city:foucault

  • « Une amère déception » Edward Said sur sa rencontre avec Sartre, de Beauvoir et Foucault
    Etat d’Exception | Eugene Wolters | 25 septembre 2017 | Source : Critical Theory. |Traduit de l’anglais par SB, pour Etat d’Exception.
    http://www.etatdexception.net/une-amere-deception-edward-said-sur-sa-rencontre-avec-sartre-de-beau

    « Bien sûr, Sartre avait quelque chose pour nous : un texte préparé sur deux pages dactylographiées qui – j’écris entièrement sur la base d’un souvenir vieux de vingt ans – a loué le courage d’Anouar al-Sadate dans les platitudes les plus banales imaginables. Je ne me souviens pas qu’autant de mots aient été prononcés à propos des Palestiniens, du territoire ou du passé douloureux. Certes, aucune référence n’a été faite au colonialisme de peuplement israélien, semblable à bien des égards à la pratique française en Algérie […]. J’étais anéanti de découvrir que ce héros intellectuel avait succombé dans ses dernières années à un mentor si réactionnaire, et que sur la question de la Palestine l’ancien guerrier et défenseur des opprimés n’avait rien à offrir de plus que l’éloge journalistique le plus conventionnel pour un leader égyptien déjà largement célébré. Durant le reste de la journée, Sartre reprit son silence, et la discussion s’est poursuivie comme auparavant.

  • Quels enfants sont-ils laissés à ce monde ?-Non Fides
    http://www.non-fides.fr/?Quels-enfants-sont-ils-laisses-a-ce-monde

    @Ad Nauseam - De Foucault, les intersectionnalistes cultivent ce qu’en a tiré Butler mais méconnaissent sa position sur la race. Butler en a tiré une dissolution des identités sexuelles. L’hermaphrodite Herculine Barbin faisait dire à Foucault que les assignations mâles et femmes relevaient d’effets de pouvoirs et (...)

    #Non_Fides / #Mediarezo

  • Le marxisme oublié de Foucault, Stéphane Legrand
    http://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2004-2-page-27.htm

    « La société punitive » aborde le même problème que Surveiller et punir : expliquer l’apparition et la généralisation de la prison comme forme punitive au XIXe siècle, et part du même constat : on ne saurait l’expliquer par l’évolution idéologique des théories pénales, non plus que par l’histoire autonome des pratiques judiciaires. Mais il l’appréhende d’une toute autre manière : la forme-prison se rattacherait au développement tendanciel (qui lui est contemporain) de la formesalaire, qui en est historiquement jumelle. C’est parce que la gestion politique du temps et du rythme de vie des individus devient un enjeu majeur pour le pouvoir, que la forme du temps abstrait s’impose en même temps comme principe de mesure à l’appareil pénal et à l’appareil de production. On assiste alors à « l’introduction du #temps dans le système du pouvoir capitaliste et dans le système de la pénalité ». Ce qui permet au premier chef de penser l’homologie possible de deux institutions disciplinaires spécifiques, c’est alors un enjeu politique et économique : le contrôle du temps de la vie :

    « Ainsi ce qui nous permet d’analyser d’un seul tenant le régime punitif des délits et le régime disciplinaire du travail, c’est le rapport du temps de la vie au pouvoir politique : cette répression du temps et par le temps, c’est cette espèce de continuité entre l’horloge de l’atelier, le chronomètre de la chaîne et le calendrier de la prison » (C73, p. 67).

