city:echirolles

  • #ANVITA, #association_nationale_des_villes_et_territoires_accueillants

    Sur la base de nos expériences, nous faisons des propositions adaptées afin de répondre aux impératifs de l’urgence et de l’inclusion de toutes personnes de manière inconditionnelle.

    Les objectifs de l’association sont :

    – Rassembler les élu.e.s des majorités et des oppositions ainsi que les services confrontés aux problématiques d’accueil des migrant.e.s sur nos territoires

    – Mutualiser les bonnes pratiques et les savoirs en matière d’accueil et d’intégration, déclinés sur chaque politique publique locale

    – Accompagner les élu.e.s souhaitant accueillir sur leur territoire, par la mise à disposition de bonnes pratiques et par la mise en relation d’élu.e.s accueillant.e.s avec des élu.e.s souhaitant accueillir

    – Mobiliser les élu.e.s autour des enjeux liés aux politiques migratoires actuelles

    – Mettre en place une coordination nationale permettant d’associer aux élu.e.s, les migrant.e.s, les acteurs associatifs, les collectifs citoyens, les juristes et les chercheur.e.s impliqué.e.s sur la question de l’accueil
    Mettre en place un cadre de dialogue avec l’Etat pour construire une stratégie nationale d’accueil

    – Contrer les atteintes à l’éthique et aux droits fondamentaux et soutenir, accompagner, impulser, organiser des actions de soutien aux migrants avec les acteurs dans leur grande diversité (sur les terrains divers : juridique, médiatique, politique, etc.)

    https://villes-territoires-accueillants.fr
    #asile #migrations #France #réseau #villes #urban_matter #solidarité #accueil #France

    v. aussi la métaliste sur les villes-refuges :
    https://seenthis.net/messages/759145

  • Lettre ouverte à Macron à propos des violences policères
    https://grenoble.indymedia.org/2019-01-17-Lettre-ouverte-a-Macron-a-propos

    Je partage cette belle lettre ouverte à Macron sur les violences policières. A partager sans modération. Anne-Marie Chartier 2 place Beaumarchais 38130 Echirolles le 16-1-2019 (Maître de Conférence à la retraite Université de Grenoble) A MR MACRON Pdt de la République Objet : La violence d’Etatest organisée audegré le plus haut. Monsieur le Président de la République Dans votre lettre aux français publiée dans le Monde du 15-1-19, vous dites « n’accepter aucune forme de violence (...)

    #Articles

    / Répression / Contrôle social, Révoltes / Luttes sociales, #Soupe_politicienne, #Autres_infos

    #Répression_/_Contrôle_social #Révoltes_/_Luttes_sociales

    • Anne-Marie Chartier le 16-1-2019 (Maître de Conférence à la retraite Université de Grenoble) A MR MACRON Pdt de la République
      Objet : La violence d’Etat est organisée au degré le plus haut.

      Monsieur le Président de la République

      Dans votre lettre aux français publiée dans le Monde du 15-1-19, vous dites « n’accepter aucune forme de violence ».Affirmation paradoxale car vous pratiquez, sans scrupule, à la suite de vos prédécesseurs, la violence d’Etat au plus haut degré,dans tous les domaines, social, militaire, et de la répression. Et vous vous inclinez devant la violence économique des sociétés, telle par exemple, Ford-Blanquefort qui met au chômage 850 salariés, au nom de la rentabilité et de la compétitivité.

      – 1)Vous avez désertifié quantité de petites villes et des campagnes,en supprimant leurs tribunaux, leurs hôpitaux et maternités,les écoles, les Postes, les lignes de chemin de fer locales….sous prétexte de concentrer les moyens financiers, dans un pays où vous prêchez pourtant la décentralisation comme vos aînés….Cette désertification exclut un grand nombre de citoyens de l’accès à ces services, contrairement à ce que vous dites dans votre lettre. Plus personne ne peut croire à la vérité des mots employéspar ceux qui vous ont précédé, et par vous.

      Il n’est plus possible également de s’adresser normalement aux services publics administratifs de la Préfecture, de la Sécurité sociale, des Allocations familiales, des impôts….pour obtenir le moindre renseignement, la moindre aide. Votre gouvernement a pour politique de détruire progressivement les services publics utiles à la population sous le vocable de « réorganisation » et de « modernisme ». Encore des mots dont nous avons appris qu’ils ne cachent que des spoliations au profit des…..holdings.

      Ceci relève d’une violence sociale planifiée contre les citoyens.

      – 2)En tant que chef d’Etat,vous avez engagé la France, directement ou indirectement, dans des guerres les plus destructrices au Mali, au Tchad… au Yémen, en y envoyant l’armée française ou en vendant des armes, entre autres à l’Arabie Saoudite. Or ce pays est le principal propagateur d’une idéologie salafiste intégriste, celle-là même de « L’Etat Islamique », et celle des jeunes « fichés S » qui parfois passent à l’acte. Alors que vous prétendez combattre cette idéologie. Pensez-vous que les citoyens et les jeunes soient incapables d’établir le double ou triple jeu de votre gouvernement ?

      La ministre des Armées, Florence Parly, sous votre direction, a annoncé en septembre 2018 que la France se dotait de drones armés qui permettront « d’allier en permanence la surveillance, l’endurance dans la discrétion, et la capacité de frappe…. », lesquels nécessitent des pilotes qui, à distance,pratiquent des « assassinats ciblés ». Ainsi c’est l’Etat qui décide de se faire justice contre des individus qui n’ont pas été jugés : c’est le droit de tuer sans jugement. Il serait plus que nécessaire de qualifier les actes de ces individus.. Pensez-vous que la jeunesse n’ait pas intégré cette morale éhontée ?

