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  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Caliban et la sorcière
    http://hypathie.blogspot.fr/2017/07/caliban-et-la-sorciere.html

    Les philosophes théoriciens du libéralisme, Hobbes et Descartes, de leur côté, imposent une vision mécaniste de la nature désenchantée ; Descartes décrit le corps humain (et animal) comme des machines horlogères. Les études sur les animaux (en les frappant et battant), et les dissections de cadavres de suppliciés, vont démontrer le postulat de départ. Des femmes qui ont au Moyen Age des compétences médicales et pharmaciennes car elles sont sages-femmes, ont de fait un savoir donc un pouvoir économique, même s’il n’est pas au même niveau que celui des hommes. Dans le cadre de politiques natalistes menées sous la contrainte, il va falloir les en dépouiller. Elles donnent des conseils de contraception ? On va criminaliser la contraception et les méthodes abortives. L’accouchement se passe mal ? On ordonnera de sacrifier la parturiente à l’enfant à naître. On les transformera même en mouchardes dénonçant les infanticides réels ou supposés. Seront exterminées les vieilles femmes, les pauvresses, les médeciennes, les « pharmaciennes » qui connaissaient le pouvoir des herbes, et les sages-femmes. Leurs savoirs seront éradiqués et perdus. La science médicale masculine « rationalisée » prendra la place. La chasse aux sorcières touchera les femmes à 80 % dans toute l’Europe, elle durera trois siècles de tortures, bûchers, noyades, pendaisons. Aucun historien n’a jamais fait le compte exact du nombre de femmes exterminées, la chasse au sorcière étant commodément renvoyée à l’obscurantisme médiéval, ce qu’elle n’était pas selon Federici. Sur une longueur de trois siècles, la répression commencera avec des tribunaux d’église pour se transférer vers des tribunaux d’états. A l’extinction des derniers bûchers (la machine totalement emballée aboutira à des accusations contre les enfants et les hommes, ce qui l’arrêtera), l’état sera alors devenu « mâle comme Satan », écrit Armelle Lebras-Chopard dans Les putains du diable.

  • Purple Haze de Hendrix a tout juste 50 ans (sortie le 19 juin 1967 aux États-Unis – auparavant en Angleterre). Bon sang cette chanson a changé ma vie à la fin de mon adolescence (comme Patrick Bouchitey dans Lune froide). Ma sainte trinité : Jimi Hendrix, Otis Redding et Janis Joplin.

    Et figure-toi que ce week-end, c’était aussi le cinquantième anniversaire du Festival de Monterey (16 au 18 juin 1967). Avec, justement, Jimi, Otis et Janis…

    J’avais un album génial sur Monterey, avec Jimi Hendrix sur une face, et Otis Redding sur l’autre. Je pense que j’ai acheté ça un jour chez Crocodisc en sortant de chez Jeux Descartes. Voilà, un jour de 1986 j’ai découvert ça, et ma vie n’a plus jamais été la même.

  • A propos du patrimoine des candidats
    Récemment @jlmelenchon a déclaré ceci, qui circule sur les réseaux sociaux sans que personne ne s’en émeuve :


    Déjà la ligne 4 vaut son pesant de #bourgeaille décomplexée.
    Puis on nous dit ensuite « la hausse des prix de l’immobilier m’a permis un enrichissement sans cause ». Tranquille.
    La #spéculation immobilière (alliée de la #métropolisation) qui empêche des milliers de gens de se loger et qui les renvoie vivre (puis mourir) dans des #périphéries d’où les #services_publics disparaissent dans l’indifférence générale, et bien d’après certains leaders charismatiques de #gauche en fait ça n’a pas d’existence, ça a juste des conséquences humaines désastreuses (on va vers la normalisation du #container comme standard de logement des pauvres) mais qui apparaissent sans cause, hop, comme dans les tours de magie de Garcimore. Et c’est la gauche radicale qui vous le dit. #voilà_voilà

    #indécence et #foutage_de_gueule à des niveaux rarement atteints.
    #droitisation des mentalités et du spectre politique, permettant à un leader de gauche de dire sans susciter de réaction des choses qu’un leader de droite n’aurait pas osé dire à une autre époque.
    #guerre_aux_pauvres

    (relevé sur twitter)

    Allô ?! ENRICHISSEMENT SANS FUCKING CAUSE ? Comme ça, hop ?
    Et vous tiquez pas ? Des gens de GAUCHE ? Qui moquez Macron ET Fillon ?
    Non parce que là c’même pas du vilain libéralisme-mérite-travaillisme (il s’gêne pas pour ça mais pareil, ça passe crème, vous voyez rien ou vous niez, pfff) mais des valeurs ANCIEN REGIME, héritage, propriété ET spéculation foncière, bordel, y’a même pas l’esprit 93 pour tout (mal) repeindre en « égalité par le travail et le mérite », le type écrit « enrichissement sans cause » et vous « ah bah UI »
    On parle FONCIER, LOGEMENT, la 1re inquiétude des pauvres, la 1re inquiétude des familles pauvres, mettre un toit sur la tête de ses mômes, et l’autre parangon de vertu ose dire posay héritage + « ben avec la situation du foncier déso je m’enrichis sans le vouloir, hop, heureux hasards c’tout » C’même pas la propriété fille du travail que vendait Sarko que vs saviez détester. Là le connard vous la fait mode « j’ai pas voulu, c’est de famille, pis à l’insu de mon plein gré avec la situation de l’immobilier, mon bien a pris de la VALEUR ». Hinhin. On retombe dessus, hein. La fameuse impasse. —>#Wertkritik c’est quand vous voulez. Je sais pas, j’hésite entre l’inculture crasse (ni Ellul ni Proudhon, never), la connerie ou la drogue. A moins que vous ne soyez de droite, en fait.
    Non ms c’est moins crade, largement, en fait.
    Ou vous êtes proprios, toubibs ET Mélenchonistes ? Lol
    Non chais pas, je cherche, tu vois.
    Quand est-ce que les impasses ont été si énormes qu’un tel message a pu être RT en masse par des débiles fiers de leur candidat.
    « enrichissement sans cause ». Putain. Sur le logement. Au moment où #EgalitéCitoyenneté condamne par avance à la fin de l’habitait en dur
    pour tant de gens mais avec la bénédiction des écolos parce que c’est « sain et naturel ». Sérieux. #Dégoût #BravoLesVeaux #Logement

    • Par rapport à Fillon il y a quant même une difference puisque il y a pas de gruge type emploi fictif ou alors peut être pas encore connu. Pour l’appartement j’ai peut être mal compris mais il parle de son appart pour lequel il a un credit et pour lequel il rembourse ce qui lui fait son loyer. Il ne spécule pas sur de la location ou alors j’ai pas compris. Ce que j’ai compris c’est qu’il dit que son appartement gagne de la valeur à cause du marché et qu’il l’occupe et paye le credit et qu’il a conscience de son privilège. Après c’est vrai qu’il est pas pure d’un point de vue communiste, puisqu’il renonce pas à l’héritage, ni aux droits d’auteurs, et à se dépossédé de l’argent qu’il ne dépense pas en montre, voitures, vacances au bénéfice des classes laborieuses/défavorisées.
      Je suis probablement aussi petite bourgeoise que lui sur ce coup mais je ne suis pas choqué de ce que Mélanchon annonce. Enfin à part si il va pas au parlement et touche la paye quant même ca changerait beaucoup mon avis sur le sujet. Je vais voire si je trouve des infos sur son taux de présence à Bruxelles.

    • Dire qu’il s’enrichit « sans cause » par l’effet de la hausse des prix de l’immobilier, comme si cette hausse venait de nulle part. Passer sous silence la spéculation immobilière et ses effets sur le logement des pauvres, alors que ça devrait être un des premiers axes de campagne d’un parti de gauche. C’est tellement gros que les mots me manquent.

    • C’est « moins pire » que les autres dans le sens où il n’a pas de casseroles au cul. D’ici qu’on nous dise qu’il gère son patrimoine en « bon père de famille ».

      Une idée qui m’est venue comme ça au débotté : obliger tous ces oligarques à vivre avec UN smic pendant cinq ans. Après, ils pourraient nous causer du « peuple ».

    • Je pense que c’est juste une formulation maladroite, et qu’il a voulu dire que ça pesait beaucoup dans sa déclaration de patrimoine parce que c’est un truc qu’il possède depuis un moment et qu’avec la spéculation ça prend une certaine valeur sans qu’il ait fait quelque chose pour ça (le « sans cause » ne nie pas la spéculation foncière selon moi, ça veut dire « sans action de ma part »). Le coup des loisirs et des voitures, je comprends moins ce que ça fout là.

    • Rente :
      Revenu périodique, non obtenu par le travail, contrepartie du droit du propriétaire d’user de sa terre (rente foncière) ou provenant d’une ressource rare (rente pétrolière) ; supplément de rémunération qui, par suite des circonstances, d’une conjoncture particulière, etc., s’ajoute à la rémunération normale d’un (ou des) facteur(s) de la production.

      Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient.

    • Je ne pense pas que c’est la rente qui est dénoncée ici (un loyer perçu sur une propriété si j’ai bien tout suivi), mais le fait que Mélenchon semble nier le phénomène de spéculation. Perso j’ai déjà expliqué qu’à mon sens il se justifie d’une hausse de son patrimoine (qui ne l’arrange pas pour son image) par le fait qu’il n’a rien fait pour s’enrichir à ce niveau (et que pour lui c’est la même chose, il en tire le même bénéfice d’argent et d’usage jusqu’à ce qu’il vende le bien).

      Pas besoin de sortir les piques sur ce point à mon sens. Après on sait bien que Mélenchon n’est pas un ouvrier, et d’ailleurs y en a pas énormément parmi ses électeurs ...

    • Je ne comprends pas pourquoi ça monte sur ses grands chevaux sur cette expression, purement technique.
      L’enrichissement sans cause c’est une formulation comme enrichissement par héritage, ou enrichissement par force de travail ou autre. Cela veut dire, entre autres, qu’on peut se retrouver à l’ISF juste parce que la vie sociale a changé et que là où vous habitez ça ne valait pas beaucoup quand vous avez acheté et que la spéculation des autres, autour de vous, en a fait un truc cher au mètre carré. Mais vous habitez toujours au même endroit et vous n’êtes pas plus riche pour autant !
      Il ne s’enrichit pas sans cause, comme il le dit, mais il enrichit ses enfants (et l’État qui prendra son pourcentage quand ils hériteront).
      Je ne suis pas pour Mélenchon, un type macho, qui ne laisse personne intervenir, qui est politique de métier, en faisant croire qu’il connaît la vie courante, qui est un dictateur, et qui les soutient.
      Mais il faut lire ce qu’écrivent les gens, au lieu d’interpréter en délire ce qui est écrit !

    • Héritier, ministre, député ou sénateur, ce défenseur de la valeur travail (#enrichissez_vous... sur un plan existentiel) vit depuis toujours d’une confortable #rente_d'état. Ce fonctionnaire du capital dispose d’un revenu élevé dont une partie a été investie dans l’immobilier. Là où la libération socialiste des loyers a garanti une augmentation continue du prix du #foncier qui dure encore.

      #rente_foncière #àlalanterne #gauchecaviardeuse

    • "Pas besoin de sortir les piques sur ce point à mon sens. Après on sait bien que Mélenchon n’est pas un ouvrier, et d’ailleurs y en a pas énormément parmi ses électeurs ..."

      Dont acte ...

      "Cela veut dire, entre autres, qu’on peut se retrouver à l’ISF juste parce que la vie sociale a changé et que là où vous habitez ça ne valait pas beaucoup quand vous avez acheté et que la spéculation des autres, autour de vous, en a fait un truc cher au mètre carré. Mais vous habitez toujours au même endroit et vous n’êtes pas plus riche pour autant !"

      le problème étant quand même l’aspect spéculatif qui a empêché de pouvoir se mettre un toit digne de ce nom au-dessus de la tête à beaucoup d’entre nous ou alors t’es obligé de cracher au bassinet ...

    • @sombre Attention je pense que personne ne défend la spéculation foncière ici. C’est juste que tout ça part part d’une formulation, « sans cause », différemment interprétée. Pour certaines personne ça veut dire qu’il joue le naïf sur la spécu ou qu’il est même pas au courant, pour d’autre que son patrimoine a augmenté sans action de sa part.

    • En plus, si tu n’es plus politique, tu as du mal à trouver du boulot (à la fin de ton mandat).
      Et quid des collaborateur-rices parlementaires qui, en fin de mandat de leur patron-ne sont VRAIMENT DANS LA MERDE sans boulot, et pas d’espoir d’en retrouver (surtout quand t’as passé la quarantaine, que t’es une femme et autres exclusions que je ne détaillerai pas ici) ?
      Est-ce qu’on va leur reprocher aussi d’avoir eu de l’argent pour vivre, de l’avoir économisé ou investi, et de ne pas être à la rue en fin de compte parce qu’ils ont été prévoyants ?
      Parce que comme tu présentes ta feuille d’impôts de deux ans en arrière, pendant au moins trois ans (en comptant le chômage) tu n’auras pas le droit à des sous, à des bourses pour tes enfants, etc. alors que tu n’auras plus rien qui rentre.
      J’aime bien les théoriciens de la bonne conduite et des méchants qui gagnent des sous.
      Après, en pratique, ça tient pas la route !
      Quand on en est, comme dit @BigGrizzly, à reprocher aux gens de gagner plus qu’un demi-smic, on a quoi comme neurones ?

    • Non mais en fait, la question à se poser toutes et tous là dans cette discussion, c’est « qu’est-ce que nous attendons de cette élection ? »
      Moi perso, je n’en attends rien. Je serais tenté de mettre un bulletin Mélenchon au 1er tour, juste pour faire mentir les sondeurs assermentés et décodex-compatible. Et puis je me dis : encore que JLM gagne cette élection, qu’est-ce qu’il pourra faire ? Comment financera-t-il toutes les mesures qu’il propose ? Comment parviendra-t-il à convaincre tous les bailleurs de fonds ?
      Donc il se couchera, comme l’a fait Mitterand en 1981, comme l’a fait Tsipras en 2015.
      De toute façon, rien ne changera sinon en pire pour les plus humbles et même les classes moyennes qui verront leur « pouvoir d’achat » fondre comme neige au soleil. Donc j’irai voter selon mes convictions. Oui car je vote, « blanc » ou « nul » mais je vote. Et celles et ceux qui me disent que ça ne sert à rien (d’aller voter "blanc ou « nul »), et bien, ne pas y aller ça ne sert à rien non plus. Et en plus l’abstention rend invisible la colère sociale.

    • Mélenchon est une imposture depuis des années : sur le racisme, sur le féminisme, sur l’anti-capitalisme… Et en plus il a un culte de la personnalité digne des dirigeants des anciennes dictatures communistes, les hologrammes en plus ! Vraiment on est pas rendus comme on dit ;-)
      L’abstention est loin de rendre invisible la colère sociale puisque c’est l’un des premiers chiffres qu’on donne contrairement aux votes blancs/nuls. Le problème c’est qu’en France l’inscription sur les listes n’étant pas automatique, elle est totalement sous-évaluée.

    • Jean-Luc Mélenchon ainsi que Philippe Poutou et Nathalie Arthaud sont les seuls candidats de la Gauche véritable. Mélenchon propose la sécurité sociale à 100% financé par l’égalité des salaires hommes/femmes avec les cotisations supplémentaires et la gratuité des cantines. Il est pour le retour de la retraite à 60ans et surtout pour une sortie de l’euro par la gauche. Maintenant libre à vous de voter pour le candidat du PS en déroute ou Macron, l’homme du Capital qui lui est une véritable imposture.

    • BigGrizzly l’utilisation du terme c’était pour la blagounette en forme de clin d’œil pour les nostalgiques de l’aire culturelle soviétique, disons plutôt, si tu préfères la précision, qu’il a un ego démesuré qu’il a du mal à masquer lors de ses interviews avec les petits media ou lors des contacts avec le tout venant. Les crises de colère en mode caprice (surtout quand il y a crime de lèse Mélenchon) ça saoule vite surtout pour quelqu’un qui se targue d’être un représentant du peuple lol Ce gars (comme les autres je le concède) aime bien trop le pouvoir.

    • Le hiérarque socialiste, et spécialement le lambertiste, c’est la peste et le choléra, l’amour du pouvoir et le travaillisme. Ça vit pas avec un demi SMIC, ça bénéficie d’une rente politique de plus de 10 000 euros de #salaire et de remboursements de frais. Ce qui empêche pas notre ancien ministre des apprentis à 17% du SMIC de rester viscéralement hostile à un droit au revenu et/ou à l’extension du minimum existant aux moins de 25 ans.

      #privilégié

    • Le revenu universel est une belle idée, voir tous les articles archivés sur Seenthis, mais il ne doit pas se faire au détriment de tous les autres acquis sociaux ou alors il faut qu’il soit au moins équivalent au montant du Smic. Si même les libéraux l’envisage, il faut s’en méfier.
      Maintenant vous êtes tous libre de détester Mélenchon.
      En tout cas c’est le seul à envisager son départ une fois que son assemblée constituante qui redonnera le pouvoir au peuple sera en état de fonctionner. Et bien moi qui suis issue de la classe ouvrière italienne, j’ai vraiment envie d’y croire et je suis pour cette 6ème république et le dégagisme de toute cette classe politique corrompue. Et je me moque bien de son salaire de député dans la mesure où il n’y a pas cumul de mandat. Tout cela pourrait être revu par la suite comme pour les salaires exorbitants des directeurs d’entreprise du CAC40.

    • voici le programme de la la france insoumise https://laec.fr
      Je préfère celui de @laurent3

      I. Dans les jours qui suivront mon élection, je ferai raser le Palais de l’Elysée, symbole de la monarchie républicaine et de sa corruption.

      II. Dans les jours qui suivront mon élection, je ferai raser le Palais Bourbon, symbole de la monarchie républicaine et de sa corruption.

      III. Dans les jours qui suivront mon élection, je ferai raser le Palais du Luxembourg, symbole de la monarchie républicaine et de sa corruption.

      IV. J’appellerai les Français à oublier la France et sa sale histoire économique et militaire.

      V. J’appellerai les Français à passer à autre chose.

      VI. Je m’auto-destituerai dans les semaines qui suivront mon élection, une fois mon programme présidentiel exécuté.

      VII. Ultime symbole de la monarchie républicaine et de sa corruption, je me ferai guillotiner en place publique, en espérant qu’il y aura beaucoup de monde pour me cracher au visage.

      (Ce programme peut être imprimé sous forme de tract et distribué à volonté)

      © Laurent Margantin _ 5 février 2017
      http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article3690#forum8206

    • Mon appui est somme toute modeste @marielle avec les quelques vignettes au dessus, le dessin de Bernko (que je trouve très drôle) et le lien vers le site de l’avenir en commun.
      Quelques lignes de Christine Delphy à propos de Mélenchon et Macron.

      Ni Mélenchon ni Macron ne savent ce qu’est la laïcité. Et les journalistes non plus. Ainsi Mélenchon croît que « l’école » est soumise à « la laïcité ». Non : les enseignants le sont parce qu’ils sont fonctionnaires, mais pas les usagers que sont les élèves. Ce pour quoi la loi de 2004 interdisant le foulard n’est pas conforme à la loi de 1905. Macron semble ignorer que le Conseil d’Etat a déclaré invalides les arrêtés « anti-burkini » pris par des maires l’été dernier ; il prétend que « certains de ces arrêtés sont justifiés »–parce qu’ils ne « visent pas une affaire cultuelle, mais une affaire d’ordre public ». Quel « ordre public » ? Les femmes qui portent un burkini dérangent-elles l’ordre public ? Non. Ce sont ceux et celles qui les insultent qui dérangent l’ordre public : ce ne sont pas les victimes qu’il faut pénaliser.