    Mais il faut encore comprendre historiquement, généalogiquement, comment, selon Foucault, le temps de la vie apparaît alors comme un problème politique majeur. Cette apparition est explicable si l’on prend en compte le fait que (dans « La société punitive » comme dans Surveiller et punir) l’institution prison n’est qu’un élément local dans un système de contrainte beaucoup plus large, que Foucault nomme à cette époque le coercitif, défini comme « dimension générale de tous les contrôles sociaux qui caractérisent des sociétés comme les nôtres » (C73, p. 82).
    Foucault aborde le coercitif à partir de l’histoire anglaise, où il est possible de repérer l’évolution d’un certain nombre de groupes sociaux ayant pour objectif la surveillance morale, le contrôle et la punition des populations. Ce qui caractérise ces instances, c’est, en usant d’un terme qu’affectionnait Foucault, qu’elles apparaissent à un niveau « capillaire » : dispersées et non centralisées elles correspondent plutôt à une forme d’autocontrôle des groupes sociaux. D’autre part, elles se donnent moins pour but de détecter et de sanctionner les crimes définis comme tels aux termes d’un code juridique, que d’intervenir sur les irrégularités de comportement, les fautes morales, les propensions psychologiques douteuses, ce que Foucault nomme, dans un vocabulaire criminologique moderne, « les conditions de facilitation de la faute » , dans le but de produire chez les sujets la formation d’habitudes valorisées. Or, Foucault remarque que ces groupements, nés pour réagir à l’incurie du pouvoir central, et souvent pour des motifs extrapolitiques (notamment religieux et économiques), se trouvent tendanciellement repris par l’appareil d’Etat, au cours du XVIIIe siècle. Cette étatisation tendancielle du coercitif répond à une exigence de prise en charge par l’appareil judiciaire des impératifs de moralisation nés en dehors de l’appareil d’Etat, ou encore comme le formule Foucault vise à « mettre en continuité le contrôle et la répression moraux d’une part, et la sanction pénale de l’autre. On assiste à une moralisation du système judiciaire ».

    Cette synthèse moralité-pénalité opérée par l’intégration à l’appareil d’Etat des dispositifs coercitifs, s’explique selon Foucault, assez classiquement, par le développement croissant de l’accumulation capitaliste. A mesure que la richesse s’incarne dans des stocks de plus en plus vastes, dans des moyens de production toujours plus regroupés, c’est en même temps une richesse disponible, facile à dérober ou du moins à détruire, qu’on met sous les mains de groupes de plus en plus nombreux d’ouvriers. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, le système judiciaire se caractérisait selon Foucault par une forte tolérance aux illégalismes, y compris populaires, dans la mesure où ces derniers étaient pour partie des vecteurs de l’implantation des rapports de production spécifiquement capitalistes. Mais cette tolérance devient beaucoup moins acceptable lorsque, les conditions sociales et économiques du travail ayant changé, c’est la nature et la signification de l’illégalisme populaire qui changent avec elles : il consiste de moins en moins à se soustraire à des droits, des corvées ou des prélèvements, et tend de plus en plus à se rabattre sur le vol ou la déprédation. L’étatisation du coercitif répondrait alors, selon Foucault, à la nécessité d’introduire entre l’ouvrier et cette richesse qu’on doit lui mettre dans les mains pour lui arracher le profit, quelque chose de plus que le simple interdit légal, quelque chose qui donne effectivité à l’interdit légal : « Il faut un supplément de code qui vienne compléter et faire fonctionner cette loi : il faut que l’ouvrier lui-même soit moralisé ».

    La disciplinarisation se présente alors, selon un ordre d’exposition dont on constate qu’il diffère en profondeur de celui qu’adoptera Surveiller et punir, comme la condition d’effectivité des rapports juridiques formels qui régissent la relation de travail, ou comme le dit Foucault : « Le contrat salarial doit s’accompagner d’une coercition qui est sa clause de validité » (idem, p. 127). En d’autres termes, c’est du point de vue des luttes de classe et de la construction sociale des rapports de production capitalistes, et donc des sujets disposés subjectivement à y figurer, que l’émergence historique de la disciplinarisation est ici pensée. Foucault, d’ailleurs, le dit dans des termes qui ne pourraient pas être plus clairs : le système coercitif est « l’instrument politique du contrôle et du maintien des rapports de production ».

