city:coutances

  • Dick Annegarn - Acoustic

    De « Sacré géranium » (1974) à « Twist » (2016), Dick Annegarn a sorti dix-huit albums studio et quatre albums en public. Aujourd’hui, l’auteur-compositeur-interprète néerlandais présente « 12 Villes - 12 Chansons ». De Bruxelles à Karlsbad, en passant par Essaouira et Coutances, il revisite certains de ses titres emblématiques en version symphonique. Pour « Acoustic », avec une formation pop, Dick Annegarn chante « Maison rose », « Saint-André-des-Arts », « Tchernobyl blues » et « In New Orleans ».

    Présentation : Sébastien Folin ; réalisation : Philippe Sommet.

    https://culture.tv5monde.com/musique/dick-annegarn-11577
    #Dick_Annegarn

  • Dans la Manche, un réfugié acquitté d’un viol car il n’avait pas « les codes culturels »
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/11/23/01016-20181123ARTFIG00310-acquitte-d-un-viol-car-il-n-avait-pas-les-codes-c

    C’est un verdict qui choque, embrase les réseaux sociaux et agite les politiques. Le 21 novembre, la cour d’assises de la Manche a acquitté un jeune réfugié d’origine bangladaise du viol d’une lycéenne de 15 ans à Saint-Lô, dans la Manche, fin 2015. Ce dernier a en revanche été condamné à deux ans de prison avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve pour l’agression sexuelle d’une autre jeune fille mineure, à quelques semaines d’intervalle, dans son logement au foyer des jeunes travailleurs de Saint-Lô. Le parquet peut encore faire appel de cette décision.

    Au procès, l’avocate de la défense a invoqué des difficultés d’interprétation de son client qui « n’avait pas les codes culturels » pour prendre conscience qu’il imposait une relation par crainte ou par surprise, selon un article de La Manche libre qui relate l’affaire.



    Le journal évoque aussi le témoignage du capitaine de police de la sûreté départementale de Saint-Lô devant la cour. « Lors de l’audition de l’accusé en garde à vue, il a dû placer un brigadier entre l’interprète et le mis en cause car ce dernier tentait de lui peloter les cuisses. Selon lui, l’accusé “considère les femmes françaises comme des p****, il a un comportement de prédateur” », rapporte l’article.

    Quant aux experts, ils auraient décrit le réfugié comme « narcissique et égocentré » et empreint de la culture masculine de son pays d’origine où « les femmes sont reléguées au statut d’objet sexuel ».

    L’avocat de la plaignante qui affirme avoir subi un viol confirme l’exactitude de ce compte rendu. Mais non sans y apporter des précisions non négligeables. « L’origine de l’accusé n’a pas été un élément déterminant mais un élément parmi d’autres. Les débats ont tourné autour de la notion de consentement. Les jurés ont estimé que l’auteur n’avait pas pris conscience de l’absence de consentement de la victime au moment des faits, précise-t-il au Figaro. Après le verdict, le président de la cour d’assises a dit à ma cliente qu’on la croyait mais que la cour a considéré que les faits n’étaient pas suffisamment établis pour constituer l’infraction ».

    Selon le Code pénal, l’existence de la violence, contrainte, menace ou surprise sont nécessaires pour caractériser le viol. Or l’adolescente aurait exprimé par oral son refus mais, « en état de sidération », ne se serait pas opposée à l’acte. Dans un premier temps, sa plainte avait été classée sans suite. L’enquête a été rouverte lorsqu’une deuxième jeune fille a signalé une agression sexuelle. « Il aurait fallu d’autres investigations dès le début. Son dossier n’a pas été traité comme il aurait dû l’être », pointe son avocat.

