city:göteborg

  • Congé parental : la France à la manoeuvre pour bloquer une directive européenne favorable à l’égalité femmes-hommes
    https://www.marianne.net/societe/conge-parental-la-france-la-manoeuvre-pour-bloquer-une-directive-europeenn

    Un projet de directive européenne ambitionne d’élargir le cadre des congés parentaux dans tous les pays membres pour « équilibrer » l’utilisation qui en est faite entre les femmes et les hommes. Sauf qu’elle pourrait ne jamais s’appliquer, la France s’y opposant aux côtés de la Hongrie et de l’Autriche.

    Emmanuel Macron avait décrété l’égalité femme-homme « grande cause » de son quinquennat. A peine un an après son élection comme président de la République, ces bonnes intentions commencent (déjà) à s’écorner. Alors qu’un projet de directive européenne vise à équilibrer le recours aux congés parentaux entre les hommes et les femmes dans toute l’Union européenne (UE), la France s’y oppose et pourrait faire échouer son adoption. « J’en approuve le principe, précisait pourtant le chef de l’Etat, de passage au Parlement européen le 18 avril. Mais les modalités ont un coût qui est potentiellement explosif » pour le système social français.
    Trois types de congés pour toute l’UE

    Ce projet de directive dite « d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle » devait être un des éléments du futur « socle des droits sociaux » minimums communs à tous les pays membres. Face au reproche d’une Europe loin d’être assez « sociale », les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE avaient approuvé toute une série de mesures provenant de la Commission européenne « pour l’égalité » au mois de novembre 2017 à Göteborg (Suède). Trois types de congés devaient être imposés sur tout le territoire. D’abord, un congé paternité de dix jours à la naissance de l’enfant, ce dont la France dispose déjà. Ensuite, un congé parental de quatre mois pour chaque parent, indemnisé sur la base de l’arrêt maladie par les Etats (un couple pourrait ainsi disposer de 8 mois au maximum, à condition que chacun prenne bien 4 mois). Et, enfin, un droit à cinq jours de congé par an pour tout parent ayant à « s’occuper de proches gravement malades ou en situation de dépendance ».

    Pour de nombreux pays européens, ces mesures apparaîtraient comme quasiment révolutionnaires. En Allemagne, en Croatie, en Slovaquie ou en République Tchèque, par exemple, le congé paternité n’existe tout simplement pas. En France aussi, cette directive apporterait quelques avancées sociales en ce qui concerne l’indemnisation des congés parentaux. Aujourd’hui, une fois le congé maternité passé (10 semaines après l’accouchement) ou paternité (11 jours), les parents ont la possibilité de prendre un congé parental pendant un an. Le problème, c’est qu’il n’est que très faiblement indemnisé. En bénéficiant de l’allocation PreParE (prestation partagée d’éducation de l’enfant), ils ne reçoivent que 396,01 euros par mois. Mais si cette directive était adoptée, l’indemnisation mensuelle serait indexée sur la base d’indemnisation des arrêts maladie pendant les quatre premiers mois. Ainsi, le parent recevrait chaque jour, par l’Etat, 50% de son salaire journalier. Soit une indemnité de pratiquement 900 euros pour un salarié touchant habituellement 2.000 euros par mois par exemple. Un coût « insoutenable » pour les caisses françaises selon Emmanuel Macron.

    Un congé parental plus attrayant = moins d’enfants en crèche

    « Faux ! », répond Yann Serieyx, représentant de l’Union nationale des associations familiales françaises (Unaf), auprès de Marianne. Avec 48 autres associations, l’Unaf a adressé une lettre ouverte au président. Ils le prient de rendre possibles ces « avancées sociales » pour « des millions de familles européennes », pour un coût qu’il estime « limité, voire nul » pour les finances françaises. « Si le congé parental est plus attrayant, davantage de pères le prendront et cela libérera des places en crèche. Aujourd’hui, chaque enfant en crèche coûte à l’Etat près de 1.700 euros. C’est considérable », nous explique-t-il.

