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  • #Refus_d’entrée : criminaliser la solidarité

    En France, deux petites victoires ont été remportées contre les tentatives du gouvernement Français de criminaliser la solidarité envers les migrant·e·s. Un tribunal administratif a annulé deux ordres de la police française d’interdire de territoire des citoyen·ne·s européen·ne·s en raison de leur soutien aux migrant·e·s à Calais. L’interdiction ordonnée par la police a été déclarée illégale. Cette victoire au tribunal pourrait affecter des dizaines d’autres personnes placées sur des listes d’interdiction et dans les bases de données de surveillance par la police française.

    La liste des #interdictions_de_territoire

    En mars 2017, D. était à la gare de St Pancras à Londres pour prendre l’Eurostar en direction de Calais. Il s’y rendait pour participer à une réunion publique sur le rôle des sociétés privées impliquées à hauteur de plusieurs millions d’euros dans la sécurisation de la frontière Franco-Anglaise. Mais avant de monter dans le train, il est arrêté au contrôle des passeports, puis emmené dans une petite pièce par la Police aux Frontières française (#PAF). Après un moment d’entretien au téléphone, les agent·e·s de la PAF impriment un “Refus d’entrée”, document officiel l’informant qu’il lui est interdit d’entrer en France.
    Ce type de traitement n’est que trop courant envers les voyageurs et voyageuses non-européen·ne·s. Mais D. est titulaire d’un passeport européen. Le document qui lui a été remis stipulait qu’il figurait dans une base de donnée de la police française regroupant les personnes fichées comme « Danger pour l’ordre public ou la sécurité nationale ». En outre, la police lui annonce qu’il va également « avoir des problèmes » pour voyager dans d’autres pays, puisque son nom était dorénavant signalé sur la base de données du Système d’Information Schengen (SIS) utilisée par les polices aux frontières dans toute l’Europe.
    Le cas de D. n’est pas un incident isolé. Ainsi, en mars 2017 X. se rendait en Belgique en bus et a été arrêté·e par la PAF au port de Douvres. Après environ une heure d’attente, on informe X. que l’entrée en France lui est refusée et iel reçoit un papier notifiant simplement qu’iel est un « danger pour l’ordre public ou la sécurité nationale ».
    Ce n’était pas la première fois que X. a eu des problèmes pour entrer en France. En Octobre 2016, X. est arrêté·e à son arrivée à Calais et constate que les agent·e·s consultent une liste de trois pages avec des noms et des photographies. La police désigne à X. une photo d’iel prise en 2010 (date devinée grâce à la couleur de ses cheveux !) figurant en page 3 du document.
    On informe X. qu’en cas d’arrestation à Calais, iel serait interdit·e de présence sur le territoire français. Iel n’a pas été arrêté·e, malgré cela, l’entrée en France lui fut refusée la fois suivante.

    En examinant et recoupant l’enchaînement de ces incidents avec d’autres, il semble probable que la police ait établi une « liste de personnes interdites du territoire » juste avant l’expulsion de la jungle en octobre 2016.

    Nous savons que d’autres personnes ont reçu ces interdictions.
    D. et X., plutôt chanceux·se·s d’avoir pu le faire dans le délai imparti de deux mois, ont décidé de contester cette interdiction devant les tribunaux français. Iels ont été soutenu·e·s dans cette action par le réseau Calais Migrant Solidarity et par l’association française Anafé qui travaille avec les étrangers et étrangères empêché·e·s d’entrer en France. Nous pensons qu’il s’agit de l’une des premières fois qu’un refus d’entrée est contesté en France. La plupart des personnes à qui sont imposés ces refus d’entrée sont des migrant·e·s non-européen·ne·s, déporté·e·s loin de France et qui ont peu de chance de les contester.

    La #fiche_S

    Le ministère français de l’Intérieur a défendu l’interdiction devant la cour, arguant que D. et X. étaient bel et bien un “danger” pour la France. Mais de quel danger parle-t-on ? L’État français a tiré cet argument de son fichier consacré à D. et X. – une des tristement célèbres « fiche S » constituées par la police politique française sur de supposé·e·s fauteurs et fauteuses de troubles.

    Cette “fiche S” comportait deux parties. Tout d’abord, D. et X. sont identifié·e·s comme « membre de la mouvance anarcho-autonome d’ultra gauche (« no border ») susceptible de se livrer à des actions violentes dans les perspectives du démantèlement du camp de migrants de Calais ». L’État, dans ses pièces, ne mentionnait aucune violence de ce type, mais citait plutôt plusieurs articles de presse français traitant de la prétendue “violence” des “No Borders”.

    En fait, les assertions de ces médias étaient entièrement fondées sur des citations de sources policières, souvent anonymes. Ainsi, en un cercle parfait, la police a communiqué à la presse des affirmations sans fondements, puis a utilisé ces même citations de presse dans leurs propres “preuves”. Ni D., ni X., ni personne d’autre n’a jamais été poursuivi·e pour les prétendues “violences” mentionnées dans ces rapports, et encore moins reconnu·e coupable.

    La deuxième partie de la fiche S donne quelques exemples plus précis des activités de D. Par exemple, il est arrêté en 2010 dans une “occupation illégale” – c’est-à-dire qu’il était simplement présent dans l’Africa House, squat où habitaient environ 100 personnes venant principalement du Soudan, d’Érythrée et d’Éthiopie. Il a également été repéré par la police lors d’une manifestation de migrant·e·s à Calais en 2014. Le dossier de X. mentionnait que « du 5 au 7 février 2010, des activistes No Border, y compris X., ont illégalement occupé un hangar de la rue Kronstadt à Calais et ont accueilli des migrant·e·s, les forces de l’ordre devant expulser les lieux », et qu’en 2010, des activistes No Border, y compris X. ont déployé une banderole “solidarité avec les sans papiers” sur la façade du beffroi de la mairie de Calais.
    Comme l’a convenu la cour, tout ceci n’avait rien de bien sérieux, était inexact ou ancien, et que rien ne suggérait une menace imminente contre la nation française.

    Il y avait aussi des éléments issus de dossiers de la police britannique. Encore une fois, ceux-ci mentionnent simplement que D et X sont allé·e·s à des manifestations, et que X a été arrêté·e lors de l’une d’elle, mais jamais poursuivi·e.

    Ce que tout cela montre également est comment les polices britannique et française échangent de vagues « renseignements », des rumeurs policières et des soupçons, sur les personnes qu’ils identifient comme politiquement actives. Cette “intelligence” est ensuite utilisée comme une base pour bloquer les mouvements transfrontaliers des personnes, notamment en les ajoutant aux listes de surveillance internationales comme le Système d’Information Schengen.

    #No_Borders” : la menace fantôme

    En bref, la seule accusation réelle contre D et X était qu’iels appartenaient à une « violente » organisation « anarcho-autonome » appelée « No Borders ». Mais quelle est cette prétendue organisation ?

    Bien sûr, certaines personnes solidaires des migrant·e·s de Calais se considèrent anarchistes. Et certaines, anarchistes ou « ultra-gauchistes » ou non, s’identifient à l’idée de « No Borders ». Ces deux mots ont pu être compris différemment selon les personnes : un slogan, une demande, un défi, un rêve. En revanche ce qu’ils ne signifient absolument pas est l’appartenance à une organisation qui organiserait le soulèvement des migrant·e·s à Calais.

    C’est un fantôme créé par la police française et les journalistes qui alimentent des histoires en buvant quelques verres. Il n’existe tout simplement pas. Les journalistes des deux côtés de la Manche ont diffusé d’innombrables histoires de « No Borders » incitant à des émeutes, incendiant la jungle, alimentant des réseaux de passeurs, etc. Aucunes de ces affirmations n’ont jamais été étayées par des preuves ou des enquêtes, ni jamais justifiées devant un tribunal.

    Par ailleurs, les migrant·e·s à Calais sont généralement des personnes plutôt débrouillardes. Beaucoup ont vécu des guerres et des dictatures, des révolutions, traversé des mers et des déserts. Iels n’ont pas besoin d’aide pour être en colère, ni pour s’organiser pour franchir les frontières et passer à l’action.

    Lutter pour la solidarité

    Pour nous, cette contestation en justice ne concernait pas seulement deux individu·e·s . Il s’agissait de contester une arme largement utilisée par la police pour bloquer la libre circulation des personnes en toute impunité. C’était une petite participation à la résistance contre les gouvernements qui s’échinent à mettre fin aux mouvements de solidarité entre citoyen·ne·s et migrant·e·s.

    Au cours des dernières années, des milliers d’Européen·ne·s ont réagi au passage des réfugié·e·s avec soutien et solidarité, depuis les plages de Grèce en passant par les cols des Alpes jusqu’aux “Jungles” de Calais. Cela dérange les politicien·ne·s et les médias qui s’affairent à vouloir faire paniquer la population au sujet d’ « invasions de migrant·e·s ». Leur but est de semer la peur et la division, essayant d’empêcher les gens de s’unir contre les élites capitalistes qui sont nos ennemis communs. La solidarité concrète et pratique, quand les personnes avec et sans papiers résistent côte à côte, est une réelle menace pour leur projet de « diviser pour mieux régner ».

    C’est pourquoi les États répondent en diabolisant et en criminalisant la solidarité. À Lesbos ou à Lampedusa, des volontaires sont emprisonné·e·s ou harcelé·e·s pour avoir sauvé quelques-unes des milliers de personnes qui se noient en mer. A Calais, la police arrête et interdit de territoire arbitrairement quiconque qu’elle aura étiqueté comme « No Borders ». Iels espèrent ainsi effrayer les citoyen·ne·s et isoler les migrant·e·s. L’État et les médias peuvent ainsi discréditer et attaquer leurs boucs émissaires en toute liberté.

    Cette victoire judiciaire est une petite partie de la lutte contre cette guerre lancée contre la solidarité. Ce qui est primordial est que nous ne nous laissions pas effrayer et que nous continuions à combattre nos vrais ennemis qui traînent dans les halls de commerce et dans les lieux de pouvoir. Français·e·s ou Britanniques, Européen·ne·s ou Africain·e·s, nous avons les mêmes ennemis, ne les laissons pas nous diviser.

    #Calais #délit_de_solidarité #solidarité #asile #migrations #réfugiés #victoire #France

  • #Chronologie des #politiques_migratoires européennes

    En octobre #2013, l’#Italie lance l’opération #Mare_Nostrum suite au naufrage survenu à quelques kilomètres de l’île de Lampedusa en Sicile où 366 personnes ont perdu la vie. Elle débloque alors des moyens matériels (hélicoptères, bateaux, garde-côtes, aide humanitaire) et des fonds considérables (environ 9 millions d’euros par mois) pour éviter de nouveaux naufrages et contrôler les migrants arrivant au sud de l’Italie.

    Au sein de l’Union Européenne, les États votent la résolution #Eurosur qui met en place système européen de surveillance des frontières qui sera assuré par l’agence #Frontex. Frontex est chargée d’assister techniquement les pays pour protéger leurs frontières extérieures et former leurs garde-côtes. En 2018, son siège à Varsovie lui a accordé un budget de 320 millions d’euros. Elle dispose à ce jour (février 2019) de 976 agents, 17 bateaux, 4 avions, 2 hélicoptères, et 59 voitures de patrouille, des moyens qui seront accrus d’ici 2020 avec la formation d’un corps permanent de 10 000 agents et un pouvoir d’exécution renforcé et souhaité par la Commission européenne d’ici 2027.

    Dans le cadre de leur mission de surveillance de la mer, les agents de Frontex interceptent les embarcations d’exilés, contrôlent les rescapés et les remettent aux autorités du pays où ils sont débarqués. Les bateaux Frontex sillonnent ainsi les eaux internationales du Maroc à l’Albanie. Les ONG humanitaires l’accusent de vouloir repousser les migrants dans leurs pays d’origine et de transit comme le prévoient les États de l’Union Européenne.

    Octobre 2014, l’opération Mare Nostrum qui a pourtant permis de sauver 150 000 personnes en un an et d’arrêter 351 passeurs, est stoppée par l’Italie qui investit 9 millions d’euros par mois et ne veut plus porter cette responsabilité seule. L’agence européenne Frontex via l’opération Triton est chargée de reprendre le flambeau avec des pays membres. Mais elle se contente alors de surveiller uniquement les eaux territoriales européennes là où Mare Nostrum allait jusqu’aux côtes libyennes pour effectuer des sauvetages. La recherche et le sauvetage ne sont plus assurés, faisant de ce passage migratoire le plus mortel au monde. L’Italie qui est alors pointée du doigts par des États membres car elle n’assure plus sa mission de sauvetage, de recherche et de prise en charge au large de ses côtes est dans le même temps accusée par les mêmes d’inciter les traversées « sécurisées » en venant en aide aux exilés et de provoquer un appel d’air. Une accusation démentie très rapidement par le nombre de départs qui est resté le même après l’arrêt de l’opération Mare Nostrum.

    L’Italie qui avait déployé un arsenal impressionnant pour le sauvetage durant cette période n’avait pas pour autant assuré la prise en charge et procédé à l’enregistrement des dizaines de milliers d’exilés arrivant sur son sol comme le prévoit l’accord de Dublin (prise empreintes et demande d’asile dans le premier pays d’accueil). Le nombre de demandes d’asile enregistrées fut bien supérieur en France, en Allemagne et en Suède à cette même période.

    #2015 marque un tournant des politiques migratoires européennes. Le corps du petit syrien, #Aylan_Kurdi retrouvé sans vie sur une plage turque le 2 septembre 2015, a ému la communauté européenne seulement quelques semaines, rattrapée ensuite par la peur de ne pas pouvoir gérer une crise humanitaire imminente. « Elle n’a jusqu’ici pas trouvé de réponse politique et collective à l’exil », analysent les chercheurs. Les pays membres de l’Union Européenne ont opté jusqu’à ce jour pour des politiques d’endiguement des populations de migrants dans leurs pays d’origine ou de transit comme en Turquie, en Libye ou au Maroc, plutôt que pour des politiques d’intégration.

    Seule l’#Allemagne en 2015 avait opté pour une politique d’accueil et du traitement des demandes d’asile sans les conditions imposées par l’accord de #Dublin qui oblige les réfugiés à faire une demande dans le premier pays d’accueil. La chancelière allemande avait permis à un million de personnes de venir en Allemagne et d’entamer une demande d’asile. « Elle démontrait qu’on peut être humaniste tout en légalisant le passage de frontières que l’Europe juge généralement indésirables. Elle a aussi montré que c’est un faux-semblant pour les gouvernements de brandir la menace des extrêmes-droites xénophobes et qu’il est bien au contraire possible d’y répondre par des actes d’hospitalité et des paroles », décrit Michel Agier dans son livre “Les migrants et nous”.

    En mars #2016, la #Turquie et l’Union européenne signent un #accord qui prévoit le renvoi des migrants arrivant en Grèce et considérés comme non éligibles à l’asile en Turquie. La Turquie a reçu 3 milliards d’aide afin de garder sur son territoire les candidats pour l’Europe. A ce jour, des réseaux de passeurs entre la Turquie et la #Grèce (5 kms de navigation) sévissent toujours et des milliers de personnes arrivent chaque jour sur les îles grecques où elles sont comme à Lesbos, retenues dans des camps insalubres où l’attente de la demande d’asile est interminable.
    #accord_UE-Turquie

    En #2017, l’OIM (Office international des migrations), remarque une baisse des arrivées de réfugiés sur le continent européen. Cette baisse est liée à plusieurs facteurs qui vont à l’encontre des conventions des droits des réfugiés à savoir le renforcement des contrôles et interceptions en mer par l’agence Frontex, le refus de l’Europe d’accueillir les rescapés secourus en mer et surtout la remise entre les mains des garde-côtes libyens des coordinations de sauvetages et de leur mise en place, encouragés et financés par l’UE afin de ramener les personnes migrantes en #Libye. Cette baisse ne signifie pas qu’il y a moins de personnes migrantes qui quittent leur pays, arrivent en Libye et quittent ensuite la Libye : 13 185 personnes ont été ainsi interceptées par les Libyens en Méditerranée en 2018, des centaines ont été secourues par les ONG et plus de 2 250 seraient mortes, sans compter celles dont les embarcations n’ont pas été repérées et ont disparu en mer.

    En avril #2018, le président Macron suggérait un pacte pour les réfugiés pour réformer le système de #relocalisation des migrants en proposant un programme européen qui soutienne directement financièrement les collectivités locales qui accueillent et intègrent des réfugiés : « nous devons obtenir des résultats tangibles en débloquant le débat empoisonné sur le règlement de Dublin et les relocalisations », déclarait-il. Mais les pourparlers qui suivirent n’ont pas fait caisse de raisonnance et l’Europe accueille au compte goutte.

    La #Pologne et la #Hongrie refuse alors l’idée de répartition obligatoire, le premier ministre hongrois
    Victor #Orban déclare : « Ils forcent ce plan pour faire de l’Europe un continent mixte, seulement nous, nous résistons encore ».

    Le 28 juin 2018, lors d’un sommet, les 28 tentent de s’accorder sur les migrations afin de répartir les personnes réfugiées arrivant en Italie et en Grèce dans les autres pays de l’Union européenne. Mais au terme de ce sommet, de nombreuses questions restent en suspend, les ONG sont consternées. La politique migratoire se durcit.

    Juillet 2018, le ministre italien Matteo #Salvini fraîchement élu annonce, en totale violation du droit maritime, la #fermeture_des_ports italiens où étaient débarquées les personnes rescapées par différentes entités transitant en #Méditerranée dont les #ONG humanitaires comme #SOS_Méditerranée et son bateau l’#Aquarius. Les bateaux de huit ONG se retrouvent sans port d’accueil alors que le droit maritime prévoit que toute personne se trouvant en danger en mer doit être secourue par les bateaux les plus proches et être débarquées dans un port sûr (où assistance, logement, hygiène et sécurité sont assurés). Malgré la condition posée par l’Italie de ré-ouvrir ses ports si les autres États européens prennent en charge une part des migrants arrivant sur son sol, aucun d’entre eux ne s’est manifesté. Ils font aujourd’hui attendre plusieurs jours, voir semaines, les bateaux d’ONG ayant à leur bord seulement des dizaines de rescapés avant de se décider enfin à en accueillir quelques uns.

    Les 28 proposent des #zones_de_débarquement hors Europe, dans des pays comme la Libye, la Turquie, le Maroc, le Niger où seraient mis en place des centres fermés ou ouverts dans lesquels serait établie la différence entre migrants irréguliers à expulser et les demandeurs d’asile légitimes à répartir en Europe, avec le risque que nombre d’entre eux restent en réalité bloqués dans ces pays. Des pays où les droits de l’homme et le droit à la sécurité des migrants en situation de vulnérabilité, droits protégés en principe par les conventions dont les Européens sont signataires, risquent de ne pas d’être respectés. Des représentants du Maroc, de la Tunisie et d’Albanie, pays également évoqués par les Européens ont déjà fait savoir qu’ils ne sont pas favorables à une telle décision.
    #plateformes_de_désembarquement #disembarkation_paltforms #plateformes_de_débarquement #regional_disembarkation_platforms

    Malgré les rapports des ONG, Médecins sans frontières, Oxfam, LDH, Amnesty International et les rappels à l’ordre des Nations Unies sur les conditions de vie inhumaines vécues par les exilés retenus en Grèce, en Libye, au Niger, les pays de l’Union européenne, ne bougent pas d’un millimètre et campent sur la #fermeture_des_frontières, avec des hommes politiques attachés à l’opinion publique qui suit dangereusement le jeu xénophobe de la Hongrie et de la Pologne, chefs de file et principaux instigateurs de la peur de l’étranger.

