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  • De l’Antiquité à la ZAD, des idées en commun
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/27/de-l-antiquite-a-la-zad-des-idees-en-commun_5305272_3232.html

    Par Claire Judde de Larivière (Historienne)

    L’air que nous respirons appartient à tout le monde. Le savoir scientifique sur lequel se fondent la médecine ou l’exploration spatiale tout autant. Matérielles ou immatérielles, les ressources naturelles comme les connaissances forment un bien commun que l’humanité a en partage et qu’elle se doit de protéger. C’est l’idée qui porte aujourd’hui de nombreux projets collectifs dans des espaces sociaux très variés.

    Une idée sans étiquette

    La ZAD de Notre-Dame-des-Landes en est un bon exemple, où la défense du commun sert de justification à une occupation des lieux et à leur mise en valeur collective. Les habitats partagés qui se multiplient promeuvent quant à eux la nécessaire articulation entre des espaces privés et des espaces de vie commune. Et l’encyclopédie en ligne collaborative Wikipédia, créée en 2001, trouve son origine dans ce désir de faire de la connaissance une ressource libre de droit (les commons).

    Utopique ou alternatif, porté par une colère révolutionnaire ou une aspiration familiale au confort collectif, par des zadistes ou des ingénieurs de la Silicon Valley, le commun est aujourd’hui une idée sans étiquette, qui permet des formes d’engagement d’une immense variété, dans leurs objectifs comme dans leurs modalités. Cela explique sans doute le succès sans limite d’une telle notion. Les sciences sociales ne s’y sont pas trompées et s’en sont emparées pour tenter d’en dénouer les strates sémantiques comme les innombrables champs d’application (Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, de Pierre Dardot et Christian Laval, La Découverte, 2014).

    L’histoire n’est pas en reste, car si le commun irrigue aujourd’hui de multiples projets politiques, il ne faut pas oublier sa dimension historique. L’idée de bien commun fonde la culture européenne, de l’invention du politique dans la Grèce ancienne (ta politika, au temps de Périclès, désigne les affaires communes dont les citoyens peuvent et doivent se soucier) à l’émergence des communismes au XIXe siècle. Dans la longue durée, on retrouve, mutatis mutandis, cette aspiration à protéger ou atteindre des biens, des valeurs, des principes, relevant du commun.

    Espaces politiques autonomes

    Dans les villes et les campagnes médiévales, on voit ainsi se déployer des actions et des discours, par les princes comme par les gens ordinaires, qui affirment leur souhait de construire ensemble et de préserver le bien commun. A partir du XIe siècle, c’est par exemple le cas des célèbres « communes », ces villes au statut nouveau qui négocient avec les seigneurs locaux des libertés et des privilèges pour créer des espaces politiques autonomes. Le destin de cités comme Florence ou Venise suffit à rappeler le succès de telles initiatives. Dans les îles Britanniques, à la même époque, se mettent en place des structures qui fondent encore aujourd’hui le droit et l’organisation institutionnelle, la Common Law et la House of Commons.

    Dans les campagnes de toute l’Europe, les communautés rurales défendent l’usage coutumier des biens communaux : ces forêts, prés et landes où faire paître les bêtes et récupérer du bois sont l’objet de luttes entre paysans et seigneurs, ces derniers cherchant constamment à en limiter l’accès et à les privatiser. Enfin, dans une chronologie étirée de Thomas d’Aquin aux Lumières, la pensée politique est irriguée par le « bien commun », un idéal que le pouvoir doit viser et garantir. La notion constitue donc un socle essentiel des idées politiques, qui articule dès l’origine deux dimensions : le commun, un modèle théorique qui garantit le vivre-ensemble ; les communs, des biens et des ressources qui appartiennent à tous et dont la conservation oblige à travailler de concert.

    Encore aujourd’hui, ces deux niveaux inspirent des actions de nature fort différente. On retrouve finalement ce qui faisait déjà la force du concept au Moyen Age. Le commun est un motif de politisation revendiqué par des acteurs si variés que leurs aspirations en apparaissent presque contradictoires. Il en est de même des formes et moyens d’action, qui semblent parfois irréconciliables. C’est sans doute en cela que le commun demeure si fascinant, lui qui appartient à tous : aux détenteurs du pouvoir, qui continuent d’en faire un horizon d’attente rhétorique, comme aux zadistes ou aux chercheurs en sciences sociales.

    #zad #nddl #Notre_Dame_des_Landes #communs #commune

  • Les États-Unis séparent désormais les parents migrants de leurs enfants | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/162252/etats-unis-separent-parents-migrants-enfants

    Avant l’élection de Donald Trump, les familles de migrants et demandeurs d’asiles qui étaient interpellées à la frontière mexicaine étaient détenus ensemble dans des centres de rétention, en attente de jugement. Mais les directives du gouvernement ont changé : maintenant, les parents et enfants sont détenus séparément, parfois dans des villes différentes, et même dans le cas d’enfants très jeunes.

    Depuis plusieurs mois, des centaines de cas de séparations ont été rencensés par les associations de défense des droits civiques.

    « Ce qui se passe ici est sans précédent. Ici en Arizona, nous avons vu plus de 200 cas de parents séparés de leurs enfants. Certains de ces enfants sont très jeunes, nous voyons régulièrement des enfants de deux ans, et la semaine dernière, il y avait un enfant de 53 semaines sans ses parents », expliquait Laura St. John de l’organisation The Florence Project, sur MSNBC.

    L’association de défense des droits civiques ACLU a engagé une procédure légale contre cette pratique du gouvernement, qu’ils considèrent comme une violation de la Constitution des États-Unis.

    Sur Twitter, le journaliste Chris Hayes a partagé des extraits de la plainte dans lesquels sont décrits plusieurs cas de séparation, comme celui de Miriam, venue du Honduras, qui dit avoir été séparée de son bébé de dix-huit mois et ne pas l’avoir vu pendant plus d’un mois. En mars, un procès de l’ACLU avait permis de réunifier une mère congolaise demandeuse d’asile avec sa fille de sept ans. Elles avaient été séparées pendant quatre mois.

    La nouvelle approche, introduite par le ministère de la Justice, consiste à condamner les personnes qui ont traversé la frontière illégalement à des crimes, et non plus à des infractions civiles, comme c’était le cas auparavant. Les adultes sont donc placés en prison, et non en centre de rétention, alors que les enfants sont gérés par une autre entité administrative, qui détient habituellement les mineurs qui traversent seuls la frontière.

    Interviewé par MSNBC, un avocat de l’ACLU a dit que c’était « la pire chose » qu’il avait vue en 25 ans de travail sur les droits des immigrés.

    « Je parle à ces mères et elles décrivent leurs enfants qui hurlent "maman, maman, ne les laisse pas m’emmener". »

    Il y a quelques jours, le chef de cabinet de la Maison Blanche John Kelly a défendu la pratique en disant qu’il s’agissait d’une dissuasion efficace et que les enfants seraient « placés dans des foyers ou autres ».

    • New York (États-Unis), de notre correspondant.- « Les fédéraux ont perdu, oui, perdu, 1 475 enfants migrants. » L’éditorial de The Arizona Republic a révolté les réseaux sociaux. Des Américains se sont pris en photo avec cette question : « Où sont les enfants ? » (#wherearethechildren), devenue en quelques jours un mot-clé populaire. « L’inhumanité doit cesser », explique Joaquín Castro, représentant démocrate du Texas, qui appelle à une manifestation cette semaine à San Antonio.

      À l’origine de cette indignation, l’information rapportée par The Arizona Republic est, de fait, assez spectaculaire. Le 26 avril, Steven Wagner, un responsable du Département de la santé américain chargé de la gestion des réfugiés, a annoncé au cours d’une audition au Sénat que ses services, alors qu’ils tentaient de prendre contact avec 7 635 mineurs placés chez des proches ou dans des familles d’accueil, se sont révélés « incapables de localiser 1 475 » d’entre eux, soit 19 % de l’échantillon contacté.

      9 mai 2018. Cette famille vient de franchir la frontière entre le Mexique et les États-Unis près de McAllen, Texas. © Reuters 9 mai 2018. Cette famille vient de franchir la frontière entre le Mexique et les États-Unis près de McAllen, Texas. © Reuters

      Il s’agit de mineurs non accompagnés, la plupart originaires du Honduras, du Guatemala et du Salvador, des pays d’Amérique centrale ravagés par les violences. Placés quelques semaines en foyer après avoir tenté de traverser la frontière avec les États-Unis via le Mexique, ils sont ensuite confiés par les autorités à des proches, des parents ou des familles d’accueil en attendant l’examen de leur dossier par les services de l’immigration.

      Les 1 500 enfants manquant à l’appel ne sont pas forcément aux mains de trafiquants, exploités à vil prix ou livrés à eux-mêmes. « On ne sait pas combien d’entre eux n’ont pas été localisés parce que eux ou leurs proches, qui peuvent très bien être leurs parents, sont partis sans laisser d’adresse pour réduire les risques d’être renvoyés dans leur pays », explique la journaliste Dara Lind, spécialiste des questions migratoires sur Vox.com.

      Mais l’incertitude qui pèse sur leur sort a de quoi inquiéter : plusieurs médias, comme Associated Press et la chaîne PBS, ont révélé des cas de violences sexuelles, de travail forcé ou de mauvais traitement.

      « Vous êtes la plus mauvaise famille d’accueil du monde. Vous ne savez même pas où ils sont », a lancé à Steven Wagner la sénatrice Heidi Heitkamp. L’accusation de l’élue démocrate tape juste, sauf que sous l’administration Obama, qui avait dû faire face à une explosion du nombre de mineurs non accompagnés, le suivi était tout aussi défaillant.

      En 2014, les procédures de vérification des familles d’accueil avaient même été allégées pour faciliter les placements, livrant les enfants à des dangers accrus. En 2016, le Sénat avait préconisé des mesures de suivi renforcées, qui n’ont jamais été mises en place, faute de ressources et de volonté politique : le département de la santé considère en effet qu’une fois placés, les mineurs ne sont plus de sa responsabilité…

      Il y a un mois, l’« aveu » de Steven Wagner devant le Sénat n’aurait ainsi pas fait beaucoup de bruit. Mais tout a changé depuis que le président Trump, frustré de ne pas voir avancer son projet de mur avec le Mexique, en colère contre sa propre directrice du Département de la sécurité intérieure (DHS), a autorisé des mesures d’une extrême sévérité contre l’immigration irrégulière.

      Au nom de la « tolérance zéro », Jeff Sessions, “attorney general” (l’équivalent du ministre de la justice), un dur de dur connu pour sa hargne contre les clandestins, a annoncé le 7 mai la poursuite systématique des étrangers qui « traversent la frontière de façon illégale », une façon de décourager les candidats à l’immigration – au rythme de 40 000 personnes « appréhendées » chaque mois, on voit mal comment les procureurs vont suivre. Il a surtout déclaré que les enfants « clandestins » seront désormais « séparés » de leurs parents. De quoi susciter l’indignation générale. Au vu de la façon dont les mineurs non accompagnés sont traités dans les familles d’accueil, cette annonce sonne comme une provocation.

      « Cette horreur est insupportable, a twitté Walter Schaub, ancien directeur sous Obama et Trump du Bureau pour l’éthique gouvernementale, une agence fédérale anticorruption. Décider d’arrêter encore plus d’enfants alors même qu’on sait déjà que ce qui leur arrive est une violation immorale des droits humains. »

      « C’est de la torture », commente l’ACLU, une grande organisation de défense des libertés publiques, qui a engagé une action en justice collective contre le gouvernement. « La pire chose que j’ai vue en vingt-cinq ans, dit Lee Gelernt, l’avocat de l’ACLU, interrogé sur la chaîne MSNBC. Ces mères vous racontent leurs enfants qui crient “maman ! maman !”, “ne les laisse pas m’emmener !”, des enfants de cinq ans, de six ans. On va traumatiser ces enfants pour toujours. »

      « Cette pratique viole les droits des demandeurs d’asile inscrits dans la Constitution », ajoute Eunice Lee, codirectrice du centre de recherche sur le genre et les réfugiés Hastings College of the Law à San Francisco (Californie).

      Reuters Reuters

      Fin avril, le New York Times, citant des données officielles, a révélé que cette pratique est en réalité d’ores et déjà en place. Entre octobre et avril, écrit le quotidien, 700 enfants, dont 100 tout-petits de moins de quatre ans, ont été privés de leurs parents. Le département de la santé refuse de dire combien de ces familles restent aujourd’hui éclatées.

      Au vu des positions de l’administration Trump, qui cherche à lutter contre l’immigration mais aussi à décourager par tous les moyens l’exercice du droit d’asile, cette politique n’est guère surprenante. Elle avait été évoquée quelques semaines après l’investiture de Donald Trump par John Kelly, alors directeur de la sécurité nationale. Aujourd’hui chef de cabinet de Donald Trump, Kelly a affirmé à la radio publique NPR que non seulement la séparation des familles n’est « pas cruelle », mais qu’elle est aussi un « puissant moyen de dissuasion » contre l’immigration.

      Pendant sa campagne, et depuis son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de « stopper » l’immigration illégale. Il s’en est pris aux Mexicains « violeurs » et « criminels », aux « pays de merde », a taxé publiquement des immigrés d’« animaux ». Il a annoncé l’envoi de la garde nationale à la frontière et a attisé sa base en s’en prenant à une « caravane » de réfugiés d’Amérique centrale qui cherchaient à obtenir l’asile aux États-Unis.

      Depuis son arrivée à la Maison Blanche, son administration s’est employée à détricoter les dispositifs protégeant les jeunes migrants. Trump lui-même a estimé que les mineurs qui passent la frontière « ne sont pas tous innocents » et nourrissent la violence des gangs.

      « Les enfants seront pris en charge, placés dans des foyers ou autre », a promis John Kelly. En l’occurrence, le « ou autre » pourrait désigner des bases militaires. Selon le Washington Post, des enfants séparés de leurs familles pourraient être bientôt placés dans des centres de l’armée, au Texas ou dans l’Arkansas.

