    • J’ai vécu un moment, hier, qui se rapproche un peu de ta recherche de fantômes. L’enterrement d’un proche : J-F 1964-2018, dernier oncle maternel de ma fille. J’ai approché ce fantôme que les 12 dernières années de sa vie. (il cumulait une douzaine d’année derrière les barreaux entre entrée et sortie).
      Beaucoup plus que sa mort, c’est son enterrement qui m’a appris la difficulté de se faire enterrer comme indigent. Et fantôme de la bouche de la grand-mère de ses 2 fils, Mehdi & Milhan, qui disait qu’elle avait eue accident, hier, en venant à Rennes (elle a pliée sa voiture, c’est tout) que J-F avait dévié sa trajectoire pour que ses fils ne voient pas son cadavre.
      #bleu_comme_un_cadavre
      Aujourd’hui 4 personnes sur les 9 qui ont assisté et arrosé sa sépulture ont le bruit d’un V1 dans le cerveau.
      J-F lui est une nouvelle fois entre 4 murs et cette fois-ci pour perpète. R.I.P

    • @odilon et @james oui, un chapitre en soi celui des anonymes qui deviennent connus par leur décès qui résulte donc des violences policières. Du coup là je me demande si je ne devrais pas ouvrir une catégorie spécifique.

      Cookie Muller, je ne connaissais pas. Merci @vanderling

      Une fois deplus, et c’est le cas presque à chaque fois que je suscite l’intelligence collective de seenthis, ça débloque pas mal de choses.

    • Ça m’a toujours amusé de me retrouver à habiter des rues portant le nom de total·es inconnu·es : Simone Bigot à Clichy, Louis Vestrepain à Toulouse et maintenant Emile Duployé.

      dans le genre parfaitement inconnu, même mort, sauf quand on doit donner l’adresse !
      et pourtant !

      Duployé wrote a series of books on this subject, whose first edition was named Stenography-Duployé, writing easier, faster and more readable than any other, which applies to all languages (published in Lyon in 1860).

    • Je disais hier que parfois j’ai envie de tuer des gens, les deux filles étaient gênées, j’ai cru que j’allais prendre un couteau. Où est la peur ? le jeu ? J’ai dit qu’au contraire, j’aurais du faire du cinéma, au cinéma on peut mourir pour pas cher, on y tue beaucoup plus que dans la vraie vie, et surtout on ressuscite à chaque fois. Le cinéma est fait par des psychopathes détournés de leur dessein premier, des sortes de gentils dont il faudrait quand même se méfier. Et j’y repense aujourd’hui quand le gars fonce à moitié sur nous avec sa voiture, qu’il crève en enfer me dis-je. Mais bon, il parait que si je questionne pourquoi sa copine était gênée c’est que moi-même je devais connaitre la réponse, qu’elle non plus, jamais de chez grand jamais elle n’a pensé à tuer quelqu’un. Mais penser n’est pas tuer, quand même ? et écrire alors ? Bande d’hypocrites.

    • Mikhaïl Timofeïevitch Kalachnikov
      J’ai appris son existence le jour de la fermeture de l’usine qui fabriquait le fameux AK-47.
      Donc pas vraiment le jour de sa mort, quoi que...
      En réalité, dans son cas la (les) mort ça ne (se) compte pas.
      Et le plus sidérant pour moi fut d’apprendre qu’à la fin de sa vie il aurait mis au point ... un piège à taupes !

      « Au total, Mikhaïl Kalachnikov a créé à peu près cent-cinquante armes diverses. »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Kalachnikov

    • Merci à toutes et tous. Même si je vais seulement picorer dans vos suggestions, il n’en est pas moins que vous avez ouvert une brêche pour ce qui est des personnes, notamment militantes, anonymes qui ont accédé regrettablement à la notoriété par leur mort, voilà typiquement des fantômes qui ont leur place dans mon récit décousu des Frôlés par un V1 .

      On n’est décidément jamais déçu quand on suscite l’intelligence collective de seenthis .

      Et surtout que ce mot de remerciement ne dissuade personne de continuer de forer dans cette tempête de cerveaux , je suis encore très éloigné d’une forme fermée de mon texte.

      Encore une fois, #merci

    • Peut-être d’autres brêches

      Les militant·es des droits des peuples autochtones, des terres, de l’environnement ayant un certain renom dans leur pays et qui ont été assassiné·es :
      Berta Cáceres militante écolo assez connue au Honduras
      Rodrigo Tot, leader indigène au Guatemala qui avait reçu le Goldman Environmental Prize
      Isidro Baldenegro López, mexicain, Goldman Prize 2005
      Si tu as besoin d’une liste tu peux faire une recherche #assassinat ou #meurtre, j’en ai référencé quelques uns

      Les femmes assassinées par leur compagnon ou leur ex :
      Zenash Gezmu, marathonienne éthiopienne réfugiée en France

      et aussi
      les victimes d’homophobie
      Hande Kader, l’héroïne de la Gay Pride retrouvée brûlée à Istanbul

    • Alain Kan est un chanteur français né à Paris le 14 septembre 1944 et disparu le 14 avril 1990. Sa carrière, qui s’étend du début des années 1960 au milieu des années 1980, est assez atypique, du fait de son passage d’un style à l’autre : d’abord chanteur de variétés, il passe au glam rock puis au punk, gagnant en originalité artistique tout en se marginalisant. De manière inhabituelle pour l’époque, il affirmait ouvertement son homosexualité, à laquelle il faisait référence dans certaines de ses chansons, mais aussi sa toxicomanie qui a contribué à nuire à sa carrière. Vu une dernière fois dans le métro parisien, il disparaît sans laisser de traces.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Kan#Disparition
      https://www.discogs.com/fr/artist/493333-Alain-Kan
      #Alain_Kan

    • Bon je vous livre, je vous dois bien ça, l’extrait en question écrit, grâce à ce que je qualifie dans cet extrait-même comme l’intelligence collective de Seenthis.

