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  • Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » / Mediapart

    On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation....

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    Au tribunal de Paris : de la prison en veux-tu en voilà pour les « gilets jaunes » 4 DÉCEMBRE 2018 PAR RACHIDA EL AZZOUZI ET FRANÇOIS BONNE

    Après les affrontements de samedi, 70 personnes ont été jugées en comparution immédiate, lundi, au tribunal de Paris. On attendait des « casseurs », des vrais de vrais. Les juges ont découvert des ouvriers, des techniciens, des artisans, des jeunes venus à Paris, souvent pour leur première manifestation et emportés par les vagues de violence. Les peines de prison – ferme ou avec sursis – sont tombées comme à Gravelotte avec des procureurs décidés à en découdre.

    On allait découvrir les « casseurs », les « pillards », les « factieux » et les « séditieux » ; tous ceux qui ont mis à sac la capitale, samedi 1er décembre, allant même jusqu’à saccager l’Arc de triomphe et offenser la République en éteignant la flamme du soldat inconnu. Les juges du tribunal correctionnel de Paris n’ont pas vu de tels individus, lundi, lors des premières audiences de comparutions immédiates, cette procédure qui permet de juger au plus vite les prévenus.

    Pas de « vrais » casseurs donc, ce lundi, mais un peuple d’ouvriers, d’artisans, de techniciens, d’intérimaires montés à Paris de toute la France pour crier leur colère. « Bah, les vrais casseurs, ils ne se font jamais pincer ! », notait un avocat, tandis qu’un magistrat assurait que des « dossiers lourds » viendraient à l’audience mercredi.

    Soixante-dix personnes ont comparu lundi lors d’une mobilisation exceptionnelle du tribunal : cinq salles d’audience. Et l’exercice devait se poursuivre ces mardi et mercredi. Le ministère de la justice a promis « une réponse pénale ferme », suivant les consignes d’Emmanuel Macron. La plupart des manifestants sont poursuivis au titre de l’article 222-14-2 du code pénal : « Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes et de dégradations de biens. » Né et appliqué pour la première fois en 2010 sous Sarkozy pour juguler la violence dans les stades de football, l’article 222-14-2 avait été dénoncé comme le moyen légal de criminaliser les manifestations.
    Plus rares sont ceux qui se retrouvent inculpés de port d’armes, rébellion, violence contre personnes dépositaires de l’autorité publique ou destruction et dégradations de biens. Mediapart a suivi lundi ces procès dans deux salles d’audience. Voici les portraits des manifestants poursuivis et presque toujours condamnés.

    Ryad, 41 ans, artisan, venu de Toulon (Var)

    Ryad n’aura pas eu le temps de manifester et pas même celui d’enfiler son gilet jaune. À 41 ans, cet artisan du bâtiment, ancien engagé dans la marine, ayant fait la guerre du Kosovo, décrit ses fins de mois difficiles, ses « revenus aléatoires » et la micro-entreprise de son père avec qui il travaille. Oui, il voulait manifester contre « les taxes » et est monté à Paris pour le premier défilé de sa vie.

    Dans la nuit de vendredi à samedi, il dort chez un cousin à Franconville (Val-d’Oise). Le matin, les deux hommes tentent de prendre le RER, qui ne marche pas ce jour-là (« Cela arrive souvent sur cette ligne », note la présidente). Ils se rendent en voiture à Paris et se garent vers la place des Ternes, non loin de l’avenue de Wagram. Une dizaine de policiers en civil portant des gilets jaunes les interpellent à peine sortis de voiture. Fouille du coffre : dans un sac, deux masques de ski, un casque de moto, des gants, des genouillères, un plastron… et un petit marteau.

    « Le marteau a toujours traîné dans le coffre de mon ami qui transporte régulièrement des outils pour son travail. Pour le reste, j’avais apporté ma tenue de moto-cross pour me protéger. C’est la première fois que je manifeste, j’ai vu les violences à la télé. J’avais peur, sincèrement, et je voulais me protéger si je me retrouvais coincé dans des affrontements. En plus, j’attends un enfant », explique-t-il.

    Pour la procureure, aucun doute : « Monsieur est venu pour en découdre et s’était équipé pour cela. » Elle demande six mois de prison avec sursis et une peine d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : quatre mois de prison avec sursis, un an d’interdiction de Paris. « Je me suis trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est la première et dernière fois que je manifeste », note Ryad.

    Steven, 24 ans, maçon-couvreur, venu de la Nièvre

    Steven travaille dans la petite entreprise de son père. 1 170 euros par mois, en CDD. « Une embauche, avec les taxes et tout, ça coûte cher », note-t-il, ajoutant qu’avec les crédits à la consommation et les loyers, il est en « difficulté financière ».

    Ce samedi, il est interpellé vers 20 h 45 faubourg Saint-Honoré. Non loin de là, le magasin Decathlon a été dévasté peu avant. « Des vélos, des trottinettes, du matériel traînaient partout dans la rue », raconte Steven. Et le voilà qui ramasse un casque de vélo dans le caniveau et se le met sur la tête. « Je l’ai pris pour me protéger. Ça partait de partout, des lacrymogènes, des grenades, des pavés, ça s’affrontait dans tous les sens », dit-il.

    Pourquoi n’être pas parti ? « Des batailles, il y en avait partout ! À ce point là, je n’aurais jamais pensé. J’étais coincé », répond-il. Vol caractérisé et participation à l’émeute, résume la procureure, qui demande trois mois de prison avec sursis. Jugement : trois mois de prison avec sursis.

    Jérémy, Billy, Geoffroy, Maxime et Frédéric, ouvriers et techniciens, venus de l’Essonne

    Voilà cinq copains et collègues de boulot. La plupart travaillent pour le grand groupe Safran, dans l’Essonne. Ils ont entre 27 et 35 ans, sont ouvrier-tourneur, soudeur, opérateur sur commandes numériques, cariste, inspecteur qualité. Quatre d’entre eux travaillent en 3 × 8 et les salaires tournent entre 1 300 et 2 500 euros par mois. Des loyers de 600 à 1 000 euros, des crédits pour payer la voiture, des pensions alimentaires parfois, et des parents ou des proches qu’il faut parfois aider : là encore, les fins de mois sont serrées.

