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  • Conseil de déontologie des médias : une instance d’autorégulation sans pouvoir de sanction
    https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2019/03/27/conseil-de-deontologie-des-medias-une-instance-d-autoregulation-sans-pouvoir

    Missionné par le ministère de la culture, l’ancien PDG de l’AFP Emmanuel Hogg a rendu son rapport sur la création d’un conseil de déontologie des médias.

    Les contours du futur conseil de déontologie des médias voulu par le gouvernement sont désormais connus. Chargé en octobre dernier par l’ancienne ministre de la culture Françoise Nyssen de réfléchir à l’instauration d’une telle instance, l’ancien directeur général de l’Agence France-Presse Emmanuel Hoog a rendu public son rapport, mercredi 27 mars.

    Après avoir mené plus de 200 auditions avec des représentants de syndicats de journalistes, des responsables de médias et divers organismes du secteur, le rapporteur juge la création de ce conseil « possible » et « souhaitable ».

    Alors qu’une partie de la profession a craint, à l’annonce de ce projet, de se retrouver sous la tutelle d’une instance liée aux pouvoirs publics veillant sur le travail des journalistes, M.Hoog a tenu à apaiser ces inquiétudes, en insistant sur le caractère autorégulé du conseil qu’il recommande. Il suggère à cet égard d’écarter le terme de « déontologie » en raison de sa « connotation morale voire moralisatrice » et préconise que cette structure prenne une forme associative et non publique.

    Les médias auraient la possibilité de ne pas y adhérer, mais ils ne pourraient alors pas voir leurs contenus rémunérés par les grandes plates-formes numériques, une fois que la directive européenne sur le droit d’auteur aura été transposée dans le droit français. Toutefois, « le périmètre d’intervention de l’instance doit recouvrir tous les médias “reconnus” » et non ses seuls adhérents : « chaînes de télévision et stations de radio du secteur public (…) dès lors qu’elles diffusent des programmes d’information, et publications de presse et sites de presse en ligne » agréés.
    […]
    En cas de manquement éthique ou déontologique, ce collège « ne disposerait pas d’un pouvoir de sanction et émettrait des avis qui pourraient être rendus publics », indique le rapport de 230 pages. Ces avis, dont la « force d’interpellation et d’intervention » sera d’autant plus grande qu’une majorité de médias adhèrent à cette association, « permettraient de généraliser les bonnes pratiques journalistiques » et amélioreraient la « crédibilité » des médias.
    […]
    Interpellé au cours de ses auditions sur le risque pour cette instance de devenir un « tribunal de la vérité » portant « atteinte à la liberté et au pluralisme des médias », M. Hoog juge qu’une « telle crainte “orwelienne” n’est vraiment pas fondée ». Il considère néanmoins que la création de ce conseil « ne peut se faire que dans un climat de confiance que l’Etat, par ses prises de parole, doit conforter, sans prendre le risque d’une quelconque ambiguïté ».

  • Nouvelle procédure d’asile : les explications de Cynthia Gani.

    https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/nouvelle-procedure-dasile-les-explications-de-cynthia-gani-?id=9814114&station=a
    #restructuration #asile #procédure_d'asile #suisse #migrations #réfugiés #révision #accélération_des_procédures #loi #révision #loi_sur_l'asile #centre_fédéral #procédure_d'asile #droit_d'asile

    Dans le sujet de la RTS, on peut voir la nouvelle carte des centres (appelés avant #centres_d'enregistrement_et_de_procédure, #CEP, désormais appelés #centres_fédéraux) :
    En Suisse :


    En Suisse romande :

    #cartographie #visualisation

    On y apprend que le centre de #Boudry sera le centre principal pour le traitement des demandes d’asile (#centre_de_procédure). Les autres, #Chevrilles, #Vallorbe, #Le_Grand_Saconnex (#Genève), accueilleront les requérants d’asile en attente d’une réponse (#procédure_étendue, soit toutes celles et ceux qui probablement recevront une réponse positive...) ou en attente d’un renvoi (#déboutés). Dans le centre #Les_Verrières on trouvera les fameux (sic) #récalcitrants.

    Accélération des procédures = but de la réforme ?
    Depuis très longtemps, @vivre et quelques autres associations ont compris que c’était juste une belle histoire... et que la réalité était bien autre...

    Sur les « récalcitrants » :
    https://asile.ch/tag/recalcitrant

    v. ici, sur le site de @vivre, les articles avec le mot-clé « accélération des procédures » :
    https://asile.ch/tag/acceleration-des-procedures

    Et notamment cette analyse suite aux déclaration de Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale (socialiste !) en charge du dossier « asile » :
    https://asile.ch/2016/03/23/cherchez-lerreur

    cc @isskein @i_s_

    • Femme isolée, âgée et malade : 90 jours au #centre_fédéral

      9 février 2018
      Rachel a dû faire ses trois mois au centre fédéral de #Vallorbe. Elle y aura passé toutes les fêtes de fin d’année alors que sa procédure d’asile était terminée depuis le 28 novembre lorsque le SEM a rendu une décision négative et de renvoi de Suisse. Elle est sans famille dans ce grand centre de vie collective où on mange à la cantine bruyante en faisant la queue son plateau à la main avec 150 autres personnes, essentiellement des hommes, et où on dort dans la promiscuité et le manque d’intimité dans des dortoirs collectifs sur des lits superposés étroits, collés deux à deux pour gagner de l’espace, plantés le long des murs en rang, autant que la pièce peut en contenir. « Les gens viennent et partent et moi je suis toujours là. Je suis fatiguée et angoissée. La nuit je ne dors pas. J’ai mal à la tête. J’ai des problèmes de haute tension, à 170, 140, 150… Je suis très angoissée par mon état, mais ils ne veulent pas que j’aille chez le médecin. J’ai vu seulement un gynécologue, une fois, pour un contrôle. Je supplie chaque jour pour aller voir un médecin. Ils me donnent du paracétamol et me disent d’attendre mon transfert. Cela fait trois mois que j’attends. Tous les jours je vais supplier Monsieur Olivier pour mon transfert, mais c’est toujours « plus tard, plus tard ». Il y a des jeunes qui sont restés deux mois, et moi, j’ai 55 ans, je suis toujours là… [pleurs] … [pleurs] … [pleurs] … J’ai besoin de voir une psychologue… Je suis à bout. »

      Les raisons pour lesquelles les gens, et particulièrement les personnes souffrantes ou socialement plus exposées, doivent rester pendant des semaines voire des mois dans un centre fédéral aménagé comme un hall de gare (mais sans les lumières des magasins) restent mystérieuses. Serait-ce pour favoriser les échanges interculturels entre les populations, pour la création d’un espace de vie communautaire solidaire, ou pour le développement des activités économiques locales par l’offre d’emplois de service d’intendance, de conseil en santé naturelle et d’agent de sécurité ? Impossible de comprendre. Il n’y a pas de raison autre que répressive en réalité, une volonté délibérée de garder les gens sous l’emprise de l’autorité, en situation semi-carcérale, dans la dépendance de survie et la soumission aux injonctions et autres règlements internes. C’est une volonté d’humiliation, c’est-à-dire d’écrasement de la liberté personnelle. Lorsque le quotidien est réglé par l’autorité, on perd sa qualité d’individu libre et autonome, c’est-à-dire sa dignité.

      À la question « pourquoi faut-il rester trois mois voire quatre mois dans un centre fédéral ? », le SEM répond : « c’est parce qu’il y a un recours contre notre décision négative ». Quel rapport ??! Ou bien : « C’est parce que c’est la loi. » Trop facile… Même pour la notification de la décision de renvoi, la présence au centre fédéral n’est pas nécessaire. Les gens la reçoivent sous forme de courrier remis à l’entrée sans aucune explication. Cela revient au même que de retirer l’enveloppe de la boîte aux lettres à son domicile. Il n’y a que les actes de saisie des empreintes digitales et d’audition des personnes en présence d’un interprète qui peuvent justifier l’obligation de maintenir les gens au centre fédéral. Ces actes sont généralement accomplis pendant la première semaine du séjour. Au-delà de 7 jours, la prolongation de l’assignation au centre dévalorise les personnes, les démoralise et les épuise.

      D’une manière générale, le critère de vulnérabilité des femmes isolées a disparu des préoccupations des autorités fédérales. Les autorités n’ignorent pourtant pas qu’elles proviennent de milieux sociopolitiques discriminants et que la plupart d’entre elles ont déjà été victimes d’abus et de violences.

      Rachel par exemple est une femme séparée d’un mari alcoolique et violent. Ce fait seul devait entraîner son attribution rapide à un canton. Il fallait ajouter à cela qu’elle a besoin de voir un médecin, qu’elle est une femme isolée alors que la population du centre est essentiellement masculine ce qui est inapproprié, et qu’elle est une femme d’un certain âge, qui a besoin d’intimité, de repos et de pouvoir cuisiner ses propres repas selon ses propres horaires. Les nuits dans les dortoirs collectifs et les repas de pâtes huileuses au thon ne sont pas appropriés non plus. Ce régime de vie en soi manque de respect à son égard. C’est sans compter les fouilles et les contrôles de documents par des agents de sécurité en uniforme à chaque sortie/entrée du centre, l’assignation à des tâches ménagères et les interdictions de sorties dont elles sont assorties, et les violences verbales ou physiques quotidiennes au vu et au su de tous. Les résidentes comme Rachel sont contraintes d’en être les témoins, simplement parce qu’elles sont là. Dans ce milieu très discipliné et contrôlé, où aucune activité n’est prévue autre que d’attendre pendant des jours et des jours, les bagarres sont fréquentes, entre les requérants d’asile, ou à l’entrée lorsque les agents de sécurité se disputent avec les jeunes hommes d’origine africaine, arabophone, afghane ou d’Europe de l’est, peu importe.

      D’une manière générale, les femmes, les enfants, les personnes âgées ou malades en pâtissent plus lourdement. Leur situation individuelle n’est pas prise en compte. Le SEM n’a qu’un seul objectif : faire sa loi, plier la population requérante d’asile à sa discipline, à ses instructions, à son ordre juridique, celui de l’autorité toute puissante. Les femmes ou les vieux n’ont qu’à s’adapter.

      http://droit-de-rester.blogspot.com/2018/02
      #témoignage #femmes

    • Asile : une décennie de remue-ménage

      Au terme d’un processus complexe entamé quelque dix ans plus tôt, la nouvelle la loi sur l’asile entrera en vigueur au printemps 2019. Chargé d’information sur l’asile au Centre social protestant à Genève, Aldo Brina a suivi pas à pas la mise en place de la réforme. L’occasion d’en rappeler les grandes lignes dans une perspective critique.

      Le 1er mars 2019 entrera en vigueur la nouvelle #procédure_d’asile, au terme d’une #restructuration menée depuis 2010 par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga et son administration. Un projet mastodonte, divisé en plusieurs volets législatifs, étendu sur différentes lois et ordonnances. En raison de sa complexité et de la durée du processus, peu de personnes ont gardé une vision d’ensemble, en dehors de quelques fonctionnaires et une poignée de spécialistes. En entrant dans ce labyrinthe, il s’agit de garder le fil d’Ariane : le but premier de la procédure d’asile est l’octroi d’une protection aux personnes en danger dans leur pays.

      Accélération des #renvois

      Dans le nouveau système, l’enregistrement de la demande et l’instruction du dossier se fait en 31 jours, grâce à la concentration en un seul lieu des acteurs-clés de la procédure d’asile (fonctionnaires, juristes, interprètes, etc.) et grâce à la mise en place d’une procédure dite « cadencée » qui se tient à un rythme soutenu, pour ne pas dire effréné. En contrepartie de l’#accélération, chaque demandeur d’asile a droit à un conseil et à une représentation juridique, du moins jusqu’à ce
      que tombe la décision de première instance.
      #procédure_cadencée #accélération_des_procédures

      Selon les projections du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM), 60% des demandeurs d’asile feront l’objet d’une procédure dite accélérée et ne seront, dès lors, plus attribués à un canton. Les procédures accélérées sont prévues pour les cas jugés « clairs », qui ne nécessitent pas de mesures d’instruction approfondies. Elles aboutiront, dans la plupart des cas, à une décision négative. Le délai de #recours est réduit de 30 à 7 jours. Ces personnes resteront sous le contrôle de la Confédération.

      40% des demandes – les cas jugés les plus « complexes » – seront traitées en procédure dite étendue. Les requérants d’asile seront alors attribués à un canton, et la suite de la procédure se déroulera plus ou moins comme sous l’ancien droit. Le SEM se fixe un objectif de délai de traitement de ces demandes d’une année, mais il n’existe en réalité pas de délai contraignant. L’accélération pour ces cas, qui sont ceux les plus à même de conduire à une protection, n’est pas du tout garantie.

      Des #centres_fédéraux d’« asile », vraiment ?

      La nouvelle procédure est actuellement testée au centre de #Boudry, dans le canton de Neuchâtel. A l’occasion d’une journée « portes ouvertes », Mme Sommaruga annonce que 10% des procédures accélérées y débouchent sur une décision d’asile ou d’admission provisoire, et 90% sur des décisions négatives et des procédures de renvoi. Partant, ce sont surtout les procédures de renvoi qui sont accélérées. Cette orientation regrettable correspond néanmoins à l’ordre de priorité de traitement des demandes que s’est fixé le SEM depuis des années.

      L’un des volets marquants de la restructuration, c’est la concentration des requérants d’asile pour une durée prolongée dans des #centres_fédéraux_d’asile (#CFA). Jusqu’ici, les demandeurs d’asile y restaient au maximum 90 jours. Cette durée sera portée à 140 jours. Ceux qui auront vu leur demande être traitée en procédure accélérée et être frappée d’une décision négative, le plus souvent en vertu de l’application du Règlement européen Dublin, ne connaîtront plus que ces structures.

      Dans les centres fédéraux, la dimension sécuritaire prend le pas sur l’encadrement social. Il n’y est pas question d’accueil, mais de #contrôle. Les requérants d’asile n’ont pas le droit de sortir en dehors d’heures précises et sont fouillés systématiquement à chaque fois qu’ils entrent. Leurs droits sont limités, tant en matière de liberté de circuler, de vie privée et familiale, d’accès aux soins ou d’#intégration sociale. Cet univers clôturé et surveillé n’est adapté ni aux mineurs ni aux personnes traumatisées, que l’on retrouve par définition en nombre dans la procédure d’asile.
      #liberté_de_mouvement

      Le canton de Genève sera au cœur de ce dispositif orienté vers l’exécution des renvois. 160 places de détention administrative ont été construites à la #Brenaz II en prévision de la restructuration. Un projet complémentaire devrait en outre voir le jour au #Grand-Saconnex, sur une parcelle jouxtant l’aéroport. Il sera composé de 50 autres places de détention administrative, de nouveaux bureaux pour quelque 300 collaborateurs de la police internationale (police chargée, entre autres missions, de l’exécution des renvois), d’un centre de coopération douanière, et d’un centre fédéral d’« asile » de 260 places. Ce gigantesque complexe n’est pas encore construit et fait l’objet d’une contestation grandissante.

      Le rôle ambigu des #représentants_juridiques

      La mise en place d’une #protection_juridique, aussi partielle soit-elle, a favorisé l’adhésion à la restructuration de l’asile d’une partie de la gauche et des œuvres d’entraide. La revendication historique des milieux de défense du droit d’asile a-t-elle enfin été entendue ?

      Présentant le dispositif, la conseillère fédérale souligne que la protection juridique améliore la qualité des décisions, qu’« on a moins de recours, ce qui montre que quand une décision a été prise, elle est comprise et acceptée ». On attendrait donc du représentant juridique qu’il aide l’administration à instruire les dossiers, à participer à la production d’une décision de meilleure qualité, et qu’il fasse accepter aux requérants d’asile les décisions négatives les concernant.

      Cette conception est à mille lieues du rôle des représentants juridiques tels qu’ils travaillent depuis des décennies dans le domaine de l’asile. Les juristes des permanences existantes défendent les intérêts des demandeurs d’asile, sans se préoccuper de ceux de l’administration. En fait, cette orientation est contraire aux principes régissant le rôle des avocats dans tous les autres domaines du droit.

      Et du point de vue des requérants d’asile eux-mêmes ? Pour ceux-ci, qui ne connaissent pas nos procédures administratives et arrivent dans un centre fédéral comme sur une nouvelle planète, la distinction entre les fonctionnaires du SEM et les représentants juridiques sera-t-elle claire ? Comprennent-ils que les uns sont là pour décider de leur sort et que les autres défendent leurs intérêts ? C’est une question cruciale, tant, dans la procédure d’asile, les confidences intimes – tortures, mauvais traitements, violences sexuelles, orientation sexuelle ou conversion religieuse à haut risque – sont importantes et appellent à ce que s’établisse un lien de confiance entre le requérant d’asile et son mandataire. Un rapport d’évaluation mentionnait qu’« une minorité importante de requérants d’asile a ainsi évoqué le fait que les autorités et les représentants légaux travaillaient dans le même bâtiment et qu’ils se demandaient donc si ces derniers ne défendaient pas plutôt les intérêts de ces autorités ».