  • UN SCANDALE DE PLUS, UNE VIOLENCE ETATIQUE DE PLUS, UN RENVOI DE PLUS, DES DROITS HUMAINS NIÉS.
    Hier matin (17 mai), les polices lucernoises et vaudoises sont venues chercher une femme nigériane et son bébé de 3 mois (assignés au canton de Lucerne) afin de procéder à leur renvoi en Italie selon les Accords Dublin.
    Les polices cantonales se sont mobilisées pour aller chercher cette femme et son bébé jusqu’à Renens (Canton de Vaud), débarquant au domicile du compagnon de Madame et père de l’enfant, lui-même en possession d’un permis B de réfugié, érythréen et vivant en Suisse depuis 3 ans ! Une véritable traque…
    Une demande de reconsidération auprès du Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) et une démarche de reconnaissance en paternité sont pourtant en cours pour faire valoir leur droit à rester auprès de leur compagnon et père… Mais cela n’a pas empêché les autorités cantonales et fédérales en matière de migration de faire exécuter cette déportation immonde et cela n’a pas empêché non plus les 8 policiers d’emmener Madame et de les mettre elle et son bébé dans un avion à destination de Florence, tout en précisant qu’elle pourrait revenir en Suisse une fois la #reconnaissance_de_paternité avérée... !
    Selon les dernières informations, Madame et son fils sont arrivés à Florence et ont été placés dans un camp, partageant une chambre avec trois autres personnes. Le bébé se porte bien.
    Cependant des questions subsistent face à la violence de ces pratiques et de ces agissements :
    Comment le SEM, le SPOP, Mme Sommaruga, etc. justifient-ils cette violence d’Etat ?
    Comment justifient-il de séparer cette famille, d’arracher ce bébé de 3 mois et cette femme à leur compagnon/père ?
    Comment les autorités justifient-elles d’aller jusqu’à traquer ce bébé et sa mère jusqu’au domicile du père pour effectuer un tel renvoi et de passer outre les démarches juridiques en cours ??
    Pourquoi cet acharnement, y compris sur des personnes extrêmement vulnérables ?
    Dans quelques mois, la reconnaissance en paternité sera terminée, le regroupement familial sera validé et Madame pourra revenir vivre en Suisse. Mais le trauma de son arrestation par 8 policiers, de sa déportation et de son placement dans un camp à Florence se sera ajouté aux autres horreurs subies lors de son parcours migratoire et restera indélébile. Violence gratuite, #violence d’Etat. Envers des hommes, des femmes et enfants. Au nom de quoi ?
    Nous n’avons que très peu de mots pour dire…
    Les lois suisses semblent devenues des passe-droit pour violer les droits humains en toute impunité ! Par leurs pratiques, Le SEM, le SPOP, Sommaruga, et la police, sont aujourd’hui des criminel.le.s !
    Ces décisions, ces pratiques et ces violences ne font que nourrir notre révolte. Nous résisterons ! Nous continuerons sans cesse de porter la voix d’une société civile qui se veut solidaire !
    Le collectif R

    –-> Reçu par email via le collectif R : http://desobeissons.ch

    #renvois #expulsions #réfugiés #asile #migrations #renvoi_Dublin #Italie #Suisse #Vaud #vie_familiale #it_has_begun #déshumanisation #regroupement_familial #vulnérabilité
    cc @isskein

    • Y., arrêté dans les locaux du Service de la Population en vue d’une deuxième expulsion vers l’Italie

      L’acharnement n’a pas de limite dans un contexte de guerre sans complexe contre des êtres humains qui osent franchir des frontières

      Y. est d’origine érythréenne et a déposé une demande d’asile fin 2016. Il a reçu rapidement une décision de renvoi vers l’Italie : la machine Dublin employée par les autorités comme un « bon débarras ». Au même moment, beaucoup de compatriotes venus de l’Italie dans le cadre de contingents – que Y. côtoie et à qui il donne quelques coups de main, pour des traductions par exemple - reçoivent des statuts de séjour en Suisse ( La situation la plus symptomatique de ces absurdités est celle de Mme S. qui a été traquée par la police et a dû vivre cachée pendant de longs mois avec son fils pour fuir un renvoi vers l’Italie alors que son frère était au même moment relocalisé en Suisse par un programme de l’UE et recevait un permis de réfugié !). Absurdités bureaucratiques qui nourrissent notre rage. Y. passe alors un moment au refuge du collectif R.
      Fin 2017, après un an passé en Suisse dans l’espoir de voir sa procédure d’asile ré-ouverte, il est arrêté et mis en détention pour être renvoyé vers l’Italie. Une arrestation qui le marquera pour toujours. Des traitements dégradants… l’argent qu’il a sur lui est saisi sans reçu, il est menotté aux mains et aux pieds lors de chacun des transferts effectués (malgré les engagements des autorités cantonales vaudoises à ne plus procéder ainsi, après quelques scandales similaires), déshabillé intégralement à plusieurs reprises sans explication dans les locaux de la police cantonale (bien connue pour ses pratiques immondes) puis renvoyé comme un sac poubelle à Rome

      Sa compagne, au bénéfice d’un permis B (vivant en Valais), ses proches et ses amis habitent tou.te.s dans le canton de Vaud, où il s’était installé et où il a appris et enseigné le français. Il a créé des amitiés fortes avec des familles suisses grâce à son envie d’intégration sans failles. Peu de temps après son renvoi, début 2018, Y. revient évidemment en Suisse, puisque c’est là qu’il a construit des liens et un petit bout de vie… Il dépose une nouvelle demande d’asile. Sans surprise, les autorités n’en ont rien à faire de sa situation personnelle et prononcent une nouvelle décision de renvoi, suite à quoi il est arrêté par la police, le vendredi 8 juin au SPOP. Il est à nouveau menotté et emmené en détention. Un nouveau renvoi en perspective, aveugle, violent comme toujours, et absurde.

      Y. se trouve extrêmement traumatisé et affecté psychologiquement, en lien avec les humiliations qu’il a vécues et qu’il vit à répétition entre les mains de la police. Il n’en dort plus et décrit à quel point il se sent atteint au plus profond de son humanité : ces traitements et cette négation de sa situation, la perspective d’un nouveau renvoi malgré les liens créés ici, la si longue durée de sa lutte personnelle (survie dans l’attente d’une régularisation).

      Sa situation nous rappelle celle de bien d’autres personnes rencontrées, renvoyées à plusieurs reprises et victimes d’une violence sans relâche de la part des autorités. Par exemple, I., un jeune afghan qui a de la famille en Suisse et qui survit depuis 2012 à la violence d’état : les autorités fédérales ont toujours refusé d’examiner ses motifs d’asile, rejetant indéfiniment la responsabilité de sa prise en charge à l’Italie. Les autorités vaudoises ont exécuté 3 fois son renvoi de Suisse, dont deux par vols spéciaux (entraves intégrales et lourds effectifs policiers) !!! Il est anéanti psychologiquement.

      Ces vols spéciaux et ces renvois sont des non-sens évidents, ils ont des conséquences énormes sur des êtres humains. Ils détruisent des personnes qui, en l’espace de quelques jours et malgré l’intensité de cette violence, sont pourtant de retour en Suisse car la force de leurs aspirations est plus forte. Parce qu’elles demandent l’asile ici et non ailleurs, parce qu’elles ont de la famille ici et non ailleurs, parce qu’elle se sont enfin posées, ici et non ailleurs.

      Quand est-ce que ces calvaires et ces acharnements meurtriers s’arrêteront-ils ? Quand est-ce que cet entêtement absurde et contraire à toute logique responsable et humaine s’arrêtera-t-il ?

      Nous sommes extrêmement inquiet.e.s de cette violence raciste et impérialiste croissante un peu partout en Europe et de la manière dont la Suisse, le Canton, la ville, à chaque échelon, y contribuent.

      Ces énormes souffrances et ces dégâts humains subis par Y. et les autres sont graves et leur portée est immense.

      Dans cette chaîne, chacun.e est responsable et nous appelons à refuser de tolérer les dangereux « nous devons exécuter les décisions » ,« nous ne faisons que notre travail » et autres « nous ne disposons d’aucune marge de manœuvre ».

      Nous ne cesserons de témoigner et de dénoncer le caractère colonialiste, impérialiste et raciste de ces frontières et de ces politiques qui détruisent des vies sans limite. Car dans ce système où l’argent à plus de valeur que la vie (des non-blancs), la mort des un.e.s n’est que la conséquence logique du maintien des privilèges des autres.

      Reçu via mail du Collectif R, le 18.06.2018

  • Insultes et guerre ouverte UE-Trump
    http://www.dedefensa.org/article/insultes-et-guerre-ouverte-ue-trump

    Insultes et guerre ouverte UE-Trump

    On a remarqué le discours de Federica Mogherini, le 11 mai 2018 à l’Institut Universitaire Européen de Florence. Son attaque contre Trump, – bien que le président des USA n’ait pas été nommé, – a été particulièrement violent.

    « Il semble que crier, hurler, insulter et intimider, détruire systématiquement et démanteler tout ce qui existe soit l’état d’esprit de notre temps. Alors que le secret du changement, – car nous avons sans aucun doute besoin de changement, – n’est pas de dépenser toute notre énergie à détruire tout ce qui existe, mais plutôt à construire des choses nouvelles. Cette impulsion pour la destruction systématique ne nous mènera en aucun cas vers quelque meilleur état, elle ne nous permettra en aucun cas de résoudre aucun des problèmes qui se posent à nous. » (...)

  • « Des dizaines de supermarchés autogérés en projet dans des villes moyennes »

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/05/05/une-dizaine-de-supermarches-cooperatifs-et-participatifs-affichent-leurs-dif

    Les magasins de circuit court où chacun peut devenir l’acteur de sa propre consommation gagnent peu à peu les villes moyennes, constate notre chroniqueur Frédéric Potet.

    Manger plus sainement. Favoriser les filières courtes. Encourager le commerce équitable. Donner du sens à nos actes d’achat… Si les comportements changent depuis plusieurs années dans notre relation à la consommation, un chaînon essentiel fait encore défaut : un lieu de vente extérieur à la grande distribution, où l’on pourrait trouver tout aussi bien des denrées alimentaires que des produits d’hygiène et d’entretien respectueux de l’environnement ; un lieu où chaque client déciderait du choix et de l’origine des articles en rayon ; un lieu dépourvu de marchandises industrielles et de gondoles tentatrices, où chacun, finalement, pourrait devenir l’acteur de sa propre consommation.

    Ce type de lieu existe, depuis peu, sous le nom de « supermarché coopératif et participatif ». Le premier à avoir ouvert ses portes, en France, est La Louve, dans le 18e arrondissement de Paris. Inspiré du Park Slope Food Coop, une coopérative pionnière installée à Brooklyn depuis les années 1970, ce magasin d’un genre nouveau fonctionne selon un principe immuable : pour pouvoir y faire ses courses, chaque client est obligé d’en devenir adhérent, et d’y travailler bénévolement à raison de trois heures par mois, cela afin de réduire le prix de vente des articles.

    Dans la foulée de La Louve, dont la formule définitive a été inaugurée en novembre 2017, une petite dizaine de supermarchés coopératifs et participatifs affichent aujourd’hui leurs différences, à travers des appellations librement choisies : SuperQuinquin à Lille, La Chouette à Toulouse, La Cagette à Montpellier, Scopéli à Nantes, Supercoop à Bordeaux…

    Des marques exclues de fait

    Le phénomène ne touche pas seulement les grandes agglomérations. Des projets autogérés du même type sont en cours de réalisation dans des villes de taille moyenne comme Vannes, Dieppe, Grasse… Ou encore Poitiers, où 80 bénévoles sont regroupés derrière un nom de code évoquant, lui aussi, l’opposition aux systèmes en place : Le Baudet, en référence à l’animal emblématique de la région, l’âne du Poitou.

    Ce matin-là d’avril, huit ateliers planchent sur la future structure : « financement participatif », « statut juridique », « organisation du travail »… Le but de la journée est d’établir un rétroplanning dont l’échéance consistera à ouvrir un mini-supermarché expérimental, appelé le « lab », en préfiguration du magasin à venir. Les grands principes seront les mêmes, notamment sur le plan économique. Achetés auprès de fournisseurs situés dans un rayon de 150 km, les produits seront ainsi revendus avec une marge de 20 %, soit deux à dix fois moins, en moyenne, que dans la grande distribution.

    « Cette marge sera identique quelles que soient les références. C’est un moyen, pour nous, de ne porter aucun jugement sur les produits, qui émanent tous d’un choix éthique en amont », explique Ghislain Bourdilleau, 43 ans, à l’initiative du projet. Des marques telles que Coca-Cola ou Nutella seront exclues de fait ; des produits équivalents, élaborés localement, leur seront préférés. Le recours à une main-d’œuvre bénévole et l’absence de dividendes (les bénéfices seront réinjectés dans le fonctionnement) devraient permettre aux adhérents de bénéficier de prix inférieurs « de 20 % à 40 % », à qualité égale, à ceux pratiqués dans le commerce.

    L’argent, le nerf de la guerre

    Le bouillonnement est tangible, ce jour-là, au sein du groupe de travail « assortiments et fournitures », chargé précisément de l’achalandage de la coopérative. « Il faudra rendre visite à tous les fournisseurs. Mais pourra-t-on avoir un droit de regard sur comment ils produisent ? », s’interroge Florence, une bénévole. Il est prévu de coller une étiquette détaillée sous chaque produit afin d’informer le client sur son origine, son bilan carbone ou encore les conditions de travail des salariés ayant participé à son élaboration. « Nous ne pourrons pas tout mettre. Il faudra choisir et sans doute privilégier des pictogrammes », suggère Sandra, une autre petite main de l’association créée dans la foulée de la première réunion, il y a neuf mois.

    Son fonctionnement est actuellement assuré par un « conseil collégial » de quatorze membres élus. Aucun président ni vice-président, ni même secrétaire, ne figure dans son organigramme. La seule fonction à avoir été attribuée est celle de… trésorier, preuve que l’argent est bien le nerf de la guerre dans ce genre d’initiative consistant, in fine, à créer une entreprise.

    Cette absence délibérée de hiérarchie est à la fois la sève et le venin du projet. « Le but est de laisser libre cours à un épanouissement démocratique, même si on sait que cela rend les choses plus compliquées en termes de prise de décision », admet Ghislain Bourdilleau. Les mêmes consignes de bienveillance sont répétées à chaque réunion : « écouter [l’autre] avec attention », « parler avec intention », « se faire confiance », « respecter le cadre »… La réussite du supermarché Le Baudet passera nécessairement par celle de l’aventure collective qui accompagnera sa gestation.

    L’un des principaux enjeux, à ce titre, sera la question de la diversité. « Nous devrons à tout prix éviter de créer un repère à bobos », insiste Ghislain Bourdilleau, lui-même communiquant professionnel dans le milieu universitaire. L’emplacement du local sera déterminant. Idéalement, celui-ci devra être situé dans un quartier à forte mixité sociale, mais ni dans le centre-ville ni en périphérie de l’agglomération, afin de n’exclure aucun public. Inciter les riverains à devenir des clients-coopérateurs sera alors un autre défi.

    De deux à cinq années s’écouleront avant que n’ouvre la boutique, si l’on se réfère aux expériences existantes. Le baudet a beau être un animal lent, il est aussi connu pour son caractère obstiné. C’est d’ailleurs pour cela que son nom lui a été emprunté.

  • A tribute to #Florence_Nightingale

    via RJ Andrews @infowetrust sur Twitter

    Mortality of the British army : at home and abroad, and during the Russian war, as compared with the mortality of the civil population in England ; illustrated by tables and diagrams.

