city:dublin

  • ODAE romand | La Suisse doit respecter les délais Dublin conformément à la jurisprudence de la Cour européenne de justice
    https://asile.ch/2018/02/01/odae-romand-suisse-respecter-delais-dublin-conformement-a-jurisprudence-de-cou

    Dans un arrêt du 21 décembre 2017 (E-1998/2016), le TAF a admis le recours d’une famille irakienne renvoyée en Allemagne en application du Règlement Dublin. L’Allemagne avait certes accepté de les reprendre en charge, mais le SEM avait dépassé le délai de trois mois pour adresser la demande de réadmission à l’Allemagne. Ce grief a […]

    • Switzerland: Landmark ruling on asylum seekers’ right of appeal against Dublin III transfers brings Swiss court in line with CJEU practice

      The Federal Administrative Court of Switzerland (FAC) has departed from its previous case law concerning the right of asylum seekers to challenge the incorrect application of responsibility criteria under the Dublin III Regulation, thereby aligning the court’s practice with recent jurisprudence of the Court of Justice of the European Union (CJEU).

      In a landmark ruling released on 12 January 2018, the FAC approved the appeal of an Iraqi family whose asylum application in Switzerland had been dismissed on the grounds that they had previously filed an application for asylum in Germany. The State Secretariat for Migration (SEM) had concluded that Germany was the State responsible for processing the application after receiving confirmation of acceptance from the German authorities. The family had lodged a complaint against this decision, asserting that the responsibility criteria set forth in the Dublin III Regulation had been incorrectly applied as the SEM had missed the three-month deadline for submitting a take-charge request to the German authorities. The SEM had thus become responsible for the examination of the family’s asylum requests, and could not return the family to Germany.

      The basis for this decision lay in the controversial question of the admissibility of appeals regarding the incorrect application of responsibility criteria in the Dublin III Regulation. Previously, the FAC had distinguished between directly applicable and indirectly applicable responsibility criteria, with complaints relating to the latter being dismissed outright because these criteria were technical in nature and did not affect the individual legal positions of asylum seekers.

      However, in its judgments in Ghezelbash and Karim, the CJEU concluded that the right to an effective remedy under Article 27(1) of the Dublin III Regulation covers an asylum seeker’s right to appeal against a transfer decision by pleading the incorrect application of one of the criteria for determining responsibility.

      The Swiss judges stated in their judgment that Switzerland is not, in principle, bound by the jurisprudence of the CJEU concerning the Dublin III Regulation. However, they added that all signatories to the Regulation are obliged to strive towards the uniform application and interpretation of the legislation. To this end, under established case-law, departures from CJEU practice may only be made if there are strong grounds for doing so. In this case, the FAC concluded that no such grounds existed.

      http://www.asylumineurope.org/news/15-01-2018/switzerland-landmark-ruling-asylum-seekers%E2%80%99-right-appeal-aga
      #Dublin #délais_dublin #suisse #jurisprudence

  • Pour les migrants mineurs, c’est le jeu de l’oie.
    https://www.swissinfo.ch/fre/economie/rapport-d-intersos_pour-les-migrants-mineurs--c-est-le-jeu-de-l-oie/43867134

    Des enfants fouillés, forcés à se mettre nus devant des adultes, entre les cris et les coups. Traités comme des marchandises endommagées qui ne sont bonnes qu’à être retournées à l’expéditeur. Cela se passe aux frontières italiennes, dans cette Europe à l’identité incertaine et si prompte au rejet malgré l’obligation de garantir une protection, dénonce un rapport de l’organisation humanitaire Intersos.

    Les autorités suisses, françaises et autrichiennes recourent systématiquement à la réadmission en Italie des migrants mineurs, violant les lois qui les protègent : de la Convention européenne des droits de l’Homme au règlement Dublin III en passant par le Code frontières Schengen.

    Et puis, il y a la Convention des Nations Unies de 1989 sur les droits de l’enfant : la loi la plus ratifiée et la plus bafouée.

    C’est l’organisation humanitaire IntersosLien externe qui le dénonce. En collaboration avec Open Society, elle a mené une étude en examinant pendant des mois les passages aux frontières italiennes.

  • « C’est à notre tour de nous bouger le cul » : les étudiants parisiens installent des migrants dans la fac de Paris 8 - Les Inrocks
    https://www.lesinrocks.com/2018/01/31/actualite/occupation-de-luniversite-paris-8-pour-loger-des-migrants-111040472

    Après Nantes et Lyon, un regroupement autogéré de collectifs parisiens occupe un bâtiment entier de l’université Paris 8, à Saint-Denis depuis mardi 30 janvier. Ils y ont logé de force une trentaine de migrants qui y ont passé la nuit sans être évacués. Récit de cette première journée d’occupation.

    Les quantités de nourriture collectée, de matelas, de couvertures ou de vêtements le prouvent : l’opération est minutieusement préparée depuis plus d’un mois. « On investit un bâtiment de Paris 8 pour loger des exilés qui dorment dans la rue, résume un étudiant de l’université en réajustant son écharpe. Aujourd’hui, c’est à notre tour de nous bouger le cul. »

    En écho aux initiatives d’occupations étudiantes et citoyennes lyonnaises ou nantaises, mardi 30 janvier, un regroupement de collectifs parisiens, essentiellement composés d’étudiants, a investi le bâtiment A de l’université Paris 8 pour y installer des migrants « dublinés ». Objectifs : leur permettre de dormir sous un toit, protester contre la politique migratoire et, à terme, négocier une régularisation générale.

    « Le mouvement commence enfin »

    Ceux qui se font appeler « le comité de soutien aux occupant.e.s du bâtiment A » ont d’abord pensé à d’autres lieux de la capitale, plus centraux, peut-être plus symboliques. Trop compliqué, pas assez sûr. Ça sera finalement Paris 8, à Saint-Denis, choisie pour sa taille et ses nombreuses sorties mais aussi pour la sensibilité de gauche de ses étudiants et de ses professeurs.

    Mardi, aux alentours de midi, environ soixante étudiants de plusieurs universités escortent discrètement une dizaine de migrants dans des salles d’un bâtiment reculé de la faculté de Saint-Denis. A midi et demi, trois salles sont occupées au deuxième étage. Les entrées sont sécurisées, les lieux nettoyés et le ravitaillement mis en place. "Le mouvement commence enfin", se réjouit un jeune d’une vingtaine d’année, les bras chargés de cageots de mangues.

    Evacuation aux aurores

    Jusqu’au dernier moment, l’incertitude régnait. Plus tôt le matin, tout a failli être annulé. Les rares personnes au courant sont alertées par sms : « On avorte, grosse évac. » L’opération, fixée pour 10h30, chancelle. Les migrants prévenus, ceux qui dorment chaque nuit dans des tentes aux portes de la Chapelle et de la Villette ont été évacués aux aurores. La quarantaine de personnes qui devaient être conduites à l’université a disparu, emmenées dans les bus des CRS.
    Une petite psychose s’installe. « Ils n’ont évacué que la partie du canal où logeait ceux qui devaient nous accompagner », peste un militant qui s’interroge sur une fuite éventuelle.

    « On ne peut plus reculer »

    Mais alors que tout le monde baisse les bras, une dizaine de personnes arrivent au point de rendez-vous. En majorité soudanais, érythréens, éthiopiens et guinéens. Eux sont dans la boucle depuis le début. « Ça fait un mois qu’on leur promet un toit, on ne peut plus reculer. » L’opération est réactivée, une nouvelle salve de sms est envoyée depuis des téléphones spécialement achetés pour l’occasion.

    Pendant ce temps à Saint-Denis, des étudiants de la fac se postent par petits groupes pour baliser le passage. Ils indiquent la route à suivre pour accéder au bâtiment A dans les dédales de Paris 8. Un signe de tête, un sourire montre le chemin à ceux qui savent, venus de toutes les universités parisiennes.

    Cuisine, communication et dortoir

    En moins de deux heures, des banderoles sont fixées aux fenêtres « Bâtiment à occuper », « Les exilé.e.s occupent le bâtiment A, rejoignez nous ». Les trois salles de classe à l’étage sont réparties en plusieurs pôles. (...)

    Les exilés occupent Paris 8 :
    Contact presse : paname-solidarite [at] riseup.net
    https://www.facebook.com/Les-exilées-occupent-Paris-8-148711182591952
    https://twitter.com/ExileesOccupP8

    #occupation #RefugeesWelcome #migrants #exilés #réfugiés #luttes #hébergement #fac #université #accueil #solidarité #hospitalité #émigration #migration #résistances #récit #toctoc

    • Occupation en cours à Paris 8

      Communiqué des exilé.e.s - Un texte historique écrit par le comité des migrant.e.s de P8 : collaboration en trois langues traduites simultanément. Une voix politique rare et très très forte. A partager, envoyer, retweeter, imprimer, afficher, tracter... #OccupP8 #RefugeesWelcome

      https://twitter.com/ExileesOccupP8/status/959429330802806784

    • @cdb_77
      https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2018/02/05/un-batiment-occupe-a-paris-8

      Depuis mardi, un bâtiment de l’université Paris-Vincennes-Saint-Denis (bâtiment A) est occupé jour et nuit. Y vivent ensemble des étudiants et des migrants. L’occupation de ce bâtiment a été réalisé par un regroupement de collectifs parisiens mardi 30 janvier après des initiatives similaires a Nantes et Lyon..

      Communiqué des migrant.e.s du bâtiment A de l’Université Paris 8

      « Nous sommes des exilé.e.s du monde entier, des dubliné.e.s, des réfugié.e.s statutaires à la rue. Nous sommes débouté.e.s de l’asile, nous venons de traverser la mer, nous sommes des mineurs sans papiers. Nous occupons l’ IUniversité Paris 8 depuis le 30 janvier 2018.
      Nous sommes des exilé.e.s du monde entier, des dubliné.e.s, des réfugié.e.s statutaires à la rue. Nous sommes débouté.e.s de l’asile, nous venons de traverser la mer, nous sommes des mineurs sans papiers. Nous occupons l’Université Paris 8 depuis le 30 janvier 2018. Pourquoi avons-nous du faire cette action ? Ces derniers mois, la France a déporté de nombreuses personnes. Nombre d’entre nous se sont suicidés. Il y a trois mois, un ami sous le coup du règlement de Dublin, déprimé, s’est allongé sur les rails d’un train qui l’a percuté. Il y a dix jours à Calais, la police a frappé et gazé des éxilé.e.s dormant dans la rue. Un jeune a eu la moitié du visage arrachée par un tir policier. Un ami qui avait rendez-vous à la préfecture y a été arrêté et mis en centre de rétention administrative (CRA), avant d’être déporté en Italie. La police française a ses gyrophares, ses sirènes et ses gaz, mais ni foi ni loi. Ce que le système d’immigration français attend de nous, ce sont nos empreintes, pas nous. L’arbitraire et l’aléatoire sont notre quotidien, à l’OFPRA, à la CNDA, à la préfecture. A l’issue des démarches, certain.e.s sont refusé.e.s, d’autres dubliné.e.s indéfiniment, assigné.e.s à résidence, déporté.e.s, et ce sans aucune logique.

      Nous revendiquons les choses suivantes :

      Des papiers pour tou.te.s
      Des logements décents et pérennes
      Pouvoir apprendre le français et continuer nos études
      La fin des refus au Dispositif d’Evaluation des Mineurs Isolés Etrangers (DEMIE)
      L’arrêt immédiat des déportations vers tous les pays, en Europe comme ailleurs.
      Nous attendons de tou.te.s les exilé.e.s qu’ils et elles luttent partout en France contre l’oppression et l’injustice et contre les pratiques de la police dans la rue. A la population française : vous qui avez fait cette révolution que l’on étudie dans les livres d’histoires, reprenez-la ! Nous remercions la population de son soutien, qui, contrairement à son gouvernement, nous montre sa solidarité. L’administration de la fac utilise la carotte et le bâton dans les négociations. Les un.e.s disent qu’ils vont nous donner un autre endroit dans la fac, les autres nous menacent à mots couverts de faire entrer la police. Nous demandons aux étudiant.e.s et aux professeur.e.s de l’Université Paris 8 de nous soutenir dans nos revendications. Nous les remercions et leur demandons de rester totalement avec nous, jusqu’au bout. Nous nous joignons à la lutte des étudiants sans-papiers de l’Université.

      A nos ami.e.s mort.e.s en traversant la mer,
      A nos ami.e.s suicidé.e.s,
      A nos ami.e.s mort.e.s à cause des frontières,
      A nos ami.e.s mort.e.s dans le désert,
      A nos amies violées en Libye,
      Nous ne vous oublions pas. »

      Les migrant.e.s de Paris 8

      #Réfugiés

    • Compte rendu de la réunion du 05 Février 2018 entre la Présidence de l’Université Paris 8 et les exilé.e.s occupant.e.s du bâtiment A, mel reçu

      Une vingtaine d’exilé.e.s représentant les différentes nationalités présentes, accompagnés de quatre soutiens, se sont réunis avec la présidence de l’université le mardi 5 février à 14h.
      La présidence a d’abord donné la parole aux exilé.e.s. Illes ont précisé s’être réunis en délégation le 5 février au matin avec l’UFR d’Art qui a voté une motion de soutien aux occupant.e.s et à leurs revendications.
      En milieu de journée, illes se sont également rendu à l’AG de Paris 8 contre la loi Vidal qui a également voté à l’unanimité son soutien suite à leurs interventions. Les exilé.e.s occupant.e.s ont par ailleurs rappelé à la présidence multiplier les efforts pour ne pas perturber le
      fonctionnement ni la salubrité des espaces d’enseignements, notamment en entretenant régulièrement les lieux et en les rendant accessibles à la
      tenue des cours. Aujourd’hui encore, la majorité des enseignements s’est tenue. Illes ont accédé à la demande de la Présidence de déplacer la cuisine dans la salle qu’elle a proposé à cet effet. Notons que ce
      déplacement permettra a priori de résoudre les problèmes de sécurité évoqués plus tard dans la réunion par la direction générale des services. De plus, les exilé.e.s ont notifié être prêts à accepter le
      déplacement de l’occupation dans l’amphi X à la condition que d’autres salles pour dormir leur soient accordées.

      À la sollicitation des exilé.e.s la discussion s’est détournée de ces questions logistiques pour se concentrer sur la question de leurs revendications : des papiers pour toutes et pour tous ; un logement
      pérenne et non pas un hébergement sommaire ou temporaire ; des conditions de vie dignes. Illes ont également exprimé leur souhait d’étendre ces revendications aux étudiants sans papiers de l’Université
      Paris 8. Les exilé.e.s ont formellement demandé à la présidence d’obtenir un rendez-vous avec le président de l’OFPRA (Mr Pascal Brice) et avec le préfet de Seine Saint Denis. Leur principale préoccupation est en effet de faire part de leurs problèmes aux autorités compétentes.

      En retour, il leur a été répondu qu’il n’était pas du ressort d’une présidence d’université, qui plus est peu dotée et excentrée, de satisfaire l’ensemble de ces revendications ; cela malgré sa compréhension des souffrances extrêmes des éxilé.e.s occupant.e.s. En fin de réunion, la présidence a promis de contacter le Président de
      l’OFPRA et la Préfecture, tout en affirmant son doute sur l’efficacité de la démarche. Le rétablissement de l’accès aux douches du service des sports a lui aussi été accordé oralement mais force est de constater que la promesse n’a pas encore été suivi d’effets.

