city:hiroshima

  • « Une cyberattaque quantique aurait un effet dévastateur sur nos vies »

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/08/04/70-ans-apres-hiroshima-une-cyberattaque-quantique-aurait-un-effet-devastateu

    Chercheur en mathématiques, l’Italien Michele Mosca est fondateur de l’Institute for Quantum Computing à l’université de Waterloo (Canada). Il dirige depuis 2012 Cryptoworks21, une structure de recherche rassemblant les universités de Waterloo, de Montréal et de Calgary et consacrée aux outils cryptographiques du XXIe siècle. Michele Mosca figure sur la liste 2010 des 40 leaders de moins de 40 ans au Canada.

    Il répond à nos questions dans le cadre des commémorations de la première bombe nucléaire ayant explosé sur la ville d’Hiroshima, le 6 août 1945.

    1- Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier essai nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable du tir, a déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet Manhattan : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »). Dans votre discipline avez-vous le sentiment que ce moment où les chercheurs pourraient avoir la même révélation a été atteint ?

    Il existe une grande différence entre l’informatique quantique, ma discipline, et l’arme nucléaire : son objectif est positif et non destructeur. Les ordinateurs quantiques font l’objet de recherches intenses, car ils sont censés être extrêmement bénéfiques pour la société.

    L’objectif est d’exploiter l’immense puissance de calcul de la mécanique quantique pour résoudre des problèmes importants de l’humanité : concevoir de nouveaux matériaux plus efficaces – pour capter, stocker ou transporter l’énergie par exemple –, découvrir de nouveaux médicaments, améliorer l’imagerie médicale et le diagnostic, optimiser l’allocation des ressources... La plupart de ces applications sont pacifiques et se concentrent sur l’amélioration de la condition humaine.

    Pour autant, il est vrai que l’utilisation de cette puissance de calcul a un effet secondaire négatif : une partie de la cryptographie utilisée pour notre cybersécurité pour protéger notre confidentialité sera un jour « cassée » par les ordinateurs quantiques. Il est donc nécessaire de développer d’ici là une nouvelle génération d’outils cryptographiques pour parer à d’éventuelles attaques. Ce risque, appelé « quantique », peut être éliminé par une bonne planification, alors qu’il n’existe aucune potion magique pour rendre inoffensives les armes nucléaires. Cependant, si le risque quantique n’est pas neutralisé à temps, son effet sera dévastateur.

    2 - Avez-vous ce sentiment dans d’autres disciplines ? Lesquelles et pourquoi ?

    On peut penser à d’autres armes de destruction massive, telles les armes biologiques. Mais il existe aussi des disciplines de recherche développant des technologies qui peuvent se transformer en armes. Ou dont l’usage peut avoir des conséquences négatives imprévues.
    La diffusion croissante du numérique dans nos vies, de la voiture sans chauffeur à la médecine en ligne, nous rend de plus en plus vulnérables à des cyberattaques. Autre exemple, les cyberoutils pour surveiller, extraire ou analyser des données, utilisés à bon escient, peuvent être détournés par des cybercriminels afin de contrôler certaines personnes ou organisations ou d’en profiter.

    Malheureusement, les mesures de sécurité et de confidentialité nécessaires ne sont pas, dans la plupart des cas, mises en place. Dans le milieu de la cybersécurité, les gens disent souvent qu’il faudrait, pour que cela soit fait de façon sérieuse, qu’advienne un « cyberéquivalent » de Pearl Harbor.

    3 - Quel pourrait être l’impact d’un « Hiroshima » dans votre discipline ?

    Si la cryptographie actuelle était « cassée » sans une solution de rechange, les conséquences seraient catastrophiques. Non seulement une vaste quantité d’informations privées (données de santé, situation financière...) perdraient leur caractère confidentiel, mais des systèmes globaux et critiques seraient anéantis. Pour ce faire, il suffirait qu’un ordinateur quantique soit possédé par une entité hostile, ou alors qu’il soit piraté par elle.

    Dans le cas d’Hiroshima, le terrible bilan a été à la fois immédiat (les conséquences directes de l’explosion) et sur le long terme (l’effet des rayonnements et l’impact culturel et économique). Concrètement, dans le cas d’une cyberattaque quantique, l’impact premier, l’atteinte à nos informations personnelles – nos économies, nos données sur la santé, nos communications – aurait un effet dévastateur sur nos vies. Quant aux conséquences sur les systèmes critiques, elles seraient également immédiates : le système financier mondial pourrait être paralysé, des infrastructures énergétiques deviendraient vulnérables à des attaques. On pourrait imaginer des crashs aériens et ferroviaires, la contamination de réserves d’eau. Sans compter les possibles effets induits sociétaux, tels des actes de violence, à la suite d’un effondrement du système financier.

    4 - Après 1945, les physiciens, notamment Einstein, ont engagé une réflexion éthique sur leurs propres travaux. Votre discipline a-t-elle fait de même ?

    Les risques quantiques ne sont pas encore pour demain et ils sont évitables. Nous pouvons neutraliser la menace avant que la technologie ne devienne disponible pour ceux qui voudraient en abuser.

    5 - Pensez-vous qu’il soit nécessaire que le public prenne conscience des enjeux liés à vos travaux ?

    Il est essentiel que les individus expriment leur désir d’être en cybersécurité. Pour empêcher une cybercatastrophe, nous avons besoin que gouvernements et industriels prennent des mesures dès à présent. Il va falloir des années pour rendre compatibles nos cyberinfrastructures avec la technologie quantique. Il ne s’agit pas d’attendre une catastrophe avant d’agir. Nous ne pouvons pas perdre de temps.

    Cependant, comme ni les conséquences ni les récompenses ne sont immédiates, les mesures nécessaires ne sont pas prises. Volonté politique et incitations commerciales font actuellement défaut. De telles prises de décision nécessitent une certaine clairvoyance, qui sera, à terme, récompensée incommensurablement.

    6 - Quelle est, selon vous, la marge de manœuvre des scientifiques face aux puissances politiques et industrielles qui exploiteront les résultats de ces travaux ?

    Cela varie d’une discipline à l’autre. Là où des antidotes existent à l’utilisation destructrice de leurs travaux, certains scientifiques peuvent travailler dur pour les développer et les diffuser. Le cas échéant, ils peuvent rendre publics de tels risques afin de créer une pression politique pour éviter une telle utilisation.

    En cryptographie, si un mathématicien découvre une façon de mettre en péril un encodage, il peut en faire la publicité sans expliquer la méthode pour « casser » le code. En attendant le temps nécessaire pour remplacer l’encodage.

    7 - Pensez-vous à des mesures précises pour prévenir de nouveaux Hiroshima ?

    Les armes actuelles sont encore plus dévastatrices que celle qui a été lâchée sur Hiroshima. Nous avons fondamentalement besoin de méthodes plus humaines pour résoudre des conflits à l’échelle mondiale.

    Il y a plusieurs années, alors que j’étudiais au Royaume-Uni, deux collègues européens m’ont fait remarquer qu’un aspect précieux des programmes d’échanges étudiants de l’Union européenne était la perspective de créer de « bons Européens » – une aide pour éviter la répétition des guerres dévastatrices que l’Europe a connue. Actuellement, les très nombreux échanges internationaux de jeunes favorisent une compréhension plus profonde des cultures mondiales, des relations se nouent et facilitent dialogue, négociation et coopération. Ce sont des outils inestimables pour conjurer de futures catastrophes.

    Pour d’autres menaces plus subtiles impliquant la morale à l’échelle mondiale, nous avons besoin d’une meilleure culture de la responsabilité. Qui, par exemple, est responsable en bout de chaîne pour faire en sorte que nos cybersystèmes soient protégés contre les menaces à venir ? Qui est responsable des dommages causés si ces cybersystèmes sont détruits ? Les gens devraient poser ces questions le plus souvent possible, et persister jusqu’à obtenir des réponses sérieuses. Ils devraient également vérifier qu’il y a bien une corrélation entre les deux réponses.

    Concernant spécifiquement le risque quantique, industriels et gouvernements du monde entier doivent concevoir, mettre en œuvre, déployer et standardiser de nouveaux outils cryptographiques interopérables et sûrs. La protection de la sécurité et de la vie privée est possible avec cette nouvelle génération de codes.

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    • Il existe une grande différence entre l’informatique quantique, ma discipline, et l’arme nucléaire : son objectif est positif et non destructeur.
      […]
      Les risques quantiques ne sont pas encore pour demain et ils sont évitables.
      […]
      Actuellement, les très nombreux échanges internationaux de jeunes favorisent une compréhension plus profonde des cultures mondiales, des relations se nouent et facilitent dialogue, négociation et coopération. Ce sont des outils inestimables pour conjurer de futures catastrophes.

      Je ne sais pas pourquoi, mais tout cela ne me rassure vraiment pas du tout…

    • Clair qu’il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’à l’occiput :

      Nous pouvons neutraliser la menace avant que la technologie ne devienne disponible pour ceux qui voudraient en abuser.

      mais l’article a le mérite de dévoiler un nouveau pan de menaces venant de notre chère #silicon_army

  • Noel Sharkey : « Lorsque des machines répondront à des algorithmes secrets, personne ne pourra prédire l’issue d’un conflit »

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2015/08/03/noel-sharkey-lorsque-des-machines-repondront-a-des-algorithmes-secrets-perso

    Noel Sharkey, professeur émérite d’intelligence artificielle et de robotique de l’université britannique de Sheffield, est président de l’International Committee for Robot Arms Control (ICRAC). Il répond à nos questions dans le cadre des commémorations de la première bombe nucléaire ayant explosé sur la ville d’Hiroshima, le 6 août 1945.

    Le 16 juillet 1945, à l’issue du premier essai nucléaire grandeur nature, dit « Trinity », au Nouveau-Mexique, le physicien américain Kenneth Bainbridge, responsable du tir, a déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet « Manhattan » : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »). Dans votre discipline, avez-vous le sentiment que ce moment où les chercheurs pourraient avoir la même révélation a été atteint ?

    Il existe une inquiétude considérable, et grandissante, autour de l’automatisation totale. Ce moment précis où toute activité ou travail humain sera réalisé par des machines. Pour ce faire, celles-ci n’ont d’ailleurs pas besoin de devenir super-intelligentes, comme certains le suggèrent.

    Nous sommes à un moment-clé où nous assistons à une convergence de différentes technologies : le big data, le « machine learning », la vitesse de calcul, la robotique et l’Internet. Et nous semblons nous diriger inexorablement vers ce point imaginaire. Un certain nombre de livres et rapports récents analysent minutieusement les pertes d’emplois actuelles et le possible chômage de masse dans un avenir pas si lointain. La vraie question est de savoir quel niveau de contrôle nous, humains, sommes prêts à céder aux machines.

    La plus grande préoccupation de cette dernière décennie est la direction prise afin de donner aux machines le pouvoir de décider de tuer en temps de guerre. Les robots tueurs ou les systèmes d’armes autonomes sont conçus pour rechercher et trouver des cibles, puis les attaquer avec violence, sans que soit nécessaire une quelconque surveillance humaine. Ces robots ne sont pas des humanoïdes à l’image du personnage de science-fiction Terminator, mais de plus traditionnels tanks, sous-marins, avions de chasse et hélicoptères de combat. La finalité à atteindre est l’automatisation totale pour pouvoir tuer en temps de guerre, du moins pour ceux qui possèdent cette technologie. C’est peut-être la plus grave menace sur la sécurité mondiale qui fait de nous tous des « fils de putes ».

    3- Quel pourrait être l’impact d’un « Hiroshima » dans votre discipline ?

    L’automatisation totale de la guerre apporte tant de problèmes à l’humanité qu’on pourrait la considérer comme quelque chose de pire qu’Hiroshima, en pensant simplement au fait que ces systèmes d’armes autonomes peuvent être équipés d’armes nucléaires.
    Il suffirait qu’une nation décide d’atteindre ce point d’automatisation pour que d’autres suivent rapidement, entraînant une prolifération massive et une nouvelle course aux armements. L’utilisation d’armes autonomes facilite l’entrée dans un conflit et pourrait facilement créer des conflits accidentels qu’aucun humain ne pourrait arrêter. Certaines nations ont déjà discuté ensemble de l’utilisation d’essaims de robots tueurs afin de multiplier la force déployée.

    L’un des impacts les plus dangereux de cette automatisation est la rapidité d’action de plus en plus forte qu’elle procure. Les conseillers militaires disent déjà que la guerre est en train de devenir trop rapide pour que les humains réagissent ou prennent des décisions. Ces pourparlers actuels ouvrent la voie à une automatisation complète en laissant de côté un point important : lorsque des essaims de machines répondront à des algorithmes secrets, personne ne pourra prédire l’issue d’un conflit et l’impact sur le monde civil.

    4- Après 1945, les physiciens, notamment Einstein, ont engagé une réflexion éthique sur leurs propres travaux. Votre discipline a-t-elle fait de même ?

    On sent grandir, chez les roboticiens et chercheurs en intelligence artificielle, une volonté d’examiner les problèmes éthiques qui peuvent découler d’une utilisation de leurs travaux.

    Les grandes organisations professionnelles prennent conscience des problèmes potentiels futurs liés aux systèmes d’armes autonomes. Certaines consultent et sondent leurs membres. La protestation grandit.

    5- Pensez-vous qu’il soit nécessaire que le public prenne conscience des enjeux liés à vos travaux ?