    Réticences européennes contre mobilisations citoyennes :
    Malgré les positions strictes de l’Europe, les citoyens partout en Europe poursuivent leurs actions, leurs soutiens et solidarités envers les ONG. SOS Méditerranée active en France, Allemagne, Italie, et Suisse est à la recherche d’une nouveau bateau et armateur, les bateaux des ONG Sea Watch et Sea Eye tentent leur retour en mer, des pilotes solidaires originaires de Chamonix proposent un soutien d’observation aérienne, la ligne de l’association Alarm Phone gérée par des bénévoles continue de recevoir des appels de détresse venant de la Méditerranée, ils sont ensuite transmis aux bateaux présents sur zone. Partout en Europe, des citoyens organisent la solidarité et des espaces de sécurité pour les exilés en mal d’humanité.

    https://www.1538mediterranee.com/2019/02/28/politique-migratoire-europeenne-chronologie
    #migrations #asile #réfugiés #EU #UE #frontières

    ping @reka

  • A #Lesbos, la dignité perdue des migrants afghans dans le camp de Moria - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2018/10/20/lesbos-dignite-perdue-migrants-afghans-camp-moria

    uir la guerre en Afghanistan, traverser mille morts et se retrouver parqués dans une île grecque. Et attendre. C’est le quotidien des migrants afghans arrivés à Lesbos en Grêce. Ici, le camp de Moria abrite la majorité des 10 000 demandeurs d’asile résidant sur l’île. Marine Jeannin et Sarah Samya Anfis sont parvenues à entrer illégalement dans ce camp interdit aux journalistes par peur des reportages alarmistes. Elles ont trouvé une communauté afghane en proie à la violence, et qui ne reçoit plus ni soins, ni justice.

    #migrations #asile #grèce #camps #méditerranée cc @cdb_77

    • Le #mirage anglais : la #désillusion des migrants

      Après la périlleuse traversée de la Manche, 
des migrants déchantent au Royaume-Uni.

      Depuis plus de vingt ans et l’ouverture du tunnel sous la Manche, les camps d’infortune baptisés « jungles » se succèdent à Calais et aux alentours. Y survivent des Irakiens, des Afghans, des Érythréens, des Soudanais et des ressortissants de bien d’autres nationalités, en fonction des aléas géopolitiques, tous aimantés par cet Eldorado britannique qu’ils fantasment et aperçoivent depuis la plage, à une trentaine de kilomètres.

      D’infimes falaises obsédantes derrière les vagues grises agitées : ce paysage tempétueux est l’une des frontières européennes les plus difficiles à franchir, rendue prétendument étanche grâce aux millions d’euros versés chaque année par la Grande-Bretagne.

      Les infrastructures du port et de l’Eurotunnel, ultimes étapes avant leur escale finale – l’Angleterre – sont gardées comme des forteresses à grand renfort de barbelés, scanners, policiers...

      Les exilés tentent de passer cette lisière seuls, ou avec l’aide des cellules de passeurs souvent kurdes, implantées sur le littoral. En Grande-Bretagne, pensent-ils séduits, leur asile sera accepté, ils trouveront du travail, ou encore ils ne seront pas expulsés vers le premier pays d’Europe, responsable de leur demande d’asile, selon le règlement Dublin III.

      Une fois la Manche franchie, les migrants s’évanouissent dans la nature, s’expriment peu, par crainte d’être ennuyés par les autorités. Ils tentent de se construire une vie, dans l’anonymat. Le soi-disant Eldorado ne comble pas toujours leurs attentes.

      La majorité des demandeurs à l’asile – 30 603 en 2016, selon le Home Office (ndlr : équivalent du ministère de l’Intérieur) – sont Iraniens, puis Pakistanais, Irakiens, Afghans, Bangladais…

      Et au final, « 34 % des demandes sont acceptées, soit un taux moins élevé qu’en France – 40 % », souligne Magali Lambert, de La Cimade. Quant au règlement Dublin III, « il est appliqué comme en France. Tout migrant peut être renvoyé vers le premier pays responsable de sa demande d’asile ».

      Wira et Barzan (Kurdes irakiens)

      Le soleil transperce les nuages gris, illumine les docks.

      Le cri des mouettes couvre la respiration de la marée grise. Il est midi à Liverpool, les pintes de bières règnent sur les tables d’un pub cerné d’entrepôts de briques. Les Britanniques à l’accent scouse, typique de ce grand port du nord-ouest du Royaume-Uni, trinquent sur les quais.

      Devant leurs verres d’eau gazeuse, les Kurdes irakiens Barzan et Wira (prénoms modifiés à leur demande), eux, n’ont pas le goût à la détente. « La décision du Home Office est tombée il y a deux mois. On m’a rejeté, on ne veut pas de moi ».

      Barzan, 26 ans, détaille les justifications des autorités britanniques avec mépris.

      lls m’ont dit que maintenant je pouvais retourner en Irak, que ce n’était plus dangereux, que je pouvais être avec ma famille là-bas.

      Barzan, un Kurde irakien de 26 ans

      Son ami Wira, 36 ans, tente de le consoler, mais a peu d’arguments. « Je suis venu en Grande-Bretagne il y a quatorze ans, ma demande d’asile et mon appel ont été rejetés. Depuis, j’ai fait plus de douze demandes de réexamen [il n’y a pas de limites pour ces requêtes, il faut apporter de nouveaux éléments au dossier, ndlr]. C’est toujours non ».

      Wira est dans une zone grise : sommé de quitter le pays, il ne compte plus les années à errer, anonyme, entre les villes de Leicester, Wrexham et Liverpool.

      Wira et Barzan viennent d’Erbil et de Souleimaniye, dans la région autonome du Kurdistan irakien. L’Angleterre, ils l’ont fantasmée à plus d’une décennie d’écart. Le premier y a posé le pied en 2002, le second en 2016. « Ici, on pouvait gagner notre vie, la construire, du moins c’est ce que je pensais », résume Barzan.

      Son regard vert glacial se fait encore plus froid quand il repense au chemin parcouru. « Je suis venu par la Turquie, la Grèce, la route des Balkans en 2015 ». Il tente d’abord une première demande d’asile en Allemagne en 2015. Puis « neuf mois sans nouvelles », alors il se « reporte » sur la Grande-Bretagne.

      « Je suis resté des mois bloqué à Grande-Synthe (à 30 km de Calais) avant de réussir à passer, après une dizaine de tentatives, avec 24 autres personnes dans un camion de lots de shampoing ». Barzan se souvient : « Ce n’était pas la vie normale. Le temps était long. Tu ne savais pas combien de temps tu allais rester, ce que tu allais devenir ».

      En 2002, « tout était plus simple : ni contrôles ni policiers ni barbelés », lui répond Wira, qui a franchi la frontière à cette date. « Je suis resté trois jours à Calais et j’ai réussi dès le premier coup à passer dans un camion ». Les souvenirs de Wira sont légers et flous, ceux de Barzan tenaces et amers.

      Les deux hommes montrent leurs mains rouges et desséchées. S’ils n’ont toujours pas de statut de réfugié, ils ont un travail, l’une de leurs motivations pour venir en Grande-Bretagne.

      « On lave des voitures », explique Barzan. « Si tu es réfugié, en Angleterre, tu dois passer par le “car-wash” même si ça abime les mains, plaisante Wira, c’est dans une société de lavage de voitures que nous nous sommes rencontrés, beaucoup de Kurdes y travaillent, on trouve toujours. Au début on gagne 39 euros puis avec l’expérience 56 euros par semaine. Je travaille dans ce secteur depuis quatorze ans ».

      Et toujours non déclaré. « Trouver un job au noir, c’est facile en Grande-Bretagne, je ne me suis jamais fait prendre par les autorités. Il paraît que quelques patrons se prennent des amendes. Mais personnellement, je n’ai jamais vu aucun directeur avoir des problèmes ».

      Dans ce pays à l’économie libérale, le travail au noir représente près de 9,4 % du PIB en 2017, selon le magazine américain Forbes.

      On ne compte pas nos heures, on travaille six jours sur sept.

      Barzan, un Kurde irakien de 26 ans

      « Mais je crois qu’en fait c’est la norme, comme un cercle vicieux sans fin, analyse Wira. La Grande-Bretagne a besoin de nous, de main d’œuvre, pour les petits boulots. Mais en même temps, nous sommes rejetés, nous n’avons pas de droits ».

      Les compères remontent l’artère commerçante de Liverpool où se succèdent les magasins des grandes chaînes de prêt-à-porter. « C’est une très belle ville, mais je suis effrayé par le racisme, avoue Barzan. Tu le sens, le raciste, c’est celui qui te regarde comme quelqu’un d’inférieur ». Ils rejoignent un restaurant kurde aux murs blancs.

      Barzan déprime devant sa soupe de lentilles rouges. « Je suis perdu, je veux gagner ma vie mais dans une usine ou en tant que chauffeur de taxi, pas dans un “car-wash”, au noir ». Il songe au retour et évoque cet ami kurde qui lui « n’en pouvait plus d’attendre ». « Il est parti en Allemagne pour tenter de demander l’asile là-bas ».

      Comme lui, en 2017, quelque 966 personnes ont franchi irrégulièrement la frontière entre l’Angleterre et la France, selon l’Ocriest (Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre). Souvent dissimulés dans les camions, ils ont finalement re-traversé la Manche en sens inverse, lassés de la dureté de ce pays dont ils avaient trop rêvé.

      Lire aussi : L’abandon des enfants migrants en France
      Ridire (Bédouin apatride)

      Ridire exhibe tout sourires ses cartes. « Ma première carte d’identité, ma première carte de crédit ». Des sésames dont il est fier et grâce auxquels il bénéficie d’une reconnaissance après un long passage à vide. « Dans tous les pays que j’ai traversés, j’étais considéré comme quelqu’un d’illégal, un terroriste, parce que j’étais un migrant ».

      Cet homme brun au teint hâlé traîne ses longues jambes sur un marché bouillonnant de Birmingham, sa commune d’adoption. « C’est une bonne localité pour recommencer une nouvelle vie, trouver un bon travail ». Entre les étals, les langues anglaise mais aussi pakistanaise, arabe ou chinoise se mêlent dans cette deuxième ville d’Angleterre qui abrite de nombreux réfugiés.

      Bédouin, Ridire est né sans papiers au Koweït.

      « Nous sommes bidoune [sans papiers, ndlr] et persécutés, le pays ne veut pas de nous ». Formant une famille d’apatrides avec sa mère et ses petits frère et sœur, ils prennent en 2010 le chemin de Damas, en Syrie, où Ridire travaille dans un hôtel.

      La guerre arrive, la fuite au Liban s’impose, dans un camp de réfugiés où l’attente devient interminable. Ils décident alors de rejoindre leur oncle, installé depuis des années en Grande-Bretagne.

      Son frère et sa sœur, mineurs, bénéficient d’un regroupement familial. Ridire emprunte la voie illégale : traversée de la Turquie, la Grèce, la route des Balkans, à l’été 2015.

      « J’ai rarement ressenti d’humanité, insiste Ridire. La seule fois c’était à Lesbos, avec des bénévoles qui m’ont parlé comme à quelqu’un de normal ». Une inhumanité qui s’accentue, d’après lui, lorsqu’il débarque à Grande-Synthe.

      « Je suis arrivé de nuit, avec ma mère. D’autres migrants nous ont dit de nous installer dans une tente. Le lendemain, à la lumière du jour, j’ai découvert le cauchemar : les rats, la boue... » Ridire est alors au camp du #Barosch de #Grande-Synthe, aux côtés de 2 000 migrants. Il y découvre le système des passeurs.

      « Des trafiquants sont venus me voir, m’ont dit “comme tu es Koweïtien, tu es riche, un passage te coûtera 2 500 euros” ». Dans le nord de la France, les trafiquants appliquent les tarifs de leurs « prestations » souterraines au faciès.

      Pour passer la Manche caché dans un camion, un ressortissant érythréen, réputé pauvre, paiera moitié moins cher qu’un Syrien, réputé riche, indique Ridire écœuré. Lui n’a pas d’argent. Les saisons passent à Grande-Synthe. Sa mère tombe malade, il parvient à la faire passer légalement en Grande-Bretagne, mi-2016.

      Seul, Ridire déchante. « Je pensais que j’allais mourir à Grande-Synthe. Un passeur qui me voyait dépérir m’a aidé. Un soir il m’a dit, “ok tu montes gratuit” dans un camion qui contenait des télévisions, de la farine, des pots en céramique… ».

      Sur le trajet, il pleure de joie. « Je me disais, je vais enfin avoir des droits. Le poids lourd s’est arrêté dans un village du centre, je suis sorti sous les yeux médusés du chauffeur – un Roumain je crois – en courant, trop heureux. Il n’a rien dit. J’ai appelé ma famille à Birmingham qui m’a envoyé un taxi ».

      Au bout d’un an, Ridire obtient son statut, le Koweït est jugé dangereux pour lui « il y a un risque d’extinction de la communauté (des Bédouins) à cause du mauvais traitement que nous subissons : pas de services, pas d’accès à l’éducation ni à la santé », justifie Ridire.

      Il peut aujourd’hui avoir accès au système de santé, étudie les mathématiques à la faculté, vit dans une maison avec sa mère. Les 42 euros hebdomadaires que lui verse le gouvernement l’aident à se nourrir.

      « D’ici quelques années, je travaillerai dans l’industrie du pétrole, je n’ai pas honte de dire que j’ai envie de bien gagner ma vie. L’Angleterre pour moi, c’est le business, c’est très différent de la France, où j’ai le sentiment que les gens sont plus amicaux ». Le pays réputé individualiste « casse quelques traditions et valeurs familiales, avoue-t-il. En ce mois de juin, c’est le ramadan, or mes frère et sœur n’ont pas le temps de venir dîner, ils disent qu’ils travaillent trop. Alors on s’appelle, mais on ne reste plus ensemble, comme au Koweït. S’il nous arrive une broutille, personne ne se déplace pour l’autre. Trop de travail, c’est souvent l’excuse ».

      Maintenant, Ridire espère obtenir d’autres droits. « J’aimerais pouvoir voter. Si j’avais eu ce droit, je n’aurais surtout pas voté pour le Brexit, qui ­m’inquiète et va nous isoler ».
      Henok (Érythréen)

      Henok chante des airs de rap en marchant sur les trottoirs bondés de Londres. Il slalome ce jour de juin entre les passants, près de la gare internationale de Saint-Pancras. Parmi la foule d’anonymes, personne ne s’attarde sur la bouille ronde du jeune Érythréen, cheveux en bataille, survêtement noir et petite sacoche.

      Sur le chemin de l’exil, Henok devait fuir les regards, « On me dévisageait alors que je voulais être discret, dit l’adolescent de 18 ans. Il était l’étranger. Aujourd’hui, je me sens libre ». Il avance serein entonnant des paroles sur Calais, qu’il a composées lui-même. La ville, jamais loin, le hante toujours. Car avec Tripoli, en Libye, Calais est l’escale de son ­parcours qui l’a le plus « choqué ».

      Parti seul d’un village près d’Asmara à 14 ans, il fuit le service militaire à vie de ce pays d’Afrique de l’Est sous la coupe du dictateur Isaias Afwerki.

      Pendant deux ans, Henok ne songe qu’à traverser les frontières. « Je voulais venir en Grande-Bretagne dès le départ. J’avais entendu par des amis déjà sur place qu’on trouvait du travail plus facilement en Angleterre qu’en Italie ou en France ».

      Son itinéraire se dessine : Soudan, Libye, Italie, France. Des milliers d’autres migrants l’ont fait avant lui, cela lui donne espoir, les photos de proches en Grande-Bretagne le soutiennent pendant son périple. Sans argent, il ne passe pas toujours avec des passeurs de frontières, « je me cachais seul dans les camions ».

      Lire aussi : Plus de cent soudanais renvoyés dans l’enfer libyen

      Henok insiste sur deux étapes qui l’ont traumatisé.

      À Tripoli en Libye et à Calais, j’ai lutté pour ma survie. Je pensais souvent à la mort.

      Henok, Érythréen de 18 ans

      Malgré sa jeunesse, elle est omniprésente dans la vie de l’adolescent. « En Libye, je suis resté bloqué à Tripoli, pendant trois mois, dans une maison de torture [les migrants nomment généralement ces bâtisses des connexions houses, surveillées par les passeurs, ndlr] ».

      Enfoncé dans le fauteuil d’un café cosy londonien, Henok exhibe une blessure sur sa main. « Ceux qui me gardaient me brûlaient, ils voulaient appeler mes parents pour avoir de l’argent contre ma liberté, mais mes parents n’ont pas de téléphone dans leur village ! ».

      Il perd la notion du temps, finit par embarquer pour l’Italie « Un jour de printemps 2015, dit-il évasif. J’avais trop peur, mais il fallait rejoindre l’Italie. C’était la mort en Libye, la mort dans l’eau ou l’Italie, pas d’autres options ». Il navigue sur la Méditerranée centrale dans un bateau en bois où s’entassent 383 personnes, avant d’être tiré des flots par un navire italien. « Le plus beau jour de ma vie, mais je n’arrive pas à le décrire, c’était trop fort ». Il marque un silence et sourit.

      Après cette frontière traumatisante, il reste à Henok une autre mer à traverser : la Manche. Et un second traumatisme, Calais. « Je suis passé facilement de l’Italie à la France par les Alpes, caché dans un camion, contre 30 euros. Calais, finalement, ça paraissait simple à franchir : la Manche est petite comparée à la Méditerranée ».

      Mais, bloqué dans la ville de la dentelle pendant un mois et deux semaines, il partage l’errance d’un sans-domicile avec d’autres Érythréens près du port de la ville, nourris par les ONG.

      Puis Henok découvre la traque, dit-il, de ceux dont tous les migrants connaissent l’acronyme à Calais : les CRS. « Presque chaque nuit, je tentais de me cacher dans des camions, avec des amis, sans passeur, les policiers n’étaient jamais loin. Au bout de quelques semaines, je me suis fabriqué un faux garrot pour faire croire que j’étais blessé et qu’ils me laissent tranquille ».

      Son ton s’accélère, il raconte nerveusement. « J’essayais de me glisser sous les châssis des camions, ou de rentrer dans les cargaisons dès que je voyais des poids lourds à l’arrêt. Je ne comptais pas les tentatives. Je me faisais prendre par les policiers, je recommençais le lendemain ».

      Cela devient un défi pour l’adolescent. « Je n’avais pas peur, je pensais à l’Angleterre toute la journée. La nuit, lors de mes passages, mes vêtements étaient déchirés à force de courir et tomber sur les routes ». Sa crainte principale : « Les chiens (renifleurs) du port qui finissaient toujours par me trouver planqué dans les camions alors que j’étais près du but ».

      Henok parvient à sauter dans un train de poids lourds qui file vers l’Eurotunnel.

      Quand j’ai compris que j’étais sous le tunnel, l’émotion était intense pas autant qu’en mer en Libye, mais presque.

      Henok, Érythréen de 18 ans

      Henok dépose sa demande d’asile dans les minutes qui suivent son arrivée à Douvres à l’automne 2015, dans un commissariat de la ville-frontière du sud de l’Angleterre.

      Le mineur est transféré vers Londres, où il est logé avec des travailleurs sociaux par le Home Office. Il obtient son statut de réfugié au bout d’un an, aidé par sa minorité car un retour en Érythrée est bien trop dangereux. « J’ai ce que je voulais, la sécurité et les études. Je veux devenir électricien et continuer le rap ».

      Mais après cette longue quête, une autre commence pour lui. « Je cherche mes parents et mon frère, dont je n’ai jamais eu de nouvelles depuis mon départ. Ils n’ont ni adresse ni Internet. Je pense à eux, ça me rend triste, je voudrais les faire venir, je ne sais pas ce qu’ils sont devenus et eux non plus ne savent rien de ma vie ».


      https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/les-mirages-de-leldorado-britannique

      #dessins de #Elisa_Perrigueur

    • Arrivés en Angleterre illégalement, de nombreux mineurs isolés sont victimes des trafiquants

      Refoulés par le Home Office après des mois passés à Calais, de nombreux mineurs ont tout de même décidé d’atteindre l’Angleterre de manière illégale. Beaucoup ont disparu dans la nature et sont tombés aux mains des réseaux de trafiquants.

