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  • Deux hommes interpellés pour le vol de plus de 4000 BD le progres - 23 Mars 2018
    http://www.leprogres.fr/rhone-69/2018/03/23/deux-hommes-interpelles-pour-le-vol-de-plus-de-4-000-bd

    Depuis un an, ils avaient dérobé pour les revendre plus de 4.000 #BD dans des librairies de la région lyonnaise : deux hommes d’environ 40 ans ont été interpellés cette semaine et l’un d’eux a été écroué, a-t-on appris vendredi de source policière.

L’enquête a débuté en juin dernier avec la plainte d’un libraire pour le #vol d’une centaine de titres - Astérix, Tintin, Largo Winch, etc. - a expliqué le commissaire Rodolphe Journoud.

    


    Des recoupements avec une vingtaine d’autres plaintes, dont certaines antérieures, ont permis aux enquêteurs de localiser le donneur d’ordre et receleur, ainsi que l’auteur des vols, originaire de République centrafricaine. Tous deux inconnus de la justice jusqu’alors.



    Au domicile du premier, à Charbonnières-lès-Bains, les policiers ont mis la main sur plus de 4.000 albums neufs, d’une valeur de près de 60.000 euros : outre des classiques de la BD francophone, figuraient aussi des Comics Marvel, Walking Dead... Ils ont également découvert près de 600.000 euros sur un compte en banque, dont le détenteur ne pouvait justifier la provenance.

Les deux hommes, qui ont reconnu les faits en garde à vue, ont été déférés mercredi au parquet de Lyon qui a ouvert une information judiciaire pour vols et recel de vols. Le voleur a été incarcéré tandis que son complice a été placé sous contrôle judiciaire.

  • Sur la "marche républicaine" du 11 janvier 2015

    La grande émotion ressentie instantanément par un grand nombre de français s’est traduite par une manifestation sans précédent semble t-il - plus de 4 millions personnes - dans un pays dans une profonde crise économique et sociale depuis de longues années peut étonner à plus d’un titre, si on considère que les motifs principaux sont la défense de la liberté d’expression et la condamnation du terrorisme. Bien entendu, ce sont des causes louables, mais tout de même, jamais la lutte contre le chômage, l’emploi ou la défense des acquis sociaux n’ont poussé autant de monde à défiler dans la rue. Après tout, Paris n’est pas Bagdad, où le terrorisme fait des dizaines de morts par jour au point que la question sécuritaire est devenue fondamentale et vitale pour l’Etat irakien. Quel serait le motif inavoué de cette marche sans précédent ? Esquisse d’une réponse.

    Le dernier billet de Frédéric Lordon, "Charlie à tout prix ?" publié sur son blog "Pompe à Phynance" sur le site du Monde diplomatique, pos s’interroge sur le sens de l’expression "Je suis Charlie" repris quasi-instantanément par des millions de personnes à travers le monde suite à l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier dernier.

    Commençons par un extrait de son billet :

    " "Je suis Charlie". Que peut bien vouloir dire une phrase pareille, même si elle est en apparence d’une parfaite simplicité ? On appelle métonymie la figure de rhétorique qui consiste à donner une chose pour une autre, avec laquelle elle est dans un certain rapport : l’effet pour la cause, le contenu pour le contenant, ou la partie pour le tout.

    Dans « Je suis Charlie », le problème du mot « Charlie » vient du fait qu’il renvoie à une multitude de choses différentes, mais liées entre elles sous un rapport de métonymie.

    Or ces choses différentes appellent de notre part des devoirs différents, là où, précisément, leurs rapports de métonymie tendent à les confondre et à tout plonger dans l’indistinction.Charlie, ce sont d’abord des personnes humaines, privées – par bonheur, on s’est aperçu rapidement que dire simplement « Charlie » pour les rassembler faisait bon marché de deux policiers, un agent de maintenance, un malheureux visiteur de ce jour là, et puis aussi de cinq autres personnes, dont quatre juives, tuées les deux jours d’après. Sauf à avoir rompu avec toute humanité en soi, on ne pouvait qu’être frappé de stupeur et d’effroi à la nouvelle de ces assassinats.

    (...) Et voici donc le deuxième sens possible de « Charlie » : Charlie comme métonymie des principes de liberté d’expression, des droits à exprimer sans craindre pour sa sécurité, tels qu’ils sont au cœur de notre forme de vie.(...)

    On pouvait donc sans doute se sentir Charlie pour l’hommage aux personnes tuées – à la condition toutefois de se souvenir que, des personnes tuées, il y en a régulièrement, Zied et Bouna il y a quelque temps, Rémi Fraisse il y a peu, et que la compassion publique se distribue parfois d’une manière étrange, je veux dire étrangement inégale.On pouvait aussi se sentir Charlie au nom de l’idée générale, sinon d’une certaine manière de vivre en société(...)

    Mais les choses deviennent moins simples quand « Charlie » désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand « Charlie », donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal."

    Si le crime est inacceptable : "mourir pour des caricatures" , c’était malheureusement prévisible car la rédaction s’était mise en danger selon le témoignage d’un des anciens de Charlie Hebdo, Delfeil de Ton, qui a déclaré en vouloir à Charb (Stéphane Charbonnier), le directeur de la rédaction de Charlie, d’avoir fait de la surenchère avec ces caricatures et d’avoir mis selon lui la vie de la rédaction en danger.

