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  • Davos, ou comment les #Multinationales tentent de faire oublier leur impact désastreux
    https://www.bastamag.net/Davos-ou-comment-les-multinationales-tentent-de-faire-oublier-leur-impact

    Le Forum économique mondial de Davos, en Suisse, s’ouvre ce 22 janvier. C’est l’occasion de rappeler les stratégies désastreuses de la plupart des grandes multinationales et des gros investisseurs en matière de pollutions, de réchauffement climatique et d’accroissement des inégalités, comme le montre le rapport réalisé par l’association Attac et notre Observatoire des multinationales. En France, alors que leurs bénéfices continuent d’augmenter et leurs impôts de baisser, les entreprises du CAC 40 ont (...)

    #Chroniques

    / Multinationales, A la une, Emploi , #Climat

    #Emploi_

  • #Gilets_jaunes : qui sont les casseurs ?

    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article950

    Critique de la violence et des formes de luttes

    On entend, depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes que des casseurs infiltrent le mouvement. Certains accusent l’extrême droite, d’autres l’extrême gauche et d’autre encore les jeunes de banlieue. Ce terme n’est pas nouveau et puisqu’il possède une définition floue, il peut être utilisé pour un peu tout et n’importe quoi.


    On n’arrive pas vraiment à s’y retrouver, mais une chose est sûre : les casseurs ont pour objectif de tout démolir, de faire triompher la violence et nous faire vivre dans la peur et le chaos. C’est en tout cas ce que disent l’Etat et les grands médias...

    Nous allons aborder par la suite les différentes formes de luttes en exposant certaines de leurs limites puis nous nous pencherons sur un texte exposant différentes formes de violence.

    Nous partirons d’un constat : les injustices présentes dans le système capitaliste ne sont pas nouvelles et certaines existent depuis plusieurs dizaines d’années. Prenons par exemple la répartition des richesses ; nous vivons dans

    « Un monde où 82 % des richesses créées l’an passé ont bénéficié aux 1 % les plus riches de la population. [...] Dans le même temps, les 3,7 milliards de personnes constituant la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’ont vu aucune augmentation de leur richesse en 2017. Rien. Zéro. Le monde appartient aux plus fortunés, et il n’y a nulle part où cette injustice est plus criante qu’au travail »,

    selon Winnie Byanyima, directrice générale de l’ONG Oxfam invitée à s’exprimer au World Economic Forum de Davos.

    Les réponses légalement possibles en France pour essayer de réduire les injustices sont les suivantes :

    – Manifester pacifiquement avec parcours, date et heure décidés par des représentants politiques du système : les préfets. Le tout encadré par les forces de l’ordre.
    – Faire du jeu politique. C’est-à-dire participer aux élections ou créer son parti. Cela amène à faire des alliances et des promesses dont le seul but est d’obtenir le pouvoir et non d’agir pour l’intérêt commun. Nous tenons à préciser qu’il est courant que ces alliances ou engagements soient remis en question dès l’objectif atteint, lequel est de remporter les élections. En effet, nous constatons que nous utilisons souvent le pouvoir afin de préserver nos privilèges ou de les augmenter.
    – S’exprimer, dénoncer. Cela passe par signer des pétitions, écrire des livres ou des journaux, passer à la tv ou à la radio, écrire des commentaires sur les réseaux sociaux...
    – Agir en donnant de l’argent ou du temps à des œuvres caritatives.

    La désobéissance civile

    Certains individus estiment que ces solutions légales sont peu efficaces ou trop lentes, et préconisent d’autres formes d’actions pacifiques mais illégales. Cinq éléments sont caractéristiques d’un acte de désobéissance civile : une infraction consciente et intentionnelle, un acte public, un mouvement à vocation collective, une action pacifique et un but, la modification de la règle. Par exemple un blocage de lycéens sur leur lieu de travail pour demander de meilleures conditions d’études.

    Les points critiquables dans la désobéissance civile :

    – Ce n’est que de la communication. La portée peut donc être modifiée par :
    • les médias qui choisiront ou non de relayer l’événement, avec un message qui n’ira pas nécessairement dans le sens que le voudraient les activistes.
    • Les médias qui détruiront ou non l’image que l’on voudrait transmettre ou, au moins, qui amoindriront ou en ridiculiseront l’impact.
    • La société et les idées déjà présentes chez la population (aliénation mentale, sociale, économique) insérées par le tissu social, et surtout par l’influence notable des médias au profit des idéologies (économique et politique, non démocratique) qui les dépassent.

    – Sous couvert de vocation pacifiste, il y aurait une tendance à oublier d’autres actions plus simples pour atteindre l’objectif fixé, en excluant de facto ceux qui ne partagent pas les idées de désobéissance civile.

    – Ce qu’il faut dénoncer dans la vision de Gandhi ou du pacifisme absolu ; c’est qu’il y a pourtant des cas où la désobéissance civile ne fonctionnerait pas. Des cas où les tyrans ou des classes supérieures ne remettront pas en cause leur politique, car ce n’est pas leur intérêt, puisque leur intérêt est tout autre et c’est le leur. Il y a des cas où le système lui-même ne se laisserait pas démettre par des coups de bluff dans la communication pourtant tellement démocratique.

    – Peut-être que la désobéissance civile fonctionnerait dans le meilleur des mondes ou dans une véritable société démocratique, une société sans classe sociale, cependant nous n’en sommes pas encore là. Tant qu’il y a des classes, il y a lutte des classes. Interdire aux classes inférieures de réagir aux violences structurelles, mentales et aux injustices matérielles qu’elles subissent, ce qui est parfois leur seul recours, peut être considéré comme un crime.

    L’action directe violente

    (NDR l’action directe n’est pas nécessairement violente, même si un célèbre groupe à repris cette expression à son compte mais son action de guérilla urbaine n’était pas de l’action directe dans le sens que nous l’entendons)

    Par ailleurs, il existe des individus qui, conscients des limites des autres solutions ou par nécessité d’une réponse rapide, préfèrent s’attaquer directement au problème par l’action violente. Quatre éléments sont identiques à la désobéissance civile, l’élément pacifique étant remplacé par la violence. Aujourd’hui, certains militants s’attaquent aux symboles d’un système capitaliste qu’ils rejettent. Par exemple une banque, un cabinet d’assurance, une agence immobilière, un magasin d’une société du CAC40 (Vinci, Total, Renault, Orange, Chanel...) ou un autre magasin d’une grande société étrangère (MacDo, Starbucks, Nike, Porsche...). Puis il y a ceux qui décident de se protéger en renvoyant les lacrymos, en montant les barricades et en se défendant des forces de répression. D’autres les soutiennent en se masquant également.

    Les points critiquables dans l’action directe violente :

    – Il peut exister d’autres actions plus simples pour atteindre l’objectif fixé, incluant peut-être les adeptes de la non-violence. En effet, certains gilets jaunes se désolidarisent de tout type d’actions violentes.

    – Comme lorsqu’il s’agit de la désobéissance civile, elle peut servir, notamment par son utilisation dans les médias, à stigmatiser des populations, à décrédibiliser la violence et ainsi à cacher les révoltes. C’est pour cela que l’État et des grandes chaînes d’information s’empressent de traiter les militants de casseurs dès la moindre égratignure afin de déformer le message. En effet, l’utilisation du mot casseur et des vidéos de violences en boucle peut faire monter le sentiment d’insécurité.

    – Être mêlé à la foule, ainsi que l’assurance d’une protection de l’anonymat, libère du jugement habituel et peut parfois mener à des actions moins légitimes ou moralement acceptables. C’est le cas d’une personne alcoolisée qui décide de se mêler à la foule et de casser la vitrine de la coiffeuse indépendante.

    – Il peut paraître absurde de vouloir s’attaquer à l’ennemi sur son point fort. En effet, les forces de l’ordre sont nombreuses, bien équipées, entraînées, et défendues par le système qu’ils protègent ; le rapport de force n’est donc pas souvent présent. Notre force est dans le nombre, rappelons que 82 % des richesses créées l’an passé ont bénéficié aux 1 % les plus riches de la population.

    – Enfin, l’action violente permet notamment de justifier plus de répression et de diviser le mouvement.

    Points de vues sur la violence

    Je nous invite à présent à nous pencher sur le texte de Hélder Câmara [1] sur la violence, qui commence ainsi :

    « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. »

    Il est ici décrit un système injuste qui répartit mal les richesses et qui ne se soucie guère de « ceux qui ne sont rien ».

    Cette violence est visible aujourd’hui, sous le quinquennat de Macron à cause de son aggravation continue : augmentation des privilèges pour les riches (retrait de l’ISF, cadeaux fiscaux, suppression de l’exit tax...), mépris de la classe politique envers les travailleurs (monopolisation des décisions affectant la collectivité, insultes du président...), loi asile immigration, etc. Mais cette violence n’est pas nouvelle et les injustices peinent à disparaître.

    Selon Câmara :

    « La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. »

    Casser s’agirait alors d’une résistance à l’oppression d’un système violent trop injuste.

    Il continue ainsi :

    « La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. »

    La quantité de vidéos circulant sur Internet montrant la disproportion de la violence policière en témoigne. Rien ne peut justifier d’enlever un oeil à l’aide d’un projectile de flash-ball, de mutiler à l’aide de grenades, d’utiliser des armes chimiques sur la population, de frapper avec des bâtons...

    Ou encore d’humilier et terroriser 150 lycéens à Mantes-la-Jolie ce 6 décembre 2018.

    Il termine enfin :

    « Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

    En effet, c’est de cette hypocrisie dont se dotent l’État et les grands médias pour pointer du doigt les casseurs comme seuls responsables de la violence.
    Nous tenons à préciser qu’il existe évidement d’autres formes de violences qui ne sont pas abordées ici comme la violence pathologique, la violence naturelle, la cyber-violence, etc.

    Rappelons cependant que nos systèmes politiques actuels se sont construits sur la violence (révolutions de 1789, de 1848, de 1870, résistance de 1945, mai 1968, etc.). De même, certaines formes de réponses violentes mais proportionnées sont couramment admises, par la morale, le droit et selon la doctrine des droits de l’Homme : en cas de légitime défense par exemple, ou d’état de nécessité face à l’oppression d’une tyrannie.

    Il est donc important de ne pas oublier que tous les modes d’action peuvent être efficaces et de ne pas se désolidariser d’une partie du mouvement pour ainsi lutter contre la division, bien que ces différentes réponses au système injuste présentent des failles. Nous invitons également à réévaluer la violence des casseurs sans en faire l’apologie. Nous estimons cependant que dans une vraie démocratie sans représentants ni intermédiaires, l’utilisation de la violence ne sera pas nécessaire.

    Notes
    [1] Hélder Câmara fut un évêque catholique brésilien, qui est connu pour sa lutte contre la pauvreté. Nous tenons à préciser que nous nous opposons à toutes les religions car nous estimons que les religions permettent de justifier l’oppression. Cependant nous ne considérons pas les croyants comme responsables pour la politique de leur Église.

    Article d’@anarchosyndicalisme ! n°162 Spécial #gilets_jaunes
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article943

  • Report to #Davos meeting points to deepening contradictions of global capitalism - World Socialist Web Site

    https://www.wsws.org/en/articles/2019/01/18/wefr-j18.html

    The report prepared by the World Economic Forum (WEF) for its annual gathering in Davos, Switzerland, next week presents a picture of the ongoing disintegration of all the mechanisms—economic, political and ideological—that have served to sustain the global capitalist order in the post-war period.

    In his preface to the report, WEF president Børge Brende said the world was facing a “growing number of complex and interconnected challenges—from slowing global growth and persistent economic inequality to climate change and geopolitical tensions,” as well as changes brought about by technological developments, characterised by the WEF as the Fourth Industrial Revolution.

    #capitalisme

  • Ce macron , ou il est débile profond, ou il le fait exprès. Ou alors il va tous leur couper la tête !

    Louis XVI | Château de Versailles

    http://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grands-personnages/louis-xvi

    Louis XVI, guillotiné le 21 janvier 1793, est le dernier monarque à vivre au château de Versailles, surnommé par les insurgés, « Louis le Dernier ».

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    Macron n’ira pas à Davos, réunira des patrons étrangers à Versailles le 21 janvier - Boursorama

    https://www.boursorama.com/actualites/macron-n-ira-pas-a-davos-reunira-des-patrons-etrangers-a-versailles-le-2

    Emmanuel Macron ne participera pas au forum de Davos qui rassemble le gotha de l’économie mondiale mais réunira le 21 janvier à Versailles 150 patrons français et étrangers, pour une nouvelle édition du sommet « Choose France » sur l’attractivité française, a indiqué l’Élysée.

  • Macron n’ira pas à Davos mais réunira des patrons à Versailles
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/01/11/macron-n-ira-pas-a-davos-mais-reunira-des-patrons-a-versailles_5407882_82344

    Macron n’ira pas à Davos mais réunira des patrons à Versailles
    Cette année, le président ne se rendra pas au Forum économique mondial « en raison d’un agenda chargé », a fait savoir l’Elysée.

    Un Davos sans Donald Trump… ni Emmanuel Macron. Le président français a fait savoir, vendredi 11 janvier, qu’il ne participera pas au Forum de Davos qui rassemble tous les ans en janvier en Suisse le gotha de l’économie mondiale, « en raison d’un #agenda_chargé  ».
    Si le chef de l’Etat avait fait un long discours au Forum de Davos l’an passé, les présidents français ne participent pas systématiquement à ce rendez-vous en Suisse, qui aura lieu cette année du 21 au 25 janvier.

    agenda chargé (hum !) ou protection de son image ?
    • vis-à-vis de l’intérieur, plutôt mal vu, en cette époque jaune, de pavaner dans un séminaire de puissants,
    • et de l’étranger, se taper la honte du donneur de leçon pris les doigts dans la confiture.

    • Davos n’a pas permis aux différents groupes d’intérêts de s’accorder à propos du dossier Construction automobiles .
      D’autres surprises sont à attendre chez les constructeurs de bagnoles dans les mois qui viennent.

  • Affaire Khashoggi : ces #Multinationales françaises qui refusent de boycotter le régime saoudien
    https://www.bastamag.net/Affaire-Khashoggi-ces-multinationales-francaises-qui-refusent-de-boycotter

    L’année dernière, les patrons des grandes multinationales s’étaient rendus en masse au premier forum économique organisé par l’Arabie saoudite, surnommé le « Davos du désert ». Cette année, les défections se sont succédées suite à l’assassinat présumé du journaliste Jamal Khashoggi par des agents du régime saoudien en Turquie. Google, EDF, Siemens ou Ford, les banques JP Morgan, HSBC, BNP Paris, Goldman Sachs, le fonds d’investissement BlackRock, ou même le géant de l’extraction de matières premières (...)