      Ces faits ne sont autres qu’une terrible violence qui détruit peu à peu la République, la justice et toute éthique.

      – 3)La France est le seul pays qui, en Europe, dans des opérations de répression, utilise, en plus des grenades lacrymogènes, des nouveaux lances ballesLDB 40 de longue portée ou GL06-NL, et des grenades GLI-F4. Ce sont ces armes de guerrequi sont responsables des nombreuses blessures recensées chaque week-end depuis novembre 2018 contre les Gilets jaunes (GJ) et la population qui se trouve dans la rue (pertes des yeux, mains arrachées, mâchoires détruites, membres cassés…...) et qui montrent que la police a l’ordre de tirer surtout vers la haut du corps !Ces armes ont été développées dans la deuxième moitié des années 2000 et expérimentées contre les zadistes de Notre Dame des Landes. L’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) décrit les grenadesexplosives GLI-F4en ces termes : « …elles comprennent des dispositifs à effet de souffle produit par une substance explosive ou déflagrante et sont susceptibles de mutiler ou de blesser mortellement un individu ».

      C’est donc l’Etat, par l’intermédiaire de son ministre de la défense et de ses préfets, qui arme la police et qui, en d’autres termes, ordonne de tuer des opposants. Par un effet de projection, il a été écrit que les GJ montaient à Paris pour tuer… C’est un pur mensonge.

      Le Monde diplomatique de janvier 2019 (p 13) rappelle les paroles d‘un haut responsable de la police qui confiait « C’est nous, l’institution, qui fixons le niveau de violence de départ. Plus la nôtre est haute, plus celle des manifestants l’est aussi » Il est assez clair que c’est vous qui ordonnez à l’appareil policier le niveau de violence désirée pour asseoir votre politique générale et vos projets de société. Quitte, si cela ne marche pas, à en appeler, pourquoi pas, à l’armée ?? N’y avez-vous pas pensé comme feu le Général de Gaulle en 1968 ?

      La demande faite aux médias de se taire sur les exactions que vous commandez, et de vous exonérer d’être le premier facteur de violence est une évidence. Les contre-vérités répandues dans certains médias (particulièrement dans BFM-TV) sur la violence primitive des Gilets Jaunes, alors que celle-ci n’est qu’une violence en réponse, en dit long sur le mépris que vous avez vis-à-vis de « vos gueux » pour reprendre l’expression d’un gilet jaune de Bourges.

      A propos des mensonges, il en est un qui m’a fait bondir dans votre lettre. Et j’en finirai là. Vous dites que l’impôt sur le revenu, parfois lourd, réduit les inégalités L’Impôt sur le revenu dans sa forme moderne, voulu par les radicaux pour avoir un effet redistributif, et crée en 1914, a eu comme objectif de faire face à la dette publique, et de trouver de nouvelles recettes pour la guerre. Les services publics sont nés bien après, sous l’effet du danger communiste de l’après deuxième guerre mondiale. Il n’a actuellement pas diminué les inégalités sociales. Cessez de penser que les GJ aient des illusions à ce sujet.

      La répression, que vous voulez sévère, ne fait qu’accentuer la colère, et accroît la certitude que la justice, la liberté humaine, la réflexion intelligente pour le mieux-être pour tous, appartiennent à des espaces à créer contre tous les oligarques anciens et modernes, et contre vous et les vôtres.

      Mes salutations républicaines. AM Chartier

  • ITINERAIRES Habitants #Villeneuve #Echirolles

    Selon la méthode des itinéraires du sociologue #Jean-Yves_Petiteau, ce recueil regroupe 15 itinéraires, qui, par leurs #récits, nous emmènent à la rencontre de la Villeneuve Échirolles. À travers les yeux, les paroles et les pas de 15 personnes, se dessine un #territoire de vie.

    https://issuu.com/jenniferbuyck/docs/itineraire_habitants_villeneuve_ech
    #itinéraires #photographie #parcours_commentés #parcours
    ping @reka

  • Libérez la santé !

    En septembre 2016, après quatre ans de préparatifs, une association regroupant médecins, accueillants, travailleurs sociaux et paramédicaux a ouvert un centre de « santé communautaire » à Echirolles : le Village 2 santé, proche du quartier du Village 2. Alors que la troisième ville de l’agglomération voit ses médecins partir à la retraite sans être remplacés, l’arrivée des « jeunes médecins » est plutôt vue d’un bon œil.

    "Quelques particularités le distinguent d’un centre de soins classique. La plus frappante pour nos imaginaires de crypto-marxistes est l’égalité salariale au sein de l’équipe, des travailleurs sociaux aux médecins : onze personnes pour l’instant, qui se réunissent chaque semaine et s’organisent de façon non hiérarchique. Une autre est qu’il se revendique de la santé communautaire : pour faire court, un « système de santé pensé avec et pour toutes et tous » plutôt qu’imposé. Une troisième est que le Village 2 santé a choisi de s’implanter dans un quartier très populaire, longtemps 100 % HLM avec les loyers les plus bas de l’agglo."