    Reste que l’affaire a pris des airs de scandale à la veille de la marche du 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles, portée par le mot d’ordre « Nous toutes ». « Allons-nous laisser admettre qu’il existe une culture qui permet aux hommes de violer les femmes ? » s’est indignée la députée LR Valérie Boyer dans une lettre adressée au premier ministre. « Un migrant viole deux mineures et ressort libre, le tribunal considérant les “codes culturels” du criminel comme circonstance atténuante. Laxisme criminel d’une justice qui n’en a que le nom. Le silence des féministes toujours aussi assourdissant ! », s’est insurgé sur Twitter Nicolas Bay, député européen du Rassemblement national. « Hallucinant », a également réagi Muriel Salmona, de l’association Mémoire traumatique : « Les femmes sont reléguées au statut d’objet sexuel mais ce n’est pas grave c’est juste culturel. »

    l’adolescente aurait exprimé par oral son refus mais, « en état de sidération », ne se serait pas opposée à l’acte. Dans un premier temps, sa plainte avait été classée sans suite. L’enquête a été rouverte lorsqu’une deuxième jeune fille a signalé une agression sexuelle. « Il aurait fallu d’autres investigations dès le début.


    EXPRIMER SON REFU A L’ORAL C’EST S’OPPOSE A L’ACTE ! On en est encore à punir les filles et femmes qui ont survécu au viol qu’on leur a infligé.

    #violophilie #culture_du_viol #fraternité #viol

    • Procès pour viol sur mineure dans la Manche : une enquête mal menée ?
      https://www.lamanchelibre.fr/actualite-619701-proces-pour-viol-sur-mineure-dans-la-manche-une-enque

      Mardi 20 novembre 2018 s’est déroulé devant la cour d’assises de la Manche à Coutances le deuxième jour du procès d’un jeune homme accusé de viol et d’agression sexuelle sur deux mineures. Les policiers ayant mené l’enquête ont été auditionnés.

      Mardi 20 novembre 2018 s’est tenu devant la cour d’assises de la Manche à Coutances le deuxième jour du procès d’un jeune homme accusé de viol et d’agression sexuelle sur deux lycéennes.

      Les 29 septembre et 10 décembre 2015, le mis en cause a entraîné deux jeunes filles de 15 et 16 ans dans son logement au Foyer des Jeunes Travailleurs de Saint-Lô. Il est accusé d’avoir agressé sexuellement l’une d’entre elles qui a réussi à prendre la fuite et d’avoir violé l’autre. Il maintient que les deux étaient consentantes. Il encourt quinze ans de prison.
      Des manques dans l’enquête ?

      Le capitaine de police de la sûreté départementale de Saint-Lô qui a enquêté sur la plainte de la première victime est celui qui a fait le lien entre cette affaire et la plainte pour viol de la deuxième victime qui avait été classée sans suite. Il révèle à la cour que lors de l’audition de l’accusé en garde à vue, il a dû placer un brigadier entre l’interprète et le mis en cause car ce dernier tentait de lui peloter les cuisses. Selon lui, l’accusé, « considère les femmes françaises comme des p****, il a un comportement de prédateur. »

      Interrogé sur la raison du délai de quatre mois entre la première plainte et la mise en examen de l’accusé, le policier admet qu’il y a eu des carences dans les enquêtes. Il ajoute que parfois, une affaire se révèle par la multiplicité des faits.

      Le brigadier-chef qui a entendu la plainte de la deuxième plaignante est tellement embarrassé à la barre qu’il fait un malaise. Après avoir repris ses esprits lors d’une suspension de séance, il admet que les propos de la victime retranscrits dans le procès-verbal étaient des réponses à des questions fermées et que cela pouvait modifier l’impression générale. Selon lui, l’absence de consentement n’était pas exprimée ce qui a justifié le classement sans suite.

      Le président déplore un dossier où « on est un peu orphelin d’un certain nombre de diligences ». Il cite l’absence de confrontation, l’absence de perquisition et de saisie du téléphone et de l’ordinateur de l’accusé et une levée de garde à vue après seulement 39 minutes d’audition.
      « Des objets sexuels »

      Les experts qui ont examiné l’accusé s’accordent tous pour le décrire comme narcissique et égocentré et que dans la culture masculine du Bangladesh, son pays d’origine, « les femmes sont reléguées au statut d’objet sexuel ».

