city:da'ich

  • Reportage de Vice News, en anglais, qui a suivi les forces spéciales irakiennes (Golden Division) lors de la bataille de Hit (non loin de Falloujah) :
    https://www.youtube.com/watch?v=R6axTxU30yo


    On y voit l’épuration des collaborateurs, envoyés pour « interrogatoires » à Baghdad, sur fond de règlements de comptes possible entre habitants. La présence de la caméra ayant évidemment un effet modérateur sur le comportement des soldats.
    On y devine la méfiance entre la Golden Division et les milices du Hashd al-Cha’bi chargées de tenir le territoire après que le contrôle a été repris.
    On comprend que si le passage de contrôle de Da’ich à Bagdad lève un certain nombre d’interdits, il ne signifie nullement une amélioration immédiate des conditions matérielles de vie des gens.

  • Sur le comportement louche de Barzani (PDK) et du Gouvernement Régional du Kurdistan irakien lors de la prise de Mossoul par Da’ich en juin 2014, concomitante de la prise de contrôle de Kirkouk et d’un partie des « territoires disputés » par le GRK :

    Wassim Nasr « Etat islamique, le fait accompli » pages 102-104 :

    J’étais en contact avec Ibn al-Rafidayn, un des principaux responsables médias de l’EI [...] L’homme ne tardera pas à franchir le pont entre les deux rives de Mossoul, en conquérant. [...]
    Il m’affirmera aussi qu’"une force de 250 Pershmergas était rentrée dans la ville la veille [de sa prise par Da’ich] pour exfiltrer un nombre de notables kurdes, quelques officiers et certains de leurs collaborateurs."

    Fabrice Balanche dans un article récent pour la revue Hérodote (n° 160-161 1er trimestre 2016) - article que je trouve bon malgré les biais habituels de Balanche :
    « Syrie : de la révolution laïque et démocratique à Daech »
    https://www.academia.edu/24956327/Syria_from_a_nonreligious_and_democratic_revolution_to_Daesh_in_French_

    En Irak, le gouvernement régional kurde, dirigé par Massoud Barzani, et l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki ont également joué avec le feu en laissant se développer Daech. Pour les Kurdes, une insurrection sunnite était une excellente occasion pour s’emparer des territoires disputés, en particulier Kirkouk. Quant à Nouri al-Maliki, la menace Daech lui a permis de souder le camp chiite et d’obtenir l’aval des États-Unis et de l’Iran pour sa réélection. Mais Barzani et Maliki avaient tous deux négligé la puissance de Daech : sans l’inter-vention du PKK et de l’Iran, Erbil aurait été prise par Daech en juin 2014.

    A ceci il faut ajouter :
    – l’incrimination précise par Luizard dans son livre « Le piège Daech » de Barzani et du GRK dans un marché avec Da’ich consistant pour Da’ich a interdire à ses troupes d’attaquer Kirkouk et à Barzani de retirer ses Peshmergas de Mossoul afin que chacun puisse prendre le territoire qu’il convoite. Cette assertion sera répétée par Luizard dans une conférence à l’IREMMO : http://seenthis.net/messages/456104#message456267
    – Un article dans Newsweek, référencé par @nidal, accusant le GRK d’avoir livré des armes, dont des missiles anti-tanks Kornet, à Da’ich et d’avoir délibérément abondonné le Sinjar et ses yézidis :
    http://seenthis.net/messages/456104#message456267

    • Toujours dans le bouquin de Wassim Nasr, « Etat islamique, le fait accompli », pages 125-126 :

      Fin juillet - début août 2014, les djihadistes de l’EI entament une guerre ouverte sur tous les fronts de Syrie et d’Irak. [...]
      Après une accalmie temporaire avec certains groupes kurdes, comme lors de l’accord tacite de Mossoul, l’EI va relancer l’offensive et investir les villes de Zoular et de Sinjar. Selon une source kurde syrienne proche du YPG, « les Peshmergas n’avaient pas ordre de se battre, tout simplement ils étaient livrés à eux-mêmes ». [...] Les Peshmergas ont déserté le passage frontalier de Rabiaa avec la Syrie en trouvant refuge du côté syrien de la frontière avant de repasser vers le Kurdistan irakien plus au nord. Très vite, le YPG a essayé de remplir le vide laissé par les Peshmergas. Cela prendra plusieurs mois avant que les djihadistes ne soient chassés du poste frontière.
      A l’écriture de ces lignes , les combats entre Peshmergas et djihadistes n’ont jamais dépassé les frontières administratives du Kurdistan irakien. Erbil [Barzani et le GRK] avait même profité du chaos causé par la fulgurante avancée de l’EI pour investir la ville disputée de Kirkouk et chasser les troupes gouvernementales de Bagdad.

      Puis dans la note infrapaginale page 126 :

      C’est dans ce contexte là aussi que la plaine de Ninive et ses chrétiens ont été abandonnés à leur sort. Tout comme les Yézidis, qui appartiennent à l’ethnie kurde.