    Cette prise de conscience est nécessaire. D’ailleurs, elle a déjà commencé. Nous sommes plusieurs à avoir écrit pour des publications nationales (magazines, journaux), à avoir donné des interviews... Cette campagne de sensibilisation pour arrêter les robots tueurs rencontre un intérêt croissant de la part du public. Les citoyens ont un pouvoir et ils doivent l’utiliser pour arrêter ces développements moralement odieux.

    7- Pensez-vous à des mesures précises pour prévenir de nouveaux Hiroshima ?

    Oui. Je fais partie de la direction d’une grande campagne internationale pour arrêter les robots tueurs. Elle rassemble 54 organisations non gouvernementales de 26 pays ainsi qu’un certain nombre de Prix Nobel de la paix. Nous venons de travailler à l’Organisation des Nations unies pendant deux années et demie afin d’obtenir un nouvel outil juridique contraignant et international. Ceci pour interdire le développement, les essais et la production de systèmes d’armes autonomes. La France nous a apporté une aide très utile, les progrès sont là mais il reste encore un long chemin à parcourir.

    Cependant, il est difficile de penser à la manière d’éviter l’automatisation complète qui rendra superflu le travail humain. C’est quelque chose à envisager ensemble. La question concerne le degré et les limites du pouvoir que nous voulons céder aux machines, sans perdre les formidables avantages qu’apporte la technologie.

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  • La vache et l’irradié - Non Fides - Base de données anarchistes
    http://www.non-fides.fr/?La-vache-et-l-irradie

    Le régime d’#habituation est à l’œuvre depuis le début de l’histoire de la #radioactivité industrielle et médicale. Les études effectuées depuis Hiroshima et Nagasaki partent du principe que l’homme s’adapte à la dose, c’est la définition même du sievert. L’#OMS écrivait dès 1957 : « Cependant, du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude et qui, pour citer Joseph Addison le poète anglais du XVIIIe siècle, saurait "chevaucher l’ouragan et diriger la tempête". » On sait lesquels font les fous.

  • Andreas Lubitz ou la banalité du mal

    Andreas Lubitz était un homme normal. Tout les gens ayant eu à le cotoyer le disent, il n’y a donc aucun doute là-dessus : on est normal dans la seule mesure où l’on est reconnu comme tel par le plus grand nombre. Il n’était pas musulman, pas anarchiste, pas drogué et pas même alcoolique ! Il était tellement normal qu’il souffrait, comme presque tout le monde en Europe occidentale, de « dépression ». Après tout, quoi de plus normal que d’être dépressif quand on vit dans un pays déprimant ?

    Cet homme normal, qui a entraîné près de 150 personnes vers une mort absurde et atroce, appartenait à cette immense classe moyenne allemande, dont les gouvernants sont capables d’affamer délibérément un petit pays de la Méditerranée -où les gens avaient conservé un certain art de vivre et ne peuplaient pas les salles d’attente des psy- au nom de cette morale de petits-épargnants dont la Merkel est l’incarnation parfaite.

    Le fait que ce terme de « dépression » soit utilisé indifférement dans deux pseudo-sciences qui font autorité en ce monde, à savoir l’économie et la psychiatrie, est en soi significatif. Dans sa version psy, la dépression correspond à la transformation en maladie individuelle d’un fait de société, à savoir l’absence. Les gens que l’on décrète déprimés sont tout simplement des gens que plus rien ne lie aux autres et qui ont donc perdu tout art de vivre. Des gens qui ne peuvent plus habiter un monde. Mais le capitalisme se nourrit du désastre qu’il engendre, et une expérience assez commune dans un monde aussi inhabitable a été transformée en simple problème personnel traité à coups de molécules chimiques, faisant du même coup la prospérité du business pharmaceutique -et tant pis si les anti-dépressifs n’empêchent nullement les suicides, et sont même suspectés de les faciliter...

    Bien sûr, Andreas Lubitz aurait pu simplement se pendre dans son garage, ou s’ouvrir les veines dans sa baignoire. Mais dans un monde où l’imaginaire est de plus en plus formaté par les effets spéciaux de l’industrie audiovisuelle, il eût été dommage de se contenter d’une fin si banale, si anonyme, surtout quand on a la chance de disposer d’un outil aussi puissant qu’un Airbus A320 ! « On ne peut pas appeller ceci un suicide » a dit très justement le procureur en charge du dossier. Ce dont il s’agit là, c’est, tout comme le magnifique et terrifiant snuff movie du 11 septembre 2001, d’une performance. Andreas Lubitz, qui était sportif, était certainement sensible à une telle notion, mais celle-ci a aussi à voir avec la dimension artistique, à une époque où les artistes tendent à réaliser des performances plutôt que des oeuvres. Le copilote s’est offert une expérience digne des plus grands films d’action, qui lui a ouvert les portes de l’éternité -le nom d’Andreas Lubitz est entré dans l’Histoire. Seule une connasse luthérienne comme Angela Merkel peut trouver le geste de Andreas Lubitz « tout à fait incompréhensible ».

    Dans la dernière minute de sa vie, il a sans aucun doute éprouvé une sensation vertigineuse de toute-puissance, quelque chose que les croyants qualifieraient de diabolique. Les auteurs du 11 septembre 2001 ont du ressentir cela, en surmultiplié.

    Ce monde ne cesse d’exciter en nous le vertige de l’anéantissement, et que ce soit en se shootant à l’héroïne ou en s’enrôlant dans les troupes de Daesh les possibilités ne manquent pas de vivre une expérience absolue qui soulage de ce terrible sentiment d’absence. Que le prix à payer pour cela soit une renonciation à la vie même, ouvertement revendiquée chez le junkie comme chez le djihadiste, fait précisément toute l’intensité de cette expérience...

    Tuer revient à exercer le pouvoir absolu, celui de mettre brutalement fin à la vie d’un autre, d’où la fascination que cet acte exerce au-delà de tout critère moral -longtemps, les êtres humains ont considéré que seul Dieu pouvait disposer d’un tel pouvoir, ou à la rigueur des souverains ayant reçus les attributs de la divinité. Mais ce monde, en multipliant les moyens technologiques d’anéantir la vie, a banalisé les attributs divins. Depuis Hiroshima, la possibilité d’un anéantissement venu du Ciel fait que de simples mortels peuvent réaliser ce que d’innombrables prophéties annonçaient jadis comme la vengeance de la divinité offensée.

    Il m’arrive de circuler en avion, et l’idée qu’un clone d’Andreas Lubitz pourrait décider un beau jour de m’entraîner avec lui dans le monde des Morts ne m’est pas du tout agréable, mais elle ne date pas de hier. Cela fait trop longtemps que je considère les gens normaux comme des gens extrêmement dangereux.

    En s’écrasant sur la montagne, l’Airbus de la Germanwings nous ramène à la banalité du mal, qui revient vers nous comme mal de la banalité : de même que Hannah Arendt fut stupéfaite de découvrir dans la figure d’Eichmann un haut fonctionnaire consciencieux et soucieux de bien faire son travail, en lieu et place du fanatique exalté qu’elle attendait, nous découvrons dans l’existence banale et insipide que menait Andreas Lubitz et qui constitue précisément la norme en Europe occidentale la figure même du mal.

    Alèssi Dell’Umbria

    • Il y a vingt-cinq siècles, un autre type nommé #Érostrate, un Grec, avait brûlé le temple d’Ephèse, une des sept merveilles du monde, parce qu’il n’avait pas trouvé d’autre moyen de se rendre célèbre. C’est vrai, on se souvient encore de lui.

      En 1936, Jean-Paul Sartre écrivait une nouvelle, intitulée « Érostrate », qu’il publiera quelques années plus tard dans son recueil « le Mur ». Elle raconte l’histoire d’un homme qui hait les autres et n’ose pas toucher les femmes. Il achète un revolver :

      Un soir, l’idée m’est venue de tirer sur des hommes.

      Il va à la sortie du Châtelet, pour alimenter son fantasme :

      J’avais glissé ma main droite dans ma poche et je serrais de toutes mes forces la crosse de mon arme. Au bout d’un moment, je me voyais en train de leur tirer dessus. Je les dégringolais comme des pipes, ils tombaient les uns sur les autres, et les survivants, pris de panique, refluaient dans le théâtre en brisant les vitres des portes.

      On lui raconte l’histoire d’Érostrate.

      Il y avait plus de deux mille ans qu’il était mort, et son acte brillait encore, comme un diamant noir. Je commençais à croire que mon destin serait court et tragique. Cela me fit peur tout d’abord, et puis je m’y habituai. Si on prend ça d’une certaine façon, c’est atroce, mais, d’un autre côté, ça donne à l’instant qui passe une force et une beauté considérables.

      Quand je descendais dans la rue, je sentais en mon corps une puissance étrange. J’avais sur moi mon revolver, cette chose qui éclate et qui fait du bruit. Mais ce n’était plus de lui que je tirais mon assurance, c’était de moi : j’étais un être de l’espèce des revolvers, des pétards et des bombes.

      Moi aussi, un jour, au terme de ma sombre vie, j’exploserais et j’illuminerais le monde d’une flamme violente et brève comme un éclair de magnésium.

      De fait, « un jour », il prend sa décision, sort sur le trottoir et tue un passant au hasard.

      Cette nouvelle prémonitoire commence par ces mots :

      Les hommes, il faut les voir d’en haut.

      Jacques Drillon

  • La guerre secrète de l’occulte
    http://www.brujitafr.fr/2015/02/la-guerre-secrete-de-l-occulte.html

    Bergier pensait qu’il y a un danger analogue à celui d’Hiroshima à partir des recherches en parapsychologie et qu’elles auront des applications militaires. La police soviétique arrêtait les parapsychologues avec le même zèle que les dissidents mais au lieu de les envoyer au goulag, le KGB les faisait travailler. La CIA, elle aussi, fait appel aux forces occultes.

    Un médium et un sous-marin

    Bergier évoque l’Etats-unien Ingo Swann né en 1933. Il fut influencé par la lecture de l’ouvrage de Stapledon « créateur d’étoiles ». Dans ce livre, Stapledon décrit des voyages par clairvoyance jusqu’à l’extrême limite de l’univers. Il fit contrôler ses prouesses par des chercheurs. Il était capable d’émettre un rayonnement ultraviolet et de faire varier à volonté la température d’objets placés à 7 mètres de lui dans (...)

  • Pour apprendre la guerre, les collégiens creusent une tranchée dans la cour du collège.


    c’est au collège expérimental (!) Anne-Franck du Mans que les professeurs soutenus par le principal ont pris cette initiative.
    Et pendant que les garçons creusent, les filles fabriquent les fusils...

    Eriger tous ensemble un monument à Jaurès, ils n’y ont pas pensé ?

    Source : Ouest-France http://www.ouest-france.fr/insolite-au-mans-les-collegiens-danne-frank-creusent-une-tranchee-30293

    #guerre #éducation #trop_con

  • Top 10 des déclarations sur l’IVG au moment de la loi Veil (il y a quarante ans seulement) | Topito
    http://www.topito.com/top-declarations-facho-ivg-40-ans-simone-veil

    C’était il y a seulement quarante ans.

    1 « En morale, l’avortement demeure une oeuvre de mort. » (Jean Lecanuet)
    Jean Lecanuet qui, au passage, a activement défendu la peine de mort qui elle, il est vrai, n’est absolument pas une oeuvre de mort c’est bien connu.

    2 « L’avortement ferait chaque année deux fois plus de victimes que la bombe d’Hiroshima. » (René Feït)
    Le même mec qui avait diffusé un enregistrement des battements de cœur d’un fœtus dans l’Assemblée nationale. La lourdeur.
    3 « La femme s’épanouit en donnant la vie. » (Louis Donnadieu)
    Bah oui, c’est vrai tiens ! Pourquoi on se fait chier à vouloir notre indépendance et l’égalité des sexes quand on peut se faire engrosser et élever dix-huit chiards dans un pavillon de banlieue en attendant que notre tendre époux rentre de sa dure journée de labeur ?
    4 « On est allé jusqu’à déclarer tout bonnement qu’un embryon humain était un agresseur. Eh bien ! ces agresseurs, vous accepterez, madame, de les voir, comme cela se passe ailleurs, jetés au four crématoire ou remplir des poubelles. » (Jean-Marie Daillet)
    Petite référence fine et délicate à la Shoah n°1.
    5 « Il nous est demandé de participer à une sorte de Saint-Barthélemy où des enfants en puissance de naître seraient quotidiennement sacrifiés. » (Hector Rolland)
    Pour info Hector était un copain de Christine Boutin (avec laquelle il a essayé de créer un « groupe d’étude parlementaire pour favoriser l’accueil à la vie »), ça donne une petite idée du personnage et de son immense ouverture d’esprit.
    6 « Vous faites le choix d’un génocide » (Hector Rolland)
    Décidément, on l’aime bien cet Hector Rolland.
    7 « Le temps n’est pas loin en France où nous connaîtrons ces ‘avortoirs’ – ces abattoirs – où s’entassent des cadavres de petits d’hommes. » (Jean Foyer)
    Mais oui bien sûr ! Et puis on se nourrira de fœtus morts parce que quand même ce serait dommage de gâcher.
    8 « Cela ne s’appelle plus du désordre, madame la ministre. Cela ne s’appelle même plus de l’injustice. C’est de la barbarie, organisée et couverte par la loi, comme elle le fut, hélas ! il y a trente ans, par le nazisme en Allemagne. » (Jacques Médecin)
    Petite référence fine et délicate à la Shoah n°2.
    9 « Vous instaurez un nouveau droit, un droit à l’euthanasie légale. » (Alexandre Bolo)
    Ah non pas du tout. Mais en revanche ce serait pas mal d’en parler un peu de l’euthanasie.
    10 « Cette nouvelle religion qui est née et dont le dieu s’appelle le sexe. » (Albert Liogier)
    Ce monsieur considère donc que si nous réclamons le droit à l’avortement c’est parce qu’on a tellement chaud au cul que l’on ne peut même pas se retenir de tomber enceinte. Il y a des pichenettes qui se perdent.