      L’avocat général requiert six ans de prison. Le verdict devrait tomber mercredi dans la journée.

  • Sur les engagements antimilitaristes et anti-ségrégation de Jon Hendricks, chanteur de jazz qui vient de décéder. par Nicolas Beniès.

    Extraits du livre de Nicolas Béniès Le souffle de la liberté : 1944, le jazz débarque.
    https://cfeditions.com/souffle1944

    Les plages du débarquement sont encore pleines du sang de ces jeunes gens. De temps en temps le sable s’en souvient, avec horreur, et raconte des exploits pour cacher ce sang que les commémorations ne sauraient voir. Les cimetières sont trop abstraits pour pouvoir parler. Ils occultent cette abominable réalité.

    Fortement marquée par la ségrégation, l’armée américaine laisse peu de noirs débarquer. Ils seront 1770 à Omaha Beach (sur 29.714 Américains) et 1200 à Utah Beach (sur 31.912). On raconte que la hiérarchie avait peur de voir les soldats afro-américains armés prendre conscience de la possibilité de tuer les officiers. Ils furent souvent ceux qui maniaient les ballons explosifs tenus au bout de câbles d’acier destinés à bloquer les interventions aériennes. Il faudra attendre 2009, soit après l’élection de Barack Obama, pour que William Dabney, dernier survivant du 320e bataillon, entièrement composé d’Afro-Américains, ne soit décoré par la France de la Légion d’Honneur. Comme environ quatre-vingts pour cent des soldats, les Afro-Américains participèrent principalement aux opérations d’intendance, notamment à Cherbourg.

    Le vocaliste/poète/parolier Jon Hendricks, revenu sur les lieux cinquante ans après, et une dernière fois au festival Jazz sous les Pommiers de Coutances en mai 2013, s’en souvient avec acuité.

    Il ne trouvera son salut, comme beaucoup d’autres, que dans la fuite. Il racontera en mai 1994, à Pascal Vannier et à moi-même, son débarquement.

    Jon dénonce les conditions dans lesquelles il a fait son service militaire dans le Sud des États-Unis. Dans l’armée, les Noirs « étaient traités comme des esclaves », avec l’interdiction d’aller et de venir. « L’émancipation n’a pas apporté la liberté. Nous sommes passés de l’esclavage physique à l’esclavage économique. Comment aller et venir dans une société où le droit à un travail vous est refusé faute d’éducation ? »

    Il se retrouve dans une armée ségrégationniste qui le conduit à s’interroger sur la notion de démocratie, cette démocratie américaine qui dit combattre le nazisme « ressemble à une farce ». Comment dire, s’interroge-t-il, l’indicible, l’inexplicable ? Quels mots faut-il employer ? De quelle logique se servir quand on se trouve au-delà de toute logique ? « Finalement », dit-il avec ironie, « l’armée l’a compris et a intégré les Noirs... au moment où c’était le plus dangereux. »

    Dans l’armée « je me sentais complètement en porte à faux. Qu’est-ce que je fichais là ? Je venais tuer des gens alors que mon but était que les gens se sentent bien ». C’est le sens qu’il donne à son travail d’artiste. Sait-il qu’il rejoint Jacques Prévert lorsqu’il dénonce la stupidité de la guerre ? Ne pas regarder les Blancs dans les yeux, descendre du trottoir lorsqu’on croisait un Blanc, ces humiliations quotidiennes sont aussi le lot de tous les Noirs à cette époque. « J’ai fait mes classes dans le Sud. C’était laid et brutal. On ne pouvait pas descendre en ville sans se faire rosser... ou tuer. » Il ajoutera : « Tous les officiers étaient Blancs et racistes. “Bonjour” de notre part était, pour eux, une insulte. Tout se ramenait à la haine. »

    Jon Hendricks n’en rajoute pas. Les grands écrivains du Sud des États-Unis, à commencer par William Faulkner avec sa saga des Snopes, ont décrit toutes ces situations, ces lynchages, la bêtise raciste meurtrière. Faulkner disait que les Snopes lui faisaient peur... Erskine Caldwell enquêtera sur ce Sud pour retrouver son ami d’enfance Bisco, et ce récit est celui du racisme quotidien enraciné dans la « culture » de ces Blancs qui vivent pourtant dans des conditions similaires à celles des Noirs. Pour les écrivains récents, James Lee Burke, et son double Dave Robicheaux, savent rendre compte des permanences de cette société américaine, sans manichéisme.