      Enfin, le rythme même de la procédure, accéléré à l’extrême, met en danger la protection juridique. Par définition, l’instruction d’une demande d’asile s’accommode mal de la précipitation, étant donné les enjeux en présence et la difficulté de faire la lumière sur des faits qui se sont déroulés à des milliers de kilomètres et qui touchent à la sphère intime des demandeurs d’asile. En juin 2018, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés dénonce des dispositions qui « ne créent pas les conditions de base nécessaires à un déroulement des procédures équitable et conforme à l’Etat de droit »8.
      Vers moins de protection juridique ?

      En procédure accélérée, les mandataires d’office peuvent refuser de faire recours s’ils estiment que les chances de succès sont nulles. Les requérants d’asile se retrouvent alors obligés de se tourner vers d’autres acteurs pour se faire aider. Ainsi la moitié des recours au centre test de Zurich est déposée non pas par le juriste nommé d’office, mais par des mandataires externes, c’est-à-dire par des associations financées par leurs propres moyens. Quant à la procédure étendue, la représentation juridique y est limitée à la procédure de première instance. Les recours ne sont pas couverts de façon systématique, alors même que les cas sont jugés plus complexes.

      Ajoutons à ces limitations que l’activité d’une permanence juridique, au sens actuel du terme, ne se limite jamais à la procédure d’asile proprement dite. Les personnes en demande d’asile ont de nombreux problèmes juridiques ou sociaux qui nécessitent un conseil : inclusion d’un conjoint dans un statut, regroupement familial, réexamen suite à la survenue d’un fait nouveau, transformation de permis, changement de canton, demandes de visas humanitaires, problème d’hébergement ou d’assistance, etc. Aucune de ces démarches n’est couverte par la protection juridique subventionnée.

      Avec l’avènement de la restructuration, il a pourtant été annoncé haut et fort que chaque requérant d’asile aurait désormais droit à un représentant juridique (voire même à un « avocat », selon la propagande de l’UDC). C’est dans ce contexte que les permanences juridiques traditionnelles vont devoir continuer à trouver des financements indépendants, avec le risque de perdre en légitimité auprès de leurs soutiens, puisqu’existera désormais un système subventionné par l’Etat. Paradoxalement, il y a un risque que la mise en place d’une protection juridique subventionnée aboutisse globalement à moins de protection juridique.

      Malgré l’introduction d’une protection juridique, la répartition des taux entre différentes décisions – négatives, admission provisoire ou asile – ne semble pas devoir changer avec la restructuration. L’asile ne sera octroyé ni plus souvent, ni plus rapidement que jusqu’ici. La protection de personnes en danger, qui devrait constituer le cœur de notre politique d’asile, ne sera pas améliorée. On serait tenté de défier Mme Sommaruga de nous prouver le contraire, elle dont le remue-ménage aura surtout eu pour but de viser une diminution des coûts et de rendre notre pays moins attractif par l’accélération des renvois… mais étant donné les remaniements en vue au Conseil fédéral, la ministre socialiste sera-t-elle encore à la tête du DFJP dans quelques mois pour assurer le service après-vente ?

      https://lecourrier.ch/2018/11/18/asile-une-decennie-de-remue-menage

    • Ouverture d’un centre pour #requérants_récalcitrants

      L’établissement fédéral des Verrières, dans le canton de Neuchâtel, accueillera dès le 3 décembre des requérants d’asile au comportement inadéquat. C’est le premier centre de ce type, un deuxième étant prévu en Suisse alémanique.

      Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a présenté ce jeudi à Berne l’ouverture d’un centre spécifique fédéral, destiné aux requérants dont le comportement « insoumis » justifie leur mise à l’écart temporaire des centres d’asile fédéraux ordinaires. Il sera situé dans l’ancien centre sportif des Cernets, au-dessus de la commune des Verrières, à un jet de pierre de la frontière française. Des requérants d’asile au comportement inadéquat pourront y être transférés pour une durée maximale de 14 jours. Un site analogue sera prochainement mis en place en Suisse alémanique.

      La mesure est censée améliorer le fonctionnement des établissements ordinaires. « Lorsqu’une personne refuse, de manière répétée, de se plier aux règles de la maison et compromet la vie en communauté, elle le fait au détriment de tous les autres résidents », indique Pierre-Alain Ruffieux, responsable pour la Suisse romande de l’asile pour le SEM.

      Il cite par exemple des cas d’alcoolémie répétée et des personnes sous l’emprise de stupéfiants dérangeant la vie commune. D’autres cas, comme des vols ou l’introduction d’objets prohibés, pourront également aboutir à un transfert aux Verrières. Seuls des hommes adultes seront visés, puisque, selon la directrice de l’asile du SEM, Esther Maurer, tous les cas d’incivilité et de refus des règles observés jusqu’à présent concernent des hommes.

      « Ce ne sont pas des criminels »

      « Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas de personnes criminelles ou commettant des infractions pénales », précise la fonctionnaire fédérale. Elle rappelle également que si une telle mesure contient bien une dimension disciplinaire, le centre des Verrières ne ressemble en rien à une prison : les requérants y resteront libres de leurs mouvements.

      Ils seront cela dit soumis à un règlement plus strict et encadré par plus de personnel. Le centre pourra à terme accueillir jusqu’à 60 personnes. Dans la première année, phase pilote, leur nombre se limitera à 20.

      L’annonce de l’ouverture du site en 2016 avait suscité des protestations parmi la population de la commune de 658 habitants, notamment lors d’une séance d’information avec le SEM, où le ton était monté. Cependant, le président des Verrières Jean-Bernard Wieland assure que la situation s’est apaisée et que la collaboration avec la Confédération et le canton s’est bien déroulée. « Certains termes négatifs comme « récalcitrants » ont suscité de l’inquiétude. Mais ceux qui vont venir ne sont pas des criminels ! Ce sera comme des problèmes de voisinage, tout le monde peut en avoir. »

      https://www.letemps.ch/suisse/ouverture-dun-centre-requerants-recalcitrants
      #récalcitrants #Varrières

    • Recours admis contre le SEM pour #déni_de_justice formel

      Le Tribunal administratif fédéral (TAF) a été saisi d’un recours au sujet d’entraves aux #droits_fondamentaux de requérants d’asile passés par le #centre_fédéral de #Boudry, là où se met en œuvre la nouvelle procédure d’asile. Lors de leur séjour dans le centre, les recourants ont fait l’objet d’un cumul de #sanctions – interdictions de sortie, privations d’argent de poche – et de #fouilles_corporelles systématiques. Leur mandataire, indépendante de la représentation juridique officielle du centre, a demandé au Secrétariat d’État aux migrations (SEM) de rendre une décision formelle justifiant ces sanctions. L’autorité s’y est refusée, se contentant de rappeler les comportements fautifs des requérants et les articles de la législation justifiant selon elle des sanctions sans décision formelle. La mandataire a donc déposé un #recours au TAF pour déni de justice formel.

      Dans son arrêt F-4132/2017 du 9 janvier 2019, le TAF estime qu’il ne peut pas se prononcer sur le fond du problème, le SEM n’ayant pas rendu de décision formelle. Sur la forme en revanche, les juges de Saint-Gall ont le devoir de se prononcer puisque les pratiques du SEM sont de nature à porter atteinte aux droits fondamentaux des recourants. Le TAF rappelle que les ordres donnés par le personnel du centre « sont susceptibles de porter atteinte à la personnalité et à la liberté du requérant ». L’instance judiciaire poursuit : « Il convient de permettre aux requérants d’asile qui estiment leurs droits fondamentaux lésés de faire valoir leurs griefs à l’encontre d’actes étatiques qui viennent de se produire (…) ». En conclusion « le SEM n’avait d’autre choix que de se saisir de la demande des recourants » (…) et « aurait dû rendre une décision formelle sujette à recours ». Le Tribunal relève au passage que la nouvelle législation, en l’occurrence l’ordonnance du DFJP, « tend à aller vers la consécration d’un droit à obtenir une décision formelle ».

      Même si le #TAF juge inutile que le SEM rende une décision dans le cas d’espèce, estimant que l’intérêt n’est plus actuel (les recourants ont depuis disparu), espérons que ce rappel à l’ordre incitera l’administration à rendre des décisions formelles lorsque les droits fondamentaux des demandeurs d’asile sont en jeu.

      https://odae-romand.ch/breve/recours-admis-contre-le-sem-pour-deni-de-justice-formel
      #justice

  • Que reste-t-il du cas Dolto ? - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/08/24/que-reste-t-il-du-cas-dolto_1674381

    Trente ans après sa mort, la célèbre psychanalyste pour enfants est toujours objet de polémiques et de déformations, voire d’oubli. Entre suprématie des neurosciences et tendances réactionnaires, l’histoire de son héritage clinique et intellectuel est encore à écrire.

    Mais qui veut (encore) la peau de Françoise Dolto ? Trente ans après sa mort, la psychanalyste pour enfants a ce génie d’être toujours polémique. Cette semaine dans le Point, le pédiatre Aldo Naouri et le psychologue Didier Pleux critiquent de nouveau celle qu’ils tiennent pour responsable de l’avènement de l’enfant-roi. Dans son essai qui vient de paraître chez Flammarion (1), la psychanalyste Caroline Eliacheff accuse justement les détracteurs de la thérapeute disparue le 25 août 1988 à l’âge de 79 ans « d’assassinat idéologique ». Celle qui a transmis son savoir au grand public via l’émission de radio culte Lorsque l’enfant paraît ou à travers son livre le plus populaire le Cas Dominique serait-elle passée de mode ? « Françoise Dolto n’a pas du tout la place qu’elle devrait avoir, estime la psychanalyste Claude Halmos (2). Son enseignement serait pourtant d’un grand secours pour les parents et enfants d’aujourd’hui. »Claude Halmos vise ici les préceptes de l’#éducation bienveillante qui, selon elle, culpabilise les parents et coupe les enfants de la vie réelle. Alors que le but de l’éducation, c’est justement de pouvoir vivre dans le monde tel qu’il est avec ses exigences et ses violences…

    Personnage clé de l’histoire de la psychanalyse française, Françoise Dolto s’est retrouvée emportée ces dernières années par les critiques et le désamour portés à la discipline. Et de ce fait, détrônée aujourd’hui par les neurosciences, voie privilégiée pour mieux comprendre l’enfant. Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer a délaissé l’inconscient freudien pour une autre approche de l’enfance, celle de la « science de la conscience » défendue par Stanislas Dehaene, neuroscientifique à succès qui sort le 5 septembre pour la rentrée scolaire un nouveau livre chez Odile Jacob : Apprendre ! Les Talents du cerveau, le défi des machines. Pour le psychologue cognitif, professeur au Collège de France et président du Conseil scientifique de l’éducation nationale, le nouveau siège de la réussite scolaire se situe dans le cerveau. Françoise Dolto, sa « poupée fleur », objet thérapeutique qu’elle avait inventé, et les dessins d’enfant qu’elle excellait à analyser auraient-ils été rangés trop rapidement aux rayons d’une histoire jugée trop ancienne ? Pour l’historienne Manon Pignot, « elle n’est pas tant oubliée, que dévoyée. La grande vulgarisation dont elle fait l’objet au faîte de sa gloire dans les années 70 a entraîné une simplification de ses théories, une forme de caricature ».

    L’autorité sans autoritarisme

    Avec ses jupes aux genoux, son gilet en laine immanquablement boutonné sur un chemisier à grand col, rang de perles ou collier fantaisie, on a voulu faire d’elle une Mamie Nova de la psychanalyse, adepte d’un laxisme éducatif reflet de l’esprit libertaire de l’après-68, quitte à en oublier la moitié de son message. « Toute sa vie, elle a été incroyablement critiquée, analyse Caroline Eliacheff, qui a travaillé ave elle. Mais lui reprocher exactement ce qu’elle n’a pas dit relève du symptôme ! » Car si Dolto énonce, fait révolutionnaire dans les années 50-60 que l’enfant est une personne, elle n’en a jamais fait un petit roi. Pourquoi alors une telle distorsion ? « Qu’ils l’aient écoutée ou non, analyse Caroline Eliacheff dans son livre, les parents ont perçu que l’enfant était un sujet digne de respect et apte à la communication dès son plus jeune âge, mais ils ont oublié que l’humanité passait par les castrations symboligènes, autrement dit par les interdits. » Pour la psychanalyse, si l’enseignement de Dolto a été tant discuté et disputé, c’est qu’elle pose la question même de l’autorité. « Comment concevoir l’autorité si on supprime l’humiliation et la peur ? Pas si simple. » Qu’est ce que l’autorité sans l’autoritarisme ? Le questionnement n’est pas seulement éducatif, il traverse la société à l’orée des années 2000 : la « perte de l’autorité » devient une angoisse collective, Françoise Dolto en porterait le chapeau. A la fin des années 90, le pédiatre Aldo Naouri défend la place et l’autorité du père dans une société menacée par la surpuissance des mères, quand au début des années 2000, le psychologue Didier Pleux, coauteur du Livre noir de la #psychanalyse (les Arènes, 2005) accuse Dolto d’une « psychanalysation » de l’éducation. Trente ans plus tard, les deux même reprennent le combat dans le Point de cette semaine. Pour Naouri, les « enfants-tyrans », c’est bien son œuvre. Pour Didier Pleux, elle est à l’origine de la disparation des interdits réels et des contraintes. « Un retour en force des théories réactionnaires concernant l’enfant et plus largement un retour en force de la pensée réactionnaire, incarnée notamment par le philosophe Alain Finkielkraut, stigmatise encore plus l’apport fondamental de Dolto », analyse l’historienne Manon Pignot.

    Pour comprendre cet avant-après Dolto, il faut le replacer dans la France des années 50 où l’éducation se fait encore au martinet, où l’enfant est encore considéré comme un être inabouti, souvent mis de côté. « Je préconise, écrit-elle, l’abandon de la médecine que j’appelle « vétérinaire », telle que je la vois pratiquer quand il s’agit d’enfants. Je préconise l’abandon du dressage au cours du premier âge en lui substituant le respect dû à un être humain réceptif du langage » (3). Pour elle comme pour Lacan, la loi de l’homme est la loi du langage à laquelle parents et enfants sont soumis. « Etre de communication, l’enfant a droit au respect comme à la vérité de son histoire, aussi douloureuse soit-elle », rappelle Caroline Eliacheff. Peu à peu, une révolution s’opère dans les têtes. « Elle a aidé le XXe siècle à mieux élever les enfants », juge l’essayiste dans son livre.

    « Idées suspectes de communisme »

    On comprend le pouvoir polémique et dérangeant des théories de Dolto sur un sujet aussi sensible que l’avenir du petit de l’homme. Libre et sûre d’elle, novatrice, elle prend des libertés par rapport à sa discipline et déploie des méthodes qui sont fortement critiquées par l’institution psychanalytique. En 1963, Françoise Dolto est exclue de tout enseignement par l’Association psychanalytique internationale (API) - le célèbre pédiatre et psychanalyste anglais Donald Winnicott n’y est pas étranger, souligne Caroline Eliacheff dans son livre. Les reproches sont édifiants. Trop « intuitive », elle provoque un « transfert sauvage » sur sa personne en s’adressant au public. Pire, elle a des « idées sociales derrière [sa] recherche de prévention qui nous paraissent suspectes de communisme. […] Ne formez plus de jeunes ! » lui enjoint l’API.

