city:cannes

  • Mariage princier : le jury s’est montré sensible aux causes à défendre
    Festival de Cannes : « l’identité noire » célébrée par les médias

    Au Vénézuela, les pro-avortements font campagne en vêtements
    En Irlande, une présidentielle boycottée par l’opposition

    Education nationale, le réalisateur Luc Besson fait le bilan d’un an de réformes
    Jean-Michel Blanquer visé par une plainte pour viol

    #de_la_dyslexie_creative

  • Notre-Dame-des-Landes : « Nous, cinéastes, appelons à filmer et à défendre ce territoire qui bat et se bat »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/17/notre-dame-des-landes-nous-cineastes-appelons-a-filmer-et-a-defendre-ce-terr

    Nous, qui travaillons dans le cinéma, avons entendu l’appel en soutien à la ZAD dans le film Vent d’Ouest, d’abord attribué à Jean-Luc Godard puis salué comme une habile parodie. Cela nous rappelle son manifeste de 1970 intitulé Que Faire ?, dont sont tirées ces phrases très connues : « 1. Il faut faire des films politiques. 2. Il faut faire politiquement des films. »

    Ces deux propositions dialectiques constituent les fondations d’un texte magnifique, qui brouille les frontières entre politique et cinéma tout en affirmant la nécessité de préciser nos positions. Car celles-ci se prennent mais ne s’additionnent pas. On ne peut pas être du côté de la police et des manifestants et manifestantes. Faire 1, c’est croire qu’il y a des vrais et des faux films. Faire 2, c’est savoir que la vérité est dans la lutte.

    Alors, si ce film est un faux de Godard, la vérité c’est que nous y avons entendu un appel. La vérité, c’est qu’il y a des expulsions à Notre-Dame-des-Landes, c’est que des personnes qui luttent auront leurs maisons détruites. Des personnes qui se sont battues, des années durant, contre des aménageurs, un aéroport et leur monde, et qui ont gagné. La vérité, c’est que l’Etat s’acharne à détruire des expériences communes, des tentatives d’organisations qui s’inventent encore et toujours, une nature qui se défend et les vies multiples qui l’habitent. Et nous prenons position, en tant que cinéastes.

    Continuité dans les forces de révolte

    Nous sommes au mois de mai 2018. Cinquante ans après, on commémore Mai 68. Et de commémorations en commémorations, on paralyse l’action en la muséifiant. On ignore les réfugiés et réfugiées, les cheminots et cheminotes, les étudiants et étudiantes, les postiers et postières, le personnel médical et la répression quotidienne dans les banlieues. Lors de sa conférence de presse à Cannes, Godard a établi une continuité dans ces forces de révolte, entre Mai 68 et les zadistes aujourd’hui. Alors, soyons présents et agissons avec nos mains, positionnons-nous avec nos yeux, regardons avec nos pieds et imaginons mille manières de vivre. « Faire 2, c’est savoir se servir des images et des sons comme les dents et les lèvres pour mordre. »

    Nous, cinéastes, appelons donc à « mordre », c’est-à-dire à filmer et à défendre ce territoire qui bat et se bat. Car défendre la ZAD lorsque l’on fait du cinéma, c’est défendre une idée de l’expérimentation, c’est défendre un lieu réel qui lutte pour construire des imaginaires, d’autres imaginaires, pour dessiller le regard et supprimer l’agonie.

    Liste des principaux signataires : Julie Bertuccelli (cinéaste) ; Serge Bozon (cinéaste) ; Jean-Stéphane Bron (cinéaste) ; Dominique Cabrera (cinéaste) ; Lou Castel (acteur) ; Jean-Paul Civeyrac(cinéaste) ; Jean-Louis Comolli (cinéaste, écrivain) ; Catherine Corsini (cinéaste) ; Pedro Costa (cinéaste) ; Marina Déak (cinéaste) ; Yann Dedet (monteur, cinéaste) ; Vincent Dieutre (cinéaste) ; Alice Diop (cinéaste) ; Jean-Pierre Duret (cinéaste, ingénieur du son) ; Victor Erice(cinéaste) ; Esther Garrel (actrice) ; Philippe Garrel (cinéaste) ; Miguel Gomes (cinéaste) ; Robert Guédiguian (cinéaste) ; Alain Guiraudie(cinéaste) ; Adèle Haenel (actrice) ; Clotilde Hesme (actrice) ; Aki Kaurismäki (cinéaste) ; Nicolas Klotz (cinéaste) ; Sophie Letourneur (cinéaste) ; Bertrand Mandico (cinéaste) ; Valérie Massadian (cinéaste) ; Mariana Otero (cinéaste) ; Arnaud des Pallières (cinéaste) ; Joao Pedro Rodrigues (cinéaste) ; Elisabeth Perceval (cinéaste) ;Thierry de Peretti (cinéaste) ; Nahuel Pérez Biscayart (acteur) ; Serge Le Péron (cinéaste) ; Joana Preiss (actrice, cinéaste) ; Ben Rivers(cinéaste) ; Jonathan Rosenbaum (critique) ; Ben Russell (cinéaste) ; Thomas Salvador (cinéaste) ; Claire Simon (cinéaste) ; Pierre Trividic (cinéaste, scénariste) ; Paul Vecchiali (cinéaste) ; Akram Zaatari (cinéaste).

    #ZAD #NDDL #Notre-Dame-des-Landes #territoires #cinéma #cinéma_militant

  • Quatre chemises blanches - Četri balti krekli (1967) cinéma letton
    Film censuré en 1967 par les soviétiques

    Le film du presque centenaire réalisateur letton Rolands KALNINS , a attendu l’année 2018 pour être vu au Festival du Cinéma de Cannes après avoir été censuré par l’occupant soviétique.

    https://youtu.be/aleHzUI8Vbg

    Le film se déroule dans les années 1960 en Lettonie dans sa capitale Riga. Technicien des services téléphoniques, poète et compositeur amateur, Cēzars Kalniņš (Uldis Pūcītis) joue avec des amis dans un groupe. D’après Anita Sondore (Dina Kuple), une fonctionnaire de la culture entre deux âges, les textes des chansons qu’il a composées vont contre la morale. Elle fait obstacle à la présentation de ces chansons au public. La commission publique qui discute les créations du jeune auteur se transforme en allégorie d’une opinion silencieuse mais très influente et dont l’action dévastatrice ne peut être enrayée

    En 1967, sous l’occupation soviétique, parmi les méfaits du KGB, ce film est une critique cinématographique en chansons du régime totalitaire soviétique. Le films est Interdit de projection durant vingt ans, c’est ainsi que procèdent les régimes totalitaires : ils empêchent les paroles, les écrits et les expressions. Qu’est ce qui a changé aujourd’hui dans cette Russie qui envahit toujours ses payas voisins ?

    Quatre chemises blanches - Četri balti krekli est présenté pour la première fois au public en 1986 et restauré en 2017, à l’occasion du 95e anniversaire du cinéaste.

    En présence de Rolands Kalniņš , il est présenté au public du 71e Festival de Cannes dans la sélection Cannes Classics parmi les films restaurés et les films du patrimoine, à coté des films en compétition et hors compétition et de la sélection « Un certain regard » : .

    Lire la suite : https://www.lettonie-francija.fr/quatre-chemises-blanches-cetri-balti-krekli-1967-cinema ?

    #Rolands_Kalniņš #Cinéma #lettonie, #cinéma_letton, #Četri_balti_krekli,
    #censure, #censure_soviétique,

  • le 15 mai à Cannes

    Manal Issa, candeur nature
    Par Julie Brafman — 10 mai 2018 à 20:06
    http://next.liberation.fr/cinema/2018/05/10/manal-issa-candeur-nature_1649249

    Dans l’inépuisable série des hasards qui mènent au tapis rouge, cette histoire-là est savoureuse : une élève de l’Institut des sciences et techniques de l’ingénieur à Angers (Istia) est repérée sur Facebook par une réalisatrice insatisfaite des castings. Elle devient actrice, est nommée révélation aux césars, ne s’arrête plus de tourner. « C’était une photo banale, je faisais un câlin à un arbre, rigole Manal Issa. Quand j’ai reçu le message du producteur, je me suis dit "c’est bizarre" et puis "bon, j’essaie". » Comme un clin d’œil, le film était intitulé Peur de rien… Trois ans plus tard, elle est à Cannes pour Mon Tissu préféré de la réalisatrice syrienne Gaya Jiji. Elle campe Nahla (rôle pour lequel elle a pris 12 kilos « en m’empiffrant de chocolat »), une jeune femme syrienne secrète et renfrognée, qui erre entre fantasmes d’ailleurs et désir de rien.

    « On pourrait penser que c’est prétentieux mais quand j’ai lu le scénario, je me suis dit qu’il n’y avait que moi pour faire ce rôle. Il est tellement intérieur, tellement différent de ce qu’on voit au cinéma. Nahla n’a de comptes à rendre à personne, elle s’en fout. » Nahla, c’est une moue boudeuse entourée de deux joues rondes, des robes aux couleurs fanées et peu de mots. Manal Issa est l’inverse : fluette et dynamique, rigolote et un peu paumée.

    #marcheduretour

    • Publié le 16 mai 2018 à 13h25 | Mis à jour le 16 mai 2018 à 13h25
      Manal Issa soutient Gaza sur le tapis rouge à Cannes

      « Stop the attack on Gaza » : la photo de la Libanaise Manal Issa brandissant une affiche de soutien aux Palestiniens sur le tapis rouge cannois faisait parler d’elle mercredi, même si l’actrice a refusé de commenter son geste.

      « Elle ne souhaite pas s’exprimer car elle veut attirer l’attention sur Gaza et pas sur elle-même », a indiqué à l’AFP l’entourage de l’actrice, au lendemain de son geste sur le tapis rouge, lors de la montée des marches pour Solo, le dernier opus de Star Wars.

      Au pied des marches du Palais des festivals, Manal Issa, 26 ans, a déplié une grande feuille de papier blanche, avec en rouge ce message : « Stop the attack on Gaza !! » (« Arrêtez l’attaque sur Gaza »). Une référence aux près de 60 manifestants palestiniens tués lundi, dans de violents affrontements entre soldats israéliens et Palestiniens, le même jour que l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine, déménagée de Tel Aviv à Jérusalem.

  • Une minute de silence au pavillon palestinien au festival du film de Cannes 2018 : Nakba 70
    Agence Media Palestine | 15 05 2018
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2018/05/15/une-minute-de-silence-au-pavillon-palestinien-au-festival-du-fi

    Après l’assassinat de plus de 60 Palestiniens et plus de 2 700 blessés à Gaza par l’armée israélienne, Annemarie Jacir, cinéaste palestinienne et membre du jury de Un Certain Regard, s’est réunie avec le reste de son jury, dont Benicio Del Toro, Virginie Ledoyen, Julie Huntsinger et Kantemir Balagov ainsi que le ministre de la culture palestinien Ehab Bessaiso, l’acteur palestinien Mohammed Bakri et plus d’une centaine de professionnels de l’industrie cinématographique.

    En se tenant par la main, ils ont observés une minute de silence en mémoire des morts et en solidarité avec le peuple palestinien en lutte pour la liberté et la justice.

    Annemarie Jacir a ensuite rappelé au public présent que les personnes qui ont perdu la vie voulaient simplement que leur liberté et leur dignité humaine soient reconnues, et que des millions de réfugiés palestiniens attendent toujours de rentrer chez eux.

    #marcheduretour

    • Quand Gaza fait irruption au Festival de Cannes
      https://www.la-croix.com/Culture/Cinema/Quand-Gaza-fait-irruption-Festival-Cannes-2018-05-16-1200939461?id_folder=
      Stéphane Dreyfus, à Cannes , le 16/05/2018
      Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, un formidable documentaire animé, Samouni Road, de Stefano Savona, revient sur la mort de 29 membres d’une famille gazaouie en 2009.

      Samouni Road de Stefano Savona Film franco-italien, 2 h 10 Quinzaine des réalisateurs

      Le Festival de Cannes présente souvent des films en prise avec les tourments du monde. Mais il aura rarement été rattrapé de façon si tragique par l’actualité du moment. Pour la première fois présent sur la Croisette cette année, le pavillon de la délégation palestinienne, drapeau en berne, était en deuil.

      Réunis en cercle, les festivaliers présents, parmi lesquels on comptait les membres du jury Un certain regard, la comédienne française Virginie Ledoyen, l’acteur portoricain Benicio del Toro, et la réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir, ont observé une minute de silence en mémoire des 60 Gazaouis tués lors d’une manifestation lundi 14 mai.

      Quelques minutes plus tôt, lors d’une discussion organisée dans le cadre du marché du film autour de Samouni Road, documentaire sur la bande de Gaza présenté à la Quinzaine des réalisateurs, l’un des membres de la délégation disait son espoir qu’un tel film ait le pouvoir de guérir les blessures de la guerre.

  • Cannes 2018 : l’hiver forcé du réalisateur russe assigné à résidence Kirill Serebrennikov

    http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2018/05/09/cannes-2018-l-hiver-force-de-kirill-serebrennikov_5296481_766360.html

    Absent sur la Croisette, le cinéaste russe est en compétition avec son film « Leto » (l’été), consacré à une figure de l’underground.

