city:homs

  • La #Syrie ouverte à tous les vents

    Il fut un temps où la Syrie jouait un rôle régional important. Elle était un partenaire politique avec lequel il fallait compter dans le triangle saoudien-égyptien-syrien, voire même, dans certains cas, un décideur. Il est était impensable de faire quoi que ce soit au Moyen-Orient sans solliciter la Syrie. Même au moment de l’intervention américaine en Irak à laquelle elle s’était opposée, les canaux de dialogue n’ont jamais été rompus entre Washington et Damas.

    Aujourd’hui, une toute autre équation s’est mise en place. Tout se passe comme si n’importe qui pouvait venir en Syrie et s’y installer. Ouverte à tous les vents, elle est plongée dans une situation qu’il devient de plus en plus difficile à réparer et qui l’oriente vers des divisions irréversibles. Une situation, à dire vrai, que personne ne peut prétendre contrôler, et Bachar al-Assad moins qu’aucun autre : cela fait longtemps que les troupes terrestres de l’armée loyale sont sous la supervision des Iraniens et que l’armée de l’air est sous le contrôle des Russes.

    Il suffit de dresser la liste des intérêts qui s’entremêlent dorénavant sur le terrain pour comprendre qu’il est devenu presque impossible d’envisager une solution.

    – On dit que les Britanniques sont prêt de Al-Tanef, un point de frontière avec l’Irak, pour y entraîner des hommes de l’armée libre

    – Au nord-est de la Syrie, dans les zones sous contrôle kurde, les Américains comptent trois bases.

    – Les Français sont présents à Kobané.

    – La présence militaire iranienne est officielle en Syrie. En plus les millitants du Hezbollah, on sait que des Pakistanais, des Afghans et des Irakiens chiites se battent au côté du régime.

    – Les Russes comptent quatre bases en Syrie : Tartous, Lattaquié, Hmemeim et Palmyre. Et ils n’interviennent plus seulement depuis les airs. A Alep, ils ont désormais des hommes sur le terrain, d’ailleurs tous les arrangements, qui se font en Syrie, sont menés par des généraux russes, c’est un champ d’expérimentation.

    – On parle maintenant, que même les Chinois ont envoyé des soldats en Syrie, qui aident les russes dans leur tâche, bien entendu pour avoir leur place au tour de la table de négociation.

    – Et évidemment, il y a toute la partie qui reste sous le contrôle de Deich.

    – Il ne manquait plus que les Turcs, qui ont à leur tour fait leur entrée en Syrie, à Jarablus, à même pas 50 km de Kobané. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne sont pas entrés sans l’accord des Russes – et donc sans que le régime soit au courant. Cette entente est une nouveauté. Depuis le début du conflit, Turcs et Russes s’étaient farouchement opposés sur la question syrienne. L’objectif des Turcs est très clair : il s’agit d’empêcher les kurdes d’installer un Kurdistan qui s’étendrait sans discontinuer de l’est à l’ouest de la Syrie. Nous parlons des mêmes Kurdes que ceux sur lesquels la coalition occidentale s’est appuyée pour chasser Deich. C’est révoltant de les avoir laissé croire à la possibilité de grand territoire kurde sur tout le nord de la Syrie et à l’west de l’Euphrate.

    – Même la coalition nationale syrienne, l’opposition au régime basée en Turquie, parle ces jours d’installer un gouvernement de transition dans les zones libérées, dans la province d’Idlib. Elle doit se dire que si elle n’entre pas maintenant, elle n’aura pas sa place à la table des discussions, alors que tous le monde y a mis les pieds pour être sûr de pouvoir s’y assoir.

    Pendant ce temps, le nettoyage ethnique continue de progresser. La semaine dernière, un accord a été conclu entre l’armée loyale et les rebelles de #Daraya. La ville est rendue à l’armée sous condition de faire sortir les rebelles et leur famille. Quand on sait que Daraya a été la première ville à se soulever en 2011… On voit bien comment s’opère le changement démographique qui dessine peu à peu une Syrie « utile » (pour le régime), une partie de la Syrie (# 30%) qui engloberait Damas, Homs, Hama, Tartous et Lattaquié.

    Le premier accord de ce type concernait Homs en 2014. Les rebelles ont quitté la ville pour se réfugier dans la province d’Idlib. Il y a eu des accords similaires à Madaya, Zabadani, et on est En train de préparer celui de Mouadamya, autant de villes, toutes sunnites et opposées au régime, qui ont été assiégées par l’armée mettre la habitants sous pression et les forcer en fin à fuir. Ce n’est pas tout : le régime et les Russes s’acharnent à bombarder la région d’Idlib pour que tous ces malheureux évacués ne finissent par y trouver que des ruines à l’arrivée. (ci-dessous, la photo d’une nuit rouge il y a deux jours à Idlib, proie des bombes du régime et de l’aviation russe).


    http://lerefugiesyrien.blogactiv.eu/2016/08/31/la-syrie-ouverte-a-tous-les-vents
    #guerre #conflit #internationalisation #ingérence_étrangère

  • #Accord_UE-#Turquie : la #Cour_européenne_des_droits_de_l’homme rejette une contestation française (Le Monde, 28 juin 2016)

    La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté, jeudi 23 juin, la demande d’étude en urgence de la situation des migrants dans l’île grecque de #Chios. Le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), dépositaire de la plainte, et qui a révélé l’information mardi 29 juin, demandait à la Cour de faire injonction à la #Grèce de prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux violations répétées des droits des réfugiés. Trois avocats français, mandatés par le Gisti, se sont rendus en Grèce en mai. Parmi eux, Eve Shahshahani a passé cinq jours dans l’île de Chios où elle a recueilli les témoignages de 50 migrants, afin de de déposer des requêtes au nom de ces personnes devant la CEDH.

    Comme les jugements sur le fond devant cette juridiction sont très longs, et comme la situation semblait dramatiquement urgente, le Gisti a fait valoir l’article 39 du règlement de la Cour, utilisé lorsqu’il y a « mise en danger d’autrui ». « Nous l’invoquons en cas de violation, de dommage personnel caractérisé imminent, grave et irréparable pour les victimes », explique Eve Shahshahani. Mais la Cour européenne n’a pas retenu la demande d’instruction en urgence, le sujet sera donc discuté sur le fond.

    « Des milliers de personnes sous-nourries »

    En attendant, la juriste témoigne de ce qu’elle a vu sur l’île. « Des milliers de personnes ne peuvent quitter Chios. Elles sont sous-nourries, peu soignées et humiliées », raconte-t-elle après avoir entre autres rencontré Ahmed, un Syrien grièvement blessé le 31 mars au cours d’une bagarre dans le camp de Vial et qui a été hospitalisé pendant cinq jours. Le 24 mai, il a été témoin de la tentative de suicide par pendaison de son camarade Muhammad et aujourd’hui lui aussi exprime des tendances suicidaires. « Pourtant, à ce jour, aucun représentant légal n’a été désigné et le garçon n’a bénéficié d’aucune prise en charge psychologique ni éducative », rappelle la juriste.

    Depuis le 20 mars, date d’entrée en vigueur de l’accord entre UE et Turquie, les migrants qui arrivent à Chios ne sont plus transférés sur le continent grec. Presque tous demandent l’asile en espérant pouvoir rester en Europe. En attendant un entretien avec le bureau européen de l’asile, ils tuent le temps comme ils peuvent.

    Dans la plupart des cas, cet entretien débouche sur une irrecevabilité de leur demande au motif que la Turquie est un pays sûr ; ce qui signifie qu’Ankara est censée leur offrir la protection dont doivent bénéficier des réfugiés au regard des accords de la Convention de Genève. Ils se voient donc remis un ordre d’expulsion dont ils suspendent la mise en œuvre en faisant appel.

    « Une situation inhumaine »

    Dans l’attente, les autorités grecques les obligent à rester sur l’île de Chios.« Et ceux qui tentent de quitter l’île pour se rendre à Athènes sont arrêtés par la police et remis dans le camp, a observé Mme Shahshahani. Les gens n’en peuvent plus. la situation est vraiment inhumaine. Lors de mon séjour dans l’île entre les camps de Vial et de Souda, où sont parqués les migrants, j’ai été témoin de la tentative de suicide d’un jeune Afghan au bord du désespoir, et quand je suis partie, un groupe venait d’entamer une grève de la faim pour faire entendre ses protestations. » Depuis, la grève de la faim s’est arrêtée. « Mais rien d’autre n’a vraiment changé d’après les relations téléphoniques quotidiennes que je maintiens avec eux », dit-elle.

    A ses yeux, « les deux camps de Chios ressemblent vraiment à des zones d’attente où les gens sont parqués en état de sous-nutrition », insiste Eve Shahshahani. Certes, dans le camp de Vial des repas sont servis par les autorités, mais cet espace affiche complet et une partie des personnes en attente ont été transférées dans un autre camp, Souda, qui, lui, n’a pas de service officiel de distribution de repas. Là, les exilés survivent par 35° C, cherchant des espaces d’ombre et de l’eau. Le manque alimentaire dont ils souffrent a été évalué entre 200 et 1 300 calories quotidiennes par personne.

    abonnes.lemonde.fr/international/article/2016/06/28/accords-ue-turquie-la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-rejette-une-contestation-francaise_4959714_3210.html
    #CEDH #droits_humains #asile #migrations #réfugiés

    • Grèce : des exilés enfermés sur l’#île de Chios craignent pour leur vie (Mediapart, 28 juin 2016)

      Pour dénoncer les traitements inhumains dont ils s’estiment victimes, une cinquantaine de migrants, principalement syriens et afghans, ont mandaté une avocate du Gisti pour qu’elle dépose en leur nom une requête auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Arrivés en Europe après l’« accord » entre la Turquie et l’UE, ils sont bloqués en Grèce.

      Depuis que l’Union européenne (UE) s’est accordée avec la Turquie pour renvoyer sur son sol les migrants (y compris les demandeurs d’asile, à certaines conditions) arrivés sur ses côtes, les îles grecques se sont transformées en centres de rétention à ciel ouvert. Les exilés débarqués après le 20 mars, date fatidique de mise en œuvre de cette« déclaration » sans fondement juridique, n’ont quasiment plus aucune chance d’être transférés sur le continent et de poursuivre leur route à travers les Balkans, comme cela a été le cas tout au long des mois précédents, pour rejoindre l’Allemagne ou la Suède. Désormais, quitter ces îles leur est matériellement et légalement interdit.

      Alors que la plupart d’entre eux, originaires de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak ou du Pakistan, fuient la guerre ou les persécutions, ils se retrouvent coincés en bordure d’un continent qui ne veut plus d’eux. Rongés par le désespoir, ils croupissent là, dans des conditions désastreuses, selon le témoignage de trois avocates du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), association française se consacrant à la défense du droit des étrangers, qui se sont rendues en mission à Chios et Lesbos à la fin du mois de mai 2016. En l’absence de perspective, soumis à l’arbitraire et à l’hypocrisie des autorités européennes et grecques, certains vont jusqu’à la tentative de suicide.

      Constatant qu’après avoir risqué de mourir en mer Égée ces migrants sont de nouveau en danger de mort, le Gisti a déposé, le 16 juin, une requête en urgence auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), sur le fondement de l’article 39 de son règlement, au nom de 51 personnes dont Eve Shahshahani a obtenu le mandat à Chios. Dans un lapidaire retour, le 23 juin, la Cour a rejeté la plainte, mais le Gisti entend la maintenir au fond.
      La requête de 29 pages que Mediapart a pu consulter dans sa version anonymisée (pour protéger la confidentialité des dossiers) témoigne de l’enfer dans lequel ces réfugiés sont cloîtrés. La plupart sont syriens, originaires de Damas, Alep, Deir ez-Zor, Alkamishli, Dariya, Homs ou encore Gazala ; certains sont des Palestiniens nés en Syrie ; d’autres viennent de Bagdad, en Irak, ou d’Herat et de Kaboul, en Afghanistan. Se trouvent, parmi eux, des familles, des femmes seules avec leurs enfants, des fratries. Tous appellent au secours (lire sous l’onglet Prolonger la poignante lettre manuscrite, écrite en anglais, d’une Syrienne de 14 ans).

      Ces requérants, qui affirment vouloir demander l’asile, se disent victimes de traitements inhumains et dégradants les exposant à des « risques de dommage imminent, grave et irréparable » pour leur intégrité physique et psychique, comme l’indique la requête, qui regroupe des situations individuelles multiples mais privilégie un support unique en raison des similarités observées.

      À l’origine, le projet de la mission du Gisti était d’ordre exploratoire. Il s’agissait, après la signature de l’« accord » entre l’UE et la Turquie, de mesurer ses effets pratiques sur le terrain. Dans quelles conditions sont retenus les derniers arrivants ? Peuvent-ils entrer et sortir des camps dans lesquels ils sont enfermés ? De quels droits disposent-ils (information juridique, interprètes) ? Quels sont les besoins des avocats grecs ? Il s’agissait aussi d’évaluer les possibilités d’un contentieux international permettant de dénoncer – et si possible désactiver – le deal conclu le 18 mars en mettant en cause non seulement les autorités grecques mais, au-delà, la politique menée par l’Union européenne.
      Et puis, sur place, la confrontation avec la réalité a précipité les choses. Le désarroi des personnes rencontrées a été si marquant qu’une action juridique urgente s’est imposée d’elle-même aux avocates. À peine arrivée à Chios, Eve Shahshahani, qui a pu entrer à l’intérieur des camps, a été témoin de la tentative de suicide d’un adolescent afghan de 16 ans. À l’aide d’un câble électrique, il a essayé de se donner la mort. La tension était palpable, se souvient-elle. « On sentait que chacun pouvait basculer vers un geste désespéré. Je me suis retrouvée au milieu d’une sorte d’émeute : c’est là que j’ai commencé à recueillir les témoignages et que j’ai proposé à ces victimes d’essayer de se défendre collectivement. C’est ainsi qu’on a établi les mandats pour la requête auprès de la CEDH », raconte-t-elle. Chacun lui montre ses plaies ; les enfants blessés affluent ; les femmes enceintes se présentent à elle ; les hommes qui ont perdu leur famille cherchent à lui parler ; les histoires sont toutes plus dramatiques les unes que les autres. En soixante-dix jours, c’est le premier avocat qu’ils rencontrent.

      Alors que ces camps sont sous la responsabilité conjointe des autorités grecques et européennes, ils ressemblent à des no man’s land juridiques. L’enfermement et l’absence de transparence dans les procédures sont source d’incompréhension et d’angoisse sur cette île où sont désormais pris au piège 2 500 réfugiés. « Chios est devenue une prison à ciel ouvert. Les migrants expriment un fort sentiment d’injustice : ils sont confrontés à l’arbitraire le plus total », explique l’avocate. La plupart n’ont reçu ni assistance linguistique, ni information juridique. Après un préenregistrement, ils sont censés être entendus pour vérifier si leur demande d’asile est recevable : mais beaucoup n’ont été convoqués pour aucun de ces entretiens, en raison du manque de personnel administratif.

      « Ces personnes sont sacrifiées à titre d’exemple »

      Outre les barbelés encerclant les camps et les grillages autour du port, la contrainte se manifeste par le bracelet qu’ils portent au poignet, sur lequel est inscrit un numéro, ainsi que par un bout de papier sur lequel leur est notifiée, en grec, leur interdiction de quitter les lieux. « Ces personnes sont sacrifiées à titre d’exemple, estime Eve Shahshahani. Elles sont bloquées là pour décourager les éventuels candidats à la traversée de la mer Égée encore en Turquie, et pour rassurer l’UE sur les capacités de la Grèce d’assumer la fonction de garde-barrière qui lui a été confiée. »
      Les conditions matérielles sont tout aussi déplorables, selon ses observations. Dans le camp de Vial, situé à 10 kilomètres du centre-ville, sous la surveillance des militaires, les demandeurs d’asile reçoivent des portions de nourriture insuffisantes, quand elles ne sont pas périmées ; dans des plats chauds, des vers ont été retrouvés ; les files d’attente pour obtenir son plateau sont si longues sous le soleil que plusieurs cas d’évanouissement ont été signalés ; dans le camp de Souda, aux allures de « jungle », ils ne peuvent compter que sur la solidarité de quelques bénévoles : les autorités grecques ne fournissent pas de repas. « Le soir, ils n’ont qu’une soupe de légumes ou une salade, a noté l’avocate, les menus étant limités aux faibles capacités des associations. »
      Malgré leur vulnérabilité, les enfants de moins de 2 ans ne sont nourris qu’une fois par jour. « La totalité des requérants déclarent avoir faim et se sentir affaiblis par la piètre qualité et la trop faible quantité de nourriture. Ils ont en outre tous déclaré que cette situation engendrait un sentiment d’humiliation et de souffrance psychique, notamment parce qu’elle les met dans l’incapacité de nourrir dignement leurs propres enfants », indique la requête.