      Nous notons par ailleurs avec regret l’utilisation de liste mail de l’ensemble de la communauté universitaire de Paris 8 pour diffuser deux motions contre l’occupation émanant de l’UFR de droit et de l’UFR LLCE-LEA alors que d’autres motions de soutien ont été adoptées (art,
      science politique et philosophie) mais n’ont pas été ainsi relayées.

      Nous réitérons notre appel à soutiens publics, actifs et médiatiques.

      Les migrant.e.s de Paris 8 et leur comité de soutien

      Migrants : la France et l’Europe complices, par Un collectif de personnalités artistiques et civiles
      http://www.liberation.fr/debats/2018/02/05/migrants-la-france-et-l-europe-complices_1627540

      Chercheurs et artistes, dont Patrick Chamoiseau, Virginie Despentes ou encore Annie Ernaux, soutiennent les exilés qui occupent l’université Paris-8 depuis le 30 janvier et dénoncent le projet de loi Asile et immigration du gouvernement.

  • #Droit_d’asile : entre #répression policière et #chantage financier

    OPINION. La politique d’asile restrictive menée par le Département fédéral de justice et police dirigé par la socialiste Simonetta Sommaruga est injustifiable, estime le professeur honoraire de l’Université de Lausanne Claude Calame.

    Par la presse, nous avons appris que depuis le 1er octobre 2016 le Département fédéral de justice et police a jugé opportun de punir le Canton de Vaud. Son Secrétariat d’Etat aux migrations a supprimé, dans plus d’une centaine de cas, la subvention accordée aux cantons pour l’aide sociale, l’assurance maladie obligatoire et l’encadrement des requérantes et requérants d’asile ; en l’occurrence la somme en jeu tourne apparemment autour du million de francs.

    La cheffe du département a justifié cette mesure de #rétorsion en invoquant l’une des dispositions qu’elle a introduites dans la dernière version de la loi sur l’asile, entrée en vigueur le 1er octobre 2016. Le nouvel article 89.b.2 précise : « Si le fait de ne pas remplir ses obligations en matière d’exécution comme le prévoit l’art. 46 ou de ne les remplir que partiellement entraîne une prolongation de la durée du séjour de l’intéressé en Suisse, la Confédération peut renoncer à verser au canton les indemnités forfaitaires. » La Confédération « peut » et non pas « doit ». Une fois encore, Mme Simonetta Sommaruga donne des textes de #loi l’interprétation la plus restrictive et en exige l’application la plus sévère qui soit.

    Traumatisme des renvois

    Certes, cela ne nous a pas échappé : au lendemain même de l’acceptation en juin 2016, par voie de référendum, d’une loi qui avait été donnée comme favorable aux requérant.es d’asile par l’accélération prévue du traitement des demandes, Simonetta Sommaruga s’est permis de tancer en particulier le Canton de Vaud. Celui-ci manquerait à son devoir d’expulsion des déboutées et déboutés de l’asile, toutes catégories confondues.

    Les conséquences de cet avertissement ne se sont pas fait attendre : interventions brutales de la gendarmerie dans les centres de l’EVAM, séparation arbitraire de familles en vue de l’expulsion, comparution de #déboutés les fers aux pieds devant le juge de paix, arrestations de réfugiés en pleine rue, #assignations_à_résidence en vue du renvoi, mesures d’intimidation auprès des personnes qui tentent de soutenir les « #dublinés ». Ils ne sont autres que des demandeurs d’asile, qu’au mépris de la #clause_de_souveraineté offerte par les accords de Dublin III signés par la Suisse, on renvoie dans le pays où ils ont été enregistrés à l’occasion de leur entrée dans l’Union européenne ; il s’agit en général de l’Italie ou de la Grèce qui sont contraintes d’assumer des dizaines de milliers de demandeuses et demandeurs d’asile.
    Aux traumatismes subis dans le pays d’origine par les faits de guerre ou par les violences qui provoquent l’exil, aux traumatismes endurés dans des parcours terrestres puis maritimes marqués par des rackets, viols, réduction en esclavage, enfermement en camp de concentration, sinon par la mort dans le naufrage d’embarcations de fortune, s’ajoutent, par la politique inflexible conduite par le SEM sous la direction de Simonetta Sommaruga, ministre socialiste, les traumatismes de #renvois et d’#expulsions marqués par la contrainte et le mépris : exécutés dans des conditions indignes de la personne humaine à l’issue d’arrestations musclées, certains « vols spéciaux » ont débouché sur la mort de personnes qui, pour seul délit, ont tenté de fuir une situation de précarité physique et psychique extrême et de trouver un abri en Suisse.

    Diminution drastique des demandes

    La conséquence est double. D’une part, cette politique répressive a conduit à une diminution drastique des demandes d’asile en Suisse : 39 523 demandes déposées au SEM en 2015 (sans battre le « record » de 1999 : plus de 46 000), 27 207 en 2016, 18 088 en 2017 (avec un taux d’acceptation de 25% seulement) ! En contraste, les étrangers fortunés continuent à être accueillis sans la moindre question posée sur l’origine de leur patrimoine ; ils continuent à pouvoir acquérir les appartements de luxe érigés à leur intention sur les rives de nos lacs, profitant du fait que l’investissement dans l’immobilier n’est pas soumis à la (faible) loi contre le blanchiment de l’argent sale.

    D’autre part, Mme Simonetta Sommaruga, par une politique d’asile axée sur l’expulsion, est parvenue à aider l’UDC à dresser la population contre les réfugiées et réfugiés, tout en faisant fi des droits élémentaires d’hommes, de femmes et d’enfants en état de grande précarité. La Suisse a pourtant tous les moyens, financiers, politiques et moraux, pour les accueillir.

    https://www.letemps.ch/opinions/2018/01/30/droit-dasile-entre-repression-policiere-chantage-financier
    #Suisse #renvois #Vaud

  • CHRONIQUES HONTEUSES – 1
    http://www.lacimade.org/chroniques-honteuses-1

    Le collectif « STOP DUBLIN -Marseille » publie quelques témoignages sur les conditions d’arrestations et d’expulsions le mardi 12 Décembre (juste après une mobilisation publique du collectif) de demandeurs d’asiles Dublinés, assignés à résidence dans les PRADHAs de France.

    Ces témoignages font tous le récit d’agissements illégaux de la police et de la gendarmerie, parfois même contre des décisions de justice : absence de traductions et d’interprètes à toutes les étapes de la procédure d’expulsion, pressions policières et menaces pour obliger les demandeurs d’asile à signer des papiers dont ils ne comprennent pas le contenu, escortes policières surnuméraires et entraves (menottes, liens pieds et jambes) non conformes à la situation, décisions de la préfecture de maintenir des expulsions alors même que des juges ont ordonné la remise en liberté….

    Sous couvert de « règlement Dublin », les polices peuvent actuellement faire abstraction des lois, des décisions juridiques et du droit d’asile.

  • Switzerland : Landmark ruling on the right of appeal against Dublin transfers brings court in line with CJEU*

    In a landmark ruling released on 12 January 2018, the FAC approved the appeal of an Iraqi family whose asylum application in Switzerland had been dismissed on the grounds that they had previously filed an application for asylum in Germany. The State Secretariat for Migration (SEM) had concluded that Germany was the State responsible for processing the application after receiving confirmation of acceptance from the German authorities. The family had lodged a complaint against this decision on the grounds that SEM had missed the three-month deadline for submitting a take-charge request to the German authorities making the SEM responsible for the examination of the family’s asylum requests.

    https://www.ecre.org/switzerland-landmark-ruling-on-the-right-of-appeal-against-dublin-transfers-br
    #jurisprudence #Dublin #asile #migrations #réfugiés #Règlement_dublin #renvois_dublin #Cour_de_justice_de_l'Union_européenne #CJUE #Suisse

    Ici pour lire le communiqué de presse du tribunal administratif fédéral suisse :
    https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwi2qf6O-erY

  • Migrants : l’irrationnel au pouvoir ? | Par Karen Akoka et Camille Schmoll
    http://www.liberation.fr/debats/2018/01/18/migrants-l-irrationnel-au-pouvoir_1623475

    Car loin de résoudre des problèmes fantasmés, les mesures, que chaque nouvelle majorité s’est empressée de prendre, n’ont cessé d’en fabriquer de plus aigus. Les situations d’irrégularité et de précarité qui feraient des migrant.e.s des « fardeaux » sont précisément produites par nos politiques migratoires : la quasi-absence de canaux légaux de #migration (pourtant préconisés par les organismes internationaux les plus consensuels) oblige les migrant.e.s à dépenser des sommes considérables pour emprunter des voies illégales. La vulnérabilité financière mais aussi physique et psychique produite par notre choix de verrouiller les frontières est ensuite redoublée par d’autres pièces de nos réglementations : en obligeant les migrant.e.s à demeurer dans le premier pays d’entrée de l’UE, le règlement de Dublin les prive de leurs réseaux familiaux et communautaires, souvent situés dans d’autres pays européens et si précieux à leur insertion. A l’arrivée, nos lois sur l’accès au séjour et au travail les maintiennent, ou les font basculer, dans des situations de clandestinité et de dépendance. Enfin, ces lois contribuent paradoxalement à rendre les migrations irréversibles : la précarité administrative des migrant.e.s les pousse souvent à renoncer à leurs projets de retour au pays par peur qu’ils ne soient définitifs. Les enquêtes montrent que c’est l’absence de « papiers » qui empêche ces retours. Nos politiques migratoires fabriquent bien ce contre quoi elles prétendent lutter.

    • Je mets ici le texte complet :

      Très loin du renouveau proclamé depuis l’élection du président Macron, la politique migratoire du gouvernement Philippe se place dans une triste #continuité avec celles qui l’ont précédée tout en franchissant de nouvelles lignes rouges qui auraient relevé de l’inimaginable il y a encore quelques années. Si, en 1996, la France s’émouvait de l’irruption de policiers dans une église pour déloger les grévistes migrant.e.s, que de pas franchis depuis : accès à l’#eau et distributions de #nourriture empêchés, tentes tailladées, familles traquées jusque dans les centres d’hébergement d’urgence en violation du principe fondamental de l’#inconditionnalité_du_secours.

      La #loi_sur_l’immigration que le gouvernement prépare marque l’emballement de ce processus répressif en proposant d’allonger les délais de #rétention administrative, de généraliser les #assignations_à_résidence, d’augmenter les #expulsions et de durcir l’application du règlement de #Dublin, de restreindre les conditions d’accès à certains titres de séjour, ou de supprimer la garantie d’un recours suspensif pour certain.e.s demandeur.e.s d’asile. Au-delà de leur apparente diversité, ces mesures reposent sur une seule et même idée de la migration comme « #problème ».

      Cela fait pourtant plusieurs décennies que les chercheurs spécialisés sur les migrations, toutes disciplines scientifiques confondues, montrent que cette vision est largement erronée. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas eu d’augmentation drastique des migrations durant les dernières décennies. Les flux en valeur absolue ont augmenté mais le nombre relatif de migrant.e.s par rapport à la population mondiale stagne à 3 % et est le même qu’au début du XXe siècle. Dans l’Union européenne, après le pic de 2015, qui n’a par ailleurs pas concerné la France, le nombre des arrivées à déjà chuté. Sans compter les « sorties » jamais intégrées aux analyses statistiques et pourtant loin d’être négligeables. Et si la demande d’asile a connu, en France, une augmentation récente, elle est loin d’être démesurée au regard d’autres périodes historiques. Au final, la mal nommée « #crise_migratoire » européenne est bien plus une crise institutionnelle, une crise de la solidarité et de l’hospitalité, qu’une crise des flux. Car ce qui est inédit dans la période actuelle c’est bien plus l’accentuation des dispositifs répressifs que l’augmentation de la proportion des arrivées.

      La menace que représenteraient les migrant.e.s pour le #marché_du_travail est tout autant exagérée. Une abondance de travaux montre depuis longtemps que la migration constitue un apport à la fois économique et démographique dans le contexte des sociétés européennes vieillissantes, où de nombreux emplois sont délaissés par les nationaux. Les économistes répètent qu’il n’y a pas de corrélation avérée entre #immigration et #chômage car le marché du travail n’est pas un gâteau à taille fixe et indépendante du nombre de convives. En Europe, les migrant.e.s ne coûtent pas plus qu’ils/elles ne contribuent aux finances publiques, auxquelles ils/elles participent davantage que les nationaux, du fait de la structure par âge de leur population.

      Imaginons un instant une France sans migrant.e.s. L’image est vertigineuse tant leur place est importante dans nos existences et les secteurs vitaux de nos économies : auprès de nos familles, dans les domaines de la santé, de la recherche, de l’industrie, de la construction, des services aux personnes, etc. Et parce qu’en fait, les migrant.e.s, c’est nous : un.e Français.e sur quatre a au moins un.e parent.e ou un.e grand-parent immigré.e.

      En tant que chercheur.e.s, nous sommes stupéfait.e.s de voir les responsables politiques successifs asséner des contre-vérités, puis jeter de l’huile sur le feu. Car loin de résoudre des problèmes fantasmés, les mesures, que chaque nouvelle majorité s’est empressée de prendre, n’ont cessé d’en fabriquer de plus aigus. Les situations d’irrégularité et de #précarité qui feraient des migrant.e.s des « fardeaux » sont précisément produites par nos politiques migratoires : la quasi-absence de canaux légaux de migration (pourtant préconisés par les organismes internationaux les plus consensuels) oblige les migrant.e.s à dépenser des sommes considérables pour emprunter des voies illégales. La #vulnérabilité financière mais aussi physique et psychique produite par notre choix de verrouiller les frontières est ensuite redoublée par d’autres pièces de nos réglementations : en obligeant les migrant.e.s à demeurer dans le premier pays d’entrée de l’UE, le règlement de Dublin les prive de leurs réseaux familiaux et communautaires, souvent situés dans d’autres pays européens et si précieux à leur insertion. A l’arrivée, nos lois sur l’accès au séjour et au travail les maintiennent, ou les font basculer, dans des situations de clandestinité et de dépendance. Enfin, ces lois contribuent paradoxalement à rendre les migrations irréversibles : la précarité administrative des migrant.e.s les pousse souvent à renoncer à leurs projets de retour au pays par peur qu’ils ne soient définitifs. Les enquêtes montrent que c’est l’absence de « papiers » qui empêche ces retours. Nos politiques migratoires fabriquent bien ce contre quoi elles prétendent lutter.

      Les migrant.e.s ne sont pas « la misère du monde ». Comme ses prédécesseurs, le gouvernement signe aujourd’hui les conditions d’un échec programmé, autant en termes de pertes sociales, économiques et humaines, que d’inefficacité au regard de ses propres objectifs.

      Imaginons une autre politique migratoire. Une politique migratoire enfin réaliste. Elle est possible, même sans les millions utilisés pour la rétention et l’expulsion des migrant.e.s, le verrouillage hautement technologique des frontières, le financement de patrouilles de police et de CRS, les sommes versées aux régimes autoritaires de tous bords pour qu’ils retiennent, reprennent ou enferment leurs migrant.e.s. Une politique d’#accueil digne de ce nom, fondée sur l’enrichissement mutuel et le respect de la #dignité de l’autre, coûterait certainement moins cher que la politique restrictive et destructrice que le gouvernement a choisi de renforcer encore un peu plus aujourd’hui. Quelle est donc sa rationalité : ignorance ou électoralisme ?