    Soutenir cette directive, c’est soutenir l’idée que l’éducation d’un enfant se porte à deux.
    Edouard Martin, député européen PSE

    Mais surtout, pour Yann Serieyx, cette directive amènerait la France sur le chemin d’une égalité entre les sexes face aux tâches domestiques. « Une mesure comme celle-ci permettrait la bi-activité des couples. Les deux parents pourraient se permettre de se relayer auprès de l’enfant avant de reprendre leur activité sans de trop grandes pertes d’argent. Cela ne peut qu’améliorer le taux d’activité des femmes après une grossesse », détaille-t-il. Selon une étude menée par l’OCDE en 2016, les hommes ne représentent que 4% des parents qui prennent un congé parental…

    « Soutenir cette directive, c’est soutenir l’idée que l’éducation d’un enfant se porte à deux, à égalité, et ceci quel que soit le sexe des parents », souligne le député européen Edouard Martin (PSE), membre de la commission « Droits de la femme et égalité des genres » au Parlement européen, pour Marianne. Même s’il est un élu français, il a été le premier surpris de la position de son pays sur ce dossier... et de sa stratégie. « La France a coordonné un blocage en réunissant autour d’elle quatorze pays. Si la situation reste telle qu’elle est, le texte ne sera pas examiné au Conseil le 25 mai comme cela était prévu, minorité de blocage oblige », précise-t-il.

    La France a coordonné un blocage en réunissant 14 pays.
    Edouard Martin, député européen PSE

    Mains dans la main avec l’Autriche, l’Allemagne et la Hongrie

    Et les visages des amis de circonstance de Paris ont de quoi surprendre. On y retrouve l’Autriche, dont le gouvernement est composé de ministres d’extrême droite, la Hongrie de Victor Orban, qui s’est distinguée par la récente distribution de manuels scolaires officiels expliquant que « les femmes sont bonnes pour la cuisine, leur rôle c’est de s’occuper de la maison et de faire des enfants », comme l’a signalé L’Obs. Puis toute une bardée d’autres pays de l’est (Croatie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie), peu connus pour leurs politiques sociales, et quelques voisins plus proches comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, par exemple.

    Une situation qui étonne. D’autant qu’en janvier dernier, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, disait étudier « toutes les possibilités d’allongement (du congé paternité), mais aussi de meilleures rémunérations ». Contacté, le secrétariat d’Etat n’a pas donné suite à nos sollicitations. Mais déjà à l’époque, elle précisait : « Il ne s’agit pas de dire oui pour faire plaisir à l’opinion ou d’aller vers un totem sans savoir comment le financer. » Tout est là : le budget d’abord, les droits ensuite.
    Article mis à jourLe 03.05.2018 à 08h16

    Invitée de la matinale de France Inter ce jeudi 3 mai, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a soutenu le fait que « la France ne soutient pas, en l’état, cette directive ». Elle argue : « Ce qu’on observe dans certains pays européens latins, c’est que quand on a des politiques familiales dites obligatoires, elles ont l’effet inverse », citant alors la réforme du congé parental de 2014 en France qui portait sa durée de six mois maximum à un an, à condition que les deux parents le prennent. Une mesure qui n’a eu aucun effet selon elle sur les pères, et même plutôt un effet dissuasif du fait de son caractère obligatoire. Une comparaison qui atteint très vite ses limites puisque la directive européenne de 2018 n’entend pas obliger les pères à prendre ces 4 mois de congé parental. Elle vise simplement à les motiver davantage à cesser leur activité grâce à une meilleure indemnisation...

  • Une fois tous les cinq ans, le mirage de l’Europe sociale 19 Avr 2018 - Bernard Cassen - Mémoire des Luttes
    http://www.medelu.org/Une-fois-tous-les-cinq-ans-le

    Les amateurs de comédies musicales connaissent bien Brigadoon, film de Vincente Minnelli sorti en 1954, et dont les principaux acteurs sont Cyd Charisse et Gene Kelly. On y voit deux Américains venus chasser la grouse dans les Highlands écossais où ils découvrent un village mystérieux, Brigadoon, frappé d’une malédiction : il existe seulement une journée par siècle. Dans la comédie politique européenne, c’est une malédiction du même type dont est victime l’ambition d’une « Europe sociale » : pendant quelques semaines, tous les cinq ans, elle fait surface dans les programmes des candidats aux élections au Parlement européen. Puis elle disparaît du paysage politique jusqu’au scrutin suivant.