    Même Wolinski, selon Delfeil, aurait tenu les propos suivants : "Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. (…) On fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il ne fallait pas le faire". Pourtant Charb a "recommencé", lui reproche Delfeil de Ton. En 2012, Charlie Hebdo publie de nouvelles caricatures de Mahomet, condamnées par plusieurs instances religieuses et des politiques.

    Je ne justifie pas ce crime, loin s’en faut. J’ai été choqué d’apprendre la mort de Cabu que j’appréciais du temps où il y avait encore des émissions de télévision où l’on pouvait débattre, c’était le temps de l’émission "Droit de réponse" de Michel Pollack au début des années 1980.

    Si la religion a été désacralisée en Europe, ce n’est pas le cas pour le reste du monde, et cela ne se limite pas à ce que l’on appelle l’"Orient". Car même les plus hautes autorités religieuses chrétiennes d’Orient ont condamné ces caricatures à commencer par Tawadros II le patriarche des coptes , la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient, qui a déclaré que « L’insulte est refusée à n’importe quel niveau. »

    Quant au pape François, il a déclaré qu’ « on ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision », lors d’une conférence de presse dans l’avion qui le conduisait de Colombo à Manille, comme on l’interrogeait sur les caricatures de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo.

    Il est plus que probable que la voix du pape François soit plus audible en dehors du continent européen.

    Je vais rappeler plusieurs faits survenus ces 10 dernières années. En 2003, le roman de Dan Brown, Da Vinci Code, paraît et se vendit à 86 millions d’exemplaires et fut traduit en 40 langues. Il sera adapté au cinéma en 2006 avec des acteurs prestigieux et célèbres comme l’américain Tom Hanks et la française Audrey Tautou. De quoi s’agissait-il ? C’était un roman de fiction basé sur plusieurs théories selon lesquelles le Christ avait eu un enfant issu de sa relation avec Marie-Madeleine et aurait même une descendance qui aurait perduré jusqu’à nos jours.

    Je me souviens à l’époque que l’ouvrage avait été interdit au Liban et dans tout le Moyen-Orient suite aux pressions de l’Eglise maronite du Liban (qui est minoritaire) et en Egypte par l’Eglise copte également minoritaire (15% de la population). Un de mes amis qui vit au Liban m’avait demandé à l’époque de lui acheter le roman et de le lui amener personnellement lors d’une visite, car même les colis postaux étaient scrutés.

    Lorsque trois ans plus tard, le film était sorti sur les écrans : le film fut interdit au Liban, en Jordanie, en Egypte en Chine (!) - pays dont la communauté chrétienne est extrêmement minoritaire -, au Pakistan, au Sri Lanka, dans certaines provinces en Inde, aux Philippines, en Thaïlande, à Singapour...Quant à la très catholique Amérique latine, elle a suivi les consignes du boycott qui appelait au boycott du film.

    Aux Etats-Unis, des manifestations appelant au boycott avaient eu lieu. Vous en conviendrez avec moi que cela fait beaucoup de monde tout de même et que le caractère sacré du Christ est encore majoritairement perçu dans un grand nombre de pays abritant des communautés chrétiennes dans le monde.

    Toujours à la même époque, "La passion du Christ" de Mel Gibson sorti sur les écrans au printemps 2004 avait suscité de très vives réactions en Amérique et en Europe car il a été jugé "antisémite"...De quoi s’agissait-il encore ? Il était question des dernières du Christ, son procès, ses souffrances, ses supplices et sa mort sur la Croix puis sa résurrection. Le film était d’une violence crue et se voulait une description réaliste de ce que le Christ avait enduré. Le film fut attaqué par des organisations juives qui considéraient que c’était une attaque contre tous les Juifs du monde et la 20th Century Fox avait subi maintes pressions mais ne céda pas.

    Je ne me souviens pas que "la liberté d’expression" fut lancée comme leitmotiv dans les deux cas cités plus haut et surtout pas pour Mel Gibson dans les médias dominants du main-stream catalogué depuis comme une sorte d’icône de l’antisémitisme.

    Mais ce n’est pas le plus important à mes yeux :

    La loi n° 90-615 du 13 juillet 1990 dite loi Fabius-Gayssot (du nom du député communiste Jean-Claude Gayssot) a tendance à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe,c’est une loi française qui a innové par son article 9, qui qualifie de délit la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité, tels que définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg en 1945, qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de ce statut soit par une personne reconnue coupable de tels crimes.

    À l’époque du vote, la droite parlementaire, majoritaire au Sénat s’était opposée à cette loi portant selon elle atteinte à la liberté d’expression. Le Sénat avait procédé à des votes de rejet les 11, 29 et 30 juin 1990. Parmi les hommes politiques opposés à cette loi, on peut citer Dominique Perben, Pascal Clément, François Fillon, Gilles de Robien, Jean-Louis Debré, Pierre Mazeaud et Jacques Chirac, Jean Foyer, Jacques Toubon, Alain Peyrefitte et même Simone Veil.

