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  • La #Mondialisation des pauvres. Loin de Wall Street et de Davos

    La mondialisation ne se résume pas au succès de quelques multinationales et à la richesse d’une minorité de nantis. Les acteurs les plus engagés dans la mondialisation demeurent discrets, souvent invisibles. Depuis une trentaine d’années, les routes de l’échange transnational ont connu de profondes mutations. Elles relient aujourd’hui la Chine, l’atelier du monde, à un « marché des pauvres » fort de quatre milliards de consommateurs, en Algérie, au Nigeria ou en Côte d’Ivoire. Pour apercevoir ces nouvelles « Routes de la Soie », il faut se détacher d’une vision occidentalo-centrée et déplacer le regard vers des espaces jugés marginaux, où s’inventent des pratiques globales qui bouleversent l’économie du monde. On découvre alors une « autre mondialisation », vue d’en bas, du point de vue des acteurs qui la font.


    http://www.seuil.com/ouvrage/la-mondialisation-des-pauvres-armelle-choplin/9782021366525
    #livre #globalisation #marginalité #économie #marges #géographie_de_la_mondialisation #ressources_pédagogiques #post-modernisme #pauvreté #économie #marginalité #géographie #géographie_économique
    #inégalités #mondialisation_des_pauvres

    • Olivier Pliez : « Avec le #bas_de_gamme et la #contrefaçon, la mondialisation s’installe au plus près des pauvres »

      Les géographes #Armelle_Choplin et #Olivier_Pliez ont suivi à travers le monde les #vêtements, #jouets et autres extensions de cheveux de leur lieu de fabrication jusqu’au marché où ils sont vendus. Ces objets sont les indices d’une « mondialisation des pauvres » qui s’étend jusque dans les pays occidentaux.
      Peut-on parler de mondialisation sans passer par Wall Street, Davos, et tous les hauts lieux qui en sont habituellement les symboles ? Oui, répondent les géographes Armelle Choplin et Olivier Pliez dans la Mondialisation des pauvres (Seuil, La République des idées, 2018). Délaissant Manhattan ou la City de Londres, ils se sont rendus en #Afrique_du_Nord et dans le #golfe_de_Guinée, mais aussi en #Turquie et en #Chine, pour montrer que des espaces pauvres, que nous croyons exclus de la globalisation économique, ont aussi leurs réseaux internationaux. A défaut d’actions et de flux financiers, ces circuits voient transiter des produits bas de gamme : vêtements, électroménager, tongs, extensions de cheveux ou encore parpaings et ciment.
      En retraçant les parcours de ces #objets, ils dessinent les #réseaux d’une « #mondialisation_par_le_bas », de plus en plus sophistiqués et de plus en plus étendus. Né au cours des années 90 dans les marchés installés dans de nombreuses villes méditerranéennes comme Marseille, ce commerce à bas prix explose dans des métropoles chinoises d’envergure mondiale, où les produits bas de gamme s’exportent par conteneurs entiers. Olivier Pliez revient sur les logiques d’organisation de ce #commerce.

      Vous présentez cette « mondialisation par le bas » en suivant des objets à travers le monde. Comment les avez-vous choisis ?

      Nous avons sélectionné ceux qui révélaient l’étendue des réseaux à travers le monde. Nous racontons ainsi comment un homme d’affaires a fait fortune grâce aux extensions de cheveux artificiels : simple revendeur de mèches à Barbès dans les années 80, il est ensuite devenu le principal revendeur pour l’Europe, avant d’installer ses propres usines au Bénin puis au Nigeria, où il emploie 7 000 personnes ! Cet exemple de réussite économique, où des produits fabriqués en Afrique se vendent en Europe, nous pousse à sortir de nos schémas habituels : l’Afrique n’est pas seulement un continent pris au piège de la Françafrique ou de la Chinafrique. Certes, la mondialisation est avant tout un rapport de dominant-dominé, avec des riches qui exploitent des pauvres, des Nord qui profitent des Sud. Mais ces espaces pauvres et dominés intéressent le marché car ce sont des lieux de #consommation - je pense à des produits neufs mais aussi, par exemple, aux voitures de seconde main en provenance d’Europe - et parfois même des lieux de production d’objets que l’on ne trouve pas ailleurs. Nous essayons donc de montrer comment des marchands, des fabricants, qui ne sont pas les plus armés face à la mondialisation, arrivent tout de même à tirer parti de ces #réseaux_d’échanges.

      Comment a évolué ce commerce au fil du temps ?

      Tout a commencé dans les années 80 avec le « #commerce_au_cabas » : des gens se rendaient dans des marchés tel celui de #Belsunce à #Marseille. Ils achetaient des produits bas de gamme comme des vêtements, des objets électroniques ou du petit électroménager, qu’ils ramenaient à la main au Maghreb pour les rerevendre. Ce commerce est un succès, et la demande se fait de plus en plus forte, à tel point que les marchands augmentent les volumes et achètent les marchandises par conteneurs entiers. Ils vont alors se fournir vers des villes plus grandes : d’abord #Istanbul, puis #Dubaï, et enfin, des villes chinoises comme #Yiwu : véritable #ville-marché à deux heures de train au sud de Shanghai, on y trouve des magasins d’usines ouverts 364 jours par an, où l’on peut se fournir en « menus articles », c’est-à-dire des #appareils_ménagers, des #jouets, de la #papeterie, des #vêtements ou encore des #objets_religieux. Dans les cafés, des marchands parlent « affaires », dans toutes les langues.

      Marseille, Istanbul, Dubaï, et maintenant Yiwu : pourquoi ce commerce se déplace-t-il à l’Est ?

      Chaque changement de ville correspond à un élargissement des lieux de consommation, et donc à une augmentation de la demande. A Marseille dans les années 90, le marché alimente surtout le #Maghreb. Puis les marchands maghrébins sont partis se fournir à Istanbul, au moment où la chute de l’URSS fait exploser la demande de consommation dans l’aire ex-soviétique. Cette ville offre alors des prix plus intéressants que Marseille. Lorsque Dubaï émerge à son tour, ce sont l’#Iran et toute la #corne_de_l’Afrique qui s’ajoutent à la liste des lieux de consommation. Enfin, en Chine, Yiwu est une #ville_globale, qui vend des produits dans le monde entier. En plus des affiches en arabe ou en russe, on voit aussi des panneaux en espagnol, preuve de la présence de marchands latino-américains.

      Les villes qui se font doubler perdent-elles leur rôle commercial ?

      A Marseille, le #marché_de_Belsunce a disparu et le quartier est en cours de #gentrification. A Istanbul ou Dubaï, villes très internationales, le commerce reste très actif mais répond à des besoins plus spécifiques : par exemple, Dubaï assure des livraisons plus rapides que Yiwu. Plus largement, pour rester en compétition, de nombreuses villes se spécialisent : celles de #Malaisie vendent des #meubles_en_bois, celles du #Vietnam du #textile, etc.

      Qu’est-ce qui explique en Chine le succès de Yiwu, bien moins connue qu’Istanbul ou Dubaï ?

      Yiwu est connue des grossistes, pas des touristes. Contrairement à ses concurrentes, elle s’est développée pour le marché, alors qu’ailleurs, le marché naissait dans la ville préexistante. A la fin des années 90, Yiwu a fait le choix d’installer des magasins ouverts toute l’année, alors que ses concurrentes chinoises proposaient des foires ouvertes dans un temps limité, ce qui était plus contraignant pour les acheteurs. De plus, elle permet l’exportation sur de petits volumes - l’équivalent d’un demi-conteneur -, ce qui attire des marchands moins fortunés. Et puis, Yiwu a aussi élargi ses gammes de produits, en continuant à vendre du bas de gamme, mais en ajoutant des éléments de meilleure qualité, toujours dans le domaine du vêtement, des jouets, du papier. Il y a quelques années, on y trouvait jusqu’à 90 % de produits de contrefaçon. Ce n’est plus le cas. Cela permet d’atteindre de nouveaux marchés de consommation, jusque dans les pays du Nord ! En France, certaines grandes surfaces discount ou de petites boutiques proposent des produits venus de villes comme Yiwu.

      Donc, la « mondialisation des pauvres » concerne aussi les pays riches ?

      Oui. On le voit par exemple à #El_Eulma, le plus grand marché d’#Algérie, connu dans tout le Maghreb. On y trouve notamment des vêtements et des #fournitures_scolaires que tout le monde vient acheter, y compris des personnes qui vivent en Europe mais qui y viennent pendant leurs vacances. Les mêmes types de produits sont ainsi présents en #Afrique, en #Amérique_latine, en #Asie_du_Sud-Est, mais aussi ainsi dans les pays occidentaux : à Yiwu, les Etats-Unis et l’UE figurent en bonne place dans les listes de clients importants. C’est en quelque sorte l’illustration concrète des nouvelles routes de la soie que la Chine étend dans le monde entier. Aujourd’hui, des trains relient Yiwu à Téhéran, mais aussi à Madrid et à Londres ou Budapest. Economiquement, le #transport_maritime reste moins coûteux, mais c’est un symbole important de l’étendue de sa puissance commerciale.

      Ces réseaux commerciaux pourront-ils satisfaire les futurs besoins de l’Afrique, en forte croissance démographique ?

      En ce qui concerne le besoin de consommation, oui. Ce sera notamment le cas du golfe de Guinée : cette région portuaire de 30 millions d’habitants, anglophones ou francophones, a de bons atouts pour s’intégrer aux réseaux mondiaux. Pour d’autres zones, comme pour la bordure méridionale du Sahel, ce sera plus dur, même si les grandes capitales de cette zone affichent des publicités pour le port le plus proche, ce qui montre l’existence de lien avec le commerce international. En revanche, les activités économiques ne fourniront pas d’emploi à tout le monde, loin de là.

      Votre livre montre des commerçants qui circulent dans le monde entier. Comment analyser les contraintes que leur impose la politique migratoire européenne ?

      Tous les spécialistes des migrations disent depuis trente ans : laissez-les circuler ! Les conséquences de la fermeture des frontières européennes sont faciles à mesurer. Dans les années 90 et 2000, Istanbul a attiré de nombreux commerçants qui ne pouvaient pas se rendre en France faute de #visa. Aux Etats-Unis, des travaux ont montré la même chose dans les relations avec l’Amérique latine : les personnes avec un double visa circulaient et créaient cette mondialisation. Quand les contraintes de circulation s’accroissent, le commerce ne s’arrête pas, il se reporte. C’est bien ce qu’ont compris les Chinois en créant Yiwu et en y garantissant un bon accueil des marchands maghrébins, et plus largement, arabes.

      Avec cette image d’hommes et de produits circulant pour le plus grand bien de tous, ne glisse-t-on pas vers une « mondialisation heureuse » qui néglige la question des inégalités ?

      Nous dénonçons cette mondialisation qui est source d’inégalités. Mais nous essayons de comprendre comment elle s’installe au plus près des pauvres pour les inclure dans le #marché. Ce n’est pas une mondialisation plus angélique que l’autre, mais on n’en parle pas ou peu, notamment parce qu’il est difficile de quantifier les #flux qui circulent, comme on le fait pour les autres lieux de la mondialisation. Il manquait aussi une géographie à ce champ très marqué par les sociologues et les anthropologues, c’est ce que nous avons voulu faire.

      http://www.liberation.fr/debats/2018/04/06/olivier-pliez-avec-le-bas-de-gamme-et-la-contrefacon-la-mondialisation-s-
      #frontières #ouverture_des_frontières #fermeture_des_frontières #circulation #route_de_la_soie (les nouvelles "routes de la soie")

  • Migrant Hostages : A Lucrative Business in Turkey

    Last week’s discovery of 96 Pakistani and Afghan migrants who had spent a month chained in an Istanbul basement was met with reactions of shock and horror. The men had paid traffickers between four and five thousand lira to cross into Turkey with the intention of eventually reaching Europe. Upon arriving in Istanbul, they were locked in a basement, with their captors demanding that the men call their families to inform them they had arrived in Europe, and ask for money. Those who refused were tortured. Fortunately, one of the men was able to get a hold of a key. After he released the others, they banded together to attack their captors and then summoned help.

    http://www.bmigration.com/migrants-hostage-turkey
    #Turquie #otages #business #asile #migrations #réfugiés #torture #chaînes #Istanbul #sous-terrain #sous-sol #esclavage #esclavage_moderne

  • #Une_autre_montagne

    Sur les terres de Turquie, un dicton dit « Si un de tes yeux pleure, l’autre ne peut rire ».

    A l’est, le #Bakur, le Kurdistan de Turquie. A l’est, ce sont les couvre-feux, les blocus, les occupations de l’armée turque. C’est une #paix qu’on espère et qui n’arrive jamais. Ce sont des femmes dans les #montagnes, qui se lèvent, qui font face, quitte a prendre les armes.

    Burcu et Sinem vivent a #Istanbul avec cet oeil qui pleure. Elles vont rencontrer Ergül dans un petit village de la région de la Mer Noire, qui a participé aux luttes révolutionnaires de la fin des années 70 étouffées par le coup d’état militaire de 80.

    Le temps d’échanger leurs expériences d’organisation de femmes et du çay. Les époques se mêlent et c’est toujours la #guerre, la #répression et une #violence au quotidien contre laquelle elles se soulèvent. Kurdes, mères, féministes. Il y a de la résistance et de la solidarité dans leurs mots, dans leurs pas, dans leurs cris, dans les rythmes qu’elles tapent sur leurs « erbane » (percussions) contre le #nationalisme, la guerre, le #patriarcat.


    http://www.kedistan.net/2017/03/26/documentaire-une-autre-montagne
    Ici la bande annonce :
    https://vimeo.com/209661727

    #femmes #résistance #Kurdistan #Turquie #histoire #film #documentaire #témoignage #montagne #féminisme #luttes

  • Egyptian pro-government media downplay January revolution
    BY BBC MONITORING

    Egyptian pro-government traditional media are observed to have downplayed the seventh anniversary of the 25 January 2011 revolution that forced long-standing President Hosni Mubarak to step down.

    State-owned Nile News and Channel 1 TV stations focused on the Police Day, which coincides with that of the January revolution, dedicating considerable airtime to this occasion.

    Both channels carried a logo for the 66th Police Day anniversary at the upper left-hand corner of the screen and aired parts of President Abdul Fattah al-Sisi’s speech for this occasion a day earlier.

    Privately-owned, pro-government TV channels, such as Al-Asimah (the capital) TV, also dedicated its main evening talk show “Al-Asimah” to criticising key youth activists who played a prominent role in the January revolution, accusing them of “collaborating” with foreign powers to the detriment of the Egyptian state.

    On the other hand, Istanbul-based pro-Muslim Brotherhood Mekameleen TV marked the seventh anniversary of the January revolution, dedicating its evening chat show “Egypt Today” to discussing the revolution and the media role.

    The channel made special coverage under the title “the revolution continues”, airing footage of the revolution demonstrations, the use of force by the police against protesters and the “martyrs” of the revolution.


    Revolution vs Police Day

    The state-owned newspapers are also observed to have downplayed the event, focusing on the Police Day instead. The main headlines reflect parts of Sisi’s speech.

    Editor-in-Chief of state-owned Al-Gomhouria daily wrote a full-page article under a big headline reading: “25 January an anniversary for whom? For those who made sacrifices and defended the nation or those who sabotaged, destroyed, burned and threatened the existence of the homeland?” Two pictures for Sisi during the Police Day celebration appeared with the article.

    State-owned flagship Al-Ahram daily also published a report saying that 25 January revolution “was abducted by the Muslim Brotherhood in collaboration with foreign elements”. The paper added that the “30 June revolution”, in reference to the mass protests that preceded the removal from office of Islamist President Mohamed Morsi by the military in 2013, “restored Egypt”.

    Some pro-Sisi editors in privately-owned newspapers also criticised the January revolution.

    Managing Editor of privately-owned Al-Youm al-Sabi newspaper, Dandrawy al-Hawary, criticised the January revolution, saying: “How to celebrate two occasions on one day?”

    “The 25 January is the Police Day only. If you want, under the pressure of fear, to mark it a day for the January revolution, let it be on 28 January at least to make people remember the size of damage and destruction as well as the state of panic that filled the hearts of the Egyptians and the killings and systematic looting of public and private property,” al-Hawary said.

    SOURCE: BBC MONITORING IN ARABIC 1100 GMT 25 JAN 18

  • Opération « #Rameau_d'olivier » : images de la ville syrienne d’Afrin bombardée par les F-16 turcs — RT en français
    https://francais.rt.com/international/47457-debut-operation-rameau-dolivier-syrie-afrin-bombardee-par-f-16-tu

    La ville d’Afrin, dans le district sous contrôle kurde du même nom, a été bombardée le 20 janvier par huit avions de combat turcs de type F-16.

