city:beyrouth

  • A Damas, les habitants d’un quartier populaire évincés de leur maison - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1142979/a-damas-les-habitants-dun-quartier-populaire-evinces-de-leur-maison.h

    C’est l’après-guerre en Syrie avec déjà (ce que L’Orient oublie de préciser) les premiers scandales de la « reconstruction » qui rappellent le Beyrouth d’après les accords de Taëf, quand tout le centre-ville de Beyrouth avec été en quyelque sorte « franchisé » par le clan Hariri (et les Saoudiens).

    Le sort du quartier semble d’autant plus incertain que le gouvernorat de Damas avait annoncé en octobre que Tadamon tomberait sous la coupe d’une loi controversée, le décret numéro dix. Cette loi autorise le gouvernement à saisir des propriétés privées pour construire à la place des projets immobiliers, en contrepartie d’actions octroyées aux propriétaires.

    A Tadamon, le chantier ne s’ouvrira pas avant quelques années. En attendant, une commission a été chargée d’évaluer les dommages et de juger la salubrité des quelque 25.000 unités résidentielles, selon des responsables locaux.
    La commission a suscité le mécontentement il y a quelques semaines en annonçant que les résidents dont le logement est jugé habitable ne pourront revenir avant la fin des inspections. Pour tenter d’accélérer le processus, les habitants ont constitué un comité afin d’assurer le suivi avec les autorités.
    Sur la page Facebook « Les exilés de Tadamon », certains expriment leur colère. « C’est notre droit de retrouver nos maisons et nos propriétés », écrit un habitant. « On ne se taira pas avant d’être logé », renchérit un autre.

    #syrie

  • Walid Pharès, le John Bolton’s boy par excellence ou les dérives mortifères de l’irrédentisme maronite – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/11/07/walid-phares-le-john-boltons-boy-par-excellence-ou-les-deriv

    Une grande honorabilité bardée d’expertise. Des postes prestigieux dans la haute administration américaine républicaine : La vitrine d’exposition est parfaite, mais sous le vernis de la respectabilité, une façade lézardée, un personnage gangréné.

    Contrairement à ce que suggère son nom patronymique en arabe, Walid Pharès n’est pas le fils d’un preux chevalier, mais plutôt le parfait exemple d’un dévoiement par sectarisme. Libanais d’origine, naturalisé américain, il est en fait « UN ISRAELIEN d’ORIGINE LIBANAISE », comme l’a très justement qualifié le quotidien libanais « Al Akhbar ».

    « La propulsion de Walid Pharès au poste de conseiller du président Donald Trump ne constitue pas, loin s’en faut, une reconnaissance du savoir faire libanais encore moins un succès diplomatique pour le Liban, mais plutôt une percée majeure de la stratégie israélienne par la promotion d’un des affidés libanais de l’État Hébreu dans le cercle décisionnaire du pouvoir à Washington.(…) Preuve est faite qu’il est plus aisé pour les Forces Libanaises (milices chrétienens) de décrocher un poste regalien à Washington qu’à Beyrouth », poursuit Al Akhbar dont le portrait de l’ancien milicien se trouve sur ce lien pour le lectorat arabophone.

    http://www.al-akhbar.com/node/268049

    UN ISOLATIONNISTE VINDICATIF
    La biographie en langue française de cet isolationniste vindicatif est lisse.
    Sa biographie en langue anglaise, éditée par le site Mother Jones, est infiniment plus caustique et toxique.
    Sur ce lien : http://www.motherjones.com/politics/2011/10/walid-phares-mitt-romney-lebanese-forces

    Natif de la localité de Ghouma, district de Batroun, dans le Nord Liban, en 1957, Walid Pharès a effectué une scolarité éclectique à l’Université Saint Joseph des Pères Jésuites et à l’Université Libanaise à Beyrouth, avant de décrocher, en 1981, à 24 ans un Master en Droit International à l’Université Jean Moulin LYON III, une structure où a longtemps professé une figure de proue de l’extrême droite française Bruno Gollnisch, passé à la postérité pour avoir matraqué des journalistes avec son parapluie.

    Précoce, il publie à 22 ans, en 1979, son premier ouvrage « At Taadoudiya Fi Loubnane », « le pluralisme au Liban ». Edité par l’Université du Saint Esprit de Kaslick, le fief du militantisme des moines maronites lors la guerre civile libanaise sous le magistère du Père Charbel Kassis, ce livre paru quatre ans après le déclenchement de la guerre civile, reprend en les popularisant les thèmes des milices chrétiennes sur la spécificité chrétienne, particulièrement maronite, dans le Monde arabe.

    Considérant qu’il existe au Liban deux cultures distinctes, la culture chrétienne par essence démocratique et la culture islamo-arabe qui l’est moins ou pas du tout, l’idéologue en herbe reprend à son compte en l’amplifiant le thème « du choc des civilisations », théorisé par l’universitaire américain Samuel Huttington. Il préconise en conséquence la ségrégation entre groupes libanais et prône le développement séparé, s’inspirant de thèses de la « white supremacy », si courantes dans certains milieux du Sud des États-Unis.

    LE CORPUS IDÉOLOGIQUE DE CE SOLDAT DE LA GUERRE FROIDE
    En 1981, l’année qui précède l’invasion israélienne du Liban, il fonde une publication « La voix de l’Orient » pour poulariser ses idées et adhère au « Comité des Chrétiens du Moyen Orient » (MECHRIC), et trois ans plus tard, à l’ Union Sociale Démocratique Chrétienne (USDC). Une démarche destinée à se doter, via ce gropuscule, d’ un vernis social démocrate chrétien, afin d’atténuer quelque peu les aspérités de son personnage belliqueux animé de surcroît d’une volonté de croisade.

    Prolixe, il récidive en 1981 en publiant Hiwar Dimucrati (Le dialogue démocratique), dans une maison d’édition libanaise Dar Al Mashreq Press, conviant ses compatriotes de confession musulmane au dialogue. Une proposition de pure forme, destinée à la galerie en vue de bonifier l’image des milices chrétiennes, discréditées par leurs massacres successifs. Son idole, Bachir Gemayel dont il fut un proche collaborateur, ayant décrété qu’il existait « un peuple de trop » au Moyen orient, en pointant du doigt les Palestiniens, avait initié la première guerre d’épuration ethnique de l’époque contemporaine en ordonnant les massacres de la Quarantaine, janvier 1976, Tall El Zatar, en juillet 1976, enfin Sabra Chatila, septembre 1982 que son assassinat suscita par réflexe pavlovien.

    Sous l’effet du matraquage idéologique, ses frères d’armes miliciens chrétiens ignoreront d’ailleurs allégrement, l’année suivante, cette invitaiton au dialogue envers les musulmans, s’en donnant à cœur joie, au mépris de la tradition chrétienne de commisération, aux massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra Chatila, dans la banlieue est de Beyrouth, en 1982, sous la supervision israélienne.

    Pour aller plus loin sur ce sujet :

    http://www.madaniya.info/2017/09/15/malediction-de-sabra-chatila-35-ans-apres

    Celui qui avait gouverné par l’épée périra par l’épée, dynamité dans son fief d’Achrafieh, le secteur chrétien de Beyrouth Est, à la veille de son entrée en fonction. Farouchement islamophobe et araphobe, épris d’Occident, son idéologie xénophobe et populiste irriguera naturellement la pensée de ses disciples qui en seront les apôtres sur la scène internationale :

    « Le Liban ne fait partie du Monde arabe. Le Liban est une civilisation et n’a aucun apport avec le tiers monde. Veuillez bien marquer dans vos démarches que nous n’appartenons pas au Tiers monde. Sortons de ce monde d’arriérés. Rallions le monde européen et le Monde libre de l’Amérique », lancera-t-il à ses subordonnés à peine élu président.

    Sur la pensée de Bachir Gemayel et ses méfaits :
    http://www.madaniya.info/2017/09/05/sabra-chatila-operation-salami-1-2

    http://www.madaniya.info/2017/09/10/sabra-chatila-operation-salami-2-2

    Walid Pharès appliquera à la lettre ses enseignements. C’est ainsi qu’en 1986, l’année où le Liban vivait une spirale infernale de prise d’otages occidentaux, le graphomane publie, dans le droit fil de la pensée de son idole, un opus révélant l’objet de sa fixation. Non son oeuvre majeure mais le sujet de sa vindicte publique : Al Thawra al Islamiya al Khumaynia (La Révolution de Khomeiny – Dar Al Machreq Press).

    Pour ce milicien chrétien, l’Ayatollah Ruhollah Khomeiny avait eu le triple tort d’évincer le Chah d’Iran, gendarme du Golfe pour le compte de l’OTAN, grand bailleur de fonds des formations paramilitaires chrétiennes libanaises, et surtout grand allié d’Israël, parrain de ses camarades de combat.

    Thème gratifiant s’il en est en ce qu’il diabolisait la République Islamique d’Iran et exonérait de leurs turpitudes les pays occidentaux : la France de son satut de « co belligérant de l’Irak » contre l’Iran (1979-1989) et le double jeu américain à l’égard des deux belligérants, illustré par le scandale de l’Irangate et les promesses d’assistance faites simultanément à Saddam Hussein par Donald Rumsefd en personne, à l’époque secrétaire général de la Mlaison Blanche, sous la présidence Ronald Reagan et futur ministre de la défense sous présidence George Bush jr, artisan de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003.

    Putchiste dans l’âme, nulllement légaliste, il trempera dans la conjuration visant à évincer de la présidence des Forces Libanaises, les deux successeurs de Bachir Gemayel : son Frère et successeur Amine ainsi que son ancien lieutement Elie Hobeika. Il en sera gratifié en retour d’un siège au commandement de la formation milicienne sous la présidence de Samir Geagea.

    Inconsolable de la perte de Bachir Gemayel, il quitte les milices chrétiennes en 1989 pour rallier le général Michel Aoun lors de la guerre fratricide inter chrétienne. Il demeurera fidèle jusqu’à la chute du chef du gouvernement intérimaire libanais, le 13 octobre 1990. Placé sur une liste des opposants les plus recherchés du Liban, il s’exile en même temps que son deuxième mentor. Il fuit le Liban, via Israël et s’établit aux États-Unis, obtenant sans retard la nationalité américaine.

    Des mésaventures des milices chrétiennes libanaises, il en tirera deux ouvrages relatant les avatars de la guerre inter-factionnelle inter-chrétienne libanaise : « Lebanese Christian Nationalism : The rise and fall of an ethnic resistance (L. Rienner Published 1995) et « The Nationalist claim and the Lebanese Christian resistance : an ethnic case study ».

    À l’heure de la mondialisation, ce chrétien issu d’une société libanaise pluriconfessionnelle prônera, non le brassage culturel et le métissage humain, mais la ségrégation, la séparation, la grande muraille de démarcation, à l’exemple du Mur d’Apartheid dressé par ses amis israéliens en Cisjordanie. Le ghetto en somme.

    Mais, faille capitale de son argumentaire, ce fervent admirateur de l’Occident occultera le fait majeur de l’histoire contemporaine, le fait que ses idoles, -l’Amérique suprématiste et puritaine et l’Europe chrétienne,- auront été les principaux fossoyeurs de la cause des chrétiens arabes, maronites ou non : De la création d’Israël, en 1948, provoquant l’exode des Palestiniens chrétiens vers la Californie, à l’expédition franco anglo israélienne contre l’Egypte, en 1956, entraînant l’exode des chrétiens égyptiens vers l’Europe et l’Amérique du Nord, à la guerre civile libanaise (1975-1990), à l’invasion américaine de l’Irak, à la guerre de Syrie, 2011, vidant quasiment le Moyen Orient de sa population chrétienne.

    Pour aller plus loin sur ce thème :
    https://www.renenaba.com/france-vatican-les-deux-francois-et-la-chretiente-d-orient

    LE PARCOURS AMÉRICAIN
    Mariée à une américaine, il atterit en Floride, le fief des anticastristes cubains, où il enseignera à l’Université Atlantique de Floride (1993-2004), qu’il quittera au lendemain de l’invasion américaine de l’Irak pour présider the « Global Policy Institute ».
    Collaborateur du « Centre Ariel de Recherches Politiques » de Jerusalem, il se livrera, en tandem avec le lobby juif américain, à un actif lobbying anti syrien en vue de faire adopter par le Congrès américain la « Syrian Accountability Act » et de criminaliser le Hezbollah libanais, via une disposition législative similaire le « Hezbollah accountabilty Act ». Via son réseau israélien, il fait parvenir aux dirigeants israéliens un vade mecum pour une nouvelle gouvernance du sud Liban à la suite de la déconfiture de leurs supplétifs libanais dans la zone frontalière libano-israélienne ; une zone à forte majorité chiite, qui deviendra par la suite le fief du Hezbollah.