    Les dirigeants des Etats et des institutions de l’ #Union_européenne ( #UE ) semblent avoir compris que ce scénario, vieux de plusieurs décennies, ne pouvait pas se répéter indéfiniment car, au vu de l’expérience, plus personne n’allait prendre au sérieux ses promesses. C’est pourquoi, sans attendre la campagne des #élections_européennes du 26 mai 2019, et pour préparer le terrain, ils ont pris des initiatives visant à accréditer l’idée que l’UE pouvait aussi être « sociale ». C’est ainsi que, le 17 novembre dernier, lors du #Conseil_européen réuni à Göteborg en Suède, a été adopté un « Socle européen des droits sociaux » reposant sur vingt principes et droits essentiels, ordonnés autour de trois thèmes principaux : égalité des chances et accès au marché du travail ; conditions de travail équitables ; protection et insertion sociales.

    Afin de lui conférer un maximum de solennité, ce texte a été signé par les présidents du triangle institutionnel : celui du Conseil, celui de la Commission et celui du Parlement. Cette mise en scène a une fonction bien précise : faire oublier que les grands principes énoncés dans ce socle n’ont aucun caractère contraignant. Ils sont simplement « proclamés », et leur concrétisation dépend du bon vouloir des gouvernements et de la Commission. On ne trouve ni objectif chiffré ni calendrier ni procédure de sanctions en cas de non respect de telle ou telle partie du socle par un Etat membre de l’UE. Il en va tout autrement en matière de politique budgétaire où les traités prévoient un plafond de 3 % des déficits publics et des amendes pour les Etats qui ne le respectent pas.

    Cette différence de traitement en dit long sur la place du « social » dans la hiérarchie des #politiques_européennes. Et ce n’est pas l’annonce, par la commissaire #Marianne-Thyssen, de la création, en 2019, d’une Autorité européenne du travail ( #AET ) qui modifiera radicalement cette hiérarchie. Structure permanente dotée d’un budget de 50 millions d’euros par an et d’environ 140 agents, l’AET serait chargée, entre autres responsabilités, d’articuler les modalités d’intervention des différents systèmes nationaux d’inspection du travail en cas de conflits sociaux transnationaux. Même si une telle structure – de taille très modeste – peut avoir un minimum d’utilité quant elle sera opérationnelle – en 2023 ! –, on a du mal à partager l’enthousiasme de la commissaire qui voit en elle « le joyau de la couronne d’un marché du travail européen fonctionnel »…

    D’ici aux élections au Parlement européen, d’autres initiatives de ce type verront sans doute le jour pour tenter de donner un vernis « social » à l’UE et fournir ainsi quelques munitions électorales utilisables contre les partis et mouvements #eurosceptiques. Mais il ne faut pas s’illusionner : elles ne pourront pas s’extraire de la logique libérale des traités et de sa traduction dans les politiques nationales. A cet égard, il est hautement significatif que, dans ses propositions de relance de l’UE, #Emmanuel-Macron ne soit intéressé que par l’intégration économique, financière et politique de la zone euro. Quid du « #social » ? La réponse est simple : quelques mesures cosmétiques et des campagnes de communication à forts budgets pour les « vendre » aux #opinions_publiques

     #parlement_européen #commission_européenne #maquillage

    • Un « sommet social » européen… contre nos droits !

      Vendredi 17 novembre, les dirigeants européens tenaient à Göteborg en Suède un « sommet social ». L’occasion pour l’Union européenne de tenter une opération de communication, et l’occasion pour Emmanuel Macron de nous vendre plus de protections au niveau supranational. Évidemment, il n’en est rien. Le point d’orgue de la journée était la signature du « socle européen des droits sociaux » par Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne, Donald Tusk, celui du Conseil européen et le premier ministre de l’Estonie, qui assure la présidence tournante de l’UE.

      Ce type de déclaration de principes sans effet contraignant ne sont pas nouvelles. Déjà en 1989, les dirigeants avaient écrit une « charte des droits fondamentaux des travailleurs ». Que des régressions 18 ans plus tard !

      Cette fois, le procédé est encore plus mensonger. Le contenu du document signé à Göteborg est inférieur des droits garantis par la plupart des traités internationaux et des Constitutions nationales. Ainsi, par exemple, la charte sociale du Conseil de l’Europe (institution distincte de l’Union européenne) demande que les gains de productivité s’accompagnent d’une réduction du temps de travail, le droit à un jour de repos hebdomadaire identique pour tous ou de la protection des syndicalistes. Rien de tout ça ne figure dans le nouveau texte de l’Union. De nombreux experts à l’ONU, à l’OIT, au Conseil de l’Europe pointent que le droit européen s’oppose souvent aux droits humains, et oblige les Etats membres à violer leurs engagements internationaux !