    "À l’inauguration, le maire Renzo Sulli les félicite mais s’interroge comme tout le monde sur le mot « communautaire. » Il a reçu des appels de citoyens qui se demandent si c’est réservé aux musulmans. « On pourrait enlever communautaire », non ? Sylvette Rochas, son adjointe, lui a répondu : « Oui c’est comme dans parti communiste, on pourrait enlever communiste ? » Le maire n’a plus rien dit ; il est justement communiste. Quant au mot communautaire, assimilé en France et à tort au communautarisme, il est employé sans crainte en Belgique, en Angleterre, outre-Atlantique pour désigner ce « système de santé pensé avec et pour toutes et tous »… « Ça fait que trente ans qu’on en parle, c’est encore un peu tôt », ironise Alex."

    Lire la suite sur :
    https://www.lepostillon.org/Liberez-la-sante.html

    #Santécommunautaire

  • La grande histoire du compteur Linky de l’Antiquité à nos jours
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=935

    Société électrique et cybernétique : smart home, smart city, smart planet, Big data, objets connectés et « intelligents »

    Conférence-débat avec Pièces et main d’œuvre, organisée par Grenoble Anti-Linky et SERA Vendredi 16 juin 2017 à 20h30 à la Maison des Associations de Grenoble (6 rue Berthe de Boissieux)

    1869. Aristide Bergès introduit la "Houille blanche" dans sa papeterie de Lancey, près de Grenoble. 2012. Enedis (ex-ERDF) finance une chaire d’étude sur les réseaux électriques « intelligents » à l’INPG (Institut National Polytechnique de Grenoble). 2015. Le premier compteur Linky de France est posé à Echirolles, dans la banlieue grenobloise, à la vive satisfaction du maire communiste, Renzo Sulli. De quelle société Linky est-il le produit ? Quelle société Linky produit-il ? (Pour lire le texte (...)

    « http://grenoble-anti-linky.eklablog.com » #Nécrotechnologies
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/la_ve_rite_sur_le_compteur_linky.pdf

  • « Pour faire durer une grève, il faut avoir des idées »

    Au mois de mars, les facteurs d’Échirolles ont fait un mois de grève illimitée pour protester contre leur « délocalisation ». Leur direction projette de remplacer leur bureau par un ensemble immobilier et de séparer les facteurs en les envoyant dans les bureaux d’Eybens ou de Lionel Terray (à Grenoble). Ils ont fini par reprendre le travail début avril, sans obtenir pleinement satisfaction. Si le projet immobilier est maintenu, les facteurs iront finalement tous travailler à Lionel Terray, détail très important. Le bureau d’Echirolles a en effet la réputation d’être un des bureaux les plus combatifs de l’Isère, notamment parce que les facteurs y sont soudés. Il ont fait plusieurs fois des grèves dures pour contester la tornade de « réorganisations » et la course à la rentabilité qui se sont abattues sur les facteurs ces dernières années (voir Le Postillon n° 8). À La Poste comme ailleurs, des grèves d’un mois, c’est un peu devenu un phénomène en voie de disparition. Même si elles ne sont pas (toujours) victorieuses, elles permettent de faire vivre une certaine combativité dans le marasme et fatalisme ambiant. Alors on est allé discuter avec François, un facteur échirollois militant au syndicat Sud, pour voir comment ils s’y prennent.

    La suite sur :
    http://www.lepostillon.org/Pour-faire-durer-une-greve-il-faut.html

    Extraits :

    "De plus en plus de bureaux ne sont pas tenus syndicalement, et donc il ne s’y passe rien. Le problème c’est que les militants syndicaux sont de plus en plus des permanents. Ce processus de bureaucratisation n’est pas forcément voulu : avec les multiples réorganisations, les dossiers sont de plus en plus complexes, il y a un gros travail juridique à mener, donc ça implique des gens à temps plein. Ceci arrange bien La Poste qui veut des syndicalistes spécialisés et qui fait la guerre contre les militants de bureau. Ces syndicalistes à temps plein peuvent par ailleurs faire du bon boulot, mais c’est pas la même chose que d’être sur le terrain. Les bureaux où il n’y a que des délégués qui viennent de temps en temps mais pas de militants de bureau, il y a moins de conflit. Échirolles, ça a toujours été un bureau où il y a eu des bagarres syndicales. Ici, il y a une tradition de lutte."

    "Le plus important dans les luttes, c’est d’avoir des idées. Il n’y a rien de pire que de ne pas donner de perspectives.
    Une grève « passive », où il n’y a pas d’actions et où tout le monde reste chez soi, ne dure jamais longtemps.
    Donc il faut poser des perspectives. On a eu l’idée du loto parce qu’on voulait faire un événement « populaire » qui ne soit pas un concert, qui risquait de ne ramener que des jeunes ou des militants. Il y a plein de vieux qui nous soutiennent, donc on voulait les faire participer. L’organisation du loto a duré quinze jours. Pendant ce temps, plus aucun facteur ne se posait la question de reprendre le boulot ou pas. Finalement il y a eu cent soixante-dix personnes qui sont venues. Et avant le loto, on avait déjà la perspective de faire une manifestation, le 21 mars, où il y a eu trois cents personnes. Après la manifestation, on a fait monter la pression autour de l’expertise CHSCT, et c’est finalement un élément supplémentaire qui les a fait reculer, et qui nous a permis de rester ensemble, ce qui est important pour nous.
    L’idée c’est que plus tu mets des trucs dans la balance, plus ça peut marcher. Il faut ouvrir un maximum de fronts. Le problème de beaucoup de directions syndicales, c’est qu’ils ne réfléchissent pas au coup d’après."