    Mais elle remplit un second rôle vis-à-vis des rapports de production, qui n’est pas seulement leur reproduction par le contrôle des résistances et des illégalismes populaires, mais aussi l’implantation, chez les producteurs immédiats, des #dispositions_subjectives requises par la production en vue du profit. Le corps de l’ouvrier, en effet, n’inquiète pas seulement en tant qu’il est, par ses besoins, la source de l’illégalisme de prédation et de déprédation : l’ouvrier qui #paresse, qui s’enivre, qui brûle son énergie en faisant la fête, ou encore qui vit à son rythme propre, n’opère pas moins une #soustraction à la richesse produite qu’il ne le ferait en pillant ou saccageant les docks ; il pratique alors ce que Foucault nomme un « #illégalisme_de_dissipation », c’est-à-dire qu’il pratique « l’illégalisme cette fois sur son propre corps, sur sa force de travail » (C73,7 mars, p. 148). Il pille le capital à même sa propre vie qu’il épuise, dérobant par là, non pas la richesse créée mais la condition même du profit. Il faut protéger le capital et les moyens de travail du travailleur, mais il faut aussi protéger la force de travail de son propre porteur, protéger du producteur immédiat la condition de la reproduction élargie.

    #société_punitive #forme_prison #forme_salaire #gestion_politique_du_temps #contrôle_du_temps_de_la_vie #Populations #coercitif #accumulation_capitaliste #illégalismes #travail #supplément_de_code (cf. Anti_0edipe) #disciplinarisation #rapports_de_production #Foucault

    • ... nous nous efforcerons de montrer que les concepts fondamentaux de la théorie foucaldienne des relations de pouvoir dans la « société disciplinaire » restent irrémédiablement aveugles si on ne les articule pas à une théorie de l’exploitation et à une théorie du mode de production capitaliste.

    • Quelqu’un ici aurait lu Marx & Foucault, Lectures, usages, confrontations ? un ouvrage collectif (malheureusement sans contribution de Stéphane Legrand) dont je note ici l’existence.

      La présentation de La Découverte

      Marx et Foucault : deux œuvres, deux pensées sans lesquelles on ne peut saisir le sens de notre présent. Pas de théorie critique qui puisse se passer de leurs concepts et de leurs analyses. Et pas de luttes qui ne renvoient à tel moment ou à tel aspect de leur héritage. Pourtant, de l’un à l’autre le passage ne va pas de soi. Les époques, les intentions, les philosophies même ne sont pas superposables. Hétérogènes donc, ces pensées font, l’une et l’autre, obstacle à tout « foucaldo-marxisme ».
      L’ouvrage vise à montrer des rapports mobiles et complexes, non des identités profondes ou des incompatibilités d’essence. Rapports de Foucault à Marx : il prend appui sur lui pour le déborder, l’envelopper, et parfois l’opposer à lui-même. Rapports de Foucault aux marxismes, sous leurs variantes les plus diverses, humaniste, existentialiste, althussérienne, qui n’ont cessé de composer les actualités changeantes de Foucault. Rapports des marxistes, d’hier et d’aujourd’hui, à Foucault : comment l’ont-ils lu ? Que lui ont-ils reproché, que lui ont-ils emprunté ? Qu’en font-ils aujourd’hui de neuf ?
      C’est donc l’actualité d’une lecture croisée de Marx et Foucault qui est au centre des contributions de cet ouvrage et qui ouvre sur un espace fécond pour l’avenir de la pensée critique.

      #livre

    • Foucault et « la société punitive », Frédéric Gros
      https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2010-4-page-5.htm

      Le propre du coercitif est finalement d’établir ce qu’on pourrait appeler l’extension du punitif, d’une part et, d’autre part, la continuité du punitif et du pénal. L’extension du punitif, c’est simplement l’idée qu’au fond être surveillé ou être évalué, c’est être puni. Par le jeu de cette synthèse établie, par le coercitif, entre la surveillance, l’examen et la peine, quand un médecin me pose des questions sur mon état de santé, quand un professeur m’interroge, quand un contremaître me demande comment j’ai travaillé ou un supérieur ce que j’ai fait, toutes ces questions dégagent aussitôt une certaine aura punitive. Le coercitif fait disparaître la possibilité d’une vigilance empreinte de sollicitude ou d’une simple neutralité scientifique. « Qui es-tu ? », « Comment vas-tu ? », « Qu’as-tu fait ? », « Que sais-tu ? », ces questions pourraient au fond ne rien manifester d’autre qu’une simple curiosité scientifique ou un souci éthique de l’autre. Par le coercitif, elles éveillent en chacun d’entre nous la #crainte d’être puni, si la réponse trahit un #écart par rapport à une #norme (de santé, d’instruction, de comportement, etc.), et même la certitude angoissée, si l’écart est trop grand, de finir en prison… (...)