    #ivg #histoire #masculinsme #machisme

    • Ils ont tellement bien essaimer leurs sales paroles que l’avortement en france aujourd’hui est toujours un parcours culpabilisant pour les femmes dont on ne simplifie pas l’accès.

      Le pire étant le nombre des lieux de prise en charge en réduction. #planning_familial

      Dernièrement on entend aussi les femmes raconter la maltraitance morale qu’elles subissent lorsqu’elles souhaitent avorter, leurs sont toujours imposées des échographies par voie vaginale, ou la visualisation du foetus sur un moniteur ou des avortements en salle d’accouchement, histoire de bien les torturer et qu’elles ne parlent pas de « ça ».

    • J’ai bénéficié un IVG vers 2006 à peu près et la gyneco et les infirmières ont été abominables (c’était à la clinique Jeanne d’arc dans le 13° parisien). La gyneco m’a fait le coup de l’échographie et m’a engueulé lorsque j’ai fait un commentaire là dessus. C’était claire qu’elle faisait tout son possible pour me culpabilisé et me faire payer une faute. Elle ne m’a donné aucune information sur l’intervention et m’a dit de venir après la prise d’un médicamentent. Le médicament servait à déclenché des contraction, je suis arrivé en sang, j’ai demandé honteusement un truc pour imbiber le sang je me suis fait pourri par l’infirmière parce que j’aurais du prévoir les effets d’un médicaments dont on ne m’a rien dit. Le pompom a été lors du RDV post IVG avec la gynéco. Elle commence à m’imposer la pilule, je lui explique que je prenait déjà la pilule lorsque je suis tombé enceinte, et que je fumait deux paquets par jour et n’ai aucun horaire régulier qui me permette de prendre sa pilule millidosé dont je ne veux pas. Elle m’a dit, vous allez arrêter de fumer et changer de mode de vie... Je demande un DIU, elle me fait le coup de la nullipare et des risques supposé d’infection gyneco qui rendent stérile. Je lui dit que je veut être stérilisé, ce que j’ai réussie à faire depuis. Elle m’a gueulé dessus comme un putois que j’était une idiote inconséquente, je suis parti en claquant la porte sans aucune contraception, j’ai traversé la manif des anti-ivg qui campent chaque semaine devant la clinique en toute tranquillité et j’ai pas revu de gynéco ni médecin pendant des années avant de trouvé la maternité des Lilas dans laquelle j’ai pue enfin accéder à une #contraception qui me convienne, la #contraception_définitive et reprendre (très légèrement) confiance dans le corps médical.

    • @mad_meg, woo, tout mon soutien.

      J’ai interrompu volontairement une grossesse également et je confirme pour mes expériences que la maltraitance semble être de mise avec les femmes souhaitent avorter.
      J’ai préféré le RU, et moralement c’est déjà pesant parce que ça dure plusieurs jours, ensuite il fallait attendre dans un salle ou il y avait plusieurs autres femmes, parfois accompagnées, qui attendaient d’expulser, cool, en famille quoi. Mais on ne m’avait pas expliqué qu’il y a possiblement deux expulsions : le foetus puis le placenta. Franchement pas cool quand tu te retrouves seule chez toi avec un steack dans la culotte et que tu ne sais pas ce que c’est. Du coup, je téléphone et la réponse a été « Ah ben oui, ça arrive ». Ben oui, ça aurait été bien de me prévenir aussi.

      #france_sclérosée #avortement #femmes

    • Merci pour ton soutiens @touti
      Pour les RU j’ai lu des témoignages complétement révoltants de femmes pas du tout informé par les gyneco. Il y a aussi des hôpitaux et cliniques dans lequel on pratique 90% d’IVG par RU et c’est le signe assuré que les médecins y sont maltraitants car imposer cette méthode de manière systématique et en particulier en fin de période légale d’IVG c’est une maltraitance. Il y a du boulot.
      je pense que j’ai du lire cela ici
      http://martinwinckler.com/spip.php?article933

    • Le début de l’article est un bel exemple de clarification quant à la non récupération de propos par l’extrême droite. PMO et consort pourrait en prendre de la graine (si seulement illes sont bien d’accord avec le fait de ne pas aider l’extrême droite…).

      Sinon pour l’IVG, même constat par ici. Vu comment ça se passe, je me dis qu’à part si la femme a très confiance en elle-même et a de la réparti, ça pourrait être bien de toujours y aller avec une deuxième personne (son copain ou toute autre ami⋅e femme ou homme, mais qui a la même opinion qu’elle sur l’IVG), histoire d’aider à rembarrer fermement les imbéciles qui essayent de dissuader ou culpabiliser.

    • D’ailleurs ça commence à me fatiguer le préchi-préchat sur les F1 qui feraient des trucs dégénérés et « qui en n’aucun cas ne protège la biodiversité et ne vont dans le sens de la vie ». Je pense que c’est pour ça que ça s’appelle Femmes semencières, cet espèce de naturalisme moisi, vu que par ailleurs ça a été voulu par un homme et qu’il peut y avoir des hommes comme des femmes.

      Juste pour dire, si quelqu’un sauve des graines de fruits issus de F1 et les ressèment, y aura une diversité génétique plus importante que si on ressème les graines de sa variété paysanne. Est-ce que ça va dans le sens de la vie ? Aucune idée je comprends même pas ce que ça veut dire ..

    • Un jour j’écrirais mieux ce que je pense, mais je trouve que ça mélange un peu tout, et surtout que ça fait porter des conséquences des domaines législatifs/économiques sur du biologique. Et que ce qui est proposé au final, se rabattre sur les semences paysannes et conserver ce trésor du passé, est assez limité même si essentiel.

    • Ah mais ces paysans ne demande pas la suppression des semences hybrides, il demandent de pouvoir se réapproprier leur métier notamment celui de produire leurs propres semences, d’améliorer les sélections et de pouvoir les échanger.

    • S’il y a confusion à propos des hybrides de façon générale, ne serait-elle pas due au fait que les grands semenciers aurait pu proposer aux paysans des hybrides qui supporte mal d’être resemés dans le but de faire plus de profit (en revendant des graines tous les ans). Auquel cas, ces semenciers seraient en partie responsables de cette confusion ?

    • Oui certaines critiques sont fondées évidemment. Pour les jardiniers c’est simple, mais les paysans sont bloqués par les catalogues officiels, la propriété intellectuelle, et les brevets (pas en Europe il me semble).

      Ce qui me dérange c’est surtout le côté solutions, toujours basées sur les semences paysannes, variétés anciennes, lignées pures, pollinisation contrôlée. C’est dommage qu’on en soit toujours là, il y a très peu de dynamique. Et surtout c’est pas toujours cohérent (niveau diversité génétique notamment). Bon là c’est pas très clair, faut que j’écrive quelque chose de complet.

      Mais bon, y a tellement de trucs faux ou approximatifs sur les F1 que ça fait peur ...

    • Ce qui me dérange c’est surtout le côté solutions, toujours basées sur les semences paysannes, variétés anciennes, lignées pures, pollinisation contrôlée.

      Ben, ce que j’entends par « semences paysannes » c’est des semences qui appartiennent aux paysans, c’est-dire à ceux qui les utilisent, qui les produisent avec le droit de les sélectionner, de les améliorer, de les vendre ou de les échanger, sans être contraints par le CO. Je trouve rien de dérangeant là-dedans. Sur les variétés anciennes, c’est autre chose, il me semble que c’est une petite poignée de personnes (pas forcément des paysans d’ailleurs mais d’autres semenciers) qui relaient ce discours en boucle sur les médias mais je ne pense pas que se soit la ligne des petits paysans, qui eux, on ne les entend que rarement.

    • De ce que j’en comprends (parce que je cherche à comprendre, hein, c’est ce qui motive mon questionnement) on parle des semences anciennes pour reprendre un processus arrêté dans son évolution par l’imposition de semences inscrites au catalogues, et pour sortir des variétés inscrites, il faut repartir des variétés d’avant et surtout libres. Ce qui n’empêche pas de les sélectionner et de les améliorer. C’est ce que dit réseau de semences paysannes

      Un certain nombre de paysans et d’amateurs, bio pour la plupart, ont décidé de produire eux-mêmes leurs semences ou plants afin de les adapter en permanence à leurs terroirs, à leurs pratiques culturales et à leurs besoins de qualité. Souvent à partir de variétés anciennes et/ou locales, mais en sachant aussi profiter de l’apport de la diversité de variétés exotiques, ils pratiquent des sélections massales ou de populations, conservatrices, amélioratrices ou évolutives. Au contraire des hybrides et autres clones, leurs semences et plants sont peu stables et peu homogènes de manière à conserver, à côté de quelques caractères fixés, un maximum de variabilité qui leur permet de s’adapter en permanence à des conditions naturelles changeantes ou à profiter au mieux des interactions bénéfiques avec d’autres plantes.

      http://www.semencespaysannes.org/pourquoi_les_semences_paysannes_8.php
      Encore une fois sur les hybrides je ne sais pas.

    • @nicolasm

      toujours basées sur les semences paysannes, variétés anciennes, lignées pures, pollinisation contrôlée

      c’est curieux j’entends justement souvent parler de « open pollinated seeds » mais jamais de contrôle pour ce qui est des varietés populations.
      C’est justement pour la production des F1 qu’on requiert un gros contrôle de la pollinisation, et l’obention préalable de lignées pures. C’est aussi ce qui en fait de mon point de vue l’opposé d’un #outil_convivial
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Hybride_F1

      Il est donc plus intéressant pour l’exploitant de racheter des semences chaque année car la production de semences F1 n’est pas à la portée de l’agriculteur moyen

    • En fait, si on se réfère aux hybridations naturelles des cucurbitacées ou des pommiers du Kazakhstan, on s’aperçoit que les fruits obtenus n’ont pas tous les qualités requises pour être consommés. Certains sont insipides, d’autres amers ou petits et durs. La reproduction des semences est incertaine. Certes, ça peut créer de la diversité mais on comprend que le paysan n’ait pas envie de prendre le risque de se retrouver avec une partie de sa production sur les bras parce qu’il ne pourra pas la vendre, c’est un mode de reproduction risqué. Créer de la diversité ce n’est pas à proprement parler le rôle du paysan, son rôle c’est de nourrir la population en s’assurant un revenu. Déjà qu’il doit faire avec les aléas de la météo, si en plus il doit faire avec les aléas de l’hybridation, c’est jouer à la roulette russe.

    • @odilon, ce n’était pas de la mauvaise foi :) Je pense vraiment que le métier à changé, et que les maraichers, mêmes ceux avec une vraiment bonne démarche, sont limités au niveau de la production de semences, indépendamment des barrières légales, car pour répondre en partie à @koldobika, je ne suis pas sûr que conserver plusieurs variétés d’un légume et faire des F1 de ce légume soit si éloigné que ça.

      Pour les autogames, qui se pollinisent tout seuls sans intervention, oui garder plusieurs lignées pures est plus facile, il suffit de ne rien faire. Pour faire des F1s, c’est pas si dur pour les tomates, et pour le reste je ne suis pas au courant d’F1 produits et vendus (haricots, pois, salades), vu que ça serait trop dur et qu’apparemment il n’y a pas (trop) de gain de vigueur par hybridation sur les autogames.

      Pour celles qui peuvent facilement se polliniser à la main (courges, autres solanacées), du coup c’est la même chose

      Pour celles trop difficile à faire à la main et qui ne rapportent pas beaucoup de graines à chaque pollinisation (famille des choux et des carottes par exemple), ça devient compliqué. Pour les hybrideurs, ils ont inventé les CMS et grâce à cette stérilité mâle ils font des hybrides assez facilement. Développer des lignes CMS c’est pas à la portée de tous, mais une fois que c’est commercialisé la ligne reste CMS pour toujours, donc à le fois on peut se réapproprier la technique, mais je ne sais pas à quel point c’est intéressant, mais par contre on se trimbale des trucs à moitié stériles pour toujours aussi. Bon vu que ça ne peut pas polliniser, ça ne peut rien contaminer, mais ça agit comme un trou noir vu que ça demande chaque année du pollen mais ne pourra jamais en fournir. Du côté des lignées pures, c’est un peu la galère, parce que du moment que tu veux créer des lignées pures, il ne reste que l’isolation, ce qui n’est pas forcément à la portée de tout le monde. Il y a les serres qui peuvent aider mais faut contrôler l’entrée/sortie des insectes, et introduire des pollinisateurs « propres » niveau pollen. Faut ajouter le caractère bi-annuel de certains légumes, et le fait que c’est encore plus galère pour les brassicacées vu que c’est même plus seulement entre variétés mais aussi « types » de légumes (vu que les choux, broccolis, chou fleurs, choux de bruxelles sont la même espèce). A noter qu’il y a des mécanismes d’auto-stérilité chez certains brassica (ils ne peuvent pas s’auto polliniser) du coup pas besoin de CMS, et ça revient juste à isole deux variétés des autres pour faire des hybrides.

      Je me dis que si les maraichers s’emparent du truc, peut être que le surplus en terme de technologie sera compensé par une plus grande production, comme le fait de greffer ses pieds de tomate. Si la technique est maitrisée, ce n’est pas à nous de juger si c’est convivial ou pas ? Mais perso ce ne sont pas les hybrides F1 qui m’intéressent, mais plus généralement les hybrides (pour faire des variétés population).