    #Laposte #grève #syndicalisme

  • Isère : #nouvelle_donne, le confusionnisme participe aux listes citoyennes
    http://lahorde.samizdat.net/2015/02/17/isere-nouvelle-donne-le-confusionnisme-participe-aux-listes-citoye

    En Isère, comme dans d’autres départements, des rassemblements citoyens se sont constitués pour les départementales, avec des partis institutionnels (EELV – Europe Écologie Les Verts, le PG – Parti de Gauche, le Forum social des quartiers populaires, Eybens démocratie, Echirolles c’est vous, et le Réseau citoyen Grenoble). Toute la « gauche » citoyenniste, qui avait fait élire [&hellip

    #Confusionnistes #Non_classé #benjamin_ball #emmanuel_chaumery #larrouturou

  • Lettre à Alexis Jolly, candidat du Front national à Echirolles.
    Comment j’aurais pu être sur la liste du FN

    Lettre à Alexis Jolly, candidat du Front national à Echirolles.

    Salut Alexis,
    On s’est vu quelques fois, on a échangé quelques mails, et pris l’habitude de se tutoyer. On se connaît à peine, et pourtant je t’écris une lettre, à l’ancienne. À l’époque de Twitter, Facebook et compagnie, je ne sais pas si un jeune homme comme toi, de vingt-trois ans, reçoit beaucoup de lettres. Mais j’espère que tu prendras le temps de la lire. Alexis, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Je t’ai menti. Voire même : je me suis bien foutu de ta gueule. Rien de bien méchant, c’était pour la bonne cause. Laisse-moi t’expliquer.
    La suite ici : http://www.lepostillon.org/Comment-j-aurais-pu-etre-sur-la.html

    • Bienheureux le candidat frontiste aux élections municipales de 2014. Le « plus gros de la campagne » consiste à trouver des noms de colistiers, le reste (tractage, affichage, et autre travail militant) étant secondaire. Vous avez de la chance au Front national : la promotion de vos idées est assurée par les médias et par la médiocrité de la classe politique. C’est ainsi que toi, jeune homme de vingt-trois ans, vas sûrement recueillir autour de 20 % des suffrages à Échirolles, commune où tu n’habites pas et que tu connais à peine. Avoue que c’est pratique : tu n’as presque pas besoin de faire des efforts, d’aller à la rencontre des habitants, de débattre de tes idées. En même temps, cela ne doit pas être très gratifiant non plus : aujourd’hui un manche à balai avec l’étiquette « Bleu Marine » pourrait recueillir un cinquième des suffrages dans une ville comme Échirolles.

    • À force d’entendre parler à longueur d’articles de « la montée du Front national », j’avais de plus en plus l’impression que ce parti était une force politique importante et que ses sections locales regorgeaient de militants prêts à en découdre. En réalité, pour une agglomération de 400 000 habitants, il y a « une dizaine de jeunes » actifs et quelques vieux pour les encadrer : on est loin d’une grande vague bleu marine.

    • Pour lutter contre le fascisme, vaut-il mieux ressasser les mêmes slogans sur « le danger de l’extrême-droite » et « le retour des heures les plus sombres de notre histoire » ? Ou plutôt prendre le temps de comprendre cet échec et d’en tirer des enseignements ? Comprendre pourquoi le Front national parvient à détourner la colère des petites gens sur ses thèmes favoris que sont l’insécurité et les dangers de l’immigration ? Comprendre pourquoi aujourd’hui, dans les milieux pauvres, on ne parle plus de lutte des classes, d’anti-capitalisme, de la construction d’une société réellement socialiste (qui n’a rien à voir avec celle dirigée par le Parti socialiste) ?

    • Car c’est ça qui te fait sans doute rêver, Alexis : le pouvoir.
      Moi, c’est ce qui me rebute. Notre monde crève de la lutte pour le pouvoir, de tous ces jeunes et moins jeunes qui se bataillent pour un strapontin, qui se chiffonnent pour un poste, pour avoir leur photo dans le journal et les honneurs de la République. Notre monde crève de gens comme toi, Alexis, même si tu as encore pour quelque temps – à la différence des élites locales - l’excuse de la jeunesse.
      Faire de la politique, cela devrait vouloir dire se battre pour des idées, pas pour des postes. Tes idées ne sont pas tes idées, ce sont celles du parti : tu les ressors telles quelles dans tes tracts. Ton parti t’empêche de faire de la politique, c’est-à-dire de penser par toi-même. Là-dessus, c’est sûr : le Front national est un parti comme les autres.

  • Surtout n’allez pas sur notre site internet !

    http://www.lepostillon.org/Surtout-n-allez-pas-sur-notre-site.html

    Pour tout vous dire, je suis un peu gêné. Le Postillon vient de mettre en ligne un site internet, qui archive tous les articles et brèves de nos anciens numéros. Avant on pouvait seulement trouver nos PDF sur internet, sur le site des Renseignements généreux ( [1]). Maintenant, on a un vrai site à nous. Cela nous a pris beaucoup de temps. Deux amis sachant parler l’informatique ont passé des heures, bénévolement, à créer l’architecture du site, assurer sa fonctionnalité, régler une multitude de petits détails. Rien de passionnant dans ce travail, qui mérite plus que des remerciements. Ensuite, nous avons passé des heures à publier article par article (à vrai dire, moi j’ai presque rien fait). Un gros boulot chiant comme une campagne d’élections municipales. Et pour saluer ce dur labeur, je ne trouve rien de mieux à faire que de la contre-publicité pour ce site. Ce n’est même pas de l’ingratitude, c’est de la goujaterie. Laissez-moi vous expliquer.