    Cette attaque aérienne s’inscrit dans le cadre de l’opération militaire turque appelée « Rameau d’olivier », qui a « commencé de facto sur le terrain » le 20 janvier, selon une déclaration du président turc Recep Tayyip Erdogan. 

    Le même jour, le Premier ministre turc Binali Yildirim a fait savoir que les forces armées turques avaient « débuté une campagne aérienne pour détruire des éléments [des Unités de protection du peuple (YPG)] ». Il a ajouté que huit avions de chasse F-16 avaient été déployés par l’armée turque dans le cadre de cette opération.

    Les images captées sur place par l’agence Ruptly montrent des explosions et un panache de fumée noire s’élever au-dessus de la ville d’Afrin.

    #zeytin_dalı #olive_branch

    • Les forces russes en Syrie redéployées suite au début de l’offensive turque - Sputnik France
      https://fr.sputniknews.com/international/201801201034823430-syrie-turquie-offensive-russie

      Après le lancement par la Turquie de l’opération Rameau d’olivier en Syrie, les forces russes ont été retirées de la zone concernée, selon le ministère de la Défense.

      Le commandement des forces russes stationnées en Syrie a pris des mesures pour assurer la sécurité des militaires à Afrin, théâtre de l’opération turque contre les formations kurdes, a annoncé le ministère russe de la Défense.

      « Pour prévenir d’éventuelles provocations et éviter tout risque pour la vie et la santé des militaires russes, le groupe opérationnel du Centre pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie et de la police militaire a été transféré dans la région de Tell Adjar, de la zone de désescalade de Tell Rifaat », a indiqué le ministère.

    • Opération « Rameau d’olivier »
      https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-idees/le-journal-des-idees-lundi-22-janvier-2018

      L’objectif de l’opération militaire turque dans l’enclave kurde d’Afrine est d’établir une « zone de sécurité » d’une profondeur de 30 km à partir de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Florence Parly, la ministre française des armées, a appelé la Turquie à cesser ses opérations contre les Kurdes syriens, craignant qu’ils ne détournent leur forces, très engagées au sein de la coalition à laquelle la France appartient, « du combat primordial » contre le terrorisme. La France demande une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Kurdes sont en première ligne dans la guerre contre l’organisation État islamique, et notamment sa capitale autoproclamée, Rakka, qu’ils ont libérée en octobre dernier.

      Dans Le Monde.fr, Marie Jego, correspondante à Istanbul, détaille les intentions affichées du gouvernement turc : « faire en sorte d’éviter que la Turquie « ne perde son contact géographique avec le monde arabe ». Bizarre… En fait, la principale crainte des Turcs est de voir la région d’Afrine et celle de Kobané former une continuité territoriale pour achever le « corridor » qui permettrait aux Kurdes de « gagner la Méditerranée ».

      Et puis il s’agirait aussi « de favoriser le retour chez eux de trois millions de réfugiés syriens ». Mais la région d’Afrine héberge déjà 800 000 personnes, dont beaucoup de déplacés venus des autres régions de Syrie.

      Si le gouvernement syrien s’est offusqué de l’intervention, menaçant d’abattre les avions turcs sur son territoire, son allié russe semble s’en accommoder à seule fin de préserver le « Congrès pour le dialogue national syrien », les 29 et 30 janvier à Sotchi. « Erdogan semble dire à Poutine, donne-moi Afrine et je te rends Idlib », avance un diplomate. La lutte d’influence et d’intérêts contradictoires des puissances étrangères se poursuit donc sur le territoire syrien, au détriment des populations.

      En Turquie, où le chef de l’Etat a mis en garde le principal parti pro-kurde, dont les leaders sont en prison, contre toute tentative d’organiser des manifestations d’opposition à cette offensive, ce parti était le seul à appeler à manifester à Istanbul et à Diyarbakir. Hier après-midi, sur la rive asiatique du Bosphore, les forces de police étaient plus nombreuses que les manifestants.

    • Zeytin Dalı harekatı nedir? Zeytin Dalı’nın anlamı ne? - Son Dakika Haberler
      http://www.hurriyet.com.tr/zeytin-dalinin-ve-72-ucagin-anlami-40716884

      Zeytin Dalı harekatı nedir? Zeytin Dalı’nın anlamı ne?

      Peki operasyona neden Zeytin Dalı adı veridi? Hürriyet muhabiri Uğur Ergan’ın verdiği bilgiye göre Zeytin Dalı’nın hem bölgenin zeytin ağaçlarıyla kaplı olması hem de barışı temsil etmesi nedeniyle kullanıldığı bildirildi.

    • Syrie : l’armée turque poursuit son offensive dans l’enclave kurde d’Afrin
      http://www.lemonde.fr/syrie/article/2018/01/21/syrie-l-armee-turque-est-entree-dans-l-enclave-kurde-d-afrin_5244812_1618247

      Le premier ministre, Binali Yildirim, a indiqué dimanche à la chaîne de télévision Habertürk qu’Ankara cherchait à créer une zone de sécurité d’une profondeur de trente kilomètres en territoire syrien. Il a exigé des médias une couverture exemplaire, selon un vade-mecum en quinze points qui préconise notamment « la vigilance » envers les informations publiées par la presse étrangère critique de la Turquie et dit qu’il faut « montrer que les armes utilisées pour l’opération ont été fabriquées en Turquie ».

    • Comment éviter les #fake_news à Afrin, check-list en 15 points aimablement fournie par le gouvernement turc.

      Yıldırım’dan medyaya 15 maddelik Afrin talimatı
      https://www.evrensel.net/haber/343819/yildirimdan-medyaya-15-maddelik-afrin-talimati

      Başbakan Yıldırım’ın medyaya verdiği 15 maddelik “dikkat edilecekler” listesi şöyle:
       
      • Haber ve yorumlarda bu harekatın tamamen terör örgütlerine yönelik olduğu ve terör örgütlerini etkisiz hale getirmeyi amaçlayıp sivil halkı koruduğunun ön plana çıkarılması
       
      • Yabancı haber kaynaklarının özellikle PKK, PYD, YPG, DEAŞ kaynakları üzerinden Türkiye aleyhine yapacağı haberler konusunda dikkatli olunması
       
      • Uluslararası haber kaynaklarının Türkiye aleyhine yapacağı haberleri yansıtırken Türkiye’nin milli menfaatlerinin gözetilmesi
       
      • Sivillere yönelik saldırı konusunda silahlı kuvvetlerin gösterdiği hassasiyetin hatırlatılması
       
      • TSK’nın Afrin’de yaptığı operasyon sadece PKK/PYD’ye yönelik değil DEAŞ’a yönelik olduğunun da ön plana çıkarılması
       
      • Özellikle görsel medyada sıcak çatışma bölgesine girerek askerlerin can güvenliğinin ateşe atılmaması
       
      • Operasyonun Türkiye’nin yerli ve milli silah üretimi ve kabiliyetiyle olduğunun hatırlatılması
       
      • Mehmetçiğin can güvenliğini tehlikeye sokacak görsellere yer verilmemesi, TSK’nın taktik bilgilerinin paylaşılmaması
       
      • Karşı taraf adına istihbari bilgi içeren detaylara girilmemesi 
       
      • Yurt içinde PKK ve uzantılı siyasi oluşumların Afrin operasyonuna karşı düzenleyeceği eylemler ve açıklamaların ön plana çıkarılmaması
       
      • Olası şehit haberleri verilirken titiz davranılması
       
      • Yabancı basında yapılan operasyon haberlerinin ulusal basına aynen taşınmaması
       
      • Bu operasyona karşı PKK ve PYD’nin TSK’yı ‘işgalci’ gösterme gayreti olduğunu ifade eden Yıldırım, ‘Bilgisi ve tecrübesi olan insanlardan görüş alınabilir’ dedi. Türkiye’ye karşı olumsuz algı yaratacak kişilerden görüş alınmamasını önerdi.
       
      • PKK/PYD’nin moralini yükseltecek haberler yapılmaması
       
      • Operasyon süresince kamuoyunu bilgilendirmek için hem hükümetin hem AKP’nin görevlendirmiş olduğu Bekir Bozdağ ve Mahir Ünal’la her türlü kanaldan temas kurularak basının doğru bilgiye ulaşması gerektiğini vurguladı.

    • Tiens voilà une #vraie_nouvelle vérifiée par les porte-parole du gouvernement et de l’AKP !

      (je la mets aussi à cause du choix judicieux de l’illustration…)

      Le PKK / PYD a l’intention d’utiliser les civils d’Afrin comme boucliers humains lors de l’opération turque à Afrin - Red’Action
      https://www.redaction.media/articles/pkk-pyd-a-lintention-dutiliser-civils-dafrin-boucliers-humains-lors-de-

      La branche syrienne de l’organisation terroriste PKK, le Parti de l’Union démocratique (PYD), empêche les civils de quitter le district syrien d’Afrin.

      En propageant la propagande selon laquelle la Turquie fait du tort au peuple kurde de la région, le PKK / PYD envisage d’utiliser les habitants d’Afrin comme boucliers humains.

  • Come invest in environs of giant Istanbul canal, Turkey tells Qatar
    http://www.hurriyetdailynews.com/come-invest-in-environs-of-giant-istanbul-canal-turkey-tells-qata

    Turkey has introduced a 4.6 million square meter parcel stock on the route of Canal Istanbul to Qataris as an opportunity for joint investment in developing real estate and other construction projects.

    The meetings were made on Jan. 18 at the Expo Turkey 2018, a high-profile trade fair, which kicked off in Qatari capital Doha with the participation of more than 110 Turkish companies.

    Top representatives from Emlak Konut, a key Turkish property developer, came together with their Qatari counterparts to discuss joint investment opportunities in the parcel stock over the route of Canal Istanbul.

    Nearly 23,000 properties are planned to be built in the area.

    “We made a presentation about the area and investment opportunities for Qatari investors,” said Emlak Konut chair Ertan Yetim.

    “We have invited them to jointly invest in the area on the revenue-sharing model,” he added.

    Sources close to the matter told daily Hürriyet the Qatari investor group with which Emlak Konut had come together with was Qatari Diar, which already has property investments in Istanbul.

    #KanalIstanbul

  • Chères toutes et tous

    Comme on peut l’apprendre, de temps en temps, en lisant #mon_oiseau_bleu, je travaille en ce moment à un texte intitulé Frôlé par un V1, dont l’une des recherches les plus saillantes est de s’intéresser aux figures de l’invisible. Dit comme cela ça peut paraître un peu mystérieux. Je vous donne un exemple : les standardistes de téléphone qui invariablement se présentent comme Arnaud ou Nathalie (et qui en fait s’appellent Mehdi ou Djemila - ce qui est tellement plus joli ceci dit par ailleurs) et auxquelles on compose des visages fictifs dont on ne saura jamais s’ils ont la moindre part de ressemblance (surtout si on prend pour argent comptant qu’elles s’appellent Nathalie ou Arnaud). Le texte procède beaucoup par petites fiches quand ce n’est pas par petites touches, voici une des fiches.

    Mort de Raymond Samuel Tomlinson (1941 - 2016). Je me souviens que c’est en apprenant sa mort, le 5 avril 2016, que j’ai découvert tout ce que je devais à Raymond Samuel Tomlinson, et ce n’est pas rien quand on y pense, rien moins, en effet, que le courrier électronique, qui est rien moins que ma deuxième drogue de prédilection, après la morphine. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des figures de l’invisibilité, des fantômes par excellence.

    Je crois qu’assez nombreuses sont effectivement les personnes dont j’ai découvert l’existence en lisant leur chronique nécrologique. En revanche si je voulais dresser une liste de ces personnes, et bien, je ne me souviens pas d’un seul nom !

    Du coup je me demandais si dans notre belle et riante communuaté d’omniscientes et d’omniscients, il n’y aurait pas quelques-uns de ces fantômes que les unes et les autres pourraient me prêter pour me dépanner dans cet effort de fiction qu’est donc Frôlé par un V1

    D’avance #merci

    • Comme par exemple, ce patron de bar tabac dont une amie m’a annoncé la mort alors que je le connaissais pas. Je l’ai imaginé tout grisouille : la cinquantaine, de taille moyenne, le visage un peu carré, une chevelure courte, légèrement bedonnant, habillé d’une chemise et d’un pantalon gris bleuté. La voix un peu rocailleuse. Sans doute le côté tabac qui ressort :) Je ne connais pas son nom.

    • @james Oui, ça marche à fond. On n’est pas obligé que ce soir la jour-même.

      @odilon Disons que c’est mieux si la personne est effectivement connue d’un panel plus large de personnes, limite célébrité, mais je garde le buraliste en question, qui si cela se trouve était au contraire fort bel homme et gentil comme tout, et avec la chemise parfaitement rentrée dans le pantalon.

    • Je pourrais alors dire « Paul VI ! », mais ce serait un peu hors sujet. Juste que c’est le jour où il est mort que j’ai découvert qu’il y avait un Pape. À l’époque, ça m’a franchement intrigué mais honnêtement, ça ne me hante pas ...

    • @james Je n’en reviens pas. Il se trouve que je fais partie des rares personnes qui l’ont vu vivant une dernière fois alors qu’il tentait d’obtenir du connard de gardien du 22 rue Monsieur le Prince le code pour se réfugier dans la cour intérieure et que nous n’avons pas eu le temps de lui gueuler que c’était le 9573 depuis le fond de la cour, parce qu’il a pris ses jambes à son cou mais pas assez vite puisque les voltigeurs l’ont rattrapé juste après la rue Racine devant le numéro 20 où il y a désormais une plaque à son nom.

    • J’ai vécu un moment, hier, qui se rapproche un peu de ta recherche de fantômes. L’enterrement d’un proche : J-F 1964-2018, dernier oncle maternel de ma fille. J’ai approché ce fantôme que les 12 dernières années de sa vie. (il cumulait une douzaine d’année derrière les barreaux entre entrée et sortie).
      Beaucoup plus que sa mort, c’est son enterrement qui m’a appris la difficulté de se faire enterrer comme indigent. Et fantôme de la bouche de la grand-mère de ses 2 fils, Mehdi & Milhan, qui disait qu’elle avait eue accident, hier, en venant à Rennes (elle a pliée sa voiture, c’est tout) que J-F avait dévié sa trajectoire pour que ses fils ne voient pas son cadavre.
      #bleu_comme_un_cadavre
      Aujourd’hui 4 personnes sur les 9 qui ont assisté et arrosé sa sépulture ont le bruit d’un V1 dans le cerveau.
      J-F lui est une nouvelle fois entre 4 murs et cette fois-ci pour perpète. R.I.P

    • @odilon et @james oui, un chapitre en soi celui des anonymes qui deviennent connus par leur décès qui résulte donc des violences policières. Du coup là je me demande si je ne devrais pas ouvrir une catégorie spécifique.

      Cookie Muller, je ne connaissais pas. Merci @vanderling

      Une fois deplus, et c’est le cas presque à chaque fois que je suscite l’intelligence collective de seenthis, ça débloque pas mal de choses.

    • Ça m’a toujours amusé de me retrouver à habiter des rues portant le nom de total·es inconnu·es : Simone Bigot à Clichy, Louis Vestrepain à Toulouse et maintenant Emile Duployé.

      dans le genre parfaitement inconnu, même mort, sauf quand on doit donner l’adresse !
      et pourtant !

      Duployé wrote a series of books on this subject, whose first edition was named Stenography-Duployé, writing easier, faster and more readable than any other, which applies to all languages (published in Lyon in 1860).

    • Je disais hier que parfois j’ai envie de tuer des gens, les deux filles étaient gênées, j’ai cru que j’allais prendre un couteau. Où est la peur ? le jeu ? J’ai dit qu’au contraire, j’aurais du faire du cinéma, au cinéma on peut mourir pour pas cher, on y tue beaucoup plus que dans la vraie vie, et surtout on ressuscite à chaque fois. Le cinéma est fait par des psychopathes détournés de leur dessein premier, des sortes de gentils dont il faudrait quand même se méfier. Et j’y repense aujourd’hui quand le gars fonce à moitié sur nous avec sa voiture, qu’il crève en enfer me dis-je. Mais bon, il parait que si je questionne pourquoi sa copine était gênée c’est que moi-même je devais connaitre la réponse, qu’elle non plus, jamais de chez grand jamais elle n’a pensé à tuer quelqu’un. Mais penser n’est pas tuer, quand même ? et écrire alors ? Bande d’hypocrites.