      Les 20 principes énoncés sont vagues et en contradiction totale avec les politiques que la Commission recommande chaque année de mettre en œuvre au niveau national. Ainsi le point 5 : « les relations de travail qui conduisent à des conditions de travail précaires doivent être évitées » alors que la commission se félicitait en 2017 de la mise en œuvre de la loi El Khomri en France, et applaudit les ordonnances Macron ! De même, alors que le point 19 affirme qu’« un accès au logement social ou à une aide à un logement de qualité doit être fourni aux personnes dans le besoin », le respect des règles budgétaires européennes conduit le gouvernement à couper en 2018 près de 2 milliards d’euros au logement social !

      Pire, au milieu des hypocrisies, on trouve de véritables attaques contre nos droits. Ainsi, le texte garantit « la flexibilité nécessaire aux employeurs pour s’adapter rapidement aux changements du contexte économique ». Par un incroyable renversement, au nom de nos droits, les dirigeants européens autorisent les employeurs à licencier plus facilement, augmenter le temps de travail ou réduire les salaires sous prétexte de « changements du contexte économique ». De plus, par deux fois, le texte accrédite la folie macronienne des chômeurs « multi-récidivistes du refus » qui « partent en vacances aux Bahamas » en affirmant que les indemnités auraient « un effet dissuasif pour un retour rapide à l’emploi » : en réalité, ils espèrent que la baisse des allocations chômage contraigne les chômeurs à prendre des emplois mal payés, à temps partiel, en intérim ou en durée déterminée.

      Jean-Claude Juncker a affirmé son intention d’intégrer cette déclaration au « semestre européen » – c’est le nom de la procédure de surveillance des politiques nationales par la commission. Malheureusement, vu le contenu du texte, cette « Europe sociale » ressemble drôlement à une macronite généralisée sur tout le continent européen !

      https://lafranceinsoumise.fr/2017/11/20/sommet-social-europeen-contre-nos-droits

  • « Sable mouvant », le testament littéraire d’Henning Mankell
    Anne-Françoise Hivert, Libération, le 5 octobre 2015
    http://next.liberation.fr/livres/2015/10/05/sable-mouvant-le-testament-litteraire-d-henning-mankell_1397695

    #paywall

    Le 8 janvier 2014, l’écrivain Henning Mankell se rend en compagnie de sa femme, Eva Bergman, la fille du grand cinéaste, à la clinique Sophiahemmet à Stockholm. Depuis une quinzaine de jours, il souffre d’un violent torticolis qu’il met sur le compte d’une hernie discale. Il doit passer quelques examens de routine. Mais c’est la stupeur : les médecins découvrent une tumeur cancéreuse de 3 centimètres dans le poumon droit et une métastase dans la nuque. La maladie est grave et peut-être incurable. Le sol se dérobe sous ses pieds. Un gouffre s’ouvre devant lui. Il n’est plus qu’« un être humain happé par la boucle de sable au mouvement de succion mortel, et qui s’agrippe au bord pour ne pas sombrer ». Ceux qui ont vécu l’expérience pourront sans doute s’identifier. L’écrivain se sent happé vers le fond, une obscurité étouffante, où même les livres ne le réconfortent plus. Sable mouvant, c’est le titre de l’ouvrage qu’il commence alors à écrire. Il vient d’être traduit en France.

    Il ne s’agit pas du carnet de bord d’un malade, même si le maître du polar suédois raconte la chimio, les rêves hallucinatoires, les instants d’angoisse paralysante et les amis qui, tout d’un coup, n’appellent plus par peur de ne pas savoir que dire. Mais les sables mouvants n’existent pas – c’est un mythe, assure l’écrivain, qui s’est renseigné sur les travaux d’une équipe de chercheurs néerlandais.