      Selon le quotidien britannique The Independent, de nombreux migrants mineurs dont le dossier a été refusé par le Home Office - le ministère anglais de l’intérieur - au moment du démantèlement de la « jungle » de Calais ont traversé la Manche par leurs propres moyens et sont tombés entre les mains de trafiquants au Royaume-Uni.

      Lors de la signature de l’amendement Dubs en mars 2016, le Royaume-Uni s’était engagé auprès de la France à accueillir 480 mineurs isolés présents à Calais et désireux de rejoindre l’Angleterre. Mais en octobre 2016, date du démantèlement de la « jungle », des centaines de mineurs non accompagnés ont vu leur demande déboutée par le Home Office.

      L’association Social workers without borders - qui avait mené une série d’évaluations sur plusieurs enfants de la « jungle » avant son démantèlement - rappelle que sur les 42 enfants signalés « dans le besoin », aucun d’entre eux n’a eu l’autorisation de rejoindre l’Angleterre.

      >> À lire sur InfoMigrants : Au Royaume-Uni, un migrant peut croupir des années en centre de rétention

      Bon nombre de migrants refoulés par les autorités britanniques ont donc tenté leur chance par la voie illégale. Beaucoup d’entre eux se sont ainsi retrouvés piégés dans des réseaux de trafiquants.

      Selon les dernières données du Centre d’information sur la traite des enfants (CTAC), sur les 293 jeunes arrivés en Angleterre clandestinement depuis mi 2016, seulement 103 personnes ont été localisées. Les autres - les 190 autres restants - ont tout simplement disparu dans la nature. À titre d’exemple, sur les 42 mineurs identifiés par Social workers without borders, neuf ont atteint le Royaume-Uni par leurs propres moyens et 14 sont toujours « introuvables ».

      « Quand ils n’ont pas d’argent, leur corps ou le trafic de drogue deviennent des monnaies d’échange »

      Selon le quotidien britannique, un adolescent soudanais placé dans une famille d’accueil a disparu quelques mois après son arrivée en Angleterre, en décembre 2016. « Je lui ai envoyé un message mais je n’ai pas eu de réponse », déclare à The Independent Sue Clayton, une universitaire qui lui avait rendu visite. « Il était clair que les choses ne se passaient pas bien pour lui en Angleterre. Il est probable qu’il travaillait pour le compte d’un trafiquant (…). Il m’a dit que sa mère était très malade et que sa famille avait besoin d’argent ».

      The Independent met également en avant le cas d’un garçon de 16 ans qui a été « pris en otage » par des trafiquants une fois arrivé au Royaume-Uni. Les malfaiteurs le retenaient car son père, installé en Angleterre, n’avait pas les moyens de payer les passeurs de son fils. Le jeune homme a pu être libéré grâce à l’intervention de la police.

      Swati Pande, membre du CTAC, estime qu’il est fréquent que les enfants ayant traversé la Manche disparaissent ou ne soient jamais retrouvés au Royaume-Uni. « Rien n’est gratuit. Ces jeunes ont fait un si long voyage, ils doivent toujours de l’argent à quelqu’un », explique-t-elle au journal anglais. « Au cours de leurs voyages, nous savons qu’il peut y avoir des abus. Quelle est la monnaie d’échange de ces enfants ? Quand ils n’ont pas d’argent, leur corps ou le trafic de drogues deviennent des monnaies d’échange », continue-t-elle.

      Pour la députée anglaise Sarah Jones cité par The Independent, le gouvernement britannique a « tourné le dos aux enfants réfugiés de la ‘jungle’ et continue de le faire ». « Cette année marque le 80ème anniversaire du Kindertransport, quand notre pays a sauvé 10 000 enfants du régime nazi. C’est une honte que le sentiment anti-migrant de notre gouvernement s’étende même aux enfants les plus jeunes et les plus vulnérables », a-t-elle ajouté.
      Une critique injustifiée selon un porte-parole du Home Office qui rappelle que « l’an dernier, le Royaume-Uni a assuré la protection de 6 000 enfants et a également délivré 5 218 visas de regroupement familial, dont plus de la moitié était destiné à des enfants ». Reste que seuls 220 enfants ont été transférés en Angleterre depuis fin 2016, sur les 480 prévus par l’amendement Dubs.


      http://www.infomigrants.net/fr/post/13286/arrives-en-angleterre-illegalement-de-nombreux-mineurs-isoles-sont-vic

  • Grèce : à Lesbos, le camp réservé aux migrants « est un monstre qui ne cesse de s’étendre » - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2018/09/20/grece-a-lesbos-le-camp-reserve-aux-migrants-est-un-monstre-qui-ne-cesse-d

    Alors que les dirigeants européens sont réunis à Salzbourg pour évoquer notamment les questions migratoires et la création de « centres fermés », les hotspots surpeuplés des îles grecques se trouvent dans une situation explosive.

    L’annonce n’aurait pu mieux tomber : mardi, le gouvernement grec s’est enfin engagé à transférer 2 000 migrants de l’île de Lesbos vers la Grèce continentale d’ici la fin du mois. Une décision censée décongestionner quelque peu le camp surpeuplé de Moria qui abrite près de 9 000 personnes, dont un tiers d’enfants. Or, depuis plusieurs jours, les ONG installés sur place ne cessent d’alerter sur les conditions de vie abjectes dans ce camp, aux allures de caserne, prévu au départ pour 3 000 personnes.

    Car #Moria est censé accueillir l’immense majorité de réfugiés et migrants qui accostent sur l’île (ils sont aujourd’hui plus de 11 000 au total à Lesbos), en provenance des côtes turques qu’on distingue à l’œil nu au large. Généraliser les #hotspots, ou centres fermés, en Europe : c’est justement l’une des options envisagées par les dirigeants européens réunis jeudi et vendredi à Salzbourg en Autriche. En Grèce, les hotspots créés il y a plus de deux ans, ont pourtant abouti à une situation explosive.

    Moria, comme les autres hotspots des îles grecques, n’est certes pas un centre fermé : ses occupants ont le droit de circuler sur l’île, mais pas de la quitter. En mars 2016, un accord inédit entre l’Union européenne et la Turquie devait tarir le flot des arrivées sur cette façade maritime. Comme Ankara avait conditionné le rapatriement éventuel en Turquie de ces naufragés à leur maintien sur les hotspots d’arrivée, les îles grecques qui lui font face se sont rapidement transformées en prison. Condamnant les demandeurs d’asile à attendre de longs mois le résultat de leurs démarches auprès des services concernés. Certains attendent même une réponse depuis déjà deux ans. Et plus le temps passe, plus les candidats sont nombreux.

    Silence

    Si le deal UE-Turquie a fait baisser le nombre des arrivées, elles n’ont jamais cessé. Rien que pour l’année 2018, ce sont près de 20 000 nouveaux arrivants qui ont échoué sur les îles grecques, où l’afflux des barques venues de Turquie reste quasi quotidien. Selon le quotidien grec Kathimerini, 615 personnes sont arrivées rien que le week-end dernier. Pour le seul mois d’août, Lesbos a accueilli plus de 1 800 nouveaux arrivants. Des arrivées désormais peu médiatisées alors que les dirigeants européens se sont écharpés cet été sur l’accueil de bateaux en provenance de Libye. Et pendant ce temps à Lesbos, la situation vire au cauchemar dans un silence assourdissant.

    Il y a une semaine, 19 ONG, dont Oxfam, ont pourtant tiré la sonnette d’alarme dans une déclaration commune, dénonçant des conditions de vie scandaleuses, et appelant les dirigeants européens à abandonner l’idée de créer d’autres centres fermés à travers l’Europe.

    « Moria, c’est un monstre qui n’a cessé de s’étendre. Faute de place on installe désormais des tentes dans les champs d’oliviers voisins, des enfants y dorment au milieu des serpents, des scorpions et de torrents d’eau pestilentiels qui servent d’égouts. A l’intérieur même du camp, il y a une toilette pour 72 résidents, une douche pour 80 personnes. Et encore, ce sont les chiffres du mois de juin, c’est pire aujourd’hui », dénonce Marion Bouchetel, chargée sur place du plaidoyer d’Oxfam, et jointe par téléphone. « Ce sont des gens vulnérables, qui ont vécu des situations traumatisantes, ont été parfois torturés. Quand ils arrivent ici, ils sont piégés pour une durée indéterminée. Ils n’ont souvent aucune information, vivent dans une incertitude totale », ajoute-t-elle.

    Avec un seul médecin pour tout le camp de Moria, les premiers examens psychologiques sont forcément sommaires et de nombreuses personnes vulnérables restent livrées à elles-mêmes. Dans la promiscuité insupportable du camp, les agressions sont devenues fréquentes, les tentatives de suicide et d’automutilations aussi. Elles concernent désormais souvent des adolescents, voire de très jeunes enfants.

    « Enfer »

    « J’ai travaillé quatorze ans dans une clinique psychiatrique de santé mentale à Trieste en Italie », explique dans une lettre ouverte publiée lundi, le docteur Alessandro Barberio, employé par Médecins sans frontières (MSF), à Lesbos. « Pendant toutes ces années de pratique médicale, jamais je n’ai vu un nombre aussi phénoménal qu’à Lesbos de gens en souffrance psychique », poursuit le médecin, qui dénonce la tension extrême dans laquelle vivent les réfugiés mais aussi les personnels soignants. Sans compter le cas particulier des enfants « qui viennent de pays en guerre, ont fait l’expérience de la violence et des traumatismes. Et qui, au lieu de recevoir soins et protection en Europe, sont soumis à la peur, au stress et à la violence », renchérit dans une vidéo récemment postée sur les réseaux sociaux le coordinateur de MSF en Grèce Declan Barry.

    « Comment voulez vous aider quelqu’un qui a subi des violences sexuelles ou a fait une tentative de suicide, si vous le renvoyez chaque soir dans l’enfer du camp de Moria ? Tout en lui annonçant qu’il aura son premier entretien pour sa demande d’asile en avril 2019 ? Actuellement, il n’y a même plus d’avocat sur place pour les seconder dans la procédure d’appel », s’indigne Marion Bouchetel d’Oxfam.

    Il y a une dizaine de jours, la gouverneure pour les îles d’Egée du Nord avait menacé de fermer Moria pour cause d’insalubrité. Est-ce cette annonce, malgré tout difficile à appliquer, qui a poussé le gouvernement grec a annoncé le transfert de 2 000 personnes en Grèce continentale ? Le porte-parole du gouvernement grec a admis mardi que la situation à Moria était « borderline ». Mais de toute façon, ce transfert éventuel ne réglera pas le problème de fond.

    « Il a déjà eu d’autres transferts, au coup par coup, sur le continent. Le problème, c’est que ceux qui partent sont rapidement remplacés par de nouveaux arrivants », soupire Marion Bouchetel. Longtemps, les ONG sur place ont soupçonné les autorités grecques et européennes de laisser la situation se dégrader afin d’envoyer un message négatif aux candidats au départ. Lesquels ne se sont visiblement pas découragés.
    Maria Malagardis

    Cette photo me déglingue ! Cette gamine plantée là les bras collés contre le buste, jambes et pieds serrés, comme au garde à vous. Et ce regard, cette expression, je sais pas mais je n’arrive pas à m’en détacher ! Et forcément le T-shirt ! Et le contexte du camp avec l’article, ça me flingue.

    #immigration #grèce #Lesbos #camps #MSF #europe

  • Map-archive of Europe’s migrant spaces

    The project of an interactive map-archive of ‘migrant spaces’ of transit, border enforcement and refuge across Europe stems from a workshop organised in London in November 2016 by researchers working on migration and based in different European countries.

    The goal of this collective project, is to bring to the fore the existence and the stories of ephemeral spaces of containment, transit, and struggle, that are the outcome of border enforcement politics and of their spatial effects, as well as of their impact on migrant lives.
    What we want to represent

    We do not represent on the map official detention centres or reception camps, but rather unofficial (but visible) spaces that have been produced as an effect of migration and border policies as well as of migrants’ practices of movement. Some well-known examples are the Jungle of Calais, or the Hellenic’s airport in Athens, which represent the output of the relation between the border enforcement policies with the autonomous movements of migrant subjects across Europe. Moreover, spaces of transit like the rail station of Milan will be represented, which have then become places of containment – such as Ventimiglia, Como, and the Brenner after the suspension of Schengen in such border areas. Several structures have been build in such transit knots, being characterized by their humanitarian element that intertwine the dimension of control with that of help and care. Finally, some of these places are zones inside European cities that have played the twofold role of spaces-refuge and area

    controlled by the police, and then have been evicted as dwelling places where migrants found a temporary place to stay – like Lycée Jean-Quarré in Paris, La Chapelle. Others are self-managed places, like Refugee City Plaza Hotel, or square and public spaces that had been sites of migrant struggles for some time – as Orianenplatz in Berlin.
    The three dimensions

    The complexity of the processes that get intertwined in these places can be represented through three dimensions that we aimed to represent, although they cannot be exhaustively of the complexity of this phenomenon.

    Border enforcement/ border control: by border control we understand all the operations, measures and actions put into place by the police for enhancing national borders and obstructing migrants’ movements and presence.

    Humanitarian enforcement: by humanitarian enforcement we understand all the operation/action and structures deployed by those humanitarian actors involved in managing migrants. Being ‘humanitarianism’ a blurry and contested category, we understand it as a continuum with the two endpoints of humanitarian control and humanitarian support. The first endpoint refers to all these actions, operations and structures that aim to control migrants and contain their mobilities. The second endpoint refers to all these actions, operation and structures that aim to support migrants and their movements avoiding deploying control measures.

    Migrant struggles: by ‘struggles’ we understand both self-organized struggles with a declared political claim, and everyday struggles such as the transits mobilities and the ‘everyday resistance’ (Scott, 1985) practices collectively enacted by migrants, that can be visible or remaining under the threshold of visibility.
    Temporality and spatiality

    A crucial feature of this map is the focus on temporality rather than spatiality. Indeed, this map cis an archive of those fleeting and ephemeral spaces that do no longer exist and that have changed their function over time, as frontiers or as spaces of refuge and struggle. The focus on temporality allows us to go beyond the mainstream representations of migrants routes offered by those official actors managing migration such as Fontex, European Union, IOM and the UNHCR.

    We do not want to represent those informal places that are still existing in order to avoid shedding more light on them that could bring some problem to the people dwelling and transiting through those places. The idea of archive is related to that ethical/political topic: we do not want to trace the still existing place where people are struggling, but rather we aim to keep a record and a memory of such ephemeral spaces that do not exist any-more but nevertheless have contributed to the production of a Europe not represented in the mainstream debate. Therefore, we represent only those places still existing where the border and humanitarian enforcement come to the fore, in order to keep an ongoing monitoring gaze.
    The aim

    The aims of this map-archive are: a) to keep memory of these spaces that have been visible and have been the effect of border enforcement policies but that then had been evicted, or ‘disappeared’ ; b) to produce a new map of Europe, that is a map formed by these spaces of transit, containment, and refuge, as result of politics of border enforcement and of migration movements; c) to shed light on the temporality of migration as a crucial dimension through which understand and interpret the complexity of social processes related to migration towards and within Europe and the consequent border enforcement.

    To be continued

    Since Europe externalizes its borders beyond its geopolitical frontiers, we would like to add also spaces of transit and containment that are located in the so called ‘third countries’ – for instance, in Tunisia, Turkey and Morocco – as the map wants also to represent a different image of the borders of Europe, looking also at sites that are the effects of EU borders externalisation politics.


    http://cherish-de.uk/migrant-digitalities/#/2011/intro
    #cartographie #cartographie_radicale #cartographie_critique #frontières #frontière_sud-alpine #visualisation #migrations #asile #réfugiés #conflits #contrôle_humanitaire #militarisation_des_frontières #Europe

    On peut faire un zoom sur la #frontière_sud-alpine :


    #Vintimille #Côme #Brenner #Briançon #Menton

    cc @reka

    • Migration: new map of Europe reveals real frontiers for refugees

      Since the EU declared a “refugee crisis” in 2015 that was followed by an unprecedented number of deaths in the Mediterranean, maps explaining the routes of migrants to and within Europe have been used widely in newspapers and social media.

      Some of these maps came out of refugee projects, while others are produced by global organisations, NGOs and agencies such as Frontex, the European Border and Coastguard Agency, and the International Organisation for Migration’s project, Missing Migrants. The Balkan route, for example, shows the trail along which hundred of thousands of Syrian refugees trekked after their towns and cities were reduced to rubble in the civil war.

      However, migration maps tend to produce an image of Europe being “invaded” and overwhelmed by desperate women, men and children in search of asylum. At the same time, migrants’ journeys are represented as fundamentally linear, going from a point A to a point B. But what about the places where migrants have remained stranded for a long time, due to the closure of national borders and the suspension of the Schengen Agreement, which establishes people’s free internal movement in Europe? What memories and impressions remain in the memory of the European citizens of migrants’ passage and presence in their cities? And how is this most recent history of migration in Europe being recorded?

      Time and memory

      Our collective project, a map archive of Europe’s migrant spaces, engages with with these questions by representing border zones in Europe – places that have functioned as frontiers for fleeing migrants. Some of these border zones, such as Calais, have a long history, while other places have become effective borders for migrants in transit more recently, such as Como in Italy and Menton in France. The result of a collaborative work by researchers in the UK, Greece, Germany, Italy and the US, the project records memories of places in Europe where migrants remained in limbo for a long time, were confronted with violence, or found humanitarian aid, as well as marking sites of organised migrant protest.

      All the cities and places represented in this map archive have over time become frontiers and hostile environments for migrants in transit. Take for instance the Italian city of Ventimiglia on the French-Italian border. This became a frontier for migrants heading to France in 2011, when the French government suspended Schengen to deter the passage of migrants who had landed in Lampedusa in Italy in the aftermath of the Tunisian revolution in 2011.

      Four years later in 2015, after border controls were loosened, Ventimiglia again became a difficult border to cross, when France suspended Schengen for the second time. But far from being just a place where migrants were stranded and forced to go back, our map archive shows that Ventimiglia also became an important place of collective migrant protest.

      Images of migrants on the cliffs holding banners saying “We are not going back” circulated widely in 2015 and became a powerful slogan for other migrant groups across Europe. The most innovative aspect of our map-archive consists in bringing the context of time, showing the transformations of spaces over time into a map about migration that explains the history of border zones over the last decade and how they proliferated across Europe. Every place represented – Paris, Calais, Rome, Lesbos, Kos, and Athens, for example – has been transformed over the years by migrants’ presence.
      Which Europe?

      This archive project visualises these European sites in a way that differs from the conventional geopolitical map: instead of highlighting national frontiers and cities, it foregrounds places that have been actual borders for migrants in transit and which became sites of protest and struggle. In this way the map archive produces another image of Europe, as a space that has been shaped by the presence migrants – the border violence, confinement and their struggle to advance.

      The geopolitical map of Europe is transformed into Europe’s migrant spaces – that is, Europe as it is experienced by migrants and shaped by their presence. So another picture of Europe emerges: a space where migrants’ struggle to stay has contributed to the political history of the continent. In this Europe migrants are subjected to legal restrictions and human rights violations, but at the same time they open up spaces for living, creating community and as a backdrop for their collective struggles.

      It is also where they find solidarity with European citizens who have sympathy with their plight. These border zones highlighted by our map have been characterised by alliances between citizens and migrants in transit, where voluntary groups have set up to provide food, shelter and services such as medical and legal support.

      So how does this map engage with debate on the “migrant crisis” and the “refugee crisis” in Europe? By imposing a time structure and retracing the history of these ephemeral border zone spaces of struggle, it upends the image of migrants’ presence as something exceptional, as a crisis. The map gives an account of how European cities and border zones have been transformed over time by migrants’ presence.

      By providing the history of border zones and recording memories of citizens’ solidarity with migrants in these places, this map dissipates the hardline view of migrants as invaders, intruders and parasites – in other words, as a threat. This way, migrants appear as part of Europe’s unfolding history. Their struggle to stay is now becoming part of Europe’s history.