      La prise en charge médicale est totalement défaillante. Dans les allées des camps, certains marchent avec des béquilles de fortune ; d’autres supportent des bandages sales sur leurs blessures ; d’autres encore ont perdu des membres ; quelques-uns seraient atteints de cancer, dont la guerre en Syrie a interrompu le traitement ; une petite fille de 18 mois, sourde, ne bénéficie d’aucune prise en charge particulière ; un enfant de 6 ans souffre de troubles respiratoires. « Le diagnostic des maladies est quasiment impossible ; il en va de même des soins nécessaires. Alors que les conditions d’hygiène et de vie sont plus que précaires, les risques d’infection et de surinfection sont tout à fait réels et peuvent s’avérer très dangereux pour la santé de personnes déjà affaiblies et malnutries », note la requête. « Il n’existe aucune possibilité de soins psychiques ou psychiatriques dans les camps, alors que de nombreux migrants ont fui des situations de conflits armés particulièrement traumatisantes, poursuit-elle. La totalité des requérants estime que cette insuffisance met directement leur vie et celle de leurs enfants en danger. »
      Les conteneurs, quand il y en a, comme à Vial, sont suroccupés, si bien que la plupart des réfugiés dorment par terre, à l’abri de bâches. Les douches et sanitaires sont en nombre insuffisant. Malgré les températures élevées, les possibilités de se rafraîchir sont inexistantes. « Le soleil est brûlant à l’extérieur des conteneurs, et le camp de Vial, au sommet d’une colline, et construit sur le site d’une ancienne usine d’aluminium, est balayé par le vent et la poussière. Ces conditions matérielles ont pour conséquence de cantonner de facto les requérants à leurs conteneurs pourtant surpeuplés. Se tenir à l’extérieur est une gageure physique », souligne la requête.
      Des vipères se promènent entre les matelas, comme en témoignent des photos prises par les habitants. À Souda, des familles sont contraintes de dormir près de flaques d’eau stagnante infestées de sangsues. Des personnes ont tenté de s’immoler par le feu, d’autres sont en grève de la faim ; des Iraniens se sont cousu les lèvres en signe de protestation. Humiliante pour tous, la promiscuité est particulièrement redoutée par les femmes : les risques d’agression sexuelle et de viol sont avérés. Sans rien pour “cantiner”, les migrants tentent de se procurer de l’argent pour acheter de la nourriture d’appoint ou des médicaments. Les enfants et adolescents, notamment ceux qui voyagent sans leurs parents, sont en première ligne face aux risques d’esclavage moderne ou d’exploitation. Aucun d’eux ne s’est vu désigner d’administrateur ad hoc, ni n’a été pris en charge par un service d’aide à l’enfance. Ils dorment au milieu des adultes. Selon la requête, « ils sont sollicités par des hommes qu’ils identifient comme des “locaux” qui rôdent autour des camps et leur suggèrent de se prostituer ».

      Le désespoir est tel que des rixes éclatent : les Afghans, par exemple, reprochent aux Syriens de bénéficier d’un traitement de faveur. « C’est pourtant faux, explique l’avocate. Les Syriens sont appelés en premier pour les entretiens. Mais cette faveur n’en est pas une : les autorités espèrent montrer que leur demande est irrecevable dans la mesure où ils sont susceptibles d’obtenir une protection en Turquie ; et qu’ils peuvent dès lors être renvoyés vers ce pays. Il est plus difficile de prouver que les ressortissants d’autres nationalités seront protégés en Turquie ; mais comme l’UE ne veut pas d’eux, les autorités retardent leurs entretiens. »
      Chios est un hotspot, selon la terminologie bruxelloise, ce qui signifie qu’il s’agit d’un lieu où s’opère un tri : non plus entre les migrants dits économiques et les demandeurs d’asile, mais entre quelques rares chanceux et la masse des rejetés, distingués selon des critères non dits et changeants. « L’opacité totale des procédures, les différenciations de traitements inexpliquées et inexplicables (certains se voient remettre des formulaires avec ou sans tampon, d’autres rien ; certains sont transférés à Souda, d’autres non ; certains ont pu faire enregistrer leur demande d’asile, et d’autres non ; etc.) rendent fou, et sont vécues comme des humiliations supplémentaires », indique la requête.
      « Les personnes se rendent compte que les pouvoirs publics les laissent moisir, les laissent mourir », s’indigne Eve Shahshahani. Face à ce constat, les termes de la plainte apparaissent évidents : la mise en danger d’autrui à laquelle il est demandé aux autorités concernées de mettre fin. Si la Grèce est dans le viseur pour des raisons de respect de la procédure, c’est en réalité toute une politique, celle de l’Union européenne, qui est dénoncée.

      Dans l’attente de l’examen de la requête de la CEDH, les avocates du Gisti gardent le contact avec les victimes, dont elles soulignent le « courage » et la « dignité », puisqu’elles trouvent les ressources quotidiennes nécessaires pour prendre soin d’elles et s’entraider, malgré les conditions de vie honteuses qui leur sont infligées.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/280616/grece-des-exiles-enfermes-sur-l-ile-de-chios-craignent-pour-leur-vie

    • Is the European Council responsible for the so-called “EU-Turkey Agreement” ? The issue is on the Court of Justice table…

      Until now the legal nature of so called “EU-Turkey Agreement” has been debated at academic level (see the posts here and here ) and briefly presented and debated before the Civil Liberties Committee of the European Parliament following a presentation by the legal service of that institution (see the transcript here). The latter has considered that the so called EU-Turkey “deal” is not legally binding but is just a political catalog of measures adopted (or to be adopted) on their own specific legal basis (no matter if in their recitals reference is made to the EU-Turkey deal).

      https://free-group.eu/2016/06/07/is-the-european-council-responsible-for-the-so-called-eu-turkey-agreement-the-issue-is-on-the-court-of-justice-table/#_ftn1
      #cour_de_justice #légalité

    • The EU-Turkey Agreement on migration and asylum: False pretences or a fool’s bargain?

      The agreement concluded on the 18 March between the EU and Turkey deserves attention due to both the severity of the crisis and the largely negative public opinion surrounding the draft of the text which appeared on the 7 March. The serious legal questions which persist feed doubts about not only the viability of the proposed solution, but also its implementation in practice (1). Conversely, doubts no longer remain on the ability of the Union to renounce its fundamental values (2). The market of “subcontracting”, as already mentioned on this blog, has now been finalised and is beginning to be implemented.

      http://eumigrationlawblog.eu/the-eu-turkey-agreement-on-migration-and-asylum-false-pretences-o

    • Accord politique ou juridique : Quelle est la nature du “machin” conclu entre l’UE et la Turquie en matière d’asile ?

      Alors que trois demandeurs demandeurs d’asile – apparemment deux Pakistanais et un Afghan dans les affaires T-192/16, 193/16 et 257/26 – ont demandé au Tribunal de l’Union Européenne l’annulation de l’accord conclu le 18 mars 2016 entre l’UE et la Turquie, il est permis de s’interroger sur la nature exacte de ce “machin” considéré par le service juridique du Parlement Européen comme un simple accord politique, sachant cependant que la recevabilité du recours sera tout d’abord au coeur des débats…

      http://eumigrationlawblog.eu/accord-politique-ou-juridique-quelle-est-la-nature-du-machin-conc

    • EU-Turkey agreement: solving the EU asylum crisis or creating a new Calais in #Bodrum?

      Turkey, a historical land where the East is said to meet the West, is the only country separating war-torn Syria and Iraq from the external borders of the EU. The Turkish coast is just a stone’s throw away from the Greek Dodecanese Islands, which have become, for many refugees, the port of entry into the EU. It is therefore no surprise that Turkey, due to its geographical position, has a key role to play in managing the current refugee crisis. Turkey knows it is a key player on this issue and now the EU arguably needs Turkey more than Turkey needs the EU. Yet, the question is: how will Turkey stem the flow?

      http://eumigrationlawblog.eu/eu-turkey-agreement-solving-the-eu-asylum-crisis-or-creating-a-ne

    • Why the EU-Turkey Deal Can Be Legal and a Step in the Right Direction

      A sense of urgency and desperation had been building up among decision-makers in Brussels and national capitals over recent weeks. The acting Council Presidency warned that ‘we’re running out of time’, while German and Austrian politicians openly considered the move towards a domestic ‘Plan B’. In short: the Common European Asylum System (CEAS) and the Schengen Area may have been on the brink of collapse – and the effective closure of the Western Balkans route indicated that there was little time left to thwart a vicious circle which could be a serious throwback to both EU integration and effective refugee protection. This danger has been averted for the moment: the EU managed to buy some time in order to find out whether the ‘deal’ with Turkey will deliver, a result which is no foregone conclusion for legal and operational reasons.

      http://eumigrationlawblog.eu/why-the-eu-turkey-deal-can-be-legal-and-a-step-in-the-right-direc

  • Alep, capitale de la rébellion syrienne, encerclée
    http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/07/12/alep-capitale-de-la-rebellion-syrienne-encerclee_4968265_1618247.html

    J’aime bien les titres de Benjamin Barthe. « Alep, capitale de la rébellion syrienne, encerclée »... Quoi qu’on pense du camp d’en face, il oublie juste de dire que la plus grosse partie de la ville, et de ce qu’il reste de sa population, n’a jamais été perdue par le régime. Et il passe sous silence le fait que la « rébellion » n’a jamais présenté un front uni et qu’elle resssemble de plus en plus, en dépit de la présence d’authentiques militants, à une vaste coallition hétéroclite de mercenaires souvent fanatisés en provenance de tous les horizons. Il se dispense sans doute de rappeler (l’article est en pay wall) que la ville a rejoint très très tardivement la « rébellion », faute d’adhérer à ses idées pour une très grande partie de sa population... Un bon titre en somme... #syrie

    • sans paywall


      Il lui aura fallu un an et demi de combats acharnés, de progression lente, centaines de mètres par centaines de mètres, mais le régime Assad a finalement atteint son but. Alep, la capitale de la rébellion syrienne dans le nord de la Syrie, est désormais encerclée par ses troupes. Jeudi 7 juillet, avec le soutien de l’aviation russe, celles-ci sont parvenues à couper la fameuse route de Castello, la dernière voie de ravitaillement des quartiers orientaux de la ville, aux mains de l’insurrection depuis l’été 2012.

      C’est une victoire importante pour les autorités de Damas et un tournant potentiel dans la guerre civile qui fait rage depuis plus de cinq ans et a fait des centaines de milliers de morts. Si les rebelles échouent à repousser leurs adversaires, Alep-est, dont la population est estimée à près de 200 000 habitants, pourrait subir un siège en règle, en plus des bombardements quasi quotidiens des avions russes et syriens. « La situation est très difficile, confesse Brita Haj Hassan, le président du Conseil local, qui gère les quartiers orientaux, joint par WhatsApp, une application de téléphonie par Internet. Il n’y a déjà presque plus de légumes sur les marchés. Le prix du riz et du sucre a été multiplié par trois en une semaine. Nous sommes au bord d’une catastrophe humanitaire. »

      C’est un tournant potentiel dans la guerre civile qui fait rage depuis plus de cinq ans en Syrie

      La route de Castello, qui démarre dans les faubourgs nord d’Alep puis oblique vers l’ouest en direction de la frontière turque, était dans le collimateur de l’armée syrienne et de ses supplétifs chiites étrangers (irakiens, iraniens et libanais) depuis le mois de novembre 2014. A l’époque, les forces loyalistes se trouvaient à une dizaine de kilomètres de cet axe stratégique, par où transite toute l’aide envoyée vers la ville, alimentaire comme médicale. C’est ce chemin qu’empruntent par exemple les médecins syriens qui alternent les périodes de travail, très éprouvantes, dans les hôpitaux de l’est, et les phases de récupération, auprès de leur famille, en Turquie.

      « Victoire indiscutable »

      L’avancée des troupes loyalistes s’est faite en deux temps principalement : en février, à la faveur d’une vaste offensive, soutenue par l’aviation russe, elles ont progressé au nord d’Alep, coupant la ville du terminal de Bab Al-Salamah, l’une de ses deux voies d’accès à la Turquie. Puis, la semaine dernière, alors même que Damas avait décrété un « régime de calme », qui supposait une suspension des combats, elles se sont emparées des fermes de Mallah, une colline à 500 mètres de la route de Castello. Cette position haute leur permet d’interdire tout trafic entre Alep et sa banlieue et de rompre le lien avec Bab Al-Hawa, l’autre poste frontalier avec la Turquie, à l’ouest.

      Le Conseil local des quartiers-est déconseille désormais aux civils de sortir de la ville. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), un homme et ses deux fils qui circulaient vendredi 8 juillet sur la route de Castello ont été tués par des tirs provenant des forces pro-Assad. « Le régime a remporté une victoire indiscutable, mais la position de ses forces est encore fragile, souligne Sinan Hatahet, analyste au think tank Omran, proche de l’opposition syrienne. Il a besoin d’avancer sur d’autres axes pour prendre un contrôle définitif de la route de Castello. »

      Les deux contre-offensives lancées ces derniers jours par les brigades rebelles ont cependant échoué. Dimanche, une trentaine de combattants, membres du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et de Faylaq Al-Sham, un groupe armé affilié aux Frères musulmans, ont péri alors qu’ils s’approchaient des fermes de Mallah. Quasi hégémonique dans la province voisine d’Idlib, les djihadistes du Front Al-Nosra jouent un rôle secondaire à l’intérieur d’Alep, où la défense des quartiers orientaux est conduite par des groupes locaux, soutenus pour certains par les Etats-Unis.

      Percée diplomatique

      Lundi, une deuxième opération, dirigée contre la citadelle d’Alep, située dans la zone sous contrôle gouvernemental, et destinée à soulager le front de Castello, a fait long feu elle aussi. Les insurgés, arrivés par des tunnels, ont dû battre en retraite sous les tirs ennemis. Simultanément, des centaines d’obus de mortiers ont été tirées sur les secteurs ouest, tenus par les loyalistes, faisant cinq morts et des dizaines de blessés, selon l’OSDH.

      La percée des pro-Assad à Alep s’ajoute à la progression des forces régulières dans deux autres zones clés : dans la Ghouta, la banlieue orientale de Damas, un vaste fief rebelle, qui rétrécit de plus en plus, sous les coups de boutoir de l’armée et les bombardements russes ; et à Daraya, au sud de la capitale syrienne, ville pionnière de la révolte pacifique de 2011, encerclée et affamée depuis quatre ans, assommée de barils explosifs, où l’armée a déclenché un assaut qu’elle espère final.

      Le moment est d’autant plus porteur pour le régime Assad qu’il marque des points sur le terrain diplomatique aussi. La réconciliation entre la Turquie et la Russie, scellée fin juin, qui a clos l’escalade déclenchée par la destruction d’un avion de chasse russe dans le ciel turc en novembre, constitue une bonne nouvelle pour Damas, dont Moscou est le principal protecteur avec Téhéran. Les autorités syriennes espèrent que cette normalisation sera le prélude à un recentrage d’Ankara, jusque-là fer de lance du front anti-Assad sur la scène internationale et principal sponsor des groupes rebelles.