    Jacques Toubon, qui n’était encore que député, déclara : « Je suis contre le délit de révisionnisme, parce que je suis pour le droit et pour l’histoire, et que le délit de révisionnisme fait reculer le droit et affaiblit l’histoire » (AN, 3e séance du 21 juin 1991). L’opposition est aussi venue d’intellectuels et notamment d’historiens : « la grande majorité des historiens » selon les termes de Pierre Vidal-Naquet (Le Monde, 4 mai 1996) ; les historiens Pierre Nora, François Furet et François Bédarida. Mais aussi d’écrivains comme Michel Tournier, Michel Houellebecq, Jean Daniel et Alain Robbe-Grillet, de magistrats comme Philippe Bilger, de journalistes comme Philippe Tesson et Ivan Rioufol et de philosophes comme Paul Ricœur.

    Jacques Chirac qui fut élu président de la République cinq ans plus tard, en 1995, disposait d’une majorité parlementaire et sénatoriale sans précédent, mais il n’avait pas jugé bon de revoir cette loi. Il avait en revanche, en juillet 1995, lui, l’héritier du général de Gaulle, rompu avec la doctrine gaulliste en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français pour la déportation des juifs en Allemagne alors que c’était le gouvernement illégitime de Vichy qui était responsable - position maintenue par tous les présidents de la quatrième et cinquième République - François Mitterrand compris.

    Malheureusement, la loi Fabius-Gayssot est toujours en vigueur et plus grand monde n’appelle à son abrogation. Caricaturer Mahomet ou le Christ est une chose normale. En revanche, peut-on caricaturer la "Shoah" sans être inquiété et sans être passible de poursuites judiciaires ?

    Je souhaiterais quand même dire un mot sur une certaine hypocrisie et sur cette unanimité et héroïsation imposées par les médias. Charb était soutien du parti communiste français (PCF) depuis longtemps . À l’occasion des élections européennes de 2009 et des élections régionales françaises de 2010, il apporte son soutien au Front de gauche. Il était le compagnon de Jeannette Bougrab, fille de harki, islamophobe, membre de l’UMP, ancienne secrétaire d’Etat à la jeunesse du gouvernement Fillon et sarkozyste notoire...

    On comprend mieux pourquoi la famille de Charb a formellement démenti cette liaison alors que les preuves de cette liaison s’accumulent sur les réseaux sociaux : cela fait mauvais genre une liaison entre un gauchiste et une néo-conservatrice pur-jus pour ne pas dire "hallal"...

    Enfin, ce "11 septembre à la française" ne va tarder à porter ses fruits amers au proche et moyen-Orient- et c’est un euphémisme . François Hollande a présenté ses vœux aux armées le 14 janvier 2015 et a décidé de revoir la baisse programmée des effectifs de l’armée. Il va envoyer le porte-avions nucléaire le Charles-de-Gaulle aux larges des eaux syriennes pour éventuellement bombarder l’Etat islamique en Irak avec l’efficacité que l’on sait au vu des précédents américains en Irak, Pakistan, et Libye pour ne citer que les plus récents, alors que l’attentat contre Charlie Hebdo a été revendiqué par Al-Qaeda au Yemen...allez comprendre quelque chose.

    L’attentat du 11 septembre 2001 avait été perpétré par 19 terroristes dont 15 d’entre eux étaient de nationalité saoudienne. Ils avaient fait leur coup à l’aide de cutters qu’on achète en papeterie, ils ne disposaient pas d’armes de feu. Quelle fut la réaction de la "plus grande démocratie du monde" ? Cela a été de mobiliser 150 000 soldats, de raser l’Afghanistan, l’Irak, puis le Pakistan en faisant des centaines de milliers de victimes....

    14 ans plus tard, Al-Qaeda est encore plus forte que jamais et elle a engendré des monstres encore plus sanguinaires car elle a su créer des réseaux sociaux dans les populations qui ont subi les bombardements atroces des forces coalisées occidentales. La réponse adéquate aurait dû être l’affaire du contre-espionnage : plus discrète et mieux ciblée. Mais surtout, demander à l’Arabie Saoudite de rendre des comptes. Que nenni, rien de tout cela.

    Le philosophe italien Girogio Agamben, disciple de Michel Foucault, a écrit dans un récent article paru dans le Monde diplomatique de janvier 2014, intitulé "Comment l’obsession sécuritaire fait muter la démocratie" les lignes suivantes à propos de la politique de gouvernement telle qu’elle est pratiquée en général en Europe, je le cite :

    L’Etat dans lequel nous vivons à présent en Europe n’est pas un Etat de discipline, mais plutôt — selon la formule de Gilles Deleuze — un « Etat de contrôle » : il n’a pas pour but d’ordonner et de discipliner, mais de gérer et de contrôler. Après la violente répression des manifestations contre le G8 de Gênes, en juillet 2001, un fonctionnaire de la police italienne déclara que le gouvernement ne voulait pas que la police maintienne l’ordre, mais qu’elle gère le désordre : il ne croyait pas si bien dire.

    Autrement dit, on ne s’occupe pas des causes, on gère simplement les effets.

    La plus grande manifestation jamais organisée en France, dite "marche républicaine" du dimanche 11 janvier 2015 s’est déroulée sans incident à Paris : 1.5 à 2 millions de manifestants à Paris, un chiffre qui est donc supérieur au défilé de la Libération du 25 août 1944 qui sonnait le glas de l’occupation nazie dans la capitale française.