      Extrait donc de Frôlé par un V1, roman en cours

      Mort de Raymond Samuel Tomlinson (1941 – 2016). Je me souviens que c’est en apprenant sa mort, le 5 avril 2016, que j’ai découvert tout ce que je devais à Raymond Samuel Tomlinson, et ce n’est pas rien quand on y pense, rien moins, en effet, que le courrier électronique, qui est rien moins que ma deuxième drogue de prédilection, après la morphine. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des figures de l’invisibilité en somme. L’écrivant, je me suis rendu compte que ce paradoxe relevait presque d’une expression du langage courant, Untel ou Unetelle, c’est la première fois que j’en entends parler, dit-on lors de certains décès, de certaines disparitions. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai pareillement et paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des fantômes par excellence. Mais alors, je me suis rendu compte que je n’avais pas d’exemples en tête de tels fantômes, de personnes apparaissant dans mon existence littéralement en mourant, et pourtant je jurerais que de telles personnes sont légions. Je tentais par exemple de parcourir les rayonnages désordres de ma bibliothèque tentant de me rappeler quels seraient les auteurs et les auteures que j’aurais lues, ma curiosité intriguée, pour ainsi dire, par l’annonce de leur décès, mais je me rendais bien compte que je regardais au plus mauvais endroit qui soit, ma bibliothèque qui recèle de morts bien vivants dans mon esprit, et celles et ceux que j’aurais adoptés tout juste post mortem et dont j’aurais lu les livres, parfois avidement, auraient rejoints le corpus quasi familial de mes auteurs et auteures avec lesquelles j’entretiens des relations quasi amicales quand ce n’est pas familiales. Je demandais un peu autour de moi, amis et famille, y compris à celles et ceux de mes proches dont justement je me souvenais qu’ils aient un jour proféré cette étrange parole de la naissance d’une personne à sa mort ― je me souvenais assez distinctement par exemple avoir appris la mort de je ne sais plus qui à B. qui me disait ne pas connaître tel auteur ou telle artiste, mais, pareillement, ces proches, B. compris, étaient comme moi, incapables de donner le moindre exemple, la liste de ces fantômes allait donc être très courte : l’ensemble vide, Ø, un ensemble fantôme en soi. Cela m’a vraiment taraudé quelques jours, je ne supportais plus l’idée que ce livre ne compte pas de ces authentiques fantômes, lesquels étaient en train, tels les fantômes qu’ils sont, de me poursuivre dans mes nuits jusqu’à m’en gâter le sommeil ― il m’en faut peu, on l’a vu, une scène d’égorgement nocturne, un octopode imaginaire...―, jusqu’à ce que j’en vienne à utiliser une de mes bottes secrètes, l’intelligence collective de Seenthis. Je m’explique. Seenthis est un réseau social libre, dont on doit, pour beaucoup, la conception, la réalisation, les nombreuses améliorations et l’entretien à un certain @arno ― toutes les personnes dont il va être ici question vont être appelées par leur nom de profil dans ce réseau social, dans lequel je suis moi-même @philippe_de_jonckheere. Il me faudrait sans doute plusieurs douzaines de pages pour décrire à la fois le fonctionnement de cet édifice mais surtout la très intense vie intelligente et cultivée qui y a cours, sans parler de ses très riches débats. Je donne un exemple malgré tout. L’année dernière ma fille Sarah, en préparant ses épreuves de baccalauréat, rencontrait de véritables difficultés avec ses exercices de cartographies, une épreuve, la cartographie, pour laquelle elle se faisait un souci insigne et je n’étais d’aucune aide pour elle, je m’en rendais bien compte, d’une part la géographie n’a jamais été ma matière forte ― ai-je une matière forte ? ― et par ailleurs je suis un très piètre pédagogue. Pour rire, je faisais remarquer à Sarah que c’était d’autant plus idiot que sur Seenthis je suivais, avec grand intérêt, les travaux de quelques cartographes fameux, @reka, @fil, @simplicissimus, @odilon, @visionscarto et leurs discussions passionnantes qui concernaient beaucoup la visualisation de données ― sujet auquel je trouvais une pertinence remarquable, une vieille marotte à moi : les images sont en train de devenir le langage etc… je vous épargne. « Ah Seenthis…, ton Facebook bio », avait répondu pleine de dédain juvénile Sarah, 18 ans. Vexé, évidemment, je décidais de mettre mon Facebook bio à l’épreuve et m’ouvrais, sur mon compte, @philippe_de_jonckheere, à la fois de l’incrédulité de Sarah ― ce qui fit bien rire et même adopter l’expression Facebook bio ― et, à la fois aussi, de la problématique ― la difficile mémorisation d’une carte qu’il faut ensuite restituer depuis un fond de carte, exercice nettement plus difficile qu’il n’y paraît ―, et quelle ne fut pas la richesse des réponses ― il fut même offert à Sarah une possible leçon particulière par visioconférence avec le célèbre @reka ―, et si j’exagérais un peu, ce que je ne fais pas naturellement, je pourrais pousser jusqu’à dire que grâce à Seenthis, mon Facebook bio, Sarah a finalement obtenu un très belle mention à son baccalauréat ― elle a obtenu la note de 15 sur 20 à son épreuve d’histoire-géographie. Il n’empêche, toutes plaisanteries et exagérations mises à part, il règne sur ce réseau de demi-savants une atmosphère d’intelligence collective et de mise en commun remarquable. Je décidais donc de m’ouvrir de ma difficulté du moment dans l’écriture de mon texte en cours, Frôlé par un V1. Je n’ai pas été déçu du résultat, puisque @odilon, @james, @vanderling, @touti, @alexcorp, @vazy ont participé à une conversation longue de quarante-deux messages, laquelle a été suivie, de près, par @marielle, @line_d, @7h36 et @reka et de laquelle est ressortie une figure particulièrement proéminente de fantômes , auxquels je n’avais pas du tout pensé : les victimes anonymes de violences policières, anonymes un jour, fondus et fondues dans la masse en somme, et parce que tués et tuées par les violences policières, ces personnes accédaient à une forme de notoriété étrange, il n’est que de ce citer certains de leurs noms pour vous faire toucher du doigt cette extraction surnaturelle de la masse indifférenciée de la foule, Malik Oussekine (1964 – 1986) ― le premier exemple donné par @james, qui, comme on va le voir, a résonné très étrangement à mes oreilles ―, Rémi Fraisse (1993 – 2014), Adama Traoré (1992 – 2016) et tant d’autres ― lors du printemps 2016, qui a été un véritable déluge de violence policières, s’est tenue une manifestation à Rennes qui a été elle-même violemment réprimée, et pour cause : les manifestants avaient peint au pochoir sur le pavé les noms des très nombreuses victimes de violence policières en France ― depuis 1945, si mes souvenirs sont bons. Mais le nom de Malik Oussekine cela avait une résonnance toute singulière, dont j’ai tenté en plusieurs endroits de mes différents textes ― dans le Jour des Innocents ( http://desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine ) notamment, mais aussi dans la longue lettre que j’ai écrite à Adrien Genoudet à propos de son livre l’Étreinte passage qui est devenu un élément saillant de notre spectacle éponyme ― de dire, justement, le frôlement qui a été le nôtre, Malik Oussekine et moi, et qui est, en soi, la figure du fantôme et du frôlement mêlés, fantôme et frôlement qui sont les deux thèmes de ce texte à propos de ce qui est à peine visible, quand ce n’est pas entièrement invisible. Malik Oussekine était un étudiant contestataire, à juste titre, des lois Devaquet-Monory en décembre 1986 ― et comme j’ai été rattrapé par une tristesse boudeuse, précisément en réglant les droits d’inscription élevés pour l’entrée à l’université de Sarah en septembre dernier, et dont je me souvenais que de tels droits, une telle somme, étaient l’une des mesures prévues par ces lois scélérates, et combattues pour cela, et dont je mesurais qu’elles avaient sans doute toutes été plus ou moins adoptées et mises en application, au fil des trente dernières années, en douceur, si j’ose dire, par les différents gouvernements de droite qui se sont succédés, sans discontinuer depuis décembre 1986, hiver au cours duquel, les manifestants avaient fini par obtenir, fort justement et dans la douleur, l’annulation des fameuses lois Devaquet-Monory (1923 – 2009). À ce titre dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 Malik Oussekine a été poursuivi dans la descente de la rue Monsieur de Prince à Paris par une escouade de voltigeurs ― sur une motocyclette, deux gendarmes, l’un pilote l’engin pendant que le second assis derrière, fait usage de sa matraque, notamment en frappant les personnes qui fuient leur charge dans les jambes, mais pas que dans les jambes, sont-ils maladroits ! Malik Oussekine a tenté de trouver refuge dans la très belle cour intérieure du 22 de la rue Monsieur le Prince mais dont l’accès était barré par un digicode ― le 9573 ―, lesquels n’étaient pas aussi fréquents alors, et que le gardien de cette adresse ― un type immonde de bêtise crasse et dont je dois confesser que j’ai souvent rayé, suis-je maladroit ! la carrosserie de cette voiture qu’il entourait de mille soins attentifs, notamment dans la cour intérieure le dimanche matin (Daphna ironisait souvent que sa femme ne devait pas connaître tant de douceur ― Daphna), et on a beau être étudiant aux Arts Déco, il est admirable à quel point on peut manquer d’imagination, et de compétence graphique, finalement, pour ce qui est des représentations obscènes gravées à la clef sur l’acier, des bites donc ― le gros gardien donc, n’a pas voulu lui donner le code, ce qui a condamné Malik Oussekine à prendre la fuite toujours plus bas dans la rue Monsieur le Prince, il a tout juste eu le temps de traverser la rue Racine avant d’être repris par un duo de voltigeurs et donc battu à mort ― je me souviens qu’Élie, le frère de Daphna, et moi, cruels et jeunes, avons tenté de faire valoir, les jours suivants, auprès de cet abruti de gardien qu’il portait la mort de Malik Oussekine sur la conscience, mais j’ai pu constater à quel point de tels concepts pénétraient imparfaitement l’intelligence si rare chez lui, qui nous a répondu, sans surprise, que tel n’était pas son problème à lui, à l’époque le point Godwin n’existait pas, mais je vous laisse imaginer le genre de reducio ad Hitlerum dont Élie et moi, nous sommes rendus coupables, brodant, sans grande imagination, sur des thèmes arendtiens pas spécialement bien maîtrisés par nous, je ne sais pas pour Élie, mais pour ma part il allait encore se passer de nombreuses années avant que je ne lise Hannah Arendt (1906 – 1975), qu’est-ce qu’on peut être péremptoire quand on est jeune ! Ce dont je me souviens surtout c’est que nous avons hurlé, Daphna et moi, depuis le fond de la cour, que le code c’était le 9573 ― pas une fois que je ne passe dans ce quartier sans que je ne tente, vainement depuis, de composer ce code à quatre chiffres au 22 de la rue Monsieur le Prince, rituel morbide, mais dont je ne peux m’empêcher ―, mais que Malik Oussekine dont j’ai le vague souvenir du visage lointain, souvenir qui ne correspond pas du tout à l’unique photographie connue de lui, comme si dans mon souvenir, vieux de plus de trente ans, son visage avait déjà été partiellement happé par la mort, tandis qu’il ne lui restait plus qu’une minute ou deux à vivre, Malik Oussekine ne nous a pas entendus, nos voix sans doute couvertes par le bruit de la rue et justement celui de la motocyclette qui approchait ― et peut-être aussi, je suis en train de m’en souvenir et de m’en rendre compte en l’écrivant, que Daphna et moi, dans notre précipitation, avons dit la même chose, 9573, de deux manières différents et finalement concurrentes, Daphna à l’américaine, neuf-cinq-sept-trois et moi à la française, quatre-vingt-quinze soixante-treize, concourant, presque autant que le gardien abject, finalement, au drame. Ici je dois aussi expliquer, j’imagine, que Daphna et moi résidions, alors, chez le père de Daphna, qui lui-même résidait ailleurs, dans ce qui avait été l’ancien atelier du photographe touche-à-tout pas forcément génial, André Vigneau (1892 – 1968), atelier dont le père de Daphna avait hérité du bail et dans lequel, aux mains justement de cet André Vigneau, Robert Doisneau (1912 – 1994) avait fait ses classes en photographie, ce dont il gardait un souvenir immuable, qu’il avait été content de partager avec moi, nous l’avons vu, lors d’un vernissage au Palais de Tokyo, du temps où ce dernier était le Centre National de la Photographie, avant d’être désamianté et laissé dans cet état assez lamentable qui est celui d’aujourd’hui et qui sert de façon assez décorative, il faut bien le dire, de décor de pseudo friche industrielle et qui permet sans doute à des artistes en manque de sensations révolutionnaires, tels Thomas Hirschhorn, de nous faire croire à leurs vagues intentions anarchistes, parfaitement cadrées par ailleurs, ce n’est pas l’absence de crépi sur les cimaises qui permet d’annuler l’institution. Mais je m’égare. Il y a, malgré tout, dans mon esprit, souvent désordonné, j’en conviens, des liens de sens quasi directs entre Malik Oussekine et Thomas Hirschhorn, les-quels passent étonnamment par le photographe Robert Doisneau. Et il y aura désormais ce genre de liens distendus et capillotractés dans mon esprit entre Raymond Samuel Tomlinson et Malik Oussekine. À la réflexion ce n’est pas le plus inadéquat des hommages si l’on consi-dère que Raymond Samuel Tomlinson a contribué, grandement ― le courrier électronique est la plus belle des fonctionnalités d’Internet ― à la construction et à l’essor d’Internet, qui est le lieu même de la sérendipité, le passage du coq-à-l’âne, grâce, notamment, aux invraisemblables catapultes que sont les liens hypertextes, l’autre merveilleuse fonctionnalité d’Internet. #merci #Raymond_Samuel_Tomlinson_, comme on dit sur _Seenthis. Sur Internet.

