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  • L’inflammation, une immunité innée qui s’est retournée contre l’humanité
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/14/l-inflammation-mal-du-siecle_5461715_3224.html

    Cette réaction de défense de notre corps a protégé l’humanité depuis des centaines de milliers d’années. La vie moderne et sédentaire percute une physiologie façonnée par l’évolution.


    Des cellules de cerveau humain reproduites par ordinateur.

    L’inflammation, chacun de nous l’a déjà éprouvée dans sa propre chair. Ça rougit et ça gonfle ; ça brûle et ça lance. C’est, en réalité, une réaction de défense normale de notre corps, face à une agression : ­infection, blessure physique, tumeur… Partout, dans notre corps, des cellules sentinelles patrouillent. Dès qu’elles détectent un signal suspect, elles envoient des « molécules SOS ». Très vite, les soldats de l’inflammation accourent. C’est que l’enjeu est vital.

    Les armes de cette immunité innée ont été rodées depuis des centaines de milliers d’années. Il s’agissait de juguler nos ennemis ancestraux : ces hordes sournoises de microbes, ces dents et ces griffes des grands prédateurs, ces défenses de mammouths, ces massues des tribus rivales… L’inflammation, ou comment protéger l’humanité chancelante, livrée à un milieu hostile.

    Et pourtant. « L’inflammation est-elle notre amie ou notre ennemie ? », s’interroge le professeur Charles Serhan, de l’Ecole de médecine d’Harvard (Massachusetts, Etats-Unis). « C’est une arme critique pour notre survie. Mais un excès d’inflammation fait le lit de nombreuses maladies chroniques. »

    Depuis trente ans, sa face sombre se révèle peu à peu. Et l’on découvre l’ampleur des dégâts. Elle a beau œuvrer à bas bruit, cette inflammation, quand elle devient chronique, n’en est pas moins la plus meurtrière des pandémies :
    Diabète de type 2
    Infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux
    Obésité
    Cancers
    Asthme
    Maladies neurodégénératives et psychiatriques
    Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou des articulations
    Psoriasis

    La liste est longue de ces « maladies de civilisation » qui nous minent, sous l’attaque sournoise et répétée d’une alimentation trop riche et d’une ­sédentarité trop grande. Aucun pays n’est épargné.
    « Nous sommes passés, en une centaine d’années, de l’ère des maladies infectieuses à l’ère de l’hygiène et des antibiotiques », résume la professeure ­Karine Clément, spécialiste des maladies cardiométaboliques à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), à Paris. L’ère, également, de l’agriculture ­industrielle, de la révolution des transports et de l’informatique.

    Les forces de pression évolutives qui, durant des centaines de milliers d’années, se sont exercées sur l’humanité de l’ère préindustrielle ne pouvaient anticiper cette révolution qui, au XXe siècle, allait tout bouleverser – pour le meilleur et pour le pire. Elles ont retenu ceux qui survivaient aux infections, aux famines et aux griffes des grands fauves. Comment ? En sélectionnant trois caractères. Pour résister aux infections, il fallait un système immunitaire hyperactif. Revers de la médaille aujourd’hui : une tendance accrue à l’inflammation chronique. Pour résister aux famines, il fallait pouvoir stocker facilement le gras. Revers de la médaille aujourd’hui : une tendance au diabète et à l’obésité. Pour résister aux blessures, il fallait un sang qui coagule facilement.

    Revers de la médaille aujourd’hui : une tendance à la formation de caillots sanguins, menaçant de boucher nos artères.
    Une armée de l’ombre, œuvrant et communiquant par une myriade d’acteurs cellulaires et de molécules chimiques, nomade par essence, élusive : la complexité de notre système immunitaire explique qu’on ait longtemps méjugé son rôle dans cette pandémie moderne.
    Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour mieux cerner la coupable. Et comprendre que, quand cet incendie n’est pas éteint, il ronge à ­petit feu notre organisme. Corrode nos artères. Gangrène notre tissu graisseux. Abîme notre cœur et notre cerveau. Sape nos poumons et notre intestin. Attaque nos articulations. Mine nos muscles et notre foie…

    Premier tissu concerné : la graisse corporelle. « Longtemps le tissu adipeux n’a pas été jugé noble, raconte Karine Clément. Et puis, dans les années 1990, on s’est aperçu qu’il n’était pas qu’un sac inerte rempli de graisse. » Les personnes ­obèses ont des taux sanguins accrus de marqueurs de l’inflammation, découvre-t-on. Dont la fameuse CRP, cette protéine plus abondante dans le sang des patients atteints de maladies chroniques inflammatoires.

    Altération de tous les organes

    Les cellules adipeuses, quand elles se gonflent de gras, fabriquent des messagers de l’inflammation (TNF-alpha, interleukines…), montre-t-on ensuite. Ceux-ci attirent des cellules de l’immunité qui s’accumulent. « Chez les personnes obèses, les gènes de l’inflammation sont très fortement activés dans ces cellules », relève Karine ­Clément. Sous l’action des messagers sanguins, l’inflammation gagne tout l’organisme. « Le fonctionnement de tous les organes est altéré. »Dont le cerveau. Une étude publiée dans Cell Metabolism, le 3 janvier, livre un résultat étonnant. Dans un modèle de souris obèses, les chercheurs ont observé une sénescence accrue des cellules immunitaires du cerveau, ou « microglie ». « Ces cellules sénescentes sont un moteur-clé de l’anxiété induite par l’obésité », indiquent les auteurs, de la Mayo Clinic (Etats-Unis). Elles altèrent la production de nouveaux neurones (neurogenèse) chez l’adulte. En les éliminant, ils sont parvenus à restaurer une neurogenèse et à réduire l’anxiété des rongeurs.

    Et l’athérosclérose, ce fléau mondial ? Ce processus d’érosion des artères a été disséqué. L’offensive commence par un dépôt de graisses (LDL-cholestérol) dans la paroi des artères, où il subit une oxydation. « C’est là qu’entre en jeu l’inflammation, raconte Alain Tedgui, Grand Prix 2018 de l’Inserm (Hôpital européen Georges-Pompidou à Paris). Ce LDL oxydé attire des globules blancs du sang, qui pénètrent dans la plaque. Là, ces cellules se gorgent de LDL oxydé. » Cette boule de graisse grossit, devient plaque d’athérome. « Les macrophages qu’elle renferme sont totalement inaptes à nettoyer les dégâts. » Ils meurent, forment des ­débris qui s’accumulent. Mais ils hébergent des molécules qui favorisent la coagulation : une bombe à retardement. « Plus tard, quand la plaque se fissurera, ils entreront en contact avec le sang : d’où la formation d’un caillot. » Et ce sera l’accident, brutal et ravageur : l’infarctus ou l’AVC.

    Là encore, l’immunité apparaît mi-ange, mi-démon, comme le montreront Alain Tedgui et Ziad Mallat. Certaines molécules anti-inflammatoires, par exemple, sont protectrices (IL-10 et TGF-bêta). Autre découverte : chez des souris ayant fait un infarctus, la taille des plaques peut être réduite par un médicament « anti-CD20 », qui inhibe les cellules délétères.

    Suite logique : chez l’homme, deux essais cliniques préliminaires sont en cours à l’université de Cambridge (Royaume-Uni), sous la direction de Ziad Mallat. Tous deux concernent un petit nombre de patients ayant fait un infarctus. Tous sont sous statine, bêtabloquant et IEC (la triade médicamenteuse classique après un tel accident). Le premier essai évalue, en sus, de faibles doses d’IL-2 pour favoriser l’expansion de cellules bénéfiques. Le second essai teste l’effet d’un anti-CD20.
    Les affections psychiatriques aussi sont ­concernées. « Depuis les travaux de Robert Dantzer, à l’Inserm de Bordeaux, on sait que des cytokines pro-inflammatoires agissent sur le cerveau », indique Pierre Ellul, du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP). Environ 30 % à 45 % des patients déprimés présentent des taux accrus de CRP, ce marqueur de l’inflammation. « Ils répondent moins bien aux antidépresseurs classiques. » Pour le moment, le concept reste théorique. « Mais, dans cinq à dix ans, cela pourrait changer. »

    C’est une retombée inattendue de l’inflammation : elle jette des ponts entre disciplines. Parce qu’elle est un moteur commun de nombreuses affections, on comprend leur association fréquente chez une même personne. Ainsi les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (une maladie inflammatoire des articulations) souffrent-ils plus souvent d’athérosclérose ; les patients diabétiques ou obèses font plus souvent des cancers ou des accidents cardio-vasculaires ; tous, aussi, souffrent plus de dépressions sévères. « Que les patients atteints de maladies chroniques soient plus déprimés, cela semble logique. Mais ce lien est plus fort avec les maladies inflammatoires », relève Pierre Ellul.

    Pour la même raison, on comprend les bénéfices collatéraux d’un traitement anti-inflammatoire, prescrit contre une maladie, sur les autres pathologies associées d’un patient. Ici, les exemples abondent. « Nous soignons des enfants atteints de lupus sévère », raconte Pierre Ellul. Beaucoup ont des dépressions associées, qui résistent aux antidépresseurs. « Mais quand nous traitons ces lupus par des thérapies ciblant l’inflammation, nous guérissons souvent ces dépressions. »

    Plus inattendu encore : en 2017, les résultats de l’essai Cantos étaient publiés dans le NEJM. Portant sur plus de 10 000 patients ayant une CRP élevée, cet essai évaluait l’impact d’une molécule médicament ciblant l’inflammation (le canakinumab, un anti-IL-1bêta de Novartis) sur le risque d’accident cardio-vasculaire. Ce médicament diminuait ce risque. Mais, en plus, il a fait chuter la mortalité par cancer du poumon et le risque d’arthrite ou de goutte…

    Les cancers, maintenant. « Le rôle de l’inflammation est très exploré. Il est très variable selon les types de tumeurs. Dans les cancers du sein “triple négatif”, par exemple, on voit beaucoup de cellules inflammatoires autour des tumeurs. Mais pas dans les cancers du sein hormono-dépendants », indique le professeur Christophe Le Tourneau, responsable du département d’essais cliniques précoces et d’innovation de l’Institut Curie (Paris et Saint-Cloud). Les cancers colorectaux, par ailleurs, sont associés aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ; les cancers du foie, à certaines hépatites…

    La question de la poule et de l’œuf

    « L’inflammation chronique est responsable de près de 20 % de tous les décès par cancer dans le monde », estime Shawn Demehri, de l’hôpital général du Massachusetts, dans les PNAS en février. Son équipe a identifié deux déclencheurs d’une inflammation chronique qui favorise des cancers de la peau et du côlon chez la souris. Il s’agit d’un messager chimique, l’IL-33, et d’une catégorie de cellules, des lymphocytes T régulateurs. Leur blocage prévient ce risque de cancers.
    L’inflammation chronique a d’autres effets pernicieux. Elle s’est révélée associée à un déclin cognitif accru. La preuve : pendant vingt ans, une équipe de l’université Johns Hopkins, à Baltimore (Etats-Unis), a suivi 12 336 individus, âgés de 57 ans en moyenne au début de l’étude. Résultats, publiés le 13 février dans Neurology : au bout de vingt ans, le déclin cognitif était supérieur de 12 % chez ceux qui avaient, en début d’étude, les taux les plus élevés de CRP, un des marqueurs de l’inflammation.

    Un doute surgit ici. Cette inflammation est-elle la cause ou la conséquence de ces maladies ? Le débat n’est pas clos. « C’est l’éternelle question de la poule ou de l’œuf, observe Alain Bessis, directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l’ENS (Paris). Par exemple, on sait depuis longtemps que des cellules immunitaires du cerveau, la microglie, sont activées dans toutes les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques…) ou psychiatriques (dépression, autisme, schizophrénie…). » Mais la place de cette inflammation reste incertaine. En tout cas, elle entretient le cercle vicieux.

    « L’inflammation chronique est responsable de près de 20 % de tous les décès par cancer dans le monde », Shawn Demehri, hôpital général du Massachusetts

    « L’inflammation chronique est absolument causale, puisque, si vous interférez avec elle, vous pouvez inverser le cours de ces maladies », assure de son côté Gökhan Hotamisligil, de l’Ecole de santé publique d’Harvard, dans le magazine d’Harvard (mai-juin 2019). Il cite l’exemple du diabète : si vous rendez une mouche diabétique, et qu’ensuite vous bloquez la réponse inflammatoire, vous guérissez son diabète. De même chez la souris, le singe et l’homme, avec les bons outils de blocage. « Bien sûr, plus l’espèce est évoluée, plus les voies de l’inflammation sont complexes. Si bien qu’il est plus difficile d’identifier les processus exacts à manipuler. »

    Et les maladies inflammatoires des articulations, comme la polyarthrite rhumatoïde ? « La compréhension des mécanismes de l’inflammation a permis d’identifier des cibles pour développer des traitements très efficaces », résume le professeur Pascal Richette, rhumatologue à ­l’hôpital Lariboisière à Paris (il déclare des liens d’intérêts avec Pfizer, Lilly, Roche, Celgene). Parmi ces ­cibles, le TNF-alpha et l’IL-6, qu’inhibe une panoplie de molécules aux noms étranges (infliximab, adalimumab, étanercept, tocilizumab, canakinumab…), apparues depuis une vingtaine d’années. Et franchement, il est rare qu’un médicament puisse changer à ce point la vie des malades – auparavant très handicapés par des douleurs et la perte de fonction des articulations touchées. Au prix, certes, d’un risque accru de certaines ­infections. « Mais, globalement, ces traitements sont bien tolérés, en regard de leur efficacité. »

    Au fond, la question est : pourquoi cette inflammation à bas bruit persiste-t-elle ? C’est ici qu’entre en scène le professeur Charles Serhan. Il a ­déterré un trésor : une superfamille de molécules qui, après la phase aiguë de l’inflammation, viennent éteindre ce feu. Il les a nommés « SPM ». ­Résolvines, protectines, marésines, lipoxines : autant de petits lipides qui, en temps normal, mettent fin à cet incendie.

    « Charles Serhan est sur ma liste personnelle des nobélisables, confie Jean-Marc Cavaillon, de l’Institut Pasteur. Son travail sur la compréhension de la résolution de l’inflammation est admirable. » Pourquoi ces molécules sont-elles, parfois, impuissantes à combattre ce feu ? Peut-être sont-elles débordées, l’incendie couvant sans répit. Peut-être sont-elles altérées. « En cas d’obésité et de diabète de type 2, les résolvines sont perturbées », note Karine Clément. Ces molécules ou leurs avatars de synthèse (seuls à être brevetables !) sont à l’étude, chez l’animal et l’homme.

    Effets bénéfiques de l’activité physique

    Mais le plus simple, pour limiter ce feu, n’est-il pas d’adopter des modes de vie favorables ? Le sport, d’abord. A court terme, on sait qu’une activité physique intense induit une inflammation aiguë, vite résolue. Mais, à long terme, un exercice physique régulier, au contraire, a des effets anti-inflammatoires. En témoigne cet essai retentissant, publié en 2007 dans la revue Circulation. Au total, 27 055 femmes ont été suivies sur onze ans. Verdict : un tiers environ des bienfaits de l’activité physique régulière sur le risque ­d’accidents cardio-vasculaires ont été attribués à une baisse de l’inflammation.
    Et la nutrition ? Une restriction calorique chronique abaisse les marqueurs de l’inflammation. Pas facile à mettre en pratique.

    Mieux vaut privilégier une alimentation riche en « bons acides gras » ­nécessaires à la fabrication des SPM, ces « pompiers de l’inflammation ». On les trouve principalement dans les poissons gras, certaines algues, des œufs, de la viande de poulet ou de bœuf. « Bien sûr, il ne suffit pas de manger du poisson pour avoir ces bons acides gras. Mais cela ne peut pas faire de mal ! », estime Jean-Marc Cavaillon.
    Une alimentation vertueuse ? Plus facile à dire qu’à faire. Car l’évolution ne nous a guère sélectionnés pour nos aptitudes à apprécier les choux de Bruxelles. Bien au contraire : elle a favorisé notre appétence pour le sucre et le gras. Peut-on lui en vouloir ? Si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que nos ancêtres sont passés au travers de son filtre implacable.

    • Inflammation : « Mieux vaut stimuler sa résolution qu’empêcher son déclenchement... », Propos recueillis par Florence Rosier

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/05/14/inflammation-mieux-vaut-stimuler-sa-resolution-qu-empecher-son-declenchement

      Pour Charles Serhan, de l’Ecole de médecine d’Harvard, la découverte de la famille des SPM - résolvines, protectines...- offre l’espoir de contrôler l’inflammation d’une façon précise et sûre.

      Charles Serhan est professeur d’anesthésie à l’Ecole de médecine d’Harvard et d’immunologie à l’Ecole de médecine dentaire d’Harvard (Massachussetts, Etats-Unis). Il dirige aussi un centre sur les thérapies expérimentales des lésions d’ischémie-reperfusion, au Brigham and Women’s Hospital de Boston. Depuis vingt-cinq ans, il explore les mécanismes cellulaires et moléculaires de résolution de l’inflammation. Il a découvert une superfamille de molécules, les SPM, produites par l’organisme après la phase aiguë de l’inflammation. Leur mission : éteindre cet incendie.

      Vous avez découvert toute une famille de molécules « pompiers de l’inflammation ». Quand et comment interviennent-elles ?
      En temps normal, la réponse inflammatoire est protectrice : son rôle est de défendre l’organisme contre une agression (infection, traumatisme…). Une fois cette mission accomplie, en principe, elle se résout spontanément. On a longtemps cru que ce processus était passif, mais il n’en est rien : il met en jeu un programme actif et coordonné. Mes recherches se sont centrées sur les molécules qui le contrôlent. Dans les années 2000, mon équipe a découvert les résolvines, puis les protectines et les marésines. Avec les lipoxines, elles forment une superfamille, les SPM (« specialized pro-resolving mediators »). Elles stimulent la résolution de l’inflammation et réduisent la douleur associée. Plusieurs aident aussi à résoudre les infections et à régénérer les tissus. Toutes sont des lipides (molécules de gras), ce qui en fait un mode de signalisation à part.

      Que se passe-t-il quand l’inflammation persiste à bas bruit ?
      Il arrive en effet – c’est même fréquent – que l’inflammation ne se résorbe pas. Pourquoi ? Les causes possibles sont nombreuses. Ce peut être parce que le facteur d’agression persiste lui-même (infection latente, excès de nourriture grasse et sucrée, exposition chronique à des toxiques…). Ou bien les SPM sont débordées, inefficaces, ou elles ne sont pas produites. Certaines maladies ou déficiences du système immunitaire entrent aussi en jeu.

      Cette inflammation persistante est un moteur du vieillissement accéléré, mais aussi du développement de nombreuses affections chroniques, soit autant de « maladies de civilisation » : diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, cancers, asthme…

      Quelles sont les promesses médicales liées à la découverte des SPM ?
      La découverte de ces molécules ouvre l’espoir de contrôler l’inflammation d’une façon plus précise et plus sûre. Car plutôt que d’empêcher l’inflammation, mieux vaut en stimuler la résolution. Aujourd’hui les médicaments anti-inflammatoires sont très utilisés. Mais ils bloquent nos défenses naturelles : d’où leurs nombreux effets indésirables – immunosuppression et infections, surtout. Par contraste, les SPM laissent l’inflammation accomplir sa mission de défense, puis elles mettent fin au processus et nettoient le champ de bataille. Leur utilisation pourrait donc éviter les séquelles au long cours d’une inflammation persistante, sans les effets indésirables des anti-inflammatoires classiques.