    En bref

    / Multinationales

  • Affaire Khashoggi : les dernières révélations turques qui accablent Riyad
    France 24 - Dernière modification : 22/10/2018 - Avec AFP et Reuters
    https://www.france24.com/fr/20181022-affaire-khashoggi-jamal-revelations-turquie-arabie-mbs-riyad-erdo

    De nouveaux développements dans l’assassinat du journaliste saoudien jamal Khashoggi sont apparus, lundi, à la veille d’un discours très attendu de Recep Tayyip Erdogan, qui entend révéler « toute la vérité » sur cette affaire. (...)

    #Khashoggi #Arabie_saoudite
    #Jamal_Khashoggi

  • La neige recyclée, une solution qui n’a rien de miraculeux pour les stations Cynthia Racine/Alain Arnaud - 21 Octobre 2018 - RTS
    https://www.rts.ch/info/regions/9920786-la-neige-recyclee-une-solution-qui-n-a-rien-de-miraculeux-pour-les-stati

    Développée en Scandinavie, l’idée d’utiliser de la neige recyclée d’une saison à l’autre fait son chemin en Europe. Elle est intéressante, mais n’a rien d’une solution miracle pour les stations.
    Ce concept, baptisé « snow farming » en anglais, consiste à conserver le manteau neigeux sous des copeaux ou des plaques isolantes pendant l’été pour en limiter au maximum la fonte. Cette neige « recyclée » peut ensuite être récupérée au début de la saison suivante.


    L’idée est déjà utilisée à #Davos depuis une dizaine d’années pour une piste de ski de fond et commence à se faire connaître ailleurs en Europe, comme à Kitzbühel et à #Courchevel notamment. La station française a ainsi profité de l’enneigement exceptionnel de l’hiver dernier pour recycler 20’000 m3 d’or blanc et attend désormais de voir ce qu’il en restera à la fin de l’automne.

    Une piste de ski alpin à Adelboden
    La station d’Adelboden, dans l’Oberland bernois, a inauguré jeudi la première piste de ski alpin du pays réalisée selon ce procédé. Au printemps dernier, plusieurs centaines de bénévoles ont amassé quelque 24’000 mètres cube de neige qu’ils ont recouvert de bâches pour qu’elle passe l’été. Malgré la canicule, les trois quarts n’ont pas fondu. Une piste de 500 mètres de long pour 60 de large a été inaugurée, avec l’idée de permettre aux juniors d’Adleboden de s’entraîner près de chez eux.

    Une solution ponctuelle et locale
    Mais cette solution reste cependant limitée, de l’avis de certains spécialistes. « D’avoir du stock de neige qui peut encore éventuellement être mobilisé, légèrement déplacé, étalé sur une piste pour couvrir certains points qui sont plus fragiles, c’est une méthode intéressante », relève ainsi le nivologue Robert Bolognesi. « Malheureusement, on ne peut pas imaginer recouvrir tout un domaine skiable et - arrivé le mois de décembre - tout recouvrir et recommencer le ski. Ce peut être une méthode tout à fait intéressante ponctuellement, localement. »

    Conséquences sur l’environnement
    Le système permet de récupérer jusqu’à 50% de la neige conservée mais le « snow farming » n’est pas forcément plus écologique. « On met de côté une partie de l’eau, sous forme solide, qui ne revient plus dans le cycle hydrologique » relève Rafael Matos Wasem, professeur à la haute école de gestion et de tourisme en Valais. « Du coup, cela va poser des problèmes aussi au niveau de la quantité d’eau qui est charriée par les cours d’eau de montagne. »

    Le paysage est, lui aussi, impacté. « Ce sont des terrains qui ne sont plus dévolus à des pâturages, qui ne sont plus verts en été », poursuit Rafael Matos Wasem. « On se promène dans les régions de montagne et on est confronté tout à coup à des structures artificielles et complètement inesthétiques. »

    Et la simplicité apparente de la méthode n’enlève rien à son coût : la station autrichienne de Kitzbühel dépense par exemple 165’000 francs par saison dans cette « assurance neige ».

    #climat #ski #tourisme #montagne #privilégiés #recyclage #dérisoire #bêtise. Ce ne serait pas #consternant, je dirais #MDR

  • Lang et le destin de MbS
    http://www.dedefensa.org/article/lang-et-le-destin-de-mbs

    Lang et le destin de MbS

    Nous avons déjà dit pourquoinous apprécions le travail du colonel Lang, – pour les qualités d’analyse de l’homme autant que pour son expérience comme officier de la Defense Intelligence Agency (DIA, renseignement du Pentagone). Lang fut en poste comme attaché militaire et officier de cette agence à l’ambassade des USA à Ryad pendant plusieurs années. Il suit attentivement le déroulement de l’affaire Khashoggi, faisant jouer beaucoup de son expérience pour étayer son approche intuitive de cette crise.

    Ce qu’il a justement prévu jusqu’ici, c’est la détérioration qu’il juge inexorabledu cadre crisique qui est en jeu (les relations USA-Arabie), notamment au travers des relations qu’on devine incertaines voire prédatrices malgré leur entente initialeentre ces deux personnalités (...)

    •  » Qu’en est-il de MbS ? Pompeo l’a-t-il convaincu d’accepter avec résignation quelque gifle qu’on lui assénera ? J’en doute aussi. L’administration Trump a quasiment pulvérisé ce qui restait du[grand séminaire de MbS] “Davos dans le désert”. Si ma famille était installée dans le Royaume à cause de ma position de fonction diplomatique, je la ferais partir dans l’instant et j’aurais mon sac de voyage à portée de main à tout moment. Sans forcer aucunement sur l’hyperbole, je prédis que MbS est sur le point de prendre des mesures impitoyables, bien au-delà de la liquidation d’un journaliste expatrié vieillissant. L’échiquier du Moyen-Orient est sur le point de changer radicalement. Le résultat sera beaucoup de larmes amères à Tel Aviv et à Washington et beaucoup de sourire à Ankara et Téhéran. Et peut-être la fin des tueries et des souffrances inutiles au Yémen. »

  • Le boycott du « Davos du désert » annonce des jours difficiles pour l’Arabie saoudite, par Rai Al-Youm - Actuarabe
    http://actuarabe.com/boycott-davos-desert

    La représentation du Royaume comme un pôle d’investissement a été violemment ébranlée quand Ben Salman a incarcéré 350 des principaux hommes d’affaire saoudiens et quelques grands princes tels que Walid Ben Talal sous prétexte de lutte contre la corruption. Il semble que l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en Turquie ait porté un coup fatal à cette image, d’autant que la plupart des ministres qui ont annulé leur participation représentent des Etats européens alliés du Royaume. Ils veulent faire passer le message que la justice et les droits de l’homme priment sur les transactions commerciales.

    Nous pensons que le boycott de cette conférence économique importante n’est qu’une première mesure, qui devrait être suivie d’autres plus douloureuses pour le Royaume d’Arabie saoudite et son économie, avec des menaces de sanctions économiques et la réactivation de la loi JASTA permettant aux victimes des attentats du 11 septembre, perpétrés par 19 membres d’Al-Qaïda, d’obtenir des dédommagements.

  • Le CEDETIM salue la mémoire de Samir Amin 

    Samir Amin (1931-2018), d’ascendance égyptienne et française, africain de cœur et de tous les tiers-mondes, militant altermondialiste de tous les combats contre l’impérialisme et les inégalités.
    Il restera évidemment le théoricien du développement inégal. Une explication du monde, de la persistance et du développement des inégalité structurelles dans le système-monde entre le « centre » et les « périphéries », qu’il a développé dans ses ouvrages des années 1970, comme L’accumulation à l’échelle mondiale (1970), Le développement inégal (1973), la crise de l’impérialisme (avec A. Faire, M. Hussein et G. Massiah, en 1975), et surtout L’impérialisme et le développement inégal, (aux éditions de Minuit en 1976). Le « tiers-monde » post-colonial n’est pas sous-développé, il est intégré de force au monde capitaliste , dans un système structurellement inégalitaire de développement du sous-développement. Samir Amin participera au renouvellement du marxisme et explorera des voies qui permettent de comprendre l’évolution du monde et de sa transformation. 

    Comment rompre cet engrenage ? C’est l’objet de La déconnexion : pour sortir du système mondial publié en 1986 à La découverte. Mais la chute du bloc soviétique n’a fait que renforcer ce système qui, pour lui est caractérisé par l’extrême centralisation du pouvoir dans toutes ses dimensions, locales et internationales, économiques, politiques et militaires, sociales et culturelles. Certes certains grands pays « émergent », et les rapports de forces se modifient, mais partout se creusent les inégalités, le processus de prolétarisation généralisée et s’aggravent les risques de la crise économique social et écologique constatait-il, en aout 2017 (Pour une internationale des peuples, 16 aout 2017)

    Il ne faut pas oublier que Samir Amin a aussi beaucoup étudié les sociétés et économies du Maghreb, d’Afrique occidentale, d’Egypte, à partir de son premier livre, L’Egypte nassérienne (publié aux Editions de Minuit en 1964). Il a livré quelques analyses historiques et politiques lumineuses comme, La nation arabe, nationalisme et luttes de classes, aux Editions de Minuit, 1976.

    Militant autant qu’analyste ou théoricien, Samir Amin n’a jamais cessé de proposer, d’enseigner et d’agir. De 1970 à 1980, il dirige l’IDEP (Institut Africain de Développement Economique et de planification) ; il en fait un lieu d’excellence de la recherche africaine en économie politique et un accueil et un refuge pour les intellectuels africains engagés. En 1975 il a été parmi les fondateurs du Forum du Tiers Monde à Dakar.

    Il contribue aux travaux du CETRI (Centre Tricontinental), basé à Louvain-la-Neuve (Belgique) et animé par François Houtart (1925-2017), avec qui en 1996 il fonde le Forum Mondial des Alternatives, basé au Caire. Ce forum sera en 1999 à l’origine d’une initiative Anti-Davos, prélude à ce qui deviendra lors de sa première édition à Porto Alegre en 2001 le Forum social mondial, et bien entendu Samir Amin participera activement aux FSM suivants. Il sera aussi le président du Centre d’Etudes Africaines et Arabes du Caire, correspondant du Forum du tiers Monde de Dakar.

    Il écrit des projets et manifestes, après la chute du bloc soviétique sa Critique de l’air du temps en 1997,(à l’occasion du 150ème anniversaire du manifeste communiste) Pour la Cinquième Internationale, (éditions Le Temps des cerises 2006)., Ses interprétations de la géopolitique, ces propositions font débat dans le monde des militants altermondialistes. 

    Les mouvements de contestation au XXIe siècle et singulièrement ceux du printemps arabe de 2011 l’interpelle ( Monde arabe : le printemps des peuples ? Le Temps des cerises, 2011), L’Implosion du capitalisme contemporain. Automne du capitalisme, printemps des peuples ? Éditions Delga, 2012).

    Jusqu’au bout il participera (en 2018 de Salvador de Bahia à Zagreb) à des débats et initiatives militantes, ne refusant jamais discussion ou polémique, exprimant toujours sa solidarité, tout en poursuivant études et réflexions. Il appelait quelques mois avant de nous quitter à la nécessaire mise en route de la construction d’une nouvelle Internationale des travailleurs et des peuples.

    Samir Amin, notre camarade, a accompagné le CEDETIM depuis sa création, en lien avec un des groupes qui a participé à son lancement, en 1965 à Dakar. Depuis, il a toujours participé aux débats contradictoires qui ont traversé les mouvements porteurs des luttes anti-impérialistes avec le souci constant de l’émancipation, de la libération des peuples et de la solidarité internationaliste. 

    #Marxisme #Samir_Amin #Développement_inégal #Mondialisation

  • Les médias émergents font peur aux monopoles
    http://www.dedefensa.org/article/les-medias-emergents-font-peur-aux-monopoles

    Les médias émergents font peur aux monopoles

    Les médias au service de la parole oligarchique dominante ont raison de se faire du mauvais sang. L’immense majorité des lecteurs sains d’esprit boude les chiens de garde d’une rectitude politique qui bat de l’aile et le commun des mortels souhaite qu’on lui présente le monde tel qu’il est, sans cinéma.

    Dénigrer les nouveaux médias alternatifs

    Nous assistons, depuis peu, à une levée de boucliers des grands médias et de leurs patrons, ces derniers étant les commanditaires du Forum économique de Davos. De même, ceux qui s’occupent de régenter l’espace médiatique, à l’instar de l’ancienne responsable de la propagande canadienne, Mélanie Joly, y sont venus rencontrer des oligarques de la trempe de George Soros, le temps (...)

  • Les deux nouveaux types d’électeurs
    http://www.dedefensa.org/article/les-deux-nouveaux-types-delecteurs

    Les deux nouveaux types d’électeurs

    Un article de Slate.fr présente les deux nouveaux types d’électeurs, ceux qui, comme dit Charles Gave, se sentent bien quelque part (les pauvres) et ceux qui se sentent bien partout (les Davos et les bobos sociétaux et friqués). Les deuxièmes adorent les migrants car ils adorent avoir bon cœur et surtout être servis pas cher. Les moyens et les pauvres finissent par voter populiste puisque la fausse droite a trahi la nation et la fausse gauche le peuple (Gave, toujours). En d’autres termes on opposerait les nomades aux sédentaires (Attali, ou les mercuriels aux apolliniens (Zlatkine). Je précise que moi je me suis délocalisé parce que je suis pauvre. Le riche heureux chasse le pauvre ou il l’écœure ; il y a l’électeur-prédateur et l’électeur-gibier, qui a du souci (...)