    Pour aller plus loin sur ce sujet :

    https://www.renenaba.com/sous-la-syrie-le-hezbollah

    Taiseux pendant pendant les cinq premières années de l’occupation américaine de l’Irak, alors que l’armée américaine était en butte à la guerilla anti américaine tant djihadiste que baasiste, Walid Pharès retrouvera l’inspiration en 2007, -l’année qui a suivi la riposte balistique victorieuse du Hezbollah contre Israël de 2006-, pour commettre un ouvrage intitulé « The War of Ideas : Djihadisme against Democracy » (Palgrave Mac Millan).

    Mais, en bon soldat de la guerre froide, il s’attaquera aux combattants islamistes, les terroristes islamiques, ses semblables musulmans du temps où il était milicien chrétien, de surcroit « idiots utiles » de la stratégie atlantiste dans la fragmentation du Monde arabe. Amnésique, il s’abstiendra de dénoncer la connivence des pétromonarchies dans le financement du terrrorisme islamique, de même que la complaisance des États-Unis à l’égard de l’islamisme politique et de son instrumentalisation en Afghanistan et ailleurs dans une guerre de détournement du champ de bataille de la Palestine.

    Pour aller plus loin sur ce sujet :
    https://www.renenaba.com/de-l-instrumentalisation-de-l-islam-comme-arme-de-combat-politique

    Sa qualité de correspondant du Centre israélien Ariel renforce sa crédibilité dans les milieux néo conservateurs américains et le propulse au sein du cercle dirigeant du parti conservateur. Il sera ainsi tour à tour conseiller du candidat Mitt Romney pour les présidentielles américaines de 2008, puis conseiller du président Donald Trump pour le Moyen Orient et le terrorisme en 2016.
    À l’accession de Donald Trump à la présidence américaine, Walid Pharès, dévient Secrétaire général du Groupe parlementaire transatlantique sur le contre-terrorisme (TAG), une tribune destinée à asseoir son rôle prescripteur, dans un domaine de prédilection des Etats Unis, à détourner en fait l’attention de l’opinion internationale sur le rôle trouble des administrations successives américaines avec le terrorisme islamique.

    La promotion simultanée de l’ultra faucon John Bolton président de l’ultra conservateur « Gatestone Institute » au poste de conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche et de Mike Pompeo, l’homme des ténèbres de la CIA, à la tête du Département d’état, a placé Walid Pharès dans un état de lévitation comparable à celui qu’il a vécu à l’élection de son mentor Bachir à la présidence libanaise, avant son trépassement violent. En synchronisation avec Joseph Jibeily, le dirigeant du « Centre des Renseignements du Liban », une officine des Forces Libanaises de Samir Geagea basée à Washington, il mulitiplie ses actions de lobbying au sein du Congrès américain en vue d’obtenir l’exclusion du gouvernement libanais, le Hezbollah, pourtant grand vainqueur des élections législatives libanaises de Mai 2018, et disposant de surcroït, d’une majorité relative à la chambre des députés.

    La propulsion de John Bolton à l’épicentre du pouvoir américain a renforcé la capacité de nuisance de son correspondant libanais, Samir Geagea, dont le discours souverainniste masque en fait une servilité à l’égard des Saoudiens en substitution à sa soumission aux Israéliens durant la guerre civile libanaise (1975-1990), consacrant le chef des « Forces Libanaises », l’un des plus grands criminels de la guerre comme l’un des plus grands mercenaires du personnel politique libanais.

    Sur l’équipée des milices chrétiennes particulièrement Samir Geagea, ce lien :
    https://www.madaniya.info/2017/09/15/malediction-de-sabra-chatila-35-ans-apres

    GATESTONE, JOHN BOLTON, ANNE ELIZABETH MOUTET, ET L’ÉMISSION 28 MINUTES SUR ARTE
    Présidée par le monarchiste iranien Amir Tahiri, ancien directeur du journal Keyhan sous le règne de la dynastie Pahlevi, dans la décennie 1970, la structure européenne de Gatestone est composée de Marc D’anna, aka Alexandre Del Valle, le théoricien du « patriotisme intégrateur », ainsi que de l’universitaire Guy Millière et d’Anne Elizabeth Moutet, deux « dinstinguished senior fellow » de cette instance.

    La liste des auteurs de Gatestone sur ce lien :
    https://www.gatestoneinstitute.org/authors

    En dissonance toutefois avec Bernard Henry Lévy, Amir Tahéri, une fois n’est pas coutume, brisera net le délire fabulatoire du philo mondain sur les origines hitlériennes du terme Iran, lancée par le fer de lance médiatique du lobby pro israélien en Europe dans une campagne d’intoxication de l’opinion occidentale préludant à sa préparation à une intervention militaire de l’Otan contre la République Islamique d’Iran. Monarchiste revanchard, Amir Taheri ciblera dans son argumentaire de refutation les « Gardiens de la Révolution et le régime islamique, ces deux bêtes noires, mais non le fondement même de la démarche du théoricien du Botul.
    https://www.gatestoneinstitute.org/12333/hitler-reza-shah

    Intervenante régulière de la chaîne franco allemande ARTE dans l’émission d’Elizabeth Quinn « 28 Minutes », la chroniqueuse du Daily Telegraph justifiera le carnage israélien des Palestiniens de Gaza (57 morts et 2.400 blessés), -le jour du transfert de l’ambassade américaine vers Jérusalem, le 14 Mai 2018-, en reprenant textuellement les « éléments de langage » de la propagande israélienne.
    Cette séquence a plongé dans la stupeur les autres participants à l’émission par la virulence de sa défense de la politique israélienne, faisant volet en éclat l’apparente objectivité qu’elle s’evertuait à afficher pour la défense de la politique atlantiste.
    L’émission a été diffusée le vendredi 17 mai sur Arte en présence des deux présentatrices du programme Elizabeth Quin et Nadia Daam, ainsi que de l’historien Pascal Blanchard et Alexis Poutin, journaliste au Monde Moderne. Elle demeurera dans les mémoires comme un morceau d’anthologie de la duplicité professionnelle, lorsqu’elle se pare de la qualité journalistique pour propager des thèses d’un think tank néo conservateur, sous l’apparence de la neutralité.

    Sur ce lien, la séquence :
    https://sites.arte.tv/28minutes/fr/le-club-28-revisite-lactualite-de-la-semaine-28minutes-75

    LE JOURNALISME MILICIEN EN FRANCE
    La reconversion des journalistes miliciens dans l’expertise contre terroriste est une pratique courante. Une forme de recyclage dans la respectabilité, qui s’est développée tant aux Etats Unis qu’en France.
    Walid Pharès a ainsi fait son apparition dans les lucarnes françaises notamment sur France 24, sous la direction de Christine Ockrent, auditrice assidue du groupe de Bilderbeg, réputé pour son atlantisme.

    Sur ce lien le portrait de Christine Ockrent : https://www.renenaba.com/christine-ockrent-le-passe-droit-permanent

    Le journalisme milicien qu’il incarne si parfaitement a trouvé son illustration en France, sous couvert d’expertise anti terroriste, en la personne de deux libanais maronites habitués des plateaux français : Antoine Basbous, Directeur de « l’Observatoire des Pays arabes », auparavant ancien porte-parole des Forces Libanaises, l’organisation dirigée par Samir Geagea, un des plus grands criminels de la guerre libanaise et fossoyeur du leadership chrétien, et, Antoine Sfeir, Directeur des « Cahiers de l’Orient et des Pays arabes », auparavant cheville ouvrière sur le plan médiatique de la campagne pour l’élection à la présidence de la République Libanaise du chef milicien phalangiste Bachir Gemayel, en 1982, puis de son frère Amine.

    Pour aller plus loin sur ce sujet, cf ce lien : https://www.renenaba.com/les-thuriferaires-libanais-de-la-dictature-ben-ali-sur-le-grill-tunisien

    Et pour le recyclage des membres de l’« État Profond américain » dans les médias américains, sur ce lien : https://www.mondialisation.ca/des-anciens-de-letat-profond-sont-embauches-par-les-medias-grand-public/5623065

    Walid Pharès a vécu 33 ans au Liban de 1957 à 1990. Mais ses nuisances continuent à se faire encore sentir de nos jours contre sa patrie d’origine. Son retour au pays natal, il l’a accompli muni d’un passeport diplomatique américain. Doté d’une immunité et d’une impunité pour revisiter ses méfaits, comme étranger à ses forfaits comme étranger au pays qu’il a tant contribué à sinistrer.

    Le tropisme pro israélien des dirigeants maronites libanais, auquel il a grandement contribué, a conduit le président phalangiste Amine Gémayel à conclure un Traité de Paix entre le Liban et Israël, en 1983, mais la mise en œuvre de ce document a été entravée par un soulèvement de la population de Beyrouth, cas unique dans les annales diplomatiques internationales d’un traité mort-né, abrogé par la volonté populaire.

    Parfait exemple d’un dévoiement par sectarisme, Walid Pharès appartient à la cohorte des soldats perdus d’une cause perdue, sécrétée par la guerre interfactionnelle libanaise ; À l’exemple du commandant Saad Haddad, l’officier félon libanais, garde frontière d’Israël au sein de l’Armée du Sud Liban (ASL), de son successeur, le général Antoine Lahad, dont la famille a eu l’outrecuidance de vouloir enterrer au Liban mais que la vox populi l’en dissuada ; Tous vivant sans le savoir une pathologie passée dans l’histoire comme étant « le complexe des exilés de Coblence », du nom de ses exilés monarchistes français qui ont rallié les ennemis de la France pour abattre la révolution.

    Autant de manifestations des pulsions mortifères de l’irredentisme maronite qui débouchèrent sur la relégation politique du leadership maronite, désormais réduit à un rôle d’appoint ou de nuisance, non à un rôle constructif de proposition, mais à un rôle destructeur d’obstruction, au terme de quinze ans de bruits et de fureurs, de dérives et de délires.

    EPILOGUE : LE SYNDROME MARONITE
    Cadeau empoisonné de la France, le confessionnalisme constitue une négation de la démocratie en ce que la citoyenneté libanaise est conditionnée et handicapée par la naissance.

    Mur de verre invisible et infranchissable, il contribue à ce titre à la nécrose de la vie poilitique libanaise. Sur un point nommé, dans des domaines précis, la naissance confère un primat à une communauté au détriment des autres communautés par le Fait du Prince, l’arbitraire du pouvoir colonial.

    Elle prédétermine les membres d’une communauté à des fonctions indépendamment de leur compétence. Elle conforte une communauté dans un sentiment de supériorité ou de frustration.

    Les exemples sont nombreux des dérives du confessionnalisme. Le leadership maronite a ainsi assumé, par une sorte de Hold up, la direction des combats du camp chrétien lors de la guerre civile libanaise (1975-1990), à l’exclusion des autres composantes de la chrétienté libanaise, quand bien même elles en subissaient les conséquences.

    Le primat conféré par la France à la communauté maronite dans l’exercice des responsabilités suprêmes au Liban aurait dû se vivre comme une délégation de pouvoir au bénéfice de l’ensemble des communautés chrétiennes du Monde arabe et non comme la marque d’une supériorité immanente d’une communauté spécifique au détriment des autres, en ce que les Maronites constituaient la plus importante minorité des minorités chrétiennes du Liban et non la communauté chrétienne majoritaire d’un Monde arabe, majoritairement musulman.

    Pour n’avoir pas observé cette règle non écrite de la prudence politique, elle en paiera le prix par le déclassement de ses prérogatives constitutionnelles, entraînant dans sa relégation les autres composantes chrétiennes innocentes de cet emballement.
    Victimes innocentes souvent, bourreaux parfois plus que de besoin, les camps palestiniens de la quarantaine (est de Beyrouth), en 1976, et de Sabra Chatila (sud de Beyrouth), en 1982, passeront dans l’histoire comme de sanglantes illustrations pathologiques de la déraison humaine, au passif du leadership maronite, particulièrement les milices chrétiennes des Forces Libanaises.