      But the increasing criminalisation of migrant solidarity in Europe is telling of how such collaboration disturbs state policies on containing migrants. This map-archive helps to erode the image of migrants as faceless masses and unruly mobs, bringing to the fore the spaces they create to live and commune in, embraced by ordinary European citizens who defy the politics of control and the violent borders enacted by their states.


      https://theconversation.com/migration-new-map-of-europe-reveals-real-frontiers-for-refugees-103
      via @isskein

  • https://www.courrierdesbalkans.fr/Une-ONG-accusee-d-aide-a-l-entree-irreguliere-de-migrants

    "L’ONG grecque Emergency response centre international (ERCY) était présente sur l’île de Lesbos depuis 2015 pour venir en aide aux réfugiés. Depuis mardi 28 août, ses 30 membres sont poursuivis pour avoir « facilité l’entrée illégale d’étrangers sur le territoire grec » en vue de gains financiers, selon le communiqué de la police grecque.

    L’enquête a commencé en février 2018, rapporte le site d’information protagon.gr, lorsqu’une Jeep portant une fausse plaque d’immatriculation de l’armée grecque a été découverte par la police sur une plage, attendant l’arrivée d’une barque pleine de réfugiés en provenance de Turquie. Les membres de l’ONG, six Grecs et 24 ressortissants étrangers, sont accusés d’avoir été informés à l’avance par des personnes présentes du côté turc des heures et des lieux d’arrivée des barques de migrants, d’avoir organisé l’accueil de ces réfugiés sans en informer les autorités locales et d’avoir surveillé illégalement les communications radio entre les autorités grecques et étrangères, dont Frontex, l’agence européenne des gardes-cotes et gardes-frontières. Les crimes pour lesquels ils sont inculpés – participation à une organisation criminelle, violation de secrets d’État et recel – sont passibles de la réclusion à perpétuité.

    Parmi les membres de l’ONG grecque arrêtés se trouve Yusra et Sarah Mardini, deux sœurs nageuses et réfugiées syrienne qui avaient sauvé 18 personnes de la noyade lors de leur traversée de la mer Égée en août 2015. Depuis Yusra a participé aux Jeux Olympiques de Rio, est devenue ambassadrice de l’ONU et a écrit un livre, Butterfly. Sarah avait quant à elle décidé d’aider à son tour les réfugiés qui traversaient dangereusement la mer Égée sur des bateaux de fortune et s’était engagée comme bénévole dans l’ONG ERCI durant l’été 2016.

    Sarah a été arrêtée le 21 août à l’aéroport de Lesbos alors qu’elle devait rejoindre Berlin où elle vit avec sa famille. Le 3 septembre, elle devait commencer son année universitaire au collège Bard en sciences sociales. La jeune Syrienne de 23 ans a été transférée à la prison de Korydallos, à Athènes, dans l’attente de son procès. Son avocat a demandé mercredi sa remise en liberté.

    Ce n’est pas la première fois que des ONG basées à Lesbos ont des soucis avec la justice grecque. Des membres de l’ONG espagnole Proem-Aid avaient aussi été accusés d’avoir participé à l’entrée illégale de réfugiés sur l’île. Ils ont été relaxés en mai dernier. D’après le ministère de la Marine, 114 ONG ont été enregistrées sur l’île, dont les activités souvent difficilement contrôlables inquiètent le gouvernement grec et ses partenaires européens."

    #grèce #migration #criminalisation #frontex #mobilisation #courrier-des-balkans

  • Vu sur Twitter :

    M.Potte-Bonneville @pottebonneville a retweeté Catherine Boitard

    Vous vous souvenez ? Elle avait sauvé ses compagnons en tirant l’embarcation à la nage pendant trois heures : Sarah Mardini, nageuse olympique et réfugiée syrienne, est arrêtée pour aide à l’immigration irrégulière.

    Les olympiades de la honte 2018 promettent de beaux records

    M.Potte-Bonneville @pottebonneville a retweeté Catherine Boitard @catboitard :

    Avec sa soeur Yusra, nageuse olympique et distinguée par l’ONU, elle avait sauvé 18 réfugiés de la noyade à leur arrivée en Grèce. La réfugiée syrienne Sarah Mardini, boursière à Berlin et volontaire de l’ONG ERCI, a été arrêtée à Lesbos pour aide à immigration irrégulière

    #migration #asile #syrie #grèce #solidarité #humanité

    • GRÈCE : LA POLICE ARRÊTE 30 MEMBRES D’UNE ONG D’AIDE AUX RÉFUGIÉS

      La police a arrêté, mardi 28 août, 30 membres de l’ONG grecque #ERCI, dont les soeurs syriennes Yusra et Sarah Mardini, qui avaient sauvé la vie à 18 personnes en 2015. Les militant.e.s sont accusés d’avoir aidé des migrants à entrer illégalement sur le territoire grec via l’île de Lesbos. Ils déclarent avoir agi dans le cadre de l’assistance à personnes en danger.

      Par Marina Rafenberg

      L’ONG grecque Emergency response centre international (ERCY) était présente sur l’île de Lesbos depuis 2015 pour venir en aide aux réfugiés. Depuis mardi 28 août, ses 30 membres sont poursuivis pour avoir « facilité l’entrée illégale d’étrangers sur le territoire grec » en vue de gains financiers, selon le communiqué de la police grecque.

      L’enquête a commencé en février 2018, rapporte le site d’information protagon.gr, lorsqu’une Jeep portant une fausse plaque d’immatriculation de l’armée grecque a été découverte par la police sur une plage, attendant l’arrivée d’une barque pleine de réfugiés en provenance de Turquie. Les membres de l’ONG, six Grecs et 24 ressortissants étrangers, sont accusés d’avoir été informés à l’avance par des personnes présentes du côté turc des heures et des lieux d’arrivée des barques de migrants, d’avoir organisé l’accueil de ces réfugiés sans en informer les autorités locales et d’avoir surveillé illégalement les communications radio entre les autorités grecques et étrangères, dont Frontex, l’agence européenne des gardes-cotes et gardes-frontières. Les crimes pour lesquels ils sont inculpés – participation à une organisation criminelle, violation de secrets d’État et recel – sont passibles de la réclusion à perpétuité.

      Parmi les membres de l’ONG grecque arrêtés se trouve Yusra et Sarah Mardini, deux sœurs nageuses et réfugiées syrienne qui avaient sauvé 18 personnes de la noyade lors de leur traversée de la mer Égée en août 2015. Depuis Yusra a participé aux Jeux Olympiques de Rio, est devenue ambassadrice de l’ONU et a écrit un livre, Butterfly. Sarah avait quant à elle décidé d’aider à son tour les réfugiés qui traversaient dangereusement la mer Égée sur des bateaux de fortune et s’était engagée comme bénévole dans l’ONG ERCI durant l’été 2016.

      Sarah a été arrêtée le 21 août à l’aéroport de Lesbos alors qu’elle devait rejoindre Berlin où elle vit avec sa famille. Le 3 septembre, elle devait commencer son année universitaire au collège Bard en sciences sociales. La jeune Syrienne de 23 ans a été transférée à la prison de Korydallos, à Athènes, dans l’attente de son procès. Son avocat a demandé mercredi sa remise en liberté.

      Ce n’est pas la première fois que des ONG basées à Lesbos ont des soucis avec la justice grecque. Des membres de l’ONG espagnole Proem-Aid avaient aussi été accusés d’avoir participé à l’entrée illégale de réfugiés sur l’île. Ils ont été relaxés en mai dernier. D’après le ministère de la Marine, 114 ONG ont été enregistrées sur l’île, dont les activités souvent difficilement contrôlables inquiètent le gouvernement grec et ses partenaires européens.

      https://www.courrierdesbalkans.fr/Une-ONG-accusee-d-aide-a-l-entree-irreguliere-de-migrants

      #grèce #asile #migrations #réfugiés #solidarité #délit_de_solidarité

    • Arrest of Syrian ’hero swimmer’ puts Lesbos refugees back in spotlight

      Sara Mardini’s case adds to fears that rescue work is being criminalised and raises questions about NGO.

      Greece’s high-security #Korydallos prison acknowledges that #Sara_Mardini is one of its rarer inmates. For a week, the Syrian refugee, a hero among human rights defenders, has been detained in its women’s wing on charges so serious they have elicited baffled dismay.

      The 23-year-old, who saved 18 refugees in 2015 by swimming their waterlogged dingy to the shores of Lesbos with her Olympian sister, is accused of people smuggling, espionage and membership of a criminal organisation – crimes allegedly committed since returning to work with an NGO on the island. Under Greek law, Mardini can be held in custody pending trial for up to 18 months.

      “She is in a state of disbelief,” said her lawyer, Haris Petsalnikos, who has petitioned for her release. “The accusations are more about criminalising humanitarian action. Sara wasn’t even here when these alleged crimes took place but as charges they are serious, perhaps the most serious any aid worker has ever faced.”

      Mardini’s arrival to Europe might have gone unnoticed had it not been for the extraordinary courage she and younger sister, Yusra, exhibited guiding their boat to safety after the engine failed during the treacherous crossing from Turkey. Both were elite swimmers, with Yusra going on to compete in the 2016 Rio Olympics.

      The sisters, whose story is the basis of a forthcoming film by the British director Stephen Daldry, were credited with saving the lives of their fellow passengers. In Germany, their adopted homeland, the pair has since been accorded star status.

      It was because of her inspiring story that Mardini was approached by Emergency Response Centre International, ERCI, on Lesbos. “After risking her own life to save 18 people … not only has she come back to ground zero, but she is here to ensure that no more lives get lost on this perilous journey,” it said after Mardini agreed to join its ranks in 2016.

      After her first stint with ERCI, she again returned to Lesbos last December to volunteer with the aid group. And until 21 August there was nothing to suggest her second spell had not gone well. But as Mardini waited at Mytilini airport to head back to Germany, and a scholarship at Bard College in Berlin, she was arrested. Soon after that, police also arrested ERCI’s field director, Nassos Karakitsos, a former Greek naval force officer, and Sean Binder, a German volunteer who lives in Ireland. All three have protested their innocence.

      The arrests come as signs of a global clampdown on solidarity networks mount. From Russia to Spain, European human rights workers have been targeted in what campaigners call an increasingly sinister attempt to silence civil society in the name of security.

      “There is the concern that this is another example of civil society being closed down by the state,” said Jonathan Cooper, an international human rights lawyer in London. “What we are really seeing is Greek authorities using Sara to send a very worrying message that if you volunteer for refugee work you do so at your peril.”

      But amid concerns about heavy-handed tactics humanitarians face, Greek police say there are others who see a murky side to the story, one ofpeople trafficking and young volunteers being duped into participating in a criminal network unwittingly. In that scenario,the Mardini sisters would make prime targets.

      Greek authorities spent six months investigating the affair. Agents were flown into Lesbos from Athens and Thessaloniki. In an unusually long and detailed statement, last week, Mytilini police said that while posing as a non-profit organisation, ERCI had acted with the sole purpose of profiteering by bringing people illegally into Greece via the north-eastern Aegean islands.

      Members had intercepted Greek and European coastguard radio transmissions to gain advance notification of the location of smugglers’ boats, police said, and that 30, mostly foreign nationals, were lined up to be questioned in connection with the alleged activities. Other “similar organisations” had also collaborated in what was described as “an informal plan to confront emergency situations”, they added.

      Suspicions were first raised, police said, when Mardini and Binder were stopped in February driving a former military 4X4 with false number plates. ERCI remained unnamed until the release of the charge sheets for the pair and that of Karakitsos.

      Lesbos has long been on the frontline of the refugee crisis, attracting idealists and charity workers. Until a dramatic decline in migration numbers via the eastern Mediterranean in March 2016, when a landmark deal was signed between the EU and Turkey, the island was the main entry point to Europe.

      An estimated 114 NGOs and 7,356 volunteers are based on Lesbos, according to Greek authorities. Local officials talk of “an industry”, and with more than 10,000 refugees there and the mood at boiling point, accusations of NGOs acting as a “pull factor” are rife.

      “Sara’s motive for going back this year was purely humanitarian,” said Oceanne Fry, a fellow student who in June worked alongside her at a day clinic in the refugee reception centre.

      “At no point was there any indication of illegal activity by the group … but I can attest to the fact that, other than our intake meeting, none of the volunteers ever met, or interacted, with its leadership.”

      The mayor of Lesbos, Spyros Galinos, said he has seen “good and bad” in the humanitarian movement since the start of the refugee crisis.

      “Everything is possible,. There is no doubt that some NGOs have exploited the situation. The police announcement was uncommonly harsh. For a long time I have been saying that we just don’t need all these NGOs. When the crisis erupted, yes, the state was woefully unprepared but now that isn’t the case.”

      Attempts to contact ERCI were unsuccessful. Neither a telephone number nor an office address – in a scruffy downtown building listed by the aid group on social media – appeared to have any relation to it.

      In a statement released more than a week after Mardini’s arrest, ERCI denied the allegations, saying it had fallen victim to “unfounded claims, accusations and charges”. But it failed to make any mention of Mardini.

      “It makes no sense at all,” said Amed Khan, a New York financier turned philanthropist who has donated boats for ERCI’s search and rescue operations. To accuse any of them of human trafficking is crazy.

      “In today’s fortress Europe you have to wonder whether Brussels isn’t behind it, whether this isn’t a concerted effort to put a chill on civil society volunteers who are just trying to help. After all, we’re talking about grassroots organisations with global values that stepped up into the space left by authorities failing to do their bit.”


      https://amp.theguardian.com/world/2018/sep/06/arrest-of-syrian-hero-swimmer-lesbos-refugees-sara-mardini?CMP=shar

      #Sarah_Mardini

    • The volunteers facing jail for rescuing migrants in the Mediterranean

      The risk of refugees and migrants drowning in the Mediterranean has increased dramatically over the past few years.

      As the European Union pursued a policy of externalisation, voluntary groups stepped in to save the thousands of people making the dangerous crossing. One by one, they are now criminalised.

      The arrest of Sarah Mardini, one of two Syrian sisters who saved a number of refugees in 2015 by pulling their sinking dinghy to Greece, has brought the issue to international attention.

      The Trial

      There aren’t chairs enough for the people gathered in Mytilíni Court. Salam Aldeen sits front row to the right. He has a nervous smile on his face, mouth half open, the tongue playing over his lips.

      Noise emanates from the queue forming in the hallway as spectators struggle for a peak through the door’s windows. The morning heat is already thick and moist – not helped by the two unplugged fans hovering motionless in dead air.

      Police officers with uneasy looks, 15 of them, lean up against the cooling walls of the court. From over the judge, a golden Jesus icon looks down on the assembly. For the sunny holiday town on Lesbos, Greece, this is not a normal court proceeding.

      Outside the court, international media has unpacked their cameras and unloaded their equipment. They’ve come from the New York Times, Deutsche Welle, Danish, Greek and Spanish media along with two separate documentary teams.

      There is no way of knowing when the trial will end. Maybe in a couple of days, some of the journalists say, others point to the unpredictability of the Greek judicial system. If the authorities decide to make a principle out of the case, this could take months.

      Salam Aldeen, in a dark blue jacket, white shirt and tie, knows this. He is charged with human smuggling and faces life in jail.

      More than 16,000 people have drowned in less than five years trying to cross the Mediterranean. That’s an average of ten people dying every day outside Europe’s southern border – more than the Russia-Ukraine conflict over the same period.

      In 2015, when more than one million refugees crossed the Mediterranean, the official death toll was around 3,700. A year later, the number of migrants dropped by two thirds – but the death toll increased to more than 5,000. With still fewer migrants crossing during 2017 and the first half of 2018, one would expect the rate of surviving to pick up.

      The numbers, however, tell a different story. For a refugee setting out to cross the Mediterranean today, the risk of drowning has significantly increased.

      The deaths of thousands of people don’t happen in a vacuum. And it would be impossible to explain the increased risks of crossing without considering recent changes in EU-policies towards migration in the Mediterranean.

      The criminalisation of a Danish NGO-worker on the tiny Greek island of Lesbos might help us understand the deeper layers of EU immigration policy.

      The deterrence effect

      On 27 March 2011, 72 migrants flee Tripoli and squeeze into a 12m long rubber dinghy with a max capacity of 25 people. They start the outboard engine and set out in the Mediterranean night, bound for the Italian island of Lampedusa. In the morning, they are registered by a French aircraft flying over. The migrants stay on course. But 18 hours into their voyage, they send out a distress-call from a satellite phone. The signal is picked up by the rescue centre in Rome who alerts other vessels in the area.

      Two hours later, a military helicopter flies over the boat. At this point, the migrants accidentally drop their satellite phone in the sea. In the hours to follow, the migrants encounter several fishing boats – but their call of distress is ignored. As day turns into night, a second helicopter appears and drops rations of water and biscuits before leaving.

      And then, the following morning on 28 March – the migrants run out of fuel. Left at the mercy of wind and oceanic currents, the migrants embark on a hopeless journey. They drift south; exactly where they came from.

      They don’t see any ships the following day. Nor the next; a whole week goes by without contact to the outside world. But then, somewhere between 3 and 5 April, a military vessel appears on the horizon. It moves in on the migrants and circle their boat.

      The migrants, exhausted and on the brink of despair, wave and signal distress. But as suddenly as it arrived, the military vessel turns around and disappears. And all hope with it.

      On April 10, almost a week later, the migrant vessel lands on a beach south of Tripoli. Of the 72 passengers who left 2 weeks ago, only 11 make it back alive. Two die shortly hereafter.

      Lorenzo Pezzani, lecturer at Forensic Architecture at Goldsmiths University of London, was stunned when he read about the case. In 2011, he was still a PhD student developing new spatial and aesthetic visual tools to document human rights violations. Concerned with the rising number of migrant deaths in the Mediterranean, Lorenzo Pezzani and his colleague Charles Heller founded Forensic Oceanography, an affiliated group to Forensic Architecture. Their first project was to uncover the events and policies leading to a vessel left adrift in full knowledge by international rescue operations.

      It was the public outrage fuelled by the 2013 Lampedusa shipwreck which eventually led to the deployment of Operation Mare Nostrum. At this point, the largest migration of people since the Second World War, the Syrian exodus, could no longer be contained within Syria’s neighbouring countries. At the same time, a relative stability in Libya after the fall of Gaddafi in 2011 descended into civil war; waves of migrants started to cross the Mediterranean.

      From October 2013, Mare Nostrum broke with the reigning EU-policy of non-interference and deployed Italian naval vessels, planes and helicopters at a monthly cost of €9.5 million. The scale was unprecedented; saving lives became the political priority over policing and border control. In terms of lives saved, the operation was an undisputed success. Its own life, however, would be short.

      A critical narrative formed on the political right and was amplified by sections of the media: Mare Nostrum was accused of emboldening Libyan smugglers who – knowing rescue ships were waiting – would send out more migrants. In this understanding, Mare Nostrum constituted a so-called “pull factor” on migrants from North African countries. A year after its inception, Mare Nostrum was terminated.

      In late 2014, Mare Nostrum was replaced by Operation Triton led by Frontex, the European Border and Coast Guard Agency, with an initial budget of €2.4 million per month. Triton refocused on border control instead of sea rescues in an area much closer to Italian shores. This was a return to the pre-Mare Nostrum policy of non-assistance to deter migrants from crossing. But not only did the change of policy fail to act as a deterrence against the thousands of migrants still crossing the Mediterranean, it also left a huge gap between the amount of boats in distress and operational rescue vessels. A gap increasingly filled by merchant vessels.

      Merchant vessels, however, do not have the equipment or training to handle rescues of this volume. On 31 March 2015, the shipping community made a call to EU-politicians warning of a “terrible risk of further catastrophic loss of life as ever-more desperate people attempt this deadly sea crossing”. Between 1 January and 20 May 2015, merchant ships rescued 12.000 people – 30 per cent of the total number rescued in the Mediterranean.