  • Le néo-populisme est un néo- libéralisme | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/analyse/2018/07/03/neo-populisme-neo-liberalisme

    Un examen plus poussé des porte-drapeaux de la Droite nous conduit cependant à nous demander si le clivage « petites gens / privilégiés » résume de manière adéquate la situation politique actuelle. Pourquoi l’un des négociateurs FPÖ de la coalition dirige-t-il un institut portant le nom du pape de l’ultra-libéralisme, Friedrich Hayek, lequel reçut des mains de George Bush la Médaille présidentielle de la Liberté en 1991 ? Pourquoi le délégué parlementaire à Munich du parti de l’AfD – et désormais président de la Commission du budget au parlement – est-il un bloggeur libertarien et un consultant en métaux précieux qui vendait, lors des conventions, des lingots signés des responsables du parti ? Et pourquoi bon nombre des conseillers universitaires et des principales têtes pensantes du parti sont-ils aussi membres de la Société du Mont Pèlerin, think tank créé par Friedrich Hayek ? Je pense notamment à Roland Vaubel, Joachim Starbatty et à l’un des responsables actuels du parti, l’économiste de formation et ancienne employée de Goldman Sachs, Alice Weidel.

    En d’autres termes, que faisaient ces parfaits candidats pour Davos, à la tête de partis fondés sur la critique de l’Islam et l’opposition à l’immigration non blanche ?

    Le néolibéralisme et le nativisme ne sont contradictoires qu’en apparence. L’histoire nous aide à comprendre que les partis « populistes » de l’Europe centrale représentent en effet une souche du libre-échangisme mondialisé (free market globalism) plutôt que sa contestation.

    Les néolibéraux se sont toujours souciés des conditions extra-économiques de la survie du capitalisme, mais, en règle générale, ils s’attachaient surtout aux lois, à la religion et à l’ordre moral. L’influence croissante des idées liées à la théorie hayekienne de l’évolution culturelle ainsi que la popularité grandissante des neurosciences et de la psychologie évolutionniste incitèrent de nombreuses personnes à invoquer les sciences. Pour Charles Murray, notamment, la recherche des fondements de l’ordre du marché exigeait d’aller « plus profond dans le cerveau », ou Deeper into the Brain comme l’écrit en l’an 2000 ce membre de la Société du Mont Pèlerin. D’autres, comme Detmar Doering, membre de la branche allemande de cette même Société, sont allés jusqu’à réhabiliter le darwinisme social. Comme devait le déclarer en 2014 Peter Boettke, économiste diplômé de l’université George Mason et président actuel de la Société, la sécurisation du capitalisme est passée de la question du « bon prix » à la question des « bonnes institutions » et enfin à celle de la « bonne culture ».

    Les libertariens et les néolibéraux ont formé des alliances avec les partisans du traditionalisme, du nationalisme et de l’homogénéité culturelle. Les néolibéraux de droite de ces nouveaux partis populistes n’ont pas rejeté la dynamique de la concurrence du marché : ils l’ont renforcée. Les libertariens partisans de la fermeture des frontières continuent d’exiger la libre circulation des capitaux et des biens – en revanche, ils s’opposent catégoriquement à la libre circulation d’un certain type de personnes.

    Ce qui est sans doute le plus frappant concernant ce « New Fusionism » est la manière avec laquelle ce mouvement mélange convictions néolibérales en matière de marché et affirmations psycho-sociales douteuses. Leur obsession pour les tests d’évaluation de l’intelligence est particulièrement notable. Bien que le terme de « capital cognitif » soit habituellement associé aux marxistes français et italiens, le néolibéral Murray devait s’en emparer dès 1994 dans son ouvrage The Bell Curve pour décrire les différences d’intelligence héritable selon les groupes de population, différences quantifiables en QI. En bon disciple du théoricien de la race Richard Lynn, le sociologue allemand Erich Weede, co-fondateur de la Société Hayek (et qui reçut la médaille Hayek en 2012 ) considère l’intelligence comme le principal déterminant de la croissance économique. La richesse et la pauvreté des nations ne s’expliquent pas par l’histoire mais par les qualités irréductibles de leurs populations, dit l’ancien membre du directoire de la Bundesbank, Thilo Sarrazin, dont le livre L’Allemagne disparaît : quand un pays se laisse mourir (Deutschland schafft sich ab) s’est vendu en Allemagne à plus d’1,5 millions d’exemplaires et a stimulé le succès des partis islamophobes comme l’AfD, dont le programme officiel affichait le titre Ne laissez pas mourir l’Allemagne.Sarrazin cite également Lynn et d’autres chercheurs de l’intelligence pour argumenter contre l’immigration en provenance de pays majoritairement musulmans et ce sur la base du QI.

    #Neofascisme #Pentafascisme #Migrants #Néolibéralisme

  • Poutine face à la “mère de toutes les crises“
    http://www.dedefensa.org/article/poutine-face-a-la-mere-de-toutes-les-crises

    Poutine face à la “mère de toutes les crises“

    26 mai 2018 – Au grand séminaire de Saint-Petersbourg (SPIEF, ou Forum Économique International de Saint-Pétersbourg), le “Davos russe”, le public franco-français et francophone plus généralement a été invité à suivre le gracieux ballet Macron-Poutine, ou Emmanuel-Vladimir. On connaît cette sorte de numéro qui se distingue en général par le style : le style Saint-Petersbourg avait assez peu en commun avec le style Washington D.C. (Donald-Emmanuel), et l’on en jugera selon le goût qu’on en a, quant à la grâce, l’élégance et le naturel qui furent déployées ici et là.

    Pour le reste, – nous voulons parler de la substance, – il faut, comme disait une sorte de philosophe français d’un autre temps de la Vème République, “laisser du temps au temps”. Plus que jamais l’Incertitude (...)

    • Ce que le discours de Poutine nous fait réaliser, c’est que cette “politique de la sanction” a pris une place majeure dans tout un appareil de mesures protectionnistes des USA pour transmuter ces mesures en une “politique protectionniste” qui a alors acquis une dimension politique pure pour s’inscrire dans une politique de contrainte et d’illégalité générale des USA telle qu’elle s’est développée, comme mesure radicale pour tenter d’éviter l’effondrement de l’hégémonie des USA sur le monde.

      En effet, Poutine souligne d’une façon remarquable, en effectuant une synthèse effectivement remarquable, combien les sanctions sont devenue “politique de la sanction”, combien cette politique renforce d’une façon considérable la “politique protectionniste” des USA à l’encontre de tous (adversaires comme alliés), combien elle devient l’une des deux poutres-maîtresses avec la politique de pression militaire pour éviter l’effondrement de la puissance US. (« La capacité d’imposer des sanctions arbitrairement et sans contrôle alimente la tentation d’en user toujours plus et de plus en plus, dans tous les sens, à droite et à gauche, sans distinction de loyauté politique, de solidarité, d’accords passés et de coopérations établies. »)

  • Les liaisons à risques du #CICR

    Les relations du Comité international de la Croix-Rouge avec le secteur privé et la double casquette de son président, #Peter_Maurer, également membre du conseil de fondation du #World_Economic_Forum, font courir le risque que le CICR soit perçu comme partial. La sécurité des délégués sur le terrain est en jeu.

    C’était le 9 octobre 2017. Sans tambour ni trompette, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) déclarait mettre fin avec effet immédiat au partenariat qu’il entretenait avec la multinationale LafargeHolcim. Cette dernière était l’une des douze sociétés appartenant au Corporate Support Group du CICR, un groupe de partenaires stratégiques du secteur privé. Motif : LafargeHolcim (LH), entreprise née de la fusion entre la société suisse Holcim et le français Lafarge lancée en 2014 et effective en 2015, est accusée d’avoir financé des groupes djihadistes en Syrie, dont l’organisation Etat islamique, à travers sa filiale Lafarge Cement Syria (LCS) et la cimenterie de Jalabiya.

    La justice française a depuis mis en examen sept cadres de la société soupçonnés de « financement du terrorisme ». Dans sa communication de l’automne dernier, le CICR est explicite : il « n’a pas travaillé avec LH ou avec Lafarge en Syrie, et n’a aucune connexion avec la situation complexe dans laquelle se trouve LH actuellement. »
    L’affaire LafargeHolcim

    L’exemple soulève la question des rapports du CICR avec ses partenaires privés. Pour l’organisation, fondée en 1863 par Henri Dunant et dont la mission est de rendre visite aux détenus, de fournir protection, assistance et aide humanitaire aux victimes de conflits armés et de promouvoir le respect du droit international humanitaire, l’alerte est chaude. Elle l’est d’autant plus que le CICR met du temps à réagir. Le Monde publie sa première enquête le 21 juin 2016 sous le titre : « Comment le cimentier Lafarge a travaillé avec l’Etat islamique en Syrie. »

    Face à ces révélations, le CICR réévalue ses procédures. Mais pas de remise en question immédiate du partenariat avec #LafargeHolcim. Selon un document interne envoyé au même moment aux délégations et que Le Temps s’est procuré, le CICR avance que « bien qu’à ce stade, la probabilité que les médias approchent le CICR au sujet du soutien qu’il reçoit de LH soit très faible, les lignes ci-dessous devraient aider à gérer de telles demandes ». Les collaborateurs sont censés mentionner des projets développés en commun par LH et le CICR, notamment au Nigeria. Le siège continue à relativiser : « Les accusations contre LH au sujet du comportement de son équipe en Syrie doivent encore être prouvées. »

    A Genève, on ne prend pas la mesure de l’urgence : le président du CICR Peter Maurer et le chef de la délégation du CICR au Nigeria signent le 21 octobre 2016 à Lagos un protocole d’accord avec Lafarge Africa Plc. Le partenariat prévoit notamment de « renforcer la position de Lafarge sur le marché du ciment dans le nord-est du Nigeria ». Une phrase qui provoque une vive discussion à l’interne. Quatre jours plus tard, pourtant, la rupture avec LH est annoncée : « La révision [du partenariat] a révélé que la controverse […] avait le potentiel d’impacter négativement les opérations, la réputation et la crédibilité du CICR avec des acteurs clés, y compris sur le terrain. » En dépit de la volte-face, le malaise persiste. Etait-il opportun d’avoir un partenariat avec Holcim, dont le président du conseil d’administration jusqu’en mai 2014 (après la fusion avec Lafarge), Rolf Soiron, siégeait dans le même temps au Conseil de l’Assemblée, l’organe suprême du CICR ?
    Les risques de conflit d’intérêts

    Le partenariat avec LafargeHolcim n’étant plus d’actualité, l’affaire pourrait s’arrêter là. C’est compter sans un groupe de 25 membres honoraires, d’anciens dirigeants, chefs des opérations et de délégation du CICR. Dans un document qu’ils envoient au siège du CICR en décembre 2017 intitulé « L’indépendance et la neutralité du CICR en péril », ils affirment vouloir nourrir un débat qu’ils jugent « existentiel ». Leur intention, précisent-ils au Temps, n’est pas de « casser » une organisation qu’ils continuent d’aimer.

    Le réflexe pourrait être de voir dans cette mobilisation un combat d’arrière-garde entre des anciens, dépassés, et des nouveaux, progressistes. Or l’inquiétude dépasse largement ce cercle et provient aussi des délégués actifs sur le terrain. Elle ne porte pas tant sur la collaboration avec le secteur privé que sur les conditions dans lesquelles celle-ci se matérialise. Cette inquiétude est exacerbée par plusieurs facteurs : face aux multiples crises humanitaires et à leur complexité croissante, face à l’irrespect crasse du droit international humanitaire, le CICR évolue dans un contexte extraordinairement difficile. Il est présent dans 86 pays et emploie 18 000 collaborateurs. Son travail, remarquable, est reconnu.

    Si nombre d’entreprises privées ont régulièrement soutenu l’auguste institution, elles l’ont surtout fait sous une forme philanthropique. « Aujourd’hui, c’est davantage du donnant-donnant », explique Marguerite Contat, ex-cheffe de délégation qui craint que l’indépendance et l’impartialité du CICR ne soient remises en question. Un vocabulaire qui fait écho au slogan « win-win » familier du World Economic Forum (#WEF), mais qui s’inscrit aussi dans la transformation en partie entamée à l’ONU au début des années 2000 par Kofi Annan sous le nom de « #Global_Compact », un concept de promotion du #partenariat_public-privé. Le document rédigé par le groupe des 25 met en garde : « L’institution ne peut se permettre de mettre en péril le formidable capital de confiance qu’elle a accumulé au cours de son siècle et demi d’existence […]. Il ne suffit pas, pour le CICR, de se proclamer neutre et indépendant, encore faut-il qu’il soit reconnu comme tel par toutes les parties concernées. »

    On l’aura compris : les craintes exprimées touchent à un aspect central de l’action du CICR : la perception qu’ont de lui les acteurs locaux, qu’il s’agisse de groupes armés non étatiques, d’Etats ou de groupes terroristes. Les principes ne sont pas gravés dans le marbre une fois pour toutes, déclarait pourtant Peter Maurer lors d’un symposium consacré en 2015 aux « principes fondamentaux dans une perspective historique critique ». Ils sont fonction de l’époque.