    • Mikhaïl Timofeïevitch Kalachnikov
      J’ai appris son existence le jour de la fermeture de l’usine qui fabriquait le fameux AK-47.
      Donc pas vraiment le jour de sa mort, quoi que...
      En réalité, dans son cas la (les) mort ça ne (se) compte pas.
      Et le plus sidérant pour moi fut d’apprendre qu’à la fin de sa vie il aurait mis au point ... un piège à taupes !

      « Au total, Mikhaïl Kalachnikov a créé à peu près cent-cinquante armes diverses. »
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Kalachnikov

    • Merci à toutes et tous. Même si je vais seulement picorer dans vos suggestions, il n’en est pas moins que vous avez ouvert une brêche pour ce qui est des personnes, notamment militantes, anonymes qui ont accédé regrettablement à la notoriété par leur mort, voilà typiquement des fantômes qui ont leur place dans mon récit décousu des Frôlés par un V1 .

      On n’est décidément jamais déçu quand on suscite l’intelligence collective de seenthis .

      Et surtout que ce mot de remerciement ne dissuade personne de continuer de forer dans cette tempête de cerveaux , je suis encore très éloigné d’une forme fermée de mon texte.

      Encore une fois, #merci

    • Peut-être d’autres brêches

      Les militant·es des droits des peuples autochtones, des terres, de l’environnement ayant un certain renom dans leur pays et qui ont été assassiné·es :
      Berta Cáceres militante écolo assez connue au Honduras
      Rodrigo Tot, leader indigène au Guatemala qui avait reçu le Goldman Environmental Prize
      Isidro Baldenegro López, mexicain, Goldman Prize 2005
      Si tu as besoin d’une liste tu peux faire une recherche #assassinat ou #meurtre, j’en ai référencé quelques uns

      Les femmes assassinées par leur compagnon ou leur ex :
      Zenash Gezmu, marathonienne éthiopienne réfugiée en France

      et aussi
      les victimes d’homophobie
      Hande Kader, l’héroïne de la Gay Pride retrouvée brûlée à Istanbul

    • Alain Kan est un chanteur français né à Paris le 14 septembre 1944 et disparu le 14 avril 1990. Sa carrière, qui s’étend du début des années 1960 au milieu des années 1980, est assez atypique, du fait de son passage d’un style à l’autre : d’abord chanteur de variétés, il passe au glam rock puis au punk, gagnant en originalité artistique tout en se marginalisant. De manière inhabituelle pour l’époque, il affirmait ouvertement son homosexualité, à laquelle il faisait référence dans certaines de ses chansons, mais aussi sa toxicomanie qui a contribué à nuire à sa carrière. Vu une dernière fois dans le métro parisien, il disparaît sans laisser de traces.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Kan#Disparition
      https://www.discogs.com/fr/artist/493333-Alain-Kan
      #Alain_Kan

    • Bon je vous livre, je vous dois bien ça, l’extrait en question écrit, grâce à ce que je qualifie dans cet extrait-même comme l’intelligence collective de Seenthis.

      Extrait donc de Frôlé par un V1, roman en cours

      Mort de Raymond Samuel Tomlinson (1941 – 2016). Je me souviens que c’est en apprenant sa mort, le 5 avril 2016, que j’ai découvert tout ce que je devais à Raymond Samuel Tomlinson, et ce n’est pas rien quand on y pense, rien moins, en effet, que le courrier électronique, qui est rien moins que ma deuxième drogue de prédilection, après la morphine. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des figures de l’invisibilité en somme. L’écrivant, je me suis rendu compte que ce paradoxe relevait presque d’une expression du langage courant, Untel ou Unetelle, c’est la première fois que j’en entends parler, dit-on lors de certains décès, de certaines disparitions. Et il faudrait sans doute ici dresser la liste de tant d’illustres dont j’ai pareillement et paradoxalement appris l’existence le jour de leur mort, des fantômes par excellence. Mais alors, je me suis rendu compte que je n’avais pas d’exemples en tête de tels fantômes, de personnes apparaissant dans mon existence littéralement en mourant, et pourtant je jurerais que de telles personnes sont légions. Je tentais par exemple de parcourir les rayonnages désordres de ma bibliothèque tentant de me rappeler quels seraient les auteurs et les auteures que j’aurais lues, ma curiosité intriguée, pour ainsi dire, par l’annonce de leur décès, mais je me rendais bien compte que je regardais au plus mauvais endroit qui soit, ma bibliothèque qui recèle de morts bien vivants dans mon esprit, et celles et ceux que j’aurais adoptés tout juste post mortem et dont j’aurais lu les livres, parfois avidement, auraient rejoints le corpus quasi familial de mes auteurs et auteures avec lesquelles j’entretiens des relations quasi amicales quand ce n’est pas familiales. Je demandais un peu autour de moi, amis et famille, y compris à celles et ceux de mes proches dont justement je me souvenais qu’ils aient un jour proféré cette étrange parole de la naissance d’une personne à sa mort ― je me souvenais assez distinctement par exemple avoir appris la mort de je ne sais plus qui à B. qui me disait ne pas connaître tel auteur ou telle artiste, mais, pareillement, ces proches, B. compris, étaient comme moi, incapables de donner le moindre exemple, la liste de ces fantômes allait donc être très courte : l’ensemble vide, Ø, un ensemble fantôme en soi. Cela m’a vraiment taraudé quelques jours, je ne supportais plus l’idée que ce livre ne compte pas de ces authentiques fantômes, lesquels étaient en train, tels les fantômes qu’ils sont, de me poursuivre dans mes nuits jusqu’à m’en gâter le sommeil ― il m’en faut peu, on l’a vu, une scène d’égorgement nocturne, un octopode imaginaire...―, jusqu’à ce que j’en vienne à utiliser une de mes bottes secrètes, l’intelligence collective de Seenthis. Je m’explique. Seenthis est un réseau social libre, dont on doit, pour beaucoup, la conception, la réalisation, les nombreuses améliorations et l’entretien à un certain @arno ― toutes les personnes dont il va être ici question vont être appelées par leur nom de profil dans ce réseau social, dans lequel je suis moi-même @philippe_de_jonckheere. Il me faudrait sans doute plusieurs douzaines de pages pour décrire à la fois le fonctionnement de cet édifice mais surtout la très intense vie intelligente et cultivée qui y a cours, sans parler de ses très riches débats. Je donne un exemple malgré tout. L’année dernière ma fille Sarah, en préparant ses épreuves de baccalauréat, rencontrait de véritables difficultés avec ses exercices de cartographies, une épreuve, la cartographie, pour laquelle elle se faisait un souci insigne et je n’étais d’aucune aide pour elle, je m’en rendais bien compte, d’une part la géographie n’a jamais été ma matière forte ― ai-je une matière forte ? ― et par ailleurs je suis un très piètre pédagogue. Pour rire, je faisais remarquer à Sarah que c’était d’autant plus idiot que sur Seenthis je suivais, avec grand intérêt, les travaux de quelques cartographes fameux, @reka, @fil, @simplicissimus, @odilon, @visionscarto et leurs discussions passionnantes qui concernaient beaucoup la visualisation de données ― sujet auquel je trouvais une pertinence remarquable, une vieille marotte à moi : les images sont en train de devenir le langage etc… je vous épargne. « Ah Seenthis…, ton Facebook bio », avait répondu pleine de dédain juvénile Sarah, 18 ans. Vexé, évidemment, je décidais de mettre mon Facebook bio à l’épreuve et m’ouvrais, sur mon compte, @philippe_de_jonckheere, à la fois de l’incrédulité de Sarah ― ce qui fit bien rire et même adopter l’expression Facebook bio ― et, à la fois aussi, de la problématique ― la difficile mémorisation d’une carte qu’il faut ensuite restituer depuis un fond de carte, exercice nettement plus difficile qu’il n’y paraît ―, et quelle ne fut pas la richesse des réponses ― il fut même offert à Sarah une possible leçon particulière par visioconférence avec le célèbre @reka ―, et si j’exagérais un peu, ce que je ne fais pas naturellement, je pourrais pousser jusqu’à dire que grâce à Seenthis, mon Facebook bio, Sarah a finalement obtenu un très belle mention à son baccalauréat ― elle a obtenu la note de 15 sur 20 à son épreuve d’histoire-géographie. Il n’empêche, toutes plaisanteries et exagérations mises à part, il règne sur ce réseau de demi-savants une atmosphère d’intelligence collective et de mise en commun remarquable. Je décidais donc de m’ouvrir de ma difficulté du moment dans l’écriture de mon texte en cours, Frôlé par un V1. Je n’ai pas été déçu du résultat, puisque @odilon, @james, @vanderling, @touti, @alexcorp, @vazy ont participé à une conversation longue de quarante-deux messages, laquelle a été suivie, de près, par @marielle, @line_d, @7h36 et @reka et de laquelle est ressortie une figure particulièrement proéminente de fantômes , auxquels je n’avais pas du tout pensé : les victimes anonymes de violences policières, anonymes un jour, fondus et fondues dans la masse en somme, et parce que tués et tuées par les violences policières, ces personnes accédaient à une forme de notoriété étrange, il n’est que de ce citer certains de leurs noms pour vous faire toucher du doigt cette extraction surnaturelle de la masse indifférenciée de la foule, Malik Oussekine (1964 – 1986) ― le premier exemple donné par @james, qui, comme on va le voir, a résonné très étrangement à mes oreilles ―, Rémi Fraisse (1993 – 2014), Adama Traoré (1992 – 2016) et tant d’autres ― lors du printemps 2016, qui a été un véritable déluge de violence policières, s’est tenue une manifestation à Rennes qui a été elle-même violemment réprimée, et pour cause : les manifestants avaient peint au pochoir sur le pavé les noms des très nombreuses victimes de violence policières en France ― depuis 1945, si mes souvenirs sont bons. Mais le nom de Malik Oussekine cela avait une résonnance toute singulière, dont j’ai tenté en plusieurs endroits de mes différents textes ― dans le Jour des Innocents ( http://desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine ) notamment, mais aussi dans la longue lettre que j’ai écrite à Adrien Genoudet à propos de son livre l’Étreinte passage qui est devenu un élément saillant de notre spectacle éponyme ― de dire, justement, le frôlement qui a été le nôtre, Malik Oussekine et moi, et qui est, en soi, la figure du fantôme et du frôlement mêlés, fantôme et frôlement qui sont les deux thèmes de ce texte à propos de ce qui est à peine visible, quand ce n’est pas entièrement invisible. Malik Oussekine était un étudiant contestataire, à juste titre, des lois Devaquet-Monory en décembre 1986 ― et comme j’ai été rattrapé par une tristesse boudeuse, précisément en réglant les droits d’inscription élevés pour l’entrée à l’université de Sarah en septembre dernier, et dont je me souvenais que de tels droits, une telle somme, étaient l’une des mesures prévues par ces lois scélérates, et combattues pour cela, et dont je mesurais qu’elles avaient sans doute toutes été plus ou moins adoptées et mises en application, au fil des trente dernières années, en douceur, si j’ose dire, par les différents gouvernements de droite qui se sont succédés, sans discontinuer depuis décembre 1986, hiver au cours duquel, les manifestants avaient fini par obtenir, fort justement et dans la douleur, l’annulation des fameuses lois Devaquet-Monory (1923 – 2009). À ce titre dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 Malik Oussekine a été poursuivi dans la descente de la rue Monsieur de Prince à Paris par une escouade de voltigeurs ― sur une motocyclette, deux gendarmes, l’un pilote l’engin pendant que le second assis derrière, fait usage de sa matraque, notamment en frappant les personnes qui fuient leur charge dans les jambes, mais pas que dans les jambes, sont-ils maladroits ! Malik Oussekine a tenté de trouver refuge dans la très belle cour intérieure du 22 de la rue Monsieur le Prince mais dont l’accès était barré par un digicode ― le 9573 ―, lesquels n’étaient pas aussi fréquents alors, et que le gardien de cette adresse ― un type immonde de bêtise crasse et dont je dois confesser que j’ai souvent rayé, suis-je maladroit ! la carrosserie de cette voiture qu’il entourait de mille soins attentifs, notamment dans la cour intérieure le dimanche matin (Daphna ironisait souvent que sa femme ne devait pas connaître tant de douceur ― Daphna), et on a beau être étudiant aux Arts Déco, il est admirable à quel point on peut manquer d’imagination, et de compétence graphique, finalement, pour ce qui est des représentations obscènes gravées à la clef sur l’acier, des bites donc ― le gros gardien donc, n’a pas voulu lui donner le code, ce qui a condamné Malik Oussekine à prendre la fuite toujours plus bas dans la rue Monsieur le Prince, il a tout juste eu le temps de traverser la rue Racine avant d’être repris par un duo de voltigeurs et donc battu à mort ― je me souviens qu’Élie, le frère de Daphna, et moi, cruels et jeunes, avons tenté de faire valoir, les jours suivants, auprès de cet abruti de gardien qu’il portait la mort de Malik Oussekine sur la conscience, mais j’ai pu constater à quel point de tels concepts pénétraient imparfaitement l’intelligence si rare chez lui, qui nous a répondu, sans surprise, que tel n’était pas son problème à lui, à l’époque le point Godwin n’existait pas, mais je vous laisse imaginer le genre de reducio ad Hitlerum dont Élie et moi, nous sommes rendus coupables, brodant, sans grande imagination, sur des thèmes arendtiens pas spécialement bien maîtrisés par nous, je ne sais pas pour Élie, mais pour ma part il allait encore se passer de nombreuses années avant que je ne lise Hannah Arendt (1906 – 1975), qu’est-ce qu’on peut être péremptoire quand on est jeune ! Ce dont je me souviens surtout c’est que nous avons hurlé, Daphna et moi, depuis le fond de la cour, que le code c’était le 9573 ― pas une fois que je ne passe dans ce quartier sans que je ne tente, vainement depuis, de composer ce code à quatre chiffres au 22 de la rue Monsieur le Prince, rituel morbide, mais dont je ne peux m’empêcher ―, mais que Malik Oussekine dont j’ai le vague souvenir du visage lointain, souvenir qui ne correspond pas du tout à l’unique photographie connue de lui, comme si dans mon souvenir, vieux de plus de trente ans, son visage avait déjà été partiellement happé par la mort, tandis qu’il ne lui restait plus qu’une minute ou deux à vivre, Malik Oussekine ne nous a pas entendus, nos voix sans doute couvertes par le bruit de la rue et justement celui de la motocyclette qui approchait ― et peut-être aussi, je suis en train de m’en souvenir et de m’en rendre compte en l’écrivant, que Daphna et moi, dans notre précipitation, avons dit la même chose, 9573, de deux manières différents et finalement concurrentes, Daphna à l’américaine, neuf-cinq-sept-trois et moi à la française, quatre-vingt-quinze soixante-treize, concourant, presque autant que le gardien abject, finalement, au drame. Ici je dois aussi expliquer, j’imagine, que Daphna et moi résidions, alors, chez le père de Daphna, qui lui-même résidait ailleurs, dans ce qui avait été l’ancien atelier du photographe touche-à-tout pas forcément génial, André Vigneau (1892 – 1968), atelier dont le père de Daphna avait hérité du bail et dans lequel, aux mains justement de cet André Vigneau, Robert Doisneau (1912 – 1994) avait fait ses classes en photographie, ce dont il gardait un souvenir immuable, qu’il avait été content de partager avec moi, nous l’avons vu, lors d’un vernissage au Palais de Tokyo, du temps où ce dernier était le Centre National de la Photographie, avant d’être désamianté et laissé dans cet état assez lamentable qui est celui d’aujourd’hui et qui sert de façon assez décorative, il faut bien le dire, de décor de pseudo friche industrielle et qui permet sans doute à des artistes en manque de sensations révolutionnaires, tels Thomas Hirschhorn, de nous faire croire à leurs vagues intentions anarchistes, parfaitement cadrées par ailleurs, ce n’est pas l’absence de crépi sur les cimaises qui permet d’annuler l’institution. Mais je m’égare. Il y a, malgré tout, dans mon esprit, souvent désordonné, j’en conviens, des liens de sens quasi directs entre Malik Oussekine et Thomas Hirschhorn, les-quels passent étonnamment par le photographe Robert Doisneau. Et il y aura désormais ce genre de liens distendus et capillotractés dans mon esprit entre Raymond Samuel Tomlinson et Malik Oussekine. À la réflexion ce n’est pas le plus inadéquat des hommages si l’on consi-dère que Raymond Samuel Tomlinson a contribué, grandement ― le courrier électronique est la plus belle des fonctionnalités d’Internet ― à la construction et à l’essor d’Internet, qui est le lieu même de la sérendipité, le passage du coq-à-l’âne, grâce, notamment, aux invraisemblables catapultes que sont les liens hypertextes, l’autre merveilleuse fonctionnalité d’Internet. #merci #Raymond_Samuel_Tomlinson_, comme on dit sur _Seenthis. Sur Internet.