      #Karen_Akoka #Camille_Schmoll #France #répression #asile #migrations #réfugiés #détention_administrative #renvois #Règlement_Dublin #3_pourcent #crise_Des_réfugiés #invasion #afflux #économie #travail #fermeture_des_frontières #migrations_circulaires #réalisme

  • Les pistes du gouvernement #Macron pour #expulser_plus de migrants

    Dans une #note, les services du Premier ministre détaillent les grandes lignes du projet de #loi immigration. Au programme : augmenter la #durée_de_rétention, limiter l’accueil des étrangers malades, favoriser une #immigration_choisie...

    https://www.streetpress.com/sujet/1515595779-projet-loi-asile-immigration
    #France #expulsions #renvois #it_has_begun #machine_à_expulsion #asile #migrations #réfugiés #sans-papiers

    Pour lire la note :
    https://fr.scribd.com/document/368843108/Pre-sentation-Pojet-Loi-Asile-immigration

    cc @isskein

    • Débouter plus vite pour éloigner plus

      Le projet de loi Collomb « Pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif » avait été annoncé dès juillet 2017, dans le cadre d’un plan gouvernemental intitulé « Garantir le droit d’asile, mieux maîtriser les flux migratoires ».

      Quel que soit l’ordre des objectifs affichés, le texte qui va être débattu au Parlement en avril n’a rien d’une grande refonte du droit des étrangers. D’une part, il s’inscrit dans la stricte continuité des précédents, en glissant dans la réglementation en vigueur toute une série de dispositions qui peuvent paraître anodines mais seront lourdes de conséquences en termes de privation de droits. D’autre part, ce projet de loi ne traite finalement que d’un seul sujet : comment accélérer au maximum le traitement des demandes d’asile et expulser, le plus rapidement possible, le plus de gens possible. Rien ne figure dans le texte concernant les conditions d’accès au territoire français, les procédures d’obtention et de renouvellement des titres de séjour, les moyens d’aider à l’intégration, la régularisation des sans-papiers, les mineur·e·s isolé·e·s… Le projet de loi se contente de quelques nouvelles dispositions présentées comme destinées à attirer davantage de compétences rares et de personnes étrangères susceptibles d’investir dans l’économie nationale…

      Alors que le candidat à la présidence de la République Emmanuel Macron avait salué le courage politique de la chancelière Angela Merkel décidant, en 2015, d’accueillir en Allemagne un million de migrants, le président élu, et tout son gouvernement avec lui, rejouent la scène « fermeté et humanité » comme tous les ministres de l’intérieur depuis Pasqua… D’accueil, il n’est pas question, sinon selon la logique du tri cherchant à ne laisser passer que les « bons » migrants : celles et ceux qui sont « éligibles à l’asile » et sauront échapper à tous les pièges d’une procédure menée tambour battant. Pas plus, on l’aura compris, qu’il n’est question d’un droit d’asile « garanti » et rendu « plus effectif ».

      Le gouvernement assure que les demandeurs d’asile seront mieux accueillis grâce à la création de 7 500 nouvelles places d’hébergement en 2018-2019, et que 5 000 places seront ouvertes pour les réfugiés. Toutefois, on ne sait pas quelle sera la nature de ces « places », dans un dispositif d’« accueil » qui n’a cessé de se complexifier : CADA, HUDA, CAO, CPH, CPA, CHUM, CAES, CPO, PRAHDA [1]… On ne sait pas non plus comment va être réglée la question du retard considérable pris dans l’enregistrement des demandes d’asile, qui prive de fait d’hébergement comme d’accompagnement, durant des mois entiers, des personnes dont la loi dit qu’elles devraient en bénéficier.

      Pour le reste, non seulement le projet de loi ne tente en rien de résoudre les problèmes induits par l’application du règlement Dublin dont sont victimes des milliers de personnes demandant l’asile, ballottées d’un pays à l’autre, mais il renforce les possibilités de les assigner à résidence, voire de les enfermer. Le numéro de Plein droit d’octobre 1992 portait en couverture cette interrogation : « Droit d’asile : suite et… fin ». En 1999, la revue titrait « Asile(s) degré zéro ». En 2015, au moment où le Parlement discutait de la dernière réforme de l’asile, la revue semblait dire avec son titre « Naufrage de l’asile » qu’on avait touché le fond. S’enfonce-t-on un peu plus avec la loi Collomb ? Certes, on peut toujours imaginer pire en termes de droits rendus ineffectifs, de recours impossibles à mettre en œuvre, de délais si raccourcis que nul ne pourra les respecter, bref, de mille et une mesures qui permettent de rendre encore plus performante la machine à expulser. Cette énième réforme (pas moins de dix lois ont été adoptées au cours des dix dernières années !) semble surtout destinée à afficher une détermination sans faille à « mieux maîtriser l’immigration ». Une énième opération de communication, en somme, à l’usage des Français auxquels on refuse, une fois de plus, un débat serein, éclairé de nombreux rapports et études, et de l’expérience concrète que font de plus en plus de citoyennes et citoyens, confrontés à des migrant·e·s en transit ou installé·e·s près de chez eux.

      Car, l’incurie des pouvoirs publics dans l’accueil a pour effet de générer des rencontres et de faire naître, dans nombre de régions, des collectifs, des associations, des réseaux qui inventent de multiples formes de soutien à des migrant·e·s. Toutes n’ont pas un discours politique constitué. Mais toutes découvrent des situations aberrantes, des dénis de droits insupportables.

      Près de 500 d’entre elles ont signé, en juin 2017, un « Appel à un changement radical de politique migratoire en France » [2]. Cette tribune n’ayant suscité aucune réaction de la présidence de la République, une centaine des organisations signataires ont décidé, à la rentrée 2017, de lancer des États généraux des migrations. Conçue comme un processus au long cours, cette initiative a commencé de se déployer dans de nombreuses régions où des assemblées locales vont recenser les constats, critiques, revendications des acteurs de terrain à qui les responsables politiques comme les médias concèdent peu de visibilité et, souvent, qu’ils ne veulent pas voir.

      http://www.gisti.org/spip.php?article5886

  • Arte Reportage | Angleterre : après Calais…
    https://asile.ch/2018/01/03/arte-reportage-angleterre-apres-calais

    Ils vivent dans un des quartiers qui compte le plus de réfugiés en provenance de Calais. Arab Street… ils sont des milliers de Syriens qui forment ici une petite communauté qui s’entraide, qui fréquente les mêmes lieux et qui essaie de recréer tant bien que mal l’ambiance du pays natal.

  • La #finance londonienne souffre moins qu’annoncé après le oui au #Brexit RTS - Gaspard Kühn/tmun - 27 Décembre 2017 _
    http://www.rts.ch/info/economie/9205583-la-finance-londonienne-souffre-moins-qu-annonce-apres-le-oui-au-brexit.h

    La #City à Londres reste suspendue aux négociations sur le Brexit. Dans ce contexte d’incertitude, les conséquences sur les emplois de la place financière sont pour l’instant moins graves qu’initialement annoncé.

    Alors que la deuxième phase de négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni débute, les banquiers londoniens sont déjà courtisés par plusieurs villes européennes, comme Francfort, Dublin ou Paris.

    L’enjeu est de taille : Londres, actuellement principale place financière de la zone euro, pourrait perdre l’accès au marché commun pour les services financiers.

    Un nombre important d’emplois pourraient quitter la City, le directeur de la Bourse de Londres allant jusqu’à articuler l’estimation de 100’000 postes.

    Le grand écart entre les annonces et les faits

    Qu’en est-il à l’heure actuelle, un an et demi après le oui des Britanniques à la sortie de l’UE ? Dans les faits, l’écart entre les effets d’annonce et les chiffres est important, révèle une enquête du Financial Times.

    Par exemple, #UBS avait annoncé qu’un employé sur cinq basé à Londres pourrait partir. Au final, ce sont 200 collaborateurs sur les 5000 de la capitale britannique qui seraient concernés par un départ d’ici 2019.

    Même prudence chez #Credit-Suisse : 250 des 5000 employés basés à Londres seraient concernés. Quant aux grandes banques allemandes et françaises, elles sont au diapason : chez #Deutsche-Bank, 350 collaborateurs sur 7000 pourraient partir, alors qu’ils seraient 150 sur 3100 chez #BNP-Paribas.

    Soit bien loin de l’exode annoncé au départ. Un écart qui peut s’expliquer par les compétences en matière de finance qu’offre Londres, ainsi que par le système de régulation britannique très libéral qui n’existe pas ailleurs en Europe.

    #Angleterre #union-européenne

  • Hébergement d’urgence : le gouvernement veut recenser les sans-papiers - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2017/12/13/hebergement-d-urgence-le-gouvernement-veut-recenser-les-sans-papiers_1616

    Les autorités pourront, précise une circulaire, aller dans les centres recenser les personnes sans papiers, afin de les orienter vers d’autres dispositifs. Des associations s’insurgent.

    Les centres d’hébergement d’urgence vont devoir laisser des « équipes mobiles » entrer dans leurs locaux afin de recenser les personnes sans papiers. C’est le sens d’une circulaire adressée, mardi, par le ministère de l’Intérieur aux préfets. Ces équipes seront composées d’au moins un agent de préfecture compétent en droit des étrangers et d’agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, auxquels pourront s’ajouter « des personnels compétents en matière de veille ou d’évaluation sociale ». Après avoir prévenu vingt-quatre heures à l’avance de leur passage, elles se rendront dans les centres d’hébergement d’urgence afin de « s’entretenir avec les personnes étrangères » pour « procéder à l’évaluation administrative » de leur situation.

    « Des milliers de familles à l’hôtel »

    Le 8 décembre, une vingtaine d’associations avaient collectivement quitté une réunion avec Gérard Collomb (ministre de l’Intérieur) et Jacques Mézard (ministre de la Cohésion des territoires) place Beauvau, pour protester contre ce projet. Elles dénonçaient une logique « de recensement, d’étiquetage et de triage ». « La mise en œuvre de cette circulaire aura des effets désastreux pour les personnes sous statut Dublin, déboutées ou sans titre : la fin de la prise en charge dans l’hébergement, c’est-à-dire la remise à la rue des personnes qui n’ont plus de possibilité de recours, donc la reconstitution de campements, le passage à une forme de clandestinité dangereuse pour les personnes », s’inquiète auprès de Libération Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars). « Pour des milliers de familles à l’hôtel qui sont également visées par la circulaire (et dont nous savons qu’elles sont majoritairement sans titre), cela veut dire rupture de prise en charge, déscolarisation, rupture de soins… D’ailleurs, la question est : où vont aller ces personnes ? » ajoute-t-il.

    La Fnars envisage désormais toutes les possibilités de recours, mais elle prévient : elle ne fera pas d’orientation vers l’aide au retour contraint, ce qui est prévu pour les étrangers faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF). Même si elle s’inquiète d’éventuelles sanctions financières pour les associations qui feraient barrage, les centres d’hébergement étant financés par l’Etat.

    La circulaire rappelle « le principe d’inconditionnalité de l’accès à l’hébergement d’urgence » mais demande aux préfets d’organiser « un dispositif de suivi administratif robuste » des personnes en situation irrégulière bénéficiant d’un hébergement d’urgence. Derrière l’instruction à « veiller à une orientation adaptée » de ces personnes, persiste bien l’idée de libérer des places pour les personnes sans domicile fixe françaises et étrangères en situation régulière. C’est d’ailleurs écrit noir sur blanc : le recensement par les équipes doit permettre « de réduire le nombre de personnes qui, hébergées pour une durée parfois longue, restent "sans statut" ou ne peuvent bénéficier » de leurs droits.

    « Répartition équilibrée » des réfugiés sur le territoire

    Une autre circulaire consacrée au relogement des réfugiés, c’est-à-dire des personnes ayant obtenu la protection de l’Etat français, demande aux préfets de mobiliser 20 000 logements d’ici à la fin de l’année 2018, en cherchant à assurer une « répartition équilibrée » de ceux-ci sur le territoire. Selon les textes, les préfets devront apporter « une attention spécifique aux réfugiés réinstallés depuis le Proche-Orient ou l’Afrique en lien avec le Haut-Commissariat aux réfugiés ».
    Kim Hullot-Guiot avec AFP

    Du pur Macron : on rappelle les droits qu’on prétend respecter en théorie et sur le terrain on met en place des méthodes dégueulasses jamais vues sous aucun gouvernement précédent. Ce type est clairement dangereux avec son faux sourire de vendeur d’assurances vie. Et le fait de préciser "les préfets devront apporter « une attention spécifique aux réfugiés réinstallés depuis le Proche-Orient ou l’Afrique en lien avec le Haut-Commissariat aux réfugiés" est incroyable. Là, en gros, on dit faudrait quand même faire attention où on va caser les noirs et les arabes et les surveiller de près. Bientôt ils vont nous créer des camps directement affectés à cette surveillance, mais doucement et petit à petit, dans une continuité idéologique inéluctable.
    Nous sommes dans un système protofasciste !
    #immigration #racisme #logement #sdf #état_policier

  • Unaccompanied minors and secondary migration between Italy and the UK

    • There are important differences in the reception
    policies for unaccompanied children in Italy and the UK
    shaped by different welfare regimes and labour market
    set-ups; the scale and type of migration; and by the
    social networks of different national and ethnic groups
    in each country.
    • Young people are often aware of these differences and
    make decisions accordingly.
    • These differences undermine the idea of a Common
    EU asylum system or Common EU action plan for
    unaccompanied children.
    Dublin III family reunification procedures are not
    working effectively which means unaccompanied
    children who could under certain conditions be legally
    transferred from Italy to the UK and other EU states
    end up turning to irregular means and going ‘missing’.
    • Italy’s system for unaccompanied non-asylum
    seeking children, despite its problems, does provide
    pathways to legality and labour market integration for
    thousands.

    https://becomingadultproject.files.wordpress.com/2017/12/ba-brief-8-low-res.pdf
    #migrations #asile #réfugiés #UK #Italie #MNA #Dublin #disparitions #regroupement_familial #Angleterre

    • Uprooted and unprotected. A multi-agency approach to safeguarding children forced into migration through northern France

      The NSPCC’s Child Trafficking Advice Centre (CTAC) advises professionals in the UK on child trafficking cases and works with agencies around the world to prevent child trafficking.

      This report highlights learning from CTAC’s work with the Refugee Youth Service (RYS), safeguarding children who had lived in the Calais ’Jungle’. RYS refers children to CTAC when it suspects they have moved from France to the UK. CTAC then shares child protection information with relevant UK agencies and tries to establish the children’s whereabouts.

      This report is accompanied by a workbook for professionals to use with young people who have been forced into migration and may have stayed in camps in northern France. The resource is now available to social workers to help them better understand the needs of children who’ve been trafficked or are at risk of being trafficked.

      The questions in the workbook aim to help practitioners understand a young person’s journey from their home country to the UK, supporting practitioners to identify abuse, exploitation and trafficking.

      https://www.nspcc.org.uk/services-and-resources/research-and-resources/2018/ctac-report-uprooted-and-unprotected
      #France #Calais

    • Increase in number of missing migrant children possibly trafficked into UK

      A report from the UK’s National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC) highlights the growing number of migrant children who are unaccounted for by authorities in France and the UK, despite having been identified in the Calais camp as particularly vulnerable to trafficking.

      The NSPCC’s Child Trafficking Advice Centre (CTAC) began collecting referrals from the Refugee Youth Service (RYS) in 2016 to monitor the well-being of unaccompanied migrant children in Calais’ former ‘Jungle’ camp, due to their vulnerability to being trafficked into the UK. However, there was no formal way to confirm if any of the children had made it into the UK and were safe, as neither the French nor the UK authorities had registered and reported the absent children as missing, or conducted any enquiries to locate them to ascertain their welfare.