  • Des éléments intéressant dans le reportage de France 24 « A l’assaut du califat » diffusé récemment : http://www.france24.com/fr/20160422-reporters-doc-syrie-fds-kurdes-arabes-assaut-califat-ei-shedade-a

    Ce reportage d’une trentaine de minutes a été tourné durant la bataille de Cheddâdi au sud de Hasakeh en février de cette année, bataille qui a vu les forces des SDF (YPG + milices arabes) avec l’appui aérien de la « coalition internationale » (USAF) prendre le contrôle de cette ville stratégique à Da’ich.
    Plusieurs éléments notables dans le reportage :
    – on note la présence de forces spéciales occidentales au sol en appui dont le reportage nous dit qu’ils sont là pour conseiller et guider les frappes aériennes (de 8’30 à 9’20). Mais on revoit ces forces spéciales à l’œuvre de 24’ à 25’30 lorsqu’un engin kamikaze fonce sur les position des SDF qui tentent vainement de l’arrêter à la kalachnikov. Les hommes du YPG tenteront de faire croire aux journalistes qu’il a été arrêté par un lance-roquettes tiré par un de leurs hommes, mais le commentaire indique que l’engin a été arrêté par des missiles anti-tanks fournis par la coalition, tandis que les images montrent clairement ce sont ces mêmes forces spéciales occidentales qui ont abattu l’engin avec ces missiles anti-tanks.
    – le reportage montre les camps de transit vers lesquels les civils fuyant les zones contrôlées par Da’ich sont dirigés par le YPG. On sent l’agacement de ces populations d’être remisées (temporairement) là et aussi l’inquiétude des forces kurdes devant l’arrivée de vagues de réfugiés arabes.
    – une partie est consacrée à la milice Sanadid de la tribu arabe des Chammars qui combat au sein des SDF avec les kurdes du YPG. Le discours du chef de tribu laisse peu de doute sur son allégeance au régime et indique clairement qu’il refuserait toute remise en cause de l’intégrité territoriale de la Syrie. Un futur point de friction avec ses alliés kurdes ?
    – des accusations par des miliciens du YPG d’achat de pétrole par le régime à Da’ich attestés par des documents saisis à la suite de la prise d’une raffinerie et de ses archives.
    – tout au long des combats on voit des bombardements aériens réguliers de l’USAF
    – dans la ville reprise et très détruite, un habitant, resté durant son contrôle par Da’ich, indique que lors des bombardements de la coalition une boulangerie a été frappée tuant les 21 ouvriers qui y travaillaient : à 35’

    Le documentaire :
    https://www.youtube.com/watch?v=0hHCfGH9WkA

  • Selon le journal turc Hürriyet, des officiels turcs ont fait la proposition suivante aux Américains, quand en marge du dernier sommet nucléaire Erdogan a rencontré Obama après avoir beaucoup insisté : « abandonnez le PYD [YPG] et au lieu de cela combattons ensemble Da’ich avec des groupes arabes et turkmènes [les groupes rebelles soutenus par la Turquie]. En échange d’une couverture aérienne américaine, la Turquie enverra des troupes au sol ».
    Selon le même article les Américains auraient refusé d’abandonner le PYD.
    http://www.hurriyetdailynews.com/ground-operations-in-syria.aspx?pageID=449&nID=97546&NewsCatID=46

    "Give up on PYD and instead let us fight against ISIL along with the Turkmen and Arab groups.” This was the proposal made by the Turkish officials to their American counterparts last week during President Recep Tayyip Erdoğan’s trip to the U.S. In return for the intervention of Turkish troops on the ground, they asked for American air cover.
    Yet Washington refused to give up its dependence on the Democratic Union Party [PYD] in the anti-Islamic State of Iraq and the Levant [ISIL] fight. But why? Why does Washington not agree to depend on Turkey rather than on PYD?

    Question déjà évoqueée sur seen this ici : http://seenthis.net/messages/477501 et là http://seenthis.net/messages/477501#message477547 (@gonzo)

    Reste que selon certaines rumeurs l’avancée récente des rebelles pro-turcs à partir de la poche d’Azaz face à Da’ich se serait faite avec l’appui de l’aviation américaine (je ne trouve plus de liens, si quelqu’un trouve quelque chose...).
    Peut-être y a-t-il eu une entente limitée, genre on appuie vos rebelles près de votre frontière - acceptant de fait qu’ils interdisent au YPG de réaliser la jonction des territoires kurdes, mais pas d’appui pour une vraie intervention au sol (à part de discrètes forces spéciales), et on ne lâche pas complètement le PYD/YPG.
    En tout cas, depuis cette offensive rebelle à partir de la poche d’Azaz, qui avait permis pour la première fois depuis bien longtemps une série de gains vers l’est sur Da’ich, Da’ich contre-attaque et des combats ont lieu autour de la ville sous contrôle rebelle de Marea et des villages pris par les rebelles.

    Pour une vue de l’évolution récente (depuis janvier dde cette année) des lignes de front dans cette région voir carte animée ici :
    https://lh3.googleusercontent.com/mm2lEcJexV1L0nqI2aoUWNqAtnPexX6i5oWbqMGR0wV72_cSgsBSJ_gfcZoUy

    Autre question : qu’en est-il de la présence d’al-Nousra parmi ces rebelles dont une partie ont été transférés de la province d’Idlib vers la poche d’Azaz via le territoire turc quand l’armée syrienne et le YPG ont coupé le corridor d’Azaz de la région d’Idlib et d’Alep en février 2016 ?