    « Génération Dolto »

    Car Françoise Dolto est une « psychanalyste dans la cité », selon les mots de Caroline Eliacheff. « Elle s’est inscrite dans le social comme peu de ses confrères l’ont fait, s’adressant avec constance au plus grand nombre, à ceux qui sont aux prises avec la vie réelle, qu’ils soient professionnels ou parents. » Ce sera la fameuse émission, devenue culte, Lorsque l’enfant paraît à laquelle elle participe sur France Inter de 1976 à 1978, animée par le jeune Jacques Pradel ! Un succès fulgurant. « Ces émissions sont arrivées au moment où, dans l’après-68, les parents voulaient élever différemment leurs enfants. Elle a modifié radicalement leur vision, ils étaient prêts à l’entendre », explique Caroline Eliacheff. Sa voix, tranquille et déterminée, décrivant des cas concrets de difficultés éducatives, bouleverse un ordre établi depuis des générations. « Chaque après-midi, souligne Claude Halmos, elle met à mal la hiérarchie communément admise entre un enfant posé comme psychologiquement sous-développé ("tu comprendras plus tard", "tu parleras quand tu seras grand") et un adulte qui lui serait par essence supérieur. » D’une certaine façon, tous ceux nés depuis les années 70 sont des enfants Dolto. Sans vraiment s’en rendre compte ? « Les trentenaires ne savent pas ce qu’ils lui doivent, remarque Caroline Eliacheff, alors que leurs parents sont de la "génération Dolto" qui l’a écoutée à la radio et a essayé tant bien que mal de "faire du Dolto". »

    « A la limite de la prémonition »

    Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de méthode doltoienne. Elle ne donnait pas de conseils, elle ne voulait pas être un gourou, les parents devaient trouver la solution eux-mêmes. A la fin des années 70, la psychanalyste aux immenses lunettes qui lui mangent le visage devient une institution. Au faîte de sa notoriété, sa fille Catherine l’appelle le « grand Bouddha vivant ». Elle fascine, trop sûrement. L’animateur Jacques Pradel, qui présente son émission sur France Inter, se souvient d’une « fulgurance à la limite de la prémonition » (Télérama, 2008). Cette qualité lui vient d’une particularité tout à fait étonnante : en grandissant, l’humain perd généralement son rapport à l’enfance, elle non. Son écoute exceptionnelle devient, chez les professionnels, légendaire. « Elle avait cette capacité - unique - d’écouter les enfants comme si elle était elle-même encore une enfant, explique Claude Halmos, qui a travaillé avec elle. Cette faculté d’entendre l’importance et le sens du moindre de leurs gestes et de leurs phonèmes. Ce talent singulier lui a permis de reconstituer avec précision ce que chaque étape de leur développement leur faisait éprouver dans leur corps et leur tête. Ce qu’à chaque moment de leur vie ils pouvaient, à l’insu des adultes, sentir, penser, imaginer. » Pour la psychanalyste, la grande œuvre de Dolto est d’avoir constitué, telle une ethnologue, « une encyclopédie de la clinique de l’enfant » tout à fait inédite. « Je m’y réfère encore aujourd’hui, ces observations sont toujours aussi justes, estime la spécialiste. Grâce à cet apport considérable sur le bébé et son évolution, elle a posé une théorie de la construction de l’enfant. Et chaque étape, comme le sevrage du sein ou du biberon, se passe seulement au prix d’un manque, d’une perte à la fois pour l’enfant et pour le parent ; voilà pourquoi c’est si difficile. »

    Paradoxalement, s’adressant au plus grand nombre, elle « est peu reconnue comme théoricienne », souligne Caroline Eliacheff. Si on salue le génie clinique de la femme, on souligne souvent sa faiblesse théorique. « Elle a constitué une théorie au ras de son expérience, explique Claude Halmos. Mais elle n’a pas réellement conceptualisé et généralisé ce savoir. Son travail s’est surtout diffusé par sa parole, sur sa personnalité et cela s’efface. » Via la supervision, elle a formé des légions de psychanalystes et son séminaire sur le dessin d’enfant était une institution où se rendaient également des juges, des assistantes sociales… Psychanalyste dans la cité, elle crée le concept des Maisons vertes, sas inédit entre la famille et la société, avant l’entrée à l’école maternelle. Elle est celle qui donne « un statut social » à l’enfant, estime Claude Halmos.

    Pionnière et innovante, elle s’est faite, comme souvent pour ces femmes exceptionnelles, hors des circuits académiques. Médecin de formation, elle n’a pas suivi de carrière hospitalo-universitaire, qui est le temple de la transmission du savoir et la renommée. Sur les bancs de la fac aujourd’hui, elle est moins enseignée qu’un Lacan qui a davantage intellectualisé son savoir. Pourtant, Lacan et Dolto « vont ensemble » : ils participent de la même aventure intellectuelle, rappelle l’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco (4). « Françoise Dolto est la deuxième grande figure du freudisme français. Elle a réinventé l’approche psychanalytique des enfants, après Melanie Klein et Anna Freud. Amie de #Lacan avec lequel elle a fondé l’Ecole freudienne de Paris (1964), elle formait avec lui un couple flamboyant. Elle était à l’écoute de tout ce qu’il y avait d’infantile en lui mais elle s’inspirait de son génie théorique. Beaucoup de psychanalystes de ma génération ont été analysés ou supervisés par l’un et par l’autre. Autant Lacan est un maître à penser dont l’œuvre est traduite et commentée dans le monde entier, autant Dolto, qui était en France bien plus populaire que lui, est restée plus "terroir". » Manque aussi un travail biographique de référence qui la ferait exister historiquement et internationalement. « Dans le monde anglophone, elle a peu d’audience, précise Elisabeth Roudinesco. Son œuvre est très peu traduite et le fait qu’il n’existe aucune biographie est un vrai handicap. Il faudra qu’un jour un historien se mette au travail, sinon elle n’aura guère d’héritiers. »

    Loin des polémiques idéologiques, l’enjeu aujourd’hui est de « mettre en histoire » une femme qui a été médecin, analyste, auteure, investie dans la société. Chargé d’études documentaires aux Archives nationales, Yann Potin a convaincu l’institution et les ayants droit - dont sa fille Catherine Dolto - d’accueillir les archives de la thérapeute. « Le fonds est en cours de classement, explique l’historien. Il existe très peu d’archives de psychanalystes et plus encore de praticiens, il s’agit là d’un fonds scientifique d’une œuvre multiple et singulière. Il y a aussi bien les lettres reçues dans le cadre de l’émission Lorsque l’enfant paraît que les dossiers de suivi des enfants qu’elle recevait à sa consultation gratuite à Trousseau. Le but fondamental de la création de ce fonds aux Archives nationales est qu’il soit partageable et étudiable dans les années à venir. »

    Une personnalité complexe

    Si Catherine Dolto et les éditions Gallimard ont déjà publié une partie importante de ses archives, comme sa correspondance, notamment avec Lacan, une nouvelle génération de chercheurs devrait renouveler l’approche historique de la psychanalyste. « Depuis quelque temps, on s’intéresse autrement à elle, rappelle Yann Potin. On la redécouvre : née en 1908, elle n’a que peu de choses à voir avec 1968. Plus généralement travailler sur Dolto, c’est recourir à l’histoire de l’enfance, de l’éducation et de la médecine. Pas seulement de la psychanalyse. » Le livre que sortiront l’archiviste et l’historienne Manon Pignot chez Gallimard le 24 octobre participe de ce renouveau historiographique : à travers les lettres que la petite Françoise envoie à son parrain, jeune officier de la guerre de 14 et mort au front en 1916, ils retracent cette expérience inédite d’être, malgré son jeune âge, « marraine de guerre ». Un travail d’enquête sur l’enfance face à la guerre et sa violence, une expérience qui marquera à jamais la psychanalyste. Mais ces archives sont aussi plus heureuses. Elles comptent par exemple les dessins des trois enfants de Françoise Dolto, soigneusement classés et annotés. Ainsi y retrouve-t-on les œuvres du petit Jean-Chrysostome, devenu Carlos, chanteur à succès des années 70 avec son énorme Big bisous…

    Issue d’une famille catholique de droite, Françoise Dolto est cette femme complexe qui allie réflexes traditionnels liés à son milieu bourgeois et à son époque, élans libertaires, foi chrétienne et défense des écoles alternatives. Dans quelques années, une biographie rappellera sûrement la façon dont un jour, lors d’un premier entretien avec un enfant de 3 ans, elle s’était présentée : « Je suis madame Dolto. Je suis psychanalyste et je dis la vérité de la vie aux enfants. »

    (1) Françoise Dolto : une journée particulière, Flammarion, 2018.
    (2) Auteure de Dessine-moi un enfant, Livre de poche. Elle publie dans Psychologies magazine de septembre un article titré : « Françoise, reviens ! Ils sont devenus fous… »
    (3) Citation tirée de Françoise #Dolto : une journée particulière, Flammarion, 2018.
    (4) Auteure du Dictionnaire amoureux de la psychanalyse, Plon, 2017.
    Cécile Daumas

    Lien déjà mis par ailleurs mais je mets la totalité de l’article en question pour ceux qui ne peuvent aller le lire directement.
    #enfants

  • MENSONGES LACANIENS, par JACQUES VAN RILLAER | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/jean-louis-racca/blog/290212/mensonges-lacaniens-par-jacques-van-rillaer

    « Notre pratique est une escroquerie : bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude du chiqué — à savoir ce que Joyce désignait par ces mots plus ou moins gonflés — d’où nous vient tout le mal. »

    Jacques Lacan, 26 février 1977 [1]

    Le fondement essentiel des pratiques de ceux qui se nomment « psychanalystes » sont des textes de Freud et de quelques disciples. Il est donc crucial de connaître le degré de fiabilité des affirmations contenues dans ces publications. Des milliers de personnes croient que Freud, Bettelheim ou Lacan sont des savants parfaitement intègres, qui ont observé méthodiquement des faits, qu’ils ont ensuite mis par écrit sans les déformer. Ces personnes ignorent ou refusent d’admettre les inévitables processus de distorsion du traitement des informations et la pratique du mensonge chez une large proportion des êtres humains, y compris chez les hommes de science.

    DES MENSONGES DÈS LE DÉPART DU FREUDISME

    Le voile sur les mensonges de Freud a commencé à être levé par son disciple Ernest Jones. Dans sa célèbre biographie, Jones signale que le traitement d’Anna O., le cas princeps de la psychanalyse, ne s’était pas terminé comme c’est écrit dans les Etudes sur l’hystérie. Alors qu’on y lisait qu’Anna O. avait été délivrée de tous ses symptômes, Jones signalait qu’après un an et demi de « cure par la parole » la malade avait dû être placée dans un institut psychiatrique. Il ajoutait : « Un an après qu’il eût cessé de la soigner, Breuer confia à Freud qu’elle était tout à fait détraquée, et qu’il lui souhaitait de mourir et d’être ainsi délivrée de ses souffrances [2] ».

    D’autres révélations ont également été faites par des disciples. Ainsi Oskar Pfister, pasteur suisse devenu analyste freudien, a confié à Henri Ellenberger, qui avait fait une analyse didactique sous sa direction, que l’ouvrage de Jones contenait des « légendes », notamment la légende que Freud aurait été constamment attaqué de façon malhonnête [3].

    C’est sans doute Ellenberger, le plus célèbre des historiens de la psychiatrie, qui a porté des coups décisifs aux légendes relatives à l’intégrité scientifique de Freud. Chargé du cours d’histoire de la psychiatrie à la Fondation Menninger (Etats-Unis), il s’est donné la peine de faire une enquête sur le cas d’Anna O qui lui fit découvrir son dossier médical dans la clinique suisse où elle avait été placée, faute d’être aidée par la psychanalyse. On y lisait que la patiente — dont Freud a écrit à plusieurs reprises qu’elle avait été guérie detous ses symptômes [4] — présentait nettement plus de troubles après le traitement qu’avant et qu’elle était même devenue morphinomane durant la cure. Ellenberger a publié ces faits en 1972 [5] et y a consacré quelques pages dans l’édition française de sa monumentale histoire de la psychothérapie [6]. Il a également montré que Freud avait beaucoup plagié et était beaucoup moins original que le grand public ne le croit.
    Peu après, Frank Cioffi a publié l’article « Freud était-il un menteur ? » [7]. Rapprochant simplement des textes de 1896 et de 1924, il montrait que Freud avait menti sur un point capital de sa doctrine. En 1896, Freud écrivait que l’hystérie de toutes ses patientes sans exception s’expliquait par « des séductions subies dans la première enfance ». Il ajoutait : « Les malades ne racontent jamais ces histoires spontanément. On ne réussit à réveiller la trace psychique de l’événement sexuel précoce que sous la pression la plus énergique du procédé analyseur et contre une résistance énorme, aussi faut-il leur arracher le souvenir morceau par morceau. […] Dans la plupart des cas, les souvenirs n’étaient retrouvés qu’après plus de cent heures de travail [8] ». A partir des années 1910, Freud a raconté qu’il avait été trompé par ses patientes, qui lui racontaient spontanément des histoires d’inceste qu’il avait pris naïvement, à l’époque, pour des récits d’événements réels. Freud dit avoir compris ensuite qu’il s’agissait seulement de fantasmes produits par les désirs œdipiens. Il n’a jamais reconnu qu’il avait conditionné ses patientes à inventer ce qui était conforme à sa théorie.

    Par la suite, des historiens du freudisme, à mesure que des archives se publiaient, ont découvert de plus en plus de mensonges et de légendes. Les ouvrages de Crews, Bénesteau, Borch-Jacobsen et Shamdasani, parmi bien d’autres, montrent l’ampleur des mystifications [9].

    Aux mensonges de Freud s’ajoutent ceux de disciples célèbres, à telle enseigne que Cioffi, trente ans après son célèbre article, conclut le bilan des tromperies de Freud et de freudiens par ces mots : « Le mouvement psychanalytique dans son ensemble est l’un des mouvements intellectuels les plus corrompus de l’Histoire [10] ». On pourrait évoquer par exemple les impostures de Bruno Bettelheim [11] ou le Journal d’une adolescente, que Hermina Hug-Hellmut — la première analyste d’enfants — , publia comme le récit d’une adolescente alors qu’elle l’avait entièrement inventé [12]. Nous nous limitons ici aux cas de Jacques Lacan et de son beau-fils Jacques-Alain Miller, son héritier au sens matériel et figuré du terme.

    POURQUOI AVOIR CRÉÉ L’ÉCOLE FREUDIENNE DE PARIS ?

    En 1962, au moment de choisir des études universitaires, la lecture d’ouvrages vantant les prodigieuses victoires de la psychanalyse m’ont incité à opter pour la psychologie [13] . Dès ma 2e année d’études, je me suis adressé à la Société Belge de Psychanalyse, affiliée à l’International Psychoanalytical Association (IPA), pour entamer une didactique freudienne. La présidente m’a répondu qu’il fallait être diplômé médecin ou psychologue avant de pouvoir commencer ce type d’analyse. L’année suivante, j’apprenais par Jacques Schotte, professeur de mon université, qu’il allait fonder, avec quatre autres psychanalystes, l’Ecole belge de psychanalyse (EBP), qui se rattacherait à l’Ecole freudienne de Paris (EFP), que venait de créer Jacques Lacan. Il m’expliqua que, dans l’association lacanienne, les règles étaient moins « obsessionnelles » [14] que dans la corporation « annafreudienne ». En effet, la porte était grande ouverte aux étudiants en psychologie, aux philosophes, aux théologiens, aux prêtres qui quittaient l’Eglise, etc. Je pus ainsi commencer une analyse didactique dès ma 3e année de psychologie, chez Winfried Huber, qui avait effectué la sienne à Paris, chez Juliette Favez-Boutonnier. Celle-ci avait été analysée par René Laforgue, qui l’avait été par Eugénie Sokolnika, qui l’avait été par Freud. J’évoque cette « filiation » parce que, selon la doctrine freudienne, le pouvoir d’être analyste se transmet de la même façon que le pouvoir d’être prêtre catholique : le sacrement autorisant la pratique sacrée est conféré par quelqu’un qui a lui-même reçu cette grâce au terme d’une lignée qui remonte jusqu’au Christ.

    Pendant les quatorze années de mon adhésion à l’EBP, je n’ai jamais entendu parler de lavéritable raison pour laquelle Lacan avait fondé l’EFP en 1964. Le lecteur qui douterait de cette ignorance peut lire d’un bout à l’autre les 420 pages de mon livre Les illusions de la psychanalyse, publié en 1981. La raison essentielle de la création de l’EFP n’y apparaît nulle part, malgré d’abondantes critiques de Lacan. Ce n’est qu’en 1985 que j’en ai été informé par la lecture du livre de François Perrier Voyages extraordinaires en Translacanie [15] . Dans l’EBP, il s’agissait d’une information qui avait été soigneusement dissimulée. Dans l’EFP, elle avait été progressivement occultée. Voici les faits.

    Au début des années 50, les autorités de la Société Française de Psychanalyse (SFP) ont constaté que Lacan menait un nombre considérable d’analyses didactiques. Elles ont également appris que la durée des séances était largement inférieure à la durée réglementaire de 45 minutes. Pire : cette durée diminuait d’année en année pour ne plus être que de quelques minutes. Les autorités psychanalytiques internationales ont alors mené plusieurs enquêtes sur la durée des séances chez Lacan. A partir de 1953, les dirigeants de l’IPA ont, à plusieurs reprises, rappelé Lacan à l’ordre. Chaque fois, il y avait « promesses de Lacan, non tenues, bien sûr, puis colères, amabilités, injures, rapprochements, ruptures » [16] . En juillet 1963, après dix années de mises en garde répétées, l’IPA retirait définitivement à Lacan le titre de didacticien. Le document, intitulé la « Directive de Stockholm » (du nom du congrès où cette décision fut prise), précisait : « Le Dr. Lacan n’est plus désormais reconnu comme analyste didacticien. Cette notification devra être effective le 31 novembre 1963 au plus tard. Tous les candidats en formation avec le Dr. Lacan sont priés d’informer la Commission des études s’ils désirent ou non poursuivre leur formation, étant entendu qu’il sera exigé d’eux une tranche supplémentaire d’analyse didactique avec un analyste agréé par la Commission des études. Cette notification devra être effective le 31 décembre 1963 au plus tard [17] ».