      «  Encercler Alep, c’est une chose, mais la reprendre, c’est une tout autre affaire », observe l’analyste Sinan Hatahet
      Le régime Assad peut aussi se féliciter de l’accroissement de la coopération entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien. Mercredi 6 juillet, le président américain, Barack Obama, et son homologue russe, Vladimir Poutine, sont convenus d’« intensifier » leur coordination militaire. Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants ont confirmé leur détermination à combattre non seulement l’organisation Etat islamique, cible de frappes régulières des Etats-Unis, mais aussi le Front Al-Nosra, beaucoup moins visé par Washington. Samedi, au sommet de l’OTAN à Varsovie, le président français, François Hollande, a appelé lui aussi à étendre la guerre contre l’EI à la branche syrienne d’Al-Qaïda.

      Malgré ces évolutions, favorables à Damas, le siège d’Alep, s’il se confirme, pourrait durer très longtemps. Les quartiers orientaux de la ville sont beaucoup plus étendus que le vieux centre de Homs, où les insurgés avaient résisté près de trois ans à l’encerclement de l’armée syrienne. « Encercler Alep, c’est une chose, mais, la reprendre, c’est une tout autre affaire, dit Sinan Hatahet. Le régime et ses alliés n’ont pas les ressources humaines suffisantes pour entreprendre une bataille pareille. S’ils ouvrent ce front, ils devront en dégarnir d’autres, et c’est le Front Al-Nosra qui en profitera. »

  • Israeli raids on Syrian army sites in Homs
    June 9, 2016
    https://www.middleeastmonitor.com/20160609-israeli-raids-on-syrian-army-sites-in-homs

    Israeli aircrafts launched on Monday new raids targeting the Syrian army in Syria, Syrian and Israeli news websites reported.

    Citing the Syrian news website Zaman al-Wasl, the Israeli newspaper Haaretz said that Israeli aircrafts launched strikes in Homs against fortifications related to the fourth mechanical battalion of the Syrian army.

    According to residents, huge explosions were heard during the raids.

    The newspaper added that Homs is controlled by the Syrian army and it is witnessing battles with Syrian opposition groups as well with Daesh.

    Israel previously carried out several raids in Syria against Hezbollah and the Syrian army, but this is the first time the Israeli army has launched strikes on Syria under Defence Minister Avigdor Lieberman, who has appointed in late May.

  • Selon le site pro-régime al-Masdar, il y aurait eu un redéploiement des troupes du Hezbollah en Syrie : le Hezbollah aurait notamment quitté la province d’Alep pour redéployer ses troupes en direction de la Ghouta orientale, du Qalamoun et de la province de Homs, régions plus frontalières ou plus proches du Liban.
    https://www.almasdarnews.com/article/where-is-hezbollah

    The recent jihadist offensive in southern Aleppo may have been a surprise for the government forces, but Hezbollah’s absence during the battle was far more perplexing. Did Hezbollah leave Syria? No. Furthermore, per a Syrian Arab Army (SAA) source in Damascus, Hezbollah deployed almost all of their forces to the Greater Damascus area; specifically, the East Ghouta and Qalamoun Mountains. Hezbollah has a large presence in the East Ghouta region of rural Damascus, but they are not leading the current offensive, which is something they are not accustomed to in this war. Meanwhile, in the Qalamoun Mountains, Hezbollah seems to be taking a more active role in the battle taking place on the Lebanese-Syrian border. This past week, Hezbollah’s media wing “Al-Manar” reported that their forces carried out several attacks against Jabhat Al-Nusra (Syrian Al-Qaeda group) in the Jaroud ‘Arsal area of east Lebanon. In addition to their presence in Jaroud ‘Arsal, Hezbollah was sighted on the other side of the Qalamoun Mountains, carrying out attacks against Jabhat Al-Nusra and the Islamic State of Iraq and Al-Sham (ISIS) at Jaroud Jarajeer, Jaroud Qarah, and Jaroud Faleeta.

    Ceci confirmerait les annonces d’Elijah Magnier en mai dans deux articles qui annonçait ce redéploiement du fait de la volonté de se concentrer sur des régions plus directement stratégiques pour lui et de sa volonté de ne pas servir de pion pour le compte des stratégies politiques des Russes et du régime dans leur volonté de conforter leur position politique à Genève :
    https://elijahjm.wordpress.com/2016/05/19/hezbollah-is-not-willing-to-engage-in-further-battles-if-these-a
    et https://elijahjm.wordpress.com/2016/05/25/syriademarcation-lines-similar-to-the-lebanese-civil-war-in-the-

    The new situation in Syria has led the Lebanese Hezbollah to redeploy its forces and withdraw a significant number of militants from the established demarcation lines – and decide not to be part of the U.S-Russia political agreement. The decision was taken at high command level in Lebanon, ordering Hezbollah to return to the main cities since all military offensives had been put on ice. Hezbollah will have a defensive military role, will protect the already controlled cities but will also take part in hit-and-run tactics in “enemy land”. Since Damascus agreed to join the political process for the moment, Hezbollah won’t go against the Russian-American deal.

  • En mars de cette année, une mystérieuse « New Syrian Army » annonçait avoir pris le contrôle du poste-frontière d’al-Tanf, aux confins des frontières syrienne, irakienne et jordanienne, jusque là détenu par Da’ich. Al-Tanf, c’est là : https://www.google.fr/maps/place/At+Tanf,+Syrie/@33.745316,36.4217732,7z/data=!4m5!3m4!1s0x153e0a85826f8d3f:0xfbaab842977dcbd6!8m2!3d33.48959!4d38.663
    Ce groupe sans aucun fait d’armes connu jusqu’ici semblait être soutenu par la Jordanie et les USA, voire servir de couverture à des forces spéciales de ces deux pays : http://seenthis.net/messages/474150 et http://seenthis.net/messages/468261

    Dans un récent article, le Washington Post nous donne des nouvelles de la "New Syrian Army"et décrit un groupe, armé et formé par le programme du pentagone sur une base en Jordanie, et qui connaîtrait désormais des difficultés, malgré l’appui aérien américain, du fait d’un attentat suicide de Da’ich qui aurait décimé ses rangs :
    The last remaining Pentagon-trained rebel group in Syria is now in jeopardy WaPo 27.05.16
    https://www.washingtonpost.com/world/middle_east/the-last-remaining-pentagon-trained-rebel-group-in-syria-is-now-in-jeopardy/2016/05/27/91de194a-1c5f-11e6-82c2-a7dcb313287d_story.html

    The New Syrian Army completed the U.S. training course in Jordan, infiltrated into Syria and then, in March, without fanfare or publicity, seized a pinprick of territory from the militants at the remote Tanaf border crossing with Iraq in the far southeast corner of the Syrian province of Homs.
    There they have remained, holding their ground without deserting, defecting or getting kidnapped, unlike many of the other similarly trained rebels whose mishaps prompted the temporary suspension of the program last year.
    Even this modest success is now in jeopardy, however, following an Islamic State suicide attack this month. An armored vehicle barreled into the rebels’ base shortly before dawn on May 7, killing a number of them, said Lt. Col. Mohammed Tallaa, a Syrian officer who defected and is the group’s commander.

    Avec les échecs du nouveau programme du Pentagone, au sud avec les difficultés de la New Syrian Army et au nord où ces groupes sont en situation difficile dans la poche d’Azaz, il ne reste plus pour les USA pour combattre Da’ich que le YPG kurde qu’on essaie d’enrichir d’arabes au sein des SDF (dans le contexte d’une avancée rapide des SDF au nord de la province de Raqqa) :

    In March, the training was restored, with the less ambitious goal of working with existing rebel groups in northern Syria’s Aleppo province. Those groups are now battling for their survival against Islamic State fighters advancing in the area around the town of Azaz near the border with Turkey.
    In the meantime, however, the Pentagon has forged ahead with a different alliance, with the Kurdish People’s Protection Units (YPG), which is seen as a rival or worse by many Arab rebel groups. The YPG is responsible for almost all of the territorial gains made so far against the Islamic State in Syria, and its close coordination with the U.S. military is a source of deep resentment among other Syrian rebels. An effort to rebrand the YPG as a coalition with Arab rebels called the Syrian Democratic Forces has brought only a small number of Arabs into the force so far.

  • Pendant que le FDS prépare trois fronts pour essayer de reprendre le fief de Raqqa l’EI isole en partie Palmyre

    Daech coupe une route stratégique de ravitaillement entre Homs et Palmyre
    https://fr.sputniknews.com/international/201605111024899554-homs-palmyre-route-strategique-daech

    Daech a coupé mardi une route stratégique d’approvisionnement entre les villes syriennes de Homs et Palmyre, quelques semaines après que l’armée a repris le contrôle de la cité antique.

    La route coupée par l’EI est « la route principale entre Homs et Palmyre mais elle n’est pas la seule, il y en a d’autres » entre les deux villes, a déclaré le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahman.

    #EI
    #Syrie
    #Palmyre

  • Causerie « Contre le travail et ses lois » [Jeudi 28 avril, Albi] - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2016/04/causerie-contre-le-travail-et-ses-lois-jeudi-28-avril-albi.html
    http://www.non-fides.fr/local/cache-vignettes/L520xH736/1-44-d3bb3.jpg?1457449909

    Contre le travail et ses lois
    Pourquoi l’État, la politique, un salaire à vie et une nouvelle Constitution ne s’opposeront jamais au capitalisme ?

    Causerie autour de la critique de la valeur-dissociation avec Clément Homs, Nicolas et alii

    Dans une société obsédée par la « valeur-travail » et structurée par l’activité de travail qui n’a rien de quelque chose de naturel, le combat contre la transformation de l’être humain en marchandise et autre « ressource humaine », rappelle qu’une émancipation digne de ce nom ne peut faire l’économie d’une critique radicale du travail. Autrement dit, il ne s’agit pas de libérer le travail, mais de se libérer du travail.

    Mais peut-on pour cela s’appuyer sur les institutions existantes de la politique, de l’État, du droit, de la nation ou de la Constitution, en opposant le politique à l’économique et en appelant simplement à la réécriture de leur fonctionnement au sein d’une vie sociale toujours structurée par le travail, l’argent et le mouvement autonome des marchandises ?

    Jeudi 28 avril - 20h30 - Place du Vigan, Albi (sous le kiosque) ou s’il pleut au Bar Le Cosy, Place du Patus Crémat

    Pour une présentation voir le site Palim Psao
    #krisis #exit #loi_travail

  • 2 évolutions très étonnantes sur le champ de bataille en Syrie.

    1° - les rebelles coincés dans la poche d’Azaz viennent d’avancer vers l’est et de prendre à Da’ich du territoire, dont la ville d’al-Raï. Ils progressent le long de la frontière turque et sont soutenus par la Turquie (tirs d’artillerie à partir de l’autre côté de la frontière et livraisons d’armes) et l’on parle aussi (des clichés circulent) de la présence de quelque militaires turcs au sol (forces spéciales ?).
    Hier Libération écrivait un article sur le sujet (al-Raï n’était pas encore prise) en se focalisant sur la question de Dabiq et de sa symbolique pour Da’ich :
    http://www.liberation.fr/planete/2016/04/06/les-rebelles-syriens-en-passe-de-liberer-dabiq-ville-symbole-de-l-ei_1444

    Pour les rebelles, Dabiq n’est qu’un village à reconquérir parmi d’autres. Depuis la mi-février, ils ont repris une quinzaine de bourgades à l’EI dans une bande qui court entre Azaz, à l’ouest, Alep, au sud, et la frontière turque, au nord. Une dizaine de groupes, pour la plupart issus de l’Armée syrienne libre (ASL), participent à l’offensive, dont Faylaq al-Sham, Sultan Mourad, Fastaqim ou la brigade Hamza. Motasem, un groupe aidé par les Etats-Unis, est également présent. Les rebelles sont appuyés par des tirs d’artillerie de l’armée turque et des bombardements de la coalition. Leur objectif est de porter les combats jusqu’à Al Bab puis Manbij, les deux principaux fiefs de l’EI dans la région.

    Situation récente au nord d’Alep :
    https://pbs.twimg.com/media/CfcTP_HUYAEnHg5.jpg:large

    2° - Alors que Jaysh al-islam participe à l’offensive contre les forces du régimes aux côtés d’al-Nousra au sud d’Alep, selon des sources pro-régime un accord avec le régime dans les alentours de Damas fait qu’ils s’entendent avec celui-ci pour y affronter Da’ich du côté d’al-Dumayr. Al-Doumayr c’est là : https://www.google.fr/maps/@33.6437074,36.6557403,12z
    Les forces du régime auraient laissé des troupes de Jaysh al-islam traverser une route sous leur contrôle pour aller affronter Da’ich et leur aurait assurer la couverture aérienne lors des combats :
    https://www.almasdarnews.com/article/syrian-army-rebels-work-together-isis-east-damascus

    The Syrian Arab Army (SAA) and rebel forces are working together to defeat the Islamic State of Iraq and Al-Sham (ISIS) in the Greater Damascus area for the first time since the start of this violent conflict. According to an Al-Masdar correspondent in Damascus City, the government forces allowed a rebel contingent from Jaysh Al-Islam (Army of Islam) to travel through the Homs-Damascus Highway to the Al-Dumayr front in order to reinforce their comrades fighting against ISIS. When ISIS launched an attack on Jaysh Al-Islam’s positions in Jabal Ruhaybeh this morning; it was the Syrian Arab Air Force (SAAF) that provided covering fire for the rebel forces confronting the terrorist group. The ISIS attack has now been repelled by Jaysh Al-Islam and the Ahmad Abdo Brigade at Jabal Ruhaybeh in the Qalamoun Mountains. With ISIS at the outskirts of the East Ghouta region of rural Damascus, the government and rebel forces face a serious threat near ‘Adra; this is one of the reasons why they are collaborating against the terrorist group. In the video below, Jaysh Al-Islam’s leadership state it is permissible to ally with the government if it means defeating ISIS.

    Une vidéo suit dans l’article montrant un type de Jaysh al-islam justifiant une entente avec le régime pour combattre Da’ich.

    • US and Turkish authorities are discussing plans to intensify support to the moderate Syrian opposition in a bid to push the Islamic State group back from the Turkish border, the US Ambassador to Ankara said Thursday.

      “We have had some progress in recent weeks as these groups pushed further east along the border,” John Bass told journalists.

      “There is conversation with the Turkish military and government to talk about opportunities to intensify support to those groups and to push Daesh (IS) east from the current line.”
      in http://www.middle-east-online.com/english/?id=76212

    • Merci @gonzo.
      Obama avait refusé de rencontrer Erdogan mais finalement a accepté et ils se sont vus au sommet nucléaire à Washington :
      http://sputniknews.com/politics/20160401/1037307525/obama-erdogan-nuclear-security-summit.html
      Est-ce à ce moment-là que le deal s’est fait ?
      En tout cas avec ce retournement net de la Turquie qui compte utiliser les rebelles, avec l’aval de Washington pour fermer la frontière à l’est pour Da’ich et surtout empêcher les Kurdes de faire leur jonction, la situation de Da’ich devient critique.
      Avec la prise d’al-Raï, une route majeure pour Da’ich vient d’ailleurs déjà de se fermer :
      https://www.lorientlejour.com/article/979688/syrie-lei-perd-son-principal-passage-avec-la-turquie.html

      Les rebelles en Syrie se sont emparés jeudi du principal point de passage avec la Turquie utilisé par les jihadistes de l’Etat islamique (EI), rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
      Il s’agit d’un revers de plus pour le groupe ultraradical qui en quelques semaines a perdu la cité antique de Palmyre, le carrefour stratégique d’al-Qaryatayn ainsi que plusieurs de ses commandants dans des frappes aériennes.
      « Des factions rebelles et islamistes ont pris le contrôle du nord-est d’al-Raï », localité sur la frontière avec la Turquie dans la province d’Alep (nord), a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, précisant qu’"il s’agit du principal et d’un des derniers points d’entrée et de sortie avec la Turquie".
      « Les rebelles sont entrés aujourd’hui (jeudi) à al-Raï après deux jours de combats dans ses environs », a précisé M. Abdel Rahmane, qui dispose un large réseau de sources à travers la Syrie en guerre.
      Il ne reste plus à l’EI comme passages principaux que celui de Halwaniyé, situé entre al-Raï et celui de Jarablos, plus à l’est.
      Mais « c’est par al-Raï que transitaient principalement les jihadistes de l’EI tandis que celui de Halwaniyé est réservé à ses hauts commandants », explique M. Abdel Rahmane.
      Quant à celui de Jarablos, il est techniquement « inactif car il est sous surveillance de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis », a-t-il précisé.
      Depuis une dizaine de jours, l’EI a perdu au profit des rebelles au moins 18 villages tenus par le groupe depuis deux ans dans la province d’Alep.
      « Tous les belligérants en Syrie semblent aujourd’hui concentrer leurs opérations contre l’EI, que ce soit les rebelles, le régime (qui a repris Palmyre) ou encore les Kurdes » qui avancent actuellement vers Jarablos, affirme M. Abdel Rahmane.
      « C’est une sorte de distribution de rôle supervisée par les Américains et les Russes », a-t-il dit.