      Mais il faut se demander une dernière chose : à quoi sert ce dispositif punitif généralisé ? La réponse du cours de 1973 est d’une netteté aveuglante, d’un grand tranchant : il sert à transformer le #temps_de_la_vie en #force_de_travail. Au fond, dit Foucault, tout le travail de Marx aura été de penser comment le #capitalisme prend en otage la force de travail, comment il l’aliène, l’exploite, comment il la transforme, pour son plus grand profit, en force productive. C’est cette alchimie de transformation dont le secret est donné à lire dans Le Capital. Mais, en amont, il convient de décrire la manière dont le temps de la vie, qui comprend la fête, la paresse, la fantaisie et les caprices du désir, a pu déjà être transformé en force de travail. Au fond les institutions coercitives n’ont d’autre but que cette transformation. Ce qu’elles pourchassent, dit Foucault, ce sont toutes les formes de la dissipation : l’imprévoyance, l’irrégularité, le désordre, tout ce par quoi le temps de la vie est inutilement dépensé ? « inutilement » pour le profit capitaliste. Le coercitif permettrait donc de faire coller le temps vivant des hommes au rythme des machines et aux cycles de la production.

    • il convient de décrire la manière dont le temps de la vie, qui comprend la fête, la paresse, la fantaisie et les caprices du désir, a pu déjà être transformé en force de travail

      Il y a malheureusement là une faille dans l’analyse foucaldienne (mais il n’est pas le seul, d’autres marxismes hétérodoxes s’y abiment, sans parler des marxismes traditionnels qui se contentent de glorifier le travail...)

      Le temps de vie ne peut être transformé en force de travail dans n’importe quelle condition. Il faut d’abord que soit opérée la dissociation entre activité productive (au sens du capital, c’est-à-dire productive de valeur) et activité improductive. Cette dissociation opère à un niveau logique et global (une totalité), mais aussi à l’intérieur de toute activité particulière. La capital ne peut donc pas tout saisir pour en faire une force de travail, il doit d’abord faire le grand partage entre ce qui concoure à sa reproduction (la valorisation de la valeur) et ce qui est indispensable à cette reproduction sans être producteur de valeur en soi (le travail domestique notamment). Cette dissociation est aussi celle des genres, tels qu’ils sont exprimés (y compris dans ces aspects psychologique et subjectif) de façon bien spécifique dans la société capitaliste. Chacun des genres devient le masque de ces deux faces dissociées (mais insécables) : force de travail d’un coté, simple reproduction de la vie au sens large de l’autre.

      Ainsi la part d’ombre du travail productif (de valeur), ce sont toutes les activités qui sont improductives, mais qui sont transformées par le mouvement du capital pour servir indirectement à sa reproduction (et qui sont souvent des conditions nécessaires à cette même reproduction : l’élevage préalable des petits humains pour en faire de futur producteur, par exemple). Le capital constitue ainsi tendanciellement ces activités improductives à son image (d’où le coercitif), mais cela n’en fait pas pour autant la possibilité d’y appliquer une force de travail (et donc une opportunité de reproduire le capital lui-même)

      C’est un point important, car la crise du capital, c’est le tarissement du travail productif (et donc l’impossibilité de reproduire le capital). Si toute activité pouvait être versée sans autre forme de procès dans la catégorie force de travail, le capital ne serait que mouvement perpétuel du même. D’un autre coté, la sortie du capital ne peut pas être simplement la promotion tout azimut des activités non productives lorsque celles-ci ne sont en fait que l’ombre porté du travail productif (et donc de la reproduction autotélique du capital)