    Soulignons que Lacan gardait le titre de « psychanalyste » de la SFP et de l’IPA. Il pouvait continuer à analyser des patients, il pouvait même continuer ses cours et séminaires, mais il fulminait et préparait sa riposte : la création de sa propre Ecole de psychanalyse.

    « L’EXCOMMUNICATION MAJEURE »

    Le 20 novembre, devant l’amphithéâtre bondé de l’hôpital Ste-Anne, Lacan tenait un Séminaire au cours duquel il allait se dire victime d’une excommunication comparable à celle infligée par les autorités rabbiniques à Baruch Spinoza :

    « Mon enseignement, désigné comme tel, subit, de la part d’un organisme qui s’appelle le Comité exécutif d’une organisation internationale qui s’appelle l’International Psychoanalytical Association, une censure qui n’est point ordinaire, puisqu’il ne s’agit de rien de moins que de proscrire cet enseignement — qui doit être considéré comme nul, en tout ce qui peut en venir quant à l’habilitation d’un psychanalyste, et de faire de cette proscription la condition de l’affiliation internationale de la société psychanalytique à laquelle j’appartiens.

    Cela encore n’est pas suffisant. Il est formulé que cette affiliation ne sera acceptée que si l’on donne des garanties pour que, à jamais, mon enseignement ne puisse, par cette société, rentrer en activité pour la formation des analystes.

    Il s’agit donc là de quelque chose qui est proprement comparable à ce qu’on appelle en d’autres lieux l’excommunication majeure. Encore celle-ci, dans les lieux où ce terme est employé, n’est-elle jamais prononcée sans possibilité de retour.

    Elle n’existe sous cette forme que dans une communauté religieuse désignée par le terme indicatif, symbolique, de la synagogue, et c’est proprement ce dont Spinoza fut l’objet. Le 27 juillet 1656 d’abord — singulier bicentenaire puisqu’il correspond à celui de Freud — Spinoza fut l’objet du kherem, excommunication qui répond bien à l’excommunication majeure, puis il attendit quelque temps pour être l’objet du chammata, lequel consiste à y ajouter cette condition de l’impossibilité d’un retour.

    Je ne suis pas en train de dire — mais ce ne serait pas impossible — que la communauté psychanalytique est une Église. Cependant, incontestablement, la question surgit de savoir ce qui en elle peut bien faire ici écho à une pratique religieuse [18] ».

    Sept mois plus tard, le 21 juin 1964, c’est le grand coup de théâtre autocratique. Lacan proclame dans son séminaire la création de sa propre société de psychanalyse en ces termes :

    « Je fonde — aussi seul que je l’ai toujours été dans ma relation à la cause psychanalytique — l’Ecole Française de Psychanalyse, dont j’assurerai, pour les quatre ans à venir dont rien dans le présent ne m’interdit de répondre, personnellement la direction [19] ».

    Lacan préfèrera peu après le nom « Ecole Freudienne de Paris ». Il la présidera jusqu’à sa dissolution, par lui-même, en 1980, peu avant sa mort. Inutile d’insister sur le fait qu’il ne mit plus aucun frein à sa frénésie du commerce des didactiques, recevant jusqu’à 80 analysants par jour [20]. Ceux-ci étaient complices. Comme le note François Roustang, ancien jésuite devenu pour un temps analyste lacanien : « Devenir analyste, reconnu par Lacan, était une manière de titre de noblesse, qui ouvrait à la possibilité de se faire une clientèle. Sans lui, nombre d’entre nous n’auraient jamais accédé à ce statut et n’auraient pas eu les moyens d’en vivre. Après avoir donné l’existence à beaucoup, l’analyse devenait le moyen de leur subsistance [21] ». Jean-Guy Godin, qui restera toujours fidèle au gourou, ne dit pas autre chose : « Pour chacun de nous, Lacan était une société, une société par actions dont nous détenions chacun une part ; d’autant que, dans ce début des années soixante-dix, sa cote ne cessait de monter [22] ». Perrier, un des premiers lieutenants de Lacan, écrit : « Il était parfaitement conscient du pouvoir de son nom, de ce que signifiait, pour les gens, de dire : “Je suis sur le divan de Lacan.” D’ailleurs, les séances dites courtes consistaient en un véritable compostage : le sourire et la poignée de main du maître. [23] »

    Durant ma formation à l’EBP, je n’ai entendu parler qu’une seule fois des « séances courtes ». C’était à l’occasion du séminaire d’Alphonse De Waelhens sur le texte « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse ». Lacan y justifie son innovation en disant qu’elle rejoint la technique zen, qu’elle « déconcerte la résistance du patient », qu’elle « brise le discours pour accoucher la parole [24] ». Dans Ecrits, où ce texte de 1953 est réédité, Lacan a ajouté cette note en bas de page : « Pierre de rebut ou pierre d’angle, notre fort est de n’avoir pas cédé sur ce point (1966) ». De Waelhens était passé rapidement sur ce passage, se contentant de dire que cette technique n’était pas en usage en Belgique. Il n’avait pas relevé la note infrapaginale. Il n’avait pas dit — ce que lui devait savoir — que les séances courtes étaient la « pierre » sur laquelle Lacan « n’avait pas cédé », la pierre sur laquelle est édifiée l’EFP et, secondairement, l’EBP à laquelle nous appartenions.

    UNE ÉCOLE FREUDIENNE « OUVERTE »

    En fondant sa propre école, Lacan s’octroyait le moyen de continuer une pratique extrêmement lucrative, mais il allait en outre prendre dans ses filets ce qu’on appelle psychanalyse en France. En effet, tandis que les autres sociétés freudiennes exigeaient généralement une formation de psychologue ou de médecin avant d’entamer la formation analytique, Lacan ouvrait les bras à tout qui se voulait psychanalyste. Il se montrait particulièrement séducteur à l’endroit des philosophes, des mathématiciens et des agrégés de droit [25]. La distinction entre analyse didactique et analyse thérapeutique était abrogée. Sous prétexte de balayer la bureaucratie « ipéiste », la hiérarchie autoritaire et les règles rigides, Lacan déclarait qu’il n’était plus nécessaire d’être psychanalyste, ni même en analyse, pour pouvoir s’inscrire au titre de membre de son Ecole. Simplement il distinguait trois types de membres : les « analystes de l’Ecole » (AE), reconnus par un jury d’agrément, les « analystes membres de l’Ecole » (AME), garantis par l’Ecole, et les « analystes praticiens » (AP), qui s’autorisent d’eux-mêmes [26].

    Jean Clavreul, fidèle lieutenant de Lacan jusqu’à la mort (celle de Lacan et la sienne), a bien décrit comment ce procédé a fait exploser le nombre de lacaniens : « Le prestige de l’Ecole freudienne fut tel qu’il y eut de plus en plus d’adhésions, à tel point que les demandes d’adhésion devinrent aussi importantes que le nombre d’adhérents, plus de six cents à ce moment-là. Cela était dû au fait que Lacan ne prononçait jamais d’exclusion. Pendant quinze années, l’Ecole freudienne n’a jamais exclu personne[27] ». En France,psychanalyse est alors devenu davantage synonyme de lacanisme que de freudisme(orthodoxe) [28]. Lacan était un champion du marketing psy.

    Trois ans plus tard, Lacan sera poussé par ses camarades à formuler des règles plus strictes pour la reconnaissance du titre d’analyste de son Ecole (la « passe »), mais le « Freud français » aura réussi à noyer les analystes affiliés à l’IPA sous le nombre des siens. Son « ouverture » aux philosophes et aux lettrés lui aura permis de noyauter tous les médias et les hautes sphères du pouvoir [29]. Son beau-fils « jouit » encore pleinement de ce pouvoir.

    LA DISSIMULATION CONTINUE

    A ma connaissance, il n’y a aucun écrit de Lacan qui mentionne la véritable raison du refus par l’IPA de continuer à agréer ses didactiques au-delà de 1963. La majorité de ses disciples ont dissimulé autant que lui ce motif et donc la véritable raison de la création de l’EFP. Ainsi Jacques-Alain Miller écrit-il en 2011 dans Vie de Lacan : « Il [Lacan] n’a pas tellement pâli de la rétorsion de l’Autre. Oui, bien sûr, une Association internationale alors basée à Chicago l’a persécuté, chassé — ou plutôt a voulu l’émasculer comme analyste, en lui interdisant de former des gens. N’en faisons pas toute une histoire. En définitive, elle pouvait peu, sinon aider au rinforzando de la calomnie. Lacan, de son côté, avait de la ressource, ne se laissa pas intimider, et manœuvra comme un chef. C’est alors que je l’ai connu, janvier 1964, et je fus le témoin direct, et aussi l’un des instruments, de sa brillante contre-offensive. Il triompha en France, au prix d’y rester enfermé, car coupé du milieu international [30] ».

    Elisabeth Roudinesco, qui détient le pouvoir d’informer les lecteurs du journal Le Mondedes matières psy, évoque le véritable motif, mais en l’édulcorant et en minimisant son importance. Dans Pourquoi la psychanalyse ?, elle écrit que la scission de 1963 se produisit « lorsque Lacan ne fut pas accepté comme didacticien dans les rangs de l’IPA du fait de son refus de se soumettre aux règles en vigueur concernant la durée des séances et la formation des analystes. Lacan refusait, en effet, de se plier à l’impératif de la séance de cinquante-cinq minutes et proposait de l’interrompre par des ponctuations significatives donnant un sens à la parole du patient. [...] Par ailleurs — et c’est sans doute la raison profonde de cette rupture —, Lacan restaurait, par son enseignement et par son style, la figure freudienne du maître socratique à une époque où celle-ci était jugée néfaste par l’IPA [31] » (souligné par J.V.R.)

    LE POUVOIR CURATIF DES CURES FREUDIENNES ET LACANIENNES

    Depuis longtemps, la médiocrité des résultats que Freud obtenait par ses traitements est connue et bien documentée [32]. Ceci n’empêche nullement les frères Miller d’affirmer que Freud guérissait sans difficulté, comme par magie. Ils affirment ce fait, mais l’expliquent de façon tout à fait différente.

    Jacques-Alain donne une explication freudienne classique : « Au départ, les cures analytiques avaient des résultats rapides et spectaculaires. Il suffisait de livrer à un patient la clé de l’Œdipe, c’était si révolutionnaire que cela le métamorphosait. Au fur et à mesure, la nouveauté se dissipait, les cures devenaient plus longues, plus complexes [33] ». Autrement dit : si les cures sont devenues si longues, voire interminables, c’est parce que tout le monde parle désormais du complexe d’Œdipe.

    Gérard, lui, avance une explication typiquement lacanienne : « L’aliénation du sujet à la chaîne signifiante, c’est ce que la psychanalyse naissante avait mis au jour. Qu’est-ce que l’âge d’or de la découverte freudienne, sinon ce temps béni des dieux où les symptômes analysés cédaient comme par miracle ? Lecture émerveillée des premiers textes de Freud... La psychanalyse dévoilait le lien du sujet au langage, témoignait de l’emprise du signifiant sur le corps, réussissait à annuler la souffrance par la parole. [34] » Autrement dit : si les cures sont devenues si longues, c’est parce que tout le monde sait que le symptôme est langage et que sa disparition tient en une analyse de Signifiants.

    Lacan a été pour le moins discret sur les effets de ses propres cures. Il s’est toujours plu à affirmer que la psychanalyse n’est pas une psychothérapie. Ainsi dans sa célèbre interview à la télévision, il déclare : « La psychothérapie, quelle qu’elle soit, tourne court, non qu’elle n’exerce pas quelque bien, mais qui ramène au pire [35] ». Même discours lors de l’ouverture de la section clinique de l’université Paris VIII : « La psychothérapie ramène au pire... Ce n’est pas la peine de thérapier [sic] le psychique. Freud aussi pensait ça. Il pensait qu’il ne fallait pas se presser de guérir [36] ». Les témoignages d’anciens lacanienssont accablants. Perrier par exemple écrit : « J’aurais aimé que Lacan publiât ses chiffres : c’est fou ce qu’on se suicidait chez lui ! Pour sa part, il avait horriblement peur de la mort. Une anecdote est restée célèbre : il avait foutu à la porte Diatkine, parce que ce dernier fantasmait sur la mort. Ça aussi, c’est très grave. Si Lacan a tué tout son monde, c’est parce que seul le cheminement de la pensée l’intéressait. Les êtres humains, il s’en foutait. Et la séduction qu’il exerçait sur eux dépouillait ses malades et ses clients de toute capacité d’autodéfense, ou peu s’en faut [37] ».

    Freud a toujours écrit que la psychanalyse n’était pas en mesure de traiter les psychoses, qu’il appelait « névroses narcissiques » [38]. Dans les années 1920, il a essayé de traiter un adolescent psychotique, Carl Liebmann, qu’il a qualifié de « paranoïaque super-intelligent » et pour lequel, écrit-il, il s’est « donné beaucoup de mal ». Il en parle dans sa correspondance avec Ferenczi [39], mais n’a jamais rien publié à ce sujet et pour cause : il n’a obtenu aucun résultat positif. Aujourd’hui des lacaniens prétendent, grâce à Lacan, faire mieux que Freud : ils affirment que l’autisme est une « psychose », qu’il leur revient de « traiter », et qu’il est de leur devoir de « combattre les thérapies cognitivo-comportementales » [40]. On attend toujours la publication d’études empiriquement validées.

    DE QUELQUES AUTRES MENSONGES

    Lacan s’est illustré par d’autres formes de tromperie, notamment le plagiat. Par exemple, il a repris à Henri Wallon — sans le citer — la description du stade du miroir. René Zazzo, parmi d’autres, a dénoncé cette malhonnêteté [41], ce qui n’empêche pas nombre delacaniens et d’autres d’enseigner qu’il s’agit d’une « découverte » de Lacan.

    J.-A. Miller s’est fait une spécialité des fausses citations pour diaboliser les TCC et spécialement Skinner. Nous avons déjà eu l’occasion de montrer comment il a utilisé la formule d’un journaliste « We Can’t Afford Freedom » (Nous ne pouvons nous payer le luxe d’être libre) placée sur la couverture d’un numéro du Time où il était question de Skinner, pour en faire une citation exprimant des intentions qui n’étaient absolument pas celles du célèbre professeur de Harvard [42]. Dans son récent « Lacan quotidien » (25-01-2012), on peut lire une autre citation attribuée à Skinner (« Je n’ai poursuivi dans ma vie qu’une idée — une véritable idée fixe. Le mot “contrôle” l’exprime », etc.) qui est en réalité le propos d’un personnage du roman de Skinner Walden Two. C’est comme si attribuait à Camus des phrases d’un personnage de son Caligula. Chacun jugera du niveau éthique et épistémologique du procédé.

    Peut-être le mensonge le plus nuisible de Lacan aura été de faire croire que sa logomachie recelait un sens profond, que seule une longue initiation permettait de comprendre. Cette « imposture intellectuelle » — pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Sokal et Bricmont — a égaré des milliers de personnes dans des exégèses ad infinitum et les a détournés d’activités réellement thérapeutiques. La tradition du mensonge, inaugurée par Freud, est plus que jamais vivante dans le lacanisme.

    ANNEXE : L’ÉTHIQUE DE LACAN SELON JACQUES-ALAIN MILLER

    Extraits de : Vie de Lacan écrite à l’intention de l’opinion éclairée.
    Ed. Navarin, 2001, 24 p.

    « Par beaucoup de traits, et même par un trait essentiel, Lacan n’était pas et ne se croyait pas un homme de bien. “Je n’ai pas de bonnes intentions”, dit-il une fois à son séminaire, moquant les préjugés de ceux qui pensent bien » (p. 12).

    « Il est clair que Lacan voulut être une exception, et s’assumait comme tel. [...] Il évoquait sa vie, écoutez bien, comme “une vie passée à vouloir être Autre malgré la loi” » (p. 15).

    « Que veut dire ce “malgré la loi”, à le prendre au sérieux ? Lacan s’avoue fièrement transgresseur, et joue au délinquant, au vaurien, au voyou. [...] Lacan est en effet quelqu’un qui bravait la loi, et dans les plus petites choses. » (p. 16)

    « Certains se plaisent à lui prêter des passions basses, qui sont, j’en jurerais, les leurs : fortune, notoriété, pouvoir. Mais tout cela va de soi pour l’homme de désir, ce sont des moyens de son désir, ce n’est pas son désir. Lacan incarnait au contraire ce qu’il y a d’énigmatique, de peu rassurant, voire d’inhumain dans le désir » (p. 19).