    Absent à Cannes, invisible à Moscou. Arrêté une nuit d’août 2017 à Saint-Pétersbourg en plein tournage de son film Leto (« l’été »), Kirill Serebrennikov n’assistera pas à l’entrée en compétition sur la Croisette, mercredi 9 mai, de ce long-métrage consacré au chanteur rock Viktor Tsoi, figure underground des temps soviétiques crépusculaires. Depuis neuf mois, le metteur en scène et cinéaste russe, accusé de détournements de fonds ­publics, vit reclus dans son petit appartement moscovite, en ­résidence surveillée. Ses amis soupirent, son public se désole. C’est un « maître » de la scène russe, disent-ils, que l’on contraint à jouer dans une mauvaise pièce.

    Une farce qui éreinte cet artiste de 48 ans à l’énergie redoutable, muselé par un procès à l’issue incertaine, malgré ses plaidoyers d’innocence. « Je n’ai commis aucun crime », répète-t-il à ­chacune de ses audiences au ­tribunal, visage tendu derrière des lunettes sombres.

    Il est si ­facile, en Russie, de poursuivre n’importe quel dirigeant artistique, dépendant comme tout un chacun, ici, des subsides de l’Etat… La preuve en est : hormis des témoignages de solidarité, aucune révolte n’a éclaté. Et, comme si de rien n’était, le ministère de la culture a envoyé un Tweet, le 8 mai, pour souhaiter « bonne chance » aux deux films russes présentés en compétition à Cannes, qui n’en avait plus accueilli depuis 2007. Dont Leto.

    « Un jeune homme de Rostov »

    « Le théâtre russe a été toujours un monument, une cathédrale, et aujourd’hui on peut jouer, faire des expériences, mais, si vous allez trop loin, on vous met dans la “chambre des enfants”, au coin… », dit doucement Alla Demidova. A 81 ans, l’actrice, connue et respectée en Russie, est aussi la « marraine » de Serebrennikov, fière d’exposer chez elle tous les objets qu’il lui rapportait de ses voyages à l’étranger, comme ce collier ­africain de perles noires.

    « A la fin des années 1990, narre-t-elle avec une diction impeccable, je jouais chez Ariane Mnouchkine, à Paris, avec Vassiliev [Anatoli, fondateur du Théâtre-Ecole d’art dramatique de Moscou], quand il m’a tendu les cassettes des spectacles d’un jeune homme de Rostov. C’était… une vision ­inhabituelle du théâtre. » Une ­série pour la télévision sur Les Allées sombres, d’Ivan Bounine [écrivain et Prix Nobel de littérature en 1933], achève de convaincre Alla Demidova : l’inconnu a du talent. « Lorsque Bob Wilson [metteur en scène américain] m’a proposé de travailler sur Le Journal d’un fou, de Gogol, j’ai appelé à Rostov. Au nom de Bob, Kirill m’a tout de suite répondu : “J’arrive.” Il parle l’anglais, il lui a montré ­Moscou, la statue de Gogol. Finalement, le projet ne s’est pas réalisé, mais Kirill est resté. »

    Rien ne prédisposait ce fils ­unique diplômé en sciences physiques, né en septembre 1969 à Rostov-sur-le-Don, tout près de la frontière avec l’Ukraine, d’un père urologue réputé et d’une mère ukrainienne enseignante de russe, à se passionner pour la mise en scène ; rien si ce n’est peut-être ce grand-père maternel réalisateur de documentaires et grand amateur de cinéma. Et, très vite, Kirill Serebrennikov est parvenu à se faire un nom dans un Moscou où le théâtre, avec ses 211 salles et ses 150 troupes, est bien davantage qu’un art, une institution.

    Il devient l’assistant du directeur artistique du MKhAT, le ­Moskovski Khoudojestvenni Teatr, fondé au XIXe siècle par le maître Konstantine Stanislavski, dirige sa propre troupe, le 7e Studio, enchaîne séries télévisées et films, s’inspire du théâtre pour faire du cinéma, ou le contraire, et prend les rênes du vieux théâtre Gogol, qu’il transforme en centre moderne. Ce touche-à-tout, passionné de lecture et de culture, en fait un lieu où les jeunes et la ­société huppée se côtoient, un endroit convivial où l’on peut boire un café, admirer une exposition, consulter un livre, avant de profiter du spectacle. « Je n’ai jamais vu une telle capacité de travail, s’anime Alla Demidova. Il y a beaucoup de théâtres à Moscou mais, pour moi, en cent ans, seuls trois se sont imposés, Taganka avec Loubimov, Sovremennik avec Efremov et Gogol avec ­Serebrennikov. »

    « J’engage des kamikazes »

    Un bel hommage partagé par la jeune génération. Nikita ­Koukouchkine, 27 ans, a joué dans plusieurs de ses pièces après avoir suivi ses cours au 7e Studio. « Quand il m’a recruté, moi et d’autres, il nous a dit : “J’engage des kamikazes.” On a rigolé et puis on a oublié. Ce qui se passe aujourd’hui est une suite logique dans un pays où les réflexes soviétiques n’ont pas encore disparu, bien qu’ils soient à l’agonie », confie l’acteur, en partance pour une tournée à Baden-Baden. « C’est un maître, un enseignant, presque un père, poursuit-il. Avant, le théâtre moderne, avant-gardiste, était plutôt confidentiel. Lui, il organise l’espace, dirige les énergies, ­rassemble des éléments éparpillés et les restitue. » Kirill Serebrennikov dessine même les costumes de ses pièces. C’est un homme pressé, sans cesse sous pression.

    Un trublion critique, aussi, qui n’hésitait pas à se revendiquer homosexuel, à se dire prêt à défiler avec une pancarte « Je suis géorgien » lors de la guerre éclair de 2008 entre la Russie et la Géorgie, à signer des lettres ouvertes pour demander la libération des Pussy Riot, ou à manifester contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en 2012. « La Russie se comporte comme un gopnik, un loubard pauvre », assénait-il dans la version russe du magazine Esquire, en septembre 2014. « 86 %, c’est le pourcentage de la peur, ajoutait-il, à propos du taux record de popularité de Poutine après l’annexion de la Crimée. Ce n’est même pas du soutien, mais une demande : “Défendez-nous, s’il vous plaît, de la réalité, nous ne voulons rien savoir de terrible ou de mauvais”, car ces gens effrayés devinent que la réalité pourrait entraîner l’effondrement de leur vision du monde. »

    Ces positions n’ont pas empêché le Tout-Moscou, dont le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, de se précipiter à la première du ballet Noureev. Déprogrammé en juillet 2017, le spectacle, consacré à la vie du danseur étoile soviétique, mort du sida en 1993 à Paris, avait finalement eu lieu six mois plus tard au ­Bolchoï, où il avait remporté un triomphe. Kirill Serebrennikov était déjà en résidence surveillée. Absent aussi, en février, lors du cinquième anniversaire du Centre Gogol, il avait fait parvenir un enregistrement audio. « Il présentait chacun, il blaguait et cela a duré deux heures !, rapporte Alla Demidova. Mais beaucoup aussi pleuraient. » L’artiste, dont l’assignation à demeure a été prolongée jusqu’en juillet, encourt toujours jusqu’à dix ans de prison.

  • Sur la manière dont on fabrique un #grand_homme - Pierre Rissient
    Je découvre Pierre Rissient, beaucoup d’articles font son éloge funèbre en insistant sur le fait qu’il a co-produit le seul film réalisé par une femme et doté d’une demi palme d’or à Cannes.
    On apprend que cet homme etait pote avec Tarantino et Scorces et on parle du festival de cannes post-weinstein. Du coup je me demande quelles relations avait ce Pierre Rissant avec Weinstein le serial-violeur. Au passage je rappel que le tag #balancetonporc à été crée car le porc était le nom que les actrices donnaient à Weinstein à Cannes.

    C’est impossible que ce Pierre Rissient ignore ce que faisait Weinstein. En cherchant des infos sur les liens entre Rissant et Weinstein je trouve ceci daté de 2008 (ca donne un indication sur le lien entre les porcs et weinstein au passage) :

    Il y a trois ans, ils claquaient la porte de Disney, lui laissant leur société Miramax - et son extravagant catalogue de films. Depuis, les frères Weinstein n’étaient plus réapparus à la lumière. Mais leur dernier film, Zack and Miri Make a Porno, vient de faire un tabac au festival de Toronto. Les Weinstein, producteurs mythiques du cinéma américain des années 1990, sont peut-être de retour.

    Nés en 1952 et 1954, Harvey et Bob font leur entrée dans le septième art en 1979, à l’aube de l’ère des blockbusters. Le nom de leur société - Miramax - est un hommage à leur mère Miriam et à leur père Max, un tailleur de diamants qui avait combattu en Egypte pendant la seconde guerre mondiale avant de soutenir la cause sioniste.

    Elevés dans le Queens dans des conditions modestes, les deux frères ont grandi dans le culte de la famille Kennedy, mais aussi de la fratrie. Malgré des disputes parfois violentes, ils ont toujours travaillé main dans la main. Véritable cinéphile, doté d’une agressivité très hollywoodienne, Harvey, le plus grand (et le plus gros) des deux, le plus extraverti aussi, s’occupe directement des films.

    Il est aussi le plus redouté - notamment pour sa violence légendaire. Une réputation qui lui vaut d’être caricaturé par Tom Cruise dans Tropic Thunder, le film de Ben Stiller dont la sortie française est prévue le 15 octobre.

    Certains cinéastes le détestent. Sa tendance assumée à couper dans les films lui vaut le doux surnom d’"Harvey Scissorhands", référence au film Edouard aux mains d’argent, dans lequel Johnny Depp porte une paire de ciseaux en guise de mains.

    Mais Harvey est un séducteur sans pareil. Doublée d’une grande intelligence et d’un sens aigu de la communication, son agressivité devient un atout quand il s’agit de défendre un film. « La première fois que je l’ai rencontré, se souvient Vincent Maraval, patron des ventes internationales chez Wild Bunch, il voulait nous acheter Delicatessen. On ne le connaissait pas et on n’avait aucune intention de le lui vendre. Pour nous prouver sa motivation, il est parti puis est revenu déguisé en boucher, avec une tête de cochon sous le bras ! On a fini par lui laisser le film... »

    Quant à ses interventions sur la table de montage, elles relèvent, pour certains, d’un instinct très sûr. Pierre Rissient, qui fut membre du comité de sélection du Festival de Cannes et travailla avec Harvey sur La Leçon de Piano, de Jane Campion, et Little Buddha, de Bernardo Bertolucci, témoigne : « Quoi qu’on pense de Little Buddha, le film se tenait mieux après ses suggestions. Dans sa génération, Harvey est un des seuls à être compétent. »

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/cinema/article/2008/09/13/les-freres-weinstein-refont-leur-cinema_1094856_3476.html#KjWTXQQgzcvdDbW0.9

    Du coup le « féminisme » de Rissient me semble assez particulier car si d’un coté il a co-produit le seul film réalisé par une femme (et du coup je me demande si cette co-palme est pas finalement un cadeau fait à Rissient par ses potes quetards de cannes), Bertolucci est notoirement connu pour le viol de Maria Sheinder
    https://www.lesinrocks.com/2016/12/04/cinema/dernier-tango-a-paris-bertolucci-reconnait-organise-viol-de-comedienne-m
    Et j’ai pas vu Lillte Bouddha mais le pitch fleur un peu le supremacisme blanc, le sauveur blanc et le colonialisme.

    Alors on a des articles élogieux pour un mec totalement inconnu du publique et on efface son amitié avec Weinstein, Tarantino (qui agresse aussi ses actrices en les étranglant jusqu’à l’évaouissement), Bertolucci... pour en faire un pseudo féministe à demi-mots

    Weinstein a co-produit la lecon de piano (un film très douteux du point de vue féministe soit dit en passant, ca m’étonne pas que Weinstein ai produit cet érotisation du chantage sexuel).

    L’institut lumière qui fait la comm pour l’hagiographie de cet inconnu mentionne le nom de son épouse Yung Hee et là j’aimerais bien savoir quelle est la différence d’age entre ce Pierre Rissient et son épouse. J’ai pas trouvé d’infos à ce sujet mais j’ai comme l’impression qu’elle n’a pas 81 ans.

    Bref hier au détour d’un article sur la vieillesse chez les 68tards je tombe sur un exemple de la manière dont la mémoire d’une féministe est faite en 2018 :

    https://seenthis.net/messages/692095
    « Le féminisme radical de Thérèse, sa vision très politique, un peu mégalo et autocratique, n’ont pas toujours facilité les choses, créant des conflits incessants non seulement avec la mairie, mais aussi avec les femmes du projet (un premier groupe a d’ailleurs explosé dès 2011). »

    Au passage je relève l’absence de sororité de cette journaliste qui installe une image très négative de Thérèse Clerc tandis que les hagiographes de Pierre Rissient sont des hommes. C’est peut être un hasard mais cette absence de sororité est un problème pour l’historicisation des femmes et la mémoire en particulier des féministes (qui vont toujours trop loin)

    Les inrock révèlent un peu plus qui est ce Rissient, un gros masculiniste aux tendances extrème droitières : https://www.lesinrocks.com/2018/05/06/cinema/pierre-rissient-disparition-dun-activiste-cinephile-111080076

    Dans ce cinéma, ils avaient établi un fameux carré d’as : Raoul Walsh, Otto Preminger, Fritz Lang et Joseph Losey. Des cinéastes qui ne faisaient pas dans le sentimentalisme ni n’abusaient d’ornementations stylistiques gratuites, menant leurs récits de manière sèche, autoritaire, dans un style sobre qui ne prenait jamais le pas sur le récit et l’action. Des cinéastes également portés vers la masculinité, dans leurs thèmes ou leur esthétique, point sur lequel insistaient les macmahoniens ce qui leur valut des soupçons de sympathies droitières, voire pire.