    Sous la présidence de Jakob Kellenberger (2000-2012), le CICR a institué un partenariat stratégique avec douze sociétés réunies dans ce qu’il appelle le Corporate Support Group (CSG). L’apport de chacune est d’un demi-million par an sur six ans. Leur contribution financière est marginale, soit moins de 4% du financement assuré par les Etats contributeurs. Mais pour le CICR, appelé à répondre à des besoins humanitaires qui explosent, ce soutien est nécessaire. Dans cette logique, le récent partenariat conclu avec la société danoise Novo Nordisk a du sens. Peter Maurer le justifiait récemment devant l’Association des correspondants du Palais des Nations (Acanu) : « Non, ce n’est pas de la philanthropie. Nous n’obtenons pas les médicaments [anti-diabète] de Novo Nordisk gratuitement. Mais ceux-ci peuvent être fournis à des populations vulnérables à des prix plus favorables. »
    Perception du CICR, un acquis fragile

    Difficile par ailleurs de demander au contribuable d’en faire davantage, la Confédération appuyant le CICR déjà à hauteur de 148 millions de francs (2017). Le financement par les Etats soulève aussi son lot de questions. Un ancien haut responsable de l’institution le souligne : « Les contributions versées par certains Etats relèvent plus de la stratégie de communication que d’un réel engagement humanitaire. » Un autre observateur ajoute : « Les Etats-Unis sont les premiers contributeurs étatiques du CICR. Or ils ont orchestré de la torture en Irak à partir de 2003. »

    Au CICR, on le martèle : le monde a changé. Gérer simplement l’urgence humanitaire ne suffit plus. Il faut « inscrire l’urgence dans la durée », dans le développement durable d’un Etat, d’une communauté. Le savoir-faire du secteur privé peut s’avérer utile pour améliorer des situations humanitaires catastrophiques lorsque les services de l’Etat se sont effondrés. Mais qu’obtiennent en contrepartie les entreprises stratégiques du CSG, hormis la possibilité d’utiliser le logo du CICR ? Membre du CSG depuis 2008, Credit Suisse y trouve son compte. Son porte-parole Jean-Paul Darbellay s’en explique : « Grâce à ce partenariat, nous bénéficions de nombreux échanges de connaissances et partageons notre expertise dans de plusieurs domaines d’activité : marketing, ressources humaines, collectes de fonds. »

    Credit Suisse apporte aussi son expertise au « WEF Humanitarian System Global Future Council présidé par Peter Maurer ». En aidant le CICR, la fondation néerlandaise Philips, membre du CSG, n’a pas d’objectifs commerciaux. Elle a développé avec lui un kit d’instruments pour la détection précoce des grossesses à haut risque dans des communautés fragiles ayant un accès limité à des services de santé. La société Roche n’attend pour sa part aucun « retour matériel sur investissement ».
    Un rôle flou

    « Notre intérêt, explique au Temps Yves Daccord, directeur général du CICR, réside surtout dans l’échange de compétences avec le secteur privé. Avec Swiss Re, nous avons un intérêt à coopérer avec le secteur de la réassurance. En Syrie, si on laisse le système s’effondrer, cela aura un énorme impact humanitaire. » Les critiques estiment toutefois que le CICR en fait trop en aidant ses partenaires à développer des activités économiques là où il est présent. Yves Daccord s’en défend : « Il est exclu que le CICR fournisse des renseignements situationnels à ses partenaires. Ce serait de la folie. » Devant l’Acanu, Peter Maurer précise : « Nous ne sommes pas impliqués dans la reconstruction. » Mais le président du CICR n’hésite pas à sensibiliser les partenaires stratégiques en les amenant sur le terrain. Lors d’une visite en Colombie en janvier 2017, lors de laquelle il rencontra le président Juan Manuel Santos, il avait « dans ses bagages » l’Avina Stiftung, Holcim Colombia ou encore Nespresso.

    Professeur émérite de l’Université du Nebraska et auteur du livre ICRC : A Unique Humanitarian Protagonist, David Forsythe connaît bien l’institution et salue son travail de terrain. Il questionne toutefois le rôle flou du CICR avec ses partenaires : « Personne ne remet en question la nécessité de travailler avec le secteur privé. Mais si cette coopération devait permettre aux entreprises partenaires de faire de l’argent, cela poserait un problème sérieux au vu de la mission strictement humanitaire du CICR. Et certaines multinationales pourraient chercher à redorer leur image en soutenant une telle organisation humanitaire. Il en va de même pour le choix par cooptation des membres de l’Assemblée du CICR. Il faut s’assurer qu’ils soient irréprochables et qu’ils ne soient pas sujets à des conflits d’intérêts. »
    La proximité avec le WEF critiquée

    L’autre aspect qui fait débat aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du CICR, c’est la double casquette de Peter Maurer, président du CICR depuis 2012 et membre du conseil de fondation du World Economic Forum (WEF) depuis novembre 2014. Cette double appartenance interpelle même les actuels collaborateurs. Après un message envoyé le 12 avril 2017 par le siège pour sonder les délégations et que Le Temps a pu consulter, l’une de ces dernières relève que la double casquette « met automatiquement le CICR du côté des puissants et des riches ». Les délégués sur le terrain pourraient en subir les conséquences.

    Or, explique une seconde délégation, le CICR est une institution « qui se présente comme ontologiquement proche des victimes ». Une autre délégation déplore l’association formelle au WEF alors que « le CICR a déployé d’énormes efforts durant la dernière décennie pour se débarrasser de son étiquette occidentale ». Elle se pose une question rhétorique : que se passerait-il si les FARC, le mouvement révolutionnaire colombien d’obédience marxiste, négociant avec le CICR, apprenait que le président du CICR était aussi au conseil de fondation du WEF, une organisation qui défend le libéralisme économique ? Le sondage semble avoir eu peu d’effet. Le mandat de Peter Maurer au WEF a été renouvelé sans problème en 2017. « On ne tient pas compte de nos remarques, explique un responsable encore en fonction. Nous sommes mis devant un fait accompli. » La direction élude le débat. Le sujet est devenu tabou.

    Le double mandat de Peter Maurer peut cependant prêter à confusion. Le 11 mai 2017, le président du CICR se rend à Kigali pour une réunion du WEF Afrique. Il y est invité par la ministre rwandaise des Affaires étrangères. Après quelques hésitations, Peter Maurer accepte l’invitation. La délégation du CICR à Kigali essaie de lui arranger un rendez-vous avec le président du Rwanda. En vain. Il faudra l’appel de Klaus Schwab, président du WEF, pour inciter Paul Kagame à rencontrer le patron du CICR. « Pendant seize minutes, tous deux ne parlent que du CICR, explique au Temps une personne qui était sur place. Pour Paul Kagame, il n’y avait pas de confusion possible : Peter Maurer parlait au nom du CICR. »

    Jugeant le WEF complaisant à l’égard des Emirats arabes unis et de l’Arabie saoudite, un ex-haut responsable du CICR en convient : « Cela n’a pas eu d’effet mesurable pour l’instant. Mais un accident n’est pas exclu. Je rappelle qu’au Yémen, le CICR est la seule organisation capable de parler à tous les acteurs. » Or ce sont les deux pays précités qui ont orchestré le blocus économique du Yémen, aggravant la situation humanitaire. Par ailleurs, être formellement associé au WEF est « risqué pour les délégués, notamment en Syrie, poursuit-il. Au WEF, plusieurs acteurs ont expliqué comment éliminer l’Etat islamique. » Le professeur David Forsythe avertit : « Si des acteurs locaux venaient à apprendre le mandat de Peter Maurer au WEF, cela pourrait devenir un sérieux problème. »
    L’exemple douloureux du Biafra

    La question de sa perception n’est pas anodine pour une organisation qui souhaite avoir accès à tous les belligérants. Car son image est parfois fragile. Le CICR en a fait l’expérience au moment de la crise du Biafra à la fin des années 1960, quand des gardes en uniforme du président de la Guinée équatoriale montèrent avec leurs motos à bord d’avions de la Croix-Rouge suédoise marqués du sigle générique de la Croix-Rouge. La scène aurait été filmée par un Hollandais.

    En Afrique, il faudra des années au CICR pour se débarrasser de cette fausse nouvelle selon laquelle il aurait participé à un trafic d’armes… Or c’était il y a près de cinquante ans. Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux, le risque de dégât d’image est décuplé. Peter Maurer le reconnaît lui-même : « Mon organisation ne bénéficie pas d’une neutralité garantie. C’est quelque chose que vous obtenez en établissant des relations de confiance avec les parties au conflit. Gagner leur confiance est un combat quotidien. » A propos de la tragique mort récente d’un collaborateur du CICR au Yémen, des délégués le déplorent sur le réseau Alumni Networks du CICR. Il aurait été abattu « parce qu’il était du CICR ». Etait-ce déjà une question de perception de l’organisation ?

    Yves Daccord comprend les arguments critiques par rapport au WEF, mais les conteste. « Notre choix stratégique ne consiste pas à observer, mais à faire partie de la discussion. Depuis huit ans, notre engagement a considérablement augmenté. Nous avons désormais une présence diplomatique dans les capitales des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Nous poursuivons une stratégie d’influence croisée pour renforcer notre discours humanitaire. » Dans cette logique, le WEF est une plateforme très utile où sont présents bon nombre d’acteurs (multi-stakeholders) auprès desquels le CICR peut exercer son influence pour renforcer son message humanitaire. « Quand le président chinois Xi Jinping est à Davos, qu’il rencontre le conseil de fondation du WEF et qu’il voit Peter Maurer, c’est important. Cela permet au CICR d’établir rapidement un lien avec le dirigeant chinois. Il faut nous juger sur nos objectifs, non sur une image arrêtée de la situation. »
    Changement de culture

    Au CICR, le choc des cultures est une réalité. Le monde a changé et l’institution genevoise aussi. Peter Maurer est beaucoup sur le terrain : en Libye, au Yémen, en Syrie. On reconnaît à cet ex-ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU à New York un grand talent diplomatique qui lui a valu de rencontrer les grands de la planète : Xi Jinping, Vladimir Poutine, Barack Obama. En termes de budget, l’organisation atteint désormais les 2 milliards. Pour les uns, c’est une course à la croissance effrénée par laquelle le CICR s’éloigne de sa mission spécifique de protection des civils pour embrasser toute une série d’activités de développement propres à une « agence para-onusienne ».

    Pour d’autres, c’est le génie de Peter Maurer qui a su réaliser qu’il fallait voir l’humanitaire dans une dimension plus large. Yves Daccord l’admet : « Oui, la culture de la maison a changé. » Le professeur David Forsythe met toutefois en garde : « Attention au style de management vertical propre à une grande multinationale. Malgré son excellente image et sa réputation, voyons si le CICR est toujours capable, au vu de ce management, d’attirer des délégués aussi engagés, dont il ne faut pas oublier qu’ils risquent leur vie sur le terrain. » Le CICR, semble-t-il sous-entendre, ne peut être soumis à une culture managériale identique à celle d’une multinationale, car en fin de compte, ce sont les gens du terrain qui sont sa raison d’être.

    https://www.letemps.ch/monde/liaisons-risques-cicr
    https://www.letemps.ch/monde/liaisons-risques-cicr
    #Lafarge #Syrie #conflit_d'intérêts #Lafarge #Holcim

  • Novartis a versé 400’000 dollars à une société liée à l’avocat de Trump RTS - mre - 9 Mai 2018

    La défense de l’actrice porno Stormy Daniels a révélé mardi que Novartis avait versé de l’argent à une société liée à l’avocat de Donald Trump. Le géant suisse a été contacté par le procureur spécial Mueller à ce sujet.

    La société Essential Consultants, contrôlée par Michael Cohen, a reçu entre fin 2017 et début 2018 quatre versements de 100’000 dollars en provenance de Suisse, révèle un document rendu public par l’avocat de Stormy Daniels.


    L’avocat de Stormy Daniels souligne que les versements ont eu lieu juste avant une rencontre à Davos entre Donald Trump et le future CEO de Novartis

    "En février 2017, Novartis a conclu un contrat d’un an avec #Essentiel_Consultants peu de temps après l’élection du président Trump. L’accord s’est concentré sur les questions de politique de santé aux États-Unis, a expliqué à reuters mercredi Novartis, qui a précisé que l’accord « a expiré en février 2018 ».

    La même société qui a payé pour le silence de Stormy Daniels
    Le groupe bâlois a affirmé avoir été contacté par l’équipe du procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur une éventuelle collusion entre l’équipe de campagne de Trump et Moscou : « Novartis a coopéré et transmis toutes les informations demandées et considère cette affaire comme close ».

    Essential Consultants est la structure qui a payé 130’000 dollars à #Stormy_Daniels en échange de son silence sur une relation supposée avec Donald Trump.


    #novartis #big_pharma #industrie_pharmaceutique #corruption #lobbying #capitalisme #pharmacie #influence #trump #etats-unis #international #donald_trump #usa #états-unis #metoo #balancetonporc #moiaussi #me_too

  • How Facebook Helps Shady Advertisers Pollute the Internet | Zeke Faux, Bloomberg, 27/03/2018
    https://www.bloomberg.com/news/features/2018-03-27/ad-scammers-need-suckers-and-facebook-helps-find-them

    It was a Davos for digital hucksters. One day last June, scammers from around the world gathered for a conference at a renovated 19th century train station in Berlin. All the most popular hustles were there: miracle diet pills, instant muscle builders, brain boosters, male enhancers. The “You Won an iPhone” companies had display booths, and the “Your Computer May Be Infected” folks sent salesmen. Russia was represented by the promoters of a black-mask face peel, and Canada made a showing with bot-infested dating sites.

    They’d come to mingle with thousands of affiliate marketers—middlemen who buy online ad space in bulk, run their campaigns, and earn commissions for each sale they generate. Affiliates promote some legitimate businesses, such as Amazon.com Inc. and EBay Inc., but they’re also behind many of the shady and misleading ads that pollute Facebook, Instagram, Twitter, and the rest of the internet.

    The top affiliates—virtually all of them young men—assemble a few times a year to learn the latest schemes and trade tips about gaming the rules set by social networks and search platforms. They think of themselves as kin to the surfers-slash-bank-robbers of the 1991 movie Point Break, just more materialistic, jetting from nightclub to Lamborghini race while staying a step ahead of the authorities. One San Diego crew took in $179 million before getting busted last year by the Federal Trade Commission for violating three laws governing online conduct.

    #Facebook #publicité

  • The Big Bank, #davos and Enterprise #saas
    https://hackernoon.com/the-big-bank-davos-and-enterprise-saas-33538036da30?source=rss----3a8144

    I have never been to Davos. The closest I got was running into our senior partner in the queue for coffee at London City Airport at 5.45am one morning. He was on his way to the Swiss junket looking as miserable as everyone else at that hour. Nonetheless I do have a Davos story. 6 or 7 years ago, I helped organise a discussion between one of the world’s largest mobile operators and the retail division of a global bank. My firm advised both companies and we wanted to explore ideas on how they might co-operate in mobile banking. The upshot was a small dinner in a room in the bank’s London offices. I brought along a regional sales director from the mobile operator. The global head of retail from the bank attended along with 3 or 4 hangers on. Everyone there was a committed leader, smart and (...)