    « “Tâcher toujours plutôt à changer mes désirs que l’ordre du monde”, la belle maxime cartésienne qui résume tout ce qui est sagesse antique et moderne, n’était pas pour Lacan. Il était du parti contraire. Il entendait, lui, changer autour de lui le train des choses, leur train-train, et avec une obstination, une persévérance, une constance, qui faisait mon admiration » (p. 20).

    « Les anecdotes lacaniennes sont toutes vraies, même celles qui sont fausses, car, en saine doctrine, la vérité se distingue de l’exactitude, et elle a structure de fiction. Tout ce qui court sur le personnage de Lacan, de vu, d’entendu, ou de forgé, inventé, ou simplement de mal entendu, qui le diffame ou qui l’encense, converge à peindre l’homme de désir, et même de pulsion, qu’il était. » (p. 21).

    #psychose #escroquerie #lacan #psychanalyse

    • PSYCHANERIES
      https://sporenda.wordpress.com/2018/02/05/psychaneries

      On ne sait par où commencer tant ce psychanalyste accumule les non-sens et les absurdités. D’abord, affirmer que la pédophilie était quasi-inexistante lorsque l’ordre patriarcal était incontesté est évidemment massivement contrefactuel historiquement. Doit-on rappeler qu’en Angleterre par exemple, les bordels d’enfants des deux sexes étaient parfaitement légaux et nombreux à l’époque victorienne ? Qu’il était coutumier que les maîtres violent leurs très jeunes servantes ? Qu’un grand nombre des patientes de Freud avaient subi des incestes et des viols pédophiles (ce que Freud a décidé de dissimuler par souci de sa carrière et de protection de l’ordre patriarcal) ?

      Et il y a l’affirmation hallucinée que c’est la mort du roi-père (belge) qui signe la multiplication des Dutroux. Moralité : pour éliminer la pédophilie, restaurons la monarchie. Face à de telles bouffées délirantes, on serait tenté-e de conseiller à van Meerbeck d’aller consulter de toute urgence.

      Mais le paralogisme culminant de van Meerbeck, c’est lorsqu’il pose que l’inceste des mères est la partie invisible de l’iceberg : si l’inceste maternel est visible nulle part, c’est justement la preuve qu’il est partout. Par contre, si les cas d’incestes par père ou beau-pères sont majoritairement écrasants dans les cours d’assises et les médias, c’est en fait parce qu’ils n’existent (presque) pas.

      Ne vous y trompez pas : cette mise en accusation constante des mères par la psychanalyse, décrites comme fusionnelles au point d’être vampiriques et immanquablement incestueuses, c’est une opération de détournement d’attention et d’inversion de responsabilité qui vise à exonérer et protéger les pères incestueux : on agite le chiffon rouge d’incestes maternels imaginaires pour cacher la réalité factuellement constatable des nombreux incestes paternels (4 millions de personnes ont été victimes d’inceste en France selon un article de l’Express).

      Séparer la mère des enfants, et les faire passer du côté du père, c’est l’objectif primordial de la psychanalyse. En faisant de la mère une ogresse dont il faut à tout prix éloigner les enfants pour les soustraire à son amour dévorateur–noble tache « civilisatrice » qui est l’apanage du père–la psychanalyse vise à les « groomer » pour les préparer à devenir de bons petits soldats de l’ordre patriarcal ; soumission impossible si les enfants restent identifiés à leur mère, et aux valeurs dites féminines d’empathie, de coopération, de care et de souci du bien collectif dont la (bonne) maternité est porteuse.

      Notez aussi que séparer la mère des enfants et l’empêcher ainsi de les protéger présente l’avantage de faciliter l’accès sexuel des pères incestueux et des pédophiles aux enfants. Et que, dans l’ordre masculin d’inversion des valeurs, quand un meurtrier tue sa femme, c’est de l’amour et il doit être excusé. Mais quand une femme aime et protège ses enfants, (et pourrait fâcheusement s’interposer entre eux et les prédateurs sexuels), c’est de l’inceste, et elle est salie et stigmatisée.

      Stigmatiser la mère « incestueuse » largement imaginaire pour escamoter la réalité de l’inceste paternel tout en facilitant l’accès des prédateurs sexuels aux enfants en les soustrayant à la protection maternelle : coup double–le patriarcat est vraiment très fort.

  • Conflit d’intérêts : la réunion qui trahit le numéro 2 de l’Elysée | Mediapart | 13 mai 2018 Par Martine Orange
    https://www.mediapart.fr/journal/france/130518/conflit-d-interets-la-reunion-qui-trahit-le-numero-2-de-l-elysee

    (...) Rarement mélange des genres a été aussi poussé. Comment est-il possible qu’à quelques mois d’intervalle Alexis Kohler se retrouve d’un côté puis de l’autre de la barrière ? C’est la question que se posent des hauts fonctionnaires de Bercy à ce moment-là. L’ancien secrétaire d’État à l’industrie, Christophe Sirugue, confirme nos informations et sa surprise.

    Chargé alors du dossier de Saint-Nazaire qui occupe quotidiennement son ministère depuis que le groupe sud-coréen STX a été déclaré en faillite au printemps 2016, il n’en revient pas en découvrant la présence d’Alexis Kohler à Bercy comme représentant de MSC. « C’était une réunion de travail avec les membres de mon cabinet, à laquelle je n’ai pas assisté. J’avoue que nous avons été tous très surpris de découvrir le nom d’Alexis Kohler dans la délégation des armateurs. Au point que mes services ont demandé l’avis de la commission de déontologie pour vérifier s’il pouvait y participer, s’il n’y avait quelque incompatibilité. Formellement, rien ne s’opposait à sa présence », raconte aujourd’hui l’ancien ministre, reconverti dans le privé. Très étonné par cette situation.

    Christophe Sirugue n’est pas le seul à Bercy à avoir été étonné par cet avis de la commission de déontologie, selon nos informations. À rebours de la jurisprudence et de ses règles, celle-ci a accepté de se déjuger et de revenir sur son avis défavorable rendu en 2015. Grâce à l’attestation d’Emmanuel Macron assurant que son directeur de cabinet s’était toujours déporté sur le dossier STX, la commission de déontologie a autorisé en octobre 2016 Alexis Kohler à rejoindre MSC, comme il le demandait déjà un an auparavant. Car le seul groupe privé qu’il envisage de rejoindre est celui qui appartient à sa famille.

    De plus, cette autorisation a été accompagnée de conditions « très allégées », semble-t-il. La commission de déontologie n’a pas répondu à notre deuxième demande d’avoir accès à ses avis sur Alexis Kohler. Mais selon nos informations, celle-ci n’a posé qu’un nombre très restreint d’interdictions : elle aurait limité les interdictions de contact d’Alexis Kohler aux seuls anciens membres du cabinet d’Emmanuel Macron et encore sur les sujets concernant STX. « Au maximum, cela concernait une dizaine de personnes », rapporte un témoin. (...)

  • Subir ou AGIR ? Le pouvoir d’agir du citoyen
    https://grenoble.indymedia.org/2018-05-02-Subir-ou-AGIR-Le-pouvoir-d-agir-du

    Soirée conférence-forum Subir ou AGIR ? Le pouvoir d’agir du citoyen De 19h à 21h Conférence de Julien TALPIN. Chargé de recherche en science politique au CNRS de Lille. Domaines de spécialisation (non exhaustifs) : Politisation des classes populaires, Démocratie participative et délibérative, mobilisations politiques locales et action collective. Questions et échanges avec Julien TALPIN A partir de 21h, autour d’un buffet. Des associations et organismes acteurs de la démocratie locale présenteront (...)

    #Agenda

    http://conseilscitoyensindependantsgrenoble.fr
    https://grenoble.indymedia.org/IMG/pdf/conf-SubirAgir-tract.pdf

  • Privé d’extension, Auchan Aubagne réclame 300 millions à la métropole Julien Vinzent - 5 Avr 2018

    https://marsactu.fr/gargues-aubagne-auchan-300-millions-metropole

    Chargé d’aménager une zone de 42 hectares en bordure de son hypermarché phare à Aubagne, Auchan a vu son projet gelé par la nouvelle municipalité (LR). Après une première victoire en justice, le géant de la distribution réclame 300 millions d’euros à la métropole.

    Quand une promesse de campagne municipale vire à la bataille rangée. La société aubagnaise pour l’aménagement des Gargues (SAPAG) a remporté le 15 mars une victoire au tribunal administratif face à la mairie d’Aubagne, comme l’a annoncé La Marseillaise. Filiale d’Immochan, bras immobilier d’Auchan, elle contestait le gel de l’urbanisation de 42 hectares par le . . . . (La suite payante)

    #Aubagne : un autre projet qui tombe à l’eau pour la ZAC des Gargues La Marseillaise - Mustapha Chtioui - mercredi 2 décembre 2015
    http://www.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/politique/44091-un-autre-projet-qui-tombe-a-l-eau
    . . . . . . . .

    La présidente de l’Agglo, Sylvia Barthélémy, a affirmé vouloir respecter, selon la règle au sein de la collectivité, le vote des conseils municipaux de chaque commune à ce sujet. Il se trouve que le 29 septembre, le conseil municipal d’Aubagne a voté justement contre ce projet. Se basant sur ce vote, la présidente de l’Agglo a demandé au conseil « de ne pas approuver le dossier de réalisation de la ZAC des Gargues », sous le motif qu’il faut « respecter le choix de l’avis défavorable de la commune d’Aubagne ».

    . . . . . .
    Un projet qui avait suscité, dès le départ, l’hostilité des élus de droite : Gérard Gazay (LR) et de Sylvia Barthélémy, alors dans l’opposition. Tous deux mettaient en avant leur crainte de voircet aménagement, qui devait s’étaler sur une vingtaine d’hectares, prévoyait 80 000m² de commerces, concurrençant ceux du centre-ville.

    Une fois élue, Sylvia Barthélémy avait re-négocier un nouveau projet avec l’aménageur, Immochan pour arriver à un protocole d’accord non transactionnel. Projet finalement abandonné par la décision du conseil du 1er décembre.

    La délibération a été adoptée par la majorité. Les élus de l’opposition du groupe « à gauche pour un territoire solidaire » n’ont pas pris part au vote estimant qu’il s’agissait là de « bricolage » et qu’ils n’avaient pas eu le dossier en main pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause. à noter que 4 maires (La Destrousse, La Penne-sur-Huveaune, Roquevaire et Cadolive) se sont abstenus, soulignant, les risques financiers importants qui pèseraient désormais sur les communes compte tenu des recours possibles d’Immochan. « Si l’aménageur se retourne contre la collectivité et demande réparation pour non-tenue d’engagement, cela risque de se chiffrer par millions d’euros et nous coûter cher », déplore un élu.

    Une décision qui pourrait également avoir des conséquences sur une série de projets dits d’intérêt communautaire, adoptés. Aménagement d’un plateau sportif, construction d’une piscine, parcours de santé... qui risquent d’être remis en cause par la métropole. « Demain la métropole risque de leur dire, nous payons d’abord les indemnités de votre désengagement avec Immochan et on verra ensuite pour vos projets. »

    #auchan #immochan #immobilier idem #europacity #spéculation #Villes

  • Zad will survive - Des habitant.e.s des lieux suivants : le Moulin de Rohanne, la Rolandière, les 100 noms, la Hulotte, Saint-Jean du Tertre, les Fosses noires, la Baraka et Nantes réunis dans le CMDO (Conseil Pour le Maintien des Occupations), Zone A Défendre
    https://zad.nadir.org/spip.php?article5141

    Ne pas laisser la victoire…

    Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes », disions-nous souvent, pour démontrer notre entêtement, pour en faire une prophétie. Le 17 janvier, cet énoncé a été inscrit en lettres capitales dans un pays entier. C’est maintenant une phrase toute bête, mais qui signe un fait historique d’une ampleur inégalée ces 40 dernières années : la première grande victoire politique de toute une génération. Il aura fallu remonter à la lutte des paysans du Larzac pour lui trouver un équivalent, tant notre présent en est avare. Et c’est un mauvais comparant, puisqu’ici, c’est contre une succession de gouvernements hostiles que nous l’avons emporté, sans qu’aucun candidat n’inscrive l’abandon dans son programme. Sans excès de pacifisme, également, ce que n’ont pas manqué de souligner les chroniqueurs s’en référant au statut emblématique de zone de « non-droit » de la zad et à sa défense acharnée en 2012. Il serait erroné de croire que seules les pierres et les barricades ont permis de gagner. Pourtant c’est bien leur usage qui a rendu la décision d’abandon à la fois aussi impérieuse et aussi dure à avaler pour Macron. « Céder la zad aux radicaux », voilà ce que les éditorialistes ont reproché au Président, occultant le fait qu’un mouvement de lutte dans son entier ait bataillé un demi-siècle durant en usant de toutes les formes de résistance légales ou illégales. Pour éviter l’humiliation, l’État a donc monté une pièce de théâtre un peu branlante : une médiation, d’abord, puis une foule de réunions avec les élus locaux, et enfin le mime d’une expulsion avortée, pour faire oublier ses menaces, ses renoncements, ses reniements, pour étouffer le « oui » vainqueur à la consultation de 2016, bref le caractère scandaleux d’une telle déculottée. Malgré tous ces efforts, la victoire scintille au milieu des ordures médiatiques et politiciennes. Elle n’a eu à dire que deux petits mots : « Et toc ! »

    Ce que ces mots font de bien dans une époque où tout nous porte à croire qu’il est vain de se battre, chacun peut le sentir. Leur insolence est proportionnelle à la pression constante pesant sur le bocage depuis presque une décennie, ou au sein des manifestations de rue dans les villes de France. Le 17 janvier, des messages nous sont parvenus de toute l’Europe, tant l’expérience de la zad est emblématique, du fait de sa durée, de sa consistance, de sa capacité d’agrégation et de son audace. Mais ce qui nous toucha plus encore, ce furent les accolades que nous donnèrent les anciens sous le hangar de la Vacherit, celles et ceux qui avaient gagné au Pellerin, au Carnet, à Plogoff et qui levaient leurs verres au retour de cette saine peur des notables de ne plus pouvoir mener leurs grands projets dans ce pays.

    ...au bord de la route

    Pourtant, il n’est pas simple de gagner. D’autant que dans une volonté de revanche quasi unanime, journalistes, élus et entrepreneurs s’accordaient à dire que si l’État devait abandonner ce projet d’aéroport, il fallait au moins que cela permette dans la foulée de se débarrasser des « zadistes ». Il s’agissait alors d’appuyer sur ce qui aurait pu enfin isoler les occupants illégaux de leurs voisins, de leurs camarades paysans, naturalistes et syndicalistes. Ainsi, la Préfecture nous a-t-elle enjoints de démonter tout ce qui obstruait la D281, sous peine d’une intervention policière immédiate dont le périmètre demeurait délibérément flou. Les gardes mobiles étaient stationnés dans les environs, contrôlant les véhicules dans les bourgs jouxtant la zad. Cette injonction avait des accents pour le moins cocasses, puisque c’est la même Préfecture, en 2013, qui avait fermé cet axe, rouvert immédiatement par le mouvement. Mais cette route n’est pas simplement un axe, c’est un symbole. Chargé de notre histoire avec ses fameuses chicanes à la fois poétiques et chaotiques, ses dessins meulés dans le goudron, ses ronces qui regagnent sur le bitume, ses usages improbables... et les désaccords qu’elle engendrait cycliquement entre nous. Car si elle était ouverte à la circulation, elle n’était pas toujours facile à emprunter, notamment pour les paysans qui peinaient parfois à y faire passer leurs machines agricoles. Elle générait également angoisses et rancœurs de la part de nombre de nos voisins, du fait de comportements parfois hostiles de certains barricadiers, et beaucoup se sont résignés à ne plus l’emprunter. Une fois l’abandon prononcé, il devenait impossible de continuer à défendre avec force les chicanes de la route alors que les villageois se prononçaient pour son ouverture totale et qu’une partie très importante du mouvement estimait ce geste nécessaire afin d’être en position de maintenir une lutte pour l’avenir de la zad. L’État a donc tenté de jouer sur ce point de discorde pour ne pas totalement perdre la face. Nous étions alors nombreux à nous dire que si nous ne rouvrions pas la route, l’intervention promise était fort probable. Elle aurait offert au gouvernement le récit dont il rêvait : les fameux « 50 radicaux » dont la presse faisait ses choux gras, à côté des barricades, coupés du reste du mouvement qui refusait de s’engager à ce sujet. Cela aurait pu ensuite servir de tremplin à des arrestations ou à l’expulsion de certains habitats. Dans les jours qui ont suivi l’abandon, le déblayage de la D281 est devenu le point nodal autour duquel se jouerait l’éclatement définitif du mouvement ou la possibilité de le voir croître et perdurer au-delà du 17 janvier. Devait-on prendre le risque de tout perdre - l’expérience de la zad, une défense unie des lieux occupés, un avenir commun avec les autres composantes – pour un symbole ? Nous avons en assemblée décidé que non, sans possibilité pour cette fois de parvenir à un consensus. Certains ont très mal pris cette résolution, et il a fallu de longues discussions, tournant souvent à la franche engueulade, pour finalement démonter les deux cabanes construites sur la route. L’une d’elles est en reconstruction dans un champ bordant la D281. Mais les tensions autour de la route et des travaux de réfection subsistent.