      Between August 2016 and November 2017, 196 children who were in northern France without parents or carers were referred to the CTAC and the organisation managed to locate 68 of them by conducting checks on Home Office databases, confirming that they were either in local authority care or living with family members. The remaining 128 children remain unaccounted for, with the NSPCC stating that the ‘primary concern’ is the possibility of the children living in the UK without being known to services there. According to the report, “This would render them vulnerable to abuse, exploitation and trafficking with no wider network to safeguard and protect them.”

      The report illustrates the risks to which unaccompanied children are exposed by giving examples of children subjected to violence from police and from adults in the camps, children who experienced sexual abuse and a child who was forced to take heroin and criminally exploited by adults in Calais.

      The NSPCC highlights the need for stronger cross-border cooperation, especially as the UK prepares to leave the EU, recommending that “a commitment must be made to ensure continued access to cross-border mechanisms for child safeguarding and protection, such as Europol and Eurojust.”

      While the ‘Jungle’ camp at Calais was dismantled in 2016, with former residents relocated to reception centres across France, the number of migrants making their way to the region has been rising in recent months. As the NSPCC report states, “The geographical appeal of Calais and Kent will not change, and dismantling the ‘Jungle’ has not ended the movement of people across the border. As children continue to cross into the UK, a formal referral system to share information must be developed between France and the UK that prioritises child safeguarding.”

      https://www.ecre.org/increase-in-number-of-missing-migrant-children-possibly-trafficked-into-uk

  • Les pilotes allemands de Ryanair annoncent une grève immédiate
    https://www.rtbf.be/info/economie/detail_les-pilotes-allemands-de-ryanair-annoncent-une-greve-immediate?id=978726

    Les pilotes employés en #Allemagne par la compagnie aérienne irlandaise #Ryanair ont décidé de partir en #grève immédiatement, a annoncé mardi leur syndicat.

    Hier/lundi, les pilotes basés à #Dublin avaient déjà décidé d’une grève, sans en fixer la date, suivant ainsi leurs collègues italiens.

    Première compagnie européenne en nombre de passagers transportés, la compagnie irlandaise Ryanair ne reconnaît aucun #syndicat.

    Un mécontentement de certains pilotes, basés dans différents aéroports du réseau de Ryanair, s’est toutefois fait jour ces derniers mois.

    Leurs principales revendications portent sur la création d’une instance pan-européenne de représentation du personnel, ou encore sur les #conditions-de-travail et la #protection-sociale .

  • France : les associations s’inquiètent du « tri » des migrants en centres d’urgence

    Le gouvernement français a décidé de mettre en place des équipes mobiles, constituées d’agents de l’Office français de l’immigration et de l’Intégration et des Préfectures pour examiner la situation administrative des étrangers dans les #centres_d'hébergement_d'urgence. Si, pour les autorités, il n’est pas question d’interpeller les migrants en situation irrégulière (sous statut Dublin) ou #déboutés du droit l’asile sur les lieux d’hébergement, les associations de lutte contre l’exclusion s’inquiètent.


    http://www.rfi.fr/france/20171209-france-associations-refusent-tri-migrants-centres-urgence?ref=tw
    #tri #catégorisataion #centres_d'ugence #France #asile #migrations #OFPRA #réfugiés #hébergement #logement #sans-papiers #Dublin
    cc @isskein

    By the way, erreur de rfi :
    "les migrants en situation irrégulière (sous statut Dublin)" —> les #dublinés, ne sont pas en situation irrégulière... ils sont en attente de décision sur leur procédure Dublin, mais restent des demandeurs d’asile et donc leur situation est bel et bien régulière

    cc @isskein

    • Recensement des étrangers dans les centres d’hébergement : les associations saisissent le Défenseur des droits

      Parce qu’elles n’accepteront pas que les centres d’hébergement deviennent des annexes des préfectures, 25 associations qui accueillent, hébergent, orientent des personnes sans abri, ont saisi ce jour le Défenseur des droits au sujet du nouveau dispositif étatique destiné à l’examen de la situation administrative des étrangers sans abri hébergés ou qui sollicitent un hébergement.

      http://www.lacimade.org/presse/recensement-etrangers-centres-dhebergement-associations-saisissent-defense
      #loi

    • #Recours devant le Conseil d’État contre les circulaires « hébergement d’urgence »

      Plus de vingt associations saisissent le juge des référés du Conseil d’Etat contre la circulaire du 12 décembre organisant le tri des personnes étrangères dans les centres d’hébergement.

      A la fin de l’année 2017, le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Cohésion des territoires ont édicté, sans concertation, plusieurs circulaires visant en particulier l’hébergement des ressortissants étrangers. Et ce, malgré la vive opposition de l’ensemble des associations et acteurs concernés qui s’est manifestée dès leurs parutions et une saisine du Défenseur des droits.

      La circulaire du 4 décembre est relative à « l’évolution du parc d’hébergement des demandeurs d’asile et des réfugiés ». Elle prévoit d’orienter les personnes de nationalité étrangère qui sollicitent un hébergement vers des dispositifs au regard de leur statut administratif.

      La circulaire du 12 décembre organise « l’examen des situations administratives dans l’hébergement d’urgence » par des « équipes mobiles » composées d’un ou plusieurs agents de l’Ofii et d’agents de la préfecture compétents en droit des étrangers.

      Par ces textes qui instaurent des procédures de recensement et d’évaluation des personnes sans-abri ou hébergées à raison de leur nationalité et de leur statut administratif, le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Cohésion des territoires contreviennent aux principes fondamentaux qui gouvernent l’hébergement des plus vulnérables.

      En particulier, ils remettent en cause le principe d’accueil inconditionnel en hébergement d’urgence prévu par le Code de l’Action Sociale et des familles au profit de « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale », quels que soient sa nationalité ou son statut administratif, ainsi que son corollaire, la continuité de la prise en charge. Ces principes sont cardinaux pour l’ensemble du secteur de la veille sociale, de l’hébergement, et de l’accompagnement.

      En prévoyant un tri selon la nationalité ou le statut administratif des personnes dans les centres d’hébergement, les circulaires en viennent donc à hiérarchiser, voire à mettre en concurrence les situations de pauvreté et de misère, sur le fondement de critères discriminatoires.

      Plus grave encore, pour mettre en œuvre cette politique de tri entre les plus vulnérables, la circulaire du 12 décembre 2017 a prévu un ensemble de mesures intrusives et qui vont affecter la mission de protection sociale des centres d’hébergement.

      D’une part, la circulaire autorise des « équipes mobiles » composées d’agents de la préfecture et de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) à intervenir directement dans l’ensemble des structures d’hébergement d’urgence pour procéder à l’identification et donc au tri des personnes. Du fait de cette intrusion, les centres d’hébergement vont se muer en des lieux de contrôle et de tri des personnes sans domicile, où risquent d’être réalisées de véritables opérations de contrôle d’identité et des titres de séjour. A l’issue de ces contrôles dans les centres d’hébergement, certaines personnes sans abri et sans droit au séjour pourront être visées par une assignation à résidence ou un placement en rétention ainsi que par une mesure d’éloignement du territoire, remettant directement en cause le principe d’accueil inconditionnel.

      D’autre part, la circulaire risque de transformer les intervenants sociaux, auxquels les personnes sans domicile font confiance, en véritables auxiliaires de l’OFII et de la préfecture. En effet, non seulement les centres d’hébergement devront ouvrir leurs portes aux agents de la préfecture et aux agents de l’OFII, mais, la circulaire implique que les centres collectent et transmettent aux autorités relevant du ministre de l’Intérieur un ensemble d’informations à caractère personnel et confidentiel concernant les personnes hébergées, contraires aux directives de la CNIL.

      Dès lors que le Gouvernement persiste à mettre en oeuvre un tel projet malgré la forte opposition des principaux acteurs concernés, plus de vingt associations qui agissent dans le secteur de l’hébergement social et qui défendent les droits et libertés ont mandaté Me Patrice Spinosi, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, afin de saisir le Conseil d’État d’un recours en annulation contre ces circulaires, assorti d’une demande, en référé, de suspension.

      Les requêtes au fond seront déposées le 11 janvier. Le Conseil d’État aura vocation à se prononcer d’ici environ dix mois, au fond, sur la légalité de ces circulaires.

      Le dispositif de tri et de contrôle dans les centres d’hébergement étant d’ores et déjà mis en œuvre, ces recours seront assortis d’une procédure d’urgence : une demande de suspension en référé contre la circulaire du 12 décembre 2017.

      Par cette action spécifique, les associations sollicitent du juge des référés du Conseil d’État qu’il suspende au plus vite les deux points qui sont les plus manifestement illégaux et attentatoires aux droits et libertés :

      d’abord le fait que la circulaire autorise, sans base légale, des équipes relevant du ministère de l’intérieur à pénétrer dans des centres d’hébergement protégés pour y réaliser des contrôles ;
      ensuite, le fait que les données personnelles et confidentielles des personnes hébergées soient collectées et transmises aux autorités, mais aussi que les centres d’hébergement soient contraints de participer à cette collecte illégale.

      Le juge des référés saisi pourra organiser une audience publique qui se tiendrait alors deux à trois semaines après le dépôt du recours. Cette audience permettra qu’un débat ait lieu entre les associations et les représentants du gouvernement. A l’issue de ces débats, le juge des référés rendra sa décision.

      En tout état de cause, après le recours en référé, les arguments et critiques des associations contre les circulaires seront examinés par le Conseil d’Etat réuni en formation collégiale pour statuer sur les recours en annulation.
      Paris, le 10 janvier 2018

      https://www.gisti.org/spip.php?article5833

  • Collectif R | Renvoi Dublin : situation alarmante d’un réfugié afghan !
    https://asile.ch/2017/12/11/collectif-r-renvoi-dublin-situation-alarmante-dun-refugie-afghan

    Le collectif R dénonce le renvoi imminent d’un réfugié Afghan qui ne tient pas compte d’une série d’éléments liés à sa situation personnelle. Texte du collectif R, reçu par newsletter le 29 Novembre 2017. En lien avec cette thématique, retrouvez ici le rapport d’Amnesty International sur le renvoi forcé de l’Europe vers l’Afghanistan. Retrouvez également […]

  • Erreurs de la part des autorités et risques dans le cadre d’un renvoi Dublin : Non au renvoi imminent d’un réfugié afghan !

    Muslem a fui l’Afghanistan, sentant sa vie et son intégrité sérieusement menacée en lien avec divers événements. Il s’est d’abord rendu en Norvège où vit sa fiancée, mais les autorités norvégiennes n’ont pas pris au sérieux ses motifs d’asile. A défaut d’un mariage civil formalisant le lien avec sa fiancée (qui a obtenu un statut de réfugié), il n’a pas pu régulariser sa situation par ce biais non plus. Il a alors fui le pays pour éviter à tout prix d’être renvoyé vers l’Afghanistan.

    Après plusieurs mois passés en Turquie, il est venu en Suisse où trois de ses frères sont établis depuis longtemps, avec des titres de séjours. Muslem a déposé une demande d’asile à son arrivée, mais les autorités suisses ne sont pas entrées en matière (selon les accords Dublin) et ont prononcé une décision de renvoi vers la Norvège.

    Récemment, Muslem a été assigné à résidence par les autorités du canton de #Vaud (mesures prises pour assurer son renvoi), mais de peur d’être arrêté à tout moment, il n’a pas respecté cette décision. Le non-respect de l’assignation représente un délit, aux yeux de l’État, ce qui autorise la police à venir l’arrêter au sein même des locaux du Service de la Population (administration cantonale), où il est obligé de pointer régulièrement pour obtenir l’#aide_d’urgence. Jeudi 16 novembre, Muslem a été embarqué et mis en détention à la prison de la Favra, à Genève, en vue d’un renvoi forcé !

    Nous dénonçons fermement cette nouvelle décision de renvoi ainsi que son exécution par le canton de Vaud. Les autorités ferment les yeux sur plusieurs aspects importants de sa situation personnelle, et menacent gravement sa sécurité :

    1. Lors des auditions, Muslem a déclaré avoir passé plusieurs mois en Turquie avant de venir en Suisse. Or, quand une personne sort de l’espace Schengen durant plus de deux mois, la procédure Dublin est censée redémarrer à zéro : autrement dit, les autorités suisses ne peuvent légalement pas le renvoyer vers la Norvège. Elles auraient au moins dû l’entendre au sujet de ce séjour en Turquie, qu’il peut prouver par différents moyens, mais elles n’ont évidemment pas jugé utile de s’attarder sur ce « détail »… cela rendrait plus compliqué le refoulement en masse des pseudo-"cas Dublin" que pratique le SEM.

    2. Muslem risque un #renvoi_en_cascade vers l’Afghanistan, élément qui n’a pas du tout été pris en compte dans l’examen de sa situation. Pourtant, Amnesty International et la Cimade dénoncent vivement les renvois vers l’Afghanistan suite à l’issue qu’ont connu plusieurs réfugiés refoulés vers ce pays (1) et à ce titre, elles dénoncent également les renvois vers la Norvège après une demande d’asile déboutée et le risque de renvoi en cascade vers l’Afghanistan (2). Dans ce contexte, les autorités en Suisse avaient une responsabilité concernant la considération de sa situation et des risques encourus en cas de renvoi vers la Norvège, éléments qui n’ont évidemment pas été examinés.

    3. Muslem a trois frères ainsi qu’autres membres de sa famille en Suisse, raison pour laquelle il a finalement re-demandé l’asile ici. Le SEM, comme à l’accoutumée, n’a pas jugé nécessaire de prendre en compte cet élément dans le traitement de sa situation.

    Et finalement, comme d’habitude, le SPOP du Canton de Vaud a exécuté la décision de renvoi du SEM, froidement, automatiquement et aveuglément, sans se préoccuper de sa situation réelle. A nouveau, une succession de décisions et d’actes d’obéissance qui sont en train de broyer et d’envoyer une personne vers la mort. … la « banalité du mal » dans sa réalité brute.

    Actuellement, Muslem est en détention administrative à la Favra, il a commencé une grève de la faim dès son incarcération et son état de santé se dégrade de jour en jour. Sa famille et ses ami-e-s sont extrêmement inquièt-e-s pour lui.

    Nous appelons chacun et chacune à informer de cette situation alarmante les personnes que vous jugez utiles, pour que Muslem soit libéré, pour qu’il ne soit pas expulsé et refoulé vers la Norvège et ainsi probablement, vers l’Afghanistan !