      Dans quelles maladies ces molécules semblent-elles prometteuses ?
      Les résolvines, par exemple, ont montré leur intérêt contre la parodontite (inflammation des gencives) chez le lapin, et contre la colite (inflammation du côlon) chez la souris. Les protectines peuvent prévenir les accidents vasculaires cérébraux ischémiques chez le rat. Les lipoxines ont atténué des pleurésies (inflammation de la plèvre, autour des poumons) chez la souris. Et les marésines ont accéléré la cicatrisation des plaies et bloqué la perception de la douleur chez la souris. Certaines SPM sont aussi à l’étude chez des joueurs professionnels de football américain, très exposés aux lésions tissulaires. D’autres pourraient être utilisées pour contrôler l’inflammation liée à la reprise de la circulation sanguine dans les tissus, après une opération. En Chine, leurs effets sont évalués contre l’asthme ou le psoriasis. En Australie, contre la polyarthrite rhumatoïde…

      Et la maladie d’Alzheimer ?
      De nombreux patients présentent des déficits en certaines SPM, comme la neuroprotectine D1. Des travaux sont en cours pour caractériser les liens entre ces déficits, l’inflammation associée à la maladie et le défaut d’élimination des lésions cérébrales (les « plaques amyloïdes »). La plupart de ces études concernent des modèles animaux. Sur un petit nombre de patients, ces molécules ont semblé sans danger et montré des signes d’action encourageants. Mais beaucoup reste à faire.
      Vous venez de publier un article sur les effets anticancer de l’aspirine, qui semble mobiliser ces molécules ?

      Dans l’édition du 12 mars des PNAS, nous montrons en effet comment l’aspirine stimule la production de certaines résolvines. Celles-ci, à leur tour, inhibent la croissance tumorale, in vitro et chez la souris. L’intérêt potentiel : ces résolvines sont actives à des taux bien plus faibles que l’aspirine, d’où l’espoir d’un effet bénéfique sans la toxicité de l’aspirine.

      Pour maintenir des niveaux suffisants de SPM dans notre organisme, ne nous suffit-il pas de consommer des aliments riches en leurs précurseurs, comme les poissons gras ?
      Je pense, en effet, que nous pouvons maintenir des niveaux suffisants de SPM en mangeant des aliments riches en leurs précurseurs, à partir desquels notre corps les fabrique. Pour les résolvines, les protectines et les marésines, ces précurseurs sont l’EPA et le DHA, deux acides gras « omega-3 » trouvés principalement dans les huiles de poissons gras (anchois, sardines, maquereaux, saumon, huile de foie de morue) et certaines algues. Les lipoxines, elles, sont dérivées de l’acide arachidonique, présent dans les œufs, le poisson, la viande de poulet ou de bœuf. Pour autant, notre alimentation occidentale reste très pauvre en ces précurseurs.

      Le régime alimentaire de la Vieille Europe n’est-il pas plus favorable, ici, que le régime américain à base d’aliments gras, sucrés et ultratransformés ?
      Je ne connais pas, honnêtement, les taux comparés de SPM des populations d’Europe et des Etats-Unis. Mais je pense que nous pourrions améliorer nos apports alimentaires en EPA et en DHA. A vrai dire, nous ignorons les niveaux d’aliments que nous devrions consommer pour bénéficier d’un taux de ces molécules optimal, pour notre santé. Déterminer ces niveaux est d’ailleurs sur notre liste de choses à faire ! Mon laboratoire a récemment développé une technique pour mesurer les taux de SPM circulant dans le sang de chaque personne.

      Les SPM, molécules naturelles, ne sont pas brevetables. Intéressent-elles l’industrie pharmaceutique ?
      Dans mon laboratoire, nous avons fabriqué des versions synthétiques des résolvines. Certains de ces analogues pourraient être développés sous forme de médicaments. Plusieurs ont déjà été évalués dans des essais cliniques préliminaires, ce qui nécessite une collaboration étroite avec des Big Pharma. Les institutions qui accueillent mon laboratoire détiennent plus de cent brevets sur les SPM, dont les inventeurs sont moi-même et mes collaborateurs.

      Où quand nos défenses nous attaquent.

      #inflammation #inflammation_chronique

  • « Une perte de sens totale » : le malaise grandissant des jeunes ingénieurs face au climat
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/04/16/une-perte-de-sens-totale-le-blues-des-jeunes-ingenieurs-face-au-climat_54509

    Tiraillés entre les réalités des entreprises et l’impératif climatique, de jeunes ingénieurs disent vivre une « dissonance cognitive ». Certains renoncent à une carrière traditionnelle.

    https://www.youtube.com/watch?v=3LvTgiWSAAE

    C’est un discours de remise de diplôme plutôt inhabituel que Clément Choisne, jeune ingénieur de Centrale Nantes, a livré devant ses camarades, le 30 novembre 2018. A contre-courant des discours louangeurs de ce type d’événement, il a choisi de parler de son dilemme : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités ne cessent de s’aggraver, que le GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] pleure et que les êtres se meurent : je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation. »

    Devant une assemblée de futurs diplômés, parents, familles, anciens élèves, professeurs, direction et industriels, l’ingénieur de 24 ans a profité de la tribune qui lui était offerte pour se faire le porte-parole d’un malaise que vivent de plus en plus de jeunes diplômés face au réchauffement climatique : « Quand sobriété et décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact carbone sont partenaires de mon école, je m’interroge sur le système que nous soutenons. Je doute, et je m’écarte. » La vidéo, qui a fait plus de 270 000 vues sur YouTube, est l’un des nombreux échos de ce désarroi éprouvé par les jeunes diplômés face à un monde économique qu’ils jugent en décalage avec l’urgence climatique.

    Deux mois plus tôt, en septembre 2018, un groupe d’étudiants issus de grandes écoles prestigieuses, Polytechnique, Ensta, HEC, ENS – lançaient un manifeste en ligne pour appeler les futurs diplômés à soutenir un changement radical de trajectoire. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des contradictions quotidiennes », écrivaient les auteurs du manifeste.

    Un « manifeste » signé par 30 000 jeunes

    Le texte, signé par plus de 30 000 étudiants, incite les jeunes diplômés à travailler pour des « employeurs en accord » avec les recommandations du manifeste. Depuis, les auteurs de ce texte tentent de capitaliser sur le succès de leur démarche. Ils ont rencontré les cabinets des ministères chargés de la transition écologique, et ont lancé depuis le début de l’année des groupes de travail sur la refonte des programmes de l’enseignement supérieur où l’enjeu climatique est encore trop confiné aux cursus spécialisés.

    A Centrale Nantes, 330 élèves ingénieurs ont signé ce manifeste, « près de 25 % des étudiants de l’école », précise Romain Olla, étudiant en deuxième année et qui a participé à une étude pour mesurer le niveau de connaissance et d’intérêt suscité par la question climatique au sein de la communauté centralienne. Dans ce sondage, une question portait sur l’importance du comportement en matière de bilan carbone des entreprises lors de la recherche d’un stage ou d’un premier emploi. « 89 % des personnes qui ont répondu estiment que ce comportement est important et 38 % déclarent qu’ils pourraient refuser un emploi, voire même ne pas postuler à une offre, si l’entreprise a un mauvais bilan en matière de réchauffement climatique », souligne Romain Olla.
    Le boycott des entreprises qui polluent comme arme de chantage à l’embauche ? Une idée qui fait son chemin chez les jeunes ingénieurs sensibles à la question climatique. Nous avons rencontré plusieurs ingénieurs, tout juste diplômés, qui préfèrent « prendre le temps de réfléchir à leurs responsabilités », ou « faire un pas de côté » en évitant de travailler pour des entreprises qu’ils estiment « coupables ». D’autres, négocient des temps partiels, s’engagent dans des associations, des services civiques ou réfléchissent à prolonger leur engagement dans la recherche.

    « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes »

    Clément Choisne a joint le geste à la parole. Il est depuis quelques mois professeur contractuel de physique chimie dans un lycée à Nantes. « J’ai grandi au Mans, je viens d’un milieu ouvrier et je suis celui qui a obtenu le plus haut niveau d’études dans ma famille. Etre admis dans une grande école d’ingénieurs, c’était la promesse de faire carrière », explique-t-il. Il lui a fallu trois ans d’études et plusieurs stages dans des entreprises de « transition écologique » pour prendre conscience que le développement durable était une notion « dépassée », selon lui : « Cela donne l’illusion qu’on peut continuer à vivre avec le même modèle économique en y ajoutant une touche verte ». La stratégie des « petits pas » et les contradictions du monde économique le découragent : « La décision de Nicolas Hulot m’a bouleversé, dans la mesure où elle faisait écho aux tergiversations qui furent les miennes. »
    Paul (le prénom a été changé), diplômé de Centrale Lyon, a vécu ce qu’il nomme sa « dissonance cognitive », c’est-à-dire le fait d’être en contradiction avec soi-même. En CDD dans un grand groupe industriel spécialisé dans la construction, il est recruté pour développer un secteur qu’il pense vertueux : l’éolien. Mais voilà, les objectifs de rentabilité priment sur l’enjeu écologique : « il fallait gagner des appels d’offres et in fine mon boulot consistait à vendre du béton ». Lorsque son supérieur lui propose un CDI après dix mois de travail, il préfère décliner. « Je sentais déjà mon malaise dans cette fonction d’ingénieur commercial. J’avais besoin de prendre de la hauteur, sur moi et sur le système dans lequel je m’inscrivais », explique-t-il aujourd’hui.

    Maiana Houssaye, 23 ans, diplômée de Centrale Lyon, évoque elle aussi une « perte de sens totale » et la même dissonance cognitive lors d’un stage en Nouvelle-Zélande, dans une entreprise de biotechnologies. Pendant son année à l’étranger, elle voyage en Asie et se rappelle de son sentiment d’écœurement en nageant dans une mer de plastique à Bali. « Je crois que j’ai fait un burn-out. Mon envie d’agir s’est déclenchée à ce moment-là. J’ai préféré prendre du temps et me déclarer au chômage volontaire pour comprendre la complexité du réchauffement climatique et réfléchir à ce que je pouvais faire », raconte-elle.
    Voilà plusieurs mois qu’elle voyage en France à la rencontre d’ingénieurs qui ressentent « le même malaise ». La réalité se rappelle parfois à elle, un peu abrupte. Alors que ses camarades de promo touchent des salaires, Maiana est retournée vivre chez ses parents à Salies-de-Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle donne des cours de physique-chimie en attendant de créer ou choisir un métier qui lui convienne, « en étant honnête et consciente de ses effets sur la société, la nature, le monde ».

    Sentiment d’urgence

    « Je constate, au fil de mes recherches sur la colère des jeunes depuis 2012, que ce sentiment d’urgence face à la catastrophe écologique est de plus en plus prégnant, confirme Cécile Van de Velde, professeure de sociologie à l’université de Montréal et maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Cette génération a un rapport au temps particulier : ils ressentent la finitude du monde. En 2008, c’était la crise économique et sociale qui structurait la colère. Aujourd’hui, ce malaise est plus profond, plus intime. » La chercheuse reconnaît dans cette posture le refus d’un héritage trop lourd à porter. C’est aussi « l’autre versant » de la colère des classes populaires : « chez cette jeunesse bien informée, bien formée et qui a des ressources, il y a un refus de transmission du système ».

    Les grandes écoles observent depuis plusieurs années cette quête de sens dans l’orientation de leurs diplômés. Néanmoins, « le pas de côté en dehors du monde du travail » est « ultraminoritaire », assure Frank Debouck, directeur de Centrale Lyon, dont « 99 % des diplômés sont en emploi ». Au niveau national, les taux d’insertion à la sortie des grandes écoles battent des records pour les ingénieurs : 71,9 % des jeunes diplômés travaillent, selon l’enquête insertion 2018 de la Conférence des grandes écoles (CGE). Seulement 2,1 % des sondés se déclarent « sans activité volontairement ». « De plus en plus de Centraliens choisissent des petites structures où ils comprennent ce qu’ils font et pourquoi ils sont là. Il y a quinze ans, 50 % d’une promotion s’orientait directement dans les grands groupes », précise le directeur. « Maiana est une lanceuse d’alerte. Mais tout le monde ne peut pas être lanceur d’alerte. C’est bien de crier, mais qu’est-ce qu’on fait après ? », interroge-t-il.
    A Centrale Nantes, le directeur Arnaud Poitou a écouté avec intérêt le message « surprise » de Clément Choisne lors de la cérémonie de remise des diplômés. « Voilà un acte de courage » estime-t-il. Il reçoit depuis plusieurs mois des sollicitations de ses élèves pour identifier les entreprises qui polluent et celles qui ont une forte empreinte carbone. « C’est une demande à laquelle je ne peux souscrire. Je ne peux pas leur dire quelles sont les bonnes et les mauvaises entreprises », admet-il.
    « On ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur »

    A Polytechnique, ils sont 611 à avoir signé le manifeste, soit 25 % des effectifs. Un vrai signal dans cette école très proche traditionnellement des milieux industriels et des postes de pouvoir. Philippe Drobrinski, directeur d’un laboratoire à Polytechnique et climatologue, s’en réjouit : « A mes élèves, je dis toujours : “vous êtes la première génération à prendre conscience de l’urgence à agir, et la dernière génération à pouvoir faire quelque chose”. » Pour autant, « on ne peut pas avoir une posture moralisatrice de l’extérieur. Pour infléchir ces grands groupes industriels vers des trajectoires écoresponsables, il faut être à l’intérieur », tranche le chercheur. Amaury Gatelais, étudiant des Mines ParisTech, estime aussi que le boycott des entreprises n’est pas une bonne idée : « Si tous les plus convaincus et les plus écolos fuient les entreprises comme Total, il ne restera plus que ceux intéressés par l’argent et donc qui ne feront rien pour le réchauffement climatique ».

    Promis à un brillant avenir, que feront, demain, ces bons élèves des grandes écoles ? Paul raconte qu’il a renoué avec une certaine créativité, absente de ses longues études : « c’est une des clés pour tenter de s’adapter aux prochains changements climatiques et sociétaux qui bouleverseront notre confort et pour penser la civilisation suivante. Comment rendre cool et séductrice une société plus sobre énergétiquement ? Comment montrer que faire du vélo, c’est bon pour la santé ? Que prendre l’avion, ce sera un truc rare dans une planète où vivent sept milliards d’êtres humains ? » Clément Choisne aimerait créer au Mans un « espace de solidarité ». Un lieu où l’on pourrait parler de jardins potagers urbains, de modèles décroissants. Dans son discours à Centrale, il a choisi de conclure en citant l’anthropologue américaine Margaret Mead : « N’oubliez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés peut changer le monde. »

  • « Une perte de #sens totale » : le malaise grandissant des jeunes ingénieurs face au #climat
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/04/16/une-perte-de-sens-totale-le-blues-des-jeunes-ingenieurs-face-au-climat_54509

    C’est un discours de remise de diplôme plutôt inhabituel que Clément Choisne, jeune ingénieur de Centrale Nantes, a livré devant ses camarades, le 30 novembre 2018. A contre-courant des discours louangeurs de ce type d’événement, il a choisi de parler de son dilemme : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités ne cessent de s’aggraver, que le #GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] pleure et que les êtres se meurent : je suis perdu, incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système #capitaliste de #surconsommation. »

    Devant une assemblée de futurs diplômés, parents, familles, anciens élèves, professeurs, direction et industriels, l’ingénieur de 24 ans a profité de la tribune qui lui était offerte pour se faire le porte-parole d’un malaise que vivent de plus en plus de jeunes diplômés face au réchauffement climatique : « Quand sobriété et #décroissance sont des termes qui peinent à s’immiscer dans les programmes centraliens, mais que de grands groupes industriels à fort impact #carbone sont #partenaires de mon école, je m’interroge sur le #système que nous soutenons. Je doute, et je m’écarte. » La vidéo, qui a fait plus de 270 000 vues sur YouTube, est l’un des nombreux échos de ce désarroi éprouvé par les jeunes diplômés face à un monde économique qu’ils jugent en #décalage avec l’urgence climatique.

    Deux mois plus tôt, en septembre 2018, un groupe d’étudiants issus de grandes écoles prestigieuses, Polytechnique, Ensta, HEC, ENS – lançaient un manifeste en ligne pour appeler les futurs diplômés à soutenir un changement radical de trajectoire. « Au fur et à mesure que nous nous approchons de notre premier emploi, nous nous apercevons que le système dont nous faisons partie nous oriente vers des postes souvent incompatibles avec le fruit de nos réflexions et nous enferme dans des #contradictions quotidiennes », écrivaient les auteurs du manifeste.

    Le texte, signé par plus de 30 000 étudiants, incite les jeunes diplômés à travailler pour des « employeurs en accord » avec les recommandations du manifeste. Depuis, les auteurs de ce texte tentent de capitaliser sur le succès de leur démarche. Ils ont rencontré les cabinets des ministères chargés de la transition écologique, et ont lancé depuis le début de l’année des groupes de travail sur la refonte des programmes de l’enseignement supérieur où l’enjeu climatique est encore trop confiné aux cursus spécialisés.

  • Vrai débat : où en est-on ? Analyse d’une équipe de recherche lyonnaise | INSHS
    http://www.inshs.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/vrai-debat-ou-en-est-analyse-dune-equipe-de-recherche-lyonnaise

    Une équipe du laboratoire Triangle (UMR5206, CNRS / ENS de Lyon / Université Lyon 2 / Sciences Po Lyon / Université Jean Monnet Saint-Etienne) a répondu favorablement à la demande de traitement des données issues de la plateforme du Vrai débat. Cet outil de démocratie constitue un document d’intelligence collective de premier ordre, qui se démarque du simple sondage d’opinion. En effet, avec plus d’un million de votes, 25 000 propositions et 93 000 arguments, il a permis à plus de 44 000 utilisateurs de s’exprimer librement.

    #sociologie #grand_débat

  • L’arpenteur vagabond de David Thoreau - ENS Éditions
    https://books.openedition.org/enseditions/11632


    Pas une seule image visible, c’est dommage

    Depuis les #cartes anciennes qu’il a consultées et copiées jusqu’aux nombreux plans de géomètre qu’il a dessinés en tant qu’arpenteur professionnel, les cartes abondent dans les archives et la #documentation de Thoreau. L’arpenteur vagabond s’intéresse à ces documents longtemps négligés par la critique et au rôle que cette familiarité avec le #geste_cartographique a joué dans le travail de l’écrivain. Ce parcours de l’ensemble de son œuvre montre que Thoreau, tout en mesurant parfaitement les limites et le biais idéologique de l’entreprise cartographique, y voyait aussi un outil irremplaçable de clarification et de mise au jour de phénomènes (humains et non humains) habituellement invisibles. Dans ses textes sur la nature comme dans ses essais plus explicitement politiques, la langue vagabonde et « extravagante » de #Thoreau trouve ainsi dans les cartes un allié inattendu qui permet une redistribution polémique des #spatialités et la mise en place d’un nouveau régime de visibilité.

    #cartographie @visionscarto

  • Une catastrophe sanitaire délibérément entretenue
    Entretien avec le docteur Tarek Loubani
    Ahmed Abbes, Orient XXI, le 7 mars 2019
    https://seenthis.net/messages/765506

    Video of the conference given by Dr. TAREK LOUBANI, University of Western Ontario (London, Canada) : « Delivering Health Care under Fire in Gaza : The problems and the promise », 7 March 2019, ENS, Paris :
    https://www.youtube.com/watch?v=UtF6R4ASST8

    J’ai été le premier médecin ciblé par un sniper à Gaza
    Armin Arefi, Le Point, le 15 mars 2019
    https://www.lepoint.fr/monde/j-ai-ete-le-premier-medecin-cible-par-un-sniper-a-gaza-15-03-2019-2301472_24

    #Tarek_Loubani #Musa_Abuhassanin #Palestine #Gaza #Nakba #Marche_du_retour

  • Gaza. Une catastrophe sanitaire délibérément entretenue
    Ahmed Abbes > 7 mars 2019
    https://orientxxi.info/magazine/gaza-une-catastrophe-sanitaire-deliberement-entretenue,2951
    https://orientxxi.info/local/cache-vignettes/L800xH399/32b8fe810c3e81c0f4eb16ef19153b-2529b.jpg?1551887069

    Ahmed Abbes. – Vous vous rendez depuis plus de huit ans à Gaza ; pourriez-vous nous décrire la situation sanitaire dans cette enclave et son évolution sous l’effet du blocus ?