    Mortality of the British army : at home and abroad, and during the Russian war, as compared with the mortality of the civil population in England ; illustrated by tables and diagrams
    Publication date 1858
    Topics Mortality, Military Medicine, Military Personnel
    Publisher London : Printed by Harrison and Sons, Martin’s Lane
    Collection nightingale; cdl; biomed; americana
    Digitizing sponsor Internet Archive
    Contributor University of California Libraries
    Language English
    “Reprinted from the Report of the Royal Commission appointed to enquire into the Regulations affecting the Sanitary State of the Army.”

    https://archive.org/details/mortalityofbriti00lond

    https://archive.org/services/img/mortalityofbriti00lond

    #visualisation #sémiologie #précurseures (?) #précurseurs #cartoexperiment

  • Retombées désagréables : de gros soucis logistiques à prévoir pour l’opération #Barkhane

    Attaques en Syrie : comment Poutine coupe les ailes de l’armée de l’air en stoppant l’accès aux avions de transport Antonov - Challenges.fr
    https://www.challenges.fr/entreprise/defense/comment-poutine-coupe-les-ailes-de-l-armee-de-l-air-en-stoppant-l-acces-a

    Selon nos informations, rejoignant celles de Ouest-France, le groupe russe Volga-Dniepr a annoncé à l’OTAN qu’il arrêterait de fournir des avions de transport #Antonov_124 aux forces de l’alliance atlantique, dont la France, dès la fin de l’année 2018. Le groupe russe claque ainsi la porte du contrat #Salis, signé dans le cadre de l’OTAN, qui permettait aux armées européennes d’accéder aux fameux Antonov via un système d’heures de vol prépayées. Si Volga Dnepr est un groupe privé, le rôle du Kremlin, dans le contexte ultra-tendu du fait des possibles frappes franco-américaines en Syrie, apparaît évident. « Nous avons reçu des signaux forts selon lesquels cette décision est due aux sanctions américaines », peut-on lire dans un mail interne de l’armée française consulté par Challenges.

    Bien sûr, cette décision n’obère pas l’intégralité des capacités de projection des forces françaises. Celles-ci peuvent toujours s’appuyer sur 14 A400M (à la disponibilité certes très variable) et sur une flotte de C-130, de Transall et de Casa C295. L’armée de l’air peut aussi régulièrement compter sur l’appui de C-17 des alliés britanniques ou canadiens. La projection des forces peut également se faire par voie maritime puis terrestre, même si la solution est bien plus longue et complexe. La sortie de Volga Dnepr du contrat Salis n’en reste pas moins un coup dur pour les forces françaises. Pourquoi ? Parce que celles-ci, malgré l’arrivée de l’A400M d’Airbus, restent dépendantes des fameux Antonov 124 pour le transport de charges très lourdes (hélicoptères, blindés...)

    à la disponibilité certes très variable !… #certes !
    Doux euphémisme…

    • Assemblée nationale ~ Compte rendu de réunion de la commission de la défense nationale et des forces armées
      Mardi 20 septembre 2011 – Séance de 15 heures – Compte rendu n° 49
      http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-cdef/10-11/c1011049.asp

      M. Louis Giscard d’Estaing, rapporteur. Nous apportons dans notre rapport des éléments sur la société ICS, mais je ne peux pas vous renseigner sur sa nationalité. Elle utilise plusieurs types d’avions en fonction de la charge à transporter : des Antonov 124, des Iliouchine 76, des Airbus A300, des Boeing 747 et des Hercule C130. Elle s’est engagée à baser un Antonov 124 sur l’aéroport de Châlons-Vatry, avec pour objectif de réduire les coûts. Les Antonov de la société Salis étaient basés à Leipzig en Allemagne, ce qui imposait des vols de positionnement chaque fois qu’ils devaient venir sur les bases françaises avant de partir sur les théâtres d’opérations, généralement en Afghanistan.

      Le général Philippe Carpentier qui est le responsable du centre multimodal de transport l’a reconnu lors de son audition le 6 avril dernier : à terme, même si nous disposons d’une capacité suffisante en A400M et MRTT, nous aurons toujours besoin d’un volume incompressible de 350 heures de vol par an d’Antonov 124 pour le fret hors gabarit. Se pose dès lors la question de savoir s’il vaut mieux affréter 350 heures de vol ou acheter un Antonov 124, sachant que les besoins de nos forces peuvent varier selon les années.

    • À propos des Antonov 124 : soupçons de #corruption (article du 4/12/2017)

      L’armée lâche son fournisseur de gros porteurs Antonov alors que le PNF enquête - Challenges.fr
      https://www.challenges.fr/entreprise/defense/l-armee-lache-son-fournisseur-de-gros-porteurs-antonov-alors-que-le-pnf-e

      Fin de partie pour ICS. Selon nos informations, le contrat liant l’armée à cette société française spécialisée dans l’affrètement d’avions de transport Antonov 124 n’a pas été renouvelé par le ministère des armées. Celui-ci a décidé le 30 novembre de ne pas procéder au renouvellement annuel prévu par cet accord signé en 2015, une décision confirmée à Challenges par l’hôtel de Brienne. Un nouvel appel d’offres devrait donc être organisé dans au second semestre 2018, «  sur la base d’une analyse nouvelle des besoins et de l’offre  », explique-t-on dans l’entourage de la ministre des Armées Florence Parly. Selon une source proche du dossier, c’est le cabinet de la ministre qui aurait imposé cette décision au CSOA (Centre du soutien des opérations et des acheminements), la division spécialisée dans le transport basée sur la base aérienne de Vélizy-Villacoublay. Ce dernier préconisait le renouvellement du contrat ICS.

      L’affaire est loin de se résumer à une simple renégociation commerciale. ICS était l’un des deux canaux utilisés par l’armée pour affréter des Antonov 124 russes et ukrainiens, seuls appareils de transport de taille suffisante pour le transport stratégique de certains matériels très lourds, une capacité essentielle pour la projection des force françaises. L’autre canal, toujours actif, est le recours à un contrat dit Salis, signé par plusieurs pays de l’OTAN pour accéder aux fameux Antonov. L’armée de l’air dispose bien d’une flotte d’avions de transports, mais celle-ci ne peut répondre qu’à un quart des besoins, du fait des retards de livraisons de l’A400M et de l’absence de très gros porteurs comme l’Antonov 124 ou le C-5 Galaxy américain. Le CSOA a donc toujours tenu à avoir une double source pour accéder aux Antonov 124, denrée rare sur le marché : un contrat privé (ICS), et le contrat Otan dit Salis.
      […]
      L’autre raison, plus officieuse, c’est que le fameux contrat liant cette micro-société à l’armée sent la poudre. Les conditions du contrat avaient déjà été dénoncées en mars dernier dans un rapport du député François Cornut-Gentille, dévoilé par Challenges et le Monde, qui évoquait des soupçons de #favoritisme, des prix jugés excessifs et des #irrégularités dans la passation de marchés publics. Dès son arrivée, la ministre des armées Florence Parly, avait d’ailleurs saisi la justice au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, qui enjoint à toute autorité ayant connaissance d’un crime ou d’un délit d’en informer le procureur de la République.

    • Interrogée par Challenges en mars dernier, ICS assurait être victime d’une campagne de désinformation lancée par la concurrence russe, dont SAS serait l’aiguillon. ICS attaquait aussi régulièrement ses rivaux : la société s’était plainte en 2015 de l’attribution d’un marché de transport pour les forces spéciales à son concurrent Pegasus Air Drop, créé par Pierre-Louis Lavie de Rande... lui aussi ancien du CSOA.

      La mise à l’écart d’ICS ouvre la voie à un nouvel appel d’offres, qui risque de se limiter à une poignée de candidats, tant l’Antonov 124 est une denrée rare sur le marché. La grosse vingtaine d’An-124 disponibles dans le monde est en effet détenue par seulement trois compagnies, qui fournissent les avions aux affréteurs privés et même à l’Otan : une ukrainienne (Antonov DB) et deux russes (une privée, Volga-Dnepr, et une société publique, TTF Air 224). Quel que soit le scénario choisi, la France restera donc dans un état de dépendance inquiétant.

      (conclusion de l’article de décembre 2017…)

    • et donc, l’article de mars 2017

      Transport militaire : l’incroyable dépendance russe de la France - Challenges.fr
      https://www.challenges.fr/entreprise/defense/transport-militaire-l-incroyable-dependance-russe-de-la-france_463147

      Un Scud. Le député François Cornut-Gentille a jeté un sacré pavé dans la marre militaire en présentant devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, mardi 28 mars, un rapport au vitriol consacré au transport stratégique de l’armée française.

      Le constat est double :
      • un, l’entrée en service de l’A400M ne va pas supprimer le recours des forces françaises aux gros porteurs ukrainiens Antonov An-124, aux capacités d’emport cinq fois supérieure à celle de l’avion européen
      • deux, cette situation met la France en situation de dépendance vis-à-vis de l’Ukraine, et surtout de la Russie. La grosse vingtaine d’An-124 disponibles dans le monde est en effet détenue par seulement trois compagnies : une ukrainienne (Antonov DB) et deux russes (une privée, Volga-Dnepr, et une société publique, TTF Air 224).

      La conclusion du député fait froid dans le dos. «  Dans les faits, ce sont les Russes et les Ukrainiens qui ont la maîtrise de la projection de nos forces sur les théâtres extérieurs, assène le député dans son rapport. C’est une véritable épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus de la France.  » Une arme redoutable dans les mains du Kremlin, dont Vladimir Poutine s’est déjà servi, estime François Cornut-Gentille : l’élu de la Haute-Marne rappelle que la société russe TTF Air 224 a interrompu ses vols au profit de la France en septembre 2015… soit un mois seulement après l’annulation du contrat des porte-hélicoptères Mistral à la Russie, prononcée en août. «  La mise à disposition d’Antonov 224 devient un enjeu diplomatique, déplore François Cornut-Gentille. Une nouvelle dégradation des relations avec ces deux Etats [Ukraine et Russie] pourrait paralyser totalement les capacités de projection aérienne de la France. En dépit des grandes phrases, l’autonomie stratégique est en réalité virtuelle.  »

      98% de pièces russes
      Un compte-rendu de réunion de l’Agence européenne de défense et de la NSPA, (l’agence de soutien logistique) de l’OTAN, consulté par Challenges, confirme cette dépendance. Ce document, adressé en juin 2015 aux responsables du transport stratégique de l’armée française, évoquait des «  risques politiques de rupture de service élevés en raisons de la dépendance à des moyens sous contrôle de la Russie  ». Car si les Antonov sont des avions ukrainiens, «  98% des pièces de rechange viennent de Russie, les 2% restants de l’est de l’Ukraine  », soulignait le compte-rendu.

    • Transport aérien : soupçons de trafic d’influence dans l’armée (10/03/2018)
      https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-10-mars-2018

      C’est une véritable « bombe judiciaire » au sein de l’armée française.

      Favoritisme, irrégularités sur les marchés publics, usage de faux, et même trafic d’influence… La liste des soupçons sur lesquels enquête depuis l’été 2017 le Parquet national financier (PNF) agite le ministère des Armées.
      […]
      En octobre 2016, la Cour des comptes est la première à relever des «  anomalies  » dans le recours régulier à ICS. Le ministère de la Défense, alors dirigé par Jean-Yves Le Drian est informé, mais aucune procédure interne n’est déclenchée. Contacté, l’ancien ministre de la Défense, n’a pas souhaité répondre. Quelques mois plus tard, un courrier de dénonciation est envoyé par un mystérieux corbeau à la presse, au ministère de la Défense et à des sociétés concurrentes. Le dossier finit par atterrir sur le bureau des juges. À l’intérieur se trouvent des documents internes à ICS et des échanges de mails avec des responsables de l’état-major. «  Une entreprise de déstabilisation orchestrée par un ancien salarié  », pour le patron d’ICS, Philippe de Jonquières. Dans le petit milieu des entreprises privées qui concourent aux marchés du CSOA - elles sont une dizaine - les concurrents se frottent les mains, mais s’inquiètent de voir la justice s’intéresser à ce marché. «  C’est un marigot fait de contrats opaques, de clientélisme et de menaces contre ceux qui osent parler  » commente le responsable d’une entreprise du secteur.

      Les dysfonctionnements au sein du transport stratégique attisent la curiosité du député LR François Cornut-Gentille, qui publie en mars 2017 un rapport de la Commission des finances sur le sujet. «  On a eu du mal à comprendre les prix, qui sont difficilement explicables, commente le député. Curieusement, l’armée française utilise ICS qui est beaucoup plus cher. J’ai été assez saisi devant l’inertie des états-majors, du ministère. En dépit des questions qu’on a formulées, on n’a eu aucune explication claire.  »

    • Antonov ready to offer NATO AN-124 support as Volga-Dnepr bows out - The Loadstar
      https://theloadstar.co.uk/antonov-ready-offer-nato-124-support-volga-dnepr-bows

      Antonov Airlines is ready to provide any required additional support to the EU and NATO’s Strategic Airlift International Solution (SALIS) programme, following the exit of Volga-Dnepr, the other major operator of the AN-124 aircraft.

      … 50% plus cher que les Russes…

      According to the German media, last year Volga-Dnepr performed 973 hours for SALIS, while Antonov operated for 629 hours. Antonov set its fee at €37,500, while Volga-Dnepr’s flying hour charge was €23,300.

      The largest user of SALIS services was the German armed forces, which reserved 1,080 hours for 2017 and 980 hours for 2018, and the French Air Force.

      As a French MP noted, replacing the AN-124 with the A400M military transport aircraft would require five aircraft instead of one, and the cost of flights would triple.

  • « Les plantes sont beaucoup plus intelligentes que les animaux »

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/04/15/les-plantes-sont-beaucoup-plus-intelligentes-que-les-animaux_5285704_1650684

    Le «  neurobiologiste végétal  » Stefano Mancuso étudie les stratégies fascinantes et méconnues développées par les plantes pour survivre sans bouger.

    Professeur à l’université de Florence (Italie), Stefano Mancuso a fondé le Laboratoire international de neurobiologie végétale. Il est l’auteur, avec la journaliste Alessandra Viola, du livre Verde brillante qui, depuis sa ­publication en 2013, a été traduit en une vingtaine de langues. La version française vient de paraître sous le titre L’Intelligence des plantes (Albin Michel, 240 p., 18 €).

    Vous expliquez dans votre livre que les ­plantes sont vues comme des êtres vivants de seconde zone. Qu’est-ce qui explique cela ?

    Il y a une sorte d’aveuglement face au monde végétal. C’est inscrit dans notre fonctionnement cérébral, cela a été étudié, et il existe même une expression en anglais pour cela : plant blindness, la « cécité pour les plantes ». C’est probablement dû au fait que notre cerveau n’est pas très bon pour traiter la quantité immense de données qui transitent par nos yeux. Il filtre donc tout ce qui n’est pas intéressant pour notre survie immédiate et se ­ concentre sur la détection des dangers que peuvent représenter les autres animaux ou les autres humains. Mais pas sur les plantes, au ­milieu desquelles nous avons toujours évolué.

    Cet aveuglement s’est transposé sur le plan culturel, par exemple dans l’histoire biblique de Noé : Dieu va tout détruire et dit à Noé d’emporter sur l’arche un couple de toutes les espèces vivantes. Et toutes ces créatures sont… des animaux, il n’y a pas de plantes ! Beaucoup plus récemment, dans Soudain dans la forêt profonde, l’écrivain israélien Amos Oz raconte la malédiction qui a frappé un village, d’où tous les animaux ont disparu. Il est dit que ce sont « toutes les créatures vivantes » qui ont été emportées… alors que les plantes sont partout. Nous avons l’habitude d’associer le concept d’êtres vivants à celui d’animaux, mais ceux-ci représentent moins de 1 % de la biomasse terrestre.