    Pour eux, la manifestation n’aura pas lieu. Ce samedi matin, vers 10 h 30, ils garent leur voiture avenue des Ternes. L’un d’eux prend le soin de payer le stationnement. Est-ce le temps d’aller au parcmètre ? Des policiers leur tombent dessus. Fouille : des gants, des masques, quelques boîtes d’œufs, du liquide physiologique, des lunettes, des pétards (considérés comme « produit explosif et incendiaire »).

    « Ils avaient dit qu’on pouvait manifester sur les Champs, avec filtrage. On y allait pacifiquement. Bon, ben en fait, c’était interdit puisqu’on a été arrêtés en sortant de la voiture… », note Maxime. Peu ou prou, tous avancent les mêmes explications : il fallait se protéger vu les risques de violences. « Samedi dernier, j’avais déjà manifesté et j’ai été salement gazé, j’ai vu des personnes qui souffraient, raconte Geoffroy. J’ai acheté à Castorama une trentaine de masques légers, en tissu, pour moi et pour pouvoir les donner à d’autres manifestants si besoin. Et le liquide physiologique, c’est pareil : la semaine dernière, on m’en a donné et cela m’avait soulagé. »

    Pour Billy, ce devait être sa première manifestation (sa « première grève », dit-il). Lui aussi a un masque : « Je suis pas là pour mettre en danger ma santé. J’ai lu qu’il y avait du cyanure dans ces gaz, c’est dangereux tout de même », croit-il savoir. « Et les pétards, ce n’est pas dangereux ? », interroge la présidente. « C’est des petits pétards, comme pour le 14 Juillet, c’était pour mettre un peu d’ambiance, c’est pas des pétards genre à arracher les mains… », se défend-il. Ils ont été achetés au magasin « À la magie de Corbeil », et sont seulement « déconseillés » aux enfants de moins de 12 ans.

    « Je suis pacifiste, j’ai un boulot en or et trois gosses, vous croyez que je veux tout gâcher avec des conneries ? », insiste Frédéric. Des produits explosifs, insiste la procureure pour qui les cinq hommes voulaient en découdre, avaient le matériel pour cela et avaient choisi un endroit où les affrontements duraient déjà depuis deux heures… « Non, on manifeste là où il y a des gens, je ne vais pas aller où il n’y a personne ! », insiste Billy. Mais la procureure ne veut rien entendre qui pointe « la dangerosité manifeste des pétards » et la préparation méticuleuse. Elle demande des peines de trois mois de prison avec sursis à six mois ferme (pour ceux qui ont les pétards).

    Jugement : deux peines de quatre mois de prison avec sursis, deux peines de huit mois de prison avec sursis, une peine de trois mois de prison ferme (l’un des hommes était déjà sous le coup d’une légère condamnation avec sursis, qui est ainsi révoqué). Tous sont interdits de séjour à Paris pendant un an. L’homme condamné à la prison ferme s’écroule en larmes.

    « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants »

    Florian, 37 ans, forgeron, venu des Ardennes

    Florian est un gros costaud, il travaille dans une entreprise de forge de 120 ouvriers, a trois enfants à charge, gagne 1 500 euros par mois, sa compagne est au chômage. « Quand on a des enfants, il faut se stabiliser », dit celui qui a visité l’Amérique latine et l’Afrique en sac à dos, vivant de petits boulots.

    Ce samedi, le voilà interpellé vers 17 heures, près des grilles du jardin des Tuileries. Dans son sac, des billes de peinture, un masque. Le procès-verbal d’interpellation signale qu’il a été vu jetant un morceau de bitume sur les forces de l’ordre. Il nie, assure même qu’il a rangé pavés et morceaux de goudron au fond d’une grosse poubelle et a prévenu la police, « parce que ça chauffait trop ». Florian demande à ne pas être jugé en comparution immédiate. Demande acceptée : il sera jugé en procédure normale au mois de janvier prochain. « Je serai là, dit-il au juge, mais sinon, je suis pas près de revenir à Paris ! »

    Florian, 21 ans, mécanicien, venu des Yvelines

    C’est sa première manifestation. Florian est venu avec un ami et devait rejoindre son père, ouvrier ajusteur, dans un autre endroit du cortège. Il est arrêté à 20 h 50, boulevard Malesherbes. Le P.-V. d’interpellation le décrit cagoulé, avec gants de motos, un masque, en train de jeter une barrière au milieu du boulevard, dans un groupe d’une quarantaine de casseurs.

    Le jeune homme nie énergiquement. Pas de gants de motos, mais de simples gants Nike, un masque donné par son père « qui avait été gazé la semaine dernière et était allé en acheter chez Leroy Merlin », et, non, il n’avait pas tiré sa capuche sur la tête et pas plus jeté des barrières. « Je venais pas pour mettre le bazar, je marchais avec mon ami et un groupe a couru sur le boulevard et s’est rapproché de nous, c’est tout. » Rien dans le dossier, assure son avocat : « Si vous le condamnez, alors il faut condamner tous les manifestants. » La procureure demande six mois de prison avec sursis. Jugement : relaxe.

    Alexandre, 36 ans, électricien, venu de l’Eure

    Alexandre a choisi ce samedi un des rares endroits calmes dans Paris : la place de la Bastille. Des gens ont pu manifester sans affrontements déchaînés en cet endroit. Cela ne l’empêche pas d’être interpellé vers 16 heures. La police trouve dans son sac un masque décrit comme de type NRBC. Un masque qui serait considéré comme une « arme de guerre ».