    Lorsque je vends Le Postillon à la criée, certaines remarques m’énervent particulièrement : celles des gens qui ne veulent pas l’acheter « pour ne pas utiliser de papier », « parce que ce n’est pas écologique », « parce que maintenant je lis tout sur l’ordinateur ». Encore l’autre fois, au concert des Ogres de Barback - ou je suis allé par pur opportunisme commercial pensant naïvement que les jeunes et vieux baba-cools se rueraient sur un journal papier indépendant -, cinq personnes m’ont répondu « Non merci, le papier ça tue des arbres ».
    Voilà pourquoi j’écris ce texte : pour expliquer à tous ceux qui croient qu’ils sauvent la planète en s’informant uniquement via Lemonde.fr, Rue89.com, grenews.com qu’ils sont en fait de parfaits nigauds. Non seulement j’assume entièrement d’être un « tueur d’arbre », mais en plus j’accuse les autres d’être bien plus criminels.

    Les aficionados du numérique sont parvenus à faire croire que le monde virtuel est totalement propre, sans aucun impact environnemental. Foutaises. De plus en plus d’études et d’écrits critiques ( [2]) s’attaquent à ce mythe : une récente étude de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) nous apprend qu’ « un mail avec une pièce jointe nécessite 24Wh, soit une ampoule allumée pendant une heure. Sans pièces jointes, c’est 5 Wh. Chaque heure, 10 milliards d’e-mails sont envoyés dans le monde, soit en moyenne 50 GWh. C’est l’équivalent de la production électrique de quinze centrales nucléaires pendant une heure, ou quatre mille allers retours Paris-New-York en avion. Tout ça pour une heure d’échange de mails sur le réseau, sans compter tout ce qu’on peut faire d’autre » ( [3]). Si ces chiffres et ces comparaisons sont contestés, certains affirmant qu’ils sont exagérés ou peu pertinents, ils évoquent une réalité indéniable : se servir d’internet pompe beaucoup d’électricité. Avec l’énergie que j’ai engloutie pour rechercher des infos sur le Web pour écrire ce foutu texte, j’aurais pu éclairer mon appartement pendant de longues heures. Pour la peine, puissent ces lignes éclairer votre lanterne.

    Un journal papier n’a pas d’obsolescence programmée

    Permettez-moi de passer rapidement sur quelques éléments importants, mais peu visibles dans la cuvette grenobloise : les dizaines de milliers de kilomètres de câble installés chaque année au fond des océans pour permettre au réseau de fonctionner, les matériaux rares, sources de graves tensions géopolitiques, nécessaires à la fabrication du matériel informatique, les « 40 millions de tonnes par an » de déchets électriques et électroniques qui une fois « chargés sur des camions de 40 tonnes et de 20 mètres de long représenteraient une file de 20 000 kilomètres de long » ( [4]). Remarquons simplement la supériorité technologique d’un journal comme Le Postillon, qui à la différence de ces ordinateurs que l’on doit changer tous les deux ans, n’a pas de problème d’obsolescence programmée : si vous le conservez bien au sec, vous pourrez le lire à vos petits-enfants dans cinquante ans. Et même si – ô sacrilège – vous voulez vous en débarrasser, vous n’alimenterez pas les grandes poubelles électroniques qui polluent l’Inde et d’autres pays pauvres : il pourra être recyclé ou vous servir d’emballage, pour sécher vos chaussures ou allumer un feu.

    Les éléments physiques les plus visibles de la débauche d’énergie que représente internet sont ce qu’on appelle les data centers, ou « centres de traitement de données » dans cette langue un peu has been qu’est le français. Regroupant les équipements électroniques d’une seule ou plusieurs entreprise, ces espaces peuvent occuper une pièce, un étage ou un immeuble entier.
    Le problème, c’est que les serveurs entreposés à l’intérieur ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche, mais d’électricité. Ils équivalent donc à des radiateurs qui chauffent sans arrêt. Pour évacuer cette chaleur, on doit installer des compresseurs et autres appareils énergivores qui font péter le score de la facture EDF. Résultat : « En France, les data centers consommeraient 9 % de l’électricité du pays. Et la consommation électrique des data centers va augmenter de 10 % chaque année » (France Culture, 25/12/2012).
    Bernard Boutherin est un scientifique grenoblois et il mène des travaux intéressants (oui, c’est assez rare pour être souligné) : il s’intéresse notamment aux impacts environnementaux des data centers dans le cadre d’un groupe de travail nommé Ecoinfo ( [5]). Dans son bureau du LPSC (Laboratoire de physique subatomique et cosmologique), il m’explique par exemple que « Google consomme avec ses data centers plus de 2,6 GWh/an soit l’équivalent d’une ville d’un million d’habitants. Et Google représente 1 % de la consommation des data centers dans le monde. Cette consommation représente elle-même seulement le tiers de l’énergie qu’il faut pour faire fonctionner le “Web”, le second tiers étant les infrastructures de réseau avec les bornes Wifi qui consomment énormément du fait de leur grand nombre (il y a 2,4 milliards d’internautes), et le troisième tiers étant la consommation des ordinateurs des internautes. Pour être complet sur le plan énergétique, il faut ajouter l’énergie qui a été utilisée pour fabriquer tous les ordinateurs et les tablettes. Selon Wikipedia, si le Web était un pays, il arriverait au cinquième rang des consommateurs d’énergie ».