    • Je ne connaissais pas le mot sérendipité @philippe_de_jonckheere je regarde dans le dico, rien. un deuxième rien non plus, doivent être trop vieux.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rendipit%C3%A9

      La sérendipité est le fait de réaliser une découverte scientifique ou une invention technique de façon inattendue à la suite d’un concours de circonstances fortuit et très souvent dans le cadre d’une recherche concernant un autre sujet.

      sans parler de découverte scientifique, ça m’arrive souvent sur le net et sur @seenthis où je dérape souvent, Je sais d’où je pars sans savoir où je vais et bon dieu, j’adore ça. La merveilleuse glissade.

    • Jusque-là, j’associai @davduf à l’histoire de Malik Oussekine, bien que je ne retrouve pas de traces écrites. Je suppose qu’il a fait un travail de mémoire à ce propos, mais je ne me souviens plus :/

      Maintenant vous serez 2 pour me rattacher à lui. Et par lui, à qui j’etais en 1986...

      Bref, ce fil de discussion provoque en moi un vertige que j’ai du mal à exprimer. De l’inventeur du courrier électronique qu’on oubliera à nouveau dans un certain temps et cet étudiant qu’on ne pourra pas oublier... je ne sais pas comment dire... et pourtant j’aimerais bien...

    • @james

      je ne sais pas comment dire... et pourtant j’aimerais bien...

      Ben tu vois moi cela faisait des années que j’essayais d’en dire quelque chose, ce que j’ai donc déjà essayé de faire, et puis je n’y parvenais pas et c’est finalement toi, qui dans ce post de seenthis , a déclenché cet extrait dans une forme que je trouve enfin satisfaisante, ce dont je te suis reconnaissant.

      Si tu veux on peut échanger sur le sujet en dehors de seenthis par mail (pdj arotruc desordre.net), ce qui serait peut-être plus facile, je sens bien que tu es ému, je le suis également.

      Et si tu es francilien, samedi soir, à 20H, à Beaubourg, Adrien Genoudet et moi lisons l’Etreinte et la lettre que j’ai écrite à Adrien que je ne connaissais pas alors, et dans laquelle il est très brièvement question de la génération Malik Oussekine, c’est gratuit, je crois que cela vaut le jus.

      Amicalement

      Phil

    • @vanderling En fait c’est une traduction littérale de serenpidity en anglais et qui est désormais plus ou moins courament admis en Français. C’était même le plaisir par excellence sur Internet il y a vingt ans (@arno portait encore des culottes courtes) notamment parce que les moteurs de recherche alors n’étaient pas du tout pertinents dans les résultats qu’ils fournissaient, on avait coutume de dire qu’on obtenait pas souvent ce qu’on cherchait et presque toujours ce que l’on ne cherchait pas ou plus.

    • J’ai lu hier le très beau texte publié sur médiapart à propos de la disparition de Patrice_Barrat que je ne connaissait pas et ça m’a vraiment donné envie d’en savoir plus sur lui. J’ai cherché vainement et engluée dans ce vide, je n’ai pas eu le reflex de poster cette info sur seenthis.

    • Ma séquence « #vu_de_Gelbique » du coup...

      #Semira_Adamu https://fr.wikipedia.org/wiki/Semira_Adamu dont je découvre que l’ignoble meurtre s’est passé il y a presque 20 ans et dont le fantôme me soutient à chaque discussion avec mes contemporains moins ouverts à l’altérité

      #Julie et Mélissa, victimes de la perversion de Marc Dutroux. Deux fillettes dont la disparition avait semé l’émoi, provoqué bien des fantasmes puis fait découvrir que, si l’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui, on peut aussi le regretter durement quand l’incertitude baignée de distance et de pseudo indifférence laisse la place à l’horrible cruauté de la perversion mortelle

      #René_Michaux qui a droit à une brève notice Wikipédia en flamand mais pas en français ! https://nl.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Michaux. Un gendarme passé tout près d’être le héros qui aurait retrouvé les précédentes vivantes et, n’ayant pu l’être, s’est retrouvé anti-héros au coeur des discussions sur la guerre de polices. Il en est mort pendant 13 ans, avant de décéder.

      #Thierry_Lotin, lieutenant de l’armée belge mort au Rwanda avec les 9 membres de son peloton, en 1994 juste au début de ce qui est devenu le génocide.

      #Aaron_Swartz, militant superbe dont le nom m’était vaguement connu jusqu’à ce que la nouvelle de son suicide attire mon projecteur personnel sur son oeuvre militante...

      #Ian_Murdock, créateur et fondateur de Debian et du projet Debian. Un nom connu mais une personne inconnue. Une fiche Wikipedia tellement courte pour une trace tellement grande dans le monde du libre.

