Sinon, le débat local autour du tamazight, de l’identité amazigh et de la toute jeune Académie de Tamazight a l’air très, très chaud… ce qui me faisait hésiter à reprendre ironiquement la dernière phrase citée dans l’article initial :
A ce rythme, il est à craindre que Tamazight soit utilisée et exploitée à des fins qui risquent de nuire à cette langue.
Le professeur Djellaoui nommé président de l’Académie de tamazight - Algérie Patriotique (article du 8/01/2019)
▻https://www.algeriepatriotique.com/2019/01/08/le-professeur-djellaoui-nomme-president-de-lacademie-de-tamazigh
C’est officiel. Le professeur Mohamed Djellaoui, doyen de la faculté des lettres de l’Université de Bouira, est nommé président de l’Académie algérienne de la langue amazighe.
Le décret présidentiel de sa nomination a été publié dans le Journal officiel. Le professeur Djellaoui trouvera à ses côtés le professeur des sciences du langage Abderazak Douarari et d’autres enseignants et chercheurs en langue amazighe comme Salah Bayou, Malek Boudjellal, Djoudi Merdaci, Djamel Nahali, Abdelkrim Aoufi, Saïd Hadef, Samia Dahmani, Hassina Kherdouci, Abdelaziz Berkai, Moussa Imarazene et Zahir Meksem.
L’Académie de la langue amazighe, tant entendue, est composée de quarante membres. La création de cette académie intervient ainsi à quelques jours de la célébration du nouvel an berbère. Un jour consacré depuis l’année dernière fête nationale, chômée et payée.
L’Académie de la langue amazighe est prévue dans la nouvelle Constitution adoptée en 2016 et consacrant cette langue comme officielle. L’article 4 de la Constitution consacre le statut à tamazight comme langue nationale et officielle au côté de la langue arabe.
Au passage, note le chiffre de 40 académiciens …
Académie de tamazight : Dourari claque la porte - Algérie Patriotique (article du 9/01/2019)
▻https://www.algeriepatriotique.com/2019/01/09/academie-de-tamazight-dourari-claque-la-porte
Moins de 24 heures après sa désignation comme membre de l’Académie de tamazight, le professeur Abderrazak Dourari annonce sa démission de cette instance, apprend-on de source sûre.
Très médiatisé depuis quelques mois, Abderrazak Dourari, chercheur en linguistique, était présenté comme le favori pour prendre la tête de cette institution créée dans le cadre de la promotion de la langue amazighe.
Le ou les motifs de sa démission ne sont même pas évoqués.
Autre source :
Des questions sur la composante de l’académie de langue amazighe | Le Matin d’Algérie (article du 9/01/2019)
▻http://www.lematindalgerie.com/des-questions-sur-la-composante-de-lacademie-de-langue-amazighe
Techniquement l’Académie algérienne de langue amazighe reçoit son budget du gouvernement. Son président est nommé par décret présidentiel mais jouit d’une indépendance scientifique.
Il s’agit de Dr. Mohamed Djellaoui, professeur de linguistique et spécialiste de la langue amazighe et doyen de la Faculté des lettres et des langues à l’Université Akli Mohand-Oulhadj de Bouira. Il a été nommé pour une période de 4 ans.
Le décret publié dans le Journal officiel répertorie les 40 membres de l’assemblée, dont je ne connais que quelques noms que sont :
Abdelaziz Berkai, Zahir Meksem, Moussa Imarazene et Abderazak Douarari.
Les autres noms sont inconnus. Il s’agit de :
[…]
C’est pour dire le non sérieux dans le choix des membres de cette académie. J’imagine que le président Mohamed Djellaoui a choisi lui-même quelques collaborateurs comme Zahir Meksem, Abdelaziz Berkai et Moussa Imarazene, mais tout indique que les autres lui sont imposés d’en haut. Sinon pourquoi ne figurent pas dans cette liste :
[…]
Pourquoi ?
1. Est-ce que ces personnalités académiques, militantes et littéraires ont été approchées et ont refusé par la suite ?
2. Sinon la politique des quotas selon les variantes amazighes, l’équilibre régional et linguistique, la proximité avec le pouvoir et l’acceptation de l’arabisme n’ont-ils pas pris le dessus sur les critères de compétence, d’expérience et de lutte ?
En tous les cas toutes ces remarques ont été plus ou moins soulevées ou prédites lors du débat TQ5 avec nos invités sur le thème de l’académie de Tamazight.
En conclusion, tout indique que ceux qui ont douté de la bonne foi du pouvoir algérien à faire les choses correctement, ont raison. L’académie de Tamazight connaîtra donc le même sort que l’officialisation de Tamazight, il y’a 3 ans déjà.
Il reste maintenant aux kabyles (et les autres peuples amazighs aussi) de tirer les conclusions et se prendre en charge seuls. Ils doivent continuer leur lutte jusqu’à ce que « la réappropriation total de leur destin » suivra.