    Par une sorte d’abus de position dominante conféré par la France en sa qualité de puissance mandataire sur le Liban et la Syrie, les Maronites ont procédé à une sorte de captation d’héritage se présentant comme les dépositaires des intérêts supérieurs de la chrétienté d’Orient, réduisant la chrétienté aux seuls intérêts de l’Eglise maronite, confondant en somme maronitisme et chrétienté, se vivant en maître incontesté du Liban.

    L’extravagante position de Camille Chamoun, président du Liban (1952-1958), se refusant seul contre l’ensemble arabe, à rompre ses relations diplomatiques avec la France, dans la foulée de l’expédition de Suez, alors que l’Egypte faisait l’objet d’une agression concertée entre la France, Israël et la Grande Bretagne (1956) et que l’Algérie ployait sous le joug des ratonnades coloniales, constituait déjà un indice prémonitoire de la psychorigidité maronite, de la cécité politique de ses dirigeants et de la serviabilité extrême dont témoignent des membres de cette communauté à l’égard des puissances occidentales particulièrement de la France et des États-Unis, se plaçant paradoxalement en situation de « dhimitude » par rapport à leurs protecteurs occidentaux, une servitude qu’il dénonçait du temps de l’époque ottomane. Le discours souverainiste des Libanais masque mal une logique de vassalité à l’ordre atlantiste.

    L’inculpation en juillet 2010 de plusieurs officiers supérieurs chrétiens de même que des cadres supérieurs exerçant des responsabilités sensibles à un poste stratégique de leur entreprise de communications pour « intelligence avec l’ennemi », au même titre que la formation d’une armée de supplétif sous commandement chrétien au service des israéliens durant la guerre civile libanaise (1975-1990), ont alimenté la suspicion sur la loyauté des chrétiens arabes à leur environnement avec ses conséquences corrosives sur le sort des chrétiens dans le monde arabe.

    L’alliance du leadership maronite avec Israël, l’ennemi officiel du Monde arabe, constituera l’un des points noirs de l’histoire de la chrétienté arabe, et les chefs de cette équipée suicidaire, Bachir Gemayel, président éphémère du Liban, et ses successeurs, Elie Hobeika et Samir Geagea, comme les plus sinistres personnages de l’histoire du Liban en termes de bilan pour la chrétienté, en ce qu’ils ont substitué la lutte pour la réalisation des droits nationaux des Palestiniens, par la recherche de l’éradication d’un peuple déjà spolié de sa patrie, les Palestiniens, en compensation des turpitudes occidentales à l’égard des Juifs européens.

    Les miliciens chrétiens ont intériorisé, ce faisant, la perversité de la logique occidentale dans un tragique dévoiement de la pensée, ne s’imaginant pas un seul instant que « le peuple de trop au Moyen orient », selon l’expression du chef phalangiste Bachir Gémayel, pourrait être un jour « le peuple chrétien arabe ».

    Pour aller plus loin sur les Maronites, ce lien :

    www.renenaba.com/france-liban-a-propos-des-maronites/

    ILLUSTRATION
    Walid Phares lecturing in front of a Lebanese Forces banner in 1986Photo courtesy of An-Nahar                                                                                                                                                           By René Naba , in Actualités Liban Moyen-Orient Portrait on 6 novembre 2018 .

  • Une histoire à cœur ouvert - Vacarme

    https://vacarme.org/article3187.html

    Un jardin, puis chacun derrière un écran, et enfin à l’aéroport : trois lieux pour trois moments de rencontre. Il ne pouvait sans doute en être autrement pour discuter avec une historienne qui a fait des circulations des idées et donc des hommes et des femmes, ses sujets depuis près de vingt ans. Jérusalem, Damas, Beyrouth, Tunis, Le Caire ne sont plus ici des points, mais des lignes auxquelles on s’accroche et qui s’entrelacent, là et là-bas, avant et maintenant, le fil toujours tendu pour que la connaissance ne perde jamais de vue la chair qui la constitue.

    Une histoire à cœur ouvert - Vacarme

    Entretien avec Leyla Dakhli

    "Je peux dire les choses aussi simplement que cela : produire un travail sérieux sur la Syrie, c’est prendre position pour les Syriens qui se sont soulevés contre le régime. Il est tellement facile de dire quand on est savant que tout était déjà là, que cette révolution n’en a jamais été une. L’engagement consiste de manière obstinée à laisser ouvert ce qui l’était, à démontrer sans cesse que cette ouverture était là, et à essayer de comprendre ce qui a fait que cela s’est fermé. Cela ne veut pas dire qu’il faut être béatement optimiste, mais cela relève d’une forme d’espoir : si cela est advenu une fois, cela peut se produire de nouveau. Le surgissement des révolutions reste un objet historique presque miraculeux. Évidemment il n’en est rien, mais cette impression de miracle est intéressante à comprendre et à décrypter. Il faut surtout résister aux discours qui replient tout. C’est vrai que sur la Syrie, la force de la prophétie autoréalisatrice du régime a été puissante. Si on reprend les discours de Bachar el-Assad dès le début du soulèvement, on voit bien comment il a construit une lecture des événements qui a fini par s’imposer grâce à un certain nombre de tonnes d’explosifs et d’alliances diverses et variées. C’est important à garder en mémoire afin de résister à cette logique et à ce rabattement idéologique. Il importe aussi de rendre justice à ceux qui se sont battus, qui sont morts, qui sont partis et pour cela continuer à écrire l’histoire de cet épisode, dont la mémoire et l’histoire ne doivent pas être seulement celle d’un échec. L’échec n’est peut-être pas même la question. Même si c’en est un, il ne faut pas en faire quelque chose d’inutile, une micro-parenthèse dans un Moyen-Orient gouverné par les intérêts et la violence extrême. Il convient de raconter d’autres manières d’habiter ce territoire et d’autres manières de les vivre. Il convient de redonner aux soulèvements leur rationalité, leur raison d’être. Je ne vois pas là d’incompatibilité avec la démarche historienne : il n’y a pas de raison d’aller chercher une autre dénomination, sous prétexte que celle-ci serait militante. Je crois que quand on fait de l’histoire aujourd’hui, la notion d’engagement n’est en rien un repoussoir, elle est un aiguillon pour produire une recherche et un récit qui puisse rompre avec les réductionnismes de toutes sortes, qu’ils soient idéologiques, géopolitiques, économiques. C’est ce que m’ont appris des historiens comme Edward. P. Thompson ou Michelle Perrot. Et cela va bien au-delà de l’histoire : sans le cadre des recherches contemporaines sur des sujets comme la migration, sans les militants, on ne saurait rien ou presque ! Enfin, je n’ai jamais aimé écrire l’histoire en fermant le raisonnement et en le considérant comme clos. Ce temps présent m’a permis de comprendre ce que je cherchais lorsque j’avais travaillé sur la révolution de 1908 dans l’Empire ottoman. On a toujours des périodisations et des catégorisations qui sont des réponses érudites à des ignorances absolues, à savoir tout ce qui se joue dans la fragilité de ces instants. Quand je suis partie de Tunis le 4 janvier 2011, mon père disait « il ne va plus rien se passer, la rentrée universitaire a eu lieu et personne n’a bougé ». Selon lui, c’était fini. Or, cela s’est nourri d’autres choses ; c’est passé par d’autres canaux. Les universités n’étaient plus le bon lieu d’observation. Il fallait regarder sur les smartphones, lire les post. Et ce sont ces images et ces commentaires qui ont gagné les quartiers populaires, puis les universités. Ce type de micro-observations m’a fait penser qu’il fallait refaire de l’histoire en étant très attentive à ces toutes petites dynamiques, à tous les chemins qui ne mènent pas forcément quelque part, mais qui restent inscrits dans l’histoire des mouvements sociaux et des révoltes en particulier. Fondamentalement, tout ceci me remue. Je ne fais pas exprès. Et je suis en permanence en lutte avec l’idée de « devenir une professionnelle » : il me faudrait alors me mettre à écrire froidement, à me tenir en retrait. Je revendique la distance telle que l’historien italien Carlo Ginzburg a pu la définir, une distance qui rend justice, qui aide à trouver des mots pour dire ce qui est juste, au plus juste des choses qui doivent nous faire bouger parce qu’ils produisent ce que Ginzburg appelle estrangement, ici une forme de décalage qui passe par l’écriture de l’histoire, qui introduit toujours une traduction, un déplacement, une interrogation."

    • « Je peux dire les choses aussi simplement que cela : produire un travail sérieux sur la Syrie, c’est prendre position pour les Syriens qui se sont soulevés contre le régime. »
      J’avoue rester sans voix devant cet énième témoignage d’une inexplicable fascination pour la « révolution syrienne »... La suite offre quelques nuances mais tout de même !

  • جريدة الأخبار
    https://al-akhbar.com/Politics/260122

    #JeSuisGeorgesAbdalla

    Pierre Abi-Saab
    Pour ma génération, Georges Ibrahim Abdallah (Kobayat, Liban, 1951), toujours incarcéré au centre pénitentiaire de Lannemezan en France, sous le numéro d’écrou 2388/A221, est plus qu’une icône, plus qu’un symbole. Notre camarade, qui croupit en prison depuis 34 ans, dans le pays des droits de l’Homme, contre tous les principes du droit, subissant « un régime d’embastillement totalement arbitraire », comme le souligne un appel à sa libération lancé hier par l’Association France Palestine Solidarité, est tout simplement un héros national !
    Évidemment cela échappera toujours à ce que l’Indigène de le République Houria Bouteldja appelle « la Raison blanche », dans son pamphlet détonnant « Les Blancs, les Juifs et nous - Vers une politique de l’amour révolutionnaire » (La fabrique éditions - Paris, 2016). Dans le discours dominant, Georges Abdallah est censé être un terroriste ! Et comme l’a souvent rappelé Maître Jacques Vergès, avocat de Abdallah jusqu’à sa disparition en 2013, les pouvoirs dominants, les forces d’occupation et d’oppression, ont toujours qualifié les opposants et les résistants de « terroristes » ! L’ex-chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), fait partie de ceux-là : Il s’agit d’un résistant qui a forgé sa conscience politique sous l’occupation israélienne du Liban Sud, militant révolutionnaire internationaliste il se choisit de se battre pour la cause arabe, avec comme maître-mot la libération de la Palestine. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, l’objectif était de « frapper l’ennemi partout où il se trouve ». Les FARL revendiquent l’assassinat de Charles Ray, attaché militaire américain à Paris, et de l’agent israélien Yacov Barsimentov, et blessent grièvement Robert Homme, consul américain à Strasbourg. C’est l’époque où Le Mossad assassine en Europe des dizaines d’intellectuels et de militants politiques, Palestiniens et Arabes, tels Mahmoud Hamchari, Majed Abou Charar et plus tard Atef Bseiso… Aujourd’hui, les stratégies de combat ne sont plus les mêmes peut-être, mais la lutte reste immuable contre la domination coloniale, contre l’occupation israélienne dont la barbarie s’est renforcée depuis. Et Georges Abdallah, pour les nouvelles générations de militants à travers le monde arabe, de Tunisie en Palestine, en passant par la France bien entendu, symbolise plus que jamais, par son engagement politique, sa lucidité, sa détermination et son refus du moindre compromis, la lutte contre la domination, pour la libération de la Palestine et l’émancipation des peuples arabes.
    Arrêté à Lyon le 24 octobre 1984 il n’est inculpé que de faux et d’usage de faux. Trois ans plus tard, il sera injustement condamné à perpétuité, pour complicité d’assassinat. Libérable depuis 1999, il a vu toutes ses demandes de libération (9 au total) rejetées. En 2013 Beyrouth se préparait à le recevoir en héros, la chambre d’application des peines de Paris s’étant prononcée en faveur de sa libération, en la conditionnant à un arrêté d’expulsion du territoire. Mais le gouvernement Fabius a cédé aux pressions des États-unis. On se souvient encore de la phrase assassine de Jacques Vergès : « La justice française se conduit comme la putain de l’Amérique ». Le préfet Yves Bonnet, qui a dirigé le renseignement français de 1982 à 1985, parlait, un an plus tôt, d’une « vengeance d’Etat lamentable », estimant qu’Abdallah « avait le droit de revendiquer les actes commis par la FARL, comme des actes de résistance », dans le contexte de guerre qui prévalait alors.
    Aujourd’hui, 34 ans plus trad, presque jour pour jour, Georges Ibrahim Abdallah, est devenu le doyen des prisonniers politiques en Europe. Mais il est surtout l’otage de la République Française. Une république coloniale qui fait prévaloir ses intérêts stratégiques sur ses valeurs ! Autrement dit, il subit un « traitement d’exception ». On croit savoir qu’une grande démocratie ne devrait pas connaître d’état d’exception, surtout pas la France qui n’a de cesse de donner des leçons d’humanisme au monde entier… Cependant, la France coloniale, qui est toujours là, revancharde et haineuse, s’affranchissant des valeurs républicaines, des règles et des principes qui régissent un État de droit, fait payer Georges non pour ses actes, mais pour ce qu’il est, pour ce qu’il pense. Et cela n’est possible que parce qu’il s’agit d’un métèque, d’un colonisé. S’il était « blanc », il aurait bénéficié des mêmes faveurs que ses camarades révolutionnaires qui ont connu des parcours similaires. Avec l’acharnement juridique et politique contre Abdallah en France, sous tous les gouvernements depuis 1999, on n’est pas loin de cette violence étudiée par le philosophe algérien Sidi Mohamed Barkat dans « Le corps d’exception » (Editions Amsterdam - Paris, 2005). On n’est pas loin du massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Une violence exercée par le pouvoir colonial, contre le corps du colonisé, ce corps « sans raison, dangereux, déshumanisé, exclu du principe d’égalité, soumis à un régime légal d’exception permanente », en marge de l’Etat de droit.
    Emmanuel Todd nous a expliqué très bien « Qui est Charlie ? ». À présent tentons de dire qui est Georges Abdallah, que nous attendons à Beyrouth. Ce combattant de la liberté qui résiste de l’incarcération, à la violence coloniale. Qui nous rappelle qu’une grande démocratie occidentale, peut encore se comporter en preneuse d’otages, dès qu’il s’agit de ses intérêts coloniaux. On pense au traitement honteux réservé dans les médias français, à peu d’exceptions près, au crime d’Etat perpétré contre le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dans le consulat de son propre pays à Istamboul. De ce côté « damné » du monde, nous sommes tous Georges Ibrahim Abdallah. Et comme l’écrit si joliment Houria Bouteldja : « Une grosse boule se forme au fond de la gorge de l’Indien et les larmes lui montent aux yeux. Mais comme sa foi est immense, il arrive que certains d’entre nous l’entendent frapper à leur porte ».