  • مقتل “أبو صقار” المقاتل في “جبهة النصرة” الذي التهم قلب جندي سوري | رأي اليوم
    http://www.raialyoum.com/?p=418691

    Le commandant d’un bataillon d’Al-Qaïda en Syrie (les modérés qui font du beau boulot), Abu Saqqar, devenu célèbre en 2013 pour avoir dégusté devant une caméra le coeur encore chaud d’un soldat syrien, est mort, tué par plus islamiste que lui.

    #syrie

    • L’occasion de se rappeler la justification télévisée qu’en avait donnée Sofia Amara en expliquant que c’était la violence de la répression d’Assad qui avait rendu le doux et bon Abou Sakkar comme ça. Elle l’avait rencontré lors d’un de ses reportages à la gloire de la rébellion syrienne. Je ne retrouve pas l’interview vidéo d’Amara mais on a tout de même ça :
      http://www.france24.com/fr/20130514-hrw-droits-homme-syrie-assad-rebelles-video-coeur

      À la seconde où j’ai lancé la vidéo je l’ai reconnu, notamment grâce à sa voix et à ses vêtements", raconte-t-elle à FRANCE 24 au téléphone depuis Beyrouth. « Je l’ai rencontré dans le quartier de Baba Amr, à Homs, entre le 16 et le 24 décembre 2011, alors que je tournais un reportage pour Arte intitulé ’Syrie : Au cœur de l’armée libre’ », poursuit-elle. « Il était tout le temps avec moi, c’était quelqu’un de charmant, d’avenant, d’adorable », se souvient la journaliste encore sous le choc. « Quand j’ai vu les images horribles, j’ai pleuré violemment, de rage, de voir comment toute humanité avait été tuée en lui près de 18 mois après notre rencontre ».
      [...]
      Elle confirme qu’Abbou Sakkar faisait bien partie alors de la brigade al-Farouk, dont il était l’un « des plus jeunes combattants ». « Quand on a couvert des conflits, on sait reconnaître les méchants, et je peux affirmer que cet homme n’en était pas un. Il m’a sauvé la vie en me protégeant des balles d’un sniper », raconte encore Sofia Amara.

  • Pourquoi le silence de David Cameron autour de Palmyre ? (The Independent -Sunday 27 March 2016) — Robert FISK
    http://www.legrandsoir.info/pourquoi-le-silence-de-david-cameron-autour-de-palmyre-the-independent

    La récupération par l’armée syrienne de Palmyre, la ville romaine de l’impératrice Zénobie, constitue la plus grande défaite militaire de l’État Islamique depuis près de deux ans. Et nous sommes silencieux. Les méchants auraient-ils gagné ? Sinon, ne devrions-nous pas tous célébrer la victoire ?

    Moins d’une semaine après que les âmes perdues du « califat islamique » aient détruit la vie de plus de 30 êtres humains innocentes à Bruxelles, nous devrions, n’est-ce pas ? Nous devrions applaudir la défaite militaire la plus écrasante de l’histoire de l’EI. Mais non. Les maîtres en noirs des exécutions ont fui Palmyre ce week-end ; Obama et Cameron sont demeurés aussi silencieux que les tombes dans lesquelles l’EI a envoyé tant de leurs victimes. Celui qui a abaissé notre drapeau national en l’honneur du roi trancheur de têtes d’Arabie Saoudite (je parle de David, bien sûr) n’a pas dit pas un mot.

    Et voici que l’armée syrienne, soutenue, bien sûr, par la Russie de Vladimir Poutine, jette les clowns de l’EI hors de la ville, et nous ne prononçons pas un seul mot de félicitation.

    Lorsque Palmyre est tombée, l’an dernier, nous avons prédit la chute de Bachar al-Assad. Nous avons ignoré les interrogations de l’armée syrienne : pourquoi, si les Américains détestaient tant l’EI, ne les bombardent-ils pas ? Pourquoi ne détruisent-ils pas les convois suicides qui ont percé nos lignes de front ? Pourquoi n’attaquent-ils pas l’EI ?

    « Si les Américains voulaient détruire l’EI, pourquoi ne les ont-ils pas bombardés quand ils les ont vus ? » m’a demandé un général de l’armée syrienne, après la défaite de ses soldats à Palmyre ; son fils avait été tué en défendant Homs. Ses hommes avaient été capturés puis décapités dans les ruines romaines. Le responsable syrien en charge des ruines romaines (auxquelles nous tenions tant, souvenez-vous) a été lui-même décapité. L’EI a même remis ses lunettes sur sa tête décapitée, pour le plaisir. Et nous sommes restés silencieux.

    Poutine a remarqué cela, et en a parlé, et prédit la reprise de Palmyre. Son aviation a attaqué l’EI – contrairement à l’aviation américaine – en soutien à l’avancée de l’armée syrienne. J’ai souri lorsque j’ai lu que le commandement américain avait revendiqué deux frappes aériennes contre l’EI autour de Palmyre dans les jours qui ont précédé sa reprise par le régime Syrien. Cela vous dit clairement tout ce dont vous avez besoin de savoir quant à la guerre américaine contre « le terrorisme ». Ils veulent détruire l’EI, mais pas trop.

    Au final, ce fut donc l’armée syrienne et leurs camarades du Hezbollah, Iraniens et Russes qui chassèrent les meurtriers de l’EI de Palmyre, et qui pourront, peut-être, reprendre la ville de Raqqa, devenue la capitale de l’EI. J’ai écrit à plusieurs reprises que l’armée syrienne décidera de l’avenir de la Syrie. S’ils saisissent Raqqa - et Deir el-Zour, où le front Al-Nusrah a détruit l’Eglise commémorant le génocide arménien en jetant les os des morts de 1915 dans les rues - Je vous promets que nous serons encore silencieux.

    Ne sommes-nous pas censés détruire l’EI ? Oubliez ça. C’est le travail de Poutine. Et d’Assad. Priez pour la paix. Voilà de quoi ils parlent, n’est-ce pas ? Et Genève. Où est-ce exactement ?

    Robert Fisk

  • Ciné-débat sur Return to Homs le 3 avril
    https://rebellyon.info/Cine-debat-sur-Return-to-Homs-16023

    Près de deux années durant, jusqu’en avril 2013, Talal Derki nous fait vivre de l’intérieur la lente agonie d’un pays où la mort règne sans partage. Ces jeunes soldats qui rêvaient de conquérir la démocratie au bout de leurs fusils n’ont plus qu’un seul espoir : être tués avec honneur, en martyrs, dans (...) — Infos locales, Résistances et solidarités internationales, http://www.returntohoms.com, Alwane, ici, https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdel_Basset_Sarout

  • Palmyre, étape symbolique de la reconquête ? - Lina KENNOUCHE - L’Orient-Le Jour
    http://www.lorientlejour.com/article/977551/palmyre-etape-symbolique-de-la-reconquete-.html

    Si la reprise totale de Palmyre permettrait aux forces gouvernementales de tenir le nœud de communications essentielles au centre du triangle formé par les villes de Deir ez-Zor, de Homs et de Raqqa, elle constituerait surtout une victoire symbolique. L’armée syrienne repliée depuis mai 2015 sur la « Syrie utile » tente de rétablir sa souveraineté territoriale hors de ces régions. Palmyre permet également un nouvel élan stratégique pour poursuivre l’avancée jusqu’à la frontière irakienne en reprenant le dernier point de passage terrestre d’al-Tanf, et ouvrir le couloir stratégique Téhéran-Bagdad-Damas. Cette attaque programmée depuis la bataille de Lattaquié constitue surtout la première étape de la grande offensive visant à reprendre Raqqa à l’EI (après la levée du siège de Deir ez-Zor) et entériner la perte de souveraineté de l’organisation sur l’ensemble de ses fiefs. Mais le durcissement de la confrontation avec l’EI ne doit pas faire oublier que l’autre priorité stratégique de l’armée syrienne reste la reprise totale et la sécurisation de la ville d’Alep où subsistent encore quelques points d’approvisionnement en armes aux rebelles. Il est donc fort à parier que, sur le plan militaire et opérationnel, la finalité de l’armée syrienne demeure la reconquête totale du territoire. Une réoccupation totale du terrain semble néanmoins difficilement réalisable en l’absence d’une aide massive de la Russie qui a entamé son retrait partiel le 15 mars.

  • Guerre civile en Syrie : comment l’Occident s’est trompé
    Robert Fisk | 13 mars 2016 - The Independent -
    Traduction : Info-Palestine.eu - Lotfallah - samedi 19 mars
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article15953

    Juste avant que je ne quitte la Syrie le mois dernier, un grand et éloquent monsieur franco-libanais s’est approché de moi dans un café de Damas et s’est présenté comme l’architecte du président Bachar al-Assad. Il était chargé, m’a-t-il fait comprendre, de concevoir la reconstruction des villes de Syrie.

    Qui aurait cru cela ? Cinq ans après le début de la tragédie syrienne - et dans les six mois qui ont suivi, rappelez-vous, le régime lui-même tremblait sur ses bases et les puissances occidentales, au sommet de leur orgueil après avoir tué Kadhafi, prédisaient la chute imminente de la dynastie Assad - le gouvernement syrien se prépare à reconstruire ses villes.

    Il vaut la peine de faire ce retour embarrassant dans le passé, au début du printemps et de l’été 2011. Les ambassadeurs américains et français visitaient Homs pour plastronner au milieu de dizaines de milliers de manifestants pacifiques appelant au renversement du gouvernement Assad. Les diplomates européens intimaient à l’opposition politique de ne pas négocier avec Assad - une erreur fatale, puisque le conseil était fondé sur l’hypothèse erronée qu’il était sur le point d’être renversé - et les journalistes s’agglutinaient auprès des rebelles à l’est d’Alep pour ce qui devait être une irrésistible marche de libération sur Damas.

    Le régime Assad, selon le message des think-tanks et « experts » de pacotille de Washington, avait atteint le « point de basculement » - selon un cliché que nous n’allions cesser d’entendre. La Clinton annonçait que Assad « devait s’en aller ». Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius déclarait que Assad « ne méritait pas de vivre sur cette planète » - bien qu’il n’ait pas réussi à nommer la galaxie sur laquelle le président syrien pourrait prendre sa retraite.

    Et je me suis conformé à une demande du The Independent pour écrire - pour une utilisation future, vous comprenez - la nécrologie de Assad, rétrogradée à présent dans les archives du journal.(...)

    #Syrie

  • _Voilà ce qui était pensable et a été écrit, dans une discussion sur un forum, en décembre 2011. Les "erreurs" des analystes peuvent se juger à l’aune de cela. La différence de ceci avec les "analyses" plus ou moins savantes que l’on nous a servies repose sur deux choses : la considération de la centralité du conflit israélo-arabe en géopolitique et une connaissance approfondie de ce que sont les révolutions colorées - dont les révoltes arabes ont été un avatar - comme technique de changement de régime, et de leurs conditions de réussite.
    Tout l’appareillage conceptuel sociologique ou politologique, ou de celui d’une de ses branches, l’islamologie, n’était en fait que de peu d’intérêt à côté de cela pour parvenir à une analyse au moins assez juste. Une connaissance un peu intime de la Syrie n’a pas fait de mal non plus.

    Cette analyse prévoyait dès fin 2011 :
    – le développement du jihadisme en Syrie et un accroissement de la violence
    – que les "printemps arabes" pourraient mener la Tunisie à un régime représentatif mais pas l’Egypte et encore moins la Syrie
    – que l’opposition syrienne (politique comme militaire) allait devenir otage d’intérêts étrangers car elle n’avait pas les moyens par elle-même de faire tomber le régime
    – que l’ASL n’était que la couverture de service étrangers
    – que la fracture confessionnelle (chiite/sunnite) allait s’aggraver au Moyen-Orient du fait de la guerre en Syrie
    – que le Conseil de Coopération du Golfe allait mettre sous tutelle l’ensemble du monde arabe
    – qu’Assad ne pouvait tomber qu’à la suite d’une guerre civile et internationale dévastatrice qui ne pouvait mener qu’à un Etat failli (modèle libanais ou irakien) et qu’il n’était d’ailleurs pas du tout sûr qu’il tombe
    – que la seule sortie de crise possible, si Assad ne gagnait pas, serait une négociation directe entre acteurs syriens parrainée par les acteurs étrangers au conflit (notamment Russie / USA) à laquelle ceux-ci en viendraient du fait de leur exposition aux risques d’extension régionaux et internationaux du conflit

    Sur les causes du conflit syrien :
    RESPONSABILITES PARTAGEES
    De mon point de vue le régime a malgré lui apporté la flamme à la mèche. Mais le stock de poudre, que cette mèche a fait exploser, n’est pas totalement de son fait. Cette poudre explosive, c’est vrai, c’est à la fois la corruption de cercles dans le régime (les Makhlouf sont l’exemple le plus connu), une certaine forme de confessionnalisme (parfois aussi exagérée), son absence de réformes politiques réelles depuis une décennie, la brutalité réelle de ses services, l’ambiguïté de la réussite des réformes économiques de Dardari (qui maintenant se pavane au Liban et fait la retape pour les opposants),un relatif abandon des campagnes (alors qu’elles subissaient la sècheresse) … Je dirai aussi peut-être une trop grande confiance dans la valeur du modèle chinois pour sortir d’un système soviétique hérité du père. Cependant ce stock de poudre c’est aussi les efforts conjugués d’acteurs étrangers pour renverser (ou affaiblir) le régime et casser le bloc de la mumana’a : la guerre de l’information menée par l’ancien allié qatari et les médias saoudiens et occidentaux, la livraison d’armes très tôt par l’étranger, le soutien financier à l’opposition (et probablement la formation d’une opposition colorée-facebookeuse) par l’oligarchie washingtonienne, … En résumé à la fois un COMPLOT de l’étranger, et à la fois la responsabilité d’un régime qui ne s’est pas réformé, ou seulement de manière très limitée et ambivalente.