    Au total, les manifestants étaient 4 millions dans toute la France et seul, peut-être, le Front populaire de 1936 peut soutenir la comparaison. Si la Libération de Paris d’août 1944 reste dans la mémoire collective comme le début de la fin de la barbarie nazie, et le Front populaire de 1936 comme l’invention des congés payés, la découverte du temps libre, les vacances bref, une émancipation majeure pour la classe ouvrière et les salariés. La "marche républicaine du 11 janvier 2015 ne me paraît pas vouée au même illustre destin.

    Car comme le rappelle justement Frédéric Lordon, journaliste au Monde diplomatique et auteur du billet "Charlie à tout prix ? " le 13 janvier 2015, je le cite :

    (...) On ne sache pas cependant qu’il soit resté grand-chose des manifestations monstres de Carpentras [de mai 1990 en réaction à la profanation des tombes juives du cimetière de Carpentras] et du 1er mai 2002 [manifestation du « front républicain » en réaction à la présence de Jean-Marie Lepen au second tour des élections présidentielles de 2002] , effusions collectives qui avaient déjà hystérisé le commentariat, mais dont on doit bien reconnaître que la productivité politique aura été rigoureusement nulle.

    Pour ma part, j’observe que la loi Fabius-Gayssot de juillet 1990 a été votée deux mois après la profanation des tombes de Carpentras qui fut la conséquence directe de cet événement qui, depuis, s’est dissipé dans les limbes de la mémoire collective.Ce fut une loi qui a été portée par l’émotion collective instantanée et s’est traduite par le vote d’une loi liberticide.

    De même, la réélection de Jacques Chirac à un score soviétique de 82 %, n’a t-elle, elle aussi, laissé des traces dans nos mémoires si ce n’est une fin de règne plombée par divers scandales comme les fameux frais de bouche de 4000 francs quotidiens lorsqu’il était maire de Paris...Et son slogan de la "fracture sociale" usé jusqu’à la corne lors de son élection de 1995 a été voué à un oubli collectif tout aussi profond que le précédent.

    Je me souviens aussi, que lorsque mes amis et moi allions manifester en juillet 2014 pour les enfants palestiniens de Gaza, massacrés et atrocement mutilés par centaines par des chasseurs F-16 israéliens - crimes bien plus barbares que ceux de Charlie Hebdo - le Tribunal administratif de Paris avait interdit le 25 juillet 2014 la manifestation pro-palestinienne qui devait avoir lieu le lendemain sous le motif de "la nécessité de prévenir d’éventuels débordements".

    Nous n’étions que quelques milliers alors que le 11 janvier 2015, il n’y a pas eu de débordements car les mesures de sécurité adéquates ont été prises.L’interdiction de manifester du 25 juillet 2014 fut une décision sans précédent dans l’histoire de la Cinquième République ! On peut gérer une manifestation de plusieurs millions de personnes mais pas une manifestation de quelques milliers...

    Qu’en sera-t-il du 11 janvier 2015 ? Est-ce vraiment la "victoire de la liberté de l’expression" alors qu’elle n’a pas cessé d’être encadrée juridiquement depuis des décennies et que certaines voix commencent à dénoncer un "Patriot Act à la française" à venir ? Il serait salutaire de questionner cet événement et de voir ce qu’il signifie au fond.

    Le 25 juin 1958, l’écrivain André Malraux, ministre des affaires culturelles du général de Gaulle, avait tenu lors d’une conférence de presse, les propos suivants, je le cite :

    Depuis que la France a laissé aux américains le soin de signifier la puissance et aux russes, naguère, le soin de signifier la justice, il y a un malaise profond en France qui demeure. Les français ne pardonnent ni aux uns ni aux autres ni à eux mêmes d’être devenu un peuple sans mission [...] Nous voulons proposer à la France une sorte de mission nouvelle et de nouveau lui donner l’occasion de signifier quelque chose.

    "Un peuple sans mission". En réalité, les français ne l’étaient plus depuis la Commune de Paris de 1871. Après la défaite de Sedan de 1870, c’est une très lente régression ponctuée par de terribles tragédies notamment la première guerre mondiale qui a littéralement éventré la pyramide des âges en laissant un vide d’au moins un million de jeunes hommes dans la force de l’âge morts pour si peu. Suivront quelques sursauts mais sans lendemain.

    La seconde guerre mondiale et la défaite de mai 1940 avait succédé au Front populaire. Par la suite, ils allaient à chaque fois s’engouffrer dans des entreprises coloniales et impériales comme en Indochine puis en Algérie. La guerre de Suez allait définitivement la reléguer à un rôle secondaire.

    Malgré cela, la France a pu être audible et entendue durant la présidence du général de Gaulle car sa diplomatie se voulait autre chose que se limiter au choix entre l’alliance atlantique dominée par les Américains et le bloc communiste de l’Est dominé par l’URSS. Cette parenthèse de la politique de la grandeur gaullienne allait durer 12 ans jusqu’à la disparition de De Gaulle et encore l’Etat profond français ne suivait pas toujours notamment durant l’affaire de Mehdi Ben Barka (assassinat de l’opposant marocain grâce à une opération conjointe entre les services secrets français, marocains et probablement la CIA) et le contournement discret de l’embargo sur la vente d’armes aux arabes et aux Israéliens suite à la guerre des six jours de juin 1967 en faveur d’Israël.