    • Et la version arabe :
      جريدة الأخبار
      https://al-akhbar.com/Opinion/260239

      #أنا_جورج_عبدالله

      رأي بيار أبي صعب الإثنين 22 تشرين الأول 2018 17:19

      بالنسبة لجيلي، يُعتبر جورج إبراهيم عبدالله (القبيات، لبنان، 1951)، نزيل سجن «لنموزان» الفرنسي تحت رقم 2388/أ221، أكثر من أيقونة، وأكثر من رمز. رفيقنا، القابع في السجن منذ 34 عاماً، في بلد حقوق الإنسان، ضدّ مبدأ القانون، والخاضع، كما يشير نداء لإطلاق سراحه صادر عن «جمعيّة التضامن الفرنسيّ الفلسطينيّ»، لـ «نظام احتجاز اعتباطيّ بالكامل»، هو بكلّ بساطة بطلّ قوميّ !

  • Beyrouth, à moitié réveillé

    Les établissements de nuit grignotent peu à peu la capitale libanaise, redessinent l’espace et mélangent les confessions, mais restent réservés à une jeunesse aisée.
    A la nuit tombée, les rues branchées de Beyrouth dégagent la même effervescence : les musiques émanant des bars viennent se mêler au son des klaxons et des cris des noctambules qui s’interpellent, se retrouvent, s’oublient. Dans les quartiers de #Hamra, #Mar_Mikhaël ou #Badaro, les robes ajustées côtoient les blousons des voituriers et les tabliers des serveurs qui circulent entre les tables. Ces lieux remplis de monde, de bruit et d’alcool, constituent un terrain de jeu de plus de 200 bars et boîtes de nuit où se rassemble une partie de la jeunesse libanaise.
    Certains établissements sont devenus des icônes urbaines en raison de leur longévité inhabituelle (comme le B018, ouvert pour la première fois en 1994), de leur décor spectaculaire ou de leur capacité d’accueil (à l’instar du club Uberhaus ou du Grand Factory, logé sur le toit d’un bâtiment industriel). Omniprésente dans les clips de promotion touristique, la vie nocturne de Beyrouth est aujourd’hui un modèle qui s’exporte : la Beirut Electro Parade, qui organise un événement à Paris ce mois-ci, en est un exemple. Rappelant que la concurrence internationale entre les métropoles se joue aussi sur les activités nocturnes, Beyrouth offre un vaste champ d’investigation pour qui intègre la nuit à la réflexion géographique et étudie les usages de l’espace relevant de la consommation et du plaisir.

    Mimétisme

    La concentration des établissements nocturnes dessine à l’échelle de la ville une géographie prioritaire et mouvante prenant la forme d’un archipel d’îlots lumineux facilement repérables dans un contexte où l’éclairage urbain est globalement défaillant. L’observation de ces quartiers éclaire la recomposition permanente des centralités urbaines : ils émergent dans des lieux à l’origine peu animés, sous l’impulsion d’entrepreneurs pionniers qui ouvrent les premiers établissements. Leur densification rapide s’explique ensuite par le rythme soutenu d’ouvertures et de fermetures des bars et des boîtes de nuit et la faible réglementation d’un secteur lucratif. S’y ajoute un effet de mimétisme qui résulte d’un choix fondé sur l’emplacement et la proximité, permettant de capter l’essentiel des mobilités nocturnes.

    Axe principal de Mar Mikhaël, la rue d’Arménie compte ainsi une trentaine de bars sur 500 mètres. Dans le centre-ville, la rue de l’Uruguay regroupait, en 2015, 19 établissements sur une centaine de mètres. L’émergence des nouvelles centralités nocturnes est par ailleurs liée à la gentrification des quartiers centraux et péricentraux de Beyrouth. Le succès des établissements, certes peu durable, contribue à la hausse des prix du foncier et du marché locatif. Un tel constat montre que la gentrification ne se limite pas au changement du profil résidentiel d’un quartier : elle concerne aussi les appropriations temporelles et matérielles de l’espace.

    La géographie changeante de la nuit beyrouthine se comprend également à travers les mutations spatiales liées à la guerre civile libanaise (1975-1990). Les quinze années de conflit correspondent en effet à une fragmentation du territoire libanais et de sa capitale sur une base confessionnelle et politique. La plus emblématique est la ligne de démarcation ayant séparé, de manière schématique, les quartiers chrétiens et musulmans de Beyrouth. Ces divisions, conjuguées à l’instauration d’un système milicien, ont entraîné le délitement des espaces publics et la fermeture de la quasi-totalité des cafés, bars et clubs qui avaient fleuri dans la ville, à l’image de l’emblématique quartier de Hamra.
    Reconquête

    A partir des années 90 et dans les années 2000, la sortie nocturne devient le moteur efficace d’une réappropriation physique des espaces urbains notamment autour de la rue Monnot. Les ouvertures successives d’établissements nocturnes ont certes profité de la disponibilité foncière d’un quartier accolé à l’ancienne ligne de démarcation et partiellement vidé de ses habitants. Mais les noctambules ayant fréquenté ce quartier aujourd’hui passé de mode soulignent aussi, non sans nostalgie, la symbolique de son emplacement. Monnot a offert la possibilité d’un mélange confessionnel - de la clientèle - fondé sur les pratiques festives, en lieu et place des fractures identitaires imposées et inscrites dans l’espace urbain. Ce rôle fédérateur, partagé par la boîte de nuit B018 ouverte dans les quartiers périphériques de Sin el Fil puis de la Quarantaine, montre que la vie nocturne de Beyrouth a permis une autre reconquête : celle d’un possible « vivre ensemble ».

    La diversité confessionnelle est une réalité des établissements nocturnes, en termes statistiques comme dans les pratiques et les interactions. Elle continue pourtant d’être revendiquée par les noctambules, les barmans et les serveurs, qui ajoutent parfois les divergences politiques, l’acceptation de différentes orientations sexuelles ou la pluralité ethnique. Ces marques d’ouverture ne sont pas l’apanage de tous les établissements : elles concernent des grands clubs au tarif d’entrée accessible (à l’instar du Gärten) ou bars dits alternatifs, orientés à gauche du spectre politique libanais.

    Elles contribuent surtout à alimenter les représentations d’un univers nocturne où une société pacifiée et hédoniste se met en scène, occultant d’autres formes de polarisations. La fréquentation des bars et des boîtes de nuit demeure celle d’une jeunesse aisée, réceptive aux modèles globalisés de la fête et dépositaire d’une identité libanaise cosmopolite et tolérante. Si les nuits beyrouthines fédèrent et brouillent les barrières, elles sont devenues un marqueur social traduisant des rapports de domination d’ordre socio-économique et symbolique.


    https://www.liberation.fr/planete/2018/10/03/beyrouth-a-moitie-reveille_1683005
    #géographie_de_la_nuit #Beyrouth #Liban #nuit #cartographie #visualisation

  • Débat sur les #subventions à l’#électricité au #Liban
    à la suite de ma tribune pour le LCPS, reprise dans l’Orient Le Jour sur la distribution inéquitable des subventions électriques au Liban, la journaliste Viviane Aqiqi fait un sérieux travail de synthèse, traduisant aussi mes données et graphiques en arabe. Elle ouvre le débat sur la question de savoir ce que cachent les appels à la réforme des subventions et exprime sa crainte que leur suppression se traduise simplement par une augmentation du fardeau pesant sur les ménages les plus fragiles.
    Elle accorde peu d’intérêt à ce que je considère comme la principale nouveauté de cette étude, à savoir la mise en évidence de l’énorme biais en faveur des habitants de Beyrouth dans la répartition de ces subventions. Peut être habite-t-elle Beyrouth ?

    إصلاح دعم الكهرباء وليس إلغاؤه
    https://al-akhbar.com/Capital/258434
    graphique en arabe : https://al-akhbar.com/ArticleFiles/2018923221424683636733376646839220.pdf

    انطلاقاً من هذه المعطيات، يجدر طرح السؤال: هل يجب إلغاء الدعم لأسعار الكهرباء وتحميل الفقراء عبء هذا «التقشّف»؟ أم يجب إصلاح الدعم وإعادة توجيهه نحو فئات الدخل الأدنى والمتوسط ومؤسّسات الإنتاج؟
    إن كلفة إنتاج الطاقة الكهربائية في لبنان مرتفعة جدّاً، بسبب عوامل كثيرة، أهمّها الاستخدام الكثيف لأغلى أنواع الوقود، واستجرار الطاقة من مصادر تجارية مؤقّتة (البواخر، سوريا)، وتلزيم عمليات التشغيل والصيانة والجباية لشركات خاصة عبر عقود سخيّة، وتقادم معامل الإنتاج والمحطّات، والهدر الكبير للطاقة المُنتجة الناجم عن عدم كفاءة شبكات النقل والتوزيع والتعدّيات الكثيرة على هذه الشبكات، بالإضافة إلى امتناع مشتركين كثر عن تسديد الفواتير المستحقّة، بما في ذلك إدارات ومؤسّسات عامّة وشركات خاصّة. لذلك، كل حديث عن خفض كلفة الدعم، من دون معالجة كل هذه العوامل، لا يعدو كونه طريقة لنقل الكلفة من الموازنة العامة إلى ميزانيات الأسر، وهذا يؤدّي إلى تعزيز التفاوتات أكثر بكثير مما يفعله الدعم القائم اليوم.

    cf. https://seenthis.net/messages/724115

  • Électricité : le privilège injustifiable de Beyrouth - Éric VERDEIL - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1135424/electricite-le-privilege-injustifiable-de-beyrouth.html

    Les récentes polémiques sur le lieu de connexion de la barge électrique Esra Gul ont à nouveau souligné l’inégalité d’approvisionnement en courant des différentes régions libanaises, au détriment des périphéries du pays. Leurs habitants doivent, plus encore que les autres, supporter les coûts de l’abonnement à un générateur, dont le poids est inversement proportionnel au revenu. Cette inégalité est donc à la fois géographique et sociale.