    Après la période de choc, Mankell parvient ailleurs à vaincre l’appel du vide. Il ne s’est pas laissé engloutir. L’heure, cependant, est au bilan. Par petites touches, il donne à voir des « fragments de [sa] vie » (le sous-titre). L’ouvrage est à mi-parcours entre le roman d’introspection et l’essai politico-philosophique. On y découvre l’écrivain de gauche, homme de théâtre, qui passe sa vie entre la Suède et le Mozambique, qui s’est engagé pour la reconnaissance de la Palestine et s’interroge désormais sur ce qu’il restera de notre civilisation, une fois qu’elle aura disparu.

    Quel est le sens de la vie ? La sienne, mais aussi celle de l’humanité ? Mankell est fasciné par Onkalo  : cette énorme cavité, creusée dans la roche à 430 mètres sous terre, sur la côte ouest finlandaise, pour y enfouir les déchets nucléaires des centrales du pays. Ils devront y rester cent mille ans, avant de perdre leur dangerosité. Une éternité. Henning Mankell a voulu visiter le site, mais les Finlandais ont refusé de peur qu’il s’en serve comme théâtre du crime pour un de ses prochains polars.

    Dans Sable mouvant, il s’interroge sur la place de l’homme dans l’histoire. On aurait pu s’ennuyer. Mais c’est avec le talent qu’on lui connaît qu’il distille les leçons d’histoire. Les peintures rupestres de la grotte de Chauvet en Ardèche, la sculpture en ivoire de l’homme-lion découverte en Allemagne en 1939, le temple d’Hagar Qim sur l’île de Malte, les statues moaïs des îles de Pâques… Autant de vestiges qui disent la splendeur des civilisations anciennes. Et de la nôtre, que restera-t-il  ? D’énormes décharges nucléaires enfouies sous la terre  ?

    Henning Mankell ne moralise pas. Il raconte, en contrepoint, sa vie. « Ce qui a été, et ce qui est. » Pour la postérité peut-être. Pour nous tous. Il y a une universalité dans les rencontres qu’il décrit et les instants décisifs qui l’ont marqué. Un père, juge, qui élève seul ses enfants, au-dessus du tribunal, dans la campagne suédoise des cartes postales. Une mère, distante, qui l’a abandonné et le prie de ne pas l’embrasser quand il la retrouve dans un café à 15 ans – elle a un rhume. Les femmes, le travail, les voyages et les doutes.

    Qu’est-ce qui fait la vie d’un homme  ? Il raconte la révolte d’un serveur, dans un petit restaurant de Salamanque, qui envoie valser son plateau, défait son tablier et se retrouve devant la vitrine d’une agence de voyages  ; le soulagement d’une vieille femme qui apprend au téléphone que son mari ne va pas mourir  ; la résilience de deux frères, gamins des rues de Maputo, qui dorment dans un carton de réfrigérateur au bord de la route  ; le bonheur d’une jeune fille, dans un camp de réfugiés, qui retrouve ses parents après avoir été séparée d’eux pendant des années…

    Le livre se termine le 9 mai 2014, dans le cabinet du Dr Bergman à Göteborg. La chimiothérapie a fonctionné. Henning Mankell n’est pas guéri. Le cancer est en rémission. Il écrit  : « Je vis dans l’attente de nouveaux instants de grâce […]. Des instants qui viennent. Qui doivent venir, si la vie doit avoir pour moi un sens. »

    Sable mouvant, fragments de ma vie. Traduit du suédois par Anna Gibson. Seuil, 368 pp., 21,50 €

    #Henning_Mankell #Cancer #Vie #Mort #Suède #Littérature #Autobiographie
    mais aussi #déchets_nucléaires #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène

    Ajouter à la compilation :
    https://seenthis.net/messages/499739

  • Des maisons de repos sans soins ? Solidaire - Michelle Heijens - 3 Février 2017
    http://solidaire.org/articles/des-maisons-de-repos-sans-soins

    Aujourd’hui, travailler dans une maison de repos n’a rien d’une partie de plaisir. Le personnel soignant tire la sonnette d’alarme : neuf soignants sur dix estiment que les personnes âgées ne reçoivent plus les soins dont elles ont besoin à cause de la pression croissante sur le personnel. Comment en est-on arrivé là ?