      As the shipping community had already foreseen, the new policy of non-assistance as deterrence led to several horrific incidents. These culminated in two catastrophic shipwrecks on 12 and 18 April 2015 and the death of 1,200 people. In both cases, merchant vessels were right next to the overcrowded migrant boats when chaotic rescue attempts caused the migrant boats to take in water and eventually sink. The crew of the merchant vessels could only watch as hundreds of people disappeared in the ocean.

      Back in 1990, the Dublin Convention declared that the first EU-country an asylum seeker enters is responsible for accepting or rejecting the claim. No one in 1990 had expected the Syrian exodus of 2015 – nor the gigantic pressure it would put on just a handful of member states. No other EU-member felt the ineptitudes and total unpreparedness of the immigration system than a country already knee-deep in a harrowing economic crisis. That country was Greece.

      In September 2015, when the world saw the picture of a three-year old Syrian boy, Alan Kurdi, washed up on a beach in Turkey, Europe was already months into what was readily called a “refugee crisis”. Greece was overwhelmed by the hundreds of thousands of people fleeing the Syrian war. During the following month alone, a staggering 200.000 migrants crossed the Aegean Sea from Turkey to reach Europe. With a minimum of institutional support, it was volunteers like Salam Aldeen who helped reduce the overall number of casualties.

      The peak of migrants entered Greece that autumn but huge numbers kept arriving throughout the winter – in worsening sea conditions. Salam Aldeen recalls one December morning on Lesbos.

      The EU-Turkey deal

      And then, from one day to the next, the EU-Turkey deal changed everything. There was a virtual stop of people crossing from Turkey to Greece. From a perspective of deterrence, the agreement was an instant success. In all its simplicity, Turkey had agreed to contain and prevent refugees from reaching the EU – by land or by sea. For this, Turkey would be given a monetary compensation.

      But opponents of the deal included major human rights organisations. Simply paying Turkey a formidable sum of money (€6 billion to this date) to prevent migrants from reaching EU-borders was feared to be a symptom of an ‘out of sight, out of mind’ attitude pervasive among EU decision makers. Moreover, just like Libya in 2015 threatened to flood Europe with migrants, the Turkish President Erdogan would suddenly have a powerful geopolitical card on his hands. A concern that would later be confirmed by EU’s vague response to Erdogan’s crackdown on Turkish opposition.

      As immigration dwindled in Greece, the flow of migrants and refugees continued and increased in the Central Mediterranean during the summer of 2016. At the same time, disorganised Libyan militias were now running the smuggling business and exploited people more ruthlessly than ever before. Migrant boats without satellite phones or enough provision or fuel became increasingly common. Due to safety concerns, merchant vessels were more reluctant to assist in rescue operations. The death toll increased.
      A Conspiracy?

      Frustrated with the perceived apathy of EU states, Non-governmental organisations (NGOs) responded to the situation. At its peak, 12 search and rescue NGO vessels were operating in the Mediterranean and while the European Border and Coast Guard Agency (Frontex) paused many of its operations during the fall and winter of 2016, the remaining NGO vessels did the bulk of the work. Under increasingly dangerous weather conditions, 47 per cent of all November rescues were carried out by NGOs.

      Around this time, the first accusations were launched against rescue NGOs from ‘alt-right’ groups. Accusations, it should be noted, conspicuously like the ones sounded against Mare Nostrum. Just like in 2014, Frontex and EU-politicians followed up and accused NGOs of posing a “pull factor”. The now Italian vice-prime minister, Luigi Di Maio, went even further and denounced NGOs as “taxis for migrants”. Just like in 2014, no consideration was given to the conditions in Libya.

      Moreover, NGOs were falsely accused of collusion with Libyan smugglers. Meanwhile Italian agents had infiltrated the crew of a Save the Children rescue vessel to uncover alleged secret evidence of collusion. The German Jugendrettet NGO-vessel, Iuventa, was impounded and – echoing Salam Aldeen’s case in Greece – the captain accused of collusion with smugglers by Italian authorities.

      The attacks to delegitimise NGOs’ rescue efforts have had a clear effect: many of the NGOs have now effectively stopped their operations in the Mediterranean. Lorenzo Pezzani and Charles Heller, in their report, Mare Clausum, argued that the wave of delegitimisation of humanitarian work was just one part of a two-legged strategy – designed by the EU – to regain control over the Mediterranean.
      Migrants’ rights aren’t human rights

      Libya long ago descended into a precarious state of lawlessness. In the maelstrom of poverty, war and despair, migrants and refugees have become an exploitable resource for rivalling militias in a country where two separate governments compete for power.

      In November 2017, a CNN investigation exposed an entire industry involving slave auctions, rape and people being worked to death.

      Chief spokesman of the UN Migration Agency, Leonard Doyle, describes Libya as a “torture archipelago” where migrants transiting have no idea that they are turned into commodities to be bought, sold and discarded when they have no more value.

      Migrants intercepted by the Libyan Coast Guard (LCG) are routinely brought back to the hellish detention centres for indefinite captivity. Despite EU-leaders’ moral outcry following the exposure of the conditions in Libya, the EU continues to be instrumental in the capacity building of the LCG.

      Libya hadn’t had a functioning coast guard since the fall of Gaddafi in 2011. But starting in late 2016, the LCG received increasing funding from Italy and the EU in the form of patrol boats, training and financial support.

      Seeing the effect of the EU-Turkey deal in deterring refugees crossing the Aegean Sea, Italy and the EU have done all in their power to create a similar approach in Libya.
      The EU Summit

      Forty-two thousand undocumented migrants have so far arrived at Europe’s shores this year. That’s a fraction of the more than one million who arrived in 2015. But when EU leaders met at an “emergency summit” in Brussels in late June, the issue of migration was described by Chancellor Merkel as a “make or break” for the Union. How does this align with the dwindling numbers of refugees and migrants?

      Data released in June 2018 showed that Europeans are more concerned about immigration than any other social challenge. More than half want a ban on migration from Muslim countries. Europe, it seems, lives in two different, incompatible realities as summit after summit tries to untie the Gordian knot of the migration issue.

      Inside the courthouse in Mytilini, Salam Aldeen is questioned by the district prosecutor. The tropical temperature induces an echoing silence from the crowded spectators. The district prosecutor looks at him, open mouth, chin resting on her fist.

      She seems impatient with the translator and the process of going from Greek to English and back. Her eyes search the room. She questions him in detail about the night of arrest. He answers patiently. She wants Salam Aldeen and the four crew members to be found guilty of human smuggling.

      Salam Aldeen’s lawyer, Mr Fragkiskos Ragkousis, an elderly white-haired man, rises before the court for his final statement. An ancient statuette with his glasses in one hand. Salam’s parents sit with scared faces, they haven’t slept for two days; the father’s comforting arm covers the mother’s shoulder. Then, like a once dormant volcano, the lawyer erupts in a torrent of pathos and logos.

      “Political interests changed the truth and created this wicked situation, playing with the defendant’s freedom and honour.”

      He talks to the judge as well as the public. A tragedy, a drama unfolds. The prosecutor looks remorseful, like a small child in her large chair, almost apologetic. Defeated. He’s singing now, Ragkousis. Index finger hits the air much like thunder breaks the night sounding the roar of something eternal. He then sits and the room quiets.

      It was “without a doubt” that the judge acquitted Salam Aldeen and his four colleagues on all charges. The prosecutor both had to determine the defendants’ intention to commit the crime – and that the criminal action had been initialised. She failed at both. The case, as the Italian case against the Iuventa, was baseless.

      But EU’s policy of externalisation continues. On 17 March 2018, the ProActiva rescue vessel, Open Arms, was seized by Italian authorities after it had brought back 217 people to safety.

      Then again in June, the decline by Malta and Italy’s new right-wing government to let the Aquarious rescue-vessel dock with 629 rescued people on board sparked a fierce debate in international media.

      In July, Sea Watch’s Moonbird, a small aircraft used to search for migrant boats, was prevented from flying any more operations by Maltese authorities; the vessel Sea Watch III was blocked from leaving harbour and the captain of a vessel from the NGO Mission Lifeline was taken to court over “registration irregularities“.

      Regardless of Europe’s future political currents, geopolitical developments are only likely to continue to produce refugees worldwide. Will the EU alter its course as the crisis mutates and persists? Or are the deaths of thousands the only possible outcome?

      https://theferret.scot/volunteers-facing-jail-rescuing-migrants-mediterranean

  • #Grèce : Des enfants demandeurs d’asile privés d’école

    À cause de sa politique migratoire appuyée par l’Union européenne qui bloque des milliers d’enfants demandeurs d’asile dans les îles de la mer Égée, la Grèce prive ces enfants de leur droit à l’éducation, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
    Le rapport de 51 pages, intitulé « ‘Without Education They Lose Their Future’ : Denial of Education to Child Asylum Seekers on the Greek Islands » (« ‘Déscolarisés, c’est leur avenir qui leur échappe’ : Les enfants demandeurs d’asile privés d’éducation sur les îles grecques », résumé et recommandations disponibles en français), a constaté que moins de 15 % des enfants en âge d’être scolarisés vivant dans les îles, soit plus de 3 000, étaient inscrits dans des établissements publics à la fin de l’année scolaire 2017-2018, et que dans les camps que gère l’État dans les îles, seuls une centaine, tous des élèves de maternelle, avaient accès à l’enseignement officiel. Les enfants demandeurs d’asile vivant dans les îles grecques sont exclus des opportunités d’instruction qu’ils auraient dans la partie continentale du pays. La plupart de ceux qui ont pu aller en classe l’ont fait parce qu’ils ont pu quitter les camps gérés par l’État grâce à l’aide des autorités locales ou de volontaires.

    « La Grèce devrait abandonner sa politique consistant à confiner aux îles les enfants demandeurs d’asile et leurs familles, puisque depuis deux ans, l’État s’est avéré incapable d’y scolariser les enfants », a déclaré Bill Van Esveld, chercheur senior de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. « Abandonner ces enfants sur des îles où ils ne peuvent pas aller en classe leur fait du tort et viole les propres lois de la Grèce. »

    Human Rights Watch s’est entretenue avec 107 enfants demandeurs d’asile et migrants en âge d’être scolarisés vivant dans les îles, ainsi qu’avec des responsables du ministère de l’Éducation, de l’ONU et de groupes humanitaires locaux. Elle a également examiné la législation en vigueur.

    L’État grec applique une politique appuyée par l’UE qui consiste à maintenir dans les îles les demandeurs d’asile qui arrivent de Turquie par la mer jusqu’à ce que leurs dossiers de demande d’asile soient traités. Le gouvernement soutient que ceci est nécessaire au regard de l’accord migratoire que l’EU et la Turquie ont signé en mars 2016. Le processus de traitement est censé être rapide et les personnes appartenant aux groupes vulnérables sont censées en être exemptées. Mais Human Rights Watch a parlé à des familles qui avaient été bloquées jusqu’à 11 mois dans les camps, souvent à cause des longs délais d’attente pour être convoqué aux entretiens relatifs à leur demande d’asile, ou parce qu’elles ont fait appel du rejet de leur demande.

    Même si l’État grec a transféré plus de 10 000 demandeurs d’asile vers la Grèce continentale depuis novembre, il refuse de mettre fin à sa politique de confinement. En avril 2018, la Cour suprême grecque a invalidé cette politique pour les nouveaux arrivants. Au lieu d’appliquer ce jugement, le gouvernement a émis une décision administrative et promulgué une loi afin de rétablir la politique.

    D’après la loi grecque, la scolarité est gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 5 à 15 ans, y compris ceux qui demandent l’asile. Le droit international garantit à tous les enfants le même droit de recevoir un enseignement primaire et secondaire, sans discrimination. Les enfants vivant en Grèce continentale, non soumis à la politique de confinement, ont pu s’inscrire dans l’enseignement officiel.

    Selon l’office humanitaire de la Commission européenne, ECHO, « l’éducation est cruciale » pour les filles et garçons touchés par des crises. Cette institution ajoute que l’éducation permet aux enfants de « retrouver un certain sens de normalité et de sécurité », d’acquérir des compétences importantes pour leur vie, et que c’est « un des meilleurs outils pour investir dans leur avenir, ainsi que dans la paix, la stabilité et la croissance économique de leur pays ».

    Une fille afghane de 12 ans, qui avait séjourné pendant six mois dans un camp géré par l’État grec dans les îles, a déclaré qu’avant de fuir la guerre, elle était allée à l’école pendant sept ans, et qu’elle voulait y retourner. « Si nous n’étudions pas, nous n’aurons pas d’avenir et nous ne pourrons pas réussir, puisque nous [ne serons pas] instruits, nous ne saurons parler aucune langue étrangère », a-t-elle déclaré.

    Plusieurs groupes non gouvernementaux prodiguent un enseignement informel aux enfants demandeurs d’asile dans les îles, mais d’après les personnes qui y travaillent, rien ne peut remplacer l’enseignement officiel. Par exemple il existe une école de ce type dans le camp de Moria géré par l’État sur l’île de Lesbos, mais elle ne dispose qu’à temps partiel d’une salle dans un préfabriqué, ce qui signifie que les enfants ne peuvent recevoir qu’une heure et demie d’enseignement par jour. « Ils font de leur mieux et nous leur en sommes reconnaissants, mais ce n’est pas une véritable école », a fait remarquer un père.

    D’autres assurent le transport vers des écoles situées à l’extérieur des camps, mais ne peuvent pas emmener les enfants qui sont trop jeunes pour s’y rendre tout seuls. Certains élèves vivant à l’extérieur des camps de l’État suivent un enseignement informel et ont également reçu l’aide de volontaires ou de groupes non gouvernementaux afin de s’inscrire dans l’enseignement public. Ainsi des volontaires ont aidé un garçon kurde de 13 ans vivant à Pipka, un site situé à l’extérieur des camps de l’île de Lesbos, désormais menacé de fermeture, à s’inscrire dans un établissement public, où il est déjà capable de suivre la classe en grec

    Des parents et des enseignants estimaient que la routine scolaire pourrait aider les enfants demandeurs d’asile à se remettre des expériences traumatisantes qu’ils ont vécues dans leurs pays d’origine et lors de leur fuite. À l’inverse, le manque d’accès à l’enseignement, combiné aux insuffisances du soutien psychologique, exacerbe le stress et l’anxiété qui découlent du fait d’être coincé pendant des mois dans des camps peu sûrs et surpeuplés. Évoquant les conditions du camp de Samos, une fille de 17 ans qui a été violée au Maroc a déclaré : « [ça] me rappelle ce que j’ai traversé. Moi, j’espérais être en sécurité. »

    Le ministère grec de la Politique d’immigration, qui est responsable de la politique de confinement et des camps des îles, n’a pas répondu aux questions que Human Rights Watch lui avait adressées au sujet de la scolarisation des enfants demandeurs d’asile et migrants vivant dans ces îles. Plusieurs professionnels de l’éducation ont déclaré qu’il existait un manque de transparence autour de l’autorité que le ministère de l’Immigration exerçait sur l’enseignement dans les îles. Une commission du ministère de l’Éducation sur la scolarisation des réfugiés a rapporté en 2017 que le ministère de l’Immigration avait fait obstacle à certains projets visant à améliorer l’enseignement dans les îles.

    Le ministère de l’Éducation a mis en place deux programmes clés pour aider les enfants demandeurs d’asile de toute la Grèce qui ne parlent pas grec et ont souvent été déscolarisés pendant des années, à intégrer l’enseignement public et à y réussir, mais l’un comme l’autre excluaient la plupart des enfants vivant dans les camps des îles gérés par l’État.

    En 2018, le ministère a ouvert des écoles maternelles dans certains camps des îles, et en mai, environ 32 enfants d’un camp géré par une municipalité de Lesbos ont pu s’inscrire dans des écoles primaires – même si l’année scolaire se terminait en juin. Le ministère a déclaré que plus de 1 100 enfants demandeurs d’asile avaient fréquenté des écoles des îles à un moment ou un autre de l’année scolaire 2017-2018, mais apparemment ils étaient nombreux à avoir quitté les îles avant la fin de l’année.

    Une loi adoptée en juin a permis de clarifier le droit à l’éducation des demandeurs d’asile et, le 9 juillet, le ministère de l’Éducation a déclaré qu’il prévoyait d’ouvrir 15 classes supplémentaires destinées aux enfants demandeurs d’asile des îles pour l’année scolaire 2018-2019. Ce serait une mesure très positive, à condition qu’elle soit appliquée à temps, contrairement aux programmes annoncés les années précédentes. Même dans ce cas, elle laisserait sur le carreau la majorité des enfants demandeurs d’asile et migrants en âge d’être scolarisés, à moins que le nombre d’enfants vivant dans les îles ne diminue.

    « La Grèce a moins de deux mois devant elle pour veiller à ce que les enfants qui ont risqué leur vie pour atteindre ses rivages puissent aller en classe lorsque l’année scolaire débutera, une échéance qu’elle n’a jamais réussi à respecter auparavant », a conclu Bill Van Esveld. « L’Union européenne devrait encourager le pays à respecter le droit de ces enfants à l’éducation en renonçant à sa politique de confinement et en autorisant les enfants demandeurs d’asile et leurs familles à quitter les îles pour qu’ils puissent accéder à l’enseignement et aux services dont ils ont besoin. »

    https://www.hrw.org/fr/news/2018/07/18/grece-des-enfants-demandeurs-dasile-prives-decole
    #enfance #enfants #éducation #îles #mer_Egée #asile #migrations #réfugiés #école #éducation #rapport #Lesbos #Samos #Chios

    Lien vers le rapport :
    https://www.hrw.org/report/2018/07/18/without-education-they-lose-their-future/denial-education-child-asylum-seekers

  • Grèce | L’accueil de réfugiés à PIKPA (Lesbos) est menacé
    https://asile.ch/2018/07/09/grece-laccueil-de-refugies-a-pikpa-lesbos-est-menace

    PIKPA est une structure ouverte et auto-organisée d’accueil de réfugiés à Lesbos (Grèce). Ouverte depuis 2015, elle accueille principalement des personnes handicapées, des femmes enceintes et des personnes avec des besoins de protection spécifiques. Elle constitue un modèle d’accueil solidaire, indépendant de toute institution et ouvert à la société locale. En 2016, le UNHCR Nansen […]

  • Disparition de mineurs : la responsabilité de l’Europe

    “On ne sait pas où ils sont, ce qu’ils sont en train de faire ou avec qui ils sont”. C’est ainsi que Brian Donald, chef de cabinet d’Europol, l’office de police criminelle de l’Union européenne, commente le chiffre de 10’000 enfants disparus annoncé par son agence à The Observer en janvier 2016. Un chiffre-choc qui ne s’appuie sur aucune étude, rapport ou communiqué de presse sur le sujet, tout en pointant du doigt « des bandes criminelles pan-européennes [ciblant] les mineurs à des fins d’exploitations sexuelles et esclavage » (The Observer, 30.01.2016) (1).


    https://asile.ch/2017/01/24/decryptage-disparition-de-mineurs-responsabilite-de-leurope
    #disparitions #asile #migrations #réfugiés #enfants #enfance #MNA #Europe #responsabilité

    Ce texte que j’ai écrit il y a plus d’une année a été publié sur @vivre, mais bizarrement je ne l’ai pas mis sur seenthis... Du coup, je le signale maintenant, une année après sa publication...
    Il y a pas mal de liens vers d’autres articles et rapports qui traite de la question, qui est d’ailleurs aussi pas mal couverte sur seenthis : https://seenthis.net/recherche?recherche=%23disparitions+%23mna

    • Enfants migrants disparus : la vérité sur un scandale humanitaire

      Selon #Europol, ils seraient au moins 10 000 en Europe. Isolés, plusieurs d’entre eux seraient tombés dans les filets des réseaux criminels et des trafiquants en tous genres. Des chiffres et des faits alarmants, qui restent pourtant largement imprécis. Et occultent la véritable cause des « disparitions » : la faillite de l’Union européenne dans la gestion des mineurs non accompagnés.