    « C’est un gilet jaune qui me l’a donné, je l’ai mis dans le sac au cas où et ne l’ai d’ailleurs jamais porté », dit Alexandre. « Mais comment voulez-vous que je sache que c’est une arme de guerre ? », insiste-t-il. La procureure demande six mois de prison ferme et un an d’interdiction de Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    Benoît, 34 ans, cariste, venu du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

    Benoît est devant le tribunal le visage éraflé, le nez cassé, un œil tuméfié. De cela, les juges ne disent mot. L’homme a été arrêté samedi à 17 h 40, rue du Havre, à l’issue d’une charge des CRS. Benoît dit s’être alors jeté par terre et mis en boule : pas suffisant pour le protéger des coups. Mais cela n’intéresse pas le tribunal qui prend seulement note d’un certificat médical de cinq jours d’interruption temporaire de travail.

    Le juge s’intéresse aux dégradations de bâtiments. Benoît le reconnaît aisément, il n’est pas à l’aise avec la parole, alors il aime bien les tags au pochoir. Ce jour-là, avec un ami, ils arpentent les cortèges et bombent sur les planches qui protègent les vitrines et quelques murs un dessin et un slogan : le visage de Macron et l’éternel « Marche ou crève ». « “Marche ou crève” et le visage du chef de l’État, voilà une menace manifeste ! », s’emporte la procureure.

    Benoît explique ne rien avoir contre les forces de l’ordre, lui-même a été militaire sous contrat jusqu’en 2006. Il assure n’avoir fait que cinq ou six tags. « Nos paroles, on les écoute pas, donc j’écris… Oui, sans doute, je recommencerai, mais sur les planches, pas sur les murs », dit-il, un peu perdu dans le box des prévenus. Pourquoi manifester ? « J’étais au RSA, maintenant je suis cariste, préparateur de commande chez Amazon. C’est des contrats à la semaine, ça fait pas lourd à la fin du mois. J’habite chez ma grand-mère, je m’occupe d’elle pour faire les courses et tout ça… », dit-il. La procureure demande six mois d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende. Jugement : six mois de prison et 500 euros d’amende, avec huit mois d’interdiction de se rendre à Paris.

    Lilian, 19 ans, sans emploi, venu du Maine-et-Loire

    C’est un jeune homme qui semble un gamin, se raconte parfois des histoires et se dit lui-même « un peu immature ». Pour sa première manifestation, Lilian a vu les choses en grand. Un casque rouge bien voyant, gants, lunettes et masque : le meilleur moyen d’être arrêté par des policiers, samedi, vers 11 h 50, avenue de Friedland, qui l’ont vu jeter un pétard. Et voilà que le jeune homme a en plus dans son sac une bombe de laque. « C’était comme un explosif de dernier recours, si mon pronostic vital était engagé, avec tout ce qu’on voit sur internet et toutes les violences… », dit-il au juge. Il n’a visiblement pas compris qu’une telle bombe de laque allumée avec un briquet l’aurait immédiatement gravement brûlé.

    Lilian a volontiers donné son téléphone aux policiers. Prévenant, il leur a même signalé un message susceptible de les intéresser. « Moi, je vais grailler du CRS », écrit-il par texto à une amie. « Grailler, ça veut dire quoi ? », interroge la présidente. « Ben oui, ça veut dire manger, j’ai écrit cela pour impressionner une copine », répond le jeune homme.

    Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? « J’ai pas de boulot, je suis parfois en saisonnier en pépinière, vous comprenez, j’habite à la campagne et j’ai aucun moyen de déplacement », dit Lilian, qui a arrêté sa scolarité à 16 ans et ne fait pas grand-chose de sa vie depuis. Le père est ouvrier chez un sous-traitant automobile, la mère travaille en 2 × 8 en intérim. La procureure s’emporte contre l’« immaturité » du jeune homme, sa « dangerosité et son inactivité sociale » et demande un an de prison ferme avec mandat de dépôt (ce qui signifie une incarcération immédiate). Jugement : six mois de prison ferme, six mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de séjour à Paris.

    « Je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester »

    Maxime, 27 ans, saisonnier, venu de Carcassonne (Aude)
    Ce samedi, vers 21 heures, Maxime est repéré dans le quartier de la Défense. Sur son sac à dos, un casque de skateboard. Voilà qui mérite contrôle d’identité, palpations et fouille du sac. Les policiers découvrent un gilet jaune, des protège-tibias, des lunettes de skis, un masque en papier et tout au fond du sac un cutter. Bonne pioche, direction garde à vue puis tribunal !

    « Vu les violences du week-end d’avant, je voulais me protéger. C’est trop dangereux de manifester, mais je voulais le faire pour défendre les droits gagnés par mes parents et mes grands-parents. Quant au cutter, je ne savais même pas, je l’ai oublié dans ce sac avec lequel je transporte régulièrement des outils. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec un cutter ? », explique-t-il.

    Maxime raconte avoir manifesté vers la porte Maillot, avoir aidé une vieille dame qui était blessée, par terre, et l’avoir conduite dans un hall d’immeuble. Oui, il a shooté dans une grenade lacrymogène pour l’éloigner. « Les CRS, c’est pas mon problème, je suis pas venu pour eux. Le week-end prochain, je manifesterai chez moi, à Carcassonne, tout se passe bien là-bas », ajoute-t-il. Et puis, il ira faire la saison d’hiver à Avoriaz comme serveur. « Je travaille dans les restaurants d’Annie Famose [ancienne championne de ski – ndlr] », dit-il fièrement. La procureure demande quatre mois de prison ferme et un an d’interdiction de séjour à Paris. Jugement : huit mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de se rendre à Paris.