    Cette non-intégration, ce mépris expliqueront en partie la conversion de beaucoup d’entre eux à la religion musulmane. Ainsi, ils changeront de nom pour rompre avec le passé esclavagiste – leur nom provient souvent du maître blanc – et avoir sur leur carte d’identité la mention « M » pour Muslim au lieu de « Black ».

    Jon Hendricks dit avoir rencontré un paysan normand « qui nous a sortis de la boue pour nous abriter dans sa grange. L’amour est fait de petites choses. Il nous a offert à manger. Il est allé déterrer le calvados. Cette attitude simple du paysan en France, comme celle du reste de la population, fut le premier signe d’humanité que nous avions rencontré. »

    Ce débarquement, pour Jon, est à l’origine de deux événements importants : « Ma relation d’amour avec la France a commencé à ce moment- là » et le « début d’une folie en moi s’est déclenchée [...] comme la haine de la guerre » et le rejet des politiciens. « Il faudrait peut-être se débarrasser des politiciens et donner le pouvoir aux artistes » conclut-il de sa référence à Platon, avec un sourire qui n’appartient qu’à lui.

    Rentré aux États-Unis, Jon fera des études de Droit, mettra ses compétences au service de la NAACP, la grande association qui défend les droits des Noirs. « Des prisonniers allemands comme Von Braun qui nous a bombardé de V1 et de V2 jouissait de plus de liberté que nous. »

    Plein d’autres anecdotes et analyses dans le livre de Nicolas Beniès Le souffle de la liberté.
    https://cfeditions.com/souffle1944

    #Jazz #Jon_Hendricks #Antiracisme #Débarquement #Nicolas_Beniès

  • La grande crise des amphibiens

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/04/04/sale-temps-pour-les-grenouilles_4895475_1650684.html

    Les amphibiens disparaissent. Ne tournez pas la page. Vous pensez tout savoir sur le sujet  ? Ou peut-être vous sentez-vous juste las face aux atteintes répétées infligées à la biodiversité par notre société moderne   : disparition annoncée des rhinocéros, fin presque programmée des ours polaires, risques extrêmes encourus par les tigres ou les orangs-outans – une liste évidemment non exhaustive ?

    C’est pourtant une tout autre histoire qui se joue ici. Ou plus exactement une histoire voisine, mais à une tout autre échelle. Les autorités de protection de la nature l’admettent en ­effet désormais  : les amphibiens constituent le groupe vivant le plus menacé sur notre planète, et de loin. Pas une espèce, ni même une famille ou un ordre, mais bien une classe dans son ensemble. Autrement dit, l’équivalent des mammifères, des reptiles ou des oiseaux.

    Les chiffres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la principale ONG mondiale en la matière, sont édifiants. Sur les quelque 7 500 espèces d’amphibiens répertoriées à travers le monde, 41 % sont d’ores et déjà classées dans les catégories « vulnérables  », «  en danger  » ou «  en danger critique  ».

    Et à chaque nouvel état des lieux, le sort de ce maillon essentiel de la chaîne alimentaire, prédateur d’insectes et proie des mammifères, oiseaux et serpents s’assombrit. Encore l’organisation fait-elle preuve d’une extrême prudence. Ainsi ne recense-t-elle officiellement l’extinction que de 33 espèces… depuis l’année 1500.