    Quelques suggestions de personnes à contacter :

    Steve Maucci, Chef du Service de la Population (SPOP) : steve.maucci@vd.ch / Jean-Vincent Rieder, Chef de division asile du (SPOP) : jean-vincent.rieder@vd.ch
    Philippe Leuba, Conseiller d’Etat, Dép. économie et sport (y-c SPOP/asile) philippe.leuba@vd.ch
    Béatrice Métraux, Conseillère d’Etat, Dép. des institutions et de la sécurité : beatrice.metraux@vd.ch
    Nuria Gorrite, Présidente du Conseil d’Etat : nuria.gorrite@vd.ch

    Pierre-Yves Maillard, Conseiller d’Etat, dép. santé et action sociale : pierre-yves.maillard@vd.ch
    Cesla Amarelle, Conseillère d’Etat, Dép. formation jeunesse et culture (enfants scolarisés) : cesla.amarelle@vd.ch
    Jacqueline De Quattro, Conseillère d’Etat, dép. sécurité et environnement, jacqueline.dequattro@vd.ch
    Pascal Broulis, Conseiller d’Etat, dép. des finances et rel. extérieures pascal.broulis@vd.ch

    Denise Graf, coordinatrice asile à Amnesty International Suisse dgraf@amnesty.ch
    et autres ONG….
    (1) http://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2017/10/Synthese_FR.pdf

    (2) https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2017/05/10/alerte-nouvelles-expulsions-vers-la-norvege-risque-

    Reçu via la mailing-list du #Collectif_R (Lausanne, Suisse), le 29 novembre 2017
    #migrations #asile #réfugiés #réfugiés_afghans #Dublin #renvois #expulsions #Suisse #renvois_Dublin #migrerrance #détention_administrative #rétention #assignation_à_résidence

  • A Grenoble et Lyon, des amphis d’université occupés pour abriter des migrants

    A l’#université_Lumière_Lyon-II puis à l’#université_Grenoble_Alpes, des associations et des étudiants ont investi des locaux tout en demandant à l’Etat d’apporter une solution pérenne aux migrants.

    http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/12/05/a-grenoble-et-lyon-des-amphis-d-universite-occupes-pour-abriter-des-migrants
    #université #occupation #Grenoble #Lyon #résistance #migrations #asile #réfugiés #France

    (je n’y suis pour rien...)

    cc @isskein @reka

    • Grenoble. 60 migrants logés à la fac pendant la trêve hivernale, grâce à l’action des soutiens

      Dans l’agglomération grenobloise, depuis le 4 décembre 2017, une soixantaine de migrant.e.s/ exilé.e.s occupent un bâtiment du campus universitaire de Saint-Martin d’Hères. Cette action a commencé par l’occupation d’un amphithéâtre pour finalement se prolonger par la mise à disposition d’un bâtiment vide par la direction de l’université.


      http://www.revolutionpermanente.fr/Grenoble-60-migrants-loges-a-la-fac-pendant-la-treve-hivernale-
      #patio

    • Le Conseil d’administration @UGrenobleAlpes s’engage en faveur de la prolongation de l’accueil des migrants sur le campus

      Le conseil d’administration du 11 janvier 2018 a adopté à l’unanimité une motion en faveur de l’engagement de l’Université Grenoble Alpes pour la prolongation de l’accueil des migrants sur le campus.

      https://www.univ-grenoble-alpes.fr/fr/acces-direct/actualites/a-la-une/a-la-une-universite/le-conseil-d-administration-de-l-universite-grenoble-alpes-s-eng

    • Des exilés à la rue occupent la fac de #Paris_8

      Une occupation par des exilé.e.s à la rue et leurs soutiens est en cours actuellement à l’université Paris 8 à Saint-Denis. Le Gisti soutient leur lutte.

      En effet, cette initiative se situe dans un contexte où, depuis des années, des milliers d’exilé.e.s sont maltraité.e.s par les autorités et sont contraint.e.s de vivre à la rue.

      Depuis plus de vingt ans, les gouvernements successifs perpétuent une politique de mise à l’écart et d’exclusion. Ces milliers de personnes qui, malgré tous les obstacles, souvent au risque de leur vie, ont réussi à atteindre la France, voient leurs droits les plus fondamentaux foulés aux pieds. Ils et elles sont relégué.e.s, maintenu.e.s dans la précarité, violenté.e.s, enfermé.e.s, expulsé.e.s parfois vers des pays où ils et elles sont en danger de mort.

      Les nouveaux centres dits « d’accueil » créés ces derniers mois en région parisienne (à la porte de La chapelle, à Cergy ou Ris Orangis) n’ont de centres d’accueil que le nom mais fonctionnent comme des centres de tri : ils ne sont qu’une première étape avant que les exilé.e.s ne soient dispersé.e.s, isolé.e.s et rendu.e.s moins visibles, le temps d’organiser leur expulsion (voir le dossier sur le site du Gisti sur les campements d’exilés en région parisienne et sur les nouveaux centres d’hébergement coercitif).

      Celles et ceux qui réussissent à y échapper se retrouvent très vite de nouveau sans droit au séjour ni droits sociaux et viennent grossir le nombre de gens qui dorment à la rue.

      Cette politique est une politique du rejet et non de l’accueil. Personne n’est dupe. Il nous appartient à tous de la contester. C’est ce qu’ont déjà fait plus de 400 organisations affirmant qu’elles sont « fermement décidées à promouvoir un changement radical qui mette un terme à ces politiques migratoires aux conséquences humaines dramatiques ». Elles ont pris l’initiative de susciter la mise en place d’États généraux destinés à « faire ressortir des revendications communes et des propositions concrètes pour une autre politique migratoire, respectueuse des droits fondamentaux ». « L’humanité de demain se construit par l’accueil des migrants aujourd’hui ».


      http://gisti.org/spip.php?article5842

    • Des exilés à la rue occupent la fac de Paris 8

      Une occupation par des exilé.e.s à la rue et leurs soutiens est en cours actuellement à l’université Paris 8 à Saint-Denis. Le Gisti soutient leur lutte.

      En effet, cette initiative se situe dans un contexte où, depuis des années, des milliers d’exilé.e.s sont maltraité.e.s par les autorités et sont contraint.e.s de vivre à la rue.

      Depuis plus de vingt ans, les gouvernements successifs perpétuent une politique de mise à l’écart et d’exclusion. Ces milliers de personnes qui, malgré tous les obstacles, souvent au risque de leur vie, ont réussi à atteindre la France, voient leurs droits les plus fondamentaux foulés aux pieds. Ils et elles sont relégué.e.s, maintenu.e.s dans la précarité, violenté.e.s, enfermé.e.s, expulsé.e.s parfois vers des pays où ils et elles sont en danger de mort.

      Les nouveaux centres dits « d’accueil » créés ces derniers mois en région parisienne (à la porte de La chapelle, à Cergy ou Ris Orangis) n’ont de centres d’accueil que le nom mais fonctionnent comme des centres de tri : ils ne sont qu’une première étape avant que les exilé.e.s ne soient dispersé.e.s, isolé.e.s et rendu.e.s moins visibles, le temps d’organiser leur expulsion (voir le dossier sur le site du Gisti sur les campements d’exilés en région parisienne et sur les nouveaux centres d’hébergement coercitif).

      Celles et ceux qui réussissent à y échapper se retrouvent très vite de nouveau sans droit au séjour ni droits sociaux et viennent grossir le nombre de gens qui dorment à la rue.

      Cette politique est une politique du rejet et non de l’accueil. Personne n’est dupe. Il nous appartient à tous de la contester. C’est ce qu’ont déjà fait plus de 400 organisations affirmant qu’elles sont « fermement décidées à promouvoir un changement radical qui mette un terme à ces politiques migratoires aux conséquences humaines dramatiques ». Elles ont pris l’initiative de susciter la mise en place d’États généraux destinés à « faire ressortir des revendications communes et des propositions concrètes pour une autre politique migratoire, respectueuse des droits fondamentaux ». « L’humanité de demain se construit par l’accueil des migrants aujourd’hui ».

      http://gisti.org/spip.php?article5842

    • Lettre ouverte à Annick Allaigre, présidente de l’université de Saint Denis, contre l’évacuation policière des migrants de l’université de Saint Denis

      Depuis le Mardi 30 Janvier 2018, plusieurs dizaines d’exilés occupent le bâtiment A de l’université de Saint Denis. Aucun d’entre eux ne peut se laisser réduire au terme de migrant, étant porteur d’une histoire riche et singulière. Ils sont là après avoir traversé de nombreux obstacles et surmonté d’innombrables difficultés, pour fuir la condition de misère qui était la leur dans leur pays.

      En tant que personnels de l’université de Saint Denis, nous avons reçu pendant plusieurs semaines des messages électroniques de la présidence de l’université nous informant de la situation. Quasiment quotidiens au début, 30 janvier, premier février, 3 février et 7 février 2018, ces messages étaient marqués à la fois par la volonté de se montrer solidaire face au durcissement de la politique du gouvernement à l’égard des migrants et de maintenir la continuité du service public.

      Dans un message du 3 mai 2018, la présidence nous informait alors que le comité de médiation, mis en place au début du mois de mars 2018, était arrivé à des avancées significatives, solutions spécifiques trouvées pour la dizaine de femmes présentes parmi les migrants, prise en charge des mineurs par les organismes compétents, augmentation des capacités d’accueil du Département Universitaire de Français Langue Etrangère (DUFLE), démarches entreprises pour trouver des logements et mise en place d’un suivi individualisé de chaque exilé afin qu’il soit accompagné dans son projet d’installation en France.

      Avec ces annonces, nous avions le sentiment que la présidence s’engageait dans un véritable suivi au moins à moyen terme et dans une recherche de solutions.

      Enfin, Jeudi 14 Juin 2018, nous recevons un dernier message électronique par lequel le comité de mobilisation nous fait part de l’échec des démarches qu’il avait entreprises avec la préfecture. Vous le remerciez pour son travail sanitaire, sécuritaire et administratif, mais force est de constater que la faiblesse de la réponse apportée par notre université est révélatrice de l’état de l’université en général, dans sa difficulté à penser le monde qui l’entoure et qui bouge, alors même qu’elle se doit d’être le lieu par excellence du débat d’idées et d’une pensée créatrice, vivante et en mouvement.

      Pire, nous apprenons en marge du conseil d’administration de l’université de Saint Denis du Vendredi 15 Juin 2018 qu’une intervention et une évacuation policière ont été approuvées par la majorité des membres du conseil d’administration, vous laissant pleine possibilité de passer par ce recours à partir du Dimanche 17 Juin 2018.

      Comment Vincennes à Saint-Denis, après avoir depuis son origine accueilli des étudiants étrangers, baisserait-elle aujourd’hui les bras devant les quelques migrants qui se sont réfugiés dans ses locaux, sous le climat délétère de la loi asile immigration ?

      C’est pourquoi nous demandons instamment à la présidence de l’université de Saint Denis de renoncer à faire appel aux forces de l’ordre pour évacuer les migrants.

      Nous vous demandons de continuer à chercher avec les acteurs concernés toutes les solutions possibles pour accompagner ces migrants dans leur projet d’installation en France comme il en était question dans votre message électronique du 3 mai 2018.

      Il nous semble que c’est seulement à travers ce type d’engagement que notre université pourra fêter dignement son cinquantième anniversaire.

      http://fischer02003.over-blog.com/2018/06/petition-pour-les-migrants-de-saint-denis.html

    • Saint-Denis : le spectre de l’expulsion plane sur Paris 8

      Dans la nuit de lundi à mardi, entre 100 et 300 soutiens aux migrants occupant l’université Paris 8 à Saint-Denis ont dormi sur place. En cause ? La rumeur d’une intervention policière. Cédric, l’une des personnes solidaires, rembobine le fil de l’histoire. « La semaine dernière, dit-il, la présidente [NDLR : Annick Allaigre] nous a annoncé qu’à partir du 17 juin, elle souhaitait que nous ayons quitté les lieux, sous peine de faire intervenir la police » Sollicitée, la présidence n’a pas souhaité réagir. De son côté, la préfecture indique qu’elle « n’a pas été saisie par l’université pour intervenir dans une éventuelle évacuation ».

      Lundi, les soutiens apprennent « de plusieurs sources » l’hypothèse d’une évacuation policière. « On a lancé un appel d’urgence pour que les gens viennent », explique Cédric. Mélanie* en fait partie. Alertée à 22 heures, elle file rejoindre les personnes déjà sur place.

      « Vers 1 heure, on a fait un point, pour savoir quel comportement adopter en cas d’intervention », retrace-t-elle. Les soutiens optent pour une attitude pacifique. Les troupes s’organisent. Certains font des tours de garde. Les quelques connaisseurs du droit d’asile discutent des risques juridiques encourus par les exilés. Le tout, dans une ambiance « stressante », mais « bon enfant ». « Les gens mettaient de la musique, buvaient du thé… », raconte Mélanie.

      A partir de 5 h 30, voyant que la police n’arrive pas, les soutiens commencent à quitter les lieux. « Il y aura des personnes solidaires tous les soirs », annonce Cédric.
      *Les prénoms ont été modifiés.

      http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/saint-denis-le-spectre-de-l-expulsion-plane-sur-paris-8-19-06-2018-778170

    • Appel à soutenir le Patio Solidaire !

      Le Patio solidaire·mercredi 20 juin 2018, campus universitaire de Saint
      Martin d’Hères

      Depuis le 5 décembre 2017, le Patio Solidaire est occupé par une
      soixantaine de personnes prises dans des situations administratives
      diverses. La majorité de ses habitant.e.s sont en situation de demande
      d’asile. Légalement, l’État doit leur fournir un hébergement. Ce qu’il
      ne fait que rarement. La plupart sont aussi concernées par les
      procédures de Dublin. Le ministère de l’Intérieur cherche à les déporter
      vers les premiers pays par lesquels elles sont entrées en Europe
      (souvent l’Italie). Ces pays sont les seuls où leur demande d’asile
      peut-être étudiée.
      Le Patio Solidaire est un ancien laboratoire de droit au cœur du campus.
      Autogéré, il est progressivement devenu un espace de vie, d’échanges et
      de rencontres entre étudiant.e.s, enseignant.e.s, activistes,
      chercheur.e.s, habitant.e.s du Patio, de Grenoble, de Saint Martin
      d’Hères et au-delà, en exil ou non.

      Mi-mars, une lettre était envoyée au Président de l’Université, au
      Vice-président en charge de la Recherche et à l’ensemble des membres du
      Conseil d’administration (CA). Elle revenait sur la richesse des liens
      tissés au Patio et la diversité des activités qui s’y sont déployées
      (formations mutuelles, recherches collectives, ateliers artistiques,
      sorties culturelles, organisation d’évènements publics...). Un ouvrage
      collectif est même issu d’une de ces rencontres et sera bientôt publié.
      Il est intitulé « Le bureau des dépositions. Angle de transformation des
      politiques migratoires et des Etats-Nations capitalistes ». La lettre
      proposait le vote d’une motion qui viserait à maintenir le Patio et
      améliorer les conditions d’hébergement et de vie jusqu’à l’ouverture
      d’un nouveau lieu d’habitation et de travail sur le campus selon des
      modalités à discuter collectivement.

      Le 23 mars, une délégation du Patio intervenait donc au CA pour exposer
      la situation et les revendications des habitant.e.s. Le CA votait
      finalement, à l’unanimité, « la prolongation de l’hébergement transitoire
      des migrants jusqu’au 30 juin 2018 accompagnée de la poursuite des
      démarches visant à aboutir à leur relogement ».

      Aujourd’hui, nous sommes à une semaine de cette échéance du 30 juin et
      l’équipe présidentielle ne répond plus à nos sollicitations. Le 6 mai,
      nous répondions au Directeur Général des Services, Joris Benelle, suite
      à sa demande d’intervention des services techniques pour des
      prélèvements d’amiante. Dans cette réponse, nous nous inquiétions déjà
      de l’absence d’avancées concernant le relogement des habitant.e.s et la
      relocalisation du Patio dans un bâtiment plus adapté. Le 5 juin, nous
      écrivions au Président de l’UGA pour le rencontrer et discuter des
      engagements pris fin mars. Ces messages sont restés sans réponse.