    Des slogans comme "liberté d’expression", "Patrie des droits de l’Homme" etc...sont des expressions qui sont vidées de leur substance dès qu’il s’agit de les appliquer à des non-européens. Quel est le projet ? rien. L’Union nationale qui s’est traduite par une manifestation comme on en voit une ou deux fois dans un siècle pour une liberté d’expression tronquée...A croire qu’il n’y pas de chômage, pas de crise économique,pas de crise du logement, pas de système éducatif en déliquescence, pas de jeunesse à la dérive. Non rien de tout cela. Un naufrage politique qui dure depuis plus de 40 ans.

    A se demander s’il s’agit bien de la patrie de René Descartes, père de la philosophie moderne, ou bien celle de Jean-Paul Sartre ou encore de Jean-Jaurès, des hommes qui lui ont permis de lui "sauver la face" et de prétendre encore qu’elle était encore la France des idéaux de 1789.

    Quelle sera la réponse ? Un sommet anti-terroriste à Washington le 18 février qui réunira tous les pays de l’Otan alors que c’est la France qui a été touchée et non les Etats-Unis. Cela n’augure rien de bon non pas pour les terroristes mais pour les peuples du proche et moyen-Orient. On sait depuis longtemps que la Turquie soutient, abrite et sert de transit pour les djihadistes syriens et que le Qatar finance. Evidemment, la Turquie est membre de l’Otan et le Qatar investit massivement en France.

    Je n’ai rien contre le peuple américain, je dis bien le peuple américain et non leur gouvernement. Encore moins contre les Européens. Et encore moins contre mes compatriotes français.

    Mais je ne peux pas m’empêcher de ne pas penser à ces derniers mots en guise de conclusion de l’ouvrage de Frantz Fanon, "les damnés de la terre" écrit en 1961 en pleine guerre d’Algérie et préfacé par Jean-Paul Sartre, je le cite :

    Allons, camarades, il vaut mieux décider dès maintenant de changer de bord (...) Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde.Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire ; des siècles qu’au nom d’une prétendue « aventure spirituelle » elle étouffe la quasi totalité de l’humanité. Regardez-la aujourd’hui basculer entre la désintégration atomique et la désintégration spirituelle.

    Un autre sens de la "marche républicaine" du 11 janvier 2015, c’est aussi une invitation aux musulmans et aux arabes à quitter justement "cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre...>>

  • Delfeil de Ton s’en prend à la « tête de lard » Charb
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/14/polemique-dans-la-famille-charlie-hebdo_4556428_3224.html

    ❝« Je t’en veux vraiment, Charb. » Six petits mots dans le numéro de L’Obs du 14 janvier ont suffi pour plonger la famille de Charlie Hebdo dans l’une de ces violentes querelles qui agitent l’hebdomadaire satirique depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, il y a bientôt huit ans.

    « Je sais, ça ne se fait pas », écrit Delfeil de Ton à la fin d’un long article consacré à l’aventure de Charlie et en s’adressant à son « chef », exécuté le mercredi 7 janvier avec onze autres personnes. Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort. Un procès qui a fait bondir Richard Malka, avocat du journal satirique depuis vingt-deux ans, et beaucoup d’autres.

    Delfeil de Ton, 80 ans, chroniqueur à L’Obs depuis 1975, est un des fondateurs de Charlie Hebdo. Il était déjà des aventures de Hara-Kiri, puis de Hara-Kiri Hebdo, avant de participer à la création du « premier » Charlie, en 1970, puis du « deuxième », en 1992. Il s’en était allé au bout de quatre mois – « je m’ennuyais à mourir avec Philippe Val », le nouveau patron, racontait-il à l’époque. Pour son numéro spécial consacré à la tragédie de Charlie Hebdo, le directeur de la rédaction de L’Obs, Matthieu Croissandeau, a donc demandé à son collaborateur de raconter aux lecteurs ses souvenirs sur deux pages.

    Delfeil de Ton ressuscite ses souvenirs, croque ses amis, puis en vient à ce numéro de Charia Hebdo, que Charb avait décidé de publier, avec les caricatures de Mahomet, en novembre 2011. « Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ? », accuse Delfeil.

  • Delfeil de Ton s’en prend à la « tête de lard » Charb
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/14/polemique-dans-la-famille-charlie-hebdo_4556428_3224.html

    « Je sais, ça ne se fait pas », écrit Delfeil de Ton à la fin d’un long article consacré à l’aventure de #Charlie et en s’adressant à son « chef », exécuté le mercredi 7 janvier avec onze autres personnes. Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort. Un procès qui a fait bondir Richard Malka, avocat du journal satirique depuis vingt-deux ans, et beaucoup d’autres.

  • Bon je copie ici ce texte en entier parce que... je disais « pour moi c’est le cœur du débat qu’il faudrait réussir urgemment à porter sur la place publique » hier soir et maintenant je sais même plus... Mais c’est quand un des meilleurs trucs lu, pour moi et pour l’instant.

    Via FB donc https://www.facebook.com/misterhal/posts/10152970983802622?fref=nf

    "Je suis dessinateur de presse, arabe... mais seulement ami avec Charlie !

    Merci pour les messages et les demandes de participations dessinées, mais :

    J’allais chez Charlie Hebdo depuis le lycée, ca date ! Et puis la dernière fois, c’était en Septembre dernier, j’ai partagé une assiette d’huitres avec Tignous, 3 jours de poilade et d’amitié franche... Alors depuis hier, je n’ai rien pu dessiner.