    168 espèces disparues en vingt ans

    Pour bien mesurer l’importance de l’événement, Vance Vredenburg, biologiste à l’université d’Etat de San Francisco (Californie), propose de prendre « un peu de recul ». « Ces animaux existent depuis 360 millions d’années, rappelle-t-il. Ils ont donc survécu aux quatre dernières extinctions massives que la Terre a connues – ils étaient apparus après la première grande extinction. Ils ont vu naître et disparaître les dinosaures. Alors pourquoi sont-ils à leur tour en danger ? Et pourquoi maintenant ? »

    Coutances, Normandie. Après quatre jours de pluie, le soleil irise la campagne et Mickaël Barrioz, président de la Société herpétologique de France, est de sortie. Objectif du jour : Le Gast, petite commune à la limite de la Manche et du Calvados. Et plus particulièrement sa retenue d’eau. Dans le cadre du programme national « Pop amphibiens », le naturaliste du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) dresse la cartographie de la présence des amphibiens sur quelque mille points d’eau de la région.

    Tous les deux ans, entre mars et en juin, de jour ou de nuit, lui et ses collègues viennent traquer, ici les œufs (on dit les « pontes »), là les larves ou les adultes, quand il ne s’agit pas juste de distinguer le chant des mâles à la période des amours.

    Dans la voiture, déjà, Mickaël Barrioz a commencé ses explications. « Regardez autour de vous ces champs de maïs : il y a dix ans, c’était des prairies. Les grenouilles pouvaient s’y déplacer. Elles vivaient sous les haies ou dans les fossés, se reproduisaient dans les mares qui servaient d’abreuvoirs. Mais les prairies ont été retournées, les haies abattues, les mares abandonnées car jugées trop peu saines. Les grenouilles se retrouvent prises au piège. »

    Résistance et fragilité

    Car leur résistance ancestrale cache une grande fragilité. « En raison de leur mode de vie, d’abord », insiste Annemarie Ohler, professeure au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris : terrestres en temps normal, la grenouille et ses divers cousins gagnent le milieu aquatique pour pondre. « Ils sont donc doublement menacés », poursuit la batracologue. Oublions les facétieux alytes accoucheurs, dont les mâles portent les œufs autour de leurs pattes, les Pipa pipa du Surinam, qui les incrustent sur le dos de la femelle, ou encore les Limnonectes larvaepartus des Célèbes, qui engendrent directement des têtards.

    L’écrasante majorité des espèces déposent dans l’eau des œufs qui, une fois éclos, donnent naissance à des larves – les têtards – munies d’une queue et de branchies. Quelques mois et une métamorphose plus tard, l’animal prend sa forme adulte, les branchies sont abandonnées au profit de poumons et la grenouille gagne la terre ferme. Elle n’a pas pour autant perdu ses capacités d’amphibien. La nage, bien sûr. Surtout, la finesse de sa peau, qui lui permet de continuer à assimiler l’oxygène de l’eau. Une seconde source d’inspiration, donc.

    Mais aussi de fragilité, dès lors que mares et étangs deviennent les déversoirs de toutes sortes de produits chimiques, engrais, herbicides, insecticides... Véritables éponges à polluants, les grenouilles, lorsqu’elles ne succombent pas, voient leur cycle de reproduction gravement perturbé.

    En 2006, le toxicologue américain Tyrone Hayes (université de Berkeley) a ainsi montré les effets délétères de plusieurs pesticides sur le système hormonal des amphibiens (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1874187) non seulement à haute dose, mais même à très faible dose, pour peu qu’ils se trouvent associés chez le même animal. « Mais là encore, il faut élargir la focale, insiste le biologiste. Les pesticides seuls sont nocifs, nous l’avons montré, mais c’est leur association avec d’autres menaces, comme la destruction de leur habitat ou le réchauffement climatique, qui les rend redoutables. »

    Mickaël Barrioz en sait quelque chose. Car ce sont aussi les effets du changement de température qu’il traque aujourd’hui. Il a chaussé ses bottes, embarqué nasses et épuisette, et fixe désormais l’eau. Rien à l’horizon pour l’œil profane. Mais lui repère tout de suite un chapelet d’œufs de crapaud commun dans une petite mare, récemment creusée par les aménageurs de la retenue du Gast. Un coup d’épuisette, et un triton palmé apparaît. De bonnes nouvelles, compte tenu de la jeunesse du site.