      Merci @odilon d’avoir attiré mon regard sur ce fil riche :-)

  • Charles Heller : « Pour les migrants, la #Méditerranée fut encore plus meurtrière en 2016 qu’en 2015 »

    Face aux naufrages en Méditerranée et à la criminalisation de ceux qui aident les migrants, l’organisation « #Le_peuple_qui_manque » réunit ce week-end à Beaubourg artistes, scientifiques et migrants pour ébaucher de nouveaux droits. Parmi eux, le chercheur américano-suisse Charles Heller.


    http://www.liberation.fr/debats/2017/01/26/charles-heller-pour-les-migrants-la-mediterranee-fut-encore-plus-meurtrie
    #mourir_en_mer #asile #migrations #réfugiés #résistance #solidarité #art #droits
    cc @reka

  • J – 128 : Je dois terriblement vieillir au point sans doute de me fossiliser de mon propre vivant. Par exemple c’est de plus en plus souvent que je constate mon désintérêt dans une exposition d’art contemporain, désintérêt qui parfois s’orne également d’un peu de mépris ou tout simplement de soupirs lassés. Je me demande cependant si je ne suis pas parvenu à mettre le doigt dessus à l’exposition annuelle du Prix Marcel Duchamp à Beaubourg sans compter que la semaine dernière une rapide promenade dans les collections contemporaines du musée, le fameux nouvel accrochage dont on fait grand cas dans le milieu de l’art contemporain, cette rapide déambulation m’avait déjà ennuyé jusqu’à l’agacement. En soi ce n’est pas grave, je peux difficilement être retenu comme un étalon du bon goût en matière d’art contemporain, un repère de bon jugement, il y aurait des limites immédiates à ce que mon jugement, lapidaire et amateur par excellence, puisse servir de boussole, en revanche je me désole, qu’en étant, a priori, une personne, qui a un vrai goût pour l’art contemporain, s’emmerde, il n’y a pas d’autres verbes, dans les expositions des derniers développements de l’art contemporain, pas toutes, mais cela arrive quand même souvent.

    Ainsi cette fameuse exposition de ce qui devrait être le sang neuf de la création contemporaine, le prix Marcel Duchamp, et donc, les quatre finalistes de 2016, Kader Attia, Yto Barrada, Ulla von Brandenburg et Barthélémy Toguo.

    Je ne peux m’empêcher de me navrer qu’il est devenu impossible de rentrer dans la perception de telles œuvres sans lire des textes de présentation qui sont longs comme le bras et qui décrivent par le menu toutes les symboliques qu’il convient que le visiteur décèle dans les signes d’œuvres amorphes et, sans une telle lecture, impossible, même pour un visiteur un peu aguerri tout de même, en l’occurrence, moi, qui visite des expositions d’art contemporain depuis une trentaine d’années, d’établir de liens entre l’œuvre, à première vue, et les intentions capillotractées des artistes. Ainsi quand on pénètre dans cette exposition collective, on tombe sur d’immenses jarres de Barthélémy Toguo, en porcelaine, à la façon de celles que l’on trouve à l’entrée de la plupart des restaurants chinois et dont les motifs sont le répertoire habituel de dragons et de fleurs d’orchidées, à la différence près que les jarres de Barthélémy Toguo sont immenses, plus grandes que les visiteurs qui donc ne peuvent regarder dans la jarre, et qui sont ornées de motifs, certes asiatisants, si vous me passez l’expression, mais néanmoins certains motifs sortent du lot, notamment un visage dont on comprend qu’il s’agit de celui de l’artiste et de représentations qui sont telles des constellations. Dans cette forêt de jarres hypertrophiées, en son centre, se trouve une manière de clairière, qui accueille une paillasse de carreaux blancs sur lesquels sont posées des petites formes abstraites manifestement obtenues par la pulvérisation de ces substances de rebouchage bien commode que l’on trouve dans les magasins de bricolage, et qui évoquent, lointainement des corps cellulaires, des amibes, et encore je mentionne la chose uniquement parce que j’ai déjà commencé à loucher du côté des explications sérigraphiées sur les murs de l’exposition (et je précise que c’est sérigraphié, ce que j’ai appris il y a quelques années d’un ami sérigraphe dont c’est devenu la spécialité, la sérigraphie verticale, uniquement pour sous entendre que si à moi on offrait la possibilité de sérigraphier quoi que ce soit sur un mur dans un musée, je crois que j’aurais à cœur de choisir des images qui en valent la peine, et, si je suis contraint d’en rester au texte, le texte que j’écrirais pour la circonstance aurait, je l’espère, une autre portée que celle d’explications de ce qu’il convient de voir et déceler dans les œuvres contenues dans cette grande pièce d’exposition).

    Je ne doute pas que l’on puisse travailler, dans le cas présent, celui de Barthélémy Toguo, sur une thématique un peu pointue tout de même, ici une ode à la recherche scientifique en matière de SIDA, à sa grande créativité qui n’est pas rappeler celle des artistes, encore que là..., chacun voit la beauté où il veut, no problem , mais enfin il me semble que le propos peut être un peu plus critique de l’enjeu que de vaguement suggérer par des moyens tellement tellement indirects que la recherche est vertueuse et pleine d’imagination que c’en est presque de l’art. Franchement. Je n’ose imaginer la facture de réalisation d’une telle exposition pour accoucher d’un propos tellement maigre en somme.

    Ce qui est embêtant dans cette première œuvre de l’exposition c’est la façon dont elle conditionne le regard du spectateur, c’est une exposition collective et donc on va retrouver des préoccupations comparables chez les trois autres artistes, et de fait l’exposition de Kader Attia est une longue explication avec une vidéo surplombante dans laquelle se succèdent des personnalités philosophantes pour donner leur point de vue sur des sujets costauds, la mort, la religion, les morts, les fantômes, le deuil, au milieu desquelles personnalités on trouve Boris Cyrulnik qui, comme à son habitude, parle d’autorité, de sa haute autorité d’imposteur, et on comprend in fine que ce parcours chargé doit servir de justification intellectuelle à une œuvre qui est assez belle en soi et qui en fait se passerait très bien du verbiage précité, mais étant fabriqué dans des matériaux peu nobles, ce sont des sortes de totems constitués de compartiments d’emballage, on sent une incapacité de l’artiste de les imposer en tant que telles sans les habiller d’un discours qui fait autorité justement, quelle curieuse conception de l’art, c’est un peu comme si Mario Merz, Yannis Kounellis ou encore Gilberto Zorio, ou même encore Josef Beuys, affichaient à l’entrée de leurs expositions un petit texte plaintif à l’adresse des visiteurs pour indiquer qu’il s’excusaient d’avoir travaillé avec du feutre, de la récupération de palissade, du bois de coffrage, du rebut, de la paille, de la graisse, etc...