    Stéphane, 45 ans, boucher-charcutier, venu des Hautes-Alpes

    Stéphane vient « de la campagne », « d’un milieu agricole où on a toujours un couteau sur soi », « pour bricoler, couper le saucisson, le fromage » et aussi une lampe-torche. Il a 45 ans, un CDI de boucher dans un abattoir, un emprunt à rembourser, une fille qui vit avec sa mère dont il est séparé et à laquelle il verse une pension alimentaire. Samedi 1er décembre, il était « tout content » de vivre sa « première manifestation d’envergure » dans la capitale contre ce gouvernement « qui a enlevé 100 euros de retraite à nos anciens, nos parents, nos retraités ». Il avait roulé la veille depuis ses Hautes-Alpes jusqu’à Lyon avec les copains, puis pris le TGV jusqu’à Paris.

    Vu les scènes de violence regardées à la télé, la bande avait prévu « de se protéger ». Stéphane avait un casque de chantier avec visière, un masque de peinture. Arrivés de nuit à Paris, ils ont attendu que la manif commence en picolant parce qu’ils sont bons vivants et que ce voyage, ils le voulaient festif. Stéphane le concède : à une époque, il a eu un problème avec l’alcool. Mais plus maintenant. Vers 8 heures, ils se sont dirigés vers les Champs-Élysées. Mais ils n’ont jamais réussi à y accéder à cause des barrages de CRS aux alentours.

    Stéphane s’est mis en tête de convaincre les CRS « de rejoindre le peuple ». Ils ont refusé, l’ont repoussé. Et c’est là que tout s’est envenimé. « Je suis devenu con, je les ai trouvés tellement froids, j’ai foncé dans le barrage pour montrer à Macron que le peuple est plus fort que les CRS. » Stéphane en a oublié de mettre son casque de chantier pour se protéger. Il est ressorti à 8 h 50 menottes aux mains et avec un énorme cocard à l’œil droit. Le voilà maintenant dans ce box vitré du TGI de Paris à tirer sur ses poils de barbe après des heures en garde à vue et deux nuits à Fresnes. Lui qui a un casier vierge doit justifier pourquoi on a trouvé sur lui un Opinel et une lampe-torche alors qu’il faisait plein jour.

    Il veut parler de politique, de cette France oubliée qui travaille dur, le président l’arrête : « Ici, ce n’est pas une tribune politique. » Stéphane baisse la tête, penaud. Il dit qu’il est « au bord du suicide », s’excuse « d’avoir été con ». La procureure requiert six mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

    Stéphane écope de quatre mois de prison ferme. « Nous ne prononçons pas de mandat de dépôt. Vous serez convoqué par le juge des applications des peines de Gap et vous verrez ensemble comment aménager la peine », lui dit le président. Mais Stéphane ne l’écoute déjà plus, sidéré, ne retenant plus que le mot « prison ».

    Jérôme, 26 ans, intérimaire, venu de la Nièvre

    Jérôme a 26 ans. Intérimaire, sans contrat pour le moment, il vit dans la Nièvre chez sa mère. Il a été interpellé samedi 1er décembre avec un masque de ski, un casque de vélo, cinq fioles de sérum physiologique et un lance-pierres. Peu loquace, il assure que c’était « pour se protéger, se défendre des grenades lacrymogènes ». « Mais pourquoi une fronde ? », relance le président. « Au cas où je me prends une grenade lacrymo, répond Jérôme, je n’étais pas là pour casser. »

    Il survit avec 200 euros de RSA mais on n’en saura guère plus sur sa vie. Comme dans plusieurs dossiers, l’enquête sociale rapide, dispositif clé de la chaîne pénale qui éclaire le parcours du prévenu, fait défaut. « Il y a trop d’enquêtes en cours en un laps de temps pour en faire une sur tous », s’excuse le président. La procureure demande 210 jours amende à 5 euros, soit 1 050 euros. C’est 5,25 fois le demi-RSA de Jérôme. Jérôme écope trois mois de prison avec sursis.

    Mickael, 30 ans, chômeur, SDF, venu de Chambéry (Savoie)

    Mickael ne comprend pas ce qui lui arrive. Il accueille sa peine sans réaction quand son avocate est abasourdie : six mois de prison dont la moitié ferme avec maintien en détention et l’autre assortie d’un sursis et d’une mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligation de fixer son domicile dans un lieu déterminé et de rechercher un travail. C’est un peu moins lourd que les huit mois ferme requis par le parquet.

    Mickael, 30 ans, fils de bourgeois passé baba sans domicile fixe et sans travail, « créchant dans les gares ou les forêts », a été arrêté jeudi 29 novembre au soir à la gare de Lyon. Repéré par son sweat à capuche noire marquée ACAB, « All cops are bastards » (« Tous les flics sont des… »), il arrivait de Chambéry. Dans son sac à dos : un plastron, un casque, une cagoule et un lance-pierres professionnel avec 87 balles en plomb de 1,5 centimètre de diamètre. L’attirail parfait du « black bloc » de l’ultra-gauche. Sauf qu’il n’en est pas un, assure son avocate.

    La preuve : l’exploitation de son téléphone et les messages via Messenger sur la page Facebook du black bloc qui démontre son grand amateurisme. « On se retrouve où les gars pour la manif ? », demande le jeune homme, qui a gardé quelques dreadlocks au sommet de son crâne rasé. « Très cher, nous ne fonctionnons pas comme cela et nous ne communiquons jamais sur les réseaux sociaux », lui répond l’administrateur de la page. « Vous estimez qu’il serait allé à la manifestation. Mais rien ne le prouve dans le dossier ! », plaide son avocate. En vain.

    « Je me suis laissé emporter par mes émotions »

    Étienne, 27 ans, technicien, venu de Lyon (Rhône)
    « Je suis désolé. Je vous demande la clémence. Je me suis laissé emporter par mes émotions. Mon travail est très important. Je suis prêt à faire des travaux d’intérêt général. Vous ne me reverrez jamais plus dans une manifestation. » Étienne implore le tribunal de ne pas le condamner. Sans succès. Le ciel lui tombe sur la tête : six mois de prison ferme, trois mois de plus que les réquisitions du parquet. Maigre consolation : le mandat de dépôt, requis par la procureure, n’est pas retenu, Étienne va être relâché, sa peine aménagée dans la mesure du possible.