    • Je ne connaissais pas le mot sérendipité @philippe_de_jonckheere je regarde dans le dico, rien. un deuxième rien non plus, doivent être trop vieux.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rendipit%C3%A9

      La sérendipité est le fait de réaliser une découverte scientifique ou une invention technique de façon inattendue à la suite d’un concours de circonstances fortuit et très souvent dans le cadre d’une recherche concernant un autre sujet.

      sans parler de découverte scientifique, ça m’arrive souvent sur le net et sur @seenthis où je dérape souvent, Je sais d’où je pars sans savoir où je vais et bon dieu, j’adore ça. La merveilleuse glissade.

    • Jusque-là, j’associai @davduf à l’histoire de Malik Oussekine, bien que je ne retrouve pas de traces écrites. Je suppose qu’il a fait un travail de mémoire à ce propos, mais je ne me souviens plus :/

      Maintenant vous serez 2 pour me rattacher à lui. Et par lui, à qui j’etais en 1986...

      Bref, ce fil de discussion provoque en moi un vertige que j’ai du mal à exprimer. De l’inventeur du courrier électronique qu’on oubliera à nouveau dans un certain temps et cet étudiant qu’on ne pourra pas oublier... je ne sais pas comment dire... et pourtant j’aimerais bien...

    • @james

      je ne sais pas comment dire... et pourtant j’aimerais bien...

      Ben tu vois moi cela faisait des années que j’essayais d’en dire quelque chose, ce que j’ai donc déjà essayé de faire, et puis je n’y parvenais pas et c’est finalement toi, qui dans ce post de seenthis , a déclenché cet extrait dans une forme que je trouve enfin satisfaisante, ce dont je te suis reconnaissant.

      Si tu veux on peut échanger sur le sujet en dehors de seenthis par mail (pdj arotruc desordre.net), ce qui serait peut-être plus facile, je sens bien que tu es ému, je le suis également.

      Et si tu es francilien, samedi soir, à 20H, à Beaubourg, Adrien Genoudet et moi lisons l’Etreinte et la lettre que j’ai écrite à Adrien que je ne connaissais pas alors, et dans laquelle il est très brièvement question de la génération Malik Oussekine, c’est gratuit, je crois que cela vaut le jus.

      Amicalement

      Phil

    • @vanderling En fait c’est une traduction littérale de serenpidity en anglais et qui est désormais plus ou moins courament admis en Français. C’était même le plaisir par excellence sur Internet il y a vingt ans (@arno portait encore des culottes courtes) notamment parce que les moteurs de recherche alors n’étaient pas du tout pertinents dans les résultats qu’ils fournissaient, on avait coutume de dire qu’on obtenait pas souvent ce qu’on cherchait et presque toujours ce que l’on ne cherchait pas ou plus.

    • J’ai lu hier le très beau texte publié sur médiapart à propos de la disparition de Patrice_Barrat que je ne connaissait pas et ça m’a vraiment donné envie d’en savoir plus sur lui. J’ai cherché vainement et engluée dans ce vide, je n’ai pas eu le reflex de poster cette info sur seenthis.

    • Ma séquence « #vu_de_Gelbique » du coup...

      #Semira_Adamu https://fr.wikipedia.org/wiki/Semira_Adamu dont je découvre que l’ignoble meurtre s’est passé il y a presque 20 ans et dont le fantôme me soutient à chaque discussion avec mes contemporains moins ouverts à l’altérité

      #Julie et Mélissa, victimes de la perversion de Marc Dutroux. Deux fillettes dont la disparition avait semé l’émoi, provoqué bien des fantasmes puis fait découvrir que, si l’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui, on peut aussi le regretter durement quand l’incertitude baignée de distance et de pseudo indifférence laisse la place à l’horrible cruauté de la perversion mortelle

      #René_Michaux qui a droit à une brève notice Wikipédia en flamand mais pas en français ! https://nl.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Michaux. Un gendarme passé tout près d’être le héros qui aurait retrouvé les précédentes vivantes et, n’ayant pu l’être, s’est retrouvé anti-héros au coeur des discussions sur la guerre de polices. Il en est mort pendant 13 ans, avant de décéder.

      #Thierry_Lotin, lieutenant de l’armée belge mort au Rwanda avec les 9 membres de son peloton, en 1994 juste au début de ce qui est devenu le génocide.

      #Aaron_Swartz, militant superbe dont le nom m’était vaguement connu jusqu’à ce que la nouvelle de son suicide attire mon projecteur personnel sur son oeuvre militante...

      #Ian_Murdock, créateur et fondateur de Debian et du projet Debian. Un nom connu mais une personne inconnue. Une fiche Wikipedia tellement courte pour une trace tellement grande dans le monde du libre.

      Merci @odilon d’avoir attiré mon regard sur ce fil riche :-)

  • Turkey Announces Route for #Kanal_Istanbul
    https://www.maritime-executive.com/article/turkey-announces-route-for-kanal-istanbul

    The government of Turkey has released the finalized route for a second shipping channel between the Black Sea and the Sea of Marmara, parallel to the Bosporus Strait. 

    The new waterway - to be known as Kanal Istanbul - would increase capacity for shipping to and from the Black Sea. The route selected would run between Küçükçekmec in the south, near Istanbul’s Ataturk Airport, to the Sazlıdere Dam and then north to Durusu (in red in the image above). The total length will be about 25 nm, and it will be the nation’s largest ever infrastructure project. As designed, it will be able to accommodate 160 vessel transits per day - roughly equivalent to the current volume of traffic through the Bosporus. 

    Unlike the existing channel, which is protected by treaty, the new canal would allow Turkey to charge a service fee for transits. With the ability to raise revenues from users, Turkey will look for private partners to raise the funds necessary for construction. “We intend to complete the bidding process with a mixed model, including a build-operate-transfer model, and other public-private partnership alternatives, and to launch the project this year,” said transport minister Ahmet Arslan at a press conference on Monday. 

    Arslan said that the final route was selected after an exhaustive review of five alternatives, incorporating environmental impacts, land expropriation, geological studies, earthquake risks and groundwater effects, among many other factors. The excavation material may be used to create artificial islands in the Sea of Marmara.

  • Dans le nord de la Syrie, le « laboratoire » kurde

    http://www.lemonde.fr/international/article/2017/12/29/dans-le-nord-de-la-syrie-le-laboratoire-kurde_5235529_3210.html

    « Après le califat » (4|5). Les Kurdes, qui ont joué un rôle central dans la bataille contre l’Etat islamique, mettent en place un modèle de gouvernance calqué sur l’idéologie du Parti des travailleurs.

    Voilà bien longtemps que l’on ne projette plus de films dans l’ancien cinéma d’Al-Thawra. La petite salle appartient au temps révolu où cette ville nouvelle syrienne des bords de l’Euphrate était appelée à devenir la cité idéale du baathisme autoritaire et triomphant des années 1970. Des ingénieurs soviétiques affectés à la construction du barrage voisin — un fleuron national, visible sur les anciens billets de 500 livres syriennes — y vivaient avec leurs familles et celles de leurs collègues locaux.

    Autour du cinéma, les rues sont tracées au cordeau, les immeubles d’habitation ressemblent à des blocs de béton brut de quatre étages. Des figures schématiques d’épis de blé et d’engrenages industriels servent d’ornement urbain. L’ensemble, construit selon les canons de l’urbanisme alors en vogue en URSS, alliée du régime syrien, raconte la promesse non tenue d’un avenir radieux.

    Quatre décennies après sa construction, ce songe architectural soviétique perdu aux confins de la Mésopotamie est tombée aux mains de l’organisation Etat islamique (EI), en même temps que le bourg voisin de Tabqa, en 2014. Rakka, l’ancienne capitale syrienne du « califat », est à une quarantaine de kilomètres en aval.

    Etrange rémanence de l’histoire… Ces quartiers ont accueilli un temps des djihadistes originaires d’ex-URSS. Mais leur utopie totalitaire, elle aussi, a vécu. Au printemps, les frappes de la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, les ont chassés de ce paysage à l’optimisme décrépi, désormais ponctué de bâtiments effondrés. Aux djihadistes ont succédé, en mai, les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupement arabo-kurde allié au sol de la coalition dans sa guerre contre l’EI.

    Abdullah Öcalan, l’inspirateur

    Depuis, les murs du cinéma d’Al-Thawra ont été repeints. En ce matin gris du début du mois de novembre, la salle est pleine. Sur la scène, deux femmes et deux hommes, dont l’un porte une tenue traditionnelle de chef tribal, discourent. Au-dessus d’eux, cet écriteau : « Administration civile démocratique de Tabqa ». Cette nouvelle structure mise en place par l’encadrement kurde des FDS nomme ce jour-là son conseil exécutif, sous le regard bienveillant et vigilant des kadros, les commissaires politiques du mouvement kurde qui s’adressent à tous en donnant du « camarade ».

    Femmes et hommes au physique dur, marqués par leurs années de guérilla, combattants à la parole précise, forgée par une formation théorique implacable, ils sont présents partout où les FDS ont pris pied dans le nord de la Syrie. Leur rôle : superviser l’instauration, sur les décombres du « califat », d’institutions conformes à l’idéologie mise au point par Abdullah Öcalan, le fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    Autrefois marxiste-léniniste, ce mouvement politique et militaire, en guerre contre l’Etat turc, a presque l’âge de la ville idéale d’Al-Thawra. Sa création remonte à 1978, au cours d’une réunion nocturne dans un village kurde reculé d’Anatolie orientale. Elle doit beaucoup à la volonté d’un groupe d’étudiants kurdes de Turquie. Formés aux méthodes de la gauche radicale locale, ils sont décidés à faire d’un nationalisme kurde, alors moribond, une force anticoloniale dirigée contre Ankara.


    Monument aux martyrs kurdes à Kamechliyé, ville syrienne située à la frontière turque, le 23 novembre.

    Près de quarante ans ont passé. Même s’il est toujours en conflit avec Ankara, le PKK a renoncé à la sécession et professe dorénavant un assemblage de principes autogestionnaires, féministes et écologistes. Il s’est éloigné du nationalisme kurde pour embrasser le projet d’une émancipation des peuples du Moyen-Orient par leur « autoadministration » et l’abandon du modèle de l’Etat-nation.

    Öcalan, le fondateur vénéré comme une icône, a beau être détenu sur une île-prison de la mer de Marmara, au large d’Istanbul, depuis son arrestation, en 1999 au Kenya par les forces spéciales turques, le PKK est plus puissant que jamais. L’organisation veille à entretenir son ancrage chez les Kurdes de Turquie, délocalisant ses bases de guérilla dans les zones montagneuses du Kurdistan d’Irak pour mieux les protéger et étendant ses ramifications au Moyen-Orient et en Europe. C’est pourtant le conflit syrien qui lui a permis d’ouvrir une nouvelle page de son histoire, et la lutte contre l’EI qui en a fait un acteur majeur de la scène régionale.

    Dès les premiers troubles révolutionnaires de 2011 en Syrie, les enclaves kurdes du nord du pays, qui avaient fourni à l’organisation d’Öcalan une part non négligeable de ses recrues depuis les années 1980, sont investies par des cadres du PKK. Le régime syrien ne conserve qu’une présence très limitée dans ces zones. Elles offrent ainsi au PKK et à ses cousins syriens un terrain idéal pour la mise en pratique de leur idéologie.

    De nouvelles institutions sont mises sur pied. La parité est imposée aux postes à responsabilités. Des komin — communes populaires — sont établies, censées être la cellule de base de l’écosystème sociopolitique qui voit le jour sous la houlette des kadros. Ils ne veulent pas prendre part à une révolution contre le régime syrien qu’ils estiment perdue d’avance, mais profiter de la vacance du pouvoir pour créer leur propre mode de gouvernance.

    Un appareil sécuritaire et militaire

    Dans le même temps, la machine politique se double d’un appareil sécuritaire et militaire structuré. Les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ) sont créées dans les trois « cantons kurdes » d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, de la Djezireh, dans le Nord-Est, et de Kobané, à la frontière turque. L’offensive de l’EI contre cette petite localité kurde isolée, à la fin de 2014, change la donne. Alors que Kobané est sur le point de tomber aux mains des djihadistes malgré la résistance acharnée de ses défenseurs — filmée par les caméras du monde entier de la Turquie voisine —, la coalition internationale à dominante américaine intervient dans les airs.

    Cette assistance apportée dans l’urgence se mue bientôt en un partenariat militaire durable. Les forces kurdes sont dotées d’un encadrement efficace, d’une idéologie forte qui les rend imperméables au radicalisme islamique. Au-delà, elles ne considèrent pas la lutte contre le régime de Damas comme une priorité. Dès lors, elles constituent le partenaire idéal qu’il manquait à la coalition pour vaincre l’EI en Syrie.

    « Kobané a tout changé pour nous », admet un haut kadro kurde, le « camarade » Badran. « Il y a eu un changement dans l’équilibre des forces, se souvient-il. Nous sommes devenus les partenaires de la coalition pour combattre le terrorisme. Et cela nous a permis de jouer un rôle plus important qu’avant sur le terrain. » Dès 2015, les unités YPG et YPJ sortent des enclaves kurdes et progressent le long de la frontière syro-turque, dont elles interdisent l’accès aux djihadistes, tout en se préparant à lancer l’offensive sur Rakka.

    L’aide de la coalition se renforce et les unités à dominante kurde, désormais regroupées avec leurs alliés arabes au sein des FDS, avancent vers le sud, finissant par s’emparer de Rakka en octobre 2017, avant de poursuivre leur progression vers la frontière irakienne, le long de l’Euphrate et à travers le désert de l’Est syrien.

    Femmes en uniformes et chefs tribaux arabes

    C’est ainsi qu’en Syrie, la guerre menée par la coalition a provoqué l’émergence dans son sillage d’un territoire politique dont l’étendue correspond grossièrement à la rive gauche de l’Euphrate. Ce sont les FDS, emmenés par un corps de cadres kurdes, qui l’ont organisé et se sont chargés de lui faire prendre forme. Ces hommes et ces femmes, inspirés par une organisation issue de l’extrême gauche turque et du nationalisme kurde convertie aujourd’hui à l’autogestion, ont organisé un vaste territoire à large majorité arabe à mesure qu’offensive après offensive, l’EI en était chassé.

    Dans l’ancienne salle de cinéma d’Al-Thawra, alors que l’Administration civile démocratique de Tabqa élit son conseil exécutif local et ses comités paritaires, l’avenir nébuleux de l’après-guerre se lit dans les travées et sur les murs. L’assistance composée de jeunes femmes kurdes en uniformes, de chefs tribaux arabes en habits traditionnels, de dames aux voiles fleuris et de garçons en tenues décontractées, approuve à main levée la nomination de ses délégués. La salle est décorée de banderoles couvertes de slogans : « La réalité de la nation démocratique est la coexistence entre les peuples » ; « Les femmes ont le droit de s’auto-organiser de manière indépendante »


    A Tabqa, certains quartiers ont été endommagés par la guerre. Malgré leurs habitations en partie détruites, les civils y vivent encore. Des enfants jouent à la guerre devant une de ces maisons ravagées.

    Ces slogans ont été écrits uniquement en arabe. La rhétorique est bien celle des cadres kurdes mais ici, à Al-Thawra et à Tabqa, il n’est pas opportun de mettre cette identité en avant. « Nous sommes d’abord syriens ! », dit une kadro kurde présente sur le parvis du cinéma alors que la réunion se termine et que l’assistance hétéroclite s’éparpille en petits groupes. « Nous participons à la construction d’une Syrie démocratique pour tous les peuples en suivant les idées du président Öcalan », précise cette femme d’une quarantaine d’années.

    Alliances de circonstances

    La mise sobre, voire ascétique, qu’elle arbore, son air militaire malgré les vêtements civils, son phrasé kurde, émaillé de néologismes propres au mouvement, racontent la nature d’une organisation en mesure de transformer le corps et l’esprit de celles et ceux qui la servent. Cette avant-garde, formée dans les bases reculées de l’organisation, au Kurdistan irakien, est déployée partout où le mouvement combat, gouverne ou maintient une présence. Ses membres ont perdu leurs noms de naissance, remplacés par des pseudonymes. Le mariage leur est interdit, de même que les possessions matérielles. Leur existence est vouée au PKK et à son implacable aspiration à transformer le réel.