  • 2 évolutions très étonnantes sur le champ de bataille en Syrie.

    1° - les rebelles coincés dans la poche d’Azaz viennent d’avancer vers l’est et de prendre à Da’ich du territoire, dont la ville d’al-Raï. Ils progressent le long de la frontière turque et sont soutenus par la Turquie (tirs d’artillerie à partir de l’autre côté de la frontière et livraisons d’armes) et l’on parle aussi (des clichés circulent) de la présence de quelque militaires turcs au sol (forces spéciales ?).
    Hier Libération écrivait un article sur le sujet (al-Raï n’était pas encore prise) en se focalisant sur la question de Dabiq et de sa symbolique pour Da’ich :
    http://www.liberation.fr/planete/2016/04/06/les-rebelles-syriens-en-passe-de-liberer-dabiq-ville-symbole-de-l-ei_1444

    Pour les rebelles, Dabiq n’est qu’un village à reconquérir parmi d’autres. Depuis la mi-février, ils ont repris une quinzaine de bourgades à l’EI dans une bande qui court entre Azaz, à l’ouest, Alep, au sud, et la frontière turque, au nord. Une dizaine de groupes, pour la plupart issus de l’Armée syrienne libre (ASL), participent à l’offensive, dont Faylaq al-Sham, Sultan Mourad, Fastaqim ou la brigade Hamza. Motasem, un groupe aidé par les Etats-Unis, est également présent. Les rebelles sont appuyés par des tirs d’artillerie de l’armée turque et des bombardements de la coalition. Leur objectif est de porter les combats jusqu’à Al Bab puis Manbij, les deux principaux fiefs de l’EI dans la région.

    Situation récente au nord d’Alep :
    https://pbs.twimg.com/media/CfcTP_HUYAEnHg5.jpg:large

    2° - Alors que Jaysh al-islam participe à l’offensive contre les forces du régimes aux côtés d’al-Nousra au sud d’Alep, selon des sources pro-régime un accord avec le régime dans les alentours de Damas fait qu’ils s’entendent avec celui-ci pour y affronter Da’ich du côté d’al-Dumayr. Al-Doumayr c’est là : https://www.google.fr/maps/@33.6437074,36.6557403,12z
    Les forces du régime auraient laissé des troupes de Jaysh al-islam traverser une route sous leur contrôle pour aller affronter Da’ich et leur aurait assurer la couverture aérienne lors des combats :
    https://www.almasdarnews.com/article/syrian-army-rebels-work-together-isis-east-damascus

    The Syrian Arab Army (SAA) and rebel forces are working together to defeat the Islamic State of Iraq and Al-Sham (ISIS) in the Greater Damascus area for the first time since the start of this violent conflict. According to an Al-Masdar correspondent in Damascus City, the government forces allowed a rebel contingent from Jaysh Al-Islam (Army of Islam) to travel through the Homs-Damascus Highway to the Al-Dumayr front in order to reinforce their comrades fighting against ISIS. When ISIS launched an attack on Jaysh Al-Islam’s positions in Jabal Ruhaybeh this morning; it was the Syrian Arab Air Force (SAAF) that provided covering fire for the rebel forces confronting the terrorist group. The ISIS attack has now been repelled by Jaysh Al-Islam and the Ahmad Abdo Brigade at Jabal Ruhaybeh in the Qalamoun Mountains. With ISIS at the outskirts of the East Ghouta region of rural Damascus, the government and rebel forces face a serious threat near ‘Adra; this is one of the reasons why they are collaborating against the terrorist group. In the video below, Jaysh Al-Islam’s leadership state it is permissible to ally with the government if it means defeating ISIS.

    Une vidéo suit dans l’article montrant un type de Jaysh al-islam justifiant une entente avec le régime pour combattre Da’ich.

    • US and Turkish authorities are discussing plans to intensify support to the moderate Syrian opposition in a bid to push the Islamic State group back from the Turkish border, the US Ambassador to Ankara said Thursday.

      “We have had some progress in recent weeks as these groups pushed further east along the border,” John Bass told journalists.

      “There is conversation with the Turkish military and government to talk about opportunities to intensify support to those groups and to push Daesh (IS) east from the current line.”
      in http://www.middle-east-online.com/english/?id=76212

    • Merci @gonzo.
      Obama avait refusé de rencontrer Erdogan mais finalement a accepté et ils se sont vus au sommet nucléaire à Washington :
      http://sputniknews.com/politics/20160401/1037307525/obama-erdogan-nuclear-security-summit.html
      Est-ce à ce moment-là que le deal s’est fait ?
      En tout cas avec ce retournement net de la Turquie qui compte utiliser les rebelles, avec l’aval de Washington pour fermer la frontière à l’est pour Da’ich et surtout empêcher les Kurdes de faire leur jonction, la situation de Da’ich devient critique.
      Avec la prise d’al-Raï, une route majeure pour Da’ich vient d’ailleurs déjà de se fermer :
      https://www.lorientlejour.com/article/979688/syrie-lei-perd-son-principal-passage-avec-la-turquie.html