    Un green data center = une roue carrée

    Dans notre bonne vieille cuvette, il y a quelques dizaines de data centers. La plupart sont de taille modeste et accueillent les serveurs d’une seule entreprise. Ceux de Bull, Cogent ou HP sont plus importants. Et puis il y a Eolas.
    [Début de la digression] Fondée en 1991 par Gérald Dulac - un ingénieur-informaticien-entrepreneur comme on en rencontre trop dans la cuvette - Eolas a été rachetée en 2000 par un groupe répondant au doux nom de Business & Decision. Occupant initialement le créneau du « conseil en conception de systèmes d’informations », Eolas a su habilement prendre la vague internet pour vendre un maximum de services, comme la « création du premier système d’information territorial français ». Aujourd’hui elle emploie cent quinze salariés, a réalisé un chiffre d’affaires de dix millions d’euros en 2012 et propose trois types d’offres : « digital services », « hébergement » et « développement d’applications ». Précisons que Gérald Dulac a été adjoint municipal à l’économie sous Destot I (1995 – 2001) et président du « Conseil de développement de la Métro », organe pseudo-participatif censé embellir le délire métropolitain. Des jobs intéressants qui lui ont permis de rencontrer plein de monde et de remplir son carnet d’adresses. Simple coïncidence : Eolas, qui est maintenant dirigée par son fiston Frédéric Dulac, a pour clients - entre autres - presque toutes les institutions locales (la Métro, le Conseil général, la région Rhône-Alpes, etc). Par exemple, la ville de Grenoble a également payé l’entreprise pour « accroître sa visibilité sur les réseaux sociaux » et permettre à son compte Facebook de passer en trois mois de 4000 à 40 000 fans (le nombre de fans sur Facebook étant une politique prioritaire de l’équipe municipale). Des échanges gagnant-gagnant qui révèlent tous les bienfaits du fameux tryptique grenoblois conseil municipal – business – industrie. [Fin de la digression]

    Outre quelques locaux de bureaux remarquables en plein centre-ville, Eolas possède le premier « green data center » de France, rue Général Mangin.
    Un « green data center », c’est un oxymore transformé en opération de communication. Si le bâtiment, qui ressemble à un bunker orné d’au moins six caméras de vidéosurveillance, est effectivement « green », c’est-à-dire peint en partie en vert, ce centre de traitement de données n’a rien à voir avec l’écologie. Pour se glisser dans le moule hypocrite du « développement durable » - et également pour réduire sa facture d’électricité -, Eolas a énormément communiqué sur quelques détails, comme la pose de panneaux solaires sur le toit du bâtiment, l’utilisation d’électricité d’origine « 100 % renouvelable » ou l’exploitation de l’eau de la nappe phréatique pour le refroidissement. Cela ne l’empêche pas de consommer énormément d’électricité, même s’il est impossible de connaître le chiffre exact. En me faisant passer pour un étudiant, j’ai demandé poliment à Eolas, qui au début n’a pas voulu me répondre par soi-disant manque de temps (« Notre direction n’a pas de disponibilité pour vous répondre, leur temps est largement occupé par leur activité. Vous comprendrez lorsque vous travaillerez que chaque minute compte »). Après de multiples relances, le directeur m’a répondu que « nous ne diffusons pas ce type d’informations puisqu’elles font partie de notre processus industriel et à ce titre sont confidentielles ».
    Avant l’ouverture de ce bâtiment en 2011, les projections avançaient une consommation de 1 300 000 KWh par an. En se basant dessus, et en sachant qu’un habitant consomme environ 2000 KWh par an, il apparaît que cet unique « green data center » engloutit autant d’énergie que 6 000 grenoblois - même s’ils tâchent de bien éteindre la lumière quand ils sortent des toilettes. Pour alléger sa facture salée, Eolas a-t-elle réussi à bien négocier avec GEG, qui fait également partie de ses gros clients ?

    Voulant croître à tout prix, Eolas, dont la devise est « Run your Internet » n’a pas pour but de faire baisser la consommation d’électricité. Pour faire du business, elle souhaite que le « réseau » s’agrandisse toujours pour avoir toujours plus de clients.

    L’informatique fait augmenter la consommation de papier

    Ce cas est symptomatique de la stratégie des acteurs du numérique. Comme les nuisances bien réelles du virtuel commencent à être documentées, les stratèges-geeks mettent un peu de vert dans leur monde électronique et s’en enorgueillissent. Ces efforts sont très rapidement annulés par le développement incessant des applications numériques, qui envahissent peu à peu toutes les sphères de la vie sociale, faisant grimper en flèche le « bilan carbone » et les autres indices éco-technocratiques. Bernard Boutherin pense qu’il y a actuellement « un gros problème avec l’émergence du “cloud” [concept qui consiste à accéder à des données et services sur un serveur distant]. De plus en plus de données sont stockées en permanence donc consomment en permanence de l’énergie et imposent une connexion réseau permanente aux internautes. C’est une fuite en avant. » Et puis contrairement aux croyances, et pour revenir à notre sujet initial, utiliser internet ne fait pas baisser la consommation de papier, bien au contraire. « Dans les dix dernières années, note Bernard Boutherin, la consommation de papier a augmenté de 6 à 10 % par année. C’est en grande partie dû à la multiplication des imprimantes personnelles qui font que les gens impriment beaucoup plus qu’il y a vingt ans, où il fallait aller au bureau de tabac ou chez l’imprimeur pour faire une photocopie. Finalement, on se rend compte que l’informatique augmente la consommation de papier ». Remarquons simplement que la lecture de journaux (hormis les pages high-tech de Libération et du Monde) n’augmente pas, elle, la consommation d’informatique.