    Et s’il perdait son CDI à 27 ans « à cause de tout ça » ? Technicien pour une société privée, il travaille sur le chantier de l’automatisation du métro lyonnais pour 1 500 euros par mois. Sa mère, retraitée, pleure depuis le début de l’audience, discrètement au premier rang, et s’écroule : « Que se serait-il passé s’il avait cassé la vitrine d’un magasin ? Il aurait pris un an ? » Quelques minutes plus tôt, son avocate tonnait : « Où sont les casseurs des Champs-Élysées, de Dior, Chanel, Zadig & Voltaire, de tous ces grands magasins pillés ? »

    Étienne a été interpellé samedi 1er décembre au matin après la découverte de fumigènes et de pétards dans son sac. « Je les ai achetés sur internet pour me défendre après avoir subi des gazages abusifs le week-end dernier, répond Étienne. Avec ma mère, nous manifestions pacifiquement près de l’Arc de triomphe quand nous avons été gazés par un cordon de CRS qui n’a fait aucune différence entre les casseurs et les familles. C’était très violent. »

    Un grand-père parisien, venu assister à l’audience « par solidarité avec les gilets jaunes », glisse ce qui lui apparaît une évidence : « C’est parce qu’il est le seul Noir qu’ils le condamnent à autant de prison pour des pétards même pas utilisés. »

    Bruno, 31 ans, chauffeur de poids lourds, venu de Seine-et-Marne

    Bruno ne veut pas être jugé aujourd’hui. Il demande un renvoi. C’est son premier tribunal comme ses premières nuits en prison et il a le vertige. Il jure qu’on ne le reverra plus jamais dans une manif, veut retrouver sa vie de bon père trentenaire dans le petit bourg de Seine-et-Marne où il vit avec sa femme et leur fille dans le pavillon hérité de ses parents qui lui coûte des charges et des taxes. On lui reproche d’avoir voulu manifester avec des lunettes de protection, un masque à gaz et un couteau.

    Chauffeur poids lourds en CDI, il gagne entre 1 500 et 2 000 euros selon les mois. La procureure requiert un contrôle judiciaire en attendant sa comparution avec cependant une interdiction : celle de paraître à Paris. Bruno panique. Et s’il a des livraisons à faire dans la capitale intra-muros ? Le tribunal tranche. Il a interdiction de venir à Paris, seulement les week-ends du samedi minuit au lundi minuit.

    Maxime, 33 ans, chauffeur-routier, venu de la Marne

    Maxime aussi veut un délai pour préparer sa défense. Il vient de la Marne où il loue une petite maison mais sa terre natale, c’est la Creuse. Il a deux enfants et une amende au casier parce qu’un jour, il a admonesté deux jeunes qui avaient cassé le pare-brise de la voiture de sa femme. Chauffeur-routier, il est responsable d’équipe, soit trois camions, gagne 4 000 euros net par mois et passera en CDI à la fin de l’année.

    Samedi, il devait vivre sa « première manif » mais il a été contrôlé avec, dans le sac, des lunettes de natation, des protège-tibias, des gants coqués, un masque d’aide respiratoire et des pierres. Il dit que tout cela c’était « pour se protéger » et qu’il n’allait bien « évidemment pas jeter des pierres contre les forces de l’ordre ». Il est placé sous contrôle judiciaire jusqu’à sa comparution en janvier, avec interdiction de venir sur Paris.

    Thomas, 20 ans, intérimaire, venu de l’Eure

    Ce samedi à 20 h 45, Thomas est interpellé rue du Faubourg-Saint-Honoré. Dans sa poche, six paires de lunettes de grandes marques pour une valeur d’environ 1 300 euros. Un magasin d’optique a été pillé. Mais la police note sur son P.-V. d’interpellation que le jeune homme n’a pas participé à la casse ; il s’est servi après coup. « Je suis rentré dans le magasin tout cassé. J’ai pris des lunettes. Je sais pas, j’ai pas réfléchi, j’étais pris avec les autres », dit-il.

    Thomas était venu manifester avec sa copine et deux amis. Dans les tourbillons de violence qui ont emporté le quartier Concorde-Rivoli, il les a perdus, s’est retrouvé coincé entre deux groupes de CRS, explique-t-il. Son sweat-shirt était taché du sang d’un autre manifestant, « les grenades tombaient de partout, j’allais pas me rapprocher seul des CRS et il n’y avait pas de fuite possible ». Thomas a donc suivi les casseurs et est entré dans le magasin.

    Vendeur empilant les CDD dans un magasin de décoration et aujourd’hui à Intermarché, Thomas vit chez ses parents et a été condamné il y a quelques mois pour avoir revendu de la cocaïne et du cannabis. « Ça finançait ma consommation personnelle, mais j’ai tout arrêté depuis, seul et sans médicament », dit-il. La procureure demande quatre mois de prison ferme et deux mois supplémentaires au titre de la révocation du sursis de la peine précédente. Le jugement va au-delà des réquisitions : dix mois de prison ferme.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/041218/au-tribunal-de-paris-de-la-prison-en-veux-tu-en-voila-pour-les-gilets-jaun

  • Cette grande distribution qui affame les paysans et supprime les PME par Claude-Marie Vadrot | Politis
    https://www.politis.fr/articles/2017/12/cette-grande-distribution-qui-affame-les-paysans-et-supprime-les-pme-38106

    Cette grande distribution qui affame les paysans et supprime les PME

    Alors que les États généraux de l’alimentation se terminent, les grandes surfaces s’organisent et s’associent au niveau européen pour écraser les prix payés aux producteurs.