      « Open-pollinated », c’est une mascarade. Justement j’ai posé la question sur un forum de jardiniers US récemment, parce que je ne comprenais pas d’où venait le terme. Si tu lis les définitions, une variété OP se reproduit fidèlement, mais bien sûr si elle est pollinisée par le pollen de la variété. Du coup on contrôle bien qui est le père, sauf pour les autogames (et le terme vient peut être de ce cas particulier) ou par isolation. Bref pas « open » du tout ! Tout comme pour les F1, on met les contraintes pour connaître le père, et c’est plus facile dans le cas particulier où il n’y a qu’une variété dans un certain périmètre, parce que pour les hybrides c’est forcément deux. Mais ce contexte particulier est surtout celui des producteurs de semences plus que des producteurs de légumes.

      Pour les lignées pures, oui souvent elles sont plus pures dans la lignée des parents d’hybrides (plus les parent sont pures, plus les F1 sont homogènes) mais les variétés traditionnelles sont aussi très pures, puisqu’elle doivent être assez stables au niveau reproduction pour conserver pas mal leur phénotype. Il y a forcément un peu de diversité dans le lot (si j’ai bien compris, hétérogénéité là où les récessifs ne changent pas le phénotype) mais des fois même pas et les variétés perdent en vigueur (dépression endogamique). Le procédé pour créer une nouvelle variété c’est de faire un hybride et d’auto pollinisé pour jeter assez de diversité génétique pour avoir certains traits fixés. C’est le paradigme même de la variété (dite ancienne à l’opposé des hybrides) alors qu’avant c’était plus des variétés populations que des « vraies » variétés.

      @odilon le texte que tu cites est pas mal, j’aime la dynamique qui s’en dégage (sur la diversité et les sélections), mais alors je ne comprends rien quand ils critiquent les hybrides, puisque pour moi une variété population c’est justement un pool génétique où les « variétés » s’hybrident. Hum du coup je commence à mieux comprendre. Ils sont toujours dans le paradigme « variétés », et du coup des hybrides c’est forcément entre deux variétés (c’est à dire reconnues comment telles, avec les tampons de noblesse, et des différences phénotypiques marquées entre les deux). Si les lignées ne sont pas assez pures, ce ne sont pas des hybrides pour eux. Hum, du coup je crois que leur définition d’hybrides F1 est trop restrictive, puisqu’un F1 c’est la première filiation après un croisement, il n’y a pas de contraintes sur les parents (à part qu’ils soient différents génétiquement je suppose).

      Je commence à y voir plus clair :)

    • @nicolasm

      je ne suis pas sûr que conserver plusieurs variétés d’un légume et faire des F1 de ce légume soit si éloigné que ça.

      Il me semble que c’est pas du tout la même démarche. Par exemple chez moi je cultive humblement deux variétés de courgettes depuis 2010, à force des les planter intercalées au même endroit aujourd’hui elles forment une population où on retrouve les deux types initiaux plus trois nouveaux phénotypes aux formes et couleurs intermédiaires (+ une couleur vert foncé que les initiales n’ont pas) et avec des textures et goûts nouveaux (notamment une à peau tacheté vert et gris clair qui a un petit goût d’avocat). Par contre je n’ai pas le luxe (= le temps) de faire des hybrides F1, et encore moins sur les autres légumes que je cultive.

      mais alors je ne comprends rien quand ils critiquent les hybrides, puisque pour moi une variété population c’est justement un pool génétique où les « variétés » s’hybrident

      La différence est entre soit laisser tout ce monde se reproduire entre eux et faire une sélection massale, soit piloter la pollinisation pour obtenir un F1 bien spécifique et bien homogène, et avoir le temps pour ça. Mais dans ce deuxième cas on change de logique, ce n’est plus un #outil_convivial. Mis à part pour le maïs où un·e paysan·ne peut se faire son F1 à la maison en castrant une des deux variétés, faire des F1 en mode #bricole n’est pas envisageable, sauf si on n’a que ça à faire, ce qui implique une certaine spécialisation économique.

    • Ce n’est pas la même démarche mais le niveau de technicité n’est pas très éloigné.

      Pour tes courgettes c’est une chouette expérience, mais tu ne gardes pas tes deux lignées pures, et c’est sur ce point que je comparais. Si tu avais voulu faire des hybrides F1, comme si tu avais voulu conserver tes deux variétés pures, il aurait fallu faire des pollinisations manuelles. Certes plus pour les hybrides (pour les F1, mais aussi garder les lignées parentes pures), mais c’est la même technicité.

      Peut être que cette discussion tourne autour de ce qu’on met derrière les F1, comme j’ai dit à la fin du précédent message. Pour moi ta variété population contient des F1, même si les lignées ne sont pas pures (depuis le premier croisement) ou que la pollinisation n’est pas contrôlée. Bref ta variété population ce sont des hybrides (de plusieurs générations).

      Mais si un F1 pour toi ou d’autres, c’est forcément deux lignées pures, ou un processus qui consiste à créer année après année le même F1 à partir des mêmes lignées, on est d’accord que le F1 ce n’est pas forcément intéressant. Mais bon, à moins que je me trompe F1 ça a un sens en biologie qui est la première génération après une hybridation, tout comme il y a F2, F3, etc. Ce n’est à priori pas lié aux contexte des grosses firmes qui vendent au maraichers.

      Je ne suis pas fan des F1, c’est juste qu’on dit beaucoup de choses fausses dessus, peut être basées sur une définition peu claire ou informelle des F1. Mais ce qui me dérange plus c’est de passer à côté de tout ce qu’apporte l’hybridation et d’en rester aux variétés pures, c’est vraiment dommage. Car ça sent indirectement un peu la poussière, parce que pour créer de nouvelles variétés, à part grâce à des mutations spontanées, il faut bien hybrider des variétés

      Pour le côté conviviale, encore une fois, faire des pollinisations croisées pour sauver plusieurs variétés de lignée pure ou pour faire des hybrides, je vois pas la différence.

    • @odilon : c’est pour ça que les maraichers aiment les F1, pour l’assurance d’avoir un plant qu’ils connaissent, et des plants identiques entre eux.

      Y a aussi les variétés paysannes qui sont relativement stables

      Et ensuite les pools génétiques, variétés populations qui ont une grande diversité. C’est sûr que ça fait pas forcément des fruits de la même taille, couleur, texture, goût ... mais ça s’adapte aussi mieux aux fameux aléas climatiques. J’y vois beaucoup de potentiel, et certains fermiers utilisent cette méthode.

    • Un F1 c’est la première génération après croisement de deux lignéees homogènes. Dans une population avec une certaine variabilité et avec un brassage génétique, il n’y a pas de lignées pures, donc le concept de F1 ne s’y applique pas.
      Les « lignées pures » ne datent que de la seconde moitié du XIXème siècle (avec notamment Vilmorin), avant on faisait de la sélection massale sur populations fermières.
      Et on peut quand même créer des populations même à partir de « lignées » récentes.

    • Effectivement il semble bien y avoir la condition d’homogénéité pour les parents des F1, hum il faudra que je reprenne tout pour voir ce que cela implique.

      C’est quand même bizarre que les variétés anciennes soient aussi pures, il me semble qu’il n’y ait plus vraiment de variétés populations anciennes disponibles ? De quand date cette « épuration » ?

      Pour créer des populations à partir de lignées récentes, il faut passer par des F1 :) A l’origine c’est pour ça que j’aime pas les critiques farfelues des F1 genre ça donne des trucs dégénérés. Ça me semble plutôt sain de semer des trucs qu’on a sous la main pour voir ce que ça donne. C’est un peu comme les réactions horrifiées quand tu dis que tu vas semer un pépin de pomme (mais c’est encore une autre histoire ça).

    • Quelque part je trouve que le discours écolo/militant dans le domaine ça fait passer la compétence des semences des agro-industries aux paysans d’autrefois, comme si les variétés étaient issues d’un passé glorieux et qu’on ne pouvait que conserver dans faire mieux.

    • Selon le Gnis
      http://www.gnis.fr/index/action/page/id/544/title/Les-varietes-hybrides-les-varietes-F1-de-quoi-s-agit-il-

      Les variétés hybrides, les variétés F1 : de quoi s’agit-il ?

      Pour la plupart des légumes, il existe des variétés hybrides

      concombre hybride Les plus courantes sont les hybrides appelés « F1 ». Ils sont issus du croisement de deux parents (de la même espèce), choisis pour leurs caractères complémentaires et intéressants. Par exemple, rendement et précocité pour un parent, qualité gustative et résistance aux maladies pour le second. Les caractères intéressants pour les jardiniers sont très nombreux et les possibilités de croisement entre parents sont presque infinies. Tout l’art des sélectionneurs est de trouver les meilleures combinaisons possibles. Après des tests et des essais pendant plusieurs années, seuls les hybrides les plus performants sont commercialisés.

      > Pourquoi ne peut-on pas semer, l’année suivante, des graines de variétés hybrides ?
      La particularité des variétés hybrides, c’est qu’elles sont beaucoup plus vigoureuses que chacun de leurs deux parents, car elles bénéficient de la vigueur hybride (ou effet d’hétérosis). Ce phénomène est d’autant plus grand que les deux parents sont très différents génétiquement. Par contre, lorsque l’on récupère des graines de ces variétés hybrides pour les ressemer l’année suivante, les plantes qui se développeront seront différentes de celle de la variété hybride. Elles auront perdu une partie de leur vigueur hybride et de leur homogénéité, d’où un intérêt moindre pour les jardiniers.

      > Toutes les nouvelles variétés sont-elles des hybrides ?
      Non. Parmi les nouvelles variétés créées chaque année par les sélectionneurs, il n’y a pas que des variétés hybrides.
      La sélection apporte de nombreux progrès, sans qu’il soit né­cessaire de recourir à la technique d’hybridation. Ces nouvelles variétés, comme pour les hybrides, ont été sélectionnées pendant un grand nombre d’années sur les qualités gustatives, la résistance aux ma­ladies, sur la qualité de la récolte, la précocité, le rendement l’adaptation à la congélation...

      Je reste persuadée que des paysans ont essayé de les ressemer :)

    • Je crois qu’il faut aussi laisser du temps au temps pour que les paysans ou les maraîchers, en tout cas ceux qui s’intéressent à la sélection se réapproprient ces outils oubliés par des décennies de « prêt à planter ou à semer », il faut réapprendre ce qu’est une plante comme il faut réapprendre ce qu’est un sol.

    • Y a même des paysans qui les resèment encore, et se servent de ce patrimoine génétique pour l’incorporer dans la création de variétés ou de variétés population, et y a des breeders qui dérivent des variétés non hyrbides qui sont proche de l’hybride d’origine. Il faut juste pas se couper de tout ce côté en proclamant des choses comme la dégénérescence ou la stérilité sur les F1 sans plus de précision ou d’analyse.

    • Je vais me moquer de ce titre « Mouvement Femmes Semencières » où il n’y a rien de ’femmes’ là-dedans, à part à considèrer la femme comme la réceptrice de la graine mâle, uh uh ou détentrice d’un privilège sur la nature, la reproduction ? encore ça, encore le ventre, foutez nous la paix !!. Coller ce terme de femmes n’importe où c’est exaspérant, ça fait récupération, juste inacceptable de semer cette confusion. Et pourquoi pas du tofu femme, ou du dentifrice bio de femmes ?

    • Ah voilà, donc la vidéo commence par

      1) c’est Pierre Rabhi qui a demandé la création d’un tel mouvement (ou de ce mouvement ?)
      2) bien sûr c’est ouvert aux hommes
      3) « C’est l’énergie de la femme en tant que gardienne de la vie qui nous intéresse »

      Le tout dans les premières 50s, et pour accompagner la vidéo c’est portrait de Rabhi, puis une femme (indienne ?) courbée qui gratte le sol, et un viel homme blanc à barbe qui dispense son savoir.

      Le tout en 50s donc, fallait le faire :)

      https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-B2ZSvCxsE0

    • Ah oui, je suis aussi preneuse !
      Certains #écologistes #raccourcis_du_bulbe présupposent dans leur mode de vie que le monde de la nature est un ordre des choses patriarcal et hiérarchisé par la #quequette_biologique. Du coup, certains retours à la pleine nature quand il n’y a pas de four, de machine à laver et de contraceptifs, c’est juste le piège pour les femmes. Ces lieux de vie si ils ne sont pas expressément pensés en terme d’anti patriarcat ne seront pas égalitaires car les charges quotidiennes (enfant, nourrissage, soins, lavage) retombent « naturellement » sur les femmes.

    • Ah ben si les forces vives de seenthis sont intéressées ou sur le coup, c’est chouette !

      De ce que je vois, c’est que depuis le début l’activité de subsistance alimentaire a clairement une division sexuelle, j’imagine principalement à cause de la contrainte de allaitement. Du coup il y avait la chasse pour les hommes, et la cueillette ou l’horticulture pour les femmes. Puis avec l’agriculture, le potager et le petit élevage (basse-cours, justement dans la cours, pas loin de la maison), et le gros bétail et les champs pour les hommes car plus éloigné de la maison. Mais on ne peut pas ignorer les symboles de prestiges du gros élevage et des céréales (valorisés car touchés par la main des hommes, ou le contraire ?).

      Peut être aussi un lien avec ce qui est écrit dans ce livre,
      « Naissance des divinités. Naissance de l’agriculture » de Jacques Cauvin.