      Les rebelles en Syrie se sont emparés jeudi du principal point de passage avec la Turquie utilisé par les jihadistes de l’Etat islamique (EI), rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
      Il s’agit d’un revers de plus pour le groupe ultraradical qui en quelques semaines a perdu la cité antique de Palmyre, le carrefour stratégique d’al-Qaryatayn ainsi que plusieurs de ses commandants dans des frappes aériennes.
      « Des factions rebelles et islamistes ont pris le contrôle du nord-est d’al-Raï », localité sur la frontière avec la Turquie dans la province d’Alep (nord), a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, précisant qu’"il s’agit du principal et d’un des derniers points d’entrée et de sortie avec la Turquie".
      « Les rebelles sont entrés aujourd’hui (jeudi) à al-Raï après deux jours de combats dans ses environs », a précisé M. Abdel Rahmane, qui dispose un large réseau de sources à travers la Syrie en guerre.
      Il ne reste plus à l’EI comme passages principaux que celui de Halwaniyé, situé entre al-Raï et celui de Jarablos, plus à l’est.
      Mais « c’est par al-Raï que transitaient principalement les jihadistes de l’EI tandis que celui de Halwaniyé est réservé à ses hauts commandants », explique M. Abdel Rahmane.
      Quant à celui de Jarablos, il est techniquement « inactif car il est sous surveillance de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis », a-t-il précisé.
      Depuis une dizaine de jours, l’EI a perdu au profit des rebelles au moins 18 villages tenus par le groupe depuis deux ans dans la province d’Alep.
      « Tous les belligérants en Syrie semblent aujourd’hui concentrer leurs opérations contre l’EI, que ce soit les rebelles, le régime (qui a repris Palmyre) ou encore les Kurdes » qui avancent actuellement vers Jarablos, affirme M. Abdel Rahmane.
      « C’est une sorte de distribution de rôle supervisée par les Américains et les Russes », a-t-il dit.

  • Comme prévu après la prise de Palmyre, Qaryatayn vient d’être reprise par les forces du régime à Da’ich :
    http://sputniknews.com/middleeast/20160403/1037410323/syria-al-qaryataynin.html
    Qaryatayn c’est là : https://www.google.fr/maps/@34.2285857,37.1677565,9z
    La question maintenant est vers quel objectif le régime va-t-il allouer ses forces disponibles : briser le siège de Deïr az-Zor ou bien couper en 2 le territoire syrien de Da’ich en prenant Tabaqah sur la route de Raqqa ?
    La question est en fait politique. Elle dépend de deux autres questions :
    1° - D’abord la cessation des hostilités va-t-elle tenir malgré les offensives conjointes des « rebelles » et d’al-Nousra/Ahrar al-Cham au sud d’Alep et dans la province de Lattaquieh et permettre de continuer l’offensive anti-Da’ich, ou bien le régime va-t-il devoir délaisser sa poussée vers l’est et se reconcentrer sur la « Syrie utile » ?
    2° - Qu’est-ce que le régime considère comme la menace la plus crédible : l’impossibilité de s’entendre avec les SDF/YPG si leurs avancées les mettaient en position de force alors qu’ils s’approchent de Raqqah (et viennent de pénétrer dans la mouhafaza de Deïr ez-Zor), menaçant alors le régime d’une fédéralisation forcée, ou bien un plan de Sunnistan dans le désert que concocteraient les Saoudiens (et d’autres) ?
    Et quel est le degré d’entente russo-américain ?
    Et quelles sont les priorités des Iraniens : pas de fédéralisation ou bien réouvrir des voies de communication entre le Liban et l’Iran via Deïr az-Zor et l’Irak ?

    #course_vers_Raqqa

  • Réaction en vidéo du porte-parole du State Department, Mark Toner, lorsqu’on évoque la perte imminente par Da’ich de la ville de Palmyre au profit de l’armée syrienne :
    https://www.youtube.com/watch?v=uxs7yog_CjM


    A la question est-ce un bonne chose que l’armée syrienne prenne Palmyre à Da’ich, Toner répond que les USA tiennent à la cessation des hostilités que le régime a plusieurs fois violé. Un petit malin de journaliste lui fait remarquer que Da’ich en est exclu, suggérant qu’il répond gentiment à côté. Mais non, Toner donne seulement une vue plus large. Cache ta joie, Mark !
    Devant l’insistance du journaliste, Toner lâche finalement : ça n’est pas un bon choix mais probablement que Da’ich est pire que le régime.

  • Gilles Kepel « L’émergence du salafisme est un signe des failles de notre société » | L’Humanité
    http://www.humanite.fr/gilles-kepel-lemergence-du-salafisme-est-un-signe-des-failles-de-notre-soci