    Depuis hier, je reçois des messages d’amitiés, des pensées, et aussi des demandes de dessins, et de participation. Mais je reste comme un con devant ma feuille blanche.
    J’ai compris que c’était l’horreur tout ca, moi qui enfant ai « naturellement » vu circuler des armes, appris à mentir pour que 4 types armés de fusils à pompe ne rentre pas à la maison pour se venger, ou pour ne pas balancer des amis ( dont je comprenais la situation) au RG qui essayaient de nous extorquer des renseignements... jusqu’à l’année dernière encore, où cette fatalité, cette « loi du milieu » à tué 2 de mes potes d’enfance. L’un après l’autre, ils sont mort atrocement et ont fait les faits divers. C’est aussi ca mon âme d’enfant d’immigré. Des choses du passé refont surface....

    La laïcité de façade qui m’a fait subir des contrôles d’identité humiliants qui m’ont souillé le coeur et où j’ai dû ravalé ma rage, des soirées niquées parce qu’on ne rentrait pas en boite, une petite amie qui m’a dit sur le seuil de sa porte que c’était terminé parce que ces parents ne veulent pas « que je sorte avec un arabe » ou encore des emplois qu’on me refusait parce que les clients ne comprendraient pas. Des centaines de lettres et aucun entretien d’embauche à passer ! Peu de ressources financières, et l’ennui chevillé aux pompes bon marché chez Tati. Les vacances au quartier, ou en colo. Des braqueurs au grand cœur, on achetait des trucs tombés du camions à des prix que la chine ne suivrait pas.. On allait pas chipoter sur la légalité.

    Des blancs à la télé, des blancs dans les centre ville, dans les bureau. Même les assistantes sociales qui paradaient chez nous étaient blanche. La rédaction de Charlie, invariablement blanche. Hier encore, quand je suis allé au rassemblement pour Charlie Hebdo, la place du Capitole n’était pas « noire de monde ». Elle était blanche ! Il y avait quelques personnes comme moi, un peu, dont une femme en Hijab qui portait un panneau ou il n’y avait pas écrit « Je suis Charlie », rien de pro-liberté d’expression. Non ! Il y avait juste écrit : « Touche pas à ma France ! ». Ca m’a rappelé ma tante qui m’a dit l’autre jour que « les arabes d’Algérie, ils faut s’en méfier, ils veulent profiter, c’est tout ! ». Et alors ca m’a rappelé que la religion me séparait des miens un peu plus chaque jour. Ca m’a rappelé qu’avant ce repli, il suffisait juste d’être arabe pour se sentir proches, peu importe si tu faisais la prière, si tu respectais ou pas scrupuleusement les piliers de l’islam. Même si je ne cautionne pas cet aveuglement, je le comprends à un point, vous n’imaginez même pas... Bref, on ne mangeait pas de porcs, mais on s’arrachait pas les cheveux sur des étiquettes « Hallal ». Et la petite mosquée dans mon quartier d’enfance était encore une salle des fêtes à l’époque. Ils auraient pu en construire une, mais ils ont décidé que la salle des fêtes deviendrait la mosquée. Depuis, on a plus de salle des fêtes hors des pièces sans fenêtre dans une cave où ils ont mis des animateurs de quartier. Et on ne se faisait pas insulter à longueur de journaux, de médias radios, télés, de couverture. Personne pour nous représenter à part des clowns triés sur le volet pour chanter les valeurs républicaines. Ces valeurs qui ont saccagé mon enfance !
    On ne représentait pas encore un danger. Mais on était en danger. On l’a toujours été. La pauvreté et la misère, les ghettos sociaux, l’économie parallèle ou la prison, les voies de garages à l’école, l’échec scolaire, le chômage sans perspective d’avenir, et surtout, surtout l’ethnicité : tout ca c’est dangereux. Réellement dangereux.
    Et puis, un peu partout, je lis que les bien pensants demandent de ne pas faire d’amalgame.... j’y ai cru, j’ai essayé de les éviter ces amalgames. Toute ma vie, je n’ai fait que ca ! Eviter ces putains d’amalgames ! Sauf que voilà, ce pays, la France, est bâtie sur l’amalgame : La séparation économique et sociale est ethnicisée. Les visages floutés sur TF1 restent basanés, les dirigeants de ce pays sont tous un peu vieux, pas mal blancs, très masculins. Et ce pays aussi. Quand je suis allé à Clichy-sous-bois l’an dernier, là-bas la population était massivement arabe et noire. A des kilomètres de Paris. Et il y a une sorte de frontière invisible à un moment où tous les passagers du bus deviennent blancs. Et ceux là, ils vont travailler. On passe des sacs de courses aux mallettes de travail. L’amalgame a bâtie la France. Je me suis fait insulté par la police, giflé quelque fois à cause de cet amalgame national. J’ai parfois répondu et j’avais la trouille d’aller trop loin.. de rajouter mon nom sur la liste des centaines de mes frères abattus pas des policiers. Tous ces crimes se sont soldés par des non-lieux, ou de la prison avec sursis. Et en général des promotions pour les assassins.
    Alors nous, on est un peu las de ce manège, ca nous fatigue ces valeurs à la gomme, ces vertus inexistantes, cette liberté d’expression à sens unique. On ne dit rien parce qu’être musulman ce n’est pas être Charlie. Enfin plus depuis l’arrivée de Philippe Val en tout cas. Même ce cher Cavanna, ex-pauvre et fils d’immigré italien, le fondateur de Charlie, pleurait d’impuissance parce que Val a pris et changé l’âme de ce qu’était Charlie Hebdo à la base.