      Mais bon, sur l’approche féministe de l’agriculture (plus spécifique que l’écologie), je suis quand même dans le flou.

      Y a bien l’approche machiste de défoncer la terre (http://seenthis.net/messages/240804) mais est-ce que ça ne fait pas sombrer la critique dans le problème inverse (attribuer des caractéristiques féminines à la terre/Terre).

    • seenthis c’est super, hop, il y a déjà le tag #écoféminisme à suivre !
      Une des raisons qui m’ont poussé à aller vers la permaculture depuis 20 ans est aussi son approche radicalement opposée à cette culture patriarcale qui enseigne à labourer/violer la terre/ventre et à considérer la production agricole comme un dû.

    • Par rapport au début, sur les paysans en France : d’accord avec @nicolasm.

      La paysannerie c’est un mode de vie particulier. Qu’il soit choisi ou subit, le principe de base c’est d’avoir une économie de subsistance. La commercialisation n’est qu’une chose en plus, à la marge, parfois même inexistante. La majeure partie est « hors économie ». Il n’y a plus de paysans en France depuis environ les années 50-60, un truc comme ça. En revanche dans le reste du monde, il en reste plein, ça oui. Mais pas en France.

      Le terme « paysan » a été repris ensuite, plusieurs décennies plus tard, par… « marketing politique » ? La confédération « paysanne », les paniers « paysans », etc. Ça fait rural, ça fait rustique. Mais ce n’est pas de la paysannerie.

      En France, on peut parler d’agriculteurices (ce n’est pas infamant hein, bien que ça reste dans le cadre du commerce), de maraîcher⋅e⋅s, de fermier⋅e⋅s. Mais mise à part quelques exceptions qui se comptent sur les doigts des mains, il n’y a plus vraiment de paysans.

      Le fait de parler d’"agriculture paysanne" pour en fait parler de trucs durables, écologiques, à petite échelle, etc, c’est une réécriture de ce que veut dire la paysannerie. Une réécriture après disparition, dans le cadre de l’économie marchande. Je ne sais pas exactement si c’est bien ou mal, j’ai plutôt tendance à penser que ce n’est pas très bien de tout confondre, et de faire croire que ça a un rapport avec comment c’était avant (avant que ça ne rentre pleinement dans l’économie).

      Je pense qu’il est possible de parler des initiatives d’agricultures marchandes plus respectueuses des équilibres, sans pour autant tout mélanger avec la paysannerie.

    • D’ailleurs cet état de fait change beaucoup de choses au niveau des semences, car avant c’était souvent une variété population du coin, alors que maintenant il faut avoir plusieurs variétés pour étaler la production, avoir chaque type de variétés bien homogène, plaire aux clients, etc

    • Oui tout à fait, et cela signifie que parler de comment les paysan⋅ne⋅s d’Afrique ou d’Asie gèrent leurs semences pour leur subsistance, ce n’est pas pareil que de parler de comment les agriculteurices européens gèrent les leur pour leur commerce. Ce n’est vraiment pas super d’utiliser les mêmes termes pour décrire deux réalités très différentes.

    • Sur les glissements sémantiques qui s’opèrent, on remarque aussi que l’agriculture bio c’est de l’agriculture qui se veut respectueuse de la terre, et l’agriculture intensive c’est de l’industrie agricole. Je suis donc pour qu’on inverse ce qui est marqué sur la bouffe, rien à mettre si c’est bio puisque c’est une nourriture sans ajout de chimie nocive donc « normale » mais que l’industrielle soit bien repérable, tiens, avec un logo tête de mort.

    • Je suis pas tout à fait d’accord, historiquement la paysannerie ce n’est pas un mode de vie, c’est une classe sociale. Avec la réforme agraire et l’industrialisation du pays, on peut séparer en deux branches les activités agricoles : les fermes industrielles d’un côté et les fermes traditionnelles de l’autre. Comme toutes les activités économiques, la paysannerie a changé avec les évolutions du temps et de la modernité. Je considère que des producteurs (maraîchers, fromagers, éleveurs de volailles, etc...) qui écoulent leurs produits sur les marchés locaux sont des paysans et d’ailleurs des paysans qui vivent chichement. Je suis d’accord, la réforme agraire qui n’a pas fini de sévir en a anéanti une part énorme. Mais dire qu’il n’y en a plus, c’est faux. Je vous invite à sillonner comme je le disais plus haut quelques campagnes pour voir des paysages de petites parcelles entourées de haies bocagères, de petites prairies adossée à une ferme avec quelques vaches qui paissent pour les voir.

    • Voila, merci @odilon, c’est plus clair ! Je cherchais un biais un peu moqueur pour le dire car cela me gêne aussi que sous prétexte de modernisation des pratiques agricoles on ne puisse plus utiliser un terme pour distinguer ceux qui sont encore proches de la terre (et je peux expliciter ce terme) de ceux qui sont des patrons d’entreprise agricole.
      D’autant qu’un peu partout en france je connais des paysans, et qu’ils créent encore des émules dans la même philosophie paysanne et même si ils réinventent la paysannerie et heureusement, je ne vois pas pourquoi il faudrait les nommer différemment.

    • Je pense quand même que le contexte a changé, alors s’il faut un mot pour désigner cette catégorie, j’y vois plus une néo-paysannerie.

      Après à la base on parlait de paysannerie à travers les semences, donc c’est quand même restreint et je ne vois pas trop comment l’élevage rentre dedans

    • Ben on est clairement pas d’accord sur le terme. :D

      La paysannerie, c’est un mode de production général, donc un mode de vie, caractérisé par l’économie de subsistance (c’est à dire en fait, hors de l’économie, ou très à la marge). À partir du moment où la majeure partie des activités concernent de la marchandisation (et non plus uniquement en marge), on est plus paysan. C’est autre chose.

      Le fait d’utiliser le mot « paysan » pour caractériser ce qui n’est « pas industriel » (en gros), ça c’est une acception relativement récente du terme. Parler d’agriculture paysanne pour se distinguer des exploitants industriels, c’est un truc de maintenant, ya pas longtemps.

      On peut changer le sens des termes, bien sûr, une langue ça vit. Sauf que là, ce n’est pas comme si l’ancien sens avait totalement disparu. Il a disparu au moins en France, ou en Europe occidentale. Mais dans plein d’autres endroits au monde, il existe toujours de la paysannerie, hors économie. Du coup mélanger tout ça dans un même terme ne me semble pas clair, et plus ou moins mensonger pour ce qui concerne celleux d’ici.

      Et il ne faut pas exagérer : personne n’a dit qu’on ne pouvait plus utiliser un terme pour distinguer l’industriel du non-industriel. J’ai dit que CE terme là, n’était à priori pas le bon, ne correspondait pas à ce que signifie à la base la paysannerie (économie de subsistance en priorité, je me répète). Rien n’interdit de trouver d’autres termes, tout du moins pour ce qui concerne les agriculteurs européens qui sont dans le circuit marchand.

    • Est-ce que l’économie informelle de @rastapopoulos et la vision de classe d’@odilon ne se rassemble pas dans le fait qu’une paysannerie devrait représenter un minimum de % de la population ?

      Edit :

      Dans le sens d’un schéma récurrent de « transition de secteurs d’activité » d’un pays qui caractérise la révolution industrielle (on passe du primaire au secondaire puis au tertiaire).

      Est-ce que la paysannerie peut être un concept atomisé au niveau de la ferme, ou est-ce que c’est au niveau macro ?

    • http://fr.wikipedia.org/wiki/Paysan

      Le paysan est une personne qui exerce le métier d’agriculteur et vit à la campagne. Il peut adopter ou subir une économie de subsistance. Il peut être amené à se déplacer d’une manière saisonnière dans d’autres « pays » par exemple vers des pâturages qui font défaut à ses bêtes. Il façonne son environnement (et indirectement le paysage) par ses différents prélèvements, apports, aménagements, plantations, etc. Ses activités sont souvent multiples : élevage, cultures, maçonnerie, artisanat et, accessoirement, commercialisation de ses excédents de production.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_paysanne

      L’agriculture paysanne telle qu’elle est entendue en France s’appuie sur une charte, 10 principes, et 6 thèmes.

      Les dix principes de l’agriculture paysanne :

      Principe n° 1 : répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d’accéder au métier et d’en vivre.
      Principe n° 2 : être solidaire des paysans des autres régions d’Europe et du monde.
      Principe n° 3 : respecter la nature.
      Principe n° 4 : valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares.
      Principe n° 5 : rechercher la transparence dans les actes d’achat, de production, de transformation et de vente des produits agricoles.
      Principe n° 6 : assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits.
      Principe n° 7 : viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations.
      Principe n° 8 : rechercher les partenariats avec d’autres acteurs du monde rural.
      Principe n° 9 : maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées.
      Principe n° 10 : raisonner toujours à long terme et de manière globale.

      #paysannerie #agriculture_paysanne

    • @aude_v l’émission est très intéressante. Perso je ne l’ai pas entendu récuser l’appellation de paysan, et d’après ce que j’ai compris de sa démarche il souhaiterai plutôt en défendre la liberté d’action : par exemple dans le choix des bêtes non dicté par des impératifs bureaucratiques ou la diversité d’activités. Il dénonce bien l’activité spécialisée (il cite Giono d’ailleurs) dans laquelle tombent les paysans à cause de la PAC, et surtout de la façon dont ils sont formés. Quant aux obligations technologiques, puçage, surveillance satellitaire, etc il dit que cela fait partie de cette désautonomisation forcée de l’ensemble de la société : obéir sans se poser de questions et produire en masse pour des citadins eux-mêmes entassés. Que les paysans disparaissent, soit, et depuis 1966 et même avant (l’idée de ne pas disperser ses terres en ayant un seul enfant leur a été fatale en 14/18) et la défense tardive de Dumont pour les paysans procède aussi de leur disparition. Mais c’est quand même parce qu’il reste quelques paysans que l’état d’esprit paysan tente d’être conservé, notamment avec la Conf et de jeunes qui s’installent en refusant toute aide gouvernementale.

    • Je ne suis pas de mauvaise foi, je m’intéresse un peu à cette histoire, quand même. Le terme « agriculture paysanne » est un truc récent inventé par la Confédération Paysanne, pour remettre à l’ordre du jour ce mot. Ce dernier a ensuite été repris dans les années qui ont suivi par la mouvance altermondialiste, qui s’est un peu gargarisé de ce mot. Mais ça ne recouvre en rien ce que les historiens (de quoi se mêlent-illes celleux là ?!) appellent « la paysannerie », et qui n’existe plus en France.

      Refuser une aide gouvernementale ne fait pas de toi un⋅e paysan⋅ne⋅ ! Ne plus s’inscrire dans l’économie, ou ne vendre qu’un petit surplus à la marge, ça oui (mais ce n’est pas que ça, condition nécessaire mais pas suffisante, car il y a tout l’ethos et le mode de vie dont a parlé @koldobika).

      J’ai retrouvé une explication de Clément Homs sur feu decroissance.info (vive la mémoire et les archives militantes !) :
      http://decinfo.apinc.org/phpBB2/viewtopic.php?p=39601#39601

      Deuxième élément de ma réflexion sur l’étiquette paysanne : ayant fait des études d’histoire, j’ai toujours lu, et appris des personnes qui se penchaient dans leurs recherches sur ces questions, qu’il fallait clairement distinguer historiquement, les figures du chasseur-cueilleur, du paysan, de l’agriculteur et de l’entrepreneur agricole (c’est le b-a-ba de toutes études sur le monde rural, son évolution et sa modernisation depuis la Révolution fourragère et individualiste du XVIIIe siècle). Les temps historiques de ces figures sont différents (le temps long de Braudel), et la nature de ces activités connaissent à chaque fois, une altération (voir le texte initial du topic). Et le paysan n’est pas un agriculteur, il ne travaille pas que la terre ou n’est pas qu’un éleveur, les activités artisanales sont très importantes et occupent en volume plus de temps que le travail des champs notamment (veillées, saisons creuses, travail des femmes, etc). La vie paysanne relève aussi bien d’un système politique (résistance auto-organisée, prise en charge de l’administration municipale, etc), culturel (patois, habillement spécifique, jeux collectifs et fêtes particulières, etc), identitaires (saints locaux, mémoires, etc), social (communauté villageoise avec esprit de groupe, sentiments communs, organisation du travail), religieux (assistance aux pauvres dans le cadre paroissial, autorité morale du curé de village, n’imaginons pas non plus un monde paysan écrasé par le labeur dont nous aurait libérer les scènes de nos vies futures, puisque selon les pays entre 1/4 et 1/3 des jours de l’année sont des jours et des fêtes chomés notamment du fait du calendrier religieux et festifs, etc), coutumiers, juridiques et judiciaires

      Quant à la Fédération des Travailleurs de la Terre (CNT), elle écrit cela :

      Pour comprendre la situation actuelle, il faut déjà oser faire le constat que la paysannerie a disparu en Europe, en Amérique du Nord, comme dans tous les pays industrialisé. Dans le reste du monde, là où elle subsiste, elle est en train de subir à un rythme accéléré les modifications structurelles que la paysannerie française, notamment, a connu lors des 100 dernières années. Ce type de société tirait son originalité de sa logique autonomisante : autosubsistance alimentaire, autonomie technique (non spécialisation des tâches et maîtrise de l’outil de production), autonomie de la collectivité sociale (famille, villageoise, collective). Constater la disparition de ce type d’organisation sociale et économique a l’avantage de clarifier la situation actuelle, et d’éviter les chausse-trappes de la dialectique marchande qui, dans ce domaine aussi, brouillent notre perception de la réalité.