    #enterprise-sales #big-bank #startup

  • La #Mondialisation des pauvres. Loin de Wall Street et de Davos

    La mondialisation ne se résume pas au succès de quelques multinationales et à la richesse d’une minorité de nantis. Les acteurs les plus engagés dans la mondialisation demeurent discrets, souvent invisibles. Depuis une trentaine d’années, les routes de l’échange transnational ont connu de profondes mutations. Elles relient aujourd’hui la Chine, l’atelier du monde, à un « marché des pauvres » fort de quatre milliards de consommateurs, en Algérie, au Nigeria ou en Côte d’Ivoire. Pour apercevoir ces nouvelles « Routes de la Soie », il faut se détacher d’une vision occidentalo-centrée et déplacer le regard vers des espaces jugés marginaux, où s’inventent des pratiques globales qui bouleversent l’économie du monde. On découvre alors une « autre mondialisation », vue d’en bas, du point de vue des acteurs qui la font.


    http://www.seuil.com/ouvrage/la-mondialisation-des-pauvres-armelle-choplin/9782021366525
    #livre #globalisation #marginalité #économie #marges #géographie_de_la_mondialisation #ressources_pédagogiques #post-modernisme #pauvreté #économie #marginalité #géographie #géographie_économique
    #inégalités #mondialisation_des_pauvres

    • Olivier Pliez : « Avec le #bas_de_gamme et la #contrefaçon, la mondialisation s’installe au plus près des pauvres »

      Les géographes #Armelle_Choplin et #Olivier_Pliez ont suivi à travers le monde les #vêtements, #jouets et autres extensions de cheveux de leur lieu de fabrication jusqu’au marché où ils sont vendus. Ces objets sont les indices d’une « mondialisation des pauvres » qui s’étend jusque dans les pays occidentaux.
      Peut-on parler de mondialisation sans passer par Wall Street, Davos, et tous les hauts lieux qui en sont habituellement les symboles ? Oui, répondent les géographes Armelle Choplin et Olivier Pliez dans la Mondialisation des pauvres (Seuil, La République des idées, 2018). Délaissant Manhattan ou la City de Londres, ils se sont rendus en #Afrique_du_Nord et dans le #golfe_de_Guinée, mais aussi en #Turquie et en #Chine, pour montrer que des espaces pauvres, que nous croyons exclus de la globalisation économique, ont aussi leurs réseaux internationaux. A défaut d’actions et de flux financiers, ces circuits voient transiter des produits bas de gamme : vêtements, électroménager, tongs, extensions de cheveux ou encore parpaings et ciment.
      En retraçant les parcours de ces #objets, ils dessinent les #réseaux d’une « #mondialisation_par_le_bas », de plus en plus sophistiqués et de plus en plus étendus. Né au cours des années 90 dans les marchés installés dans de nombreuses villes méditerranéennes comme Marseille, ce commerce à bas prix explose dans des métropoles chinoises d’envergure mondiale, où les produits bas de gamme s’exportent par conteneurs entiers. Olivier Pliez revient sur les logiques d’organisation de ce #commerce.

      Vous présentez cette « mondialisation par le bas » en suivant des objets à travers le monde. Comment les avez-vous choisis ?

      Nous avons sélectionné ceux qui révélaient l’étendue des réseaux à travers le monde. Nous racontons ainsi comment un homme d’affaires a fait fortune grâce aux extensions de cheveux artificiels : simple revendeur de mèches à Barbès dans les années 80, il est ensuite devenu le principal revendeur pour l’Europe, avant d’installer ses propres usines au Bénin puis au Nigeria, où il emploie 7 000 personnes ! Cet exemple de réussite économique, où des produits fabriqués en Afrique se vendent en Europe, nous pousse à sortir de nos schémas habituels : l’Afrique n’est pas seulement un continent pris au piège de la Françafrique ou de la Chinafrique. Certes, la mondialisation est avant tout un rapport de dominant-dominé, avec des riches qui exploitent des pauvres, des Nord qui profitent des Sud. Mais ces espaces pauvres et dominés intéressent le marché car ce sont des lieux de #consommation - je pense à des produits neufs mais aussi, par exemple, aux voitures de seconde main en provenance d’Europe - et parfois même des lieux de production d’objets que l’on ne trouve pas ailleurs. Nous essayons donc de montrer comment des marchands, des fabricants, qui ne sont pas les plus armés face à la mondialisation, arrivent tout de même à tirer parti de ces #réseaux_d’échanges.

      Comment a évolué ce commerce au fil du temps ?

      Tout a commencé dans les années 80 avec le « #commerce_au_cabas » : des gens se rendaient dans des marchés tel celui de #Belsunce à #Marseille. Ils achetaient des produits bas de gamme comme des vêtements, des objets électroniques ou du petit électroménager, qu’ils ramenaient à la main au Maghreb pour les rerevendre. Ce commerce est un succès, et la demande se fait de plus en plus forte, à tel point que les marchands augmentent les volumes et achètent les marchandises par conteneurs entiers. Ils vont alors se fournir vers des villes plus grandes : d’abord #Istanbul, puis #Dubaï, et enfin, des villes chinoises comme #Yiwu : véritable #ville-marché à deux heures de train au sud de Shanghai, on y trouve des magasins d’usines ouverts 364 jours par an, où l’on peut se fournir en « menus articles », c’est-à-dire des #appareils_ménagers, des #jouets, de la #papeterie, des #vêtements ou encore des #objets_religieux. Dans les cafés, des marchands parlent « affaires », dans toutes les langues.

      Marseille, Istanbul, Dubaï, et maintenant Yiwu : pourquoi ce commerce se déplace-t-il à l’Est ?

      Chaque changement de ville correspond à un élargissement des lieux de consommation, et donc à une augmentation de la demande. A Marseille dans les années 90, le marché alimente surtout le #Maghreb. Puis les marchands maghrébins sont partis se fournir à Istanbul, au moment où la chute de l’URSS fait exploser la demande de consommation dans l’aire ex-soviétique. Cette ville offre alors des prix plus intéressants que Marseille. Lorsque Dubaï émerge à son tour, ce sont l’#Iran et toute la #corne_de_l’Afrique qui s’ajoutent à la liste des lieux de consommation. Enfin, en Chine, Yiwu est une #ville_globale, qui vend des produits dans le monde entier. En plus des affiches en arabe ou en russe, on voit aussi des panneaux en espagnol, preuve de la présence de marchands latino-américains.

      Les villes qui se font doubler perdent-elles leur rôle commercial ?

      A Marseille, le #marché_de_Belsunce a disparu et le quartier est en cours de #gentrification. A Istanbul ou Dubaï, villes très internationales, le commerce reste très actif mais répond à des besoins plus spécifiques : par exemple, Dubaï assure des livraisons plus rapides que Yiwu. Plus largement, pour rester en compétition, de nombreuses villes se spécialisent : celles de #Malaisie vendent des #meubles_en_bois, celles du #Vietnam du #textile, etc.

      Qu’est-ce qui explique en Chine le succès de Yiwu, bien moins connue qu’Istanbul ou Dubaï ?

      Yiwu est connue des grossistes, pas des touristes. Contrairement à ses concurrentes, elle s’est développée pour le marché, alors qu’ailleurs, le marché naissait dans la ville préexistante. A la fin des années 90, Yiwu a fait le choix d’installer des magasins ouverts toute l’année, alors que ses concurrentes chinoises proposaient des foires ouvertes dans un temps limité, ce qui était plus contraignant pour les acheteurs. De plus, elle permet l’exportation sur de petits volumes - l’équivalent d’un demi-conteneur -, ce qui attire des marchands moins fortunés. Et puis, Yiwu a aussi élargi ses gammes de produits, en continuant à vendre du bas de gamme, mais en ajoutant des éléments de meilleure qualité, toujours dans le domaine du vêtement, des jouets, du papier. Il y a quelques années, on y trouvait jusqu’à 90 % de produits de contrefaçon. Ce n’est plus le cas. Cela permet d’atteindre de nouveaux marchés de consommation, jusque dans les pays du Nord ! En France, certaines grandes surfaces discount ou de petites boutiques proposent des produits venus de villes comme Yiwu.

      Donc, la « mondialisation des pauvres » concerne aussi les pays riches ?

      Oui. On le voit par exemple à #El_Eulma, le plus grand marché d’#Algérie, connu dans tout le Maghreb. On y trouve notamment des vêtements et des #fournitures_scolaires que tout le monde vient acheter, y compris des personnes qui vivent en Europe mais qui y viennent pendant leurs vacances. Les mêmes types de produits sont ainsi présents en #Afrique, en #Amérique_latine, en #Asie_du_Sud-Est, mais aussi ainsi dans les pays occidentaux : à Yiwu, les Etats-Unis et l’UE figurent en bonne place dans les listes de clients importants. C’est en quelque sorte l’illustration concrète des nouvelles routes de la soie que la Chine étend dans le monde entier. Aujourd’hui, des trains relient Yiwu à Téhéran, mais aussi à Madrid et à Londres ou Budapest. Economiquement, le #transport_maritime reste moins coûteux, mais c’est un symbole important de l’étendue de sa puissance commerciale.

      Ces réseaux commerciaux pourront-ils satisfaire les futurs besoins de l’Afrique, en forte croissance démographique ?

      En ce qui concerne le besoin de consommation, oui. Ce sera notamment le cas du golfe de Guinée : cette région portuaire de 30 millions d’habitants, anglophones ou francophones, a de bons atouts pour s’intégrer aux réseaux mondiaux. Pour d’autres zones, comme pour la bordure méridionale du Sahel, ce sera plus dur, même si les grandes capitales de cette zone affichent des publicités pour le port le plus proche, ce qui montre l’existence de lien avec le commerce international. En revanche, les activités économiques ne fourniront pas d’emploi à tout le monde, loin de là.

      Votre livre montre des commerçants qui circulent dans le monde entier. Comment analyser les contraintes que leur impose la politique migratoire européenne ?

      Tous les spécialistes des migrations disent depuis trente ans : laissez-les circuler ! Les conséquences de la fermeture des frontières européennes sont faciles à mesurer. Dans les années 90 et 2000, Istanbul a attiré de nombreux commerçants qui ne pouvaient pas se rendre en France faute de #visa. Aux Etats-Unis, des travaux ont montré la même chose dans les relations avec l’Amérique latine : les personnes avec un double visa circulaient et créaient cette mondialisation. Quand les contraintes de circulation s’accroissent, le commerce ne s’arrête pas, il se reporte. C’est bien ce qu’ont compris les Chinois en créant Yiwu et en y garantissant un bon accueil des marchands maghrébins, et plus largement, arabes.

      Avec cette image d’hommes et de produits circulant pour le plus grand bien de tous, ne glisse-t-on pas vers une « mondialisation heureuse » qui néglige la question des inégalités ?

      Nous dénonçons cette mondialisation qui est source d’inégalités. Mais nous essayons de comprendre comment elle s’installe au plus près des pauvres pour les inclure dans le #marché. Ce n’est pas une mondialisation plus angélique que l’autre, mais on n’en parle pas ou peu, notamment parce qu’il est difficile de quantifier les #flux qui circulent, comme on le fait pour les autres lieux de la mondialisation. Il manquait aussi une géographie à ce champ très marqué par les sociologues et les anthropologues, c’est ce que nous avons voulu faire.

      http://www.liberation.fr/debats/2018/04/06/olivier-pliez-avec-le-bas-de-gamme-et-la-contrefacon-la-mondialisation-s-
      #frontières #ouverture_des_frontières #fermeture_des_frontières #circulation #route_de_la_soie (les nouvelles "routes de la soie")

  • Bonjour,

    Comme vous l’avez peut-être appris, John Perry Barlow est décédé le 7 février des suites de ses problèmes cardiaques. Personnage flamboyant, auteur de la "Déclaration d’indépendance du cyberespace" (8 février 1996, hasard des dates), Barlow occupe une place à part dans la "mythologie" de l’internet. Bien que l’on puisse contester ses idées et son approche libertarienne, il faut lui reconnaître une plume, un style, une énergie hors du commun, qui a marqué très largement les discours sur l’internet et le cyberespace.

    L’auteur de science-fiction cyberpunk Bruce Sterling décrit Barlow en 1992 comme « un pur extraterrestre de la pratique des réseaux informatiques. Il avait une écriture de poète, concise et imagée. Il avait également la perspicacité d’un journaliste, ainsi qu’un esprit loufoque et le sens profond de l’autodérision. Enfin, il était tout simplement doué d’un charme personnel phénoménal. »

    Il est donc tout naturel que John Perry Barlow, et notamment son texte « La déclaration d’indépendance du cyberespace », ait été commenté par les auteur·e·s de C&F éditions. Quelques extraits ci-dessous.

    Olivier Ertzscheid : "L’appétit des géants : pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes"
    https://cfeditions.com/geants

    danah boyd : "C’est compliqué : les vies numériques des adolescents"
    https://cfeditions.com/boyd

    Fred Turner : "Aux sources de l’utopie numérique : de la contre-culture à la cyberculture, Stewart Brand un homme d’influence"
    https://cfeditions.com/utopieNumerique

    Olivier Ertzscheid

    L’auteur de « L’appétit des géants » lui a rendu un hommage très particulier et significatif dans les colonnes de Libération du 9 février. Il propose de ré-écrire la « Déclaration d’indépendance du cyberespace » en version 2018... non plus en s’adressant aux tenants du monde industriel, comme le faisait Barlow en 1996, mais aux géants du monde numérique qui emprisonnent l’énergie des internautes dans leurs systèmes de contrôle et leurs espace privés.

    Extrait :

    « Plateformes aux tons pastels et aux logos colorés, vous géants fatigués aux CGU d’airain et aux algorithmes d’acier, je viens du temps des internets d’avant, où nous n’avions pas de "comptes" mais des pages, où chacun pouvait disposer d’une adresse et n’était pas contraint d’habiter par habitude et par lassitude sous le même grand F bleu qui orne votre jardin fermé, et de vivre dans cette fausse proximité que vous nous avez tant vanté et qui est d’abord une toxique promiscuité.

    Au nom du présent que vous avez institué, je vous demande à vous qui êtes désormais le passé, de nous laisser tranquilles. Vous n’êtes plus les bienvenus parmi nous. Vous avez trop de souveraineté pour que celle-ci ne soit pas enfin questionnée et abolie. »

    On peut retrouver le texte complet et l’introduction/hommage sur Libération (http://www.liberation.fr/debats/2018/02/09/une-nouvelle-declaration-d-independance-du-cyberespace_1628377) et sur le blog Affordance (http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2018/02/nouvelle-declaration-independance-cyberespace-hommage-john-perry )

    danah boyd :

    C’est dans la « Déclaration d’indépendance du cyberespace » que John Perry Barlow utilisa le premier la notion de " digital natives ". Jeune geekette à l’époque de ce texte, danah boyd est resté frappée par la verve de Barlow... mais montre elle aussi combien les dynamiques ont changé, et combien cette notion de "digital natives" est devenu la tarte à la crème des spécialiste du marketing, mais ne représente rien pour les jeunes, ni pour les sociologues.

    extrait :

    « Des manifestes, à l’image de la "Déclaration d’indépendance du cyberespace" de John Perry Barlow en 1996, me parlaient profondément. Barlow disait alors devant les leaders économiques réunis au forum de Davos que la nouvelle « maison de l’Esprit » permettait des « identités sans corps ». J’étais fière d’être une de ces enfants dont il parlait, et qui se vivait comme « native » de cette nouvelle civilisation.