    Tarek Loubani. — La situation sanitaire à Gaza est désastreuse et elle s’aggrave encore. Depuis la Grande Marche du retour (voir encadré), ce qui était un désastre à développement lent est devenu une catastrophe manifeste et actuelle. Le blocus a éliminé la capacité du système de santé à gérer les besoins quotidiens en soins longtemps avant le début de la Marche.

    Les patients souffrant de maladies chroniques comme les affections rénales et le diabète pâtissaient déjà du manque d’équipement approprié — des machines à dialyse par exemple —, et des médicaments nécessaires pour gérer leur pathologie. Les patients atteints d’un cancer étaient et restent complètement soumis au caprice de l’appareil de sécurité israélien qui est accusé d’échanger l’accès des patients cancéreux à un traitement vital contre des renseignements et des interrogatoires de ces patients. Que ce soit intentionnel ou non, le blocus empêche des médicaments essentiels et des équipements médicaux d’entrer dans Gaza. Il empêche le personnel de santé palestinien de voyager librement pour se former ailleurs et le personnel de santé international, comme moi, de voyager librement pour fournir des soins et des formations dans Gaza. Il dégrade aussi, et élimine, l’infrastructure essentielle dont tout système de santé a besoin pour survivre, comme l’électricité ou l’eau potable.

    Il y a eu une brève lueur d’espoir quand l’Égypte a élu son premier gouvernement démocratique en 2012. Les conditions de soins se sont améliorées de manière significative jusqu’à ce qu’une dictature militaire renverse le gouvernement et relance la collaboration de l’Égypte, en position subalterne, au blocus israélien. Cette période nous montre à quel point Gaza est capable de défendre son propre système de santé et de prendre soin de sa population si on ne l’empêche pas activement de le faire. (...)

    #GAZA

  • Copyright numérique : stériliser pour mieux tuer - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/09/09/copyright-numerique-steriliser-pour-mieux-tuer_1677568

    Le 12 septembre, nos députés européens auront à se prononcer sur la directive relative au « droit d’auteur dans le marché unique numérique », que les Etats membres ont déjà validé. Dès le préambule du texte, le cadre est fixé : il est question d’œuvres, d’auteurs, de patrimoine. Le texte veut clarifier le « modèle économique » qui définira dans quelles conditions les « consommateurs » (le mot apparaît quatre fois dans l’introduction) pourront faire usage de ces œuvres.

    Le monde est ainsi découpé simplement : d’un côté, les artistes et les titulaires de droits d’auteurs, et parfois les structures et les institutions connexes (musées, universités, éditeurs) ; de l’autre, la grande masse des anonymes. La porosité entre les uns et les autres n’est pas de mise : le cas d’une personne écoutant des concerts sur Internet et publiant ses interprétations d’un prélude de Chopin n’est pas évoqué. Les médiateurs entre propriétaires (de droits, de licences) et locataires-utilisateurs sont les Etats, chargés de faire respecter la future loi, et les « prestataires de services en ligne » (les hébergeurs). Là encore, nulle place pour les auteurs-éditeurs de sites web altruistes, qui publient leurs analyses, leurs découvertes, leurs concerts de rock entre amis. On reste dans une logique traditionnelle où l’Etat et l’Union européenne régulent le fonctionnement d’industriels qui seraient laxistes en matière de propriété artistique ou intellectuelle.
    Une volée de récriminations

    Mais comment appliquer une telle loi ? Grâce à de gigantesques algorithmes. L’article 13 précise que les prestataires de services, en étroite coopération avec les titulaires de droits, développeront des techniques de reconnaissance des contenus. Les acteurs hors Facebook, Sacem ou équivalents seront censurés, donc éliminés du Web. Ulrich Kaiser, professeur de musique allemand, l’a vérifié. Il a mis en ligne quelques interprétations de son fait de morceaux de Schubert, tombé depuis longtemps dans le domaine public, et a vérifié comment le logiciel de vérification de droits d’auteur de YouTube (Content ID) réagissait. Il a vite reçu une volée de récriminations prétendant qu’il violait des droits d’auteur. Et ses arguments étaient systématiquement rejetés. En bref, pour qui n’est pas adossé à une agence de droits d’auteur, il y aura toujours un robot ou un digital worker payé au clic qui lui interdira toute publication, au motif qu’il copie une œuvre, même s’il a le droit pour lui. Belle inversion juridique où nous devons faire la preuve de notre innocence, quand sa présomption figure dans notre Constitution.

    Le second souci est que ces algorithmes coûtent très cher (de l’ordre de 50 millions d’euros), et sont évidemment très protégés par… le copyright. Nous sommes ici bien loin des logiciels libres façonnés par des poignées de bénévoles, et qui font vivre Internet. Et notre Union européenne, qui veut protéger les big industries du numérique et de la culture, ne réalise pas qu’elle se transforme en bourgeois de Calais, au seul bénéfice des Etats-Unis, puisqu’elle ne sait produire ces logiciels et bases de données associées.
    La peur du don

    Ainsi, du haut de Bruxelles, on ne fait pas que penser le contemporain avec des catégories obsolètes, aux dépens des citoyens et de leur créativité. On se trompe.

    Apparaît d’abord une étrange peur du don. Le don, ce phénomène social total, qui structure nos sociétés via l’échange, qui nourrit nos idées : celles-ci se confortent et s’affinent au contact d’autrui. Tenter de les censurer, d’en vérifier systématiquement l’authenticité, c’est aller contre l’éducation, contre le développement personnel : la science et la création se nourrissent d’emprunts, d’appropriations, de détournements.

    Ensuite, supposer que la technique va sauver ou protéger la culture relève de l’erreur. De tout temps technique et culture forment une tresse inséparable. Nos films sont faits avec des caméras, qui fonctionnent à l’électricité, désormais montés sur ordinateur. Nous appelons nos ponts (du Gard ou de Tancarville) des « ouvrages d’art ». Et avec l’informatique, nous prenons conscience de la dimension technique de l’écriture, qui nous sert autant à développer un raisonnement, à jeter les bases d’une nouvelle loi qu’à déguster un Rimbaud qui a peu profité de ses droits d’auteur. La grande majorité des productions informatiques relèvent de ces jeux d’écriture où copier, coller, emprunter, détourner, articulent recettes, banales applications et imagination.
    Façonner le monde

    Et enfin, l’idée qu’un algorithme puisse se substituer au jugement humain est erronée. Un algorithme est écrit par des humains, qui y injectent leur subjectivité, leurs représentations du monde, leurs valeurs morales, comme le montre le philosophe Andrew Feenberg. Il n’est pas neutre. Un algorithme l’est d’autant moins s’il appartient à une firme, qui va évidemment l’adapter à ses intérêts économiques. La chose est manifeste quand il s’appuie sur des bases de données massives pour produire du deep learning. C’est le principe même de l’apprentissage : si nous apprenons à des ordinateurs à modéliser le climat, nous ne pouvons leur confier des opérations chirurgicales sur des humains. Et l’idée que les machines puissent résoudre des problèmes moraux (liés au vol, à l’invention) signale avant tout une démission politique. La volonté de déléguer à ces machines des questions qui méritent d’être débattues par tous : démocratiquement.

    C’est toute la question du « numérique » : cette technique a plus que jamais le pouvoir de façonner le monde. Y compris politiquement. Avec les réseaux sociaux, nous ressentons, non pas son pouvoir, mais ses effets sur nos sociétés. L’histoire de l’écriture nous rappelle que ces effets sont lents, variés, particulièrement dépendants de ce que nous voulons qu’ils soient. Moins que jamais, la technique est éloignée de nous. Sauf si nous déléguons à quelques managers le formatage de nos sociétés par le biais de leurs chimères. Souvent, celles-ci se réduisent à quelques croyances, qui confinent à la numérologie. Il s’agit de projeter toute la complexité humaine, ses variations multidimensionnelles, sur une droite, où chacun.e d’entre nous serait évaluable. Avec une seule note entre 0 et 20.

    Le numérique, c’est politique. Ça se pratique aussi, ça s’apprend. Comme l’écriture. Ça se débat. Il est urgent de l’enseigner à toutes les générations, à tous les corps de métier ; d’en expérimenter les facettes actuelles, d’en inventer les futures. Les artistes, les historiens, les physiciennes usent tous de l’écriture. Il en est de même pour le « numérique ». Jeunes et vieux, Chinois, Français et Californiens prenons le temps de penser le numérique, au-delà de nos moules et frontières disciplinaires. La technique nous appartient. A nous tous d’en convaincre nos députés.

    Eric Guichard philosophe, responsable de l’Equipe réseaux, savoirs et territoires de l’ENS-Ulm, maître de conférences HDR à l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) , Nicolas Schabanel informaticien, directeur de recherches au CNRS, Laboratoire de l’informatique du parallélisme (LIP), ENS-Lyon, membre de l’Institut rhônalpin des systèmes complexes (IXXI)

    #copyright #partage

  • Copyright numérique : stériliser pour mieux tuer
    http://www.liberation.fr/debats/2018/09/09/copyright-numerique-steriliser-pour-mieux-tuer_1677568

    Par Eric Guichard

    Le 12 septembre, nos députés européens auront à se prononcer sur la directive relative au « droit d’auteur dans le marché unique numérique », que les Etats membres ont déjà validé. Dès le préambule du texte, le cadre est fixé : il est question d’œuvres, d’auteurs, de patrimoine. Le texte veut clarifier le « modèle économique » qui définira dans quelles conditions les « consommateurs » (le mot apparaît quatre fois dans l’introduction) pourront faire usage de ces œuvres.

    Le monde est ainsi découpé simplement : d’un côté, les artistes et les titulaires de droits d’auteurs, et parfois les structures et les institutions connexes (musées, universités, éditeurs) ; de l’autre, la grande masse des anonymes. La porosité entre les uns et les autres n’est pas de mise : le cas d’une personne écoutant des concerts sur Internet et publiant ses interprétations d’un prélude de Chopin n’est pas évoqué. Les médiateurs entre propriétaires (de droits, de licences) et locataires-utilisateurs sont les Etats, chargés de faire respecter la future loi, et les « prestataires de services en ligne » (les hébergeurs). Là encore, nulle place pour les auteurs-éditeurs de sites web altruistes, qui publient leurs analyses, leurs découvertes, leurs concerts de rock entre amis. On reste dans une logique traditionnelle où l’Etat et l’Union européenne régulent le fonctionnement d’industriels qui seraient laxistes en matière de propriété artistique ou intellectuelle.

    Une volée de récriminations
    Mais comment appliquer une telle loi ? Grâce à de gigantesques algorithmes. L’article 13 précise que les prestataires de services, en étroite coopération avec les titulaires de droits, développeront des techniques de reconnaissance des contenus. Les acteurs hors Facebook, Sacem ou équivalents seront censurés, donc éliminés du Web. Ulrich Kaiser, professeur de musique allemand, l’a vérifié. Il a mis en ligne quelques interprétations de son fait de morceaux de Schubert, tombé depuis longtemps dans le domaine public, et a vérifié comment le logiciel de vérification de droits d’auteur de YouTube (Content ID) réagissait. Il a vite reçu une volée de récriminations prétendant qu’il violait des droits d’auteur. Et ses arguments étaient systématiquement rejetés. En bref, pour qui n’est pas adossé à une agence de droits d’auteur, il y aura toujours un robot ou un digital worker payé au clic qui lui interdira toute publication, au motif qu’il copie une œuvre, même s’il a le droit pour lui. Belle inversion juridique où nous devons faire la preuve de notre innocence, quand sa présomption figure dans notre Constitution.

    Le second souci est que ces algorithmes coûtent très cher (de l’ordre de 50 millions d’euros), et sont évidemment très protégés par… le copyright. Nous sommes ici bien loin des logiciels libres façonnés par des poignées de bénévoles, et qui font vivre Internet. Et notre Union européenne, qui veut protéger les big industries du numérique et de la culture, ne réalise pas qu’elle se transforme en bourgeois de Calais, au seul bénéfice des Etats-Unis, puisqu’elle ne sait produire ces logiciels et bases de données associées.

    La peur du don
    Ainsi, du haut de Bruxelles, on ne fait pas que penser le contemporain avec des catégories obsolètes, aux dépens des citoyens et de leur créativité. On se trompe.

    Apparaît d’abord une étrange peur du don. Le don, ce phénomène social total, qui structure nos sociétés via l’échange, qui nourrit nos idées : celles-ci se confortent et s’affinent au contact d’autrui. Tenter de les censurer, d’en vérifier systématiquement l’authenticité, c’est aller contre l’éducation, contre le développement personnel : la science et la création se nourrissent d’emprunts, d’appropriations, de détournements.

    Ensuite, supposer que la technique va sauver ou protéger la culture relève de l’erreur. De tout temps technique et culture forment une tresse inséparable. Nos films sont faits avec des caméras, qui fonctionnent à l’électricité, désormais montés sur ordinateur. Nous appelons nos ponts (du Gard ou de Tancarville) des « ouvrages d’art ». Et avec l’informatique, nous prenons conscience de la dimension technique de l’écriture, qui nous sert autant à développer un raisonnement, à jeter les bases d’une nouvelle loi qu’à déguster un Rimbaud qui a peu profité de ses droits d’auteur. La grande majorité des productions informatiques relèvent de ces jeux d’écriture où copier, coller, emprunter, détourner, articulent recettes, banales applications et imagination.

    Façonner le monde
    Et enfin, l’idée qu’un algorithme puisse se substituer au jugement humain est erronée. Un algorithme est écrit par des humains, qui y injectent leur subjectivité, leurs représentations du monde, leurs valeurs morales, comme le montre le philosophe Andrew Feenberg. Il n’est pas neutre. Un algorithme l’est d’autant moins s’il appartient à une firme, qui va évidemment l’adapter à ses intérêts économiques. La chose est manifeste quand il s’appuie sur des bases de données massives pour produire du deep learning. C’est le principe même de l’apprentissage : si nous apprenons à des ordinateurs à modéliser le climat, nous ne pouvons leur confier des opérations chirurgicales sur des humains. Et l’idée que les machines puissent résoudre des problèmes moraux (liés au vol, à l’invention) signale avant tout une démission politique. La volonté de déléguer à ces machines des questions qui méritent d’être débattues par tous : démocratiquement.

    C’est toute la question du « numérique » : cette technique a plus que jamais le pouvoir de façonner le monde. Y compris politiquement. Avec les réseaux sociaux, nous ressentons, non pas son pouvoir, mais ses effets sur nos sociétés. L’histoire de l’écriture nous rappelle que ces effets sont lents, variés, particulièrement dépendants de ce que nous voulons qu’ils soient. Moins que jamais, la technique est éloignée de nous. Sauf si nous déléguons à quelques managers le formatage de nos sociétés par le biais de leurs chimères. Souvent, celles-ci se réduisent à quelques croyances, qui confinent à la numérologie. Il s’agit de projeter toute la complexité humaine, ses variations multidimensionnelles, sur une droite, où chacun.e d’entre nous serait évaluable. Avec une seule note entre 0 et 20.

    Le numérique, c’est politique. Ça se pratique aussi, ça s’apprend. Comme l’écriture. Ça se débat. Il est urgent de l’enseigner à toutes les générations, à tous les corps de métier ; d’en expérimenter les facettes actuelles, d’en inventer les futures. Les artistes, les historiens, les physiciennes usent tous de l’écriture. Il en est de même pour le « numérique ». Jeunes et vieux, Chinois, Français et Californiens prenons le temps de penser le numérique, au-delà de nos moules et frontières disciplinaires. La technique nous appartient. A nous tous d’en convaincre nos députés.

    Eric Guichard philosophe, responsable de l’Equipe réseaux, savoirs et territoires de l’ENS-Ulm, maître de conférences HDR à l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib) , Nicolas Schabanel informaticien, directeur de recherches au CNRS, Laboratoire de l’informatique du parallélisme (LIP), ENS-Lyon, membre de l’Institut rhônalpin des systèmes complexes (IXXI)

    #droit_d’auteur #copyright #enclosures_numériques #privatisation

  • En mathématiques, les filles restent des inconnues - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/06/21/en-mathematiques-les-filles-restent-des-inconnues_1660876

    Article déjà mis en lien ici : https://seenthis.net/messages/703974 mais j’ai fait un copier coller pour les personnes qui ne savent pas désactiver javascript vu le paywall de Liberation à partir d’un certain nombre d’articles lus.

    Normale Sup, Polytechnique… Les grandes écoles scientifiques peinent à faire de la place aux filles. Une discrimination insidieuse que certaines vont jusqu’à intégrer. « Libération » a rencontré de jeunes mathématiciennes qui racontent les stéréotypes auxquels elles font face et leur combat pour s’en affranchir.

    Zéro. Aucune fille n’a intégré le département de mathé­­ma­tiques de l’Ecole normale ­supérieure (ENS) de la rue d’Ulm (Paris) l’an dernier. Voilà, un problème réglé. Après la disparition, en 1985, de l’ENS jeunes filles de Sèvres la prédominance des « mâles » n’a cessé de se confirmer.

    Elles s’appellent Edwige, Lola, ­Sonia, Camille, elles ont réalisé un parcours sans faute, mais pas sans douleurs, pour s’imposer parmi les meilleurs élèves de la filière des mathématiques. Elles ont intégré l’une des ENS ou l’Ecole polytechnique, et racontent les petites vexations et les grands préjugés, les révoltes et les victoires remportées contre le mécanisme qui voudrait qu’elles n’aient rien à faire dans le domaine des mathématiques, qu’elles soient appliquées ou fondamentales.

    Il y a d’abord Camille (2), une trajectoire rectiligne à « Stan », Stanislas un établissement privé situé dans le VIe arrondissement de Paris, du collège à la prépa. Brillante, elle a le choix des meilleurs  : l’ENS et Polytechnique, l’X. Elle choisit la seconde. Neuf filles sur 30 élèves en terminale S, neuf sur 50 en math sup, et quatre sur 42 en math spé, sans que cela suscite d’interrogation  : « Je n’ai jamais senti de différence de traitement entre filles et garçons. »

    Pourtant Edwige, Sonia et Lola ont une autre vision des choses. A des degrés différents, elles racontent une discrimination palpable ou impalpable qui leur donne des envies de combattre pour l’égalité des filles et des garçons en maths.

    Egaux devant Pythagore

    A la veille de l’été 2017, Lola était aussi admise à l’ENS, rue d’Ulm d’où sont sorties toutes les médailles Fields de France à l’exception d’Alexandre Grothendieck. Elle préférera elle aussi le campus de l’X à Palaiseau. Au collège à Vanves, celui que les contourneurs de carte scolaire évitent et où elle a voulu rester, Lola est dans les meilleures élèves. Les 17, succèdent aux 19, sans efforts particuliers. Filles ou garçons, il n’y a pas de différence. Tous égaux devant Pythagore.

    Bonne élève, elle intègre le lycée Louis-le-Grand en seconde. Les notes chutent, mais elle bosse et intègre « la » 1ère S1, et la TS1, « la » terminale S qui donne accès à « la » classe prépa qui permettra d’accéder à l’une des quatre ENS (Ulm, Rennes, Lyon, Paris-Saclay, l’ex-Cachan) ou à l’X. En TS1, la parité est respectée 50 % de filles 50 % de garçons.