      Quant à Mélenchon, il trouve que le « voile » (il parle du foulard, mais qu’importe, on dira que c’est un « voile ») est « un symbole de soumission de LA femme ». Comme Valls. Ils connaissent LA femme, et veulent « l’émanciper ». Nous, non. Nous ne connaissons que DES femmes. Et nous ne parlons pas de symboles mais du sous-paiement des femmes, de leur sur-travail, des violences sexuelles, toutes choses qui ne sont pas du tout « symboliques », mais très matérielles et très physiques. Alors arrêtez Messieurs de prétendre que vous savez mieux que nous ce que nous voulons. Pas être « émancipées » par vous, mais nous libérer de votre pouvoir, notamment celui de parler à notre place.

      Et nous ne voulons pas que vous utilisiez ce pouvoir pour opprimer les musulmanes. Vous multipliez depuis des années les lois, les décrets et les circulaires qui empêchent les femmes portant foulard de travailler dans les services publics, maintenant dans les entreprises privées, vous leur interdisez d’accompagner leurs enfants dans les sorties scolaires. Vous les dîtes « soumises », et vous prétendez les vouloir « libres ». Quelle hypocrisie ! C’est vous qui, en les obligeant à rester à la maison, en leur retirant les moyens de l’autonomie économique, vous qui les rendez dépendantes de leur conjoint. Aujourd’hui vous prétendez leur interdire l’université et même la rue ! Mais elles ont autant que vous le droit d’y être.

      Ce sont nos compatriotes et nos sœurs à qui vous enlevez un par un tous les droits qui sont les leurs, au mépris de la Constitution, de la loi de 1905, des Conventions internationales, de la déclaration universelle des droits humains, qui garantissent le droit non seulement de penser ce qu’on veut—ce qui est toujours possible– mais surtout de dire ce qu’on pense. A quand l’interdiction de distribuer des tracts, de crier des slogans, ou tout simplement d’exprimer ses opinions politiques ? Ah oui, « mais le foulard, c’est religieux ». Faut-il rappeler que dans tous les textes fondateurs (cités plus haut), aucune différence n’est faite entre les opinions, qu’elles soient politiques, esthétiques, religieuses ou autres ? Aucune. La liberté d’opinion, c’est la liberté de toutes les opinions.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2017/03/24/la-charia-catholique-ou-letat-dans-letat-par-christine-de

    • Je suis désolée @vanderling mais Jean-Luc Mélenchon donne une très bonne définition de la laïcité :

      On ne peut défendre la laïcité sans en donner une définition claire et dépourvue d’ambiguïté.
      La laïcité est un pilier de la République une et indivisible.
      Elle est aussi un principe vivant et porteur de droits inaliénables, garantis à tout membre de la société, français ou étranger. Ces droits sont la liberté de conscience et de culte. L’égalité des citoyen·ne·s en tout domaine sans discrimination aucune. Et enfin la séparation du politique et du religieux, l’un dans la sphère publique, l’autre dans la sphère privée, sans emprise de l’un sur l’autre. De cette séparation découle la neutralité de l’État à l’égard de toutes les convictions philosophiques, religieuses ou politiques.
      La laïcité lie ainsi de manière indissociable trois principes qui assurent l’unité du peuple. Le premier principe est la liberté de conscience. Elle permet à chaque citoyen·ne de trouver sa place dans l’espace public quelles que soient ses convictions. Le deuxième : l’égalité des droits de tout-es les citoyens et citoyennes qui leur garantit notamment un droit égal à participer à la délibération publique. Le troisième est la dévolution de la puissance publique à l’intérêt général.
      Mais la laïcité est désormais utilisée dans le débat public pour cacher d’autres buts.
      Le principe de laïcité est malmené d’une part par les tenants des petits arrangements qui ont organisé au fil des années démissions et compromissions.
      Et d’autre part par ceux qui travestissent le principe en ciblant une religion et une seule, comme nous l’avons encore vu avec la grotesque polémique du « burkini » de l’été 2016. Seulement utile à masquer les échecs sociaux, ce cléricalisme déguisé n’appartient pas qu’à l’extrême droite. La plupart des partis politiques sont contaminés.
      Fragilisée par le capitalisme, la société se fragmente et se communautarise sous les coups des extrémistes religieux de tous bords. Certains revendiquent même le pouvoir politique. Pour eux, la recherche de boucs émissaires ou le repli « identitaire » permettrait de tout régler. D’autres semblent penser que la laïcité est un sujet qui divise quand on veut la justice sociale et qu’on lutte contre les inégalités.
      Aujourd’hui les tenants du « choc des civilisations » alimentent et utilisent les fanatiques religieux qui revendiquent le pouvoir temporel. Les puissants ont toujours cherché des arguments et des alliés pour justifier le partage inégal des richesses...
      Ainsi, ils peuvent faire accepter qu’un petit nombre d’individus possède autant que des millions d’autres. Leur croisade ne sert qu’à détourner l’attention des véritables responsables des injustices dont les peuples sont victimes...

      https://avenirencommun.fr/le-livret-laicite


    • Dans le débat des élections présidentielles, la laïcité est partout et nulle part. Un constat qui amène à rechercher dans les programmes des onze candidats les réponses concrètes aux questions que se posent les collectivités. Menus dans les cantines scolaires, financement des lieux de cultes, associations cultuelles... La Gazette vous dit tout sur les propositions des candidats.

      http://www.lagazettedescommunes.com/496488/laicite-ce-que-proposent-les-11-candidats-pour-les-collectivit

    • De toute façon aujourd’hui vu le passif chargé du terme, parler de laïcité c’est devenu impossible dans les medias. Donc à partir du moment où on en fait un thème de campagne c’est que derrière on a un problème avec l’islam, c’est tout. Et ce n’est pas étonnant vu les positionnements antérieurs de Mélenchon sur les femmes qui portent le hijab ou la burqa. Rappelons quand même qu’il était pour cette loi scélérate d’interdiction de la burqa dans l’espace public. Interdire l’accès à l’espace public en fonction du type de vêtement qu’on porte ne peut en aucun cas relever de la laïcité dans la loi française.

    • Patrimoine et revenus d’Emmanuel Macron :
      Des avocats et des professeurs de droit s’interrogent

      Des professeurs de droit et des avocats s’interrogent de manière pertinente sur le patrimoine et les revenus d’Emmanuel Macron. Ces questions ne sont pas anodines et restent pourtant sans réponse à ce jour.

      Quinze questions sans réponse

      • Comment Emmanuel Macron peut répondre au journal Le Monde (04/04/2017) qu’il n’a jamais « flambé 1000 € par jour » alors qu’il a indiqué avoir gagné environ 2000 € par jour pendant les cinq années précédentes, sans même tenir compte des revenus de son épouse, et n’a déclaré en 2014 qu’un patrimoine de 156 000€ ?

      • Alors qu’il a dirigé une transaction de 9 milliards d’euros, comment se fait-il qu’on ne trouve aucune trace de bonus dans ses déclarations ? On sait que dans les banques d’affaires le succès d’une telle opération est généralement largement rémunéré en sus des émoluments ordinaires. Il serait dès lors surprenant que la transaction considérée n’ait pas donné lieu au versement d’un "incentive" très conséquent à son profit, que ce soit sous forme de numéraire, d’attribution gratuite d’actions ou d’options d’achat d’actions.

      • Comment peut-il soutenir qu’à cause d’importantes charges sociales, son revenu fiscal de référence a été insuffisant pour payer ses impôts alors que le revenu fiscal de référence est déterminé après charges ?

      • D’où viennent les revenus de capitaux mobiliers qu’il indique avoir perçus pour 291.286 euros en 2011 et 270.296 euros en 2012 ? Peuvent-ils ne procéder que de la seule détention de la part unique de 16 euros qu’il détenait dans la société en commandite simple Rothschild et compagnie alors que ce type de société ne peut pas distribuer de dividendes à ses gérants commandités ? Ces dividendes de 560 000€ se rattachent-ils alors à d’autres participations ? Dans quel cadre et selon quelles modalités juridiques et financières ont-elles été acquises ? Enfin, que sont-elles devenues depuis lors ?

      • Qu’a-t-il fait de ses 20 actions dans le capital de la SAS Financière Rabelais, l’un des principaux associés commandités de la société en commandite simple Rothschild & Cie Banque (SIREN 323 317 032), elle-même associé commandité à 99,99% de Rothschild & Cie ? Il devait les apporter pour une valeur de 372 187, 20€ à la société selon avis préalable de l’assemblée générale d’actionnaires de Paris Orléans prévue le 8 juin 2012. Mais dans l’avis de convocation lui-même quelques jours plus tard le nom de Monsieur Macron a disparu et les dites actions sont apportées par deux tiers. Leur a-t-il cédé ses parts ou les leur a-t-il confiées en garde ?

      • Comment Emmanuel Macron a-t-il pu ne payer que 53 652,97 € d’indemnité de rupture de son engagement dans la fonction publique alors qu’il n’a guère été fonctionnaire plus de six ans et que, dans ce cas, les anciens élèves de l’ENA doivent verser une indemnité égale à deux fois le dernier traitement annuel diminuée de 20% par année de service au-delà des six ans, et qu’il avait gagné 162 120 € en 2013 lors de sa dernière année dans la fonction publique avant d’être nommé Ministre ?

      • Pourquoi a-t-il omis de ses déclarations sa part dans la créance de la communauté sur son épouse au titre des travaux qu’il a réalisés pour 500 000€ dans une maison appartenant en propre à sa femme avec laquelle il est marié sous le régime de la communauté, alors qu’il a porté au passif de ses déclarations la totalité de l’emprunt contracté initialement par la communauté pour 350 000 € afin de réaliser ces travaux ? Sans ces omissions, le patrimoine d’Emmanuel Macron en 2014 et 2017 aurait dû être respectivement plus de trois ou deux fois supérieur à celui qui ressort de ses déclarations, ce qui représente des manquements substantiels rendant leur auteur passible d’une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende ainsi que, à titre complémentaire, l’interdiction des droits civiques et l’interdiction d’exercer une fonction publique.

      • D’une manière générale, qu’a-t-il fait de son argent alors qu’il a emprunté pour payer une grande partie des travaux exécutés dans la résidence de sa femme et que le montant des travaux dans son appartement parisien serait resté modeste ? Où cet argent est-il passé ? Etait-il lui-même dispendieux à ce point qu’il dut emprunter pour payer ses impôts ? Ca ne serait pas conforme à ses propos tenus à Libération.fr le 17 septembre 2012 pour expliquer ses années chez Rothschild : « L’idée était aussi de me mettre à l’abri financièrement. Je n’ai pas de goûts de luxe, ni de gros besoins, mais j’accorde beaucoup de prix à mon indépendance ». Et le même média d’ajouter, le 26 août 2014 : « Depuis son passage par Rothschild, suffisamment riche pour être à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours ». Mais alors, où est le patrimoine ?

      Ces éléments ne peuvent pas être rejetés d’un revers de main. Il faut que M Macron s’explique sans délai ou que la justice se saisisse. La transparence de la vie publique doit s’appliquer avec la même rigueur aux uns et aux autres.

      http://fr.irefeurope.org/Patrimoine-et-revenus-d-Emmanuel-Macron,a4427

    • Questions qui méritent effectivement réponses de l’intéressé ou une enquête approfondie, même si j’avoue qu’il y certains points auxquels je ne comprends pas grand chose. Par contre le site fr.irefeurope.org d’où c’est tiré c’est un site filloniste ou quoi ? Il y a l’air d’y avoir du lourd côté néo-libéralisme là dedans !

    • J’avoue que depuis le début de cette campagne je ne comprends pas que personne ne se pose de question, et pas même la justice, sur cette aberration entre les gains connus et la ridicule déclaration de patrimoine.
      150 000 € c’est un petit studio à Paris.
      En CM2 on est capable d’aligner quelques chiffres connus et de voir que rien ne colle.
      Quels sont les faits, les gens, les choses connues qui le font être aussi sûr de lui sur un mensonge aussi énorme ?
      Par ailleurs, il y a un statut quo de ne pas toucher à Macron car il est tout de même un peu dans le giron du PS.
      Cela participe de l’espoir qu’il pourra rendre au PS (de gré ou de force) ce qu’il lui a enlevé.
      Tout comme l’"accord" PS-EELV pour les législatives donne à EELV des circonscriptions avec des candidats PS traitres sous l’étiquette Macron. Ce qui protège les ex-PS devenus Macron et élimine les « alliés » EELV.
      Le PS a toujours été comme ça dans les « accords » mais là ça dépasse les bornes, puisqu’un PS se présente à la présidentielle. Quand même !

    • Donc à partir du moment où on en fait un thème de campagne c’est que derrière on a un problème avec l’islam, c’est tout.

      Non Mélenchon n’a pas qu’un problème avec l’islam mais avec toutes les religions y compris avec les intégristes catholiques du front national, les juifs intégristes...
      Il se bat pour l’émancipation de tous les peuples et il vaut mieux axer sa colère contre la xénophobie des lepenistes qui eux utilisent la laïcité pour semer la haine dans les coeurs.

    • @marielle Mélenchon a soutenu la loi sexiste et raciste d’éviction de l’école des jeunes filles portant le hijab en 2004, il était aussi pour la loi contre la burqa et a fait des déclarations l’été dernier où il estimait que les femmes en burkini faisaient de la provocation. Il est islamophobe. Ses positions sur les autres religions j’en sais rien mais son islamophobie j’en sais quelque chose.
      Se battre pour l’émancipation des peuples ça implique de priver des jeunes filles, qui plus est de milieu populaire, de scolarisation ? Là je ne comprends pas.
      L’islam en France est principalement la religion des descendants de colonisé, aujourd’hui encore discriminés, ce qui devrait faire réfléchir tout à chacun aux conséquences de ses positionnements sur le sujet. D’autant plus que ce rapport à l’islam masque généralement un racisme pur et simple sous couvert de défense de laïcité.
      Le racisme de Le Pen n’est pas aussi dangereux parce que personne n’en doute alors que le racisme de la gauche est une gangrène, il avance couvert.

    • En tous cas, @ninachani, il s’est réjoui que le Conseil d’État ait suspendu l’arrêté interdisant la tenue musulmane à Villeneuve-Loubet :

      Pour Jean-Luc Mélenchon, la polémique autour du burkini est « une honte pour notre pays »

      Dans son discours de rentrée politique tenu à Toulouse, le candidat à la présidentielle a salué la suspension par le Conseil d’État d’un arrêté anti-burkini, estimant que « la laïcité n’a rien à voir avec les plages ».

      Le débat lancinant autour du burkini ? « Une farce sans nom » selon Jean-Luc Mélenchon. Dans un discours prononcé lors du « pique-nique de la France insoumise » tenu le 28 août devant un gros millier de sympathisants, le candidat à la présidentielle de 2017 s’est dit « content » que le Conseil d’État ait suspendu l’arrêté interdisant la tenue musulmane à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes). « Ce n’est pas que j’approuve telle ou telle tenue de bain (...) Mais nous, nous avons le droit d’être athée, d’être agnostique... Respectez notre droit à l’indifférence, au silence », a-t-il ajouté, sous des tonnerres d’applaudissements.

      Qualifiant cette polémique de « honte pour notre pays et pour nous-mêmes », le député européen a dénoncé les « tartuffes » et les « hypocrites » qui « défendent les droits de l’Homme » sans les avoir respectés par le passé, selon lui. Il a pointé du doigt Nicolas Sarkozy, qui avait rencontré le roi d’Arabie Saoudite sans lui « demander s’il allait arrêter de fouetter » ou François Hollande qui « a privatisé un bout de la plage » pour le même roi.

      « La République garantit avant toute chose et avant même la laïcité qui n’a rien à voir avec les plages, la liberté de conscience », a-t-il martelé. « Garantir la liberté de conscience, on ne mène pas ça à coups de fouet ni à coups de pieds, il faut convaincre. C’est une victoire de l’esprit contre l’ombre. C’est un travail délicat que ces bruts ont transformé à coups d’arrêtés qui humilient », a-t-il accusé, dénonçant « ceux qui prétendent recommencer les guerres de religion ».

      Dénonçant les « gardiens des bonnes mœurs » et les « petits tyrans des plages », il a tourné en dérision une éventuelle loi sur le burkini. « Où va-t-on ? On va faire une police des vêtements pour mesurer la hauteur des jupes, pour voir si les chaussettes sont sur les jeans ou sous les jeans, savoir qui est un hipster... » "Les musulmans sont des Français qui ont une autre religion et nous voulons vivre ensemble", a-t-il poursuivi.

      http://www.rtl.fr/actu/politique/pour-jean-luc-melenchon-la-polemique-autour-du-burkini-est-une-honte-pour-notre-

    • Et on ne parle jamais de la pression, explicite ou implicite, envers les femmes pour qu’elles s’habillent comme ça chante aux hommes. En particulier qu’elles aillent dans l’eau couvertes parce que ça ne plairait pas à Dieu (en fait ça ne plaît pas aux mecs qu’une femme puisse faire ce qu’elle veut, et en particulier plaire à d’autres personnes, elle leur est réservée).
      Contre ça il ne luttent pas.
      Le débat est faux et il fait son beau à faire croire qu’il défend les femmes, ce type d’un machisme et d’un testéronisme hallucinant.
      Noyer le poisson est une caractéristique politique, partir sur des sujets polémiques sans prendre la mesure des tenants et aboutissants, mais rester à la surface, de préférence en gueulant - et sans échanger - c’est la caractéristique du populisme.
      On y est en plein avec ce sujet.

    • D’autre-part je partage avec lui l’idée que « Les marchands ont envahi le temple » :

      Jean-Luc Mélenchon s’est dit « choqué » par les marques qui investissent le marché des vêtements islamiques. « Je trouve que c’est renoncer à certaines formes de responsabilités », explique-t-il avant de filer une métaphore biblique. « Dans la religion catholique, il y a une image que tout le monde connaît, c’est celle de Jésus qui chasse du temple les marchands. Et dans cette histoire, les marchands ont envahi le temple. C’est à dire que des marchands se sont appropriés la religion musulmane pour se faire du fric. »

      « Ensuite ils précédent à une deuxième agression en disant que c’est une mode décente, poursuit-il. C’est insupportable, c’est très grave, ça revient à valider le point de vue religieux le plus obscurantiste. Les gens s’habillent comme ils veulent, mais on a le droit de dire que l’on est pas d’accord. »

      http://www.rtl.fr/actu/politique/les-lecons-de-jean-luc-melenchon-sur-la-mode-islamique-et-le-voile-en-iran-77826

      Et ceci n’est pas de l’islamophobie !

    • Et on ne parle jamais de la pression, explicite ou implicite, envers les femmes pour qu’elles s’habillent comme ça chante aux hommes. En particulier qu’elles aillent dans l’eau couvertes parce que ça ne plairait pas à Dieu (en fait ça ne plaît pas aux mecs qu’une femme puisse faire ce qu’elle veut, et en particulier plaire à d’autres personnes, elle leur est réservée).

      Là, je partage tout à fait.

      Le débat est faux et il fait son beau à faire croire qu’il défend les femmes, ce type d’un machisme et d’un testéronisme hallucinant.

      Là, vous êtes un peu dans la caricature et dans l’exagération. Seule sa compagne et son entourage pourrait éventuellement se prononcer sur son « machisme ».

      Rester à la surface, de préférence en gueulant - et sans échanger - c’est la caractéristique du populisme.

      Oui il a du caractère et un parler franc, des défauts et des qualités comme nous toutes et tous.

      « Le caractère est la vertu des temps difficile » Victor Hugo

    • « L’histoire des Gaulois de Nicolas Sarkozy n’est pas dénuée de sens. Pourquoi faudrait-il aboyer en cadence, quoi qu’il dise ? Moi, je ne veux pas d’une ethnicisation gauloise du débat.