    D’après les dernières statistiques publiées le 14 décembre par la Commission des comptes de l’agriculture, le revenu des paysans français a reculé, toutes activités confondues, de 29 % au cours de l’année 2016. Avec tout ce que cela représente comme cessations d’activité et, aussi, suicides. En moyenne un tous les deux jours, soit une proportion supérieure de 20 % au reste de la population française. Au cours de cette même année le nombre des faillites des petites entreprises spécialisées dans la fabrication des produits alimentaires, généralement consacrées aux conserves, aux surgelés ou aux préparations pour les traiteurs, a été multiplié par deux. Certaines à cause des retards de règlement de leurs factures, d’autres ne pouvant plus faire face aux conséquences des tarifs d’achat à la baisse imposés par la grande distribution.

    Les États généraux de l’alimentation, dont les discussions durent depuis la fin du mois de juillet et se terminent dans quelques jours, n’ont guère pris en compte le problème des revenus des agriculteurs ou le sort des PME spécialisées dans l’agro-alimentaire. Pourtant, 90 % d’entre elles (60 000) emploient au plus une dizaine de salariés. Avec un taux de disparition annuelle de plus en plus élevé.
    Alliances entre grandes enseignes

    Ces situations ne préoccupent pas les quelques responsables de la grande distribution. Puisque les quelques géants existant dans ce secteur ont décidé de « rationaliser » et de mutualiser leurs recours aux centrales d’achat. Y compris en s’alliant à des plate-formes d’achat internationales regroupant déjà des Britanniques, des Espagnols, des Allemands et même des Russes. C’est, par exemple, le cas pour Casino qui va donc désormais se fournir par le biais d’une centrale d’achat réalisant chaque année un chiffre d’affaires de 184 milliards d’euros. De quoi peser sur les prix… mais en faisant porter ce poids sur les agriculteurs et les petites entreprises ou ateliers alimentaires. Tous n’ayant ni les moyens ni la force de résister aux exigences de la grande distribution. Laquelle veut pouvoir affirmer que les prix baissent, mais en faisant porter cet « effort » sur leurs petits fournisseurs. D’ailleurs c’est bien la seule préoccupation de Casino qui s’est pour cela associé à Intermarché. Notamment pour les « marques de distributeurs » qui ne permettent aucune traçabilité des produits.
    Achever les paysans et les PME

    Avec les mêmes objectifs, Auchan s’est associé à Système U dans une centrale française baptisée Alliance tout en regroupant ses achats avec l’enseigne Metro, le groupe de distribution allemand qui pèse 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Mais dans le domaine alimentaire et d’autres, Carrefour, c’est également Cora ou Fnac-Darty. Et Intermarché fait la loi sur les prix avec Alidis, Casino et Arena. En fait les croisements, d’un distributeur à l’autre, sont de plus en plus fréquents et multiples. Même pour Leclerc qui proclame une « indépendance » qui n’est que fictive puisque ses achats sont également regroupés avec Boulanger et Système U.

    Les grandes surfaces sont donc résolues, contrairement aux souhaits des consommateurs ou de la Confédération paysanne, à constituer un gigantesque conglomérat d’achat à travers l’Europe pour réussir à imposer une illusion de baisse des prix qui n’affectera que les revenus de nombreux agriculteurs, des entreprises de production alimentaire locales. Au détriment, notamment de la santé des consommateurs puisque ces groupes puissants sont déjà et seront en plus à même d’imposer le recours à des ingrédients et additifs face aux législations des États.

    Les États généraux de l’alimentation ont donc simplement fait apparaître que la grande distribution peut s’opposer sans crainte aux pays en raison de la force de frappe de son chiffre d’affaires.

  • HERLIN-LE-SEC - Le nouveau Leclerc met 47 de ses 80 employés à la porte LFDN - Aline Chartrel - 03/11/2017
    http://www.lavoixdunord.fr/258035/article/2017-11-03/le-nouveau-leclerc-met-47-de-ses-80-employes-la-porte

    On savait de longue date que quatre-vingts emplois devaient être créés pour assurer l’activité du supermarché Leclerc à Herlin-le-Sec, dont l’essentiel devait être pourvu par des habitants du territoire. Près de deux mois après son ouverture, quarante-sept des premiers embauchés auraient pris la porte.

    « Ça s’arrête pour vous. » Deux jours avant l’ouverture tant attendue du nouveau Leclerc sur la zone d’Herlin-le-Sec, près de Saint-Pol/Ternoise, sa responsable de rayon congédie Laure (#) qui garde de cette journée de travail un souvenir aussi pénible qu’impérissable. « On m’a raccompagnée à mon vestiaire, j’ai dû rendre les habits de l’enseigne et une fois dehors, on m’a claqué la porte au nez. Je me suis sentie humiliée. » Elle en pleurera deux jours durant.

    « On a servi de bouche-trous. »

    Pas un cas isolé puisqu’en l’espace de quasiment deux mois, quarante-sept des quatre-vingts salariés qu’emploie le supermarché auraient été remerciés. Des agents d’entretien, des caissières, des employés de rayons, des responsables aussi. Motif officiel invoqué : les recrues, en période d’essai pour deux mois, ne correspondraient pas aux exigences présentes et futures de l’enseigne. « Aberrant » pour Pauline (#) qui évoque huit années passées dans le commerce et qui a été chef de magasin, ou pour Laëtitia* qui a exercé toute sa carrière en poissonnerie, y compris à Intermarché Saint-Pol. Elle, a pris la porte ce jeudi, « quatre jours avant la fin de ma période d’essai ». Une offre pour son poste aurait été publiée chez Pôle emploi avant qu’elle ne le perde.

    D’autres départs à venir ?
    Harcèlement moral pour les employés du rayon frais, normes de sécurité par respectées – un salarié serait tombé d’un quai –, heures supplémentaires impayées… les griefs sont nombreux, d’autant que la plupart auraient à la demande de Leclerc quitté leur précédent travail, obtenant le statut de demandeur d’emploi nécessaire à leur embauche (lire par ailleurs). « On a servi de bouche-trous », déplorent-ils.