    Je passe sur l’œuvre assez ratée d’Ulla von Brandenburg, autrement plus inspirée en d’autres occasions, et pareillement le travail très riche d’Yto Barrada aurait pu être représenté très différemment, là aussi on louche du côté de l’explicatif et du discours de justification, dont l’œuvre se passe très bien, merci pour elles (l’œuvre et l’artiste).

    Et tout ceci est en contraste assez frappant de l’exposition monographique voisine, celle de Jean-Luc Moulène, qui, elle, n’a nul besoin de se parer de quelque discours que ce soit. Les œuvres sont autonomes, nullement accompagnées d’explications et elles détiennent en elles assez de force pour requérir du spectateur une implication personnelle, un regard. Du coup, c’est une vraie respiration.

    Une trentaine de sculptures sont présentées sur des socles neutres, elles se présentent dans des matériaux à la fois très différents et très contemporains, certaines œuvres semblent avoir été conçues et fabriquées brutes de fonderies c’est mal dit à l’aide d’imprimantes en trois dimensions, elles portent les stigmates du genre, présentées sur des socles, elles ont un caractère irréel, elles pourraient peser quelques grammes comme quelques quintaux. Dans un mélange qui se moque pas mal des conventions les formes, ces sculptures sont tantôt abstraites, tantôt figuratives, souvent le mélange étonnant des deux, quand elles ne sont pas la reproduction, à l’échelle un, de modules existant dans la paysage, ainsi l’assemblage d’un bas côté routier en ciment (mais est-ce du ciment ?), un de ces volumes dont on garnit les jetées pour les protéger de la violence des tempêtes ou encore un de ces modules de construction de murs de séparation, notamment de ceux qui abritent les colonies israéliennes. Ou encore une sculpture, à la forme abstraite a priori, est la rencontre, pas très subtile, mais néanmoins opérante, d’un corps féminin et d’une voiture de sport.

    Il y a un vrai plaisir à cette exposition des œuvres sculptés de Jean-Luc Moulène, chaque volume interroge à propos de ses conditions d’obtention, de ses potentielles significations, nécessairement polysémiques, de ses masses propres et de leur densité, et des matériaux même ou encore de leur assemblage, ce plaisir naît, c’est une évidence, de la grande liberté de l’artiste qui ne semble ne rien s’interdire et n’obéir qu’à sa seule curiosité et ce faisant il interroge à la fois les lois du genre, sa propre motivation et donne dans la foulée des pistes inspirantes pour d’autres œuvres. Ce n’est pas rien.

    Mais alors quel dommage de trouver sans cette rétrospective exposition, dans les quatre tomes d’un travail photographique du recensement, dans lequel figure les objets de grève , les objets fabriqués en Palestine , un quatrième tome de recensement de plantes sauvages poussant en milieu urbain, pas nécessairement le plus intéressant de cette série et, donc, la série des douze prostituées d’Amsterdam, douze femmes, prostituées donc, qui posent, nues, forcément nues (elles ne sont que cela aux yeux de l’artiste, une nudité mercantile, les jambes écartées, des fois que l’on n’aurait pas compris que ce sont ces sexes par lesquels vivent ces femmes, sur fond rouge, si des fois on n’aurait toujours pas compris que ces femmes sont des prostituées, que l’on identifie donc dans cette série par leurs sexes, nécessairement épilés, pour ne nous épargner aucune obscénité.

    Et là on peut vraiment se demander quel était le besoin de cet artiste tellement doué finalement de produire une telle série, tellement médiocre et qui à la différence du reste de son travail ne dit rien, ne fait nullement réfléchir, et qui montre au contraire à quel point cet artiste ne recule pas devant un surcroît d’exploitation de ces femmes, pour lesquelles il ne lui suffit donc pas qu’elles soient contraintes à la prostitution ( au même titre, c’est un rappel important, et toujours nécessaire, que 96% des prostituées ), il souhaite donc les exposer davantage, et les exposer en tant que prostituées, ce dont on peut se douter qu’elles ne sont pas nécessairement fières (ce dont elles ne devraient pas rougir, les pauvres), et tout cela selon ce qui est vraisemblablement acquis au travers d’une transaction financière qui relève, quels qu’en soient les termes exacts, de la prostitution pure et simple, une forme même de méta prostitution. En cela la démarche rejoint celle d’un Andres Serrano lançant son armée d’assistants dans les rues de New York acheter les panonceaux par lesquels les mendiants et les homeless demandent la charité, pour les besoins d’une vidéo dans laquelle la pauvreté des uns devient la décoration des autres ( http://www.desordre.net/blog/?debut=2014-01-12#3065 ).

    Jean-Luc Moulène, en quoi cette œuvre est-elle indispensable dans un corpus par ailleurs magistral ? Quel est votre droit supérieur de la produire ? Bref, qu’est-ce que vous branlez ?

    Exercice #60 de Henry Carroll : Photographiez un mot de manière à en changer le sens.

    Ce matin regardant en l’air je remarque, pour le photographier, le mot Pain, en lettres immenses, de l’enseigne de la boulangerie industrielle, qui se détache sur un ciel gris. Et reculant pour le cadrer moins serré, je me cogne violemment la tête à l’angle d’un auvent. C’était donc à comprendre en anglais. Douleur. Bel exemple de faux-ami. (Extrait du Bloc-notes du Désordre )

    #qui_ca

  • J–137 : La plupart du temps quand vous entrez dans une exposition monographique à Beaubourg, vous pouvez sauter les deux ou trois premières salles qui sont habituellement consacrées aux œuvres de jeunesse de l’artiste dont c’est la rétrospective - vous ferez une exception pour Jeff Koons, pour qui c’est exactement l’inverse, la première salle de son exposition qui contenait plusieurs versions de son œuvre d’une inclusion d’un ballon de basket-ball étant la seule œuvre visible de toute l’exposition de cet artiste absolument merdique et sans intérêt. Il y a une autre exception, Cy Twombly, exposition qui dès la première salle, celle d’œuvres de jeunesse mais qui ne manquant pas de maturité, n’a pas fini de vous en remontrer. En fait, même quand il est encore jeune, étudiant au Black Mountain College , avec de chouettes camarades de promotion, Willem De Kooning, Robert Motherwell, John Cage et Merce Cunningham - qu’on y pense, y a-t-il déjà eu dans l’histoire de l’art une telle réunion de génies en herbe dans les mêmes murs, même l’atelier de Frédéric Bazille ne peut pas rivaliser, Charbier au piano, près du poelle, n’étant pas, loin s’en faut, le génie, immense, qu’était John Cage -, Cy Twombly semble déjà touché par une manière de grâce et surtout de liberté étonnante, de celle qui est normalement acquise au terme d’un parcours d’une longue émancipation, des normes en vigueur, de son enseignement, de soi-même, bref.