    Dans l’entretien paru le 29 septembre 2014 dans le Monde, Olivier Roy note : « Il faut d’autant moins internationaliser le conflit que Daech a avant tout une stratégie locale, qu’il tente d’étendre à tout le Moyen-Orient, mais son objectif n’est ni New York ni Paris. » Alors que la messe est dite, les élucubrations coupées de la réalité continuent à circuler. Les idées d’Olivier Roy s’apparentent à des sophismes modernes, raison pour laquelle elles rencontrent du succès. Il justifie la paresse intellectuelle largement répandue sur cette question complexe. Tout le monde a l’impression de comprendre sans y avoir travaillé. Or, personne ne se rend en Syrie uniquement par le biais d’Internet. Cela passe par un réseau de pairs, par la progression du salafisme comme modèle de rupture en valeurs et culturelle. La porosité entre salafisme et djihadisme demeure grande, même si les salafistes affirment ne pas être violents. Culturellement, les djihadistes sont des salafistes. Parmi ces derniers, certains passent au combat armé, certains autres attendent les instructions de l’Arabie saoudite. Celle-ci pratiquait les accommodements avec ceux qui achetaient son pétrole, alors à 120 dollars le baril. À 27 dollars, il est possible qu’un certain nombre de cheikhs basculent dans la sympathie à l’égard de Daech et, ainsi, se débarrassent du régime saoudien. La réfutation des idées fausses, des sophismes et autres prénotions au sens de Durkheim, d’Olivier Roy et consorts est fondamentale. C’est un débat universitaire, un débat intellectuel, un débat éthique.
    ...
    Le processus de porosité entre les discours islamistes et gauchistes est exprimé en 1994 par The Prophet and the Proletariat, de Chris Harman, leader d’un mouvement trotskiste britannique, qui estime possible de pactiser avec l’islamisme dans certaines circonstances. Il trouvera sa prolongation en France avec l’engagement du Monde diplomatique et d’Alain Gresh, alors rédacteur en chef du mensuel, aux côtés de Tariq Ramadan au sein du Forum social européen (FSE) en 2003. Ramadan jouera un grand rôle dans ce rapprochement. Alors que la gauche traditionnelle n’arrivait plus à recruter la jeunesse, Ramadan participe aux divers rassemblements accompagné de ses adeptes de l’Union des jeunes musulmans, comprenant que cette alliance islamo-gauchiste était l’occasion espérée de pénétrer le système politique. Dans cette perspective, les croyances de ces nouveaux alliés ne sont pas susceptibles d’être critiquées, sous peine de rompre les liens instaurés à grand-peine entre l’ex-avant-garde marxiste, dont les soutiens populaires propres ont disparu, et les masses paupérisées des banlieues, désormais inéluctablement islamisées à leurs yeux. Le débat sur Charlie Hebdo pousse la rupture sur les valeurs au paroxysme. Ce journal satirique considère que la critique de la religion islamique est du même ordre que celle de la religion juive ou chrétienne. Alors qu’à l’autre bout du spectre, à l’image d’Emmanuel Todd, on estime que critiquer l’islam revient à cracher sur la religion des pauvres, des prolétaires. Or, il y a un hic dans ce raisonnement : une partie des islamistes n’a pas hésité à défiler lors des « manifs pour tous » avec des conservateurs et des réactionnaires.

    Dans le raisonnement de G. Kepel, je ne vois guère de place d’une part pour les alliances contre-nature (politique), manipulations et menées occidentales au Moyen Orient ; ni sur le travail de sape que notre modèle de développement socio-économique exerce contre la cohésion sociale et la solidarité.

  • Selon David Ignatius dans le Washington Post, à l’ouest de la Syrie, les « rebelles soutenus par la CIA, la Turquie et l’Arabie saoudite » font face aux jihadistes d’al-Nousra :
    https://www.washingtonpost.com/opinions/the-islamic-state-is-degraded-but-far-from-being-destroyed/2016/03/08/bc0590fe-e56e-11e5-b0fd-073d5930a7b7_story.html

    The methodical campaign in eastern Syria contrasts with the messy battlefield to the west, where Syrian regime troops backed by Russia confront rebels supported by the CIA, Turkey and Saudi Arabia — all facing jihadists from the Islamic State and Jabhat al-Nusra. U.S. officials describe this confusing layering of forces as “marbling,” and it’s the reason the current cease-fire is so fragile.

    Il faut un certain toupet pour oser de telles énormités.
    Encore qu’il ne soit pas impossible que les Américains envisagent cette option dans l’avenir, mais qui reste jusqu’à aujourd’hui l’exact inverse de la réalité qui a eu cours depuis au moins 2012 : celle d’une alliance de facto, puis explicite et revendiquée entre al-Nousra et les « rebelles modérés » dans les provinces d’Idlib, Alep et Lattaquié.

    Balanche dans sa dernière livraison (très instructive) vient d’ailleurs de publier une carte de la présence d’al-Nousra :
    https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/how-to-prevent-al-qaeda-from-seizing-a-safe-zone-in-northwester


    Ainsi qu’un schéma montrant les liens d’al-Nousra avec les diverses coalitions rebelles :

    L’article d’Ignatius, lui, brosse surtout le tableau de la course vers Raqqa, qui a débuté depuis que l’intervention russe et iranienne a changé la donne en faveur du régime, mais sans mentionner une seule fois les avancées du régime face à Da’ich ! Comme si dans cette course, il n’y avait qu’un concurrent, les USA et leurs alliés étrangers et syriens (SDF) :

    U.S. Special Operations forces working with a widening array of partners are slowly tightening their squeeze on Islamic State fighters in eastern Syria — moving toward an eventual assault on the jihadists’ self-declared capital of Raqqa.