    Il importe pourtant pour l’avenir immédiat que ce démontage ait été l’occasion de renouveler une promesse solennelle prononcée par toutes les composantes : si nous étions à nouveau en danger imminent d’expulsion, tous s’engagent à venir rebarricader les routes qui mènent à la zad.

    #stratégie #composition #luttes #zad

  • Bilan 2017 par LE GRAND MIX - VisualMusic
    https://www.visual-music.org/bilan-musical-2017-visualmusic-le-grand-mix

    Comme chaque année, VisualMusic recense par membre de l’équipe son best of de l’année. Nouveauté, s’ajouteront à la file des membres de labels, de groupes et d’acteurs de l’industrie musicale avec qui nous aovns le plaisir d’échanger régulièrement. De quoi faire ton marché dans une année mouvementée.

    SON RÉSUMÉ.

    Si vous nous lisez régulièrement, vous savez qu’on porte un véritable amour à une salle incontournable du Nord, le Grand Mix, salle qui a accueilli beaucoup d’artistes naissant et de dates plus folles les unes que les autres. 2017 marque la fin d’une ère puisque le Grand Mix a fermé ses portes mais pour mieux revenir, normalement à la rentrée 2018. Bien évidemment, on n’a pas résisté à l’idée de demander un petit bilan à l’équipe en place. N’hésitez pas non plus à relire notre interview avec Julien et Vincent datant de l’année dernière, même si cette année, c’est Matthieu, Chargé des Relations Publiques qui s’y colle pour un best of éclectique.

    • Pétition pour la réouverture immédiate du carnet Russeurope, par Jacques Sapir
      Pour une science ouverte à la liberté d’expression des chercheurs.
      Demande de réouverture du Carnet en ligne de Jacques Sapir

      https://www.change.org/p/marin-dacos-demande-de-r%C3%A9ouverture-du-carnet-en-ligne-de-jacques-sapir?

      Le 26 septembre 2017, les responsables de la plateforme Hypotheses.org et de OpenEdition décidaient de suspendre le carnet de recherche (blog) de Jacques Sapir, Russeurope.

      Cette décision, que de nombreux juristes considèrent comme sans fondements et arbitraire, a immédiatement suscité une grande émotion dans le monde universitaire et au-delà. Cette décision met en cause le principe de la liberté des chercheurs.
      Elle s’avère contradictoire avec le fait que ces chercheurs, et en particulier dans les sciences humaines et sociales, sont directement et immédiatement insérés dans l’espace politique. Enfin, cette mesure est de nature à porter un immense préjudice aux institutions de recherches en France, et à les déconsidérer aux yeux des chercheurs étrangers.
      Des protestations très nombreuses ont été envoyées à M. Marin Dacos, responsable d’Hypotheses.org ainsi qu’à son supérieur au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, M. Alain Beretz. Pour l’instant, M. Marin Dacos se refuse de répondre.

      Cette pétition sera remise à Marin Dacos, OpenEdition

      Premiers signataires
      *M. Denis Alland, Professeur en Droit Public, Université de Panthéon-Assas (Paris-2)

      *Bernard Cassen, Professeur émérite d’Anglais à l’Université de Paris-8.

      *David Cayla (Maître de Conférences en économie à l’université d’Angers).

      *Franck Collard, Professeur d’Histoire Médiévale à Paris-Ouest (Paris-10, Nanterre)

      *Daniel Bachet, Professeur des Universités, Sociologie, Université Paris-Saclay

      *Michel Bergès, Professeur de Sciences Politiques, Université de Bordeaux

      *Olivier Berruyer, actuaire et blogueur (Lescrises.fr)

      *Bernard Bourdin, Professeur à l’Institut Catholique de Paris, Historien des idées, philosophe politique.

      *Coralie Delaume, écrivain et blogueur (l-arene-nue.blogspot.fr)

      *Eric Desmons, Professeur de Droit Public, Université de Paris-XIII

      *Marcel Gaucher, Directeur d’études (retraité) à l’EHESS, Philosophe.

      *Jacques Généreux, économiste, maitre de conférences des Universités, professeur à l’IEPP – Sciences Po.

      *Jacques A. Gilbert, Professeur de Littérature comparée, Université de Nantes

      *Brigitte Granville, Professor of International Economics and Economic Policy, Chevalier des Palmes Academiques, Fellow of The Higher Education Academy (FHEA), School of Business and Management, Queen Mary University of London

      *Alain Guery, Directeur de recherche au CNRS, Historien.

      *Éric Guichard, Philosophe de l’internet et du numérique, Enssib-Ens, Ancien Directeur de programme au Collège international de philosophie

      *Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris 7.

      *Dominique Lecourt, Philosophe, professeur émérite des universités, ancien recteur d’académie, président d’honneur des Presses Universitaires de France.

      *Laurent Loty, Historien des imaginaires et des idées scientifiques et politiques au CNRS, Président d’honneur de la Société Française pour l’Histoire des Sciences de l’Homme

      *Roseline Letteron, Professeur des Universités, professeur de Droit à Paris-Sorbonne.

      *Laurent Loti, Chargé de recherche au Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises (CNRS—Université Paris-Sorbonne)

      *Jérôme Maucourant, Maître de conférences (HDR) en sciences économique à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne

      *Laurent Pinsolle, blogueur (gaullistelibre.com)

      *Nicolas Pons-Vignon, Senior researcher in development economics, University of the Witwatersrand, Afrique du Sud

      *Benedetto Ponti, professeur de Droit administratif au département de Science Politique de l’Université de Perugia, professeur de droit des médias numériques.

      *Bertrand Renouvin, Journaliste et écrivain.

      *Stéphane Rials, professeur de relations internationales et de philosophie politique à Panthéon-Assas (Paris 2).

      *Claude Roddier, Professeur des universités, retraitée depuis 2001. Professeur d’astronomie à l’université Aix-Marseille

      *François Roddier, Professeur des universités, retraité depuis 2001. Directeur du département d’Astrophysique de l’Université de Nice

      *Antoni Soy, Honorary Professor of Applied Economy, University of Barcelona. Former Deputy Minister of Industry and Business, Government of Catalonia. Former Mayor of Argentona

      *Serge Sur, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas (Paris 2)

      *Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, directeur de recherche au CNRS

      *Véronique Taquin, écrivain, normalienne et agrégée de Lettres modernes, professeur de chaire supérieure en khâgne au lycée Condorcet.

      *Bruno Tinel, économiste, Maître de conférences, HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

      *Michèle Tribalat, démographe

      *Jérôme Valluy, Maître de Conférences (HDR) de Sciences Politiques à Paris-1

      *Alain Venturini, archiviste-paléographe, conservateur général du patrimoine, directeur des Archives départementales de l’Aveyron

  • En 1840, Etienne Cabet rêvait un paradis rouge

    http://www.lemonde.fr/festival/article/2017/08/25/en-1840-etienne-cabet-revait-un-paradis-rouge_5176317_4415198.html

    COMME SUR L’ÎLE D’UTOPIE DE THOMAS MORE OU DANS LA CITÉ DU SOLEIL DE CAMPANELLA, RIEN NE SE VEND, RIEN NE S’ACHÈTE : L’USAGE DE LA MONNAIE EST INTERDIT AUX PARTICULIERS

    Il fallait oser. Ecrire un récit de voyage au XIXe siècle, une époque où le genre semble avoir fait long feu, n’a rien d’évident. En ce temps-là, plus personne ne s’assume utopiste – sauf Etienne Cabet, l’auteur de Voyage en Icarie, d’abord paru en 1840 sous le titre de Voyage et aventures de lord William Carisdall en Icarie. Contrairement à la plupart de ses contemporains, cet ancien militant républicain qui a lutté contre la monarchie de Juillet ne craint pas de revendiquer l’héritage du premier utopiste, Thomas More, pour expliquer sa conversion au communisme.

    Alors que Thomas More s’adressait, au XVIe siècle, aux humanistes, le livre d’Etienne Cabet est, lui, à destination des ouvriers. « Il a dans l’idée qu’il faut d’abord remodeler les imaginaires afin de pouvoir transformer le réel », affirme François Jarrige, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne. Pour faciliter la lecture de son livre, il choisit de recourir à la forme éprouvée du récit de voyage et il adopte un style simple, sans se perdre dans des analyses austères. A rebours d’un Charles Fourier dont l’écriture est empreinte d’une sécheresse mathématique, il met en œuvre une « stratégie publicitaire », estime encore l’historien.

    Langage des masses

    A la fin de son utopie, Etienne Cabet s’en explique : « Il y a deux manières d’écrire pour le Peuple ; l’une, (…) d’embrouiller et d’obscurcir les choses simples et claires, souvent pour avoir l’air d’être savant ; l’autre, d’éclaircir les choses les plus embrouillées, de faire de la science sans le dire et de tout faire comprendre en employant la langue vulgaire. » Il choisit la deuxième option : parler le langage des masses exige, selon lui, des compromis. « Cabet n’est pas anticlérical mais, dans une société encore très chrétienne, tenir un discours religieux en expliquant que le vrai christianisme est en Icarie vise à gagner le peuple à sa cause sans l’effrayer », poursuit l’historien François Jarrige.

    La mise en scène de Voyage en Icarie sera on ne peut plus classique : parti le 22 décembre 1835, Lord William Carisdall arrive au port de Camiris, sur la côte orientale du pays imaginaire des Marvols. Icarie, dont le nom évoque une île grecque de la mer Egée, en est séparé par un bras de mer qui se traverse en six heures. Dans cette contrée passionnée d’égalité qui ne figure sur aucune carte, seuls sont admis les étrangers parlant la langue icarienne. Très facile à apprendre, elle est destinée à devenir « la langue de toute la terre » : « parfaitement rationnelle, régulière et simple », elle « s’écrit comme elle se parle et se prononce comme elle s’écrit ». Les règles y « sont en très petit nombre, et sans aucune exception » et « tous les mots (…) ont une signification parfaitement définie ».

    Le navigateur débarque dans la ville « neuve et régulière » de Tyrama, avec ses rues « droites, larges et parfaitement propres » qui rappellent au narrateur la rue de Rivoli, à Paris. Tout y est « charmant » – les maisons, les jardins, les fermes, les villages, les coteaux, les enfants… « C’était la plus jolie de toutes les villes que je connaissais », écrit Etienne Cabet, non sans une pointe de naïveté. A l’arrivée de Lord William Carisdall, les autorités du pays lui demandent de s’acquitter de la somme de deux cents guinées : la nation se chargera ensuite de lui fournir ce dont il a besoin pendant ses quatre mois de séjour. Car en Icarie, comme sur l’île d’Utopie de Thomas More ou dans la Cité du soleil de Campanella, rien ne se vend, rien ne s’achète : l’usage de la monnaie est interdit aux particuliers.

    A la pointe de la technologie

    Voyage en Icarie ne fantasme pas un mode de vie simple et champêtre, comme c’est souvent le cas dans le genre utopique. « C’est l’une des premières utopies communistes fondée sur la technique et sur le déploiement de machines », relève François Jarrige. Cabet raconte l’émerveillement de son voyageur. « Nous atteignîmes un grand chemin de fer sur lequel la vapeur nous transporta avec la rapidité du vent ou de l’éclair. » Plus surprenant pour l’époque, les Icariens ont des sous-marins et voyagent en ballon. « Le voyage aérien est non seulement le plus rapide et le plus agréable, mais encore celui qui présente le moins d’accidents et de dangers », pressent l’auteur. Autant dire qu’il préfigure l’avion, inventé à la toute fin du XIXe siècle.

    Ce pays à la pointe de la technologie vit sous le régime d’une démocratie absolue. En Icarie, les deux mille députés qui sont élus pour deux ans sont choisis parmi les citoyens les plus habiles. Le peuple souverain donne mandat à cette représentation nationale. Chargé d’exécuter les décisions du pouvoir législatif, le pouvoir exécutif est quant à lui « comptable, responsable et destituable ». On ne le confie pas à un seul homme mais à un corps qui inclut le président.

    Les citoyens forgent leur sens politique et débattent des affaires publiques dans mille assemblées populaires. On y traite d’importantes questions : « pour jouir plus souvent de la campagne », faut-il travailler sept heures et trente minutes par jour au lieu de sept afin d’avoir un jour de repos tous les cinq jours, et non tous les dix jours ? Dans ce débat, Cabet est en avance sur son temps : en France, les premières réglementations sur la durée du travail des enfants sont adoptées un an après la publication de son livre, en 1841 – la journée de dix heures à Paris et onze heures en province sera, elle, actée en 1848 par le gouvernement provisoire de la République.

    Réseau de disciples

    Davantage propagandiste que philosophe, Etienne Cabet maîtrise à la perfection les outils de la communication politique. Il possède un réseau de disciples dévoués qui compte beaucoup de femmes et d’ouvriers. Organisés autour de son journal, Le Populaire, ils sont présents dès 1846 dans tous les départements français. Cabet désigne en outre des « correspondants » qui récoltent des signatures pour des pétitions et collectent des fonds. Surtout, « ils veillent au respect des principes icariens : la réprobation des sociétés secrètes, le refus absolu de participer aux actes de violence », rappelle François Fourn, docteur en histoire, contributeur du Dictionnaire des utopies (Larousse, 2002).

    La diffusion des idées d’Etienne Cabet est telle qu’avant 1848 la plupart des communistes français sont icariens, constate François Fourn. « Jusqu’à la caricature, [Cabet] donne à son Icarie toutes les apparences d’un incroyable pays de cocagne, d’un paradis terrestre pour les ouvriers », résume-t-il. Cabet souhaite cependant que ce rêve devienne réalité : le 9 mai 1847, il lance un cri enthousiaste dans les colonnes de son journal : « Allons en Icarie ! » Depuis un an, la France est en proie à une crise économique, le communisme fait peur et cet utopiste revendiqué est en mauvaise posture – le pouvoir l’accuse d’être la cause de la moindre émeute et il est lâché par les réformateurs.

    Son appel s’adresse aux Icariens. « Persécutés comme Jésus et ses disciples par de nouveaux Pharisiens, retirons-nous comme eux dans le désert, dans une terre vierge, pure de toute souillure, qui nous offrira tous les trésors de sa fécondité. » Des terres sont achetées aux Etats-Unis et soixante-neuf hommes partent du Havre le 3 février 1848 pour rejoindre le nord du Texas. Trois semaines plus tard, la révolution éclate en France : Cabet y participe mais finit par rejoindre ceux qui ont émigré de l’autre côté de l’Atlantique.

    Là-bas, c’est le fiasco. Mal préparés, les ouvriers qui rêvent d’une république idéale se retrouvent plongés dans des marais. Après avoir marché pendant des semaines et contracté des maladies, ils finissent par battre en retraite et se replier sur La Nouvelle-Orléans (Louisiane). D’autres les rejoignent, sans savoir ce qui les attend. Et, quand Cabet arrive à son tour, il fonde avec les disciples qui n’ont pas baissé les bras la communauté de Nauvoo, une ville située dans l’Illinois. Considéré comme un petit dictateur, il est cependant mis en minorité en 1856. Son rêve américain tourne court puisqu’il meurt la même année.

    Très célèbre de son vivant, plus connu que Proudhon et même que Marx, Etienne Cabet est oublié aussitôt après sa disparition. Au XXe siècle, seuls les communistes de Russie, où son livre est traduit, continuent de s’intéresser à son modèle centralisé et étatiste. Sans doute l’expérience de l’URSS a-t-elle joué en sa défaveur. Mais, par-delà les réinterprétations anachroniques, Etienne Cabet soulève une question toujours d’actualité : il prétend que les machines vont permettre, en remplaçant les ouvriers, de réduire la durée journalière du travail. Près de deux siècles plus tard, le débat sur l’automatisation de l’emploi agite plus que jamais le débat politique.

  • L’abstention : « Il va falloir que je pense à gouverner, un de ces jours »
    http://www.regards.fr/web/article/l-abstention-il-va-falloir-que-je-pense-a-gouverner-un-de-ces-jours

    C’est la grande inconnue d’une présidentielle dont elle devrait encore sortir gagnante… ou dont elle peut désigner le vainqueur. Qui est-elle, quelle est son analyse de la situation politique ? Confidences exclusives.

    « On me reproche de faire le jeu de Marine Le Pen, mais qui ne le fait pas, aujourd’hui ? »

    Macron vous inquiète ?