    Leur présence tranche, devant l’ancien cinéma, avec celle de certaines personnalités tribales de la région, connues pour avoir frayé avec les anciens maîtres djihadistes de Tabqa. « Bien entendu, nombreux sont les chefs de tribu qui ont fait allégeance à Daech, reconnaît le cheikh Hamid Al-Freidj, coprésident du Conseil de Tabqa. Ils sont ensuite venus voir les camarades [des FDS] et il y a eu une procédure de réconciliation. Ils leur ont donné une nouvelle chance. » L’entrée de la salle, désormais vide, est surmontée d’un slogan qui semble sonner plus juste que les pétitions de principe affichées ailleurs avec grandiloquence : « Nos victoires ne sont pas définies par le nombre des ennemis tués mais par le nombre de ceux que nous rallions. »

    Alors que l’idéologie de l’encadrement kurde a remplacé celle des djihadistes de l’Etat islamique, les cheikhs tribaux collaborent au nouveau système comme ils s’étaient accommodés du précédent. « Il faut réunir les gens de bonne volonté pour avancer… », justifie un cadre kurde, le camarade Shiyar, face au paradoxe apparent de la politique menée par les FDS : proposer un changement révolutionnaire en s’appuyant sur les structures sociales les plus conservatrices.

    Pas seulement un projet kurde

    La cheville ouvrière de ce grand dessein paradoxal s’appelle Omar Allouche. Ancien homme d’affaires originaire de Kobané, M. Allouche n’est pas un cadre mais un compagnon de route du mouvement kurde. Il déclare avoir été l’un des premiers à accueillir Abdullah Öcalan, lorsqu’en 1979 celui-ci était venu se réfugier en Syrie pour échapper aux forces de sécurité turques. Depuis le retour de l’organisation dans le pays, il a mis à sa disposition son entregent et un vaste réseau de contacts parmi les notables arabes. « Depuis le début, nous savions qu’il allait falloir compter avec les populations arabes et que notre projet en Syrie ne pourrait pas être seulement un projet kurde », précise Omar Allouche.


    Statue à l’effigie d’un soldat kurde martyr mort au combat à Kobané, le 20 novembre. Le doigt sur la gâchette, car il est mort dans cette position.

    De fait, les trois enclaves kurdes du nord du pays que le mouvement aspirait à réunir en une bande territoriale continue sont séparées par de vastes zones de populations arabes. « Nous avons commencé par créer des partis politiques arabes, mais ça n’a pas fonctionné. La seule solution, c’était de s’appuyer sur les tribus », dit M. Allouche.

    Le début du partenariat entre les forces kurdes et la coalition internationale a conforté les dirigeants des FDS dans leur pari tribal. En reculant, les djihadistes laissaient derrière eux une société sinistrée où l’encadrement politique kurde pouvait faire émerger des intermédiaires. « Le politique ne peut pas se faire sans le militaire », confiait au printemps Omar Allouche dans la bourgade d’Aïn Issa, où se trouvent les locaux du Conseil civil de Rakka, alors que les FDS s’apprêtaient à lancer l’assaut sur la capitale djihadiste.

    Isolés par la Turquie

    « Avant chaque offensive, nous avons travaillé à la constitution de conseils locaux composés de personnes hostiles à Daech, tout en maintenant des contacts avec des notables présents à l’intérieur des zones qui étaient visées », expliquait-il alors. L’installation de ces institutions dans les zones reprises à l’EI va ensuite de pair avec le recrutement massif de jeunes hommes arabes dans des FDS, bien qu’elles demeurent encadrées par des commandants kurdes.

    La mise sur pied du Conseil civil de Rakka a suivi cette logique. Sa composition occupait déjà Omar Allouche plus d’un an avant le début des opérations militaires. « La coalition internationale considère que sa mission en Syrie est de détruire l’Etat islamique. Elle s’intéresse uniquement au militaire, pas au politique », dit-il, tout en regrettant le manque d’engagement en matière civile de la part des alliés occidentaux des FDS. Si le Conseil civil de Rakka a finalement été reconnu comme l’acteur de référence pour la gouvernance de cette ville et de ses environs, il ne bénéficie que d’un soutien diplomatique limité. En cause, la position de la Turquie. « Les pays occidentaux coopèrent avec nous militairement mais ils ne sont pas prêts à s’investir davantage en raison de leurs relations avec la Turquie », constate Omar Allouche.

    Du point de vue turc en effet, le territoire que se sont taillé les FDS dans le nord de la Syrie est perçu comme une menace existentielle, tandis que le PKK poursuit sa guérilla contre les forces armées d’Ankara dans les régions kurdes du sud-est du pays, contiguës du territoire des FDS. Pour cette raison, la nature révolutionnaire du mouvement, l’ampleur de son projet et sa vocation universaliste tendent à échapper à ses interlocuteurs étrangers. Souvent perçu comme un simple représentant des intérêts de la minorité kurde de Syrie, le mouvement entend se distinguer nettement de cette posture, ses revendications ne concernant pas les droits d’une population particulière mais un modèle de gouvernance.


    Un soldat des forces démocratiques syriennes, (FDS) chauffe de l’eau à Raqqah, le 17 novembre.

    Face au régime de Damas

    « Les gens qui dirigent ce projet pensent sincèrement que les Etats-nations ont échoué. Il faut qu’ils continuent à effacer toute trace de nationalisme dans leur pratique, estime à Kamechliyé, Hikmet Al-Habib, un membre arabe d’une des structures de gouvernance instaurées par les FDS. Mais ils font des efforts. Au début les Kurdes appelaient cette zone le “Kurdistan occidental”, ensuite le Rojava (« l’ouest » en kurde). Maintenant ils parlent du nord de la Syrie… »

    Si la direction des FDS demeure essentiellement kurde, la formation de cadres locaux a commencé. « Pas besoin de les envoyer dans les montagnes, assure Hikmet Al-Habib. Des académies ont été créées ici pour former des kadros arabes. » L’enseignement qui y est dispensé est directement inspiré de l’idéologie du mouvement et de son chef historique, Abdullah Öcalan.

    Avec le reflux de l’EI, l’ancien territoire du « califat » en Syrie est désormais partagé entre le mouvement kurde et ses alliés locaux d’une part, et le régime de Damas de l’autre. La vallée de l’Euphrate dessine la limite entre ces deux blocs. « En Syrie, aujourd’hui, il n’y a plus que nous et le régime », rappelait, après la chute de Rakka, la camarade Badran : « Soit on coopère, soit c’est le chaos. » De fait, le mouvement kurde et les FDS contrôlent non seulement le grenier à blé du pays mais également ses principales infrastructures hydroélectriques, ainsi que d’importantes ressources naturelles. A l’automne 2016, à la suite de la chute de Rakka, les FDS ont ainsi chassé les djihadistes des vastes champs d’hydrocarbures de la province de Deir ez-Zor, y compris le champ gazier d’Omar, le plus grand de Syrie.

    L’espoir d’une reconnaissance politique

    Bien que les deux parties aient un intérêt mutuel à coopérer, leur vision de l’avenir diffère. Le régime de Bachar Al-Assad entend reprendre possession de l’ensemble du territoire national et y restaurer son autorité. Les FDS, eux, entendent obtenir la reconnaissance formelle de leurs acquis politiques dans le Nord par une nouvelle Constitution. « Nous refusons tout arrangement ponctuel avec le régime sans cadre général », répondait en novembre Fawza Youssef, membre éminente du mouvement kurde en Syrie. « Il faut que nous négociions un accord global alors que nous sommes en position de force, ajoutait-elle. Les accords locaux donnent l’occasion au régime de se renforcer pour redevenir une menace dans quelques années. Nous voulons un changement de Constitution et la construction d’une Syrie fédérale et démocratique. Jusqu’à ce que cet accord soit trouvé, nous renforçons notre modèle : une autonomie géographique, qui n’est pas fondée sur l’appartenance ethnique. »

    En octobre et en décembre, des élections locales et législatives ont eu lieu dans les zones tenues par les FDS. Ces scrutins, qui n’avaient rien de déterminant du point de vue politique, visaient à approfondir un système qui continue d’évoluer et de se structurer tant qu’il a l’espace pour le faire.

    Face à Damas, la partie kurde est prête à négocier l’intégration des FDS, qui n’ont pas cessé de recruter depuis la bataille de Rakka, à une nouvelle armée syrienne, ainsi qu’à partager le contrôle des frontières et à organiser celui des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. Le régime, en revanche, multiplie les signaux négatifs, révélateurs de son raidissement : le territoire en formation dans le nord de la Syrie est systématiquement désigné comme un espace à reconquérir et ceux qui le dirigent comme des « traîtres ».

    Sans le soutien de la coalition, que les FDS jugent dépourvue de vision politique en Syrie, le mouvement a placé ses espoirs dans un éventuel rôle de médiation de la Russie, alliée du régime et avec laquelle il coopère localement dans l’enclave kurde d’Afrine, dans le Nord-Ouest. La posture offensive du régime de Damas et la rhétorique de plus en plus incendiaire de ses responsables risquent cependant de semer le trouble parmi les alliés arabes du mouvement kurde. Hikmet Al-Habib, un cadre arabe des FDS, l’admettait récemment :

    « Beaucoup de chefs tribaux sont des opportunistes qui suivent le sens du vent. Maintenant que l’Etat islamique est vaincu et que le régime et nous sommes face à face, ils hésitent à choisir leur camp. »

  • Comment du sucre français s’est retrouvé dans les bombes de Daech
    http://www.lejdd.fr/international/comment-du-sucre-francais-sest-retrouve-dans-les-bombes-de-daech-3516794

    Les registres de l’entreprise sont formels. Les numéros de série imprimés sur les sacs découverts dans les réserves de Daech se rapportent à deux cargaisons au moins, parties d’ici au début du mois de mai 2015 pour être déposées à Anvers, en Belgique, le deuxième plus grand port d’Europe pour la marine marchande. Là, les lots ont été chargés sur des géants des mers, notamment un porte-conteneurs de 295 mètres de long, le MSC Matilde. Le bateau a appareillé le 10 mai à destination du port de Gebze, en Turquie. Sur les bons de commande des chargements litigieux, on lit toujours le nom du même client, Sinerji, un groupe établi à Istanbul, spécialisé dans la distribution de produits agroalimentaires sur le territoire turc. Les responsables commerciaux de Tereos le connaissent bien, ils précisent qu’ils collaborent avec cette entreprise « depuis une dizaine d’années » dans le cadre d’un accord de distribution.

    Gaziantep, une ville turque où Daech a implanté ses réseaux
    La direction de Sinerji n’a pas souhaité s’entretenir avec nous. Ses dirigeants ont simplement reconnu avoir réceptionné les chargements de sorbitol, qu’ils auraient ensuite directement écoulés auprès d’un grossiste en pâtisseries établi dans le nord de la Syrie. Les documents financiers et douaniers que nous avons recueillis auprès de nos contacts en Turquie ainsi que des courriels concernant ces envois décrivent cependant un circuit bien différent.

    Après leur déchargement sur les docks de Gebze, à 70 km au sud d’Istanbul, un homme d’affaires turc s’en est d’abord porté acquéreur, selon les récépissés portuaires. Il s’appelle Tahir Toprak. Entre août 2015 et janvier 2016, il a acheté la marchandise en s’acquittant des factures par au moins quatre virements au profit de Sinerji, sur un compte bancaire de ce groupe à la Ziraat Bankasi d’Istanbul. Nous avons trouvé le numéro de portable de ce négociant, mais il n’a pas souhaité s’expliquer sur la nature de ses activités. Selon des courriels émis par les commerciaux de l’entreprise turque, Tahir Toprak a ensuite organisé le transport du sorbitol à travers tout le pays, en direction de Gaziantep, dans le Sud-Est, un périple de 1.150 km sur les autoroutes locales.

    #Syrie

  • C’est personnel : Trump a trahi Mahmoud Abbas et le roi Abdallah de Jordanie
    David Hearst - 14 décembre 2017
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/c-est-personnel-trump-trahi-mahmoud-abbas-et-le-roi-abdallah-de-jorda

    (...) Avant tout, Istanbul a jeté les bases d’un réalignement des États arabes. Le conférence a mis en évidence la rébellion de deux dirigeants arabes pro-occidentaux, le roi Abdallah de Jordanie et Mahmoud Abbas, le président palestinien, contre leurs alliés traditionnels à Washington.

    Le premier est le chef de l’État du second pays arabe à avoir reconnu Israël, le second est le dirigeant palestinien qui a consacré sa vie à la négociation de la désormais défunte solution à deux États.

    Conscients de l’importance de ce qui allait se passer à Istanbul, l’Arabie saoudite et l’Égypte ont déployé d’énormes efforts pour empêcher Abdallah et Abbas de s’y rendre.

    Comme cela a été rapporté, Abdallah et Abbas ont été convoqués pour une réunion d’urgence au Caire. Seul Abbas s’y est rendu.

    Selon mes sources, qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a fait pression sur Abbas pour qu’il ne dirige pas la délégation palestinienne à Istanbul et ainsi amoindrir l’importance de la conférence.

    Pour l’aider à décliner son invitation à Istanbul, de fausses nouvelles ont été diffusées selon lesquelles Abbas avait eu un accident vasculaire cérébral. Abbas les a ignorées.

    Pendant ce temps, le roi Abdallah a été convoqué à Riyad, et là encore, on m’a informé qu’on lui avait dit de ne pas aller à Istanbul. Le roi Abdallah est resté quelques heures à Riyad avant de partir pour Istanbul.

    Leur présence à la conférence a envoyé un message à l’Arabie saoudite et aux États-Unis : l’accord de Riyad avec Trump n’est pas accepté par la Jordanie et la Palestine, qui sont soutenus en cela par les pays musulmans. En d’autres termes : vous n’avez pas carte blanche pour négocier avec Israël sans nous.

    Les deux hommes ont manifesté publiquement leur refus de s’incliner et leur colère en se tenant aux côtés du président turc aux penchants islamistes Recep Tayyip Erdoğan sur la photo de groupe.

    Abdallah II a hoché vigoureusement la tête lorsqu’Erdoğan a affirmé : « Je répète que Jérusalem est notre ligne rouge. L’esplanade des Mosquées appartiendra aux musulmans à jamais. Nous n’abandonnerons jamais notre exigence d’une Palestine souveraine et indépendante. Nous ne pouvons pas rester spectateurs dans cette situation qui affectera notre avenir à tous. »(...)

  • Azerbaijan’s president urges US to reconsider its stance on Israel’s capital
    https://jam-news.net/?p=75698

    During his speech at a special summit held by the Organisation of Islamic Cooperation (OIC) in Istanbul, Azerbaijani President Illham Aliyev condemned the US’s decision to recognize Jerusalem as the capital of Israel.

    Pourtant un des plus fidèles alliés – et clients – d’Israël.

  • Jérusalem : comment, en une déclaration, Trump a uni les musulmans divisés
    https://www.crashdebug.fr/international/14279-jerusalem-comment-en-une-declaration-trump-a-uni-les-musulmans-divi

    1...GOG & MAGOG se profile

    2...Donc banqueroute et guerre au Moyen Orient se rapproche

    Contributeur anonyme

    DÉCRYPTAGE - En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, le président américain a fait tomber les clivages sunnites-chiites.

    De notre correspondante à Istanbul

    Depuis son élection, Donald Trump n’a cessé d’alimenter les tensions sunno-chiites, œuvrant parallèlement en faveur d’un rapprochement avec Riyad et d’un isolement de la République islamique d’Iran. Mais en l’espace d’une déclaration, aussi historique que provocatrice, sur la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, il est soudainement parvenu à unir le monde musulman habituellement si divisé.

     » LIRE AUSSI - Jérusalem : pourquoi Donald Trump a pris une telle décision

    De Téhéran (...)

    #En_vedette #Actualités_internationales #Actualités_Internationales

  • Pétition | Pour la reconnaissance du Protocole d’Istanbul
    https://asile.ch/2017/12/07/petition-reconnaissance-protocole-distanbul

    pour une meilleure protection des victimes de torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants Dans le cadre de sa campagne annuelle “journée des droits humains du 10 décembre 2017”, basée sur le thème “Torture et migration”, l’ACAT-Suisse a lancé une pétition destinée à Mme Simonetta Sommaruga, Conseillère fédérale en charge du département fédéral de […]

  • #turquie : jugés pour avoir demandé le retour de la paix dans le Sud-Est
    https://www.mediapart.fr/journal/international/061217/turquie-juges-pour-avoir-demande-le-retour-de-la-paix-dans-le-sud-est

    Olcay Kunal s’exprime devant le palais de justice d’Istanbul, mardi 5 décembre 2017, avant le début des audiences. © Reuters La justice turque a commencé mardi à juger 1 128 universitaires accusés de « propagande terroriste » parce qu’ils avaient signé, en janvier 2016, une pétition demandant l’arrêt des opérations militaires au cœur des villes kurdes du sud-est de la Turquie. Ils encourent jusqu’à sept ans et demi de prison.