    Ainsi il reconnaît la présence de forces spéciales américaines, avec entre autres la delta Force, au nord-est en appui des SDF (YPG kurde plus groupes arabes) qui combattent Da’ich :

    The campaign in eastern Syria is directed by about 50 U.S. Special Operations forces now on the ground there, joined by about 20 French and perhaps a dozen British commandos. They’re working with about 40,000 Syrian Kurdish and Arab fighters dubbed the Syrian Democratic Forces; all but about 7,000 are from the Syrian Kurdish militia known as the YPG.
    U.S. commanders hope soon to augment the U.S. ground force in Syria to about 300 troops who can train and assist these fighters. With this broader U.S. base of operations inside Syria, it’s hoped that special forces from other countries, such as the United Arab Emirates, could play a role there.

    Il prophétise de plus une invasion turque au nord par la frontière turco-syrienne tenue par Da’ich, côté Euphrate - ce qui aurait l’avantage, pour les Turcs, d’empêcher le YPG kurde de faire la jonction entre Afrin et le reste du territoire sous son contrôle :

    The next stage in the assault may come to the west of Raqqa. Syrian fighters backed by Turkish commandos appear poised to move south from Jarabulus, where the Euphrates River crosses from Turkey into Syria, toward the area around Manbij. Other U.S.-backed forces hold the Tishrin Dam, about 55 miles northwest of Raqqa. The Turkish-led campaign could finally close the gap in its border, through which the Islamic State has maintained its supply lines.

    Et enfin il y a ce passage mystérieux où il est question au sud, côté frontière jordanienne, du début d’une avancée vers Raqqa par des forces spéciales jordaniennes et britanniques :

    A limited southern push toward Raqqa was begun recently by a small unit of Jordanian and British special forces that captured a former regime outpost in southeastern Syria, close to the Iraqi and Jordanian borders.

    Il semble qu’en fait Ignatius nous explique, à mots couverts, que la prise à Da’ich du poste-frontière jordano-syrien d’al-Tanf par une mystérieuse « New Syrian Army » rebelle, tout récemment créée et sans aucun fait d’armes à son actif, soit principalement le fait de forces spéciales étrangères :
    Dépêche AP rapportant le 5 mars cet exploit de cette mystérieuse New Syrian Army : http://www.businessinsider.com/ap-syria-rebels-take-border-crossing-from-is-2016-3?IR=T

    #course_vers_Raqqa #propagande #Syrie #al-Nousra #Daech #SDF #New_Syrian_Army

  • Saudi Arabia offers to send ground troops to Syria to fight Isis | World news | The Guardian

    http://www.theguardian.com/world/2016/feb/04/saudi-arabia-ground-troops-syria-fight-isis

    Saudi sources told the Guardian that thousands of special forces could be deployed, probably in coordination with Turkey

    Syrian government troops fire at Isis group positions near Mahin, Syria. Photograph: AP

    Ian Black Middle East editor
    @ian_black

    Thursday 4 February 2016 20.06 GMT
    Last modified on Thursday 4 February 2016 20.07 GMT

    Saudi Arabia has offered for the first time to send ground troops to Syria to fight Islamic State, its defence ministry said on Thursday.

    “The kingdom is ready to participate in any ground operations that the coalition (against Isis) may agree to carry out in Syria,” said military spokesman Brigadier General Ahmed al-Asiri during an interview with al-Arabiya TV news.

    #arabie_saoudite #syrie #ei #is #isis

    • Très sceptique sur les capacités militaires des forces, même spéciales, des Saoudiens. J’imagine que l’apport serait surtout financier et en termes de couverture politique.
      Reste que cela relance l’idée qu’il y a dans les cartons d’Erdogan un plan d’invasion du nord de la Syrie.
      Sur le site de l’influent think tank WINEP on trouvait déjà évoqué, il y a peu, un plan américano-turc pour contenir le PYD en prenant du territoire à Da’ich :
      http://seenthis.net/messages/450143
      Patrick Cockburn, il y a quelques jours, se demandait dans The Independent si Erdogan, étant ce qu’il est, ne serait pas tenté par un tel coup de force - avec ou sans l’aval de Washington -, malgré son caractère désormais extrêmement risqué, voire apocalyptique :
      http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/syrian-civil-war-could-turkey-be-gambling-on-an-invasion-a6844171.htm

      Il se pourrait bien que ce soit ce genre d’espérances, parmi d’autres et fondées ou pas, qui a fait que l’opposition de Ryadh s’est fait un devoir de multiplier les conditions à Genève, malgré la dynamique négative sur le terrain militaire pour eux. Question posée ici par : @nidal : http://seenthis.net/messages/455545#message455976

    • Et le point de vue de Pepe Escobar sur la question :
      http://seenthis.net/messages/457872

      Comme si les choses n’étaient pas assez confuses, tous ces think tanks formant le royaume du baratin aux USA nous rabâchent maintenant qu’il y a une entente entre Washington et Ankara pour ce qui sera, à toutes fins utiles, une invasion turque au nord de la Syrie, sous le prétexte d’écraser Daesh au nord d’Alep.
      C’est de la foutaise. Le jeu d’Ankara comprend trois volets : soutenir ses mandataires turkmènes lourdement meurtris ; assurer le maintien des activités dans le corridor menant à Alep (où passe la cruciale autoroute djihadiste liant la Turquie à la Syrie) ; et surtout empêcher par tous les moyens les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de relier Afrin à Kobané et d’unir ainsi les trois cantons des Kurdes syriens à proximité de la frontière turque.
      Tout cela n’a rien à voir avec la lutte contre Daesh. Le plus dingue, c’est que Washington aide actuellement les Kurdes syriens en leur fournissant un appui aérien. Le Pentagone doit ou bien soutenir les Kurdes syriens, ou bien soutenir Erdogan dans son invasion du nord de la Syrie. La schizophrénie n’a pas sa place ici.
      Un Erdogan au désespoir pourrait être assez cinglé pour affronter l’Armée de l’air russe pendant sa supposée invasion. Poutine a dit officiellement que la réponse à toute provocation sera immédiate et fatale. Pour couronner le tout, les Russes et les Américains coordonnent maintenant leurs sorties aériennes au nord de la Syrie.