    Sur les erreurs d’appréciation de la résilience du régime par l’opposition et les conditions de réussite d’une révolution colorée qui n’étaient pas réunies en Syrie pour lui épargner la guerre civile avec intervention d’acteurs extérieurs (proxy-war) :
    Plus la crise s’approfondit et se militarise, moins l’opposition est syrienne – ou plus elle est dépendante de l’étranger. L’erreur de l’opposition est d’avoir immédiatement refusé tout dialogue, alors qu’elle n’avait pas, par elle même, les moyens politiques ou militaires d’un tel maximalisme. Les opposants sont désormais otages d’intérêts étrangers au risque d’apparaître aux yeux d’une grande partie des Syriens comme des traîtres à la souveraineté nationale. [...]
    Comme vous je ne crois PLUS à une intervention étrangère DIRECTE, du moins à court terme. Mais il faut bien admettre que l’intervention étrangère INDIRECTE a déjà lieu et qu’elle est très inquiétante. L’opposition militaire et diplomatique des Russes, la difficulté à calculer les effets régionaux d’une telle intervention (l’équation est trop complexe) et ses bénéfices éventuels pour les intérêts des acteurs (notamment USA-OTAN), et d’autres facteurs, empêchent probablement pour un temps cette intervention. Mais à moyen terme (d’ici un an, si la crise se poursuit), qui sait ?
    De fait vous ne croyez pas une intervention mais la plus grande partie de l’opposition appelle de manière irresponsable à cette intervention (Leçon libyenne : No-Fly zone = Intervention secrète des forces spéciales et de mercenaires au sol et bombardements aériens intensifs, y compris de villes entières comme Syrte). Elle en appelle à cette intervention, je vous le répète, du fait de cette position maximaliste : elle n’a pas les moyens par elle-même de renverser le régime, ni militairement, ni politiquement. C’est donc désormais sa seule solution pour ne pas perdre la face et en rabattre sur ses prétentions.
    Bachar jouissait d’une indéniable popularité en Syrie (et dans le monde arabe en général : selon un sondage Zogby de 2010 il était la 5ème personnalité préférée des Arabes derrière Erdogan, Chavez, Ahmadinejad, Nasrallah. Le régime était lui par contre plutôt critiqué, me semble-t-il.
    Qu’en était-il vraiment avant la crise de cette différence entre Bachar et le reste du régime, cette différence reposait-elle sur une réalité ? Je ne sais. Mais de fait beaucoup de Syriens y croyaient encore. Au lieu de contester le régime, et de donner à Bachar une dernière chance de se dégager de certains cercles, la position maximaliste des opposants et leur militarisation a serré les rangs du régime, réduisant peut-être dans le même temps sa marge de manœuvre. Les opposants se sont laissés abuser par l’exemple égyptien et tunisien. Moubarak et Ben Ali ont été débarqués parce que les USA les ont lâché et qu’ils ont poussé les militaires à les lâcher également. Et les USA les ont lâché parce qu’ils avaient des possibilités de rechange au sein de ces mêmes états-majors militaires pour s’assurer qu’un certain nombre de choses resteraient en ordre. Si l’Occident et le bloc des pétromonarchies peuvent laisser voguer la Tunisie vers une forme viable de régime représentatif (avec de plus la garantie de l’influence qatari via En-Nahda), parce que sa position géostratégique est secondaire, on voit d’ailleurs bien que ce n’est pas le cas de l’Egypte, où toutes les manipulations seront tentées par l’Otan et le CCG pour éviter que les futurs gouvernants égyptiens ne rompent le traité de paix avec Israël et ne se rapprochent trop de Téhéran. Y compris s’il faut entraver la transition vers un régime représentatif stable.
    Or en Syrie, les USA ne peuvent pas lâcher Bachar parce qu’ils ne le tiennent pas et qu’ils n’ont pas d’hommes à eux au sein du régime pour le pousser dehors. Cette erreur d’appréciation de l’opposition est MAJEURE, et c’est elle qui l’a fait otage de l’étranger. Par ailleurs, Moubarak et ben Ali étaient indéniablement plus détestés que Bachar en Syrie, et cette différence dans le rapport de force politique interne fait aussi une grande différence. Ne pas tenir compte de cette différence c’est aussi avoir pris le risque que le conflit ne finisse en guerre civile s’ils ne ralliaient pas rapidement de larges secteurs de la « majorité silencieuse ». Or ils n’y sont pas manifestement pas arrivés, notamment à Damas et Alep (mais peut-être en partie à Homs et Hama).
    J’ajouterai qu’en avalisant des sanctions économiques (notamment de l’Europe et de la Ligue arabe) qui ne ciblent pas seulement des personnalités du régime, mais l’Etat et l’économie syrienne dans son ensemble, l’opposition ne sait pas distinguer entre le régime et l’Etat. En voulant désolidariser les bourgeoisies sunnites du régime, par le moyen de la guerre économique, elles prennent le risque d’une chute de l’Etat dans son ensemble si le conflit perdurait trop longtemps. Or le cocktail de confessionnalisme, d’intervention étrangères et d’intérêts concurrents dans un pays qui est un pivot géopolitique, couplés à celui d’une chute de l’Etat (et pas seulement du régime), on connaît dans la région : c’est le Liban, et plus encore l’Irak. Quel syrien peut en conscience souhaiter cela ?

    Conclusion prospectiviste :
    QUELS SONT LES SCENARIS ENVISAGEABLES ?
    1° – Le conflit trouve une issue militaire à court terme (peut-être avec quelques concessions éventuelles du régime à certains soutiens étrangers à l’opposition). Et là, sauf surprise, c’est le régime qui gagne. Aucune garantie de réforme hors la bonne volonté de Bachar, s’il n’a pas perdu complètement la main et s’il le souhaite vraiment.
    2° – Chacun revient à la raison et la voie d’une médiation est choisie (voir 3b).
    3° – Le conflit ne trouve pas d’issue militaire à court terme. Et les choses se passent à moyen terme.
    a)Les armes et les mercenaires de l’étranger, couplés avec une opposition grandissante et généralisée et la chute de l’économie syrienne par les sanctions arabo-occidentales produisent une désolidarisation des élites sunnites, de la classe moyenne urbaine et de larges secteurs de l’armée. Intervention étrangère directe, ou pas, la guerre fait rage. Dans le cas où l’opposition et leurs soutiens extérieurs ne l’emporterait pas rapidement, le risque d’une guerre civile (avec des possibilités d’extension régionales voire internationales réelles) et d’une chute complète de l’Etat est majeur. Risque également d’une aggravation de la fracture confessionnelle du Moyen-Orient (bénéficiant à Israël) et de mise sous tutelle de l’ensemble du Monde arabe par le CCG.
    b)Devant l’impasse politique à l’intérieur, et les risques de dégradation au niveau régional et international, un certain nombre d’acteurs de l’opposition et du régime, et de leurs soutiens respectifs, optent pour une médiation. Il faut alors choisir soit des pays neutres et démocratiques (Brésil et Inde, par exemple), soit, à la limite, des concurrents directs conviés ensemble à cette médiation : Russie/USA, voire Doha-Ryadh/Téhéran. Je considère cette possibilité comme assez peu probable.

    • Sur le caractère dit pacifique des manifestations et les premiers combats :
      Je connais un peu mieux, pour des raisons personnelles, Tall Kalakh, et je crois avoir raison en disant que de nombreux signes – ville de contrebande à la frontière libanaise, démantèlement de plusieurs réseaux de livraison d’armes à la Syrie par les services libanais, le fait que j’ai connaissance de COMBATS à l’arme à feu entre l’armée encerclant la ville et des « opposants armés », … – attestent que dans cette ville, et donc très tôt (en mai) une partie des opposants étaient dès le début armés de l’extérieur. Les armes n’ont pas pu arriver au moment où l’armée encerclait la ville, elles sont donc arrivées AVANT . Puis, au moment du siège, le seul journaliste à se trouver à proximité était Robert Fisk (de l’autre côté de la frontière) et il relayait les témoignages de gens qui quittaient les villes, probablement majoritairement des familles d’insurgés, ce qui évidemment biaisait le compte-rendu. Les autres journalistes se contentant de se conformer au récit biaisé des opposants « électroniques » décrivant des opposants désarmés et majoritaires écrasés par les forces de sécurité. Depuis Fisk s’est rendu en Syrie et son analyse à lui s’est considérablement modifiée : il pointe désormais aussi le doigt vers des gangs armés soutenus de l’extérieur.

      Sur le fait que les minorités soutiendraient le régime malgré les slogans de l’opposition sur le peuple uni et deux trois personnalités de l’opposition extérieure venant de ces minorités :
      Vous faîtes du wishful thinking. Tout indique que les minorités soutiennent le régime car elles sont terrifiées. Et ce n’est pas telle ou telle personnalité chrétienne ou alaouite, qui se prononce en faveur de l’opposition, qui fait le nombre… Croyez-vous que les chrétiens n’ont pas vu l’Irak ? Que les alaouites ne se rappellent pas du passé, et ne savent pas ce qu’un Ibn taymiah (qui est une des références majeures de certains islamistes) voulait leur réserver comme sort ? Croyez-vous qu’ils n’ont pas vu les heurts confessionnels meurtriers à Tripoli entre partisans d’Hariri (ou du Hizb ut-tahrir, ce qui est idem) et alaouites ? Et à Tripoli, qui peut croire que ce sont les manipulations des shabihhas qui ont enclenché la mécanique de l’affrontement confessionnel ?

      Sur l’ASL comme couverture des services secrets, notamment turcs :
      L’ASL, comme « armée des frontières », est manifestement une couverture des services secrets turcs (entre autres). Le fait que selon diverses sources il faille, pour interviewer son chef Riyad al-Assad, d’abord passer par un contact dans les services turcs, l’indique assez clairement. Vous imaginez-vous de Gaulle acceptant un tel diktat des Anglais ? D’ailleurs pour d’autres opposants armés, à l’intérieur, l’ASL n’est peut-être qu’une bannière sous laquelle il est commode de se ranger, mais il est loin d’être sûr qu’il existe un lien idéologique et opérationnel fort entre elles.

      sur les jihadistes, parrainés par le Qatar, que personne ou presque ne voyait en décembre 2011 et qui allaient accroître considérablement le niveau de violence :
      En tout cas, s’imaginer que ces jihadistes-salafistes libyens (car il ne s’agit pas de vertueux « démocrates » mais essentiellement d’hommes de Belhaj, soutenus par le Qatar) seront sous direction patriotique syrienne est un doux rêve. Si c’est gens là mettent un pied en Syrie, ils vont y déclencher l’enfer. Un enfer à côté duquel la violence actuelle n’est rien.

    • Merci de ce rappel « historique ». Perso, je n’arrive toujours pas à comprendre l’incroyable décalage entre les analyses faites par certains (mais complètement isolés tout de même) à cette époque et tant la politique extérieure de la France sur cette question que l’aveuglement de la communauté des prétendus analystes spécialistes. Dans le premier cas, on s’étonne que le Quai, où tout le monde n’est pas stupide, n’ait pas davantage entendu d’appels à la prudence, pour s’en tenir à cela. Dans le second, on reste confondu par l’incompétence, l’opportunisme aussi, la naïveté si je veux être gentil, de la plupart desdits spécialistes. Quant aux Syriens, je les laisse régler cela entre eux mais, là encore, on n’entend assez peu de remises en question de la part des « responsables » (au mieux, le discours qu’on entend est celui du « la politique, ça me dégoûte »...)

    • Oui j’ai copié ça sur le forum de ce site.
      J’ai délibérément omis le lien pour que la conversation n’aille pas sur la question de ce site très pro-régime, organisé par des gens en France politiquement très discutables.
      Je voulais juste montrer qu’une vision un peu plus claire des évènements et de leur cours probable était possible à cette époque. Et insister sur le fait que l’argument de ceux qui nous disent maintenant que tout le monde s’est trompé pour expliquer leurs étranges « erreurs », qui allaient toutes dans le même sens, est absolument irrecevable.
      Comme le dit @gonzo : d’autres analyses ont dû être faites allant grosso modo dans ce sens, et à des endroits plus appropriés. Alors pourquoi ce fiasco du quai d’Orsay et de l’écrasante majorité des « spécialistes » comme des médias français tous supports confondus ?
      #les_chemins_de_Damas (commenté ici par @nidal) nous ont donné quelques éléments de réponse à ces questions (pour le quai d’Orsay et certains universitaires) mais c’est encore insuffisant. Elles restent donc d’actualité.

      PS : @loutre, ce n’est pas impossible, mais pas complètement certain non plus ;)

  • Dans le Loiret, le djihad pour tuer l’ennui

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/03/17/a-orleans-le-djihad-pour-tuer-l-ennui_4884442_1653578.html

    C’est un bout de la guerre en Syrie qui a fait irruption dans les bois verts du Loiret. Tout a débuté par l’interception d’une ligne téléphonique turque bizarrement en lien avec une adresse en plein centre-ville d’Orléans.

    «  Allô, Salam. (…) Tu penses venir quand  ?

    – (…) Euh (…), j’ai ma voiture à vendre en fait avant (…), mais inch’Allah il y a des frères qui vont arriver…  »

    On est alors le 14 février 2014, jour de la Saint-Valentin, a priori sans histoires, sur les bords de Loire.

    Cet hiver-là se trame en réalité un voyage d’un genre particulier. Le propriétaire de la ligne turque se trouve dans les rangs djihadistes en Syrie. L’homme au bout du fil, à Orléans, est à deux doigts de tenter l’aventure pour le rejoindre. Derrière lui, une douzaine de jeunes de la ville, âgés de 20 à 27 ans, s’apprêtent à lui emboîter le pas… Un phénomène d’une ampleur inédite pour un département semi-rural comme le Loiret.

    La région a, comme d’autres, depuis longtemps, son petit vivier d’individus signalés. Le 15 mars, un homme de 47 ans, bien connu des services antiterroristes, a été interpellé, avec son fils et son épouse, à Montargis, dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Charlie Hebdo et de l’HyperCacher en janvier 2015. Il est toujours en garde à vue. Mais l’enquête sur la «  filière  » d’Orléans, que Le Monde a pu consulter, témoigne d’une évolution plus souterraine. Et illustre la banalisation progressive des affaires de «  filières  » djihadistes sur l’ensemble du territoire. ( ... )

    Deux jeunes Orléanais ont d’ailleurs été visiblement aiguillés jusqu’en Syrie par un Lunellois, preuve que les réseaux djihadistes finissent par s’entremêler. Mais, à Orléans, pas de rôle particulièrement saillant d’un « recruteur » comme cela se voit dans certains dossiers. A peine les enquêteurs ont-ils trouvé la trace de quelques vidéos de propagande regardées sur Internet.

    Que s’est-il passé alors ? Est-ce la hantise de la « dunya » ? Ce terme, qui veut dire littéralement « inférieur » en arabe, désigne par extension dans le Coran « la vie d’ici-bas ». Dans les innombrables conversations téléphoniques de la bande d’Orléans qu’ont interceptées les policiers, le terme apparaît en filigrane. La « dunya » ou le symbole de la vie à fuir à tout prix. La « dunya » ou l’incarnation, à les entendre, de l’ennui absolu. Le djihad plutôt que la « dunya » ?

    L’histoire d’Orléans, c’est en tout cas la rencontre improbable entre la guerre en Syrie et la vie bien rangée. Un choc inattendu qui est l’un des fils conducteurs des discussions qu’ont entretenues par téléphone, pendant des mois, un jeune couple d’Orléanais avec leurs camarades partis au front. Jusqu’à son interpellation en novembre 2014, Yanis, 29 ans, formait avec sa compagne Inès (les prénoms ont été modifiés), 25 ans, un couple discret. Un tandem uni autour de leur fille de 2 ans et leur petite résidence proprette située à deux pas de la ligne du tramway.

    Conversations métaphoriques

    « T’es parti où en match là ? », s’enquiert Yanis, par exemple, ce jour de septembre, comme on viendrait aux nouvelles d’un vieil oncle. Inquiet d’être sur écoutes, il utilise le vocabulaire du football en espérant duper les oreilles indiscrètes. Les matchs, ce sont les combats.
    « (...) A la frontière de l’autre pays, juste à côté », décrit son correspondant en Syrie, volontairement allusif.
    – Ah d’accord... et c’était comment ? – (...) Je vois le drapeau d’ici... »

    Yanis est aujourd’hui soupçonné d’avoir largement outrepassé ces conversations métaphoriques en rendant divers services compromettants à ses amis. Par exemple, conduire à toute berzingue jusqu’à Vienne, en Autriche, pour ramener l’un d’entre eux voulant échapper aux contrôles. Partir en Turquie avec la grand-mère d’Inès dont la justice se demande si elle n’a pas servi d’alibi pour faire passer puces téléphoniques et pâtisseries orientales. Plus gênant – bien qu’il s’en défende : livrer armes et véhicules, comme certains de ses camarades sont allés jusqu’à le lui demander.