    #International

  • #Grèce : les migrants arrivent toujours à Lesbos, sans pouvoir en partir

    4 décembre 2017 Par Elisa Perrigueur

    Plus de 8 500 demandeurs d’asile sont actuellement bloqués sur l’île de #Lesbos, avec interdiction de se rendre sur le continent grec. Alors que le principal camp de l’île, #Moria, est largement surpeuplé, des migrants arrivent chaque jour depuis la Turquie, située à une dizaine de kilomètres.

    Lesbos (Grèce), envoyée spéciale.– Lorsqu’il a voulu traverser la dizaine de kilomètres de la mer Égée qui séparent la Turquie de l’île grecque de Lesbos, l’Irakien Muhammad n’a eu aucun mal à trouver un passeur. Aux frontières de l’Europe, ce business obscur est enraciné. Concurrentiel, selon l’étudiant de 26 ans. « Dans le quartier d’Aksaray à Istanbul, il y en a plein… »

    Muhammad, veste de cuir marron et l’air sûr de lui, a pu choisir son tarif en négociant avec « des Syriens, des Irakiens, de [son] âge, qui travaillent sous pseudo ». Avec toujours la même stratégie commerciale. « Au début, ils étaient sympas avec moi pour me vendre leur trajet, ils m’emmenaient boire du thé, plaisantaient. » Mais une fois l’argent déposé auprès d’une épicerie d’Istanbul, la relation a changé. « Ils ne répondaient plus au téléphone, ils m’ont abandonné près de la plage de Dikili [à l’ouest de la Turquie – ndlr] avec des migrants syriens. » Après avoir dormi plusieurs jours dans une forêt de la côte turque égéenne, le 20 novembre, Muhammad a finalement gagné les rives de Lesbos sur un bateau pneumatique, pour 500 euros.

    En 2015, lorsque près d’un million de migrants avaient franchi cette frontière maritime, la traversée coûtait de 1 500 à 2 000 euros. Juste après la signature de l’accord controversé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie, en mars 2016, le nombre des passages avait chuté. Mais ces derniers mois, il repart à la hausse : 26 167 personnes sont arrivées dans le pays en 2017, par la mer pour une majorité d’entre elles, selon l’Organisation internationale pour les migrations. « On enregistre une hausse des venues cet automne, précise Astrid Castelein, responsable au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Cela peut s’expliquer par la météo, la mer est très calme. »
    Désormais, chaque jour, comme Muhammad, en moyenne 120 migrants arrivent sur les îles grecques situées en face de la Turquie, notamment Lesbos, Samos ou Chios, indique Georges Christianos, commandant de la garde côtière hellénique et directeur du bureau de surveillance maritime.

    Et les trafiquants prospèrent toujours sur la misère. « Les passeurs sont nombreux. Nous en avons arrêté 800 depuis 2015 dans les eaux territoriales grecques, dont 210 cette année », affirme-t-il. Condamnés sur la base de témoignages de migrants et de flagrants délits, ils écopent de peines allant jusqu’à dix ans de prison et d’une amende de 1 000 euros par migrant transporté. « Ces trafiquants sont souvent des hommes entre 25 et 30 ans. Sur les 800 arrestations, 20 femmes ont été interpellées. Un quart de toutes ces personnes arrêtées sont d’origine turque. » Pour beaucoup, des pêcheurs familiers des rivages montagneux près d’Izmir, Ayvalik, Bodrum, qui connaissent les eaux et maîtrisent leurs courants. Mais les passeurs sont aussi syriens, irakiens, pakistanais et ces deux dernières années, issus d’ex-pays soviétiques comme l’Ukraine.
    Leurs « clients », des Syriens, Afghans, Soudanais, Congolais… payent 300 euros pour une place dans un canot pneumatique surchargé, 1 000 euros pour un passage dans un hors-bord et 2 000 euros pour une traversée sur un voilier de luxe. Certains passeurs restent à terre. D’autres accompagnent les embarcations sur des canots annexes, selon le ministère grec de la marine, pour pouvoir récupérer les moteurs et bateaux après la traversée. Avec la distance pour avantage. « La Grèce et la Turquie sont parfois si proches qu’un passeur peut rejoindre les deux rives en une dizaine de minutes », explique Georges Christianos. Mais une traversée peut aussi durer plus de deux heures, en fonction du point de départ en Turquie.

    Aujourd’hui, ces trafiquants d’hommes doivent être plus stratégiques pour rester invisibles. Car depuis mars 2016, la frontière maritime a été barricadée. Vers 18 heures, le 24 novembre, un voile noir enveloppe les hauteurs de Lesbos. La patrouille portugaise de l’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l’Union européenne, largue les amarres du petit port de Molivos, dans le Nord. Les trois agents ainsi qu’un officier de liaison grec longent les montagnes obscures de Turquie, dans les eaux territoriales grecques. Comme cette patrouille, 42 autres, en bateau, avion et hélicoptère, dont 17 de Frontex, arpentent la mer Égée, précise le ministère grec de la marine. Depuis mars 2016, ces équipages arrêtent les passeurs et récupèrent les embarcations de migrants. Mais ces interceptions sont presque indécelables : aucun bateau n’arrive directement sur les plages de galets, comme en 2015. Les opérations de secours ont lieu en mer Égée, le plus souvent au cœur de la nuit.

    Ce soir de novembre, le navire battant pavillon portugais croise, phares éteints. « Sans lumières, nous détectons mieux les embarcations au loin », précise Paulo, le jeune commandant. Alors, dans leur étroite cabine, les agents scrutent durant des heures un radar et un écran où défilent les images des eaux alentour, filmées en caméra infrarouge. Seule une chanson de Marilyn Manson en fond sonore trahit leur présence dans la pénombre. L’étendue d’eau calme paraît déserte, mais deux faibles lumières rouges clignotent : les gardes-côtes turcs. « Dès que Frontex ou les gardes-côtes grecs détectent au loin des embarcations de migrants dans les eaux territoriales turques, nous les prévenons pour qu’ils les ramènent en sécurité en Turquie », indique le responsable grec Georges Christianos. Car si 120 personnes parviennent chaque jour à gagner la rive grecque, dans le même temps, 120 autres sont rapatriées en Turquie par les gardes-côtes turcs. La hantise des candidats à l’Europe.

    Au même moment, un canot d’une capacité de 15 places quitte le rivage turc. Soixante-six personnes à bord. Durant la traversée, un mouvement de panique s’empare du bateau surchargé. Un enfant afghan de 10 ans ne survivra pas. « D’après le témoignage du père, il est mort peu après avoir quitté la Turquie. Le bateau était trop plein, l’enfant était au centre, il a été piétiné », rapporte Georges Christianos. Le bateau a ensuite été récupéré par une patrouille bulgare de Frontex. D’après l’agence de presse grecque ANA, l’arrivée du navire européen a suscité l’affolement. Les passagers ont cru que le navire appartenait aux gardes-côtes turcs. Et imaginé un retour forcé vers la Turquie.

    « On a toujours un doute, on ne sait jamais si ce sont des Grecs ou des Turcs lorsqu’ils arrivent vers nous. » Eddy, pasteur congolais de 40 ans, arrivé à Lesbos en juin, se souvient de la peur qui l’a tétanisé lors de son sauvetage. Parti de la République démocratique du Congo (RDC), celui qui se décrit comme « opposant politique, évadé de la prison de Makala [prison de Kinshasa – ndlr] », a pris la mer de nuit avec 50 personnes. « Il y a eu des mouvements de panique à cause des vagues. Deux hommes sont tombés à l’eau mais ont réussi à remonter. » Après deux heures et demie à dériver seuls, un hélicoptère a survolé leur embarcation. « Un navire a commencé à s’approcher. J’avais tellement peur que ce soit des Turcs. En anglais, des hommes disaient : “Restez calmes, nous sommes là pour vous sauver.” » Peu à peu, le drapeau grec du bateau est apparu à l’horizon. Les passagers ont poussé des cris de joie. « Vous êtes maintenant en sécurité, nous allons à Lesbos », ont répété les gardes-côtes aux exilés. Mais Eddy ne s’attendait pas à une escale interminable. Même s’il avait entendu parler du « piège » du camp de Moria sur l’île grecque.

    Moria, 2 000 places, 6 700 personnes, « Welcome to prison »

    L’étudiant Muhammad, lui, s’était « mentalement préparé » à Moria. Avant de quitter l’Irak, il s’était inscrit dans un groupe Facebook privé « où discutent des passeurs et des Syriens et des Irakiens voulant venir en Grèce ». Et ce nom revenait régulièrement dans les messages. « Je savais qu’ici, certains deviennent fous. Je voyais des vidéos des bagarres, fréquentes à cause de l’alcool, du shit, de la tension. Et je savais que je passerais au moins l’hiver ici », dit-il. Comme une condamnation. Lorsqu’il est arrivé devant les grilles du camp, le 23 novembre, il a lu ce tag le long du mur de béton : « Welcome to prison. »

    Ce lieu illustre l’éternel contraste de Lesbos. Une tragédie humaine au cœur d’un paysage idyllique de mer azur et de collines arborées. Nichée au milieu de cette nature, cette forteresse de barbelés, dans le village de 1 000 âmes de Moria, « loge » désormais 6 700 migrants. De plus en plus confinés, bien au-delà des 2 000 places prévues. Soixante-quinze nationalités rapprochées de force par leur quête d’Europe : des Syriens, Afghans, Irakiens, Érythréens, Éthiopiens, Congolais, Camerounais, Ivoiriens… Hommes, femmes et enfants, répartis par origines.

    L’Irakien Muhammad montre sa petite tente de deux places dans un champ d’oliviers. « Nous dormons à cinq dedans. Les autres sont aussi des Irakiens que je ne connaissais pas avant de venir. » Plusieurs centaines de tentes ont été plantées dans l’urgence autour des containers, hors de l’enceinte de Moria, pour accueillir les migrants qui arrivent régulièrement sur l’île. 67 par jour en octobre, selon un calcul du HCR. Le linge qui pend sur ses grillages ne sèche pas. L’hiver s’approche, l’air est frais. L’odeur de poubelle et d’urine a supplanté celle des oliviers. Au bout d’un sentier d’herbes folles, jonché de préservatifs usagés, de canettes vides et d’excréments humains, coule un filet d’eau sorti d’un tuyau percé. C’est « la douche » pour des milliers de migrants qui n’accèdent pas aux centaines d’installations sanitaires du camp.
    Depuis l’accord UE-Turquie, les migrants restent bloqués dans ce camp avec interdiction de quitter Lesbos dans l’attente du traitement de leur demande d’asile. Mamoudou, 27 ans, espère une réponse depuis sept mois. Cet Ivoirien exhibe sa carte de demandeur, renouvelée chaque mois par le Bureau européen en charge des demandes. Avec toujours cette même inscription en rouge : « Droit de circuler à Lesbos. » Mais nulle part ailleurs. Ce petit papier reste précieux : il lui permet de toucher 90 euros par mois. De fausses cartes circulent parfois dans le camp, d’après une source anonyme interne à Moria… L’Ivoirien a atterri en Turquie avec de faux papiers, avant de gagner les côtes grecques.

    Comme lui, quelques milliers d’Africains désormais bloqués ont pris la route de la Grèce pour rejoindre l’Europe, voulant « éviter la Libye où les Noirs sont réduits à l’esclavage. […] Je l’ai vu sur le Net », explique Mamoudou. Mais pour Sami, autre résident du camp venu de RDC, la Turquie est aussi un « calvaire », raconte-t-il en serrant sa Bible. « Au départ, je voulais rester à Istanbul. Mais à l’aéroport, des policiers turcs m’ont arrêté plusieurs jours et ne m’ont pas laissé prier. Je suis chrétien, et ils étaient musulmans… Puis certaines personnes, dans la rue, se bouchaient le nez sur mon passage », assure le jeune homme de 20 ans.

    À plusieurs reprises, des ONG, comme Amnesty International, ont alerté sur les risques qu’encourent les migrants en Turquie. Assis sur un banc face à Sami, trois visiteurs venus de France, « de passage quelques jours », écoutent son récit avec un air compassionnel. « Nous sommes venus pour apporter notre soutien et la parole de Dieu à ces gens », prêchent ces religieux anonymes, qui disent être venus à titre « personnel ». À quelques mètres, derrière les rangées de barbelés, des policiers épient l’étranger du regard. Un policier contrôle les images d’une journaliste vidéo. L’inscription « No photo » est placardée sur les clôtures.

    L’Europe pourrait oublier Moria et ses âmes égarées, isolées en ses confins. Mais les autorités de Lesbos élèvent la voix. Le 20 novembre, à l’appel de la mairie, des centaines d’habitants grecs ont défilé sur le port aux façades pastel du chef-lieu de l’île, Mytilène. « Il y a au total 8 500 candidats à l’asile bloqués sur l’île. C’est une mauvaise gestion de la crise de l’UE et du gouvernement, dénonce Marios Andriotis, porte-parole de la municipalité. La frustration monte. Des Afghans ont fait une grève de la faim sur la petite place de la ville pendant deux semaines. »

    Lesbos, impuissante et explosive, réclame « le transport des migrants vers le continent [grec] ». En mars 2016, Marios Andriotis se disait pourtant satisfait de l’accord UE-Turquie. « Jamais nous n’aurions imaginé la situation actuelle, nous pensions que les déboutés de l’asile seraient renvoyés en Turquie. » Le politicien ne s’attendait pas à ce que « seules » plusieurs centaines de personnes soient déportées de l’autre côté. « Nous pensions aussi que les demandes d’asile seraient traitées rapidement. » La réponse concernant le droit d’asile s’éternise. Inquiet, Marios Andriotis estime que « les migrants pourront désormais attendre jusqu’à un an pour savoir ce qu’ils deviendront ». Certains ne tiendront pas. Régulièrement, des migrants tentent de rejoindre Athènes en montant illégalement à bord des ferries qui partent chaque jour de Lesbos.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041217/grece-les-migrants-arrivent-toujours-lesbos-sans-pouvoir-en-partir?onglet=
    #statistiques #chiffres de personnes bloquées sur l’île :

    Ce lieu illustre l’éternel contraste de Lesbos. Une tragédie humaine au cœur d’un paysage idyllique de mer azur et de collines arborées. Nichée au milieu de cette nature, cette forteresse de barbelés, dans le village de 1 000 âmes de Moria, « loge » désormais 6 700 migrants.

    #réfugiés #asile #migrations

  • Le grand absent
    http://www.dedefensa.org/article/le-grand-absent

    Le grand absent

    Les Etats Tampons britanniques

    A l’occasion de la première guerre mondiale, soldée par l’effondrement de l’Empire ottoman et de l’empire tsariste avec l’émergence de la fédération des Républiques soviétiques, la réorganisation du Moyen Orient s’est faite au détriment des aspirations du nationalisme arabe. La répartition des anciennes provinces ottomanes arabes s’est effectuée entre les deux vainqueurs de l’alliance, les Usa se sont désistés devant l’offre de ses partenaires européens d’assurer un protectorat sur une bonne partie des dépouilles ottomanes, préférant un contrôle indirect cohérent avec ses vues économiques. Les Britanniques ont alors dupé leurs alliés arabes qui avaient sollicité leur aide pour se débarrasser de la tutelle d’Istanbul, et ont créé des entités nationales factices (...)

  • Solidarité avec les universitaires turcs dont les procès s’ouvrent mardi 5 décembre

    Parmi les soutiens possibles (document intitulé What do do) :
    1. Partager l’appel à solidarité ; montrer votre solidarité en suivant les procès et en les commentant sur vos réseaux sociaux, ou en écrivant des articles de blogs ou de journaux sur le sujet. Des informations sont disponibles ici : https://barisicinakademisyenler.net or http://mesana.org/pdf/Turkey20171017.pdf
    2. Contacter bakuluslararasi@gmail.com si vous souhaitez assister aux procès en tant qu’observateur, ou écrivez à une association des droits de l’homme pour qu’elle envoie un délégué.
    3. Signer la pétition https://academicboycottofturkey.wordpress.com/petition pour soutenir le boycott des universités complices en Turquie ;
    4. Informer vos organisations professionnelles ou le sénat de votre université pour qu’elles prennent acte contre les institutions complices telle le Scientific and Technological Research Council of Turkey (TUBITAK ; www.tubitak.gov.tr/en) ;
    5. Soutenir financièrement les enseignants-chercheurs démis de leurs fonctions en faisant un don au syndicat qui les soutient, ici https://www.youcaring.com/academicsforpeaceinturkey-763983

    N’hésitez pas à faire circuler dans vos réseaux universitaires, syndicaux, et militants.