    •  :)

      Balanche, lui, semble se faire l’avocat d’un envoi de troupes occidentales au sol, pour éviter une escalade turco-russe :
      http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-struggle-for-azaz-corridor-could-spur-a-turkish-interventio

      TURKISH INTERVENTION?

      The Azaz corridor holds major strategic importance for Turkey, but will that be enough to spur direct intervention? If the corridor falls and Ankara fails to respond, rebel groups would interpret it as a sign of weakness, while the international community would view it as capitulation to Russia. With the Azaz border link closed, Russia could then help the Syrian army and its Shiite allies lock other Turkish crossing points between Bab al-Hawa and Jisr al-Shughour, effectively putting the entire province of Idlib in a net. This would mean a near total defeat for Ankara’s Syria policy. And if the corridor’s fall were accompanied by ethnic cleansing of the area’s large Turkmen population (who are ethnic kinsmen of the Turks) or IS violence against civilians, Turkish public opinion would be further riled up.

      Does Putin underestimate Turkey’s offensive capacity? Thus far, the Turkish army has refused to send ground troops into Syria; the National Intelligence Organization (MIT) is the agency in charge of Turkish operations there. Russia’s presence will remain the main deterrent to large-scale Turkish intervention, though Ankara would likely escalate indirectly to prevent the corridor’s fall. Then again, Putin may well want Turkey to intervene directly against the PYD, since that could force the Kurdish group to join the Russian alliance and deprive the West of its only efficient actor on the ground against IS. To avoid this disaster, Western countries should send ground troops to occupy strategic locations such as Azaz and fight IS directly.
      The Azaz corridor may or may not fall, but the bigger U.S.-Turkish goal remains securing the Marea-Jarabulus corridor from IS, and any future Azaz-Jarabulus corridor if Azaz falls to the group. In other words, if the corridor is overrun, broader US-Turkish policy in this area (backed by allies from Incirlik) would essentially become two steps forward, one step back.

    • @gonzo : ça renvoie à ta remarque sur le nouveau « statut » des chercheurs devenus militants/lobbyistes, qui se mettent à dire où et quand, à leur avis, il serait bon que nous bombardions. Si ces « experts » se mettaient à expliquer qui et quoi bombarder en Israël, où quelle partie de la Galilée il faudrait occuper stratégiquement, je ne doute pas qu’on se hâterait de les rappeler à un peu plus de sérieux dans leur travail académique.

      Mais p’têt que c’est ce qui est demandé quand on rejoint le WINEP (des conseils de trucs à occuper dans le monde arabe).

    • J’espère ne pas couper cette discussion qui s’amorce - ou plutôt reprend -, et m’intéresse, sur la question du statut des chercheurs.
      En incise donc, les déclarations officielles russes sur les suspicions de préparatifs d’invasion, les dénégations turques, et les Américains qui bottent en touche :
      http://edition.cnn.com/2016/02/04/middleeast/turkey-russia-syria-invasion-denial

      Turkish forces aren’t preparing to invade northern Syria — and Russia’s allegation that they are is an attempt to hide Moscow’s crimes in the war-ravaged nation, a source within the Turkish Prime Minister’s office told CNN on Thursday.
      “Simply they are diverting attention from their attacks on civilians as a country already invading Syria,” the source told CNN. “Turkey has all the rights to take any measures to protect its own security.”
      The comments come after Maj. Gen. Igor Konashenkov was quoted by Russian state news agency Ria Novosti as saying Moscow believes some activity on the Turkish side of the border with Syria indicates preparations for an incursion.
      “The signs of hidden preparation of Turkish armed forces for activities in the territory of Syria we notice more and more,” the general said.
      When asked about the Russian claim at a media briefing, John Kirby, a spokesman for the U.S. State Department, said: “I’m not certainly not going to get up here and speak to what the Turks are doing on that border on any given day.”