      « Une infrastructure criminelle entière s’est développée dans les dix-huit derniers mois, exploitant le flux des migrants. » Le 30 janvier dernier, dans une tonitruante interview à The Observer, version dominicale du quotidien anglais The Guardian, Brian Donald, un responsable d’Europol, « révèle » qu’au moins 10 000 mineurs migrants non accompagnés (MNA) auraient disparu en Europe pendant les deux dernières années, dont la moitié en Italie et environ mille en Suède. Fait alarmant, selon l’agence européenne de police, nombre d’entre eux auraient été happés par des réseaux criminels et des trafiquants. Ils seraient victimes d’exploitation sexuelle et d’esclavage. « Les criminels actifs dans le trafic d’êtres humains apparaissent maintenant dans nos fichiers du trafic de migrants », alerte Brian Donald dans le dominical britannique.

      Ces déclarations, relayées par la majorité des grands médias européens, ont effrayé et choqué. Mais si la menace des réseaux criminels est réelle, le chiffre d’Europol de 10 000 enfants disparus demeure largement imprécis, pour ne pas dire erroné, selon l’Unicef. « Nous n’avons pas de preuves. Nous ne savons rien sur les chiffres. Europol parle d’enfants disparus : cela ne veut pas dire qu’ils sont perdus, ce sont des enfants qui ne sont pas enregistrés dans un système de données », nous explique Sarah Crowe, porte-parole de l’organisation. « Le chiffre d’Europol provient des signalements à la police. C’est une info brute qui ne prend pas en compte les jeunes non identifiés. Et il n’y a pas d’investigation pour connaître les causes car il n’y a personne pour réclamer une enquête, contrairement aux enfants disparus de parents français », ajoute Laurent Delbos, responsable du plaidoyer à l’association française Forum réfugiés-Cosi, et coordinateur d’un rapport européen sur « Le droit d’asile des mineurs isolés étrangers dans l’Union européenne » (2012).

      DES STATISTIQUES MYOPES

      Les données officielles sur les mineurs isolés restent aléatoires. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Unicef, plus de cent mille enfants migrants non accompagnés ont été enregistrés en 2015 en Europe, dont 35 000 ont demandé l’asile uniquement en Suède, plus de 60 000 ont été enregistrés en Allemagne et 9000 en France. La plupart auraient entre 14 et 17 ans. Du fait de la mobilité du parcours migratoire et des réalités différentes dans chaque État, il est difficile de disposer de statistiques fiables et, donc, crédibles. Un problème que critiquait déjà sévèrement le Parlement européen dans une retentissante résolution du 12 septembre 2013, déplorant « le manque de statistiques officielles fiables concernant les mineurs non accompagnés ». Afin de mieux appréhender la situation de ces jeunes et d’assurer leur protection de manière plus efficace, le parlement de Strasbourg a réclamé des États membres et de la Commission européenne qu’ils améliorent la collecte des statistiques, notamment en utilisant les outils déjà disponibles sur le plan européen, à savoir Eurostat, Frontex, le Bureau européen d’appui en matière d’asile (BEAA) et le Réseau européen des migrations.

      Si le trafic d’êtres humains s’est indéniablement développé avec l’augmentation du nombre de réfugiés en Europe, en particulier sur la route des Balkans, les principales raisons de la disparition des enfants migrants semblent se situer ailleurs. Sur le média Open Democracy, Nando Sigona et Jennifer Allsopp, chercheurs aux universités de Birmingham et d’Oxford, affirment que la principale cause de disparition a peu de lien avec les infrastructures criminelles pan-européennes. Elle aurait plutôt pour origine le fossé qui sépare, d’une part, la gestion des mineurs non accompagnés par les autorités étatiques et, d’autre part, la façon dont ces jeunes envisagent leur migration. En effet, de nombreux mineurs isolés sont enregistrés dans un pays de transit, comme la Grèce, l’Italie ou les pays des Balkans, avant de continuer leur chemin vers un pays de destination différent, souvent l’Allemagne, la Suède ou l’Angleterre, pour rejoindre des membres de leur famille ou des amis. Il n’est pas rare que les enfants s’enfuient des centres, frustrés par de longues procédures d’asile.

      « Les enfants ont peur d’être enfermés dans un centre trop longtemps, comme cela arrive par exemple en Italie et en Grèce. Ils fuient les centres quand le processus de détermination s’éternise », confirme Sarah Crowe de l’Unicef. « Les disparitions, ce sont avant tout les poursuites du parcours migratoire. Europol parle de 5000 mineurs en Italie sur les 10 000 disparus. Normal, car l’Italie est avant tout un pays de transit », explique Laurent Delbos de Forum réfugiés-Cosi. Comme le rappellent les chercheurs Nando Sigona et Jennifer Allsopp, « le compte des ‘disparus’ est moins simple que les informations d’Europol veulent nous le faire croire ».

      NON ASSISTANCE À PERSONNES VULNÉRABLES

      En Angleterre, les cas d’enfants disparus rapportés par les autorités locales varient d’une absence de quelques heures à une disparition permanente. En Italie, un enfant évaporé dans la nature, mais qui réapparait dans un autre État, peut rester enregistré dans le registre des personnes disparues. Il n’est également pas rare, toujours en Italie, qu’un mineur soit comptabilisé deux fois, par des autorités différentes. Il arrive même aux enfants de mentir sur leur âge. « Les enfants qui voyagent seuls cachent parfois leur âge, parce qu’ils ont peur de se retrouver bloqués dans des centres », confirme Sarah Crowe.

      Aujourd’hui, la disparition des radars de milliers d’enfants migrants non accompagnés résulte donc avant tout des failles du système, d’une débâcle de Bruxelles et des Etats européens dans leur gestion de la « crise » des réfugiés. « S’il y a un risque de traite par des réseaux criminels, c’est d’abord un constat de faillite de prise en charge de ces jeunes par les États », déplore Laurent Delbos. En France, certaines collectivités territoriales, comme le département de Loire-Atlantique, peuvent même se retrouver hors-la-loi à cause de la mauvaise gestion des centres d’accueil. Ainsi, le 12 août 2015, le Tribunal administratif de Nantes a-t-il condamné le département à héberger un mineur non accompagné, le neuvième depuis que la collectivité a refusé d’accueillir des jeunes demandeurs d’asile, pour cause de saturation de ses centres.
      En Bulgarie, le HCR alerte sur le cas de mineurs non accompagnés pris en charge dans les centres d’accueil dans l’attente de leur procédure d’asile ; ils sont toujours déscolarisés dans cet Etat de transit : « Le gouvernement nous a rapporté trente cas d’enfants non accompagnés ou séparés, âgés de moins de 18 ans », nous confie Kitty McKinsey, porte-parole du HCR à Sofia. « Aucun de ces jeunes ne fréquente l’école. » En Grèce, face à l’afflux de réfugiés sur les îles, le manque de protection juridique des mineurs non accompagnés est criant. Cette non-assistance à personnes vulnérables forme le terreau sur lequel prospèrent les organisations criminelles, ce que redoute Europol.

      Dans un reportage paru dans Le Monde du 11 février 2016 — titré « La jeunesse sacrifiée des réfugiés mineurs » — une psychologue d’un centre d’accueil à Lesbos se dit préoccupée par Fatima, une Somalienne de 16 ans : « Je suis certaine à 90% qu’elle est victime d’un trafic humain et qu’elle a déjà subi des horreurs (...) Deux hommes étranges la recherchent sur l’île. Il va falloir redoubler de vigilance à son égard ; et de patience. Rien ne sert d’ouvrir des blessures que l’on ne pourra pas soigner ici... »

      Pour pallier l’absence de protection et les risques d’exploitation des enfants, le HCR et l’Unicef ont lancé, fin février, un programme destiné aux femmes et aux mineurs réfugiés. L’ouverture de vingt « Blue Dots » — centres d’aides, assurant les services pratiques, l’identification des personnes, le soutien psychosocial ou les conseils juridiques — a été prévue en Grèce et dans les Balkans. « Cependant, ces centres ne remplacent pas la responsabilité et l’obligation des États de faire leur possible pour fournir un soutien et une protection aux personnes fuyant la guerre et la violence, en particulier celles qui ont des besoins spécifiques », assure le HCR.

      La résolution du Parlement européen du 12 septembre 2013 est pourtant sans appel. Elle condamne vivement « les lacunes existant en matière de protection des mineurs non accompagnés au sein de l’Union européenne » et elle dénonce « les conditions d’accueil souvent déplorables de ces mineurs ainsi que les nombreuses violations de leurs droits fondamentaux dans certains États membres ».

      Mais l’autre « péril » pour les mineurs migrants non accompagnés est d’atteindre l’âge adulte. Face à une politique européenne de moins en moins tolérante vis-à-vis des réfugiés, ils risquent à tout moment le renvoi, même après des années d’intégration. En février 2016, le Bureau of Investigative Journalism, une ONG anglaise indépendante qui travaille en collaboration avec la BBC, le Guardian et Mediapart, a révélé que 2 748 jeunes ont été expulsés du Royaume-Uni entre 2007 et 2015 vers des pays instables ou en guerre comme l’Afghanistan, l’Irak, l’Iran, la Libye ou la Syrie.

      MULTIPLICATION DES RENVOIS ET... DES NOYADES

      En Norvège, le Parti du progrès (FrP), formation populiste entrée au gouvernement en octobre 2013 aux côtés des conservateurs, a imprimé progressivement son empreinte dans la société. Alors que la règle tacite était de ne pas renvoyer des mineurs étrangers ayant vécu pendant des années dans le pays, la Norvège a expulsé 528 enfants étrangers en 2015. Pour le magazine du Monde, la photographe norvégienne Andrea Gjestvang a suivi quatre d’entre eux pendant trois mois. « Ils parlent de paix, mais ils ne la construiront pas en envoyant des enfants au Yémen ou en Afghanistan. Ils donnent le prix Nobel de la paix à Malala Yousafzai, mais ils ne font pas la paix dans leur vie », déplore Joséphine, une adolescente nigériane expulsée, suivie par la photographe.

      Sans oublier que de nombreux enfants meurent tragiquement aux portes de l’Europe, avant de risquer d’être pris dans les filets de la criminalité ou d’essuyer l’humiliation du renvoi. La photo du petit Aylan, un enfant syrien de 3 ans mort sur une plage de Bodrum en Turquie en septembre 2015, a ému le monde entier et suscité une prise de conscience. Mais selon le HCR, depuis septembre, deux Aylan seraient morts chaque jour en tentant de rejoindre les côtes européennes.

      Les enfants forment la population la plus vulnérable et la plus exposée aux noyades en mer. Ainsi, 340 enfants, souvent des bébés ou des bambins, ont trouvé la mort en Méditerranée entre septembre 2015 et février 2016. Dans un communiqué conjoint, en date du 19 février, le HCR, l’Unicef et l’Office international des migrations (OIM) estiment même que « le nombre total des enfants décédés pourrait être encore plus grand, avec leurs corps perdus en mer et jamais retrouvés ».


      https://www.lacite.info/politiquetxt/2016/4/19/enfants-migrants-disparus?rq=disparus

    • Et la solution préconisée par l’UE face à ce problème ?
      Prendre de force les #empreintes_digitales des MNA

      Activists slam EU plan to force migrant kids to give fingerprints

      Activists have raised concerns about new EU plans to allow police to force migrant children to have their fingerprints taken. The aim is to prevent unaccompanied minors from going missing or ending up in the hands of criminal gangs. Critics say coercion is not the answer.

      “We have been pushing for lowering the age of taking fingerprints of migrant children from 14 to 6,” Anna-Maria Corazza Bildt, an MEP with the right-wing European People’s Party told RFI. “It’s extremely difficult for law enforcement authorities to find them, to identify them and to protect them if they’re not fingerprinted.”

      http://en.rfi.fr/europe/20180426-eu-sparks-row-plan-force-migrant-children-be-fingerprinted
      #coercition #Eurodac

    • "L’esercito dei bambini fantasma" cresce sempre di più: 5.526 minorenni spariti solo nel #2017

      Negli ultimi sei anni i minori stranieri non accompagnati giunti in Italia sono 62.672.
      Tra i censiti, però, uno su quattro scappa dalla rete dei sistemi di accoglienza: per raggiungere familiari in altri paesi europei, perché troppo frustrante aspettare i tempi dell’iter per la protezione internazionale.

      http://www.meltingpot.org/SOS-Minori-Stranieri-Non-Accompagnati.html
      #Italie

  • Livre | De Lesbos à Calais : comment l’Europe fabrique des camps
    https://asile.ch/2018/04/17/livre-de-lesbos-a-calais-leurope-fabrique-camps

    De Lesbos à Calais une myriade de lieux de mise à l’écart émaille les parcours des migrants. Entre bidonvilles, campements, centres de rétention et hotspots, l’encampement transforme les frontières en des espaces de vie et de mise en attente. Le retour des camps en Europe marque un tournant, et nous alerte sur une crise de […]

  • Gisti | Villes-refuge, villes rebelles et néo-municipalisme
    https://asile.ch/2018/01/22/gisti-villes-refuge-villes-rebelles-neo-municipalisme

    En septembre 2015, les maires de Barcelone, Paris, Lesbos et Lampedusa lançaient un appel pour la constitution d’un réseau de villes-refuge garantissant au niveau local ou municipal des conditions d’accueil décentes pour les exilés, migrants et demandeurs d’asile cherchant refuge en Europe. Dans un contexte de durcissement progressif du contrôle des frontières européennes et des […]

  • Arte Reportage | Angleterre : après Calais…
    https://asile.ch/2018/01/03/arte-reportage-angleterre-apres-calais

    Ils vivent dans un des quartiers qui compte le plus de réfugiés en provenance de Calais. Arab Street… ils sont des milliers de Syriens qui forment ici une petite communauté qui s’entraide, qui fréquente les mêmes lieux et qui essaie de recréer tant bien que mal l’ambiance du pays natal.

  • #Grèce : les migrants arrivent toujours à Lesbos, sans pouvoir en partir

    4 décembre 2017 Par Elisa Perrigueur

    Plus de 8 500 demandeurs d’asile sont actuellement bloqués sur l’île de #Lesbos, avec interdiction de se rendre sur le continent grec. Alors que le principal camp de l’île, #Moria, est largement surpeuplé, des migrants arrivent chaque jour depuis la Turquie, située à une dizaine de kilomètres.

    Lesbos (Grèce), envoyée spéciale.– Lorsqu’il a voulu traverser la dizaine de kilomètres de la mer Égée qui séparent la Turquie de l’île grecque de Lesbos, l’Irakien Muhammad n’a eu aucun mal à trouver un passeur. Aux frontières de l’Europe, ce business obscur est enraciné. Concurrentiel, selon l’étudiant de 26 ans. « Dans le quartier d’Aksaray à Istanbul, il y en a plein… »

    Muhammad, veste de cuir marron et l’air sûr de lui, a pu choisir son tarif en négociant avec « des Syriens, des Irakiens, de [son] âge, qui travaillent sous pseudo ». Avec toujours la même stratégie commerciale. « Au début, ils étaient sympas avec moi pour me vendre leur trajet, ils m’emmenaient boire du thé, plaisantaient. » Mais une fois l’argent déposé auprès d’une épicerie d’Istanbul, la relation a changé. « Ils ne répondaient plus au téléphone, ils m’ont abandonné près de la plage de Dikili [à l’ouest de la Turquie – ndlr] avec des migrants syriens. » Après avoir dormi plusieurs jours dans une forêt de la côte turque égéenne, le 20 novembre, Muhammad a finalement gagné les rives de Lesbos sur un bateau pneumatique, pour 500 euros.

    En 2015, lorsque près d’un million de migrants avaient franchi cette frontière maritime, la traversée coûtait de 1 500 à 2 000 euros. Juste après la signature de l’accord controversé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie, en mars 2016, le nombre des passages avait chuté. Mais ces derniers mois, il repart à la hausse : 26 167 personnes sont arrivées dans le pays en 2017, par la mer pour une majorité d’entre elles, selon l’Organisation internationale pour les migrations. « On enregistre une hausse des venues cet automne, précise Astrid Castelein, responsable au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Cela peut s’expliquer par la météo, la mer est très calme. »
    Désormais, chaque jour, comme Muhammad, en moyenne 120 migrants arrivent sur les îles grecques situées en face de la Turquie, notamment Lesbos, Samos ou Chios, indique Georges Christianos, commandant de la garde côtière hellénique et directeur du bureau de surveillance maritime.

    Et les trafiquants prospèrent toujours sur la misère. « Les passeurs sont nombreux. Nous en avons arrêté 800 depuis 2015 dans les eaux territoriales grecques, dont 210 cette année », affirme-t-il. Condamnés sur la base de témoignages de migrants et de flagrants délits, ils écopent de peines allant jusqu’à dix ans de prison et d’une amende de 1 000 euros par migrant transporté. « Ces trafiquants sont souvent des hommes entre 25 et 30 ans. Sur les 800 arrestations, 20 femmes ont été interpellées. Un quart de toutes ces personnes arrêtées sont d’origine turque. » Pour beaucoup, des pêcheurs familiers des rivages montagneux près d’Izmir, Ayvalik, Bodrum, qui connaissent les eaux et maîtrisent leurs courants. Mais les passeurs sont aussi syriens, irakiens, pakistanais et ces deux dernières années, issus d’ex-pays soviétiques comme l’Ukraine.
    Leurs « clients », des Syriens, Afghans, Soudanais, Congolais… payent 300 euros pour une place dans un canot pneumatique surchargé, 1 000 euros pour un passage dans un hors-bord et 2 000 euros pour une traversée sur un voilier de luxe. Certains passeurs restent à terre. D’autres accompagnent les embarcations sur des canots annexes, selon le ministère grec de la marine, pour pouvoir récupérer les moteurs et bateaux après la traversée. Avec la distance pour avantage. « La Grèce et la Turquie sont parfois si proches qu’un passeur peut rejoindre les deux rives en une dizaine de minutes », explique Georges Christianos. Mais une traversée peut aussi durer plus de deux heures, en fonction du point de départ en Turquie.

    Aujourd’hui, ces trafiquants d’hommes doivent être plus stratégiques pour rester invisibles. Car depuis mars 2016, la frontière maritime a été barricadée. Vers 18 heures, le 24 novembre, un voile noir enveloppe les hauteurs de Lesbos. La patrouille portugaise de l’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l’Union européenne, largue les amarres du petit port de Molivos, dans le Nord. Les trois agents ainsi qu’un officier de liaison grec longent les montagnes obscures de Turquie, dans les eaux territoriales grecques. Comme cette patrouille, 42 autres, en bateau, avion et hélicoptère, dont 17 de Frontex, arpentent la mer Égée, précise le ministère grec de la marine. Depuis mars 2016, ces équipages arrêtent les passeurs et récupèrent les embarcations de migrants. Mais ces interceptions sont presque indécelables : aucun bateau n’arrive directement sur les plages de galets, comme en 2015. Les opérations de secours ont lieu en mer Égée, le plus souvent au cœur de la nuit.

    Ce soir de novembre, le navire battant pavillon portugais croise, phares éteints. « Sans lumières, nous détectons mieux les embarcations au loin », précise Paulo, le jeune commandant. Alors, dans leur étroite cabine, les agents scrutent durant des heures un radar et un écran où défilent les images des eaux alentour, filmées en caméra infrarouge. Seule une chanson de Marilyn Manson en fond sonore trahit leur présence dans la pénombre. L’étendue d’eau calme paraît déserte, mais deux faibles lumières rouges clignotent : les gardes-côtes turcs. « Dès que Frontex ou les gardes-côtes grecs détectent au loin des embarcations de migrants dans les eaux territoriales turques, nous les prévenons pour qu’ils les ramènent en sécurité en Turquie », indique le responsable grec Georges Christianos. Car si 120 personnes parviennent chaque jour à gagner la rive grecque, dans le même temps, 120 autres sont rapatriées en Turquie par les gardes-côtes turcs. La hantise des candidats à l’Europe.