    Vingt ans après, les dynamiques de l’identité en ligne s’avèrent très largement différentes de ce que les premiers adeptes de l’internet avaient imaginé. Même si les jeux en ligne et les mondes virtuels sont populaires parmi certains groupes de jeunes, il existe une différence culturelle majeure entre les sites qui permettent d’endosser un rôle et les médias sociaux, largement plus fréquentés, qui tendent à encourager une atmosphère beaucoup moins fictionnelle. Même si les pseudonymes sont fréquents dans ces environnements, le type de travail de l’identité qui se déroule dans les médias sociaux tels Facebook est très différent de celui que Turkle avait imaginé au départ. De nombreux adolescents aujourd’hui vont en ligne pour socialiser avec des amis qu’ils connaissent dans le monde physique, et ils se définissent eux-mêmes dans des contextes en ligne qui interagissent fortement avec des communautés sociales non-médiées. Ces pratiques, qui encouragent une plus grande continuité entre les mondes en ligne et hors ligne des adolescents, étaient bien moins fréquentes quand j’étais jeune. »

    et

    « La notion de digital natives a des racines politiques, principalement issues du techno-idéalisme américain. Dans sa volonté de contraindre l’élite globale à reconnaître l’importance de la société numérique émergente, John Perry Barlow, un poète reconnu, par ailleurs cyberlibertarien notoire, a forgé ce concept pour diviser le monde entre « eux » et « nous ». Barlow, connu pour avoir été le parolier du groupe The Grateful Dead, savait facilement trouver des mots provocants pour exprimer ses opinions politiques. Ce manifeste lançait un défi explicite aux « gouvernements du monde industriel ». En plaçant ceux qui « venaient du cyberespace » en opposition au monde du passé, il organisait l’affrontement des « natifs » et des « immigrants ».

    Barlow n’était certainement pas le premier à suggérer que les jeunes sont, en raison de leur date de naissance, intimement partie prenante de ce paysage numérique émergent. Mais son langage poétique a mis en relief les craintes implicites d’une fracture générationnelle qui accompagnerait les technologies. En écrivant sa déclaration, il voulait susciter des réactions… et il y est parvenu. Mais beaucoup ont pris sa métaphore au premier degré. Il était fréquent de voir des discours publics mettre en avant l’idée que les « natifs » auraient des pouvoirs et des compétences techniques particulières. L’idée sous-jacente de ces lectures de Barlow est que les adultes doivent craindre ces jeunes qui auraient hérité d’un savoir à leur naissance. »

    Fred Turner

    C’est bien entendu l’historien de l’internet Fred Turner qui offre dans son livre « Aux sources de l’utopie numérique » les hommages comme les critiques les plus soutenues de l’oeuvre et de l’approche de John Perry Barlow.

    Extraits :

    « Barlow rappelait à ses lecteurs « Je vis à barlow@eff.org. C’est là où j’habite. C’est ma maison. Si vous voulez me parler, c’est le seul endroit où vous êtes sûrs de me trouver, à moins que vous ne soyez déjà en face de moi – physiquement. Il est impossible de savoir où je suis. Depuis avril, je ne suis pas resté plus de six jours dans un même lieu. » Dyson et Barlow s’étaient transformés en paquets d’informations, au sens métaphorique, naviguant de conseils d’administration en conférence et agences de presse. Leur perception de l’espace s’était disloquée et s’ils avaient toujours le sentiment d’avoir un foyer, ce dernier était devenu distribué, collant parfaitement à leur idée d’avoir une maison sur la toile.

    De prime abord, la représentation du monde en système d’information telle que le conçoit Kelly s’inscrit fortement dans la pensée d’une époque, celle des années quatre-vingt-dix. Une analogie entre réseaux d’entreprises et écosystèmes naturels sous-tend cette représentation. Une analogie qui imprègne la vision, commune à Barlow et Dyson, d’un monde libéré de sa bureaucratie et guéri de sa schizophrénie grâce à l’internet. Mais à y regarder de plus près, elle pose également une énigme historique. L’idée selon laquelle le monde matériel peut être comparé à un système d’information et modélisé par ordinateur ne date pas de l’internet, mais apparaît bien plus tôt, durant la Seconde Guerre mondiale, dans et autour des laboratoires de recherche financés par l’État, notamment le Radiation Laboratory du MIT. Ces laboratoires ont orienté le développement de l’informatique aux États-Unis.
    [...]
    En 1990, la technologie et les méthodes de management caractérisant le WELL, en sus des réseaux qui s’étaient regroupés autour du système et des organisations proches du Whole Earth, servirent de références pour redefinir le cyberespace lui-même. Cette année-là, John Perry Barlow, expert en informatique, fut unanimement désigné comme la première personne à avoir accolé le mot cyberespace à ce qui n’était encore que le croisement entre les télécommunications et les réseaux informatiques. Puisant largement dans son expérience du WELL, il décrivait ce nouveau cyberespace structuré autour de réseaux informatiques comme une « frontière électronique ». Ce faisant, il bousculait la représentation autrefois dystopienne d’une informatique interconnectée en un espace imaginé pour que les individus puissent se recréer et construire leurs communautés dans les termes provenant des idéaux néo-communalistes. À l’instar des territoires ruraux des années soixante, le cyberespace de Barlow demeurerait au-delà de tout contrôle gouvernemental. Et tout comme un happening ou un Acid Test, il fournirait le décor et les outils au travers desquels les individus entretiendraient des liens intimes et désincarnés entre eux. En invoquant l’image de la frontière électronique, Barlow métamorphosait les normes locales du WELL, notamment son éthique communautarienne dérivée du Whole Earth, son allégeance à une forme de gouvernance non hiérarchique et sa rhétorique cybernétique, en une métaphore universelle de l’informatique en réseau. Dès le milieu des années quatre-vingt-dix, l’image du cyberespace telle que dessinée par Barlow était sans nul doute devenue l’emblème le plus populaire non seulement des formes émergentes de communication via réseaux informatiques, mais également des formes horizontales d’organisation sociale ou encore des modèles dérégulés de transactions économiques.
    [...]

    Durant l’été 90, Barlow se rendit dans les bureaux du VPL Research de Jaron Lanier et endossa une paire de visiophones et de gants de données VPL. Il publia dans Mondo la description suivante de son expérience : « Soudain, je n’ai plus de corps. Tout ce qui reste du fatras vieillissant qui constitue la plupart du temps mon enveloppe corporelle, c’est une main auréolée d’or qui flotte devant moi telle la dague de Macbeth. Je pointe un doigt vers l’étagère de livres accrochée au mur du bureau et la parcours lentement de haut en bas sur toute sa hauteur... Dans cet environnement palpitant d’inconnu, j’ai été réduit à un seul point de vue. Le sujet “moi” bée intégralement dans un abîme de questions brûlantes. Un véritable Dysneyland pour épistémologues. » Barlow aurait très bien pu décrire là un trip sous acide. Malgré toutes les technologies numériques impliquées, l’expérience dont Barlow fait le récit appartient autant aux années soixante qu’aux années quatre-vingt-dix. Et au cas où le lecteur n’aurait pas percuté, Barlow cite Lanier : « Je pense que c’est le truc le plus incroyable depuis notre virée sur la lune » .

    Barlow qui s’était converti plutôt tardivement à la puissance des technologies numériques, était cependant un vieux briscard du mysticisme et du LSD. Fils de propriétaires de ranch dans le Wyoming, il avait été élevé dans un esprit Mormon, attaché au Parti Républicain. Il n’avait pas été autorisé à regarder la télévision avant l’âge de 11 ans et lorsqu’il le put, il regarda essentiellement des programmes de télévangélistes. À 14 ans, il fut envoyé dans une école catholique et, ironie du sort, c’est à ce moment-là qu’il commença à perdre la foi. À la n des années soixante, alors qu’il fréquentait l’Université de Wesleyan dans le Connecticut, il prit régulièrement part aux activités du groupe de Timothy Leary situé à Millbrook, dans l’État de New York. Sa foi refit surface à l’issue de son premier voyage sous acide. « Le sentiment qu’il y avait quelque chose de sacré dans l’univers m’animait de nouveau », raconta-t-il plus tard. Mais cette présence sacrée ne pouvait être contenue dans un dogme en particulier. Barlow se tourna plutôt vers les inclinations mystiques de Pierre Teilhard de Chardin, prêtre catholique dont il avait découvert les œuvres lorsqu’il était à l’université, et de Gregory Bateson, dont il avait lu Steps to an Ecology of Mind au début des années soixante-dix.
    [...]

    Au début du mois de juin, peu de temps après avoir lu le récit de Barlow sur le WELL, dans un geste qui est depuis entré dans la légende de la cyberculture, Kapor qui se trouvait à proximité de Pinedale, Wyoming, à bord de son jet privé, appela Barlow depuis son avion et lui demanda s’il pouvait faire halte chez lui. Ils s’étaient rencontrés auparavant tant socialement que professionnellement (Barlow avait interviewé Kapor pour le compte d’un magazine informatique) mais ne se connaissaient pas vraiment pour autant. Cet après-midi-là, assis dans la cuisine de Barlow, ils échangèrent sur les différentes opérations répressives menées alors par le gouvernement. Ils décidèrent ensemble de créer une organisation nommée la Computer Liberty Foundation. [...]
    La première et la plus influente des métaphores auxquelles se référait Barlow fut celle de la « frontière électronique ». Kapor et Barlow, tous deux maîtres incontestés de la mise en réseau, obtinrent rapidement une couverture médiatique pour leur nouvelle organisation ainsi que des propositions de financement en provenance de Steve Wozniak, cofon- dateur d’Apple, et de John Gilmore de Sun Microsystems. Ils initièrent une conférence sur le WELL et recrutèrent Stewart Brand pour étoffer le conseil d’administration de la fondation
    [...]

    Tous ceux qui étaient présents au dîner s’accordèrent sur l’idée que l’informatique en réseau était selon les propres termes de Barlow « d’authentiques confins ». « J’ai proposé Electronic Frontier Foundation durant le repas », se souvint Barlow, « et tout le monde semblait trouver ça bien. »

    En dépit de leur orientation libertarienne, les plumes d’Esther Dyson, de John Perry Barlow et de Kevin Kelly exhalaient un parfum de nostalgie d’un monde égalitaire. Pour ces auteurs, et pour ceux que leurs écrits auront guidé, l’internet public des premiers temps semblait préfigurer et aider à faire naître un monde dans lequel chaque individu pourrait agir dans son propre intérêt et dans le même temps produire une sphère sociale unifiée, un monde dans lequel nous serions « tous un ». Cette sphère ne serait pas gouvernée par les décisions de politiques agonistiques, mais s’en détournerait pour suivre le chemin de la prise de pouvoir individuelle assistée par les technologies et l’établissement d’agoras en pair à pair. Pour les prophètes de l’internet, comme pour celles et ceux qui s’en retournèrent à la terre quelque trente ans plus tôt, c’était le gouvernement, imaginé en colosse bureaucratique écrasant, qui menaçait de détruire l’individu ; l’information, la technologie et le marché représentaient alors le salut. »

    La boucle est bouclée. Du Barlow prestidigitateur du discours de l’internet à la situation de concentration et de dépendance actuelle de l’internet à une poignée de géants, il était temps de faire revivre des utopies positives pour que l’internet redevienne ce compagnon de la liberté et de l’action collective. Ce qu’Olivier Ertzscheid a tenté de faire dans son hommage/pastiche de la « Déclaration d’indépendance du cyberespace - V2.0 »

    Bonnes lectures à vous.

    Hervé Le Crosnier

    #John_Perry_Barlow #Fred_Turner #danah_boyd #Olivier_Ertzscheid #C&F_éditions

  • Erik Prince, un « chien de guerre » dans les arcanes de la Maison Blanche

    http://www.lemonde.fr/international/article/2018/02/09/erik-prince-un-chien-de-guerre-dans-les-arcanes-de-la-maison-blanche_5254319

    Cet ancien militaire et fondateur de la société privée de sécurité Blackwater, jugée responsable d’exactions en Irak, a désormais ses entrées à Washington et envisage de se lancer en politique.

    Certains épisodes d’une vie ont l’apparence d’une incroyable répétition. Le 30 novembre 2017, la fine fleur du renseignement américain a les yeux rivés sur le Congrès, à Washington. Erik Prince, costume sombre et cravate rouge, cheveux ras, est convoqué par une commission d’enquête de la Chambre des représentants. Le fondateur de société militaire privée Blackwater et frère de la ministre de l’éducation Betsy DeVos est soupçonné d’avoir rencontré un financier russe aux Seychelles, neuf jours avant l’investiture du président Donald Trump, dans le but de créer un canal de communication discret entre le nouveau président des Etats-Unis et Vladimir Poutine. Cette rencontre, révélée en avril 2017 par le Washington Post, a encore un peu plus épaissi la ténébreuse affaire dite du Russiagate, l’enquête sur les interférences russes durant la présidentielle américaine.

    Devant une vingtaine d’élus, Erik Prince apparaît droit dans ses bottes, raide dans ses commentaires, sûr de lui. Lui, le baroudeur, l’ex-commando du corps d’élite des Navy Seals, l’ancien patron de l’armée privée la plus puissante au monde, le généreux donateur du Parti républicain et conseiller officieux du président. Il arbore un léger sourire en coin, presque hautain, impatient. Devant les élus, il ne dira pas grand-chose. Erik Prince accusera l’administration Obama de l’avoir surveillé illégalement, sans donner ses sources, ni convaincre les congressistes.

    Le rendez-vous aux Seychelles n’aurait, lui, duré qu’une demi-heure, peut-être même moins. Le temps d’une bière au bar d’un hôtel de luxe, « quatre étoiles ou plus », mais dont le nom lui échappe. Une discussion banale en somme, entre deux hommes d’affaires : « Je me souviens lui avoir dit que si Franklin Roosevelt a pu travailler avec Joseph Staline pour battre les nazis, alors Trump pourrait certainement travailler avec Poutine pour vaincre le fascisme islamique. Il semblait d’accord. » Rien d’autre. Pas de deal, aucun autre rendez-vous. Il ne se souvient même pas avoir échangé une carte de visite.