    Djihadistes anonymes

    Lors de ses conversations de canapé, la violence de la guerre débarque parfois sans prévenir.
    « J’te dis que j’suis dans une tranchée, comme dans la seconde guerre mondiale !, hurle dans le combiné ce jour-là l’interlocuteur de Yanis depuis la Syrie.
    – Hé hé hé, trop bête ! hé hé hé... T’es un barbu ? Tu fais partie des barbus ?, titille Yanis, désarçonnant de décontraction.
    – De quoi ? », tente de comprendre le combattant au front, qui n’a manifestement pas la tête à un jeu de mots avec les « poilus » de la première guerre mondiale.

    Certains observateurs voient dans l’affaire d’Orléans une sorte d’effet « capillarité ». La faute à cette petite heure de train Intercités qui suffit à rallier la banlieue parisienne à l’ancien fief capétien. Les services de renseignement ont constaté, désemparés, les diverses visites de courtoisie de jeunes salafistes franciliens à leurs « frères » de province. Plusieurs tentatives de déstabilisation de mosquées ont failli aboutir. Le département compte même désormais sa poignée de djihadistes anonymes, tués dans cette guerre lointaine pour le « califat ».

    « Les kouffars, ce n’est pas grave »

    Les profils du groupe d’Orléans sont aussi singuliers que leur origine géographique. Des hommes relativement diplômés et sans casier judiciaire, reflets des mille et uns visages de la radicalisation. Dans la valise de l’un d’entre eux, Hakim, ex-étudiant en licence de mathématiques, les enquêteurs ont retrouvé gribouillée sur un calepin, l’architecture sophistiquée de toute une logistique pour améliorer les rotations des combattants, mal fichues à son goût. « C’était le bazar (...), donc j’ai proposé à l’émir cette organisation. (...) Il était super-content que la proposition vienne de nous », leur a-t-il expliqué.

    En Syrie, la bande d’Orléans s’était affublée des traditionnels surnoms musulmans : Abou Youssouf, Abou Khalid, Abou Bilel, Abou Aymen... Mais dans leur appartement de centre-ville ou à la fenêtre de leur HLM sans histoire, ils répondaient aux prénoms de Rémi, Moussa, Sadio, Romuald, Clément-Victor, Jean-Marc, ou Alexandre. Les clichés les auraient volontiers imaginés abîmés par le chômage, caïds infatigables. Mais ils étaient vendeur, veilleur de nuit, employé à la Sécurité sociale.

    Leurs amitiés ne se sont pas forgées dans les quartiers ghettoïsés d’Orléans. Plutôt au collège, au lycée, ou autour de la sociabilité discrète d’une salle de prière située à moins de 800 mètres de la grande cathédrale Sainte-Croix, la mosquée des Carmes. Comme si sept cents ans après, Jeanne d’Arc et autant d’années de commémoration de son héroïsme guerrier avaient transmis le goût de l’engagement combattant à leur génération.

    Les conversations d’Inès, la compagne de Yanis, montrent son désarroi face au décalage entre la guerre romantique qu’elle semble s’être imaginée, et les informations télévisées qu’elle suit assidûment :
    « A la télé, tu vois, ils montrent les décapitations qu’ils font (...), ils montrent genre le peuple irakien, les Kurdes, etc. en train de fuir (...), des esclaves, des machins et tout..., s’épanche-t-elle un jour auprès de l’un des membres de la bande en Syrie.

    – Oui mais les kouffars [infidèles], ce n’est pas grave, c’est bien tu vois. Le problème c’est que eux, ils font ça avec les musulmans, lui répond le djihadiste.
    – Aux infos ils ont dit que Barack Obama allait taper la Syrie aussi !, s’alarme-t-elle une autre fois. – Dis-lui qu’on l’attend, tête de mort ! », lui répond en rigolant son jeune interlocuteur.

    « Ça a tapé proche »

    Avec le bouche-à-oreille, toute la bande d’Orléans s’est en tout cas retrouvée, entre 2012 et 2015, à différentes dates de séjour, à veiller ensemble en Syrie. Dans le même groupuscule proche d’Al- Qaida au nom prophétique : l’Armée de Mohammed. A ses heures de gloire, le groupe a compté jusqu’à 400 combattants. Leur chef était un vieil Egyptien au nom d’Abou Obeida. Leur ennemi : Bachar Al-Assad. Leur étendard : la profession de foi de l’islam inscrite en lettres blanches sur un grand carré de toile noire, avec pour particularité, un grand sabre en travers.

    D’après une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), l’Armée de Mohamed a participé à des combats particulièrement durs sur le terrain : notamment lors d’une offensive menée conjointement avec l’organisation Etat islamique dans le nord d’Alep en juillet 2013 ou dans la région d’Homs quelques mois plus tard.

    « Ça a tapé proche (...), on va dire à 500 mètres derrière tu vois !, détaille ainsi un jour au téléphone l’un des Orléanais en Syrie, en ligne avec Yanis.
    – Putain une grosse ? (...) Ça a fait des dégâts ?, interroge le jeune père de famille tout en prenant sa fille dans ses bras.

    – Ça a détruit des trucs dans les environs (...). Le machin, il est au-dessus de nous tu vois. (...) Je vois les flammes (...), il s’approche et après on entend un bruit de plus en plus comme s’il tombait sur nous. »

    Des fusils dissimulés dans des jardinières

    Un seul Orléanais, âgé de 20 ans, ancien étudiant en horticulture, converti à 15 ans, a fini par admettre, devant les enquêteurs, avoir pris part à ces combats. Un témoignage rare alors que la plupart des mis en cause préfèrent jurer qu’ils n’ont fait que des « ribats » (« tours de garde »). « Je me suis rendu dans le sous-sol d’une usine. (...) Il y avait tellement de volontaires qu’il y a eu un tirage au sort, a-t-il détaillé. J’ai été tiré au sort. La nuit tombée, l’opération a été lancée. J’étais équipé de ma kalachnikov. (...) Quand on a vu que les premiers se faisaient tuer, on a battu en retraite. (...) J’ai ressenti beaucoup d’adrénaline, de la peur. »

    Le jeune homme a finalement été interpellé chez lui, début novembre 2015, alors qu’il était rentré en France depuis un an après un simple « débriefing » avec la DGSI. Il avait entamé une reconversion dans la plomberie. « Appartement très bien rangé et bien meublé », ont noté les policiers, comme surpris en découvrant le petit F3 où il logeait avec sa mère. Un logement situé à deux pas d’une promenade agréable sur les berges de la Loire, pas très loin d’une placette de village et ses vieilles pierres.

    Est-ce l’âpreté de la vie en Syrie qui l’a, comme les autres, officiellement incité à revenir ? Ou bien des projets cachés plus macabres ? « Si tu dois rentrer, tu sais ce que tu as à faire pour avoir les récompenses, tu vois ? », explique un jour au téléphone, dans une conversation sujette à diverses interprétations, le mari d’Inès, à Moussa, 22 ans, las des combats et de son célibat.

    En apparence, les profils des neuf Orléanais mis en examen ne sont pas les plus inquiétants. Mais à l’automne 2015, les enquêteurs ont mené une perquisition chez l’un d’eux où ils ont découvert fusils, talkies-walkies et caméscope. Tout un attirail dont la finalité n’a jamais vraiment été élucidée et qu’il avait pris soin de dissimuler, sous la terre, au fond de ses jardinières.

  • Syrie : un drone filme la ville de Homs dévastée - Le Point
    http://www.lepoint.fr/monde/syrie-un-drone-filme-la-ville-de-homs-devastee-03-02-2016-2015168_24.php

    Il ne reste rien, ou presque. Homs, troisième ville de Syrie (centre ouest), n’est plus qu’un champ de ruines. Un spectacle d’apocalypse, rythmé par des routes désertes et des immeubles détruits, abandonnés, éventrés. Ces images ont été enregistrées en ce début d’année par un drone télécommandé, puis mises en ligne sur Youtube par un journaliste russe, Alexander Pushin

    https://www.youtube.com/watch?v=MAG4HrAmdEg

    #Syrie #drone #Homs #réfugiés #migrants #guerre

  • Syrie : « Pourquoi les Américains n’ont-ils rien fait ? »

    http://www.lemonde.fr/international/article/2016/03/15/syrie-pourquoi-les-americains-n-ont-ils-rien-fait_4882787_3210.html

    C’est l’histoire d’un hold-up tragique, aux répercussions mondiales, et de quelques hommes de bonne volonté qui ont tenté de l’empêcher. Cinq ans après le premier défilé anti-Assad, dans les souks de Damas, le 15 mars 2011, la révolution syrienne est prise en tenailles par les forces prorégime, d’une part, et les djihadistes du Front Al-Nosra et de l’organisation Etat islamique (EI), de l’autre.

    Ces deux formations issues d’Al-Qaida, initialement absentes de la révolution, ont réussi une percée foudroyante, au détriment des combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), les pionniers de l’insurrection. La bannière noire des djihadistes flotte désormais sur la plus grande partie du nord du pays, une région libérée à l’hiver 2012-2013, et dont les opposants rêvaient de faire le laboratoire d’une nouvelle Syrie.

    Les principales causes de ce détournement, qui a ébranlé tout le monde arabe et dont l’onde de choc est ressentie jusque dans les capitales européennes, sont bien connues : la brutalité sans limite du régime syrien, qui a semé le chaos propice à l’implantation des extrémistes ; le jeu trouble des bailleurs de fonds du Golfe, qui ont contribué à la confessionalisation du soulèvement ; et le morcellement de l’opposition, qui a multiplié les erreurs.

    A ces trois facteurs, il faut en rajouter un quatrième : le dédain des Etats-Unis pour les opposants syriens, dont les signaux d’alerte ont été régulièrement ignorés. Le Monde a mené l’enquête, recueillant la confession exclusive d’un homme, le maître-espion de l’Armée syrienne libre (ASL), « M. » rencontré à trois reprises.

    Pendant près de deux ans, il a transmis à la CIA des
    rapports très fouillés, nourris par son réseau d’informateurs. Une mine de données, truffées de cartes, de photographies, de coordonnées GPS et de numéros de téléphone.

    « Du moment où Daech [l’acronyme arabe de l’EI] comptait 20 membres à celui où il en a compté 20 000, nous avons tout montré aux Américains, explique cette source. Quand on leur demandait ce qu’ils faisaient de ces informations, ils répondaient de façon évasive, en disant ce que c’était entre les mains des décideurs. »

    Le Monde a pu prendre connaissance de plusieurs de ces pièces et en récupérer quelques-unes, notamment la localisation des bureaux et des check points des djihadistes à Rakka, leur quartier général en Syrie. Par la même filière, Le Monde a eu accès à un plan secret, élaboré à l’été 2014, en concertation avec Washington, qui devait permettre d’expulser l’EI de la province d’Alep. Repoussée à plusieurs reprises par les Américains, l’attaque a finalement été torpillée fin 2014, par un assaut surprise du front Al-Nosra, sur la brigade de l’ASL qui devait la mener.

    Des entretiens avec deux autres hommes de l’ombre ont permis d’authentifier ces documents, ainsi que de recouper et d’enrichir le récit initial. Mis bout à bout, ces éléments dessinent les contours d’une formidable occasion manquée. Si elle avait été saisie, il est probable que la communauté internationale se serait retrouvée dans une situation beaucoup plus confortable qu’elle ne l’est, aujourd’hui, face à l’EI.

    « Nous sous-estimons la richesse que les Syriens peuvent apporter en termes de renseignements sur l’EI », affirme Charles Lister, un spécialiste des mouvements djihadistes syriens, qui a été confronté à de multiples reprises aux récriminations d’opposants, dont les informations avaient été ignorées par les Etats-Unis.

    « A la fin de l’année 2013, nous avons raté deux coches, renchérit un diplomate occidental. Le premier, c’est l’attaque chimique contre la banlieue de Damas [le 21 août 2013], qui est restée sans réponse, ce qui a remis en selle le régime. Le second, c’est le renforcement de l’acteur qui aurait lutté contre Daech, et l’ASL était la mieux placée pour assumer ce rôle. »

    Appelons notre source « M. ». Pour des raisons de sécurité, son identité ne peut être révélée, de même que celle de tous les autres Syriens cités dans cet article. Dans la Syrie d’aujourd’hui, il ne fait pas bon espionner l’EI. Ces derniers mois, plusieurs militants révolutionnaires exilés en Turquie ont payé de leur vie leur engagement antidjihadiste.
    La carrière de « M. » dans le renseignement débute en avril 2013, lorsqu’il intègre le Conseil militaire suprême (SMC). Formé quatre mois plus tôt, cet organe ambitionne de coordonner les opérations des brigades labellisées ASL, et de centraliser l’aide financière qui afflue alors dans le plus grand désordre.

    « M. » contribue d’abord à la mission d’enquête des Nations unies sur
    l’usage d’armes chimiques en Syrie. Puis, il participe à des médiations destinées à obtenir la libération d’étrangers, capturés par des groupes djihadistes. Mais très vite son attention se porte sur l’EI, qu’il a observé à Saraqeb, une ville de la province d’idliv.

    « Son responsable sur place s’appelait Abou Baraa Al-Jazairi, c’était un Belgo-Algérien, raconte M. Il jouait à l’idiot, il fumait du haschisch en permanence. Il parlait de créer un califat, qui s’étendrait comme un cancer, et tout le monde pensait qu’il rigolait. Mais son parcours m’intriguait. Il avait combattu en Irak et en Afghanistan, il parlait le russe, le français et l’anglais, avec un background d’ingénieur. Tout sauf un amateur. Quand ses hommes ont ouvert un tribunal et ont commencé à y juger des gens, on a réalisé que les bêtises d’Abou Baraa étaient sérieuses. »

    En accord avec ses chefs, « M. » décide de monter des dossiers sur ces intrus. L’EI s’appelle alors l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Ses combattants, non Syriens en majorité, se distinguent par leur empressement à imposer leur loi sur le territoire où ils se déploient, contrairement à leurs rivaux d’Al-Nosra, mieux intégrés à l’insurrection, qui se concentrent sur le renversement du régime. Ils arrivent par centaines chaque mois à la frontière syro-turque, dont la traversée est alors un enfantillage.

    « Ces étrangers venaient voler notre pays, nos droits et notre terre », s’indigne « M. » qui les identifie comme un danger mortel pour la révolution. « Si vous n’arrêtez pas ce flot de terroristes, dans trois mois, même les Syriennes porteront la barbe », s’alarme son chef, à peine ironique, lors d’une rencontre en Turquie avec Robert Ford, l’ambassadeur américain auprès de l’opposition syrienne.

    Infiltré au sein de l’EI

    « M. » est envoyé se former à l’étranger. A son retour, il recrute une trentaine d’hommes de confiance, disséminés dans les villes qui sont en train de tomber sous la coupe de l’EIIL. Jarablus, Al-Bab, Tell Abyad, Manbij, Rakka. Pour financer son réseau, l’espion en chef demande
    30 000 dollars (27 000 euros) par mois aux Etats-Unis. Il en reçoit 10 000. Les rencontres avec ses officiers traitants se tiennent dans les palaces de la Turquie centrale, à Adana, Gaziantep, Ankara.