    Leclerc, une grande famille ? « Preuve en est, on a été viré pour qu’ils puissent intégrer leur famille, leurs amis et des anciens de Seclin » où le directeur officiait auparavant. De nouvelles têtes ont remplacé les anciennes.

    L’écrémage se poursuivrait par ailleurs, avant la fin de la période d’essai des CDI fixée au 6 novembre. « Il y en a de prévus ce samedi. »

    Contacté, le directeur du supermarché n’a pas souhaité s’exprimer.

    (#) Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des témoins.

    #violence #leclerc #grand_distribution #super_marché #travail #En_Marche #harcellement

  • Carburants : interdiction de remplir des bidons dans le Nord – Pas-de-Calais, le point sur les stations à sec
    Publié le 20/05/2016 - Mis à jour le 20/05/2016 à 21:17

    Depuis ce jeudi matin, plusieurs dépôts pétroliers du Nord – Pas-de-Calais sont bloqués par des manifestants qui contestent la loi Travail. Les stations-service du nord de la France commencent à manquer de carburant ou se trouvent confrontées à des files d’attente très longues. Dans tout le Nord-Pas-de-Calais, interdiction de remplir des bidons.

    Le point sur les stations impactées ce vendredi soir.


    La préfecture du Pas-de-Calais, puis celle du Nord, ont interdit de vendre, d’acheter, de distribuer ou encore de transporter du carburant dans tout récipient transportable (jerricans, bidons, etc.). Dans le Pas-de-Calais, la préfète a par ailleurs décidé de réquisitionner temporairement un nombre limité de stations-services afin de ravitailler les services prioritaires. Les stations concernées par cette réquisition temporaire sont les suivantes :

    – Station TOTAL Access de Dourges (plateforme DELTA 3).
    – Station TOTAL de Coquelles (Terminal Eurotunnel).
    – Station TOTAL de Souchez (aire de Souchez).
    – Station TOTAL de Calais (relais rocade Est).
    – Station TOTAL d’Arras (rue des Rosati).
    – Station TOTAL SARL Turbeaute à Béthune.
    – Station TOTAL de Boulogne-sur-Mer (relais Daunou).
    – Station TOTAL Access de Fresnes-les-Montauban (relais de Fresnes).
    – Station TOTAL Access de Montreuil-sur-Mer (rue Leclerc).
    – Station TOTAL Access de Saint-Omer (rue des Madeleines).
    – Station TOTAL deSaint-Pol-sur-Ternoise (route de Béthune).

    SUR LE LITTORAL
    – Montreuil et ses environs :
    Vendredi matin, la station Total de Montreuil-sur-Mer était fermée. Idem pour celle de l’hypermarché Leclerc à Attin et du supermarché Carrefour à Étaples. Toujours dans la cité des pêcheurs, la station Esso a restreint la distribution de carburant. Même chose à Campigneulles, où les responsables de la station-service ont décidé de fermer les pompes en fin de matinée.

    À l’hypermarché Carrefour de Berck, il y avait encore de l’essence vendredi après-midi mais une longue queue de voitures.

    – Calais et ses environs :
    La station Carrefour Market de Bois-en-Ardres sert encore un peu d’essence mais plus de gazole. Même chose pour la station Élan Oye-Plage et au Carrefour Market d’Audruicq. A l’inverse, au Simply Market d’Autingues, on trouve encore du gazole mais plus d’essence.
    Quant à celle du Carrefour Market de Guînes, elle ne devrait pas tarder à fermer.

    – Dunkerque et ses environs :
    Les stations Leclerc à Rosendael et Total à Coudekerque-Branche sont à sec de gazole.

    – Boulogne et ses environs :
    Leclerc Boulogne est fermée depuis 17h. Depuis la fin d’après-midi, il n’y a plus une goutte d’essence dans les stations d’Hardelot, de Condette ou encore de La Capelle. À Ambleteuse, les patrons ont décidé, au vu de l’affluence, de ne délivrer que 20 € de carburant par véhicule.

    DANS L’ARTOIS
    – Arras et environs :
    Ne tentez plus votre chance aux bornes de Leclerc Dainville : elles sont à sec depuis le milieu de la matinée. Chez Total à Tilloy-lès-Mofflaines, même ruée sur le carburant, et même résultat final. Les cuves de gazole de Carrefour Pas-en-Artois sont à sec. A Fresnes-lès-Montauban, la station Total est à sec. Plus de gazole à Lerclerc Arras et Total Rosati. A Saint-Nicolas, la station Leclerc est fermée depuis 13h.

    – Béthune et environs :
    Selon nos internautes, le carrefour d’Essars, l’Intermarché de Bussy-les-Mines, le Leclerc de Noeux-les-Mines, la station Total de Sains-en-Gohelle, le carrefour de Vendin-lès-Béthune… sont à sec.
    La station Leclerc de Noeux-les-Mines était quant à elle en pénurie de gazoil dans l’après-midi.

    – Bruay et environs :
    A Cora Bruay, plus de gasoil, seul le sans-plomb est disponible. A Marles-les-Mines, après avoir été momentanément fermée en début d’après-midi, la station Intermarché a rouvert pour ne vendre que du sans-plomb. Au Carrefour Auchel, il y avait aussi pénurie de gasoil, mais il restait de l’essence. Les gérants n’attendent pas de livraison avant lundi.
    Au Carrefour de Divion, à 18 heures, les cuves de gasoil et de sans-plomb 95 étaient à sec et il ne restait plus qu’un fond de sans-plomb 98.

    DANS l’AUDOMAROIS
    À Lumbres, les stations Total, Leclerc et Super U sont fermées. À Thérouanne, il n’y a plus d’essence. Idem chez Carrefour Market d’Éperlecques et Arques. À Moulle, à l’Escapade, les pompes étaient vides en fin d’après-midi et la prochaine livraison ne devait pas être effectuée avant mardi 24 mai.