    « Rencontre d’affaires informelle »

    Le fait que son interlocuteur, Kirill Dmitriev, soit le patron du Fonds russe d’investissements directs, un consortium sous le coup de sanctions américaines depuis 2015, n’a pas l’air de l’émouvoir. Tout comme le fait que ce même Dmitriev, issu des premiers cercles de Poutine, croisera à Davos, une semaine après leur rencontre, Anthony Scaramucci, alors conseiller du président Trump avant de devenir brièvement son porte-parole.

    Le feu roulant de questions n’a pas d’effet. Erik Prince reste flou sur l’initiateur de la rencontre, « un des frères », se souvient-il vaguement, du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed. Un prince héritier présent lui aussi sur l’île des Seychelles le jour de la rencontre et avec lequel Prince dit s’être entretenu un peu plus tôt dans la soirée pour « parler affaires de manière informelle » et « partager quelques points de vue » sur le théâtre du monde, « ou ce genre de choses comme le terrorisme en Somalie, en Libye, au Nigeria ».

    Erik Prince restera tout aussi évasif sur une éventuelle intermédiation d’un de ses proches, Steve Bannon. L’éminence grise et directeur de campagne de Donald Trump avait rencontré discrètement l’homme fort d’Abou Dhabi en décembre 2016, à New York, dans la Trump Tower, en compagnie du gendre du président, Jared Kushner, et de Michael Flynn, alors futur conseiller à la sécurité nationale, aujourd’hui poursuivi dans l’enquête du Russiagate.

    Zones d’ombre

    Etrange prestation. L’audition aura duré plus de trois heures sans qu’Erik Prince ne dévoile quoi que ce soit. Trois heures pour protéger ses réseaux et défendre ses proches. Tout comme il l’avait fait il y a dix ans, ici même, au Capitole, devant une autre commission de la Chambre, le 2 octobre 2007. Ce jour-là, pour la première fois, le nom de M. Prince renvoyait à un visage. Et il affichait déjà un aplomb déconcertant. Jeremy Scahill, auteur à l’époque d’une somme sur le personnage (Blackwater : l’émergence de l’armée de mercenaires la plus puissante au monde, Actes Sud, 2008), dira même qu’il était « provocant ». Lui était là pour répondre sur les agissements de sa société Blackwater devenue le symbole d’une entreprise de cow-boys hors de contrôle et profiteurs de la guerre en Irak. Deux semaines plus tôt, le 16 septembre, une de ses équipes avait tué 17 civils irakiens place Nisour, en plein centre de Bagdad.

    Dix ans séparent les deux auditions. Dix années truffées de zones d’ombre. Comme si la vie d’Erik Prince n’était qu’une longue nage en eaux troubles, jalonnée de hauts et de bas, mais jamais terminée. Assis au bar du Mayflower, hôtel iconique de Washington, surchauffé en cette froide journée de janvier, l’homme sourit en attendant son rendez-vous avec Le Monde. Pendant tout l’entretien, il ne prononcera pas un mot de plus sur son escapade dans l’océan Indien. « Tenez-vous en au transcript de l’audition », conseille-t-il. Et puis ceci :

    « On me prête beaucoup, surtout les médias de gauche qui sont le plus grand fléau de notre démocratie. Ils cherchent à faire leurs choux gras sur mon nom depuis tant d’années. Oui, je représente tout ce que les démocrates aiment détester. »
    Pour comprendre ce qui anime Erik Prince, il faut explorer son histoire personnelle, démêler aussi les liens qu’il a tissés au fil de son ascension avec la frange la plus religieuse et conservatrice du Parti républicain, aujourd’hui au pouvoir. Né en 1969 à Holland, dans un quartier calme et tranquille, le jeune Prince appartient à une très riche et puissante famille de l’Etat du Michigan. Son père, Edgar, qui s’engagea deux ans dans l’US Air Force, fait fortune en créant une entreprise de pièces détachées pour automobiles, la Prince Manufacturing. Il sera l’inventeur du pare-soleil au miroir éclairé par un spot lumineux, un accessoire qui allait équiper pratiquement chaque voiture dans le monde et envoyer la famille Prince dans la sphère des milliardaires.

    Figure paternelle forte

    Les journées de seize à dix-huit heures ont raison de la santé du père, frappé au début des années 1970 par une crise cardiaque, à laquelle il survit. Déjà très croyant, Edgar Prince se rapproche encore un peu plus de Dieu. « C’est à ce moment-là, allongé dans son lit d’hôpital à méditer sur tout ce que son labeur lui avait apporté qu’il a renouvelé sa foi en Jésus-Christ », dira l’ami de la famille, Gary Bauer, un des leaders de la droite religieuse et fondateur du lobby chrétien de droite, le Family Research Council.

    Fidèle soutien du Parti républicain, adepte d’une économie de libre marché et désormais grand propagandiste des valeurs chrétiennes, l’industriel marie sa fille Betsy, sœur aînée d’Erik, à Dick DeVos. Le père du jeune homme, Richard DeVos, est le fondateur d’Amway, le géant de la vente directe en réseaux. Une entreprise qui deviendra dans les années 1990 une des sociétés les plus actives dans le processus électoral américain, en utilisant son infrastructure comme un réseau d’organisation politique. Unis, les clans DeVos et Prince deviennent également les principaux financiers du Forum familial du Michigan (MFF), la branche locale de Focus on the Family de James Dobson, une puissante organisation de la droite religieuse et des extrémistes chrétiens.

    Erik Prince est très proche de son père. Dès son enfance, il règle son pas sur le sien. « Je passais des heures à parler avec lui », se souvient-il. Jeune sportif, il joue au foot et au basket dans les écoles chrétiennes de Holland, soutenues financièrement par sa famille. Dans l’entreprise paternelle, il se familiarise avec les principes de la firme reproduits dans ses brochures : « Ce sont les gens qui font la différence » ou encore « l’excellence est le résultat de l’engagement et du dur labeur de personnes dévouées ». « Je crois que j’ai toujours sa voix au-dessus de ma tête, affirme Erik Prince. Cette idée d’être toujours le bon gars dans ce qu’on fait, faire le plus avec ce que l’on a. »

    « Vision du Bien et du Mal »

    Pour ses 7 ans, il s’envole avec ses parents en Europe. Au programme, les plages de Normandie, Munich et le camp de Dachau, Berlin et son Mur : « Cela a marqué le gamin que j’étais. Cette haute muraille, les champs de mines, les pièges à chars, les barbelés et tous ces fusils m’ont renvoyé l’image d’une nation devenue une gigantesque prison. La vision du Bien et du Mal s’est ancrée en moi, même si celle-ci s’est nourrie d’un peu de cynisme avec le temps. »

    Dans la maison des Prince, Erik croise régulièrement un nouvel ami de la famille, Chuck Colson, l’ancien conseiller spécial de Richard Nixon, perçu par beaucoup comme le « génie du mal » de l’ancien président. Colson fut la première personne à être condamnée dans l’affaire du Watergate après avoir plaidé coupable d’obstruction à la justice. Une fois sorti de prison, il écrivit Born Again, un livre évoquant sa conversion, et deviendra une des voix les plus influentes des mouvements évangéliques.

    Après le lycée, il rentre à l’Académie navale du Maryland. L’atmosphère ne lui plaît pas, trop dilettante et en même temps trop politiquement correcte à ses yeux. Il démissionne pour s’inscrire au Hillsdale College du Michigan, l’établissement le plus conservateur du pays d’après un classement de la Princeton Review. « Erik Prince était brillant et parlait bien, déclarera un de ses professeurs d’économie. Ce qui est bien chez lui, c’est qu’il comprend la relation entre le marché et le système politique. »

    Engagement politique

    Avec l’âge, Erik s’engage de plus en plus en politique. Il décroche un stage de six mois à la Maison Blanche sous George Bush père. Il a 19 ans et fait son premier don, d’un montant de 15 000 dollars, au Comité national républicain du Congrès. Un soir, sur une piste de bowling, il croise l’élu républicain californien Dana Rohrabacher. Prince lui fait part de ses critiques à l’égard d’une administration qu’il trouve trop peu conservatrice. Alors assistant spécial et rédacteur des discours de Ronald Reagan, il l’invite à travailler un temps dans son bureau. Les deux hommes ne se perdront plus de vue.

    Au cours de la première audition d’Erik Prince au Congrès, Dana Rohrabacher le soutiendra à sa manière, affirmant que son ami « était sur la voie pour devenir un héros américain tout comme l’était Oliver North », l’ancien colonel de l’armée américaine impliqué dans le scandale de l’Irangate au milieu des années 1980. L’élu ultraconservateur se rendra célèbre par la suite pour ses prises de position pro-russes. Plus récemment, il essaiera d’obtenir la grâce de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, auprès du président Trump. Depuis décembre 2017, Rohrabacher fait partie de la liste de personnalités interrogées dans le cadre de l’enquête russe.

    En 1992, Erik Prince s’emballe pour le candidat Pat Buchanan qui se présente avec un programme d’extrême droite, contre l’immigration, contre l’avortement et contre les homosexuels. La même année, il intègre les commandos Seals. Il servira en Haïti, en Bosnie et au Moyen-Orient, la plupart des points chauds du premier mandat Clinton. C’est durant ces quatre années, entre 1992 et 1996, qu’il rencontrera la plupart des personnes avec lesquelles il lancera Blackwater.

    Rester lié à l’armée

    Avec la mort de son père et un cancer en phase terminale diagnostiqué chez sa première femme, Erik Prince quitte les Seals en 1996 pour revenir auprès de sa famille. Celle-ci décide de vendre la société au groupe Johnson Controls pour 1,35 milliard de dollars, cash. « Je voulais rester lié à l’armée, expliquera Erik Prince quelques années plus tard. J’ai donc construit un complexe pour offrir un site de première classe aux militaires américains et aux alliés étrangers, ainsi qu’aux organismes de maintien de l’ordre, privés et gouvernementaux, qu’ils puissent se préparer à affronter le Mal. » En clair, un centre d’entraînement, qu’il inaugure en décembre 1996, à Moyock (Caroline du Nord), dans une immense tourbière située près de la base navale de Norfolk. L’année suivante, il acquiert plus de 2 000 hectares dans les comtés de Currituck et Camden voisins.

    L’époque est porteuse. Blackwater naît au moment d’une privatisation massive et sans précédent de l’armée, un mouvement lancé entre 1989 et 1993 par Dick Cheney du temps où il était le secrétaire à la défense de Bush père. Le budget de la défense est réduit de 10 milliards de dollars. Le nombre de soldats passe de 2,2 à 1,6 million. « L’idée était de réserver les troupes régulières pour le combat, tandis que les soldats privés s’occuperaient de la logistique à l’arrière-plan », écrit Dan Briody dans son livre The Halliburton Agenda (John Wiley and Sons Ltd, 2005, non traduit) sur l’entreprise Halliburton, premier fournisseur de matériel pour l’armée, que Cheney, futur vice-président de Bush fils, dirigea entre 1995 et 2000...

    Grâce à ses relations nouées dans l’armée, et aussi à celles tissées par son père et la famille DeVos au sein du Parti républicain, Erik Prince obtient rapidement des contrats avec le département de la défense, le renseignement et la police. En octobre 2000, l’attaque-suicide lancée par Al Qaida contre le destroyer USS Cole dans le port d’Aden (Yémen) jette une lumière crue sur les besoins en matière de protection de la marine américaine. Blackwater y gagne un contrat de 35,7 millions de dollars. Le 11-Septembre provoquera, lui, une nouvelle accélération cette privatisation de la chose militaire, reprise à son compte par le nouveau secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld.

    Proche d’une « société secrète »

    Prince est dans son élément. L’administration Bush fait appel à la droite la plus conservatrice et aux chantres du moins d’Etat. Le jeune homme d’affaires a maintenu des relations très proches avec certains acteurs du Conseil de la politique nationale (CNP), une organisation quasi secrète considérée comme l’un des piliers de la nouvelle droite, décrite par le New York Times comme « un club peu connu de quelques centaines des plus puissants conservateurs du pays qui se retrouvent derrières les portes fermées dans des lieux non divulgués pour une conférence confidentielle ».

    Le père Prince y avait exercé la fonction de vice-président. George W. Bush s’adressa au groupe en 1999, à la recherche de soutiens pour sa candidature. Dick Cheney, Donald Rumsfeld, John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, et John Ashcroft, procureur général, participent à ses réunions, tout comme un certain Dan Senor, qui deviendra le premier assistant de Paul Bremer, le « pro-consul » américain en Irak de 2003 à 2005.

    Erik Prince est également un proche d’Alvin « Buzzy » Krongard, le directeur exécutif de la CIA. A l’époque, l’agence a besoin de protection en Afghanistan. Elle manque de personnel, tout comme l’armée, qui manque d’agents de sécurité statiques. Krongard signera plusieurs contrats avec Blackwater pour la protection de sites secrets ou stratégiques de la CIA aux quatre coins du globe, en pleine « guerre contre la terreur ».

    « Mr. Fix-it »

    Dès 2001, Blackwater devient un des principaux supplétifs de l’armée en Afghanistan, puis en Irak deux ans plus tard. Erik Prince passera également de multiples contrats avec le département d’Etat pour assurer la sécurité de ses agents et diplomates. Dans l’administration, on le surnomme « Mr Fix-it » (M. Le Réparateur). Il trouve les failles, pointe les erreurs des déploiements militaires, formule des propositions clés en main.

    « Le Pentagone a construit une puissance militaire considérable ces soixante-dix dernières années pour vaincre l’URSS, explique-t-il. Mais utiliser ces tactiques, ces équipements, ce potentiel pour combattre des gars en pick-up chaussés en tongs, cela ne marche pas. Comment expliquer que, pour un soldat américain déployé en première ligne, il faut douze hommes derrière ? Qu’un ravitaillement opéré par des hélicoptères sur des navires nécessite 35 hommes de la Navy alors que nous le faisons avec huit ? Blackwater était là pour fournir des approches viables et à moindres coûts. Notre business avait l’avantage d’être un mélange de mentalité de commando et des meilleures pratiques commerciales existantes. »

    Jusqu’au point de rupture. En 2007, 177 « sociétés militaires privées » (SMP) exercent en Irak. Près de 48 000 contractuels y sont répertoriés, soit quasiment un privé pour un soldat. Blackwater fait alors partie des trois plus importants fournisseurs avec 1 200 hommes en permanence sur place, 155 véhicules et 26 aéronefs. Cette année-là, la société d’Erik Prince atteint le chiffre record d’un milliard de dollars de contrats signés avec le gouvernement, cinq fois plus qu’en 2000.