    Au même moment, un canot d’une capacité de 15 places quitte le rivage turc. Soixante-six personnes à bord. Durant la traversée, un mouvement de panique s’empare du bateau surchargé. Un enfant afghan de 10 ans ne survivra pas. « D’après le témoignage du père, il est mort peu après avoir quitté la Turquie. Le bateau était trop plein, l’enfant était au centre, il a été piétiné », rapporte Georges Christianos. Le bateau a ensuite été récupéré par une patrouille bulgare de Frontex. D’après l’agence de presse grecque ANA, l’arrivée du navire européen a suscité l’affolement. Les passagers ont cru que le navire appartenait aux gardes-côtes turcs. Et imaginé un retour forcé vers la Turquie.

    « On a toujours un doute, on ne sait jamais si ce sont des Grecs ou des Turcs lorsqu’ils arrivent vers nous. » Eddy, pasteur congolais de 40 ans, arrivé à Lesbos en juin, se souvient de la peur qui l’a tétanisé lors de son sauvetage. Parti de la République démocratique du Congo (RDC), celui qui se décrit comme « opposant politique, évadé de la prison de Makala [prison de Kinshasa – ndlr] », a pris la mer de nuit avec 50 personnes. « Il y a eu des mouvements de panique à cause des vagues. Deux hommes sont tombés à l’eau mais ont réussi à remonter. » Après deux heures et demie à dériver seuls, un hélicoptère a survolé leur embarcation. « Un navire a commencé à s’approcher. J’avais tellement peur que ce soit des Turcs. En anglais, des hommes disaient : “Restez calmes, nous sommes là pour vous sauver.” » Peu à peu, le drapeau grec du bateau est apparu à l’horizon. Les passagers ont poussé des cris de joie. « Vous êtes maintenant en sécurité, nous allons à Lesbos », ont répété les gardes-côtes aux exilés. Mais Eddy ne s’attendait pas à une escale interminable. Même s’il avait entendu parler du « piège » du camp de Moria sur l’île grecque.

    Moria, 2 000 places, 6 700 personnes, « Welcome to prison »

    L’étudiant Muhammad, lui, s’était « mentalement préparé » à Moria. Avant de quitter l’Irak, il s’était inscrit dans un groupe Facebook privé « où discutent des passeurs et des Syriens et des Irakiens voulant venir en Grèce ». Et ce nom revenait régulièrement dans les messages. « Je savais qu’ici, certains deviennent fous. Je voyais des vidéos des bagarres, fréquentes à cause de l’alcool, du shit, de la tension. Et je savais que je passerais au moins l’hiver ici », dit-il. Comme une condamnation. Lorsqu’il est arrivé devant les grilles du camp, le 23 novembre, il a lu ce tag le long du mur de béton : « Welcome to prison. »

    Ce lieu illustre l’éternel contraste de Lesbos. Une tragédie humaine au cœur d’un paysage idyllique de mer azur et de collines arborées. Nichée au milieu de cette nature, cette forteresse de barbelés, dans le village de 1 000 âmes de Moria, « loge » désormais 6 700 migrants. De plus en plus confinés, bien au-delà des 2 000 places prévues. Soixante-quinze nationalités rapprochées de force par leur quête d’Europe : des Syriens, Afghans, Irakiens, Érythréens, Éthiopiens, Congolais, Camerounais, Ivoiriens… Hommes, femmes et enfants, répartis par origines.

    L’Irakien Muhammad montre sa petite tente de deux places dans un champ d’oliviers. « Nous dormons à cinq dedans. Les autres sont aussi des Irakiens que je ne connaissais pas avant de venir. » Plusieurs centaines de tentes ont été plantées dans l’urgence autour des containers, hors de l’enceinte de Moria, pour accueillir les migrants qui arrivent régulièrement sur l’île. 67 par jour en octobre, selon un calcul du HCR. Le linge qui pend sur ses grillages ne sèche pas. L’hiver s’approche, l’air est frais. L’odeur de poubelle et d’urine a supplanté celle des oliviers. Au bout d’un sentier d’herbes folles, jonché de préservatifs usagés, de canettes vides et d’excréments humains, coule un filet d’eau sorti d’un tuyau percé. C’est « la douche » pour des milliers de migrants qui n’accèdent pas aux centaines d’installations sanitaires du camp.
    Depuis l’accord UE-Turquie, les migrants restent bloqués dans ce camp avec interdiction de quitter Lesbos dans l’attente du traitement de leur demande d’asile. Mamoudou, 27 ans, espère une réponse depuis sept mois. Cet Ivoirien exhibe sa carte de demandeur, renouvelée chaque mois par le Bureau européen en charge des demandes. Avec toujours cette même inscription en rouge : « Droit de circuler à Lesbos. » Mais nulle part ailleurs. Ce petit papier reste précieux : il lui permet de toucher 90 euros par mois. De fausses cartes circulent parfois dans le camp, d’après une source anonyme interne à Moria… L’Ivoirien a atterri en Turquie avec de faux papiers, avant de gagner les côtes grecques.

    Comme lui, quelques milliers d’Africains désormais bloqués ont pris la route de la Grèce pour rejoindre l’Europe, voulant « éviter la Libye où les Noirs sont réduits à l’esclavage. […] Je l’ai vu sur le Net », explique Mamoudou. Mais pour Sami, autre résident du camp venu de RDC, la Turquie est aussi un « calvaire », raconte-t-il en serrant sa Bible. « Au départ, je voulais rester à Istanbul. Mais à l’aéroport, des policiers turcs m’ont arrêté plusieurs jours et ne m’ont pas laissé prier. Je suis chrétien, et ils étaient musulmans… Puis certaines personnes, dans la rue, se bouchaient le nez sur mon passage », assure le jeune homme de 20 ans.

    À plusieurs reprises, des ONG, comme Amnesty International, ont alerté sur les risques qu’encourent les migrants en Turquie. Assis sur un banc face à Sami, trois visiteurs venus de France, « de passage quelques jours », écoutent son récit avec un air compassionnel. « Nous sommes venus pour apporter notre soutien et la parole de Dieu à ces gens », prêchent ces religieux anonymes, qui disent être venus à titre « personnel ». À quelques mètres, derrière les rangées de barbelés, des policiers épient l’étranger du regard. Un policier contrôle les images d’une journaliste vidéo. L’inscription « No photo » est placardée sur les clôtures.

    L’Europe pourrait oublier Moria et ses âmes égarées, isolées en ses confins. Mais les autorités de Lesbos élèvent la voix. Le 20 novembre, à l’appel de la mairie, des centaines d’habitants grecs ont défilé sur le port aux façades pastel du chef-lieu de l’île, Mytilène. « Il y a au total 8 500 candidats à l’asile bloqués sur l’île. C’est une mauvaise gestion de la crise de l’UE et du gouvernement, dénonce Marios Andriotis, porte-parole de la municipalité. La frustration monte. Des Afghans ont fait une grève de la faim sur la petite place de la ville pendant deux semaines. »

    Lesbos, impuissante et explosive, réclame « le transport des migrants vers le continent [grec] ». En mars 2016, Marios Andriotis se disait pourtant satisfait de l’accord UE-Turquie. « Jamais nous n’aurions imaginé la situation actuelle, nous pensions que les déboutés de l’asile seraient renvoyés en Turquie. » Le politicien ne s’attendait pas à ce que « seules » plusieurs centaines de personnes soient déportées de l’autre côté. « Nous pensions aussi que les demandes d’asile seraient traitées rapidement. » La réponse concernant le droit d’asile s’éternise. Inquiet, Marios Andriotis estime que « les migrants pourront désormais attendre jusqu’à un an pour savoir ce qu’ils deviendront ». Certains ne tiendront pas. Régulièrement, des migrants tentent de rejoindre Athènes en montant illégalement à bord des ferries qui partent chaque jour de Lesbos.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/041217/grece-les-migrants-arrivent-toujours-lesbos-sans-pouvoir-en-partir?onglet=
    #statistiques #chiffres de personnes bloquées sur l’île :

    Ce lieu illustre l’éternel contraste de Lesbos. Une tragédie humaine au cœur d’un paysage idyllique de mer azur et de collines arborées. Nichée au milieu de cette nature, cette forteresse de barbelés, dans le village de 1 000 âmes de Moria, « loge » désormais 6 700 migrants.

    #réfugiés #asile #migrations

  • #Grèce : les migrants arrivent toujours à #Lesbos, sans pouvoir en partir
    https://www.mediapart.fr/journal/international/041217/grece-les-migrants-arrivent-toujours-lesbos-sans-pouvoir-en-partir

    Devant le camp de Moria, à Lesbos. © Elisa Perrigueur Plus de 8 500 demandeurs d’asile sont actuellement bloqués sur l’île de Lesbos, avec interdiction de se rendre sur le continent grec. Alors que le principal camp de l’île, Moria, est largement surpeuplé, des migrants arrivent chaque jour depuis la Turquie, située à une dizaine de kilomètres.

    #International #asile #réfugiés

  • EU-Turkey deal ’driving suicide and self-harm’ among refugees trapped in Greek camps

    A deal struck by the European Union to slow refugee boat crossings to Greece is driving rising rates of suicide and self-harm in squalid camps, Human Rights Watch (HRW) has warned.

    Asylum seekers detained on islands in the Aegean Sea have described people setting themselves on fire, hanging themselves or cutting their wrists, with a third of those on Chios witnessing a suicide.

    New research by HRW found children were among those being driven to desperation in conditions increasing the trauma already suffered in the countries they have fled.

    “The mental impact of years of conflict, exacerbated by harsh conditions on the Greek islands and the uncertainty of inhumane policies, may not be as visible as physical wounds, but is no less life-threatening,” said Emina Ćerimović, a disability rights researcher for the group.

    “The EU and Greece should take immediate action to address this silent crisis and prevent further harm.”

    Dozens of asylum seekers, including children, reported rising anxiety, depression, post-traumatic stress disorder (PTSD) and other mental illnesses as they wait months on end in “horrific conditions” to see whether they will be taken to the Greek mainland or deported to Turkey.

    A 26-year-old Syrian man, who has been detained on Lesbos for more than three months pending deportation, said he has attempted to kill himself.

    Bilal said he was held in a police station for two months, attempting suicide in a cell, before being taken to the notorious Moria camp.

    “All this time [at the police station] I had seen no doctor,” he said. “Then I hurt myself in the police station, and then they brought me here.”

    The camp, now used as a detention centre for asylum seekers to be transferred to Turkey, has seen deadly fires break out and had to be evacuated after tents froze in the winter.

    Migrants being held there told HRW how they were being tormented by the wait to hear their fate, with anxiety compounded by delayed and changed meetings with authorities and a lack of information and interpreters.

    Ahmad, a 20-year-old Syrian, was moved to Lesbos from Chios in May and does not know whether he will be sent back or onwards to Turkey.

    “I’m in a nervous situation,” he said. “Yesterday, an Algerian guy hurt himself [by cutting] … my feelings are dead.”

    Families are among those detained in Moria, including a Kurdish woman from Syria with four children.

    “My hope is dead since they brought me here,” Rabiha Hadji told HRW. “We saw all the terrible miseries in Syria but me and my children haven’t seen a jail [until coming to Greece].”

    Médecins Sans Frontières (MSF), which provides medical care on Lesbos and the island of Samos, has reported a high prevalence of depression, anxiety and psychosis, and a significant increase in suicide attempts and self-harm this year.

    A representative said poor conditions in camps were a particular risk to former prisoners and torture victims, adding: “For people who have experienced extreme violence in detention back in their countries of origin, a place surrounded by barbed wire, the presence of police, and violent clashes clearly cannot be a proper place for them.”

    Amir, a 26-year-old Iranian asylum seeker who has been detained on Lesbos since April, said conditions in Moria constantly reminded him of prison in Iran.

    “I see the fences and I remember my past,” he said.

    “During the first week I was here, I couldn’t sleep all week … I had nightmares of the torture I’ve been through in the military prison.”

    Almost 13,000 asylum seekers are currently being held on Greek islands, where 9,500 more have arrived so far this year despite the threat of deportation.

    In December, the EU and Greek authorities ended exemptions for vulnerable groups including unaccompanied children, pregnant women, disabled people and torture victims that previously protected them from detention in island camps, despite an appeal from 13 major NGOs.

    The EU is now pressuring Greece to speed up asylum decisions and deportations to Turkey, where 1,200 people had been returned between the EU-Turkey deal coming into force in March 2016 and June.

    HRW warned that while lengthy procedures were worsening refugees’ distress, “length of asylum procedures should not be reduced at the expense of the quality of the process”.

    It has documented cases with a lack of capable interpreters during vital asylum interviews, “serious gaps” in access to information and legal help and authorities prioritising migrants according to nationality.

    The practice most commonly sees Syrians fast-tracked over Afghans, Iraqis, Bangladeshis and countries with low application success rates, fuelling tensions within camps that sometimes spill over into violence.

    “Greek authorities, with EU support, should ensure asylum seekers have meaningful access to a fair and efficient asylum procedure based on individual claims, not nationality,” a spokesperson for HRW said, urging Greece to end the policy of containment on its islands and transfer asylum seekers to the mainland, where children can be enrolled in school and adults can work.

    “The EU and the Greek government should work to restore the dignity and humanity of people seeking protection, not foster conditions that cause psychological harm,” Ms Ćerimović said.

    The report is the latest damning verdict of the EU-Turkey deal, which has seen the main refugee route to Europe switch from the comparatively shorter and safer Aegean Sea to the treacherous passage between Libya and Italy.

    The agreement committed Turkey to accept the return of most asylum seekers who travelled through its territory to Greek islands, in exchange for billions of euros in aid, visa liberalisation for Turkish citizens, and revived negotiations for Turkish accession to the EU.

    Talks have since broken down over a series of rows over European nations banning Turkish referendum rallies, support for Kurdish groups in Syria and concerns over the crackdown following an attempted coup against Recep Tayyip Erdogan.

    Research by Save the Children previously found the deal had dramatically reduced the number of refugees journeying over the Aegean Sea to Greece but had given people smugglers “a firmer grip on a hugely profitable business”.

    A study by Harvard University found girls as young as four had been raped in an Athens refugee camp, while asylum seekers elsewhere in the country were selling sex to raise money to be smuggled out.

    But Europol hailed “success” against people smuggling after setting up the European Migrant Smuggling Centre, identifying 17,500 suspected smugglers in 2016, intercepting messages, seizing documents and destroying boats.

    More than 100,000 migrants have arrived in Europe so far this year by sea, mainly from sub-Saharan Africa, Bangladesh and Syria, with 2,300 dying in the attempt.

    http://www.independent.co.uk/news/world/europe/refugee-crisis-latest-asylum-seekers-greece-camps-lesbos-suicide-self

    #suicide #accord_UE-Turquie #réfugiés #asile #migrations #Grèce #camps_de_réfugiés #piège #îles #Chios #PTSD #santé_mentale #Lesbos #Lesvos #prostitution #enfants #viols #mineurs #Moria #hotspots
    cc @i_s_

    • EU/Greece: Asylum Seekers’ Silent Mental Health Crisis

      In research conducted in May and June 2017 on the island of Lesbos, Human Rights Watch documented the deteriorating mental health of asylum seekers and migrants – including incidents of self-harm, suicide attempts, aggression, anxiety, and depression – caused by the Greek policy of “containing” them on islands, often in horrifying conditions, to facilitate speedy processing and return to Turkey.

      https://www.hrw.org/news/2017/07/12/eu/greece-asylum-seekers-silent-mental-health-crisis

    • Greece : A dramatic deterioration for asylum seekers on Lesbos

      The report, A dramatic deterioration for asylum seekers on Lesbos – based on MSF medical data and the testimonies of patients – describes the recent drastic cuts in providing health care on the island, along with reductions in legal aid, and the closure of shelters and other essential services.

      http://www.msf.org/en/article/greece-dramatic-deterioration-asylum-seekers-lesbos
      #santé #rapport #santé_mentale #statistiques #chiffres #vulnérabilité

      Dans le rapport :


      http://www.msf.org/sites/msf.org/files/msf_lesbos_vulnerability_report1.pdf

    • Moria, il laboratorio della brutale intolleranza anti-migrante

      L’estate, si sa, le retate si accelerano, la repressione va avanti in silenzio. Ma Moria, sull’isola di Lesbo, costituisce forse un punto di non ritorno: il palesamento della brutalità anti-profughi, cristallizzata da mesi negli hotspot, nei campi e sui confini, ora dilagante e impunita. Calais, Ventimiglia, Moria. Non è nuovo che il campo greco dove sono intrappolati, persino da più di un anno, richiedenti asilo, vada in fiamme per la giusta ribellione di persone parcheggiate in container, tra sterpaglie, senza cure né accesso ai legali. A queste persone in fuga, l’Europa riserva, infatti, detenzione infinita e sistematica in attesa del rimpatrio in Turchia, in base all’accordo UE-Turchia, o verso i rispettivi Paesi di origine.

      http://www.huffingtonpost.it/amp/flore-murardyovanovitch/lisola-di-moria-e-il-laboratorio-della-brutale-intolleranza-an_a_2305

    • Lesvos: urla dal silenzio. Detenzione arbitraria e respingimenti illegali. Gli accordi con gli stati di transito cancellano il diritto alla vita.

      I sistemi di controllo delle frontiere si sono dimostrati in tensione sempre più forte con i doveri di soccorso e assistenza, come è apparso più evidente nelle isole greche di fronte alla costa turca e nelle acque antistanti la Tripolitania. Nell’opinione pubblica, soprattutto per effetto della campagna diffamatoria nei confronti delle ONG, portata avanti dagli organi di informazione più seguiti, si è quasi annullata la distinzione tra scafisti, intermediari, trafficanti ed organizzazioni non governative indipendenti (o presunte tali) che praticano attività di soccorso in mare e di assistenza a terra. Attività che andrebbero tutelate, e non attaccate, per difendere i diritti fondamentali della persona, a partire dal diritto alla vita.

      http://www.a-dif.org/2017/08/01/lesvos-urla-dal-silenzio-detenzione-arbitraria-e-respingimenti-illegali-gli-a

    • Trapped. Asylum Seekers in Greece

      Emina Ćerimović and photographer Zalmaï investigate the mental health crisis facing asylum seekers on the island of Lesbos.

      The psychological impact of conflict, exacerbated by harsh conditions, uncertainty and inhumane policies, is not as visible as physical injury. But it’s just as life-threatening.

      https://www.hrw.org/video-photos/interactive/2017/12/21/trapped

    • Les femmes et les enfants réfugiés sont davantage exposés aux agressions sexuelles dans le climat de tensions et de surpopulation régnant dans les centres d’accueil des îles grecques

      Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est très préoccupé par les déclarations de certains demandeurs d’asile dénonçant harcèlement et violences sexuels dans les centres d’accueil situés sur les îles grecques qui ne respectent pas les normes d’accueil requises. Le HCR se félicite toutefois des mesures prises par le gouvernement en vue de régler la question de la surpopulation et des conditions de vie désastreuses dans ces centres.

      En 2017, le HCR a reçu des informations émanant de 622 survivants de violences sexuelles et de genre sur les îles grecques de la mer Egée, dont 28% ont été subies après leur arrivée en Grèce. Les formes les plus courantes de violences dénoncées par les femmes concernaient des comportements incorrects, du harcèlement sexuel et des tentatives d’agression sexuelle.

      La situation est particulièrement inquiétante dans les centres d’accueil et d’identification de Moria (#Lesbos) et de #Vathy (#Samos) où des milliers de réfugiés continuent d’être abrités dans des hébergements inadéquats sans sécurité suffisante. Quelque 5 500 personnes séjournent dans ces centres, soit le double de la capacité prévue. Les informations faisant état de harcèlement sexuel sont particulièrement nombreuses à #Moria.

      http://www.unhcr.org/fr/news/briefing/2018/2/5a81a898a/femmes-enfants-refugies-davantage-exposes-agressions-sexuelles-climat-tension

    • Exclusive: Violence breaks out between residents of refugee camp and police on Greek island of #Samos

      Police clashed with residents from a refugee camp on the Greek island of Samos on Saturday morning, an NGO has told Euronews.

      The refugees and asylum seekers were staging a protest march about living conditions in the camp but had their route blocked by police at around 7.30 am local time, a member of the NGO said.