    #solidarité #résistance #Turquie #université #purge #coup #universitaires_pour_la_paix #procès

    @isskein : je vais essayer de mettre sur ce fil ce que je trouve sur cet horrible procès

    • 147 universitaires au tribunal d’Erdogan

      Ils comparaissent à partir de ce mardi pour avoir signé une pétition réclamant la paix au Kurdistan turc. Les purges du président continuent.

      Ce mardi débute à Istanbul les procès de près de 150 universitaires turcs, accusés de « propagande terroriste », pour avoir signé une pétition appelant à la paix. Ces derniers mois, leur pays semble sorti des radars médiatiques européens. Comme s’il existait une lassitude face à la répétition, la répression interminable, cette purge sans fin. Dans ce silence relatif, la dérive autocratique se poursuit pourtant, le pays s’enfonce. Et ces procès de chercheurs illustrent bien la paranoïa, l’arbitraire, dans lesquels se débattent désormais les démocrates turcs.

      https://lesjours.fr/obsessions/la-bascule/ep21-proces-universitaires

    • Blog dédié au procès:
      Academics for Peace - A Case Study. Documenting and Contextualizing the Instrumentalization of the Law in Turkey

      The law is usually associated as antagonistic to despotism, thought of as a source of freedom. But events in Turkey and other countries have shown how is the law instrumentalised in order to suppress academic freedom. This blog documents judicial proceedings against the Academics for Peace as an example to study a phenomenon that can be witnessed all over the globe.

      At the end of 2015, the predominantly Kurdish regions of Turkey entered an intensifying spiral of violence. Curfews were enforced in different cities and districts lasting for days, weeks and even months. Entire neighbourhoods were razed to the ground. People were left homeless, many lost their lives. In the face of these developments, 1128 academics decided not to remain silent and issued a statement titled “We will not be a party to this crime!”. It called on the government and the security forces to abide by domestic and international law and to return to the peace process that had been interrupted after the national elections of June 7, 2015. After the petition was made public, the Academics for Peace were specifically targeted by President Recep Tayyip Erdogan and subsequently turned into objects of hatred and defamation in the media. Since then, they have been attacked and threatened and became subject to administrative and criminal investigations. Some were arrested and kept in prison for more than one month. Hundreds of them have been dismissed from their positions by order of the Council of Education and university administrations. Under the state of emergency declared after the coup attempt of July 15, 2016, hundreds of Academics for Peace were removed from universities and banned from public service. Their passports have been invalidated hindering these academics from travelling abroad. In December 2017, judicial proceedings begin against the signatories, on the charge of “propaganda for a terrorist organization.”

      This blog is curated by Academics for Peace Germany e.V. Its aim is, on the one hand, to create an archive of factual and up-to-date information on the ongoing developments that researchers, journalists and others with an interest in the topic can rely on. On the other hand, this blog will provide contextualization and analysis from a variety of different disciplines and theoretic approaches, in preparation of a planned research network on the instrumentalization of law for the suppression of academic freedom in Turkey and elsewhere.


      https://afp.hypotheses.org

    • A Commentary on the Indictment against Academics for Peace

      The following text consists of a summary of the body of the Bill of Indictment with relevant commentaries in the footnotes. Although the penal case against the Academics for Peace petition has been filed on an individual basis regarding the signatories, each case shares a uniform Bill of Indictment [1]. Several Assize Courts in Istanbul have been appointed as the court-on-duty for the cases—each of them using this uniform Bill of Indictment as the basis of the criminal process. You can also read this commentary as a PDF.

      https://afp.hypotheses.org/59

    • INFORMATION NOTE ON THE ONGOING CRIMINAL PROCEEDINS AND RECENT RULLINGS AGAINST ACADEMICS FOR PEACE IN TURKEY. CALL FOR SOLIDARITY

      The criminal proceedings against several hundreds of academics in Turkey who signed a petition for peace (Academics for Peace) continue in Istanbul. They are individually sued in various Assize Courts. Some cases are recently concluded, the courts of first instances found the academics guilty for “carrying out terrorist propaganda” and sentenced them to 15 months of prison. We are currently waiting the decision of the Court of Appeal.
      We want to highlight these rulings against the signatories and request for urgent international support from our European colleagues.
      In a petition made public in January 2016 , more than two thousand academics and researchers from Turkey, supported by several hundred international academics—called on the Turkish government to abide by domestic and international law and to return to the peace process that had been interrupted in July 2015. After the petition was made public, the signatories were specifically targeted by President Erdoğan and subsequently attacked, threatened and became subject to administrative and criminal investigations. Some were arrested and kept in prison. In October 2017, some signatories of the petition, mostly the ones who are or were working at the universities in Istanbul, started to receive subpoenas, summoning them to the court with an accusation of carrying out terrorist propaganda.
      As of April 30, 2018, more than 260 signatories are individually sued in various Assize Courts of Istanbul. They are separately tried according to hundreds of copy-pasted indictments with an identical content. There is also one group case against four signatories who read a second press statement of Academics for Peace on March 10, 2016. This statement condemned the persecution of signatory academics and affirmed signatories’ commitment to the wording of the petition of January 2016. The four signatories are arrested and were held in pre-trial detention for 40 days.
      There are 2212 signatories of the petition, only around 300 of them have been sued so far. Furthermore 386 signatories have been officially listed as persons affiliated to terrorist organisations in the state of emergency decree-laws, dismissed from their positions, banned from public service for life and had their passports cancelled. But there is only a limited overlapping between the “sued signatories” and the “decreed signatories”.
      The indictment included no attestations that are based on factual evidences, was full of inconsistencies and even manipulated the facts by altering the translated versions of the petition . Against this arbitrariness, the signatories have defended themselves with emphasizing their responsibility as academics that instigates them not to remain silent against historical occurrences. As researchers, lecturers and scientists from numerous fields, they have all underlined their responsibility as a point of intersection, which made them come together through the demand for peace.
      The differences between the qualifications of the “crime” committed by the signatories by different courts demonstrate also arbitrariness of the judicial proceedings. The individual cases against the signatories are engaged with the charge of carrying out terrorist propaganda. The indictment in the group case against the four academics also, initially accused them under Article 7/2 of the Anti-Terror Act . However, at the first hearing on April 22, 2016, the Public Prosecutor announced that he considered a different qualification for the “crime” committed and intended to launch a new investigation under Article 301 of the Penal Code. That article prohibits “degrading the Turkish Nation and the State of the Republic of Turkey and the organs and institutions of the State.” The Prosecutor requested the Court to stop the proceedings under Article 7/2 pending the required permission by the Minister of Justice for an investigation on charges under Article 301. The awaited decision by the Ministry of Justice in relation to the request for permission for an investigation under Article 301 of the Penal Code has reached the Court in November 2017.
      In order to define an act as propaganda for a terrorist organization under Article 7/2 of the Anti-Terror Act, there must be an act having the characteristics of propaganda, which carried out in such a way that legitimizes or praises the coercive, violent and threatening actions of terrorist organizations or encourages the employment of these methods. In the Academics for Peace’s petition, there is no single expression having the characteristics of propaganda in favour of a terrorist organization. Neither does it legitimize or praise the coercive, violent and threatening methods of a terrorist organization nor does it encourage the employment of such methods.
      As to the charge under Article 301 of the Penal Code, the act of signing the petition cannot be considered an offence under the third paragraph of the article, which explicitly excludes from its scope “expressions of an opinion for the purpose of criticism”.
      The focal point of all the hearings against Academics for Peace was the lack of clarity regarding the charges. Along with the requests for immediate acquittal, defence lawyers underlined the uncertainty surrounding the definition of the charges by pointing to the decision of the Minister to grant permission for an investigation under Article 301 in the case against four academics. Lawyers of some signatories requested the courts to merge the cases of all academics, including the one viewed before the 13th Assize Court against four signatories. They emphasized the need to avoid inconsistencies in the charges on which the prosecution will proceed and in the conclusions to be reached by different courts in relation to one identical act. On similar grounds, the courts with the exception of 35th Assize Court, dismissed the requests for rejoinder of the cases.
      This routine of requests, pleas, rejections and objections had kept going on until the 23th of February, where the 34th Assize Court of Istanbul had given its first expedited judgment and found three of the academics guilty for “carrying out terrorist propaganda” under article 7/2 of the Anti-Terror Act. They have been sentenced to 15 months of imprisonment as the courts have decided that the punishment shall be aggravated as the crime of carrying out terrorist propaganda has been deemed to be committed through means of media.
      The courts, relying on the Penal Procedure Code, have offered the academics an option: the deferment of the announcement of the verdict, which enables the court not to announce the decision, and in the case that the defendant will not be found guilty for another crime in a certain period, to foreclose the case. When the accused accepts this mechanism to be applied, then the qualification of the action as a crime becomes officialised and the accused becomes deprived of any rights on appealing the case at a higher court .
      Until today 13 academics have their judgments delivered and 12 of them have accepted to resort to the mechanism of the deferment of the announcement of the verdict. And so far, one signatory had refused the application of this mechanism. As can be seen in the verdict (which is available in the appendices), the Court had rejected the suspension of the punishment upon the grounds that she had not exhibited any expression of remorse. This academic has applied to the Court for Appeal (Istinaf) and she faces the risk of imprisonment.
      Hundreds of other proceedings against other signatories are still on the course. It is still not clear in which way these 13 first rulings will affect the copy-pasted cases considering that the judiciary of the country is collapsing day by day under the state of emergency regime. The first case before the Court of Appeal will probably create a strong judicial precedent that will be highly persuasive while the decisions are made in the future cases against the other signatories. All signatories are tried before various Assize Courts in Istanbul. Istanbul Regional Court of Justice is the competent court for the appeals. The cases will be reviewed by the same two criminal chambers of this Regional Court having competence on cases related to the Anti-Terror Act.
      Today, it is crucial to ask an international support for our colleagues.
      – We would like to invite you to write a short analysis on the verdicts delivered so far. For this purpose, we send you in the appendices the translation of the verdict against the signatory academic, who faces the risk of imprisonment. Please let us know if you were to write an analysis and to publish it on a blog of your choice so that we can also cross post it on the Blog of the Academics for Peace-Germany. If you wish to publish your analysis on this blog, you can directly send it to us.
      – Many academics from different countries assist the hearings as observers. You can be in solidarity in the courtrooms. The presence of international observers during the hearings is crucial.
      Please also feel free to distribute this call for solidarity among scholars who would be interested in supporting our call by either participating in the hearings or by writing a short analysis.
      These actions for solidarity will certainly not suffice to change the course of this politically motivated trials, but certainly influence the way the hearings are held, strengthen the legal struggle of the Academics for Peace under judicial harassment.
      Thank you for your concern and solidarity.

      Academics for Peace – Germany
      Legal Working Group
      afp.jurists@gmail.com

      For more information about the judicial proceedings against Academics for Peace, including the reports and comments of the international observers, please check our blog: https://afp.hypotheses.org
      For a detailed flow of the hearing processes, please check: https://bianet.org/konu/trial-of-academics
      For the calendar of the hearings, please check: https://calendar.google.com/calendar/embed?src=nstr2fppd37d7o0ekp83qu6e7g@group.calendar.google.com&ctz=Europe/Istanbul&pli=1

      Document word reçu via email le 14.05.2018, et que j’ai copié-collé ici.
      Texte accompagnant le message:

      Plus de 260 universitaires signataires de pétition des Universitaires pour la Paix sont actuellement en procédures et plusieurs décisions ont déjà été prises. Certains de nos collègues ont traduit l’acte d’accusation, et plusieurs textes analytiques discutent des procédures et de leurs conséquences.

    • Avant d’entrer en prison à Istanbul, #Füsun_Üstel traite de l’histoire de la citoyenneté en Turquie…

      Toujours aussi déterminée et ferme sur ses principes, notre collègue historienne et professeure de sciences politiques à l’Université de Galatasaray, Füsun Üstel, a prononcé il y a quelques jours à Istanbul une dernière conférence publique avant d’entrer en prison pour 15 mois (https://www.youtube.com/watch?v=fLU7Vu-hyGU

      ). Le thème abordé traitait, et ce choix ne devait évidemment rien au hasard, de « L’histoire de la citoyenneté dans la Turquie républicaine », une histoire sur laquelle Füsun a beaucoup travaillé et publié.


      https://questionsorientoccident.blog/2019/05/03/avant-dentrer-en-prison-fusun-ustel-traite-de-lhistoire-de

      Je découvre dans ce même article qu’elle a travaillé à #Grenoble :

      « Pour la connaître depuis longtemps, et avoir travaillé et enseigné avec elle à Istanbul et à Grenoble, nous ne doutons pas que Füsun saura continuer derrière les barreaux de sa prison pour femmes d’Istanbul son activité d’intellectuelle engagée et de pédagogue… »

      Petite recherche et je me rends compte qu’elle est chercheuse extérieure dans le « Groupe d’études sur la Turquie et l’Europe » à #Pacte :

      https://www.pacte-grenoble.fr/node/23734
      #université_grenoble_alpes

  • La ville des flux. L’envers et l’endroit de la mondialisation urbaine | Territoire en mouvement
    http://tem.revues.org/4428

    La mondialisation est avant tout urbaine. Devenue un gigantesque accélérateur de trajectoires individuelles, soumise aux impératifs de la vitesse, la ville des flux perd progressivement son attache avec le territoire. Elle oscille ainsi entre les friches urbaines des non-lieux que les flux contournent – les favelas de Rio ou São Paulo, les bidonvilles de Kinshasa et de Johannesburg – et le paroxysme de la communication des hyperlieux branchés sur les réseaux, où s’affichent les signes d’une modernité agressive et insolente – comme à Singapour, Doha ou Dubaï. Y a-t-il encore une place pour l’émergence de milieux qui cherchent à soumettre ces flux à l’exigence anthropologique de l’habiter, ainsi qu’à celle, politique, de l’agir ensemble – comme le symbolisent désormais la place Tahrir du Caire ou la place Taksim d’Istanbul ? Pour déjouer les projections fonctionnalistes des architectes-urbanistes ainsi que les tentatives de planification des édiles et des aménageurs, pour résister aux nostalgies patrimoniales comme aux séductions des images futuristes, il faut être sensible aux pouvoirs de l’informel, celui des quartiers tremplins qui font des migrants les inventeurs de nouvelles pratiques urbaines, comprendre les raisons de l’attractivité des façades maritimes et des ports, et entendre l’enchevêtrement des récits de la ville invisible. Olivier Mongin nous propose un panorama magistral des évolutions contemporaines de la ville et de la diversité des scénarios urbains, en nourrissant ses réflexions des réalisations des architectes et urbanistes, mais aussi des fulgurances des cinéastes.

  • Violences infligées aux femmes : « Nous exhortons le gouvernement à revoir sa copie »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2017/12/02/violences-infligees-aux-femmes-nous-exhortons-le-gouvernement-a-revo

    Tribune. Un collectif de 100 personnalités demande au président d’augmenter le budget alloué à la lutte contre les violences faites aux femmes.

    #Féminisme

    • Tribune. Samedi 25 novembre, Emmanuel Macron l’a juré, les femmes seront bien la grande cause nationale de son quinquennat. Il a également annoncé son plan d’action pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Un discours qui se voulait symboliquement fort et promeut plusieurs mesures nouvelles, telles dix unités de psycho-traumatologie dans les centres hospitaliers ou l’augmentation des délais de prescription pour les mineurs, et reprend également des mesures existantes, comme la formation des professionnels (inscrite dans la loi depuis 2014), l’interrogation des pratiques des professionnels de santé (protocole du 5 novembre 2014) ou l’arrêt des bus de nuit à la demande (juillet 2015). Sauf que ces mesures ne sont accompagnées d’aucun financement supplémentaire.

      Le budget du secrétariat d’Etat sera « sanctuarisé à son plus haut niveau », 30 millions d’euros. En 2017, il était de 29,81 millions d’euros. Les féministes mesurent l’effort sans précédent… Les crédits interministériels dédiés à l’égalité femmes-hommes passent de 400 millions à 420 millions d’euros. Bonne nouvelle ! Mais là encore, il y a un loup : seuls 15 % de ces crédits sont consacrés à la lutte contre les

      violences. Ajoutons que les 20 millions supplémentaires reprennent des actions qui sont déjà effectuées, qui seront désormais labellisées « égalité ».