      Sans oublier : Henri Mendras La fin des paysans, 1967
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Mendras
      http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/CEP_Analyse54_Henri_Mendras_Retour_sur_La_fin_des_paysans_cle0ba475

      En 1984, 17 ans plus tard, il disait :

      Certes il reste des agriculteurs qui nous nourrissent en abondance et qui font du bruit, bien qu’ils soient trois fois moins nombreux qu’il y a trente ans. Certes les ruraux sont toujours aussi nombreux, ou presque, et la société rurale a connu une spectaculaire renaissance. Mais ni les uns ni les autres ne sont plus des paysans.

    • à propos de d’#agro-industrie, d’#agriculture_paysanne et de la conf, je retombe sur une vieille interview de René Riesel
      http://www.liberation.fr/week-end/2001/02/03/les-progres-de-la-soumission-vont-a-une-vitesse-effroyable_353523

      On connaît la blague classique du môme qui demande si les poissons sont carrés parce qu’il ne les a vus que sous forme de surgelés panés, des gens de 40 ans ne savent pas où est le devant et le derrière d’une vache : cet état d’ignorance tragique se généralise. Mais devant l’espèce de panique qui saisit les gens face à l’abîme, on tente de les rassurer avec le retour à de pseudo-traditions rurales, qui seraient un refuge possible de la qualité en matière agricole, alors qu’en réalité on libère seulement l’inventivité publicitaire pour rhabiller la même merde industrielle. J’ai vu les choses se dégrader à vive allure. Il n’y a plus de #paysannerie en France, seulement des agriculteurs, plus ou moins intégrés, qu’ils l’admettent ou pas, dans un segment de la production agro-industrielle. Et, contrairement à ce que clame sans cesse la #Confédération_paysanne, l’industrialisation de l’agriculture ne se traduit pas nécessairement par la concentration des exploitations.

      Pourquoi être allé à la Confédération si son projet vous semble à ce point faux ?
      L’industrialisation de l’élevage du mouton était la tendance dominante et, comme éleveur, j’ai pratiqué exactement l’inverse. Ce fut l’union sacrée pour me dégager. En 1991, les gens de la Confédération du cru sont venus me chercher et, avec eux, j’ai eu la tentation d’élargir un peu la bagarre. La Confédération rassemble des socialistes, des babas, des gauchos repentis, des Verts, un club d’idées assez paradoxal qui fonctionne sur le consensus de façon à présenter une unité de façade, avec toutes sortes de tendances qui cohabitent sans jamais aller jusqu’au bout des discussions... J’ai cru pouvoir faire avancer des questions pour moi centrales. Nombre de ces gens étaient ou sont vraiment de bonne foi. Il y avait des choses à faire sur le terrain ; ensuite, je n’ai jamais renoncé à rien, j’ai toujours dit ce que je pensais du fonctionnement de l’organisation, des illusions qui y étaient répandues, mais bon, j’y ai fait ce que je pouvais y faire (contre les OGM, en particulier), et j’en suis parti en mars 1999, quand rien n’est plus resté possible.

      Pourriez-vous expliquer en quoi le devenir de la paysannerie et les questions liées au génie génétique constituent à vos yeux des questions fondamentales ouvrant sur la possibilité de refonder une théorie critique ?
      Eleveur, j’ai vu de près la fin du blitzkrieg dont a été victime le monde rural et agricole dans les pays développés. On a cassé la civilisation paysanne, ou du moins ce qui en restait. La paysannerie traditionnelle n’était certes pas porteuse de valeurs mirifiques, à préserver à tout prix ; simplement, elle conservait vivante une mémoire permettant de suivre des chemins autres que ceux imposés par le développement industriel. On y trouvait des attitudes par rapport à la vie, et notamment à la vie sociale, très antinomiques avec le rationalisme dominant, un mode de vie, en tout cas, moins séparé que ce à quoi a abouti l’industrialisation en réduisant l’homme au travail et en colonisant ensuite le temps libre. J’ai vu l’ancienne société rurale se liquéfier, pourrir sur pied, des comportements se raidir. On ne peut se contenter des simplifications des antimondialistes, avec les méchantes transnationales qu’on substitue aux 200 familles et aux capitalistes à haut-de-forme et gros cigare pour avoir un ennemi clairement identifiable, alors que la domination fonctionne essentiellement grâce à la soumission : la soumission à l’industrialisation, à l’emprise d’un système technique.

      ... Que trop peu de gens, à votre avis, critiquent fondamentalement.
      Ma critique n’est pas de type heideggérien et ne vise pas la technique en tant que telle. Mais il faut bien saisir l’enjeu de l’industrialisation de l’agriculture, qui atteint un stade ultime avec les chimères génétiques : il s’agit, ni plus ni moins, d’une tentative de supplanter définitivement la nature (extérieure et intérieure à l’homme), d’éliminer cette dernière résistance à la domination du rationalisme technologique.

      Une « raison » qui veut ignorer ­ et ici supprimer pratiquement­ ce qui n’est pas elle, c’est, je crois, la définition minimum du délire. Si on comprend cet enjeu, alors on doit remettre totalement en cause les bases mêmes de l’actuel système agricole.

      Or, que voit-on ? Une pseudo-contestation qui en appelle à l’Etat interventionniste pour tenir et moraliser les marchés, assurer l’existence des agriculteurs, alors que le projet ouvert de ces Etats est de les éliminer, comme en Grande-Bretagne où la paysannerie totalise à peine 1 à 2 % de la population. Il y a aujourd’hui un projet, paraît-il progressiste, visant à intégrer l’agriculteur dans un dispositif où il est un agent de l’Etat, modèle totalement bureaucratique dont on voit bien les sources historiques.

      Du coup, on comprend mieux les liens entre divers mouvements comme Attac ou la Confédération. C’est la tentative de restauration du parti des vaincus historiques, c’est-à-dire des partisans de l’Etat, vaincu à leurs propres yeux ­ la souveraineté des Etats s’effrite, etc. ­, mais ne désespérant pas d’en refonder un qui serait, cette fois, « vraiment citoyen ».

      #ogm #critique_techno #étatisme

    • suite

      Prendre les choses à la racine, c’est critiquer les bases technoscientifiques de la société moderne, comprendre la parenté idéologique profonde entre le progressisme politique ou social (c’est-à-dire la « mentalité de gauche » telle que la définit Theodore Kaczynski) et le progressisme scientifique. L’industrialisation est depuis la « révolution industrielle » en Angleterre une rupture absolument fondamentale avec l’essentiel du processus d’humanisation. Sans civilisation paysanne, c’est la civilisation tout court qui se défait, on le constate aujourd’hui. Et la signification historique de l’industrialisation, sa vérité profonde devenue manifeste au XXe siècle, c’est la destruction : avec Auschwitz et Hiroshima, on a les deux fonts baptismaux sur lesquels a été portée l’époque contemporaine.

    • Ben non je vois pas la contradiction. Il dit clairement que pendant un temps donné, la conf a permis (lui a permis, notamment) de porter certaines luttes (mais il ne parle pas de lutte pour revenir à la paysannerie du tout). Et qu’ensuite quand il a pensé que l’état du syndicat ne permettait plus de porter correctement ces luttes, il en est parti.

  • “La Fabrique des garçons” : “On éduque les garçons à l’agressivité, à la compétition, à ne pas pleurer”

    j’ai vu que ce texte n’était toujours pas référencé, pourtant il est important
    ça me donne l’occasion de rapporter un témoignage
    http://www.lesinrocks.com/2014/11/16/actualite/fabrique-garcons-on-eduque-les-garcons-lagressivite-competition-pas-pleu

    La mixité, qui est pourtant un grand pas en avant, ne suffit pas à réduire ces différences puisque les garçons se construisent en se distinguant hiérarchiquement de tout ce qui est féminin.
    (...)
    Les garçons doivent tenir leur rang, ne pas perdre la face devant les leaders qui rassemblent autour d’eux un groupe solidaire dans le harcèlement d’un plus faible désigné comme “la gonzesse” ou “le pédé”. Le machisme comme le sexisme ou l’homophobie (qui est une forme de sexisme car on déteste tout ce qui est féminin chez un garçon) sont les travers de cette virilité exacerbée.

    Exemple au judo, j’assiste le prof sur le tatami car je suis aussi judoka et il y a bcp d’enfants en bas âge (cours des 5-6 ans).
    Un gamin se fait mal : le prof, au lieu de réconforter et d’inviter le gamin à faire simplement preuve de courage, le rabroue : "arrête de pleurer !!! C’est les filles qui pleurent ! T’es pas une fille ! Si, t’es une fille ???"
    Donc voilà, je suis là comme un con, voir le prof qui a 15 ans de moins que moi en train d’humilier à la fois les rares gamines qui font du judo, et le gamin qui pleure devant les parents qui rigolent et moi je sais pas quoi dire.
    Si je l’ouvre je passe pour un ayatollah, un extraterrestre ou je ne sais quoi. Je sais j’aurais dû. Mais je suis incapable de rééduquer un adulte comme ça, alors que je ne le connais pas. Orgueil masculin sans doute ? Peur de passer pour une "gonzesse" en m’opposant à la promotion de la virilité ?
    J’ai déjà engueulé des gamins qui utilisaient des insultes homophobes ou misogynes. Mais des adultes, quand c’est pas des intimes, je peux pas, je me l’interdis, par phobie du paternalisme sans doute. Peut être parce que je me dis que si on commence à rééduquer les adultes, c’est Hiroshima dans ma tête...
    ça vous fait pas ça vous ?

    #impuissance masculine
    #psychanalyse du soir

    • J’assiste parfois à ça au rugby où micro-grommeleuse est inscrite. Plutôt de l’homophobie que du sexisme en général. En passant en car devant un contrôle routier : « Ces pédés de flics ». Dans le club, sur une centaine d’adhérents, il y a deux filles.
      Effet de bord : le fait qu’il y ait une fille dans l’équipe restreint les propos sexistes des entraîneurs, par contre la culture de vestiaire des autres membres du clubs (des enfants/jeunes adultes) reste très sexualisé.
      Étant fraîchement arrivé dans ce club, je suis pour le moment un peu désarmé pour exprimer publiquement mes réserves.

    • @petit_ecran_de_fumee suivant où tu es placé dans la scène, tu peux aussi te dépêcher d’aller voir l’enfant en premier pour le rassurer avant que quelqu’un d’autre n’intervienne.

      Une fois que le méchant prof est intervenu, c’est plus compliqué, c’est sûr. Soit si tu finis par avoir le courage, tu peux affirmer que ce n’est vraiment pas bien d’humilier quelqu’un devant tout le monde (quelqu’en soit la raison d’ailleurs, pas forcément sexiste). Rien que pédagogiquement c’est à peu près toujours catastrophique. Soit, dans tous les cas, peut-être que tu peux aussi aller voir l’enfant « après coup », à la fin du cours ou autre, pour lui dire qu’il a le droit de pleurer, de ressentir de la douleur, que c’est normal, que même les adultes pleurent, etc.

      Ce qui est compliqué, c’est que si le prof te prend en grippe, il peut éventuellement ne plus te demander de l’aider. Et du coup tu ne pourras plus jamais intervenir pour les prochains cas.

      cc @touti pour l’humiliation des gosses en public et le fait d’intervenir :)

    • Oui pas facile... Tu peux aussi aller le voir après pour lui expliquer, si ça s’y prête. Car si on considère l’intérêt de l’enfant, des fois il vaut mieux s’abstenir de jouer le héros sachant que quand le héros est plus là l’enfant se retrouve seul avec son problème.

    • merci pour vos contributions et conseils. Effectivement, j’essaie en douceur d’accroître mon influence en intervenant dès que je peux, histoire de montrer qu’une autre approche est possible, sans paraître moralisateur pour le prof.
      Avec le temps j’espère que ça déteindra sur lui :-)
      ça rejoint globalement un constat personnel : à l’âge adulte notre comportement/mentalité/valeurs est un ensemble bien plus conditionné par l’influence sociale sur la durée, que sur les injonctions frontales qui à mon sens déclenche une contre-réaction d’intensité égale, comme en physique (@touti sera peut être en désaccord avec moi là dessus :-)
      Pour moi c’est un peu l’image du ressort qu’il faut détordre : on ne peut y arriver qu’avec des mouvements lents et de la patience... :-)

    • Merci de vos encouragements :)

      La confrontation et le conflit ne me dérangent effectivement pas, dans la mesure ou ils sont/seront aussi à l’origine de résolutions. Le laisser faire, comme le non-agir ou le pacifisme sont des notions intéressantes que je n’ignore pas, mais pas la lâcheté sociale. Comme le confort m’emmerde, et d’abord celui du sexisme, oui, j’interpelle et secoue cette mollitude et je dis clairement quand j’arrête de jouer. Il y a bien un moment où il faut « sortir les couteaux », et donc s’apprêter à se retrouver isolé·e et savoir d’avance que rien n’est gagné et qu’il faudra au besoin quitter les lieux et les gens, donc être en rupture, ce qui est une position très inconfortable justement.
      Cela n’empêche pas de la jouer finement et de tâter le terrain en aparté avec le responsable de ces paroles, ça dépend de la relation, de ses capacités aussi.