    Les inrock disent que bien sur c’etait pas un vrai, mais les inrock adorent faire la pub de Cantat et Orselan du coup si les inrock disent que c’est pas un fasciste masculiniste c’est que c’en est un. Il était peut être pas fascite sur tous les plans, mais il y beaucoup d’élément pour dire qu’est c’était un facho de la bite, un mussolinien du zob, un pinochien de la pine, c’est à dire un masculiniste.

    Du coup ca explique le si faible nombre de réalisatrices selectionnées à cannes puisque c’est ce type affreux qui fait des films « éxotico-érotique aux phillipines » (erk !) qui choisissait les films de ce festival misogyne.

    Et du coup cette année, pour la première session de cannes post-weinsteins le festival est dédié à cet homme qui faisait l’éloge de Weinstein.

    #legende_noire #legende_blanche #historicisation #fraternité #fratriarcat #féminisme #cannes #culture_du_viol #mémoire #amnesie #weinstein #balancetonporc #masculinisme

  • Un pavillon pour le cinéma palestinien pour la première fois à Cannes
    TSA | Par : AFP 04 Mai 2018 à

    https://www.tsa-algerie.com/un-pavillon-pour-le-cinema-palestinien-pour-la-premiere-fois-a-cannes

    Les Palestiniens auront pour la première fois un pavillon de représentation officielle au festival de Cannes, une chance de promotion pour le cinéma palestinien.

    Des films palestiniens ont déjà été présentés à plusieurs reprises à la grande messe du cinéma, qui débute le 8 mai, mais c’est la première fois que les cinéastes palestiniens disposeront d’un pavillon.

    “La Palestine a presque chaque année un film sélectionné à Cannes mais jusqu’à présent nous n’avions pas de représentation officielle”, a expliqué le cinéaste Mohanad Yaqoubi, un des co-fondateurs du Palestine Film Institute.

    “C’est très important d’avoir un organisme qui essaye de représenter (le cinéma palestinien) et d’établir des contacts”, a-t-il ajouté, s’exprimant en anglais.

  • Le refus de Natalie Portman est perçu comme un signal de désaffection à l’égard d’Israël
    Thomas Cantaloube, Médiapart, le 27 avril 2018
    https://www.mediapart.fr/journal/international/270418/le-refus-de-natalie-portman-est-percu-comme-un-signal-de-desaffection-l-eg

    L’actrice américano-israélienne Natalie Portman semblait la candidate idéale pour recevoir le « Genesis Prize », une récompense célébrant « les êtres humains exceptionnels qui représentent les valeurs juives dans leurs contributions au bien de l’humanité ». Même si ce prix est abusivement présenté comme le « Nobel juif » alors qu’il émane de trois oligarques russes cherchant à s’acheter une bonne conscience, il est jugé suffisamment important en Israël pour être remis par le premier ministre en personne.

    La star hollywoodienne, née en Israël et vivant depuis son enfance aux États-Unis, diplômée de Harvard et oscarisée, a rarement démérité dans ses actions caritatives variées (la cause des animaux, le micro-crédit) ou dans son soutien à la culture israélienne : elle a notamment regretté que le film Valse avec Bachir soit reparti sans récompense du festival de Cannes où elle était jurée en 2008, et son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Une histoire d’amour et de ténèbres, est une adaptation du roman éponyme d’Amos Oz.

    Quand elle s’est vu attribuer le « Genesis Prize » il y a cinq mois, il n’y avait donc rien de polémique. Mais voilà qu’au moment de recevoir le prix lors d’une cérémonie en Israël, Natalie Portman a fait savoir qu’elle refusait de s’y rendre. Après avoir d’abord évoqué des « événements récents extrêmement éprouvants » l’empêchant de « prendre part la conscience libre » à la cérémonie, elle a détaillé ses objections dans un communiqué sur Instagram où elle explique qu’elle « ne veut pas donner l’impression d’approuver Benjamin Netanyahou qui doit faire un discours lors de la cérémonie. (…) Comme de nombreux juifs dans le monde, je peux être critique des dirigeants israéliens sans vouloir boycotter l’ensemble de la nation. (…) Israël a été créé il y a exactement 70 ans comme un havre pour les réfugiés de l’Holocauste. Mais les mauvais traitements infligés à ceux qui souffrent d’atrocités aujourd’hui ne correspondent pas à mes valeurs juives ».

    Là encore, ce communiqué prudent d’une comédienne en désaccord avec les gouvernants du pays dont elle possède la nationalité, n’aurait pas dû provoquer de polémique. Après tout, les « mauvais traitements » auxquelles elle fait référence sans les nommer, sans doute le sort réservé aux migrants africains en Israël et peut-être aux manifestants palestiniens tués par balles à Gaza, sont des indignations partagées par de nombreux Israéliens et de juifs dans le monde. Et pourtant, c’est une tempête de haine et de désaveu qui s’est élevée en Israël contre Natalie Portman. Elle a été suspectée de haute trahison et d’avoir « basculé du côte obscur de la force » (en référence à son rôle de mère de Luke Skywalker dans la saga Star Wars), un parlementaire a demandé sa déchéance de nationalité et, sans surprise, elle a été accusée d’antisémitisme par un ministre.

    Plus intéressant, le geste de l’actrice a provoqué de multiples débats, enflammés et argumentés, dans la presse israélienne et américaine sur le sens qu’il faut lui attribuer. Car, qu’elle l’ait souhaité ou pas, la décision de Portman est révélatrice d’une double tendance – certains préfèrent parler de menace – qui préoccupe fortement les dirigeants d’Israël, des travaillistes à l’extrême droite religieuse, et les organisations communautaires juives dans le monde : la progression du mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanction) et l’attitude des jeunes juifs de la diaspora.

    Même si la comédienne a bien pris soin de spécifier dans son communiqué qu’elle ne faisait pas partie ni ne soutenait la campagne BDS, son geste a fréquemment été interprété comme tel, aussi bien par les nationalistes israéliens que par les organisateurs de ladite campagne. Imen Habib, l’une des animatrices de BDS France, explique bien que « c’est la campagne BDS qui a préparé le terrain à Natalie Portman pour qu’elle sache que le boycott est une façon d’exprimer son courroux envers Netanyahou, et c’est aussi la campagne qui a rendu éminemment politiques ces actes de boycott ».. Car le désistement de la star survient dans la foulée d’autres annulations qui ont marqué les esprits, en particulier celle de la chanteuse Lorde qui a annoncé en janvier 2018, « après avoir mûrement réfléchi », qu’elle ne jouerait pas son concert prévu, qui devait être un des plus importants de l’année en Israël.
    Une pleine page de publicité dans le « Washington Post » pour dénoncer le refus de la chanteuse Lorde de jouer cette année en Israël.
    Une pleine page de publicité dans le « Washington Post » pour dénoncer le refus de la chanteuse Lorde de jouer cette année en Israël.

    Contrairement aux vieux routiers du boycott culturel comme Roger Waters, Brian Eno ou Ken Loach, le cas de Lorde a particulièrement irrité les Israéliens, dont une partie a réagi, comme contre Portman, de manière véhémente. Un rabbin orthodoxe américain s’est même payé une pleine page de publicité dans le Washington Post taxant la chanteuse d’antisémitisme et l’associant aux crimes de Bachar al-Assad (voir illustration ci-contre). Car Lorde représente la jeunesse (elle a 21 ans et son public le même âge) et l’impact croissant du mouvement BDS.

    Même si son ampleur est difficile à quantifier, la campagne de boycott et de désinvestissement sème lentement ses petits cailloux. Trois événements récents en attestent. Le premier, bien moins visible que les actions de chanteurs connus, est celui d’auteurs de théâtre britanniques qui refusent d’octroyer les droits de leurs pièces afin qu’elles soient montées en Israël. Une enquête du quotidien Haaretz raconte comment des dramaturges israéliens (pourtant généralement de gauche et opposés à Netanyahou) ne cessent de se heurter aux réponses négatives de leurs homologues anglo-saxons. Peu médiatisé, ce boycott se fait néanmoins sentir.

    Le deuxième événement est le vote par le conseil municipal de Dublin d’une motion soutenant des sanctions économiques contre Israël et le boycott de certains produits fabriqués sur place, dont ceux de Hewlett Packard et de ses filiales, accusées de « fournir une grande partie de la technologie qu’Israël utilise pour maintenir son système d’apartheid et sa colonisation du peuple palestinien ». Dublin est la première capitale européenne à rejoindre la position déjà adoptée par plusieurs dizaines de municipalités en France, en Espagne, en Irlande, en Norvège ou au Royaume-Uni, en dépit de lois nationales interdisant parfois le BDS (comme en France) ou d’actions en justice (comme en Espagne).

    Le troisième événement est le vote des étudiantes du Barnard College de New York, une des universités féminines les plus élitistes (et les plus juives, avec un tiers des inscrites de confession juive) des États-Unis. Mi-avril, un référendum estudiantin a été approuvé par 64 % des élèves demandant à la direction de se désinvestir des huit entreprises qui ont des activités en Israël avec lesquelles l’université travaille ou place ses fonds. Ce vote, qui n’est pas le premier aux États-Unis, est significatif à deux titres. Non seulement parce qu’il a largement été approuvé dans un établissement cher à la communauté juive new-yorkaise, et que le scrutin a été porté par une association juive, Jewish Voice for Peace. Mais aussi parce qu’en dépit de référendums similaires dans d’autres universités américaines où la direction a refusé de suivre la volonté des étudiants, Barnard College a été le premier établissement à couper les ponts avec des entreprises responsables du changement climatique, du fait de la pression des élèves.
    Une équation perverse a été mise en place : soutien à Israël = soutien au gouvernement d’Israël

    Selon la plupart des observateurs, cités dans la presse américaine et israélienne, ce qui s’est passé à Barnard montre que le mouvement BDS progresse, en particulier sur les campus américains. Cela est dû à une sensibilisation accrue des étudiants à la situation palestinienne, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux chaînes d’informations qui diffusent beaucoup les images emblématiques de la répression des Palestiniens (à Gaza ou lors de l’arrestation d’Ahed Tamimi pour n’évoquer que les plus récentes). Mais aussi et surtout, à un basculement de la jeunesse juive au sein de la diaspora américaine (les États-Unis possèdent la seconde population juive au monde après Israël, voire la première lorsque l’on compte en termes de « population élargie », c’est-à-dire les non-juifs dans les foyers juifs).

    Un des piliers de la communauté juive américaine, Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial, s’est fendu d’une tribune dans le New York Times pour célébrer les 70 ans d’Israël dans laquelle il s’alarme « du nombre croissant de “millenials” juifs – en particulier aux États-Unis – qui prennent leur distance avec Israël en raison de politiques qui sont en contradiction avec leurs valeurs. Les conséquences ne sont pas surprenantes (…) : une érosion sévère de l’affinité de la communauté juive globale avec le foyer juif ».. Lauder ne spécifie pas sur quelles études il s’appuie pour justifier son inquiétude (il en existe plusieurs), mais il faisait sûrement référence à celle publiée en 2017 par Brand Israel Group, l’organisme chargé de « vendre » l’image d’Israël à l’étranger, qui a fait couler beaucoup d’encre car elle évalue que le soutien des étudiants juifs américains en faveur d’Israël a chuté de 32 % entre 2010 et 2016.

    Les leaders de la communauté juive américaine ont tendance à interpréter les résultats de ces études comme une désaffection à l’égard d’Israël. Mais, selon l’universitaire Dov Waxman, qui a disséqué les chiffres avec précision, « contrairement à l’idée commune selon laquelle les jeunes Américains juifs se sentent étrangers à Israël, je pense en fait qu’ils sont pour la plupart attachés émotionnellement à Israël, mais qu’ils sont très critiques des politiques du gouvernement israélien à propos du conflit avec les Palestiniens. Ils sont, par conséquent, plus ambivalents, voire plus tiraillés dans leur soutien à Israël que les juifs américains plus âgés dont le soutien à Israël est moins critique et davantage inconditionnel ».

    C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour les dirigeants actuels d’Israël et les organisations représentant la diaspora. Parce les jeunes juifs d’aujourd’hui seront les leaders de demain, c’est un lieu commun. Mais aussi parce que depuis deux décennies, c’est-à-dire depuis la domination de Netanyahou et de la droite sur le paysage politique israélien, une équation perverse a été mise en place : soutien à Israël = soutien au gouvernement d’Israël. Et sa version encore plus néfaste mais pourtant très prégnante : lutte contre l’antisémitisme = soutien à Israël = soutien au gouvernement d’Israël.

    La plupart des organisations représentatives juives dans le monde sont ainsi devenues des chambres d’échos du gouvernement israélien, y compris quand celui-ci est ultranationaliste et composé de multiples représentants de l’extrême droite, religieuse ou pas. Cet alignement où juifs de gauche comme de droite, laïques comme religieux, attachés à Israël ou indifférents se retrouvent derrière la même bannière communautaire, a permis à Netanyahou et à ses successeurs/prédécesseurs de réduire à néant le processus de paix, d’enterrer toute perspective d’État palestinien, d’accroître la religiosité de la société israélienne et, de manière générale, de museler toute critique trop appuyée. C’est cet alignement qui est aujourd’hui en train de se fissurer.