    Pour vous, nous sommes dans une vision pré-copernicienne de la biologie…

    Avant Copernic et Galilée, nous pensions que la Terre était le centre de l’Univers. Depuis, elle est devenue une petite planète tournant autour d’une étoile naine, à la périphérie d’une galaxie secondaire… Telle est notre véritable position et cela a été une révolution, utile pour comprendre ce qu’était vraiment le cosmos. En biologie, nous estimons toujours que nous autres, ­humains, sommes au centre de l’univers du ­vivant et que tout tourne autour de nous. Or nous ne sommes qu’une partie secondaire et négligeable du vivant, et nous avons besoin d’une révolution copernicienne pour nous aider à le comprendre. Il est urgent pour nous de saisir que nous faisons partie de la nature et que notre vie est reliée à celle des autres êtres vivants. Nous dépendons des plantes de ­manière absolue, nous ne pouvons pas vivre sans elles : elles produisent toute la nourriture que nous mangeons, l’oxygène que nous respirons et elles ont produit nos énergies fossiles.

    Au cours des dernières années, il y a eu ­beaucoup de découvertes sur la sensibilité des plantes à leur environnement. Mais que sont-elles capables de faire ?

    J’ai l’habitude de dire que les plantes ont les mêmes comportements que les animaux, mais qu’elles font les choses différemment, sans se déplacer. Elles ont suivi une sorte d’évolution parallèle à celle des animaux et c’est pourquoi nous avons tant de mal à les comprendre, parce qu’elles sont si différentes de nous. Prenons l’exemple de la mémoire. C’est quelque chose que, normalement, nous n’associons pas aux plantes. Mais elles sont ­capables de mémoriser divers stimuli et de faire la différence entre eux.

    Un de mes récents articles était consacré à la sensitive (Mimosa pudica). Ses folioles se ­ replient quand on les touche. Je me suis ­rappelé cette expérience qu’avait menée ­Lamarck : il avait fait transporter des plants de sensitive en carrosse par les rues pavées de ­Paris. Au début, à cause des cahots de la route, leurs feuilles se rétractaient, puis se rouvraient, puis se fermaient de nouveau, etc. Mais, à un certain point, elles cessaient de se refermer. J’ai répété l’expérience avec 500 pots de Mimosa pudica en les faisant tomber de 3 cm de haut. Au début, les feuilles se referment à chaque fois. Après quelques répétitions, elles restent ouvertes. On peut se dire que c’est parce qu’elles sont fatiguées et n’ont plus d’énergie. Mais non : si vous les touchez, elles se referment immédiatement. En fait, les plantes ont mémorisé que ce stimulus spécifique, la petite chute, n’est pas dangereux. Après cet apprentissage, on les a laissées tranquilles dans une serre. Deux mois après, on les a ­ soumises au même stimulus et elles s’en sont souvenues : elles ne se sont pas refermées.

    Vous travaillez aussi sur la communication des plantes…

    On sait aujourd’hui que les végétaux partagent beaucoup d’informations. Ce sont des êtres sociaux. Dans mon tout dernier article, nous avions deux groupes de plantes. Au pied du premier nous avons mis du sel, qui est très stressant pour les plantes. Après deux semaines, nous avons regardé les effets sur le second groupe, dans le sol duquel il n’y avait pas de sel du tout : elles avaient pourtant développé une résistance au sel. Elles avaient reçu un message des autres et se préparaient au sel.

    Les végétaux s’échangent des informations sur la qualité de l’air, du sol, sur la présence de pathogènes, sur une agression par des insectes. C’est une communication réelle. Un de mes doctorants est allé en Californie pour ­étudier des populations de sauge qui y vivent à l’état sauvage. Il s’est aperçu qu’elles pouvaient toutes communiquer entre elles mais aussi que l’efficacité de cette communication était plus importante au sein d’un même groupe qu’entre différents groupes. Cela signifie qu’il y a en quelque sorte des dialectes chimiques, de petites variations dans les composés organiques volatils qu’elles émettent. C’est stupéfiant.

    Elles communiquent aussi avec des animaux…

    Oui, et on le voit bien avec la pollinisation. Mais, dans de nombreux cas, les plantes sont même capables de manipuler des animaux avec les substances chimiques qu’elles produisent. Un exemple avec les relations que beaucoup de végétaux entretiennent avec les fourmis : quand des insectes les mangent, les plantes émettent des composés volatils pour appeler les fourmis à l’aide. Celles-ci viennent parce que la plante fabrique du nectar plein de sucre. Elles le boivent et défendent la plante contre ses ennemis. Mais ce qui a été découvert ­ récemment, c’est qu’il ne s’agit pas d’un simple échange « défense contre nourriture » : dans le nectar, il y a aussi des substances neuroactives. Des drogues. Qui rendent les fourmis « accro » et les obligent à rester là. Et la plante module ses sécrétions de composés neuroactifs en fonction de ce qu’elle veut obtenir chez les fourmis : qu’elles aient un comportement agressif, qu’elles patrouillent, etc.

    Votre livre s’intitule en français « L’Intelligence des plantes ». N’est-ce pas provocateur ?

    Je ne veux pas être provocateur, je pense réellement que les plantes sont intelligentes. Tout dépend de la définition qu’on donne de l’intelligence. C’est un problème majeur en biologie car, si vous interrogez cent chercheurs, vous aurez cent définitions différentes de l’intelligence ! Pour moi, c’est la capacité à résoudre des problèmes et, de ce point de vue, c’est inhérent à toute forme de vie. Maintenant je vais être provocateur en disant que les plantes sont les seuls organismes à régler réellement leurs problèmes, parce que nous autres animaux pensons résoudre nos problèmes mais, en fait, nous utilisons en général le mouvement pour les éviter : il fait froid, alors nous allons dans un endroit plus chaud et vice versa ; s’il y a un prédateur, nous nous sauvons ; s’il n’y a plus de nourriture, nous nous déplaçons. Les plantes sont confrontées aux mêmes problèmes mais doivent les résoudre sans l’aide du mouvement. Elles sont donc beaucoup plus intelligentes que les animaux !

    Le fait que les plantes n’aient pas de cerveau n’est donc pas gênant ?
    Que sont les neurones ? Juste des cellules ­capables de produire et de transporter des ­signaux électriques. Chez les animaux, ce type de cellule se retrouve dans le système nerveux central. Alors que, chez les plantes, chaque ­cellule du corps a ces propriétés. De ce point de vue, nous pourrions envisager la plante comme une sorte de « cerveau diffus ».

    Je suis en profond désaccord avec ceux qui voient les plantes comme des machines automatiques, et ce pour deux raisons. D’abord parce qu’il y a beaucoup de preuves que les plantes ne répondent pas à leur environnement de manière automatique et qu’elles font des choix. Et voici la seconde raison : si vous me dites que les plantes sont des machines, vous devez me convaincre que nous autres, humains, n’en sommes pas ! L’approche que certains emploient pour qualifier les plantes de machines peut nous être transposée : qu’est-ce qui me dit que les questions que vous me posez ne sont pas la seule possibilité que vous imposent votre physiologie, votre histoire et votre environnement ?

  • New status by deylord
    https://mastodon.partipirate.org/users/deylord/statuses/99745251360964834

    « Laurenzaccio » le Livre du spectacle de Mario Gonzalez et Philippe Pillavoine est disponible en pré-achat. -30% jusqu’au 02 mai 2018 la journée de Dédicace prévue en la Maison des Auteurs de la SACD à Paris dès 16h30... https://www.silencecommunity.com/shop/fr/livres-fr/74-laurenzaccio-le-livre-fr.html « Laurenzaccio » raconte en 1536, à Florence, en Italie l’assassinat du Duc Alexandre de Médicis par son cousin Lorenzino de Médicis. #livre #théâtre #spectacle #texte #gonzalez #pillavoine #sand #musset #publication #boutique

  • Un troublant exercice de style !

    Ou comment dissimuler ses partis pris sous le masque trompeur d’une objectivité proclamée.
    A propos d’un article d’Ariane Chemin sur le Média (Le Monde, 3 mars 2018)

    Ariane Chemin est une journaliste que je connais bien. Nous ne sommes pas des amis, mais on discute de temps en temps, il nous est arrivé de déjeuner ensemble et quand l’un appelle l’autre sur son portable, l’autre répond aussitôt. Récemment encore, nous avons parlé de son métier, et comme la plupart de ses confrères qui ont le sentiment de faire honnêtement leur travail, Ariane trouvait fort injuste que les journalistes soient tellement décriés par nos concitoyens. Or il se trouve que le 1er mars dernier, dans le cadre de l’enquête qu’elle menait pour le Monde sur le Média dont je suis l’un des co-fondateurs, elle m’a téléphoné, me demandant de répondre à un certain nombre de ses questions, ce que j’ai fait longuement, sans en écarter aucune. Deux jours plus tard, je lisais son enquête qui me laissait — comment dire ? — perplexe. Ne voulant pas que cette perplexité m’encombre, je vais en rendre compte ici, souhaitant que cela serve éventuellement à expliquer ce qu’il n’est pas toujours illégitime de reprocher aux journalistes : la dissimulation de leurs présupposés et de leurs partis pris sous le masque trompeur d’une objectivité proclamée.

    Beaucoup d’entre nous ont déjà éprouvé ce sentiment étrange quand un article concerne des faits que l’on connaît personnellement. Très souvent, on y trouve un certain nombre d’imprécisions, de confusions, d’erreurs, et on se prend à penser que s’il en est de même pour tous les articles qui traitent de sujets qu’on ne connaît pas ou mal, ce ne serait guère rassurant. C’est assurément exagéré, mais en tout cas, dans l’article d’Ariane Chemin, je dois bien avouer n’avoir rien retrouvé de ce que j’ai vécu au Média et rien non plus de ce que je me suis efforcé de lui raconter pendant plus d’une heure. Pour ne pas infliger au lecteur la liste de tout ce qui cloche à mes yeux dans cet article et ne pas donner l’impression fâcheuse d’être un mauvais coucheur, voire un censeur, je me contenterai de prendre le début, les premières phrases, celles qui donnent le ton, créent l’ambiance et préparent psychologiquement le lecteur à adopter le point de vue spécieux de l’auteur. Car l’article d’Ariane Chemin est un modèle de ce qu’on pourrait appeler, en hommage à Raymond Queneau, un troublant exercice de style.

    Ariane Chemin commence par quelques mots aussi précis qu’un constat d’huissier : « Montreuil, métro Robespierre, lundi 19 février, 9 heures du matin. » Jusque là, rien à dire. Encore que souligner dans un article la station de métro la plus proche de l’endroit dont on parle doit avoir une utilité. Pour ma part, si j’écrivais un article sur BFM, je ne commencerai pas par ces mots : « Paris, métro Porte de Versailles, lundi 19 février, 9 heures du matin. » Evidemment, l’avantage avec la station Robespierre, c’est qu’on peut imaginer par exemple la guillotine et ça tombe bien. Car de quoi s’agit-il tout de suite après ? De décrire justement une scène inquiétante, une scène de procès comme les robespierristes, assoiffés de vengeance et de sang, sont supposés en avoir eu le goût à leur époque.

    Deuxième phrase : « La journaliste Aude Rossigneux a été convoquée la veille par un mail lapidaire. » Dès la deuxième phrase, pas d’hésitation, on comprend bien pourquoi le Média s’est installé à un jet de pierre de la station Robespierre : les mails qu’il envoie ne sont pas concis — ce qui est quand même le cas de bien des messages, textos et autres, que nous nous échangeons —, non, ils sont lapidaires, ce qui est déjà menaçant. Limite angoissant. On imagine le mail lapidaire en question : « Aude, descends à la station Robespierre, emprunte la rue Lénine, puis l’avenue Fidel Castro, et arrive jusqu’à nous. »

    La troisième phrase vaut son pesant de cacahuètes : « Dans la cuisine du Média, au sous-sol des nouveaux locaux de la télé proche des « insoumis », le dos au réfrigérateur, elle cherche à comprendre l’objet de cette réunion un brin solennelle. » Ça, je ne l’aurais pas inventé : « le dos au réfrigérateur ». Aude s’est assise où elle a voulu, on est dans une cuisine, il y a un frigo, et la voilà… le dos au mur, pardon, « le dos au réfrigérateur ». Si elle voulait s’enfuir par là, impossible — elle est prisonnière ! Et comme un lapin pris dans les phares d’une voiture, « elle cherche à comprendre l’objet de cette réunion. » Bon, la rédaction du Média était en ébullition depuis des semaines, Aude était au centre de très vives tensions — il est difficile de croire qu’elle tombait ce jour-là des nues, mais peu importe. Pour paraphraser Hitchcock, « demander à un journaliste qui veut raconter une histoire à sa façon de tenir compte de la vraisemblance est aussi ridicule que de demander à un peintre figuratif de représenter la réalité avec exactitude. » Poursuivons donc notre lecture.

    « De l’autre côté de la table en bois clair, trois hommes lui font face : le psychanalyste Gérard Miller, le réalisateur Henri Poulain, accompagné de son directeur de production et associé, Hervé Jacquet. » On n’est qu’à la quatrième phrase de l’article et j’espère que chacun apprécie le talent de l’auteur : l’angoisse est à son paroxysme, Ariane tient la scène. Aude est seule, alors que le nommé Henri est venu « accompagné » dont ne sait quelle âme damnée. Aude est seule, « le dos au réfrigérateur », alors que « trois hommes lui font face ». Aude est seule et, pétrifiée, « elle cherche à comprendre » ce qui se passe. Le grand Alfred, que je viens d’évoquer, appelait ça l’anticipation. Au cinéma, expliquait-il, un coup de fusil ne fait pas peur. Ce qui fiche la trouille au spectateur, c’est le fait de l’attendre. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le lire, Ariane Chemin, en toute objectivité bien sûr, a fait le job : on sait de quel côté de la « table en bois clair » est le côté obscur de la force, on tremble, on s’attend au pire — il viendra.

    Cinquième et sixième phrases : « A quelques tasses de café, enfin, la réalisatrice Anaïs Feuillette, compagne de M. Miller, et tout au bout, Sophia Chikirou. « Comment dire tout ça ? » commence la directrice générale de la chaîne, avant de passer la parole au psychanalyste. » Là, plus de doute, on vit la scène comme si on y était et on entrevoit l’incroyable dispositif mis en place, digne des procès en sorcellerie : face à l’innocence persécutée, Savonarole et ses deux assesseurs, et loin sur le côté (à gauche ou à droite, on ne nous le précise pas) deux femmes, dissimulées derrière des « tasses de café », deux femmes dont l’une, « tout au bout » (curieuse indication : derrière elle, il y a quoi ? la porte de l’enfer ?), dont l’une, « tout au bout » ouvre le bal en prononçant une sentence elliptique, quasiment codée : « Comment dire tout ça ? », avant de replonger dans l’ombre et de céder la parole à l’un des trois hommes.