      Mais oui, je dis que nous sommes les filles et les fils des Lumières et de la grande Révolution ! À partir du moment où l’on est français, on adopte le récit national »

      « La surenchère identitaire d’une partie de la droite est un danger pour notre démocratie. Le rappel historique de ce qui s’est déjà produit dans les années 1930 devrait davantage être réfléchi, discuté et débattu de manière ’solide’ », plaide Olivier Dartigolles, le porte-parole du Parti communiste.

      En 2012, en meeting sur la plage du Prado à Marseille, Melenchon lançait : « Notre chance, c’est le métissage » et saluait « arabes et berbères » par qui sont venus en Europe « la science, les mathématiques ou la médecine » au temps où « l’obscurantisme jetait à terre l’esprit humain ». Pour quelle raison Jean-Luc Mélenchon, dont le directeur de campagne disait en 2012 « Dans une société médiatique, quel est le sujet dont on va parler et reparler sans cesse ? Nous, on veut que ce soit la redistribution des richesses. On veut mettre la question au cœur du débat, c’est une bataille culturelle », ravive-t-il le débat sur l’identité ?

    • D’où viennent les extraits cités ci dessus ?

      Du blog d’ Olivier Dartigolles ? : https://blogs.mediapart.fr/olivier-dartigolles/blog/280916/faut-il-de-battre-avec-sarkozy-sur-lidentite-nationale

      « Mais oui, je dis que nous sommes les filles et les fils des Lumières et de la grande Révolution ! À partir du moment où l’on est français, on adopte le récit national »

      Dans le cas évoqué par Mélenchon, le récit national, c’est Liberté, Egalité, Fraternité. Peut-être à ne pas confondre avec « roman national », et autres glorifications ethniques qui caractérisent le nationalisme.

      En France, le « récit national » articulé à la Révolution pourrait être assimilé à la citoyenneté. D’où la révolution citoyenne de la France insoumise.

    • Les contradictions dans les déclarations de Mélenchon sur l’islam montre une chose : il ne veut pas se priver du vote des musulmans surtout que dans les quartiers pauvres (où il espère récolter des voix) ils sont majoritaires (même si beaucoup sont abstentionnistes).
      Quand on regarde ses déclarations plus anciennes il est beaucoup plus clair dans sa condamnation des femmes musulmanes qui portent des tenues à connotation religieuse. Et plus on s’approche des élections plus il est flou.
      Quant à sa déclaration

      sur les marques qui investissent le marché des vêtements islamiques

      c’est n’importe quoi ! Il veut quoi ? Que les femmes qui portent le foulard ne puissent pas avoir accès à la mode ? Pourquoi tout le monde a le droit de s’intéresser au style, à l’apparence mais pas les femmes en question ? C’est quoi le but, leur demander plus de probité ?
      C’est toujours la même hypocrisie ! Le hijab le dérange alors il tourne autour du pot. Et là il nous sort un pseudo truc anti-capitaliste qu’il n’applique à aucun autre groupe social.
      De toute façon une femme porte ce qu’elle souhaite c’est le seul principe qui vaille. Si on respecte ce principe féministe toute discussion sur le sujet est close.

    • « L’enjeu de rentrer en France est ailleurs. Il s’agit de ne plus penser qu’à moi mais à mon pays. Il s’agit de participer aux débats publics de la constituante pour la 6ème République, de reconstruire la souveraineté politique de la France, de participer à la transition écologique, de voir se mettre en place petit à petit le partage des richesses, de penser le bien commun avant la propriété privée, de voir les services publics se refonder, la sécurité sociale s’universaliser et de commencer les jours heureux. Car si seul on va plus vite comme j’ai pu le faire par le passé, mais ensemble on va plus loin. Cela passe nécessairement au dessus d’un destin personnel, pour partager un destin commun avec mes compatriotes. N’est-ce pas d’ailleurs la définition de la Nation ? Un peuple partageant un même destin commun ? Je pense que l’on ne se sentira jamais autant Français qu’avec Jean-Luc Mélenchon et ses équipes au pouvoir. Cet amoureux de la France et de sa Grande Révolution a ancré en lui les valeurs républicaines Liberté, Egalité, Fraternité et saura les appliquer face aux tournants de l’Histoire et sa grande hache.

      Mes procurations sont faites, je voterai Mélenchon au 1er et au 2ème tour. »

      Mehdi Medjaoui

      Partisan atypique de #Mélenchon, un entrepreneur Français de la #Silicon_Valley explique son choix
      https://medium.com/@medjawii/entrepreneur-dans-la-silicon-valley-je-reviens-si-jean-luc-m%C3%A9lenchon-es

    • De toute façon une femme porte ce qu’elle souhaite c’est le seul principe qui vaille. Si on respecte ce principe féministe toute discussion sur le sujet est close.

      Personnellement je n’ai aucun problème avec ça. Mais cependant parfois je me demande pourquoi on ne voit pas plus d’homme en robe longue ou en djellaba.

    • Les hommes en djelabas le sont parce que c’est confortable.
      Les femmes en foulard ou burka le font parce qu’il leur est interdit - par les hommes qui se cachent derrière un dieu qui n’existe pas - de montrer leurs cheveux.
      Parce que ça peut exciter des hommes.
      La seule solution c’est des hommes avec burqua à la maison.
      Tout le reste n’est qu’oppression.
      « ce principe féministe » @marielle ??? Mais dans quel monde tu vis ?
      On peut mettre une minijupe partout n’importe où et à n’importe quelle âge peut-être ?
      Féministe ????? Absurde.

    • Quelques éléments pour alimenter le débat à propos de Mélenchon, à savoir une controverse entre Éric Fassin et Chantal Mouffe à propos d’un « populisme de gauche ».

      Si seule la gauche était en ruine, cela serait grave, mais non pas insurmontable. Or, semble-t-il, c’est l’idée même qu’il puisse y en avoir une qui est par terre. Il est juste de reprocher à Mélenchon son tropisme populiste. Nous n’irons pas jusqu’à penser cependant qu’il en est le premier agent. Car, au-delà des autres candidatures, au-delà de cette campagne, au-delà même de la politique, le recours populiste est le ferment de la désagrégation sociale à quoi nous voue ce monde aberrant. Allumer une télé, c’est avoir vite à l’œil et à l’esprit la laideur des gens, donc la sienne propre, et se voir ravalé au rang d’obscur jaloux. Évoluer en continu devant la beauté des désirables publicitaires, ou de l’excellence sportive, ou de l’aisance artistique, etc., dans une société si tendue parce qu’on ne pourra jamais soutenir la comparaison, c’est être ramené à sa détermination d’être infâme, au sens premier du terme, et n’avoir plus que l’horizon du Loto pour s’en sortir. Fréquenter ses amis de cités, c’est voir combien les espaces de vie réservés aux plus modestes sont hideux (ces épouvantables zones commerciales, par exemple), et combien les temps de vie qui leur sont réservés (parce qu’il leur faut toujours aller plus vite) portent à la triste et funeste expression de soi. Ce sont ces moyens d’existence qui sont d’abord les pourvoyeurs de populisme. Un cadre général de vie dans lequel les vexations se doublent d’un appel constant à la rivalité de chacun contre tous, donc à l’excellence qui les rend inassumables, est plus qu’un terrain favorisant le recours populiste : il en est l’organisateur.

      l’intégralité ici même :
      https://blogs.mediapart.fr/cecile-canut/blog/180417/reponse-eric-fassin-de-quoi-melenchon-est-il-le-signe

      (Malheureusement, les articles sources sont sous « paywall » et je regrette profondément que Médiapart soit tombé dans ce genre de « business plan » : 11 €/mois, c’est une somme et de plus, il faut penser à les prévenir pour te désabonner sinon, la ponction continue. Dommage mais il nous reste encore les articles de blogs)

    • Mélenchon a fait partie du problème à un moment, on ne peut pas le nier. Si désormais, il est plutôt du côté des femmes, je fais partie des gens que ça fait plaisir. Des gens qui ont évolué sur le port du voile, il y en a quelques uns malgré tout, avec les années.
      S’il arrive au pouvoir, et qu’il change d’avis, nous pourrons tous lui dire que nous trouvons son revirement pénible et mal venu... D’ici là, je préfère voir le verre à moitié plein...

      Ceci dit, on ne peut nier que le racisme est un fait dans tous les milieux, y compris dans les milieux qui se jugent progressistes ou éclairés et qu’une femme voilée y est toujours accueillie avec froideur. Et souvent, si ce n’est pas directement pour un motif raciste, cela va être tourné différemment, mais le résultat sera le même : « vous ne vous rendez pas compte ? les racistes ne vont pas vouloir voter pour nous, et on va perdre les élections », comme cela s’est passé par le passé au NPA... le NPA perdre des élections, c’est à priori constitutif de ce parti... mais ils préfèrent perdre en contentant les racistes plutôt que les féministes (certaines féministes, évidemment, les badinterocompatibles ne font pas partie de ces dernières)...

    • Il n’apparaît pas un seul instant, dans quelque discussion que ce soit, dans quelque relation qu’ont ait eue, qu’on se soucie parmi les électeurs potentiels de Mélenchon de faire peuple. Au mieux, autour de nous, aura-t-on évoqué la chose comme évidemment accessoire, et assez pesante. Au même titre que la réitération de mots comme « patrie », la sur-représentation de drapeaux tricolores ou la célébration de l’hymne — dont, comme beaucoup d’autres, nous nous tenons à distance. Et avec vigilance. Et qui nous feront irrémédiablement nous détourner de lui si le mouvement devait prendre un tour nationaliste — ce qu’il n’est pas : les gens que nous croisons, tous, parlent d’égalité des droits, de VIe République, de redistribution des richesses, de justice sociale et d’écologie, pas de préférence nationale. Ils parlent en gens de gauche, et non pour se gargariser de belles paroles, mais parce qu’un devenir de gauche est à leur portée : parce qu’ils saisissent que c’est par l’action, et collective, que cette gauche est à même de renaître et de ne plus être ce hochet remué pour attraper les foules. Et que, oui, s’il faut « construire une gauche », comme le dit Éric Fassin, il faut cependant que les conditions de pareille mise au jour soient réunies, et d’abord cette confiance que la population se fait, dans sa globalité : sans elle, la confiance, et sans la mise à l’épreuve de la promesse par le faire, et par la pensée qui va avec, la gauche restera dans l’état de ruine où ce dernier quinquennat l’a laissée. Elle restera à l’état de nom posé sur une forme vide, et délaissée, du fait de ses bravades don quichotiennes, comme l’est aujourd’hui un candidat socialiste tristement mais infailliblement trahi.

      Cécile Canut

      https://blogs.mediapart.fr/cecile-canut/blog/180417/reponse-eric-fassin-de-quoi-melenchon-est-il-le-signe
      https://seenthis.net/messages/590701

      Cécile Canut est professeure des universités en Sciences du langage à l’Université Paris Descartes
      Après avoir travaillée pendant une quinzaine d’années autour des questions sociolinguistiques en Afrique de l’Ouest, Cécile Canut consacre actuellement ses recherches à la circulation des discours autour des Tsiganes en Bulgarie et en France. Réalisatrice de plusieurs films documentaires, elle s’intéresse aux processus de subjectivations langagières inscrits dans les rapports de pouvoir. Récemment, elle a dirigé l’ANR MIPRIMO ( La migration prise aux mots ) projet de recherche autour des récits de migration en Afrique de l’Ouest.

    • @perline oui décréter qu’une femme s’habille comme elle l’entend, le sent, le juge est un principe féministe primordial, je ne vois pas où ça coince ! D’autant plus primordial que son habillement a été de tout temps un enjeu de domination de la part des hommes. Donc qu’elle porte une burqa, une mini jupe ou une mini jupe avec une burqa, c’est son affaire et celle de personne d’autre : principe intangible.

      On peut mettre une minijupe partout n’importe où et à n’importe quelle âge peut-être ?

      Il n’y a aucune loi, aucun décret, aucune circulaire qui interdit à une femme de porter une minijupe, quel que soit son âge. Ou alors donne moi vite une référence !

    • Ça c’est de la référence ya pas à dire lol Je te rafraichis la mémoire, ici on parle de candidats à la présidentielle et donc de positionnements islamophobes de la part de futurs dirigeants ce qui implique du racisme d’état, des discriminations structurelles, des lois iniques, tu vois un peu ? Alors bon, le fait que tu aies sûrement, comme nous toutes (quelle que soit notre culture ou notre manière de nous vêtir d’ailleurs), des histoires de harcèlement basé sur l’apparence à raconter, je ne vois pas le rapport.

  • Populisme, attentats : la #philosophie #politique ne dit plus un mot sur les maux - Idées - Télérama.fr
    http://www.telerama.fr/idees/populisme-attentats-la-philosophie-politique-ne-dit-plus-un-mot-sur-les-mau

    Face à la victoire de Donald Trump ou au vote en faveur du Brexit, que peuvent dire les philosophes sinon considérer, dans le cadre de la théorie du choix rationnel, qu’il s’agit d’un choix purement irrationnel ? Or cette réponse n’est pas satisfaisante car elle traduit un #mépris des classes populaires. En effet, cela revient à dire qu’une large partie de la population n’est pas à la hauteur de la #rationalité et que ses décisions ne sont pas prises en connaissance de cause. Si l’on ne veut pas creuser le fossé qui sépare les élites et le peuple, il faut éviter que la philosophie politique ne s’adresse qu’à des universitaires dans un champ disciplinaire donné. C’était d’ailleurs la grande promesse des philosophes des Lumières que de pénétrer l’opinion publique.

  • Conflits d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques : les facs de médecine épinglées

    http://www.lemonde.fr/sante/article/2017/01/10/prevention-des-conflits-d-interets-les-facs-de-medecine-epinglees_5060033_16

    Une association publie un classement des universités en fonction de leurs rapports avec l’industrie pharmaceutique.

    Dès les premières années de leur cursus universitaire, les étudiants en médecine sont insuffisamment protégés contre l’influence des laboratoires pharmaceutiques. C’est ce que confirme le classement de Formindep, le premier du genre, publié lundi 9 janvier dans la revue scientifique en ligne PLOS ONE. L’association pour une information médicale indépendante a étudié les politiques des facultés de médecine vis-à-vis des conflits d’intérêts.

    S’inspirant d’une opération similaire menée aux Etats-Unis en 2007, l’association a adressé aux doyens de trente-sept facultés de médecine en France un questionnaire de treize critères permettant d’évaluer leur démarche en la matière. Sont aussi bien pris en compte le degré de limitation des cadeaux et des repas offerts par l’industrie pharmaceutique, le niveau d’encadrement des liens d’intérêts des enseignants, l’existence de formations des étudiants sur ce sujet, ou encore la tolérance aux financements des fabricants de médicaments.
    Seules neuf facultés obtiennent au moins un point, sur un score global de vingt-six. Deux d’entre elles, Angers et Lyon-Est (Lyon-I), enregistrent les moins mauvais scores avec respectivement 4 et 5 points. Les vingt-huit autres facultés ne marquent aucun point, par absence de politique ou de réponse au questionnaire. En effet, malgré cinq relances, seuls trois doyens d’université ont répondu à l’association. Pour établir son classement, elle s’est également s’appuyée sur les informations disponibles sur les sites Internet et sur ses relais locaux. Pour cette première édition, l’enquête ne porte par ailleurs que sur les facultés, laissant de côté l’hôpital, où se jouent pourtant davantage les interactions avec les labos.

    « L’interaction avec les industries est très faible »

    Pour l’heure, l’objectif est de provoquer une prise de conscience chez les universitaires, que le Formindep juge peu investis sur le sujet. « De tous les scandales sanitaires récents, comme celui du Mediator, les facultés n’ont pas retenu le rôle central qu’ont joué les conflits d’intérêts », déplore le docteur Jean-Sébastien Borde, coauteur de l’étude. « Ce n’est pas le palmarès qui nous importe, mais le fait que les facultés progressent », fait valoir Paul Scheffer, doctorant en sciences de l’éducation et coauteur de l’étude. Pour lui, « c’est un outil dont les étudiants doivent s’emparer au niveau local ».

    En médiatisant ce premier classement, même incomplet, le Formindep espère bien voir se reproduire ce qui s’est passé aux Etats-Unis. « En 2007, toutes les facultés avaient reçu un F, la plus mauvaise note, car aucune n’avait de politique publique de gestion des conflits d’intérêts. Depuis, elles ont toutes pris des initiatives et aujourd’hui, plus du tiers est en grade A et aucune n’est plus en F », raconte le docteur Borde.

    Du côté des universitaires, le renforcement des règles existantes dans les facultés ne semble pas aller de soi. « Nous avons tout intérêt à avoir des liens avec l’industrie, à condition de mettre en place des garde-fous et d’être transparents, ce qui est le cas aussi bien pour les contrats de recherche que pour les opérations de mécénat », estime Frédéric Dardel, le président de l’université Paris-Descartes.
    « Au niveau des facs, l’interaction avec les industries est très faible », assure, de son côté, Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens en médecine, qui se dit toutefois favorable à plus de transparence. Concernant les financements reçus par les facultés de médecine de la part des industries pharmaceutiques, notamment au titre de la taxe d’apprentissage, déjà réduits, selon lui, aujourd’hui à « peau de chagrin », il concède qu’une « charte morale » pourrait être utile.

    Une législation « suffisante » pour le ministère

    Mais pour le doyen de médecine de l’université Paris-Est-Créteil, c’est à l’hôpital qu’il faut aller plus loin. Il prône, par exemple, l’interdiction totale des « réunions d’informations » ou autres « petits déjeuners » encore offerts par les laboratoires pharmaceutiques dans certains services. « Il faut exclure tout enseignement dispensé par des non-universitaires », défend M. Dubois-Randé.

    « Les conflits d’intérêts sont aujourd’hui très peu évoqués dans les universités », regrette par ailleurs Claire Corbillé, de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, partenaire du classement, qui souhaite une « plus grande sensibilisation » des étudiants. A la conférence des doyens en médecine, on rappelle qu’un cours sur le sujet doit être mis en place au moment de l’entrée en troisième cycle à la prochaine rentrée universitaire.

    Reste la question sensible des liens d’intérêts des enseignants-chercheurs avec l’industrie pharmaceutique. La loi Bertrand du 29 décembre 2011 les oblige à les déclarer sur une plate-forme en ligne, la loi santé de Marisol Touraine promulguée il y a un an prévoit même qu’ils en fassent état devant leurs étudiants au début du cours. Une disposition pour l’instant quasi inappliquée, constate le Formindep, qui plaide pour des garde-fous supplémentaires. Au ministère de la santé, on juge « suffisante » la législation actuelle, qualifiée de « très encadrante », tout en reconnaissant la « difficulté de garantir sa pleine application » dans toutes les facultés.

  • Avant les #Lumières : l’éthique contre la Morale avec #Spinoza

    Voici des idées qui paraîtront inhabituelles depuis que, dans ce journal, nous discutons des Lumières. La thèse selon laquelle la Raison serait impuissante devant une nature humaine intégralement déterminée va, a priori, à l’encontre de tout ce qui s’est écrit ici-même à propos des Lumières, et trouve difficilement sa place dans la pensée anarchiste. Ces idées, qui sont celles de Spinoza (1632-1677), ont pourtant largement contribué au développement des philosophies des Lumières, en reprenant les thèses de Thomas Hobbes (1588-1679), à l’origine des théories du Contrat avant Rousseau, et en faisant la critique de la religion, de la superstition et du caractère coercitif de la morale classique, au motif qu’elle empêche les individus de s’exprimer. Comment dire ce qu’il faut être et ce qu’il faut faire, sans hiérarchie de valeurs a priori ? Puisque la Morale implique en effet une hiérarchie des valeurs : il n’y a pas de morale si tout se vaut ou si tout est égal. Admettre une hiérarchie des valeurs implique, à son tour, un principe supérieur qui impose des devoirs. Son esprit est le principe d’obéissance. Avec Spinoza, c’est au contraire un peu de l’esprit libertaire que l’on voit souffler dans l’histoire de la philosophie morale. Effectivement, il n’y a pas de morale si tout se vaut ou si tout est égal, pas de morale dans un monde qui refuse la hiérarchie, pas de morale dans un monde horizontal. En revanche, il y a une éthique.