      AUCUNE AUGMENTATION DU BUDGET DÉDIÉ AUX DROITS DES FEMMES NI AUX VIOLENCES, DES ANNONCES NON FINANCÉES. C’EST CE QUI S’APPELLE UNE OPÉRATION DE COMMUNICATION

      Il s’agit donc bien d’un tour de passe-passe budgétaire. Aucune augmentation du budget dédié aux droits des femmes ni aux violences, des annonces non financées. C’est ce qui s’appelle une opération de communication. Comment peut-on se contenter de si peu face à la réalité des violences infligées aux femmes dans notre pays ? 93 000 femmes adultes victimes chaque année de viol et de tentative de viol, 220 000 victimes de violences conjugales ou intrafamiliales, 550 000 victimes d’agressions sexuelles…

      Deuxième angle mort, le travail. 25 % des agressions sexuelles ont lieu au travail, où les rapports de domination se cumulent avec le lien de subordination et le risque de perdre son emploi pour les victimes qui auraient le courage de briser le silence. Les syndicats et les associations proposent des mesures à intégrer dans la loi, pour sanctionner les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de prévention et pour protéger les femmes victimes de violences. Ajoutons que le gouvernement supprime avec ses ordonnances les seuls outils de prévention au travail, les CHSCT.

      Des annonces très en deçà de l’enjeu

      Au niveau international, nous avons réussi à imposer à l’ordre du jour de l’Organisation internationale du travail, en juin prochain, l’examen d’une norme contre les violences et le harcèlement. Le contenu et la portée de cette norme dépendront de la position des Etats, aussi est-il regrettable qu’Emmanuel Macron n’en ait pas dit un mot samedi. Ce, d’autant que pour l’instant, la position de la France est… étonnante : elle refuse que les violences fondées sur le genre soient identifiées spécifiquement dans cette norme.

      Mais, que l’on se rassure, il y aura une session de rattrapage. Emmanuel Macron l’a dit, il s’agit de premières annonces. Et heureusement, parce qu’aujourd’hui le compte n’y est pas, face à l’ampleur des violences sexistes et sexuelles.

      D’ici là, nous exhortons le gouvernement à revoir sa copie et à prendre en compte, sans anathème, chantage ou pression sur aucune d’entre nous, les critiques des féministes. Nous demandons une augmentation budgétaire au moins équivalente à ce que l’Espagne a débloquée – à savoir 1 milliard d’euros sur cinq ans – associé à une loi-cadre contre les violences permettant notamment de transposer dans le droit français la Convention d’Istanbul [sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique, ratifiée en 2014].

      Le respect du débat démocratique impose que l’on accepte, surtout sur un sujet si important, que ces annonces soient passées au crible, vérifiées, confrontées à la réalité et dénoncées pour ce qu’elles sont : très en deçà de l’enjeu et de l’urgence.

      Les signataires : Ludmila Acone, historienne ; Ana Azaria, présidente de Femmes Egalité ; Anne Baltazar, syndicaliste ; Christine Bard, historienne ; Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde ; Françoise Basch, professeur émérite à l’université Denis-Diderot ; Francine Bavay, présidente de SOS Femmes Alternative, centre Flora-Tristan ; Delphine Beauvois, auteure de littérature de jeunesse ; Maude Beckers, avocate ; Fatima Benomar, coporte-parole des Effronté-e-s ; Savine Bernard, avocate ; Eric Beynel, co porte-parole de Solidaires ; Gérard Biard, président de Zeromacho ; Agnès Bihl, chanteuse ; Sophie Binet, pilote du collectif Femmes mixité de la CGT ; Rita Bonheur, présidente de l’Union des femmes de Martinique ; Catherine Bloch-London, militante féministe ; Emmanuelle Boussard-Verrecchia, avocate ; Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricienne, chef de service Maternité des Lilas ; Michel Bozon, sociologue ; Geneviève Brisac, écrivaine ; Carole Cano, syndicaliste CFE-CGC ; Pascale Carayon, féministe ; Coline Cardi, sociologue ; Marie -France Casalis, porte-parole du Collectif féministe contre le viol ; Marie Cervetti, militante féministe ; Carole Chotil-Rosa, militante féministe ; Annick Coupé, syndicaliste ; Saïd Darwane, conseiller national UNSA ; Madeline Da Silva, militante féministe et des droits de l’enfant ; Michèle Dayras, présidente de SOS-sexisme ; Laurence De Cock, historienne ; Caroline De Haas, militante féministe ; Christine Delphy, sociologue ; Monique Dental, présidente du réseau féministe Ruptures ; Héloïse Duché, militante féministe ; Sylvia Duverger, blog « Féministes en tous genres » ; Eric Fassin, sociologue ; Christine Fauré, historienne ; Aude Fiévet, association Le monde à travers un regard ; Léa Filoche, militante féministe ; Geneviève Fraisse, philosophe ; Jean Gadrey, économiste ; Nicole Gadrey, sociologue ; Valérie Ganne, journaliste, auteure ; Sigrid Gérardin, secrétaire nationale de la FSU ; Cécile Gondard-Lalanne, coporte-parole de Solidaires ; Clara Gonzales, initiatrice du « 06 anti-relous » ; Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU ; Véronique Haché, directrice Générale d’Autolib’ et de Vélib’ métropole ; Anaïs Haddad, coprésidente des Effronté-e-s ; Clémence Helfter, dirigeante de l’UGICT-CGT en charge de l’égalité F-H ; Alice Heyligers, ancienne militante du MLF ; Helena Hirata, sociologue ; Violaine Husson, responsable des questions de genre à la Cimade ; Clara Jaboulay, présidente de l’Union nationale lycéenne ; Marie-Anne Juricic, sociologue ; Danièle Kergoat, sociologue ; Annie Lahmer, féministe ; Mathilde Larrere, historienne ; Sandra Laugier, philosophe ; Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF ; Elisabeth Leininger, psychopraticienne ; Yannick Le Quentrec, sociologue ; Séverine Lemière, économiste ; Elliot Lepers, chef d’entreprise ; Florence Lhote, présidente de l’Association entraide et mouvement des femmes ; Sylvie Liziard, secrétaire nationale UNSA ; Raphaëlle Manière, délégation droit des femmes du CESE ; Marie-Thérèse Martinelli, Marche mondiale des femmes ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ; Christiane Marty, Fondation Copernic ; Dominique Meda, sociologue ; Mar Merita Blat, militante féministe ; Florence Montreynaud, Encore féministes ! ; Tania Mouraud, artiste plasticienne ; Solmaz Ozdemir, SKB France ; Birthe Pedersen, présidente d’ActionAid France-peuples solidaires ; Sophie Pochic, sociologue ; Claire Poursin, co-présidente des effronté-e-s ; Soudeh Rad, militante féministe ; Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme ! ; Sabine Reynosa, collectif Femmes mixité CGT ; Florence Rochefort, historienne ; Marie-Sabine Roger, auteure ; Suzy Rojtman, porte-parole du Comité national pour les droits des femmes ; Roselyne Rollier, présidente de la Maison des femmes Thérèse-Clerc ; Laure Salmona, cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement et co-initiatrice de #SoyezauRDV ; Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie ; Zeynep Saygi, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie ; Sibylle Schweier, sociologue ; Geneviève Sellier, professeure émérite à l’université Bordeaux Montaigne ; Réjane Sénac, politiste ; Rachel Silvera, économiste ; Charlotte Soulary, cofondatrice de Chair collaboratrice ; Isabelle Thieuleux, Cndf ; Loïc Trabut, chercheur à l’INED ; Françoise Traverso, présidente de l’Association internationale des droits de l’homme ; Elodie Tuaillon-Hibon, avocate ; Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT ; Françoise Vouillot, psychologue.

  • La feuille Charbinoise » Solidarité avec Zehra Doğan
    http://www.lafeuillecharbinoise.com/?p=13106

    #Zehra_Doğan est une artiste peintre et une journaliste kurde, originaire de Diyarbakir. Elle est aussi connue pour avoir fondé l’agence de presse Jinha, dont l’équipe est entièrement constituée par des femmes. Depuis février 2016 Zehra vit à Nusaybin, une ville située près de la frontière syrienne. Elle a été témoin des violences que la police et l’armée turque ont commises dans cette cité. Elle a été arrêtée le 21 juillet 2016. Un procès expéditif a eu lieu, au cours duquel un certain nombre de témoins (incapables de l’identifier formellement ou de fournir une description correcte) ont certifié que la jeune femme était membre d’une organisation terroriste (on devine laquelle !). Elle a été emprisonnée une première fois, puis libérée en décembre 2016, suite à de nombreuses protestations. Laissée en liberté surveillée, elle est à nouveau passée en jugement en mars 2017. Les chefs d’accusation ont alors changé. L’état turc lui reproche d’avoir réalisé un tableau dans lequel elle représente les dommages commis par les tirs d’artillerie et de chars de l’armée en ayant placé un drapeau turc sur les bâtiments détruits. Or ce tableau a été peint d’après une photo que les militaires turcs eux-mêmes ont fait circuler sur les réseaux sociaux en signe de victoire (sur le document photographique, les drapeaux sont bien visibles !). On lui a reproché également d’avoir fait circuler sur Internet la photo et le message d’une petite fille kurde de dix ans, Elif Akboga, témoignant des conditions de vie inhumaines que l’armée turque a imposées à Nusaybin. Zehra est enfermée d’abord à la prison de Mardin, puis, depuis juin 2017, dans celle de Diyarbakir, où elle purge une peine de deux ans, neuf mois et 22 jours…

    #féministe_emprisonnée

    • Reportage avec Zehra, journaliste de l’agence #JINHA
      http://www.kedistan.net/2016/02/22/zehra-jinha

      JINHA est une agence d’information féministe, dont toutes les contributrices sont des femmes. “Jin” en kurde, veut dire femme. Une première au monde. Jin suivi d’un H pour haber (information) et A pour ajansı (agence de). Reportage avec Zehra.

      Nous voulions connaitre JINHA. Nous avons donc interviewé Zehra Doğan, une des journalistes de JINHA qui travaillent sous les balles et les bombardements, dans les villes kurdes, sous couvre-feu dans ces derniers jours. Zehra a répondu à nos questions depuis Nusaybin. Nous la connaissions du bureau d’Istanbul, mais elle était, avec sa joie de vivre, son enthousiasme de journaliste, et son coeur de femme, connue pour être les yeux, les oreilles et la voix de son peuple. Elle est en train de suivre, caméra en main, les traces des villes et des villages, les rues qui sentent le feu, la poudre et le sang. Un moment à Cizre, un autre à Nusaybin…

    • Exposition de peintures « Les yeux grands ouverts » — Amnesty International Suisse
      https://www.amnesty.ch/fr/sur-amnesty/agenda/2017/exposition-de-peinture-les-yeux-grand-ouverts

      Genève, 24 Novembre - 10 Décembre 2017 Exposition de peintures « Les yeux grands ouverts »
      Exposition des peintures de Zehra Doğan, journaliste et artiste actuellement emprisonnée en Turquie.

    • @la_feuille

      Depuis http://www.kedistan.net/2017/12/05/zehra-interview-zeynep-altinkaynak-prison

      Ajout du 6 décembre : Après audience, Zeynep a été libérée sous surveillance, en attente d’un procès reporté.

      KJA aktivisti Zeynep Altınkaynak tahliye edildi - JİNNEWS

      http://jinnews.com.tr/staticfiles/news/71345/2017/12/03/823x463cc-zeynep-altinkaynak.JPG

      http://jinnews.com.tr/news/content/view/71345

      17:59 6 Aralık 2017 Hukuk

      DİYARBAKIR - KHK ile kaptılan KJA aktivisti Zeynep Altınkaynak ilk duruşmada tahliye edildi.

      Diyarbakır Cumhuriyet Başsavcılığı’nın yürüttüğü soruşturma kapsamında 14 Haziran’da birçok ilde KJA, DTK, DBP, HDP ve HDK üye ve yöneticilerine yönelik operasyon başlatıldı ve çok sayıda kişi gözaltına alındı. Gözaltına alınanlardan 21’i Diyarbakır Adliyesi’ne götürüldü ve ardından birçoğu tutuklandı. Tutuklananlar arasında KHK ile kapatılan KJA aktivisti Zeynep Altınkaynak da bulunuyordu. Zeynep, “Örgüt üyeliği” iddiasıyla yargılandığı Diyarbakır 10 Ağır Ceza Mahkemesi’nde ilk kez hakim karşına çıktı.

      Zeynep tutuklu bulunduğu Diyarbakır E Tipi Cezaevi’nden getirilerek duruşmada hazır edildi. Duruşmaya Zeynep’in avukatı Hatice Demir ve ailesi katıldı. Kimlik tespitinin ardından savunmasını yapan Zeynep, hakkındaki iddiaları kabul etmedi. KJA’nın bir dernek olduğunu ve kadına yönelik şiddet ve benzeri konulara ilişkin çalışmalar yaptığını belirten Zeynep, “KJA yasal bir dernekti” dedi.

      Ardından savunma yapan avukat Hatice Demir de herhangi bir dernek adına çalışma yapmanın suç olamayacağını belirtti. Gizli tanık ifadelerinde ise Zeynep’in 2009-2011 yılları arasında YDG-H adına örgütleme yaptığı belirtiliyordu. Bu beyanları kabul etmeyen Hatice, Zeynep’in o tarihler arasında okulda katıldığı bir boykot nedeniyle cezaevinde olduğunu söyledi.

      Zeynep’in tahliye edilmesine karar veren mahkeme heyeti davayı ileri bir tarihe erteledi.

  • Communiqué de presse contre la proposition de loi 307 sur la « garde » alternée. - Collectif national pour les droits des femmes
    http://www.collectifdroitsdesfemmes.org/spip.php?article484

    Nous savons que les foyers monoparentaux sont principalement composés de mères isolées, en rupture de lien avec leur ex-compagnon, particulièrement précarisées et qui ne perçoivent pas les pensions alimentaires qu’ils devraient leur verser, quel sens aurait pour elles et leur-s enfant-s cette double domiciliation ?

    2/ Que penser de la double domiciliation pour la répartition des aides sociales ? du coefficient familial ? du calcul des retraites ? ,de la pension alimentaire ? il y a lieu d’être vigilant-es à ce que la convention d’Istanbul soit respectée puisqu’elle érige en infraction les violences domestiques économiques.

    3/ Le dernier point est le plus important. Alors que l’actualité de ces dernières semaines fait émerger un mouvement fort contre les violences et le harcèlement faits aux femmes, la double domiciliation, dans le cas précis des violences faites aux femmes et aux enfants est à proscrire totalement, comme toute résidence alternée d’ailleurs, c’est une évidence ! Quid du harcèlement post-séparation ? La résidence alternée devient alors une arme dans les mains du parent agresseur.
    Cette proposition de loi est inutile, le principe de la résidence alternée existe déjà dans la loi. Aller vers une systématisation de la résidence alternée représente un danger pour les femmes et les enfants victimes de violences intra-familiales.

    Pour ces raisons, nous demandons le retrait pur et simple de la proposition de loi N°307

  • Qatari owned daily claims Turkish banks are seeing an inundation of Saudi cash as businessmen worry about MBS’s moves | The Mideastwire Blog
    https://mideastwire.wordpress.com/2017/11/24/qatari-owned-daily-claims-turkish-banks-are-seeing-an-inundat

    On November 24, the Qatari-owned Al-Quds al-Arabi daily carried the following report from Istanbul by its correspondent Ismail Jamal: “During the last few weeks, Turkey witnessed the arrival of many Saudi businessmen and Arab residents in the Kingdom of Saudi Arabia, attempting to transfer their money from the Kingdom that has been going through unprecedented political and economic transformations, which generated fear of the future among them. Hence, at the central immigration office in the Turkish city of Istanbul, which is in charge of giving residency papers to foreigners, one could detect a noticeable increase in the number of Saudi citizens and Arab residents in the Kingdom, seeking residency in Turkey as soon as possible. The same could also be detected in the Turkish banks located in central parts of Istanbul…

    http://www.alquds.co.uk/?p=832267

    #arabie_saoudite

  • Des affaires de jupes (R)
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/des-affaires-de-jupes-r

    Quand le port d’une jupe devient une question politique, un acte de militantisme ou le point de départ d’une révolte. Deux histoires, entre Paris, Istanbul et Alger.

    http://rf.proxycast.org/1368267096143699969/10078-17.11.2017-ITEMA_21497235-0.mp3

    #sexisme #jupes #misogynie #masculinisme #voile #hidjab #femmes #féminicide #allié