    La bavure de la place Nisour

    Le carnage du 16 septembre 2007 à Bagdad marquera le début de la fin. Blackwater est mis en cause dans une dizaine d’incidents meurtriers depuis son arrivée en Irak. Mais cette fusillade est le scandale de trop. L’audition au Congrès d’Erik Prince n’y changera rien. Tout comme sa tentative de rebaptiser la firme Xe en 2009. Outre l’impunité, le grand public a pris en aversion Blackwater pour s’être enrichi sur le dos du contribuable et avoir profité des guerres en Irak et en Afghanistan. « Une armée à ce point fidèle aux causes de l’extrême droite qu’elle en est devenue une garde du Parti républicain », écrit la journaliste et essayiste Naomi Klein. Pour l’ancien ambassadeur américain en Irak Joseph Wilson, « l’histoire de cette entreprise de mercenaires démontre clairement les graves dangers qu’entraîne la sous-traitance de l’usage de la force qui est un monopole de l’Etat. »

    En 2010, Erik Prince vend la société et ses filiales pour au moins 200 millions de dollars, selon différentes sources. Deux ans plus tard, il trouve un arrangement avec le gouvernement fédéral à hauteur de 50 millions de dollars pour une longue liste de violations commises entre 2005 et 2008 au regard du droit américain. S’ensuit une longue procédure durant laquelle quatre membres de son équipe responsable de la fusillade à Bagdad seront lourdement condamnés par un tribunal de Washington. Leurs peines sont en cours de révision.

    Lui n’en démord pas. « Il n’y avait aucune raison de s’en prendre ainsi à Blackwater », soutient-il, avant d’accuser les politiques. « Il fallait cibler Erik Prince. Dès que l’administration Obama a été mise en place, j’ai subi d’énormes pressions fiscales, des audits. La justice ici n’est pas aveugle, elle est politique, qu’elle aille au diable ! »

    Diversification

    Erik Prince prend le large. Il s’installera trois ans à Abou Dhabi. Le temps d’élargir ses réseaux et trouver de nouveaux ancrages. En 2011, le New York Times révèle qu’il a signé un contrat de 529 millions de dollars pour mettre sur pied une armée secrète de 800 mercenaires pour le compte des Emirats arabes unis. D’après le quotidien, ce bataillon est chargé de mener des opérations spéciales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, de défendre les oléoducs et les gratte-ciel contre d’éventuels actes terroristes et de réprimer les révoltes intérieures. Les officiels émiratis confirmeront dans un communiqué l’existence d’un contrat, signé avec Prince, de « formation, d’entraînement et de soutien opérationnel » à leur armée.

    Lui investit, s’essaie à la finance, crée des holdings, plusieurs sociétés écrans aussi. D’Asie en Afrique, en passant par l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient, il se diversifie et brouille les pistes. En 2013, il crée Frontier Services Group (FSG), une société installée à Hongkong et spécialisée dans la logistique, les services de sécurité et d’aviation. Les premiers responsables sont, comme Prince, d’anciens soldats américains. Quelque 15 % du capital sont détenus par Citic, un important fonds d’investissement public chinois, très présent en Afrique. Dans la foulée, Prince achète des compagnies d’aviation au Kenya, des sociétés de transports au Congo.

    « Nous voulons être la première entreprise de logistique à couvrir l’ensemble du continent africain, même où cela semble dangereux », dit-il.
    En Autriche, il acquiert 25 % de la société d’aviation privée Airborne Technologies, spécialisée dans la transformation d’avions d’épandage agricole en vue d’une utilisation militaire ou de surveillance. Il acquiert encore 25 % encore des parts d’une entreprise chinoise ISDC, basée à Pékin, et présentée comme l’une des principales écoles de formation dans le domaine de la sécurité dans le monde.

    De nouveau, Prince est sur le devant de la scène. Le magazine Vanity Fair écrit qu’il travaille pour la CIA, Buzzfeed qu’il convoite les métaux rares en Afghanistan. Le quotidien espagnol ABC évoque un projet, financé par les Emirats arabes unis, d’invasion du Qatar, par l’armée privée de Prince. The Intercept, qui le suit à la trace, affirme que plusieurs enquêtes judiciaires américaines auraient été lancées contre lui pour avoir essayé de vendre des prestations militaires à des gouvernements étrangers. « Tout cela n’est que foutaises ! », écarte-t-il d’un revers de main. Il ne dira rien de plus.

    Le retour d’Erik Prince aux Etats-Unis correspond peu ou prou à la victoire de Donald Trump. Et visiblement, il fourmille d’idées. Au quotidien italien Corriere della Sera, il parle d’un projet destiné à résoudre la crise migratoire en Europe en créant une force de police de 650 hommes, formés par ses soins et postés à la frontière sud de la Libye. Dans un texte publié dans le Wall Street Journal, il expose un plan pour l’Afghanistan. « C’est la plus longue guerre de notre histoire, celle qui a coûté la vie à plus de 2 000 soldats américains et englouti près de 45 milliards de dollars de notre budget annuel pour un résultat désastreux », souligne-t-il. La solution passerait, selon lui, par le déploiement de moins 5 000 soldats contractuels, moins de 100 avions, pour un coût total d’à peine 10 milliards de dollars. Le pouvoir serait, lui, entre les mains un « vice-roi » américain nommé par l’administration Trump, à l’image des anciennes colonies britanniques.

    Candidat potentiel

    Le plan a été soumis à la Maison Blanche par l’entremise de Jared Kushner et Steve Bannon, qui y est très favorable. Les spécialistes l’ont vivement critiqué, le Pentagone l’a catégoriquement rejeté. « Les généraux sont très conventionnels », ironise l’homme d’affaires. De son côté, Donald Trump aurait dit à deux de ses conseillers d’examiner attentivement le projet. D’une source proche de la Maison Blanche, le secrétaire à la défense, le général issu des Marines James Mattis, aurait même apprécié l’état des lieux formulé par Prince, tout en écartant la solution proposée. « Ça viendra, glisse-t-il. La guerre a duré dix-sept ans, il faudra bien un jour ou l’autre explorer d’autres approches pour y mettre fin. »

    D’ici-là, Erik Prince dit ne pas écarter l’idée de se présenter à la primaire républicaine du Wyoming contre le sénateur sortant, le très populaire John Barrasso. Une candidature ardemment encouragée par l’ex-conseiller ultranationaliste Steven Bannon, inlassable pourfendeur de l’establishment républicain. « Le Wyoming est un des Etats les plus conservateurs du pays », explique l’ancien PDG de Blackwater, avant d’ajouter en forme d’autoportrait : « Il est composé d’hommes robustes. Les hivers y sont rudes. C’est un Etat qui a besoin d’un battant. » Les hostilités reprennent.

  • A propos de John Perry Barlow, Seenthis, The Grateful Dead et The WELL
    https://www.well.com
    https://ia801502.us.archive.org/14/items/grateful_dead-2018/grateful_dead.jpeg?cnt=0
    En réponse à https://seenthis.net/messages/667401 d’ @arno

    Governments of the Industrial World, you weary giants of flesh and steel, I come from Cyberspace, the new home of Mind. On behalf of the future, I ask you of the past to leave us alone. You are not welcome among us. You have no sovereignty where we gather.

    Aujourd’hui les manifestes ne sont guere d’intérêt pour les jeunes. C’est la la conclusion que j’ai tiré de la rencontre avec des étudiants de la création multimedia à qui j’ai eu l’honneur d’enseigner les systèmes de publication sur internet. Du côté des militants politiques c’est pareil en ce qui concerne le choix et la maîtrise des logiciels pour leur publications.

    Nous, nous sommes les enfants du mariage entre les idées libertaires et les révolutions européennes à l’ère digitale. Nous avons grandi à une époque extraordinaire quand se croisaient le monde ancien et l’ère digitale post-communiste. Nous avons assisté et participé à ses guerres analogues, à ses luttes des classes, nous avons adopté ses modèles de liberté antagonistes et ses musiques bruyantes. Nous avons bâti les premières marches de l’échelle digitale avec JPB et ses amis. Nous avons connu l’époque quand l’internet consistait dans une centaine de serveurs nationaux et quelques milliers dans le reste du monde. C’était notre internet. Les admins étaient nos copains qui restaient au téléphone avec nous pendant des heures quand il fallait implémenter un changement de config important. Tout était encore à faire et il n’y avait que nous qui pouvaient le faire.

    Aujourd’hui #Seenthis est notre The WELL que nous utilison pour créer notre internet à nous. Voilà l’héritage de JPB.

    Bon, après ce discours il est temps d’écouter un des derniers concerts des Grateful Dead avec Jerry Garcia.

    Grateful Dead - The Spectrum - 3-17-95 - Full Show
    https://www.youtube.com/watch?v=o9iJ21xbYqc

    The WELL
    https://en.wikipedia.org/wiki/The_WELL

    The Whole Earth ’Lectronic Link, normally shortened to The WELL, is one of the oldest virtual communities in continuous operation. As of June 2012, it had 2,693 members.

    Home > The WELL
    https://www.well.com

    Why is conversation so treasured on The WELL? Why did members of this community band together to buy the site in 2012? Check out the story of The WELL.

    The Internet Age Began on August 9, 1995
    http://www.litkicks.com/AugustNine

    Two separate things happened on August 9, 1995, both by chance emerging from Northern California though they had little else in common. The first was a scheduled event: the initial public offering (IPO) by Netscape, a startup tech firm designed to make software to power the Internet.
    ...
    I remember walking through the hallway at work that morning, probably heading for a coffee refill, when I saw a clump of co-workers and magazine editors talking anxiously. I thought they were talking about the Netscape IPO, but they weren’t. “Jerry Garcia died,” one of the editors said to me. “We need to replace the front page and get a new headline up, stat.”

    Jerry Garcia. This one hit home.
    ...
    Nobody said “going viral” yet by the summer of 1995, but that’s exactly what Jerry Garcia’s death did, and it was pretty much the biggest anything had gone viral anywhere up to this point.
    ...
    The Grateful Dead’s influence on the evolving culture of the Internet has always been a godsend, and still is. When music-sharing became a way of life with the advent of Napster a few years later, and when online publishers began to give content away for free, many smart observers realized that the Grateful Dead (who had always allowed fans to freely create and share concert recordings) were the greatest success model in the world for a profitable long-term business cycle based on peer-to-peer sharing. The positive and peaceful philosophy the band had always stood for seemed to fit the Internet’s optimistic emerging culture as well.

    John Perry Barlow, Internet Pioneer, 1947-2018 | Electronic Frontier Foundation
    https://www.eff.org/deeplinks/2018/02/john-perry-barlow-internet-pioneer-1947-2018

    Barlow knew that new technology could create and empower evil as much as it could create and empower good. He made a conscious decision to focus on the latter: "I knew it’s also true that a good way to invent the future is to predict it. So I predicted Utopia, hoping to give Liberty a running start before the laws of Moore and Metcalfe delivered up what Ed Snowden now correctly calls ’turn-key totalitarianism.’”

    A Declaration of the Independence of Cyberspace | Electronic Frontier Foundation
    https://www.eff.org/cyberspace-independence

    by John Perry Barlow, Davos, Switzerland, February 8, 1996

    John Perry Barlow
    https://archive.org/search.php?query=John%20Perry%20Barlow

    The Grateful Dead
    https://archive.org/search.php?query=%22Grateful%20Dead%22

    Jerry Garcia Band
    https://archive.org/search.php?query=subject%3A%22Jerry+Garcia+Band%22

    #internet #musique

    • un manifeste d’une naïveté confondante, et qui ne veut strictement rien dire.

      Justement, tu en fais ce que tu veux ;-)

      You are not welcome among us. You have no sovereignty where we gather.

      Là par contre ce n’est pas dépourvu de sens ; en plus c’est du rock’n’roll, JPB sur son ranch en train de traire les vaches, et qu’il refuse que le gouvernement s’y mêle, c’est une belle image allégorique pour la liberté, non ?

      Autrement c’est vrai l’histoire avec le néoibéralisme, mais bof, pas la peine de tout prendre trop sérieusement. On sait que le vieux était un peu réac, mais son manifeste c’était un beau texte, un truc sentimental quoi.

      Oui, oui, je sais, la CIA payait des écrivains pour qu’ils arrêtent de dire des choses contre les #USA, etc. - mais tu ne critiques pas Bach parce qu’il était religieux, pas vrai ?

      L’ironie de l’histoire c’est qu’aujourd’hui les vaches sont télécommandées par internet ;-)

    • Le rôle joué par l’évangélisme internet dans la victoire du néo-libéralisme est toujours incompris par beaucoup de gens à gauche.

      Coup d’État contre Allende, Chicago Boys, 1973.
      Margaret Thatcher, première Ministre en 1979.
      Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1979.
      Ronald Reagan élu en 1981.
      Georges Stigler, prix Nobel d’économie en 1982.
      Tournant de la rigueur de Mitterrand en 1983
      etc.

      Quand commence l’« évangélisme internet » ?

      Plus sérieusement, comme je l’écrivais dans mon message sur le sujet :
      https://seenthis.net/messages/667401
      dans mon souvenir l’« évangélisme internet » en France était critique de l’espace libertarien américain (même si, à l’époque, ce n’était pas un courant très connu en France). Pour notre petite chapelle, c’est peut-être aussi pour ça qu’on a voulu faire notre propre Manifeste, et pas s’aligner sur une traduction de la Déclaration de Barlow.

      Et paradoxalement, j’ai toujours ressenti que ceux qui agitaient le chiffon route du « libéral libertaire » pour sauver « nos valeurs », l’utilisaient justement pour flinguer la possibilité d’un usage progressiste et social de la liberté d’expression, tout en renforçant l’usage purement mercantile du Net.

    • Qu’il repose en paix.

      Ses propes acolytes ne le laisseront pas reposer longtemps avant de le sortir de sa tombe pour en faire leur zombie pour les basses besognes idéologiques. A ce stade il ne restera pas grand chose du hippie et le « farmer » réactionnaire brandira so revolver pour éliminer tous les défenseur d’un réseau libre au service des peuples du monde.