    • ça rejoint globalement un constat personnel : à l’âge adulte notre comportement/mentalité/valeurs est un ensemble bien plus conditionné par l’influence sociale sur la durée, que sur les injonctions frontales qui à mon sens déclenche une contre-réaction d’intensité égale, comme en physique (@touti sera peut être en désaccord avec moi là dessus :-)
      Pour moi c’est un peu l’image du ressort qu’il faut détordre : on ne peut y arriver qu’avec des mouvements lents et de la patience... :-)

      héhé, +1000, on sent le pratiquant d’arts martiaux :)

    • C’est marrant comment on peut vouloir classifier les gens en usant de mythes orientaux, j’ai justement un ami japonais qui enseigne le qi gong et qui surtout déteste qu’on lui parle d’arts martiaux ou de combattants, comme quoi, la frontalité est là où on veut la mettre.
      #Christiane_Rochefort #sortir_les_couteaux

    • La réponse est quelque part dans ce qu’on a émis parait-il, et c’est corroboré par la #science_du_management et les psychanalystes :-)

      Si je l’ouvre je passe pour un ayatollah, un extraterrestre ou je ne sais quoi. Je sais j’aurais dû. Mais je suis incapable de rééduquer un adulte comme ça, alors que je ne le connais pas. Orgueil masculin sans doute ? Peur de passer pour une « gonzesse » en m’opposant à la promotion de la virilité ?
      J’ai déjà engueulé des gamins qui utilisaient des insultes homophobes ou misogynes. Mais des adultes, quand c’est pas des intimes, je peux pas, je me l’interdis, par phobie du paternalisme sans doute. Peut être parce que je me dis que si on commence à rééduquer les adultes, c’est Hiroshima dans ma tête...

    • Avoir peur de s’opposer quand on a conscience que quelqu’un se fait maltraiter c’est être lâche, oui. La lâcheté est aussi une stratégie d’évitement courante qui a beaucoup d’adeptes : « Courage, fuyons ».

    • merci pour vos contributions et conseils. Effectivement, j’essaie en douceur d’accroître mon influence en intervenant dès que je peux, histoire de montrer qu’une autre approche est possible, sans paraître moralisateur pour le prof.

      Très bien, mais pourquoi n’es-tu pas allé trouver le professeur à la fin du cours pour lui faire comprendre en privé que tu trouvais son attitude profondément déconnante ?

    • @touti : c’est une façon de lire la scène qui a le mérite de ne pas s’embarrasser de nuances.
      On a évoqué cela ici aussi
      http://seenthis.net/messages/254556
      http://seenthis.net/messages/255287

      Cette fois ci je n’ai pas eu « peur » physiquement (ça peut arriver dans un cas d’agression violente). On est plutôt dans l’indécision, la retenue stratégique.
      Pour moi éviter ne veut pas dire abdiquer, c’est simplement une façon de contourner un obstacle auquel il serait inefficace (et je pense contre-productif) de s’attaquer frontalement (en l’occurrence je parle de deux décennies de culture/éducation bien virile de Kevin, 24 ans, qui a réussi à sortir de son quartier grâce au judo) dans une région où l’UMPFN ça pèse 80% des voix et où on me prend pour un demeuré dès qu’on évoque une façon de pensée qui n’est pas réac.

      @sombre : oui, c’est ce que j’aurais dû faire, ça aurait soulagé ma conscience... Mais pour le reste j’aurais pissé dans un violon... j’aurais eu besoin de temps pour lui expliquer (je parle bien de « rééducation ») et comment aurait-il accepté de rentrer dans un schéma maître-élève ?
      Pour moi la meilleure chose à faire serait d’écrire à la fédération pour qu’il lancent un programme de sensibilisation au niveau national et là oui à la rigueur, ça peut faire bouger les choses, par le nombre, mais au niveau microscopique, je suis dubitatif..

    • @touti : c’est une façon de lire la scène qui a le mérite de ne pas s’embarrasser de nuances

      Je me demande quelle nécessité tu as à me prêter une telle rigidité, voire un tel manque de nuances ? Crois tu que la peur et la violence se situent seulement sur un plan physique et que s’opposer serait donner des coups, alors tu te méprends sur mes paroles. D’une manière ou d’une autre, ça commence à me fatiguer la caricature du grand sage oriental qui enjoint à ne pas agir.

      Je te cite

      Orgueil masculin sans doute ? Peur de passer pour une « gonzesse » en m’opposant à la promotion de la virilité ?

      J’appelle cela être franc, c’est très louable de ta part d’écrire que tu as peur de passer pour une gonzesse, mais avoue tout de même un instant que c’est assez ridicule et lâche.

      Parce que question #conventions, tu aurais pu aussi avoir peur de passer pour un cornet de glace ou un manège enchanté, mais une femelle, baaaah, je comprends ta honte petit scarabée !

    • @touti

      c’est assez ridicule et lâche

      Oui, on est d’accord.
      Je ne crois pas avoir montré dans mon témoignage que j’étais particulièrement fier de ma réaction. Je cherche toujours la meilleure voie.. Je n’ai sans doute pas ta répartie et ton aisance orale, on doit composer avec ses compétences. Je regrette d’avoir pu donner une image d’autosuffisance, si ça été le cas.

      Pour la question de la nuance, je parlais du fait que tu mettes sur le même plan le post de l’expérience d’agression d’une femme dans un ascenseur, et mon récit. J’ai reçu ça comme un beau tacle.

      Quant à la question de l’orgueil masculin, oui je suis honnête, je ne crois pas en être indemne. Même si je lutte contre, je ne peux pas garantir que je peux m’en affranchir.
      Ce doit être de l’ordre du réflexe inconscient, et c’est peut-être ce qui a fait que l’inertie dont j’ai fait preuve devant cette scène m’a empêché d’intervenir à temps pour protéger les enfants de ces paroles.
      J’ai eu la chance d’avoir une éducation nickel du côté maternel, mais le matraquage permanent au cours de l’enfance dans le sud, de la maternelle au service militaire sur l’injonction à la virilité et la « honte » qu’il y aurait à en manquer, ça laisse forcément des traces.
      Comme j’ai écrit ailleurs, l’orgueil est une teigne qui se renforce quand on le blesse. J’ai toujours essayé de museler le mien, mais je ne suis pas un surhomme.
      Voilà pour la fin de la psychanalyse :-)

    • @petit_ecran_de_fumee
      Je ne trouve pas ta réaction lâche, au contraire.
      Le fait que tu t’interroge sur ta réaction, me semble être un acte de courage en soi.
      Rares sont les personnes qui s’interroge sur ce genre de sujet.
      Je ne sais pas si on peut parler d’orgueil masculin dans le cas que tu expose. Cela m’apparait plus comme la difficulté de s’exprimer en tant qu’individu/personne ayant des convictions pas forcément partagées.
      Il est difficile de s’opposer « au groupe » (même si ce « groupe » ne se compose dans ton cas que d’une seule personne mais véhicule une idée acceptée par tous) et je crois qu’il n’est pas question de lâcheté en la matière.
      Tu te décris « assistant » lors de ce cours de judo, donc en aucun cas, reconnu par tous (ca changera, je l’espère pour toi). A partir de là, ta parole n’a pas (encore ?) valeur ou pouvant faire référence et il doit être difficile d’apporter un contre discours.
      Ton questionnement, me semble plus porter sur la légitimité de la parole que sur le sujet lui même. quand pouvons nous intervenir ? comment ? Avec qui ? comment ? Pour que notre parole soit productive/porteuse de changement.
      Je crois (et mon expérience professionnelle en la matière m’aide à le penser), que ce n’est pas en accusant l’autre quel qu’il soit que l’on fait progresser le débat des violences/stéréotypes imposés aux enfants.
      tu aurais dis à ce prof « il ne faut pas dire ça à un petit garçon, etc, etc... » qu’il t’aurais regardé comme un extra terrestre et ne t’aurais plus repris comme assistant... Et donc, tu n’aurais plus eut l’occasion d’offrir un autre discours aux enfants.
      Alors, puisque tu est assistant... profites de cet espace libre pour parler en tout, tout petit groupe (2 ?) avec les mômes, les parents. Tu n’est pas chargé d’enseignement donc tu peux te ménager des espaces, si minimes soient ils pour diffuser ton message. la déconstruction des stéréotypes est longue.... Pour le prof...je ne sais pas, peux etre un soir autour d’un café, tranquillou, l’air de rien... et oui, super idée d’alerter la fédé.

    • Mon point de vue :
      – Si on rentre dans le lard du macho, on devient l’agresseur. C’est comme cela. Le macho n’agresse pas, il tient son rôle. C’est comme cela. C’est de l’ordre du maintien de la « cohésion sociale », comme certains disent, cf. http://seenthis.net/messages/315352 et cf. http://seenthis.net/messages/314928
      – N’empêche que oui, c’est de la lâcheté. Je vis ça perpétuellement. Être celui qui agresse, en douceur, mais quand même, est une violence aussi pour soit même. Les rares fois où je parviens à le faire, l’afflux d’adrénaline me trouble pour plusieurs dizaines de minutes...

    • @corinne2 : merci pour cet éclairage. En fait je suis bénévole, je m’étais proposé pour l’aider de temps en temps et ces derniers temps je n’ai plus trop le temps d’y aller. Je n’ai pas grand chose à perdre si je me froisse avec lui, c’est vraiment plutôt comme tu dis un pb de légitimité pour m’exprimer dans un environnement pas du tout prêt à entendre mon son de cloche.
      @biggrizzly : effectivement, c’est un gars très gentil par ailleurs, et il pourrait vivre comme une agression le fait que je lui reproche un truc et moi me faire porter la culpabilité de l’agresseur... Émotionnellement c’est vrai que c’est lourd aussi...

    • Je ne vois pas pourquoi, si on défend quelqu’un en position de faiblesse (en l’occurence, un enfant de 5 ans si j’ai bien compris) cela fait de nous un agresseur. Il nous faut surmonter nos peurs et nos inhibitions pour être capables de défendre notre point de vue dans une confrontation de personne à personne. Même si ce n’est pas facile à faire, c’est faisable et c’est nécessaire. Non pas pour seulement soulager sa conscience mais pour poser des limites à un un dysfonctionnement.

    • J’ai mis deux liens qui explicitent ce que je veux dire. Être macho quand on est un homme, c’est être dans son rôle. Et reprocher au macho qu’il est dans son rôle, c’est faire un accroc à la #cohésion_sociale. Cf. ce qu’il se passe pour l’exposition « Crocodiles ». Ou ce qu’il s’est passé pour la chemise du scientifique... Ceux qui ont critiqué la chemise se sont fait remettre à leur place, ils se sont fait traiter de féminonazis, et tout le tralala. Aller à l’encontre des schémas sociaux, c’est choisir l’inconfort.

    • @petit_ecran_de_fumee, mon but est juste de faire bouger donc désolée si je bouscule car je suppose que toute cette dialectique tient de la trousse de secours rapide, du #nécessaire_à_agir dans laquelle je ou un·e autre pourrait puiser si l’occasion se représente.
      J’imagine parfois qu’il serait possible d’apprendre à se mettre en colère et à critiquer sans avoir peur de « passer pour … » simplement en restant soi même.
      Pas besoin d’avoir de l’aisance, de savoir parler ni de ne pas trembler, non non, juste dire ce qu’on ressent à sa manière, sans se préoccuper du #qu'en_dira-t-on. Je m’y attelle depuis longtemps parce que j’ai été frappé enfant et que je (re)connais les abus d’autorité et les débusque pour leur botter le cul quand l’occasion se présente. Ce que tu racontes n’a rien d’exceptionnel, et je peux moi aussi être lâche, ou pressée, ou en avoir marre et ne pas agir, comme chacun. Peut-être un peu moins parce que cela fait partie de mon processus d’accepter d’être critiqué parce que je ne suis pas d’accord et de passer pour l’emmerdeuse de service. Je m’en carre le popotin ! À force de se dire qu’on a raté l’occasion d’exprimer son désaccord (et je parle aussi de politique) on nourrit des rancœurs et son impuissance, c’est très mauvais pour le moral ! Adopter l’idée qu’on peut #dire_non pour aider un autre qui ne sait pas encore le faire c’est aussi ne pas baisser les bras et s’encourager à aller de l’avant, bref, beaucoup d’espoir qui reflue ! Et ça peut se faire tout les jours de façon individuelle, faut seulement ne pas se préoccuper de conventions sociales.
      Je me retrouve ainsi à discuter avec les gens dans le métro, la rue, le supermarché, autant sur leurs habitudes de consommation, la politique, ou leur façon d’agir. C’est souvent drôle et vivant, et puis, ça dépend des périodes. En tout cas, c’est ce que je nomme mon quart d’heure de #politiques_personnelles pour contrer la modernité mortifère et c’est très facile à mettre en place pour tout un chacun !

  • Notes sur une crise discrète et colossale
    http://www.dedefensa.org/article-notes_sur_une_crise_discr_te_et_colossale_12_11_2014.html

    • La puissance nucléaire est aujourd’hui le cœur de la puissance brute d’une nation. • Les USA ont-ils oublié cette vérité fondamentale qu’ils eux-mêmes instaurée à Hiroshima en 1945 ? (Mais sont-ils une nation, d’ailleurs ?) • Une évolution psychologique de l’américanisme a entraîné une situation sans précédent de menace contre la validité de la puissance nucléaire US. • Étrange situation, étrange puissance, dont les effets se font sentir jusque dans la crise ukrainienne. •L’affaire pourrait prendre une tournure singulière avec le nouveau Congrès.