    Nous voulons tous que nos vieux jours et ceux de nos parents ou grands-parents soient agréables. Or cela devient de moins en moins évident. C’est ce qui ressort d’une enquête de la CSC. Le syndicat a interrogé plus d’un millier de membres du personnel soignant dans le secteur des maisons de repos. Les résultats sont consternants. 87 % des soignants estiment que les résidents des maisons de repos ne reçoivent pas les soins nécessaires. La mission principale de ce secteur – dispenser des soins – ne peut plus être assurée. Il est donc logique que les tâches moins indispensables, mais pourtant également très importantes, ne puissent être effectuées. Quatre soignant(e) sur cinq disent ne pas avoir le temps d’écouter les préoccupations des personnes âgées. Le manque de personnel mène même à des erreurs et à des accidents. Près de quatre sur dix signalent qu’au cours de la dernière année, le manque de personnel a entraîné des incidents comme l’octroi d’une mauvaise médication ou une chute d’une personne âgée.

    Choisir entre du personnel supplémentaire ou des langes
    Voilà pour ce qui est des chiffres. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour les résidents et pour le personnel ? Un membre du personnel soignant d’une maison de repos témoigne : « Le matin, nous sommes deux pour faire la toilette de 24 personnes. C’est un travail intensif. Tout doit être fait entre sept heures et neuf heures et demie. À neuf heures et demie, les résidents doivent être attablés pour le petit déjeuner. Le soir, on commence à les mettre au lit à six heures. Ils doivent être couchés à huit heures parce qu’après il n’y a plus assez de personnel. Pour moi, le plus grave, c’est que nous ne pouvons plus rien faire d’autre avec les gens. On n’a même plus le temps pour papoter un peu avec eux. Dernièrement, on nous a dit qu’on pourrait peut-être avoir une personne soignante en plus si on ne devait pas dépenser autant en langes. Je trouve ça vraiment grave : on ne peut avoir une personne en plus que si on laisse les personnes âgées dans des langes sales ! On économise déjà maintenant sur la nourriture des résidents. Et il faudrait en plus économiser sur les langes ? Et ça, alors que les résidents paient 1 700 euros par mois. »

    Pas le temps d’un peu parler avec les personnes âgées
    Tant les chiffres que les témoignages de l’enquête montrent les conséquences atterrantes du manque de personnel dans les soins aux personnes âgées. Comment en est-on arrivé à ce manque de personnel ? Une première cause est le sous-financement des soins pour les personnes de grande dépendance. Ces dernières années, le nombre de ces personnes a augmenté jusqu’à 14 000. À cause du manque de lits, le gouvernement incite les personnes âgées à rester le plus longtemps possible chez elles. Ce n’est que quand ce n’est vraiment plus possible autrement que l’on entre dans une maison de repos. Ce qui fait que trois personnes âgées sur quatre en maison de repos ont aujourd’hui besoin de soins intensifs. Mais les maisons de repos et de soins ne reçoivent pas l’argent nécessaire à ces soins intensifs. Le personnel en place doit donc faire plus avec moins. Avec, comme conséquence, que le personnel n’a plus la possibilité de converser avec les résidents. Pour nombre d’entre eux, aller au lit à six heures du soir est une réalité.

    Deuxième cause : les normes basses en matière de personnel. Une récente étude de Steunpunt Welzijn, Volksgezondheid en Gezin (bien-être, santé publique et famille) nous apprend que les homes pour personnes âgées ont plus de personnel en service que ce qui est prescrit par la loi. La norme légale est si basse que le secteur public emploie quatre soignants en plus par dix travailleurs que ce qui est légalement exigé. Ce personnel supplémentaire n’est pas financé par les pouvoirs publics. L’argent provient principalement des résidents qui année après année doivent payer de plus en plus cher. En décembre dernier, on constatait que le prix du séjour dans une maison de repos avait augmenté pour atteindre le prix moyen de 1 640 euros, sans compter les frais médicaux ou les frais de lessive.