    L’un des agents les plus précieux du SMC est une taupe infiltrée dans le bureau des affaires financières de l’EIIL, situé à Manbij, non loin de la frontière turque. Un rapport rédigé sur la base de ses « infos », que Le Monde s’est procuré, fait état de transfert d’argent de Radwan Habib, un parlementaire syrien, membre du Ba’as, le parti au pouvoir, vers son frère Ali, émir de l’EI à Maskaneh, une petite ville sur l’Euphrate. Dix versements sont recensés entre novembre 2013 et avril 2014, dont l’un d’une valeur de 14 millions de livres syriennes (environ 67 000 euros).
    « Initialement, il s’agissait pour Radwan Habib de soutenir son frère, un simple chef rebelle, face à une tribu rivale, détaille « M ». Mais quand Ali est passé chez Daech, l’argent a continué à affluer. »

    Les mouchards de l’ASL ne font pas qu’écouter aux portes. Ils font aussi de la reconnaissance de terrain, parfois très risquée. Au Monde, « M. » a montré la photographie, prise au téléobjectif, d’un camp d’entraînement, dans le nord de la province de Lattaquié, fréquenté par des djihadistes étrangers. « Je l’ai évidemment transmise à mes contacts occidentaux, avec les coordonnées GPS, mais je n’ai eu aucun retour, maugrée « M. ». Des agents à moi ont aussi réussi à se procurer des numéros de téléphone de responsables de Daech, des numéros de série d’appareils satellites et même des adresses IP. Mais là encore, zéro retour. »

    A l’époque, au tournant de l’année 2013-2014, les Etats-Unis sont encore loin d’être entrés en guerre contre l’EI. Ils observent en retrait les groupes armés qui poussent alors comme des champignons, tentant de déceler ceux qui menacent leurs intérêts et ceux avec lesquels ils pourraient travailler.
    « Obama et son équipe ont toujours été très réticents à utiliser la force militaire en Syrie et à équiper les rebelles, rappelle Robert Ford, qui a pris sa retraite de diplomate en février 2014, et officie aujourd’hui comme chercheur au Middle East Institute. Leur inquiétude était double : d’une part que les armes fournies soient utilisées contre le régime Assad, ce qui aurait été une grave violation du droit international [les Etats-Unis considérant toujours que, même si leur ambassade à Damas a fermé, le régime Assad

    reste dépositaire de la légalité syrienne]. D’autre part, que ces armes puissent atterrir dans les mains de groupes comme Nosra. »
    A cet égard, la capture des bureaux et des entrepôts de l’ASL, en décembre 2013, dans le village d’Atmeh, sur la frontière turque, marque un tournant. En quelques heures, des groupes islamistes armés s’emparent des lieux et de l’arsenal qui s’y trouve. C’est le coup de grâce pour le SMC, déjà court-circuité par de nombreux bailleurs de la rébellion. Le Qatar et la Turquie par exemple disposent de leur propre filière et de leurs propres clients, hors ASL. Des armes arrivent même de Libye par bateaux, affrétés par un imam de Stockholm, Haytham Rahmé, membre des Frères musulmans.

    Halte à la foire, disent les Etats-Unis. Désormais tout devra passer par le « MOM » [un acronyme du turc qui signifie centre d’opérations militaires], une structure de coordination, hébergée dans les bases militaires du sud de la Turquie, où siègent les principaux parrains des rebelles (Arabie saoudite, Qatar, Turquie, France et Royaume-Uni), sous la baguette de la CIA. Pour faire avaler la pilule aux rebelles, les Etats-Unis leur promettent des armes antichars : les missiles TOW. Ils seront fournis par l’Arabie saoudite et la formation des artilleurs sera faite au Qatar, par des experts américains. Un coup à trois bandes.
    La première brigade de l’ASL à recevoir ces engins, au mois de mars 2014, s’appelle Harakat Hazm. Elle a été fondée au début de l’année par des anciens du bataillon Farouk, les défenseurs de la vieille ville de Homs. Avec les TOW – dont les premières vidéos font sensation sur Internet –, 4 000 hommes répartis entre les provinces d’Idlib, d’Alep et de Hama et un budget mensuel de quelques centaines de milliers de dollars, réglé par l’Oncle Sam, Hazm voit loin : elle aspire à devenir le principal pôle rebelle du nord.

    « Ce n’était pas la priorité de Washington »

    C’est là que se recycle « M. » après le fiasco du SMC. Pendant tout l’été 2014, alors que les hordes de l’Etat islamique proclamé par Abou Bakr Al-Baghdadi déferlent sur Mossoul, en Irak, il travaille à un plan secret, susceptible de bouleverser l’équilibre des forces dans le nord de la Syrie. Il s’agit d’attaquer les positions de l’EIIL du nord au sud de l’axe Azaz-Alep, ce qui compléterait l’offensive du mois de janvier 2014, qui avait déjà permis d’expulser les djihadistes d’Alep. Le Monde a vu les documents soumis aux Américains en préparation de cette offensive, à laquelle d’autres brigades de l’ASL devaient se joindre, comme Jaysh Al-Moudjahidin, basée à Alep.

    Tout était prévu, heure par heure, rue par rue : de l’itinéraire suivi par les assaillants, aux filières de ravitaillement en armes et en essence. Un travail de fourmi nourri par l’armée d’indics de « M ».
    « Dans chacun des villages tenus par Daech, on connaissait le nombre d’hommes armés, l’emplacement de leurs bureaux et de leur planque, on avait localisé les snipers et les mines, on savait où dormait l’émir local, la couleur de sa voiture, et même sa marque. D’un point de vue tactique comme stratégique, on était prêts. »

    Les Américains hésitent, demandent des précisions. Mais le temps presse. Dans la région d’Idlib, le Front Al-Nosra se fait menaçant. Au mois d’août, il s’empare de Harem, dans la région d’Idlib, en y délogeant les hommes du Front des révolutionnaires syriens (FRS), un groupe estampillé ASL et armé par le MOM, commandé par Jamal Maarouf, un ancien ouvrier du bâtiment reconverti en seigneur et profiteur de guerre.

    L’offensive d’Al-Nosra pose un dilemme à Hazm qui connaît la popularité du groupe sur le terrain, non seulement parmi les civils mais aussi dans les rangs des rebelles modérés. « Nous avons sondé nos contacts au Conseil de sécurité national, à Washington, se remémore un consultant syrien, embauché par Hazm. Nous leur avons parlé de combattre le Front Al-Nosra, avant qu’il ne devienne trop fort. Ils ont refusé, en expliquant que ce n’était pas leur priorité. »

    L’urgence, pour la Maison Blanche, est à Kobané. A la mi-septembre 2014, l’EI rentre dans cette bourgade kurde, adossée à la frontière turque. L’aviation américaine, déjà à l’œuvre en Irak, bombarde aussitôt ses colonnes de pick-up. Pendant tout l’automne, l’US Air Force offre aux combattants du YPG, le bras armé du mouvement autonomiste kurde, un soutien aérien massif, qui débouchera sur le retrait des djihadistes, fin janvier 2015. Les membres d’Hazm, qui comme la plupart des révolutionnaires syriens se méfient du YPG, coupables à leurs yeux de collusion avec le régime syrien, observent la bataille avec des sentiments mêlés.

    Car parallèlement, la planification de leur propre offensive contre l’EI s’est enlisée. Beaucoup de réunions dans les palaces turcs et toujours pas de feu vert. « Les Américains rechignaient à nous fournir des images satellites, déplore « M ». Ils disaient aussi que leurs avions ne pourraient pas nous aider une fois les combats avec l’EI commencés. Tout ce qu’ils nous proposaient, c’était de nous débarrasser d’un ou deux obstacles, avant le début de l’offensive. »

    Le Front Al-Nosra ne leur en donnera pas l’occasion. En novembre, il s’empare des QG du FRS et de Hazm dans la province d’Idlib. En quelques semaines, ses combattants balaient leurs rivaux, en qui ils voient une copie conforme des « Sahwa », ces milices sunnites que Washington avait mobilisées en Irak, de 2007 à 2010, pour défaire Al-Qaida. En réaction, Washington suspend son aide militaire et financière aux deux groupes rebelles syriens. Une réunion des chefs de l’ASL est organisée en urgence à Reyhanli, du côté turc de la frontière.
    Dans une atmosphère électrique et enfumée, le chef de Hazm, Hamza Al-Shamali, plaide pour une riposte musclée à Nosra et surtout un engagement à s’entraider, en cas de nouvelle attaque. « Tous les chefs de l’ASL ont dit d’accord en bombant le torse, se rappelle un conseiller de l’opposition syrienne, présent ce jour-là. Mais au bout de quelques minutes, j’en ai vu qui se mettaient déjà à douter. Quand, au mois de janvier, Nosra a attaqué le dernier QG de Hazm à l’ouest d’Alep, personne n’a bougé. La vérité, c’est que Nosra faisait peur à tout le monde. Et que les Américains n’ont pas encouragé leurs autres clients à réagir. »

    Lâchage ? Manipulation ? L’ex-ambassadeur américain Robert Ford, qui n’était plus alors en poste, répond sur un ton clinique. « Les membres de Nosra qui ont défait Hazm ne préparaient pas d’attaque contre des cibles américaines. Ils n’étaient pas une priorité. Et par ailleurs, les Etats-Unis ont toujours été nerveux sur la fiabilité des groupes armés du nord de la Syrie », dit-il en visant implicitement la formation de Jamal Maarouf, accusé de multiples exactions.

    Le fiasco du programme « Train and Equip »

    En Turquie, « M. » fulmine. A la suite d’une ultime rencontre, il coupe les ponts avec ses officiers traitants. « Si nous avions pu aller au bout de notre plan, nous serions considérés aujourd’hui comme les partenaires obligés dans la lutte contre le terrorisme, dit-il. Mais visiblement, quelqu’un ne voulait pas que nous accédions à cette position. »

    « Je ne crois pas aux théories du complot, corrige le consultant d’Hazm, associé de près à la filière CIA. Obama n’est pas interventionniste, c’est comme ça. Il estime que c’est aux Etats du Moyen- Orient de gérer leur chaos. Son seul souci, c’est de parler avec tout le monde. Quant à l’opposition, elle ne peut pas se plaindre. Elle a reçu plein d’armes. Mais elle a fait trop d’erreurs. »

    Sur le terrain, l’épisode de l’automne 2014 a des conséquences dramatiques. De peur de subir le même sort que Hazm et le FRS, les autres leaders de l’ASL se placent plus ou moins sous la tutelle du Front Al-Nosra. Plus possible pour les modérés de prendre des initiatives sans son aval. « Nosra s’est mis à prélever une partie de l’aide humanitaire et militaire qui arrive à l’ASL, accuse Jamal Maarouf, rencontré dans une banlieue du sud de la Turquie, où il vit aux crochets du gouvernement Erdogan. Mais il leur laisse les missiles TOW dont il a besoin pour détruire les tanks du régime. Il sait que s’il s’en empare, les Américains cesseront de les livrer. »

    A l’été 2015, le fiasco du programme « Train and Equip » (« Entraînement et équipement ») qui devait permettre de former des rebelles anti-EI, pousse les conséquences des errements américains dans ce conflit à leur paroxysme. A peine entrés en Syrie, les quelques dizaines d’hommes armés sélectionnés à la va-vite par le Pentagone, sont dépouillés de leurs armes par les combattants du Front Al-Nosra. Parce qu’il interdisait à ses recrues de combattre le régime, le Pentagone n’avait pas jugé bon d’offrir à ses « protégés » une couverture aérienne.

    Depuis la Turquie, « M. » ressasse son amertume. Il voit les Kurdes du YPG, avec lesquels les Etats-Unis collaborent de plus en plus, s’arroger le rôle dont il rêvait. Son ultime travail pour les Américains a consisté à monter un gros rapport sur Rakka, le sanctuaire de l’EI en Syrie. Un document qui comporte l’organigramme local de l’organisation djihadiste, de l’émir jusqu’aux responsables des check points, ainsi que des pages entières de coordonnées GPS. « C’était il y a un an et demi et Rakka est toujours la capitale de Daech », vitupère « M. ».

    Palmyre abandonnée

    Un autre Syrien partage sa colère. Un ancien officier des services de renseignements du régime Assad en rupture de ban, reconverti dans le business au Royaume-Uni, qui sert d’intermédiaire discret à l’ASL. Le Monde l’a rencontré en novembre, dans un hôtel de Gaziantep, pour parler à sa demande de Palmyre. Quelques mois plus tôt, en juin 2015, la célèbre cité antique avait été saisie par les troupes de l’EI, en un raid éclair qui avait stupéfait le monde entier. Une attaque dont les Américains avaient pourtant été prévenus, affirme-t-il.

    « J’étais à Iskanderun [un port turc, non loin de la Syrie]. Des gars à moi à Soukhné [une ville à une centaine de kilomètres à l’est de Palmyre] m’ont appelé pour me dire que des jeeps de l’EI fonçaient vers Palmyre. J’ai alerté la CIA et le Pentagone. La seule réponse que j’ai eue, c’est qu’ils avaient vu eux aussi le départ des convois, mais que leur pilote avait repéré des enfants dans une camionnette. Et les autres véhicules alors ? »

    Cette source n’a pas produit de documents étayant ses propos. Mais ils sonnent juste. « Dans l’opposition, tout le monde savait au moins dix jours à l’avance, que l’EI allait attaquer Palmyre, assure l’ex-consultant d’Hazm. C’est du terrain, plat, désertique, facile à bombarder. Pourquoi les Américains n’ont-ils rien fait ? Cela reste un mystère ». L’analyste Charles Lister n’a pas de réponse non plus. « L’opposition doute depuis longtemps des objectifs des Etats-Unis en Syrie, dit-il. Et il semble que la méfiance existe de l’autre côté aussi. Pourtant l’EI ne pourra jamais être vaincu sans l’aide des Syriens du terrain, autrement dit, l’opposition, majoritairement sunnite et arabe. »

    Dimanche 13 mars, une autre brigade de l’ASL, la Division 13, a été défaite par le Front Al-Nosra dans la ville de Maarat Al-Numan et les villages environnants. Après le FRS et Hazm, c’est un nouveau groupe modéré qui s’incline face aux djihadistes. La série noire continue. Il est minuit moins le quart en Syrie.

  • Capital et Califat. Une contre-histoire anticapitaliste de l’« islamisme » [émission radio avec Clément Homs]
    http://www.palim-psao.fr/2016/03/capital-et-califat-une-contre-histoire-anticapitaliste-de-l-islamisme-emi

    La nouvelle ère de référence à l’islam qui surgit au XXe siècle avec les « islamismes », ne peut en rien être comprise dans une continuité avec le passé des références au djihad ou avec le wahhabisme du XVIIIe siècle, et ne peut guère être expliquée à partir de la religion (et de sa critique). C’est le contexte-forme du capitalisme naissant dans ses périphéries coloniales puis postcoloniales, qui va constituer les présupposés logiques et concrets de la genèse historique des « islamismes », et ainsi constituer les islamismes entre "tradition inventée" et forme particulière d’anticapitalisme tronqué, comme des phénomènes hypermodernes purs produits de la formation sociale capitaliste.

    Les formes phénoménales des trois temporalités historiques des « islamismes » suivent les diverses peaux mortes abandonnées de la mue du serpent qu’incarne la dynamique du capitalisme, c’est-à-dire les différentes configurations historiques prises par celle-ci du XIXe au XXIe siècles. Chacune de ces temporalités constitue une forme de « l’islamisme » à chaque fois spécifique au contexte-forme historique pris par l’avancement, l’installation et la crise de la modernité capitaliste. ​

    L’émission aborde la question de la nature et du contenu des islamismes en montrant qu’il est nécessaire de réinscrire les trois temporalités historiques que connaîtront ceux-ci au cours du XXe siècle, dans la dynamique même du capitalisme, ses configurations historiques changeantes et l’implosion finale de la forme du sujet moderne.

    http://sortirducapitalisme.fr/media/com_podcastmanager/23-02-2016.mp3

    #islamisme #capitalisme #anti-capitalisme #islam #radio #audio #radio_libertaire #Clément_Homs #sortir_de_l'économie #sortir_du_capitalisme #Histoire #géopolitique #culturalisme

  • Syria Truce Comes With Price, but Not for Assad
    By DAVID E. SANGER FEB. 26, 2016
    http://www.nytimes.com/2016/02/27/world/middleeast/syria-truce-comes-with-price-but-not-for-assad.html

    Une #partition de la #Syrie oui, mais pas n’importe laquelle (ne dit pas l’article),

    Mr. Gordon noted that the cessation of hostilities agreement may “effectively start to develop into a de facto partition of the country, whereby different ethnic groups control the regions they are currently holding.” That is what worries the Israelis, who see a Syrian-Russian-Iranian axis developing on their border, a group that already has the support of the terrorist group Hezbollah.