      Au delà du 30 juin, nous ne savons pas quel sort sera réservé au Patio
      par une équipe présidentielle qui fait la sourde oreille.
      Nous nous donnons rendez-vous vendredi 22 juin à 8h30 au Patio pour
      marcher ensemble vers le Conseil d’Administration. Nous nous y
      rassemblerons pour petit-déjeuner, intervenir à l’assemblée, y présenter
      nos revendications et interpeler l’équipe présidentielle pour obtenir
      des engagements fermes.
      Puis, dès samedi 23, rendez-vous au Patio à partir de 15h pour fêter les
      6 mois de vie du Patio avec des conférences-débats, repas et concerts.
      Enfin, le lendemain, un tournoi de foot est organisé à partir de 13h.

      M. le Président, soyez innovant !

      Inventons avec le Patio le lieu d’une Université-Monde solidaire, et pas
      celui de la répression d’une expérience humaine et politique unique !

      Reçu via la mailing-list du patio, le 20.06.2018

    • "Paris 8 expulsé, on occupe à la rentrée !"

      Texte d’intervention de personnes solidaires qui ont participé à l’occupation du bâtiment A de Paris 8 aux côtés des exilé.e.s, sans papiers, migrant.e.s .

      Nous, personnes solidaires, avons occupé aux côtés des exilé.e.s, sans papiers, migrant.e.s, le bâtiment A de l’Université Paris 8 du 30 janvier au 26 juin 2018. Les revendications de l’occupation sont claires : des papiers et des logements pour tou.te.s. Le samedi 19 avril 2018, après 3 mois de mobilisation, la présidente de l’Université Paris 8, Annick Allaigre, a annoncé que selon le Ministère de l’Intérieur, tout.e.s les occupant.e.s auraient des papiers. Un mois et demi plus tard, elle nous apprend l’échec du plan de négociation et nous informe de notre expulsion prochaine, qui a eu lieu le 26 juin.

      Ce texte n’est pas un bilan, ni un résumé de 6 mois de lutte. C’est une intervention politique qui propose des axes pour la suite de notre combat contre le racisme d’Etat français.

      La violence spectacle et la violence bureaucratique

      Le 26 juin à 4h40 du matin, la police envahit Paris 8 pour nous expulser. Alors que quelques jours plus tôt, nous avions réussi à faire annuler l’expulsion par la présence massive de personnes solidaires, le nombre encore plus grand ce matin-là n’a pas suffi.

      Ahmed, occupant de Paris 8 raflé par la police et déplacé au gymnase du Raincy, nous dira « quand ils sont arrivés on croyait que c’était une opération antiterroriste ». Hordes de camions de CRS, flics masqués style GIGN qui descendent en rappel avec des cordes sur le toit, pince sur le dos, masse à la main, équipement anti-émeute, « sale pute » et « si vous parlez arabe, on vous casse la bouche », coup de poing, de pied, de bouclier, yeux cramés par le gaz, évanouissement. L’Etat met en scène sa toute-puissance en offrant sa violence en spectacle.

      L’autre violence, c’est la violence sourde, lisse, parfaitement huilée et bureaucratique qui fait monter 194 migrant.e.s, exilé.e.s et sans papiers dans des bus à destinations inconnues. Ici, pas d’insultes, de coups, pas de mise en scène viriliste et raciste : la banalité d’une rafle. Quand la préfecture, dans son communiqué post-expulsion, nous dit que « cette opération d’ordre public s’est déroulée dans de bonnes conditions et qu’aucun incident n’a été relevé », il faut savoir lui donner raison pour comprendre la nature de la chasse aux migrant.e.s. Cette violence-là n’a rien d’exceptionnel, de spectaculaire, de « disproportionné », c’est la routine d’un Etat raciste qui traque, trie, enferme et déporte en silence. Allez à Porte de la Chapelle, il ne s’y passe rien : une zone d’attente en plein air, le quadrillage et le harcèlement policier en plus. Même quand les gens y meurent, ils y meurent en silence, le visage caché et le nom tu. La violence n’y est pas un événement. Elle ne s’offre pas à l’indignation perplexe de tribunes d’universitaires, à l’esprit de communion des manifestations happening devant le Sénat contre une loi qui n’a rien d’inédit ou à une énième tirade révoltée contre les « bavures » policières. Il est bien plus facile de s’émouvoir 48h d’un coup de matraque, d’un gazage ou de l’histoire de l’Aquarius alors même qu’on est content de pouvoir retourner prendre le soleil sur les quais à Jaurès, une fois que tous les migrant.e.s qui y vivaient ont été raflé.e.s.

      Cette violence-là appelle à s’organiser et à lutter politiquement avec celles et ceux que la police, la préfecture et la mairie « évacuent » comme des déchets.

      Les camps de tri

      Les occupant.e.s de Paris 8 ont été bougé.e.s sans jamais savoir où, entre le gymnase Kellerman à Porte d’Italie et le gymnase du Raincy. De là, l’Etat a organisé leur dispersion vers Vaux le Penil, Nanterre, Villiers-le-Bel et Cergy. En moins de 48h, certain.e.s avaient été trimballé.e.s entre 3 lieux différents. Ce qui frappe, c’est la simplicité avec laquelle les espaces civils sont convertis en espaces concentrationnaires : ici, une salle de classe de Paris 8 devient la scène d’un tri racial entre étudiant.e.s français.e.s et migrant.e.s sans papiers ; là, un gymnase (Le Raincy, Porte d’Italie, Viliers-le-Bel), une patinoire (Cergy) ou encore un centre de tri de la poste (Vaux-le-Penil), deviennent des camps. Tout espace est déjà un camp en puissance. Entassement dans de petites salles sur des lits de camps, numéros d’identification, nourriture jamais halal servie avec des gants en plastique, couvre-feu, équipes de sécurité en permanence et BAC qui tourne le soir.

      Les associations qui gèrent ces « hébergements d’urgence » (Espérer 95, Secours Islamique, Emmaüs, Empreintes, etc.) sont les larbins de l’Etat raciste qui leur délègue le travail de tri : prise d’empreintes, tri administratif, transfert à la préfecture, tout ça sans interprète. Ils parlent de « mise à l’abri », nous parlons de tri raciste. A Vaux le Pénil, où le règlement intérieur n’a jamais été traduit ni expliqué, des personnes qui étaient là depuis 4 mois étaient toujours persuadées de ne pas avoir le droit de sortir le dimanche.

      Dans son communiqué, la préfecture nous explique que les occupant.e.s « ont été pris.e.s en charge par les services de l’Etat et pourront ainsi bénéficier de mise à l’abri » et que « cette démarche permettra de procéder à des examens individuels de situation au bénéfice des migrants et à des orientations administratives adaptées et respectueuses de droits des intéressés ». Ici aussi, on doit se garder de dire que la préfecture nous ment. Au contraire, il faut la prendre au pied de la lettre quand elle nous dit que le droit est « respecté » puisque le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et demandeurs d’asile) codifie avec une grande application, toujours plus innovante mais fermement coloniale, la violence légitime qui s’applique à « l’étranger ».

      C’est pourquoi nous occupons

      Nous ouvrons et occupons des bâtiments parce qu’ils sont vides ou qu’ils appartiennent à l’Etat. Nous occupons des facs parce que ce sont des lieux où se perfectionnent déjà les techniques d’un tri de race et de classe, comme demain nous occuperons des préfectures, parce qu’on y catégorise, gère et déporte à grand renforts de convocations, tampons officiels, derrière des masques de fonctionnaires.

      Nous occupons parce qu’il ne s’agit pas de lutter pour imposer une meilleure application de la loi ou sanctuariser le droit d’asile mais de lutter contre ce droit. C’est ce code raciste qu’est le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), sur lequel l’Etat s’appuie, ainsi que les pratiques de ses administrations, qui mettent à la rue et fabriquent industriellement des étranger.e.s illégalisé.e.s. C’est le droit, et pas l’entorse au droit, qui enferme dans les centres de rétention, qui déporte vers le Soudan, le Mali, l’Algérie ou l’Afghanistan.

      Nous occupons pour ne pas reconduire les catégories de l’Etat et de ses bras armés ou gantés, la préfecture, les flics, l’OFII, l’OFPRA, la CNDA, les centres de rétention, la police aux frontières. Nous occupons pour lutter contre l’Etat procédurier raciste qui s’ingénie à traiter les exilé.e.s

      individuellement, par l’application de sa doctrine du « cas par cas », qu’il s’agisse du droit d’asile ou de sa politique de régularisation des sans-papiers. Nous occupons pour que ces luttes deviennent collectives.

      Nous occupons pour faire corps, pour que ce corps s’organise, nomme ses objectifs et qu’il ait des bases d’action. Pour briser la ségrégation politique organisée par l’Etat entre français et non français, avec ou sans papiers, pour construire une lutte collective qui rompt l’isolement politique des uns et des autres. Nous occupons pour tenir une position avec en tête cette déclaration tunisienne : Ni police ni charité : un toit pour s’organiser ! Pour que ces moments d’organisation soient déjà des victoires contre le néolibéralisme raciste de l’Etat français républicain et contre l’architecture européenne ségrégationniste. Nous ne voulons pas être de celles et ceux qui "regardent sombrer les bateaux qui demandent à accoster". Parce que notre lutte est antiraciste, nous construisons une solidarité en actes, nous luttons avec et jamais pour.

      Nous occupons parce que la rue tue, en été plus qu’en hiver, quand la solidarité est en vacances et que la mairie de Paris coupe les points d’accès à l’eau. C’est sûrement, nous dit le poète soudanais, que je suis venu « pourrir dans les rues de Paris, ces rues nettoyées à grandes eaux chaque matin... alors je ne sais plus si je suis un bout de viande ou un morceau d’asphalte ».

      Nous occupons parce qu’on nous dit « tout est mieux que la rue », tandis qu’on se suicide dans les centres d’hébergement. Dans ces centres comme dans la rue, on perd son nom pour gagner au mieux un numéro et il faudrait en plus dire merci.

      Nous occupons parce que c’est à nous de réquisitionner des bâtiments parmi les 205 000 vides dénombrés à Paris.

      Soyons dans la rue cet été, occupons à la rentrée

      Après l’expulsion, nous avons vu le tri se faire, les retours à la rue après 10 jours dans un gymnase, les expulsions sans raison d’un centre d’hébergement, les gens qui partent pour éviter un rendez-vous à risque à la préfecture, celles et ceux qui partent simplement parce que ça devient insupportable. Tel le chasseur qu’il est, l’Etat raciste a fait une grande prise en détruisant ce printemps tous les campements de Paris et en expulsant Paris 8 puis en enfermant dans des centres le temps d’un tri administratif. Aujourd’hui dans la rue, après ce tri, il ne reste plus que les personnes expulsées de leur centre, en fuite, déboutées de l’asile, autrement dit le « surplus issu du tri ». En fait, ce surplus représente les personnes à rafler. Depuis le début de l’été, la rue est le terrain d’une chasse à l’homme de grande ampleur.

      Si notre occupation n’a jamais été une mise à l’abri humanitaire mais un combat politique contre les politiques raciste de l’Etat français envers les exilé.e.s, migrant.e.s et sans-papiers, la lutte ne saurait s’arrêter à l’expulsion d’un lieu. Du point du vue de la temporalité de lutte des exilé.e.s, il y a une continuité évidente entre l’avant et l’après-occupation.

      A toutes les personnes solidaires, nous tenons à rappeler que Paris 8 ne doit pas marquer le début et la fin d’une « expérience » politique de la solidarité. L’occupation n’était qu’un moment, une modalité d’organisation particulière à un certain contexte d’une lutte de longue date bien plus large.

      C’est dans la rue que la guerre se livre déjà cet été et se livrera à la rentrée.

      C’est là qu’on nous trouvera pour s’opposer aux rafles, c’est là qu’on s’organisera pour occuper.

      Des personnes solidaires ayant participé à l’occupation de Paris 8

      https://blogs.mediapart.fr/la-chapelle-en-lutte/blog/140818/paris-8-expulse-occupe-la-rentre-e

  • Fact-checking | Clause de souveraineté : le SEM fait de l’intox pour délégitimer l’Appel Dublin
    https://asile.ch/2017/12/04/fact-checking-clause-de-souverainete-sem-de-lintox-delegitimer-lappel-dublin

    « Entre janvier 2014 et fin octobre 2017, donc près de quatre ans, la Suisse a fait application de cette clause de souveraineté plus de 5600 fois ». Telle a été la réponse du Secrétariat d’Etat aux migrations (21 novembre, RTS) aux 33’000 signataires de l’Appel contre une application aveugle du Règlement Dublin. Un chiffre qui frise […]

  • Comment Facebook achète la presse française | Mediapart

    https://www.mediapart.fr/journal/france/011217/comment-facebook-achete-la-presse-francaise

    Comment Facebook achète la presse française
    1 décembre 2017 Par Nicolas Becquet (Observatoire européen du journalisme)

    TF1, Le Figaro, Le Parisien, Le Monde... Depuis 2016, Facebook verse des millions d’euros à plusieurs grands médias français pour produire des contenus vidéo sur son réseau social. Une pratique qui pose la question de la dépendance des rédactions et ouvre la voie à un système à deux vitesses pénalisant les « petits médias ».

    Facebook a gagné. Les médias français sont bel et bien devenus dépendants. Triplement dépendants, en fait : élargissement gratuit de l’audience, utilisation des outils de production et de diffusion et acquisition de revenus complémentaires. L’écosystème de publication du réseau social est devenu un outil vital pour le secteur médiatique.

    De l’innocente et ludique chasse aux « likes » des débuts, à la production sur-mesure et rémunérée de formats vidéo aujourd’hui, le dealer d’audience a bien fait son travail. Dose après dose, les éditeurs ont scellé un pacte tacite avec la plateforme, un pacte aux allures de mariage de raison. Il faut dire que le trousseau de la mariée est bien garni avec ses deux milliards d’utilisateurs. Le marié désœuvré ne pouvait espérer mieux.

    Asphyxiés financièrement et désertés par leur lectorat historique, les médias traditionnels ont en effet trouvé dans l’audience apportée par Facebook un ballon d’oxygène inespéré. À force de shoots aux statistiques flatteuses, les éditeurs se sont convaincus de leur succès naturel auprès d’une audience manifestement ultra réceptive à leurs contenus : l’eldorado providentiel des internautes.

    Mais la descente est déjà en vue. Facebook a visiblement l’intention de faire éclater cette bulle enchantée en faisant passer à la caisse ses consommateurs les plus accros aux « likes » et au trafic généré sur leur site via le réseau social. Dans les rédactions, on travaille quotidiennement à la production de contenus conçus pour la plateforme de Mark Zuckerberg.

    Quelles sont les implications d’une telle servitude volontaire pour le fonctionnement quotidien des rédactions, grandes ou petites ? Quelles sont les conséquences sur le travail des équipes chargées « d’alimenter » Facebook, notamment en vidéos et en « lives » ? Et surtout, comment le réseau social est-il parvenu à convaincre autant de médias économiquement à bout de souffle de travailler pour sa plateforme ? Zoom sur une redoutable stratégie qui met à l’épreuve l’agilité des rédactions.

    La stratégie des VIP–VRP

    Fin octobre, Facebook a donné un coup de semonce à ceux qui pensaient avoir trouvé une voie directe et gratuite vers une audience captive de masse. En testant la possibilité de créer un fil d’actualité séparé pour les publications non sponsorisées des pages professionnelles (en marge du fil d’actualité classique dédié aux posts des proches, aux contenus sponsorisés et aux publicités), Facebook a clairement lancé un avertissement aux marques, entreprises, institutions, ONG et médias en quête de visibilité : rien n’est gratuit. Cette stratégie intervient alors que les éditeurs n’ont jamais autant travaillé pour le réseau social et jamais autant créé de contenus sur mesure venant alimenter les « timelines » des utilisateurs.