    Au Total Access de Saint-Omer et à l’Intermarché, à Arques, les cuves de gazole étaient vides en fin d’après-midi. De même à Carrefour, à Saint-Martin-lez-Tatinghem, où il n’y avait plus de gazole depuis 13 heures. À Wizernes, à Intermarché, il ne restait plus que du sans-plomb 95 en fin d’après-midi.

    À Aire-sur-la-Lys, Carrefour est hors-service. Le Carrefour de Fauquembergues n’a plus de carburant non plus.
    DANS LE DOUAISIS

    Un temps fermée, Leclerc Douai a cependant rouvert en fin d’après-midi. À Waziers , la station Total est fermée. Tout comme Super U à Orchies , Total à Pecquencourt , Total Access à Bugnicourt . Il n’y aurait plus de gasoil non plus au Carrefour de Lallaing

    DANS LE TERNOIS
    Les Carrefour Market d’Avesnes-le-Comte et de Frévent n’ont plus de carburant.

    A Pernes, Frévent, Avesnes-le-Comte, Tinques… Toutes les stations sont en rupture de gasoil. À la station Total de Saint-Pol, le service est limité à 20 € par véhicule, pour pouvoir contenter tout le monde.

    DANS LE CAMBRÉSIS
    La station Total Access, située sur la route de Fontaine-Notre-Dame à Cambrai, n’a plus de diesel.

    À Caudry, la station de l’hypermarché Leclerc n’est plus en mesure de fournir du diesel non plus. À Avesnes-les-Aubert, le point d’approvisionnement de Carrefour Market est à sec quand celui du magasin Match est sur la réserve.
    La station d’Iwuy devrait, quant à elle, être livrée ce samedi matin. « Mais on ne sait pas si ce sera le cas », a-t-on expliqué à nos journalistes de Cambrai. Même chose pour l’Intermarché de Caudry qui doit être livré lundi soir.

    DANS LE VALENCIENNOIS

    Intermarché, à Douchy-les-Mines, n’a plus de carburant dans ses cuves depuis ce vendredi 10 h. Pénurie de gazole également pour la station Total Access de Douchy-les-Mines.
    Pénurie totale, par contre, à la station-service du Carrefour Market de Trith-Saint-Léger. Un Douchynois témoigne avoir fait sept stations avant de pouvoir se servir à Haspres, mais limité à 20 €.

    La station BP, à Valenciennes, n’a presque plus de carburant et ne sera pas ravitaillée ce week-end. Si plusieurs stations sont prises d’assaut, pas d’affolement, à proximité de la frontière, non loin de Mortagne-du-Nord, où les conducteurs savent qu’ils pourront toujours faire leur plein en Belgique.

    EN SAMBRES-AVESNOIS
    Le Carrefour Market à Avesnelles est en rupture de stock.

    DANS LA MÉTROPOLE LILLOISE
    – Lille et environs :
    A Lille-Fives, la station du Carrefour Market est en pénurie de gasoil, tandis que la Total Access du boulevard de Tournai à Lezennes est en pénurie de SP95. A Wasquehal, la station de Carrefour n’avait plus de gasoil en fin d’après-midi et a fermé à 19h. Elle le restera jusqu’à ce samedi 8h.

    A Lille, la station Total Access de la rue de Turenne et celle du Relais de l’Epinette au Faubourg de Béthune étaient proches de la pénurie.

    – Autour de Seclin :
    L’hypermarché Leclerc de Seclin est en pénurie de diesel. Idem pour les deux stations Total Access du secteur d’Unexpo.
    À Wattignies , le diesel est, lui aussi, en rupture.
    – Dans les Weppes :
    A La Bassée, la station-service Total , à l’entrée de la ville, est en rupture de gasoil.

    DANS LES FLANDRES
    Ce n’est pas encore la pénurie de carburant à Hazebrouck, mais on s’en rapproche.

    La station Total, dans le centre-ville, n’a plus de gasoil. Il lui reste un peu d’essence sans plomb pour pouvoir peut-être tenir jusqu’à ce vendredi soir.
    La station de l’hypermarché Leclerc est aussi en rupture de gasoil depuis la fin de matinée mais les responsables espèrent tenir jusqu’à samedi soir pour les autres carburants.

    DANS LE LENSOIS
    – Lens et ses environs :
    Les deux stations Total de Lens, rue Lannoy et route d’Arras, sont en rupture de gasoil. Les stations Esso de Lens et Grenay, prises d’assaut par les automobilistes, ne devraient plus tenir longtemps. Même chose pour la station Cora Lens2. Sur les réseaux sociaux, certains internautes signalent que les stations de Loison-sous-Lens sont également à sec.

    – Secteur d’Hénin-Carvin :
    Il n’y at plus de gasoil à la station Total Access de Libercourt. Au Carrefour Market de Rouvroy, même topo, depuis midi environ. La station de centre-ville a été l’une des premières à sortir le panneau « fermé ».

    À Carvin, chez Leclercq, en milieu d’après-midi, le gasoil était à sec, et il ne restait plus beaucoup de SP 95 et de SP98.
    Chez Total dans le centre d’Hénin, le réapprovisionnement était prévu pour ce vendredi matin, mais le camion-citerne n’est jamais arrivé. Conséquence : des cuves de gasoil vides et des stocks de « sans-plomb » sur la corde raide.

    Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/carburants-interdiction-de-remplir-des-bidons-dans-le-ia0b0n3517709

  • Haumont (Nord) : la chaîne du froid a un coup de chaud
    http://cettesemaine.info/breves/spip.php?article1352

    Hautmont : un incendie volontaire à Intermarché fait 50 000 € à 100 000 € de dégâts F3Nord, 07/12/2015 | 15:07 Un incendie s’est propagé cette nuit à l’Intermarché de Hautmont. Les câbles électriques ont été endommagés. Le gérant déplore entre 50 000 € et 100 000 € de dégâts. C’est le gérant de l’Intermarché (...) — Tous azimuts