    • @ktche, je ne sais trop que te répondre... tes remarques me semblent relever d’un travers théoricien (et paradoxalement économiciste, malgré la volonté de rompre avec l’orthodoxie marxiste) qui ne fait guère de place à la lutte, aux relations de pouvoir, à l’historicité. L’impossibilité de « reproduire le capital » est avant tout une question politique.
      Un des intérêt du travail de Foucault est précisément d’échapper aux automatismes d’une « dialectique » résolutive, de s’attacher à nouveau à la critique depuis une #analyse_concrète.
      La tradition ultra gauche française qui fait son miel des Manuscrits de 1844 (et ne lit les Grundrisse que depuis 1844), de la #théorie de l’aliénation, fidèle à la traduction par Rubel des écrits de Marx, à refuser, à juste titre, la #politique comme activité séparée, finit par refuser la politique tout court, préférant une attitude critique contemplative, dans l’attente de voir une inéluctable crise du capitalisme advenir. L’ objectivisme de la « théorie de la valeur » se résume à une forme plus ou moins sophistiquée de désarmement.

      Avec les marxistes bornés, nous avions une « théorie de la valeur travail » (en lieu et place dune critique de celle-ci). Tout cela est désormais bon pour les néolibéraux de tout poil, du PS à l’OCDE, occupés à restaurer sans cesse les conditions de la concurrence et une moralité qui leur soit adéquate (votre dignité est dans le travail).
      La « théorie de la valeur » prédit pour sa part la fin du capitalisme (consolation de la science) tout en éternisant les des rapports sociaux capitalistes.
      Nous avons besoin de valeurs nouvelles, forgées par des conflits, créées, pas de faire encore et encore, une « théorie de la valeur ».

    • La « théorie de la valeur » prédit pour sa part la fin du capitalisme (consolation de la science) tout en éternisant les des rapports sociaux capitalistes.

      Il n’y a pas de prédiction quant à la fin du capitalisme. Il s’agit d’analyser et de décrire sa décomposition (là où nombreux sont ceux qui le voient triomphant comme jamais). La dynamique propre du capital sape les conditions de sa propre reproduction. Ce constat ne conduit à aucun optimisme a priori. La décomposition n’est malheureusement pas la fin (ou alors une fin interminable...) mais plus probablement (et même visiblement si l’on observe les périphéries) une barbarisation.

      Par ailleurs, je mettrais en avant une théorie de la valeur-dissociation, qui justement ne s’en tient pas aux dimensions économiques de la socialisation capitaliste, mais prend en compte l’ombre portée du capital qui est aussi une part constitutive de cette socialisation. Cette part dissociée ne représente pas un pôle positif en soi et ne peut pas plus constituer un point d’appui indiscutable pour sortir du capital, car c’est bien la dissociation elle-même qui est constitutive du rapport social capitaliste.

      Enfin, je serais très réticent à identifier les oppositions abstrait/concret et théorique/pratique. Il y a malheureusement des pratiques très abstraites (i.e. qui participent de l’évidement de tout contenu) et heureusement des théories très concrètes (i.e. qui permettent d’identifier le caractère fétiche de la reproduction du quotidien et de dénaturaliser des fausses évidences)

  • Suite à
    http://seenthis.net/messages/412967
    http://seenthis.net/messages/415342#message416222

    @koldobika @rastapopoulos @martin5

    Mercredi 21 Octobre 2015 (oui oui, ce soir !)
    Le Désert de la critique
    Renaud Garcia présentera son livre Le Désert de la critique
    à partir de 19 heures
    à la Zone Du Dehors (68 cours Victor Hugo, 33000 Bordeaux)

    & forcément @aude_v

    Samedi 24 Octobre 2015
    Renaud Garcia présentera son livre à partir de 16 heures
    à la librairie L’Insoumise (10 rue d’Arras, 59000 Lille)
    http://www.linsoumiselille.net

    #renaud_garcia #bordeaux #lille

    • DISCUSSION
      Se changer soi ou changer la société ?
      Samedi 24 octobre à 16h