    C’est ensuite que tout se complique. Lola se voit reléguée tout au fond la classe  : 35e, 35e, 36e aux trois premiers contrôles. En janvier, elle doit choisir entre faire autre chose ou s’accrocher. A la maison, son père ne cesse de lui répéter que les filles sont meilleures que les garçons. Le stéréotype qui veut que les mathématiques ne sont pas faites pour les filles tourne dans l’autre sens. « J’ai repris les bases, repassé les programmes de 1ère et de TS, quand le professeur était déjà passé au programme de math sup. » C’est à ce moment qu’elle découvre le sexisme très ordinaire qui traîne dans les couloirs d’un grand lycée parisien. « On pardonne très facilement aux garçons de ne faire que des maths. Ils peuvent s’enfermer dans le travail, ne faire que bosser, passer de l’internat aux salles de cours en peignoir, en survêtement ou même en pyjama. C’est presque normal. On dira  : “C’est un bosseur”. Des filles, on attend autre chose. Il faut qu’elles soient sympathiques, qu’elles préparent le buffet pour les fêtes, qu’elles s’investissent dans la vie de la classe. Elles doivent “jouer les princesses” et passer du temps à se préparer. On perd un temps fou, et pendant ce temps, les garçons bossent et passent devant. Moi, je descendais comme j’étais, et tant pis si ça provoquait des remarques », s’agace Lola qui refuse la division surhommes et princesses, nouvelle version du « Sois belle et tais toi  ! ». Elle remonte à la 17e place et intègre finalement « la » bonne prépa.

    « Travailler dur »

    Sonia raconte un parcours similaire. Elle aussi se dit « ni bonne ni mauvaise » élève, quand les garçons souligneraient la puissance de leur machine cérébrale. Elle aussi échappe aux stéréotypes familiaux, avec une mère anglaise féministe virulente, un père mexicain, l’un et l’autre artistes plasticiens. Après la seconde à Louis-le-Grand, elle voit les garçons lui passer devant sans qu’elle comprenne bien pourquoi. Pas de 1ère S1, pas de TS1, pas de prépa « étoilée ». « On proposait à des garçons moins bien notés que moi d’aller dans les bonnes math sup, et je me suis retrouvée en MP5 [la classe préparatoire qui ne prépare pas aux meilleures écoles, ndlr]. Ça m’a révoltée, et, du coup, je me suis mise à travailler dur. » Elle raconte les perles du sexisme ordinaire en classe prépa  : « Pour une matheuse t’es bonne », sous entendu « t’es mignonne  ! ». « Une fille, enfin elle compte pour une demie. »« Un jour, un garçon fait le décompte des filles en prépa et il ajoute  : “Elle, elle compte pour une demie.” Il fallait la disqualifier parce qu’elle ne faisait pas assez ­attention à son look  ! » L’un des meilleurs élèves de la prépa lancera en cours de philo que la place de la femme est à la maison pour s’occuper des enfants. Plus tard, une fois intégrée l’X, Lola entendra dire en stage qu’elle n’allait pas toute sa vie faire des maths, qu’il fallait songer à se marier et à faire des enfants.

    Le syndrome de la vieille fille allume des clignotants dans tous les sens  : « Le garçon est prêt à s’enfermer dans les études, quand la fille n’a pas de temps à perdre pour trouver un mec. » En dépit des obstacles, elle intégrera l’ENS-Lyon où le sexisme s’atténue peut-être parce que les femmes ont disparu, elles sont quatre sur 40 élèves. Pour décrire un monde où les mâles dominants s’agrègent, elle évoque la salle du concours où se retrouvent les postulants à Polytechnique  : « Un océan de mecs. Là, j’ai senti la différence, ça n’était pas la place pour une fille. »

    Conscience collective

    Edwige partage le constat de Lola et Sonia sur la mise à l’écart ­insidieuse des filles, mais elle veut transformer le discours individuel en une arme collective dans un domaine où la solidarité féminine est presque inexistante. « Les filles ne se voient pas comme les victimes d’un système, la solidarité féminine est inexistante. Chacune pense qu’il s’agit d’un problème individuel. A chacune de trouver la solution, il n’y a pas de sororité, vraiment il n’y a aucune solidarité », estime Edwige qui a choisi l’ENS-Lyon.

    Pour susciter une prise de conscience collective, Edwige organise dans le cadre d’Animath (1) des week-ends « Filles et Maths » avec des rencontres avec des mathéma­ticiennes de métier et des ateliers d’algèbres, de géométrie ou d’arithmétique. Faut-il faire des quotas dans les préparations aux grandes écoles pour les filles  ? « Pourquoi pas  ? La loi ORE (3) a fixé des quotas pour les boursiers, pourquoi pas pour les filles  ? »

    L’idée a été évoquée à l’ENS-Lyon tant le désarroi est grand face à la raréfaction des filles dans le département de mathématiques, admet Emmanuelle Picard, sociologue impliquée dans un groupe d’études mis en place par les ENS pour comprendre l’incompréhensible. Pourquoi les filles représentent 20 % des élèves en prépa, 16 % des candidats au concours MP des ENS, celui qui privilégie les maths, 8 % des admissibles et 5 % des intégrées par concours  ? Et question subsidiaire  : comment remédier à cette situation  ? « La pression sociale, les stéréotypes qui classent, rangent les garçons du côté des chiffres et les filles du côté des lettres tout cela est vrai, mais il faut comprendre ces phénomènes pour comprendre à quel moment les filles s’éliminent », explique la sociologue.

    « Avoir une barbe »  ?

    Rozzen Texier-Picard, mathématicienne et vice-présidente chargée des questions liées à la diversité à l’ENS-Rennes, avoue ne pas avoir trouvé la solution à un problème qu’elle examine depuis plusieurs années  : « Nous avons intégré les matières littéraires, le français et les langues dès l’admissibilité pour le concours 2018, et nous allons voir ce que cela donne », dit-elle sans attendre un bond spectaculaire.

    Elyès Jouini, mathématicien, vice-président de l’université Paris-Dauphine et coauteur de plusieurs études, n’a pas beaucoup plus de certitudes pour expliquer la sexuation des maths. « Beaucoup d’efforts ont été réalisés pour réduire l’écart entre le niveau moyen des filles et des garçons. Mais, quand on regarde le haut du panier, les 5 % qui se trouvent tout en haut de la pyramide, les garçons s’imposent à chaque fois qu’il y a une sélection. Là, les archétypes et les stéréotypes fonctionnent, et quand il s’agit de se présenter à un concours réputé difficile, les garçons iront quand ils ont 12 ou 13, les filles attendront d’avoir 15 ou 16. Prenez un pays comme la Norvège qui a sans doute le plus fait pour effacer les écarts entre femmes et hommes, le biais mathématiques demeure. »

    La situation est-elle désespérée  ? Pas tout à fait. Elyès Jouini rappelle qu’au XVIIIe siècle, l’un des cerveaux les plus brillants de l’Europe s’éclairant à la raison, Emmanuel Kant, estimait que les filles n’étaient pas faites pour les lettres classiques  : « Une femme qui sait le grec est si peu une femme qu’elle pourrait aussi bien avoir une barbe. » Faudra-t-il attendre un siècle ou deux pour que les choses s’arrangent  ? « Si nous voulons maintenir le niveau de l’école française de mathématiques, on ne peut pas se passer de la moitié de la population », constate un mathématicien pressé de voir les choses bouger, sans savoir comment faire. Inutile de porter attention aux explications mettant en cause des différences fondamentales entre les deux sexes, sinon en donnant la parole à un enfant de 5 ans rentrant de l’école  : « Le cerveau des filles ne tourne pas dans le même sens que celui des garçons. »

    Une autre scène vaut la peine d’être racontée. Un matin de juin, les enfants de l’école maternelle de la rue Clauzel à Paris sont déguisés pour fêter la fin de l’année. Toutes les filles sont en princesses, sauf une, habillée en catwoman. Les garçons sont tous en super-héros, sauf un pirate. Et un tigre pas du tout méchant.
    (1) Animath est une association qui cherche à promouvoir les mathématiques auprès des jeunes.
    (2) Nous ne parlerons à aucun moment du physique des jeunes femmes que nous avons rencontrées, pour ne pas avoir à aborder cette question qui voudrait qu’une fille qui fait des maths sacrifie sa féminité.
    (3) Loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants.

    Philippe Douroux , Magalie Danican

    Par contre je ne suis pas d’accord avec l’argument qui cite Kant et les lettres classiques. Tout le monde le sait, le problème ce ne sont pas les maths en eux mêmes mais le fait que c’est la matière qui est considérée comme un marqueur d’excellence et de sélection. Donc si les maths cessent d’être cet outil de sélection, il n’y aura aucun souci et les filles deviendront aussi bonnes en maths que les garçons pendant que la matière qui sera devenue matière marqueur d’excellence, la géographie par exemple, sera squattée par les garçons. Ça ne voudra absolument pas dire que l’éducation mettre filles et garçons sur le même pied d’égalité. C’est ce qui s’est passé avec les humanités qui jouaient ce rôle avant les maths, raison pour laquelle Kant évoque les lettres classiques.

    #mathématiques #sexisme #orientation #éducation #discriminations #école #filles #genre

    • Je sais plus ou j’avaiis lu ca et je vais chercher ou c’étais, mais le pbl des choix d’orientations n’est pas lié au fait que les filles ne vont pas en sciences, maths, mais ce déséquillibre serait lié au fait que les garcons desertent les secteurs féminisés. Les filles font des maths, mais les garçons evitent totalement les branches féminisées pour ne pas passer pour féminins. Il ne manque pas de programmes pour inciter les filles a faire des etudes de math, mais des programmes pour inciter les garçons à choisir les fillières féminisées (qui sont méprisées e dévalorisées parceque féminisées, avec tres faibles salaires et progressions de carrières) c’est ca dont on aurais besoin.

      edit c’est ici : https://seenthis.net/messages/704072

      [Les garçons] se retrouvent de manière très concentrée en S (69 %) alors que les filles se répartissent dans les 3 séries de manière plus équilibrée et choisissent préférentiellement la section S, à l’opposé de ce que l’on pense généralement (…). Contrairement aux injonctions qui leur sont faites, les filles n’ont pas, du moins au niveau de l’enseignement secondaire général, un problème de diversification des choix d’#orientation.

      […] C’est l’observation de la répartition des filles et des garçons, pas seulement la proportion des filles dans les filières, qui révèle le jeu du #genre, c’est-à-dire l’impact du système féminin/masculin sur les orientations des deux sexes. C’est cela qui doit nous poser question et non pas seulement le constat de la moindre orientation des filles vers les sciences et techniques. On devrait effectivement se demander d’une part, pourquoi les filles sont attirées par les secteurs du soin, de l’éducation, du social et, d’autre part, pourquoi l’absence des garçons dans ces filières et métiers ne fait pas problème.

      […] Le survol rapide que l’on vient d’en faire [des politiques de promotion de l’égalité] pour les quarante dernières années révèle qu’il est quasi exclusivement question de l’orientation des filles vers les sciences et techniques. On ne se préoccupe pas réellement du fait que la division sexuée de l’orientation touche aussi les choix des garçons, comme nous l’avons souligné plus haut. L’absence des garçons des filières littéraires et sociales, du soin et de l’éducation, ne fait pas question, elle n’est pas une préoccupation sociale et politique. Par ailleurs, ces politiques concentrent beaucoup d’énergie sur l’information, comme si l’absence des filles dans les filières visées provenait essentiellement de leur manque d’informations objectives sur ces secteurs. Enfin, on semble croire que la diversification des choix d’orientation des filles produira de facto l’égalité des sexes en matière de formation et d’emploi. Il suffirait que les filles soient présentes pour que disparaissent les inégalités entre sexes… L’aveuglement, aux rapports sociaux de sexes qui régissent la société, donc l’école et le travail, laisse perplexe.

      Comme d’habitude on rend les filles et les femmes responsables des discriminations qu’elles subissent et jamais on ne dit ni ne fait rien qui puisse vaguement incommodé le moindre garçon ou homme.

  • Va-t-on bientôt payer ses études en licence ?
    http://www.liberation.fr/debats/2018/05/29/va-t-on-bientot-payer-ses-etudes-en-licence_1655101

    La multiplication de cursus universitaires payants risque de renforcer la concurrence entre les écoles et les facs. Et annonce la généralisation des frais d’inscription.

    L’Ecole polytechnique a ouvert en septembre 2017 un cursus payant de « Bachelor » (nom donné à la licence dans les pays anglo-saxons) avec l’assentiment de ses ministères de tutelle. Or, ce cursus pourrait être autorisé à délivrer le grade de licence (bac + 3). Jusque-là pourtant,celui-ci était réservé aux universités. Mais les temps changent, et les logiques de mise en marché de l’enseignement supérieur se développent à grande vitesse.

    Si le niveau de ce diplôme n’est pas en cause, lui octroyer le grade de licence ouvrira la voie à des demandes similaires de toutes les écoles. Elles pourront alors concurrencer les diplômes de l’université avec des moyens souvent bien supérieurs, et d’autant plus importants que les études en question s’annoncent payantes et fort chères ! A l’Ecole polytechnique, le Bachelor est facturé entre 12 000 euros et 15 000 euros par an en même temps qu’il a bénéficié de 36 millions d’euros sur cinq ans de fonds publics pour moins de 100 étudiants par an ! Face au développement de ce « marché », tous les établissements, y compris les universités, décideront vraisemblablement de facturer leurs diplômes de licence. Ainsi, les écoles draineront l’essentiel de la manne financière car elles attirent les étudiants socialement les plus aisés et susceptibles de payer, pendant que les universités, à quelques exceptions près, se retrouveront piégées entre une population étudiante moins favorisée à laquelle on demandera de s’endetter et un désengagement de l’Etat.

    La pression pour instituer des frais d’inscription se renforce depuis des années. Il s’agit de créer un marché profitable et de rendre docile les futurs travailleurs : les diplômés endettés n’auront d’autres choix que d’accepter les emplois qui leur seront proposés et les conditions de travail qui leur seront imposées. Dans la droite ligne de la politique de flexibilisation du marché du travail, il s’agit de développer et de faire accepter une précarisation de l’emploi, un asservissement aux lois du marché et une remise en cause de l’accès de tous à l’éducation.

    On aurait tort de penser que cette interprétation est du pur mauvais esprit : les révélations de WikiLeaks ont fait fuiter une note datée du 16 novembre 2016, attribuée à Robert Gary-Bobo [professeur d’économie, ndlr], et destinée à l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. L’augmentation des frais d’inscription y est décrite comme « le nerf de la guerre », de même que le développement du crédit aux étudiants. Cette note distingue crûment « ce qui serait souhaitable » (mais indicible tel quel à la population) des éléments stratégiques et communicationnels permettant de faire passer la pilule. Il s’agit, en effet, d’atteindre des frais d’inscription allant vers les 10 000 euros par an en master (et même 20 000 euros pour les grandes écoles), sans épargner les licences. Pour faire passer une telle révolution, la note fournit les éléments de langage. Le crédit ? Un nouveau droit pour l’autonomie des jeunes, mettant « tout le monde, "fils de bourgeois" et autres, sur un pied de plus grande égalité ». Il « faut bannir du vocabulaire les mots de "concurrence" et "d’excellence", détestés par les syndicats d’enseignants et d’étudiants. Remplacer systématiquement ces mots par "ouverture" et "diversité". […]. La sélection ne signifie pas exclusion mais orientation ». La méthode ? « Y aller doucement mais commencer tout de suite avec les droits d’inscription. » Il est même suggéré de conserver des formations gratuites pour mieux les éradiquer.

    Il est évident que face à un sujet aussi sensible, le « saucissonnage » de la réforme est un moyen de faire passer cette transformation radicale de l’enseignement supérieur par étapes, en limitant la contestation étudiante : les frais ont été augmentés dans plusieurs grandes écoles publiques (3 500 euros à Centrale Supéléc, 2 600 euros à 4 600 euros à Télécom Paris-Tech ou aux Mines de Paris, 2 870 à 5 740 euros aux Ponts et Chaussées). De même, des expérimentations ont été menées à Sciences-Po et à Dauphine (les frais d’inscription en master y allant jusqu’à respectivement 24 000 et 6 160 euros). A chaque fois dans des institutions prestigieuses, donnant un accès privilégié au marché du travail, et peuplées d’une population particulièrement favorisée et peu revendicative. Cette tendance à l’augmentation des frais d’inscription s’est poursuivie avec la multiplication des diplômes d’universités (DU), non reconnus nationalement mais créant de discrètes poches de marchandisation dans le supérieur. Avec la volonté de conférer à ces diplômes les grades de licence et de master, c’est tout un système d’enseignement public et quasi gratuit que le gouvernement emmène vers un modèle marchand, payant et cher, sans tenir compte des désastreuses expériences étrangères en la matière !

    Le gouvernement doit clarifier sa position et dire s’il veut ou non remettre en cause un modèle fondé sur un accès gratuit à l’enseignement supérieur. S’il veut rassurer les (futurs) étudiants et leurs familles, le président de la République et le gouvernement ont les moyens de profiter de la réforme constitutionnelle annoncée pour y inscrire la gratuité de tous les cursus de l’enseignement supérieur public. Il en résulterait nécessairement une remise en cause des tarifs pratiqués par certains établissements (Sciences-Po, Dauphine, les écoles d’ingénieurs) et une suppression des droits demandés aux étudiants dans chaque université. Le coût demeurerait très limité mais la portée majeure. Il en va du modèle de société que nous voulons pour le pays.

    David Flacher université de technologie de Compiègne , Hugo Harari-Kermadec ENS Paris-Saclay , Léonard Moulin Institut national d’études démographiques (Ined)

    #éducation

  • Condamnation des violences policières par les enseignant.es non-titulaires de Lyon 2
    https://rebellyon.info/Condamnation-des-violences-policieres-par-19223

    Communiqué des enseignant.es non-titulaires de Lyon 2 dénonçant les violences policières et la répression politique à Lyon 2 Lire aussi le communiqué de la section syndicale Sud Education Lyon 2 et celui des syndicats FERC SUP CGT Lyon 2-3 ENS

    #Infos_locales

    / #Répression_-_prisons, #Éducation_-_partage_des_savoirs, Une, Sélection à l’université

    #Sélection_à_l'université

    • Si jamais, pour la petite histoire, j’y étais. J’étais dedans. J’ai vu les manifestants manifester, cagoulés, mais pacifiquement (et un tag « Frontex tue » sur les parois de la salle, seule « violence » de leur part). La violence, était ailleurs.
      Ce que j’ai vu aussi c’est que quand la police est rentrée, les matraques étaient déjà bien levées. Et que la police a frappé à l’aveugle et avec une violence inouïe. D’autant plus qu’il n’y avait pas vraiment de possibilité de fuite pour les manifestants, coincés entre les flics, les tables et les parois de la salle.
      Ce que j’ai vu aussi, c’est les organisateurs préoccupés de savoir si oui ou non ils allaient pouvoir « continuer les travaux » (je cite) et aller voir les intervenant pour les rassurer que ça allait le faire...
      #Grenoble #Université_de_grenoble #frontex #université_grenoble_alpes #colloque #De_Frontex_à_Frontex

    • Un rassemblement contre Frontex dispersé par la police sur le campus de Grenoble

      Les militants de divers syndicats, collectifs et associations de soutien aux migrants se sont rassemblés sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, ce jeudi 22 mars dans l’après-midi. Leur objectif : protester contre la présence « d’acteurs de la militarisation des frontières » lors du colloque international sur Frontex qui se tient jusqu’à ce vendredi 23 mars à l’Université Grenoble-Alpes. Une mobilisation qui, commencée calmement, s’est vite terminée avec l’intervention de la police anti-émeute…

      « Frontières partout, justice nulle part », « tout le monde déteste les frontières », ou encore « Frontex expulse, expulsons Frontex ». Tels étaient les slogans scandés par la centaine de militants qui s’étaient réunis sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, ce jeudi 22 mars, suite à l’appel lancé par différents syndicats, collectifs et associations* de soutien aux migrants.

      Mégaphone et banderoles à la main, ils s’étaient donné rendez-vous à 15 heures devant les portes verrouillées** du bâtiment d’Imag. C’est en effet dans cet édifice qu’en début d’après-midi le Centre d’études sur la sécurité internationale (Cesice) et le Centre de recherche juridique (CRJ) avaient inauguré la première journée du colloque international « De Frontex à Frontex : vers l’émergence d’un service européen de garde-côtes ». Le coup d’envoi d’une série de rencontres qui, entre conférences et débats, s’enchaîneront jusqu’à ce vendredi 23 mars au soir.