    Un peu, je l’admets. Il est tellement creux, avec ce discours d’étudiant en école de commerce exalté, qu’au départ je n’ai pas vu le danger. Pourtant, chez moi on entend souvent « Élections, piège à cons ! », cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Il ne faut pas s’étonner que la politique-marketing favorise le produit le mieux emballé. L’avantage de parler comme une publicité, c’est qu’on touche un vaste public. Et Macron, c’est une bonne marque. Moi, ma nature, c’est plutôt "No logo". Il séduit les indécis, mais j’ai bon espoir de les récupérer à l’arrivée...

    • « Certains de mes partisans disent "Plus rien à foutre", d’autres "Tout est possible". »

      Vous arrivez à vivre avec cette idée d’être complice de l’extrême droite ? C’est de la non-assistance à démocratie en danger…

      Remballez votre discours culpabilisateur : si je prospère, c’est aussi parce qu’il ne marche plus. Maintenant, ce sont les votants qui culpabilisent. Il faut les comprendre, avec tous les délinquants qui se présentent, avec toutes les trahisons qu’on leur promet… De toute façon, il est faux de dire que je profite au Front national. Encore une fois, je ne suis pas la cause de la crise démocratique, j’en suis le symptôme. Et que propose-t-on à un pays en manque de démocratie ? Une "dose de proportionnelle" ! En outre, élire un monarque républicain, je ne suis pas sûre que ce soit si démocratique que ça… Surtout quand le "tripartisme" ne laisse le choix qu’entre les lâches, les salauds et les fachos.

      C’est un discours d’extrême gauche, ça !

      C’est parce que je suis jeune (rires). Mon côté anar… Je suis peut-être une force politique qui s’ignore. N’oubliez pas que bien des révolutions ont été lancées par ceux qui ne votaient pas. Certes, ce fut souvent parce qu’ils n’avaient pas le droit de voter.

      Justement, des gens sont morts pour que nous ayons ce droit…

      Je l’attendais, celle-là (soupir). Ceux qui sont morts pour le droit de vote avaient en tête d’obtenir plus qu’une carte d’électeur. Et ils ne pensaient certainement pas mourir pour qu’aujourd’hui Christophe Barbier et Ruth Elkrief se pâment devant le « courage » de François Fillon. Les élections garantissent que rien ne change, sinon en pire. Beaucoup de mes partisans pensent que la révolution ne viendra pas par les urnes, ni par les armes, mais par le bas. Certains disent « Plus rien à foutre », d’autres « Tout est possible » et pour ceux-ci, il n’y aura pas d’élection présidentielle. En attendant ce non-événement, je dois vous laisser : j’ai des week-ends de printemps à organiser.

    • Alors que François Fillon s’écroule, Emmanuel Macron a encore le vent en poupe. Il ne vient pas des partis, se dit ni de gauche ni de droite et fait souffler un vent nouveau sur la politique si l’on en croit certains médias. Mais comment est-il monté si vite, et si haut ? Les vidéastes du collectif Osons Causer décryptent le parcours et l’ascension fulgurante de cet énarque et ancien banquier d’affaires. Ce que le candidat à la présidentielle rappelle, c’est qu’on peut être en dehors des partis et néanmoins au cœur du pouvoir. (Site Mediapart)
      https://youtu.be/V9LbK-QXdYA

    • S’abstenir ? « Aujourd’hui, on nous oblige à sauver la République »
      https://www.arretsurimages.net/emissions/2017-03-10/S-abstenir-Aujourd-hui-on-nous-oblige-a-sauver-la-Republique-id9640

      Coulisses de l’émission, par Anne-Sophie Jacques
      C’était une vieille idée. Une vieille envie. Une envie de novembre. Depuis cinq mois nous voulions disséquer sur notre plateau l’abstention. J’avais déjà repéré, et lu, en 2015 le livre au titre un brin provocateur Les citoyens ont de bonnes raisons de ne pas voter des jeunes sociologues Thomas Amadieu et Nicolas Framont. J’avais rencontré ce dernier autour d’une bière pour discuter de son travail et de son terrain de recherche. Selon lui, les observateurs – et au premier rang les médias – focalisent sur les citoyens qui ne votent pas pour mieux les disqualifier, plutôt que de s’interroger sur la qualité de l’offre politique.

      Framont cite d’ailleurs dans son livre une chronique de mars 2015 de Thomas Legrand : le journaliste de France Inter y juge l’abstention comme étant au mieux de la paresse, et au pire le témoignage d’une irresponsabilité individuelle. Le même Legrand poussera un plaidoyer pour le vote – ou plutôt un réquisitoire contre l’abstention – la veille du premier tour des élections régionales en admettant qu’il se prête au jeu de la leçon de morale ; mais quoi ? Le pays n’a-t-il pas connu les attentats du 13 novembre ? N’est-il pas temps de revenir aux « valeurs de la démocratie » en votant ?

      Au lendemain de ce premier tour, le chroniqueur Raphaël Enthoven s’en prend carrément aux abstentionnistes au micro d’Europe 1. Dans une chronique (qui vole le titre de celle de Legrand – à savoir « Abstention piège à cons ») le philosophe dresse le portrait de l’abstentionniste : « ingrat », « fainéant », « malhonnête », « enfant gâté », « irresponsable », « orgueilleux », « snob ». Cette culpabilisation de l’abstentionniste ne vient pas de nulle part. Il est vrai qu’on nous conditionne au vote depuis l’âge tendre. On ne compte plus les nombreuses campagnes nous invitant à voter, où on nous dit que si je ne vote pas je ne compte pas, ou que mon vote peut décider du destin d’une nation, ou encore que je ne dois laisser personne décider pour moi… c’est d’ailleurs le slogan d’une publicité (assez rigolote) réalisée par le Cidem – nouveau Centre d’information civique – en 2001.

      Notre idée de novembre a ressurgi avec la publication le mois dernier d’un manifeste rédigé par un abstentionniste en chair et en os : Antoine Buéno. Chargé de mission au Sénat auprès du groupe des centristes depuis 2003 – mais aussi une des plumes de François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007, humoriste, chroniqueur de radio et télé et auteur du remarqué Petit livre bleu qui analyse (et critique) la société des schtroumpfs (ce qui inspira à Alain Korkos une chronique à lire ici) – Buéno ne cache pas militer pour l’abstention, qu’il considère comme une arme de protestation et une preuve d’engagement. Son livre No vote ! déplie ses nombreux arguments.

      Aux côtés de Buéno et Framont, nous avons cherché la voix d’une personnalité politique. Pourquoi Rama Yade ? Parce qu’elle se présente aux élections présidentielles et qu’elle s’adresse justement aux abstentionnistes – aux « oubliés de la démocratie », pour reprendre ses éléments de langage. De fait, pendant le premier quart d’heure de l’émission, Yade parle comme une candidate en campagne. Un peu langue de bois. Puis très vite elle redevient citoyenne et concède que oui, elle se pose également la question de l’abstention, dans l’hypothèse où arriverait en deuxième position n’importe quel candidat face à Marine Le Pen.

      Car ce candidat serait, selon elle, issu d’un parti politique qui justement a favorisé la montée de Le Pen. Des deux violences – la violence d’un Front national qui risque de lâcher des hordes de crânes rasés et provoquer dix, cent, mille Adama Traoré, ou la violence d’un parti qui ne changera strictement rien à la politique néolibérale entraînant de fait un peu plus la déliquescence de notre démocratie – laquelle choisir ? Buéno est clair : il choisit la première. Nos deux autres invités sont comme en suspension. Certes l’émission ressemble parfois à une discussion de café du commerce. Mais en même temps cette discussion nous semble nécessaire. Salutaire. On va devoir faire un choix. Trancher. Et avant cela s’interroger sur la portée de notre vote.

      A l’issue de l’émission, nos invités sont lessivés. Remués, d’avoir été poussés dans leurs retranchements. « A un moment je me suis demandé si on n’était pas en train de déconner » lâche Buéno. Il reste six semaines pour s’en faire une idée.

    • La question fondamentale est : « pourquoi des citoyens renoncent à exercer un droit pour lequel leurs ancêtres se sont souvent battus ? » et aussi « les campagnes institutionnelles qui font du markéting du vote prouvent bien que les responsables politiques savent que le vote n’est plus désiré sans vouloir se poser la question du pourquoi, une fois de plus ».

  • Voiture électrique : Bolloré n’aurait pas installé une seule borne de recharge lefigaro.fr 19/12/2016
    http://www.lefigaro.fr/societes/2016/12/19/20005-20161219ARTFIG00051-voiture-electrique-bollore-n-aurait-pas-installe-

    Le constructeur automobile devait, en théorie, installer 8000 bornes d’ici la fin de cette année. Dans les faits, aucun équipement n’a été mis en place, soutiennent Les Échos.

    Le développement de la voiture électrique dans l’Hexagone semble quelque peu compromis. Chargé d’installer 8000 bornes de rechargement d’ici la fin de l’année, l’industriel Bolloré n’a toujours pas rempli son objectif. Pis, aucun équipement n’a été installé, indiquent Les Échos. Dans les faits, en vertu du plan « 16K » signé entre le constructeur automobile breton et l’État, en 2014, un total de 16.000 bornes électriques devaient être installées, d’ici à 2019, pour un investissement de 150 millions d’euros. Une enveloppe d’un montant équivalent a été mise à disposition des collectivités locales par l’Ademe pour les aider à atteindre cet objectif.

    Problème : le groupe Bolloré « met indirectement en cause la politique de soutien public, qui, via une enveloppe de 150 millions d’euros gérée par l’Ademe, finance le déploiement des bornes engagé par les collectivités locales », indique le quotidien. Les collectivités qui disposent de ce financement n’ont en effet pas d’intérêt particulier à se tourner vers son offre. Pour l’industriel, cette fameuse enveloppe constitue donc une forme de « concurrence indirecte ». Résultat, il envisage de réduire la voilure et de se concentrer sur les villes de plus de 100.000 habitants.
    . . . . .

    #Bolloré #Voiture_Electrique #bornes_électriques

  • Très coûteux, polluant et inefficace : l’absurdité française du chauffage électrique
    http://www.bastamag.net/Precarite-energetique-surcout-emissions-carbone-l-absurdite-francaise-du

    Plus de neuf millions de logements français sont chauffés à l’électricité, soit autant que dans tout le reste de l’Europe ! Engagée pour absorber la production du parc #Nucléaire français, la systématisation du chauffage électrique affiche un bilan catastrophique. Radiateurs et convecteurs, peu onéreux à l’installation, s’avèrent très chers à l’usage. Les factures flambent, la précarité énergétique aussi, sans compter les tensions provoquées sur le réseau électrique et un bilan carbone déplorable. Nous sommes à (...)

    #Décrypter

    / #Climat, #Le_défi_du_réchauffement_climatique, Nucléaire, #Inégalités, #Garantir_l'accès_au_logement, #Logement, A la (...)

    • « Le #chauffage électrique est facile à installer, pour un faible investissement initial, précise Anne Lefranc, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’#énergie (Ademe). Mais il est plus cher en coût global, si on intègre les factures d’#électricité. Avec un confort qui peut-être moindre. » Pourtant, 30% de la population française se chauffe via des #radiateurs électriques, soit 9,5 millions de foyers. Un record en Europe ! Jusqu’en 2013, année de la mise en place de la réglementation thermique (dite « RT 2012 »), 80% des #logements neufs étaient affublés de ce que l’on appelle vulgairement des « grille-pains » [1].

      Pourquoi cette passion française pour les radiateurs électriques ? Elle est liée au programme nucléaire, lancé dans les années 1970, alors que les coûts du pétrole s’envolaient. « On avait visé d’emblée des quantités d’électricité dont on ne voyait pas du tout qui allait les consommer », se souvient André Marquet, ex-ingénieur de recherche à EDF dans le documentaire « Chauffage, le piège électrique » [2]. Les radiateurs électriques n’équipent alors que 10% des habitations. Leur part va dépasser les 45% pendant la décennie suivante ! « Il fallait créer un marché pour absorber la sur-production d’électricité, poursuit Joël Vormus, directeur adjoint du réseau pour la transition énergétique (Cler). On a donc inventé le chauffage électrique. » Pour vanter ses avantages, et vendre un maximum de kWh, EDF lance une grande campagne : avec lui, les plantes revivent, les odeurs s’évanouissent, les enfants s’enrhument moins l’hiver, tout le monde est plus heureux [3].

      Le grand électricien n’est pas le seul à bénéficier de l’engouement généralisé pour le chauffage électrique. Pour les promoteurs immobiliers et les bailleurs, c’est aussi une aubaine : le coût d’installation est jusqu’à dix fois moins cher que celui d’une chaudière assortie de tuyaux et radiateurs [4]. « À Paris, par exemple, dans les bâtiments Haussmanniens, les propriétaires ont volontiers remplacé des chauffages centraux par des systèmes électriques », ajoute Joël Vormus. La plupart des personnes qui les utilisent sont des locataires, souvent dans le parc privé, parfois dans le parc public. « Les bailleurs en ont installé partout, simplement parce que ce ne sont pas eux qui paient les factures », regrette le médiateur national de l’énergie Jean Gaubert.

      Chargé de gérer les litiges entre les distributeurs d’énergie et les consommateurs, Jean Gaubert affirme qu’« il y a un lien évident entre le chauffage électrique et la #précarité_énergétique. Comme il coûte cher, en dehors de son installation, les ménages en difficulté se retrouvent avec un poids en plus ». 10% des ménages français, soit 5,5 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique : elles peinent à payer leurs factures et ont froid chez elles.

      [...] « Nous sommes le seul pays du monde à avoir une pointe électrique à 19h, soupire Marc Jedliczka, du réseau Négawatts. Ailleurs en Europe, elle a lieu à midi, quand les entreprises tournent et que l’activité augmente pour fournir les déjeuners. Le pic français de 19h est largement supérieur au pic européen de midi. La différence, due au chauffage, peut aller jusqu’à 5 GW, l’équivalent de cinq réacteurs nucléaires » [6]. Pour faire face à la demande hivernale, la France importe de l’électricité de ses voisins européens, avec un risque de saturation des interconnexions en cas de pic trop élevé, comme cela a été le cas en 2012, lors d’un épisode particulièrement froid [7].

    • « Nous sommes le seul pays du monde à avoir une pointe électrique à 19h », soupire Marc Jedliczka, du réseau Négawatts.

      Ça tombe bien, c’est juste l’heure à laquelle les véhicules électriques des particuliers appelleront 32 Ampères chacun pour se recharger après leur journée de labeur. Estimation pour 2020 : 400 000 par an, la part des véhicules électriques dans les ventes de véhicules neufs…

  • L’accueil des mineurs isolés étrangers : « Même si tu es dehors, même si tu n’as rien à manger, il faut que tu tiennes »
    http://www.bastamag.net/Meme-si-tu-es-dehors-meme-si-tu-n-as-rien-a-manger-il-faut-que-tu-tiennes-

    Venus de régions du monde frappées par les guerres ou la misère, ils ont atterri en France. Ils ont moins de 18 ans, sont livrés à eux-mêmes, à des milliers de kilomètres du pays qui les a vu naître et, brièvement, grandir. Depuis l’évacuation de la « jungle » de Calais, les mineurs isolés étrangers défient la chronique. Dans quelles conditions sont-ils accueillis ? Éducateur spécialisé à proximité de Paris, Mathieu les voit défiler depuis plusieurs années. Chargé de les aiguiller au gré des dispositifs d’aide (...)

    #Résister

    / #Migrations, #Droits_fondamentaux, #Logement, A la une, #Solidarités_internationales

  • Under The Sun trailer - YouTube

    https://www.youtube.com/watch?v=8QRFx5pXb_M

    J’avais raté la sortie de ce documentaire très prometteur si j’en juge par les conditions rocambolesques de sa création. A suivre.

    Under The Sun trailer

    –----

    Under the Sun : Life rehearsed and staged - Cineuropa

    http://cineuropa.org/nw.aspx?t=newsdetail&l=en&did=300965

    In Under the Sun [+], which has just won the Best Film Award in the 19th Jihlava International Documentary Film Festival’s Between the Seas competition, Mansky presents in detail how it is possible to really make a documentary on North Korea – effectively showing how indoctrination functions and propaganda is made.

    The beginning of the film announces that, on the birthday of Kim Il-Sung, along with hundreds of other children, eight-year-old Zin-mi, the family’s daughter, is going to join the Korean Children’s Union, an equivalent of the pioneer organisations in most communist countries until the fall of the Berlin Wall. Government watchdogs, undoubtedly assigned to the film crew as “guides”, are making sure that this ceremony goes without a hitch for the highly respected Russian filmmaker.

    #corée_du_nord

    • Vitaly Manski, cinéaste dissident en pays totalitaire
      http://www.lefigaro.fr/international/2016/01/21/01003-20160121ARTFIG00303-vitaly-manski-cineaste-dissident-en-pays-totalita

      PORTRAIT - Chargé de tourner un documentaire officiel sur la Corée du Nord, ce cinéaste russe, poussé à la dissidence après la crise ukrainienne, a transformé son œuvre de commande en une peinture émouvante et implacable du grand mensonge organisé par Kim Jong-un.