    Arrive la septième et dernière phrase de cette introduction si peu orientée : « L’ancien « mao » parle « d’embarras », de « mauvaise ambiance », de « quelque chose qui s’est mal emmanché », avant de lâcher : « Aude, on a en tête de te parler de la possibilité que tu quittes la rédaction ». Ah, c’était donc ça : on cherchait du côté de Florence (Savonarole), on était prêt à regarder vers Moscou (Vychinski), il fallait penser à Pékin (Mao). Un des trois hommes était un « ancien mao », reconverti donc dans les médias — tout un programme ! Bon, même dans la description peu flatteuse qui est faite de lui, le procureur rouge semble plutôt embêté et laisse même entendre qu’il s’agit pour Aude de quitter la rédaction, pas le Média, mais foin des nuances — Ariane Chemin peut être satisfaite, elle a produit son effet : en sept phrases, pas une de plus, son exercice de style atteint son but. Elle a décrit un « procès » (c’est le signifiant qu’elle n’hésitera pas à utiliser quelques lignes plus tard) et tout le reste de son article peut être à l’avenant. Partiel et partial, ne laissant entendre qu’un seul son de cloche et faisant le procès du Média tout en lui reprochant d’avoir fait celui d’Aude.

    Allez, je tire ici le rideau. Mais j’ajouterai encore une chose : cette scène mensongère et blessante par laquelle la journaliste-romancière a ouvert son papier, j’y étais — on l’aura deviné, pas elle. Comme Fabrice à Waterloo je n’y ai peut-être pas tout vu, mais je peux en tout cas affirmer que la description d’Ariane Chemin est absolument fausse. Comme elle n’a jamais parlé ni avec Anaïs, Henri, Hervé et Sophia (ont-ils eu tort de se méfier d’elle ?), et que je sais ne lui avoir rien dit qui puisse corroborer ses propos, ou elle a inventé ce qu’elle a décrit, ou elle a repris à son compte, sans recul, sans contre-champ, la description que lui en a faite la sixième personne présente, Aude Rossigneux. C’était tout à fait son droit, bien évidemment, et je ne saurais le lui reprocher. Mais alors, une question : est-ce qu’il n’aurait pas été préférable qu’elle prévienne ses lecteurs de son incroyable parti-pris ? Oh, pas grand chose, juste quelques mots, en petits caractères : « Attention, je vous ai décrit une scène à laquelle je n’ai jamais assisté, mais en faisant comme si j’y étais, et ce pour les besoins de ma démonstration. Je tiens à préciser que cinq sur six des participants présents l’ont vécue tout à fait autrement, mais je m’en fous, car je suis convaincue que j’ai raison et qu’eux ont tort. D’ailleurs, tout mon article est du même acabit. J’enquête, mais au final je juge autrui à mon aune, je n’entends que ce que je veux écouter et je n’écoute que ce qui me convient. Subjectif mon article ? Je l’assume. Honnête ? Je vous laisse juge. »

    Gérard Miller

    https://www.lemediatv.fr/articles/un-troublant-exercice-de-style

    #Ariane_Chemin #Le_Monde #L'Immonde #1er_média_du_système

  • Elections en Italie : les candidats jettent leurs dernières forces dans la bataille
    https://www.crashdebug.fr/international/14585-elections-en-italie-les-candidats-jettent-leurs-dernieres-forces-da

    Des partisans du Mouvement 5 Etoiles (M5S) se rassemblent à l’issue d’un dernier meeting de campagne à

    Rome, le 2 mars 2018 / afp.com/Filippo MONTEFORTE

    Rome - Grands meetings pour les plus jeunes à Rome, Florence ou Milan, marathon d’interviews télévisées depuis sa villa pour Silvio Berlusconi : les candidats ont jeté leurs dernières forces dans la bataille vendredi avant les élections législatives de dimanche en Italie.

    Sur les places et dans les théâtres de la péninsule mais aussi sur les plateaux de télévision, les principaux leaders ont lancé leurs ultimes appels aux électeurs après une campagne marquée par des déclarations virulentes et dominée par les questions liées aux migrants ou à l’insécurité.

    A partir de vendredi minuit en revanche, la loi impose le silence à tous les (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • We need to talk about Florence and emotional labour
    http://mahlibombing.tumblr.com/post/171161480253/we-need-to-talk-about-florence-and-emotional

    But something else hits home – despite the positive chorus of reviews, what is lacking in the coverage of the game has been a critical reading of how Florence reveals the societal norms of how we conceptualize heteronormative relationships. When we call Florence a game about ‘how it feels to fall in love’, it romanticizes how the text positions itself, which is arguably one towards a more complex conception of heterosexual dating. Like Krish’s box of belongings used to move into Florence’s apartment, there’s an important counter reading that needs to be unpacked: Florence exposes how the woman’s everyday emotional labour is sustaining the relationship.

  • A Splash of Color: The Quietly Feminist Love Story of Florence
    https://feministfrequency.com/2018/02/22/a-splash-of-color-the-quietly-feminist-love-story-of-florence

    The tender new iOS game Florence is, yes, the sort of game I tend to champion, the sort of art that feels particularly crucial and nourishing in this period of intensified violence, cruelty, and dehumanization. A narrative game that tells the story of how a young woman’s life is changed when she and a musician meet and fall in love, Florence is both a beautiful game and also a game […]


    http://0.gravatar.com/avatar/6abc065cf4320a47a3f67f81c71a66fc?s=96&d=identicon&r=G
    http://femfreq2.files.wordpress.com/2017/02/ff-spoilers1.png?w=640

  • Crimes sexuels & protection de la victime alléguée : La CEDH décide d’examiner une affaire relative aux conditions dans lesquelles six hommes jugés pour viol collectif ont été acquittés.
    https://hudoc.echr.coe.int/fre#{"itemid" :["001-181092"]}

    OBJET DE L’AFFAIRE

    En 2008, la requérante dénonça avoir été victime d’un viol collectif perpétré par six hommes, alors qu’elle était, au moment des faits, sous l’influence de l’alcool. Le tribunal de première instance, ayant considéré que la requérante se trouvait au moment des faits dans une condition de vulnérabilité physique et psychique à cause des effets de l’alcool, condamna les six hommes pour le délit de viol en réunion commis sur personne vulnérable.

    Par la suite, la cour d’appel de Florence renversa le verdict et acquitta les inculpés. La requérante se plaint d’avoir fait l’objet d’une « nouvelle victimisation » au cours de la procédure pénale contre ses agresseurs, dans la mesure où les juges auraient finalement exclu l’existence du viol en raison de considérations ayant trait à sa situation familiale, à son style de vie et à ses habitudes sexuelles, dépourvues de toute pertinence juridique et portant atteinte à sa dignité et à sa vie privée. Elle invoque les articles 8 et 14 de la Convention.

    QUESTIONS AUX PARTIES

    1. L’État défendeur a-t-il respecté ses obligations positives, découlant de l’article 8 de la Convention, de mener une enquête effective afin d’identifier et de punir les auteurs de la violence sexuelle alléguée par la requérante (voir, parmi d’autres, M.C. v. Bulgaria, no. 39272/98, §§ 153, 166 and 184, ECHR 2003‑XII) ?

    2. La démarche adoptée par les juges et les magistrats de l’affaire a-t-elle été respectueuse du droit au respect de la vie privée et de l’intégrité personnelle de la requérante protégés par l’article 8 de la Convention (voir, mutatis mutandis, Y. c. Slovénie, no 41107/10, CEDH 2015 (extraits) ? Les autorités ont-elles pris toutes les mesures nécessaires pour éviter, dans la mesure du possible, que la requérante soit exposée à une « nouvelle victimisation » dans le cadre de la procédure pénale menée contre ses prétendus agresseurs ?

    3. La requérante a-t-elle été victime d’une discrimination fondée sur le sexe, contraire à l’article 14 de la Convention combiné avec l’article 8 (voir, entre autres, Eremia c. République de Moldova, no 3564/11, §§ 80 et ss, 28 mai 2013 ; Talpis c. Italie, no 41237/14, §§ 141 et ss, 2 mars 2017) ?

  • Callot, Les 7 péchés capitaux, entre représentation féminine, animale - Le Blog d’Elisabeth Poulain
    http://www.elisabethpoulain.com/2015/06/callot-les-7-peches-capitaux-entre-representation-feminine-animale

    Avaricia - L’Avarice- est une vieille femme maigre qui compte ses pièces de monnaie dans sa main droite. A ses pieds se tient le sac qu’elle a posé à terre, avec dans son ombre un crapaud si gros qu’on dirait un chien.

  • Leda Rafanelli | Steinkis Editions
    http://steinkis.com/leda-rafanelli-3-84.html

    Leda Rafanelli
    Francesco Satta, Luca de Santis, Sara Colaone
    Traduction de Marie Giudicelli

    Leda croit comme elle vit, sans aucun sens de la mesure : une rencontre fondatrice avec l’Egypte où elle se convertit à l’Islam, plusieurs époux avec qui elle fonde autant de maisons d’édition , une carrière littéraire... Et un engagement qui fait d’elle une figure centrale de l’anarchisme italien du début du vingtième siècle.

  • The election of fear
    Italians are more afraid of a far-right backlash than immigrants.
    https://www.politico.eu/article/italy-election-fear-macerata-shooting-migrants-far-right

    The drive-by shooting spree in Macerata is the latest in a long line of violent attacks by radicalized Italians. In December 2011, two Senegalese street sellers were killed and a third wounded by a far-right activist near Florence’s central market. In July 2016, a Nigerian refugee was killed by a right-wing football hooligan in Fermo for reacting to a racist insult. Besides these two deadly episodes, there have been countless other smaller scale attacks, including “punitive expeditions” against immigrant shops and reception centers.

    Unfortunately, these two strands of fear don’t cancel each other out. They might very well coexist in the same hearts and minds, contributing to a growing disillusionment in politics and entrenching divisions in Italian society. This fear of a xenophobic backlash won’t necessarily have a large enough impact on the polls next month, or neutralize people’s willingness to believe right-wing parties’ pledges to “fix” Italy’s migration problem.

    But while the overall landscape is worrying, there are some mildly reassuring signs: There have been no mass anti-immigrant protests and while hatred circulating on social media is certainly toxic, the infection appears to be still mainly contained to online forums. Opinion polls are indispensable for gauging the public mood but, especially when dealing with an emotionally loaded phenomenon like migration, they are volatile.

  • Rural Africa in motion. Dynamics and drivers of migration South of the Sahara
    http://www.fao.org/3/a-i7951e.pdf
    Je pensais l’avoir déjà signalé, mais je ne le retrouve plus (document difficile à taguer, du coup, je ré-essaie)

    #Afrique_sub-saharienne #Afrique #migrations #migrations_rurales #rural #cartographie #visualisation #circulation #mobilité

    Et comme le dit bien Andrew Geddes dans ce tweet, un excellent exemple pour contrecarrer la représentation (notamment de Frontex) avec des #flèches qui vont sud-nord :


    https://twitter.com/AndrewPGeddes/status/953296427995844608

    Lien vers le rapport de la FAO :
    http://www.fao.org/3/a-i7951e.pdf

  • Météo des neiges, #télévision de #riches - Acrimed | Action Critique Médias
    http://www.acrimed.org/Meteo-des-neiges-television-de-riches

    Alors pourquoi la #météo des neiges est-elle programmée à une heure de grande écoute ? C’est parce que la télévision montre beaucoup plus de membres de la classe supérieure que de gens des classes populaires. On entend souvent dire que la télévision serait un organe de propagande du gouvernement ou le temple de la bêtise ou du consumérisme. Mais ce qui saute aux yeux d’abord c’est qu’elle fait des membres de la classe supérieure la référence obligée de tous les autres. Cette surreprésentation a des conséquences sur nos perceptions de la société – elles contribuent par exemple à notre méconnaissance des inégalités : ces couples de cadres avec trois enfants et une grande maison comme ceux du programme court « Parents mode d’emploi » sur France 2 deviennent la norme du « Français moyen » alors qu’ils font de fait partie des classes supérieures.

    Mais cela a aussi des conséquences politiques : sur chaque sujet, ce sont d’abord des membres de la petite ou moyenne bourgeoisie qui s’expriment, donnant leur point de vue comme valant pour tous les autres et contribuant à valider certaines réformes et décrédibiliser certains mouvements sociaux. On interroge ainsi beaucoup plus souvent des entrepreneurs que des salariés pour parler des vertus d’un rétrécissement du code du Travail. Pourquoi cette domination des classes supérieures à la télévision et comment en sortir ?

    #inégalités #représentation

  • Caliban et la sorcière, ou l’Histoire au bûcher (1/2) | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/yann-kindo/blog/101217/caliban-et-la-sorciere-ou-l-histoire-au-bucher-12-0

    Nous sommes bien conscients de longueur inhabituelle (et sans doute rébarbative) de cette note, mais nous y avons été contraints par sa matière elle-même. Caliban... est un gros livre, sur lequel il y a, hélas, beaucoup à dire, et encore plus à redire. Dès lors, pour éviter ce qui serait forcément apparu comme un procès d’intention, nous n’avions d’autre choix que de relever certains des raccourcis, biais, glissements, voire mensonges purs et simples qui émaillent le texte. Nous espérons mettre ainsi en lumière à la fois les procédés sur lesquels est fondé cet ouvrage et, au-delà de son radicalisme affiché, la nature réelle de la perspective politique dans laquelle il s’inscrit.

    On me signale cette critique de « Caliban et la sorcière » par Yann Kindo et Christophe Darmangeat (2e partie ici : http://cdarmangeat.blogspot.fr/2017/12/caliban-et-la-sorciere-silvia-federici.html )

    Ce qu’ils relèvent sur l’iconographie est effectivement problématique, et ils signalent quelques faiblesses réelles (même si on doit pouvoir faire la même chose avec n’importe quel livre si on le lit avec autant de minutie - et de malveillance), mais sur le fond c’est surtout un choc de visions du monde. Personnellement je ne peux pas prendre au sérieux des gens qui refusent toute critique de Descartes ou qui réfutent la longue histoire de la violence de la médecine vis-à-vis des femmes. Quant au pourcentage massif de femmes accusées de sorcellerie, on le retrouve chez de nombreux historiens (y compris tout à fait fiables car de sexe masculin), pas seulement chez Federici.

    D’une manière générale je déteste leur ton arrogant d’hommes supérieurement cultivés et rationnels hérissés par ces bonnes femmes qui viennent bousculer leur cadre de pensée. La conclusion du 2e article dévoile bien d’où ils parlent, d’ailleurs : « Nous vivons une période où il est infiniment plus facile de militer sur le terrain du féminisme – le plus souvent, dans des milieux qui ne sont pas les plus exploités – que sur celui des idées communistes, et auprès des travailleurs du rang. » On en revient à la bonne vieille thèse du combat secondaire, voire de la complicité entre capitalisme et féminisme... Globalement ils sont sur une défense basique de la Raison et de la Science face aux masses (féminines et) hystériques, cf. par exemple cet autre article de Kindo :

    https://blogs.mediapart.fr/yann-kindo/blog/111010/la-peur-des-ogm-construction-mediatique-dune-paranoia

    Mais je serais curieuse de savoir ce qu’en pense @mad_meg ou @entremonde

    #sorcières

    • Cool je vais lire ca de près et je reviens. Merci pour le signalement surtout que c’est la première fois que je lirait une critique de ce livre hors du circuit féministe.

      edit : je vais commenté au fur et à mesure de ma lecture.