      « Des technocrates et policiers » invités sur le campus

      Parmi les invités ? Outre des enseignants et chercheurs provenant de toute la France, les organisateurs ont choisi « de faire intervenir des technocrates et policiers responsables de la militarisation des frontières », dénonce un jeune militant, en se faisant porte-parole de l’indignation collective. Et celui-ci d’étayer ses propos : « Frontex n’est qu’un moyen dont l’Europe se sert pour expérimenter les technologies de guerre sur les migrants. »

      L’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes disposerait en effet, selon les associations à la tête du rassemblement, « d’un arsenal militaire répressif et d’un outillage sécuritaire de haute technologie », souvent financés par « des sociétés privées ». Parmi celles-ci, Thalès, EADS, Finmeccanica, Lockheed Martin, ou encore Aerovision.

      Raison pour laquelle les syndicats et collectifs isérois ont décidé de faire entendre leur voix. En ligne de mire : la présence au colloque d’Hervé Yves Caniard, le directeur de l’Unité des affaires juridiques de Frontex, ainsi que « la venue de Michel Quillé », ancien commissaire de police aujourd’hui aux manettes du projet Euromed Police IV. Entendez par là un programme lancé en 2016 afin de renforcer la coopération « sur les questions de sécurité » entre les pays du sud de la Méditerranée et les États membres de l’Union européenne.

      Migrants et associations : les grands absents au colloque

      « On regrette que les personnes réellement concernées par ces questions ne soient pas invitées », remarque par ailleurs un autre militant. Les grands absents de l’évènement ? Non seulement « les migrants et réfugiés qui risquent leur vie en mer pour rejoindre les côtes de l’Europe », mais aussi les « acteurs de terrain » engagés dans des missions d’aide et soutien aux réfugiés.

      Seule l’intervention d’une représentante du monde associatif figure en effet dans le programme du colloque. En l’occurrence, celle d’une activiste de La Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) qui évoquera, ce vendredi après-midi, le rôle des ONG face au renforcement des contrôles aux frontières.

      « Notre objectif est de parler de Frontex sous l’angle du droit, tout en prenant en compte différents points de vue » déclare pour sa part Romain Tinière, professeur de droit public à l’UGA et coordinateur du colloque. Qui se défend : « En plus de traiter les aspects institutionnels et juridiques de la question, dont la protection des droits fondamentaux de l’homme, nous cherchons également à porter un regard critique sur les actions de Frontex. »

      Un propos contesté par l’un des militants. « Ce colloque peut servir à se questionner sur comment Frontex viole le droit, mais cela ne suffira pas, car il faut aussi dénoncer le problème politiquement », rétorque-t-il. Et une autre manifestante de renchérir : « Tant que l’Europe exportera la guerre, il y aura toujours des refoulements aux frontières, en rendant les passages de plus en plus dangereux et mortels pour les migrants. »

      Une protestation pacifique… face à la police

      « Comment cette université, qui accueille depuis décembre nombre de demandeurs d’asile aux Patio, peut en même temps accepter de dialoguer avec les responsables de Frontex ? », interrogent les manifestants. D’où leur décision de manifester leur dissentiment… en « s’invitant » dans la salle des conférences de l’Imag. Leur objectif : empêcher que le président d’Euromed Police ne prenne la parole.

      Une protestation non violente qui a duré juste le temps de scander quelques slogans… et de sortir une bombe de peinture pour écrire « Frontex tue » sur le mur. Quelques minutes après, l’action s’est en effet terminée avec l’intervention des forces de l’ordre en tenue anti-émeute.
      « Ils nous ont bousculés pour nous forcer à sortir. Certaines personnes ont pris un coup de matraque dans le dos pendant qu’elles évacuaient alors qu’il n’y avait aucune violence et aucune animosité de leur part », relate, indigné, un jeune témoin. Entre temps, à l’intérieur du bâtiment Imag, le colloque a repris son cours normal.

      Au total, quatre personnes auraient été blessées, dont deux – dénoncent les militants – « ayant eu besoin de points de suture à la tête ».

      Contactée, l’Université Grenoble Alpes a affirmé ne pas être responsable de l’envoi de la police. Une information démentie par la préfecture de l’Isère*** qui a tenu à préciser que cette intervention n’avait pas été faite à son initiative mais bien à la demande de l’UGA.



      https://www.placegrenet.fr/2018/03/23/rassemblement-contre-frontex-disperse-police-campus-de-grenoble/183160

    • Lettre ouverte aux organisateurs du colloque de « Frontex à Frontex »

      Reçue par email, le 30.03.2018.

      Vous avez décidé d’organiser un colloque sur Frontex, à l’IMAG (Université de Grenoble Alpes), les 22 et 23 mars 2018. Revendiquant une approche juridique, vous affirmez que votre but n’était pas de débattre des politiques migratoires*. C’est un choix. Il est contestable. Il est en effet tout à fait possible de traiter de questions juridiques sans évacuer l’analyse politique, en assumant un point de vue critique. Vous vous retranchez derrière l’argument qu’il n’était pas question de discuter des politiques migratoires. Or, vous présentez les choses avec les mots qu’utilise le pouvoir pour imposer sa vision et justifier ces politiques. Vous parlez de « crise migratoire », de « lutte contre l’immigration illégale », etc. C’est un choix. Il est contestable. Les mots ont un sens, ils véhiculent une façon de voir la réalité. Plutôt que de parler de « crise de l’accueil » et de « criminalisation des exilé.e.s » par le « bras armé de l’UE », vous préférez écrire que « la crise migratoire » a « amené » l’UE à « renforcer les pouvoirs de son agence, Frontex ». Et hop, le tour de magie est joué. Si Frontex doit se renforcer c’est à cause des migrant.e.s. S’il y a des enjeux migratoires, la seule réponse légitime, c’est la répression. Ce raisonnement implicite n’a rien à voir avec des questions juridiques. Il s’agit bien d’une vision politique. C’est la vôtre. Mais permettez-nous de la contester.

      Vous avez décidé d’inviter des représentants d’institutions (Frontex/Europol) qui font la guerre au migrant.e.s. Et pas les migrant.e.s, traqué.e.s, harcelé.e.s, arrêté.e.s, enfermé.e.s, expulsé.e.s, mutilé.e.s qui subissent dans leur chair et leur tête les effets de cette guerre. Là encore, c’est un choix. Il est contestable. Rien ne vous obligeait à offrir une tribune aux acteurs de la militarisation des frontières qui appliquent les politiques anti-migratoires racistes et criminelles de l’UE. Les chercheurs n’invitent pas toujours les personnes, les groupes et institutions sur lesquelles portent leur recherche. Parfois, c’est même préférable. Vous trouveriez sans doute désagréable qu’un membre d’un groupuscule d’extrême droite sur lequel porte le travail de votre laboratoire de recherche viennent s’exprimer à un colloque. Non ? Vous pouviez donc discourir doctement entre « scientifiques » de considérations juridiques sur Frontex, sans donner la parole à l’un de ses représentants. Votre « événement scientifique » n’aurait pas perdu de son intérêt ni de son crédit.

      Vous avez appris que des personnes, des associations, des syndicats, des collectifs ne souhaitaient pas que des responsables de Frontex et Europol viennent servir leur propagande et légitimer leur action à l’Université. C’est leur droit. Leurs arguments et revendications sont légitimes. Mais vous avez préféré les balayer avec morgue et indignation, vous efforçant de faire passer les contestataires pour des ignares qui se trompent de combat. Se pencher un peu plus sur les critiques qu’on nous adresse et accepter de se remettre en question, c’est souvent salutaire. Vous avez fait le choix de ne pas vous prêter à cet exercice. C’est votre choix. Il est contestable. Vous pensez avoir raison, que les autres ont tort. La preuve, vous aviez également invité quelqu’un de la Cimade pour servir de caution critique à votre colloque. On ne pourrait donc décemment pas vous reprocher d’être d’un côté ou de l’autre. Tout le monde peut s’exprimer. Une minute pour la défense, une minute pour l’accusation. Et le tour de passe passe est joué, la pilule prête à être avalée.

      Vous avez décidé que ce colloque aurait lieu comme prévu, coûte que coûte. Même si cela devait se passer sous haute protection policière. Avec 2 policiers en civil à l’intérieur filtrant au faciès les entrées et des fourgons faisant la ronde autour de l’IMAG. Encore une fois, c’est un choix. Il est contestable. Faire appel à la police pour étouffer la contestation sur un campus universitaire, c’est osé. Transformer un lieu où s’élabore le savoir en bunker, tout autant. Mais alors empêcher, au nom de la« Démocratie », de la « Science », et de la « Liberté d’expression » une action contre des institutions répressives (Frontex/Europol) , avouez que c’est carrément cocasse. Vous avez décidé de « protéger » la tribune offerte à des représentants d’institutions criminelles dont vous reprochez vous-même l’opacité. Les protéger de quoi ? De quelques militant.e.s contre l’Europe-forteresse, solidaires des migrant.e.s persécuté.e.s par ces mêmes institutions. Et venu.e.s joyeusement exprimer leur colère en scandant des slogans. C’est ça votre rôle ? Défendre la liberté de parole des puissants et étouffer les voix minoritaires qui tentent de résister à ces puissants. Vous êtes sérieux , là ?

      Vous avez décidé d’assister passivement à un passage à tabac extrêmement violent dans l’enceinte même où vous discutiez poliment avec Frontex et consort. Des dizaines de personnes se sont faites défoncer à l’aveugle et sans sommations par des flics déchaînés qui ont pénétré en furie dans la salle des débats. Une dizaine de personnes blessées. 4 hospitalisées. Tout ça sous vos yeux. Ne rien faire face à ce déchaînement de violences que vous avez encouragé en vous mettant sous protection de la police est un choix. Il est contestable. J’espère que vous en avez un minimum conscience… parce que la pilule est de moins en moins facile à avaler.

      Et enfin, vous avez décidé de reprendre rapidement les « travaux » sans même attendre que le sang des manifestant.e.s n’ait séché. Comme si rien ne s’était passé. Et en donnant la parole à un autre flic qui n’avait pas été invité, lui, pour taper des militant.e.s, mais pour faire la promo d’Euromed Police : Michel Quillé. Vous avez fait le choix de continuer. Sans rien dire. Sans dénoncer l’usage disproportionné de la force et les violences policières dans la salle de votre colloque. Sans exprimer la moindre solidarité avec les personnes blessées ni chercher à vous enquérir de leur santé. Sans me trahir la moindre émotion. Rien, silence et blagues gênées quand ce n’était pas pour rappeler votre désapprobation de cette action. C’est votre choix, là encore. Il est contestable… mais la pilule ne passe vraiment pas.

      Pour finir en beauté et montrer comme vous êtes cohérent.e.s jusqu’au bout, vous vous êtes plaint.e.s. Vous avez pris le temps de faire une « mise au point ». Vous présentant comme des victimes. Décrivant les contestataires comme une dangereuse menace contre les « libertés universitaires », des gens « tout sauf pacifiques » munis d’un terrible accoutrement (gants, cagoules...). Justifiant l’intervention policière (tiens, rien n’est dit sur leur accoutrement à eux, casques, boucliers, gazeuses, tonfas...). Taisant le déchaînement de violences des flics. Regrettant la « tournure violente » des événements sans en mentionner les véritables auteurs...mais en en faisant porter la responsabilité aux militant.e.s. Bref, racontant les faits avec une rigueur pas très « scientifique ». Mais ce n’est pas grave, vous avez le choix de pouvoir dire n’importe quoi. Et vous avez le droit avec vous, vous qui êtes des experts du droit.

      Un ex-universitaire repenti, déserteur du monde académique

      Article du Daubé du 23 mars 2018
      *
      Mise au point des organisateurs.

    • Frontex invité à l’université : Compte rendu des violences policières

      Indymedia Grenoble fonctionne selon le principe de la publication ouverte, c’est à dire que chacun·e peut y publier une contribution (textes photos, liens). Le collectif de modération n’est pas l’auteur des contributions. Celles-ci n’engagent que leurs auteur·e·s. L’équipe d’administration − comme indiqué dans la charte − n’a pas à porter de jugement collectif sur les contenus publiés.

      https://grenoble.indymedia.org/2018-03-22-Frontex-invite-a-l-universite

    • Communiqué de la FSU - UGA (30 mars 2018)

      L’intervention brutale des forces de l’ordre dans le bâtiment universitaire IMAG le 22 mars 2018 à l’occasion d’un rassemblement de contestation de la politique mise en œuvre par l’agence Frontex a suscité une émotion légitime dans la communauté universitaire. On dénombre une dizaine de blessés par la police, dont 2 lourdement touchés à la tête.

      Une délégation des participants au rassemblement anti Frontex a été entendue par le Conseil d’administration de l’UGA réuni le 23 mars. Il ressort de leurs témoignages que

      1 ) les forces de l’ordre étaient déjà présentes aux abords du bâtiment IMAG, bien avant toute entrée des manifestants dans celui-ci ;

      2) les manifestants n’ont pas pénétré dans les locaux par effraction, les portes étant ouvertes au moment de la pause, leur action consistant à lancer des slogans anti Frontex et à tagger un mur, sans violence physique à l’encontre de quiconque et sans même interrompre le déroulement du colloque, qui était alors en pause.

      3) l’irruption des forces de l’ordre dans le bâtiment IMAG a été totalement disproportionnée par rapport à la gêne occasionnée et a été effectuée avec une brutalité et une violence injustifiables (pas de sommation, pas d’invite à quitter les locaux, coups délibérés, y compris sur les personnes déjà au sol).

      Lors du conseil d’administration, la FSU a interpellé le président Lévy sur les circonstances dans lesquelles la police avait été amenée à stationner sur le campus puis à intervenir dans des locaux universitaires, et demandé que les témoignages soient recueillis le plus largement possible pour faire la clarté sur le déroulement des faits.

      Plus particulièrement, aux questions : la présidence a-t-elle sollicité la présence de la police sur le campus ? a –t-elle été informée de cette présence ? si oui a t-elle donné son accord ? La présidence a-t-elle demandé l’intervention de la police dans les locaux de l’IMAG et l’évacuation des manifestants ?

      Le Président Lévy a répondu :
      – ne pas être à l’origine de la demande d’une surveillance des forces de l’ordre sur le campus dont il ignorait la présence ;
      – ne pas être à l’origine de la demande d’évacuation des manifestants ;
      – être prêt à rappeler au Préfet ses prérogatives en tant que président d’université sur la question de la présence policière sur le campus et dans les bâtiments universitaires ;
      – être prêt à recueillir tous les témoignages et à faire la vérité sur ce qui s’est passé.

      Dans un courrier du 27 mars adressé à Mme la Ministre, le Président Lévy livre une version des faits dont la FSU s’étonne vivement.

      D’une part, cette lettre donne des événements un point de vue unilatéral qui ignore délibérément les nombreux témoignages entendus lors du CA de vendredi 23 mars ; or ces témoignages donnaient des événements une appréciation sensiblement différente, notamment en ce qui concerne la chronologie des faits et l’attitude des policiers.

      D’autre part, elle reste très évasive quant à l’autorisation qu’aurait ou non donnée l’UGA pour une présence massive de policiers sur le campus, le Président Lévy se bornant à évoquer son ignorance du « dimensionnement des moyens déployés » tout en reconnaissant avoir été informé la veille de cette présence policière, contredisant ainsi ses propos tenus devant le CA.

      Ce courrier ne dit pas non plus qui a requis, une fois les manifestants entrés dans le bâtiment IMAG, l’intervention des forces de l’ordre, laissant sous entendre qu’il s’agit là d’une initiative de la police ayant pénétré de son propre chef dans les locaux avant que la décision d’évacuation ait été prise par l’université et signifiée aux forces de l’ordre. Or, la préfecture de l’Isère a tenu à préciser que son intervention n’avait pas été faite à son initiative mais bien à la demande de l’UGA.

      La FSU attend de la Présidence qu’elle s’exprime devant l’ensemble de la communauté universitaire en faisant toute la clarté, grâce à la prise en compte de tous les témoignages, sur le déroulement précis de ces événements et sur sa responsabilité.

      La FSU demande à la Présidence qu’elle respecte les engagements pris devant le CA.

      La FSU s’associe à la condamnation de l’intervention de la police dans des locaux de l’université lors du colloque FRONTEX.

      La FSU condamne le recours à la police par la présidence de l’UGA, en particulier lors des réunions du conseil d’administration les 27 octobre 2017 et 16 février 2018.

    • #Lettre_ouverte Doyen, Présidence et Ministre

      À Mme Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche,
      À M. Lionel Beffre, Préfet de l’Isère,
      À Mme Claudine Schmidt-Lainé, Recteur de l’Académie de Grenoble,
      À Mme Isabelle Lauraire,Chef de Division Enseignement Supérieur, Rectorat d’Académie,
      À M. Patrick Lévy, Président de l’UGA,
      À M. David Dechenaud, Doyen de la Faculté de Droit de l’UGA,

      Grenoble, le vendredi 23 mars 2018

      Objet : Rappel du code de l’éducation et demande d’enquête de responsabilités sur la violente intervention policière au sein du bâtiment IMAG lors du colloque “De Frontex à Frontex” sur le campus de Grenoble

      Madame la Ministre,
      Monsieur le Préfet,
      Madame le Recteur,
      Madame la Chef de Division,
      Monsieur le Président,
      Monsieur le Doyen,

      Par la présente, nous, enseignant.e.s-chercheurs.ses, étudiant.e.s et personnels de l’Université Grenoble-Alpes, tenons à attirer votre attention sur les faits suivants :

      – Un colloque organisé par la faculté de droit de Grenoble s’est déroulé ce jeudi 22 mars à l’Université Grenoble Alpes autour du “service européen des garde-côtes et garde-frontières”. Cette agence est responsable de la répression à l’encontre des migrant-e-s aux frontières de l’Europe, entraînant des centaines de morts chaque année. Outre les enseignant.e.s-chercheurs.ses, des intervenant.e.s de Frontex étaient présent.e.s à ce colloque.
      – Une centaine de personnes, notamment lycéennes, étudiantes, doctorantes, personnels et syndicalistes s’était rassemblée devant le bâtiment où avait lieu ce colloque dans le cadre d’une manifestation pacifique contre cette manifestation scientifique (tract en PJ). Les portes du lieu ayant été ouvertes, les manifestants sont entrés, s’en est ensuivie une intervention policière très violente, de nombreuses personnes présentes subissant de sévères blessures (voir le rappel des faits ci-dessous).
      – L’intervention des forces de l’ordre sur un campus lors d’une rencontre universitaire est intolérable. Seul le président de l’université, garant du maintien de l’ordre, peut demander leur intervention (Code de l’Education, article L712-2 et R 712-1 et ss), ce que la présidence de l’UGA a nié avoir fait publiquement lors du Conseil d’Administration du 23 mars, avant de publier un communiqué de démenti la semaine suivante apprenant l’existence de cette lettre.
      – Cette intervention n’est pas unique mais s’inscrit dans un contexte marqué par des interventions policières violentes sur les campus de Bordeaux, Dijon, Strasbourg, et des menaces d’intervention policière sur le campus de Toulouse.

      En conséquence :
      Nous condamnons l’ensemble des violences policières commises à l’UGA le 22 mars et tenons également à condamner celles ayant eu lieu sur les autres campus.
      Nous demandons à tous les destinataires de cette lettre de se positionner publiquement sur les motifs et la manière dont a été conduite cette intervention policière dans l’enceinte de l’université.
      Nous exigeons de tous les destinataires de cette lettre qu’ils fassent la lumière sur les responsables de cette intervention et les faits susmentionnés.
      Nous exigeons de tous les destinataires de cette lettre qu’ils veillent à ce que les responsables des violences commises par les agents de police à l’encontre des personnes présentes ne restent pas impunis.