    Les volumes d’audience en jeu n’expliquent pas à eux seuls cette productivité spontanée et inégalée. À partir de juin 2016, plusieurs grands médias américains ont été rémunérés pour inonder les fils d’actualité de contenus originaux et servir de laboratoire technique et publicitaire à Facebook. En effet, pour donner envie aux médias, Mark Zuckerberg a mis en place un véritable réseau de représentants VRP capables de faire la démonstration de l’incroyable efficacité des nouveaux formats mis sur le marché.

    Le New York Times, CNN, le Huffington Post, Buzzfeed, Vox, Mashable ou encore Condé Nast… le fondateur de Facebook a rassemblé des représentants VIP dans sa « dream team ». Modèles de réussite sur le marché digital, ces médias portent une solide réputation. Ils sont capables de produire à grande échelle et leurs contenus sont lus dans le monde entier.

    Pour les convaincre, Facebook a dû se montrer très persuasif. Selon un document révélé par le Wall Street Journal en juin 2016, Mark Zuckerberg a ainsi fait un chèque de 50 millions de dollars répartis en 140 contrats de partenariats avec des médias et des célébrités, dont 17 de plus d’un million de dollars (près de 3 millions pour le New York Times et Buzzfeed, 2,5 millions pour CNN). Une goutte d’eau comparée aux 10 milliards de dollars de recettes trimestrielles de Facebook, soit 47 % de plus qu’au même trimestre de l’année précédente.

    Le deal est simple : en échange d’une certaine somme, le partenaire doit produire massivement des contenus à haute valeur ajoutée sur la plateforme : vidéos, « Facebook Live », reportages à 360°, « Instant Articles »… Les grands médias américains ont donc été rémunérés pour inonder les fils d’actualité de contenus originaux et ainsi convaincre l’ensemble des éditeurs d’en faire autant.

    Des millions d’euros versés aux principaux médias français

    Cette stratégie s’est avérée très efficace puisque la renommée des médias enrôlés, combinée à un puissant soutien des algorithmes, a contribué à imposer de nouveaux formats en moins d’un an et à l’échelle mondiale. Alléchés par la masse de clics, les éditeurs du monde entier se sont lancés dans l’aventure… couronnant de ce fait la stratégie de Facebook.

    Un système spécifique aux États-Unis ? Pas du tout. En Europe, les grands médias français participent par exemple à cette manœuvre de séduction à grande échelle. TF1, Le Figaro, Le Parisien ou les titres du groupe Le Monde font également partie des éditeurs qui touchent de l’argent pour produire des contenus vidéo pour Facebook. Et les sommes donnent le tournis, entre 100 000 et 200 000 euros par mois sur des périodes renouvelables de six mois, d’après les diverses sources interrogées. Sachant que la plupart des médias cités (liste non exhaustive) ont déjà reconduit une fois leur partenariat, on parle ici de millions d’euros distribués aux médias hexagonaux par Facebook.

    Il va sans dire que dans les rédactions contactées, on est peu disert sur les détails de ces accords confidentiels. Mais si les conditions varient d’un média à l’autre, le principe reste le même : en échange de l’argent versé, chaque média s’engage à produire un volume précis de vidéos et/ou de « lives » sur une période donnée, d’après les informations que nous avons pu récolter.

    À LCI par exemple, la rédaction doit produire 14 heures de direct par mois et chaque « live » doit durer entre 6 et 20 minutes. Un timing précis qu’il vaut mieux respecter car les contrôles sont stricts, explique-t-on en interne. Il faut dire que la chaîne a tout intérêt à garder de bonnes relations avec son mécène. Selon un salarié, l’argent de Facebook versé sur la période aurait financé les deux tiers de la rédaction web. Mais les contributions financières de Facebook ne s’arrêtent pas là. Il a participé au financement d’un studio flambant neuf pour que la chaîne puisse réaliser des « Facebook Live » lors de la campagne présidentielle. Une dépendance financière qui s’ajoute à celle du trafic généré sur le site, via le réseau social, qui représente entre 30 et 40 % des visites.

    RTL a également bénéficié des euros de Facebook pour son studio dédié aux lives, au même titre qu’Europe 1 pour installer une « Facebook Room » et un « Story Studio Instagram » dans le bus qui a sillonné la France pendant la campagne électorale.

    Enfin, la firme de Menlo Park apporte un soutien aux médias sous la forme de conseils techniques pour exploiter au mieux l’algorithme chargé de hiérarchiser les publications et comprendre les subtilités des statistiques d’audience, notamment avec la mise à disposition de CrowdTangle, une solution propriétaire d’analyse du trafic.

    Du côté de Facebook, on assume ces contributions financières, mais on en minimise l’importance : « Voir les collaborations de Facebook uniquement à travers des partenariats rémunérés est réducteur. Notre rôle au quotidien est de travailler conjointement avec les médias au développement d’outils destinés à enrichir leur expérience sur Facebook. Cela passe par beaucoup d’échanges et des phases de tests durant lesquels il a pu nous arriver d’indemniser nos partenaires. Les médias prennent du temps pour utiliser nos nouveaux produits et partager leurs retours avec nous et il nous semble donc normal qu’ils obtiennent une compensation pour cela. Cela s’inscrit toujours dans un cadre temporaire le temps de l’expérimentation », explique Edouard Braud, le directeur des partenariats médias pour l’Europe du sud.
    Un système gagnant-gagnant ?

    Après des débuts laborieux, une communication maladroite et des cahiers des charges trop contraignants, Facebook a massivement investi dans ses relations avec les médias à partir de 2010. Désormais, la « Media Partnership Team » multiplie les initiatives comme le « Facebook Journalism Project » ou le « Listening Tour », débuté en juin 2017, dans les rédactions.

    Alors que la sphère médiatique s’alarme régulièrement de la dépendance aux « actionnaires milliardaires » ou de la proximité avec le pouvoir politique, la dépendance à Facebook ne semble pas émouvoir outre mesure. Au contraire, les partenariats sont vécus comme de belles opportunités pour expérimenter et se rapprocher de l’audience.

    À L’Obs, Aurélien Viers, responsable du pôle visuel est très enthousiaste : « Ce partenariat nous permet d’aller plus loin dans nos expérimentations sans bouleverser notre organisation. Grâce aux outils fournis, nous avons pu créer des formats vidéo originaux qui connaissent de beaux succès en ligne. La pratique régulière du "Live social", depuis le terrain, a instauré une nouvelle relation avec l’audience, plus spontanée et plus dynamique. On peut dire que Facebook condense tous les nouveaux défis liés à la vidéo, en termes de storytelling, de créativité et de capacité à se démarquer dans un environnement très concurrentiel. »

    Mais en coulisses, dans les médias partenaires, les dents grincent, notamment du côté des régies publicitaires et des services commerciaux impliqués dans une lutte acharnée et vaine contre leur principal concurrent, l’ogre Facebook. « Devant les "valises de billets" apportées par Facebook, les régies n’ont pas leur mot à dire, explique un journaliste en off. Et lorsque Facebook teste ses nouveaux formats publicitaires mid-roll sur nos propres productions, l’exaspération est à son comble. »

    L’efficacité de la plateforme désespère les éditeurs englués dans des stratégies (trop) complexes de rétention de l’audience, comme l’explique ce cadre en charge du numérique : « Quand un internaute, avant de pouvoir finalement regarder une vidéo sur un site, doit cliquer sur un lien, attendre de longues secondes le chargement de la page puis fermer une ou deux fenêtres de pub pour finalement devoir patienter devant une publicité de trente secondes, le constat est sans appel, on ne peut pas rivaliser. On ne joue pas dans la même division que Facebook et son autoplay instantanée. »

    Michaël Szadkowski, rédacteur en chef du site et des réseaux sociaux du Monde, explique n’avoir fait aucune concession éditoriale et garder un contrôle total sur le contenu, une condition sine qua non du partenariat. « L’argent versé n’a pas fondamentalement changé notre façon de travailler. La production de vidéos était déjà une priorité pour nous, avec une équipe de quinze personnes dédiées. On poste plus de contenus qu’avant sur la plateforme, c’est sûr, mais je préfère que Facebook fasse vivre les médias plutôt qu’il se mette à créer et à imposer ses propres contenus. Facebook a changé de dimension, ses dirigeants ont compris qu’on ne pouvait plus demander aux médias de produire gratuitement des contenus et de la valeur, pour ensuite les monétiser auprès des annonceurs. » Un constat valable pour les seuls partenaires et pour une durée limitée.

    Guillaume Lacroix, cofondateur de Brut, un média vidéo présent uniquement sur les réseaux sociaux, ne tarit pas d’éloges sur sa collaboration avec Facebook. Il s’agit d’un « partenariat de travail » qui ne comporte aucun volet financier. « Facebook nous donne beaucoup de conseils utiles pour faire décoller l’engagement sur nos vidéos. Il nous informe également sur les formats en vogue dans le monde entier. En septembre, nous avons par exemple été invités à Dublin pour participer à une conférence où étaient réunis 35 médias nés en ligne. Les échanges ont été très enrichissants. Enfin, Facebook met à notre disposition CrowdTangle, un outil très performant qui permet d’analyser l’engagement de l’audience sur les réseaux sociaux. Si on devait payer pour l’utiliser, pas sûr qu’on pourrait se le permettre. »

    Comme pour Le Monde et L’Obs, Brut perçoit la collaboration avec Facebook comme un véritable avantage concurrentiel et croit à la pérennité de son modèle : « Cela ne nous fait pas peur d’être Facebook dépendant, pas plus qu’un producteur qui travaille avec une chaîne de télévision. Par ailleurs, il ne nous donne pas d’argent et pourtant Brut sera rentable en 2018, c’est qu’il existe bien un business model sur les réseaux sociaux. »

    Edouard Braud l’affirme, Facebook fait tout pour donner le maximum d’autonomie aux médias : « Tous nos produits sont faits de telle sorte qu’ils ne créent pas de dépendance. Nous les concevons pour qu’ils enrichissent l’expérience des médias et les aident à créer de la valeur grâce à Facebook. Cela peut se faire à la fois au sein de notre environnement mais également en dehors. C’est pourquoi nous développons notamment des outils qui permettent de générer de la valeur dans les environnements propriétaires des médias comme sur "Instant Articles" avec les modules d’abonnement aux newsletters, de téléchargement d’applications… »

    Un miroir aux alouettes et un danger pour les « petits médias »

    En dehors des médias partenaires, rares sont les rédactions disposant des ressources et de la flexibilité nécessaires pour faire face aux exigences de Facebook. En l’absence d’incitation financière ou de revenus récompensant les contenus produits pour le réseau social, les petits médias s’essoufflent à force de vouloir tirer profit de l’audience et des redoutables outils mis à disposition. Résultat, un écosystème à deux vitesses s’est progressivement mis en place, doublé d’une stratégie kamikaze des médias, dont la production vidéo est un exemple éclairant.

    Passage en revue des raisons pour lesquelles la plupart des médias n’ont que peu d’intérêts à se lancer dans la production de vidéos sociales :

    La production de vidéos est complexe, chronophage et coûteuse, surtout pour les titres de presse écrite dont ce n’est pas le métier. Mettre en place un workflow spécifique et former ou embaucher des journalistes capables de tourner et de monter des vidéos sociales représentent un coût considérable. Dans le domaine, la rentabilité reste souvent un concept.
    La professionnalisation fulgurante des contenus. Les vidéos postées sur le réseau social ressemblent de plus en plus à des productions télévisuelles, ce qui tend à disqualifier les médias incapables de suivre les standards de qualité en vigueur. Aujourd’hui, la majorité des « lives » Facebook est réalisée avec plusieurs caméras, à l’aide d’une régie.
    La versatilité des formats recommandés. Pendant six mois, Facebook nous incite à produire des vidéos de moins d’une minute consultable sans le son. Le mois suivant, il faut produire des séquences d’une minute trente minimum, sans quoi l’algorithme pourrait bouder nos contenus. Trente petites secondes de plus qui imposent de repenser les formats et réorganiser sa chaîne de production.
    Le paradoxe de l’engagement. Par expérience, les contenus vidéos postés sur Facebook sont ceux qui apportent le moins de trafic sur les sites. Ils suscitent un fort engagement, mais sont consultés exclusivement dans le fil d’actualité, et peu sur les sites. Pourtant, les médias redoublent d’efforts pour produire des vidéos natives et non rentables. Enfin, comme sur YouTube, l’actualité est loin de faire partie des contenus les plus consultés sur Facebook.
    La supercherie des données d’audience. Comprendre et analyser les chiffres d’engagement fournis par le réseau social demande de la patience et des compétences solides. Des chiffres dont la fiabilité est sujette à caution. En 2016, Facebook a admis avoir surévalué les statistiques de consultation des vidéos de 60 à 80 %, et ce, pendant deux ans ! Une « erreur technique » a été invoquée. Une excuse grossière qui pourrait faire sourire si elle n’avait pas un impact énorme sur les investissements publicitaires et sur les moyens mis à disposition par les médias pour produire des vidéos. Quand on culmine à plusieurs centaines de milliers voire des millions de vues par vidéo, les marges d’erreur n’ont pas de grandes conséquences, mais lorsqu’une stratégie vidéo est évaluée sur la base de quelques milliers de clics, alors dans ce cas, les implications peuvent être sérieuses.
    Le chantage au « reach » et la tentation du « boost ». La présence de tous les acteurs sur la plateforme engendre une course à l’attention inédite qui aboutit à une saturation des « timelines » et à une baisse de la visibilité des contenus, intelligemment orchestrée par Facebook. Une chute importante de la portée des publications peut contribuer à déstabiliser les fragiles « business model » des médias. Et la tentation de payer pour maintenir sa popularité, généreusement offerte par la plateforme, n’est plus une exception dans les rédactions. Les contenus sponsorisés se multiplient et les médias se transforment en client de la régie publicitaire de Facebook.

    Facebook a gagné. Les nombreux paradoxes évoqués ci-dessus en sont les meilleures preuves. La servitude volontaire dont font preuve les médias peut être analysée au prisme de leur situation financière, mais difficile de dire quelles en seront les conséquences à long terme. Des sacrifices nécessaires sur l’autel de la transition numérique ? Peut-être, mais attention, la dépendance n’est pas seulement financière, elle est également technique pour l’accès aux outils de production et de diffusion de l’information, elle pèse aussi sur les contenus et contribue à l’uniformisation des formats à l’échelle mondiale et surtout, elle influence et rythme le quotidien et l’organisation des rédactions.

    Le paysage médiatique français s’alarme régulièrement du manque d’indépendance des médias face aux actionnaires-industriels-milliardaires. Pourtant, ces mêmes médias permettent l’instauration progressive d’une menace tout aussi toxique pour l’avenir des médias et de la démocratie, celle du soft power, de l’argent et de l’écosystème des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple).

    #réseaux_sociaux #facebook #presse #médias #naufrage

    • Mediapart, tant que tu ponderas des phrases de ce type je te dis merde et je stoppe ma lecture.

      Il faut dire que le trousseau de la mariée est bien garni avec ses deux milliards d’utilisateurs. Le marié désœuvré ne pouvait espérer mieux.