    La conférence annuelle de l’AIPAC, le plus important lobby juif de Washington et l’un des plus puissants après la NRA (défense des armes à feu), a été traversée en mars 2018 par un fort sentiment de paranoïa. Selon le journaliste Philip Weiss, spécialisé dans les relations entre Israël et les États-Unis, « c’était la panique cette année à la conférence de l’AIPAC où tous les intervenants se sont efforcés de vendre Israël comme une cause progressiste. AIPAC est inquiet car elle pense que la défection des jeunes va avoir un coût politique direct en autorisant les politiciens démocrates à ne plus soutenir Israël ».

    Le journaliste et auteur Peter Beinart, qui suivait également la conférence de l’AIPAC, a écrit dans The Atlantic un article où il estime que l’organisation, si elle continue sur le même chemin d’une défense inconditionnelle du gouvernement israélien, va devenir un repaire de conservateurs et perdre ses alliés à gauche et donc son poids politique. « Les jeunes juifs américains ont plus rarement eu affaire personnellement à l’antisémitisme que leurs aînés. Ils ont moins de parents qui ont survécu à l’Holocauste. Et ils n’ont pas assisté aux guerres de 1967 et 1973, lorsque l’existence d’Israël semblait en péril. Au contraire, ils sont entrés dans l’âge adulte en observant à la fois les juifs américains et l’État juif comme étant privilégiés et puissants. (…) Ils sont plus susceptibles d’hériter du progressisme de leurs parents que de leur sionisme. Les mêmes préoccupations pour les droits humains et l’égalité qui forgent leur position politique les éloignent des politiques d’Israël qui maintiennent des millions de Palestiniens sous occupation militaire sans droits élémentaires en Cisjordanie. »

    Cette analyse n’est guère éloignée de celle d’Omar Barghouti, le co-fondateur de la campagne BDS, selon qui « il y a un soutien croissant des jeunes juifs en faveur de BDS, qui représente une forme de solidarité avec les combat des Palestiniens pour la justice et l’égalité. Les jeunes juifs américains en particulier, qui sont très à gauche sur la plupart des questions, ne parviennent plus à réconcilier leurs valeurs juives progressistes avec celles promues aujourd’hui par Israël et le sionisme. Le mouvement Jewish Voice for Peace, qui est un de nos partenaires clefs aux États-Unis, progresse plus vite que n’importe quelle autre organisation juive dans le monde, en mettant en avant les valeurs de justice sociale de la tradition juive pour plaider en faveur des droits palestiniens ».

    C’est dans ce contexte que s’inscrit le désistement de Natalie Portman, actrice diplômée et progressiste israélo-américaine de 36 ans, qui, qu’elle le veuille ou non, représente ces deux tendances : la progression mondiale de la campagne BDS, et l’inflexion de l’attitude politique des jeunes juifs de la diaspora, en particulier américains, qui refusent de se solidariser coûte que coûte avec un gouvernement nationaliste, religieux et violent, au nom de la défense inconditionnelle d’Israël.

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    #Palestine #Natalie_Portman #BDS

  • Pour « Don Quichotte », la malédiction continue

    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/04/03/pour-don-quichotte-la-malediction-continue_5279859_3476.html

    C’est l’Arlésienne du septième art. « L’Homme qui tua Don Quichotte » de Terry Gilliam, est enfin prêt à sortir en salles. Mais reste bloqué.

    Il faudrait toujours se fier à Sancho Pança, le fidèle serviteur du fantasque chevalier Don Quichotte, les deux ­héros de l’œuvre de Miguel de Cervantes. « Chacun est comme Dieu l’a fait, et bien souvent pire », observait ainsi le valet, pragmatique en diable.

    Pour avoir négligé cette sentence, voilà que deux figures majeures du septième art en sont à s’étriper. D’un côté, le mythique producteur Paulo Branco, 67 ans, près de 300 films d’auteur à son actif. De l’autre, le légendaire réalisateur Terry Gilliam, 77 ans, créateur inspiré de Brazil et de ­L’Armée des douze singes, et génial démiurge des Monty Python. Le dernier épisode de leur duel se jouera mercredi 4 avril devant la cour d’appel de Paris.

    Aux pieds de ces deux ogres du cinéma mondial, une seule victime : un film, L’Homme qui tua Don Quichotte, ce projet fou caressé par Terry Gilliam depuis un quart de siècle, mille fois enterré et autant de fois ressuscité. Il fit même l’objet d’un documentaire, Lost in La Mancha (2002), retraçant un premier essai – calamiteux – de tournage en 2000, avec Jean Rochefort et Johnny Depp. Tout s’était alors ligué contre Terry Gilliam, y compris sa propre négligence : pluies diluviennes, Rochefort malade, survol constant du plateau de tournage par des avions militaires… Sans compter ces chevaux aussi ­faméliques que Rossinante, la monture du « vrai » Don Quichotte…

    Et le sort continue de s’acharner aujourd’hui : finalement tourné et monté pour de bon en 2017, prêt à être distribué, L’Homme qui tua Don Quichotte est maintenant interdit de sortie, en raison du violent conflit entre Branco et Gilliam. Le Festival de Cannes est prêt à dégainer le film, mais la justice lui en laissera-t-elle l’opportunité ?

    « Je ne suis pas un saint »

    Pourtant, tout semblait réglé, enfin… C’était au Festival de Berlin, en février 2016 : Paulo Branco, allure de pirate fatigué, qui aime à ­fureter un peu partout, entre deux courses hippiques d’endurance – une autre de ses passions, avec le jeu –, est abordé par un producteur italien. Et s’il reprenait la production de L’Homme qui tua Don Quichotte ? Seul souci, il faut trouver 16 millions d’euros, le budget en deçà duquel Terry Gilliam n’entend pas descendre pour réaliser son vieux fantasme.

    Avec Paulo Branco, tout est simple, du moins au ­départ. Il a monté tant de films avec des bouts de ficelle et autres artifices… « Je ne suis pas un saint, reconnaît-il, il y a pas mal de légendes qui courent sur moi dans le milieu, certaines sont vraies… » Mais il dispose d’un sacré ­ réseau, Manoel de Oliveira, Raoul Ruiz ou Chantal Akerman pourraient en témoigner, si ces trois réalisateurs étaient encore de ce monde. Bref, il tope là. Un film réputé impossible ? Excitant. Seize millions d’euros à dénicher en six mois ? Dans ses cordes.

    Le scénario est prêt et les plans de tournage quasi établis, depuis le temps… Le film doit être mis en boîte en onze semaines, au Portugal et en Espagne, à l’automne 2016. Le couvent du Christ, dans la ville portugaise de ­Tomar, est réservé pour le tournage. Les ­acteurs principaux sont retenus : Adam ­Driver, dont la cote est au plus haut à ­Hollywood, et Michael Palin, l’un des membres fondateurs des Monty Python. Driver touchera 610 000 euros, Palin 285 000 euros. Gilliam, lui, percevra 750 000 euros. Sa fille, Amy Gilliam, est embauchée comme directrice de production. Des cours d’équitation, à Londres et à New York, sont prévus en ­urgence pour Driver et Palin.

    « J’avançais avec prudence, se souvient Branco. Dans la plupart des films de Gilliam, les budgets avaient explosé. Mais j’ai vite compris qu’il avait une haine profonde envers les producteurs. J’ai commencé à avoir des doutes, alors même que j’avais une grande partie du financement. » En face, même méfiance. « Branco a commencé à faire le ménage », sans prévenir Terry Gilliam, avance Me Benjamin Sarfati, l’avocat du réalisateur britannique d’origine américaine. « Nous avions été mis en garde, pourtant. Il est brutal, charismatique, autocrate et peu fiable. Il a planté X boîtes… Et il n’avait pas l’argent. »

    De fait, Branco a connu quelques faillites, il ne s’en cache d’ailleurs pas. La production de films est un sport à haut risque. Mais il a pu monter, en 2012, un autre long-métrage à gros budget, Cosmopolis, de David Cronenberg, une référence. Ça rassure les Gilliam, dans un premier temps.

    Pourtant, tout indique que, dès le début, la défiance était de mise. Le Monde a eu accès aux échanges de courriels entre les duellistes. C’est gratiné. Et précis.

    Terry Gilliam, une promesse de folie

    C’est d’abord Michael Palin qui se plaint à son ami Gilliam : finalement, c’est une offre de seulement 100 000 euros qui lui est faite par Branco. Le réalisateur anglais écrit dans la foulée, le 24 mars 2016, à son producteur : « L’offre faite à Michael Palin a été reçue comme une gifle, et ça a été encore plus désagréable pour moi de tenter de le calmer. Je ne te connais pas encore suffisamment pour te faire confiance ou ne pas te faire confiance. »

    Les échanges se tendent. Quid du budget ? Branco se démène, sollicite l’arrière-ban de ses amis. Jack Lang use de sa plume pour ­essayer de convaincre Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, Gilles ­Pélisson, le boss de TF1, ou Vincent Bolloré, celui de Canal+, de mettre au pot pour aider son ami portugais.

    Le producteur tente d’affirmer sa position, dans un nouveau mail à Gilliam : « Ce projet, pour qu’il devienne une réalité, doit avoir un vrai producteur et un seul, un capitaine. (…) Tout cela dans une transparence parfaite et permanente de discussion budgétaire. » Le « capitaine », c’est Branco, bien sûr. Gilliam, qui a trop envie de faire ce film, fait fi des mises en garde de ses amis. Il leur écrit, le 26 mars 2016 : « Merci à tous pour vos conseils, avertissements, menaces, mais la seule façon dont le film sera fait cette année est de se jeter dans la folie… avec Paulo. » S’il avait su à quel point il aurait raison…

    Le 29 avril 2016, Gilliam cède donc ses droits d’auteur-réalisateur à Alfama, la ­société de Branco, par l’intermédiaire d’un contrat solide, dans lequel le producteur s’engage à faire preuve de transparence et à ­respecter les désirs du créateur. Auparavant, le 31 mars 2016, Alfama avait également acquis les droits du scénario auprès d’un ­producteur britannique, RPC. Tout paraît calé sur le plan juridique.

    Les conflits se multiplient

    Le 18 mai 2016, au Festival de Cannes, c’est l’émeute : Gilliam et Branco annoncent le projet à la presse. Même si Gilliam n’a rien réalisé de notable depuis longtemps, son nom est une promesse de folie. Un chef-d’œuvre est toujours possible, même à 77 ans. Surtout avec Branco, le faiseur de ­miracles. Mais en coulisses, cela se passe de plus en plus mal…

    Branco fait preuve d’une impétuosité qui dérange. Amazon, qui doit investir plus de 2,5 millions d’euros dans le film, se méfie de Branco et retire vite ses billes. Très précisément le 17 mai 2016, la veille de la conférence de presse de Cannes… En témoigne ce mail de Matthew Heintz, l’un des cadres d’Amazon, furieux de voir que sa société est déjà citée alors qu’aucun contrat ne la lie ­encore au film : « Nous n’avons pas donné notre accord au projet de rendre public notre engagement. (…) Bien que nous admirions les goûts de Paulo et son palmarès, au vu des ­interactions que nous avons eues avec lui, nous ne souhaitons pas poursuivre plus avant les négociations avec lui. »

    Fâcheux, d’autant que Branco a également rompu les ponts avec d’autres financiers pressentis. La société de production Kinology, par exemple. Dans un mail lapidaire, celle-ci affirme : « On ne fera pas le film ­ensemble. » Et les conflits se multiplient. A chaque fois, Branco tranche, violemment : la coiffeuse est trop chère, l’assistant-réalisateur aussi, il tente d’imposer sa sœur comme costumière, se dispute avec Amy Gilliam, ­récuse Michael Palin, trop vieux et pas cavalier pour un sou… Il veut aussi tourner en ­numérique, pour faciliter les effets spéciaux, tandis que Gilliam souhaite user du bon vieux 35 mm. Et puis, les dates ne conviennent plus : il pleut en octobre, le printemps 2017 serait plus indiqué, etc.

    Un parfum de « Panama Papers »

    Le film doit entrer en préproduction, mais rien ne va plus. « Il est temps de jouer cartes sur table. (…) J’ai malheureusement bien l’impression que c’est une question d’argent », attaque Gilliam. « Je n’accepte pas ce genre de comportement d’enfant gâté », rétorque Branco.

    Le 10 juin 2016, une réunion est organisée pour sauver le film. Peine perdue : Gilliam réclame des garanties financières. « Je vais devoir ­annuler tout cela immédiatement et vous renvoyer tous à la maison », se fâche Branco. Le 6 août 2016, il met sa menace à exécution. Par mail, il intime l’ordre à Gilliam d’accepter ses conditions : en substance, Branco devra être seul maître à bord, y compris dans le choix des équipes techniques.

    Inacceptable pour Gilliam. « Toutes tes ­demandes sont totalement incompatibles avec le contrat écrit que j’ai signé », répond-il à Branco, fustigeant aussi son « comportement déloyal et trompeur ». Amy Gilliam ­dénonce, dans un mail, le « comportement d’un tyran et d’un intimidateur ». Réaction immédiate du producteur : il suspend sine die la mise en œuvre du film, tout en prorogeant ses droits sur le scénario. Don Quichotte renoue avec la malédiction.