    Et les médias qui font mine de pleurer, ou de s’insurger devant la barbarie ont armé les criminels qui ont abattu mes amis. Alors si eux sont Charlie, si Val est Charlie, je ne peux pas être Charlie. J’ai trop de respect et d’amour pour hurler avec les loups. Trop de douleur et encore toutes mes facultés mentales en état de marche.

    Sinon expliquez moi en quoi mettre une bombe sur la tête d’un prophète est marrant ? Ou écrire « traitre » sur le front d’un juif sur une caricature d’avant guerre par exemple ? En quoi c’est marrant, expliquez-moi ? En quoi Dieudonné ne représente t’il pas le courage du vaillant soldat qui se bat pour exprimer ses idées et convictions ? Lui aussi s’est moqué en parlant de Mahomet ou d’Allah, mais il riait de tout, et AVEC tout le monde ! Alors elle est où la différence ? Je ne comprends pas ! En quoi l’acharnement médiatique à vouloir sans cesse dénicher ce qui cloche avec l’islam est-il une liberté d’expression ? Bordel, c’est quoi au juste la liberté d’expression ?

    Ne serait-ce pas la France qui a des gros problèmes d’intégration dans ce siècle ? Avec son système vicié, lent, et tout poussiéreux ? Ne serait-ce pas pour une fois, l’oppresseur qui aurait tort ? Au lieu de nous chanter à longueur de temps qu’on a de la chance dans ce pays parce que dans nos pays d’origine c’est pire. Ou qu’on se plaint, qu’on joue les victimes, comme si tous nous étions paranos !!!?
    Que les études du CNRS sur la discrimination à l’embauche au logement sont erronées ? Qu’ à Amnesty International ils se plantent, quand ils disent qu’il y a une véritable violence répressive à l’œuvre en France à l’égard des populations issues de l’immigration ? Que la Halde ne fait jamais suivre les plaintes pour discrimination ?
    Mais quel Charlie voudriez vous que moi dessinateur de presse et de culture musulmane, je sois ? Le Charlie de la bande à Choron, Coluche et Reiser qui rigolait AVEC nous ? Ou celui de Philippe Val et d’un Charb qu’humainement j’aimais beaucoup mais qui grillé un fusible et qui rigolait DE nous ? Je le lui ait dit à Charb, on était en désaccord mais ca n’empêchait pas que j’ai proposé une autre grille de lecture après l’affaire des caricatures en 2005. D’autres dessins, avec une autre vision. Et rien n’est passé. Ce n’est pas grave, il ne se voyait pas publier ca dans Charlie, c’est son droit. Mais aucun journal n’a suivit. Si Le Monde. Sauf qu’ils m’avaient demandé d’édulcorer et d’enlever certains passages afin que ca puisse être publiable. Alors j’ai refusé. Parce que je n’ai pas une tête à m’appeler Charlie !

    Je me sens mal quand il y a un acte terroriste au nom de l’islam. Je me sens mal quand des dessinateurs prennent une caricature pour un dessin d’humour. Comme s’ils n’avaient jamais eu de cours sur l’image. Et je me sens coupable de faire partie de chacun de ces groupes, de les comprendre, de voir qu’ils se trompent sur l’autre, et sur eux-mêmes, parce qu’incapable de parler. L’empire ottoman, celui des Abbassides, et tout le monde arabe en général était malgré la dictature et les violences inhérentes à l’exercice de pouvoirs impérialistes ( c’est vrai tu as raison kris krumova, merci ) était humain. Je parle des peuples. Les juifs, alors persécutés dans toute l’Europe trouvaient principalement refuge chez nous. Et nombre de nos illustres ancêtres, des savants ou des poètes ; pensaient que le domaine de tous les domaines, la quintessence divine n’était pas la science, ni l’art, ni la géométrie, mais bel et bien l’amour et la sexualité. Le moyen par lequel on donne généralement la vie donc ! Nous n’incarnions pas la terreur et la mort. Nous célébrions ce que dieu a mit de plus cher à notre disposition : La vie ! Je parle du savoir et des valeurs que ces peuples se transmettaient. Et aujourd’hui, un nombre important des miens, acculés au mur, se sont repliés pour s’opposer, résister pour ne pas être rien pour personne. Ne surtout pas être rien à nos propres yeux. Immigré ici ou là-bas, c’est la même impression d’être partout apatride, mais on ne se l’avoue pas. Et de toute façon à qui, puisque personne n’écoutera ...

    Les gens qui savent ce que c’est que de vivre nos vies savent que j’ai édulcoré mes BD pour m’adapter, me mettre au niveau intellectuel et psychologique de ce pays. C’est à dire en dessous de toute volonté de dialogue, d’ouverture, d’objectivité et de réciprocité. Je ne peux pas ouvrir mon cœur à un pays qui me sort des mots à la con comme « diversité » ou « vivre ensemble » et qui diffuse à gogo vidéos et bandes sons du drame sans égard ni pour les familles de mes potes qui sont morts, ni pour la majorité des musulmans que le système médiatique fait souffrir à longueur de temps !
    Sinon dites moi où sont passées les vidéos de caméras de surveillance du commissariat de Joué-Les-Tours ?
    Au fait, à propos des intégristes, je me rappelle qu’ils étaient venu au quartier, j’étais enfant. Des mecs sortis d’une camionnette qui ressemblait à celle de « Retour vers le Futur » quand Doc se fait abattre. Bref, je n’ai pas pensé à ca, mais je me souviens que ma mère ( qui nous élevait toute seule ) les avait vu ( et flairé) et qu’elle m’avait foutu la trouille en me disant que j’aurai affaire à elle si jamais je leur adressais la moindre parole. Voilà je viens d’y penser parce qu’aujourd’hui, c’est ton anniversaire youma...