    « On ne peut nier les énormes progrès accomplis en terme d’efficacité énergétique sur les appareils pris un à un. Mais en ne disant que cela, on fait totalement abstraction de la dynamique exponentielle de production des données et de multiplication des écrans » analysent les auteurs de La face cachée du numérique ( [6]). En likant ses potes sur Facebook, on pompe une électricité qu’on n’utilisait pas quand on allait simplement dehors pour les voir in real life. En commentant tout et n’importe quoi sur Twitter, on fait tourner les data centers, qui n’étaient pas du tout utiles quand les discussions politiques se tenaient au comptoir d’un bistrot ou sur la place du marché. Oui, je sais, je suis un vieux con, mais j’ai tellement de bonnes raisons.

    Prenez Muséomix, par exemple. Ce « makeathon culturel international » a permis au musée dauphinois de Grenoble d’être un « laboratoire de nouvelles expérimentations numériques » lors du week-end du 11 novembre dernier. Concrètement, une flopée de geeks, dont des membres d’Eolas, se sont retrouvés pendant trois jours pour essayer d’inventer des « dispositifs inédits de visite du musée ». Je m’y suis rendu, j’ai vu, j’ai été déçu. Voire énervé. Les gadgets présentés, tous plus ou moins « fun » (une « machine à conter », une table tactile numérique pour jouer à vivre dans un village de montagne, etc.) n’ont pour moi pas leur place dans un musée, qui est un lieu devant servir la connaissance et non le divertissement. Pour découvrir une exposition, en quoi a-t-on besoin d’un « passeport numérique », c’est-à-dire un badge avec une puce RFID, pour naviguer dans le musée en suivant des parcours ou en se « faisant surprendre », et en « likant » ses espaces préférés ? Ça vous fait rêver, vous, cet extrait du document de présentation : « un récapitulatif hebdomadaire et/ou mensuel sera proposé sur les différents médias sociaux du musée dauphinois : cette semaine, la chapelle est l’espace du musée le plus apprécié, avec 250 “like” » ? Une des salariées du musée m’a expliqué que le but était de « tester des nouvelles manières de faire visiter grâce aux nouveaux outils numériques, parce qu’il faut qu’on soit moderne, qu’on sorte de l’image vieillotte des musées ». Et voilà comment le musée dauphinois, lieu de transmission de la mémoire du patrimoine local, se transforme en show-room pour les vendeurs de camelote électronique.

    La banalité de l’innovation numérique

    Si deux ou trois bricoleurs fous, plus ou moins allumés, proposaient dans leur coin des jeux pour agrémenter une visite de musée, je pourrais trouver ça sympathique. Le problème aujourd’hui c’est que la course à l’échalote numérique est devenue tellement banale. On ne bricole plus, on programme. Les nouvelles technologies sont en train d’uniformiser les métiers quand elles ne les détruisent pas. Les bibliothèques municipales de Grenoble passent « en mode numérique » et dépensent des millions d’euros pour acheter des liseuses et des Ipad (voir Le Postillon n°20). Les rencontres-i, organisées par l’Hexagone de Meylan, proposent chaque année des créations artistiques truffées de capteurs et de gadgets co-réalisées avec des chercheurs du CEA (Commissariat à l’énergie atomique). La ministre Fioraso vient de lancer un grand plan « France universités numériques » pour que les étudiants apprennent derrière un écran plutôt qu’avec un professeur. En filigrane, tout le monde est censé comprendre qu’aujourd’hui, pour faire n’importe quelle activité, les puces électroniques sont devenues indispensables, pour le plus grand bonheur des gérants des data centers.
    Vous devez vous dire que je m’éloigne de mon sujet, et vous avez raison. Mais la presse n’échappe pas à cette déferlante. L’avenir de l’information est annoncé sur des tablettes, avec des articles interactifs, des « web-documentaires », des sites graphiques en perpétuelle animation, et le cerveau branché en permanence sur Facebook et sur Twitter. Une foire d’empoigne permanente à l’innovation qui ne contribue pas à rehausser la qualité des articles et qui omet qu’un des seuls journaux rentables en France est Le Canard Enchaîné, sans site internet ni publicité et avec une maquette inchangée depuis la Seconde Guerre mondiale.
    Je suis attaché aux journaux papier car je n’aime pas les sites internet. Ils me font perdre un maximum de temps. Autant j’aime lire au bistrot Le Monde, L’Équipe et Le Daubé (non pas que ces journaux soient de qualité, mais parce que les parcourir reste un moment agréable et des fois instructif), autant je déteste être pendu aux informations du monde.fr, de lequipe.fr et du dauphine.com. Pendant que j’essaye d’écrire ce papier, je suis sans cesse tenté par la grande fuite que représente la navigation sur le Web. Comment rester concentré pour trouver un enchaînement de mots convenable alors que, d’un seul clic, on peut aller voir dans le monde virtuel s’il n’y a pas quelque chose de nouveau ? Est-ce que Saint-Étienne a marqué un but face à Lyon ? Quel est le nouveau record d’impopularité d’Hollande ? Est-ce que machin a répondu au mail que je lui ai envoyé il y a cinquante minutes ? Pendant toutes ces heures, je me débats pathétiquement pour sortir de ce zapping permanent entre une information et une autre. Combien de centaines d’heures ai-je perdues comme ça, à moitié honteux d’errer sans but dans ce dédale virtuel ? Mais pourquoi n’arrivé-je pas à débrancher ce satané câble et à écrire tranquillement, sans cette fascination pour ce flux énorme d’informations qui ne m’apprennent presque rien ? Pourquoi ?