    Innombrables obstacles

    Mais la vraie quête est ailleurs : c’est la grenouille rousse. Entre 2007 et 2014, l’espèce a connu une chute vertigineuse évaluée à 36 % des effectifs. « Treize des quinze espèces normandes sont en baisse. Mais celle-là particulièrement. Et si l’on cherche un point commun aux baisses les plus fortes, on découvre des espèces septentrionales qui sont ici en l imite de leur aire de répartition. Quand la température monte, c’est elles qui en subissent les effets. » C’est vrai de la grenouille rousse, mais aussi du triton ponctué ou encore de l’alyte accoucheur, qui tous flirtent avec les 30 % de baisse.

    « Les amphibiens sont ectothermes, c’est-à-dire que la température de leur corps évolue avec celle de l’extérieur, poursuit Mickaël Barrioz. Avant, ils pouvaient se déplacer, aller vers des zones plus froides. Mais les obstacles sont devenus innombrables et leur capacité de dispersion très limitée, bien moindre que celle des reptiles, par exemple. » Des espèces entières ont ainsi disparu de Normandie, tel le sonneur à ventre jaune, désormais confiné dans une mare de l’Eure.

    Aujourd’hui, pourtant, dans ce petit coin de Normandie, la pêche se révèle rassurante. Non seulement, au terme de trois heures de traque, Mickaël Barrioz a repéré des pontes de grenouilles rousses dans tous les sites où elles avaient déjà été observées, mais aussi dans deux nouvelles mares, dont elles étaient jusqu’ici absentes. Un constat qui corrobore ceux de plusieurs collègues. « Est-ce juste un petit répit ? Un rebond ? Impossible de le dire. Mais nous avons eu tellement de mauvaises nouvelles, il faut savourer les bonnes. »

    « Batrachochytrium dendrobatidis », tueur en série

    Vance Vredenburg, lui, n’en a pas connu beaucoup depuis qu’il a consacré sa carrière de biologiste à l’étude des amphibiens. Il y eut bien cette thèse, au cours de laquelle il fit remonter la population de grenouilles dans un lac de la Sierra Nevada en en retirant une espèce de truite que des pêcheurs avaient cru bon d’introduire. Et puis il a rencontré son ennemi. Un champignon de la famille des chytrides, répondant au doux nom de Batrachochytrium dendrobatidis. En réalité, un tueur en série, fiché sous le diminutif de « Bd ».

    La première alerte est arrivée en 1988. Aux Etats-Unis, David Wake, sommité mondiale de la discipline, avait envoyé une étudiante étudier les grenouilles à pattes dorées dans la Sierra Nevada. La jeune femme était rentrée bredouille. Sceptique, Wake avait décidé d’aller voir par lui-même. Il est tombé sur des centaines d’animaux morts.
    Le même été, une chercheuse américaine travaillant dans la réserve naturelle de Monteverde (Costa Rica) n’avait pu retrouver les superbes crapauds dorés qu’elle avait étudiés l’année précédente. Qu’étaient-ils devenus ? Et voilà qu’en Australie, des herpétologues faisaient à leur tour état de « disparitions énigmatiques d’amphibiens », toujours dans un parc national. « Des effondrements pareils, dans des zones parmi les mieux protégées de la planète : il se passait quelque chose de nouveau », résume Vance Vredenburg.

    L’enquête commence. Il faudra dix ans pour trouver le nom du suspect : Bd. Quelques années supplémentaires pour décrire son modus operandi – une attaque de la kératine, qui s’épaissit jusqu’à étouffer l’animal –, et quelques-unes encore pour démontrer que le champignon est bien le responsable de ce génocide. Mais pas tout à fait à lui seul. Les dizaines d’équipes mobilisées pour sa traque finissent par découvrir que quatre souches de l’agent pathogène se partagent le monde.