    J’ai reçu quelques messages qui disent que rien ne justifie l’acte terroriste... alors je donc REPETER : Je NE cautionne PAS cet acte effroyable, ce meurtre. Cessez de me relier à cela, je vous remercie ! D’autant que j’ai perdu personnellement de bons potes dans l’histoire.
    Et je vais donc PRECISER : Dans l’état actuelle des choses où les populations immigrés, noirs, arabes, musulmanes etc. subissaient la ghettoïsation économique, sociale que l’on sait depuis un bail, il ne leur reste que 5% de dignité, une religion, cet espace intime qu’est la foi et qui fait tenir debout dans les situations les plus critiques. Et malgré cette maigre « bandelette de Gaza » intime et psychologue que les musulmans tentent de préserver pour ne pas craquer sous le poids de la mise à l’écart et des insultes répétées, il se trouve malgré tout en France, des gens qui se permettent de s’offusquer qu’on tienne à ce petit bout de territoire privé qu’est leur religion. Au risque de choquer, ca ne m’étonne plus qu’il ce soit trouvé des gens avant la seconde guerre mondiale pour faire circuler de sales blagues antimites en France, à une époque où les juifs étaient à peu près dans la même situation que celle des musulmans aujourd’hui. Finalement, il y a une vraie cohérence dans ce pays les gars, ca c’est une constante bien nationale !

    Personnellement, je n’ai jamais compris pourquoi à Charlie ils ne s’acharnaient pas avec autant d’assiduité à la criminalité politico-financière de religion monétaire, et qui finira par tous nous enterrer vivant dans nos petites batailles identitaires. Si nous en sommes là, c’est parce que le système tourne à vide. Sauf qu’en 2014 y’en a qui veulent encore vérifier si les musulmans ont vraiment de l’humour. Sans même se douter qu’il y a des cons vraiment vraiment vraiment partout : Même s’il n’y a pas que cela ( heureusement), il y en a chez les musulmans comme il y en a chez Charlie ! Sinon ce bon vieux Siné ne se serait jamais fait viré !

    Les miens, les issus de l’immigration, les jeunes, les vieux, les clandos, les blédards, ceux qui virent muslim, modérés ou radicaux, les rappeurs, les intégrés, les rageux, les « viva l’algérie », ceux qui disent « Cheh ! » depuis mercredi, ceux pleurent, tous ceux qui se taisent, ceux qui ont peur, ceux qui applaudissent, ceux qui ont la rage, ceux qui ont mal, ceux qui comprennent sans cautionner, ceux qui cautionnent sans comprendre, tous : On critique parce qu’on aime ce putain de territoire Français et ses habitants ! Malgré tout le mal qui a été fait, malgré les incompréhensions, la surdité, la peur, l’ignorance que ce pays à envers nous, on l’aime quand-même surtout si ca l’emmerde ! Si on l’aimais pas, on serait simplement indifférents. On ne critiquerait rien, on ne provoquerait pas, on ne sifflerait pas la marseillaise, il n’y aurait pas de drapeaux algériens dans les stades, il n’y aurait pas eu le rap, pas de tensions, pas d’émeutes, pas de liens, pas de relation, aucun crime ni passion, pas de blessures, aucune souffrance, pas de tentation Djihadiste, pas d’attentats, pas de drames, ni de moments de joies ( heureusement plus nombreux !). Je sais que Charlie Hebdo s’acharnait sur l’islam avec le même amour. Et la même incompréhension.
    Mais tant que les médias n’ouvriront pas leurs ondes et leurs journaux aux uns et autres avec la même attention. Tant que les inégalités sociales et économiques persisteront à s’acharner encore et toujours sur le seul critère racial, alors la vie continuera. On va rire, mais on va pleurer ensemble.
    Quoiqu’il arrive ce pays on l’aimera de tout notre cœur, jusqu’à ce que mort s’en suive !

    Bon aller, merci pour ces messages de soutien, ces demandes de dessins, des chaines de solidarité sont nécessaire je pense, mais là j’atteins l’overdose. Cette journée de deuil national est un cache misère... Le terme « national » ne me parle absolument pas. Et par certains côtés oui, je suis comme Charlie, mais je ne suis pas Charlie !

    J’ai un pied dans le monde arabe, un pied en occident
    Un pied dans les quartiers et l’autre en France
    Un pied dans le dessin de presse et l’autre dans la vie de tous les jours
    Un pied chez Charlie Hebdo, un pied au cul de Charlie Hebdo
    Un pied dans les médias alternatifs et l’autre dans les journaux
    Un pied dans l’anonymat et l’autre dans la l’auto-censure
    Un pied dans la douleur, et l’autre dans la colère.

    RIP Charlie...