      Rappel des faits :
      – Pendant une pause, les portes de la salle étant ouvertes, les manifestant.e.s se sont déplacé.e.s à l’intérieur du bâtiment pour poursuivre pacifiquement leur manifestation.
      – Toutes les portes, à l’exception de celles par lesquelles les manifestant.e.s sont entré.e.s, étaient closes avant même l’entrée des manifestant.e.s. 6 camions de police étaient présents avant même le début de la manifestation convoquée à 15h.
      – L’entrée des manifestant.e.s s’est faite de manière pacifique, ceux-ci continuant, comme ils l’avaient fait dehors, à lancer des slogans contre Frontex. Néanmoins, elle a visiblement créé la panique chez les organisateurs du colloque, des participant.e.s au colloque se voyant refuser de sortir du bâtiment lors de la pause - et ce, avant l’entrée des manifestant.e.s - ayant entendu deux personnes de l’organisation dire “il faut appeler” lors de l’entrée des manifestant.e.s.
      – Dans les minutes suivantes, plusieurs policiers nationaux de la brigade anti-émeute sont entrés dans la salle de conférences. Aucune sommation n’a été formulée par les forces de l’ordre avant usage de la violence. Les policiers ont immédiatement frappé les personnes présentes - en visant particulièrement et clairement les têtes -, des manifestant-e-s, mais également des personnes participant au colloque. Plusieurs personnes - manifestant.e.s et participant.e.s au colloque s’identifiant comme tels - ont été violemment mises dehors, sans qu’elles n’opposent de résistance, sans qu’il ne leur soit demandé de sortir et sans qu’il ne leur soit permis de récupérer leurs affaires. Des personnes battues à coup de matraque ont continué à être frappées par les policiers alors qu’elles étaient à terre et n’opposaient aucune résistance. Une dizaine de personnes a été blessée par la police, dont 4 ont été transportées à l’hôpital et 2 lourdement touchées à la tête.
      – Alors que les manifestant.e.s étaient sorti.e.s, de même que des participant.e.s doctorant.e.s de l’UGA s’identifiant comme tel.le.s alors qu’ils se faisaient sortir violemment de l’amphithéâtre, ils se sont entendus répondre “Ferme ta gueule” à plusieurs reprises par les policiers. Les policiers se sont d’abord placés face à eux en continuant à les provoquer, en insultant plusieurs d’entre eux et en continuant à utiliser leur matraque, y compris à l’encontre d’une personne portant dans ses bras son enfant de 4 ans.

      Signataires (partiel : au 30/3)

      Université Grenoble-Alpes :

      Lauriane Bouvet, ATER, UGA
      Isabelle Krzywkowski, PR, UGA
      Alice Carette, MCF, UGA
      Federico Bellido, ATER, UGA
      Cyril Trimaille, MCF, UGA
      Catherine Frier, MCF, UGA
      Thierry Soubrié, MCF, UGA
      Nicolas Galy, Doctorant, UGA
      Amélie NUQ, MCF, UGA
      Marinette Matthey, PR, UGA
      Fabrice Gilles, docteur, Académie de Dijon
      Charlotte Dejean, MCF, UGA
      Debora Barattin, Doctorante, UGA
      Ulysse Coutaud, Doctorant, UGA
      Fabienne Agasse, MCF, UGA
      Marie Thirion, Etudiante, UGA
      Olga Bronnikova, MCF, UGA
      Sarah Mekdjian, MCF, UGA
      Laurent Gallardo, MCF, UGA
      Jean-Yves Tizot, MCF, UGA
      Cristina Del Biaggio, MCF, UGA
      Caroline Rossi, MCF, UGA
      Franck Gaudichaud, MCF, UGA
      Emmanuelle Eggers, PRAG, UGA
      Olga Lobo, MCF, UGA
      Anna Claudia Ticca, ATER, UGA
      Nina Soleymani, ATER, UGA
      Claire Wolfarth, Doctorante, UGA
      Emmanuelle Puissant, MCF, UGA
      Benjamin Levy, Doctorant, UGA
      Murielle Chatel, BIATSS, UGA
      Alexandre Demeure, MCF, : UGA
      Eva Deront, Doctorante, UGA
      Ricardo Salas Rivera, DCE, UGA
      Charlotte Imbert, Etudiante, IEPG
      Grange Julia, Etudiante, LCE UGA
      Anthony Pecqueux, CR CNRS, ENSAG
      Philippe Flory, Doctorant, UGA
      Frédéric Gonthier, MCF, IEPG
      Marie Ducruet, BIATSS, UGA
      Manon Dié , Étudiante , LCE UGA
      Hélène Caune, MCF, IEPG
      Carole Durand, BIATSs, UGA
      Alicia Oudaoud, ATER, UGA
      Anne Cayuela, PR, UGA
      Lison Leneveler, Doctorante, UGA
      Belen Molina Concha, CGT-Ferc Sup Grenoble, CGT UD38
      Maria Ferraro MCF retraitée UGA
      Oriane Sulpice, Doctorante, UGA
      Jérôme Ferrand, MCF, UGA
      Paul Bourgues, Doctorant, UGA
      Amélie Stoecklé, Doctorante, UGA
      Zérah Brémond, ATER, UGA
      Elsa Guillalot, MCF, UGA
      Gwenaël Delaval, MCF, UGA
      Claire Barraud, PRCE, UGA
      Aurore Meyfroidt, post-doctorante, UGA
      Laurent Terrier, IGE, G-INP
      Souad HOUAMA, UGA
      Mitra KAFAI
      Eric GUINET, UGA
      Benoît Rey, UGA
      Marta Ruiz Galbete, MCF, UGA
      M.-H. Lachaud, docteure, UGA
      Théa Manola, ENSAG/UGA
      Mathilde Piau, Etudiante, UGA
      Bénédicte Fischer, MCF, UGA
      Jean-François Carcelen, PR, UGA
      Cornillon Françoise, PRAG, UGA
      Pierre Badin, DR, CNRS
      Sofia Laviola, étudiante, UGA
      Amélie Imbert, MCF, UGA
      Léa Garénaux, Etudiante, UGA
      Salomé Pairone, Etudiante, UGA et IEPG
      Mathilde Regad, Doctorante, UGA
      Grégoire Charlot, MCF, UGA
      Ilaria Taddei, MCF, UGA
      Alain Drillat, PRAG, UGA
      Mathilde Noëlle Mougin, Doctorante, UGA
      Raphaël Rossignol, MCF, UGA
      Naïma Ghermani, MCF, UGA
      Ethlinn Weber, Etudiante, UGA
      Jean-Loup De Saint-Phalle, Etudiant, UGA
      Lucas Vandendriessche, Etudiant, IEPG
      Elisa Santalena, MCF, UGA
      Jean-François Massol, PR, UGA
      Audrey Dominguez, Doctorante, UGA
      Marianne Prévost, bibliothécaire, UGA
      Didier Piau, PR, UGA
      Clémentine Martin, Etudiante, UGA
      Viviane Clavier, MCF, UGA
      Pascale Roux, MCF, UGA
      Rémi Clot-Goudard, MCF, UGA
      Pierre-André Cheminant, doctorant, UGA

      Signataires des autres universités :

      Matthieu Renault, MCF, Université Paris Vincennes Saint-Denis
      Anna Zaytseva, MCF, Université Toulouse 2 Jean Jaurès
      Anna Shapovalova, ATER, Université Lyon 2 ; doctorante Sciences Po
      François Valegeas, MCF, Université Paul-Valéry Montpellier 3
      Benjamin Ferron, MCF, Université Paris-Est Créteil
      Jérôme Valluy, MCF, Université Panthéon-Sorbonne - Paris 1
      Daria Saburova, doctorante, Université Paris Nanterre
      Baptiste Kotras, postdoc, Université Paris-Est
      Wenceslas Lizé, MCF, Université de Poitiers
      Julien Leers, BIATSS, Université de Paris 1
      Daphné Le Roux, doctorante, Université Paris Nanterre
      Isabelle Désert, professeur EPS Université Paris 1
      Maud Benayoun, BIATSS, Université Paris 1
      Tom Goldman, doctorant, Université Paris-Dauphine
      Hayat Benkhelifa, MCF, AgroParisTech
      Sarah Leperchey, MCF, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
      Pierre Sauvêtre, MCF, Université Paris Nanterre
      Paul Guillibert, doctorant, Université Paris Nanterre
      Hugo Dumoulin, doctorant, Université Paris Nanterre
      Enrique Klaus, postdoctorant ERC-TARICA, IRMC, Tunis
      Guillaume Gourgues, MCF, Université de Franche-Comté
      Chantal Jaquet, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
      Lucie Laplace, doctorante, Université Lumière Lyon 2
      Luc Vincenti, Université Paul Valéry Montpellier 3
      Morane Chavanon, ATER, Université Lyon 2
      Vaillant Zoé, MCF Paris Nanterre
      Garnoussi Nadia, MCF Université de Lille
      Cohen-Halimi Michèle, PR Université de Paris 8
      Victor Violier, doctorant, Université Paris Nanterre
      Iacopo Adda, doctorant, Université de Genève
      Bertrand Binoche, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
      Hélène Nessi, MCF Université Paris Nanterre
      Aurélie Quentin, MCF Université Paris Nanterre
      Hector Uniacke, Etudiant, Université Paris Vincennes Saint-Denis
      Aliènor Bertrand, CR, CNRS-Faculté de droit de Montpellier
      Sarah Sajn, doctorante, Sciences Po Aix / CHERPA
      Frédérique Leblanc, MCF, Université Paris Nanterre
      Camille Vergnaud, doctorante Université Paris Nanterre
      Pascal Bonnard, MCF, Université Jean Monnet de Saint-Etienne
      Hanna Perekhoda, étudiante, Université de Lausanne
      Raphaël Sablong, MCF, Université Lyon 1
      Sophie Roux, PR, Ecole normale supérieure
      Antoine Lévêque, Doctorant ATER, IEP de Lyon
      Antoine Renaud, Doctorant, ENS de Lyon
      Elena Smirnova, Doctorante, Université Paris Diderot - Paris 7
      Claire Thouvenot, Doctorante, Université Paris Nanterre
      Selim Nadi, Doctorant, Centre d’histoire de Sciences Po/Universität Bielefeld
      Selin Le Visage, Doctorante, Université Paris Nanterre
      Julie Marquet, Doctorante, Université Paris 7
      Soazig Le Bihan, Professeure Associée, Université du Montana
      Vinicius Kauê Ferreira, Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
      Citlalli Dominguez, Doctorante, Sorbonne Université, Faculté des Lettres
      Anne Didelot, PRCE, Université de Lorraine
      Hélène Blaszkiewicz, Doctorante, Université de Lyon
      Jean-Pierre Terrail, professeur honoraire, université de Versailles-Saint-Quentin
      Sylvain Bertschy, Doctorant, Université Paul Valéry Montpellier III
      Sahar Aurore Saeidnia, Postdoctorante, IREMAM-MMSH, Aix-en-Provence
      Fanny Vincent, post-doctorante, CEET-CNAM
      Alice Simon, ATER, Université de Montpellier
      Tristan Poullaouec, MCF, Université de Nantes
      Julien O’Miel, MCF, Université de Lille
      Chowra Makaremi, CR, CNRS, IRIS
      David Do Paço, chercheur et enseignant, CHSP, Sciences Po
      Rachel Vanneuville, CR, CNRS, Triangle Lyon
      Antonio Ramos Ramírez, ATER, Université de Versailles-Saint-Quentin
      Kristina Kovalskaya, Doctorante, EPHE-PSL Paris
      Caroline Guibet Lafaye, directrice de recherche, Cnrs, Univ. de Bordeaux
      Dominique Glaymann, professeur de sociologie, Université d’Evry Paris-Saclay
      Grégoire Le Quang, ATER, Université Lyon 2
      Maria Emanovskaya, doctorante, INALCO
      Davide Gallo Lassere, postdoc, Sophiapol, Université Paris Ouest
      Tatyana Shukan, lectrice, Université Paris-Sorbonne
      Nataliya Puchenkina, doctorante, Université de Tours
      Josua Gräbener, chargé de cours, Université Lille 2 (docteur IEPG)

      Signataires citoyen.nes

      Pierre Gaillard LDH Délégué Régional
      Paola Bonilla, Isère
      Nathalie Durindel, enseignante dans le second degré, Isère
      Elsa Quintin, professeur agrégée Arts Plastiques
      Anaïs Coulin, enseignante dans le second degré, Isère
      Quentin Latasse, enseignant-stagiaire dans le second degré, Isère
      Marie Bouvet, adjoint du patrimoine, Rhône
      Hélène Bouvet, retraitée, Haute- Savoie
      Estelle Flory, éditrice, Seine-et-Marne
      Perrine Olff-Rastegar - UJFP Alsace - Strasbourg
      Christiane Vollaire - Programme Non-lieux de l’exil (EHESS-Inalco)

      https://docs.google.com/document/d/1bKh1uQqj83ZvmOBWhRsMK0nukhIJjb_oleft667f-ws/edit

    • Lettre ouverte aux organisateurs du colloque de « Frontex à Frontex »
      –-> résumé des faits et des opinions

      Pour faire suite à l’organisation de deux journées « Frontex » à l’université de Grenoble, leur perturbation et l’intervention des forces de l’ordre sur le campus...

      https://lundi.am/local/cache-vignettes/L1200xH554/arton1257-bd727.png?1522751525
      https://lundi.am/Lettre-ouverte-aux-organisateurs-du-colloque-de-Frontex-a-Frontex

    • Au-delà de la loi ORE, les étudiants grenoblois sont mobilisés contre Patrick Lévy et demandent sa démission. Ils lui reprochent d’avoir demandé à la préfecture de l’Isère, le 22 mars dernier, l’évacuation d’un colloque sur l’agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), organisé sur le campus et envahis par des étudiants et militants protestataires. L’évacuation musclée par la police a été qualifiée de « violente » par les étudiants qui déplorent quatre blessés soignés à l’hôpital, dont deux pour des plaies ouvertes.

      http://www.liberation.fr/france/2018/04/05/grenoble-un-batiment-de-la-fac-bloque_1641355

  • La révolte des prostituées de Saint-Nizier | Sur les docks
    https://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/la-revolte-des-prostituees-de-saint-nizier?platform=hootsuite

    En juin 1975, plusieurs centaines de #travailleuses_du_sexe ont occupé des églises catholiques à travers toute la France pendant huit jours. Une bannière avait été suspendue au clocher gothique de l’Eglise #Saint_Nizier à #Lyon où tout a commencé. La bannière proclamait : "Nos enfants ne veulent pas que leurs mères aillent en prison". Les femmes protestaient contre le harcèlement de la police, la fermeture des "hôtels" où elles travaillaient et une série de #meurtres brutaux non résolus de #prostituées.

    C’est la première fois qu’une « #grève » des travailleuses du sexe eut une répercussion mondiale dans les médias. Le 2 juin est célébré dans le monde entier comme étant la Journée Internationale des Prostituées et la grève marque le début du mouvement contemporain des droits des travailleuses du sexe.

    La réalisatrice de ce #documentaire, Eurydice Aroney, eut vent de l’histoire de cette grève dans les années 1980, alors qu’elle était une jeune activiste et distribuait des préservatifs dans les maisons closes et dans les rues de Sydney. Avec ce documentaire, elle remonte le temps avec l’aide des occupants de l’église de l’époque, y compris le prêtre catholique qui risqua sa réputation pour apporter son soutien à ces femmes.

    Le documentaire s’appuie sur des #archives, dont l’autobiographie de l’une des organisatrices de la grève, et des enregistrements des bulletins d’informations-radio quotidiens dans les villes ou les grèves eurent lieu.

    Avec :
    Alexis Caraco
    Père Louis Blanc
    Maria de Lourdes
    Lilian Mathieu, Directeur de recherche au CNRS (Centre Max Weber, ENS Lyon)
    Des bénévoles de l’Eglise Saint Nizier
    Texte deBarbara and Christine de Coninck La partagée (Editions de Minuit) lu par Juliette Roudet
    Extraits du documentaire Les Prostituées de Lyon parlent , par Carole Roussopoulos (1975)
    Archives INA avec l’aide de Sabine Dahuron
    Musique originale Stuart Brown , à la clarinette Elena Jeffries
    Avec le concours d’Alexis Caraco, Nicole Gooch, Albert Lecoanet, Tom Morton
    Et la contribution exceptionnelle de Kaye Mortley

  • Séminaire quantitativisme réflexif 2017-2018 – QUANTI / Sciences sociales
    http://quanti.hypotheses.org/1361

    8 décembre 2017 – « L’effet performatif des classements universitaires : la polarisation sociale des universités françaises », Romain Avouac (ACIDES – IDHES, ENS Paris-Saclay)

    19 janvier 2018 – « Le recrutement à l’ENS en filière scientifique. Déterminer l’effet propre du concours au prisme du genre et du milieu d’origine », Alice Pavie (ENS Paris-Saclay)

    16 février 2018 – « Apport méthodologique de la science des réseaux pour l’analyse de corpus de documents juridiques », Fabien Tarissan (ISP, ENS Paris-Saclay)

    23 mars 2018 – « Le codage et le langage. Le temps de travail des chômeurs au péril des instruments de placement », Hadrien Clouet (CSO, Sciences Po)

    6 avril 2018 – « Quantifier les violences ouvrières à partir de leur quantification ? Les conflits aux usines Citroën dans les années 1970-1980 », Vincent Gay (LSCP, Paris 7)

    25 mai 2018 – « Comment étudier la spécialisation d’un groupe militant ? L’exemple du traitement des questions coloniales dans le Parti travailliste britannique et le Parti socialiste français durant l’entre-deux-guerres », Quentin Gasteuil (ISP, ENS Paris-Saclay)

    22 juin 2018 – Présentation et discussion des travaux des élèves du département de sciences sociales

  • La #revue #Tracés en #open_access désormais...

    #Tracés

    La revue de sciences humaines Tracés, éditée par ENS Éditions, réunit deux fois par an des auteurs issus de diverses disciplines autour d’un thème ou d’un problème commun traversant les #sciences_humaines. Parfois, il s’agit de rendre compte d’un débat ancien qui a pris un tour nouveau en raison de l’actualité éditoriale ou d’événements politiques. D’autres fois, l’ambition est de soumettre à une interrogation croisée une notion que les multiples traditions intellectuelles et disciplinaires abordent en ordre dispersé ou bien encore tenter des rapprochements plus spéculatifs autour d’un terme aux usages mal contrôlés. La conviction profonde de Tracés est que le dialogue interdisciplinaire est non seulement possible mais fécond.

    http://traces.revues.org

  • L’utilisation des images au cœur de l’affaire du quai de Valmy

    http://www.liberation.fr/debats/2017/09/28/l-utilisation-des-images-au-coeur-de-l-affaire-du-quai-de-valmy_1599649

    Le procès de l’attaque d’un véhicule de police s’est achevé mercredi. Des spécialistes de l’image dénoncent le poids des photos et des vidéos et rappellent qu’il faut toujours confronter ces procédés à d’autres discours.