    Diminuer la pression sur le personnel et les résidents
    Tant pour les résidents que pour le personnel, il est très important de réduire la pression de travail dans les maisons de repos et de soins. Pour les personnes âgées, c’est leur « chez eux ». Elle y passent en général chaque heure de la journée. Elles y mangent, y dorment, y vivent, et la personne soignante est parfois la seule personne à qui elles parlent dans une journée. Une norme d’encadrement plus haute et plus de financement pour le personnel constituent donc une nécessité. Mais il faut aussi un juste financement des lits pour personnes de grande dépendance, actuellement sous-financés. Le ministre flamand du Bien-Être Jo Vandeurzen (CD&V) a déclaré que le gouvernement flamand investira cette année 26 millions d’euros dans du personnel supplémentaire. Or selon l’étude de Welzijn, Volksgezondheid en Gezin, le coût total de personnel dans les maisons de repos et de soins pour personnes âgées s’élève à 2,4 milliards d’euros. Les 26 millions d’euros de subsides supplémentaires pour le personnel promis par le ministre Vandeurzen représentent donc 1,1 %. Des cacahuètes.

    Par ailleurs, il faut aussi penser de manière novatrice pour s’attaquer au problème de la forte pression de travail dans les maisons de repos. En 2014, les autorités de la Ville de Göteborg, en Suède, ont décidé de mener une expérience. Pendant deux ans, le personnel soignant de la maison de repos et de soins Svartedalen ne travaillerait plus que six heures par jour. Ce changement a eu un effet important sur le personnel soignant. La diminution de la pression et du stress a été très bénéfique. Le rapport est très clair à ce sujet. Trois quarts des soignants de Svartedalen se sentent bien, calmes et en forme. Les sentiments positifs se sont rapidement traduits par une évolution positive dans l’absentéisme pour maladie. Alors qu’à Svartedalen, le nombre total de jours d’absence pour maladie par membre du personnel était de quinze jours par an, dans d’autres maisons de repos il est 31 jours ! Par ailleurs, à Svartedalen, il y a trois fois moins de malades de longue durée que dans les autres maisons de repos. Chez nous, le personnel et nos vieux parents méritent aussi ces résultats positifs. 

    #maisons_de_repos #Personnel_soignant #EPHAD #Hospice #Retraite #Vieux #Fin_de_vie #France #Belgique #Civilisation #Civilisation #Infirmiére #personnes_âgées #Suède #Göteborg #Soins #parents #grands-parents #normes

  • Quand la situation urbaine favorise la protection des #espaces_naturels : le cas de #Göteborg (#Suède)

    Dans un contexte de prise en compte accrue des questions environnementales par les politiques de la ville et malgré l’#écologisation des pratiques territoriales, les notions de développement urbain et de protection de la nature demeurent a priori antinomiques. Il semble néanmoins possible de renverser ce paradoxe au profit d’une interaction constructive entre espaces naturels et espaces urbains. Cette hypothèse est vérifiée dans le cadre de l’étude de la ville de Göteborg, en Suède. A travers sa quinzaine d’espaces naturels protégés, cette ville d’environ 500 000 habitants est confrontée à un ensemble de problématiques urbaines habituelles (aménagements urbains, désindustrialisation, pression foncière…). Le cas de la #forêt de #Rya_Skog, #réserve_naturelle située dans une zone industrialo-portuaire en expansion, démontre les vertus du maintien d’espaces naturels protégés au cœur du tissu urbain, les menaces liées à l’expansion urbaine renforçant leur valeur, tandis que les contraintes que ces espaces naturels imposent à l’étalement urbain peuvent être fécondes et valorisantes pour la ville. Dans le contexte socioculturel suédois, bien spécifique, l’importance du caractère ancien et identitaire de l’attachement à l’espace naturel est démontré, de même que celle de la mobilisation citoyenne urbaine. Enfin, la prise en compte par les décideurs des avis, intérêts et pratiques objectives de tous les acteurs concernés est déterminante.

    http://cybergeo.revues.org/27258
    #urban_matter #environnement #visualisation #cartographie

  • Obsolescence (non) programmée

    Aujourd’hui : le cintre

    Ce cintre a été fabriqué en Suède pour le compte du magasin de vêtement Alexius Wahlström à Göteborg en 1973. Il a été importé en Norvège en 1982 par l’ancien propriétaire suédois de notre maison. Nous avons acheté ce cintre avec la maison... Lequel cintre a cette année 40 ans et - grâce à tous les dieux de Norvège, Thor et Odin en particulier - rend toujours de fiers services.

    https://dl.dropbox.com/s/w3kwj1l3qei19o4/P4150015.jpg

    https://dl.dropbox.com/s/tdzadqv3yw8gy8l/P4150016.jpg

    #obsolescence-programée #durabilité-des-objet #société-de-consommation #déchets