    Fort de ses contrats en béton armé, Branco attend la contre-offensive. De fait, des plaintes sont déposées en Espagne, au Royaume-Uni et en France. Elles doivent permettre à Gilliam de récupérer ses droits d’auteur, de réalisateur et de scénariste. Sans ceux-ci, difficile de relancer le projet. Mais deux premiers jugements, rendus en 2017 à Paris (en mai) et à Londres (en décembre), donnent raison à Branco.

    Pourtant, Gilliam n’a pas rangé son épée. Il décide de faire son film, malgré tout ! Il trouve un autre producteur, réunit les 16 millions d’euros et lance le tournage, au printemps 2017, avec Jonathan Pryce, qui a suppléé Palin. « Il a suivi toutes mes recommandations, tous mes conseils !, s’indigne Branco, ulcéré d’avoir été dépossédé. Alors, je suis allé voir son contrat, déposé au CNC. » Il fait une drôle de découverte : « Gilliam a demandé à être payé 750 000 euros au Panama ! C’est ça, l’idole de la gauche britannique, le donneur de leçons ? Moi, j’aurais refusé de le payer au ­Panama ! Et comment a-t-il pu bénéficier, dans ces conditions, de fonds publics, notamment d’Eurimages ? »

    De fait, Terry Gilliam est bien détenteur, depuis 1980, d’une société, nommée BFI, sise au Panama, par l’intermédiaire du cabinet d’avocats Mossack Fonseca, au cœur du scandale des « Panama Papers »… « C’est parfaitement assumé et légal vis-à-vis du fisc britannique, assure l’avocat de Gilliam. Branco bloque le film et empêche sa sortie, c’est un grand pervers qui a orchestré un braquage organisé. »

    « Gilliam est fou »

    Plusieurs médiations ont été proposées par Paulo Branco et son avocate, Me Claire Hocquet, qui réclament 3,5 millions d’euros de dédommagement pour laisser le film être projeté sur les écrans. « S’ils passent en force, nous ferons usage de toute voie de droit », prévient Me Hocquet. « Je ne céderai pas, renchérit Branco. Ils se sont comportés comme si j’étais fini, dépassé. Gilliam est fou et mythomane. »

    « Branco fait tout pour dynamiter la sortie du film, réplique Me Sarfati. C’est le sens de son chantage : “Vous me versez 3,5 millions d’euros ou je détruis le film, et je détruis Terry.” »

    Aux magistrats de la cour d’appel de Paris, désormais, de trancher, en méditant, peut-être, cet aphorisme de Cervantès : « Oiseaux de même plumage volent en compagnie. »

  • CE QU’A FAIT BOUMEDIENE POUR L’ALGERIE, – Salimsellami’s Blog
    https://salimsellami.wordpress.com/2018/03/18/ce-qua-fait-boumediene-pour-lalgerie
    http://www.raina-dz.net/IMG/arton1600.jpg?1519303097

    Quand je vois ces bambins bien habillés qui descendent des voitures neuves ou des cars jaunes du ramassage scolaire pour s’engouffrer dans des écoles où l’enseignement est toujours gratuit, je pense inévitablement aux enfants de la colonisation ; je pense aux poux dans les cheveux, aux pieds nus pataugeant dans la boue, aux maladies, à la faim, à l’ignorance, au gourbi, au dénuement…

    Il faut dire à tous ceux qui s’évertuent à nous rappeler que nous avions raté le coche en 1962 qu’à cette date, l’espérance de vie des Algériens ne dépassait pas les 48 ans ! Elle était déjà, il y a quelques années, de 75 ans ! Ce résultat n’est pas le fruit d’une baguette magique ou d’une politique datant de quelques années seulement ! Pour en arriver là, il a fallu prémunir cet Algérien de toutes les épidémies mortelles. Il a fallu lui offrir une bonne prise en charge sanitaire, des médicaments gratuits, des produits de première nécessité à bas prix… Et ce n’était pas rien, au moment où les caisses de l’Etat étaient pratiquement vides et que le pays ne comptait que quelques ingénieurs et techniciens !

    Il a fallu tout créer ! En gommant tout ce qui a été fait depuis 1962, et malgré les insuffisances que nous sommes les premiers à relever dans ces colonnes, certains insultent la mémoire de ceux qui ne sont plus là et qui ont cru que le rêve était possible, qui ont bâti des écoles partout, des usines, des centres de santé dans les coins les plus reculés, qui ont tracé des routes et introduit le progrès aux quatre coins du pays ; n’insultons pas la mémoire de ceux qui ont consacré leur vie à planifier, étudier, réfléchir pour que le gaz de ville, privilège de deux ou trois centres, aille partout ; que l’électricité, totalement absente des foyers algériens, pénètre les cités populaires et les douars ; que l’eau potable, qu’on allait chercher dans les fontaines publiques, devienne un élément incontournable du milieu domestique ; que les fosses septiques soient bourrées de mortier et oubliées, au profit de réseaux d’assainissement modernes, que les salles de bains remplacent le hammam, que la télévision, captée par une infime minorité d’Algériens à Oran, Alger et Constantine, étende son réseau à tout le territoire national, à travers la diffusion hertzienne, puis par satellite. Dès 1975, l’Algérie utilisait le satellite pour porter le faisceau du programme national jusqu’au Hoggar et Tassili, devenant l’un des premiers pays au monde à avoir accès à cette technologie, utilisée, à l’époque, seulement par quelques opérateurs aux Etats-Unis, au Canada et en URSS ! Il a fallu former des enseignants, des ingénieurs agronomes, des techniciens dans le bâtiment et le génie civil, des pilotes, des gendarmes, des médecins, des infirmières, des chercheurs, des pétroliers, des urbanistes, et j’en passe.

    Je rêve souvent d’une Algérie qui produit tout ce dont elle a besoin ; je rêve d’une Algérie qui lance des fusées à partir de notre Sahara. Un ami m’a traité de fou ! Alors, comment devrais-je désigner ces visionnaires qui ont dressé le Barrage Vert, muraille d’arbres allant de Tébessa à El-Bayadh et que j’ai parcourue de long en large, rencontrant des jeunes, appelés sous les drapeaux, fiers de participer à une gigantesque œuvre d’édification nationale à l’heure où l’ANP plantait des arbres aussi ?

    Comment devrais-je appeler ces pionniers qui ont porté le goudron jusqu’à Tamanrasset, et bien au-delà, et tous ceux qui ont bâti des centaines de villages agricoles ?

    Comment devrais-je traiter ces bâtisseurs au long cours qui ont cru qu’il était possible de convoquer les deux génies japonais et brésilien de l’architecture mondiale pour leur confier les plans de deux bijoux universitaires trop souvent oubliés : Constantine et Bab Ezzouar et de cette soucoupe volante blanche posée sur le gazon du parc omnisports Mohamed-Boudiaf ?

    Comment qualifier ces promoteurs qui ont ouvert le pays à l’informatique, à une époque où cette science échappait encore au tiers-monde, faisant du CERI la première grande école supérieure d’Afrique formant des ingénieurs dans cette spécialité ?

    Comment traiter ces hommes qui ont cru qu’il était possible de nationaliser le pétrole et le rendre à son propriétaire ? Et ceux qui ont cru qu’il était possible de traiter le minerai de l’Ouenza ici, à El-Hadjar. Et le complexe est encore là, produisant cet acier dont nous avons tant besoin pour bâtir et bâtir encore !

    Comment traiter ceux qui ont eu l’idée folle de liquéfier le gaz et le mettre dans de beaux et grands méthaniers qui sillonnent le monde ?

    Comment qualifier ceux qui ont osé présenter un film algérien au festival de Cannes et cru en ses chances jusqu’au bout ? Et ceux qui ont introduit la réforme sportive dont les fruits avaient pour noms Madjer, Belloumi, Assad et tant d’autres ?

    Comment appeler ces fous qui ont placé quelques camions de la Sonacome dans la prestigieuse course du Paris-Dakar ? J’étais là et, sur les pistes brûlantes du désert, dans les forêts sénégalaises, la brousse nigérienne et les plateaux de ce qui s’appelait alors Haute-Volta (le Burkina actuel), j’ai vu notre véhicule national damer le pion à Saviem, Lan, Mercedes et tant d’autres marques prestigieuses. De petits chauffeurs du Grand Sud, nourris aux pois chiches, chauffés par quelques verres de thé à la menthe sirotés après les prières matinales : j’ai vu ces gars au cœur grand comme ça, mais sans étoiles, battre les plus prestigieux des pilotes de course !

    Comment appeler ceux qui avaient planifié la construction d’un réacteur nucléaire à Draria ? Et ceux qui en firent autant à Aïn Oussera, avec un centre beaucoup plus important, que les impérialistes voulaient bombarder à une époque où ils voyaient d’un mauvais œil les efforts d’émancipation de notre pays ? Je peux citer à l’infini la liste des « folies » qui ont permis à ce pays de se hisser au firmament de la légende tiers-mondiste, avant qu’un ouragan de force six n’emporte tous nos espoirs !

    Avant que la néo-bourgeoisie, fabriquée à l’usine de la contrefaçon, revancharde, égoïste, ne vienne détruire ce beau rêve. Par l’importation, option devenue stratégique après la destruction programmée de notre tissu industriel, cette nouvelle bourgeoisie parasitaire pille nos ressources financières et agit par tous les moyens pour retarder la nécessaire réindustrialisation du pays. Certains, consciemment ou inconsciemment, nous ressortent le disque rayé d’un prétendu mauvais virage que nous aurions raté en négligeant l’agriculture et le tourisme au profit de l’industrie ! L’agriculture socialiste envoyait, vers l’Europe, l’URSS et l’Amérique, des bateaux entiers d’agrumes, de dattes et de vin ! Et les premiers complexes touristiques algériens étaient les plus beaux du Maghreb. Notre pays recevait, à la fin des années 60, début 70, autant de touristes que le Maroc et la Tunisie. Par ailleurs, pour un pays qui compte autant de richesses naturelles, ce serait un crime de continuer à les exporter et l’option de les transformer ici est l’une des plus grandes batailles menées et gagnées par l’Algérie de Boumediène.

    Et quelle Algérie nous propose-t-on à la place de celle qui bâtissait et espérait ? Regardez autour de vous : une Algérie saignée par l’importation tous azimuts et la course folle à l’enrichissement par tous les moyens ; l’Algérie de l’agriculture des copains renflouée, sans résultats probants, à coups de milliards ; l’Algérie où les plus riches et les plus puissants s’envolent pour se faire soigner à l’étranger, alors que la majorité du peuple n’a droit qu’à des hôpitaux surchargés et sous-équipés ; l’Algérie du désespoir, du terrorisme, du grand banditisme, l’Algérie des harraga et des chômeurs qui s’immolent, une Algérie qui n’a même pas su prendre les devants pour détruire quelques nids de djihadistes à ses frontières méridionales, laissant cette tâche à l’armée française ! Pour une fois, je suis d’accord avec le Président Bouteflika qui aurait dit, s’adressant à M. Ayrault : « Soyez fiers de ce que vous avez fait au Nord-Mali. » Grâce à cette intervention, il y a moins de danger à nos frontières sud.

    Alors, cessez d’insulter les braves qui voulaient offrir autre chose à l’Algérien que des bagnoles importées, des gadgets importés, des joueurs importés et des… ouvriers importés !

    Le Soir d’Algérie

    par Maamar Farah                                           http://www.raina-dz.net/spip.php?article1600

  • Signé Jean-Loup Grosdard

    Complice de Jean-Patrick Manchette avec qui il « invente » le néo-polar, Jean-Pierre Bastid réalisa avec des copains un polar vicieux, une farce gigantesque et anarchisante qui secoua la croisette du festival de Cannes en 1966 : Massacre pour une orgie . Le film fut totalement interdit en France, mais exploité un peu partout, dans les salles interlopes d’Europe et aux Etats-Unis. Personne n’avait pu revoir une copie d’époque. Le Cinéma Nova à Bruxelles @cinema en a miraculeusement retrouvé une dans une cave humide.