    LE SYSTEME DE LA NATURE DES CHOSES

    L’Ethique de Spinoza est un livre-système. Il veut proposer une explication totale de l’ensemble du système du monde, en poursuivant ce qu’avait initié Descartes (1596-1650) juste avant lui, lui qui marque définitivement la fin du Moyen-Âge, en se débarrassant de la scolastique, c’est-à-dire du commentaire toujours recommencé d’Aristote qui faisait « école ». Descartes oublie toute la bibliothèque scolastique, et recommence tout à partir de lui-même, seul avec lui-même, méditant sur soi, doutant de tout, ne conservant comme valable que ce qui est absolument certain, en évacuant tout ce qui peut relever de la projection de l’imagination humaine sur les choses. Spinoza se situe dans la continuité de cet esprit cartésien.

    Son livre s’intitule l’ Ethique , c’est-à-dire qu’il est une réfexion sur la vie et l’action bonnes (en grec, ethos : le comportement), sur ce qu’il faut être et ce qu’il faut faire, sur la liberté et le bonheur des hommes. La première partie porte sur la nature des choses, partie qu’il appelle De Dieu (mais qui en redéfinit totalement le concept par rapport à l’esprit judéo-chrétien), et que Spinoza achève par un Appendice qui défait totalement le mécanisme de la croyance religieuse, en montrant qu’elle est une conscience inversée de l’homme, deux siècles avant Feuerbach et Marx, qui reprendront la même idée. C’est ensuite qu’on passe à la nature humaine , étant donnée cette nature des choses : la partie 2 porte sur l’esprit humain , la partie 3 porte sur les affects , elle est centrée sur la question du pouvoir propre du corps, l’inconnu du corps et l’inconscient de la pensée. Spinoza termine son livre-système en examinant quel est notre degré de puissance sur cet inconnu du corps et cet inconscient de la pensée : la partie 4 s’intitule De la servitude humaine , et la partie 5, De la liberté humaine .

    À l’intérieur de cette vision totale de la nature des choses et du monde, de l’Être en tant que tel, la question est : quelle place avons-nous ? Quel pouvoir avons-nous sur la nature des choses et sur notre propre nature ? Quelle liberté ?

    Au terme de la partie 1, les choses sont très claires, et la vision de Spinoza en définitive très simple. On peut l’énoncer comme ceci, sans réduire la complexité du détail du texte : Nous ne sommes que des parties insignifiantes de la Nature, et nous n’avons de pouvoir sur rien. La Nature n’est rien d’autre qu’un réseau de rapports de causes à effets, et l’homme n’est pas « comme un empire dans un empire » , c’est-à-dire qu’il est lui aussi le produit de rapports de causes à effets. C’est ce que ne voient pas les hommes de croyance et de superstition, qui pensent que les choses ont une raison d’être ou, comme dit la scolastique depuis Aristote, que « la nature ne fait rien en vain » , dieu ayant fait les créatures pour servir les hommes, et les hommes qui sont à son image, pour servir dieu. Cette croyance est toujours le fait de la projection des habitudes humaines sur la nature des choses, que nous interprétons à partir de notre propre nature, plus exactement à partir de ce dont nous avons conscience quant à notre nature, ce qui est peu de choses. Etant ignorants de la nature des choses, Spinoza explique que nous avons seulement conscience du fait que nous recherchons ce qui nous est utile, et que nous agissons en vue de finalités, raison pour laquelle nous voulons connaître la finalité de toutes choses, ce qui nous conduit à penser que les choses ont été disposées par dieu, recteur de la nature dôté de liberté humaine.

    Feuerbach et Marx, à sa suite, diront bien plus tard que la conscience religieuse est une conscience inversée. Les hommes, en imaginant dieu, ne font rien d’autre que transférer dans une figure imaginaire, étrangère et supérieure, leurs propres qualités essentielles. On comprend du coup que lorsque les hommes pensent dieu, ils ne font rien d’autre que se penser eux-mêmes, comme étrangers à eux-mêmes. En ce sens la conscience religieuse est une conscience aliénée (aliénation : devenir étranger à soi-même), et il s’agit pour Feuerbach de faire la critique de la religion pour que les hommes récupèrent, sur le sol terrestre, la conscience d’eux-mêmes. Marx ajoutera que s’il en est ainsi, c’est parce qu’il y a une situation sociale qui crée ce besoin de conscience inversée de soi, que la misère religieuse est l’expression d’une misère réelle :

    _« exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions »_ .

    Spinoza est peut-être le premier à faire de cette manière l’analyse des causes de la croyance religieuse.

    Sa réponse, c’est que le système de la Nature n’étant rien d’autre qu’un réseau de rapports de causes à effets, il faut par conséquent que la réalité humaine soit traitée de la même façon, comme étant causée.

    LES JUGEMENTS MORAUX SONT FONDES SUR DES PREJUGES

    Conséquence directe de cette pensée de la nature des choses comme n’étant faite de rien d’autre que de rapports de causes à effets : il n’y a ni Bien ni Mal dans la Nature . Et les comportements des hommes étant causés, comme n’importe quelle autre partie de la Nature, il n’y a donc pas plus de bien ou de mal dans nos comportements que dans le mouvement d’une feuille qui se trouve déterminée à tomber à l’automne. Les mêmes lois valent pour toutes les parties de la Nature, et la vision que Spinoza se fait du monde est une vision radicalement anti-hiérarchique, elle est horizontale . Nous ne valons pas davantage qu’une feuille dont la nature la détermine à être affectée de telle sorte qu’elle tombe à l’automne. C’est ainsi que le mécanisme de projection qui fait la conscience religieuse est lui-même l’expression d’une illusion sur notre propre nature. Nous imaginons un dieu dôté de liberté humaine, et nous projetons nos propres schémas d’action, mais en amont de tout cela, nous sommes dans l’illusion qui consiste, dit Spinoza, à croire que nous sommes libres parce que nous sommes ignorants des causes qui nous déterminent , comme si la feuille qui tombe de l’arbre pouvait se mettre à croire qu’elle est l’auteur de son mouvement et qu’elle est libre, parce qu’elle aurait seulement conscience de ce mouvement, oubliant qu’elle n’est qu’une partie de la Nature (Spinoza, dans sa correspondance, prend l’exemple d’une pierre dévalant une pente).

    C’est à partir de ce fait, qu’il n’y a ni Bien ni Mal dans la nature, et pas davantage de Bien ou de Mal dans la façon dont cette nature s’exprime dans nos propres comportements, que l’on peut saisir la différence entre la Morale et l’Ethique.

    HOBBES : CRITIQUE DE LA MORALE ET REORIENTATION DANS LA THEORIE JURIDIQUE

    Sur cette question, c’est Hobbes qui est l’auteur décisif dans l’histoire de la philosophie morale et politique. Avant Hobbes, une certaine théorie juridique, que l’on appelle la théorie du Droit Naturel, correspondait à la morale classique. Dans cette conception, une chose se définit par son essence (par exemple, Aristote : l’homme est un animal rationnel), le droit naturel est ce qui correspond à l’essence. Conformément à cela, l’état de nature n’est pas un état pré-social, mais un état conforme à l’essence dans une bonne société, et la bonne société est celle dans laquelle l’homme réalise sa nature, qu’il ne possède d’abord qu’en puissance. Une bonne société, c’est donc quelque chose qui correspond à une essence que l’on a fixée à l’avance et à laquelle il est de notre devoir de correspondre, le problème étant évidemment que cela vient figer le modèle auquel il faut correspondre. Ce cadre ainsi posé, on comprend que c’est le devoir qui est premier, qui prescrit à chacun de réaliser sa nature. Il y a une définition a priori, l’essence, notre nature, vers laquelle chacun doit tendre. Celui qui a le savoir de l’essence dispose de la compétence de déterminer quels sont nos devoirs. C’est la compétence du sage, d’où découlent des prétentions politiques. C’est ce qui se passe dans toute l’histoire de la philosophie morale et politique jusqu’à Hobbes.

    Dans la Morale il y a donc compétence de quelque chose de supérieur. Toute Morale présuppose cette idée qu’il y a un Bien et un Mal a priori, le Bien correspondant à une essence fixée de toute éternité. Ce que fait la Morale, c’est prescrire des devoirs, et son principe, c’est le principe d’obéissance envers la compétence de quelque chose de supérieur.

    Avec Hobbes, la théorie du droit naturel est bouleversée, et une nouvelle théorie juridique voit le jour, qui est à l’origine de toutes les théories du Contrat. A la base du droit naturel, il n’y a plus l’essence, mais la puissance , idée centrale chez Spinoza. Juridiquement, cela veut dire : il est dans le droit naturel du gros poisson de manger le petit. C’est une provocation contre les anciennes théories du droit naturel et contre la morale classique, puisque cela semble dire : est permis ce qu’on peut. Cela se comprend bien, si l’on voit que l’état de nature désormais se distingue de l’état social, et le précède : effectivement, dans un état pré-social, est permis ce qu’on peut. Peu importe que l’on croie à l’existence historique de cet état pré-social : si la définition du naturel, c’est la puissance, alors il s’agit nécessairement de quelque chose qui ne concerne pas encore le social. L’état social, ce sont les défenses, les interdits, qui s’appliquent à ce que je peux. Donc : être social et raisonnable, c’est un devenir. Le problème de la politique est : comment faire pour que les hommes deviennent sociaux (et non comment faire pour qu’ils réalisent une nature a priori) . Ce qui est premier dans cette conception, c’est le droit. Les devoirs sont seconds, puisqu’ils ne sont que des obligations venant limiter le droit, pour que l’homme devienne social. L’important c’est qu’en matière de morale, pour autant qu’il est question du droit naturel, le principe de la compétence supérieure disparaît.

    Par conséquent : personne n’est compétent pour moi ; et si la société civilisée se forme, cela ne peut être, d’une manière ou d’une autre, que par le consentement de ceux qui y participent. Le principe d’obéissance devient quelque chose de second.

    CE QUE VEUT L’ETHIQUE DE SPINOZA CONTRE LA MORALE

    Spinoza, lorsqu’il construit son Ethique, est dans la continuité de cette révolution de la théorie du droit naturel, initiée par Hobbes. Il le dit clairement : l’essence de l’homme, c’est sa puissance , il dit aussi « désir » , et « persévérance dans l’être » ou encore « dans son être » . Cela veut dire aussitôt qu’il n’y a plus d’essence de l’homme fixée à l’avance, qui prescrirait leurs devoirs aux individus, il n’y a plus d’idée générale là-dessus, il n’y a que des singularités . Il n’y a que des normes individuelles, simplement fixées par le fait que je suis dans des situations où je peux davantage, et des situations où je peux moins, des situations qui font que ma puissance est augmentée, et des situations qui font que ma puissance est diminuée. Joie ou Tristesse, qui sont les deux affects fondamentaux.

    Il en va de même pour l’arbre qui, au milieu des enchaînements de causes et d’effets, fait effort pour persévérer dans son être, se définissant par sa puissance, et se trouve affecté par des éléments extérieurs à lui (soleil, pluie, quantité de ce dont il a besoin dans le sol, variations de températures etc.). Parmi toutes ces choses qui l’affectent, il y en a qui augmentent sa puissance, et il y en a qui diminuent sa puissance, de sorte qu’on peut dire qu’il y a pour lui du bon et du mauvais , en fonction d’une norme qui lui est propre, et qui elle-même varie selon le sens et le degré de remplissement de sa puissance.

    Voilà ce qui intéresse Spinoza : explorer les façons d’être des existants, en faisant la description des directions et des degrés de remplissement de la puissance des existants. Qu’est-ce qui nous augmente et qu’est-ce qui nous diminue ? Voilà donc la différence entre la morale et l’éthique : il n’y a ni Bien ni Mal, cela veut dire qu’il n’y a que du bon et du mauvais . Et cela veut dire encore du point de vue social, puisqu’il y a aussi du bon et du mauvais dans la mesure où il y a coexistence et où les hommes se rencontrent : cherchons les meilleures conditions pour que les hommes effectuent leur puissance. Gilles Deleuze a cette formule, qui ressaisit la différence entre morale et éthique : la morale, c’est la discipline du bien et du mal, l’éthique, c’est l’art du bon et du mauvais.

    LA LIBERTE

    Maintenant : quelle liberté pour les hommes ? La liberté au sens du libre-arbitre a déjà été écartée par Spinoza et dénoncée comme illusion : le pouvoir de choisir qui ne subit aucune détermination extérieure, la volonté qui agit de sa propre initiative, cela n’existe pas. En toutes choses, et comme toutes choses, nous sommes causés. La philosophie de Spinoza n’est pas, de ce point de vue, une philosophie de la liberté, mais on peut dire, d’un autre point de vue, que c’est une philosophie de la libération , et c’est dans ce mouvement de libération que consiste l’ Ethique , lorsqu’on est capable de sortir des illusions de la morale.

    C’est que, dans le rapport qu’on a avec les causes qui nous déterminent, Spinoza dit qu’il peut y avoir plus ou moins de passivité, plus ou moins d’activité. Nous sommes déterminés, on ne peut rien y faire, mais alors, deux possibilités : soit on subit ces causes sans les comprendre, en étant dans l’illusion quant à notre condition, en étant dans le déni : dans ce cas Spinoza dit qu’on est passif, que l’on n’est pas cause de soi, que l’on n’est pas libre. Soit on est capable de transformer le rapport que l’on a avec ce qui nous détermine, pour entretenir un rapport de lucidité avec la nature et avec notre histoire, pour comprendre et intégrer en nous-mêmes les causes de nos actions et en faire peut-être de réels motifs, parce que nous savons désormais que cela nous constitue positivement : dans ce cas Spinoza dit qu’on est agissant, qu’on est cause de soi, qu’on est libre, toujours déterminé mais néanmoins aussi auteur de soi, dans une certaine mesure qui est fonction de notre degré de lucidité.

    Ce changement dans le rapport que l’on entretient avec ce qui nous détermine est donc aussi corrélatif d’un changement dans le remplissement de notre puissance d’agir. De ce point de vue, la morale se révèle tout simplement inefficace. Spinoza dénonce cette autre illusion de la morale classique, qui consiste à penser que la raison pourrait se rendre maîtresse de la partie affectée de notre être. Mais la raison est impuissante, les forces passionnelles seront toujours plus fortes que les intérêts rationnels. Il faut donc renoncer à dominer les affects au moyen de la raison. Le moyen d’atteindre la liberté, et une plus grande adéquation avec soi, consiste pour Spinoza à se détourner de nos rapports avec ce qui nous affecte dans le sens d’une diminution de notre puissance, nous dépossédant de nous-mêmes, pour leur opposer des rapports avec tout ce qui peut nous affecter dans le sens d’une augmentation de notre puissance, et qui nous rend agissants.

    C’est cela que cherche l’éthique, en conformité avec le principe de Spinoza selon lequel la raison bien comprise ne demande rien contre la nature, et contre notre propre nature : la raison au contraire ne commande rien d’autre que la recherche de ce qui nous est utile. Nous savons à quel point la morale a toujours été et continue d’être un intrument dont les pouvoirs politico-religieux ont besoin, pour que les individus renoncent à eux-mêmes et se mettent au service d’intérêts qui ne sont pas les leurs. Ce que dit Spinoza alimente cette critique, en montrant que la morale est contre-nature et que, pour cette raison, elle « attriste » les hommes, c’est-à-dire qu’elle les diminue, au lieu d’aller dans le sens de la joie, et qu’elle a besoin d’attrister les rapports entre les hommes pour se maintenir, comme tout pouvoir de type coercitif.

    Article d’@Anarchosyndicalisme ! n°152 déc 2016 - Janv 2017
    http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article844

  • #Perturbateurs_endocriniens : halte à la manipulation de la science
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/29/halte-a-la-manipulation-de-la-science_5039860_3232.html

    Près de cent scientifiques dénoncent la #fabrication_du_doute par les industriels, déjà à l’œuvre dans la lutte contre le changement climatique.
    […]
    Une lutte comparable fait actuellement rage autour de la nécessaire réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens. La Commission européenne s’apprête à mettre en place la première réglementation au monde sur le sujet. Bien que de nombreux pays aient également manifesté leur inquiétude à l’égard de ces produits chimiques, aucun n’a instauré de réglementation qui les encadrerait globalement.

    #paywall

    • Depuis des décennies, la science est la cible d’attaques dès lors que ses découvertes touchent de puissants intérêts commerciaux. Des individus dans le déni de la science ou financés par des intérêts industriels déforment délibérément des preuves scientifiques afin de créer une fausse impression de controverse. Cette manufacture du doute a retardé des actions préventives et eu de graves conséquences pour la santé des populations et l’environnement.

      Les « marchands de doute » sont à l’œuvre dans plusieurs domaines, comme les industries du tabac et de la pétrochimie ou le secteur agrochimique. A elle seule, l’industrie pétrochimique est la source de milliers de produits toxiques et contribue à l’augmentation massive des niveaux de dioxyde de carbone atmosphérique, à l’origine du changement climatique.

      La lutte pour la protection du climat est entrée dans une nouvelle ère avec l’accord de Paris de 2015, malgré la farouche opposition de climatosceptiques sourds au consensus établi par les scientifiques engagés pour travailler dans l’intérêt général.

      Une lutte comparable fait actuellement rage autour de la nécessaire réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens. La Commission européenne s’apprête à mettre en place la première réglementation au monde sur le sujet. Bien que de nombreux pays aient également manifesté leur inquiétude à l’égard de ces produits chimiques, aucun n’a instauré de réglementation qui les encadrerait globalement.

      JAMAIS L’HUMANITÉ N’A ÉTÉ CONFRONTÉE À UN FARDEAU AUSSI IMPORTANT DE MALADIES EN LIEN AVEC LE SYSTÈME HORMONAL

      Jamais l’humanité n’a été confrontée à un fardeau aussi important de maladies en lien avec le système hormonal : cancers du sein, du testicule, de l’ovaire ou de la prostate, troubles du développement du cerveau, diabète, obésité, non-descente des testicules à la naissance, malformations du pénis et détérioration de la qualité spermatique.

      La très grande majorité des scientifiques activement engagés dans la recherche des causes de ces évolutions préoccupantes s’accordent pour dire que plusieurs facteurs y contribuent, dont les produits chimiques capables d’interférer avec le système hormonal.

      Des sociétés savantes signalent que ces produits chimiques, appelés les perturbateurs endocriniens, constituent une menace mondiale pour la santé. Parmi ceux-ci : les retardateurs de flamme présents dans les meubles et l’électronique, les agents plastifiants dans les matières plastiques et les produits d’hygiène, ou encore les résidus de pesticides dans notre alimentation. Ils peuvent interférer avec les hormones naturelles lors de périodes critiques du développement, pendant la grossesse ou la puberté, lorsque notre organisme est particulièrement vulnérable.

      Une réglementation nécessaire

      On ne peut faire face à ce fardeau croissant de maladies à l’aide de meilleurs traitements médicaux : non seulement ces traitements n’existent pas toujours, mais les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé sont bien souvent irréversibles. Les possibilités de réduire notre exposition à un niveau individuel en évitant certains produits de consommation sont, elles aussi, limitées. La plupart de ces substances atteignent notre organisme par le biais de notre alimentation.

      Seule solution pour enrayer la hausse des maladies liées au système hormonal : prévenir l’exposition aux produits chimiques à l’aide une réglementation plus efficace. Or le projet d’établir une réglementation de ce type dans l’Union européenne est activement combattu par des scientifiques fortement liés à des intérêts industriels, produisant l’impression d’une absence de consensus, là où il n’y a pourtant pas de controverse scientifique. Cette même stratégie a été utilisée par l’industrie du tabac, contaminant le débat, semant le doute dans la population et minant les initiatives des dirigeants politiques et des décideurs pour développer et adopter des réglementations plus efficaces.