    Une des grandes qualités de l’exposition de Beaubourg est de donner à voir des séries quasi complètes pour beaucoup d’entre elles, certes rangées dans une manière d’ordre chronologique qui laisse entrevoir une manière d’évolution, ce qui n’est pas le plus intéressant dans l’œuvre de Twombly, mais surtout ces séries permettent de voir le peintre au travail - aux dépens sans doute de l’œuvres sculptée et de l’œuvre photographique qui sont à la fois mal et sous représentées, on peut se demander cependant s’il est possible de faire coexister ces trois pans du travail de Cy Twombly dans une même exposition. Ainsi quel luxe inouï que de pouvoir admirer les neuf toiles de la série des Neuf discours à propos de Commode . De voir comment ces neuf toiles ont sans doute été peintes de front, certains passages des unes répondant aux questions restées en suspens dans les autres et inversement, de retrouver dans une lente observation toutes les trajectoires certaines contradictoires dans le cheminement du peintre au travers de cette série, ses renoncement, ses hésitations, ses remords et ses fulgurances, avec toujours, cette habileté surnaturelle à tendre pendant longtemps vers une forme de déséquilibre de la composition avant de se rattraper aux dernières branches de l’arbre par quelques gestes nerveux, une simple tâche du peinture, un signe de pas grand-chose, un geste, un grattage, un coup de chiffon même.

    Or il est particulièrement intéressant de voir Cy Twombly au travail, comme cela l’est en général des peintres expressionnistes abstraits américains, Jackson Pollock en tête avec son geste ultime des drippings, mais aussi l’énergie fauve d’un Franz Kline, celle électrique, à peine plus contrôlée, d’un Willem De Kooning, et au contraire la gestuelle tout en retenue de Cy Twombly . Là où, comme l’a amplement démontré Clement Greenberg, les expressionnistes abstraits ont fait de leurs grands gestes empressés, enfiévrés même, le lieu même de leur peinture, et même d’un certain discours à propos de l’acte de peindre, la peinture de Cy Twombly, qui ne manque pas de nervosité gestuelle non plus, est plus celle des doutes et de la retenue, en dépit de cette science admirable de toujours retrouver un point d’équilibre dans la composition, science qui permet, sans doute en amont, toutes les audaces.

    La manière même de Cy Twombly d’intervenir, la plupart du temps, par touches successives, à l’intérieur de grandes toiles, dit assez bien les allers-retours qui ont sans doute été nécessaires, entre la toile elle-même et le siège depuis lequel le peintre devait prendre du recul, et dans ces allers-retours la contemplation, l’état intérieur supérieur, concentration c’est mal dire, et qui peut si magiquement se transmettre aux spectateurs de telles toiles, comme une paix, celle de l’atelier même, celle de la peinture même, quand cette dernière est enfin maîtrisée.

    De même sans cet atelier, dans cette peinture, souffle un vent puissant de liberté, celle de s’autoriser de minimes interventions sur de grands formats, celle de s’autoriser des écritures a priori sans grâce, et toujours cette capacité à rééquilibrer cette audace par quelque sorcellerie de peinture, liberté de coller à la va-vite de grandes feuilles de papier entre elles avec du ruban adhésif, de placarder quelques reproductions ici d’un livre de botanique, là d’une bacchanale (de Poussin ?) de même tout un vocabulaire librement choisi, là une feuille de calque, là du papier millimétré, et tout cela assemblé par des gestes seulement négligents en apparence, la tâche, le frottement d’un chiffon ou d’un outil contondant font intrinsèquement partie du répertoire de Twombly, qui, finalement, avec joie, semble partageur de son plaisir de peindre avec son spectateur et c’est possiblement là son immense gloire de peintre, celle du partage de ce plaisir de peindre.

    Je voudrais que l’on m’enferme pendant les cinq mois de cette exposition - je suis prêt à y mettre le prix, vaut mieux avec le peigne-culs de droite de Beaubourg qui vous font payer l’entrée à toutes les expositions quand bien une seule vous intéresse, en l’occurrence celle de Twombly , et ce n’est pas le nouvel accrochage des collections contemporains qui risque de rivaliser, je vous le dis, c’est quand même étonnant de mette pareillement en avant cette nullité de Jeff Koons et d’avoir apparemment rangé dans les réserves, Richard Serra et Eva Hesse - que je puisse, des heures entières, me tenir dans une sorte de transe observatrice benoîte de cette peinture, j’en perdrais jusqu’au manger, je crois. Après cinq moins d’un tel séjour, j’aurais entièrement brûlé de l’intérieur, je serais heureux, tellement heureux.

    Exercice #54 de Henry Carroll : Photographiez un animal comme s’il était un humain

    #qui_ca

  • J’ai bien l’intention d’en faire une chronique, mais contrairement à ce que pense @reka, cela ne me vient pas aussi facilement que cela et peut-être que, dans cet intervalle de temps, avant que la chronique n’arrive sur seenthis , certaines personnes parmi vous pourraient avoir l’occasion de la voir et puis ensuite plus, mais voilà l’exposition de Cy Twombly à Beaubourg en ce moment est un absolu enchantement. Et ce n’est pas @touti qui va vous dire le contraire.

    Petit bémol pour ce qui est de la sculpture, ou même de la photographie, qui sont toutes les deux sous représentées, en dépit de la très grande richesse de l’oeuvre de cet artiste dans ces deux domaines, mais pour ce qui est de l’oeuvre peinte, c’est à peine croyable cette exposition.

    Courrez-y. Vite. Si vous pouvez.

    • Edwin Parker Twombly Jr., dit Cy Twombly (1928 – 2011), est un peintre, un dessinateur, un sculpteur et un photographe américain, que l’on peut difficilement rattacher à un mouvement quel qu’il soit.