    #néo_polar #cinéma
    La chronique de Christophe Bier : https://www.franceculture.fr/emissions/mauvais-genres/les-coeurs-des-amazones-rencontre-avec-christian-rossi-et-geraldine-bi



    Massacre pour une orgie, de Jean-Loup Grosdard [Jean-Pierre Bastid], 1966

    « Massacre pour une orgie, c’est la pierre de Rosette du cinéma de #sexploitation qui attend encore d’être déchiffrée. C’est un rêve vicieux en noir et blanc, un voyage lysergique licencieux, un collage caillouteux invraisemblable qui vire au film noir surréel et épique. Sexe, drogue, sadisme et nudité. L’underground s’envoie en l’air avec le film d’art… » (Frédéric Thibaut, Cinérotica n°3, 2008). Officiellement produit au Luxembourg où la législation était plus souple qu’en France, ce film érotique de gangsters, premier long métrage de Jean-Pierre Bastid (sous le pseudo de Jean-Loup Grosdard, « pour saluer le seul cinéaste de la Nouvelle Vague qui m’émerveillait »), n’échappa pas à la censure gaulliste. Le négatif fut saisit au laboratoire et « Massacre pour une orgie » interdit en salles par la Commission de contrôle, dont un membre écrivit : « Le film est à interdire totalement et le réalisateur est à interner ». Les copies ayant apparemment toutes disparues, nous sommes heureux de ne pas devoir vous montrer la version anglophone du film, expurgée de passages jugés outrageux par le distributeur américain qui pour compléter le massacre y ajouta des dialogues de son cru. À force de recherches obstinées et d’une bonne dose de chance, nous avons fini par mettre la main sur la perle rare : une copie 35mm ! Sous-titrée en néerlandais, s’il vous plaît…

    http://www.nova-cinema.org/prog/2018/164-laissez-bronzer-les-cadavres/autour-des-cadavres/article/massacre-pour-une-orgie#article-19239

  • Sandra Muller : « Ce n’est pas parce qu’on protège les femmes qu’on va entraver leur liberté sexuelle »
    http://www.liberation.fr/france/2018/02/09/sandra-muller-ce-n-est-pas-parce-qu-on-protege-les-femmes-qu-on-va-entrav

    Sandra Muller, 46 ans, est la créatrice du hashtag controversé #BalanceTonPorc, qui a mis le feu à Twitter le 13 octobre. Dans deux tweets consécutifs, cette journaliste française installée à New York appelait à dénoncer nommément les harceleurs et leurs pratiques. Pour Libération, elle a accepté, avec fougue, de revenir (par téléphone) sur les raisons de son initiative, trois mois après le début du mouvement international de libération de la parole féminine, auquel #BalanceTonPorc a contribué. Ces dernières semaines, Sandra Muller avait observé un « silence judiciaire » requis à la suite de la plainte en diffamation d’Eric Brion, son « porc » présumé et ancien patron de la chaîne Equidia qu’elle avait « balancé » dans son deuxième tweet.
    Pourquoi accepter de vous exprimer maintenant ?

    Aujourd’hui, je suis devenue une personnalité publique, et c’est mon devoir de continuer à assumer ma démarche. Je pense aux victimes et je me dis qu’il ne faut jamais lâcher et laisser retomber le débat. J’avais beaucoup parlé au début du mouvement, j’acceptais tous les entretiens des journalistes, c’était un peu la spirale infernale médiatique. Mais bon, je suis moi-même journaliste et je n’aime pas lorsqu’on me refuse une interview, donc c’était aussi par respect pour mes confrères. J’ai été ensuite soumise au respect du « silence judiciaire » durant quelque temps, après la poursuite en diffamation d’Eric Brion, mais j’ai à nouveau le droit de m’exprimer. J’en profite !
    Où en est cette poursuite en diffamation ?

    Début janvier, Eric Brion a décidé de porter plainte contre moi pour diffamation. Un changement de stratégie illogique puisqu’il avait reconnu les faits et s’était excusé fin décembre dans une tribune publiée par le Monde. Une fois la plainte déposée, il m’a aussi, via une mise en demeure, demandé de retirer mon tweet. J’ai refusé. Avec moi, l’intimidation, ça ne marche pas. Et puis ça ne rimait à rien : le tweet avait fait le tour du monde avec des captures d’écran… Je n’allais pas faire machine arrière, j’ai dit la vérité, je ne vois pas pourquoi je devrais la cacher. Concernant le calendrier judiciaire, je sais seulement que mon avocat doit rendre ses conclusions au tribunal le 9 mai.
    Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

    Cette attaque en justice me donne encore plus de hargne ! Aujourd’hui, j’ai décidé de m’engager à fond dans la cause, en parallèle de ma carrière professionnelle. J’ai un livre en préparation et je suis en train de fonder une association pour lutter contre le harcèlement sexuel et les agressions dans le milieu du travail. J’aimerais suivre les entreprises pour voir si elles font des progrès en la matière, créer un fonds d’aide pour les victimes, offrir une aide juridique et psychologique… Avec mon avocat, Alexis Guedj, et son assistante Thaïs Boukella, on vient de juste déposer le nom de l’association : We Work Safe (1).
    Comment avez-vous traversé la période depuis le 13 octobre, ce jour où vous avez lancé #BalanceTonPorc ?

    Ce n’est que cinq ou six heures après mon tweet que j’ai vu les notifications dans tous les sens sur mon téléphone. J’étais déjà dépassée. Tout de suite, trop de médias, de tous pays, m’ont sollicitée et je n’étais pas prête pour tout ça. Alors je me suis mise en mode robot, sans avoir préparé aucun discours, et j’y suis allée avec mes tripes. Je n’ai vite plus vu le jour, j’étais crevée – sur une photo de l’AFP datant de deux jours après le début du mouvement, je ne me reconnais pas ! Aujourd’hui, j’en suis à 800 000 messages reçus concernant #BalanceTonPorc, c’est la folie. Le fait de vivre aux Etats-Unis ne m’a pas permis de prendre tout de suite conscience de l’ampleur du phénomène en France. Ce n’est que le 30 janvier, lorsque j’ai été invitée par l’Elysée et célébrée parmi les « héros 2017 » que j’ai pleinement réalisé les conséquences de mon initiative.
    Comment vous est venu #BalanceTonPorc ? Pourquoi avoir fait le choix de dévoiler dans votre tweet le nom de votre harceleur présumé ?

    C’était à l’heure du thé, j’étais avec une amie au téléphone et on se disait que les « pigs », comme était surnommé Harvey Weinstein, déjà en pleine tourmente, ne se limitaient pas seulement au monde du cinéma. J’ai tout de suite pensé à Eric Brion. Cette soirée m’est revenue en tête, surtout cette phrase : « Je vais te faire jouir toute la nuit. » Je voulais que ces propos restent dans l’esprit des gens comme ils étaient restés dans le mien. Pourquoi avoir décidé de donner son nom ? Sur le coup, la menace de la diffamation ne m’a même pas traversé l’esprit. Et puis, pourquoi je ne l’aurais pas mis ? A un moment donné, quand on dit la vérité, qu’on a toutes les preuves, je ne vois pas pourquoi on devrait continuer à protéger les harceleurs et autres agresseurs. Cela a sans doute aussi été plus facile pour moi parce que je ne travaillais pas avec cet homme [l’incident se serait produit dans le cadre du travail, au Festival de Cannes : Sandra Muller est journaliste à la Lettre de l’Audiovisuel et Eric Brion était à l’époque patron de la chaîne Equidia, ndlr].
    Certains dénoncent une « chasse aux sorcières » et de la « délation »…

    C’est recevable : comme dans un commissariat de police, certaines dépositions sont fausses. Pareil dans les manifestations, il y a des casseurs qui vont contredire le bien-fondé de l’action menée. Evidemment, le risque de mettre en l’air, à tort, la vie d’un homme me navre, et il peut y avoir des « dommages collatéraux ». Mais le bienfait du mouvement est tellement important ! Et il y a plus de victimes que de mythomanes. Aux Etats-Unis, on ne se pose pas trop la question, on n’hésite pas à dénoncer : il y a une culture de l’affichage, et peu d’innocents ont été « balancés » à tort sur la place publique. Il faut arrêter de faire passer les victimes pour les bourreaux, n’inversons rien.
    Que pensez-vous de la tribune des « 100 femmes », dont Catherine Deneuve et Catherine Millet, qui défendaient le « droit d’importuner » dans « le Monde » ?

    Elle m’a paru invraisemblable, rien n’était cohérent. Mais je ne suis pas là pour entrer dans le conflit, alimenter le buzz et donner de la valeur à leur argumentation erronée. Tout ce que je peux vous dire, c’est que cette tribune donne une très mauvaise image de la France et qu’elle a surtout déstabilisé certaines victimes. Bien sûr, tout le monde a le droit d’expression, mais ce genre d’acte de désolidarisation a découragé certaines femmes à libérer leur parole. Certaines d’entre elles m’ont envoyé des messages pour me faire part de leur hésitation. Du style : si je parle, est-ce que je deviens une puritaine avec la croix autour du cou ?
    Cette tribune n’est pas la seule à accuser les mouvements #BalanceTonPorc et #MeToo d’alimenter un climat moralisateur, réactionnaire…

    Rose McGowan et Asia Argento sont-elles des figures du puritanisme ? Il faut arrêter un petit peu ! Ce n’est pas parce qu’on protège les femmes qu’on va entraver leur liberté sexuelle. On n’enlève rien, on ajoute seulement quelque chose de positif. Idem, certains nous accusent de vouloir entrer dans une « guerre des sexes » et je trouve cela consternant. Bien sûr que les hommes peuvent continuer à draguer, ce serait déplorable autrement, mais il y a quand même différentes étapes dans la « séduction ». Et je ne nie pas les violences sexuelles dont les hommes peuvent être victimes ! Dans le numéro du Time Magazine consacré au mouvement de libération de la parole, il y a le portrait de deux de ces hommes, et je trouve cela primordial.
    Vous considérez-vous comme féministe ?

    Si on parle de ces féministes qui signent le manifeste des 343 salopes et qui, derrière, prennent la parole au nom de la « liberté d’importuner », non merci ! Avant toute cette histoire de #BalanceTonPorc, je n’étais ni activiste, ni féministe née, ni rien du tout. Je suis simplement issue d’une famille matriarcale de trois générations dans laquelle je n’ai pas eu besoin de me faire une place par rapport aux hommes. « Silence Breaker », « briseuse de silence », comme m’a surnommée le Time Magazine, je trouve que ça me va mieux. Moi je ne me sens pas féministe, je suis une justicière, une grande gueule, et là, en l’occurrence, c’est tombé sur une cause en faveur des femmes.
    Aux USA, les « porcs » ne cessent de tomber. Que pensez-vous de ce qui se passe (ou ne se passe pas assez) en France ?

    Je crois que les femmes sont plus puissantes aux Etats-Unis et qu’on prend leur prise de parole au sérieux. Quand une femme se dit victime outre-Atlantique, on ne va pas remettre en doute ses propos comme on peut le faire en France. Au contraire, on va tout de suite écouter ce qu’elle a à dire et essayer de la protéger au mieux. Peut-être que c’est une question culturelle. En France, on a peut-être ce côté latin, un peu macho. En tout cas, c’est ce que pensent les Américains. Difficile de les contredire…

    (1) https://www.gofundme.com/balancetonporc
    Anaïs Moran

    • Il faudrait aussi chercher de quoi le mot féministe est devenu synonyme et à quelle occasion.
      Ça m’a questionné de comprendre que la loi sur l’avortement est passée au moment où les femmes commençaient à s’entraider pour ne plus en crever et qu’elles se formaient avec l’aide de médecins en communauté scientifique alternative très prometteuse. Que le pouvoir des médecins et des hommes politiques se devait de faire rentrer dans le champ législatif ce qui était en train de leur échapper. Et tant qu’elles en crevaient tout allait bien.

      A chaque fois finalement que l’on a dit aux femmes ce qu’il fallait qu’elles pensent ou qu’elles fassent, elles se sont retrouvées à payer très cher ensuite leur nouvelle subordination. On ne se défait pas des systèmes de dépendances aussi bien ancrés dans les interstices du quotidien, les déplacements se sont faits à d’autres niveaux de transactions sociales, comme la liberté sexuelle par l’assujettissement des corps.
      Ma supposition est que les féministes militantes des années 70 ont du exercer, avec raison, du pouvoir pour convaincre de la nécessité d’agir pour s’émanciper, construisant une image de femme forte ayant temps et argent pour s’instruire et engager la révolte et l’émancipation. Pas vraiment à l’image des travailleuses qui trimaient pour survivre.
      Petite phrase piquée à @philippe_de_jonckheere

      Vous remarquerez que les gens qui souffrent le plus
      Se sentent illégitime pour témoigner
      Cela devrait vous faire réfléchir

      Je ne sais plus qui disait que pour penser la révolte il faut avoir le ventre plein.

      D’autre part, pour Libé qui fait l’interview, il est plus facile de faire passer le message de quelqu’un qui ne se revendique d’aucun mouvement pour ensuite remettre le couvercle. Oui il y a twitter, mais le choix des « têtes d’affiches » ce sont les #médias_massifs qui l’exerce ensuite.

  • Le Guardian, jaloux du rôle pionnier du Monde dans ce domaine, a enfin trouvé quelqu’un du cinéma pour porter le flambeau anti-#Metoo. Un qui a trouvé en plus super malin de dénoncer ça sur le thème de la « chasse aux sorcières »…

    Michael Haneke : #MeToo has led to a witch hunt ’coloured by a hatred of men’
    https://www.theguardian.com/film/2018/feb/12/michael-haneke-metoo-witch-hunt-coloured-hatred-men

    Michael Haneke has become the latest figure to criticise the #MeToo movement against sexual assault and harassment in the film industry, arguing that it has instigated a “witch hunt” that “should be left in the Middle Ages”.

    The Austrian film-maker, two-time winner of the Palme d’Or at Cannes, made his concerns known during an interview with Austrian newspaper Kurier, later reported by Deadline. “This new puritanism coloured by a hatred of men, arriving on the heels of the #MeToo movement, worries me,” he said. “As artists, we’re starting to be fearful since we’re faced with this crusade against any form of eroticism.”

    While Haneke noted that any act of “rape or coercion” should be punishable, he said that “this hysterical pre-judgment which is spreading now, I find absolutely disgusting. And I don’t want to know how many of these accusations related to incidents 20 or 30 years ago are primarily statements that have little to do with sexual assault.

    “This has nothing to do with the fact that every sexual assault and all violence – whether against women or men – should be condemned and punished. But the witch hunt should be left in the Middle Ages,” he added.