      Les discussions sur le changement climatique et sur les perturbateurs endocriniens ont toutes deux souffert de cette déformation des preuves scientifiques par des acteurs financés par l’industrie.

      La plupart des scientifiques pensent qu’exprimer publiquement leur point de vue sur des questions politiques et participer aux débats de société pourrait compromettre leur objectivité et leur neutralité. Ce serait effectivement inquiétant si nos opinions politiques obscurcissaient notre jugement scientifique. Mais ce sont ceux qui nient la science qui laissent leurs opinions politiques obscurcir leur jugement. Avec, pour conséquence, des dommages irréparables. La manipulation de la science concernant les effets de la fumée du tabac a coûté des millions de vies. Nous ne devons pas refaire la même erreur.

      Une urgence

      Nous considérons qu’il n’est plus acceptable de nous taire. En tant que scientifiques, nous avons en fait l’obligation de participer au débat et d’informer le public. Nous avons la responsabilité de rendre visibles les implications de nos travaux pour la société et les générations futures, et d’attirer l’attention sur les graves dangers qui nous menacent.

      Les enjeux sont importants, et l’action politique pour endiguer l’exposition aux perturbateurs endocriniens et les conséquences des émissions de gaz à effet de serre est devenue une urgence.

      Scientifiques spécialistes des perturbateurs endocriniens ou du changement climatique, nous avons uni nos forces, car un grand nombre d’actions essentielles à la limitation des effets des perturbateurs endocriniens contribueront également à lutter contre le changement climatique.

      La plupart des substances chimiques synthétisées par l’homme sont des dérivés de combustibles fossiles produits par l’industrie pétrochimique. Une réduction de la quantité de pétrole raffiné permettra aussi de réduire la quantité de sous-produits utilisés dans les plastiques et celle de plastifiants : ces produits chimiques compromettent la santé reproductive masculine et contribuent au risque de certains cancers.

      Une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles et un encouragement au développement des énergies alternatives entraîneront non seulement une baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de celles de mercure. Ce dernier, un contaminant issu du charbon, émis dans l’air et accumulé dans le poisson, finit par atteindre nos organismes et compromet le développement du cerveau.

      Créer l’équivalent du GIEC

      Bien que de nombreux Etats aient exprimé la volonté politique de traiter le problème des gaz à effet de serre, la traduction des connaissances scientifiques sur le changement climatique en action politique effective a été bloquée, notamment à cause de la désinformation du public et des dirigeants. Les gouvernements sont déjà en retard. Il est important de ne pas répéter ces erreurs avec les perturbateurs endocriniens, et d’apprendre de l’expérience des scientifiques du climat et de la recherche en santé publique.

      DANS LA PRATIQUE, IL SERA TRÈS DIFFICILE DE RECONNAÎTRE UNE SUBSTANCE DANGEREUSE COMME PERTURBATEUR ENDOCRINIEN DANS L’UNION EUROPÉENNE

      La Commission européenne a maintenant l’opportunité de choisir des instruments de réglementation qui pourront fixer de nouveaux standards pour le monde entier afin de nous protéger des effets nocifs des perturbateurs endocriniens.

      Nous sommes cependant préoccupés par les options réglementaires que propose aujourd’hui Bruxelles, très éloignées des mesures nécessaires pour protéger notre santé et celle des générations futures.

      Les options proposées pour identifier les perturbateurs endocriniens requièrent un niveau de preuve bien plus élevé que pour d’autres substances dangereuses, comme celles cancérigènes. Dans la pratique, il sera très difficile de reconnaître une substance dangereuse comme perturbateur endocrinien dans l’Union européenne.

      Des actions urgentes sont nécessaires sur les deux thèmes. Pour cette raison, nous appelons au développement et à la mise en œuvre de mesures qui s’attaqueraient aux perturbateurs endocriniens et au changement climatique de façon coordonnée.

      Un moyen efficace pourrait être la création, sous les auspices de l’Organisation des Nations unies, d’un groupe ayant le même statut international et les mêmes prérogatives que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce groupe serait chargé d’évaluer les connaissances scientifiques destinées aux responsables politiques dans l’intérêt général et mettrait la science à l’abri de l’influence des intérêts privés. Nous le devons aux générations qui vivront demain.

      Les premiers signataires de ce texte sont : Andreas Kortenkamp, université Brunel (Royaume-Uni) ; Barbara Demeneix, CNRS/Muséum national d’histoire naturelle ; Rémy Slama, Inserm, université Grenoble-Alpes ; Edouard Bard, Collège de France ; Ake Bergman, université de Stockholm (Suède) ; Paul R. Ehrlich, université Stanford (Etats-Unis) ; Philippe Grandjean, Harvard Chan School of Public Health (Etats-Unis) ; Michael E. Mann, université Penn State (Etats-Unis) ; John P. Myers, université Carnegie Mellon (Etats-Unis) ; Naomi Oreskes, université Harvard (Etats-Unis) ; Eric Rignot, université de Californie (Etats-Unis) ; Thomas Stocker, université de Berne (Suisse) ; Kevin Trenberth, National Centre for Atmospheric Research (Etats-Unis) ; Carl Wunsch, Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis) ; et R. Thomas Zoeller, université du Massachusetts à Amherst (Etats-Unis).

      Sont également signataires de ce texte
      Ernesto Alfaro-Moreno, centre de recherche Swetox (Suède) ; Anna Maria Andersson, Rigshospitalet (Danemark) ; Natalie Aneck-Hahn, université de Pretoria (Afrique du Sud) ; Patrik Andersson, université d’Umeå (Suède) ; Michael Antoniou, King’s College (Royaume-Uni) ; Thomas Backhaus, université de Göteborg (Suède) ; Robert Barouki, université Paris-Descartes (France) ; Alice Baynes, université Brunel (Royaume-Uni) ; Bruce Blumberg, université de Californie à Irvine (Etats-Unis) ; Carl-Gustaf Bornehag, université de Karlstad (Suède) ; Riana Bornman, université de Pretoria (Afrique du Sud) ; Jean-Pierre Bourguignon, université de Liège (Belgique) ; François Brion, Ineris (France) ; Marie-Christine Chagnon, Inserm (France) ; Sofie Christiansen, université Technique du Danemark (Danemark) ; Terry Collins, université Carnegie Mellon (Etats-Unis) ; Sylvaine Cordier, Irset (France) ; Xavier Coumol, université Paris-Descartes (France) ; Susana Cristobal, université de Linköping (Suède) ; Pauliina Damdimopoulou, hôpital universitaire Karolinska (Suède) ; Steve Easterbrook, université de Toronto (Canada) ; Sibylle Ermler, université Brunel (Royaume-Uni) ; Silvia Fasano, université de Campania - Luigi Vanvitelli (Italie) ; Michael Faust, F + B Environmental Consulting (Allemagne) ; Marieta Fernandez, université de Grenade (Espagne) ; Jean-Baptiste Fini, CNRS/Muséum national d’histoire naturelle (France) ; Steven G. Gilbert, Institute of neurotoxicology & neurological disorders (Etats-Unis) ; Andrea Gore, université du Texas (Etats-Unis) ; Eric Guilyardi, université de Reading (Royaume-Uni) ; Åsa Gustafsson, Swetox (Suède) ; John Harte, université de Californie à Berkeley (Etats-Unis) ; Terry Hassold, université d’Etat de Washington (Etats-Unis) ; Tyrone Hayes, université de Californie à Berkeley (Etats-Unis) ; Shuk-Mei Ho, université de Cincinnati (Etats-Unis) ; Patricia Hunt, université d’Etat de Washington (Etats-Unis) ; Olivier Kah, université de Rennes (France) ; Harvey Karp, université de Californie du Sud (Etats-Unis) ; Tina Kold Jensen, université du Danemark du Sud (Danemark) ; Sheldon Krimsky, université Tufts (Etats-Unis) ; Henrik Kylin, université de Linköping (Suède) ; Susan Jobling, université Brunel (Royaume-Uni) ; Maria Jönsson, université d’Uppsala (Suède) ; Bruce Lanphear, université Simon Fraser (Canada) ; Juliette Legler, université Brunel (Royaume-Uni) ; Yves Levi, université Paris Sud (France) ; Olwenn Martin, université Brunel (Royaume-Uni) ; Angel Nadal, université Miguel Hernández (Espagne) ; Nicolas Olea, université de Grenade (Espagne) ; Peter Orris, université de l’Illinois (Etats-Unis) ; David Ozonoff, université de Boston (Etats-Unis) ; Martine Perrot-Applanat, Inserm (France) ; Jean-Marc Porcher, Ineris (France) ; Christopher Portier, Thun, (Suisse) ; Gail Prins, université de l’Illinois (Etats-Unis) ; Henning Rodhe, université de Stockholm (Suède) ; Edwin J. Routledge, université Brunel (Royaume-Uni) ; Christina Rudén, université de Stockholm (Suède) ; Joan Ruderman, Harvard Medical School (Etats-Unis) ; Joelle Ruegg, institut Karolinska (Suède) ; Martin Scholze, université Brunel (Royaume-Uni) ; Elisabete Silva, université Brunel (Royaume-Uni) ; Niels Eric Skakkebaek, Rigshospitalet (Danemark) ; Olle Söder, institut Karolinska (Suède) ; Carlos Sonnenschein, université Tufts (Etats-Unis) ; Ana Soto, université Tufts (Etats-Unis) ; Shanna Swann, Icahn School of Medicine (Etats-Unis) ; Giuseppe Testa, université de Milan (Italie) ; Jorma Toppari, université de Turku (Finlande) ; Leo Trasande, université de New York (Etats-Unis) ; Diana Ürge-Vorsatz, université d’Europe centrale (Hongrie) ; Daniel Vaiman, Inserm (France) ; Laura Vandenberg, université du Massachusetts, (Etats-Unis) ; Anne Marie Vinggaard, université technique du Danemark (Danemark) ; Fred vom Saal, université du Missouri (Etats-Unis) ; Jean-Pascal van Ypersele, université catholique de Louvain (Belgique) ; Bernard Weiss, université de Rochester (Etats-Unis) ; Wade Welshons, université de Missouri (Etats-Unis) ; Tracey Woodruff, université de Californie à San Francisco (Etats-Unis).

  • Anne-Marie Houdebine était une vraie vivante - Féministes en tous genres
    http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2016/10/20/anne-marie-houdebine-592571.html

    C’est avec une très grande tristesse que nous annonçons le décès brutal d’Anne-Marie Houdebine, linguiste, sémiologue, professeure émérite à l’université Paris-Descartes, féministe et psychanalyste.

    Ce décès est terriblement injuste, plus injuste que ne l’est en lui-même tout décès. Car Anne-Marie Houdebine était, non pas une bonne vivante, non – elle avait trop d’attachement à penser juste, trop de sérieux éthique et trop de conscience politique pour cela –, mais une grande, une vraie vivante. Aussi demeure-t-elle obstinément présente pour celles et ceux qui ont noué avec elle des liens d’amitié.

    Anne-Marie avait résolument pris le parti de la vie. Sans se leurrer. Elle avait trop lu et trop travaillé sur la violence, sur l’irréparable, et sur la Shoah en particulier, pour cela. Sa tenace volonté, son ancrage dans le présent et la fermeté de son engagement à le penser et à y œuvrer la maintenaient à ce point du côté de la vie qu’elle semblait insubmersible. Notre leurre, non pas le sien.

    Sa mort est survenue alors que « Féministes en tous genres » était en train de publier un entretien avec elle, fruit de nombreuses conversations et échanges écrits au cours de l’année 2015-2016. La publication de cet entretien entre Anne-Marie Houdebine et Sylvia Duverger se poursuivra dans les semaines à venir, conformément à ce qui avait été convenu.

    Anne-Marie Houdebine nous a quitté.es alors qu’elle s’apprêtait à partir pour un colloque à Chisinau, en Moldavie, colloque dont elle était l’invitée d’honneur. Elle venait de rédiger l’intervention qu’elle devait y faire et en préparait une autre sur « Les filiations linguistiques de la sémiologie (Saussure, Buyssens, Martinet, Prieto, Hjelmslev, Eco, etc.) » pour le colloque de la Société internationale de linguistique fonctionnelle (SILF), qui se tient à La Rochelle du 17 au 21 octobre 2016. À peine terminée la rédaction d’un rapport de thèse, elle en commençait une autre, et ces derniers temps, bien que fatiguée, elle ne se ménageait pas davantage qu’auparavant lorsqu’il s’agissait de donner de son temps, de son énergie, de sa sagacité à des étudiant.es – à des étudiantes surtout. Car elle avait éprouvé combien il est plus malaisé de faire son chemin lorsque l’on est une femme, qui plus lorsque l’on s’assume féministe. Sur sa générosité avec ses étudiant.es et sur son aptitude à (r)éveiller le désir de savoir et de comprendre d’une façon consciemment engagée, nous renvoyons au beau texte qu’elles ont inspiré à Cécile Canut, aujourd’hui professeure à son tour à l’université Paris-Descartes.

    En décembre 2016, elle devait présenter, au séminaire de recherche de l’Institut Émilie-du-Châtelet (IEC), le dernier livre paru de son vivant auquel elle ait collaboré, L’Académie contre la langue française : le dossier « féminisation » (éditions iXe), avec d’autant plus d’intérêt pour nous qu’elle avait été l’inspiratrice et la linguiste en cheffe de la commission de terminologie chargée en 1984 de ce dossier par Yvette Roudy. Les travaux de cette commission présidée par Benoîte Groult, dont elle saluait ici même l’intrépidité, avaient suscité une déferlante sexiste qui, trente ans plus tard, l’étonnait encore.

  • Vers un racisme (vraiment) français ?

    Les politiciens de tous bords se ­livrent aujourd’hui une concurrence effrénée pour capter les pulsions sécuritaires et xénophobes qui traversent l’opinion. Ce phénomène n’est pas inédit. Il s’est déjà produit dans les années 1930.

    Dès le début de cette décennie, la droite et l’extrême droite rendent les immigrés responsables de la très grave dépression économique qui vient d’éclater. La France ferme ses frontières, mais des centaines de milliers de migrants fuyant les régimes totalitaires tentent de trouver refuge dans le pays des droits de l’homme. La crise sociale et les antagonismes politiques alimentent une violence dans laquelle sont impliqués parfois des étrangers.

    En 1932, le président de la République française, Paul Doumer, est assassiné par un réfugié russe ; en 1934, le ministre des affaires étrangères, Louis Barthou, périt dans un attentat commis par les membres d’une organisation terroriste originaire des Balkans.

    La même année, Alexandre Stavisky, fils d’un réfugié juif ukrainien, principal instigateur d’un immense scandale ­politico-financier, est retrouvé mort dans le chalet où il se cachait. C’est l’étincelle qui déclenche les émeutes antiparlementaires orchestrées par l’extrême droite le 6 février 1934. La fusillade fait plusieurs dizaines de morts et 2 000 blessés.

    Amalgame et surenchère

    Ces événements extérieurs et intérieurs alimentent un sentiment croissant d’insécurité, sentiment manipulé par les journalistes et les politiciens qui pratiquent l’amalgame en incriminant l’ensemble des étrangers vivant en France.

    Les élus de droite et d’extrême droite se lancent alors dans une surenchère de mesures xénophobes. La loi du 10 août 1932 autorise la mise en œuvre de quotas de travailleurs étrangers dans certaines branches d’activité. Pour satisfaire ceux qui ne veulent plus d’immigrés dans leur commune, on entrave ensuite leurs déplacements grâce à des cartes de séjour dont la validité est limitée à un seul département.

    En 1934, est adoptée une loi qui exclut les nouveaux naturalisés de la profession d’avocat, sous prétexte que « la culture française et le génie de la race [leur] sont inconnus ». L’année suivante, la mesure est étendue au corps médical.

    La victoire du Front populaire marque une pause dans ces dérives. Mais elle exacerbe les haines de l’extrême droite. Cette dernière s’attaque à ceux qui ne veulent pas s’assimiler, qui n’ont pas de beaux noms français, bref, qui ne sont pas de vrais descendants des Gaulois.

    Le fossé entre « eux » et « nous » se déplace de la nationalité (Français/étrangers) vers la religion (chrétiens/juifs). Le 6 juin 1936, Léon Blum, le nouveau chef du gouvernement du Front populaire, est insulté à la Chambre des députés par Xavier Vallat, l’un des leaders de la droite républicaine : « Pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil. »

    « Français de fraîche date »

    La gauche au pouvoir n’étant pas parvenue à résoudre la crise, certains de ses plus éminents représentants finissent par se rallier aux positions de la droite national-sécuritaire. A la fin de l’année 1938, Edouard Daladier, dirigeant du Parti radical, qui avait été l’un des principaux artisans du rassemblement des forces du Front populaire (dont il a été lui-même ministre), promulgue des ­décrets-lois qui légalisent l’internement des « indésirables étrangers » dans des camps.

    Il s’attaque également aux Français naturalisés, qui sont désormais exclus de la fonction publique et du barreau pendant dix ans et privés du droit de vote pendant cinq ans. La loi de 1927 sur la déchéance de nationalité est aggravée pour atteindre tous ceux qui commettent des actes jugés « incompatibles avec la qualité de citoyens français ».

    Ces mesures créent une catégorie de citoyens de seconde zone (ceux que les journaux appellent les « Français de fraîche date »). Mais comme la menace et les discours sur la menace n’ont pas disparu pour autant, l’extrême droite a beau jeu de reprocher à Daladier son « laxisme ».

    Il faut aller encore plus loin. Après la nationalité, la religion, les racines, il ne reste plus qu’un échelon sur l’échelle des assignations identitaires, celui de la « race française ». C’est elle qu’il convient désormais de protéger.

    Défendre « l’identité nationale »

    Le mot « racisme » désignait, à cette époque, un programme (ou un projet) politique révolutionnaire, calqué sur le programme politique marxiste, sauf que la lutte des classes était remplacée par la lutte des races.

    Jusque-là, les politiciens français avaient toujours condam­né le racisme, car il était considéré comme une invention allemande. Se dire publiquement « raciste », c’était donc briser un tabou, franchir un palier, en prouvant ainsi à l’opinion qu’on allait enfin « nettoyer les écuries d’Augias ». Mais il fallait néanmoins éviter d’apparaître comme un émule d’Hitler. C’est pourquoi l’innovation consistera à revendiquer un « racisme français ».

    En mars 1939, l’avocat René Gontier est le premier à publier un livre exposant explicitement ce nouveau programme politique (Vers un racisme français, éd. Denoël). Il défend un racisme qu’il juge compatible avec les idéaux républicains des droits de l’homme. « Ce racisme français est un aspect de la défense nationale. Il diffère du racisme allemand car le Français est humaniste d’instinct. » (sic !) Il poursuit : « Racisme, je le répète, ne signifie pas asservissement d’une race par une autre, mais bien respect de toutes les races dont la fusion n’est pas à souhaiter. »

    Le racisme français prôné par Gontier vise à défendre « l’identité nationale » en prenant des mesures contre les deux menaces mortelles qui, selon lui, pèsent sur elle.

    Menace coloniale et juive

    La première concerne les migrations coloniales. « Nos sujets coloniaux viendront plus nombreux dans la métropole et seront tentés d’y rester. Alors on ne verra plus le vrai visage de la France, ­nation blanche, mais celui d’une France métisse. Que l’esprit le plus fermé à l’idée d’un tel péril évoque cette France future. Le poète noir de Champagne ressemblera-t-il à Racine ou à Molière ? Et le philo­sophe jaune rappellera-t-il Descartes ou Auguste Comte ? Si la France n’adopte pas un régime raciste sage, j’estime que le ­génie de notre peuple est gravement ­ menacé. »

    Il faut noter que, pour Gontier, la menace coloniale ne concerne pas les Arabes, car l’islam n’a pas encore été placé au centre du discours national-sécuritaire. « Parmi les sujets assimilables, on rangera les Arabes et les Berbères. Véritables Blancs, leur mélange avec les Français n’offre aucun danger. C’est donc les Jaunes et les Noirs qui devront être déclarés racialement inassimilables, leur intrusion dans le peuple français risquant d’en modifier la composition. »

    La seconde menace, la plus grave aux yeux de Gontier, ­concerne les juifs, présentés comme les ennemis de l’intérieur. Ce n’est pas leur religion qu’il incrimine, mais leurs caractéristiques raciales ainsi définies : « En leur qualité de Blancs métissés de sang nègre et jaune, le mélange des juifs avec les Français est à réprouver. Aucun lot de gènes inassimilables ne doit pénétrer dans le corps national. »

    Gontier relaye ainsi l’antisémitisme extrêmement répandu chez les médecins et les avocats, qui accusent les juifs d’avoir colonisé les professions libérales et la fonction publique.