    Il est moins connu que cette inégalité est aggravée par un mécanisme de subvention invisible, lié à l’écart entre le coût de revient et le tarif payé par les abonnés, qui bénéficie de manière disproportionnée aux ménages les plus aisés et en particulier aux habitants de la capitale. Une nouvelle inégalité géographique et sociale s’ajoute donc à la précédente. C’est ce que démontre pour la première fois une étude que j’ai récemment menée sur le sujet.

    On trouvera ici la version anglaise, avec un titre différent:
    Electricity Subsidies: Benefiting some Regions More than Others
    http://www.lcps-lebanon.org/featuredArticle.php?id=163
    #électricité #subventions #inégalités #Liban

  • Nasrallah : le Hezbollah dispose de missiles de précision au grand dam d’Israël – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/09/22/nasrallah-le-hezbollah-dispose-de-missiles-de-precision-au-g

    Démonstration de force des combattants du Hezbollah libanais lors d’un défilé à Beyrouth. ©AFP
    Le Hezbollah est équipé de missiles de haute précision et Israël comprend très bien que le Hezbollah est aujourd’hui plus fort que jamais, a affirmé ce jeudi le secrétaire général du mouvement libanais.

    Seyyed Hassan Nasrallah a mis en garde Israël de connaître un sort qu’il « n’aurait jamais soupçonné » s’il choisit de mener une nouvelle guerre, rappelant au régime israélien que le mouvement de résistance libanais est maintenant en possession de missiles de précision au grand dam de Tel-Aviv.

    Sayyed Hassan Nasrallah a fait ces remarques lors d’un discours prononcé ce jeudi à Beyrouth devant une foule de personnes en deuil qui ont célébré Achoura, l’anniversaire du martyre de l’imam Hussein, le troisième imam des chiites.

    Il a ajouté que le rapport de force dans la région avait changé en faveur de l’axe de résistance anti-israélienne et que le régime de Tel-Aviv avait échoué dans toutes ses tentatives d’empêcher le Hezbollah libanais d’acquérir des missiles de précision.

    « Peu importe ce que vous faites pour couper la route, “the game is over” et la Résistance possède des missiles de précision ainsi que des armes performantes », a déclaré Nasrallah.

    Syrie : Israël a anéanti les sites iraniens ?
    Israël prétend régulièrement avoir visé les cibles « iraniennes » sur le sol syrien. Certaines sources israéliennes avancent même le bilan croissant des pertes des effectifs iraniens en mission en Syrie. Est-ce vrai ?

    « Toutes vos tentatives pour empêcher le Hezbollah de posséder des missiles de haute précision ont été déjouées », a-t-il ajouté.

    Il a également souligné le pouvoir croissant du front de la Résistance, soulignant que les Israéliens « ont mis leurs espoirs dans les évolutions en Syrie et en Irak, mais ils savent que l’axe de la Résistance est plus fort que jamais et que de nouveaux pays l’ont maintenant rejoint. »

    « Par conséquent, a-t-il ajouté, le régime israélien a peur d’un conflit dans la région, en particulier contre le Liban, et il est bien informé que toute guerre aurait de graves conséquences. »

    Tensions Israël/Russie : et Golan ?
    Alors que les tensions sont à leur plus haut niveau entre Israël et la Russie suite à la destruction de l’Il-20 russe en pleine Méditerranéenne et que certains commentateurs n’écartent pas un renforcement des liens Moscou-Hezbollah dans la foulée, le Golan refait parler de lui

    « Tel-Aviv est bien conscient que ses faiblesses ont été révélées au Hezbollah et il est conscient de nos forces, a-t-il ajouté. Israël est conscient que la technologie à elle seule ne peut être décisive dans une guerre. »

    Le Hezbollah aux côtés de l’Iran, de la Palestine, du Yémen et de Bahreïn

    Le secrétaire du Hezbollah a également exprimé le soutien du mouvement à la République islamique d’Iran face à « toutes sortes de pressions économiques et politiques », affirmant que « nous avons le devoir de défendre l’Iran » au moment où l’on assiste à une nouvelle vague de sanctions anti-iraniennes.

    « L’Iran est puni par les États-Unis uniquement parce qu’il a refusé de céder aux demandes de Washington et parce qu’il maintient son soutien aux nations opprimées de la région, y compris la Palestine et la Syrie », a-t-il estimé.

    Il a par ailleurs réitéré le soutien du mouvement à la cause palestinienne, rappelant l’opposition du Hezbollah au soi-disant « Deal du siècle » que l’administration américaine a proposé pour régler le conflit israélo-palestinien.

    Nasrallah a également noté que le Hezbollah soutenait fermement la nation yéménite, qui a été attaquée par le régime saoudien et par une coalition de ses alliés.

    « Nous réitérons notre soutien aux populations pacifiques de Bahreïn, dont les érudits et les jeunes ont été emprisonnés et réprimés par le régime », a-t-il ajouté.                                                   https://www.presstv.com/DetailFr/2018/09/20/574677/Nasrallah–Isral-the-Game-is-over

  • Syrie : des missiles israéliens ciblent l’aéroport de Damas - Moyen-Orient
    RFI - Publié le 16-09-2018
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20180916-syrie-missiles-israeliens-ciblent-aeroport-damas

    Dans le ciel de Damas, les tirs de riposte syriens en réponse aux missiles qui ont visé l’aéroport international, samedi 15 septembre 2018.
    Handout / SANA / AFP

    Des missiles israéliens ont visé samedi 15 septembre l’aéroport international de Damas, déclenchant une réponse de la défense aérienne syrienne.

    Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

    Les explosions dues aux missiles tirés par les avions sur l’aéroport international de Damas ont été entendues dans toute la capitale. La défense antiaérienne syrienne est entrée en action et un communiqué militaire a affirmé que plusieurs projectiles ont été abattus. Aucun bilan n’a été fourni, mais un site généralement bien informé, Al-Masdar News, a rapporté que certains missiles avaient atteint leurs cibles. (...)

  • Beyrouth 1978, la révolution au bout du pinceau

    En mars 1978, Israël lance une vaste offensive au Liban sud. Au même moment, l’Organisation de libération de la Palestine organise, à Beyrouth, une exposition d’artistes contemporains qui soutiennent la cause… Le Musée Sursock redonne vie à ce moment historique.

    LE MONDE | 07.09.2018 à 14h14 |
    Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

    https://abonnes.lemonde.fr/m-actu/article/2018/09/07/beyrouth-1978-la-revolution-au-bout-du-pinceau_5351742_4497186.html

    Il faut imaginer Yasser Arafat déambuler entre une toile de l’ex-maoïste parisien Gérard Fromanger, un triptyque du surréaliste chilien Roberto Matta et deux lithographies du maître catalan Joan Miro. Dans le public qui entoure le raïs palestinien, on croise des fedayins (combattants) en treillis, des étudiantes en jupe, des intellectuels tiers-mondistes et des bureaucrates en veste bon marché. Derrière le brouhaha du vernissage, on devine des coups de klaxon et des rafales d’arme automatique, la rumeur ordinaire d’une ville en guerre.

    183 œuvres, issues de 30 pays

    C’était le 21 mars 1978, à Beyrouth, capitale du Liban, de l’OLP et des passions révolutionnaires arabes. Une exposition d’art internationale en solidarité avec la Palestine était inaugurée dans le hall d’une université : 183 œuvres, issues de 30 pays différents, mêlant les genres – peintures, sculptures, gravures, dessins – et les styles – de l’expressionnisme arabe au modernisme japonais, en passant par le social-réalisme soviétique et l’art figuratif militant d’Europe de l’Ouest –, étaient présentées… Jamais un éventail de créations aussi large et diversifié n’avait été présenté jusque-là au Proche-Orient. C’est le croisement improbable du pinceau et de la kalachnikov, le mariage d’une internationale d’artistes et d’une organisation de réfugiés, l’alliance des sans-frontières et des sans-terre. Les deux semaines d’exposition forment une parenthèse enchantée dans le chaos des combats qui dévastent le Liban depuis trois ans. Avec ce coup de génie, la direction palestinienne s’invente une diplomatie culturelle et offre à son peuple, privé d’horizon, un imaginaire visuel haut en couleur.

    Et puis, comme un mirage, tout s’évanouit. La collection de Beyrouth endure le lot commun des musées hors sol. Des œuvres se perdent, d’autres sont détruites, notamment dans des bombardements israéliens, et d’autres encore sont détournées. Trop engagée, trop datée, snobée par l’histoire de l’art officielle, l’exposition de 1978 sombre dans l’oubli. Son souvenir s’étiole à mesure que ses participants s’éteignent.

    Et pourtant, quarante ans plus tard, ce moment unique dans les annales de l’OLP recommence à frémir. Deux curatrices passionnées d’art et de mémoire, la Libano-Palestinienne Rasha Salti et la Libano-Américaine Kristine Khouri, ont entrepris de reconstituer le puzzle. A la manière de détectives, elles ont interrogé tous les témoins encore en vie, fouillé la presse de l’époque, exhumé les archives, couru entre Tokyo, Paris, Le Cap, Casablanca, Potsdam et Los Angeles, en quête d’une bande-vidéo ou d’une coupure de presse.

    « ARAFAT AVAIT COMPRIS QUE LA REPRÉSENTATION N’EST PAS QU’UNE AFFAIRE DE POLITIQUE, QUE C’EST AUSSI UNE AFFAIRE ESTHÉTIQUE. » RASHA SALTI, CURATRICE
    Le résultat de leur enquête est présenté depuis fin juillet au Musée Sursock de Beyrouth, un hôtel particulier à la façade blanc satiné reconverti en musée d’art contemporain. Intitulée « Past Disquiet » (« inquiétude passée »), cette exposition sur l’exposition redonne vie aux fantômes de 1978, ressuscite cette aventure politico-artistique inscrite dans le bouillonnement d’une époque où le combat pour la Palestine, la lutte contre l’apartheid et la dénonciation du régime Pinochet formaient une seule et même cause.

    « L’OLP avait l’obsession de prouver que la Palestine existe, contre la vulgate sioniste qui parlait d’une terre sans peuple destinée à un peuple sans terre, explique Rasha Salti, 49 ans, une touche-à-tout, figure de la scène muséale arabo-occidentale, qui officie aussi comme programmatrice pour Arte. Arafat avait compris que la représentation n’est pas qu’une affaire de politique, que c’est aussi une affaire esthétique. Dans son entourage, il y avait plein de fils de réfugiés qui avaient vécu l’humiliation de la Nakba – l’exode forcé de 700 000 Palestiniens lors de la création d’Israël, en 1948 – et qui voulaient sincèrement refaire le monde pour changer leur destin. Pour eux, il était évident que les artistes devaient être embarqués dans cette entreprise et Arafat leur a donné son feu vert. »

    « EZZEDINE, C’ÉTAIT LA NOBLESSE DE L’OLP, UN VRAI PUR-SANG ARABE. IL VOULAIT FAIRE CONNAÎTRE LA CAUSE PALESTINIENNE PAR LA CULTURE, IL ÉTAIT TRÈS AVANT-GARDISTE. » LEÏLA SHAHID, EX-DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE EN FRANCE
    Le plus inspiré de ces rêveurs, qui sera l’âme de l’exposition, s’appelle Ezzedine Kalak. Agé de 42 ans en 1978, il dirige la représentation palestinienne à Paris, ce que l’on appelle à l’époque le bureau d’information et de liaison de l’OLP, installé 138, boulevard Haussmann. Ce natif de Haïfa, au physique d’acteur de cinéma, parle un français châtié, appris à l’université de Poitiers, où il a soutenu une thèse en physique-chimie. C’est un diplomate à part, avec une inclination affichée pour les milieux de gauche, proche des étudiants et des travailleurs arabes dans l’Hexagone. Aux réunions du Quai d’Orsay, il préfère les débats avec les jeunes cinéastes de la fac de Vincennes, le temple de l’expérimentation soixante-huitarde, et les rencontres avec ses amis de Politique Hebdo, la revue de la gauche non communiste. « Ezzedine, c’était la noblesse de l’OLP, un vrai pur-sang arabe, se souvient Leïla Shahid, qui travaillait à l’époque avec lui et qui ne se doutait pas que, vingt ans plus tard, elle occuperait le même poste. Il voulait faire connaître la cause palestinienne par la culture, il était très avant-gardiste. »

  • Le militant pacifiste israélien Avnery, intervieweur d’Arafat, est décédé
    AFP, publié le lundi 20 août 2018 à 09h37
    https://actu.orange.fr/societe/culture/le-militant-pacifiste-israelien-avnery-intervieweur-d-arafat-est-decede-
    http://media2.woopic.com/api/v1/images/661%2Fafp-news%2F84b%2F8f7%2Fe1476d6af82ee6f330654680d9%2Fle-militant

    Le journaliste et militant pacifiste israélien Uri Avnery, durement attaqué dans son pays dans les années 1980 pour avoir rencontré le leader palestinien Yasser Arafat, est décédé dans la nuit à Tel-Aviv à 94 ans, a-t-on appris lundi de source hospitalière.