    • Le Guardian se réfère donc à cet article de « Deadline » (des fois que tu connaisses) : Michael Haneke On MeToo : “Witch Hunt Should Be Left To The Middle Ages”
      http://deadline.com/2018/02/michael-haneke-metoo-witch-hunt-comments-1202285106

      Oscar and double Palme d’Or winner Michael Haneke has become the latest prominent European artist to lament what he calls a “witch hunt” in the wake of the #MeToo movement. Speaking with Kurier, the Austrian filmmaker said there is no question that “any form of rape or coercion is punishable… But this hysterical pre-judgment which is spreading now, I find absolutely disgusting. And I don’t want to know how many of these accusations related to incidents 20 or 30 years ago are primarily statements that have little to do with sexual assault.”

    • Lequel Deadline tire ses citations d’une interview autrichienne de « Kurier » : Michael Haneke : "Hexenjagd im Mittelalter belassen"
      https://kurier.at/kultur/michael-haneke-hexenjagd-im-mittelalter-belassen/310.169.980

      Glauben Sie nicht, dass es neuerdings eine Tendenz gibt, Tabus wiederaufzubauen, etwa in der Folge der #MeToo-Debatte?

      Oh Gott, fragen Sie mich nicht danach. Als Mann sollte man zu diesem Thema ja kaum mehr etwas sagen. Natürlich finde ich, dass jede Form von Vergewaltigung oder Nötigung zu ahnden ist. Das ist ja gar keine Frage! Aber diese Vorverurteilungshysterie, die jetzt um sich greift, finde ich absolut degoutant. Und ich möchte nicht wissen, wie viele dieser Anklagen, die sich auf Vorfälle vor 20 oder 30 Jahren beziehen, in erster Linie Abrechnungen sind, die mit sexuellen Übergriffen nur wenig zu tun haben.

    • Il y connaît rien en sorcières Haneke. La chasse aux sorcières c’était à la renaissance et pendant le Maccarthysme.
      Ca m’étonne pas de lui.
      Cette confusion entre érotisme et harcelement sexuel est typique de la culture du viol. Ces derniers jours j’ai fait lire à Amélie pas mal de textes sur la littérature libertine du XVIIIeme d’un point de vue féministe : comme par exemple celui ci https://imaristo.hypotheses.org/166

      Cette littérature se caractérise par

      un monde où la gloire des hommes s’acquiert par la conquête des femmes, et où les femmes ne sont jamais que des proies[3] au service de ce jeu faussé de la séduction.

      #fraternité #érotisme #culture_du_viol #domination_masculine #male_tears

  • Jacques-Armand Cardon, né en 1936, au Havre (France), commença par travailler dans les arsenaux de la marine. En 1958, l’occasion lui fut offerte de fréquenter l’École des beaux-arts de Toulon, où il étudia la lithographie ; il pratiqua ensuite la gravure et la sculpture.
    .
    Il publia ses premiers dessins en 1961, dans Bizarre, éditions Jean-Jacques Pauvert. Dès 1962, il collabora à Siné-Massacre, France-Soir (il publia entre autres : Le Crime ne paie pas), à L’Humanité, à la revue du SNESUP (Syndicat National de l’Enseignement Supérieur). En 1968, célèbre année, il collabora à L’Action, publia des dessins dans L’Enragé (avec Siné, Gébé, Wolinski, Topor, etc). De 1970 à 1978, il fit paraître des bandes dessinées dans Charlie, L’Écho des Savanes, et des bandes dessinées politiques dans Politique-Hebdo — pour L’Humanité-Dimanche jusqu’en 1979. Il participa à la série télévisée de Jean Frapat, « Tac au Tac » ; il dessina pour un ballet de Paul-André Fortier, à Montréal, en 1981. Il réalisa un dessin animé L’Empreinte (Prix de la 1re oeuvre au Festival d’Annecy, sélection pour le Festival de Cannes, 1974). Il créa la revue Le Père Denis avec Kerleroux, Vasquez de Sola et Grandrémy. Parution de dessins dans l’Anthologie Planète, L’Humour Noir de Jacques Sternberg (1967) ; création de La Condition humaine dans Satirix (1972) ; publication des albums Ligne de Fuite, éditions Albin Michel, de La Véritable histoire des compteurs à air, éditions de la Courtille (1973), du recueil Comment crier et quoi (1986) ; en 1995, dessins pour Les Sursitaires d’Elias Canetti ; en 2001, dessins dans l’Anthologie Tout l’humour du monde, éditions Glénat.
    .
    Il collabore régulièrement au Monde et au Canard Enchaîné. Parallèlement, il expose ses dessins en France, en Allemagne et dans d’autres pays européens.

    http://www.editions-du-heron.com/2_parutions_bx_livres_cardon_couv_et_coffret_2_A.html
    http://lecanardenchaine.free.fr/equipe.html
    https://www.babelio.com/auteur/Jacques-Armand-Cardon/68709
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=365&v=bLRzwwAZ26o


    #Cardon Jacques-Armand #Dessin

    • Il y avait un we promotionnel il y a pas longtemps. Je me suis régalée.
      on en parle un peu ici : https://seenthis.net/messages/657532
      et là : https://seenthis.net/messages/651611

      J’avais découvert Judith Bernard via ASI quant il y avait encore la TV et j’ai toujours trouvé interessant ce qu’elle faisait à l’époque. Avec Pierre Carles (découvert via rezo) et le sexisme de Shnedeirmann (qui m’enervait depuis longtemps) et aussi du mec pseudo scientifique dont j’ai oublié le nom, j’ai pas continué à suivre quant illes ont poursuivi sur le web. Mais dans Hors-série il m’a pas semblé y avoir Shneiderman, et j’ai bien aimé. Les 30€ annuels me semble bien dépensés vu la qualité des émissions.
      Les trois « dans le myth » Anonymous-cyborg et sorcières sont passionnant. La laideur féminine, l’emission avec G.Sellier a voire aussi. J’en ai stocké quelques unes que je compte écouté en dessinant probablement la semaine prochaine. J’ai téléchargé que le son car j’ai surtout pris des entretiens Lordon, celui sur la misarchie, les prédateurs au pouvoir, une sur les chants inuits (qui devrait intéressé @simplicissimus aussi) et d’autres que j’ai pas en tête ...

    • De ce que Judith Bernard m’a raconté, elle travaillait pour ASI version web après le mouvement des instits où elle s’est fait connaître. C’est suite à des divergences politiques (exactement, toujours d’après ce qu’elle m’a expliqué, une histoire de prise de position explicite ou non) que Bernard et Shneiderman ont décidé de la formule suivante : ASI héberge et produit HS. Ils sont indépendants mais hébergés et produits.

    • A propos de G. Sellier @mad_meg . Tout ce qu’elle raconte sur les politiques publiques du CNC et de la Cinémathèque est passionnant. Et puis Laura Raim l’invite à parler de cinéma. Et là mes roues en sont tombées. C’est très bizarre et assez affligeant. D’ailleurs je conseille vivement les premiers commentaires de cette émission avec des personnes qui visiblement pensent et parlent un peu mieux que moi... Mais alors ? Ne peut-on vraiment pas du tout penser le cinéma comme un objet un petit peu indépendant de ceux et celles qui l’ont fabriqué ? Et pareil : pour moi entre un personnage, un ou une auteur, et enfin le film lui-même ne peut-on pas imaginer une distance. Bon merde ça m’énerve excusez-moi

    • Elle dit qu’elle est en réaction à l’habitude française qui exclue tout débat sur le fond et réduit les films à des questions formelles. Je sais que sur ca on est souvent en désaccord. Les œuvres ne sortent pas du néant, elles sont d’une certaine époque, d’une certaine origine culturelle... Pourquoi est ce qu’on ne pourrait pas mettre en relation l’auteur et ou il se situe. Surtout dans le ciné dit d’auteur. Le contexte socio-culturel de la création des films je ne trouve pas réducteur de le connaitre et d’en discuter. Tu ne reçoit pas un film hong-kongais de la meme manière qu’un film suédois et un auteur pedophile ou/et violeur ca donnt un contexte a son discours qu’on peu vouloir prendre en consideration sur l’appreciation de son discours artistique.

    • « Je sais que sur ca on est souvent en désaccord. »
      Il ne me semble pas que ce soit figé, en tout cas pas de mon côté.
      Moi ce qui me gêne vraiment, notamment dans le site https://www.lecinemaestpolitique.fr, c’est la tendance systématique à jeter aux ordures un film sur le simple constat de ce qui s’y passe. Ainsi que le raccourci personnage mauvais=discours mauvais=film mauvais. Il me semble que les auteurs ne sont pas si con·ne·s que ça.

    • Si je pensait que changer d’avis est exclue (de ta part et de la mienne) je prendrait pas la peine de discuter.

      Par rapport au site le cinéma est politique, le critère d’évaluation du ciné par les membres du site est la politique. En fait le ciné est plutot un prétexte à parler de féminisme, homophobie, racisme, transphobie, classes sociales... et de se servir du ciné comme un réservoir d’exemple de stéréotypes. C’est dans cet esprit que j’ai écrit un article là bas il y a quelques années. Ca me semble logique que les membre du site déconseillent les films qui ne sont pas satisfaisant sur le critère du discours tenu vu que c’est le critère du site. C’est un peu comme si il y avait un site « le cinéma est lumière » et que tu reprochait aux membres du site de se servir de la lumière comme critère pour évalué le cinéma et de pas s’interessé aux autres aspects des films. Si l’éclairage est mauvais, le site « le cinéma est lumière » déconseillera le film, et cela même si le montage est excellent et les acteurices époustoufflant·es. C’est la même chose que pour Sellier, comme elle l’explique le discours sur ce que racontent les films à été méprisé dans la critique ciné française pendant des années. C’est toujours pas fini d’ailleurs vu que les personnes qui s’intéressent à ce que disent les films, et pas à comment ils le disent, sont toujours facilement traité de con·nes. Ca me semble important, utile et bienvenu d’analysé le discours tenu par les films produits par Weinstein, de démonté le racisme des comédies françaises, d’analysé la culture du viol dans star war... Des critiques sur le génie grandios de Star war c’est pas ce qui manque, par contre de la critique politique on en trouve que depuis peu de temps.

      Par rapport aux gens du site le cinéma est politique que j’ai rencontré pour la plus part, illes ont des films qu’ils apprécient malgré le fait que politiquement ca leur déplaise. De mon coté ca m’arrive aussi, mais j’avoue qu’un film qui me dit des trucs misogynes, racistes, homophobes... ca me gâche le plaisir.

      J’ai pas mal édité ce message car je l’ai écrit un peu précipitamment tout à l’heur, j’espère que ca te pose pas de problème.

    • Non @mad_meg aucun problème. Plusieurs remarques viennent toutefois à mon esprit...
      Si un·e personnage, principal·e ou pas, a un comportement que les membres du site désapprouvent, j’ai souvent l’impression qu’aucune problématique n’est posée sur la distance possible entre le film et ce personnage. Cela me parait grave et susceptible de détériorer complètement la renommée du site. Bien sur, ce n’est pas le cas pour tous les articles mais certains, dans ce sens, m’ont bien semblé complètement à côté de la plaque. Rien n’est simple lorsqu’on affirme « le film dit... ». Il faut attraper ça avec des pincettes, et précisément, pour tenter de trouver un discours critique fertile. Ou alors (et c’est possible) on affirme haut et fort que compte tenu du monde audiovisuel actuel tout films contenant des violences sexistes est politiquement à bannir grâce au raccourci viol dans un film=film qui promeut la culture du viol.
      Et biensur, certains autres articles m’ont semblé tout à fait originaux et moralement/politiquement salvateurs (l’article sur Death Proof, ...).

      Je finis sur ton exemple le cinéma est politique et le cinéma est lumière. Cela me semble tout différent. Je ne crois pas qu’on puisse parler d’un film autrement que sur un plan politique. On peut bien sur aimer un film pour d’autres raisons que le supposé discours politique du film. Evidemment. Mais c’est comme si, dans un film tout était politique. De l’intérieur du film, ce qui s’y passe, narrativement mais aussi techniquement, et aussi de l’extérieur, quel système, quelle époque, l’accouche. On peut aussi l’apprécier pour d’autres raisons certes. Mais alors, que dirais « le cinéma est lumière » d’un film pornographique de vidéo club ? Non non... je crois que le politique chapeaute tout autre critère.

    • J’ai écrit ça sur LCEP à propos de La Leçon de piano :
      Compte tenu de la date de cet article et des nombreux commentaires qui y ont fait suite, il est un peu vain d’en faire quelque chose. Toutefois essayons.

      Julie G je ne me permettrai aucun reproche à votre analyse.
      Je me permettrai toutefois de vous proposer une autre grille de lecture, un autre point de vue. Je vois bien en effet votre volonté de prendre ce film comme un creuset à partir duquel vous élargissez votre propos à tout un ensemble de films et plus généralement de médias. Ainsi votre article fait fi de la date de production du film, du reste de l’œuvre de sa réalisatrice ainsi que de son mode de production. C’est un choix très clair qui vous permet, entre autre, de mettre les points sur les « i » en notant les violences dont l’héroïne est victime.