      Franchement, je ne vois pas très bien la difficulté à inclure Twombly à l’expressionisme abstrait américain, à hauteur égale presque de Jackson Pollock.

      Il séjourne en 1952-1953 au Black Mountain College, haut-lieu d’échanges et de rencontres intellectuelles de l’avant-garde new-yorkaise en Caroline du Nord, où il se lie avec De Kooning, Franz Kline, et Robert Motherwell. Il fait avec eux l’expérience de l’Action Painting, et découvre un automatisme qui lui convient assez, mais il y rencontre aussi Ben Shahn, le poète Charles Olson, le musicien John Cage, ainsi que le danseur et chorégraphe Merce Cunningham.

      Sacrée promotion ! Je me demande même s’il s’est déjà produit une fois dans l’histoire de l’art, une telle réunion de talents en devenir. Je n’arrive même pas à imaginer un équivalent pour une autre époque, même l’atelier de Frédéric Bazille (http://www.desordre.net/accessoires/peinture/bazille/atelier_bazille.htm ), c’est rien à côté, Charbier n’étant pas l’équivalent de Cage, loin s’en faut.

      Sur ses dernières années, des fleurs apparurent dans certaines de ses œuvres. Cy Twombly a aussi réalisé tardivement 148 sculptures dont seules quelques-unes furent tirées en bronze.

      Pas sûr que le tirage en bronze était la destinée de ce travail de sculpture qui justement s’exprime par la pauvreté des matériaux et la peinture et ces quelques traces de couleur qui disparaitraient entièrement dans le bronze. il n’est pas impossible d’ailleurs que le travail de sculpteur de Twombly découvert tardivement, et celui de photographe, encore plus tarridvement n’aient eu à empatir, l’un et l’autre, d’une certain déconsidération du fait de la pauvreté des matériaux, ce qui en dit long sur la compétence d’une certaine critique.

      Le musée du Louvre lui a passé commande d’un plafond de 400m2 qui orne, depuis 2010, la salle des bronzes grecs. D’un bleu Giotto, il porte en sept cartouches le nom des plus célèbres sculpteurs de l’Antiquité grecque : Céphisodote, Lysippe, Myron, Phidias, Polyclète, Praxitèle, Scopas.

      Mais pourquoi on ne me dit jamais rien à moi ? Tiens je sens que je vais aller au Louvre samedi après-midi, avant mon traditionnel sandwich au jambon, avec des cornichons puisque c’est Noël, du 24 au soir.

      donc pédagogique, dans sa chronologie comme dans son respect des séries auxquelles Cy Twombly était particulièrement attaché.

      C’est la tès grande force de cet accrochage à Beaubourg, il donne merveilleusement à lire l’évolution de l’oeuvre, sa progression, sa liberté invraisemable, dès les premières années de jeunesse, et ensuite, la recherche, toujours la recherche jusqu’à des formes admirables de dépouillement.

      Il ne rencontra pas toujours le succès auprès de ses contemporains... Twombly se heurtera même à l’incompréhension et au rejet brutal du public, notamment pour ses 9 tableaux réalisés en référence à l’empereur romain Commode. Leurs empâtements venaient sous le règne du minimalisme.

      C’est extrêmement relatif, Twombly n’aurait jamais pu se plaindre du manque de reconnaissance, et cela dès le tout début de sa carrière. Il a até très tôt collectionné de par le Monde et n’a jamais eu de difficultés à vivre de sa peinture à laquelle il était entièrement dévolu.

      Et sinon quel drôle d’article qui, pas une fois, ne mentionne la notion de geste du peintre qui est absolument centrale dans l’oeuvre de Twombly (c’est d’ailleurs une chose incroyablement émouvante devant de nombreuses de ses peintures, d’être en mesure de le voir faire presque, ses avancées, ses remords, ses retours en arrière, puis ses fulgurances parmi lesquelles, parfois un seul signe, une seule tâche, un seul geste qui font tenir l’ensemble), ni même les dimensions des oeuvres dans ce qu’elles engagent du coprs du peintre, bref c’est à croire que l’auteur de cet article n’a jamais entendu parler d’expressionisme abstrait américain et n’a jamais lu une ligne de clement Greenberg.

      @reka, il te sortirait son tag de #journalisme, en moins de deux à la lecture d’un tel article.

    • @odilon Oui, je sais, mes colères sont souvent prévisibles, je devrais y réfléchir.

      En revanche c’est toujours étonnant pour moi de lire des articles de ce genre, c’est tellement scolaire, un peu à la mesure des sorties du même nom au cours desquelles j’antends parfois dans les musées des explications professorales dans lesquelles les rappels biographiques ou contextuels mangent toute l’explication aux scolaires, passant entièrement à côté de ce qui fait la beauté d’une oeuvre et qui ne s’atteint, à mon sens, qu’au travers d’une certaine contemplativité, un état d’esprit, une mise en condition.

      Réfléchissant aux termes de ma future chronique de cette exposition, je m’aperçois par exemple que je ne dispose de presque aucun reprère biographique à propos de Cy Twombly et que je ne suis pas sûr de connaître ne serait-ce qu’un seul titre d’oeuvre. Et pourtant il me semble qu’à certains endroits, c’est du moins le sentiment que j’ai eue lors de ma première visite de l’exposition, que j’ai une connaissance intime de certains tableaux, de certaines sculptures ou même de certaines photographies, en grande partie parce que je me suis planté devant certains tableaux pendant assez de temps pour que cela advienne.

      Ce type d’articles, je me demande quelle en est la fonction finalement, quel genre de rapports à l’oeuvre cela, peut créer pour un lecteur qui deveindrait un visiteur sur la seule foi de cet article ?

      Je commence à entrevoir ce que @reka recouvre sous son tag, une manière d’ironie libératrice un peu à la manière du tag #socialistes de @fil.

    • Ah mais c’est précisément pour cette raison que j’ai mis le lien vers l’article alors qu’au départ, après un rapide survol, je ne voulais mettre que les dates de l’expo. Mais finalement, je l’ai mis pour te titiller. C’est en effet toujours avec une approche scolaire voire administrative que sont présentées les expos alors qu’on devrait parler d’émotions, de beautés, de ressentis, d’engagement, que sais-je encore. Mais je ne m’attarde pas, j’ai un billet sur le feu que je veux terminer cette semaine et l’accouchement est difficile.