    Figure centrale du mouvement pacifiste israélien, Uri Avnery avait causé une tempête en recueillant en juillet 1982 ce qui est présenté comme la première interview de M. Arafat avec un journal israélien, Haolam Haze, qu’il dirigeait.

    Il était l’un des premiers Israéliens à rencontrer M. Arafat, alors considéré comme l’ennemi numéro un d’Israël.

    L’entretien avait eu lieu à Beyrouth, assiégée par l’armée israélienne.

    Avocat de la création d’un Etat palestinien, Uri Avnery avait été soldat et avait même appartenu à une milice de droite avant de devenir une voix éminente de la paix, en laquelle il a cru jusqu’au bout.

    De son vrai nom Helmut Ostermann, Uri Avnery est né en Allemagne en 1923, d’où il émigre vers la Palestine mandataire en 1933 après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler.

    Brièvement membre de l’Irgoun, le groupe clandestin armé de droite qui combat le mandat britannique, il s’engage dans l’armée israélienne après la création de l’Etat d’Israël en 1948. Il est blessé lors de la guerre israélo-arabe.

    En 1950, après sa démobilisation, il fonde Haolam Haze (Ce monde), hebdomadaire critique des institutions israéliennes. Il est la cible de la censure et d’attaques personnelles. Une bombe est placée au siège du journal en 1955, le seul de l’époque à ne pas être sous la coupe d’un parti.

    Il restera pendant 40 ans à la tête de Haolam Haze, publiant des enquêtes et des faits divers souvent sensationnels dans un style inconnu alors en Israël, tout en militant pour la coexistence avec la population arabe et en faveur de la création d’un Etat palestinien. Haolam Haze exercera une influence considérable sur la presse israélienne.

    Engagé tout à la gauche de l’échiquier politique israélien, il est élu au Parlement en 1965. Il y passera 10 ans en tout.

    En 1994, il fonde une ONG pacifiste, Gush Shalom (Bloc de la paix), en marge des autres mouvements pacifistes car plaidant pour le droit au retour des Palestiniens et de leurs descendants sur les terres dont ils ont été chassés ou qu’ils ont fuies à la création d’Israël en 1948.

    Ecrivain prolifique, il écrit une dizaine de livres, dont, en 2014, son autobiographie intitulée « optimiste ».

    Il a reçu de nombreux prix internationaux, dont le Prix de la paix Erich-Maria Remarque en 1995.

    Il avait été admis il y a plusieurs jours à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv à la suite d’un accident vasculaire cérébral.

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    Uri Avnery, Veteran Peace Activist and Among First Israelis to Meet Arafat, Dies at 94
    Ofer Aderet - Aug 20, 2018 7:21 AM
    https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-uri-avenry-veteran-peace-activist-dies-at-94-1.6364250

    The Gush Shalom founder was one of the first Israelis to actively seek a Palestinian state as a peaceful solution to the conflict: ‘The difference between a freedom fighter and a terrorist depends on your perspective’

  • Assassinat d’un pilier du programme chimique et balistique syrien
    Le Monde | 07.08.2018 à 10h32 • Mis à jour le 07.08.2018 à 15h20 | Par Jacques Follorou et Laure Stephan (Beyrouth, correspondance)
    Un groupe islamiste a revendiqué l’attentat, mais Aziz Asber était aussi une cible du Mossad.
    https://www.lemonde.fr/syrie/article/2018/08/07/assassinat-d-un-pilier-du-programme-chimique-et-balistique-syrien_5340040_16

    Le visage d’Aziz Asber était inconnu du grand public jusqu’à l’annonce, dimanche 5 août, par un journal proche du régime, de sa mort dans un attentat contre son véhicule près de la ville de Masyaf, dans le centre de la Syrie. Pourtant, ce personnage paraît avoir été un pilier de l’arsenal chimique et militaire syrien. Tué avec son chauffeur, samedi soir, probablement par l’explosion d’un engin positionné sur la route qu’il empruntait, peu après avoir quitté son domicile, ce physicien de formation était une figure importante du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), l’entité chargée du développement et de la production d’armes non conventionnelles, dont les armes chimiques et les missiles vecteurs. (...)

  • Kamal Nasser « Les rêves de mon peuple »
    L’Humanité | Mardi, 7 Août, 2018 | Joseph Andras
    https://www.humanite.fr/kamal-nasser-les-reves-de-mon-peuple-658941

    (...) Kamal Nasser avait coutume de marcher dans Beyrouth un livre de poésie à la main : cela, ils le savaient. Comme ils savaient qu’il se trouvait là, dans une chambre au troisième étage, penché sur une machine à écrire sur la table de la salle à manger, là, bel et bien là, en train de rédiger quelque communiqué. Pains de plastic. Porte explosée. Le commando s’engouffra, Nasser, pas même 50 ans, se saisit d’une arme et ouvrit le feu sur l’un des agents avant de s’écrouler tandis que ses camarades étaient abattus dans leurs chambres respectives. L’opération, dite « Printemps de la jeunesse », fut un franc succès pour les autorités israéliennes, soucieuses de venger la meurtrière prise d’otages des jeux Olympiques de Munich : pour un œil, les deux yeux.

    Né Pierre Abraham Jacob Kamal Nasser un jour de 1925, le poète grandit à Bir Zeit, dans l’actuelle Cisjordanie – le village comptait alors moins de 900 âmes, chrétiennes pour la plupart –, puis étudia les sciences politiques à l’American University of Beirut et le droit à Jérusalem. Il enseigna à l’école Ahliyeh, à Ramallah, l’année de la Nakba – la « catastrophe », autrement dit la création de l’État d’Israël, l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens et la destruction de trop nombreux villages.
    (...)
    L’essayiste américain Mark Ensalaco indiquera en 2011 que Nasser fut assassiné « pour ses mots davantage que pour ses actes », ne comptant pas au nombre des organisateurs de Munich.

    L’un de ses vers appelait à « la révolution du retour » ; un demi-siècle plus tard, les présents mots s’étirent tandis que par centaines tombent à Gaza les manifestants de la Marche du même nom.

  • BALLAST | Mai Masri : « Sans la caméra, les faits n’existent plus »
    Publié le 26 juillet 2018
    https://www.revue-ballast.fr/mai-masri-sans-la-camera-les-faits-nexistent-plus

    Nous retrouvons la cinéaste Mai Masri à Aubervilliers — née en Jordanie d’un père palestinien et d’une mère texane, élevée à Beyrouth, elle est, depuis le début des années 1980, l’auteure de onze films. La quatrième édition du festival Ciné-Palestine a récemment consacré une rétrospective à son œuvre documentaire et fictionnelle. Le cinéma, écrivit-elle un jour, « est devenu un moyen de recréer la Palestine et de donner un sens à nos vies déracinées et à nos récits déchirés1 ». C’est donc, à l’heure où Gaza n’en finit pas de compter ses morts, de neuvième art et de résistance à l’occupation dont nous parlons : un art visant à « prendre le contrôle de la narration » face aux récits en place ; un combat que les Palestiniennes investissent chaque jour un peu plus. (...)

  • Syrie : l’armée déployée sur la ligne de démarcation avec le Golan - Moyen-Orient
    Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh - RFI - Publié le 30-07-2018 Modifié le 30-07-2018 à 23:42
    http://www.rfi.fr/moyen-orient/20180730-syrie-armee-deployee-ligne-demarcation-golan

    L’armée syrienne a annoncé avoir repris le contrôle de la totalité de la ligne de démarcation avec les forces israéliennes sur le plateau du Golan. Le régime contrôle désormais tout le sud-ouest syrien.

    L’armée syrienne s’est redéployée sur l’ensemble de la ligne de démarcation avec le Golan occupé par Israël depuis 1967, allant de la frontière avec le Liban, à l’ouest, à la Jordanie, au sud.

    Cette ligne était contrôlée, depuis 2012, par des mouvements rebelles et une brigade extrémiste appelée l’Armée Khalid Ibn al-Walid, qui a prêté allégeance au groupe Etat islamique.

    Dans un premier temps, l’armée syrienne a repris toutes les régions qui étaient aux mains des rebelles dans les provinces de Daraa, frontalière de la Jordanie, et de Quneitra, au nord du Golan. Puis les troupes gouvernementales se sont attaquées à une enclave de 250 kilomètres carrés dans le bassin du Yarmouk, limitrophes du Golan, et contrôlée par les jihadistes.

    Ce lundi, l’armée syrienne a repris les dernières positions de la brigade affiliée au groupe Etat islamique, ce qui lui a permis d’arriver jusqu’à la clôture de sécurité installée par les Israéliens sur le plateau stratégique.

    Avec cette nouvelle victoire, l’armée syrienne contrôle désormais l’ensemble du sud-ouest syrien. Seuls la province d’Idleb, au nord-ouest, une partie de la voisine limitrophe d’Alep, et l’est du pays, aux mains des Kurdes, lui échappent encore.

    #Syrie

  • Syrie : Les Kurdes se tournent vers Damas pour négocier l’autonomie
    par Ellen Francis - Reuters26 juillet 2018 - (Avec la contribution de Rodi Saïd dans le nord de la Syrie et Tom Perry à Beyrouth ; Jean Terzian pour le service français, édité par Tangi Salaün)
    https://fr.news.yahoo.com/syrie-les-kurdes-se-tournent-vers-damas-pour-111801882.html

    BEYROUTH (Reuters) - Les Kurdes syriens, qui se méfient des Etats-Unis, allié devenu imprévisible, sont plus que jamais disposés à négocier avec le régime de Bachar al Assad afin de conserver leurs acquis depuis le début de la guerre civile.

    Les principaux groupes kurdes figurent parmi les rares bénéficiaires du conflit en Syrie. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), milice à dominante kurde, ont pris le contrôle d’une bonne part du nord du pays, région qui jouit d’une autonomie de fait depuis le début de la guerre.

    En plus de sept années de conflit, les Kurdes ont pour la plupart évité de s’opposer frontalement au régime d’Assad, au côté duquel ils ont même combattu les insurgés et les forces turques dans la région d’Afrin, près de la frontière avec la Turquie.

    Une négociation s’est ouverte entre les Kurdes et le gouvernement syrien sur le retour des fonctionnaires et la réparation d’une des infrastructures les plus importantes de Syrie : le barrage de Taqba, le plus grand du pays, dont les FDS ont repris le contrôle au groupe djihadiste Etat islamique (EI) l’an dernier avec l’appui aérien des Etats-Unis.

    Selon un haut représentant kurde, les milices pourraient prêter main forte à une éventuelle offensive des forces pro-gouvernementales dans la province d’Idlib (nord-ouest), où se sont regroupés la majorité des rebelles, et coopérer davantage avec le pouvoir syrien face à l’offensive turque. (...)

  • Méditerranée Moyen-Orient : quand la terre fait la politique
    iReMMO - Ajoutée le 20 juil. 2018
    https://www.youtube.com/watch?v=Va6-RCsScYc&feature=youtu.be

    Les Midis de l’iReMMO - Méditerranée Moyen-Orient : quand la terre fait la politique Mercredi 6 juin 2018 Rencontre avec : Pierre Blanc, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, docteur en géopolitique (HDR), enseignant à Bordeaux sciences agro et à Sciences Po Bordeaux. Il est également professeur invité à l’USJ (Beyrouth), à Sciences Po Lyon, à l’Ena et au CIHEAM. Rédacteur en chef de Confluences Méditerranée, il dirige aussi la collection de la Bibliothèque de l’iReMMO. Chercheur au LAM (Sciences Po/CNRS), il concentre ses recherches sur les dynamiques de violences au Moyen-Orient et en Méditerranée, en particulier dans leur combinaison à la question des ressources (eau et terre) ; ainsi que sur l’agropolitique, autrement dit l’influence des questions agraires sur l’histoire politique.