    Parmi elles, une seule se révèle véritablement fulminante : BdGPL. Encore les batraciens européens semblent-ils largement épargnés par la chytridiomycose, nom scientifique donné à la maladie. « En France, nous avons effectué des prélèvements sur environ 400 populations, explique Claude Miaud, biologiste et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études. 30 % d’entre elles étaient infectées. Mais seuls trois lacs pyrénéens isolés ont connu des morts massives. »
    En 2012, un scénario se dégage. D’un côté, Vance Vredenburg plonge dans les collections muséales et retrouve le champignon sur des animaux datant de 1885. « Ils venaient de l’Illinois, une région où Bd ne provoque pas de morts massives », souligne-t-il.

    De l’autre, Matthew Fisher et ses collègues de l’Imperial College de Londres dressent la première carte génomique des différentes souches. Leur conclusion : apparu par recombinaison de souches différentes il y a quelques dizaines d’années, BdGPL a profité du commerce mondial pour frapper des zones jusqu’ici vierges de champignons. Autant dire que si Bd a appuyé sur la gâchette, c’est bien l’homme et son activité débordante qui ont armé le tueur.

    Sauf que, depuis, une équipe américaine a revu à la hausse l’âge de BdGPL. « Peut-être plusieurs siècles, sourit Claude Miaud. Donc bien avant le pic de transport commercial. » L’homme moderne aurait donc un alibi ? « Il constitue clairement un facteur aggravant, poursuit-il. En Asie, par exemple, on a vu une surcontamination à proximité des fermes où l’on élève des grenouilles-taureaux, connues pour être porteuses saines de l’agent infectieux. Mais on ne peut pas tout lui attribuer. La recherche va encore devoir préciser le patron global de l’émergence des lignées les plus virulentes. »

    Salamandres en danger

    La mobilisation internationale a en tout cas permis de mieux réagir aux attaques suivantes. Car celles-ci semblent se multiplier. Venu d’Asie, où il cohabitait tranquillement avec ses hôtes, un nouveau champignon a débarqué aux Pays-Bas il y a trois ans et a fondu sur les salamandres. Baptisé Bsal, il tue 100 % des animaux infectés en quelques jours. L’Allemagne et la Belgique sont touchées. Les autres pays, dont la France, sont en alerte. En novembre 2015, après une campagne nationale des défenseurs de la nature, les Etats-Unis ont interdit l’importation de salamandres.

    Un embargo exceptionnel à la mesure du statut dont jouit là-bas l’animal. Le pays abriterait à lui seul près de la moitié des espèces mondiales. Quant à la biomasse des salamandres et des tritons, elle dépasserait dans les forêts celle des cerfs et des ours. « Vous cherchiez une bonne nouvelle ? La réaction collective face à Bsal en est une », insiste Vance Vredenburg.

    En France, c’est une épidémie de ranavirus (http://www.jwildlifedis.org/doi/abs/10.7589/2015-05-113?journalCode=jwdi&) – une famille de virus qui touchent également les reptiles et les poissons – qui a frappé les amphibiens voilà quatre ans. Dans le Jura d’abord, mais surtout dans une dizaine de lacs de Savoie et du Mercantour. « Sur chaque site, plusieurs centaines d’animaux ont disparu », souligne Claude Miaud. Le responsable ? Même si l’étude épidémiologique doit être conduite cet été, les scientifiques soupçonnent fortement l’introduction de poissons venus de la pisciculture. Autrement dit, l’homme.

    Alors que faire ? Pour lutter contre la destruction des habitats, des batteries de règlements ont été édictées. « Mais je ne crois vraiment qu’à la sensibilisation, insiste Mickaël Barrioz. Convaincre les carriers et les agriculteurs qu’ils peuvent épargner les amphibiens à peu de frais, persuader les paysagistes qu’une haie n’est pas forcément composée de thuyas, qu’une mare peut exister sans poissons. Et retourner dans les écoles, auprès des plus jeunes. » Vaste programme.