    Machine infernale

    Gontier prône des solutions radicales afin d’anéantir définitivement les menaces qui pèsent sur l’identité française. Pour se protéger des migrants issus de l’empire colonial, il propose une loi rédigée ainsi : « La qualité de citoyen ne peut être accordée qu’aux personnes de race blanche. Elle ne le sera point aux personnes de couleur et aux métis ».

    Pour en finir avec les ennemis de l’intérieur, il ébauche un projet de statut excluant les juifs de la fonction publique.

    Le volet antisémite du « racisme français » défendu par Gontier sera appliqué par le gouvernement de Vichy. La loi sur le statut des juifs sera en effet adoptée le 3 octobre 1940. Son livre deviendra la référence privilégiée des francistes de Marcel Bucard, mouvement qui sombrera dans la collaboration active avec les nazis, et de Louis Darquier de Pellepoix, le sinistre directeur du Commissariat général aux questions juives. Il faudra une guerre mondiale et plusieurs dizaines de millions de morts pour enrayer cette machine infernale.

    Il ne s’agit pas d’affirmer ici que la France actuelle serait dans une situation comparable à celle des années 1930. Ce rappel historique met néanmoins en relief le danger mortel auquel sont exposées nos démocraties quand elles sont confrontées à d’incessantes surenchères sécuritaires et identitaires.

    A tous ceux (journalistes, politiciens, experts…) qui colonisent aujourd’hui l’espace public pour alimenter à nouveau ces discours, l’historien peut simplement répondre : « Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous avait pas prévenus. »

    Gérard Noiriel

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/09/26/vers-un-racisme-vraiment-francais_5003205_3232.html#MpHK743bIUmZm10O.99

  • Il y a 60 ans : le premier Congrès des écrivains et artistes noirs à La Sorbonne

    http://culturebox.francetvinfo.fr/tendances/il-y-a-60-ans-le-premier-congres-des-ecrivains-et-artistes-n

    Il y a 60 ans exactement, un amphithéâtre de La Sorbonne réunissait le Premier #Congrès_des_écrivains_et_artistes_noirs, entre le 19 et 21 septembre 1956. La décennie des décolonisations donnait visage à une fraternisation d’intellectuels venus d’Amérique, d’Europe et d’Afrique.
    C’est une photographie historique, empreinte de nostalgie et de fraternisation, de reconnaissance et de fierté, une « Sorbonne noire » composée d’intellectuels venus des Etats-Unis, d’Afrique, des Antilles. Une rencontre entre des écrivains et des penseurs dont les pays d’origine sont des colonies.

    #colonialisme

    • Léopold Sédar-Senghor, Alioune Diop, Aimé Césaire, Louis Armstrong, Joséphine Baker, Richard Wright, Frantz Fanon, René Depestre, Édouard Glissant, James Baldwin, mais aussi Jean-Paul Sartre, André Gide, Claude Lévi-Strauss ou Albert Camus...

      Lumières Noires, Bob Swaim, 2006, 52 minutes :
      http://www.youtube.com/watch?v=iMGPM4UMhp0


      http://fr.wikipedia.org/wiki/Lumi%C3%A8res_noires

      « Le 19 septembre 1956, alors que la France se débat avec l’une de ses dernières colonies, alors que les Etats-Unis sont en froid avec le bloc communiste ; alors que les Droits de l’Homme ne concernent pas les noirs, un congrès d’un genre nouveau va bouleverser la face du Monde. Pendant 3 jours, Léopold Sédar-Senghor, Alioune Diop, Aimé Césaire, Louis Armstrong, Joséphine Baker et bien d’autres, vont animer le premier Colloque des intellectuels et artistes noirs à l’amphithéâtre Descartes de la Sorbonne. Leur but, obtenir la reconnaissance de leurs valeurs, de leurs négritudes. Forts des soutiens de Sartre, Gide ou Camus, ils vont allumer la mèche de l’émancipation, pour qu’on laisse enfin entrer l’Homme de couleur sur la grande chaîne de l’Histoire. N’en déplaise au monde occidental.

      Dans ce documentaire qui a été diffusé en octobre 2006 sur France 2 dans le cadre de l’émission Infrarouge, le réalisateur américain Bob Swaim revient sur les circonstances de la tenue de ce colloque et explique pourquoi les grandes puissances de l’époque - la France, les Etats-Unis et l’URSS — ont tout fait pour le perturber, en dénigrer les conclusions et en étouffer la portée. Des images d’archives et le récit de certains participants illustrent le propos. »

  • Le cerveau assiégé

    http://www.lemonde.fr/pollution/article/2016/06/20/le-cerveau-assiege_4953797_1652666.html

    En 2015, Edward Dutton (université d’Oulu, Finlande) et Richard Lynn (université d’Ulster, Royaume-Uni) publiaient, dans la revue Intelligence, une étude, passée inaperçue, mais dont les journaux auraient, peut-être, pu faire quelques manchettes. L’affaire est en effet d’une importance cardinale : les deux chercheurs documentaient, pour la première fois, une chute du quotient intellectuel (QI) moyen en France. Selon leurs estimations, ce dernier aurait perdu près de quatre points entre 1999 et 2009. A l’échelle d’une population, c’est énorme.

    Ce genre de travaux essuie généralement un haussement d’épaule ou un revers de main. D’autant plus qu’en l’occurrence, les auteurs ont fondé leurs calculs sur un petit échantillon de 80 personnes. Mais, à bien y regarder, l’étude des deux chercheurs britanniques mérite au contraire toute notre attention.

    Plusieurs raisons à cela. La première est que, s’il est reproduit et confirmé par d’autres études, ce résultat signale la première inversion, en France, de la tendance séculaire qui voit augmenter régulièrement l’indice d’intelligence individuelle – c’est-à-dire, pour éviter de parler d’« intelligence », de l’amélioration des compétences cérébrales, au sens quasi-mécanique du terme. La deuxième raison de prendre au sérieux les résultats de MM. Dutton et Lynn est que cette inversion de la tendance à l’augmentation du QI est également constatée en Norvège, au Danemark, en Grande Bretagne, aux Pays-Bas, en Australie, en Suède…

    Fonctions cognitives en régression

    Dans de nombreux pays où les données permettent suffisamment de recul historique, une légère érosion des facultés cognitives est mesurée, environ depuis le milieu des années 1990. Il y a toujours, bien évidemment, des biais possibles, des erreurs, des effets d’échantillonnage… Mais même en Finlande, où la conscription donne lieu à des tests de QI standardisés, pratiqués sur toute une génération ou presque (25 000 jeunes par an sont testés depuis 1988), une étude des deux mêmes auteurs, publiée en 2013, montre une chute de deux points de QI entre 1997 et 2009, mesurée avec une grande précision. Les trois fonctions cognitives testées (représentation des formes, arithmétique, raisonnement verbal) sont toutes en régression.

    Que viennent faire ces informations dans cette chronique ? Descartes nous a appris à nous placer si haut en surplomb du monde naturel, que nous avons bien du mal à imaginer que notre cerveau, siège du cogito, puisse être également modelé par notre environnement. Nous acceptons volontiers que notre foie puisse être intoxiqué, que notre prostate, nos glandes mammaires, notre pancréas puissent s’abîmer au contact des polluants de l’environnement. Mais que l’organe de notre intelligence soit affecté de la même façon, et que ces dégâts puissent altérer notre esprit, notre humeur, notre propension à la joie ou à l’insouciance, nous est intolérable. Le cerveau, pense-t-on, c’est de l’éducation greffée sur de la génétique. Un point c’est tout.

    Lien entre perturbateurs endocriniens et troubles neuro-comportementaux

    C’est pourtant faux. On peut, pour s’en convaincre, lire un livre savant paru fin mai en France, et dont il avait été question dans ces colonnes à sa publication par Oxford University Press (Le Monde du 3 décembre 2014). Dans Le Cerveau endommagé (Odile Jacob, 416 p., 39,90 euros), la biologiste Barbara Demeneix (CNRS/Muséum national d’histoire naturelle) montre comment la perturbation du système hormonal par une multitude de substances présentes dans notre environnement domestique (solvants, plastiques, etc.) ou dans la chaîne alimentaire (pesticides, additifs, etc.), peut altérer la construction de certaines structures cérébrales, notamment au cours de la période intra-utérine.

    La chercheuse, dont les travaux sur le système thyroïdien sont mondialement reconnus, travaille depuis plus de dix ans sur la question. Elle a ratissé toute la connaissance, de l’épidémiologie à l’épigénétique en passant par l’endocrinologie et la biologie du développement ; elle conclut à un lien fort entre l’exposition généralisée de la population aux perturbateurs endocriniens — ces substances capables d’interférer avec le système hormonal — et l’augmentation d’une variété de troubles neuro-comportementaux (troubles de l’attention, hyperactivité, autismes, etc.).

    Faillite réglementaire

    Depuis longtemps, elle s’attend à ce que ses idées soient confortées par un début de baisse, dans la population générale, des capacités cognitives. Désormais, nous y sommes, même si d’autres causes que les contaminants chimiques ne sont pas à exclure…
    S’il faut évoquer, aujourd’hui, les travaux de Barbara Demeneix, ce n’est pas seulement à l’occasion de la parution française de son livre. C’est aussi et surtout que la semaine passée a marqué le dernier épisode en date, et l’acmé, d’une interminable faillite réglementaire.

    Mercredi 15 juin, avec, au compteur, deux ans et demi de retard et une condamnation de la Cour de justice de l’Union européenne, Bruxelles a proposé des critères d’identification des perturbateurs endocriniens — critères qui permettront de les retirer du marché. Hélas, la proposition de Bruxelles exige des niveaux de preuve presque impossibles à atteindre pour déclarer une substance « perturbateur endocrinien ». Les sociétés savantes, les ONG et certains Etats-membres sont vent debout.

    Bruxelles n’a pas compris qu’il ne s’agit plus de prendre des mesures de précaution, mais des mesures d’urgence. Nous ne le voyons plus seulement par les hausses d’incidence des maladies hormonales « classiques » (cancers hormono-dépendants, diabète, infertilité, etc.) : nos cerveaux et ceux des générations futures, condition sine qua non de notre intelligence collective, sont en première ligne.

  • Sisyphe - Masculin/Féminin - Quand la science naturalise l’ordre social
    http://sisyphe.org/spip.php?article4296

    « Dans le langage scientifique comme dans le langage trivial, prévalent comme des fondements non questionnables, des catégories sexuées dualistes où géométrique est supérieur à sensible, abstrait à concret, rapide à lent comme masculin l’est à féminin (...) La grille de lecture avec laquelle nous fonctionnons est toujours celle immuable et archaïque, des catégories hiérarchisées ... » (Françoise Héritier, « Masculin/Féminin II : dissoudre la hiérarchie », 2002, éditions Odile Jacob)

    Objectif/subjectif ou la science comme point de vue masculin

    Masculin, féminin, sont, chez Homo sapiens sapiens, des qualificatifs servant à préciser le genre. Genre qui, en l’occurrence, n’est pas l’ensemble des êtres vivants situés entre la famille et l’espèce que les classifications phylogénétiques ont pour habitude de regrouper, réunissant ainsi, par exemple, le chien, le loup et le coyote dans le genre canis, mais genre qui représente l’une des deux formes que revêt le vivant humain : l’homme, la femme, êtres sociaux tout autant l’un que l’autre. Le genre est ainsi une sorte de vrai-faux cache-sexe, une « construction sociale naturalisée » (1), un des principes de division fondamentaux (2) de la vision anthropique du monde.

    Dans le langage, cependant, comme dans le mythe d’Aristophane (3), il y a trois genres qui, par tradition, bousculent l’ordre alphabétique : masculin, féminin, neutre. Le langage véhicule les représentations sociales d’une culture, il n’est, par conséquent, jamais réellement neutre, la preuve en est que le masculin l’emporte toujours sur le féminin. Il est aussi remarquable que les hommes occupent à la fois l’espace indéfini c’est-à-dire neutre et l’espace masculin. Le masculin et le neutre sont coextensifs au niveau du langage, donc de la pensée. L’espace des femmes est celui et le seul réellement marqué du point de vue du genre, de l’éternel féminin. Si le masculin a une posture neutre, objective, une posture de sujet, une posture de moi, a contrario, le féminin a celle de l’autre à ce sujet, celle de l’objet et de l’objet d’étude.

    Or, la posture neutre supposée garantir l’objectivité, c’est-à-dire la relation non située et distanciée au monde, est la posture de la science. Pratique dont la méthode, depuis Descartes, consiste à transformer les êtres en machines, c’est-à-dire en objets. La science exprime, de la sorte, le point de vue masculin sur le monde, ce point de vue singulier qui a prétention à l’universel et a le pouvoir de réifier l’univers pour mieux l’objectiver, le connaître et le maîtriser.

    #patriarcat #sciences #objectivité #genre #révisionnisme #male_gaze #androcentrisme

  • FRANCE DE LA FAILLITE :...les instituts français à l’étranger en voie de disparition
    http://www.brujitafr.fr/2016/05/france-de-la-faillite-les-instituts-francais-a-l-etranger-en-voie-de-dispa

    Quatre cents ans d’histoire… et 4 000 m2 à chauffer et à entretenir : c’est trop pour le budget français. L’Etat a donc décidé de revendre la Maison Descartes, un beau bâtiment du cœur d’Amsterdam, édifié sur pilotis par l’architecte Adriaan Dortsman...

  • Histoire d’autrice, de l’époque latine à nos jours - Aurore Evain
    http://siefar.org/wp-content/uploads/2015/09/Histoire-dautrice-A_-Evain.pdf
    Paru dans SÊMÉION, Travaux de #sémiologie n° 6, « #Femmes et #langues », février 2008, Université Paris Descartes.

    #histoire #mots

    Au cours du XVIIe siècle, on assiste (...) à une véritable #guerre menée contre autrice. (...) du côté des grammairiens et de certains lettrés l’opposition à ce féminin se durcit.

    (...) Considérant que le métier d’écrivain ne convient pas à une femme, [l’Académie française] en conclut qu’« écrivaine » n’a pas lieu d’être, et
    classe autrice et « auteuse » parmi les féminins qui "déchire[nt] absolument les oreilles".

    (...) En 1998, la nouvelle commission mise en place par Lionel Jospin « ose » le féminin auteure, selon un #principe_de_précaution qui avait déjà guidé le choix des Québecois en la matière, et malgré les
    autres usages en cours dans la francophonie, la Suisse et l’Afrique francophone employant quant à eux le féminin autrice.

    (...) en 1996, le Petit Robert précise à l’article auteur qu’"il existe un féminin, autrice", et dans son édition de 2003, une entrée lui est même consacrée10. Disparaissent dans le même temps les citations péjoratives sur les féminins d’auteur, tandis que le renvoi à l’étymologie latine auctrix lui confère toute sa légitimité. En 2004, le dictionnaire Hachette l’intègre à son tour, tandis que l’O.D.S (L’Officiel du Jeu Scrabble) officialise le terme autrice dans sa nouvelle édition… Mais c’est surtout du côté des revues, des ouvrages scientifiques, des #blogs internet, des "courriers des lecteurs" que fleurissent les occurrences

  • Communiqué de la coordination lycéenne de Lyon et ses environs
    https://rebellyon.info/Communique-de-la-coordination-lyceenne-de-16226

    La coordination lycéenne locale de Lyon et des environs s’est réunie lundi 18 avril. 9 lycées étaient représentés (Chabrières, Ampère, Condorcet, Saint Exupéry, Descartes, Lumière, Récamier, Sent Just et Doisneau). La coordination a exprimé sa volonté de continuer à suivre les principes votés lors de e (...) — Brèves, Syndicalisme-mouvement ouvrier, Loi travail, https://www.facebook.com/lyceesdugrandlyonenlutte

  • Comment le monde actuel a privatisé le #silence - Idées - Télérama.fr
    http://www.telerama.fr/idees/comment-le-monde-actuel-a-privatise-le-silence,138904.php

    C’est en assurant la promotion de son best-seller que Crawford a été frappé par ce qu’il appelle « une nouvelle frontière du #capitalisme ». « J’ai passé une grande partie de mon temps en voyage, dans les salles d’attente d’aéroports, et j’ai été frappé de voir combien notre espace public est colonisé par des technologies qui visent à capter notre attention. Dans les aéroports, il y a des écrans de pub partout, des haut-parleurs crachent de la musique en permanence. Même les plateaux gris sur lesquels le voyageur doit placer son bagage à main pour passer aux rayons X sont désormais recouverts de publicités... »

    Le voyageur en classe affaires dispose d’une échappatoire : il peut se réfugier dans les salons privés qui lui sont réservés. « On y propose de jouir du silence comme d’un produit de luxe. Dans le salon "affaires" de Charles-de-Gaulle, pas de télévision, pas de publicité sur les murs, alors que dans le reste de l’aéroport règne la cacophonie habituelle. Il m’est venu cette terrifiante image d’un monde divisé en deux : d’un côté, ceux qui ont droit au silence et à la concentration, qui créent et bénéficient de la reconnaissance de leurs métiers ; de l’autre, ceux qui sont condamnés au bruit et subissent, sans en avoir conscience, les créations publicitaires inventées par ceux-là mêmes qui ont bénéficié du silence... On a beaucoup parlé du déclin de la classe moyenne au cours des dernières décennies ; la #concentration croissante de la richesse aux mains d’une élite toujours plus exclusive a sans doute quelque chose à voir avec notre tolérance à l’égard de l’exploitation de plus en plus agressive de nos ressources attentionnelles collectives. »

  • Chernobyl: Impacts, Echoes, Legacies in East and West

    http://www.paris-iea.fr/fr/evenements/chernobyl-impacts-echoes-legacies-in-east-and-west

    Le Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (Cercec, unité mixte EHESS/CNRS, Paris) et ses partenaires du projet ANR-DFG EcoGlobReg organisent le 16 mars 2016, à l’Institut d’études avancées, à Paris, un atelier sur l’impact de la catastrophe de Tchernobyl et sur la manière dont cette dernière est abordée dans les recherches en sciences humaines et sociales à l’Est et à l’Ouest. Sont invitées, entre autres, l’historienne et journaliste Galina Ackerman, et une ancienne liquidatrice à Tchernobyl, Natalia Manzourova.

    Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire Lénine à Tchernobyl, en Ukraine, explose. L’incendie fait rage pendant près de dix jours et des quantités considérables d’éléments radioactifs sont projetées dans l’atmosphère, contaminant une grande partie de l’Europe. Une zone de 30 kilomètres autour de la centrale est évacuée, tandis que des milliers de « liquidateurs » - pompiers, policiers, soldats… – se relaient, au péril de leur vie, pour essayer de contenir les retombées radioactives. L’accident de Tchernobyl sera qualifié de « plus importante catastrophe nucléaire de l’histoire de l’humanité ».