      (Se) déconstruire semble être le dernier mot des mouvements d’émancipation. Il ne s’agit plus d’analyser, de réfuter ou de démystifier les faits et les discours du pouvoir, mais de se changer individuellement, dans un rapport de soi à soi, et depuis une identité physique et/ou culturelle. Avant d’être dans toutes les bouches, les déconstructeurs savent-ils seulement d’où vient la déconstruction ? Qu’elle a été inaugurée en France par ce qu’on appelle la « French Theory » (Derrida, Foucault, Deleuze, Guattari) avant de se répandre dans les campus américains et de nous revenir comme un boomerang ? Remettant en question toute idée de vérité, d’universalité, de nature ; considérant la politique non plus avec les lunettes de l’« exploitation » ou de l’« aliénation », mais avec celles de « dominations » qui traverseraient chacun de nous, la révolte individuelle des déconstructeurs va jusqu’à accompagner les derniers développements de la marchandise et du libéralisme.
      Renaud Garcia, prof de philo en lycée et fin connaisseur de Pierre Kropotkine, auteur de Désert de la critique. Déconstruction et politique (L’échappée, 2015) nous présentera de façon concise cette notion pour que nous puissions discuter ensemble de la manière de faire de la politique aujourd’hui.
      Cette discussion n’est pas organisée dans le cadre de Cité Philo. ;)

      http://www.linsoumiselille.net

    • merci pour l’invitation, mais le ton adopté dans le texte de présentation est propre à décourager toute velléité de discussion.

      Je le cite intégralement, pour que l’on puisse juger à nouveau sur pièce de ce que l’éditeur à jugé opportun d’y donner à lire :

      La nature humaine ? Fiction dangereuse. La raison analytique ? Instrument d’uniformisation culturelle. La vérité ? Objet relatif masquant les dispositifs de pouvoir. Le langage ? Geôlier de la créativité. L’universalisme ? Alibi de l’Occident pour dominer le monde. Le corps ? Pâte à modeler au gré des innovations technologiques. Tels sont les lieux, devenus communs, de la pensée de la déconstruction.

      Déconstruire… D’un concept plutôt ésotérique, les gauches « radicales » ont fait un programme systématique consistant à suspecter un rapport de domination sous chaque idée ou comportement. Si elles permettent de redoubler de subtilité sur les questions de mœurs – le domaine « sociétal » –, les théories de la déconstruction rendent les armes devant la marchandisation généralisée, l’emprise des industries culturelles et l’artificialisation du monde. Qui évoque la nécessité d’une décélération, parle d’aliénation, remet au cœur de l’analyse le corps vécu dans un environnement limité, commet dès lors le crime ultime : réintégrer un moment conservateur dans la critique.

      Occupées à déconstruire et à se déconstruire à l’infini, les gauches « radicales » ont négligé le terrain du social, qu’une extrême droite opportuniste a investi en exploitant la détresse des perdants de l’histoire. Cet ouvrage tente de comprendre comment nous en sommes arrivés là, de donner les raisons de ce sabordage intellectuel et politique, en analysant l’influence de la déconstruction sur la critique sociale contemporaine. Il en appelle par là même à un renouveau de la lutte contre le capitalisme sur de tout autres fondements théoriques.

      Pour faire bref : l’accumulation de dénis qui transparaît sous le premier paragraphe, ainsi que la présentation très particulière de la notion de déconstruction qui s’y donne à lire, la spécieuse dichotomie social/sociétal qui apparaît logiquement dans le second, le découpage et la soigneuse sectorisation ad hoc auxquelles procède l’auteur à propos de la pensée critique et des luttes sociales, avant une autocélébration complaisante de son parti (

      Qui, etc, commet le crime ultime

      ) ;
      enfin, le simplisme déconcertant de la thèse finale, qui attribue à une soudaine passion pour une déconstruction toute-puissante à rendre chacun inoffensif, les échecs, égarements et reniements de la "gauche radicale, sent tout de même d’un peu trop loin son affichage de confort intellectuel.

      Tout cela ronronne, tourne en rond bien gentiment. Les insupportables critiques des idéalismes naturalistes et universalistes ont tous les torts dès la première ligne : un parti pris subtil qui ne manquera pas d’appâter bien des esprits disposés favorablement à la suite du propos.
      La conclusion anti-historique (et très peu matérialiste) de ce propos : si tout continue, c’est bien sûr parce que la vieille et saine critique sociale a été évincée par une néo-pensée incapacitante qui a pour mantra la « déconstruction ».

