Dans le vignoble de Listrac-Médoc, le danger des pesticides
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L’enquête prend en compte un nombre limité de « cobayes », précisent ses auteurs, et ne reflète donc pas l’état moyen de la contamination dans les vignes françaises. N’empêche, elle établit de façon manifeste la présence accrue de résidus d’herbicides, d’insecticides et de fongicides chez les quinze salariés qui se sont prêtés à l’étude, en comparaison d’un groupe témoin de dix personnes n’exerçant pas ce métier, dont cinq résident près des vignobles de Listrac-Médoc, cinq autres pas.
ONZE FOIS PLUS DE RÉSIDUS
Les professionnels – même quand ils ne manipulent pas les pesticides – portent ainsi en moyenne onze fois plus de résidus de phytosanitaires et les riverains de ce type d’exploitation, cinq fois plus que les personnes testées habitant plus loin dans la commune.
A partir d’une cinquantaine de produits communs en viticulture – surtout des fongicides –, le laboratoire Kudzu Science a cherché la trace de 35 de leurs molécules actives dans les mèches de cheveux des 25 personnes volontaires, prélevées en octobre et novembre 2012.
Les cheveux portent la trace de l’exposition à une substance pendant trois mois. De l’azoxystrobine (signalé comme irritant pour les yeux, dangereux pour l’environnement), au zoxamide (irritant pour la peau, très toxique pour l’environnement), en passant par le diuron (interdit en France depuis 2003), le laboratoire en a détecté 22.
En moyenne, 6,6 substances différentes ont été trouvées chez les salariés viticoles, contre 0,6 chez les personnes n’exerçant pas ce métier. Quatre professionnels sur quinze présentaient même dix résidus de pesticides différents, parfois à forte dose, en particulier du fenhexamid et du fludioxonil.
Au moins 45% des molécules repérées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux Etats-Unis, 36% sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens, rappelle Générations futures. A eux seuls, les 780 000 hectares de vignobles français représentent 3,7% de la surface agricole utile de l’Hexagone, mais consomment environ 20% des pesticides (en poids).