      #sexisme
      #boycott_facebook

      Je ne vois pas ce qu’il y a d’intéressant à comparer le contrat de dupe que les médias ont fait avec facebook à la dot d’une mariée. A part à préserver ces pauvres hommes journalistes de leur responsabilité, disqualifier les femmes, et s’asseoir confortablement sur sa paresse intellectuelle à trouver un qualificatif plus adéquat.

      Cette tradition de la dot lors du mariage visait à compenser les frais de la femme, considérant celle-ci comme une charge.
      #journalisme_coucouilles

      On rappelle juste à ceux qui s’étonnent que la France est 39em sur 180 pays au classement mondial 2017 de RSF https://rsf.org/fr/classement
      du fait de ces accointances avec la finance.
      #indépendance_de_la_presse

    • À mettre en lien avec les accusations d’ingérence via Facebook de la Russie dans l’élection étasunienne. J’ai du mal à croire que Facebook se soit laissé berné, j’ai du mal à croire que Facebook ne soit pas au service de l’oligarchie étasunienne. Là on voit que Facebook dépense au contraire beaucoup d’énergie pour contrôler qui a une audience privilégiée etc.

  • Cadences effrénées, forte pression... le quotidien alarmant des pilotes de #ryanair Le figaro - Clémentine Maligorne Valérie Collet - 29 Novembre 2017
    http://www.lefigaro.fr/social/2017/11/29/20011-20171129ARTFIG00113-ces-pilotes-de-ryanair-qui-evoquent-des-condition

    TÉMOIGNAGES - _ La compagnie irlandaise, qui a été contrainte d’annuler des milliers de vols jusqu’à fin mars, est confrontée à une mobilisation inédite de ses pilotes. Trois d’entre eux, qui travaillent ou qui ont travaillé pour Ryanair racontent leurs conditions de travail.

    Depuis deux mois, les langues se libèrent au sein des équipes navigantes de Ryanair. Alors que le premier transporteur européen a été contraint d’annuler brutalement plus de 18.000 vols jusqu’à fin mars 2018 notamment à cause d’une mauvaise gestion des congés de ses pilotes mais aussi de nombreux départs, trois pilotes qui travaillent ou qui ont travaillé pour la compagnie irlandaise à bas coût ont accepté de témoigner auprès du Figaro, sous couvert d’anonymat, de leur quotidien chez Ryanair.


    Des cadences de travail à la « limite de la légalité »
    Après avoir volé durant 10 ans en tant que commandant de bord pour la compagnie aérienne irlandaise, Jacques
    « revit » depuis qu’il a quitté l’an dernier Ryanair pour une autre low-cost offrant une meilleure qualité de travail. « Après avoir changé d’employeur, je me suis rendu compte dans quel état de fatigue j’étais quand je travaillais pour Ryanair. J’acceptais beaucoup de choses sous la pression morale et temporelle. » Il décrit des cadences de travail très soutenues, à la « limite de la légalité » : des journées de 13 heures de service, 900 heures de vol par an, « des seuils maximum autorisés pour un pilote, mais pour Ryanair qui sont la norme », souligne-t-il. Il évoque des avions qui tournent « 18 heures par jour pour pouvoir être rentables » et des équipages qui enchaînent souvent jusqu’à six étapes dans une journée, le maximum légal.

    « Personnellement ça m’est arrivé de m’endormir dans le cockpit, de faire des micro-siestes de 10 minutes car je n’arrivais plus à lutter, confie Jacques. J’étais censé répondre à la radio mais mon copilote l’a fait à ma place. Ça n’arrive pas que chez Ryanair, mais c’est régulier. » Georges*, la cinquantaine, est commandant de bord depuis trois ans chez Ryanair. Salarié de la compagnie, avec un contrat de travail irlandais. Pilote expérimenté, il confirme que le rythme est particulièrement soutenu et avoue aussi : « Ça m’est déjà arrivé de dire à mon collègue copilote, je vais dormir pendant 10 minutes, de manière à récupérer, pour tenir le coup ».« Aucun pilote ne dort dans le cockpit » rétorque de son côté la compagnie, précisant que les pilotes « volent 18 heures par semaine et bénéficient de quatre jours de repos - un week-end double après 5 jours de travail ».

    Comparé aux hôtesses de l’air et aux stewards, les commandants de bord se disent toutefois « bien traités ».« Durant les rotations (le temps où l’avion arrive et repart), une hôtesse doit s’occuper du débarquement des passagers, du nettoyage de l’avion, vérifier les équipements de sécurité, puis réembarquer 200 personnes, tout ça en 25 minutes, détaille Jacques. Une fois que l’avion est parti, elle doit alors vendre, vendre et encore vendre. Souvent, elle ne peut même pas manger ou s’asseoir en 10 heures de vol, alors que nous, les pauses, on les prend en vol, entre une fin de montée et un début de descente. C’est encore gérable. »

    Des menaces sur les résultats de ventes à bord
    Hôtesses et stewards « subissent des pressions et des menaces permanentes sur leurs résultats de ventes de produits à bord des appareils », assurent ce pilote qui raconte avoir assisté plus d’une fois à des scènes où des hôtesses fondaient en larmes après avoir été recadrées par leur hiérarchie. Deux courriers types adressés à des personnels navigants, qui ont été transmis au Figaro, témoignent en effet de cette pression exercée sur les PNC (hôtesse de l’air et steward). Sont listés une dizaine de produits (cosmétiques, parfums, cadeaux, snacks, boisson, etc...) avec les statistiques de vente. Dans ces deux lettres, il est reproché au destinataire du courrier de ne pas avoir assez vendu sur une période allant du 1er avril au 19 novembre.

    « Cette performance n’est pas acceptable et il est clair que vous n’avez pas fait convenablement votre travail à bord » peut-on lire. « Ces revenus annexes sont importants pour Ryanair et notre équipage reçoit 10% de tout ce qui est vendu à bord », souligne le manager. « Je dois ajouter que votre performance sera surveillée attentivement durant les deux prochains mois. S’il n’y a pas de progrès significatif vous serez soumis à une procédure disciplinaire. » Interrogée, Ryanair affirme ne pas envoyer ce genre de courriers... « Il n’y a pas de pression pour vendre à bord, nous assure-t-on. Les membres d’équipage sont incités à vendre des produits à bord et sont récompensés par des primes de vente ».

    « Statistiques sur la consommation de carburant »
    Les commandants de bord ressentent eux aussi une pression exercée par la hiérarchie qui prend son personnel « rien moins que pour un outil de production ». « Tous les mois, on nous demande nos statistiques sur la consommation de carburant. On doit voler à des vitesses économiques, moins vite que les autres. Moi je n’y prête aucune attention, mais certains pilotes se mettent une pression supplémentaire avec ça », rapporte Georges. Là encore, Ryanair assure ne pas exercer ce type de pression en dépit des témoignages.

    Lorsqu’il était encore salarié de Ryanair, Jacques, lui, raconte cependant avoir tenu plusieurs fois tête à sa hiérarchie. « Pour avoir refusé d’assurer un dernier vol après une journée particulièrement compliquée et fatigante pour l’équipage, j’ai été convoqué deux fois à Dublin. On m’a bien fait comprendre que ça ne devait plus se reproduire. J’étais pourtant arrivé à la limite réglementaire de mon temps de travail. L’équipage et moi-même n’étions plus aussi frais et réactifs, c’était une question de sécurité », ajoute le commandant de bord qui travaille maintenant pour une autre compagnie aérienne. « Il y a en effet une pression pernicieuse de la part du management chez Ryanair. Quand on appelle Dublin, jamais un bonjour, ni au revoir, ni merci », renchérit Georges. « Pendant nos jours de récup il n’est pas rare qu’ils nous appellent pour qu’on vienne bosser. Et beaucoup n’osent pas dire non. »

    Toutefois, ce pilote, salarié de la compagnie irlandaise, s’estime encore chanceux et privilégié par rapport à d’autres collègues. « Les conditions sont bien plus dures pour les jeunes qui commencent », dénonce-t-il. Car chez Ryanair, la majorité des pilotes - une minorité selon Ryanair - sont employés en tant qu’autoentrepreneurs via une multitude de petites structures juridiques ad hoc de droit irlandais. Ce sont souvent de jeunes recrues qui débutent dans le métier et qui sont payées à l’heure de vol (entre 130 et 140 euros de l’heure pour un commandant de bord - plus de 170 euros selon Ryanair) mais pas sur leur temps de travail au sol.

    « Autoentrepreneur parce que je n’ai pas eu le choix »
    Mike*, 28 ans, fait partie de ceux-là. Il a commencé sa carrière dans la compagnie irlandaise il y a trois ans. « J’ai un statut d’autoentrepreneur parce que je n’ai pas eu le choix, explique-t-il. Le briefing, les temps d’attente à la suite de retards ou d’incidents techniques ne sont pas comptabilisés et pas rémunérés. Sans compter le temps passé pour me rendre sur une autre base que la mienne lorsque c’est le cas. »
    Sa rémunération globale est d’environ 35% supérieure au salaire qu’il pourrait percevoir en France. « Mais je dois prendre en charge mon assurance maladie, mettre de l’argent de côté pour ma retraite et payer mes frais de transport et de logement lorsque je me rends dans une autre base de la compagnie pour prendre mon service, détaille-t-il. Je suis remboursé par la compagnie, mais sur une base forfaitaire de 150 euros pour un vol et une nuit sur place, assure-t-il. Si je suis malade et que je ne peux pas prendre mon service, je fais une requête. Au bout de deux absences, je suis convoqué au siège pour une réunion et au bout de trois, mon contrat est rompu. »

    En outre, les jeunes recrues doivent payer de leur poche 29.500 euros de formation pour voler chez Ryanair, ce que la compagnie dément. « Ces jeunes, sans expérience, à qui l’on demande au passage de devenir des chefs d’entreprise, se retrouvent en plus avec un prêt sur le dos » assure pourtant Georges. « Ça leur met un sérieux stress » ajoute ce commandant de bord qui a déjà 30 ans d’expérience au compteur.

    « Je n’ai pas à me plaindre de ma situation à côté des jeunes pilotes. Mais Ryanair, c’est vraiment le low cost du low cost. C’est dommage, car dans le fond, la compagnie se porte bien. Mais si demain, une autre compagnie comme Norwegian Airlines ou Easyjet s’installe près de chez moi, je n’aurais aucun scrupule à partir. » Preuve, s’il en est, que l’herbe n’est pas si verte que ça chez Ryanair.

    #esclavage #management #autoentrepreneur #harcèlement #cadences #danger #sieste #discrimination #low-cos #entreprise #monde_du_travail #balancetonporc #violence

    • EU Policies Put Refugees At Risk

      A lack of leadership, vision, and solidarity based on human rights principles are at the core of the European Union’s dismal response to refugee and migration challenges. The mismanagement and politicization of a surge in boat migration in 2015, when over one million migrants and asylum seekers traveled to the EU by sea, has led to a humanitarian and political crisis largely of the EU’s own making that needs to be addressed with the utmost urgency.

      If chaos characterized the response of the EU and its member states in 2015, wrong-headed and rights-abusing policies have defined 2016. Instead of providing for safe and orderly channels into the EU for asylum seekers and refugees and sharing responsibility for them equitably, the EU and its member states have endorsed policies designed to limit arrivals and to outsource responsibility to regions and countries outside of the EU. The deeply flawed deal with Turkey and problematic cooperation with the Libyan authorities reflect this approach.

      Individual member states have rolled back asylum rights at a national level and the European Commission has proposed an overhaul of the common European asylum system that is more informed by a logic of deterrence than a commitment to basic human rights. Far from ensuring the right to family reunification, over the past year numerous EU countries have restricted the right to bring family members to safety, and there is a discernible trend towards granting subsidiary—temporary—protection over refugee status. Proposed changes to the EU directives governing procedures, qualification for asylum, and reception conditions include some positive measures but also measures to punish asylum seekers for moving from one EU country to another, obligatory use of “safe country” and “internal flight alternative” concepts to deny protection, and compulsory reviews to enable revoking refugee status and subsidiary protection.

      The European Commission has also advocated changes to EU aid and foreign policy that would direct them towards migration control objectives rather than improving respect for human rights. The Partnership Framework for relations with third countries represents a clear articulation of the EU’s goal, significantly re-energized over the past 18 months, to intensify migration cooperation with countries in Africa, the Middle East and Asia with the objectives of preventing irregular migratory flows to Europe and facilitating the removal of rejected asylum seekers and other irregular migrants from EU territory.

      In the same period EU member states have largely failed to implement the September 2015 emergency relocation mechanism scheme, which in spite of its limited scope stands as the only effort to date to more equitably share responsibility for the recent arrivals to Greece and Italy. As of mid-November, only 7,224 asylum seekers had been relocated.

      To date in 2016, over 343,000 have managed to reach European shores by sea, while at least 4,646 have died or gone missing at sea. A substantial proportion of those arriving come from refugee producing countries such as Syria, Afghanistan and Iraq. Such people are fleeing generalized violence, war, and serious human rights abuses. Many others are seeking to escape economic deprivation and may not qualify for asylum.

      The numbers of arrivals are down from 2015, when over one million migrants and asylum seekers survived the dangerous journey to the EU. But 2016 is proving even deadlier than 2015, when at least 3,671 died or went missing in the attempt. Border closures and a deeply flawed deal with Turkey contributed to reducing the numbers of those crossing from Turkey to Greece, while crossings from North Africa, particularly Libya, have kept pace with previous years.

      In November 2015, Human Rights Watch urged the EU and its member states to take concrete actions to reduce the need for dangerous journeys, address the crisis at Europe’s borders, fix the EU’s broken asylum system, and ensure that EU cooperation with other countries improves refugee protection and respect for human rights. This document, one year later, shows that the EU has gone in the opposite direction.

      Throughout this document, we use the terms migrant, asylum seeker, and refugee within the meaning of existing international law. The term migrant describes the wide range of people on the move; it is intended as an inclusive rather than an exclusive term. A migrant may also be an asylum seeker or refugee. An asylum seeker is someone who has or intends to apply for international protection in a country other than her own. A refugee is a person who has a well-founded fear of persecution in her country of origin. A migrant who has crossed international borders without a need for international protection may, following a fair procedure in which their individual circumstances have been assessed and their rights have been guaranteed, be returned involuntarily to their country of origin if this return can be done in a safe and dignified manner. All persons, regardless of status, have inalienable human rights.

      https://www.hrw.org/news/2016/11/23/eu-policies-put-refugees-risk

      –-> Dans ce rapport, pas mal d’info sur Dublin...

  • The new Dublin Luas map is a crime against cartography | CityMetric

    http://www.citymetric.com/transport/new-dublin-luas-map-crime-against-cartography-2953

    Marrant :)

    But Dubliners need not worry much longer – because the Luas Cross City project is extending the green line across the city centre and into north Dublin. It’s due to open in December, and the city’s transport authorities have just released this outstandingly abysmal map:

    #cartographie #manipulation

  • En finir avec le règlement Dublin : pour un vrai droit d’asile dans le Rhône

    Nous faisons face à un nombre sans précédent de distribution d’arrêtés de transfert à l’intention des personnes sous procédure Dublin, qui sont prisonnières de ce jeu cynique et destructeur de renvois forcés. On aimerait que la France respecte les droits fondamentaux des personnes migrantes et réfugiées en cessant les expulsions Dublin et leur permettant de déposer leur demande d’asile en France.

    https://rebellyon.info/PREFECTURE-DU-RHONE-STOP-AUX-EXPULSIONS-18429
    #Dublin #asile #migrations #France #réfugiés #renvois_Dublin #règlement_dublin