      Après avoir dû subir cela en vingt lignes, je ne vois pas de raisons d’aller me l’infliger derechef tout au long d’un livre.

      Et pourquoi viendrais-je perturber une aussi belle harmonie par des propos discordants ? De quel droit viendrais-je (moi, ou d’autres) me faire mal voir à perturber d’aussi belles convictions ?
      D’ailleurs, l’auteure d’un des posts cités avait pris les mesures nécessaires pour que je ne vienne pas gâcher ses amusements sur seenthis.

      Ce sera donc - a moins que ne connaissant un succès et ne suscitant un engouement aussi navrant que l’agression masculiniste d’Escudero l’an dernier, il en devienne un problème remarquable à lui seul - ma première et dernière contribution à propos de cet opuscule et de son auteur.
      Mes excuses pour la fausse note, même si j’ai lieu de croire qu’elle était attendue.

      Et puis, franchement, si l’on devait se mettre en frais à chaque militant de telle ou telle variante de vieille critique sociale qui cède à la tentation de donner plus ou moins généreusement dans le backlash et de se présenter en victime des opprimé-e-s... j’ai heureusement mieux à faire de mon temps.

    • J’en reviens, et c’est vraiment quelqu’un qui a l’air super. Pas du tout dans la posture pamphlétaire exagérée, comme les réactions d’Escudero qui répondait au gourdin au lieu de comprendre la colère des gens en face et essayer de discuter. :)

      @aude_v je pense que tu peux/vas vraiment bien t’entendre avec lui, aussi bien sur le fond (la critique libéral, des particularismes, combinée avec le soucis de prendre en compte toutes les dominations quand même) que sur la forme, c’est-à-dire la manière de discuter, d’être ouvert, plutôt calme, pas dogmatique ni pamphlétaire. Il essaye vraiment de chercher ce qui peut constituer un squelette commun pour toutes nos luttes, quand bien même il y a des dissensions parfois importantes entre les groupes. Il y a plein de choses que je n’ai pas pu aborder, ou surtout que je n’ai pensé qu’en revenant chez moi…

      @martin5 tu devrais aller discuter avec lui au lieu de t’énerver devant le site de L’échapée. :D

      Et du coup, avec la recension d’@aude_v + la rencontre de ce soir, j’ai acheté le livre (maintenant faut que je trouve le temps de le lire… pfiou).

      Et re de coup, j’ai rencontré @gata qui nous a signalé cette rencontre, et sans lequel je n’aurais jamais vu passer ça, merci !

  • En 2010-2011 eut lieu un séminaire sur Marx au XXIe siècle dont voici les enregistrements :

    Alain Bihr, le fétichisme dans le capital : http://vimeo.com/17392978

    Favrice Bensimon, La Situation de la classe laborieuse en Angleterre de Friedrich Engels à l’épreuve de la critique historique : http://vimeo.com/18348151

    Patrick Massa, Marxisme et mobilité sociale : http://vimeo.com/19435526

    Sylvie Aprile, 1848, la fin d’une exception française ? : http://vimeo.com/19986474

    Isabelle Garo, L’infâme dialectique : le rejet de la dialectique dans la philosophie française de la seconde moitié du 20e siècle : http://vimeo.com/20209906

    Jean-Numa Ducange, Le marxisme de la Deuxième Internationale et la dialectique : http://vimeo.com/20236570

    Alberto Burgio, Querelle autour du conflit (le statut de la guerre de Kant à Foucault) : http://vimeo.com/20247037

    Claude Mazauric, Comprendre l’histoire de la Révolution Française :
    dialectique de l’objet ou représentation dialectique du mouvement ?
     :
    http://vimeo.com/20278131

    Rémy Herrera, Réflexions sur la crise du capital : causes, mécanismes, effets, alternatives : http://vimeo.com/21013336

    Étienne Balibar, Marx n’était pas marxiste, et pourtant… : http://vimeo.com/21658204

    André Tosel, Affects et insoumission (de l’indignation, de la colère
    et de la haine) à l’époque de la soumission réelle
     : http://vimeo.com/21918509

    Michael Löwy : Marxisme et romantisme : http://vimeo.com/30642099