      Àrebours du cinéma russe sponsorisé et patriotique, il est des réalisateurs qui empruntent des chemins de traverse au risque de la confidentialité. Vitaly Manski est de ceux-là qui, d’une commande d’État, d’un tournage avorté et d’un scénario qui lui était étranger, a réalisé un film documentaire très personnel sur un pays mystérieux. Dans les rayons du soleil est le titre de son documentaire, encore invisible en Russie mais bientôt projeté sur les écrans occidentaux. L’astre jaune figure le président nord-coréen Kim Jong-un, et ses rayons, ceux que le « Leader suprême » projette sur son peuple.

      Vitaly Manski avait été choisi par Pyongyang et Moscou - associés dans le financement du film - pour relater l’histoire de Zin Mi, une écolière modèle de 8 ...

  • Jusqu’au silence de la neige, par Marie-Noël Rio (décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/RIO/54386

    A propos de « Mer Noire », de Dov Lynch

    Dov Lynch est irlandais, de cette diaspora dispersée dans le monde depuis si longtemps à cause de la misère, de la violence britannique, de la guerre civile. Né à New York, il suit une formation académique et politique à Yale et à Oxford. Chargé de recherche sur les conflits dans l’ex-URSS à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne, négociateur entre cette dernière et la Géorgie, il est aujourd’hui conseiller politique à l’Unesco, spécialiste du Caucase. Cette carrière de chercheur et de diplomate est jalonnée de livres et d’articles. Passer d’une écriture ultraspécialisée à l’écriture romanesque, voilà une aventure peu commune. [#st]

    http://zinc.mondediplo.net/messages/14040 via Le Monde diplomatique

  • Oxfam France - Communiqué de presse

    26 août 2015

    36 organisations humanitaires et plus de 400 000 personnes lancent un appel mondial pour mettre fin au blocus de Gaza

    https://secure.avaaz.org/fr/gaza_blockade_fr/?bLbCSbb&v=63840

    Plus de 400 000 personnes à travers le monde ont apporté leur soutien à un appel sans précédent lancé par 36 organisations humanitaires, confessionnelles, de développement et de défense des droits de l’homme, exhortant les dirigeants mondiaux à accentuer la pression sur le gouvernement israélien pour lever le blocus de Gaza et mettre fin aux restrictions sur l’importation de matériaux de base requis pour reconstruire la bande de Gaza.

    Alors que le nombre de personnes soutenant l’appel croît d’heure en heure, cela est rapidement devenu le plus grand appel mondial jamais émis par des organisations internationales et le grand public pour mettre fin au blocus sur la bande de Gaza, exigeant ainsi que les dirigeants mondiaux tiennent les promesses faites il y a un an pour la reconstruction de Gaza.

    A l’occasion de l’anniversaire de la fin du conflit entre le gouvernement israélien et les groupes armés palestiniens, les organisations demandent que les matériaux de construction comme le bois, le ciment et les barres d’acier soient autorisés à entrer à Gaza afin de reconstruire urgemment les hôpitaux, les écoles et les maisons.

    L’année dernière, plus de 19 000 maisons ont été détruites et 100 000 personnes laissées sans abri à cause du conflit. Les bailleurs de fonds ont promis 3,5 milliards de dollars pour reconstruire Gaza, mais un an plus tard, les restrictions israéliennes continuent de causer des retards. Les travaux de reconstruction ont commencé sur un peu plus de 2 000 des 19 000 maisons détruites l’an dernier mais aucune maison n’a été entièrement reconstruite.

    Soutenant la campagne, Fadi Quran, Chargé de campagnes à Avaaz a déclaré :

    "Il est scandaleux qu’un an après la dernière guerre à Gaza, pas une seule maison n’ait été entièrement reconstruite et que le monde ait laissé les familles dans les décombres. Les gouvernements permettent à Israël de violer les lois humanitaires les plus élémentaires, et depuis le début du blocus, trois guerres ont éclatées et des centaines d’enfants ont été tués. Cet appel massif montre que partout dans le monde des gens veulent que leurs gouvernements agissent maintenant pour mettre fin à ce blocus illégal, inhumain et dangereux. "

    La campagne lancée par le mouvement citoyen mondial Avaaz et les organisations signataires précise : "En imposant des restrictions sur le mouvement des biens et des personnes, le blocus punit des civils innocents pour des actes dont ils ne sont pas responsables. Aucun motif ne peut justifier de laisser des familles sans domicile et des malades sans hôpital ".

    Ibrahim ElShatali, habitant de la ville de Gaza, témoigne depuis l’intérieur de la bande de Gaza :

    "Beaucoup de mes amis et des membres de ma famille sont sans-abri depuis des mois maintenant - comment pouvons-nous vivre comme cela, entourés par des gravats, sans espoir et sans aucune perspective pour un avenir meilleur ? Tout ce dont nous avons besoin, ce sont des matériaux de construction et un nouveau départ dans la vie ".

    Selon un récent rapport publié par des ONG internationales, le blocus illégal imposé par Israël a entravé les efforts de reconstruction, et aggravant ainsi la crise humanitaire dans la bande de Gaza :

    • Seulement 5% des 6,7 millions de tonnes de matériaux de reconstruction urgemment requis pour réparer ce qui a été détruit l’été dernier ont été autorisés à entrer dans Gaza un an après le cessez-le feu. A ce rythme, la reconstruction pourrait prendre 17 ans.

    • 11 écoles et universités ont été totalement détruites et 253 autres institutions scolaires ont été gravement endommagées pendant la guerre, privant ainsi 559 000 étudiants d’un enseignement de qualité ;

    • 120 000 personnes n’ont toujours pas accès aux réseaux d’eau et de traitement des eaux usées. Les réparations des 35 000 mètres de canalisations endommagées ou détruites sont très lentes. L’assainissement dans certaines parties de la bande de Gaza est épouvantable, avec des bassins qui débordent et des déchets non traités qui s’écoulent à travers les rues.

    • 81 hôpitaux et cliniques ont été endommagés ou détruits par le conflit. Malgré les fonds alloués pour la reconstruction de certaines de ces installations, les matériaux de construction requis n’ont pas été autorisés à entrer à Gaza.

    D’après Tony Laurance, Directeur Exécutif de Medical Aid for Palestinians :

    "Ce dont Gaza a besoin plus que tout est la reconstruction, mais le gouvernement israélien limite l’entrée des matériaux de construction, même les plus élémentaires. Ces restrictions strictes empêchent la reconstruction des infrastructures les plus vitales dans la bande de Gaza, y compris les hôpitaux et les cliniques. Les gens à travers le monde sont en train de dire « ça suffit », et exhortent les leaders mondiaux à accentuer la pression sur Israël pour mettre fin au blocus maintenant. "

    Si la responsabilité de lever le blocus de Gaza incombe avant tout à Israël, les organisations adhérant à la campagne reconnaissent que la reconstruction est également entravée par l’échec des partis politiques palestiniens à se réconcilier et à prioriser la reconstruction, ainsi que par la fermeture par l’Egypte de sa frontière avec Gaza.

    Le gouvernement israélien justifie les restrictions pour des raisons de sécurité. Cependant, les Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge ont rappelé à plusieurs reprises que le blocus est une violation du droit international. En effet, rien ne peut justifier de punir collectivement une population entière et de laisser des dizaines de milliers de familles sans abri et des centaines de milliers d’enfants sans écoles ou centres de santé.

    William Bell, Chargé de Plaidoyer pour Israël et les Palestiniens à Christian Aid, a déclaré :

    "Avec les égouts débordant sur les trottoirs, l’approvisionnement très limité en eau et en électricité et les écoles qui ressemblent plus à des sites de bombardements qu’à des lieux où les enfants peuvent recevoir une éducation, l’espoir s’amenuise et l’avenir de la bande de Gaza reste sombre. Le blocus a contribué à créer des taux de chômage et de dépendance à l’aide parmi les élevés au monde, plongeant dans la misère plus de 1,8 million de civils. Il doit prendre fin maintenant. "

    Le texte intégral de la pétition soutenue par les organisations signataires peut être lu ici. Il appelle notamment les dirigeants des États-Unis et de l’UE à faire pression pour mettre fin au blocus et autoriser l’importation des matériaux de construction requis désespérément, y compris le bois, les agrégats, les barres d’acier et le ciment.

    Les organisations signataires sont :

    1. Avaaz

    2. Action Against Hunger (ACF)

    3. ActionAid

    4. Asamblea de Cooperacion por la Paz (ACPP)

    5. Alianza por la Solidaridad

    6. Broederlijk Delen

    7. Christian Aid

    8. COSPE, Cooperazione per lo Sviluppo dei Paesi Emergenti

    9. CISP-Comitato Internazionale Sviluppo dei Popoli

    10. CCFD-Terre Solidaire

    11. Diakonia

    12. Embrace the Middle East

    13. Fobzu (Friends of Birzeit University)

    14. Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

    15. GVC

    16. HelpAge international

    17. Heinrich Böll Foundation Palestine/Bureau Jordanie

    18. HEKS/EPER

    19. Japan International Volunteer Center

    20. Medical Aid for Palestinians (MAP – UK)

    21. medico international

    22. Mennonite Central Committee

    23. Norwegian Church Aid (NCA)

    24. Norwegian People’s Aid (NPA)

    25. Overseas

    26. Oxfam

    27. Pax Christi Flanders

    28. Pax Christi International

    29. Physicians for Human Rights – Israel

    30. Rebuilding Alliance

    31. Secours Islamique France

    32. Trócaire

    33. Terre des Hommes Italie

    34. The Lutheran World Federation

    35. The Swedish Organisation for Individual Relief/ IM- Swedish Development Partner

    36. World Vision International

    #gaza#blocus#israel#pétition

  • Deux Italiens reconnus coupables de l’attentat fasciste de Brescia, 41 ans après http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/07/23/deux-italiens-reconnus-coupables-de-l-attentat-fasciste-de-brescia-41-ans-ap

    Acquitté en première instance et en appel, renvoyé devant le tribunal par la Cour de cassation, Carlo Maria Maggi, médecin installé à Venise, dans le quartier de la Giudecca, était dirigeant de la section locale du groupuscule Ordre nouveau. Il est reconnu comme « instigateur de l’attentat ». En raison de son âge, et de son état de santé, il ne devrait pas connaître la prison. Il n’en va pas de même pour Maurizio Tramonte. Jeune militant du Mouvement social italien (MSI) au moment des faits, il était un « infiltré ». Chargé d’espionner Ordre nouveau, au service du SID (service d’information de la défense), il se tut lorsqu’il apprit la préparation de l’attentat. Des photos attestent de sa présence, place de la Loggia, le jour de l’explosion.

  • Un responsable palestinien tué par des soldats israéliens en Cisjordanie
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/12/10/mort-d-un-ministre-palestinien-en-cisjordanie_4537880_3218.html

    Ziad Abou Ein, ministre de l’Autorité palestinienne, est mort mercredi 10 décembre après avoir été frappé par des soldats israéliens lors d’une manifestation en Cisjordanie, rapporte une source médicale.

    Chargé du dossier de la colonisation au sein de l’Autorité palestinienne, Ziad Abou Ein a été frappé au torse par des soldats lors d’une marche de protestation dans le village de Turmus Ayya, près de Ramallah, a indiqué une source de sécurité palestinienne. Il est mort lors de son transport vers la ville de Ramallah.

    Le titre initial (12h01) a déjà changé (12h23), comme l’indique l’url, c’était Mort d’un ministre palestinien en Cisjordanie
    Ça ne traine pas…

  • Rencontres Régionales du Logiciel Libre du 7 février 2014 — Ecréall
    http://www.ecreall.com/ressources/rencontres-regionales-du-logiciel-libre-du-7-fevrier-2014

    Présentations projetées lors des Rencontres Régionales du Logiciel Libre du Service Public du 07/02/2014

    – Présentation de M. M. Launay Président de Pôle Nord et Gérant fondateur d’Ecréall
    – Présentation de M. P. Mathieu, VP TIC, Université Lille 1
    – Présentation de M. S. Wallet, Chargé du projet Astride
    – Présentation de M. Y. Poppe, Conseiller municipal, délégué au NTIC à la mairie de Willems
    – Présentation de M. Yann Lagadec, Responsable informatique de la mairie de Billy- Berclau

  • La formation des départements - L’Histoire par l’image - Plein cadre
    http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?rang=

    A différentes reprises au XVIIIe siècle, il avait été question de remédier à la multiplicité des chevauchements des anciennes divisions territoriales du royaume. Mais il n’avait pas été possible d’envisager une réforme qui ne bouleverse pas les institutions.
    Après la nuit du 4 août 1789 et l’abolition des privilèges particuliers des provinces, deux idées priment : diviser les provinces au particularisme trop affirmé et croissant, et donner la même division territoriale à tous les services publics et à la représentation nationale.

    Chargé de ce travail de réforme, le comité restreint du Comité de constitution créé en juillet 1789, dont font partie Talleyrand, Sieyès, Le Chapelier et Rabaud Saint-Etienne, reprend l’idée d’un découpage géométrique à l’instar des Etats américains, procédé qu’avait illustré le géographe Robert de Hesseln, en 1780, en dressant une carte de la France divisée en 81 « contrées » carrées, de 18 lieues sur 18 (72 km) environ, divisées elles-mêmes en 9 districts de 9 cantons chacun ; ainsi chaque canton avait-il 4 lieues de côté et une superficie telle que, comme l’avait souhaité Condorcet, « dans l’espace d’un jour, les citoyens les plus éloignés du centre puissent se rendre au chef-lieu, y traiter d’affaires pendant plusieurs heures et retourner chez eux ».

    Mirabeau fit valoir les inconvénients de cette division artificielle, étant quant à lui partisan de 120 départements sans subdivisions intermédiaires, « pour rapprocher l’administration des hommes et des choses ». En vain. Le nombre définitif est arrêté à 83, et un nom donné à chacun des départements par le décret du 26 février 1790.

    Auteur : Cécile SOUCHON et Marie-Elisabeth ANTOINE

  • Handicapés = assistés | nota-bene.org
    http://nota-bene.org/Handicapes-assistes

    Voici, par ordre alphabétique, une liste de métiers de gens que je connais [2] :

    Architecte technique (dans l’ingénierie informatique)
    Chargé de clientèle au téléphone, support de niveau 2 de ses collègues, puis chef de projet et expert en outils d’assistance technique
    Designer de toute la charte graphique print et Web d’une députée
    Directeur artistique senior du portail Web d’un très grand groupe
    Directeur d’une équipe de consultants Web front (dix personnes)
    Directeur marketing (parle 4 langues, soit dit en passant)
    Ergonome
    Responsable d’une équipe d’expertise technique (une quinzaine de personnes)
    Responsable technique dans une équipe d’experts

    Et voilà, toujours par ordre alphabétique, une liste de handicaps :

    Aveugle
    Aveugle
    Malentendant (appareillé) et malvoyant
    Malentendant (en cours d’appareillage)
    Malvoyant (aveugle devant un écran)
    Paralysé (en fauteuil)
    Sourd
    Sourd
    Sourd

    À vous : qui est qui ?

    Et surtout, quelle importance ?

    Vous savez à quoi j’ai pensé, l’autre jour, mon article à peine publié ?

    Pourquoi dirions-nous « J’ai un super pote aveugle » plutôt que « J’ai un super pote ? » Après tout, vous dites « Hier soir j’ai discuté avec un mec chouette » ou « Hier soir j’ai discuté avec un mec chouette qui est noir ? »

    On ne peut pas davantage confiner des gens à leur handicap que les réduire à leur origine ethnique : ce n’est tout simplement pas raisonnable.

    #handicap #accessibilité

  • Prolongement de la réflexion sur art, frontières et géographie (Musée d’Art Moderne de St Etienne : journée frontières avec Daniel Soulié et l’oeuvre de Richard Long)

    https://picasaweb.google.com/105050687106160530814/MuseeDArtModerneDeStEtienneArtEtFrontieres#5840814645967254450

    Université de Paris I – Sorbonne
    U.F.R. de Géographie
    Année 2003
    THESE
    Pour obtenir le grade de
    DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS I
    Discipline : Géographie
    Présentée et soutenue publiquement
    Par
    Anne Volvey
    Le 15 décembre 2003

    Art et spatialités d’après l’oeuvre d’art in situ outdoors de Christo et
    Jeanne-Claude
    – Objet textile, objet d’art et oeuvre d’art dans l’action artistique et l’expérience
    esthétique -
    Directeur de thèse
    Mme Marie-Claire Robic, Directrice de Recherches au CNRS
    Jury
    M. Jean-Marc Besse (Chargé de Recherches ay CNRS)
    M. Bernard Debarbieux (Professeur à l’Université de Genève)
    M. Jacques Lévy (Professeur à l’Université de Reims)
    M. Gilles Tiberghien (Maître de Conférences à l’Université de Paris I)