      “There were no more than 60 to 70 people there, they were one-on-one with police,” they added.

      Police fired warning shots and used tear gas and “beat up” some of those demonstrating, according to the NGO.

      One refugee sent an image to Euronews that showed his back with two marks across it (pictured in the main image of this article).

      “Things in Samos aren’t working well, that’s why we went on the march,” he said.

      “I saw police charge at the protesters,” Jerome Fourcade, an independent photo journalist based in Samos, told Euronews.

      Around 10 NGO workers were taken in by police at the scene of the clashes at 8.30am and held for a number of hours: “They said they were verifying our ID cards,” one said.

      Fourcade was also detained by police when he tried to photograph those demonstrating.

      Authorities asked to look at his photographs, but he refused arguing that he had not been arrested so they did not have the right.

      He was released around 10.30 am once all the residents had returned to the refugee camp.

      Overcrowding is a serious issue in the Samos camp, which is designed to host a maximum of around 650 people, while there are roughly 4,000 people living there and in the “jungle” surrounding it.

      Most people have no direct access to sanitation and live in flimsy tents or shelters they built themselves, the NGO worker said.

      “They are surrounded by pests — barely a day goes by when I’m not sent a photo of someone who has found a snake in their tent or been bitten by a scorpion or a rat,” they added.

      “The camp is overflowing with garbage, it’s 26 degrees today, so it’s festering ... these are extremely inhumane conditions.”

      Police clashed with residents from a refugee camp on the Greek island of Samos on Saturday morning, an NGO has told Euronews.

      The refugees and asylum seekers were staging a protest march about living conditions in the camp but had their route blocked by police at around 7.30 am local time, a member of the NGO said.

      “There were no more than 60 to 70 people there, they were one-on-one with police,” they added.
      Police stand in front of refugees and asylum seekers from Samos camp

      Police fired warning shots and used tear gas and “beat up” some of those demonstrating, according to the NGO.

      One refugee sent an image to Euronews that showed his back with two marks across it (pictured in the main image of this article).

      “Things in Samos aren’t working well, that’s why we went on the march,” he said.

      “I saw police charge at the protesters,” Jerome Fourcade, an independent photo journalist based in Samos, told Euronews.

      Around 10 NGO workers were taken in by police at the scene of the clashes at 8.30am and held for a number of hours: “They said they were verifying our ID cards,” one said.

      Fourcade was also detained by police when he tried to photograph those demonstrating.

      Authorities asked to look at his photographs, but he refused arguing that he had not been arrested so they did not have the right.

      He was released around 10.30 am once all the residents had returned to the refugee camp.
      Police stand in front of refugees and asylum seekers from Samos camp

      Overcrowding is a serious issue in the Samos camp, which is designed to host a maximum of around 650 people, while there are roughly 4,000 people living there and in the “jungle” surrounding it.

      READ MORE: Refugees on Samos live in “a huge camp of lost souls”

      Most people have no direct access to sanitation and live in flimsy tents or shelters they built themselves, the NGO worker said.

      “They are surrounded by pests — barely a day goes by when I’m not sent a photo of someone who has found a snake in their tent or been bitten by a scorpion or a rat,” they added.

      “The camp is overflowing with garbage, it’s 26 degrees today, so it’s festering ... these are extremely inhumane conditions.”
      Valerie Gauriat
      Inside Samos refugee campValerie Gauriat
      Valerie Gauriat
      Inside Samos refugee campValerie Gauriat

      This is not the first time the inhabitants of the camp have demonstrated, with three peaceful protests taking place in January along with another that turned violent, although “nothing as bad as this,” according to the NGO.

      Saturday marked the first time police used tear gas on the asylum seekers and refugees, it said.

      A police spokesman for the North Aegean islands told Euronews that a group of 100 migrants attempted to march into the city to protest about living conditions in and around the camp.

      “They were stopped by the police and there was some tension,” he added. The spokesperson is based in Lesbos and said he did not know anything about the use of tear gas or the police detentions.

      The clashes came a day before Greeks were set to vote in both the European Parliamentary elections and the first round of the municipal elections, when mayors and regional governors are appointed.

      https://www.euronews.com/2019/05/25/exclusive-violence-breaks-out-between-residents-of-refugee-camp-and-police

    • MSF: 3 migrant children attempted suicide, 17 had injured themselves

      Children are the real victims of the Migration policy, many of them are not in position to comply with the harsh realities. According to a press release by Doctors Without Borders / Médecins Sans Frontières (MSF), Greece, in the summer months of July and August, three children attempted suicide and 17 had injured themselves. Ten of a total of 73 children referred to MSF were under the age of six, the youngest being just two.

      Vulnerable people trapped in islands pay for inhumane policies of EU-Turkey Agreement. About 24,000 men, women and children seeking protection in Europe are trapped in tragic living conditions on Greek islands, while Greek and Greek European authorities have deliberately abandoned them, the MSF said in the press release:

      The devastating crisis that affects the health of thousands of vulnerable people is the result of a problematic reception system, lack of protection mechanisms and inadequate service provision. This shows that the European Union’s policy of restricting and deterring migration management has failed.

      For over four years, Doctors Without Borders has been working in several Greek islands, but today humanitarian and medical intervention is largely a matter for voluntary organizations that replace state responsibilities. Today, Doctors Without Borders has once again been forced to scale up its activities: hundreds of medical sessions are held daily in Lesvos, Samos and Chios, while in coordination with other voluntary and non-governmental organizations Doctors Without Borders is increasing for the immigrant population and distribute basic essentials on a regular basis.

      “The situation in the Greek islands is not new. The overcrowding in refugee camps is a crisis caused by European policies and has had a huge negative impact on men, women and children for years, ”says Vassilis Stravaridis, Director General of Médecins Sans Frontières. “More than 3 years have passed since the EU-Turkey Agreement and should we consider that the Greek and European authorities are using this embarrassing failure to host refugees as a means of deterring new arrivals to Europe?”

      As arrivals from the sea have reached their highest point since 2016, Doctors Without Borders pediatric mental health teams in Lesbos have seen child referrals double in July compared to previous months. In July and August, 73 children were referred to our teams: three had attempted suicide and 17 had committed suicide. Ten of the 73 children were under the age of six, the youngest being just two.

      “More and more of these kids stop playing, see nightmares, are afraid to get out of their tent and start retiring from life,” says Kathryn Bruback, a mental health officer in Lesvos. “Some of them just stop talking. With overcrowding, violence and lack of security in the camp increasing, the situation for children is getting worse day by day. In order to prevent permanent damage, these children must leave the Moria camp immediately. “

      At the Doctors Without Borders pediatric clinic we have nearly 100 children with complex or chronic health problems, including young children with severe heart disease, diabetes, epilepsy and war injuries. They are all waiting to move to the mainland to access the specialized care they need.

      In the camp in Vathi, Samos, the situation is unbearable, according to Doctors Without Borders, where 5,000 people crowd into a place designed for 650. Most live in the “jungle”, an area outside the camp. The lack of protection and basic services raises the risk of people being subjected to new psychological trauma, with reports of incidents of harassment, sexual assault and other forms of violence increasing.

      The Greek government recently transferred nearly 1,500 vulnerable people from Lesvos. However, Doctors Without Borders believes that moving people to scenes in the mainland is not a safe or effective solution to the chronic overcrowding and its effects on human health. At least 2,500 people who are officially identified as vulnerable remain in Lesvos despite being entitled to move to a safe place for specialized care. This number does not include thousands of possibly others who have not yet been identified as vulnerable.

      Doctors Without Borders appeals to the Greek Government, the European Union and the Member States to assume their responsibilities and put an end to this unacceptable and devastating crisis, and in particular demand:

      Immediately remove children and vulnerable people from the islands and transport them to safe and appropriate accommodation in mainland Greece and / or other European countries.
      Immediately increase the number of medical staff in reception centers so that people can receive physical and mental health care.

      https://www.keeptalkinggreece.com/2019/09/13/msf-migrants-children-suicides

  • Soleil, plage et plus à Lesbos, par Dimitri Verhulst
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/VERHULST/55957 #st

    Son roman Hôtel Problemski (Christian Bourgois, 2005) décrivait de façon mordante la vie des demandeurs d’asile hébergés dans le centre d’accueil belge d’Arendonk. Avec cette nouvelle, rédigée au début de l’année 2016, l’écrivain flamand Dimitri Verhulst choisit au contraire de ne les évoquer qu’en faisant briller cruellement leur absence : dans les îles grecques, les vacanciers ont de tout autres préoccupations.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/47898 via Le Monde diplomatique

  • Une explosion et un #incendie, jeudi soir, au « Hot Spot » de #Moria, Lesbos.

    « Les informations dont nous disposons indiquent que l’explosion est due à une bouteille de gaz qui aurait provoqué un incendie dans une tente, le feu se propageant rapidement aux tentes voisines.

    Jusqu’à présent, deux personnes sont mortes : une femme et un de ses deux enfants. Son autre enfant a été grièvement blessé, de même qu’une autre femme.

    Selon certaines sources, d’autres personnes auraient été blessés -plus légèrement - des suites de l’explosion ou de l’incendie. Pour cette raison, un C130 a été acheminé sur place afin de transporter les blessés. »

    source : Giorgos Pagoudis, « Journal des rédacteurs », « Εφημερίδα των Συντακτών », Athènes, 25.11.2016, 00:05 |
    dernière mise à jour : 25.11.2016, 01:03

    http://www.efsyn.gr/sites/efsyn.gr/files/styles/teaser_big/public/wysiwyg/pyrkagia_ston_kataylismo_ths_moria_sti_lesbo.jpg?itok=giv8F9Vc
    http://www.efsyn.gr/arthro/nekroi-apo-ekrixi-sto-hot-spot-tis-morias

    #feu #hotspot #asile #migrations #réfugiés #Grèce

    Reçu via la mailing-list Migreurop

  • http://yetiblog.org/index.php?post/2049

    Vous avez 29 ans, une épouse, deux enfants et un métier. Vous avez assez d’argent, vous pouvez vous offrir quelques jolies choses, et vous vivez dans une petite maison dans la ville. Mais soudain la situation politique dans votre pays change et quelques mois plus tard des soldats stationnent devant votre maison. Et devant les maisons de vos voisins. Ils disent que si vous ne vous battez pas pour eux, ils vont vous tirer dessus. Votre voisin refuse. Un tir. C’est tout.

    Vous surprenez un des soldats disant à votre femme d’allonger ses jambes. Sans savoir comment, vous échappez aux soldats et vous passez la nuit profondément perdu dans vos pensées. Soudain, vous entendez une explosion. Votre maison n’a dorénavant plus de living room. Vous courez à l’extérieur et voyez que toute la rue est détruite. Plus rien ne tient debout. Vous faites rentrer votre famille dans la maison, et vous courez jusqu’à la maison de vos parents. Elle n’est plus là. Et vos parents pas davantage. Vous regardez autour de vous et trouvez un bras avec l’anneau de votre mère à son doigt. Vous ne trouvez aucun autre signe de vos parents.

    Vous oubliez immédiatement. Vous vous précipitez à la maison, et dites à votre femme d’habiller les enfants. Vous prenez un petit sac, parce qu’il sera impossible d’en prendre un plus grand pendant un long voyage, et dans celui-là vous emportez l’essentiel. Seulement deux vêtements pour chacun tiennent dans le sac. Que prendre ? Vous ne reverrez probablement jamais plus votre pays d’origine. Ni votre famille, ni vos voisins, ni vos collègues… Mais comment rester en contact ? Vous jetez vite votre smartphone et le chargeur dans le sac. Avec les quelques vêtements, un peu de pain et les peluches préférées de vos petites filles.

    Parce que vous avez vu le danger s’approcher, vous avez rassemblé tout votre argent. Et vous avez réussi à économiser de l’argent en raison de votre emploi bien rémunéré. Les passeurs dans le quartier prennent 5.000 euros par personne. Vous avez 15.000 euros. Avec un peu de chance, vous serez tous en mesure de partir. Sinon, vous laisserez votre femme partir. Vous l’aimez et priez pour que les passeurs vous emmènent tous. Pour l’instant, vous êtes totalement démuni et n’avez rien d’autre. Juste votre famille et le sac. Le voyage jusqu’à la frontière prend deux semaines à pied. Vous avez faim ; au cours de la semaine passée vous avez très peu mangé. Vous êtes faible, de même que votre femme. Mais au moins, les enfants ont eu suffisamment. Elles n’ont cessé de pleurer tout au long de ces deux semaines. La moitié du temps vous avez transporté votre fille cadette. Elle est âgée seulement de 21 mois.

    Deux semaines plus tard vous arrivez à la mer. Au milieu de la nuit, vous êtes chargés sur un bateau avec d’autres réfugiés. Vous avez de la chance : toute votre famille peut voyager. Le navire est si plein qu’il menace de chavirer. Vous priez de ne pas vous noyer. Les gens autour de vous pleurent et crient. Quelques petits enfants sont morts de soif. Les passeurs les jettent par-dessus bord. Votre femme est assise, hébétée, dans un coin. Elle n’a rien eu à boire depuis 2 jours. Lorsque la côte est en vue, vous êtes chargés sur des petits bateaux. Votre femme et l’enfant la plus jeune sont sur l’un, vous et l’enfant plus âgée sur un autre.

    On vous avertit que vous devez garder le silence afin que personne ne sache que vous êtes là. Votre fille aînée comprend. Mais la plus jeune dans l’autre bateau ne comprend pas. Elle ne cesse de pleurer. Les autres réfugiés deviennent nerveux. Ils demandent à votre femme de calmer l’enfant. Elle n’y parvient pas. Un des hommes attrape votre fille, l’arrache des bras de votre femme et la jette par-dessus bord. Vous sautez derrière elle, mais vous ne pouvez pas la retrouver. Plus jamais. Trois mois plus tard, elle aurait eu 2 ans.

    Vous ne savez pas comment vous, votre femme et votre fille aînée parvenez à entrer dans le pays où vous arrivez. C’est comme si tout était recouvert de brume. Votre femme n’a pas dit un mot depuis que votre fille est morte. Votre fille aînée n’a pas lâché la peluche de sa sœur et elle est totalement apathique. Mais il faut continuer. Vous êtes sur le point d’arriver à l’hébergement d’urgence. Il est 10 heures du soir. Un homme dont vous ne comprenez pas la langue vous emmène dans une salle avec des lits de camp. Il y a 500 lits très proches les uns des autres. Dans la salle, c’est étouffant et bruyant. Vous essayez de prendre vos repères, de comprendre ce que les gens ici attendent de vous.

    Mais en réalité, vous pouvez à peine vous tenir debout. Vous préféreriez qu’ils vous aient tué. Au lieu de ça vous déballez vos maigres possessions : Les deux sortes de vêtements chacun et votre smartphone. Ensuite, vous passez votre première nuit dans un pays sûr. Le lendemain matin, on vous donne quelques vêtements. Parmi lesquels des vêtements « de marque ». Et un jouet pour votre fille. On vous donne 140 euros. Pour tout le mois.

    Dehors, dans la cour, vêtu de nouveaux vêtements, vous tenez votre smartphone en l’air en espérant avoir une connexion. Vous voulez savoir si quelqu’un dans votre ville est encore en vie. Puis arrive un « citoyen concerné », il vient vers vous et vous injurie. Vous ne savez pas pourquoi. Vous ne comprenez pas. « Retournez dans votre pays ! » Vous comprenez quelque chose comme « smartphone » et « tout servi sur un plateau. » Quelqu’un traduit pour vous.

    Ce que je ressens et ce que je possède maintenant ? Rien.

    [H. M. a quitté #Calais avant la publication de son texte. Il a finalement choisi de rester en France et d’y demander l’asile.]


    Photo : Aris Messinis, arrivée de migrants dans l’ile de Lesbos, Grèce.
    #réfugiés

  • L’ONU se donne pour patron l’ancien chef du Haut-commissariat aux réfugiés
    https://www.mediapart.fr/journal/international/071016/l-onu-se-donne-pour-patron-l-ancien-chef-du-haut-commissariat-aux-refugies

    Antonio Guterres rend visite à des réfugiés à Lesbos (Grèce), le 11 octobre 2015. © Reuters L’ancien premier ministre portugais #Antonio_Guterres deviendra, le 1er janvier prochain, le neuvième patron des #Nations_unies. À la tête du Haut-commissariat pour les réfugiés de 2005 à 2015, il a reçu le soutien unanime des 15 membres du Conseil de sécurité, par acclamation, le 6 octobre. Les 193 membres de l’Assemblée générale devraient entériner ce choix d’ici peu.

    #International #diplomatie #ONU

  • L’ONU se donne pour patron l’ancien chef du Haut commissariat aux réfugiés
    https://www.mediapart.fr/journal/international/071016/lonu-se-donne-pour-patron-lancien-chef-du-haut-commissariat-aux-refugies

    Antonio Guterres rend visite à des réfugiés à Lesbos (Grèce), le 11 octobre 2015. © Reuters L’ancien premier ministre Portugais #Antonio_Guterres deviendra, le 1er janvier prochain, le neuvième patron des #Nations_unies. A la tête du haut commissariat pour les réfugiés de 2005 à 2015, il a reçu le soutien unanime des 15 membres du Conseil de sécurité, par acclamation, le 6 octobre. Les 193 membres de l’Assemblée générale devraient entériner ce choix d’ici peu.

    #International #diplomatie #ONU

  • Ad Atene gli afgani sono profughi di seconda classe

    Mustafà non trattiene le lacrime: la sua famiglia è stata decimata dai taliban in Afghanistan. Un sabato notte è esplosa una bomba vicino casa sua, i familiari sono morti e lui è dovuto scappare insieme a sua moglie per le continue minacce. “Sono fuggito per salvarmi la vita, non avevo altre possibilità. Ora qui non siamo considerati nemmeno dei profughi, ma solo dei migranti di serie B”, afferma tra i singhiozza. È giovane Mustafà, ha poco più di vent’anni.

    http://www.internazionale.it/reportage/annalisa-camilli/2016/06/24/grecia-profughi-afgani
    #Athènes #Grèce #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_afghans #catégories #catégorisation

  • Un billet pour Lesbos |
    Making-of | Will Vassilopoulos Lundi 25 avril 2016
    https://making-of.afp.com/un-billet-pour-lesbos

    Il n’a pas l’air d’avoir vingt ans. Un jeune homme avec toute la vie devant lui. Mais pourquoi est-ce que le médecin arrête ? A-t-il vraiment fait tout ce qui était humainement possible ? Pourquoi est-ce qu’il s’en va ? Putain, qu’est-ce qui se passe ?

    C’est surréaliste, mais je ne peux pas me permettre de rester trop longtemps perdu dans mes pensées. Je dois monter ma vidéo, revivre tout cela encore une fois, et l’envoyer à mes éditeurs à l’AFP à Londres.

    Quand je vois la version finale de mon reportage (ci-dessus), j’explose de rage. Les éditeurs ont coupé toutes les images de la réanimation cardio-pulmonaire. Trop dur pour les clients.

    J’ai fait de mon mieux pour alterner les plans très éloignés et les plans très serrés, pour ne pas qu’on puisse identifier la victime. Je ne voulais pas qu’une mère puisse reconnaître son fils sur les images, je ne me le serais jamais pardonné. Mais trop dur ? Mon cul ! Nous sommes des journalistes. Notre travail, c’est de montrer ce qui se passe. Et ce qui se passe à Lesbos, c’est ça. Pas seulement aujourd’hui. Tous les jours. Pourquoi empêcher le monde de le voir ? Oui, je veux vous choquer ! Mais seulement pour vous faire comprendre ce qui se passe ici. Quelque chose de sinistre, d’horrible. Peut-être que si vous êtes choqué, cela s’arrêtera.
    (...)


    Quelques jours plus tard, je regarde à nouveau les images que j’ai tournées pendant la tentative de réanimation. Les éditeurs avaient raison. C’était beaucoup trop dur pour montrer ça aux clients. C’était même au-delà de la dureté.