  • L’activité du port de Tripoli va quadrupler à partir d’août - Philippe HAGE BOUTROS - L’Orient-Le Jour

    La direction du terminal conteneurs mise sur le déblocage de la frontière syro-jordanienne pour accélérer son développement à long terme.

    Août sera sans doute marqué d’une pierre blanche pour Gulftainer Lebanon, la société chargée de la gestion du terminal conteneurs du port de Tripoli, le deuxième port du pays après Beyrouth.
    Selon son président, Antoine E. Amatouri, la filiale libanaise de l’opérateur portuaire émirati s’attend à voir l’activité dans le port quadrupler, passant d’une moyenne de 1000 à 2000 conteneurs équivalents 20 pieds (EVP, unité standard) par mois à environ de 8000 dès le mois prochain.
    Une hausse qui va être principalement liée, selon lui, à la décision de CMA CGM de renforcer sa présence dans ce port, en l’intégrant dans son offre de services reliant l’Europe du Nord à l’Asie du Sud-Est (SEANE) à partir du 16 août. Le transporteur n’a pas encore communiqué sur cette décision, qui a également été révélée lundi au site d’informations businessnews.com.lb par le directeur du port de Tripoli, Ahmad Tamer.
    CMA CGM, qui s’est positionné à Tripoli à partir de 2016 et qui détient 20 % du capital de Gulftainer Lebanon, assure déjà une escale hebdomadaire depuis octobre dernier dans le port de la ville, qui fait partie des destinations desservies via son service Wemed reliant les pays de l’Est de la Méditerranée à ceux de l’Ouest.

    (...) Gulftainer Lebanon prévoit également le démarrage d’un service de navires collecteurs (feeder ships en anglais) pour répartir les conteneurs entre les ports de Tripoli et Lattaquié, en Syrie.

    L’opérateur libanais a enfin estimé que la perspective de la réouverture prochaine de la frontière syro-jordanienne allait renforcer l’attractivité du terminal conteneurs auprès des transporteurs mondiaux. Le 6 juillet, le régime syrien avait repris le contrôle du poste-frontière de Nassib au sud du pays aux rebelles qui l’occupaient depuis avril 2015. Ce nouvel épisode du conflit syrien qui a éclaté en 2011 doit en principe permettre le déblocage des voies d’exportations terrestres entre le Liban et les pays du Golfe, et faciliter le transit vers l’Irak. La fermeture de la frontière avait particulièrement pénalisé les agriculteurs libanais qui destinaient une importante partie de leur production aux marchés du Golfe, obligeant l’État à subventionner l’acheminement de leurs produits vers l’Arabie saoudite en roulier (navires équipés pour transporter des camions) via le canal de Suez.

    #liban #syrie #reconstruction

    • Concernant la réouverture prochaine de la frontière syro-jordanienne, la l’avenir proche n’est pas vraiment rose pour les libanais selon Al Akhbar :
      جريدة الأخبار
      https://al-akhbar.com/Politics/254488

      أما بشان البند الآخر المتعلق بالمعابر الحدودية مع الأردن والعراق، فقد علمت «الأخبار» أن دمشق لا تفكر في فتح المعابر قريباً مع العراق والأردن، وأن الخطوة إن حصلت ستكون محدودة جداً ومحصورة بالتجار السوريين، وأنه لا يمكن الصادرات اللبنانية العبور إلى الدول العربية عبر سوريا إلا بعد اتفاق رسمي يحصل بين الحكومتين اللبنانية والسورية. ونقلت مصادر سورية عن مرجع كبير في دمشق أن سوريا لن تقدم خدمات مجانية لأحد بعد اليوم، وأن الحكومة اللبنانية والقوى السياسية اللبنانية والسلطات اللبنانية كافة، من الرئاسات إلى الوزارات إلى الجهات الأخرى، يتحملون المسؤولية الكاملة عن أي أضرار تصيب المزارعين والتجار في لبنان، وقال المرجع إن صادرات دمشق الحالية محصورة جداً في هذه الفترات، وبالتالي إذا كان لبنان أو غيره من الدول العربية يحتاجون هذه المعابر، «فليجدوا الطريقة الأنسب للتواصل مع الحكومة السورية».

  • Une nouvelle masculinité prend forme dans le monde arabo-musulman
    https://www.lemonde.fr/series-d-ete-2018/article/2018/07/16/une-nouvelle-masculinite-prend-forme-dans-le-monde-arabo-musulman_5331895_53

    Fin du patriarcat (1/5). En quelques années, les féministes ont remporté différentes victoires dans les pays du Proche-Orient. Beaucoup reste à faire, mais pour l’écrivaine Malu Halasa, le mouvement engagé ne sera pas facilement arrêté.

    Le Monde | 16.07.2018 à 06h23 • Mis à jour le 16.07.2018 à 07h13 | Par Malu Halasa (romancière et journaliste)

    Sur la Corniche de Beyrouth, une étrange installation de robes de mariée flottant dans la brise marine comme des fantômes a frappé l’imaginaire des Libanais. Il s’agit de l’une des nombreuses interventions menées en 2017 par l’ONG Abaad, qui parvint à convaincre les parlementaires libanais d’abroger l’article 522 autorisant un violeur à échapper à la prison s’il épouse sa victime. Il se pourrait bien que les féministes, les politologues et les historiens se penchent à l’avenir sur cette année 2017 pour identifier les facteurs qui auront enclenché la fin du patriarcat arabe .

    J’ai pas envie de lire ce qui est derrière le #Paywall mais je suis subjuguée de découvrir que le patriarcat est mort et qu’il ne tenait qu’à une seule loi, une loi libanaise qui autorisait un violeur à échapper à la prison s’il épouseait sa victime. Je sais pas qui est Malu Halasa mais elle à l’air aussi connaisseuse en patriarcat que Jean-Pierre Pernaud
    http://next.liberation.fr/images/2017/03/31/au-jt-de-france-2-un-curieux-reportage-sur-un-camp-catholique-mascul

    • Mais il y a pire, pour Todd c’est carrément le Matriarcat (CAD l’oppression des hommes par les femmes) en occident !

      Pour Todd, nous sommes face à une « mutation anthropologique comparable à la révolution néolithique, plus encore qu’à la révolution industrielle », marquée notamment par un vieillissement inédit de la population, une hausse spectaculaire du niveau éducatif et un dépassement, sur ce plan, des hommes par les femmes…

      Ainsi, juge-t-il, « l’Occident ne souffre pas seulement d’une montée des inégalités et d’une paralysie économique. Il est engagé dans une mutation anthropologique qui combine, pour ne citer que l’essentiel, éducation supérieure de masse, vieillissement accéléré, élévation du statut de la femme et peut-être même matriarcat ».

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/150718/emmanuel-todd-un-basculement-inedit-de-l-histoire-de-l-humanite

      C’est sur qu’en ces temps de grande fête du footre et de liesse pour la possession de la grosse couille d’or, on le sent vachement le matriarcat !

  • Le célèbre quotidien panarabe Al-Hayat tire sa révérence à Beyrouth
    TSA – AFP 30 Juin 2018
    https://www.tsa-algerie.com/le-celebre-quotidien-panarabe-al-hayat-tire-sa-reverence-a-beyrouth

    Le prestigieux quotidien panarabe Al-Hayat, fondé à Beyrouth en 1946 et détenu par des capitaux saoudiens, ferme samedi ses portes dans la capitale libanaise, sur fond de difficultés économiques dans le pays et la région.

    “Aujourd’hui le bureau de Beyrouth tire sa révérence, alors que la diffusion du format papier s’est déjà estompée début juin”, regrette un journaliste sous le couvert de l’anonymat.

    Il a été décidé de fermer “tous les bureaux à l’étranger pour des raisons financières et de transférer le quartier général à Dubaï, après la fermeture du siège central à Londres” début 2018, ajoute une source au sein du quotidien.

    Le bureau de Beyrouth employait une centaine de personnes, dont la moitié sont des journalistes, impliqués dans la production du quotidien et d’un magazine de variétés. Le sort de ces derniers reste, pour l’instant, inconnu.

    Le quotidien comptait deux éditions. l’une internationale, diffusée à partir de Beyrouth jusqu’à début juin et l’autre, saoudienne, destinée au marché local qui continuera d’exister. (...)

  • La paix est un cliché : lorsque l’Occident ne peut pas contrôler le monde sans opposition, cela signifie la guerre Andre Vltchek - Traduit de l’anglais par Diane Gilliard pour Investig’Action 6 Juin 2018
    https://www.investigaction.net/fr/la-paix-est-un-cliche-lorsque-loccident-ne-peut-pas-controler-le-mon

    L’Occident aime à se penser comme une « partie du monde qui aime la paix ». Mais est-ce le cas ? Vous l’entendez partout, de l’Europe à l’Amérique du Nord puis à l’Australie, avant de revenir en Europe : « Paix, paix, paix ! » . C’est devenu un cliché, un slogan, une recette pour obtenir des financements, de la sympathie et du soutien. Vous dites « la paix » et vous ne pouvez vraiment pas vous tromper. Cela veut dire que vous êtes un être humain compatissant et raisonnable.
     
    Dédié à mon ami, le philosophe John Cobb, Jr.


    Chaque année, des « conférences pour la paix » sont organisées partout où la paix est vénérée et même exigée. J’ai récemment assisté à l’une d’elles en tant qu’orateur principal, sur la côte ouest du Danemark.

    Si un poids lourd des correspondants de guerre comme moi y assiste, il sera choqué. Les thèmes de discussion habituels y sont superficiels et choisis pour qu’on se sente bien.

    Au mieux, « à quel point le capitalisme est mauvais » et comment « tout tient au pétrole ». Rien sur la culture génocidaire de l’Occident. Rien sur les pillages permanents et séculaires et les avantages que pratiquement tous les Occidentaux en retirent.

    Au pire, il s’agit de savoir combien le monde est mauvais – le cliché « les gens sont tous les mêmes ». Il y a aussi de plus en plus de sorties bizarres et mal informées contre la Chine et la Russie, souvent qualifiées par les néocons occidentaux de « menaces » et de « puissances rivales ».

    Les participants à ces rassemblements s’accordent pour dire que « la paix est bonne » et que « la guerre est mauvaise ». Ces déclarations sont suivies de grandes ovations et de petites tapes mutuelles dans le dos. Peu de larmes sincères sont versées.


    Les raisons de ces démonstrations sont cependant rarement interrogées. Après tout, qui demanderait la guerre ? Qui aurait envie de violence, de blessures horribles et de mort ? Qui voudrait voir des villes rasées et carbonisées et des bébés abandonnés en pleurs ? Tous cela semble très simple et très logique.

    Mais alors pourquoi entendons-nous si rarement ce « discours de paix » de la part des pays africains dévastés et toujours colonisés de fait ou du Moyen-Orient ? Ne sont-ce pas eux qui souffrent le plus ? Ne devraient-ils pas rêver de paix ? Ou, peut-être, sommes-nous tous en train de manquer l’élément essentiel ?

    Mon amie Arundhati Roy, une grande écrivaine et intellectuelle indienne, a écrit en 2001, en réaction à la « guerre contre le terrorisme » occidentale : « Lorsqu’il a annoncé les frappes aériennes, le président George Bush a dit : “Nos sommes une nation pacifique.” L’ambassadeur préféré de l’Amérique, Tony Blair (qui occupe également le poste de Premier ministre du Royaume-Uni) lui a fait écho : “Nous sommes un peuple pacifique.” Maintenant, nous savons. Les porcs sont des chevaux. Les filles sont des garçons. La guerre, c’est la paix. »

    Lorsqu’elle sort de la bouche des Occidentaux, la « paix » est-elle vraiment la paix, la « guerre » est-elle vraiment une guerre ?

    Les habitants de cet « Occident libre et démocratique » ont-ils encore le droit de poser ces questions ?