      En revanche, quelles que soient les compétences réelles ou supposées des auteurs, un livre d’histoire ne doit pas être un livre d’histoires

      C’est très arbitraire de dire ceci. Le fait de renvoyé l’histoire des femmes à l’anecdote est un classique du point de vue dominant.

      « Le regard que l’auteure porte sur l’historiographie (fort copieuse) qui la précède ne se signale ni par son indulgence ni par sa sobriété : »
      Les auteurs affirment que l’historiographie sur la chasse aux sorcière est copieuse. En fait elle n’est copieuse que depuis les études féministes et études de genre. Dire que cette historiographie est copieuse, sans plus de sources et comme argument pour décrédibilisé Federici c’est pas très cohérent.

      Or, en France, la chasse aux sorcières a été étudiée dès 1862 par le plus fameux historien de cette époque, le rationaliste Jules Michelet ; son ouvrage, La sorcière, encore considéré de nos jours comme une référence internationale, est justement tout entier rédigé du point de vue de la victime, vis-à-vis de laquelle il manifeste en permanence une fort lyrique empathie.

      De leur point de vue de dominants ils ne voient pas ce que veut dire une histoire raconté du point de vue du bourreau (dominant). Michelet est peut être prétenduement écrit du point de vue d’une sorcière mais c’est une enfilade de fantasme. Michelet est important car c’est un des permiers historien qui s’interesse au sujet autrement que pour dire que les sorcières sont les émissaires du diable mais ses traveaux sont largement dépassés aujourd’hui. J’irais chercher des sources là dessus si j’ai la motivation à la fin de cette lecture.
      Juste après il est prétendu que ce sujet à inspiré des générations d’historiens, mais sans aucune source non plus.

      mais l’auteure adopte vis-à-vis des historiens académiques une attitude qui mêle une étonnante ignorance à une très violente arrogance, comme lorsqu’elle attaque nommément son éminent confrère italien Carlo Ginzburg, en écrivant à propos d’une de ses analyses (très brièvement citée) qu’ « il rend ainsi les victimes responsables de leur funeste destin » (p. 310).

      La c’est comique, Federici est arrogante ! Elle ose contester le mâle gaze d’un ponte et là encore pas de quoi jugé, citation incomplète, hors contexte, rien pour se faire un avis à part croire ces messieurs qui n’ont aucune arrogance.

      Bon plus j’avance plus je voie que tout ce qui est reprocher à Federici est applicable à ces deux mecs. Vu que 100% des sources d’historiennes féministes sont irrecevables pour subjectivité c’est impossible de discuté. A plusieurs endroits ils débarquent de la lune et effectivement leur négation totale de la violence medicale sur les corps des femmes rend leur discours assez nul.

      Pour l’utilisation des images comme je l’avais mentionné pour Christine de Pizan, je suis d’accord sur ce problème et c’est vrai que ca jette un voile de suspicion sur le reste du livre. Je remet la discution ou j’en parlais après ma lecture du bouquin et qui contiens d’autres objections ; https://seenthis.net/messages/422612#message520758

      Pour la seconde image mentionné je suis moins d’accord sur leur critique ou partiellement. Le motif misogyne de la femme-ogresse qui bat son époux, est probablement aussi vieux que le patriarcat. La virilité est toujours vécu comme en crise et les hommes dominants se disent toujours castrés alors qu’on leur à même pas tiré un poile de couille ni même menacé de le faire et pendant se temps qu’ils arrachent les clitos à la chaîne.

      Par contre ce qui est affirmé sur le bride est faux, la bride n’est pas limité à l’Ecosse, il y en a dans toute l’Angleterre, Allemagne, Autriche, et les USA jusqu’au XIXeme. Eux disent que ca se limite à l’écosse mais sans aucune source encore une fois.

      Pour l’image du Vesale, ils disent que nulle part il n’est mentionné que l’image est la page de garde du Vesale, mais au milieu de l’image il y a écrit VESALII et il est claire cette fois que le commentaire de Federici est plutot porté sur l’aspect symbolique de l’image et de manière ouvertement subjective.
      C’est vrai que cette manière très subjective et poétique d’interpréter les images n’est pas une bonne idée et ca dessert son discours la plus part du temps. Il aurait fallu un référencement des images car si le livre se prétend historique il doit donner les moyens aux lecteurices de mesuré simplement la distance poétique prise par Federici sur leur interprétation.

      en fait ils reconnaissent eux même plus loin que ce qu’ils viennent de dire est faux :

      Revenons sur la manière dont elle s’insurge à propos de la couverture du livre d’anatomie de Vésale : « Le théâtre anatomique révèle au regard du public un corps désenchanté, profané ». Elle reproche ainsi à Vésale, qu’elle finit par citer plus loin dans le texte, une vision « mécaniste » du corps conçu comme machine. Mais que propose-t-elle à la place ? Une vision plus fantasmée et moins scientifique du corps, comme page 219, où l’on apprend que la science anatomique naissante fait elle aussi partie du grand complot pour asservir les femmes au service du capitalisme :

      « Poser le corps en terme de mécanique, vide de toute téléologie intrinsèque, ces ‘vertus occultes’ que lui attribuaient autant la magie naturelle que les superstitions populaires de l’époque, permit de rendre intelligible la possibilité de le subordonner à un procès de travail reposant de façon croissante sur des formes de comportement uniformes et prévisibles ».

      Ici ils nient toute l’histoire de la domination des femmes par le corps médicale, c’est assez sourcé sur seenthis pour pas détaillé à quel point ces deux types se fourvoient dans le masculinisme crasse.

      Par rapport à l’éthymologie de Cauchemarre - Nightmare, ils disent que ca viens pas de jument mais de Mare (en fait MARA), une créature du folklore germanique, créature qui associé au cheval du coup ce qu’ils disent n’invalide pas ce que dit Federici. http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/1113412


      l’image de Fussli est anachronique mais on trouve ce lien cauchemarre et cheval.

      Par rapport au crapaud symbole de vagin c’est un motif qu’on trouve dans les amants trépassés du Maître Souabe (circa 1470)

      et je pense aussi à une sculpture du louvre mais en fait c’est un serpent pas un crapeau.

      Je sais pas si le motif est commun ou si Federici prend le tableau des amants comme seul référence. Faudra que je cherche si je trouve d’autres vagins-crapaud pour le moment sur gogol vagin+crapaud ca le fait pas et c’est horrible comme mot clé de recherche image.

      Pour l’éthmologie ils se servent de wikipédia comme source ce qui niveau théories féministes est une source très hostile et peu fiable. Mais j’ai déja rencontré des féministes passionné de soricères qui ont une utilisation de l’étymologie assez farfelue. Par exemple on m’avais expliqué que « Sabbat » venait de « sabot » et du bruit des sabots des danse de sorcières (la dame était fana de danse aussi). Sabbat ca viens certainement du Shabbat vu que les premières persécutions ciblaient les jui·f·ves et que la Sabbat des sorcières était aussi appelé « synagogue du diable ».
      Et je source ca avec ...

      ... wikipédia :) https://fr.wikipedia.org/wiki/Sabbat_(sorcellerie)

      Enfin, du fait à la fois des choix de vocabulaire et de l’élasticité des concepts utilisés, le lecteur est confronté tout au long du livre à une plus ou moins forte mais assez permanente impression d’anachronisme. Ainsi, lorsqu’elle décrit les luttes de classes au XVe et XVIe siècles, Federici peint au bazooka une « classe dominante » dans laquelle bourgeois et nobles ont semble-t-il déjà complètement fusionné, face à un prolétariat déjà largement constitué 200 ans avant la Révolution Industrielle. Les luttes des hérétiques, quant à elles, sont identifiées (fût-ce entre guillemets mais de manière « pas exagérée[e] ») à une « première ‘internationale prolétarienne’ ». De même pour le soulèvement dit des Cabochiens, à Paris en 1413, qualifié (toujours avec des guillemets) de « démocratie ouvrière » (p. 85), ou celui des Ciompi, à Florence, promu à la page suivante – et cette fois, sans guillemets – au rang de « dictature du prolétariat ». Quant aux mentalités du XVe au XVIIIe siècle, elles sont décrites p. 299-300 comme complètement dominées par la bourgeoisie… qui n’est pourtant pas (encore) la classe dominante dans la plupart des régions concernées. La noblesse a d’ailleurs tendance à disparaître de l’ouvrage, comme si elle était déjà un épiphénomène à l’époque moderne.

      Ici il lui reproche l’objet même de son livre et de sa théorie et de joué du vocabulaire associé. L’idée que les hérésies étaient en fait des révoltes prolétariennes accusées à tord de sorcellerie est justement une des nouveautés apporté par Federici.
      Quant à l’absence des nobles, je suis pas d’accord, illes sont mentionné en lien avec le clergé, l’histoire de la banque. Il y a aussi de longues parties sur le servage qui implique les nobles. Les guerres menées par les nobles et les problèmes de mercenaires laissé libre par les nobles de se payé par les viols des filles et femmes et pillages.

      Dans un autre ordre d’idées (mais dans le même esprit), on relèvera l’affirmation gratuite de la page 376[13], selon laquelle les calomnies déversées sur les « pétroleuses » durant la Commune de Paris de 1871 étaient « tirées du répertoire de la chasse aux sorcières ».

      Ici je voie pas pourquoi cette mention serait gratuite et je la trouve personnellement interessante.

      C’est long dit donc et j’en suis pas encore à la moitié !
      Je suis d’accord sur le fait qu’il faudrait une vérification des sources et un approfondissement de ces idées et thèses par d’autres historien·nes, mais certainement pas ces deux masculinistes.

      La partie 4 est de la pure Phallosophie. Comment cette arrogante Federici ose parler de phallosophie et critiquer Descartes et Hobbs, deux mecs qui n’ont pas à etre contestés par des femmes, mais uniquement par d’autres phallosophes phallophores. A part des injures et des démonstrations par les monty python je voie pas trop l’interet de la partie 4.

      Mais surtout, il existe un contre-exemple majeur à la thèse de Silvia Federici, qu’elle se garde bien d’évoquer, en la personne de Jean Wier (ou Johann Weyer), médecin et philosophe du XVIe siècle, ancêtre de la psychiatrie, qui a joué un rôle dans la lutte contre la chasse aux sorcières en expliquant que celles-ci n’étaient pas possédées par le démon mais victimes d’hallucinations.

      Ici un seul contre-exemple suffit à abattre toute la théorie de Federici. Ca n’est qu’une exception, ils le disent eux même et elle est plutot interessante pour ce qu’elle revelle du basculement de la figure de la sorcière à celle de l’hystérique du XIXeme « rationaliste » et industriel.

      Enfin la ccl de la partie 1 - A part les images et surtout celle de Christine de Pizan (les autres images incriminés c’est moins convainquant) le reste des critiques est plus fondé ni sourcé que par les monty python et des autres qui ne donnent pas leurs source.

      Par exemple la théorie de Barbara Ehrenreich et Deirdre English est sois disant invalidé par Alison Rowlands qui dit simplement :

      Les historiens ont réfuté l’idée que les sages-femmes et les guérisseuses aient été les cibles spécifiques d’une chasse aux sorcières orchestrée par les élites.

      C’est qui les historiens de Alison Rowlands ? Peggy Sastre ? Ca suffit pas à me convaincre. Federici fournis des sources même si c’est pas toujours le cas pour l’iconographie. Plutôt que de l’insulté j’aurais voulu des sources parceque là en fait il y en a pas, ils disent qu’elle sort des chiffres de son chapeau mais en fait leur démonstration montre que non.

    • Partie 2

      Le natalisme, fruit d’une crise démographique ?
      Jean-Baptiste Colbert,
      un fervent populationniste
      Le premier, sans doute le plus original, est que le capitalisme naissant aurait été confronté à un risque de pénurie de main d’œuvre (risque réel ou fantasmé, le texte n’est pas clair sur ce point et de toutes façons n’avance pas de sources pour établir l’existence de cette panique).

      Ca c’est pas vrai, Federici parle de la peste et je sais pas si elle fourni des chiffres mais bon on peu les trouver et c’est assez notoire que la peste causé 2 ou 3 décès en Europe ! Meme chose sur le reproche sur le droit romain. C’est pas son sujet, elle fournis des références là dessus mais ne développe pas je voie pas le pbl.

      Il ressort de ce passage une idée somme toute incontestable : toutes choses égales par ailleurs, la fourniture de travail gratuit (il serait plus exact de dire quasi-gratuit) par une fraction de la classe travailleuse, pour la production d’une marchandise utilisée dans la production – en l’occurrence, la force de travail – représente un gain supplémentaire pour la classe capitaliste.

      Ici le (quasi-gratuit) fait référence au fait que les femmes sont nourries et vétus ce qui fait que le travail n’est pas jugé gratuit. C’est bien sale comme parenthèse car ceci s’applique à l’esclavage et il y a une petit pointe de bourgoise entretenue dans cette remarque.

      « Il s’agit également d’une stratégie d’enclosure qui, suivant les contextes, pouvait être une enclosure de la terre, du corps, ou des relations sociales. » (p. 382).

      Le lecteur qui n’a pas encore perdu la raison se dit alors que soit le terme « enclosure » est un fourre-tout censé pouvoir qualifier à peu près n‘importe quoi ; soit il est utilisé dans son sens normal, à savoir « l’instauration de barrières » (y compris pour les corps ou les relations sociales, donc). Mais alors quelles sont concrètement ces « enclosures » qui privatisent et enferment ainsi les corps des femmes ?

      Peut être le #viol et la #culture_du_viol banane ! Il est encore pire que le premier celui là.

      Il recommence juste après :

      En quoi, dans la nouvelle société, chaque femme non bourgeoise devenait-elle une ressource « commune » ? Mystère.

      Prostitution, viol des femmes célibataires et veuves non-bourgeoises, obligation de vie au couvent (si ca c’est pas de l’enclosure !), injonction à la reproduction, humiliation des femmes qui parlent en publique (cf bride par exemple), menaces de torture, mise à mort publique... C’est quoi le mystère là dedans et tout ceci est mentionné par Federici.

      Pour en revenir au fond de la thèse, s’il est un aspect pour lequel on peut de manière assez sûre établir un lien de cause à effet entre la montée des rapports capitalistes et les modifications des rapports sociaux « de reproduction », c’est l’émergence de la famille nucléaire. On a pu, par exemple, expliquer de manière très convaincante comment la marchandisation des relations économiques tend à dissoudre les anciennes formes familiales, plus étendues, et à favoriser l’unité socio-économique composée d’un couple et de ses enfants. Il est en revanche beaucoup plus difficile de situer, dans ce mouvement, la place et la nécessité de la domination masculine, ainsi que celle de la relégation des femmes aux tâches domestiques. On a déjà évoqué la prudence qui s’imposait sur les conclusions à tirer de l’impact du travail domestique sur la rentabilité du capital. Mais il faut également remarquer qu’en soi, il est parfaitement indifférent au capital que ce travail domestique soit effectué par des femmes à titre exclusif ou principal, plutôt que par des hommes. Du travail gratuit est du travail gratuit, quel que soit le sexe de celui qui l’effectue, et la plus-value n’a pas davantage de genre qu’elle n’a d’odeur.