  • La rénovation du Dôme d’Hiroshima
    http://www.larevuedesressources.org/la-renovation-du-dome-d-hiroshima,2729.html

    Cité martyre, ville mémoire Décidée en 1910 par l’Assemblée de la préfecture de Hiroshima, la construction de ce bâtiment qui servira à exposer les mérites de l’industrie préfectorale, débuta en 1914. Conçu par l’architecte tchèque Jan Letzel, ce bâtiment de style européen fut achevé en avril 1915. Il devint le Palais d’exposition industrielle de la préfecture d’Hiroshima. C’est ici qu’a eu lieu une grande exposition de pâtisserie japonaise en 1921, et que pour la première fois au #Japon a été vendu le toujours (...)

    #Asies_réelles

    / Japon, #XXe_siècle, #Nucléaire, #Post-apocalyptique, #Bombe_atomique, Hiroshima & Nagasaki, 2e guerre (...)

    #Hiroshima_&_Nagasaki #2e_guerre_mondiale

  • Notes sur l’inversion de la Fin du Monde
    http://www.dedefensa.org/article-notes_sur_l_inversion_de_la_fin_du_monde_06_08_2014.html

    • Certes, on l’aura comprise : la question de la possibilité d’un affrontement nucléaire résultant directement des événements de la crise ukrainienne ne cesse de nous hanter. • Jamais les deux puissances nucléaires stratégiques n’ont été aussi proches d’une posture conduisant à cet affrontement. • Les USA semblent conduire leur politique comme si cette possibilité n’existait pas. • Que se passe-t-il ? Que s’est-il passé depuis la Guerre froide, toute entière marquée par cette terrible possibilité du conflit nucléaire ? • Voici une réflexion, éventuellement hypothétique, qui tombe à son heure, le jour anniversaire d’Hiroshima.

  • "Ça suffit !" par Jacques Kupfer (Bétar)
    http://www.europe-israel.org/2014/07/ca-suffit-par-jacques-kupfer-betar

    Lorsque les alliés ont voulu mettre un terme à la guerre contre l’Allemagne nazie, ils ont détruit la ville de Dresde. À juste titre. Lorsque les États-Unis ont voulu mettre un terme à la guerre contre le Japon ils ont détruit Hiroshima et Nagasaki en lançant la bombe atomique. À juste titre. Si nous voulons mettre un terme à la guerre, nous devons raser Gaza.

    Gaza doit devenir un champ de ruines d’où ne peuvent sortir que des gémissements.

    Là dedans, il y a des arguments assez imparables. Par exemple :

    Nous parlons en hébreu à des barbares criminels qui ne comprennent que l’arabe.

    (La lecture des forums est édifiante.)

    Pour mémoire, c’est la redite d’une vieille lubie du comique, qui est « actuellement Coprésident du Likoud Mondial, membre de l’Exécutif de l’Organisation Sioniste Mondiale. »

    Vitrifier l’Iran, mars 2012
    http://www.likoud.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=81

    Il existe pourtant un autre langage que nous pourrions utiliser. Imaginons un instant qu’Israël soit doté de l’arme nucléaire ! Il est évident que l’utilisation d’une bombe atomique serait parfaitement concevable en cas de danger mortel planant sur Israël. 

    Imaginons encore une déclaration de source « autorisée » affirmant que, si Israël disposait de l’arme nucléaire, il l’utiliserait contre l’Iran. Mieux encore, il l’utilisera contre l’Iran. Après tout, vitrifier l’Iran serait dans la lignée de la destruction justifiée de Hambourg et Dresde aux mains des nazis, de la destruction d’Hiroshima et Nagasaki aux mains des alliés japonais du Reich.

  • Petite philosophie du désastre
    http://www.rts.ch/espace-2/programmes/le-labo/5821097-le-labo-du-18-05-2014.html#5821096

    Partie 1 : Hiroshima, Fukushima, Tsunami...La mise en parallèle de catastrophes de natures différentes montre une vraie difficulté de pouvoir les penser dans le cadre d’une simple réalité humaine. Partie 2 : Après deux guerres mondiales et la destruction humaine poussée à son paroxysme avec la Shoah, qui aura peut-être autorisé l’homme à aller ensuite jusqu’à utiliser la bombe atomique, arme de destruction totale, la destruction est devenue au 21e siècle un cycle permanent d’évènements visibles et invisibles. Durée : 2h. Source : Espace 2, RTS

  • Exhumons un peu des trésors d’#animation
    Food Fight :

    http://youtu.be/e-yldqNkGfo


    1. The World
    2. WWII - Holocaust / French surrender / London Bombing / Pearl Harbor / Battle of Midway / D-day / fall of Berlin / Hiroshima
    3. Arab-Israeli War
    – Brits leave Israel
    – Israel expands territory
    4. Korean War
    – China and Russia back the North
    – The US back the South
    5. Cuban Missile Crisis
    6. Viet Nam
    – China and Russia back the North
    – The US back the South
    7. Cold War
    – Arms race
    8. Intifada
    9. Gulf War
    – Iraq invades Kuwait
    – Scuds
    – Smart bomb
    10. 9/11
    11. Afghanistan
    12. Gulf War II
    – Shock and awe
    – IED
    13. Bug Food

  • Chomsky: From Hiroshima to Fukushima, Vietnam to Fallujah, State Power Ignores Its Massive Harm
    http://www.filmsforaction.org/watch/chomsky-from-hiroshima-to-fukushima-vietnam-to-fallujah-state-power-

    http://www.democracynow.org - World-renowned political dissident, linguist, author and MITProfessor Noam Chomsky traveled to Japan last week ahead of the three-year anniversary of the Fukushima...

  • Iwaishima, comme l’abeille qui fait tourner le monde
    http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2954

    Aujourd’hui lundi c’est manif à IWAISHIMA. Une manif pour le troisième anniversaire de la catastrophe de Fukushima, mais aussi parce que tous les lundis depuis 32 ans, on manifeste à IWAISHIMA, une île de 450 habitants un peu au sud de Hiroshima. 1650 manifs, qui dit mieux ?

    Reportage : Giv Anquetil, Daniel Mermet.

  • Hiroshima, l’effet d’une Bombe • #広島市 • Ecosocialisme au Japon, épisode 9 • #エコソシアリズム - le blog de corinne morel darleux
    http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2014/02/26/Hiroshima--l-effet-d-une-Bombe-%E2%80%A2-Ecosocialisme-au-J

    C’est la première fois de ma vie que je saisis à ce point l’intérêt d’un lieu de souvenir. Le travail de mémoire réalisé ici a su rendre la menace nucléaire terriblement concrète. C’est la première fois que je suis saisie à ce point, effrayée de ce que l’être humain est capable de produire. C’est la première fois que je me sens à ce point atterrée. Cette nuit là j’ai dormi douze heures d’affilée, comme pour ne plus jamais me réveiller. C’était il y a quatre jours. Entre-temps je me suis rendue dans ce temple de montagne sur le mont Misen à Miyajima, où la flamme du mémorial a été allumée. Quatre jours pour trouver le courage de mettre en mots, sans vraiment y arriver.

  • Ocean temperatures spiked in 2013 | Grist
    http://grist.org/news/ocean-temperatures-spiked-in-2013

    The mainstream media repeatedly uttered the false but reassuring-sounding phrase “global warming pause” http://grist.org/climate-energy/who-created-the-global-warming-pause last year, a reference to an unexpected decline in the rate at which land temperatures have been recently warming, but meanwhile temperatures in the world’s oceans were spiking.
    Just check out this graph from NOAA, which shows the rise in the amount of energy in the top 2,300 feet (700 meters) of the world’s oceans:http://grist.files.wordpress.com/2014/02/heat-content-graph.png?w=470&h=315 Long-term the oceans have been gaining heat at a rate equivalent to about 2 Hiroshima bombs per second, although this has increased over the last 16 or so years to around 4 per second. In 2013 ocean warming rapidly escalated, rising to a rate in excess of 12 Hiroshima bombs per second — over three times the recent trend..

    #climat #océans

  • #Hiroshima and #Nagasaki : #Photos From the Ruins

    One scene shared by all of the 20th century’s bloodiest conflicts might have been lifted straight from The Road Warrior, or a Beckett play: spectral landscape; buildings obliterated; blasted trees; lifeless wasteland. The photographs in this gallery, for instance — pictures that starkly reference every bleak, war-battered panorama from Verdun to Iwo Jima to Chosin Reservoir to Pork Chop Hill — were made in September, 1945, in Hiroshima and Nagasaki, Japan.

    http://timelifeblog.files.wordpress.com/2012/01/116588340.jpg?w=776

    http://life.time.com/history/hiroshima-and-nagasaki-photos-from-the-ruins/#1

    #ruines #nucléaire #paysage #photographie
    via @albertocampiphoto

  • Un couvre-feu militaire est imposé alors que la crise humanitaire frappe les Philippines
    http://www.wsws.org//fr/articles/2013/nov2013/haiy-n13.shtml

    Un couvre-feu a été imposé à tous les résidents de Tacloban. De 10 heures du soir à 6 heures du matin, personne ne doit être dans les rues. Plusieurs habitants de la ville interviewés ont déclaré que le couvre-feu commence à être imposé à 8 heures et non 10.

    On ne voit pas bien comment les résidents pourront éviter d’être dans les rues dans une ville où 90 pour cent des logements ont été complètement dévastés. Des photos aériennes des quartiers les plus pauvres de Tacloban ressemblent à celles qui ont été prises après le largage de la bombe atomique sur Hiroshima : il n’y a rien qui soit encore debout.

    L’état d’urgence est mis en application par 883 policiers lourdement armés et 500 militaires dont 169 viennent des forces spéciales. Ces troupes sont parvenus dans cette ville dévastée à bord d’avions cargos C-130 qui auraient dû servir à apporter les ravitaillements dont la ville a tellement besoin.

    Ils patrouillent dans les rues en convois armés, qu’Aquino a décrit comme « une démonstration de force. » Le chef de la police nationale des Philippines, le général Alan Purisima, a déclaré qu’ils « inonderont Tacloban de policiers pour restaurer la loi et l’ordre […] Nous assurons les gens que le gouvernement aura tout le contrôle. Les policiers que nous avons déployés là-bas devraient faire sentir leur présence. »

    Même en plein jour, les survivants sont régulièrement arrêtés, interrogés, et fouillés dans les rues et aux barrages militaires établis dans toute la ville.

    Le maire de la ville de Davao, Rodrigo Duterte, un allié important des maoïstes des Philippines, a ordonné aux agents de sécurité qui accompagnent les camions et les ambulances qui se rendent à Samar et Leyte de tirer sur toute personne que tenterait de prendre elle-même l’aide et les médicaments apportés. Il a déclaré, « si ces gens n’écoutent pas vos demandes de ne pas toucher votre groupe, je vous ordonne de tirer sur toute personne qui continuera à tenter d’obtenir quoi que ce soit de votre part. »

  • Anatomie de la paix — Post scriptum
    http://www.pressefederaliste.eu/Emery-Reves-Anatomie-de-la-paix-Post-scriptum

    Quelques semaines après la publication de ce livre aux États-Unis, la première bombe atomique explosait sur Hiroshima. Elle mit fin à la Seconde Guerre mondiale. Mais ce fut une fin qui ne causa ni joie ni soulagement. Elle provoqua à la place la peur de la guerre atomique. Que l’année 1945 de l’ère chrétienne ait produit la bombe atomique à des fins militaires et la Charte de San-Francisco à des fins politiques, c’est là un paradoxe qu’auront à méditer les historiens de l’avenir. De toutes parts, des (...)

    #Emery_REVES

  • Une #bombe_atomique (sic) américaine 260 fois plus puissante que celle d’#Hiroshima a failli exploser en janvier 1961 en Caroline du Nord, selon un document « déclassifié » repris vendredi 20 septembre par le Guardian.

    Selon ce rapport obtenu par le journaliste Eric Schlosser en vertu de la loi sur le droit d’informer, un bombardier #B-52 s’est alors disloqué en vol, laissant échapper deux bombes Mark 39 à hydrogène au-dessus de Goldsboro.

    http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/09/21/revelations-sur-l-explosion-de-justesse-d-une-bombe-h-en-1961-aus-etats-unis

    #armement #histoire #désarmement #nucléaire #armée #USAF

    • http://en.wikipedia.org/wiki/1961_Goldsboro_B-52_crash

      Five of the six arming mechanisms on one of the bombs activated, causing it to execute many of the steps needed to arm itself, such as charging the firing capacitors and, critically, deployment of a 100-foot-diameter (30 m) retard parachute. The parachute allowed that bomb to hit the ground with little damage.
      According to former military analyst Daniel Ellsberg, he saw highly classified documents indicating that the pilot’s safe/arm switch was the only one of the six arming devices on the bomb that prevented detonation. The Pentagon claims that there was no chance of an explosion and that two arming mechanisms had not activated. A United States Department of Defense spokesperson told United Press International reporter Donald May that the bomb was unarmed and could not explode. Later, however, it was found that both bombs were fully functional and that a single low-voltage switch was indeed all that prevented detonation.

    • Et quelques années plus tard (1966) la bombe perdue de Palomares…

      Accident nucléaire de Palomares - Wikipédia
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_nucl%C3%A9aire_de_Palomares

      Des quatre bombes H de type Mk 28 que le B-52G transportait, trois sont retrouvées à terre près du village de Palomares en Andalousie. Deux sont détruites à l’impact au sol. Les explosifs conventionnels de deux bombes explosent, dispersant environ 4,5 kg de plutonium sur 250 hectares jusqu’aux fermes situées à 1,6 km des côtes. La troisième bombe touche le sol et reste presque intacte près de Palomares. La quatrième bombe est perdue au large des côtes : tombée dans la mer Méditerranée, elle est récupérée intacte après deux mois et demi de recherches.