    Trente ans plus tard, que sait-on de ses multiples conséquences ? Qui les étudie et comment ? « Outre les plus évidents, notamment sur la santé des populations et sur l’environnement, il faut aussi relever des impacts durables dans les domaines sociétaux et politiques, indique Marc Elie, chercheur au Cercec et co-directeur du projet EcoGlobReg. Nous pouvons par exemple établir un lien entre la catastrophe et la chute de l’URSS. Avec Tchernobyl, trois piliers de la légitimité soviétique s’effondrent : la toute-puissance de la science et de la technologie, la confiance dans la capacité de l’état à gérer les désastres et le culte du secret. »

    Pour les scientifiques spécialistes de l’ancien bloc soviétique, les conséquences de l’accident de Tchernobyl doivent donc s’envisager dans une analyse historique d’un régime non démocratique et, surtout, de sa fin. A l’Ouest, en revanche, l’accident relève plus de la sociologie des risques et de celle des médias. « En Allemagne, Tchernobyl a servi de tremplin aux opposants au nucléaire, note Marc Elie. En France, on se souvient de la désinformation volontaire, notamment sur le fameux nuage radioactif qui se serait arrêté à la frontière. »

    Histoire et sciences politiques à l’Est, sociologies des risques et des médias à l’Ouest… La catastrophe de Tchernobyl réunit des communautés scientifiques bien distinctes. C’est pour les faire se rencontrer et dialoguer que la journée « Tchernobyl : impacts, échos et héritages Est & Ouest » a été organisée.

    S’exprimeront Galina Ackerman, chercheuse associée à l’Université de Caen, auteure de Tchernobyl : retour sur un désastre (Paris, Gallimard,‎ 2007) et Les Silences de Tchernobyl (Paris, Éditions Autrement,‎ 2006), Soraya Boudia, professeure de sociologie des risques à Paris 5 Descartes, Katrin Jordan, doctorante au Centre d’histoire contemporaine de Potsdam, Tatiana Kasperski, chercheuse au Centre Koyré, spécialiste de la gouvernance du risque nucléaire en Russie et en Ukraine depuis Tchernobyl,Natalia Manzourova, experte en sécurité radiologique à Ozersk (Russie), ancienne "liquidatrice" à Tchernobyl, Ayşecan Terzioğlu, docteure en anthropologie de l’Université de New-York, professeure à la Koç University (Turquie) et Sezin Topçu, chargée de recherche au Centre d’étude des mouvements sociaux, auteure de La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée (Paris, Seuil, 2013).


    EcoGlobReg
    Histoire environnementale du temps présent : l’Union soviétique et les États successeurs, 1970–2000. Globalisation écologique et dynamiques régionales
    Financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) pour 3 ans, à partir de 2014, le projet franco-allemand EcoGlobReg entend étudier les questions de l’écologisation et de la désécologisation de la vie politique et sociale à l’Est : comment les problèmes environnementaux sont-ils devenus des catalyseurs des mobilisations sociales dans les années de la Perestroika (1986-1991) dans les républiques soviétiques ? Pourquoi des millions de personnes sont-elles descendues dans la rue pour protester contre les destructions écologiques et la pollution, participant ainsi à la chute du système soviétique ? Et pourquoi cette vague écologique est retombée si vite dans les années 1990, quand les activistes verts ne sont pas parvenus à mettre en place de parti vert solide dans les états nouvellement indépendants ?
    EcoGlobReg réunit une équipe franco-allemande de 13 personnes : Melanie Arndt (IOS Regensburg), Klaus Gestwa (Université de Tübingen), Marc Elie (Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre- européen, CNRS-EHESS, Paris), Laurent Coumel (Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, CNRS- EHESS, Paris), Alexander Ananyev (Universität Tübingen) et Raphael Schulte-Kellinghaus (Université de Tübingen) , Garik Galstyan (Université de Lille 3), Carole Ferret (Laboratoire d’anthropologie sociale CNRS/Collège de France/EHESS), Pascal Grouiez (Université Paris Diderot – Paris 7), Raphaël Jozan (Agence française du développement), Marie-Hélène Mandrillon (CERCEC), Isabelle Ohayon (CERCEC), Jean-Robert Raviot (Université Paris Ouest).

    #nucléaire #tchernobyl #ukraine #biélorussie

  • BALLAST - Lire Foucault, par Isabelle Garo
    http://www.revue-ballast.fr/lire-foucault

    La question n’est pas, bien évidemment : « Faut-il lire Foucault ? », mais : « Comment le lire aujourd’hui ? » Il semble que Michel Foucault fasse partie, comme nombre de ses contemporains, des philosophes qu’il est impossible de discuter, du moins en France, et qu’il faut ou bien rejeter ou bien suivre, dans les deux cas sans nuances. Cette particularité de la philosophie contemporaine la distingue nettement de ses autres moments historiques : Descartes donna naissance non seulement à des disciples et à des adversaires, mais à des cartésiens, qui furent aussi ses plus vigoureux et féconds critiques. On peut en dire autant de Kant. Ou de Hegel. Ce trait singularisant, qui concerne Michel Foucault, mais aussi Gilles Deleuze, Jean-François Lyotard, et bien d’autres, renvoie à une caractéristique forte de la pensée française des années 1970, par-delà ce qui semble à première vue relever de ses conséquences extérieures et des aléas d’une descendance. Le propre de cette séquence historique et intellectuelle, sans équivalent depuis lors, est d’avoir vu soudain fleurir des écritures et des œuvres toutes aux prises avec leur temps et toutes aux prises avec l’histoire de la philosophie. Cette insertion dans leur présent explique paradoxalement la permanence de ces philosophies dans la vie intellectuelle contemporaine, dès lors qu’elle s’inscrit dans le sillage des hypothèses politiques d’alors. Et pourtant on peut, depuis aujourd’hui et les tentatives de reconstruction d’une gauche radicale, juger que cette séquence a surtout refermé derrière elle la période des espoirs de troisième voie et d’issue micropolitique. Ce paradoxe éclaire la difficulté de la lecture de Foucault aujourd’hui, si l’on veut échapper à l’hagiographie autant qu’à la condamnation. Ce qui revient à dire que les attendus d’une telle lecture sont forcément politiques.

    Voir aussi « Foucault et les sciences humaines » dans Archives de philosophie (Tome 79, numéro 1 : printemps — janvier-mars 2016)
    http://www.archivesdephilo.com/cahiers/2016/cahier-79-1.php

    #philosophie cc @opironet @chirine

  • Peste islamiste, anthrax transhumaniste : le temps des inhumains
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=773

    Nous avons reçu ces jours-ci deux messages simultanés. L’un du journal Libération, qui nous invitait effrontément à un forum intitulé "Mon corps connecté" (à Grenoble, le 28 novembre 2015). C’est-à-dire l’une de ces multiples réunions de communication et de promotion des thèmes transhumanistes. L’autre message, émanant de l’Etat islamique, nous invitait effrontément à nous soumettre à son califat ou à aller brûler en enfer. Ces deux missives nous ont inspiré des réflexions dont nous faisons ici part au lecteur.

    Cela fait quarante ans que les bourgeois intellectuels - universitaires, militants et médiatiques - macèrent dans l’anti-humanisme. Cette haine, dans un monde voué à la machine, est devenue l’idéologie dominante. Contre les transhumanistes avides d’en finir avec l’erreur humaine, et les djihadistes assoiffés d’inhumanité, nous, animaux politiques, défendons le genre humain. C’est bien plus beau lorsque c’est inutile. Cela fait quarante ans que les beaux esprits s’en vont radotant que « Camus est un philosophe pour classe de terminale. » Si seulement c’était vrai. Ils auraient au moins enseigné l’école du courage et de la droiture à leurs élèves.

    #Documents #islamisme #transhumanisme
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Islamisme_et_transhumanisme-2.pdf

    • Qu’est-ce qui nous fait agir, nous, les humains ? On peut lister toutes sortes de facteurs, matériels, psychologiques, affectifs, politiques, culturels. Mais en fin de compte, ce qui nous fait choisir une direction plutôt qu’une autre, ce sont les idées. C’est-à-dire des formes – eidos, en grec. « L’image d’une chose », dit Descartes. L’idée qu’on se fait de ce qui est juste, bon, désirable, par exemple.

      Nous ne cessons de répéter, quand on nous demande « quoi faire », à nous, Pièces et main d’œuvre, que les idées ont des conséquences. Nous menons une lutte d’idées ; nous devons par conséquent être capables de forger et d’énoncer les idées qui nous font choisir une direction – qui devraient nous faire agir.
      Notre idée, c’est que l’homme comme espèce et comme individu, mérite d’être défendu, au même titre que le vivant sur cette planète (on n’ajoute pas « parce que la vie est belle », ça déclencherait le détecteur de conneries).

    • La machinisation du monde et l’évincement de l’homme ne sont pas des lubies de luddites. Elles se constatent chaque jour, quand la connexion avec « le monde » remplace l’attention à son voisin ; quand les SMS et les « émoticônes » remplacent le langage, la conversation et ses codes ; quand Internet, GPS et portable supplantent la mémoire, l’autonomie intellectuelle et pratique ; quand les machines virent de leur travail une part croissante l’humains. Ce n’est pas rien, d’ignorer son prochain, de ne pas savoir s’exprimer, d’être étranger au monde sans ses interfaces électroniques, de confier à des robots des tâches qui nous inscrivaient dans un lien social réel. Détruire les fondements de notre humanité, de
      notre condition d’animaux politiques, c’est faire place aux pulsions, au nihilisme, à la haine de soi et au ressentiment.

  • Notes sur la lecture de "L’invention de la science" de Guillaume Carnino. -5-

    Partie 1 : http://seenthis.net/messages/428937
    Partie 2 : http://seenthis.net/messages/429289
    Partie 3 : http://seenthis.net/messages/429820
    Partie 4 : http://seenthis.net/messages/430316

    Ch. VII.
    Le sens de « technologie » à changé au cours de l’histoire avec la science et l’industrie. Le terme servait d’abord a désigner et collecter l’ensemble des moyens permettant d’agir sur la matière. Il incluait aussi bien les métiers, les procédés techniques, que les machines. Les métiers en ont été exclus, les machines y sont resté mais procédés d’une collection et classification sas expérimentation ni causologie (connaissance des causes), et au cœur de ce grand ensemble se trouvait la « science des machines » proprement dite avec entre autre la cinétique.
    Cette modification sémantique est aussi pratique , puisque les manières de produire suivent aussi cette évolution , dans le vocabulaire d’une part, dans des descriptions de procédé qui devient de plus en plus précis et chimique, dans les lieux de production (qui de fabrique deviennent usine, industrie), et enfin dans le remplacement final du savoir faire artisanal par un ensemble de machine et procédé mécanique qui visent a obtenir scientifiquement la production (Carnino prend l’exemple de la fabrique de la bière, et plus loin celle de la pisciculture).
    Changement dans l’organisation du travail . Apparaît aussi l’incitation à la division en tâches et travaux, là ou l’artisan gérer ses pauses et pouvait être lié à sa vie familiale. Par ailleurs les machines sont valorisées en comparaison de la main d’œuvre susceptible d’être irrégulière ou de se composer en rapport de force. Plus besoin de travailleuses et travailleurs qualifiée, il suffit de suivre les manuels.
    [Des propositions qui cette fois relève plus clairement d’une politique qui à travers l’économie veux se faire passer pour science. Mais l’auteur enchaîne cette disposition aux précédentes puisque elles apparaissent dans les mêmes publications.
    Notons par ailleurs, que le remplacement des humains par les machines dans certaines activités n’est pas un problème en soi, cela pourrait nous libérer du temps si nous avions les moyens matériels à côté pour vivre… Autrement dit, à part les questions qualitatives, et de santé (pollution, mais aussi parfois psychologique [le travail aliénant existe avec ou sans machine]), la machine pose problème surtout à cause de l’organisation capitaliste. Celles-ci réclament un accroissement infini du capital, quel qu’en soit les moyens, et le plus rapidement possible.]
    Changement dans le marché et sa législation . L’auteur rappelle aussi plus tard que le train a pour ainsi dire forcé pratiquement « aux transformations légales et douanières, achève de faire pénétrer les règles du marché international au sein des régions les plus éloignées de la capitale. »
    [Je me permets de préciser sur ce point, qu’effectivement, Paris, à longtemps considéré les autres régions de la France comme ses colonies, ou elle allait puiser des ressources, y compris culturelle originale, qui furent mis en stéréotypes sous la forme du folklore. Cet extension de l’administration est aussi une occasion nouvelle de l’imposition autoritaire de la langue française].
    Science et industrie un même objectif et démarche . Ce que veux montrer Carnino c’est que « les postures scientifique et industrielle coïncident, non seulement dans leur objectif, mais bien dans leur démarche même. » La science se met pour ainsi dire à disposition de la réalisation industrielle, elle épouse ses difficultés pour tenter de les résoudre.
    Il ose même cette proposition : « L’exigence de reproductibilité, que les épistémologues ont toujours présentée comme étant l’apanage de la scientificité, est en réalité une dimension industrielle de la science elle-même : <citant Pasteur> « l’industrie a besoin de plus de stabilité et d’uniformité, soit dans la production, soit dans l’écoulement de ses marchandises » ». [Mais es-ce que cela veut dire qu’il peut existe une science sans reproductibilité ? Car c’est aussi une condition d’un savoir certains que de pouvoir vérifier les propositions d’autres chercheurs ? Cette corrélation n’implique pas à mon avis que toute science qui l’emploi travaille pour l’industrie… Carnino pense que cet argument de la science peux faire vitre pour l’industrie… mais aujourd’hui que voit-on ? Des brevets, un « secret industriel », ce n’est pas la reproduction publique ou comparative que veux l’industrie, c’est sa stabilité privée.]
    Le problème de l’invention scientifique . Semble complexe, d’un côté localement, avec des savoirs locaux, non-théorisés certain-e-s peuvent aboutir à une production originale, de l’autre des théoriciens voit la possibilité, mais pas sa mise en œuvre et vont in fine, recourir aux savoirs locaux pour ensuite mettre au point sa production industrielle.
    [Dans le cadre du capitalisme, les coopérations de ce genre ne sont peu appréciés, et l’on va chercher QUI est l’auteur de l’invention. Selon on récompensera les théoriciens, ou les pratiquants locaux, qui après tout, produisait aussi, mais juste pas avec une méthode industrielle… Le capitalisme va seulement reconnaître ce qui participe à son extension, alors qu’il serait possible de voir qu’il s’agit ici de deux types de savoirs, l’un théorique et l’autre pratique d’une part, mais aussi de deux types de possibilité quantitative de production, l’une artisanale, l’autre industrielle. Si on voit ces types de productions concurrentielles, parce que l’on cherche a produire « plus » et « plus vite » inévitablement on va en évincer une, pour reconnaître l’autre. Alors que si les besoins différents peuvent apporter des productions différentes et qu’ils sont satisfaits par elles, pourquoi chercher à en choisir un, au lieu d’apprécier au contraire l’inventivité de chacun-e qui permettrai de répondre à des besoins différents].
    Nous assistons au début de l’exploitation industrielle du vivant avec une forme particulière de pisciculture, mais surtout l’institution, le 10/02/1854 de la Société zoologique d’acclimatation (qui sera réformé en 1910 pour devenir la Société de protection de la nature et d’acclimatation de France) qui réuni différents acteurs, économique, gouvernementaux et scientifique pour organiser une nouvelle reproduction et exploitation du vivant.
    Carnino, insiste plutôt sur l’idée que c’est dans ce type de structure que naît pratiquement ce qu’on appelle la techno-science, ou plutôt la technologie. En tant que « alliance des pouvoirs politiques de la science et de l’industrie, c’est-à-dire en tant qu’association des macrosystèmes techniques et de rationalisation scientifique des processus productifs » [Toutefois je n’y vois pas quelque chose qui serait « plus science » que politique. Pour moi, il s’agit juste plutôt de politiciens qui enrôle a leur fin des scientifiques, qui par ailleurs ne demande pas mieux parce qu’ils en partagent une partie, si ce n’est totalement les objectifs. Ce que je veux dire, c’est que cette pratique me semble plus nécessaire à cause de l’objectif capitaliste, qu’à cause de la structure même de la science. Même s’il est clair que c’est une structure particulière de la science qui va alors être mis en avant, et prise comme si elle était « la science ». De même l’Histoire ne va alors retenir comme scientifique que les personnes qui, et Carnino le relève, vont se faire connaître ou légitimer.
    Il existe plusieurs modalités du savoir différentes (avec aussi des qualités différentes) qui co-existes, mais on ne retiendra, pas que les « vrai », mais que ceux qui correspondent au type de mode et de qualité de production exigé par le capitalisme. Ce n’est pas pour moi, contrairement à ce que dit Carnino, une science qui dépossède l’artisanat à des fins économiques [1], mais les fins économiques, qui légitimes un savoir contre un autre.
    Au final, mon impression profonde est que l’on se retrouve, comme c’est souvent le cas avec la critique des techniques et/ou des sciences, avec un axe qui est fondamentalement plus écologique que social, et qui donne priorité critique à des idées comme la croissance, le productivisme, l’extractivisme, la prédation, le remplacement du vivant par des machines, l’hybridation, la rationalisation au lieu d’une critique du capitalisme (ou anarchiste complète, c’est-à-dire pas seulement écologique, mais aussi sociale), qui par ailleurs peu comprendre les autres critiques (ou en écarter) mais qui dans tous les cas, les organisent et les reconnaîts différemment]
    [Carnino, relève cette citation fameuse : « Le pisciculteur doit étudier les lois biologiques, observer les faits naturels comme le voleur étudie le code pénal et observe le gendarme pour savoir jusqu’où et comment les défier sans trop de danger » (AN, F10 2630, conclusion de la troisième conférence de Chabot-Karlen.) Ce qui me permet de voir que le discours à évoluer, puisque Francis Bacon disait qu’il fallait « violer » la nature par les sciences, Descartes, s’en rendre comme maître et possesseurs, ici on parle de voler, aujourd’hui il me semble que l’on parle de connaître et mimer.]
    Toujours est-il que l’on passe de nombreux savoirs, et sciences, à l’idée qu’il existerai « La science » unique, produite en partenariat avec les différentes industries et gouvernements. Et ce changement semble bien avoir lieu aux alentours de 1850. [Mais il me semble important dès lors de ne pas rentrer dans une logique d’idéalisation de avant 1850, ni dans un dégoût de l’activité scientifique en général, mais bien de considérer que d’autres formes de production du savoir existes, dont certains peuvent répondre tout autant a une exigence de vérité, et ne pas servir que les moyens et les ambitions capitalistes].

    [1] Ch. VII, Les mutations de la technologie, §La technologie : du discours sur les techniques à la techno-science.

    #science #industrie #savoirs_locaux #technologie #inventions

  • Notes sur la lecture de "L’invention de la science" de Guillaume Carnino. -1-

    Comme je l’indique, la lecture est en cours, mais comme c’est intéressant, je propose a ceux qui n’ont pas connaissance du livre, mes remarques au fur et a mesure de lecture. Quand je met un passage entre crochets, c’est qu’il s’agit d’une remarque personnelle, pas de ce qu’indique l’auteur.

    Carnino semble vouloir démonter l’origine d’une « science » au visage de pureté, détaché des questions économique et sociale. [Mais lui-même semble ne pas distinguer, les scientifiques, les productions, la méthode scientifiques, le savoir scientifique par ex.] Son étude semble relever d’un travail des textes [qui ne serai pas équilibrer avec une analyse sociologique d’une part (statistique des pratiques) et d’autres part de l’histoire même de la méthode scientifique].
    Se concentrant sur l’implication de scientifiques dans leurs engagements sociaux… [et semble t’il pour ne cibler que ceux qui « collabore » pour ainsi dire avec l’ennemie (rien sur les lanceurs d’alertes et autres scientifiques soucieux des questions sociales)].
    Rabelais plus religieux que lumineux . « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » est souvent mal compris comme l’idée d’une moralité exigée du comportement scientifique. Pour Rabelais, il s’agissait de défendre la morale religieuse comme venant modérer une science qui n’est pas encore la nôtre mais qui signifiait un savoir figé du type législatif [?].