      Je crois que c’est tout le travail de Jane Champion que de prendre le point de vue de ses personnages féminins pour étudier, le plus précisément possible la manière qu’elles ont de résister à un monde qui les écrase et les détruit. C’est d’ailleurs d’après moi toute la richesse du cinéma que de pouvoir mettre en scène des personnages mauvais (raciste, misogyne, fasciste, ...), des personnages qui dégoûtent, en les rendant donc plus humains mais sans faire l’éloge de leurs méfaits.
      Pour La Leçon de piano, Jane Campignon me semble s’attacher à décrire les nuances de ce personnage trouble qui, en effet, finira par trouver une source de liberté dans le personnage joué par Harvey Keitel. Je ne crois pas qu’elle en fait une règle absolue : oppresse ou viole ton égérie elle finira par t’aimer. Je repense aussi à la scène d’un érotisme fou (chacun sa sensibilité) du trou dans la chaussette. Justement, il me semble que cette scène est absolument rare dans le cinéma mainstream et d’autant plus dans le cinéma primé à Cannes. Vous parlez de la sacro sainte pénétration je crois pourtant que personne d’autre que Jane Camion n’a su dans le cinéma explorer autant les questions de désir féminin.

      Enfin, vous citez d’autres œuvres cinématographiques ou télévisuelles où des femmes ont eu une place importante, scénaristes, réalisatrices... Tout les cas que vous citez sont les produits de système extrêmement rigoureux en terme de production (studio hollywoodien, major, chaîne de télé,...). Depuis ses débuts Jane Campion a pris soin de son indépendance (au début...) pour explorer les thématiques qui lui tenait à cœur.

    • J’avais pas eu le temps de te répondre la dernière fois et merci à toi de relancé la discutions avec un exemple précis. C’est justement ce que j’allais te demandé pour discuter plus concrètement. Comme j’ai vu la leçon de piano une seule fois et il y a longtemps et que je connais mal la filmographie de Campion (j’ai beaucoup apprécié sa série Top of the lake), que je me souviens pas du texte de Julie G, il faut que je me rafraîchisse la mémoire. Je révise et je te répondre la semaine prochaine.

      Par rapport à cette phrase :

      Ou alors (et c’est possible) on affirme haut et fort que compte tenu du monde audiovisuel actuel tout films contenant des violences sexistes est politiquement à bannir grâce au raccourci viol dans un film=film qui promeut la culture du viol.

      Avec ce genre de phrase j’ai pas l’impression que tu comprenne ce qu’est la culture du viol. Le site ne préconise pas le bannissement de films. Les films sont des supports à discutions sur les stéréotypes culturels, le cinéma est choisi pour son coté industriel (plus de critique des Disney, Batman que de Campion).

      Par rapport à Campion la possiblilité qu’une scène d’un de ses films vehicule des clichés sur le viol ne met pas en cause ni la qualité du film en question ni l’independance de Campion. Je voie pas comment on peu se prétendre immunisé contre le patriarcat et je pense que c’est interessant d’avoir des interrogations y compris vis à vis des réalisatrices et du ciné indé. Mais peut être que il n’y a rien de problématique vis à vis de la culture du viol dans la leçon de piano comme tu le dit, là dessus je te répond dans quelques jours.

    • Je reviens après la lecture de l’article de Julie G sur La leçon de piano.
      Je reprend ton commentaire pour y répondre précisément.

      Pour La Leçon de piano, Jane Campignon me semble s’attacher à décrire les nuances de ce personnage trouble qui, en effet, finira par trouver une source de liberté dans le personnage joué par Harvey Keitel. Je ne crois pas qu’elle en fait une règle absolue : oppresse ou viole ton égérie elle finira par t’aimer.

      Julie G ne prétend pas que Campion fasse une règle absolue de ce stéréotype. Julie G dit que Campion utilise se stéréotype sans s’en rendre compte et ne le dépasse pas, elle le valide dans son scénario. Le fait que Harvey Keitel soit un agresseur sexuel est atténué et les exemples d’inversion de culpabilité propre à la culture du viol sont bien présents.

      Je repense aussi à la scène d’un érotisme fou (chacun sa sensibilité) du trou dans la chaussette. Justement, il me semble que cette scène est absolument rare dans le cinéma mainstream et d’autant plus dans le cinéma primé à Cannes. Vous parlez de la sacro sainte pénétration je crois pourtant que personne d’autre que Jane Camion n’a su dans le cinéma explorer autant les questions de désir féminin.

      Oui mais l’article ne parle que de la leçon de piano et prend la peine de dire que le film est beau et que l’oeuvre de Camprion est féministe. Le fait qu’il y ai des scènes qui explore un érotisme différent dans ce film ou dans d’autres de Campion, ne change pas la pértinance des remarques faites par Julie G sur les scènes qui lui ont posé problème.

      Par rapport à l’époque, c’était pas tourné au XIXeme, et le féminisme existe depuis deux siècles. Meme si c’était une oeuvre de jeunesse, ca ne change pas que les stéréotypes : « elle est devenu amoureuse de son agresseur » et « les agresseurs sont en fait de grands amoureux » sont présents dans se film et qu’on en avait jamais parlé. En parlé comme le fait Julie G ne fait pas de la leçon de piano un film à bannir, ni un mauvais film. C’est juste qu’il est important et utile de bien comprendre que les clichés de « elle est devenu amoureuse de son agresseur » et « les agresseurs sont en fait de grands amoureux » sont très commun, y compris dans le ciné d’auteurices, y compris dans le ciné réalisé par des femmes, y compris dans le ciné réalisé par des femmes féministes.

      Du coup je comprend pas ce que tu reproche ici à Julie G. Elle ne dit pas que le film est à bannir, elle ne dit pas que Campion est une mauvaise féministe ou qu’elle n’aurait pas d’indépendance. C’est très bien que Campion soit indépendante, mais c’est pas le sujet. Le sujet c’est la culture du viol et aussi la culture colonial (cf la partie sur les maoris) qui est insidieuse au point qu’on la trouve là ou on aurait pas cru la trouvé.

    • Je te conseil ces textes
      https://womenandfiction.blog/2016/03/31/un-viol-disparait-zone-grise-et-mere-coupable

      L’utilisation de ce vocabulaire anachronique a des limites, mais pour moi, il s’agit d’un préalable nécessaire à toute étude, pour éviter de reconduire la culture du viol sans regard critique, pour éviter de présenter les violences sexuelles comme normales : à partir du moment où les bons mots sont utilisés, on peut contextualiser, proposer des nuances, mettre en valeur le traitement des violences sexuelles spécifique à la trilogie (très riche et surtout contradictoire chez Beaumarchais, entre analyse des rapports sociaux de pouvoir et naturalisation des violences).

      –----
      Laclos, Casanova et la culture du viol, ou du danger de fétichiser le XVIIIe siècle
      http://imaristo.hypotheses.org/166

      Je passe sur la déconstruction de cette théorie et de ses conséquences politiques[8] pour me concentrer plutôt sur son sous-bassement épistémologique : une vision tronquée et partielle de la littérature et de la culture du XVIIIe siècle, au service d’une thèse idéologique de type réactionnaire. Ce que je veux défendre ici, c’est l’idée qu’une attention portée à ce que la pensée féministe appelle, depuis les années 1970, la « culture du viol » (soit, suivant une définition minimale, un ensemble de discours et de représentations qui tendent à minimiser, tolérer, voire même excuser ou encourager le viol des femmes) non seulement n’est pas une lecture a priori anachronique de la littérature du XVIIIe siècle, mais pourrait même rendre compte de la réalité de la présence du viol dans ces textes de manière beaucoup plus satisfaisante, et nous permettre de mieux saisir la puissance critique et libératoire de certains d’entre eux, à l’image de cette page des Liaisons dangereuses avec laquelle j’ai commencé ce billet.

  • Violences sexuelles : « La nature a remplacé la culture comme origine de la violence »
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/01/09/olivier-roy-de-quoi-le-cochon-est-il-le-nom_5239199_3232.html

    Quelque chose vient de changer dans la dénonciation des agressions sexuelles. Qu’on se rappelle celles de Cologne lors du Nouvel An 2016, ou bien le débat sur la circulation des femmes dans les « quartiers » : la faute était attribuée alors à la culture des agresseurs (en l’occurrence, bien sûr, l’islam). Les agressions commises par des hommes occidentaux bien sous tous les rapports étaient soit minimisées, soit présentées comme relevant d’une pathologie individuelle. Et la solution était de promouvoir les « valeurs occidentales » de respect de la femme.

    Or avec l’affaire Weinstein et « balance ton porc », on a un renversement de perspective : le problème n’est plus la culture de l’agresseur (de toutes races et de toutes religions, éduqué, cultivé voire même, en public, grand défenseur des « valeurs occidentales »), c’est sa nature même de mâle, d’animal, de cochon. La nature a remplacé la culture comme origine de la violence. Mais on ne soigne pas le mal du mâle de la même manière quand il s’agit d’un retour d’animalité ou d’un conditionnement culturel.

    Ce changement de perspective (qu’il soit ou non pertinent, qu’il soit une vraie révolution ou bien un coup de mode) a de profondes conséquences anthropologiques. En effet, jusqu’ici, comme l’ont noté depuis longtemps les auteures féministes, toutes les grandes constructions idéologiques expliquant l’origine de la société s’entendaient pour faire de l’homme l’acteur du passage à la culture, et pour voir en la femme celle qui garde un pied (voire plus) dans la nature. Et pas la peine de revenir aux pères de l’Eglise.

    La philosophie des Lumières, qu’on crédite de nos « valeurs » séculières modernes, faisait de l’homme l’acteur du contrat social, qui arrachait l’humanité à un état de nature dans lequel restait largement immergée la femme, logiquement dépourvue de droits civiques jusqu’à récemment ; cette dernière mettait au monde l’être humain, l’homme en faisait...

    Ca a l’air très intéressant, comme toujours Olivier Roy, mais il en manque un gros bout...

    • Je trouve au contraire que c’est pas interessant du tout, du pure #mansplanning
      Par exemple le tag balance ton porc, si il parle de porc c’est parceque c’était le nom de Weinshtein à Cannes et que ce tag en francais à été lancé par une journaliste ciné qui le connaissait sous ce doux nom.
      L’essentialisation c’est Olivier Roy qui la fait et les anti-féministes, masculinistes et misogynes de toutes sortes (gauche comme droite). Balance ton porc ca veut dire Balance ton agresseur, pas balance ton homme ou balance tous les hommes.

      Ce qu’il appel origine « culturelle » rapport à l’islam c’est plutot des origines racistes et ce que les féministes entendrent par origine culturelle c’est pas réductible à l’islam. Cet Olivier Roy ne dit même pas que cette vision caricatural de la culture est profondément raciste. Ce qu’il fait s’appel du #fémonationalisme c’est à dire utiliser le féminisme a des fins racistes, ici réduire le sexisme à la seule culture musulmane.

      Les féministes qui parlent de #culture_du_viol et quant elles parlent de ceci elles ne désignent pas du tout spécifiquement ni uniquement l’Islam.

      Olivier Roy il ferait bien de lire les féministes au lieu d’écrire des choses racistes en se référant aux lumières (qui sont des machos qui ont expulsé les femmes de la république pour deux siècles) et de stigmatisé les victimes qui dénoncent leurs agresseurs sexuels (sois disant des femmes qui croient que les hommes sont tous les porcs). Elles ne désignent même pas les hommes en tant que classe, mais un système interne à nos sociétés et partagé par hommes comme femmes.

      #phallosophe #racisme #islamophobie #masculinisme #humanisme #lumière

  • Ciné cité. L’envers de la Palme

    Plaque tournante du trafic de drogue au début des années 2000, décor du très violent film #Dheepan de Jacques Audiard (Palme d’or du dernier Festival de Cannes), la #cité de #La_Coudraie évoque les guerres de gangs et l’insécurité.
    Comme pour démentir la caricature, le quartier est aujourd’hui un modèle de #participation_citoyenne.
    Dans les pas d’Emrah, jeune homme assagi et choisi comme figurant pour le film, plongée dans les coulisses d’un décor en voie de démolition.

    https://lequatreheures.com/episodes/cine-cite-envers-palme-dheepan
    #urban_matter #villes #cinéma

  • Party Girl | Cinéma | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/073859-000-A/party-girl

    À la soixantaine, une hôtesse de bar haute en couleur décide de se ranger... Un portrait de femme naturaliste et renversant, qui a fait sensation au Festival de Cannes 2014 où il a été salué par la Caméra d’or.

    En replay pendant quelques jours, je vous le conseille, vraiment.
    Un film libre sur la liberté, très touchant, très beau.

    #film #femmes #beau

  • Hugo et Joséphine
    http://www.nova-cinema.org/prog/2017/163-filem-on-festival/jeudi-02-11/article/hugo-et-josephine

    De Kjell Grede, 1967, SE, VT FR ,82’

    Fille d’un austère pasteur et d’une mère débordée, la petite Joséphine vit au milieu d’une nature riante, dans la campagne suédoise. Mais elle s’ennuie. Un jour lors d’une promenade avec Gudmarsson, le jardinier bourru mais chaleureux, elle fait la connaissance de son neveu Hugo, un petit garçon de son âge, rêveur et fantasque… Le film a été sélectionné à Cannes en 1967 et a depuis gagné plusieurs prix.

    jeudi 2 novembre 2017 à 11h


  • « Qui est-il ? Premier indice : il était détesté par l’extrême-droite. Second indice : il a eu l’idée du Festival de Cannes. Et un dernier pour la route : il a donné son nom à beaucoup d’écoles françaises. »
    http://sms.hypotheses.org/2121
    #JeanZay, #histoire, #politique, #panthéon, #gauche, #Françoishollande,