      La famille nucléaire est en lien avec la puissance paternelle ( cf droit romain qu’il prétend connaître au debut de son texte et qu’il oublie subitement) et c’est différent d’etre seule à faire le ménage qu’en collectivité. D’autre part ce mec fait comme si tous les travaux avaient la même valeur symbolique et comme si ces taches n’étaient pas aussi imposé aux hommes dans le cadre de l’esclavage.

      Je le rejoint par contre sur cette partie :

      Mais ce sont aussi, et surtout, les sociétés colonisées, telles celles de l’Amérique précolombienne, qui font l’objet d’une fascination rétrospective qui tient largement du fantasme. On apprend donc non sans surprise que les femmes y étaient « en position de pouvoir (…) [ce qui] se reflète dans l’existence de nombreuses divinités féminines ». (p. 401) Si les mots ont un sens, il s’agissait donc de matriarcats. Une telle révélation, qui contredit toute les connaissances ethnologiques, ne s’encombre d’aucune référence (et pour cause), et ne s’appuie que sur un argument réfuté depuis longtemps, nombre de sociétés ayant adoré des divinités féminines tout en étant parfaitement patriarcales.

      Je suis d’accord que l’existence de divinités femelles n’est pas un gage de matriarcat et le matriarcat ca me broute.

    • @mad_meg Oui, sur la démographie j’ai bondi aussi, dire que les autorités « ne pouvaient pas savoir » alors que la peste de 1347 a tué au moins un tiers de la population européenne...

    • Ca y est j’ai fini cette lecture. Je suis d’accord avec les auteurs pour une vérification sérieuse mais du coup pas de la part de scientifiques aussi anti-féministes. Je pense que l’histoire est une vision de notre présent et de ses préoccupations, et effectivment aujourd’hui les femmes voient leur histoire. Federici propose un prisme de lecture qui a l’interet de lié féminisme, marxisme et anti-colonialisme et elle ne prétend pas qu’il recouvre l’integralité du réel ou que ca devrait être l’unique moyen de lire l’histoire. C’est celui qu’elle propose forgé à partir des éléments qu’elle a assemblé. Par rapport au matriarcat et à certains trucs essentialistes je rejoint les auteurs, mais c’est un point de détail par rapport au travail de Federici.

      C’est bien qu’il y ai enfin des critiques non-enthousiastes de ce livre et j’espère que des historiennes féministes vont faire ce travail de vérification, approfondissement et parfois invalidation des théories de Federici.

    • Quelques images de crapauds


      L’araignée et le crapaud (f°176v) — « Les dits de Watriquet de Couvin », par le scribe "au long nez" (Rouse), miniatures attribuées au Maître de Watriquet, 1329, France [BNF, Arsenal Ms 3225] — « Ci comence le dit de l’Yraigne & du crapot. » — See more at : https://archive.org/details/ditsdewatriquetd00watruoft


      L’image s’appelle Crapaud-sorcière-Maroilles

      au Moyen Âge, le crapaud était censé contenir une crapaudine, pierre magique qui servait d’antidote à tout type de poison.

      il était volontiers associé à la sorcellerie et aux maléfices et à la laideur, il entrait dans la composition des philtres et était utilisé dans des rituels magiques.
      Certains crapauds possèdent effectivement des propriétés médicinales et hallucinogènes encore utilisées de nos jours7. On le considère aussi comme la face ténébreuse, infernale et lunaire de la grenouille et des théophanies lunaires en font l’attribut mort8.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Crapaud


      ci dessus un alchimiste ou sorcier extrayant la crapaudine


      Cette sculpture pourrait représenter un crapaud associé au vagin mais vu son etat c’est certain non plus.

      Au passage sur les crapauds et l’histoire je suis tombé sur ceci qui est amusant.

      Les chroniqueurs du Moyen-Âge , étaient surtout des religieux , clercs ou moines , et une de leurs attributions était de copier les manuscrits . Comme ils étaient également de fins illustrateurs , ils nous ont laissé des quantités phénoménales d’enluminures , gravures , dessins , lettrines , etc... pour notre plus grand plaisir , ce sont les BD de l’Histoire. Et la folie du dessin héraldique leur est montée à la tête, comme une drogue , à vouloir blasonner tout et n’importe quoi ! Les personnages légendaires ( comme les Chevaliers de la Table Ronde) , les personnages de la Bible et du Nouveau Testament , y compris Dieu , Jésus-Christ , même le Diable , et aussi la Mort , tout y est passé. Et donc aussi les grands personnages de la vraie Histoire antérieure au XIIè siècle ; pour l’Antiquité : le roi David, Alexandre le Grand, Jules César, etc...


      Voici donc comment Clovis et les rois mérovingiens , ses successeurs se sont vu attribuer des crapauds , et surtout à l’étranger , d’ailleurs , bizarrement ! Est-ce que nous n’étions pas déjà des froggies en ce temps-là ?

      Par la suite , découlant de ces extravagances, des phantasmes ont eu cours, à toutes les époques, pour prétendre que le symbole de la fleur de lys serait une déformation progressive du crapaud vers la fleur.

      source : http://herald-dick-magazine.blogspot.fr/2011/11/1500-eme-anniversaire-de-la-mort-de.html

      Pour savoir d’où viens le nom "froggies" pour désigné les français·es : http://www.lehman.cuny.edu/lehman/depts/depts/langlit/tbj/01dec/b3.pdf

      –---
      Par rapport au crapaud il me semble qu’il est aussi associé à un pêcher captial. J’aurais pensé la gloutonnerie mais Caillot s’en est servit pour l’avarice


      Pareil chez Bruegel

      –—
      Mais chez Bosch on retrouve ce vagin-crapaud associé à l’orgueil

      et ici on retrouve le motif crapaud-orgueil mais le crapaud n’est plus sur le vagin.

      encore chez Bosch probablement un détail de la tentation de saint Antoine (à vérifier) cette fois le crapaud est sur un sexe d’homme

      encore bosch et encore une tentation de saint antoine et encore un crapaud

      Il y a quand meme beaucoup d’iconographie associant crapaud, diable, péchés, sorcières (les miroirs associant orgeuil, féminité et crapaud sont appelés miroir aux sorcières). Le motif du crapaud sur sexe féminin est pas difficile à trouvé et du coup là dessus rien d’abusif dans ce que dit Federici.

      Pour le plaisir j’ajoute ce crapaud communiant qui consacre une hostie au diable :)

    • Tout le raisonnement de Marx, tout le caractère « scientifique » de son socialisme reposait sur l’idée que le capitalisme, en développant les forces productives, mettait en place, pour la première fois dans l’évolution sociale humaine, les conditions du socialisme. Ainsi qu’on vient de le dire, il faudrait ajouter à cela que le capitalisme a également jeté les fondements de la disparition de la division sexuelle du travail, c’est-à-dire de l’émancipation des femmes.

      Les deux affirmations sont fausses et/ou incomplètes.

      La première partie ne concerne pas uniquement Marx, mais déjà seulement une partie de l’œuvre de Marx, qui tout au long de ses écrits se contredit lui-même en permanence, avec parfois un accent sur la lutte des classes et le fait que le capitalisme pose les bases de… etc, et d’autres passages où il remet fondamentalement en cause le travail, la marchandise, l’automatisation avec le machinisme. Cette première affirmation est avant tout le cœur de l’utopie (ou de la dystopie pour d’autres !) du marxisme orthodoxe, des paléo-marxistes bas du front, du léninisme, bref, vraiment pas ce qu’il faut garder de Marx (et par ailleurs certaines choses qu’il n’a pas dit lui-même parfois, mais seulement les marxistes qui ont suivi).
      #paléo-marxisme

      La deuxième partie est même entièrement fausse suivant la théorie de la dissociation-valeur (Roswitha Sholz et Robert Kurz). Le libéralisme récent a donné quelques libertés à certaines femmes (et suivant des rapports de force et de dures batailles, pas juste comme ça pour faire plaisir ni même structurellement), mais le capitalisme lui-même d’après Roswitha Sholz est, exactement inversement, basé entièrement sur une dissociation sexuelle !

      Le côté obscur du capital. « Masculinité » et « féminité » comme piliers de la modernité
      https://seenthis.net/messages/638929
      http://www.palim-psao.fr/2017/10/le-cote-obscur-du-capital.masculinite-et-feminite-comme-piliers-de-la-mod

      Remarques sur les notions de « valeur » et de « dissociation-valeur »
      http://www.palim-psao.fr/2017/03/remarques-sur-les-notions-de-valeur-et-de-dissociation-valeur-par-roswith

      Marie, étends ton manteau
      Production et reproduction à l’heure du capitalisme en crise
      http://www.palim-psao.fr/article-marie-etends-to-manteau-production-et-reproduction-a-l-heure-du-c

    • Y a pas de quoi c’était amusant et j’ai trouvé plein d’images de crapaud sympas. D’ailleur je vais chercher les juments aussi car contrairement à ce que disent ces critiques la jument est associé à la femme dans pas mal de systhèmes symboliques pas que la Mara du cauchemarre.

      Sur les Mara et la version occitane de la croyance :

      Dans la tradition scandinave, la chevauchée s’applique par tradition aux sorcières, notamment la mara, être féminin qui chevauche les gens ou animaux pendant leur sommeil.

      Dans la mythologie scandinave, profondément magique, la chevauchée s’inscrit dans le langage : chevaucher le soir (kveldrídha), chevaucher dans le noir (túnrídha), chevaucher sous forme de troll (trollrídha), rídha signifiant « chevaucher ». Selon Régis Boyer4, par chevauchée il faut entendre capter et domestiquer le Hugr à des fins hostiles. Or le Hugr est un principe actif universel qui peut parfois être capté par des gens malveillants pour produire des effets nuisibles. Le Hugr se matérialise alors à des fins utilitaires et provoque notamment des maladies, riska, contraction de ridska (de rídha, « chevaucher »).
      Sarramauca en Occitanie

      La sarramauca est un personnage féminin imaginaire qui, dans les croyances populaires de l’Occitanie et des Pyrénées, venait la nuit perturber le sommeil des dormeurs en les écrasant sous son poids.

      Sarramauca signifie en occitan « serre (la) poitrine (ou le ventre) ». C’est l’équivalent de la Chauchevieille, Caucavielha que l’on retrouve jusqu’à Lyon, de la pesadilla des Pyrénées espagnoles ou une foule d’autres personnages assimilés au Cauchemar5, dont la caractéristique est d’intervenir dans le sommeil et de provoquer sensations d’oppression et d’étouffement, d’écrasement, pouvant aller jusqu’à la mort.

      La sarramauca était souvent invoquée dans des morts inexpliquées de personnes, dont beaucoup d’enfants. Il est à peu près certain que les symptômes ressentis pouvaient être aussi bien ceux d’une mauvaise digestion, que de maladies diverses, et pour beaucoup de nourrissons l’étouffement provoqué par leur propre mère ou leur nourrice, compte tenu des conditions de promiscuité fréquentes aux siècles passés.

      La protection contre la sarramauca ou ses équivalents était la même que celle employée contre la sorcellerie : prières et formules à réciter, rameaux de fenouil ou d’aubépine, etc.

      Une légende dit qu’une femme, tourmentée par la sarramauca, imagina de se protéger en posant sur sa poitrine des penches, peignes à carder à longues dents acérées. Dans la nuit, elle entendit une voix épouvantable lui crier : « Et si je les retournais ? », et c’est ce qui lui arriva : elle fut transpercée par ses propres peignes6.

      Plusieurs procès de sorcellerie ont eu pour objet des accusations d’étouffement nocturne, notamment à Seix, en Couserans (Ariège).

      Autre source sur le sujet plus fournie :
      http://www.paranormal-encyclopedie.com/wiki/Articles/Cauquemar


      Mara chevauchant un loup

    • Il y a quelque chose qui me gène avec la manière dont la critique de l’ouvrage de Silvia Federici est discutée ici. Kindo et Darmangeat discutent de ce que Federici écrit. Ils considèrent que la valeur de ce que dit un être humain n’est pas lié à la couleur de sa peau ou la forme de ses organes génitaux, mais au sérieux avec lequel les affirmations sont énoncées et les arguments avancés. Au contraire, une part importante de la réponse qui leur est faite ici n’est pas sur ce qu’ils disent, mais sur ce qu’ils sont : des hommes. Quelques exemples parmi d’autres : « ton arrogant d’hommes supérieurement cultivés », « De leur point de vue de dominants », "le mâle gaze d’un ponte, « ces deux mecs », « phallosophes phallophores », « ce mec »

      Il s’agit d’une essentialisation tout à fait contraire à l’idée que je me fais du féminisme. Pour ma part, je milite pour une société où le fait d’être un homme ou une femme ne devrait pas avoir plus de signification que n’importe quelle autre caractéristique physique, mais où chacun est considéré comme un être humain pour ce qu’il dit ou fait. La moindre des choses lorsqu’on est féministe est de faire de même dès que nous le pouvons. Bien entendu, personne ne nie que dans la société actuelle, nous sommes élevés différemment, mais aucune d’entre nous n’accepterait que son combat féministe ne soit dénié parce qu’elle est une femme. Les féministes ne sont-elles pas régulièrement dépeintes par leurs adversaires non en fonction de ce qu’elles disent mais de ce qu’elles sont ? La moindre des choses est de ne pas dénier le droit des hommes de défendre des positions féministes, même si tel ou tel argument qu’il avance ne vous convainc pas. S’il ne vous convainc pas très bien, discutez l’argument. Le fait que Federici multiplie par 10, sans référence, le nombre de femmes exécutées pour sorcellerie ne vous dérange pas ? très bien, dites simplement pourquoi. Vous avez d’autres sources, qui contredisent celles qu’ils ont ? Fantastique, donnez-les. Mais nos idées féministes avanceront plus vite si nous ne reproduisons pas le plus ridicule essentialisme que nos adversaires nous opposent.

      Par ailleurs, les auteurs sont qualifiés plusieurs fois de « scientifiques aussi anti-féministes » ou de « masculinistes ». Renseignez-vous avant de qualifier ainsi un militant, spécialiste de la domination masculine (qui écrit un titre aussi anti-féministe et phallocratique que « L’oppression des femmes hier et aujourd’hui : pour en finir demain ! » : http://cdarmangeat.free.fr/?p=d). Un auteur féministe n’est pas d’accord avec une auteure féministe. Cela vous gène ? Voulez vous dire que parmi ceux qui défendent l’idée d’émancipation des femmes tout le monde doit être d’accord sur tout ? Qu’il est impossible de critiquer un travail sans être immédiatement taxé de pallosophe pallophore masculiniste ? Que si un travail féministe n’est pas sérieux cela remettrait en cause tout le féminisme ? Cette vision stalinienne du féminisme n’est pas la mienne : parmi tous ceux qui défendent l’émancipation des femmes, des arguments me convainquent, d’autres moins, certains sont sérieux, d’autres moins. La discussion doit porter sur cela et c’est bien ce que font les auteurs. Les réponses ici consistent en attaques ad hominem et l’excommunication. C’est triste.