    Pour en avoir côtoyé un grand nombre, pour les mettre en scène ou les créer, nous savons qu’une image ne vaut rien en elle-même, qu’elle est indissociable d’un discours, d’un montage, d’autres images. Si certains militants ont qualifié cette affaire de montage policier, nous pouvons reprendre le mot à notre compte : l’enquête de police n’est rien d’autre qu’un montage photo dérisoire, marqué par quelques flèches rouges ici et là, pointées vers une chaussure ou un « regard cerné » sous une cagoule, comme pour dire : « La vérité est ici et pas ailleurs. »

    Premiers signataires : Eric Baudelaire, plasticien, cinéaste ; Nicole Brenez, professeur en études cinématographiques ; Dominique Cabrera, cinéaste ; Laurent Cantet, cinéaste ; Carmen Castillo, cinéaste ; Sylvain Creuzevault, metteur en scène ; Émilie Deleuze, cinéaste ; Marie Desplechin, romancière ; Georges Didi-Huberman, philosophe et historien de l’art, EHESS ; Yann Gonzalez, cinéaste ; Patrick Grandperret, cinéaste ; Alain Guiraudie, cinéaste ; Nicolas Klotz, cinéaste ; Marie-José Mondzain, philosophe ; Gérard Mordillat, romancier et cinéaste ; Olivier Neveux, professeur d’études théâtrales, ENS de Lyon ; Océanerosemarie, auteure et comédienne ; Jean-Gabriel Périot, cinéaste ; Jean-François Sivadier, metteur en scène ; Tardi, dessinateur-auteur de BD ;

  • La méthode historique appliquée aux sciences sociales - Méthode historique et sciences sociales - ENS Éditions
    http://books.openedition.org/enseditions/492

    Sciences sociales vs Histoire :

    Mais, dès qu’on cherche à délimiter pratiquement le terrain de l’histoire, dès qu’on essaie de tracer les limites entre une science historique des faits humains du passé et une science actuelle des faits humains du présent, on s’aperçoit que cette limite ne peut pas être établie, parce qu’en réalité il n’y a pas de faits qui soient historiques par leur nature, comme il y a des faits physiologiques ou biologiques.

    les « faits passés », par opposition aux faits actuels qui sont l’objet des sciences descriptives de l’humanité. C’est précisément cette opposition qu’il est impossible de maintenir en pratique. Être présent ou passé n’est pas une différence de caractère interne, tenant à la nature d’un fait ; ce n’est qu’une différence de position par rapport à un observateur donné.

    Est historique tout fait qu’on ne peut plus observer directement parce qu’il a cessé d’exister. Il n’y a pas de caractère historique inhérent aux faits, il n’y a d’historique que la façon de les connaître. L’histoire n’est pas une science, elle n’est qu’un procédé de connaissance.

    Ainsi, il faut appliquer d’abord la méthode historique aux sciences sociales, pour interpréter les documents, dont on a besoin dans tous les cas où la connaissance ne peut être qu’indirecte (et en pratique presque tous les faits des sciences sociales sont recueillis par la méthode indirecte). – Puis, quand les faits sont réunis, il faut pour les grouper suivre une méthode identique à celle de l’histoire, car il s’agit de former un ensemble avec des faits recueillis presque tous par des procédés historiques.

    #histoire #sciences_sociales #méthode

  • Sur sa page d’accueil, le site du Comptoir des presses d’universités (qui réunit l’ensemble des presses universitaires de France) propose une sélection bibliographique (ouvrages très récents) autour des paradoxes de l’internement administratif des étrangers en France.

    Les centres de rétention administrative (CRA) sont utilisés en France pour l’enfermement des étrangers en instance d’éloignement du territoire. Paradoxaux, ces espaces de confinement sont des lieux répressifs gérés par la police qui doivent simultanément respecter les principes de « l’Etat de droit », et incluent dans leur personnel des intervenants associatifs chargés de faire respecter les droits des personnes enfermées.En croisant l’analyse d’archives et une enquête ethnographique de 5 mois dans un centre de rétention, l’auteur analyse les origines, le déploiement contemporain, et les effets sociaux inattendus de la tension entre répression et respect des droits.

    Nicolas Fischer, 2017, Le territoire de l’expulsion. La rétention administrative des étrangers et l’État de droit dans la France contemporaine, ENS Éditions, 350 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100901150

    Les centres de rétention administrative sont aujourd’hui des relais essentiels du contrôle de l’immigration irrégulière. Ils relèvent d’un schéma répressif inhabituel en démocratie : héritiers des camps d’internement du passé, ils permettent en effet l’enfermement extra-judiciaire, sur décision d’un préfet, d’étrangers qu’il ne s’agit pas de sanctionner mais seulement de maintenir sous contrôle pour mieux préparer leur « éloignement ». Mais ce format particulier de répression est également à l’origine de la critique de la rétention : sommés de respecter « l’Etat de droit », les centres se doivent de respecter concrètement les droits fondamentaux des personnes. C’est à ce titre que des militants associatifs spécialisés dans le droit des étrangers y interviennent depuis 1984.

    Sarah Mazouz, 2017, La République et ses autres. Politiques de l’altérité dans la France des années 2000, ENS Éditions, 300 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100293490 (version en ligne bientôt disponible)

    La France a-t-elle peur de ses autres ? En revenant sur les discours et les pratiques qui se formalisent ces dernières années, Sarah Mazouz interroge les « politiques françaises de l’altérité ». A partir d’une enquête ethnographique,elle montre comment s’articulent dans l’espace social les questions de l’immigration, de nation et de la radicalisation.

    Lucie Daudin (dir.), 2017, Accueillir des publics migrants et immigrés. Interculturalité en bibliothèque, Presses de l’enssib, 180 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100653590

    Immigrés, migrants, étudiants : les publics des bibliothèques sont, à l’image de notre société, multiculturels. Comment accompagner un parcours d’intégration ?

    Johannes Bühler, 2016, Au pied de la forteresse. Rencontres au Maroc, aux frontières de l’Europe, Éditions Antipodes, 280 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100627660

    Sous forme de reportage, l’auteur donne la parole à une quinzaine de personnes bloquées au Maroc dans leur voyage désespéré vers l’Europe. Au travers leurs récits authentiques et plein de suspens, ils nous montrent comment leur histoire est inéluctablement liée à la nôtre, tandis que se dessine avec réalisme une image du contexte de ces migrations.

    Catherine Wihtol de Wenden, 2016, Migrations : une nouvelle donne, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 184 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100101760

    L’année 2015 a été marquée par des flux de réfugiés sans précédent vers l’ Europe. Par delà les effets de la crise syrienne et du voisinage de l’Europe avec des pays en crise, producteurs de demandeurs d’asile à travers la méditerranée, le phénomène s’est révélé être mondial, structurel et durable depuis plus longue date.

    Giulia Fabbiano, 2016, Hériter 1962. Harkis et immigrés algériens à l’épreuve des appartenances nationales, Presses Universitaires de Paris Ouest, 266 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100088730

    Cet ouvrage apporte un éclaircissement empirique important sur les zones d’ombre qui hantent l’universalisme républicain et, plus généralement, les sociétés postmodernes : la saillance de l’ethnicité, la nature et la place des frontières entre groupes, les dynamiques et les imaginaires postcoloniaux.

    Laurent Vidal et Alain Musset (dir.), 2015, Les territoires de l’attente. Migrations et mobilités dans les Amériques (XIXe-XXIe siècle), Presses universitaires de Rennes, 306 p.
    http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100776670

    Les phénomènes de mobilité et de déplacement s’affirment comme des caractéristiques majeures de nos sociétés contemporaines. Pour autant, loin d’être fluides, homogènes ou linéaires, ces déplacements sont ponctués de temps, plus ou moins longs, d’attente.

    #CRA #Centres_de_Rétention_Administrative #Accueil #Migrations #Migrants #Droit_d_Asile #Asile #Géographie_des_Migrations #Frontières #Géographie_des_Frontières #Postcolonialisme

  • L’oubli, mécanisme clé de la mémoire

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/08/21/l-oubli-mecanisme-cle-de-la-memoire_5174858_1650684.html

    C’est parce que les détails de nos souvenirs s’effacent que nous pouvons agir, nous adapter au quotidien, acquérir de nouvelles connaissances. Immersion dans les mécanismes de l’oubli qui, lorsqu’il se fait massif, peut être le symptôme d’une maladie ou d’une lésion cérébrale.

    « Dans sa chute, il avait perdu ­connaissance ; quand il était ­revenu à lui, le présent ainsi que les souvenirs les plus anciens et les plus banaux étaient devenus intolérables à force de richesse et de netteté. Il s’aperçut peu après qu’il était infirme. (…) Sa perception et sa mémoire étaient maintenant infaillibles. »

    Cette fiction de Jorge Luis Borges (1899-1986), Funes ou la ­mémoire (1942), est inspirée d’une histoire vraie : celle d’un patient, « S. », suivi par le psychologue russe Alexandre Luria (1902-1977). Funes ou l’impossible oubli. Peut-être ­enviez-vous ce jeune homme pour sa capacité quasi illimitée de stockage et de rappel de ses souvenirs ? Eh bien, vous avez tort. Le cadeau était empoisonné.

    Nous devrions bénir nos facultés d’oubli. Car une « bonne mémoire » doit certes nous permettre de retenir durablement l’essentiel de nos savoirs et de nos expériences. Mais elle doit aussi, et c’est primordial, parvenir à effacer ­l’accessoire, le superflu. Les Grecs anciens, déjà, l’avaient pressenti. Mnémosyne, déesse de la mémoire, n’a-t-elle pas enfanté les Muses, « qui procurent l’oubli des maux et la fin des douleurs », selon Hésiode dans La Théogonie ?

    « En dehors du contexte très particulier des maladies de la mémoire, les deux termes “mémoire”et “oubli” sont loin de représenter deux fonctions ­antagonistes. Ils répondent aux mêmes objectifs, car l’oubli est indispensable au bon fonctionnement de la mémoire », résume Francis Eustache, neuropsychologue, directeur d’une unité Inserm (université de Caen-Normandie) et directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), dans Mémoire et oubli (Le Pommier, 2014).

    « La condition même de l’action »

    Cet oubli « positif » rend notre mémoire performante, nous permet de forger des ­concepts et d’adapter nos comportements aux situations nouvelles. Bref, il nous rend plus intelligents !

    A première vue, c’est paradoxal. Pourtant, plusieurs philosophes et psychologues en ont eu l’intuition. « L’oubli, sauf dans certains cas, n’est pas une maladie de la mémoire, mais une condition de sa santé et de sa vie », écrivait Théodule Ribot, un des pères de la psychologie, dans Les Maladies de la mémoire (1882).

    « Pour Henri ­Bergson, l’oubli est la condition même de l’action. Son filtre ne laisse passer que les souvenirs utiles à l’action présente », notent le neurologue Antoine Lejeune et le psychiatre Michel Delage dans La Mémoire sans souvenir (Odile Jacob, 336 p., 25,90 euros).

    Publié dans Neuron le 21 juin, un article en ­offre une éclatante démonstration : il récapitule les données accumulées depuis près de cent cinquante ans. « Il est capital que le cerveau oublie les détails sans importance pour se focaliser sur ce qui compte vraiment dans nos prises de décision quotidiennes », résument Blake Richards et Paul Frankland, coauteurs, de l’université de ­Toronto (Canada).

    Ces chercheurs rendent d’abord hommage aux patients souffrant de divers troubles de la ­ mémoire, qui ont inspiré nombre de découvertes. Il y a, d’abord, ceux qui n’oublient pas. Dont le fameux « S. » : Solomon Cherechevski de son vrai nom.

    « C’était probablement un synesthète [un individu capable d’associer différents sens, par exemple un son à une couleur] et il utilisait spontanément la méthode des lieux [qui apparie les connaissances à retenir à des lieux bien ­connus] », précise le professeur Robert Jaffard, du Centre national de la recherche scientifique, à l’université de Bordeaux.

    Les ravages d’une mémoire insatiable

    Destin funeste, en vérité, que celui de ce Funes, alias « S. ». Voici ce qu’en dit Borges : « Non seulement il lui était difficile de comprendre que le symbole générique chien embrassât tant d’individus dissemblables et de formes diverses ; cela le gênait que le chien de trois heures quatorze (vu de profil) eût le même nom que le chien de trois ­heures un quart (vu de face). (…) Il avait appris sans effort l’anglais, le français, le portugais, le ­latin. Je soupçonne cependant qu’il n’était pas très capable de penser. Penser, c’est oublier des différences, c’est généraliser, abstraire. »

    La nouvelle illustre bien les ravages d’une mémoire ­insatiable, absorbant et retenant tout – monstrueuse et paralysante. « Les cas d’hypermnésie sont rarissimes et très ­intrigants. Ce sont sans doute des troubles neuro-développementaux. Personnellement, je n’en ai ­jamais rencontré », ­témoigne Francis Eustache.

    En 2006, le neurologue James McGauch, de l’université de Californie, a décrit le cas d’une jeune femme, Jill Price, qui considérait sa ­mémoire autobiographique exceptionnelle comme « un fardeau ». Une dizaine de cas similaires ont été rapportés.

    Paradoxalement, ces as de la mémoire autobiographique ont des performances médiocres dans des tests de mémoire. Ils se distinguent des champions de la mémoire, ces « mnémonistes » capables de retenir, à la suite d’un entraînement ­intense, une masse d’informations impersonnelles : par exemple, des dizaines de milliers de décimales de Pi. Certains, comme Raymond dans Rain Man, sont des « savants autistes ». Sur le plan neurobiologique, ces hypermnésies sont des mystères.

    Retombées pédagogiques

    Bien plus nombreux sont les patients qui oublient trop. Ainsi K. C., décédé en 2014, était ­ devenu amnésique à la suite d’un accident de vélomoteur à l’âge de 30 ans. Il pouvait évoquer des connaissances antérieures, y compris sur sa propre vie [« mémoire sémantique »], mais pas accéder à ses souvenirs personnels [« mémoire épisodique »]. « Ce patient a permis de faire la distinction entre ces deux formes de mémoire », note Francis Eustache. Plus étonnant encore : alors qu’il ne formait plus aucun souvenir personnel, K. C. pouvait apprendre de nouveaux concepts.

    Ce type d’études a des retombées pédagogiques. Les rééducateurs le savent : les amnésiques doivent éviter de faire des erreurs lors de l’apprentissage d’une procédure. « Si un amnésique fait une erreur, il va généralement la mémoriser et la reproduire », relève Francis Eustache.

    Autres cas étonnants : les enfants qui naissent avec des lésions de l’hippocampe. Alors qu’ils forment très peu de souvenirs, ils acquièrent le langage et engrangent des connaissances, comme n’importe quel autre enfant. Mais, de ­retour de l’école, ils sont incapables de raconter des anecdotes de leur journée. Cela conforte « l’hypothèse que des connaissances peuvent être formées sans accéder au statut de souvenir », une idée à contre-courant des dogmes passés.

    Les tours et détours du duo « mémoire-oubli » sont ainsi innombrables. « De récentes recherches ont montré que les mécanismes neuronaux à l’origine de l’effacement des souvenirs sont distincts de ceux qui en assurent le stockage », écrit Paul Frankland dans Neuron.

    Prenons d’abord le stockage. Comment se forme un souvenir dans le cerveau ? « C’est grâce à la mise en réseaux des neurones qui ont été activés, ensemble, par les données à mémoriser ou par un apprentissage, explique Robert ­Jaffard. Mais le premier encodage du souvenir est instable. Pour laisser une trace mnésique, ces ­réseaux doivent être consolidés. »

    Mécanismes d’effacement

    Cette consolidation peut résulter de la relecture d’une leçon, par exemple. Elle est liée au renforcement durable des ­connexions, ou « synapses », entre les neurones de ces réseaux. Une partie d’entre eux se trouve dans l’hippocampe, zone impliquée dans la formation de la mémoire.

    Quant aux mécanismes d’effacement, ils sont de deux types. Le premier est logique : il tient en l’affaiblissement des synapses, dans les réseaux de neurones qui matérialisent les traces mnésiques. Le processus est connu : c’est la « dépression synaptique à long terme (LTD) ». Quand un neurone A ne parvient pas à exciter un neurone B, alors la connexion – la synapse – entre A et B perd de son efficacité. D’où un déclin passif, quand le souvenir n’est pas consolidé.

    Le second mécanisme est contre-intuitif : il vient de la ­formation de nouveaux neurones, à partir de cellules souches du cerveau. Une découverte réalisée par Paul Frankland en 2013. En fait, précise Robert Jaffard, la formation de nouveaux neurones entraîne des effets opposés selon le moment où elle se produit. « Lors de l’encodage d’un souvenir, elle facilite grandement sa mémorisation. » Mais après, c’est le contraire : « Après un apprentissage, quand on provoque artificiellement la formation de nouveaux neurones, on entraîne son oubli. »

    Un troublant parallèle

    Pourquoi ? Parce que ces nouveaux neurones s’intègrent dans le circuit de l’hippocampe où la trace mnésique est stockée. Ils créent alors des interférences, polluant et affaiblissant ce ­ circuit. « Ce processus expliquerait pourquoi les enfants, qui forment beaucoup de nouveaux neurones, oublient si facilement », soulignent les auteurs dans Neuron.

    On peut s’étonner que le cerveau consacre tant d’énergie à créer des neurones aux seules fins d’affaiblir des souvenirs. C’est que l’enjeu est ­vital. Le texte publié dans Neuron le confirme par l’étude des réseaux de neurones artificiels.

    Troublant parallèle, en vérité : en intelligence ­artificielle aussi, l’oubli peut être une vertu ! Ainsi, dans « l’apprentissage machine », des algorithmes apprennent à des ordinateurs à effectuer une ­tâche – un classement, par exemple – à partir d’une série d’expériences, puis à améliorer leurs performances sur de nouvelles expériences.

    « L’objectif de l’apprentissage machine n’est pas de stocker toutes les données – ce qui se révèle impossible dans le cas des big data – pour s’en “souvenir”, mais d’en retenir quelque chose d’essentiel réutilisable dans des contextes différents de ceux qu’on a ­appris »,écrit Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris), dans Mémoire et oubli. Lorsque l’ordinateur ­apprend trop de détails, ce « sur-apprentissage » est contre-productif.

    De l’importance du sommeil

    Revenons à l’humain. « Une fois le souvenir ­encodé, sa trace mnésique va migrer de l’hippocampe vers le cortex, dit Robert Jaffard. Cette ­migration s’accompagne d’une forme d’oubli : les informations stockées dans le cortex sont moins précises, plus schématiques », indépendantes du contexte. C’est le processus de « sémantisation ». L’oubli nous aide ainsi à généraliser, à conceptualiser.

    Ainsi une bonne mémoire est une mémoire qui hiérarchise et sélectionne. « Le sommeil lent joue un rôle-clé dans cette sélection. Il permet le tri entre ce qui sera archivé et ce qui sera effacé », rappelle Robert Jaffard. Mais il est aussi propice à la consolidation des savoirs acquis durant la journée.

    « Pendant le sommeil lent et paradoxal, le cerveau rejoue les activités neuronales correspondant au souvenir, ce qui le renforce. Cela a été montré chez le rongeur avec les “cellules de lieux”, ces neurones qui codent la carte de l’environnement spatial. Quand l’animal dort, ces cellules ­rejouent le trajet qu’il a suivi durant la journée », ­explique Serge Laroche, du CNRS (Institut des neurosciences Paris-Saclay).

    Une étude française, publiée le 8 août dans ­Nature Communications, révèle que le sommeil fait mieux : nous pouvons aussi apprendre de nouvelles choses en dormant.

    En exposant des volontaires humains à des stimuli sonores répétés, des chercheurs du CNRS à Paris (ENS/EHESS), avec le Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (AP-HP), montrent que le cerveau parvient à ­apprendre des sons pendant le sommeil paradoxal et le sommeil lent léger. Au réveil, les sujets testés reconnaissent les bruits qu’ils ont entendus durant ces deux phases. « On peut donc utiliser les siestes courtes du début de l’après-midi, riches en sommeil lent léger, pour favoriser l’apprentissage », noteThomas Andrillon, coauteur. Mais l’étude montre aussi que ces mêmes sons peuvent être oubliés durant le sommeil lent profond.

    Jaillit alors le souvenir

    L’oubli dépend de trois filtres, qui opèrent ­durant l’encodage, la consolidation ou le rappel du souvenir. « On peut penser qu’on oublie bien moins qu’on ne le croit. Une partie de l’oubli serait un déficit du rappel des détails, dont la trace pourrait rester présente dans le cerveau. Il faut alors trouver les éléments contextuels permettant de les réactiver », précise Serge Laroche.

    C’est là qu’entre en jeu une autre mémoire, plus souterraine, qui opère à notre insu. « Face à une mémoire explicite [consciente] toujours fragile, laborieuse, coûteuse en énergie, la mémoire implicite [inconsciente], solide, robuste, s’impose souvent », expliquent Antoine Lejeune et Michel ­Delage dans La Mémoire sans souvenir.