    Savoir, science, philosophie . Au XVIII s. et jusqu’en 1900, « science » et souvent assimilé a l’idée de « savoir approfondi » [sans forcément de distinction d’avec des savoirs issus d’expériences, de preuves etc.] Cependant Carnino repère un tournant vers 1850 correspondant à

    Ensemble structuré de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont la mise au point exige systématisation et méthode. (Trésor de la langue française)

    [mais que l’on peu interpréter comme une tentative militante pour promouvoir un autre savoir ?]. Les mathématiques, la physique, la chimie et l’astronomie en 1773 pour Alexandre Savérien, étaient encore identifié comme « philosophie », et c’est probablement la philosophie, dont en particulier la métaphysique qui serait l’équivalent du « savoir » général, conformément aux idées de Descartes. [Chaque science apparaîtrait probablement quand de philosophie on passerai à expérimental… mais franchement, tout le monde a plus ou moins conscience de ça].

    Redétermination sémantique de la science et naissance et affirmation du métier de scientifique . Quoi qu’il en soit, ses analyses des titres de publications françaises, le pousse a estimer qu’entre 1810 et 1850, à lieu une recomposition sociale d’ampleur du terme « science ». « L’évolution du terme « scientifique » est plus significative encore. Le qualificatif n’apparaît pas avant la fin des années 1820 dans les titres des publications en langue française. Ce n’est donc pas une reconfiguration sémantique qu’il s’agit, mais d’une véritable invention, qui recouvre l’apparition d’une nouvelle catégorie sociale : le scientifique, en tant qu’adjectif bien sur (ce qui suggère que l’idée de science en vient à être hypostasiée, naturalisée, concrétisée), mais aussi en tant que personne, c’est-à-dire en tant que métier, témoignant d’un processus de professionnalisation sur le temps long. »
    [J’ai fait mes propres recherches avec Ngram Viewer de Google Book, on observe sensiblement la même chose, mais il est aussi intéressant de voir avec le mot de « sciences » (au pluriel) qui dès l’origine semble plus proche du sens contemporain. Et les mots « savant » et « savants » sont aussi intéressants montrant un bond de « savants » entre 1833 et 1844. En 1885 par ailleurs on observe l’occurrence plus grande du terme scientifique, que celui de savant.]
    http://www.mediafire.com/view/31an435ex1gg8ar/ngram_science_origin.png

    La figure de Galilée, une reconstruction historique pour servir un projet politique.

    [La tendance que je vois c’est qu’en fait nous avons a faire a une étude de com du mot science dans les divers enjeux de pouvoir, mais sans forcément de questionnement sur les différentes choses même que peu recouvrir ce mot dans la réalité. De fait, il ne s’agit donc pas d’examiner l’invention de la science, mais l’invention d’une représentation spécifique de la science. Et vis-a-vis du sous-titre « la nouvelle religion de l’âge industriel », on peu se demander si d’une part l’industrie elle-même y croit (a fortiori, non), et d’autre part si révéler les origines historiques du montage de cette représentation de la science en libère (et a priori, non plus). Il serait probablement plus efficace de rappeler l’ambiguïté du mot science et de ce qu’il peu définir, et de discerner le sens employer dans une discussion. De même mieux connaître la réalité de la démarche scientifique, aussi bien la réalité sociologique des chercheurs, que celle de la méthode, permet de ne plus se laisser embrigader par ses structures d’aveuglements.]

  • Les fondamentaux de la psychiatrie

    https://www.dailymotion.com/video/x37mxys_les-fondamentaux-de-la-psychiatrie_school

    Cette vidéo fait suite aux « déconvertis de la psychanalyse »
    http://seenthis.net/messages/416786#message416786

    Sophie Robert interviewe trois psychiatres experts en psychiatrie de l’adulte (Pr Bernard Granger, Pr Antoine Pelissolo, Dr Philippe Domenech) et une chercheuse en neurosciences, spécialiste du développement du cerveau (Pr Scania de Schonen).

    Ensemble, ils posent les repères fondamentaux de la psychiatrie scientifique – c ‘est a dire le corps de connaissances et de thérapies psychiatriques qui s’est développé en dehors du référentiel psychanalytique : qu’est-ce qu’une maladie mentale ? Les notions de psychisme et d’inconscient ont-elles du sens ? Sur quelles bases fonctionnent les thérapies cognitives et comportementales des troubles mentaux ? Que sait-on de fiable, qu’est-ce qui fait consensus dans la communauté scientifique internationale, au sujet de la psychiatrie adulte aujourd’hui ?

    Ce programme sera complété d’une nouvelle émission consacrée à la psychiatrie de l’enfant.

    INVITÉS

    Pr Scania de Schonen est directrice de recherche émérite au CNRS, professeur à l’Université Paris Descartes, spécialisée dans le développement du cerveau.

    Dr Philippe Domenech est psychiatre et docteur en neurosciences cognitives à l’Institut d’études de la cognition (ENS), où il traite et étudie le TOC résistant.

    Pr Bernard Granger est psychiatre et psychothérapeute, professeur de psychiatrie à l’université René Descartes. Il dirige le service psychiatrie de l’hôpital Tarnier.

    Pr Antoine Pelissolo est psychiatre et psychothérapeute. Il dirige le service psychiatrie du CHU Henri Mondor à Créteil. Il est également professeur de psychiatrie à l’université Paris est Créteil et s’est spécialisé dans le traitement des troubles anxieux.

  • “La plus grande victoire des jésuites fut de persuader les Naskapi de battre leurs enfants” — Silvia Federici décrit l’arrivée de la civilisation française en Amérique du Nord.

    #masculinisme #civilisation #colonialisme #europe #amériques #sauvages #enfance #femmes #punition #religion #histoire #esclavagisme #nos_valeurs

    (Je viens de finir l’introduction de “Caliban et la Sorcière” — l’introduction occupe les deux-tiers du volume ! —, et je m’apprête à entrer enfin dans l’histoire de la chasse aux #sorcières.)

    • Oh oui c’est très très riche ; ce que j’ai aimé dans ces deux pages c’est la concision avec laquelle elle y fait tout converger.

    • Ça donne vraiment le goût de le lire ! :-)
      Quand on peut voir les séquelles chez ces peuples jusqu’à aujourd’hui ! Ce qui les maintient dans une position ambivalente face à ce passé d’autant plus que ces traces écrites sont majeures dans l’histoire (écrite donc légitime !) de ces nations autochtones.

    • Merci @fil, c’est très instructif sur la #colonisation (EDIT pour le tag #colonisation) et sur l’exportation de la violence.

      Notamment sur l’histoire de l’éducation à la française et comment se transmet la violence encore aujourd’hui, en premier sur les femmes et les enfants, deux enfants meurent tous les jours en France de maltraitance physique.
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/14/enfants-maltraites-deux-morts-par-jour_3430128_3224.html

      Il y a un livre (dont je n’ai pas les refs désolée mais il date de 1999 je pense) sur les croisades qui relate l’exportation de la violence chrétienne par les croisés dans les territoires qu’ils asservissent.
      Voici la carte des croisades, édifiant …

    • Pas directement lié mais ça me rappelle ça :

      L’amusement disparut lorsque les relations se précisèrent. Les envahisseurs avaient besoin de main-d’oeuvre sur les territoires qu’ils s’étaient attribués, et si les Indiens étaient prêts à céder une partie de leur terres d’assez bonne grâce, ils refusaient fermement de travailler. Les moines de l’ordre de Saint-Jérôme s’indignèrent : « Ils fuient les Espagnols, refusent de travailler sans rémunération, mais poussent la perversité jusqu’à faire don de leurs biens. Ils n’acceptent pas de rejeter leurs camarades à qui les Espagnols coupent leurs oreilles. […] Il vaut mieux pour les Indiens devenir des hommes esclaves que de rester des animaux libres. »

      (Préface de Terre Sacrée, de Serge Bramly)

    • lecture au risque d’éveiller des remarques désobligeantes sur la situation actuelle de ressortissants de certains pays européens ! cf la description de l’état des indigènes autour de la république des Iroquois dans les notes de voyage de Beaumont (aux cotés de Tocqueville )

    • J’ai beaucoup aimé Caliban et la sorcière, mais il y a quant même un problème qui me semble important et que je voudrais signalé dans l’utilisation d’une illustration. Page 39 de l’édition @entremonde , il y a deux images. Celle du dessous est légendé « Femmes maçon bâtissant un mur d’enceinte. France, XVe siècle ». Cette image interviens après un développement qui explique que les femmes faisaient tout type de profession, y compris maçon. L’image sert un peu de preuve historique pour convaincre à ce moment de la lecture.

      Mais l’image est en fait un recadrage d’une enluminure issu du livre « la cité des dames » de Christine de Pisan. On ne voie que la partie de droite de cette image dans le livre de Federicci :

      Je l’ai reconnu au premier coup d’œil, car je l’ai dessiné plusieurs fois :
      http://ecole-athena.blogspot.fr/2014/12/3-christine-de-pizan-photo-du-jour.html

      Cette image n’est absolument pas un témoignage historique montrant deux femmes maçon françaises du XVeme siecle construisant un mur de pierre. Il s’agit de Dame Droiture et Christine de Pisan qui bâtissent les murs symboliques de la cité des dames, forteresse de l’esprit, afin de protégé les femmes de la calomnie des hommes.
      La légende ne donne pas la source de l’image. Seulement « France XVe » alors que d’autres images sont correctement sourcées dans le livre et que cette image est bien connu et je ne peu pas croire qu’au vu de la richesse et de la rareté de certaines illustrations, celle ci ne soit pas connu de Federicci.
      Et même si elle ne connais pas la cité des dames de Christine de Pisan, ce qui me semble peu crédible, comment est-ce possible que ses femmes maçon portent couronne et robe de cour et que Federicci n’ai pas remarqué ce « détail » ?

      J’ai beau retourné ca dans tous les sens ca me semble suspect. Est-ce que les illustrations du bouquin sont sortis de livres de contes de fées ? Ca me donne l’impression qu’il faudrais que je vérifie moi même toutes les sources cités par Federicci et il y en a un paquet. En tout cas ça m’a gâché la lecture, car elle dit des choses vraiment étonnantes et qui retournent la vision qu’on a de l’histoire de l’Europe et en particulier sur la période de la Renaissance. Mais comment la croire vraiment si une des premières illustration de son livre est une grossière manipulation d’un document historique pour le tordre à sa théorie. ..

      A moins que ca soit un très gros problème de « biais de confirmation »
      https://seenthis.net/messages/513828

      –-----
      Je croyais avoir deja expliqué cette histoire d’illustration dans Caliban et la sorcière sur seenthis mais je ne retrouve pas mon message alors je le remet ici. Désolé si il y a doublon ou triplon :)

    • Merci pour la référence @aude_v
      Par rapport au travail des femmes, il me semble claire que les femmes n’ont pas été épargné pour les taches physiques contrairement à ce que l’imaginaire moderne le fait croire. Je pense par exemple au discours de Sojourner Truth « Ne suis-je pas une femme ? » qui met bien en avant que la prétendue fragilité et faiblesse physique des femmes n’était valable que pour les femmes blanches de certaines catégories socio-économiques.
      –----
      Autre chose, page 45 Federicci parle du « droit de cuissage » comme si c’était une réalité historique indiscutable de la société médiévale.

      C’est le seigneur qui commandait le travail et les relations sociales des femmes, décidant par exemple si une veuve devait se remarier et qui devait être son époux, revendiquant même dans certaines régions le jus primae noctis, le droit de coucher avec la femme du serf lors de la nuit de noce.

      Mais il semblerais que ce droit en tout cas pour la France soit une invention plus tardive.
      http://www.zetetique.ldh.org/cuissage.html
      Federicci dit juste « dans certaine région » et ne document pas plus à ce sujet. J’imagine qu’il y a eu des seigneurs qui ont commis des viols en profitant de leur pouvoir, comme les hommes le font toujours massivement aujourd’hui, mais de là à parler d’une loi écrite, alors qu’il ne semble pas y avoir de trace de cette loi (sinon Federicci aurais indiqué une source au lieu de rester dans le vague), ca me semble pas bien sérieux. Et ca met à mal encore la crédibilité de Federicci à mes yeux.

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      Je me souviens aussi d’une partie sur le cochon qui m’avait surprise. Federicci dit que la mise à mort du cochon est une forme de violence faite aux femmes (c’est dans une partie sur le mécanisme de Descartes et le traitement des animaux comme de machines). Elle affirme, là aussi sans aucune source documentaire, que les femmes s’occupaient du cochon dans les fermes d’Europe et que la mise à mort du cochon les affectaient particulièrement et était même tourné comme une attaque contre les femmes. Faudra que je retrouve cette partie. Cet hivers j’ai été suivre des conférences sur la viande au musée dit « de l’homme » et j’en ai discuté avec un médiéviste spécialiste de la boucherie qui faisait une de ces conférences ( c’etait : Statut(s) de l’animal de boucherie dans l’occident médiéval par Benoit Descamps (Historien, chargé de cours à l’Université Paris 8) ). Il m’a dit être surpris par cette théorie et n’avoir jamais constaté dans ses sources une spécificité féminine dans l’élevage des porcs. Il m’a dit qu’il se renseignerais mais je ne l’ai jamais revu pour voire si il a trouvé quelque chose. Cet historien ne m’as pas dit que c’était faux, ni impossible, et il n’était pas spécialement sensible à la place des femmes et n’avais manifestement jamais cherché dans cette direction. En plus la conférence était au musée du macho et il y avais peu de conférencières, par contre les organisatrices étaient des femmes et les femmes n’ont pratiquement pas été évoqués dans les conférences auquelle j’ai assisté. Les conférences étaient pour beaucoup assez problématiques, à base de « nous » on mange de la viande et on a trop raison et « eux » les végétariens sont des tarés relous qui nous emmerde. Mais tout de même ca me semble un peu suspect ce que dit Federicci sur la mise à mort du cochon comme violence contre les femmes et surtout sans rien produire comme source pour donner corps à cette idée.

      Tout ca m’embête, je voudrais bien croire ce que dit Federicci. Vu l’aspect révolutionnaire de sa théorie, et le fait qu’elle s’oppose totalement à l’histoire telle que je l’ai appris, je suis frustré de voire les problèmes que je soulève ici.

  • https://zilsel.hypotheses.org/2103


    LE RÉALISME KITSCH

    Dans le présent texte consacré à des réflexions contemporaines sur la question du réalisme, Pascal Engel pointe les limites de différentes perspectives philosophiques, qui, à défaut de partager les fantasmagories anthropologico-sociologiques des postmodernes susnommés, partagent toutefois avec ces derniers un goût prononcé pour le kitsch. L’auteur de La Dispute et de La norme du vrai vise en effet à montrer, avec une certaine efficacité nous semble-t-il, et après avoir identifié les principales acceptions de la notion philosophique et épistémologique de « réalisme », que le « carnaval ontologique » dans lequel s’illustrent cette fois-ci le « réalisme spéculatif » de Quentin Meillassoux, les « réalismes accueillants » de Markus Gabriel, de Tristan Garcia ou de Bruno Latour[3], et, dans une moindre mesure, le « réalisme contextualisé » de Jocelyn Benoist ou encore le « nouveau réalisme » de Maurizio Ferraris, ne sont en réalité ni particulièrement « réalistes » (ils semblent bien plutôt incarner diverses formes d’idéalisme), ni ne sont spécialement « nouveaux » — sauf peut-être en ce qui concerne, pour les premiers d’entre eux, une aptitude particulière à la grandiloquence, elle-même favorisée par des moyens de médiatisation jusqu’alors inédits en philosophie (blogs, conférences sur internet, réseaux sociaux électroniques, etc.).

    Il y a une chose au moins dont les nouveaux réalistes ne semblent pas dépourvus, c’est du sens de la publicité.

    Un Beaujolais nouveau n’est pas nécessairement du Beaujolais (cela peut être de la piquette). De même un réalisme nouveau n’est pas nécessairement nouveau : ce qui peut sembler nouveau à l’un peut apparaître comme une vieille lune à l’autre, et on ne sait jamais si ce qui nous apparaît nouveau maintenant sera considéré comme nouveau plus tard. Le problème est que, plus encore que la plupart des termes philosophiques, celui de « réalisme » est d’une plurivocité qui défie les classifications. Sans parler des sens de ce terme en art, qui sont légion, bien des philosophes dans le passé ont été ou se sont appelés « réalistes », même si ce terme n’est vraiment entré dans le vocabulaire qu’après Kant : Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Descartes, Locke, Reid, Bolzano, Frege, Brentano, Ingarden, Bertrand Russell, Moore, Mackie, Smart, Armstrong, etc. Une école de philosophie américaine, aujourd’hui bien oubliée, s’est jadis appelée « New Realism » (R.B. Perry, R.W.Sellars et alii). Mais on est très rarement « réaliste » tout court. La plupart du temps on est en philosophie un réaliste dans tel ou tel domaine ou sujet : quant au monde extérieur, quant aux universaux, quant aux entités mathématiques ou scientifiques, quant aux valeurs morales ou esthétiques, quant aux vérités logiques ou quant aux vérités juridiques (on parle de « réalisme scandinave » en droit), etc. On est rarement réaliste globalement, et dans tous les domaines, et un même auteur peut être réaliste dans un domaine et pas dans un autre. Platon par exemple est dit « idéaliste » quant aux Idées, mais aussi réaliste quant à sa conception des entités abstraites. Aristote est réaliste en éthique, mais ne l’est pas quant aux entités mathématiques. On est aussi réaliste relativement à un problème. Par exemple on classe souvent Descartes et Locke comme des réalistes indirects quant à la perception, et Reid comme un réaliste direct. Le réalisme généralisé est une notion tout aussi incongrue que celle de « génie universel » ou de couteau suisse intégral. De plus, la notion de ce qui est réel ou pas est, comme nous le rappelle le dialogue d’Alice avec Tweedledum et Tweedledee, souvent égarante :

    “You know very well you’re not real.”

    “I am real !” said Alice, and began to cry.

    “You won’t make yourself a bit realler by crying,” Tweedledee remarked : “there’s nothing to cry about.”

    “If I wasn’t real,” Alice said – half laughing through her tears, it all seemed so ridiculous – “I shouldn’t be able to cry.”

    “I hope you don’t suppose those are real tears ?” Tweedledum interrupted in a tone of great contempt.

    La situation n’est pas plus claire pour les philosophes que chez Alice. Comme l’a remarqué Crispin Wright : « S’il y a jamais eu un consensus sur le mot “réalisme” comme terme philosophique technique, ce consensus s’est indubitablement fragmenté sous les pressions exercées par les divers débats – en sorte qu’un philosophe qui viendrait affirmer qu’il est un réaliste en sciences, ou en éthique, n’aurait sans doute, pour la plupart des publics philosophiques, fait rien de plus que se racler la gorge

    Les nouveaux réalistes d’aujourd’hui entendent manifestement réagir, de près ou de loin, au postmodernisme. Ils ont peur de ce dont Rorty n’avait pas peur, d’avoir « perdu le monde »[10]. Mais en même temps, ce qui frappe, dans leurs livres, c’est que les doctrines dont ils nous disent qu’elles portent la marque du réalisme paraissent souvent, pour ceux qui ont une éducation classique en philosophie, assez peu conformes à l’image courante du réalisme. Comment un auteur qui nous dit qu’il n’y a qu’une nécessité, c’est la contingence, un autre qui nous dit que tout existe sauf le monde, un autre qui nous dit que l’activité scientifique ne porte que sur une réalité qui a son mode d’existence propre alors que d’autres discours ont le leur, ou d’autres encore qui nous disent que le vrai réalisme n’a pas à se prononcer sur la réalité de quoi que ce soit, sont-ils encore des réalistes ? N’a-t-on pas envie de leur dire, à la manière de Régis Laspalès dans un sketch fameux : « Tu m’embrouilles ! »

    #philosophie #epistemologie #realisme #french_theory #relativisme #Bruno_Latour #affaire_maffesoli