    • J’avais pas vu ta contribution @agnes1
      Vu les mots qui te font réagir je présume que c’est à moi que tu fait ce commentaire.
      Je suis une mauvaise femme. Je cultive ca depuis mon enfance, quant j’ai compris qu’être une bonne femme c’etait se faire baiser.

      Pour ma part, je milite pour une société où le fait d’être un homme ou une femme ne devrait pas avoir plus de signification que n’importe quelle autre caractéristique physique, mais où chacun est considéré comme un être humain pour ce qu’il dit ou fait.

      Oui c’est une belle perspective, mais si tu pense qu’on doit allé vers ceci, c’est bien que nous n’y sommes pas déjà. Comme on n’y est pas déjà, faire comme si on y était c’est pas forcement la solution. Pour moi qui pense comme toi que c’est un objectif à atteindre, je pense qu’à 9h44 le 27 avril 2018, ca fait une différence de point de vue d’etre femme, homme, intersexe, racisé·e, petit·e, pauvre, diplomé·e...

      Je travail sur le vocabulaire et je m’amuse souvent à inverser les insultes ou à rendre visible les travers des dominants. Je range ca sur @seenthis avec le tag #mégèrisme

      J’ai répondu sur le fond de ce que disent ces historiens, j’ai été cherché des sources, et je critique aussi Federicci pour son utilisation des images depuis que le livre est sorti et que je l’ai lu il y a 2ans. Quand je parle de phallosophe et phallophore c’est pour souligner leur style de dominant. Je les trouve condescendants, je trouve qu’ils ne fournissent pas de sources non plus de ce qu’ils affirment, que certaines choses qu’ils reprochent à Federicci sont fausses, par exemple la partie sur l’éthymologie de « nightmare » et « mare » en anglais.... Je refait pas les commentaires détaillés que j’ai fournis.
      Domage que tu n’ai retenu que mes critiques sur le style et que tu les ai prises pour de l’essentialisme. Le phallus ce n’est pas le penis. Le phallus c’est un concepte de domination masculine, le penis c’est un organe urinaire et sexuel. Quant je dit « phallosophe » ca veut dire qui pense selon le concepte de domination masculine et « phallophore » c’est qu’il le porte ce concepte, le transmet, le vehicule. Ce n’est pas essentialiste mais je comprend que ca sois difficile à comprendre si on est pas familiarisé·e avec mon écriture.
      En tout cas sois pas triste, perso ton commentaire m’a fait rire.
      Bonne journée

    • Merci @mad_meg .

      Je suis plutôt d’accord avec les remarques de @agnes1

      Concernant l’étymologie de nightmare j’ai trouvé ceci :
      http://ombresvertes.blogspot.com/2007/09/en-qute-des-juments-de-la-nuit-1.html
      http://ombresvertes.blogspot.fr/2007/09/en-qute-des-juments-de-la-nuit-2.html
      http://ombresvertes.blogspot.com/2007/10/en-qute-des-juments-de-la-nuit-3.html

      Christopher Frayling nous informe que l’étymologie de « nightmare » ne provient pas de « nuit » et de « jument », mais de « nuit » et du nom d’un esprit qui dans la mythologie nordique se fait appeler « mare » ou « mara » (provenant du vieil allemand « Mahr »), et vient oppresser les dormeurs dans leur sommeil. Le dictionnaire de Johnson (1755), qui fait autorité à l’époque de Fuseli, donne cette étymologie à l’entrée « Nightmare » (cauchemar) :

      Nightmare : [night, and according to Temple, mara, a spirit that, in the northern mythology, was related to torment or suffocate sleepers]. A morbid oppression in the night, resembling the pressure of weight upon the breast.

    • Je le sais @crapaud ton féminisme me semble assez proche de celui de @agnes1

      Pour le lien entre nightmare et mara je l’ai deja fournis et si on va chercher plus loin que ta source et voire ce qu’est une MARA, tu verra qu’une MARA est une entité chevaline. Du coup il y a bien un lien entre cheval et nightmare.

  • Slavoj Žižek · The Non-Existence of Norway · LRB 9 September 2015

    https://www.lrb.co.uk/2015/09/09/slavoj-zizek/the-non-existence-of-norway

    The Non-Existence of Norway

    Slavoj Žižek on the refugee crisis

    The flow of refugees from Africa and the Middle East into Western Europe has provoked a set of reactions strikingly similar to those we display on learning we have a terminal illness, according to the schema described by Elisabeth Kübler-Ross in her classic study On Death and Dying. First there is denial: ‘It’s not so serious, let’s just ignore it’ (we don’t hear much of this any longer). Then there is anger – how can this happen to me? – which explodes when denial is no longer plausible: ‘Refugees are a threat to our way of life; Muslim fundamentalists are hiding among them; they have to be stopped!’ There is bargaining: ‘OK, let’s decide on quotas; let them have refugee camps in their own countries.’ There is depression: ‘We are lost, Europe is turning into Europastan!’ What we haven’t yet seen is Kübler-Ross’s fifth stage, acceptance, which in this case would involve the drawing up of an all-European plan to deal with the refugees.

    What should be done? Public opinion is sharply divided. Left liberals express their outrage that Europe is allowing thousands to drown in the Mediterranean: Europe, they say, should show solidarity and throw open its doors. Anti-immigrant populists say we need to protect our way of life: foreigners should solve their own problems. Both solutions sound bad, but which is worse? To paraphrase Stalin, they are both worse. The greatest hypocrites are those who call for open borders. They know very well this will never happen: it would instantly trigger a populist revolt in Europe. They play the beautiful soul, superior to the corrupted world while continuing to get along in it. The anti-immigrant populist also knows very well that, left to themselves, people in Africa and the Middle East will not succeed in solving their own problems and changing their societies. Why not? Because we in Western Europe are preventing them from doing so. It was Western intervention in Libya that threw the country into chaos. It was the US attack on Iraq that created the conditions for the rise of Islamic State. The ongoing civil war in the Central African Republic between the Christian south and the Muslim north is not just an explosion of ethnic hatred, it was triggered by the discovery of oil in the north: France and China are fighting for the control of resources through their proxies. It was a global hunger for minerals, including coltan, cobalt, diamonds and copper, that abetted the ‘warlordism’ in the Democratic Republic of the Congo in the 1990s and early 2000s.

    If we really want to stem the flow of refugees, then, it is crucial to recognise that most of them come from ‘failed states’, where public authority is more or less inoperative: Syria, Iraq, Libya, Somalia, DRC and so on. This disintegration of state power is not a local phenomenon but a result of international politics and the global economic system, in some cases – like Libya and Iraq – a direct outcome of Western intervention. (One should also note that the ‘failed states’ of the Middle East were condemned to failure by the boundaries drawn up during the First World War by Britain and France.)

    It has not escaped notice that the wealthiest countries in the Middle East (Saudi Arabia, Kuwait, the Emirates, Qatar) have been much less open to refugees than the not so rich (Turkey, Egypt, Iran etc). Saudi Arabia has even returned ‘Muslim’ refugees to Somalia. Is this because Saudi Arabia is a fundamentalist theocracy which cannot tolerate foreign intruders? Yes, but Saudi Arabia’s dependence on oil revenues makes it a fully integrated economic partner of the West. There should be serious international pressure on Saudi Arabia (and Kuwait and Qatar and the Emirates) to accept a large contingent of the refugees, especially since, by supporting the anti-Assad rebels, the Saudis bear a measure of responsibility for the current situation in Syria.

    New forms of slavery are the hallmark of these wealthy countries: millions of immigrant workers on the Arabian peninsula are deprived of elementary civil rights and freedoms; in Asia, millions of workers live in sweatshops organised like concentration camps. But there are examples closer to home. On 1 December 2013 a Chinese-owned clothing factory in Prato, near Florence, burned down, killing seven workers trapped in an improvised cardboard dormitory. ‘No one can say they are surprised at this,’ Roberto Pistonina, a local trade unionist, remarked, ‘because everyone has known for years that, in the area between Florence and Prato, hundreds if not thousands of people are living and working in conditions of near slavery.’ There are more than four thousand Chinese-owned businesses in Prato, and thousands of Chinese immigrants are believed to be living in the city illegally, working as many as 16 hours a day for a network of workshops and wholesalers.

    The new slavery is not confined to the suburbs of Shanghai, or Dubai, or Qatar. It is in our midst; we just don’t see it, or pretend not to see it. Sweated labour is a structural necessity of today’s global capitalism. Many of the refugees entering Europe will become part of its growing precarious workforce, in many cases at the expense of local workers, who react to the threat by joining the latest wave of anti-immigrant populism.

    In escaping their war-torn homelands, the refugees are possessed by a dream. Refugees arriving in southern Italy do not want to stay there: many of them are trying to get to Scandinavia. The thousands of migrants in Calais are not satisfied with France: they are ready to risk their lives to enter the UK. Tens of thousands of refugees in Balkan countries are desperate to get to Germany. They assert their dreams as their unconditional right, and demand from the European authorities not only proper food and medical care but also transportation to the destination of their choice. There is something enigmatically utopian in this demand: as if it were the duty of Europe to realise their dreams – dreams which, incidentally, are out of reach of most Europeans (surely a good number of Southern and Eastern Europeans would prefer to live in Norway too?). It is precisely when people find themselves in poverty, distress and danger – when we’d expect them to settle for a minimum of safety and wellbeing – that their utopianism becomes most intransigent. But the hard truth to be faced by the refugees is that ‘there is no Norway,’ even in Norway.

    We must abandon the notion that it is inherently racist or proto-fascist for host populations to talk of protecting their ‘way of life’. If we don’t, the way will be clear for the forward march of anti-immigration sentiment in Europe whose latest manifestation is in Sweden, where according to the latest polling the anti-immigrant Sweden Democrats have overtaken the Social Democrats as the country’s most popular party. The standard left-liberal line on this is an arrogant moralism: the moment we give any credence to the idea of ‘protecting our way of life’, we compromise our position, since we’re merely proposing a more modest version of what anti-immigrant populists openly advocate. And this is indeed the cautious approach that centrist parties have adopted in recent years. They reject the open racism of anti-immigrant populists, but at the same time profess that they ‘understand the concerns’ of ordinary people, and so enact a more ‘rational’ anti-immigration policy.

    We should nevertheless reject the left-liberal attitude. The complaints that moralise the situation – ‘Europe is indifferent to the suffering of others’ etc – are merely the obverse of anti-immigrant brutality. They share the presupposition, which is in no way self-evident, that the defence of one’s own way of life is incompatible with ethical universalism. We should avoid getting trapped in the liberal self-interrogation, ‘How much tolerance can we afford?’ Should we tolerate migrants who prevent their children going to state schools; who force their women to dress and behave in a certain way; who arrange their children’s marriages; who discriminate against homosexuals? We can never be tolerant enough, or we are always already too tolerant. The only way to break this deadlock is to move beyond mere tolerance: we should offer others not just our respect, but the prospect of joining them in a common struggle, since our problems today are problems we share.

    Refugees are the price we pay for a globalised economy in which commodities – but not people – are permitted to circulate freely. The idea of porous borders, of being inundated by foreigners, is immanent to global capitalism. The migrations in Europe are not unique. In South Africa, more than a million refugees from neighbouring states came under attack in April from the local poor for stealing their jobs. There will be more of these stories, caused not only by armed conflict but also by economic crises, natural disasters, climate change and so on. There was a moment, in the wake of the Fukushima nuclear disaster, when the Japanese authorities were preparing to evacuate the entire Tokyo area – more than twenty million people. If that had happened, where would they have gone? Should they have been given a piece of land to develop in Japan, or been dispersed around the world? What if climate change makes northern Siberia more habitable and appropriate for agriculture, while large parts of sub-Saharan Africa become too dry to support a large population? How will the redistribution of people be organised? When events of this kind happened in the past, the social transformations were wild and spontaneous, accompanied by violence and destruction.

    Humankind should get ready to live in a more ‘plastic’ and nomadic way. One thing is clear: national sovereignty will have to be radically redefined and new methods of global co-operation and decision-making devised. First, in the present moment, Europe must reassert its commitment to provide for the dignified treatment of the refugees. There should be no compromise here: large migrations are our future, and the only alternative to such a commitment is renewed barbarism (what some call a ‘clash of civilisations’).

    Second, as a necessary consequence of this commitment, Europe should impose clear rules and regulations. Control of the stream of refugees should be enforced through an administrative network encompassing all of the members of the European Union (to prevent local barbarisms like those of the authorities in Hungary or Slovakia). Refugees should be assured of their safety, but it should also be made clear to them that they must accept the destination allocated to them by European authorities, and that they will have to respect the laws and social norms of European states: no tolerance of religious, sexist or ethnic violence; no right to impose on others one’s own religion or way of life; respect for every individual’s freedom to abandon his or her communal customs, etc. If a woman chooses to cover her face, her choice must be respected; if she chooses not to cover her face, her freedom not to do so must be guaranteed. Such rules privilege the Western European way of life, but that is the price to be paid for European hospitality. These rules should be clearly stated and enforced, by repressive measures – against foreign fundamentalists as well as against our own racists – where necessary.

    Third, a new kind of international military and economic intervention will have to be invented – a kind of intervention that avoids the neocolonial traps of the recent past. The cases of Iraq, Syria and Libya demonstrate how the wrong sort of intervention (in Iraq and Libya) as well as non-intervention (in Syria, where, beneath the appearance of non-intervention, external powers such as Russia and Saudi Arabia are deeply involved) end up in the same deadlock.

    Fourth, most important and most difficult of all, there is a need for radical economic change which would abolish the conditions that create refugees. Without a transformation in the workings of global capitalism, non-European refugees will soon be joined by migrants from Greece and other countries within the Union. When I was young, such an organised attempt at regulation was called communism. Maybe we should reinvent it. Maybe this is, in the long term, the only solution.

    #norvège #réfugiés #asile

  • LTDMDALUDF ( épisode 2.1 – les couleurs et les figures) – Opinion sur rue
    https://fsoulabaille.wordpress.com/2017/11/27/ltdmdaludf-episode-2-les-couleurs-et-les-figures

    Les influences de son créateur ne peuvent pas être conformes à la rationalité de notre siècle moderne, elles le sont avec celle du 14ème de Florence. La rationalité et la spiritualité ne font très certainement qu’une dans l’esprit de Ficin, il lui semble rationnel d’être spirituel et sa spiritualité éclaire sa raison. L’intuition comme l’intelligence sont deux manifestations de la raison guidée par la spiritualité. La rationalité (dans son sens actuel de compréhension par l’explication scientifique) comme la tentation sont par contre deux manifestations de la faiblesse du corps ou de l’esprit, les deux étant porteuses de complications jugées néfastes.

    #tarot_de_Marseille