    À Échirolles, on bosse pour la surveillance générale

    Le pire c’est que mes clics frénétiques ne tombent pas dans l’oubli. Promu comme un « grand espace de liberté », Internet est surtout un gigantesque espace de flicage, comme l’ont démontré les révélations fracassantes de l’ex-consultant pour la NSA (l’agence de sécurité nationale américaine), Edward Snowden. Potentiellement la NSA tout comme ses homologues européens, peuvent lire presque n’importe quel mail et tout savoir des usages d’un ordinateur connecté à Internet. Ils s’en servent pour réaliser un gigantesque fichage, surveiller les échanges entres personnes importantes, repérer les individus potentiellement subversifs, connaître leurs habitudes. En allant sur le site internet du Postillon, votre intérêt pour tel ou tel sujet pourra être fiché par les grandes oreilles des services de renseignements. Si vous achetez notre journal au tabac-presse, votre lecture restera secrète et personnelle. À notre connaissance, aucun buraliste ne tient de fiche sur ses clients.

    Pour traiter cette somme considérable d’informations, il faut des machines capables de calculer une énorme quantité d’informations très rapidement. On appelle ça des supercalculateurs. Des machines comme en fabrique Bull, une des plus anciennes entreprises françaises informatiques, « en partenariat avec le CEA-DAM (direction des entreprises militaires du CEA) ». Le dernier-né, un certain Tera-100, est capable de calculer « un million de milliards d’opérations en virgule flottante par seconde », ce qui sert à « simuler le fonctionnement d’une arme nucléaire » mais aussi au renseignement : il est en effet utilisé à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), équivalent français de la NSA américaine, depuis plusieurs années (selon Le Nouvel Observateur, 30/10/2013). C’est grâce à ce genre de machines qu’ils peuvent placer entièrement le réseau sous surveillance.
    Pour améliorer ce supercalculateur et pour « en tirer pleinement parti » Bull a inauguré en mars dernier tout près de Grenoble, à Échirolles et sous les applaudissements de la ministre Geneviève Fioraso, le « Centre d’excellence en programmation parallèle », « le premier centre européen d’excellence technique et industrielle dans ce domaine ». « Il a pour vocation d’aider les ingénieurs et les scientifiques des Centres de recherche et du secteur de l’industrie à franchir l’étape technologique cruciale de la parallélisation des applications de calculs intensifs. Concrètement ce centre leur offre un service d’analyse, de conseil et d’optimisation de leurs applications » (L’essor, 28/03/2013). Et voilà comment le laboratoire grenoblois, ce « formidable écosystème de l’innovation » selon ses promoteurs, participe activement aux recherches technologiques pour perfectionner encore la surveillance généralisée.

    Oui je sais, je m’éloigne encore. Et surtout une question vous brûle les lèvres depuis le début : pourquoi alors avoir fait un site internet ?
    Non, ce n’était pas simplement pour trouver une bonne accroche pour cet article. Mais parce qu’on aimerait que les premiers concernés, ceux qui ont peur de toucher du papier de peur d’être accusés de complicité de génocide de la forêt amazonienne, lisent ce texte. Internet étant devenu le domaine de recherche exclusif de beaucoup d’étudiants, journalistes ou simples citoyens, nous mettons nos articles en ligne pour que ceux qui ne lisent plus la presse papier puissent tomber dessus s’ils s’intéressent à des sujets qu’on a traités. En espérant avoir convaincu les autres de ne pas taper www.lepostillon.org et de continuer à avoir le plaisir d’aller chez le buraliste chercher leur Postillon, sentir la bonne odeur de l’encre, le parcourir sous la couette ou en terrasse au soleil, le laisser traîner dans le salon et puis le ranger sur l’étagère, là-haut, sur la pile où il y a tous les autres.
    Notes

    [1] Avant on pouvait seulement trouver nos PDF sur internet, sur le site des Renseignements généreux. Maintenant, on a un vrai site à nous.

    [2] Voir notamment : Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot, La Face cachée du numérique, Editions l’Echappée, 2013.

    [3] Relayée dans l’émission « La Tête au carré » du 4 novembre 2013, sur France Inter.

    [4] Voir notamment : Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot, La Face cachée du numérique, Editions l’Echappée, 2013.

    [5] Voir notamment : Groupe Ecoinfo, Les impacts écologiques des technologies de l’information et de la communication, éditions EDP sciences, 2012.

    [6] Voir notamment : Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot, La Face cachée du numérique, Editions l’Echappée, 2013.