    Reste Bd, celui qui a transformé une mort à bas bruit en crime médiatisé. Au Musée national des sciences naturelles de Madrid, on vient d’annoncer être parvenu, pour la première fois, à soigner des grenouilles malades, puis à les réintroduire dans un étang préalablement désinfecté. A travers le monde, d’autres élèvent les espèces les plus menacées en captivité dans l’espoir de les relâcher le jour venu. Quant à Carly Muletz Wolz, de l’Imperial College de Londres, elle vient d’être primée pour une thèse qu’elle consacre à l’action protectrice de certaines bactéries contre Bd.

    Son mentor Matthew Fisher, lui, est déjà presque passé à autre chose. Il profite des connaissances accumulées pendant quinze ans sur les amphibiens pour étudier les infections à champignons qui frappent les autres animaux, les plantes et... les humains.

    Les dix principales pathologies (http://rsbl.royalsocietypublishing.org/content/11/11/20150874) de ce type tuent, chaque année, près de 2 millions de personnes, rappelle-t-il, soit plus que la tuberculose et le paludisme réunis. Certains médecins pensent que le pire est pourtant à venir. De quoi s’interroger : et si, loin de constituer une particularité, la crise des amphibiens était un « signal », pour reprendre l’expression du toxicologue Tyrone Hayes ? Si ces animaux étaient, pour le dire avec les mots de Vance Vredenburg, « en première ligne face à la sixième extinction massive » ?

  • Réunion comité NDDL
    http://zad.nadir.org/spip.php?article3654

    Prochain comité de soutien NDDL : Ce jeudi 03 mars, à 20h30 au FJT de Coutances. Proposition d’ordre du jour : Bilan du we du 31 et de la journée du 27 Bilan de la situation actuelle (risque, projet de référendum..) Projections du film ’Le dernier continent’ dans les cinémas locaux Autres actions pour continuer à en faire parler ??? (brainstorming...) — > N’hésitez pas à proposer d’autres points à l’ordre du jour ! A jeudi (...)

    #Collectifs_locaux_contre_l'aéroport

  • Le comité de soutien à notre dame des landes s’est réactivé à Coutances
    https://zad.nadir.org/spip.php?article3495

    Le comité de soutien à notre dame des landes s’est réactivé à Coutances, nous étions une petite trentaine mais c’est déjà ça ! Nous avons prévu un rassemblement lundi à 14h devant le palais de justice de coutances en soutien aux expulsions de la zad. La lutte continue, on lache rien !

    #Collectifs_locaux_contre_l'aéroport

  • Cerisy-la-Salle : d’André Gide à Veolia
    http://www.eauxglacees.com/Cerisy-la-Salle-d-Andre-Gide-a

    Le Lobby de l’eau organise à nouveau à la fin du mois de juin prochain, une semaine durant, son “ûber-chic” université d’été dans l’un des hauts-lieux mythique de l’intelligentsia française, au Centre Culturel International de Cerisy, dans le Cotentin, entre Saint-Lô et Coutances, à une vingtaine de kilomètres de la Manche. Intitulé « Rationalités, usages et imaginaires de l’eau », ce colloque de 7 jours se tiendra du samedi 20 juin au samedi 27 juin au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, un (...)

    • http://www.fnlp.fr/spip.php?article917

      Il est à noter que le Procureur de la Cour d’Appel de Caen s’est joint, comme au bon vieux temps de l’Ancien Régime où la loi était rendue au nom de Dieu, à la demande d’annulation de l’Évêque de Coutances. [...]

      Il est à noter l’effroi profond de l’Église catholique provoqué par le jugement en Première instance et l’écho suscité dans les médias. En France, les actes religieux n’ont aucun effet civil. Ils ne sont, au plus, qu’un accommodement personnel. Au sein de l’Union européenne dans la plupart des pays qui la composent, tel n’est pas le cas. Les actes religieux ont alors une valeur juridique et imposent des obligations civiles, juridiques et financières. C’est une atteinte à la liberté de conscience et à la laïcité. [...]