    • @Souriyâm @Nidal, c’est vrai qu’on marche encore et toujours sur des oeufs dès qu’il s’agit de Syrie mais l’intensité du barrage médiatique, quoi qu’on pense de ce p. de régime, est tout de même extraordinaire... Cela étant, je me demande vraiment comment les Turcs peuvent envisager d’entrer en Syrie, avec un soutien aussi flanchant que celui des USA et de l’Otan, et avec les Russes qui seraient assez heureux de venger l’affront subi avec leur pilote (et peut-être plus si ce qui se raconte sur l’avion dans le Sinaï est vrai). En même temps, mais je ne suis pas expert militaire, je ne sais pas si leur dispositif est adapté à ce type d’affrontement. En tout cas, si je ne vais pas pleurer pour les milliers de mercenaires, je voudrais bien espérer que le pire ne va pas arriver aux derniers « fidèles de la révolution syrienne » dont les Turcs vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour jouer les dernières cartes qui leur restent, à savoir fermer leur frontière pour justifier une éventuelle action internationale. Le montage médiatique a déjà commencé, il suffit de lire l’Orient-Le Jour pour le comprendre... Et l’expérience de Kobané, et de toute la guerre, aurait dû montrer aux plus lucides des « purs » qu’il ne fallait pas attendre beaucoup de soutiens désintéressés... Et comme on sait que le régime syrien va se faire un plaisir de donner la plus cruelle leçon possible aux « mutins », dans la bonne tradition familiale, l’avenir s’annonce très rose... Une diplomatie intelligente consisterait à soutenir à fond l’opposition interne, Manaa et Cie, seuls capables de minorer, au moins un tout petit peu, la répression qui s’annonce, ce que les Russes (et peut-être aussi les Iraniens) ne verraient pas forcément d’un mauvais oeil. Mais pour cela, il faudrait être intelligent, et surtout pragmatique. Je ne suis pas certain que Fabius soit l’homme de ce défi-là sur la Syrie en tout cas.

    • @gonzo : Pas grand chose à redire à ça, y compris sur le "p. de régime". Grosso modo sur la même ligne. Quelques remarques complémentaires comme hypothèses de prospective.

      Pour les Turcs et les Saoudiens il y a deux problèmes :
      1° - la tentative du régime et de ses alliés de fermer entièrement la frontière turco-syrienne au nord-ouest. Maintenant que la poche d’Azaz, avec son poste de Bab al-Salam, est isolée du reste des provinces d’Alep et de la province d’Idlib, il ne reste plus que le poste-frontière de Bab al-Hawa. Il existe certainement d’autres lieux de passage mais de moins grande ampleur et beaucoup plus incommode. Si cette tentative venait à réussir, non seulement Alep-est est menacée d‘encerclement mais aussi tous les gains obtenus en 2015 (Idlib, Jisr al-Shoughour, ...) par la coalition Jaysh al-Fatah qu’ils ont montée avec le Qatar. La conséquence serait une disparition complète de ces deux pays de l’équation syrienne.

      2° - La question de ce que deviendra le territoire syrien tenu par Da’ich à l’est. Sans que personne ne le remarque formellement, tout le monde parle et agit en ce moment comme s’ils considéraient qu’à terme il est destiné à disparaître de la région, au moins comme proto-Etat. On sait que les Turcs ne veulent pas voir le YPG kurde et leurs alliés au sein des SDF prendre la bande au nord que Da’ich tient et relier l’ensemble de leurs zones de contrôle. L’autre peur est qu’une fois la frontière nord-ouest sécurisée, l’effort du régime et de ses alliés ne se porte beaucoup plus massivement sur Da’ich en choisissant de laisser subsister des poches « rebelles » au nord-ouest - des chaudrons comme on dit à l’est de l’Ukraine - que l’armée syrienne réduirait au fil du temps, par exemple Idlib voire l’est d’Alep (Jisr al-Shoughour me paraissant, par sa position, plus stratégique qu’Idlib). Impossible alors de s’opposer à ces combats et à terme à la victoire complète du régime.
      Comment justifierait-on devant les opinions publiques occidentales les condamnations du régime et des opérations russes contre Da’ich au profit de « rebelles » qui ne le combattent pas, pour éviter cette victoire totale ? Comment éviter que le YPG ne passe entièrement dans l’orbite russe et ne devienne clairement l’allié du régime (Saleh Muslim avait déjà fait une proposition en ce sens évoquée ici) ? Comment à ce moment là la Turquie pourrait-elle envisager de s’ingérer directement pour écarter les options arrangées entre le régime et le YPG, qu’elles refusent à sa frontière, à part en se remettant directement à soutenir à Da’ich, alors que le contexte international s’y prête de moins en moins ?

      Conclusion :
      A - soit la Turquie tente un coup militaire insensé maintenant au nord-ouest - soit dans la poche d’Azaz, soit côté province d’Idlib - pour écarter le risque immédiat n°1 en profitant et organisant la mise en scène médiatique des souffrances des civils pour prétendre y créer une zone refuge (vieille idée du safe haven façon Benghazi). Il n’est pas sûr que les USA suivent et les machins militaires russes Sukhoï 35, S-400, … ont l’air d’être assez dissuasifs pour qui que ce soit de sensé…
      Un coup moins risqué serait peut-être l’envoi de missiles anti-aériens portatifs (façon afghane avec les Stinger) dans le cadre d’une nouvelle intensification de l’aide à Jaysh al-Fatah avec les Saoudiens.
      B – soit la Turquie abandonne l’idée de s’opposer autrement que par la parole au risque n°1 et s’organise avec les Saoudiens et leur « coalition islamique », en essayant d’y entraîner les USA, pour mettre des « boots on the ground » au nord-est, chez Da’ich, afin de rester dans l’équation syrienne et écarter au moins le risque n°2. C’est aussi très risqué mais les Russes auront plus de mal à s’y opposer.
      C - Soit ils reconnaissent leur défaite et soutiennent un vrai processus de négociations. Mais je n’y crois pas trop.