    Très liée aux émotions et aux perceptions, cette mémoire implicite peut bloquer ou au contraire ouvrir l’accès à certains éléments de notre passé. Elle est « d’abord la mémoire oubliée des premières ­empreintes de la vie. »

    « Une information du monde intérieur [le vécu, l’humeur, le plaisir ou la souffrance] rencontre une information du monde extérieur [l’autre, le paysage, une chanson…]. » Jaillit alors le souvenir, rassemblant les fragments épars des éléments du passé. « Le contrôle est un tout petit élément de la mémoire ! », souligne Francis Eustache.

    « Il existe de nombreux “faux oublis” : les souvenirs que l’on croit oubliés ressurgissent, à notre insu, dans le présent », notent Antoine Lejeune et Michel Delage. C’est Proust, bien sûr, et sa madeleine qui ressuscite le souvenir des dimanches de Combray…

    Distorsions

    Tout souvenir, cependant, est une ­reconstruction. Lors de sa consolidation, la mémoire est malléable, plus labile et fragile. Elle peut alors mêler, amalgamer des éléments nouveaux. Et ces « interférences » brouillent le souvenir originel. D’où les distorsions de notre mémoire.

    Prenons par exemple les enfants d’une même fratrie. Adultes, « ils confrontent leurs souvenirs et s’aperçoivent rapidement, avec inquiétude, humour ou agressivité, que le même événement familial fait l’objet de descriptions différentes », poursuivent nos deux auteurs.

    C’est que chacun ayant vécu le même événement, en stocke et en remodèle le souvenir selon ses humeurs du ­moment, ses connaissances nouvelles, son évolution, son système de valeurs… Au fil du temps, « le soi n’a plus les mêmes centres d’intérêt ni les mêmes projets ».

    D’où un aperçu vertigineux sur ce qui fait notre identité : « D’un certain côté, notre identité est ­extrêmement stable tout au long de notre vie : c’est la notion de “mêmeté” chère au philosophe Paul Ricœur [1913-2005]. Et ce, même chez des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Dans le même temps, toute une partie de notre identité est beaucoup plus changeante – c’est la notion d’“ipséité”. Etonnamment encore, même de grands amnésiques conservent cette capacité à changer »,analyse Francis Eustache.

    La révolution de l’optogénétique

    Mais une question nous taraude tous, à mesure que nous vieillissons : comment distinguer « l’oubli positif », vertueux, de l’oubli pathologique ? C’est le travail des neuropsychologues, dès qu’un patient franchit leur porte. Sa plainte mnésique est-elle bénigne ? Due à une dépression ? Un trouble de l’attention ? Un Alzheimer débutant ? Des tests cognitifs, complétés si besoin par une imagerie cérébrale, conduiront au diagnostic.

    Si notre mémoire est une reconstruction, une synthèse changeante sur le monde et nous-mêmes, elle peut aussi être manipulée. Chez l’homme, on peut induire de faux souvenirs. Mais c’est surtout chez le rongeur qu’une retentissante série d’expériences, depuis 2012, a montré à quel point on peut renforcer ou supprimer des souvenirs, voire en créer de faux.

    Ces expériences font appel à l’optogénétique, cette alliance révolutionnaire de génie génétique et d’optique. La technique permet d’activer ou d’inhiber à volonté des catégories bien identifiées de neurones.

    Dans ces manipulations, le principe est toujours le même. On repère d’abord les neurones activés par un apprentissage. Puis on fait ­fabriquer à ces seuls neurones, par manipulation génétique, des canaux ioniques sensibles à une lumière bleue ou jaune. Ensuite, en appliquant cette lumière bleue ou jaune sur le cerveau des rongeurs, on active ou inhibe, selon les cas, ces cellules chez l’animal vivant. C’est ainsi que le prix Nobel (1987) Susumu Tonegawa, à l’Institut Riken ­(Tokyo) et au MIT (Cambridge), est parvenu à ­modifier, par optogénétique, des souvenirs stockés dans l’hippocampe de rongeurs.

    Un espoir balbutiant contre la maladie d’Alzheimer

    Dans un premier temps, son équipe a placé des souris dans un « contexte A ». Puis, les chercheurs ont mis ces rongeurs dans un ­« contexte B », en leur administrant systématiquement un petit choc électrique. En même temps, ils repéraient les neurones activés dans ce « contexte B ». Lorsqu’ils réactivaient ensuite, par optogénétique, ces mêmes neurones dans un autre contexte, la souris se comportait comme si elle était dans le « contexte B » : elle avait peur.

    Ensuite, les chercheurs ont apparié ce « contexte B » à un troisième « contexte C ». ­Résultat : ils sont parvenus à faire croire au rongeur que le « contexte C » était à redouter, alors que la souris n’avait jamais eu peur dans cette ­situation. Un vrai faux souvenir, donc.

    Poursuivant leur irrésistible avancée, ils se sont intéressés à des souris modèles d’Alzheimer. Résultat, publié en 2016 dans Nature : chez ces souris amnésiques, ils ont ressuscité un souvenir qui semblait perdu. Comment ? En réactivant, par optogénétique, le réseau de neurones qui avait été activé pendant un apprentissage – mais que l’on croyait non mémorisé. « C’est donc que malgré un hippocampe déficitaire, cette souris Alzheimer a pu former une trace mnésique », s’enthousiasme Robert Jaffard. Comment ? Probablement par des mécanismes cérébraux de compensation. Ce qui ouvre un espoir – balbutiant – face à cette maladie, même si l’optogénétique n’est pas un traitement envisageable.

    De nombreux labos s’intéressent maintenant à une autre forme d’oubli : le syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Ce trouble associe à une hypermnésie des aspects émotionnels et sensoriels d’un traumatisme vécu, une amnésie de son contexte. Les sujets atteints sont envahis d’idées et d’images intrusives très handicapantes.

    Une équipe de l’université de Californie est parvenue à effacer, chez la souris, une mémoire de peur liée à un conditionnement – modèle imparfait de PTSD. Comment ? En affaiblissant, par ­optogénétique, les seules synapses du réseau de neurones qui permettent l’association entre un son et un choc électrique. Ces synapses se trouvent dans l’amygdale, une aire du cerveau très impliquée dans les émotions. Le résultat a été ­publié dans Neuron le 17 août.

    Les différentes formes de mémoire

    Episodique : c’est la « mémoire des souvenirs », la mémoire à long terme des événements que nous avons personnellement vécus, situés dans un contexte spatial et temporel précis. Elle n’apparaît que vers l’âge de 3 à 5 ans. Grâce à elle, nous prenons conscience de notre propre identité, avec un sentiment de continuité temporelle. Particulièrement fragile, elle dépend d’un réseau de neurones très distribué dans le cerveau. Elle s’appuie aussi sur la mémoire sémantique.

    Sémantique : c’est la « mémoire des connaissances », une mémoire à long terme des concepts, des mots, des savoirs généraux sur le monde et sur nous-mêmes. La plupart de nos souvenirs autobiographiques se transforment progressivement en connaissances générales : ils rejoignent la mémoire sémantique.

    Autobiographique : elle mêle notre mémoire épisodique à des éléments de notre mémoire sémantique [ceux qui concernent la connaissance sur nous-mêmes].

    Déclarative (explicite) : elle concerne le stockage et la récupération des données que nous pouvons faire émerger consciemment, puis exprimer par le langage.

    Procédurale : c’est la mémoire des savoir-faire et des habiletés motrices, verbales, cognitives, quand elles sont devenues automatiques [faire de la bicyclette sans y penser, par exemple]. Ce type de mémoire est relativement épargné dans les « maladies de la mémoire », comme Alzheimer.

    Implicite : c’est une mémoire inconsciente, très émotionnelle. Elle peut contrôler, à notre insu, le rappel de certains souvenirs : par exemple, en établissant un lien entre les affects du présent et ceux de la période d’acquisition du souvenir.

    Perceptive : elle s’appuie sur diverses modalités sensorielles (vue, ouïe…) pour, par exemple, reconnaître un parcours familier sans y prêter vraiment attention.

    De travail : c’est une mémoire à court terme. Elle nous offre un « espace de travail mental » qui nous permet de stocker et de manipuler des informations pendant une période de plusieurs secondes. Et, donc, de réaliser une tâche, raisonner, comprendre ce que nous lisons, suivre le fil d’un discours… Dans nos activités quotidiennes, elle est constamment sollicitée.

  • Science mathématique et science informatique : un couple d’avenir !
    http://lille1tv.univ-lille1.fr/videos/video.aspx?id=a590b9de-b459-46c2-a395-e5e038dd7875

    Science mathématique et science informatique : un couple d’avenir ! Luc BOUGÉ, Professeur d’informatique et chargé de mission pour la promotion de l’enseignement de la discipline informatique, CNRS IRISA - ENS Rennes.

  • Face à l’indifférence et au mépris, soyons solidaires avec les migrant-e-s
    https://rebellyon.info/Face-a-l-indifference-et-au-mepris-soyons-17471

    Communiqué de la commission antiraciste de la Coordination des Groupes Anarchistes - Lyon qui appelle à se joindre au rassemblement organisé par le collectif ENS de Lyon en lutte le vendredi 10 février à 19h place des Terreaux.

    #Migrations_-_sans-papierEs

    / #Migrations_-_sans-papiers, Une, CGA Lyon / Front Antiraciste

    #CGA_Lyon_/_Front_Antiraciste

  • Le Capitole du Libre a sorti ses vidéos de l’évènement de 2016.
    C’était les 19-20 novembre 2016 à ENSEEIHT, Toulouse, France.
    https://2016.capitoledulibre.org/videos.html
    La liste fichiers :
    http://videos2016.capitoledulibre.org
    Au programme :

    Thème Culture Libre

    Projet Signothèque / MOOC LSF −  L'association Arboré'Sign
    Pepper&Carrot, un webcomic libre −  David Revoy
    Une forge du livre −  Yann Kervran
    Museomix, le musée au peuple −  Marilyne Barisic
    Zeste de Savoir : un site open-source de partage de ressources pédagogique gratuites −  Nathanaël Jourdane
    Table ronde sur l'édition libre −  Yann Kervran, Neil Jomunsi, David Revoy, Magali Garnero, Sandra Guigonis
    Comment mettre en place une bibliothèque numérique libre et gratuite ? −  Christophe Rhein

    Thème Technique

    TLS : Des éléments de base à «Let's Encrypt» − Frédéric Cabestre
    Your Distro From Scratch −  yledoare
    Entrer dans les entrailles de Git, ou comment faire un commit sans faire du Git −  Alexandre Garnier
    Gamedev Framework, un framework en C++11 pour les jeux 2D −  Julien Bernard
    Les organisations démocratiques, décentralisées et distribuées de façon autonomes #blockchain −  Alexandre DAVID
    Outils pour améliorer votre Rust −  Martin Carton
    La crypto pour les devs : petit état des lieux des outils d'aujourd'hui et des techniques de demain −  m4dz

    Thème Communs

    Introduction à la notion de "communs" − Bernard Brunet
    Du logiciel libre aux communs −  Simon Sarazin
    Les licences à réciprocité : une nouvelle piste pour le développement des Communs ? −  Lionel Maurel
    La BiblioDebout, un Commun au coeur d'un mouvement social −  Lionel Maurel

    Thème DevOps

    La révolution des containers à BlaBlaCar −  Simon Lallemand
    Kibana+Timelion : analyse et visualisation de séries temporelles avec Elasticsearch −  Sylvain Wallez

    Thème Objets connectés & Embarqué

    Hardware: préservation du patrimoine numérique. −  Grégory Estrade
    Ofono : Une stack téléphonique libre pour l'embarqué −  Clément Viel
    Bluetooth Low Energy −  Maxime Chevallier
    Un nouvel SBC a tout faire: le CHIP −  Maxime Ripard
    AsteroidOS: la liberté sur votre poignet −  Florent Revest
    Bitbox : la console de jeux libre DIY −  Adrien Destugues, makapuf
    Pyra, le successeur d'Open Pandora −  Frédéric Tournier
    Contiki et 6LowPAN pour des réseaux de capteurs sans fil ouverts −  Nicolas Aguirre
    Mooltipass, coffre fort numérique pour vos mots de passe −  Raoul Hecky

    Thème C++ / Qt

    Qt et QML dans AsteroidOS par l'exemple −  Florent Revest
    Améliorer la portabilité et l'intégration d'applications dans Haiku −  François Revol
    La conception d'applications multitâches avec Qt −  David Faure
    KDevelop: l'IDE du développeur −  apol
    Améliorez votre code C++ avec Clazy −  laurent
    Les bases de Qt 3D −  Kevin Ottens
    Comment contribuer votre premier patch à Qt −  David Faure

    Thème Logiciels Libres au quotidien

    ./play.it - À vos jeux ! −  Antoine Le Gonidec
    Cagette.net (Plateforme pour AMAP) −  François Barbut
    Projet Neon : Rapprocher les utilisateurs Linux des développeurs −  Franck Arrecot
    Une tranche de vie avec Orgmode −  Thierry Stoehr
    Migration à LibreOffice de Nantes −  Éric Ficheux
    Votre téléphone, votre ordinateur; un pour tous, tous pour un avec KDE Connect −  apol
    Plasma Mobile par KDE : la liberté dans votre poche. −  Cedric Bonhomme

    Thème Communauté du Libre

    1 an et demi de Brique Internet −  bram
    Les deux mondes de l'open source et de l'entreprise. Lequel des deux est une industrie ? −  Nicolas Ledez, Cédric Patchane
    LinuxFr(.org), mais refaire ? −  Benoît Sibaud
    Nous, logiciel libre −  Éric Bréhault
    De l'usage du personnage public −  Benjamin Bayart
    Vulgarisons l'informatique, bordel ! −  Simon Giraudot
    Le Syndrome de l'Imposteur −  Relf
    Logiciel Libre et contribution −  Éric Ficheux
    Haiku - L'organisation d'un projet libre −  Adrien Destugues
    Prêcher la bonne parole, ou partager librement nos idées ? −  Elzen
    Les coulisses de 0 A.D., un jeu de stratégie libre et open-source −  Nicolas Auvray
    Utiliser ou contribuer, osez OpenBSD ! −  Vincent Gross

    Thème Technologies Web

    Kinto: une alternative libre à Parse et Firebase −  n1k0
    Réaliser un wireframe avec Inkscape −  Elisa de Castro Guerra
    Beyond Javascript −  David Mouton
    Découvrez Haxe, le Graal du développeur touche-à-tout −  François Barbut
    Les outils open source d'Orange au service de l'accessibilité −  Stéphane Deschamps
    Functional Webapps : What's next? −  m4dz

    Plénières

    Un Web sous surveillance −  Thibault Jouannic
    Travailler ensemble pour la défense des libertés −  Benjamin Bayart, Pierre-Yves GOSSET, piks3l

    Thème Enjeux du Libre

    Kant et la régulation des télécoms −  quota_atypique
    De l’importance de l’éducation populaire au numérique −  Genma Kun
    Les exégètes amateurs − deux ans −  exegetes
    Priorité au logiciel libre : combats et perspectives pour changer le monde −  Rémi Boulle, Étienne Gonnu
    Liberapay, plateforme libre de dons récurrents −  Amalia Trupin, Charly Coste

    Thème 3D, Création graphique et multimedia

    Minuet par KDE : apprendre la musique, tout simplement −  Cedric Bonhomme
    Partitions Musicales avec MuseScore −  Nicolas Froment, Sylvain Kuntzmann
    Montage vidéo sous Kdenlive −  Jean-Baptiste Mardelle
    Point and click avec Escoria −  Cédric Gémy

    Thème Libertés et vie privée

    Tails : un système live, icognito, anonyme, et libre ! −  gagz
    Auto-hébergement : Reprenez le contrôle d'Internet ! −  Antoine Le Gonidec
    Le Cloud, la Data & le Développeur −  m4dz, Nina Cercy
    Own-Mailbox: logiciel libre, vie privée et histoire mouvementée. −  pparent
    Organisez des cryptoparties ! −  Xavier Mouton-Dubosc

    @fil @capitole
    #cpp #cplusplus #logiciel #libre #toulouse

  • Discussion autour de « Libérons-nous du travail. En partant du printemps 2016 », avec des membres du Comité érotique révolutionnaire [5 janvier, Paris, ENS] - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2017/01/discussion-autour-de-liberons-nous-du-travail.en-partant-du-printemps-201


    Discussion autour de Libérons-nous du travail. En partant du printemps 2016 avec des membres du Comité Erotique Révolutionnaire - 5 janvier 2017, Paris.

    Le mouvement d’opposition au projet de #loi-travail du Printemps 2016, s’il n’a pas vaincu, donna lieu à une série de décalages vis-à-vis des formes habituelles de contestation. S’il s’agissait évidemment de se battre contre une loi rétrograde, ce que l’on a pu sentir au sein des cortèges, des occupations ou des blocages, c’est surtout une colère grandissante vis-à-vis de ce monde et son travail. Le « travail », pourtant affirmé comme l’horizon indépassable de notre temps, n’y a pas moins été critiqué comme une souffrance intolérable, comme toujours plus précaire, et en aucun cas désirable. Il s’agit précisément d’un approfondissement théorique de cette critique dans ce texte du #Comité_érotique_révolutionnaire

    5/01/2017 - Salle Weil - ENS, 45 Rue d’Ulm - 19h30
    http://www.palim-psao.fr/article-groupe-krisis-manifeste-contre-le-travail-en-integralite-sous-for
    http://www.krisis.org/2004/critique-du-travail-et-emancipation-sociale
    http://www.palim-psao.fr/2016/12/projection-debat-autour-du-travail-et-sa-crise-trepalium-11-octobre-pres-
    #Krisis #Wertkritik #manifeste_contre_le_travail #critique_de_la_valeur
    http://sd-1.archive-host.com/membres/up/4519779941507678/manifeste_contre_le_travail-brochure.pdf

    • Contre La loi travail et son monde Présentation/Rencontre
      Discussion autour du livre de Davide Gallo Lassere publié aux éditions Eterotopia

      Café librairie Michèle Firk
      9 rue françois debergue 93100 Montreuil

      Samedi 14 janvier 2017 / 19:30 - 23:00

      http://www.michelefirk.org/?oaq%5Buid%5D=45411963

      « Onze ans après les émeutes des banlieues, dix ans après la lutte contre le CPE, six ans après les protestations contre la réforme des retraites, l’ensemble du territoire français est finalement réinvesti par une vague de contestation politique qui libère l’atmosphère de toutes les passions tristes qui ont pourri nos existences pendant cette année terrible qui a été le 2015. » L’ouvrage : Après une année marquée par les tueries de janvier et de novembre et par l’imposition de l’état d’urgence, la mobilisation contre la Loi Travail du printemps 2016, avec ses blocages de lycées et d’universités, ses cortèges de manifestants, ses Nuits debout et ses grèves syndicales, change le climat politique. Cet ouvrage parcourt les moments topiques qui ont scandé la mobilisation, en montrant comme le « long mars français » puise ses racines dans une histoire récente qui le précède et qui le dépasse. Les événements du printemps 2016 doivent ainsi être situés dans une perspective transnationale qui va de 1968 jusqu’aux luttes globales de 2011, en passant par le déclenchement de la crise en 2007-2008. Cette approche permet à l’auteur d’élaborer une vision d’ensemble de la crise en cours et des protestations qui l’ont accompagnée en mettant en lumière l’articulation entre le plan national français et celui de la gouvernance européenne. Les réformes néolibérales opérées par les gouvernements socialistes entrent en effet en forte résonance avec les normes en vigueur dans les différents contextes nationaux, même si les formes d’opposition et de résistance mises en place reflètent les spécificités françaises. Attentif à la composition subjective de la contestation, l’essai avance enfin une proposition passible d’alimenter le débat politique dans les mois à venir : la socialisation du revenu et son lien avec les luttes antiraciales

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