    Over time, European and Israeli officials say, the cease-fire may give Mr. Assad lasting control of the string of major cities — Damascus to Homs to Aleppo — that are now increasingly in his control, thanks to Russian and Iranian support. And it begins to etch out other territory for the Sunni opposition groups backed by Washington and the Arab states, while giving a sliver in the north to the Kurds.

    John Kirby, Mr. Kerry’s spokesman, disputes the idea that the agreement would carve Syria along the existing battle lines. “You need to look at the text,” he said. “Every document includes explicit commitment to the sovereignty and territorial integrity of Syria, and you could argue that we’ve actually made a stronger commitment against partition than ever before, because all of the parties have signed on to that notion.”

    A senior administration official, who would not speak on the record about the internal White House deliberations, argued that the separate enclaves were temporary and would make it possible for negotiations on a political settlement to get started.

  • سوريا... 100% الإشغال الفندقي ! | الأخبار
    https://al-akhbar.com/node/252430

    87 منشأة سياحية جديدة أُنجزت خلال عام 2015، كذلك جرى تأهيل 213 منشأة سياحية. أما إيرادات فنادق الوزارة فقد زادت بنسبة 300% العام الماضي.
    وهذا ليس كل شيء.
    يؤكد الوزير أنه جرى افتتاح 380 منشأة إطعام وإقامة جديدة في مناطق توزعت بين ريف حمص الغربي، وطرطوس، واللاذقية وجزء مهم منها دخل التشغيل مباشرة.‏

    Création de 87 complexes touristiques en 2015 et équipement de 213 autres. Les revenus des 87 hôtels nationaux ont augmenté de 300% l’année dernière. Ouverture de 380 restaurants et lieux de séjour entre Homs et [le littoral] Tartous/Lattaquié...

    Des chiffres qui ne sont pas de pure propagande à mon avis, mais qui reflètent les bouleversements internes de la géographie syrienne, économique et humaine, avec des flux entre les zones « vivables » et les autres (pour ceux qui en ont les moyens bien entendu).

    #syrie drôle de guerre...

    • Autres lecture intéressantes :
      Moon of alabama : « The road to Raqqa is quickly intensifying »
      http://www.moonofalabama.org/2016/02/the-race-to-raqqa-is-intensifying.html

      Et Interview de Balanche :
      http://www.levif.be/actualite/international/pourquoi-alep-est-un-enjeu-fondamental-pour-assad/article-normal-467363.html
      Avec plusieurs passages, carrément hors les clous de la narrative dominante - pourrait-il se les permettre sur le site du WINEP ?

      Et Daech ? Qui sera en première ligne pour s’attaquer à son fief de Raqqa ?
      Les rebelles syriens sont incapables de prendre Raqqa. Le veulent-ils seulement ? On ne les a guère entendus prendre position contre Daech. Ceux du Front al-Nosra et d’Ahrar Al-Sham partagent d’ailleurs son idéologie. « Quand Assad sera tombé, ils vont se battre contre Daech », entend-on souvent. Difficile à croire ! Les Américains avaient tenté d’armer des rebelles « modérés » pour se battre contre Daech, ce fut un fiasco total. On parle également d’une force armée intégrant des tribus arabes sous leadership kurde, mais cela ne marchera pas. Quant à la coalition internationale, elle ne veut pas envoyer de troupes au sol et craint de bombarder des civils. Or, l’état-major de Daech se trouve en pleine ville.
      La solution ?
      Je ne vois que l’armée syrienne et les Russes. Ce sont eux qui régleront l’affaire. Toutefois, leur priorité est de se débarrasser des autres groupes rebelles avant de se diriger vers Raqqa, sans doute vers la fin de l’année ou en 2017. Ce n’est pas un objectif immédiat.
      Cela revient-il à condamner la ligne « Ni Bachar ni Daech » prônée par les diplomaties française et belge ?
      Assad est aujourd’hui considéré comme le moindre mal, même si la France va rester accrochée à sa posture morale assimilant Assad à un « boucher ». Cette évolution de la guerre syrienne est une défaite pour les Occidentaux, qui ont commis une erreur d’analyse globale. Ils n’ont pas voulu voir l’aspect communautaire dans la guerre civile. Ils n’ont pas voulu voir que les rebelles n’étaient pas des gentils démocrates mais des islamistes et que des mouvements comme Daech allaient émerger.
      Contestez-vous qu’il s’agissait, au début, d’une révolte pour la démocratie ?
      Chez les quelques intellectuels qui manifestaient à Damas, c’était le cas. A Deraa, où la contestation a surgi, ce sont des problèmes socio-économiques qui ont suscité la colère : cinq années de sécheresse, une population rurale sans emploi du fait de la croissance démographique, l’arbitraire des services de renseignements, la corruption... La coupe a débordé, les gens se sont révoltés. A Homs et Hama c’était pire, car s’y est ajoutée une dimension anti-alaouite et antichrétienne. A Deraa, où la population est à 99 % sunnite, des Frères musulmans venus de Jordanie ont mis de l’huile sur le feu, eux qui sont en embuscade depuis qu’ils ont été massacrés à Hama en 1982. Si les salafistes « quiétistes » devenus entre-temps djihadistes les ont remplacés, les Frères musulmans sont restés à la manoeuvre depuis l’extérieur grâce à leurs relais en Occident et avec l’argent du Qatar.

    • @souriyâm : j’imagine que tu n’ignores pas qu’on se connaît Balanche et moi, puisqu’on était dans le même labo à Lyon. Pour ce que je sais de Balanche, sa liberté académique est, hélas, bien plus grande aux USA qu’elle ne l’était en France...

    • @gonzo : Oui je m’en rappelle. Je dois avouer que ça m’étonne. J’aurais pensé que la ligne politique d’un think tank comme le WINEP était plus contraignante que l’université française. Je dois être encore trop indulgent avec cette dernière...
      En tout cas, il faudra, si c’est possible, qu’un jour vous nous proposiez vos idées et hypothèses sur les raisons de l’aveuglement académique français - seulement français ? - sur les questions syriennes et libyennes (et sur le monde arabe contemporain, en général). Question qui avait été brièvement abordée ici. Ça m’intéresserait vivement - moi, et d’autres aussi je pense.

    • @gonzo : je ne dirais pas que sa liberté académique a été entravée. Il a toujours dit ce qu’il voulait, et sans problème particulier pour publier à ma connaissance. Mais son point de vue est resté très minoritaire et donc je pense que son avancement en pâtit. Je pense que le peu de crédit académique dont il jouit est aussi lié aux choix qu’il a fait en termes de communication, privilégiant les médias et donc un propos souvent simplificateur - typiquement sa rengaine sur le communautarisme, qui ne résiste pas à une analyse un tant soit peu nuancée, comme d’ailleurs il le fait lui même dans des papiers plus élaborés, par exemple dans la Revue Outre Terre :
      Balanche, Fabrice, ‘Géographie de La Révolte Syrienne’, Outre-Terre, 29 (2011), 437–58 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00281809
      ------, ‘Les Alaouites  : une secte au pouvoir’, Outre Terre, 2 (2006), pp 73–96 http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2011-3-page-437.htm
      A mon avis, ses intuitions les plus justes consistent dans la compréhension du cadre géopolitique qui permet au régime de Bachar de tenir, à savoir les soutiens russes et iraniens, et les réticences US et européennes à intervenir de manière massive sur le terrain.

  • Le mythe de la « bonne volonté » et de l’« impuissance » de la diplomatie française en Syrie…

    Il est certes heureux qu’on s’autorise (enfin) à critiquer médiatiquement le bilan de Laurent Fabius au Ministère des affaires étrangères ; mais il me semble que ces critiques restent très largement dans l’idée que Fabius aurait adopté une posture réellement morale, sans avoir les moyens d’imposer ses positions de principe, essentiellement en Syrie. C’est, à mon avis, passer à côté du sujet syrien… Cette critique colle d’ailleurs toujours parfaitement avec cette idée que ce serait parce que les pays « Amis de la Syrie » ne seraient pas intervenus massivement depuis des années que la situation serait aussi catastrophique.

    Ça me rappelle d’ailleurs les critiques de l’invasion américaine de l’Irak fondées sur l’idée que les États-Unis auraient échoué – malgré leur bonne volonté – à installer la démocratie durable et le nation building que les néoconservateurs avaient « sincèrement » promis.

    Voici donc des éléments largement connus (en se contentant d’éléments sortis dans des médias « reconnus ») permettant de douter du manque d’intervention de la France en Syrie et, surtout, de l’« impuissance » française à faire valoir sa position sincèrement « droit-de-l’hommiste »… (amis de Seenthis, si vous en avez d’autres, je compléterai la liste)

    – fin février 2012 (avant Fabius), des mercenaires français à Homs (selon Malbrunnot)
    http://seenthis.net/messages/315495

    En fait, si les journalistes ne veulent pas sortir, c’est parce qu’ils ne sont pas seuls. Dans Homs, sous les bombes, un petit groupe de mercenaires français est présent, aux côtés des rebelles, le groupe Abou Baqir. L’information nous a été confirmée par la DCRI , et les renseignements syriens. […] Journalistes et mercenaires quitteront Homs séparément via Al-Qoussayr et le Liban où les services de renseignement les recueilleront. Leur sortie a été négociée par la DGSE et les services libanais, selon Bernard Squarcini, avec l’aide de l’Armée syrienne libre précisera Etienne Mougeotte.

    – Fabius dirige le ministère des affaires étrangères depuis mai 2012.

    – des valises de billets livrées par l’ambassadeur Eric Chevallier (septembre 2012) – les valises de billets dans un pays en guerre, c’est pour acheter de la farine…
    http://seenthis.net/messages/141999

    Chevallier se rend de temps en temps à la frontière syrienne pour apporter des fonds à des opposants jugés sûrs. Via des informateurs en contact avec Paris, des représentants des régions libérées de l’emprise de Bachar El-Assad font connaître leurs besoins de médicaments ou d’argent pour réparer les canalisations, renouveler les stocks de farine, gérer les ordures qui s’entassent mais, du moins l’assurent-ils, pas pour acheter des armes.

    Tous se retrouvent discrètement dans un appartement ou dans une petite chambre d’hôtel. Comme dans un film d’espionnage, le diplomate leur remet plusieurs centaines de milliers de dollars sortis d’une valise. Des photos sont prises, les Syriens promettent d’en envoyer d’autres montrant l’avancée des projets menés grâce à la France. Des informateurs rapporteront la réalité des actions engagées. Avant de quitter l’ambassadeur, les Syriens signent même un reçu. Scène surréaliste à quelques kilomètres d’un pays à feu et à sang.

    – état major en Turquie, livraisons d’armes, formation militaire (août 2012, Richard Labévière)
    http://seenthis.net/messages/81260

    Avec le « service action » de la DGSE, la France mène en revanche des opérations de formation et de soutien à l’Armée syrienne libre et à d’autres groupes armés. Sur le plan des transmissions et de l’artillerie : mortiers, missiles antichars et canons de 105 mm. Plusieurs dizaines de conseillers militaires participent déjà à un état-major commun turc, américain et français à Charnagh (Turquie), qui bénéficie d’une aide britannique à la frontière syrienne.

    – livraisons d’armes violant l’embargo européen (commence fin 2012)
    http://seenthis.net/messages/368061

    La France a fourni des armes à des groupes rebelles syriens dès 2012 alors que l’Union européenne avait imposé un embargo sur de telles livraisons. Et c’est le président Hollande qui le dit lui-même dans un livre à paraître le 13 mai aux Editions de l’Archipel, intitulé Dans les coulisses de la diplomatie française, de Sarkozy à Hollande, écrit par le journaliste Xavier Panon.

    « Nous avons commencé quand nous avons eu la certitude qu’elles iraient dans des mains sûres », explique le chef de l’Etat à l’auteur du livre, en mai 2014. Les livraisons ont débuté dès la fin de l’année 2012, alors que l’embargo européen, établi à l’été 2011, est toujours en vigueur. Il ne sera levé qu’à la fin du mois de mai 2013.

    Ce cavalier seul contraint l’Elysée à la prudence. Officiellement, la France se contente d’envoyer de l’équipement non-létal : gilets pare-balles, outils de communication cryptée, masques contre les armes chimiques, lunettes nocturnes. Mais c’est un tout autre matériel qu’elle dépêche sur place : canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles anti-chars. Seuls les missiles anti-aériens restent tabous. François Hollande n’en enverra pas car ils s’avéreraient trop dangereux si des djihadistes venaient à s’en emparer.

    – promotion active d’Al Nusra (décembre 2012) : « sur le terrain, ils font du bon boulot »
    http://seenthis.net/messages/284012

    En revanche, la décision des Etats-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que « tous les Arabes étaient vent debout » contre la position américaine, « parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot ». « C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne », a ajouté le ministre.

    + entrefilet dans le Canard Enchaîné, Fabius essaie de les faire retirer de la liste des organisations terroristes à l’ONU (mais je ne retrouve pas)

    – mystérieuse affaire de contrebande en Israël (septembre 2013)
    http://seenthis.net/messages/173542

    De fait, en fouillant la voiture les douaniers israéliens découvrent, outre 500 kilos de tabac, quelque 152 kilos d’or, des chèques pour un montant total de deux millions de dollars, et 800 téléphones portables.

    […]

    Tout juste explique-t-on qu’il s’agit, sans doute, d’une affaire crapuleuse et non d’un quelconque financement du terrorisme.

    on n’entendra évidemment pas plus parler de l’affaire similaire en février 2016 (on ne sait quelle ambassade est concernée cette fois-ci)
    http://seenthis.net/messages/458246

    Sinon, des éléments pour lesquels je ne retrouve pas de liens :
    – France seule invitée au sommet GCC, sans doute sensibles aux positions de Fabius sur les Droits humains…
    – liens Fabius/Qatar
    – Haytham Manna devenu persona non grata à Paris (ainsi que les autres membres de l’opposition « de l’intérieur ») ; il me semble que Manna raconte que lui et ses amis, soudainement, ne pouvaient plus obtenir de visas pour venir en France.

    • – Hollande premier chef d’Etat occidental invité au Conseil de Coopération du Golfe : RFI / 5 mai 2015 :
      http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150505-riyad-hollande-invite-sommet-conseil-cooperation-golfeccg-iran-

      Après une escale au Qatar, François Hollande est arrivé lundi soir à Riyad, en Arabie saoudite, pour y rencontrer le roi Salman et participer aujourd’hui à un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Koweit, Bahrein et Oman. C’est la première fois qu’un chef d’Etat occidental est ainsi accueilli à la table des monarques du CCG.

      – Fabius fait tout son possible pour retirer al-Nusra de la liste des organisations terroristes ; article des journalistes Beau et Bourget qui se basent sur une lettre de l’ambassadeur marocain à l’ONU, envoyée à Rabat, relatant les faits :
      http://seenthis.net/messages/429835

      – Fabius, en février 2012, conseiller en relations internationales du candidat Hollande, déjà pressenti au quai d’Orsay en cas de victoire, réalise une tournée en Israël et au Qatar :
      http://24heuresactu.com/2012/02/03/la-curieuse-tournee-de-laurent-fabius-au-qatar-et-en-israel

      C’est en toute discrétion, et bien loin des journalistes, que Laurent Fabius s’est envolé en début de semaine pour une curieuse tournée au Qatar et en Israël. Une tournée « d’amitié » selon l’ancien Premier ministre qui est en réalité destinée à faire du lobbying pour le candidat socialiste François Hollande… et peut-être chercher de puissants soutiens dans la région.
      Que peut aller faire Laurent Fabius dans l’émirat gazifère du Qatar et en Israël ? Une simple visite « d’amitié », comme il l’assure ? Ou doit-on chercher des raisons autrement plus politiques derrière cette tournée improvisée (et incroyablement peu médiatisée) de l’ancien Premier ministre de François Mitterrand ?