    Ou la guerre et la paix, et la perception de la paix, ne sont-elles qu’une partie du dogme qu’il n’est pas permis de contester et qui est « protégé » par la culture occidentale et ses lois ?

    Je ne vis pas en Occident et je ne veux pas y vivre. Par conséquent, je ne suis pas sûr de ce qu’ils sont autorisés à dire et à remettre en question là-bas. Mais nous, les chanceux qui sommes « à l’extérieur » et donc pas totalement conditionnés, contrôlés et endoctrinés, nous ne cesserons certainement pas de poser ces questions de sitôt ; ou, pour être précis, jamais !


    J’ai reçu récemment par le biais de Whatsapp une chaîne de messages de mes amis et camarades d’Afrique de l’Est – pour la plupart des jeunes de gauche, des leaders révolutionnaires, des intellectuels et des militants :

    « L’Afrique libre est une Afrique socialiste ! Nous sommes prêts pour la guerre ! Les jeunes Africains sont en feu ! Mort aux forces impérialistes ! Vive la Révolution bolivarienne ! Coopération Sud-Sud !

    Aujourd’hui, nous menons la bataille dans les rues ! L’Afrique doit s’unir ! »

    De telles déclarations pourraient paraître « violentes » et donc même être qualifiées d’« illégales » si elles étaient prononcées ouvertement en Occident. Quelqu’un pourrait finir à Guantanamo pour cela, ou dans une « prison secrète de la CIA ». Il y a quelques semaines, j’ai parlé directement à ces jeunes – des dirigeants de l’opposition de gauche en Afrique de l’Est – à l’ambassade du Venezuela à Nairobi, au Kenya. Oui, ils étaient en ébullition, ils étaient outragés, déterminés et prêts.

    Pour ceux qui ne connaissent pas bien le continent, le #Kenya a été pendant des années et des décennies, un avant-poste de l’impérialisme britannique, américain et même israélien en Afrique de l’Est. Il jouait le même rôle que l’Allemagne de l’Ouest pendant la guerre froide : un paradis du lèche-vitrine, rempli de biens et de services de luxe.


    Dans le passé, le Kenya était censé éclipser l’expérience socialiste de la Tanzanie dirigée par Nyerere.

    Aujourd’hui, environ 60% des Kenyans vivent dans des bidonvilles, dont certains sont parmi les plus durs d’Afrique. Certaines de ces « implantations », comme Mathare et Kibera, abritent au moins un million de personnes dans les conditions les plus abjectes et les plus terribles. Il y a quatre ans, lorsque je réalisais mon film documentaire dans ces bidonvilles, pour le réseau sud-américain TeleSur, j’ai écrit :

    « … Officiellement, il y a la paix au Kenya. Pendant des décennies, le Kenya a fonctionné comme un État client de l’Occident, mettant en place un régime de marché sauvage, accueillant des bases militaires étrangères. Des milliards de dollars y ont été faits. Mais presque nulle part sur la terre la misère n’est plus brutale qu’ici. »

    Deux ans plus tôt, en filmant mon « Tumaini » près de la ville de Kisumu et de la frontière ougandaise, j’ai vu des hameaux entiers, vides comme des fantômes. Les gens avaient disparu, était morts – du sida et de faim. Mais cela s’appelait encore la paix.

    La paix, c’était quand les médecins militaires américains opéraient à ciel ouvert des Haïtiens désespérément pauvres et malades, dans le célèbre bidonville de Cité Soleil. J’ai vu et j’ai photographié une femme, allongée sur une table de fortune, se faire retirer sa tumeur avec seulement des anesthésiques locaux. J’ai demandé aux médecins nord-américains pourquoi c’était comme ça. Je savais qu’il y avait une installation militaire de premier ordre à deux minutes de là.

    « C’est ce qui se rapproche le plus d’une situation de combat réelle », a répondu un médecin avec franchise. « Pour nous, c’est une excellente formation. »

    Une fois l’intervention chirurgicale terminée, la femme s’est levée, soutenue par son mari effrayé, et a marché vers l’arrêt de bus.

    Oui, tout ceci est, officiellement, la paix.


    À #Beyrouth, au #Liban, j’ai récemment participé à une discussion sur « Écologie de la guerre », un concept scientifique et philosophique créé par plusieurs médecins moyen-orientaux du Centre médical AUB. Le Dr Ghassan « Gus », le chef du département de chirurgie plastique de ce centre au Liban, a expliqué :

    « La #misère, c’est la guerre. La destruction d’un État fort mène au conflit. Un grand nombre de gens sur notre planète vivent en fait dans un conflit ou une guerre, sans même le réaliser : dans des bidonvilles, dans des camps de réfugiés, dans des États totalement faillis ou dans des camps de réfugiés. »

    Au cours de mon travail dans presque tous les coins dévastés du monde, j’ai vu des choses beaucoup plus horribles que ce que j’ai décrit ci-dessus. Peut-être en ai-je trop vu – toute cette « paix » qui a arraché les membres des victimes, toutes ces huttes en feu et toutes ces femmes hurlantes, ou ces enfants mourant de maladie et de faim avant d’atteindre l’adolescence.

    J’ai écrit longuement sur la guerre et la paix dans mon livre de 840 pages, Exposing Lies Of The Empire.

    Lorsque vous faites ce que je fais, vous devenez comme un médecin : vous ne pouvez qu’assister à toutes ces horreurs et ces souffrances, parce que vous êtes là pour aider, pour révéler la réalité et pour faire honte au monde. Vous n’avez pas le droit de vous décomposer, de vous effondrer, de tomber et de pleurer.

    Mais ce que vous ne pouvez pas supporter, c’est l’hypocrisie. L’hypocrisie est « à l’épreuve des balles ».

    Elle ne peut pas être éclairée par des arguments précis, la logique et par des exemples. L’hypocrisie en Occident est souvent ignorante, mais elle n’est qu’égoïste la plupart du temps.


    Alors qu’est-ce que la vraie paix pour les gens en Europe et en Amérique du Nord ? La réponse est simple : c’est un état des choses dans lequel aussi peu d’Occidentaux que possible sont tués ou blessés.

    Un état de choses dans lequel le flot des ressources des pays pauvres, pillés et colonisés s’écoule sans interruption, principalement vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

    Le prix d’une telle paix ? Le nombre d’Africains, de Latino-Américains ou d’Asiatiques qui meurent à la suite de cette organisation du monde est totalement sans importance.

    La paix, c’est quand les intérêts commerciaux de l’Occident ne sont pas menacés, même si des dizaines de millions d’êtres humains non blancs disparaissent au cours du processus.

    La paix, c’est lorsque l’Occident peut contrôler le monde politiquement, économiquement, idéologiquement et « culturellement » sans rencontrer d’opposition.

    La « guerre », c’est quand il y a rébellion. La guerre, c’est lorsque le peuple des pays pillés disent « non ! ». La guerre, c’est lorsqu’ils refusent subitement d’être violés, volés, endoctrinés et assassinés.

    Lorsqu’un tel scénario se produit, la réaction immédiate de l’Occident « pour restaurer la paix » est de renverser le gouvernement du pays qui essaie de prendre soin de son peuple. De bombarder les écoles et les hôpitaux, de détruire l’approvisionnement en eau potable et en électricité et de jeter des millions de gens dans la misère et l’agonie.

    C’est ce que l’Occident pourrait bientôt faire à la Corée du Nord (RPDC), à Cuba, au Venezuela, à l’Iran – des pays qui, pour l’instant, ne sont tourmentés « que » par des sanctions et une « opposition » mortelle soutenue par l’étranger. Dans le vocabulaire occidental, « paix » est synonyme de « soumission ». Une soumission totale, sans condition. Toute autre chose est la guerre ou pourrait potentiellement y conduire.

    Pour les pays opprimés et dévastés, y compris les pays d’Afrique, appeler à la résistance serait, au moins dans le vocabulaire occidental, synonyme d’« appel à la violence », et par conséquent illégal. Aussi « illégal » que les appels à la résistance dans les pays occupés par les forces allemands nazies pendant la Seconde Guerre mondiale. Il serait donc logique de qualifier l’approche et l’état d’esprit occidentaux de « fondamentalistes » et de profondément agressif.

     

    #Paix #guerre #géopolitique #geopolitics #dogme #Occident #conférences-pour-la-paix #Occident #Haïti #médecins #formation #Écologie #Écologie-de-la-guerre

  • Il y a dix ans déjà ... 2 juin 2006 à Paris. En commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir
    https://www.facebook.com/jad.tabet.37/posts/236349126746578
    Jad Tabet #Liban

    Il y a dix ans déjà ... 2 juin 2006 à Paris. En commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir.

    « Nous voilà donc rassemblés à nouveau, en ce 2 juin 2006, pour commémorer cette fois ci le premier anniversaire de l’assassinat de Samir Kassir.

    Commémorer…Que ce terme paraît étrange dans ces circonstances…

    Je me souviens d’une discussion avec Samir, il y a de cela quelques années déjà, dans l’une de ces séances que nous nous plaisions à appeler les séances « roues libres » qui duraient parfois des heures, attablés dans un café du bord de mer ou du centre-ville de Beyrouth. Ce jour là, je ne sais à l’initiative de lequel d’entre nous deux, la discussion portait sur les notions d’espace et de temps que nous abordions, lui à travers sa formation d’historien et moi à travers ma pratique d’architecte.

    Je soutenais que la notion d’espace était étrangère à la culture arabe, et j’en voulais pour preuve qu’il n’existe pas de terme spécifique dans notre langue pour désigner cette notion, qu’on devait se contenter d’approcher à travers des détours approximatifs : le terme de fada’a par exemple, qui désigne le vide, ou celui de mada qui désigne l’étendue, ou encore celui de majal qui désigne le domaine. Je soutenais aussi que la notion d’espace avait été phagocytée par la notion de temps, le temps de l’histoire bien entendu, mais aussi celui de la vie quotidienne, le temps des cinq prières journalières, le temps du cycle lunaire qui règle le jeûne et sa rupture, le temps du pèlerinage et des transhumances, qui existait déjà bien avant l’islam.

    Samir n’était pas d’accord. Le drame des sociétés arabes contemporaines disait-il, résidait tout d’abord dans leur rapport au temps. Prisonnières d’une lecture fétichiste de leur histoire, elles se sont enfermées dans l’idolâtrie d’un supposé âge d’or, après lequel il n’y aurait plus eu qu’échecs et malheurs. La victimisation qui caractérise le regard que les arabes portent sur eux même aujourd’hui procède de cette lecture an-historique et constitue l’une des composantes de ce qu’il appellera plus tard « le malheur arabe ». Et il ajoutait que l’un des signes les plus évidents de ce regard tronqué sur l’histoire se manifeste dans la propension maladive des sociétés arabes contemporaines à se complaire dans les commémorations rituelles.

    Anniversaires de coups d’état ou de prise du pouvoir par tel ou tel dictateur, élevés au rang d’évènements historiques, mais aussi commémoration des défaites : celle de la partition de la Palestine tout d’abord, puis celle de la débâcle de 1967, celle de la chute de Jérusalem et peut-être demain disait-il, celle de la chute de Bagdad.

    C’est à travers ces commémorations rituelles, me disait-il alors, que s’exprime peut-être le mieux ce mal endémique dont souffrent les sociétés arabes contemporaines dans leur incapacité à générer un processus d’accumulation historique.

    Que dirait Samir aujourd’hui s’il était parmi nous ?

    Peut-être prendrait-il son air ironique, pour nous prévenir que nous risquons de succomber à notre tour au mimétisme des commémorations rituelles.

    Ou peut-être nous rappellerait-il que le temps des commémorations n’est pas encore venu, que la dynamique du 14 mars s’est heurtée aux compromissions des politiques et à la barbarie des tueurs, et qu’il reste devant nous un long chemin à parcourir, pour que la promesse d’une nouvelle modernité arabe, qui a éclos à Beyrouth il y a un an, puisse surmonter les blocages de nos sociétés, coincées entre la tyrannie des régimes autoritaires et le rigorisme du fondamentalisme religieux.

    D’ici là, il nous faudra continuer à résister de toutes nos forces.

    Il faudra continuer à nous rassembler à nouveau comme aujourd’hui, non pour commémorer, mais pour témoigner que, malgré la profondeur de la nuit arabe, la promesse de l’aube reste toujours intacte. »