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  • Le journal de Polina, une adolescente à Groznyi au plus fort de la guerre

    http://www.youtube.com/watch?v=YjHWjx_y9hw

    Le Journal de Polina. Une adolescence tchétchène
    Polina Jerebtsova / Books Éditions - France Culture

    Parution le 24 septembre

    La vie dans la guerre est une autre vie. Il faut la vivre pour la connaître, pour l’appréhender.(...) Comment poursuivre ses activités dans la guerre ? À quel moment sont-elles vraiment interrompues ? Qu’est-ce qui prend la place de ce quotidien ? Que pensent ces gens qui subissent la guerre ? Comment s’en sortent-ils ? J’avais toujours rêvé de trouver des réponses à ces questions. Polina nous les donne.
    Anne Nivat (extrait de la préface du Journal de Polina)

    C’est l’histoire d’une ville où les snipers font joujou avec les civils, où les blousons ensanglantés jonchent les rues, où l’on défaille à la vue d’une boîte de corned-beef. Mais où l’on tombe amoureuse aussi, quand on a 14 ans, l’âge d’Anne Frank. Et celui de Polina en 1999, lorsque débute la deuxième guerre de Tchétchénie. Dans son journal intime, l’adolescente raconte Grozny sous les bombes.

    Quelques extraits :

    31 janvier 2000

    Les grands-mères nous ont trompées. Elles nous ont demandé de la farine pour faire un chausson. Elles ont dit que leur petit-fils mangeait beaucoup, et qu’elles n’avaient plus de farine. Elles ont promis des macaronis en échange, mais elles ne nous ont rien donné. Tous les jours, nous mangeons des morceaux de pâte bouillie que nous saupoudrons d’oignon haché. J’ai mal au ventre et au côté droit aussi. Une fois par jour, nous faisons cuire un chausson. Sans beurre (il n’y en a pas). Recette : bicarbonate de soude, eau à base de neige fondue, farine. Le chausson est un peu humide, mais c’est meilleur que les boulettes de pâte.
    Un jour, alors que nos grands-mères d’à côté faisaient cuire leur soupe dans l’entrée sur des briques, elles se sont cachées en courant car une mine venait d’exploser tout près. J’ai profité de leur absence pour manger leurs macaronis tout chauds avec une cuillère.
    Je ne veux pas mourir de faim. (…)

    29 décembre 2000

    Les combats font rage ! Un feu d’artifice mortel. Des lingots incandescents rouge sang se détachent sur le fond gris du ciel. Les obus sont blancs et orange. Les balles « dorées » scintillent. Il y en a pour tous les goûts ! La guerre a-t-elle recommencé ? (…)

    13 mars 2001

    Dans Sotnikov, deux amis partisans essaient de sauver leur vie mais ils sont faits prisonniers par les fascistes. Après de nombreuses épreuves vécues ensemble, l’un des deux trahit son camarade. Il participe à l’exécution par pendaison de son ami : il retire le tabouret sous ses pieds. Même le bourreau fasciste est étonné en voyant cela et s’exclame : « Tu es une sacrée ordure ! » Et l’homme qui vient de tuer son ami passe du côté des fascistes en pensant : « Tout ce que je veux, c’est vivre ! » Il se passe la même chose aujourd’hui. L’âme humaine ne change pas. Il y a toujours en elle une place pour l’amour de soi et une place pour la peur devant le visage de la mort. (…)

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